14

CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

  • Upload
    others

  • View
    3

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE
Page 2: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAU BO U RD O LLE

BALZACLes Paysans (Extraits).Le Père Goriot (Extraits).

BANVILLEGringoire.

BARRÉSPages choisies.

BAUDELAIREPoésies choisies.

BEAUMARCHAISLe Barbier de Séville.Le Mariage de Figaro.

BOILEAUŒuvres poétiques.

BOSSUETOraisons funèbres.Sermons choisis.

CHANSON de ROLANDExtraits.

CHATEAUBRIANDPages choisies.Mémoires d’Outrc - Tombe

(Extraits).

COLETTE Pages choisies.

CHÉNIERPoésies choisies.

CORNEILLECinna. Nicomède.Horace. Polyeucte.Le Cid.

DAUDETChoix de Lettres de mon

Moulin.

DESCARTESDiscours de la Méthode.

DIDEROTPages choisies.

DUHAMELPages choisies.

FÉNELONTélémaque (Extraits).

FLAUBERT

Anatole FRANCEPages choisies.

FROISSARTChroniques (Extraits).

FUSTELDE COULANGES

La Cité antique (Extraits).

GAUTIERPoésies choisies.

André GIDE Pages choisies.

GIRAUDOUX Pages choisies.

Victor HUGO Poésies choisies.

JOINVILLEVie de Saint-Louis (Extraits).

LA BRUYÈRE Les Caractères (Extraits).

LA FONTAINE Fables choisies.

LAM ARTINE Poésies choisies.

LETTRES CHOISIES D U XVII1' SIÈCLE

LO TIPages choisies.

MAETERLINCK Pages choisies.

MALLARMÉ Pages choisies.

MALRAUX Pages choisies.

MARIVAUXLe Jeu de l’Amour et du

MAUPASSANTContes choisis.

MAURIAC Pages choisies.

MAUROIS Pages choisies.

MÉRIMÉENouvelles choisies et extraits.

MICHELETJeanne d’Arc.Pages choisies.

MOLIÈRE

Le Bourgeois Gentilhomme. L ’ École des Femmes.Les Femmes savantes.Le Malade imaginaire.Le Misanthrope.Les Précieuses Ridicules.Le Tartuffe.

M ONTAIGNE Essais (Pages choisies).

MONTESQUIEU Pages choisies.

H. de M ONTHERLANTThéâtre choisi.

MUSSETIl ne faut jurer de rien.On ne badine pas avec

l’amour.Poésies choisies.

PASCALPensées et Opuscules (Frag-

Provinciales I, II. IV . X H I.

PÉGUY Pages choisies.

POÈTESDU X V I' SIÈCLE

PROUST Pages choisies.

RABELAISPages choisies.

RACINEAndromaque. Esther.Athalie. Iphigénie.Bérénice. Phèdre.Britannicus. Les Plaideurs.

RENAN Pages choisies.

RIMBAUD Pages choisies.

Romain ROLLAND Pages choisies.

Jules ROMAINS Pages choisies.

LE ROMAN DE RENART

ROUSSEAUPages choisies.

SAINT-EXUPÉRY Pages choisies.

SAINT-S IM O NMémoires (Extraits).

George SANDLa Mare au Diable.

M * ' de SÉVIGNÉLettres choisies.

STENDHALPages choisies.

TAIN ELes Origines de la France

Contemporaine (Extraits). Pages choisies.

VALÉRYPoésies choisies.

VERLAINEPoésies choisies.

VIGNYChatterton.Poésies choisies.

VOLTAIREContes (Extraits).Histoire de Charles X l l

(Extraits).Le Siècle de Louis X IV

(Extraits).Zaïre.Lettres choisies.

ZOLAPages choisies.

Page 3: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

LA FONTAINE

FABLES CHOISIEST E X T E CO N FO RM E A L 'É D IT IO N DBS

GRANDS ÉCRIVAINS DE LA FRANCE

AVEC UNE NOTICE BIOGRAPHIQUE, UNE NOTICE LITTÉRAIRE ET DES NOTES EXPLICATIVES PAR

R EN É VAUBOURDOLLE,ANCIEN ÉLÈVE DE L’ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE,

AGRÉGÉ

i.dJ

CLASSIQUES ILLUSTRES VAUBOURDOLLE

L I B R A I R I E H A C H E T T E79, B O U L E V A R D S A IN T -G E R M A IN , P AR IS

Page 4: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

B I B L I O G R A P H I E

É d it io n s .

Œuvres complètes, éd. Marty-La veaux, Bibl. elzévirienne, 5 vol., 1857-77. Œuvres complètes, éd. Henri Régnier, Hachette, Coll, des Grand Écri­

vains de la Fance, 1 1 vol., 1883-93.Fables, édition classique annotée par R . Radouant. Hachette. Fables, classiques France, 3 volumes annotés par G. Mauger. Hachette.

É t u d e s b i o g r a p h i q u e s e t c r i t i q u e s .

Walkenaer, Histoire de la vie et des ouvrages de La Fontaine, 1820.P. Mesnard, Vie de La Fontaine, en tête de l’édition d’Henri Régnier Taine, La Fontaine et ses fables, 1853, Hachette.Saint-Marc Girardin, La Fontaine et les fabulistes, 1867.Faguet, X V IIe siècle, La Fontaine.G. Lafenestre, La Fontaine, Hachette, Coll, des Grands Écrivains

français, 1895.Louis Roche, Vie de Jean de La Fontaine, 1913.G. Michaut, La Fontaine. 2 vol., Hachette.

DISQUES

E n c y c l o p é d ie S o n o r e (Hachette).

Visages de La Fontaine. 1 disque 33 t. 30 cm. N° Lae 3309.Fables choisies. 3 disques 33 t. 30 cm. N°* 320 E 818-825-826.Les pages qu'il faut connaître de la Fontaine.4 disques 33 t. 17 cm. N° 190 E 841 842-843-844.

© Librairie Hachette, 1935.Tous droits de traduction, de reproduction et d ’adaptation réservés pour tous pays.

,1

Page 5: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

VIE DE L A FO N TAIN E1 62 1 - 1 6 9 5

En f a n c e e t je u n e s s e . — Jean de La Fontaine est né le 7 juil­let 1621 à Château-Thierry, où son père était maître des eaux et forêts. Il fit ses études classiques probablement au collège de

sa ville natale; puis, se croyant la vocation religieuse, il entra, à l’ âge de dix-neuf ans, à la congrégation de l ’Oratoire. Il n’y resta qu’un an, étudia ensuite le droit et fut reçu avocat. En 1644, il revint à Château-Thierry. Son père lui transmit sa charge en 1647, en même temps qu’il le mariait avec Mlle Marie Héricard, fille du lieutenant criminel de La Ferté-Milon. La Fontaine garda sa charge jusqu’en 1672, mais, trop insouciant et ennemi de toute contrainte, il la remplit fort mal : des parties de plaisir, de fréquents voyages à Reims ou à Paris, des leétures et des rêveries furent pendant une dizaine d’années le plus clair de ses occupations. Quant à sa femme, il la négligea bien vite, et finit par s’en séparer.

L a F o n ta in e c h e z F ouquet. — A mener une vie si peu réglée, La Fontaine eut tôt fait de “ manger son fonds avec son revenu ” . Le dénuement était proche quand un oncle de sa femme, Jannart, qui était commis de Fouquet, le présenta au surintendant. La Fontaine avait alors en portefeuille un poème sur Adonis; il le dédia à Fouquet en 1657; l’année suivante, il lui dédia encore le Songe de Vaux. En remerciement il reçut une pension, à charge de fournir chaque trimeétre quelques poésies de circonstance au surintendant. La Fontaine fut ainsi pendant quatre ans le poète officiel de la petite cour de Vaux. En 1661, quand Fouquet fut disgracié, La Fontaine ne renia pas son protecteur, et même implora la grâce du Roi dans une noble et touchante Élégie aux Nymphes de Vaux. Son oncle Jannart ayant été exilé en Limousin, La Fontaine l’y accompagna, et ce voyage nous valut quelques lettres fort spirituelles.

L a F o n t a in e a Pa r i s ; les Contes ; les F a b l e s . — A son retour, en 1664, La Fontaine fut protégé par la duchesse de bouillon, châtelaine de Château-Thierry, et par la duchesse d'Orléans ; il se lia avec Molière, Racine et Boileau, qui restèrent ses grands amis. En 1665 et 1666, il publia deux recueils de Contes imités de l’ArioSte et de Boccace. En 1668 parurent les six premiers

Page 6: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

4 L A FO N T A IN E .

livres de Fables, inspirées des fabulistes grecs Ésope et Babri du fabuliste latin Phèdre, du conteur hindou Pilpay dont une t duétion avait paru en 1644, de P Italien AbStemius, des conte français du x v ie siècle, Marot, Rabelais, Bonaveniuic < Périers, etc. Ce recueil était dédié à Monseigneur le Dauph La Fontaine espérait, par cette dédicace, se concilier la faveur Louis X IV , qui ne l’aimait pas à cause de sa conduite peu sérier et du caractère licencieux de ses contes. En 1669 parut Psyché, rom en prose mêlée de vers; en 1671, un troisième recueil dtCont

L a F o n ta in e c h e z M me d e la Sa b l iè r e ; l ’A c a d é m ie . ■ En 1672 la duchesse douairière d’Orléans étant morte, Mme 1 la Sablière, femme d’un riche financier, offrit l’hospitalité La Fontaine. Pendant vingt ans, elle lui épargna le souci des néce sités matérielles et le soigna avec une indulgence et une tendres presque maternelles. C’eSt chez elle que La Fontaine composa 1

cinq nouveaux livres de Fables qu’il publia en 1679 et do: Mme de Montespan voulut bien accepter la dédicace. Mais publication de nouveaux Contes en 1675 l’avait défïnitivemei compromis dans l’esprit de Louis X IV ; si bien que, en 168 quand il fut élu à l'Académie française, le roi refusa de ratifie son élection jusqu’à ce que celle de Boileau, l’année suivante, h eût paru une compensation suffisante. Bien qu’ayant, à cette occî sion, promis d’ “ être sage ” , La Fontaine publia encore plusieui Contes en 1685 et se mit à fréquenter chez le Grand Prieur d Vendôme, neveu de la duchesse de Bouillon, la société épier rienne du Temple et les poètes libertins La Fare et Chaulieu.

L es d e r n iè r e s a n n é e s . — En 1693 Mme de la Sablière mounr La Fontaine eut la chance de rencontrer aussitôt un nouveau pre teéteur, M. d’Hervart, chez qui il passa les deux dernières année de sa vie. En 1694 il fit paraître le douzième livre de ses Fable. portant ainsi à près de deux cent cinquante le nombre de ce petits chefs-d’œuvre. Le livre était dédié au jeune duc de Boui gogne, petit-fils de Louis X IV . Une grave maladie, en 1692, ava ramené La Fontaine à des sentiments de piété sincère; il ava désavoué ses contes. Le 13 avril 1695 il mourut très chrétienne ment. On connaît l’épitaphe qu’il avait composée pour lui-même

Jean s’en alla comme il était venu,Mangea le fonds avec le revenu,Tint les trésors chose peu nécessaire.Quant à son temps, bien le sut dispenser :Deux parts en fit, dont il soûlait1 passer L ’une à dormir et l’autre à ne rien faire.

1. Soûlait : avait coutume.

Page 7: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

P R É FA C E DE L A FO N TAIN E (1668)

L ' indulgence que l'on a eue pour quelques-unes de mes fables1 me donne lieu d'espérer la même grâce pour ce recueil. Ce n'eSt pas qu'un des maîtres de notre éloquence2

n'ait désapprouvé le dessein de les mettre en vers....Je n'ai entrepris la chose que sur l'exemple, je ne veux pas dire

des anciens, qui ne tire point à conséquence pour moi, mais sur celui des modernes. C'eSt de tout temps, et chez tous les peuples qui font profession de poésie, que le Parnasse3 a jugé ceci de son apanage. A peine les fables qu'on attribue à Ésope virent le jour, que Socrate trouva à propos de les habiller des livrées des Muses4 * *....

Socrate n'eSt pas le seul qui ait considéré comme sœurs la poésie et nos fables. Phèdre a témoigné qu'il était de ce sentiment; et, par l’excellence de son ouvrage, nous pouvons juger de celui du prince des philosophes. Après Phèdre, Aviénus* a traité le même sujet. Enfin les modernes les ont suivis : nous en avons des exemples non seulement chez les étrangers, mais chez nous8. Il eSt vrai que, lorsque nos gens y ont travaillé, la langue était si différente de ce qu'elle eSt, qu'on ne les doit considérer que comme étrangers. Cela ne m'a point détourné de mon entreprise ; au contraire, je me suis flatté de l’espérance que, si je ne courais dans cette carrière avec succès, on me donnerait au moins la gloire de l'avoir ouverte.

Il arrivera possible7 que mon travail fera naître à d'autres per­sonnes l'envie de porter la chose plus loin. Tant s'en faut que cette matière soit épuisée, qu'il reste encore plus de fables à mettre en vers que je n’en ai mis. J'a i choisi véritablement les meilleures, c'eSt-à-dire celles qui m'ont semblé telles : mais, outre que je puis

1. Avant la publication de ce pre­mier recueil, quelques fables avaientdéjà circulé en manuscrit. — 2. Patru,lyocat au Parlement de Paris etnombre de l’Académie française. —3- Le Parnasse : la poésie, les poètes.—Y D’après Platon (début du Phédon)Socrate aurait passé les derniers

moments de sa vie à mettre en vers les fables d’Ésope. — 5. Aviénus, écrivain latin du rve s. (?) ap. J.-C. — 6. Allusion aux fables du moyen âge (les Ysopets) et de la Renaissance (Le Lion et le Rat de Marot, le Loup, la Lionne et le Mulet de Mathurin Régnier). — 7. Possible : peut-être.

Page 8: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

P R É F A C E D E L A F O N T A IN E . 7

a parlé aux hommes par paraboles1 : et la parabole eSt-elle autre chose que l’apologue, c’eSt-à-dire un exemple fabuleux, et qui s’insinue avec d’autant plus de facilité et d’effet qu’il e$t plus commun et plus familier ? Qui ne nous proposerait à imiter que les maîtres de la sagesse, nous fournirait un sujet d’excuse : il n’y en a point quand des abeilles et des fourmis sont capables de cela même qu’on nous demande.

C’eSt pour ces raisons que Platon2, ayant banni Homère de sa république, y a donné à Ésope une place très honorable. Il souhaite que les enfants sucent ces fables avec le lait; il recom­mande aux nourrices de les leur apprendre : car on ne saurait s’accoutumer de trop bonne heure à la sagesse et à la vertu. Plutôt que d’être réduits à corriger nos habitudes, il faut travailler à les rendre bonnes pendant qu’elles sont encore indifférentes au bien ou au mal. Or, quelle méthode y peut contribuer plus utile­ment que ces fables ? Dites à un enfant que Crassus3, allant contre les Parthes, s’engagea dans leur pays sans considérer comment il en sortirait; que cela le fît périr, lui et son armée, quelque effort qu’il fît pour se retirer. Dites au même enfant que le Renard et le Bouc descendirent au fond d’un puits pour y éteindre leur soif4; que le Renard en sortit, s’étant servi des épaules et des cornes de son camarade comme d’une échelle; au contraire, le Bouc y demeura pour n'avoir pas eu tant de prévoyance; et par conséquent il faut considérer en toute chose la fin. Je demande lequel de ces deux exemples fera le plus d’impression sur cet enfant. Ne s’arrê­tera-t-il pas au dernier, comme plus conforme et moins dispro­portionné que l’autre à la petitesse de son esprit ? Il ne faut pas m’alléguer que les pensées de l’enfance sont d’elles-mêmes assez enfantines, sans y joindre encore de nouvelles badineries. Ces badineries ne sont telles qu’en apparence; car, dans le fond, elles portent un sens très solide. Et comme, par la définition du point, de la ligne, de la surface, et par d’autres principes très familiers, nous parvenons à des connaissances qui mesurent enfin le ciel et la terre; de même aussi, par les raisonnements et conséquences que l’on peut tirer de ces fables, on se forme le jugement et les mœurs, on se rend capable des grandes choses.

Elles ne sont pas seulement morales, elles donnent encore d’autres connaissances5 : les propriétés des animaux et leurs divers caractères y sont exprimés; par conséquent les nôtres aussi,T. Dans les deux Testaments (l’En- xnt prodigue, le Pharisien et le Publi-

<■ "n, etc.). — 2. Dans sa République, li re III, où il trace le plan d’une cité id île. — 3. M. Dicinius Crassus, général romain battu par les Parthes,

en 55 av. J.-C. ; attiré ensuite dans une entrevue par le chef des Parthes, il fut saisi et décapité. — 4. Voir la fable 5 du livre III. — 5. Celle, en particulier, de la nature du monde et de la nature de l’homme.

Page 9: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

8 L A FO N T A IN E .

puisque nous sommes l'abrégé de ce qu'il y a de bon et de mau­vais dans les créatures irraisonnables. Quand Prométhée voulut former l'homme, il prit la qualité dominante de chaque bête : de ces pièces si différentes il composa notre espèce1; il fit cet ouvrage qu'on appelle le Petit-Moilde2. Ainsi ces fables sont un tableau où chacun de nous se trouve dépeint. Ce qu'elles nous représen­tent confirme les personnes d’ âge avancé dans les connaissances que l'usage leur a données, et apprend aux enfants ce qu’il faut qu'ils sachent. Comme ces derniers sont nouveau-venus dans le monde, ils n’en connaissent pas encore les habitants; ils ne se connaissent pas eux-mêmes : on ne les doit laisser dans cette igno­rance que le moins qu'on peut; il leur faut apprendre ce que c’eSt qu’un lion, un renard, ainsi du reste, et pourquoi l'on compare quelquefois un homme à ce renard ou à ce lion. C'eSt à quoi les fables travaillent : les premières notions de ces choses proviennent d'elles.

J ’ai déjà passé la longueur ordinaire des préfaces ; cependant je n'ai pas encore rendu raison de la conduite3 de mon ouvrage.

L'apologue eSt composé de deux parties, dont on peut appeler l'une le corps, l'autre l'âme. Le corps eSt la fable; l’ âme, la mora­lité. Aristote n'admet dans la fable que les animaux; il en exclut les hommes et les plantes4. Cette règle eSt moins de nécessité que de bienséance, puisque ni Ésope, ni Phèdre, ni aucun des fabu­listes ne l'a gardée, tout au contraire de la moralité, dont aucun ne se dispense. Que s’il m'eSt arrivé de le faire, ce n'a été que dans les endroits où elle n'a pu entrer avec grâce, et où il eSt aisé au leéteur de la suppléer....

i. D’après une légende plus cou­rante, Prométhée aurait seulementdérobé le feu du del, source de l’intel­ligence et des arts, pour le communi­quer aux hommes. — 2. Ou micro­

cosme; l’homme est ainsi considéré comme un abrégé des merveilles du monde. — 3. Conduite : plan d’en­semble, idée directrice. — 4. Aristote ne dit rien de tel (Rhétorique, II, 20).

Page 10: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

F A B L E S C H O I S I E S

LIVRE PREMIER

A M O N SEIG N EU R L E DAUPHIN1{Dédicace des six premiers livres ; 1668.)

Je chante les héros dont Ésope eSt le père,Troupe de qui P histoire, encor que2 mensongère,Contient des vérités qui servent de leçons.Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons3 :Ce qu’ils disent s’adresse à tous tant que nous sommes ; 5Je me sers d’animaux pour instruire les hommes.Illustre rejeton d ’un prince aimé des cieux,Sur qui le monde entier a maintenant les yeux4,Et qui faisant fléchir les plus superbes5 * têtes,Comptera désormais ses jours par ses conquêtes, 10Quelque autre te dira d’une plus forte voix Les faits de tes aïeux et les vertus des rois®.Je vais t’entretenir de moindres aventures,Te tracer en ces vers de légères peintures ;Et si de t’agréer7 je n’emporte le prix, 15J ’aurai du moins l ’honneur de l’avoir entrepris.

I. — LA C IG A LE E T LA FOURMI{Ésope, fab. 134.)

La Cigale, ayant chanté Tout l’été,

Se trouva fort dépourvue Quand la bise8 fut venue :

I. Louis, fils de Louis X IV et deMarie-Thérèse d’Autriche, né en 1661,âgé par conséquent de sept ans lorsqueLa Fontaine lui dédia son premierrecueil de fables. — 2. Encor que :quoique.— 3. Bien qu’on dise habituel­lement : « Muet comme un poisson. »— 4. Louis X IV avait conquis la

Flandre en 1667 et venait, dans l’hiver de 1668, de conquérir la Franche- Comté. — 5. Superbes : orgueilleuses. — 6. Les vertus que doivent avoir les rois. — 7. T'agréer : te plaire. —■ 8. La bise, proprement : le vent du nord; id : le temps froid, l ’hi­ver.

Page 11: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

TA BLE DES M ATIÈ R E S

Vi e d e L a F o n ta in e ......................................................................................... 3P r é f a c e d e L a F o n t a i n e ............................................................................ 5

F A B L E S C H O ISIES

L iv r e I ................................................................................................................ 9A Monseigneur le D aup h in ................................................................ 9La Cigale et la Fourmi......................................................................... 9Le Corbeau et le R e n a rd .................................................................... ioLa Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf. . . . 13Les deux Mulets.......................................................................................... 13Le Loup et le C h ien .................................................................................. 14La Besace...................................................................................................... !5L ’Hirondelle et les petits oiseaux...................................................... 16Le Rat de ville et le Rat des champs...............................................18Le Loup et l ’Agneau.................................................................................. 19La Mort et le Malheureux.........................................................................20La Mort et le Bûcheron.............................................................................21Le Renard et la C igogne.................................................................... 21Le Chêne et le R o seau .........................................................................22

L iv r e I I ......................................................................................................................24Conseil tenu par les R ats .......................................................................... 24Le Lion et le Moucheron......................................................................... 25Le Lion et le Rat ; la Colombe et la Fourmi...................................26L ’Astrologue qui se laisse tomber dans un p u its ......................... 27Le Lièvre et les Grenouilles......................................................................29

L iv r e I I I .....................................................................................................................3 1Le Meunier, son fils et l ’âne.....................................................................31Le Loup devenu berger.............................................................................33Les Grenouilles qui demandent un r o i ................................................34Le Renard et le Bouc.................................................................................35Le Loup et la C igogne................................................... 36Les Loups et les Brebis............................................................................. 36La Belette entrée dans un gren ier........................................................ 37Le Chat et un vieux R a t ......................................................................... 3$

L iv r e I V .......................................................................................................................La Grenouille et le R a t ............................................................................. 41L ’Œil du Maître..................................................................................... ......L ’Alouette et ses petits avec le Maître d’un cham p.................... 44

Page 12: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

1 12 T A B L E D ES M A T IÈ R E S.

L ivr e V . . .................................................................................................. 1.6Le petit Poisson et le Pêcheur.................................................................46La Vieille et les deux Servantes.............................................................49Le Cheval et le Loup................................................................................. 50Le Laboureur et ses Enfants....................................................................51L ’Ours et les deux Compagnons............................................................ 51

L ivr e V I ............................................................................................................... 53Phébus et Borée.......................................................................................... 53Le Lièvre et la T o rtu e ..............................................................................54Le Chartier em bourbé..............................................................................55

L iv r e V i l ........................................................................................................... 57Avertissement de 16 7 8 ..............................................................................57Les Animaux malades de la p e s te ........................................................ 57Le Rat qui s ’est retiré du monde........................................................... 59Le Héron.......................................................................................................60

\ Le Coche et la Mouche.............................................................................. 61La Laitière et le Pot au la it.....................................................................62Le Chat, la Belette et le petit L a p in ....................................................66

L ivre V I I I ............................................................................................................68La Mort et le M ourant..............................................................................68Le Savetier et le F in an cier..................................................................... 70

L ivre I X ...............................................................................................................72L ’Huître et les Plaideurs......................................................................... 72Le Singe et le Chat.....................................................................................75Discours à Mme de la Sablière (le Cerf, la Perdrix ; les deux

Rats, le Renard et l ’CEuf).....................................................................76

L ivre X I ........................................................................................................... 80Le Songe d’un habitant du M ogol........................................................ 80Le Paysan du D anube..............................................................................81Le Vieillard et les trois jeunes Hommes............................................... 84

D ISCO U RS A M A D A M E D E LA S A B L I È R E ....................................... 85

É P IT R E A H U E T .......................................................................................... 88

Ap p e n d ic e ...........................................................................................................92Documents...................................................................................................92Questions sur les Fables............................................................................ 95Sujets de compositions françaises.......................................................105

Illustrations T .....................................................................1 1 , 47, 63, 73

Imprimé en France par B R O D A R D -T A U P IN , Imprimeur-Relieur, Coulommiers-Paris. 60506-X IX-9-8487. — Dépôt légal : n° 13 5 1 . 4 e trim. 1963. — I er dépôt en 1935.

Page 13: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

g CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

SÉRIE SPÉCIALE VICTOR HUGO

Da n s cette collection si répandue, une série spéciale à été consacrée à V ictor H ugo, poète, rom ancier, auteur d ra ­

m atique, m ém orialiste et vo yageu r.Établis par M. Philippe V an T i EGhEm, professeur au Lycée

Pasteur, ces ouvrages présentent les textes essentiels de V. Hugo dans leur diversité.

Chaque ouvrage de la liste ci-dessous donne :

e Une chronologie de la vie et des œuvres de V . Hugo. * Une notice générale pour chaque recueil.• Une notice particulière pour chaque pièce, e Des notes abondantes au bas des pages, e Des illustrations documentaires.a La série des portraits figurant sur les couvertures consti­

tue une iconographie complète du poète aux différents âges de sa vie.

15 volum es :

Odes et Ballades. Les Orientales

Feuilles d’automne. Chants du Crépus­cule

Voix intérieures. Les Rayons et les Ombres.

ChâtimentsLes Contemplations

I vol.

I vol.

I vol.

I vol.

I vol.

L a L é g e n d e d e s / .siècles S

Derniers recueils i vol.Hemani i vol.Ruy Bias r vol.

N .-D . de Paris r vol.

Les Misérables 2 vol.

Choses vues 1 vol.

Voyages 1 vol.

Chaque volume in-16, 144 pages, illustré, couverture ornée d'un portrait en héliogravure.

e l i b r a i r i e h a c h e t t e •

Page 14: CLASSIQUES ILLUSTRÉS VAUBOURDOLLE

LA FONTAINEÉ V È N E M E N T SH ISTO RIQ U ES

V IE ET Œ U V R E SÉ V É N E M E N T SL IT T É R A IR E S

1610-1643. Louis XHI.1621. Naissance de La Fon­

taine.1622. Naissance de Molière. 1628. Mort de Malherbe 1636. Naissance de Boileau.

1638. Naissance de — L e C id , de Corneille.Louis XIV. 1639. Naissance de Racine.

1644. Traduction des Fables,1643-1661. Régence d'Anne de Pilpay.

d’Autriche. Mazarin. 1647. La Fontaine, maître des eaux et forêts.

1648. T raités de Westphalie.1657-1661. La Fontaine chez

Fouquet.1648-1652. La Fronde.1661-1715. Louis XIV. 1658. Le Songe de Vaux.1661-1683. Ministère de Col- 1660-1666. Sa tires, de Boi-

bert. leau.1661. Disgrâce de Fouquet. 1661. E lé g ie au x nym phes

de Vaux.

1663. Voyage en Limousin.1664. Procès de Fouquet.

1665-1666. Premiers Contes. 1666. Le M isanthrope, de Molière.

1667. Androm aque, de Ra­cine.

1668. Traité d’Aix-la-Cha- 1668. F a b les l-VI. 1668. Les P la ideu rs, de Ra-pelle. 1669. Psvché. cine.

1672-1678. Guerre de Hol- 1671-1685. Nouveaux Contes — L 'A v a r e , de Molière.lande. 1672-1693. La Fontaine chez 1670-1683. E p itres , de Boi-

1678. Traité de Nimègue. M"’ de la Sablière. leau.1673. Mort de Molière.1674. L ’ A rt poétique de

1685. Révocation de l'Édit de Nantes.

1688-1697. Guerre de la

1679. F a b les VII-XI.

1693. La Fontaine chez M. d’Hervart.

Boileau.

1684. Mort de Corneille.

Ligue d’Augsbourg. 1694. F ab les XII.

1695. Mort de La Fontaine.

1699. Mort de Racine.

MPRiMÉ EN FRANCE IMP. L'OFF-SET-LEVALLOIS