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Dessins: luge

Texte: M.T.Bonaventure

Croquis & Photo: M.R. Archibald

Musique: &Gédéon

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Une nuit de Tom dit Tomba, qui débute dans un wagon de la ligne 13, après qu’il eût claqué la porte en fer de son dernier étage, le 21e d’une tour de Malakoff connue de tous les habitants des cités voisines comme « La Pologne…».

Malakoff

Tom a un rencard en ville, sur l’autre rive, avec une fille qu’il n’a jamais vue, dont il ne connaît même pas le nom ni la couleur de cheveux. Il a soif.

Vu dans le métro en fin d’après midi.

A une extrémité du wagon, des musiciens. Des polacks, des yougos ou des russes en pull à larges mailles tricotés main, et falz popeline trop courts. Sales et faux. On les entend mal mais c’est suffisant pour être rattrapé par leur millionième kalinka hystérique et bureaucratique: soupe populaire.

millionième kalinka hystérique et bureaucratique: soupe populaire

Tom se marre doucement, la rengaine glisse sur les voyageurs dans l’indifférence la plus totale, coups d’archet dans le vide, métro, métronome, dodo.

Un vendeur de journaux de rue vient de monter à l’autre

extrémité du wagon. Et commence son couplet,…inaudible.

Misérable et transparent. Regard circulaire: personne ne

moufte, il n’en vendra pas un. A l’autre bout, les musiciens

rigolent sous cape et montent le volume. les musiciens

rigolent sous cape et montent le volume

Leur tactique est claire: jouer mezzo pour faire acte de présence, et toucher les jetons au bout de quatre stations, juste salaire pour leur discrétion savamment calculée.

Boulot Crescendodo.

Mais comme ils finissent fort pour se rappeler aux bons souvenirs pécuniers des présents aux abonnés absents, l’ambulant qu’on avait déjà rayé de la carte se met à hurler dans un débit saccadé: des rimes croisées en équilibre chaloupé sur le rythme de la musique venue d’outre wagon. Les passagers lèvent leurs yeux vers le rappeur virtuose, brutalement sortis de leur apnée végétale. Déconcertés , ils en oublient de donner le moindre jaunet au péréstroïkan qui passe parmi eux: à part les poux réglementaires, rien dans la casquette. Un vent de haine fissure l’air confiné de l’omnibus souterrain. K.AL.I.N.K.A!!!

des rimes croisées

C’est la lutte finale, les musiciens doublent le tempo, et le szdèéf s’accroche sans lâcher le morcif: montagnes russes!

Des gamins, toute une bande débarquée d’une banlieue lointaine et mystérieuse, le bout du monde de la porte à côté se mêlent aux débats en encourageant les uns et les autres comme des coqs au combat.

Les voyageurs hochent la tête, pas dupes et se rencontrent sur leur éloignement absentéiste. Le wagon s’arrête, roue bloquées, et ni l’homme de parole ni les musiciens n’ont gagné le moindre franc symbolique.

ni l’homme de parole ni les musiciens n’ont gagné le moindre franc symbolique.