15
1 Comment aborder et faciliter le retour en classe des élèves après le confinement ? Support de réflexions et d’activités pour les enseignants Proposition des Psychologues de l’Education Nationale, circonscription Belle de Mai (Marseille) le 03 05 2020 Beaucoup de problèmes, de préoccupations autour de cette rentrée scolaire après un confinement de plusieurs semaines. Une rentrée pas comme les autres. Nous nous trouvons face à une situation nouvelle, inédite. Il va donc falloir innover. Le document qui vous est proposé a pour objectif de vous aider, de répondre à un certain nombre de vos interrogations. Il se veut pratique et directement opérationnel. Quelques mots d’abord sur la situation actuelle. Le confinement tel que nous le vivons est une protection nécessaire, une protection physique, on le sait bien, mais qui peut être source de difficultés, plus ou moins grandes, d’inquiétudes, d’anxiété, de frustrations, de tensions, de souffrance. Notre cerveau n’est pas fait pour le confinement, il n’est pas programmé pour. Ceux qui avant le confinement présentaient des facteurs de vulnérabilité vont avoir plus du mal à le supporter alors que ceux qui avaient acquis des facteurs de protection arriveront à s’adapter, et même certains en profiteront pour augmenter leur créativité et inventer une nouvelle façon d’échanger avec les autres. À un même événement, nous réagissons tous différemment, en fonction de nos antécédents personnels, de notre culture et des conditions dans lesquelles nous vivons. Au-delà de l’événement lui-même, ce qui va être important, c’est la signification que chacun va donner à cet événement, et les émotions vont avoir une influence considérable. Car avec le confinement, les émotions sont exacerbées, pour les adultes, comme pour les enfants. Pour ces derniers, cela dépend prioritairement de leurs parents et de leurs frères et sœurs. On a coutume de dire que les enfants sont des éponges et absorbent l’atmosphère familiale. « Le confinement est un festival d’émotions : on a la peur, la tristesse, l’ennui, la perplexité, la frustration ; on peut se sentir en détresse, en colère ; on peut craquer » (Christophe André). Le confinement peut être délétère pour certaines familles, voire dramatiques, dans les cas extrêmes de maltraitance et de violences conjugales, exacerbés en de telles circonstances. Des mesures particulières (signalement, information préoccupante) sont alors à mettre en place sans attendre.

Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

1

Comment aborder et faciliter le retour en classe des élèves

après le confinement ? Support de réflexions et d’activités pour les enseignants Proposition des Psychologues de l’Education Nationale, circonscription Belle de Mai (Marseille) le 03 05 2020 Beaucoup de problèmes, de préoccupations autour de cette rentrée scolaire après un confinement de plusieurs semaines. Une rentrée pas comme les autres. Nous nous trouvons face à une situation nouvelle, inédite. Il va donc falloir innover. Le document qui vous est proposé a pour objectif de vous aider, de répondre à un certain nombre de vos interrogations. Il se veut pratique et directement opérationnel. Quelques mots d’abord sur la situation actuelle. Le confinement tel que nous le vivons est une protection nécessaire, une protection physique, on le sait bien, mais qui peut être source de difficultés, plus ou moins grandes, d’inquiétudes, d’anxiété, de frustrations, de tensions, de souffrance. Notre cerveau n’est pas fait pour le confinement, il n’est pas programmé pour. Ceux qui avant le confinement présentaient des facteurs de vulnérabilité vont avoir plus du mal à le supporter alors que ceux qui avaient acquis des facteurs de protection arriveront à s’adapter, et même certains en profiteront pour augmenter leur créativité et inventer une nouvelle façon d’échanger avec les autres. À un même événement, nous réagissons tous différemment, en fonction de nos antécédents personnels, de notre culture et des conditions dans lesquelles nous vivons. Au-delà de l’événement lui-même, ce qui va être important, c’est la signification que chacun va donner à cet événement, et les émotions vont avoir une influence considérable. Car avec le confinement, les émotions sont exacerbées, pour les adultes, comme pour les enfants. Pour ces derniers, cela dépend prioritairement de leurs parents et de leurs frères et sœurs. On a coutume de dire que les enfants sont des éponges et absorbent l’atmosphère familiale. « Le confinement est un festival d’émotions : on a la peur, la tristesse, l’ennui, la perplexité, la frustration ; on peut se sentir en détresse, en colère ; on peut craquer » (Christophe André). Le confinement peut être délétère pour certaines familles, voire dramatiques, dans les cas extrêmes de maltraitance et de violences conjugales, exacerbés en de telles circonstances. Des mesures particulières (signalement, information préoccupante) sont alors à mettre en place sans attendre.

Page 2: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

2

Comment aborder avec « sa » classe cette rentrée « pas comme les autres » ? Au préalable, identifier les enfants :

- dont un proche a été victime du coronavirus (hospitalisation, réanimation, décès), - dont le contexte familial est compliqué (ex : mesure AEMO) qui peuvent avoir

subi ou assisté à des violences familiales, - dont on est sans nouvelles.

Ces enfants feront l’objet d’une attention particulière dont les modalités seront à discuter au cas par cas en équipe avec le Psy EN. Proposer un temps de paroles aux élèves avant de reprendre la classe Les inquiétudes des enfants ont été plus ou moins bien prises en compte par des parents, moins ou plus disponibles, plus ou moins à l’écoute. L’accompagnement a été différent selon les situations, selon les familles : pour certains, la situation a été vécue sans trop de difficultés ; pour les autres, cela a été beaucoup plus difficile. Objectifs : - Permettre une expression collective, avant la reprise de l’activité scolaire habituelle en

classe ; - Partager ses émotions : chacun a été touché mais pas de la même façon ; - Mettre en mot le vécu émotionnel et ses pensées ; - Donner du sens, participer au processus d’élaboration, permettre une meilleure

compréhension de ce qui s’est passé ; - Répondre au besoin de réassurance des enfants, être moins envahi par des pensées

parasites anxiogènes, passer à autre chose, être plus disponible pour les apprentissages ; - Permettre de mieux comprendre les règles sanitaires ainsi que leurs répercussions à

l’école, se les approprier ; - Connaître l’état émotionnel des enfants ; - Repérer les enfants en souffrance ou en difficulté importante qui pourront avoir besoin

d’une prise en charge individuelle. L’animateur : L’enseignant (similitude avec une rentrée « normale »). Combien d’enfants par groupe ? L’effectif des enfants de la classe présents (pour commencer à (re)souder le groupe). Quand ? Le jour de la reprise. Combien de temps ? La durée est variable, « à la main » de l’enseignant en fonction des réactions du groupe ; possibilité sur plusieurs séances. Pour les Maternelles : protocole à adapter, privilégier l’expression à partir de dessins, de jeux, de mises en situation.

Page 3: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

3

Déroulement : 4 temps

Introduction :

- Accueillir les enfants en exprimant le plaisir de les revoir et en insistant sur les avantages de cette reprise scolaire.

- Leur présenter le plus simplement possible la situation actuelle et les changements que cela va entrainer à l’école : application des mesures sanitaires, nouvelle organisation de la classe, des récréations, de la cantine ; autant de nouvelles règles qu’il va falloir respecter.

- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble de la période de confinement que vous venez de vivre, de cette période si particulière où l’on vous a demandé de rester chez vous et ne plus venir à l’école ».

- Poser le cadre : respect de l’expression de chacun, pas de jugement.

Temps 1 : Rappeler pourquoi on a arrêté l’école On peut sous une forme ou une autre rappeler les faits. Un enfant volontaire peut être sollicité : épidémie suite au Coronavirus, annonce du confinement par le Président de la République, le 12 mars, déclaration de guerre contre ce virus, nécessité de se protéger et de protéger les autres (surtout les personnes âgées) en restant chez soi, interdiction de sortir sans attestation, fermeture des écoles à partir le lundi 16 mars, mise en place de « l’école à la maison ». à S’assurer que les enfants ont compris le sens des mesures (niveau d’information très différent selon les familles). Il peut être pertinent d’expliquer certains mots (en fonction des âges) : guerre, virus, coronavirus, covid-19, épidémies, gestes barrières, confinement, quarantaine… et de s’appuyer sur des schémas ou sur des petites vidéos (cf : annexes 1 et 2) Temps 2 : Demander aux enfants de raconter « leur » confinement Il n’y a pas d’ordre. On prend ce qui vient et on essaye de rebondir. L’essentiel est qu’à la fin, les enfants aient pu parler de la façon dont ils ont vécu le confinement, et qu’ils aient compris l’importance des mesures de protection.

2.1 les émotions :

Chacun exprime son vécu, son ressenti, décrit ses peurs, ses joies (peut-être ?). De quoi avez-vous eu peur ? Qu’avez-vous pensé ? imaginé ? Quelle(s) émotion(s) avez-vous ressenti ? de la peur ? de l’incompréhension ? de la tristesse (de ne plus voir vos copains) ? de la colère (de ne plus pouvoir sortir) ? de la frustration (de ne pas pouvoir faire ce que vous faites d’habitude) ? de l’ennui ? de l’agacement ? de la colère ? (On peut utiliser la roue des émotions ou les cahiers d’émotions comme support visuel cf annexe 3).

Page 4: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

4

à Reconnaitre et identifier les réactions psychologiques liées au confinement, arriver à en parler. à Ne pas minimiser les inquiétudes des enfants, montrer que vous comprenez ce qu’ils ressentent, rassurer les sur le fait qu’il est naturel d’être inquiet. à Souligner le fait que les peurs sont légitimes : « c’est normal que nous ayons peur des virus, des maladies ; car la peur nous conduit à la prudence ; on ne fait pas n’importe quoi ; on respecte les gestes barrières ; on a un comportement précautionneux : on se lave régulièrement les mains… »

2.2 les difficultés :

Qu’est-ce que vous avez trouvé le plus difficile ? Avez-vous eu du mal à dormir ? à vous lever ? à travailler ? à vous occuper ? Avez-vous trouvé le temps long ? Qu’est ce qui vous a le plus manqué ? à Insister sur le caractère exceptionnel de la situation, sur le fait que ce qu’on leur a demandé a été compliqué pour eux : ne plus sortir, ne plus voir leurs copains, ne pas aller rendre visite à leurs grands-parents, ne plus faire leurs activités habituelles, ne plus aller à l’école.

2. 3 les activités : Quelles activités avez-vous pu faire ? seul ? avec quelqu’un ? Quels contacts avez-vous eu avec vos camarades ? Avez-vous fait quelque chose de particulier ? Avez-vous découvert de nouvelles choses ? Qu’est-ce qui vous a rendu service ? Qu’est-ce que vous avez appris à faire ? Qu’est-ce qui vous a aidé à passer le temps ? Comment vous êtes-vous occupés ? Quelles idées avez-vous eues ? à Repérer des points d’appui, les forces qui aident à s’en sortir (facteurs de résilience) ; à Faire partager les expériences afin qu’ils apprennent des uns et des autres ; à Parler des choses positives : plus de temps en famille, entraide et solidarité des uns envers les autres. à Repérer quelles sont les ressources du groupe et comment on peut ensemble « trouver refuge » dans la classe au cours des prochains jours, avec ces nouvelles contraintes. Suggestions : - Proposer de faire une exposition dans l’école pour présenter les productions réalisées

pendant le confinement. - Il peut être intéressant d’amener les enfants à identifier « leur » refuge (ex : un coin de la

maison, une activité : lecture, musique, écriture, dessin), ce qui pourra leur servir par la suite, en cas de coup dur. Pour ceux qui n’ont pas identifié « leur » refuge, les aider à le découvrir grâce aux idées des autres.

Page 5: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

5

Sous quelle forme répondre ? - Oralement ou par écrit (en fonction de l’âge), - Proposer de dessiner pour les plus jeunes. Suggestion : utilisation de post-it où chacun note quelques mots puis va les afficher au tableau (production collective puis regroupement par thème). Temps 3 : Se projeter dans l’avenir : et maintenant ? et après ? Et aujourd’hui, comment vous sentez-vous ? - Demander s’ils ont des questions, des préoccupations concernant ce retour à l’école. - Expliquer les changements dans la classe : pourquoi ils ne retrouvent pas tous leurs

camarades ; pourquoi l’aménagement des classes a changé ; pourquoi les gestes barrières ; pourquoi se laver les mains TRES souvent et TRES bien (cf : annexe 4).

- Expliquer que la raison de tous ces changements, c’est le coronavirus ; bien préciser que ce virus est effectivement un danger mais qu’on a les moyens de s’en protéger : les masques, les gestes barrières (à répéter chaque jour), le lavage des mains (faire mousser le savon ++) ; ne plus se toucher la figure et ne pas toucher celle des autres …

- Présenter la nouvelle configuration de la classe et ses avantages : moins d’élèves, un maitre ou une maitresse plus disponible, la possibilité de poser plus facilement des questions.

- Expliquer l’organisation des récréations : ce qu’on peut faire, ce qu’on ne peut pas faire. Comment va se passer le déjeuner pour ceux qui mangent à l’école.

- Proposer des exercices type yoga et exercices respiratoires ou de pleine conscience (cf : annexe 5) pour décontracter et relaxer les enfants ; ou des exercices plus stimulants pour se défouler.

à Et toujours rassurer : les enfants sont rarement malades, les adultes (les parents, les grands-parents, les enseignants …) font très attention et se protègent (importance des gestes barrières). Temps 4 : Devenir acteurs On peut et on doit lutter contre le virus. C’est ce que font les soignants en cherchant des médicaments et les vaccins. Mais on peut aider les soignants. On peut combattre le virus. Comment ? En respectant les gestes barrières et en attaquant le virus avec du savon. - Chaque fois qu’on se lave les mains, on lutte contre. - Chaque fois qu’on évite de toucher quelqu’un, le virus ne peut pas aller sur nous. Si les « ennemis » (le virus) ne peuvent plus aller sur les hommes, ils vont finir par disparaître. Il n’y aura plus de malades. La vie pourra reprendre son cours. à Responsabiliser les enfants, les rendre acteurs. Suggestions : Réaliser une affiche avec les gestes barrières. Rappeler les consignes chaque matin.

Page 6: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

6

Clôturer le temps de paroles : - S’assurer que plus aucun enfant ne souhaite s’exprimer ; - Féliciter les enfants d’avoir réussi à traverser cette période malgré les difficultés, d’avoir

mis en place des choses ; - Les remercier de leur participation ; - Rappeler que vous êtes à leur disposition pour en reparler individuellement. Vigilance particulière : - Repérer les enfants les plus « fragiles », les enfants qui sont restés silencieux, qui semblent en souffrance, angoissés… - Être attentif aux enfants « à risque » (situation familiale compliquée, mesure AEMO…) Suites éventuelles en cas de problèmes psychologiques : - entretiens individuels avec le Psy EN après accord des parents ; - orientation vers des structures de soins pour un soutien psychologique (pédopsychiatre,

CAMSP, CMP, CMPP). - En cas de trouble important, un contact est pris avec les parents pour envisager une aide particulière.

Annexes

Annexe 1 : Quelques précisions sur les termes employés :

Traumatisme et stress post-traumatique On parle souvent dans les médias de « traumatisme collectif », mais la crise sanitaire que nous vivons est différente, et le confinement en soi n’est pas un événement potentiellement traumatique. Un événement potentiellement traumatique est un événement qui expose un individu « à la mort effective ou à une menace de mort, à un risque majeur, à une blessure grave ou à des violences sexuelles »1 en étant victime ou témoin direct. Il s’agit d’un événement brutal et particulièrement violent, d’une expérience hors du commun au cours de laquelle l’intégrité physique et psychique du sujet est menacée et face à laquelle il se sent impuissant. Dans la situation actuelle (épidémie du coronavirus), ceux qui vivent une situation potentiellement traumatique sont les malades qui ont été dans un service de réanimation ou les soignants qui sont confrontés à la mort ou à une menace de mort de manière répétée.

1 DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, American Psychiatric Association, Elsevier Masson, Paris, 2015

Page 7: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

7

Une précision supplémentaire : on parle de situation « potentiellement » traumatique car tous ceux qui vivent cet événement ne vont pas développer un syndrome post-traumatique. Cela dépend de plusieurs facteurs, personnels et environnementaux. Le confinement est source de tensions, de frustrations, d’agressivité, d’anxiété. Mais ce n’est pas une « situation potentiellement traumatique ». On ne doit pas « surutiliser » le terme de stress post-traumatique. On ne doit pas brandir ce mot de façon excessive. Le stress post-traumatique est une souffrance psychologique consécutive à un choc violent, quelque chose d’unique, hors du commun, une rencontre avec la mort. Le confinement est certes une souffrance psychologique mais c’est très différent du traumatisme. Dans le confinement, il s’agit de quelque chose de prolongé, de contraignant, que nous partageons tous. « Ce qui fait souffrir dans le traumatisme, c’est qu’on a l’impression d’être l’unique victime de l’événement, que tout le monde ne partage pas ce statut de victime, qu’on est seulement quelques-uns et que tous les autres ne peuvent pas comprendre. Là (avec le coronavirus et le confinement qui en résulte), on est tous dans le même « bateau ». Il y aura des séquelles, des traces, de très mauvais souvenirs chez certains mais tout le monde ne va pas développer un syndrome post-traumatique. On ne va pas proposer des prises en charge telles que celles qui peuvent suivre les attentats, les tremblements de terre, les catastrophes naturelles » (Christophe André). Les mots sont chargés d’émotions et ont un impact psychologique. Les utiliser à bon escient est indispensable pour éviter la connotation négative de certains. Le terme de confinement est très connoté : il renvoie aux mesures disciplinaires prises dans les prisons ; et suscite aussi de l’inquiétude quand il renvoie à l’idée de manquer d’air, de suffoquer, de manquer d’espace. Alors que dans le cas présent, c’est l’obligation de rester dans un lieu donné (qui peut d’ailleurs être spacieux). La quarantaine est une mesure d’isolement provisoire imposée aux personnes provenant d’un pays infecté par une maladie contagieuse. L’isolement désigne la situation de quelqu’un qui est isolé, éloigné de tout ; dans l’imaginaire, c’est la solitude, l’absence de communication, l’impossibilité d’avoir des secours. Dans les faits, la majorité d’entre nous ne sommes pas isolés (ni seuls, ni sans moyen de contacter le monde extérieur) bien que confinés. La distanciation sociale est le fait d’éloigner les individus les uns des autres, pour réduire la probabilité de contacts ; en pratique, il s’agit plus d’une distance physique car il est important justement de garder le contact (par téléphone, via les réseaux sociaux …) ; le terme de distanciation physique est plus approprié. Finalement concrètement, nous sommes en quelque sorte « assignés à résidence » sans être totalement isolés (on peut appeler les secours) et notre distanciation n’est que physique : on reste en contact socialement.

Page 8: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

8

Annexe 2 : Expliquer le Coronavirus et les gestes barrières - Vidéo du Québec pour expliquer le Coronavirus aux enfants :

https://www.youtube.com/watch?v=tRQVLt7d5t4 - Dossier spécial sur le coronavirus et le Covid-19, Milan, 2020

https://www.1jour1actu.com/monde/coronavirus-mieux-comprendre-pour-mieux-se-proteger

- Le Coronavirus expliqué aux enfants. Supplément Petit Quotidien, Midi Libre,

14/03/2020 https://fr.scribd.com/document/451675523/%20Midi-Libre-Le-coronavirus-explique-aux-enfants?secret_password=W3HzCsH3h1WkIkHXPiLZ#download&from_embed

- Le coronavirus et la transmission du virus, le P’tit Libé, n°140, 02/2020 https://ptitlibe.liberation.fr/coronavirus-virus,101199

- Coronavirus et gestes barrières expliquées aux enfants, Bayard Presse, 13/03/2020

https://www.bayard-jeunesse.com/infos/actualites/coronavirus-et-gestes-barriere-expliques-aux-enfants/

Page 9: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

9

PARLER DU COVID-19 AUX ENFANTS:

1. Expliquer

Dr Geneviève Beaulieu-Pelletier, PhD, psychologue clinicienneDr Frédérick L. Philippe, PhD, professeur-chercheur, psychologie, UQAM

Face aux répercussions importantes auxquelles nous sommes confrontés collectivement dues à la propagation du virus COVID-19, nous avons à expliquer à nos enfants pourquoi l’école est en arrêt; pourquoi leurs tournois sportifs, la présentation de leur spectacle et tant d’autres activités sont annulés; pourquoi ils ne peuvent pas aller au centre de trampolines, ni au cinéma; pourquoi le livreur de pizza portait un masque tantôt; pourquoi on parle constamment de virus à la radio?

Expliquer « qu’il y a un nouveau virus, comme celui de la grippe. Mais il n’y a pas de vaccin pour empêcher d’être malade si on a le virus, parce qu’on ne le connait pas encore bien. Ce qu’il y a de positif, contrairement à la grippe habituelle, c’est qu’on est capable de restreindre son influence si on l’empêche de se promener partout. »

Expliquer que le but des mesures actuelles est d’empêcher la propagation du virus, pour protéger les personnes vulnérables.

Comment puis-je expliquer le COVID-19 à mon enfant?

2. Rassurer, relativiserCe que les enfants entendent en lien avec la situation actuelle

peut activer des angoisses par rapport à leur intégrité et à celle de leurs proches (« Est-ce que moi je vais être malade? Et

papa? Est-ce que les gens meurent de ce virus? »).

L’enfant peut avoir besoin d’être rassuré : Il n’est pas en danger, ses parents non plus, ni ses frères et sœurs parce qu’ils sont en

santé. Mais il y a des personnes plus fragiles qu’eux, comme des personnes qui avaient déjà certaines maladies ou difficultés

importantes dans leur corps.

GÉRER LES IMPACTS PSYCHOLOGIQUES

Page 10: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

10

3. ImagerFaire comprendre comment se transmet ce virus et pourquoi on met en place des précautions pour les

personnes plus fragiles. Utiliser des images et métaphores, adaptées à l’âge de l’enfant.

« C’est comme si nous étions des petites autos qui peuvent transporter le virus d’une auto à l’autre.

Alors, les garages pourraient recevoir beaucoup de voitures usées en même temps à réparer, et avoir de la difficulté à toutes les réparer en même temps.»

Si ton auto est en bon état, tu vas juste le transporter dans la valise de ton auto. Et parfois même tu ne t’en rendras même pas compte que tu le transportes.

Si une autre auto te donne le virus, mais que ton auto est plus usée, ça pourrait causer des dommages à

ton auto. Ton auto pourrait tomber en panne et tu devrais l’amener au garage.

4. Redonner un sentiment de contrôleFace au sentiment d’impuissance activé, il est sécurisant de redonner un sentiment de

contrôle à l’enfant et de mettre l’emphase sur l’aide que chacun peut apporter.

« Ton école a été fermée pour empêcher le virus d’être transporté dans trop d’autos. C’est la façon que ta directrice a trouvé pour aider. Le spectacle de danse que tu

préparais a été annulé pour la même raison. C’est comme ça que ton professeur peut aider. Même les chercheurs travaillent fort en ce moment pour développer des

traitements (vaccins), pour que moins d’autos transportent le virus et doivent aller au garage. »

« Nous aussi, on peut aider de différentes façons. Comme en se lavant bien les mains. Quand on lave bien notre auto, elle est propre après et elle ne transporte plus de virus. »

Page 11: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

11

DES OUTILS ADDITIONNELS

Faire la distinction entre nos angoisses d’adultes (impuissance, soucis de logistique ou craintes de scénarios catastrophiques) et celles de nos enfants (chamboulements de routines et pertes de repères) permet d’être plus attentif à leurs besoins réels. Ne pas hésiter à recourir à une aide psychologique au besoin.

Éviter de transmettre nos propres angoisses d’adultes

Il faut s’attendre à des réactions émotionnelles de toutes sortes, pas seulement de l’anxiété. Par exemple, sous des réactions de colère ou d’irritabilité peut se cacher un sentiment d’angoisse et d’insécurité.

Suivre le rythme de l’enfant. L’enfant est prêt à recevoir les réponses franches aux questions qu’il pose, sans toutefois aller au-delà.

« Grand-papa est plus âgé, et ses difficultés de santé le rendent plus fragile. Son auto est plus usée, mais tout le monde autour fait un effort pour ne pas lui donner le virus dans son auto. C’est pour ça

aussi que les garages existent, pour réparer les autos usées. »

Utiliser des explications et un vocabulaire adaptés à l’âge de l’enfant

Limiter l’exposition de l’enfant aux médias et aux conversations entre adultes s’exprimant sur la situation. L’enfant qui joue à nos côtés absorbe beaucoup des propos échangés et de la charge émotionnelle des adultes.

Accompagner son enfant de façon ludiqueEx. trouver une chanson amusante à fredonner pendant les 20 secondes durant lesquelles l’enfant se lave les mains et faire des pratiques de lavage de mains en famille.

Pour citer ce document: Beaulieu-Pelletier, G. & Philippe, F. L. (2020). Parler du COVID-19 aux enfants: Gérer les impact psychologiques. http://www.elaborer.org/covid_enfant.pdf© Geneviève Beaulieu-Pelletier, 2020.

Offrir à l’enfant un espace pour accueillir ses émotions et questions

Page 12: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

12

Page 13: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

13

Atelier Grizou

Je me lave les mainstrès régulièrement avec

du savon.

Règle N°1

Je tousse ou j’éternue dans mon coude.

Règle N°2

Je me mouchedans un mouchoir en papier

que je jette aussitôt.

Règle N°3

Je ne me touche pasla bouche, le nez, et les yeux

avec les doigts.

Règle N°4

Je reste à la maison.Règle N°7

Je garde mes distances. Règle N°5

Je dis bonjour sans serrer la mainet sans embrasser.

Règle N°6

les 7 règles contre le coronavirusPour te protégeret pour proteger les autres

atel

ier G

RIZO

U

+20

Page 14: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

14

Annexe 3 : Connaître et reconnaître ses émotions Exemple 1 : Les cahiers Filliozat : « mes émotions » https://fr.calameo.com/read/001698429d354fcedd651?fbclid=IwAR2asc_jY-7-9v8ViwRgkAeAPw3_zvKiFCda4Gzf_UVVkvCXk-jtiaTnPEs

Exemple 2 : Les synonymes des émotions

Exemple 3 : La roue de émotions : « je me sens …, j’ai besoin … »

Page 15: Comment aborder et faciliter le retour en classe …...- Annoncer : « Mais avant de reprendre la classe et de parler des changements, on va prendre un moment pour parler ensemble

15

Annexe 4 : Se laver les mains Pourquoi ? : Expérience des paillettes https://gncra.fr/mediatheque/lexperience-des-microbes-expliquer-le-lavage-des-mains/ Comment ? : Apprendre à se laver les mains en musique (OXFAM Australia) https://www.youtube.com/watch?v=kAlKQS9BPZ0

… Annexe 5 : Méditation pour les enfants "Calme et attentif comme une grenouille" : livre et CD d'Eline Snel (éditions Les Arènes). https://www.youtube.com/watch?v=WnxOoifQ398