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réparties entre quelques grandes collections.» La sienne – 251 planches réunies avec son épouse, Isabelle –, Jacques Treyvaud en a fait don cette année à la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, hébergée par le Musée Jenisch, à Vevey. «A un moment donné, il faut savoir passer, glisse-t-il en toute humilité. C’est une œuvre qui ne se livre peut-être pas facilement, mais à découvrir. Vraiment! Elle crée l’image avec un modernisme incroyable, avec une luminosité folle, avec un usage du blanc totalement révolutionnaire. Claude Mellan a réussi à donner de la couleur dans la gravure en sortant des grands principes que l’on consi- dère généralement comme la seule voie de ce médium.» F.M.H. U Passion Collectionneur imprégné d’art contemporain – il est à l’origine de la Collection BCV et de sa densité élective –, le Lausannois Jacques Treyaud a fait quelques rares incursions chez les classiques. Claude Mellan en est une! Une incursion passionnante devenue son «petit jardin secret», le poussant à chasser les belles feuilles du graveur entre l’Angleterre, la France ou l’Italie. «Tout a commencé par un choc devant La Sainte Face, accrochée en 1974 dans une exposition collective au château de La Sarraz, confie-t-il. C’est dans la foulée que je me suis décidé à chercher des pièces de ce graveur. A l’époque, sa signature n’intéressait personne. Aujourd’hui, les sources sont rares, voire taries. On est vraiment au bout, sachant que les œuvres sont Exposition Claude Mellan fait toute la lumière Bénéficiaire d’un don exceptionnel de la quasi-totalité de l’œuvre du graveur, le Cabinet cantonal des estampes invite à le découvrir au Musée Jenisch, à Vevey Florence Millioud Henriques I l y a les interprètes d’une seule chan- son, les auteurs d’un seul best-seller et… le graveur d’un chef-d’œuvre à la ligne sans pareille. Une ligne cou- rant en spirale depuis la pointe du nez du Christ jusqu’à ses mèches re- belles, pour crier le sacrifice comme la résilience, sans jamais manquer de souf- fle. L’onde de choc vibre, infinie! Alors que l’intelligence technique tend à la vir- tuosité extrême. La prouesse est double, le trait de génie unique: il appartient à Claude Mellan, qui signe là la mise en abyme parfaite en mimant l’aspect d’une empreinte de doigt pour figurer l’em- preinte du visage de Jésus sur le Saint- Suaire. Mais, même tout en haut de l’affi- che du Musée Jenisch, à Vevey, son nom ne dit rien. Normal! L’artiste, comme l’ensemble de son portefeuille de gra- veur du XVIIe siècle, ont été éclipsés par le chef-d’œuvre, par cette Sainte Face. Il fallait – il manquait donc – une expo- sition pour rallumer la flamme de cette trame si singulière, c’est fait! Et si elle traverse l’étendue de l’œuvre d’un gra- veur au service des peintres devenue celle d’un érudit libertaire, elle entraîne surtout vers l’éclat de la vie. Vers la lu- mière divine projetée par un artiste qui a réussi à emporter le secret de ses convic- tions dans sa tombe. Est-ce le résultat de cette ambiguïté volontairement entrete- nue? Elle surgit, aussi théâtrale, d’un monde figé entre le noir et le blanc, par- fois rêveuse avec Saint Jean dans le désert, parfois hautaine avec le Portrait de Giro- lamo Frescobaldi ou encore presque her- culéenne pour la Résurrection du Christ. A chaque fois, elle saisit. Elle embarque. Mais elle n’empêche pas la ligne de Claude Mellan de rester plus intelligible que sensible. «En recourant à une syntaxe qui re- jette le croisement des tailles pour se fonder exclusivement sur la variation de l’écartement et de l’épaisseur des lignes, il a inventé un langage de la réflexion, confirme le commissaire de l’exposition, Florian Rodari. Mellan était un homme de structure.» Mais du fils de chaudron- nier parti faire ses gammes de graveur en Italie, du buriniste de confiance des puis- sants religieux comme des artistes stars de son temps, de l’homme qui gravait encore à 89 ans, l’histoire n’a que peu retenu, si ce n’est qu’il se déclarait «pein- tre-graveur indépendant». Encore une liberté prise avec son temps… Vevey, Musée Jenisch Jusqu’au di 7 fév., du ma au di (10 h-18 h) Visite commentée je 5 nov. (18 h 30) Rens.: 021 925 35 20 www.museejenisch.ch «C’était un petit jardin secret» «Homme de structure, il a inventé un langage de la réflexion» Florian Rodari Commissaire de l’expo 3 Le nombre d’exemplaires de La Sainte Face conservés au Musée Jenisch. D’autres sont au British Museum, à Londres, ou aux Beaux-Arts, à Paris. 251 Le total des gravures données en 2015 par Isabelle et Jacques Treyvaud à la Fondation William Cuendet et Atelier de Saint-Prex. 4 Le nombre d’artistes qui, avec Claude Mellan, ont marqué l’histoire de la gravure au XVIIe siècle: Jacques Callot, Abraham Bosse et Robert Nanteuil. 90 L’âge de Claude Mellan lorsqu’il s’éteint, le 9 septembre 1688, dans son appartement des Galeries du Louvre, à Paris, qu’il habitait depuis quarante-six ans. 415 Le nombre de planches signées par Claude Mellan, qui s’était établi en tant que graveur à Paris en 1619. Il avait alors 21 ans. «Adam et Eve au pied de la croix», burin réalisé en 1647 (368 x 575 mm). «Psyché regardant l’Amour endormi», détail d’une gravure au burin (193 x 228 mm). Pour réaliser son chef-d’œuvre «La Sainte-Face» (détail d’un burin de 427 x 312 mm), en 1649 , Claude Mellan démontre sa maîtrise du principe de la taille unique, n’utilisant qu’un seul trait pour tracer tous les détails du visage du Christ et du suaire. FONDATION WILLIAM CUENDET & ATELIER DE SAINT-PREX PHOTOS FONDATION WILLIAM CUENDET ATELIER DE ST-PREX

Claude Mellan · 2015-11-06 · & Atelier de Saint-Prex, hberge par le Muse Jenisch, ... voie de ce mdium.» F.M.H. U Passion Collectionneur imprgn ... sous la forme du phn omn e

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Page 1: Claude Mellan · 2015-11-06 · & Atelier de Saint-Prex, hberge par le Muse Jenisch, ... voie de ce mdium.» F.M.H. U Passion Collectionneur imprgn ... sous la forme du phn omn e

Mardi 3 novembre 2015 | 24 heures

Contrôle qualitéVC2

24 heures | Mardi 3 novembre 2015

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réparties entre quelques grandes collections.» La sienne – 251 planches réunies avec son épouse, Isabelle –, Jacques Treyvaud en a fait don cette année à la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, hébergée parle Musée Jenisch, à Vevey.

«A un moment donné, il faut savoirpasser, glisse-t-il en toute humilité. C’est une œuvre qui ne se livre peut-être pas facilement, mais à découvrir. Vraiment! Elle crée l’image avec un modernisme incroyable, avec une luminosité folle, avec un usagedu blanc totalement révolutionnaire. Claude Mellan a réussi à donner de la couleur dans la gravure en sortantdes grands principes que l’on consi-dère généralement comme la seule voie de ce médium.» F.M.H.

U Passion Collectionneur imprégné d’art contemporain – il est à l’originede la Collection BCV et de sa densité élective –, le Lausannois Jacques Treyaud a fait quelques rares incursions chez les classiques. Claude Mellan en est une! Une incursion passionnante devenue son «petit jardin secret», le poussant à chasserles belles feuilles du graveur entre l’Angleterre, la France ou l’Italie.

«Tout a commencé par un choc devant La Sainte Face, accrochée en 1974 dans une exposition collective au château de La Sarraz, confie-t-il. C’est dans la foulée que je me suis décidé à chercher des pièces de ce graveur. A l’époque, sa signature n’intéressait personne. Aujourd’hui, les sources sont rares, voire taries. On est vraiment au bout, sachant que les œuvres sont

Exposition

Claude Mellan fait toute la lumièreBénéficiaire d’un don exceptionnel de la quasi-totalité de l’œuvre du graveur, le Cabinet cantonal des estampes invite à le découvrir au Musée Jenisch, à Vevey

Florence Millioud Henriques

Il y a les interprètes d’une seule chan-son, les auteurs d’un seul best-selleret… le graveur d’un chef-d’œuvre àla ligne sans pareille. Une ligne cou-rant en spirale depuis la pointe dunez du Christ jusqu’à ses mèches re-

belles, pour crier le sacrifice comme larésilience, sans jamais manquer de souf-fle. L’onde de choc vibre, infinie! Alorsque l’intelligence technique tend à la vir-tuosité extrême. La prouesse est double,le trait de génie unique: il appartient àClaude Mellan, qui signe là la mise enabyme parfaite en mimant l’aspect d’uneempreinte de doigt pour figurer l’em-preinte du visage de Jésus sur le Saint-Suaire. Mais, même tout en haut de l’affi-che du Musée Jenisch, à Vevey, son nomne dit rien. Normal! L’artiste, commel’ensemble de son portefeuille de gra-veur du XVIIe siècle, ont été éclipsés parle chef-d’œuvre, par cette Sainte Face.

Il fallait – il manquait donc – une expo-sition pour rallumer la flamme de cettetrame si singulière, c’est fait! Et si elletraverse l’étendue de l’œuvre d’un gra-veur au service des peintres devenuecelle d’un érudit libertaire, elle entraînesurtout vers l’éclat de la vie. Vers la lu-mière divine projetée par un artiste qui aréussi à emporter le secret de ses convic-tions dans sa tombe. Est-ce le résultat decette ambiguïté volontairement entrete-

nue? Elle surgit, aussi théâtrale, d’un monde figé entre le noir et le blanc, par-fois rêveuse avec Saint Jean dans le désert,parfois hautaine avec le Portrait de Giro-lamo Frescobaldi ou encore presque her-culéenne pour la Résurrection du Christ.A chaque fois, elle saisit. Elle embarque.Mais elle n’empêche pas la ligne de Claude Mellan de rester plus intelligibleque sensible.

«En recourant à une syntaxe qui re-jette le croisement des tailles pour sefonder exclusivement sur la variation del’écartement et de l’épaisseur des lignes,il a inventé un langage de la réflexion,confirme le commissaire de l’exposition,Florian Rodari. Mellan était un hommede structure.» Mais du fils de chaudron-nier parti faire ses gammes de graveur enItalie, du buriniste de confiance des puis-sants religieux comme des artistes starsde son temps, de l’homme qui gravaitencore à 89 ans, l’histoire n’a que peuretenu, si ce n’est qu’il se déclarait «pein-tre-graveur indépendant». Encore uneliberté prise avec son temps…

Vevey, Musée JenischJusqu’au di 7 fév., du ma au di (10 h-18 h)Visite commentée je 5 nov. (18 h 30)Rens.: 021 925 35 20 www.museejenisch.ch

«C’était un petit jardin secret»

«Homme de structure, il a inventé un langage de la réflexion»Florian RodariCommissaire de l’expo

MusiqueGrâce à la réalité virtuelle, des sociétés américaines vont proposerdes spectacles avecdes artistes disparus

Vous rêvez de voir Elvis Presleysur scène ou de chanter en duoavec Michael Jackson? Grâce à destechnologies faisant appel aux ho-logrammes et aux techniques deréalité virtuelle utilisées au ci-néma, ce sera bientôt possible.L’apparition du rappeur améri-cain Tupac Shakur sur la scène

d’un festival, en 2012, plus dequinze ans après sa mort, puis l’apparition de «Bambi» en 2014,lors de la cérémonie des BillboardAwards, ont donné des idées à cer-tains. La société Hologram USA aannoncé une tournée de WhitneyHouston et une autre de Billie Ho-liday. L’entreprise Pulse Evolutionprépare, elle, une comédie musi-cale autour du «King», dont undouble virtuel sera présent surscène. Patron de Pulse Evolution,John Textor se propose égalementde «réinventer le karaoké» en pro-posant des duos avec votre chan-teur favori. G.SD/AFP

Elvis et Michael Jackson remonteront sur scène Mode

Un beau livre tracele portrait de ce princede l’élégance, filsde notables d’Yverdon

Il a découvert Dior et Givenchy,côtoyé Colette, Piaf, Cocteau ethabillé la planète people des an-nées 1930, princesses, femmes dela haute société et stars de cinéma.De son style, un fil rouge: l’art sidifficile de ne pas en faire trop.«Le style Piguet était sobre, sim-ple, raffiné, le vrai bon goût. Ja-mais d’extravagance. Tout étaitextrêmement portable», écrit Hu-bert de Givenchy dans la préfacedu beau livre que lui consacre

Robert Piguet, l’étonnant destin du plus parisien des couturiers

Robert Piguet à la fin des années 1930 (Dessin de Givenchy). DR

Un amourimpossibleChristine AngotEd. Flammarion224 p.

Le chanteur Tom Jones veut passer un test ADNInsolite Tom Jones a annoncé son intention de faire un test ADN pour savoir s’il a des ancêtres noirs, confiant qu’on s’interrogeait parfois sur son compte en raison du timbre de sa voix ou de ses cheveux frisés. «Il y a encore beaucoup de gens qui pensent queje suis Noir», a déclaré au Times le chanteur britannique de 75 ans, notamment connu pour ses tubes planétaires Sex Bomb et She’s a Lady.«Quand je suis allé en Amérique pour la première fois, les gens qui m’avaient entendu chanter à la radio étaient surpris de voir que j’étais Blanc.Et à cause de mes cheveux, un grand nombre de Noirs me disent toujours que je me fais passer pour un Blanc», a-t-il ajouté. AFP

Jean Pierre Pastori. La seule réso-nance, peut-être, à ses racinesprotestantes. Car c’est Paris quiest l’écrin du couturier au tempé-rament timide et ambitieux.

Né en 1898 dans une famille debanquiers nord-vaudoise, RobertPiguet a besoin «d’une liberté qu’Yverdon ne saurait lui offrir».Formé auprès de Paul Poiret, lejeune homme crée sa propregriffe à l’âge de 35 ans et atteint laconsécration lorsque la maison Pi-guet s’établit dans un hôtel parti-culier du Rond-Point des Champs-Elysées.

Côté privé, il ne divorcera ja-mais de son épouse, MathildeHenriquez, mais le grand amourde sa vie sera le comédien gene-

vois Georges Marny. En 1951, trèsmalade, il doit se résoudre à fer-mer, faute de successeur. L’«aris-tocrate de la petite robe» se réfu-gie à Villeneuve et s’éteint entoute discrétion en 1953, à seule-ment 55 ans. Le grand «Bob» auraforgé un art du chic parisien etlaissé des parfums comme Banditou Fracas, toujours portés par lesbelles élégantes. Elisabeth Kim

Robert Piguet,un princede la modeJean Pierre PastoriLa Bibliothèquedes Arts

En diagonale

Culture&Société Culture SociétéGastro Ciné Conso

Sortir Les gens

LittératureEn se mettant au polar,le Britannique Tony Parsonsa opéré un virage à 180 degrés «terrifiant», mais réussi

Comme les chats, l’auteur anglais Tony Par-sons (62 ans) doit avoir droit à plusieurs vies. Etudes courtes, premier emploi dansune distillerie de gin, jeunesse sex, drugs and rock’n’roll, poste de journaliste au my-thique NME (lire ci-contre) puis à The Face,mariage avec Julie Burchill, une collègue aussi barrée que lui, naissance de Bobby. Puis premier gros coup de frein: son épouse le quitte et lui laisse l’entière res-ponsabilité de l’éducation de leur fils. Unesituation qui inspirera au journaliste à suc-cès, qui tient désormais une chronique hebdomadaire grassement payée au DailyMirror, le roman Man and Boy, porte d’en-trée pour sa vie suivante.

Ce récit, qui traite avec sensibilité ethumour de sa situation de père célibatairetiraillé entre son amour pour son fiston etsa vie de jeune homme branché, se vend àplus de 2 millions d’exemplaires, rem-porte des prix et sera traduit en 39 langues(Un homme et son fils, Ed. Presses de laCité). Un journaliste lui colle l’étiquetteréductrice, mais bien vue, de «man lit»,littérature de mecs, en référence à la «chick lit», qui regroupe des romans defilles comme Le journal de Bridget Jones.La tête, le compte en banque et l’ego deTony Parsons se mettent brusquement àenfler. «Après Man and Boy, je me croyaisintouchable, avouera-t-il au Guardian. Comme si tout ce que je touchais se trou-vait soudainement recouvert d’une pou-dre magique. J’étais convaincu que lesgens allaient toujours adorer mes livres,que je retrouverais à chaque fois la pre-mière place des ventes… Puis j’ai réaliséque c’était n’importe quoi, que je mementais à moi-même.»

Le succès a tout de même duré quel-que temps et la vie privée de Tony Par-sons s’est stabilisée. Il a épousé son nou-vel amour, Yukiro, avec laquelle il a euune fille, Jasmine. Julia Roberts a achetéles droits de son roman The Family Way etil pensait que Hollywood allait lui tendreles bras… Il n’en a rien été et la couche depoudre de perlimpinpin s’est affinéeavant de presque totalement disparaître.Ses romans se vendaient bien, mais rien àvoir avec le succès de Man and Boy. Puis,en 2011, est arrivé le deuxième gros coupde frein, sous la forme du phénomène 50nuances de Grey. Une «bombe» qui arendu une première place des ventes in-accessible à bon nombre d’écrivains etpoussé Tony Parsons dans sa vie suivante.

«J’étais dans la même maison d’édi-tion. Quand j’ai vu le premier tome sortir,on aurait dit un catalogue de Giorgio Ar-mani, décrit-il au bout du fil. Tout étaitbeau, lustré, élégant. Face à un tel succès,je ne pouvais pas rester sans rien faire. 50nuances de Grey m’a forcé à totalementchanger de style et donc à sortir de mazone de confort. C’était terrifiant!»

«Le succès de «50 nuances de Grey»m’a forcé à totalement changer de style»

Il quitte le devant de la scène, encaisseune partie de son deuxième pilier etprend son temps pour amorcer ce virageà 180 degrés, direction le monde du po-lar. «J’étais totalement flippé. Je sais qu’ilfaut se remettre en question pour resterdans la course, mais là, j’avais vraimentpeur. Je ne me suis mis à écrire qu’aprèsune année entière passée à réfléchir àmon personnage principal, à son univers,à ses intérêts, son monde. J’ai lu tous lesJames Bond et j’aime beaucoup le rapportqu’entretient Ian Fleming avec 007. Jecomprends tout à fait pourquoi il a fait deson espion quelqu’un de solitaire. MonMax Wolfe l’est moins que la plupart des

héros de polar, comme le Jack Reacher deLee Child, par exemple. Je voulais que celui que je considère un peu comme monfrère de l’ombre partage certaines de mesvaleurs, dont la famille.» Dans son grand loft londonien – Parsons insiste beaucoupsur le rapport de son héros avec sa ville, comme James Ellroy le fait avec Los Ange-les ou Jo Nesbø avec Oslo –, l’inspecteur Wolfe vit donc avec sa fillette, Scout, etleur chiot, Stan. Deux personnages qui ontl’art de permettre à Parsons de faire le lienentre son écriture d’avant et l’actuelle. Demêler à merveille crimes atroces et mo-ments complices sur le canapé. Un style qui a fait mouche avec son agent, son édi-trice, mais aussi auprès de Lee Child, qui aqualifié son premier polar de «spectacu-laire». «Je n’aurais jamais osé en deman-der autant, sourit Parsons, qui a déjà ter-miné sa troisième enquête de Max Wolfe.Là, j’ai retrouvé le rythme fou d’un livrepar an, mais je ne le ferai pas toujours.Même Sir Arthur Conan Doyle a fini paren avoir marre de Sherlock Holmes. Unjour je passerai à autre chose.» Dans uneprochaine vie? Thérèse Courvoisier

L’Anglais a pris un risque en changeant de style, mais son premier polar, qui vient de paraître en français, s’est déjà vendu à 200 000 exemplaires. DR

Des garçonsbien élevésTony ParsonsEd. de La Martinière448 p.

En dates1953 Naissance, le 6 novembre,à Romford, dans le comté d’Essex.1976 Après avoir quitté l’école à 16 ans et travaillé dans une distillerie de gin, il devient journaliste rock au New Musical Express (NME). Il traîne avec les Sex Pistols et vit comme une rock star.1999 Il publie Man and Boy, British Book of the Year Award 2000. S’ensui-vent One for my Baby (2001), Man and Wife (2002), The Family Way (2004)et My Favourite Wife (2008), qui ne connaîtront jamais le même succès. 2014 Sort son premier polar, The Murder Bag (Des garçons bien élevés).

3 Le nombre d’exemplaires de La Sainte Face conservés

au Musée Jenisch. D’autres sont au British Museum, à Londres, ou aux Beaux-Arts, à Paris.

251 Le total des gravures donnéesen 2015 par Isabelle et Jacques

Treyvaud à la Fondation William Cuendetet Atelier de Saint-Prex.

4 Le nombre d’artistes qui, avec Claude Mellan, ont marqué

l’histoire de la gravure au XVIIe siècle: Jacques Callot, Abraham Bosse et Robert Nanteuil.

Repéré pour vous

Les «Tableaux» au pianoDésireux de «rendre lepiano classique accessi-ble à un large public», lepianiste fribourgeois Si-mon Savoy propose unrécital au Conservatoirede Vevey, entre deux da-tes en Suisse alémani-que. Après une première partiedédiée à Schubert (la sonate Reli-quie) et Liszt (2e Rhapsodie hon-groise), il s’attaquera à l’une desplus fameuses œuvres du réper-toire, les dix pièces des Tableauxd’une exposition, écrites par Mo-deste Moussorgski en 1874, aprèsavoir visité l’exposition des œuvres d’un ami peintre décédé.

Formé à Fribourg et àWinterthour, Simon Sa-voy se réjouit d’interpré-ter une musique «très at-trayante pour le pianistecomme pour le public».Le défi pour le musiciensera, dit-il, de «faire son-

ner le piano comme un orchestredevant un écran de cinéma. Ce nesont pas seulement des tableaux,c’est une œuvre mouvante, quistimule l’imagination et ouvre deshorizons.» Gilles Simond

Vevey, aula du ConservatoireMe 4 nov. (19 h 30). Entrée libre (collecte).

90 L’âge de Claude Mellan lorsqu’il s’éteint, le 9 septembre

1688, dans son appartement des Galeries du Louvre, à Paris, qu’il habitait depuis quarante-six ans.

415 Le nombre de planchessignées par Claude Mellan,

qui s’était établi en tant que graveur à Paris en 1619. Il avait alors 21 ans.

«Adam et Eve au pied de la croix», burin réalisé en 1647 (368 x 575 mm).

«Psyché regardant l’Amour endormi», détail d’une gravure au burin (193 x 228 mm).

Pour réaliser son chef-d’œuvre «La Sainte-Face» (détail d’un burin de 427 x 312 mm), en 1649 , Claude Mellan démontre sa maîtrise du principe de la taille unique, n’utilisant qu’un seul trait pour tracer tous les détails du visage du Christ et du suaire. FONDATION WILLIAM CUENDET & ATELIER DE SAINT-PREX

LittératureLa romancière française avait été écartéede la course au Goncourt

Christine Angot, absente de la sé-lection finale des prix littéraires lesplus prestigieux de l’automne mal-gré un succès critique et commer-cial, a été récompensée hier par leP r i x D é c e m b r e , d o t é d e30 000 euros. Son roman Un amour impossible s’est déjà venduà quelque 85 000 exemplaires de-puis sa sortie, fin août. Le nom de la romancière a figuré dans la pre-

mière liste du Goncourt, mais a étééliminé à la seconde sélection. Ro-mancière intransigeante, ChristineAngot dérange, même si chacun deses livres constitue un événement.Un amour impossible raconte l’his-toire de la rencontre entre sa mèreet son père. AFP

Christine Angot décroche le Prix Décembre

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