CommentapprivoiserAlex~LasérieWest~Alex&Grant

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DédicaceAtoutescesgentillesfilles

danslemondequicachentleurcôtésauvage...

RésuméAlexisatoujoursétéuneenfantsauvage.Elleestlegenredefilledonttoutle

mondeparlederrière sondos.Et àprésentqu’elle est fiancéeavec lemauvaisgarçondelaville,Travis,ellecroitqu’elleaenfintrouvésavoie.Puisvoilàquelavieluienvoieunbelhomme,brunetgrand,etcelaremettoutsonuniversenquestion.

Grantestderetourenville.Iln’ajamaiseul’intentiond’aidersonpèredanssoncabinetd’avocat.Maisaprèsavoiressayédevivreenville,etavoirréaliséquecen’étaitpasfaitpourlui,ilnesouhaiteriend’autrequederevenirdanssavillenatalepours’yétablir.Ils’achètemêmeunepetitefermepourseprouverqu’il va rester. Après être intervenu un soir pour aider Alexis, aux allures demauvaise fille, il commenceàpercer sonsecret.Etmaintenant, toutcequi luiresteàfaire,c’estlaconvaincrequechoisir‘MonsieurParfait’n’estpastoujoursunemauvaisechose.

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CommentapprivoiserAlex

parJillSanders

Prologue

Alex se tenait dans le petit supermarché.Elle jeta un coup d'œil de part etd’autredansl’allée,etelleglissalapetitefigurinedanslapochedesonmanteau.Oh,ellesavaitquecen’étaitpasbiendevoler,maiscommeDieuluiavaitprissamèrequelquesmoisplustôt,elles’imaginaitqu’illuidevaitunecompensation.Et puis, sa maman lui avait promis de lui acheter le petit cheval pour sonseptième anniversaire. Or son anniversaire était passé, c’était la semaineprécédente.Elleavaitpriéencoreetencorequesamèrepuisseluifaireparvenirle petit cheval en métal, depuis là où elle était, au paradis, mais après avoirouvertledernierdesescadeauxàsapetitefêted’anniversaire,ettoujourspasdecheval,ellesutexactementcequiluirestaitàfaire.

Le premier jour d’école, elle avait convaincu Lauren de l’accompagnerjusqu’à la superette après la classe.C’était le seul supermarché de Fairplay, àseulement cinq centsmètres de l’école. Il leur fallait attendre une heure avantqueleurpèrenepuissevenirleschercher.

Alex dut parlementer pendant longtemps pour que sa sœur accepte de lalaisser seule dans le rayon où il y avait les petites statues, placées sous unevitrineenverre.Enfindecompte,Alexavaitditàsagrandesœurqu’il fallaitqu’elleailleauxtoilettes.QuandLaurenavaitvoulul’accompagner,Alexavaitpiquéunecrise.

«Jesuisunegrandefille!Jeneveuxpasquetumeregardes!»Elles’étaittenuelà,lesmainssurleshanches,exactementcommeleurmamanlefaisait.Sasœuravaitfiniparluidirequ’ellel’attendraitàl’avantdumagasin,àcôtédelacaisse, et elle l’avait laissée seule. Elle attendit dans les toilettes, assezlongtempspourlaisseràsasœurletempsd’alleràl’autreboutdumagasin.Puiselleépiaparunefissuredanslaporte,pours’assurerquesasœuravaitdisparu.Ensuiteellealla sur lapointedespiedsdans le rayon,etmitdans sapoche lecheval,trèsdiscrètement.Maisellen’avaitpasprévuqu'unemains’abattraitsursonépaule.

«Tunedoispasfairecegenredechoses.»AlexseretournaetvitGrantHolton,‘MonsieurParfait’,deboutderrièreelle.

Grantavaitlemêmeâgequ’Alex,etavaitreçucesurnomcarilétaitlegosseleplusirréprochabledetoutelaville.Ilcroyaitquejusteparcequesonpapaétaitl’avocat le plus en vue du secteur, il devait dire aux autres ce qu'ils devaientfaire,etjouerlesmouchards.Touslesautresgaminsdel’écolesemoquaientde

luiàcausedeça.

Grantétaitunpeuplusgrandqu’elle.Làencore,presquetoutlemondeétaitplusgrandqu’elle.Samèreluiavaitditqu’elleavaitunepetitestature.Alexnesavaitpascequecelasignifiait,maiselleétaitmécontentequeHaley,sapetitesœur,soitdéjàplusgrandequ’elle.

Elle regarda Grant, de l’autre côté de l’allée. Il avait les joues rondes, etportait des lunettes qui glissaient toujours sur son nez. Il portait toujours sesvêtementsdudimanche,oudumoinsc’était cequepensaitAlexis, carellenel’avaitjamaisvuhabilléd’unjeanoud’untee-shirt.Sescheveuxétaienttoujoursimpeccablementcoiffés,etellenel’avaitjamaisvusale.

Alex pensait que les lunettes lui donnaient l’air plus intelligent, et auraitdésespérémentvouluavoirbesoindelunettespourmieuxréussirenmaths,maisledocteur luiavaitditqu’elleavaitune trèsbonnevue.LescheveuxdeGrantétaient un peu plus foncés que les siens qui étaient blonds,mais lui avait descheveuxbouclés.Elleauraitaussivouluavoirdescheveuxbouclés,carlessiensétaientsifinsqu’ilétaitdifficiledelestresser.

Elleserrasespetitsdoigtsautourdumétalfroidduchevaldanssapoche.«Jenelerendraipas.»Elletapadupied.«Dieumedoitbiença,carilaemportémamaman. » Les larmes commencèrent à lui brouiller les yeux, et sa lèvreinférieuresemitàtrembler.

« Voler est un péché. Et puis, tu vas aller en prison si on t’attrape. » Ildevenaitdeplusenplusrouge.«Ilvafalloirquejeledise!»

Ellelesaisitparsonmanteauavantqu’iln’aitpus’éloigner.«T'aspasintérêt,GrantHolton!»Ellelevalesyeuxversluietcherchauneidéepoursesortirdecemauvaispas.«Si...situprometsdeneriendireàpersonne...»Danssapetitetêteellecherchaitdésespérémentlemoyendeluifairetenirunepromesse.«Jepromets...»Ilattendait,sesgrandsyeuxbleusfixéssurceuxd’Alex,ettoutd’uncoupellelaissaéchapper:«Jetelaisseraim’embrasser.»

Les yeux de Grant devinrent immenses derrière ses lunettes. Il réfléchitquelquesinstants,puisdit,«Pourdevrai?»Ilregardaautourdelui.

Qu’est-cequeçapouvaitbien lui faire,àelle?Elleavaitvusonpèreet samère le faire de nombreuses fois. Elle ne voyait pas du tout pourquoi on enfaisaittoutunplat,carçaavaitl’airsaleetrépugnant,maissicelapouvaitfairetaireGrantàproposdelastatue,ellepouvaitbienlesupporter,aprèstout.

Ellehochalatêteetsourit.«Biensûr.»

«Surlabouche?»Ilinclinaunpeulatêteenattendant.«Etpourquoipas?Çamarche?»Grant y pensa à nouveau pendant quelques secondes, puis hocha la tête en

repoussant ses lunettes sur son nez. Quand il s’approcha d’un pas, elle faillitperdre son sang-froid.Au lieu de ça, elle ferma les yeux, et avança les lèvrescommeelleavaitvusamère lefaire.Quandles lèvresdeGrant touchèrent lessiennes,elleeutenviedesereculeretdes’essuyerlabouche,maisàcetinstantilseproduisitquelquechosed’inattendu.Ellecommençaàaimerça.Ilavaitleslèvresdouces,maispasmouillées,aprèstout.Celaluidonnaitl’impressionquedes plumes lui chatouillaient les lèvres, et elle sentit des picotements dans lesmainsetlespieds.

Aprèsunmomentquiparutdurerdes années àAlex, il finit par se reculer,affichant un énorme sourire. Alors il se retourna, suivit l’allée et sortit par laporte de devant sans unmot. Elle ne s’était même pas assurée qu’il tiendraitparole.

«Viens,Alexis!Papaest là !»ditsasœuren l’appelantdepuis l’avantdumagasin.

En souriant, elle serra le petit cheval dans sa poche, et se dirigea vers lasortie.EllepensaaubaiserdeGrant,etelledécidaqu’elleaimaitça.Ellevoulaitle refaire, et aussi souvent que possible. Et avec autant de garçons qu’elle levoudrait.

Chapitre1

Dixansplustard...

A lexretenaitsonsouffle,tandisquelecercueildesonpèreétaitdescendudanslaterre.Sonmondes’écroulait,unefoisdeplus.RegardantendirectiondeHaley,ellesedemandaitcequiallaitleurarriver,àellestrois.Aprèstout,Haleyn’avaitquequatorzeans.EllesaisitlamaindeLauren,etgardacelledeHaleydel’autrecôté.

Touteslestrois,immobiles,regardaientlecercueildeleurpèredescendredeplusenplusprofonddanslesolrougeducimetière,dansl’emplacementvoisindeceluideleurmère.

Lauren ferma les yeux juste une seconde, jusqu’à ce que sa sœur laissetombersamainpourallermettreuneroseblanchedansletrou.Lafleuratterritdoucementsurlecercueil.Laurenseretournaetluifitunsignedetête,puiscefutautourd’Alex.Toutenlaissanttombersarose,Alexditaurevoiràl’hommequiavaitfaitdesonmieuxpouréleversestroisfillestoutseul,etpourlesrendreheureuses.

Quand elle se retourna, elle vitHaley s’approcher du trou à son tour, et setenir immobile. Alex ne put en supporter davantage. Elle fit demi-tour et sedirigearapidementversungrouped’arbres.C’étaitleprintemps,maislachaleurétaitpresquedéjàtropfortepourelle.Là,àl’ombre,ellepouvaitsentirlabrise,etelleavaitl’impressiond’arriverenfinàrespirer.

Elles’appuyacontreletroncd’ungroschêne,fermalesyeuxetseconcentrasur sa respiration. Le soir où Lauren avait trouvé leur père sur le sol de sachambre, Alex était allée dormir chez Cheryl Lynn. Elle aurait dû rester à lamaison,ceweek-end-là.Siseulementelleétaitrestée...

«Hé ! »Elle leva les yeux et rencontra les grands yeuxbleus deGrant. Iln’avaitpasbeaucoupchangé,maissescheveuxblondsétaientunpeupluslongs,etilavaitdenouvelleslunettes.Lesmonturesenmétalluiallaientunpeumieux.Ilavaitunpeud’acnésursonvisagerond,maissesvêtementsétaient toujoursimpeccables.

«Hé!»Ellerestaappuyéecontrel’arbre,lesbrascroisés.Ellecommençaità

avoirfroid,etavaitànouveauenvied’êtreausoleil.«Jesuisdésolépourtonpapa.»Ilbaissalesyeuxverssesbottesluisanteset

donnauncoupdepieddansunpetitcaillou.LepèredeGrantetsonpèreàelleavait été amis depuis l’enfance.Même leursmères avaient été des amies, cartousavaientgrandidanslapetiteville.«J’espèredetoutcœurquetun’espasobligéedevendreleranch,ouquoiquecesoitd’autre?»

Alexs’écartadel’arbre,etleregarda.«Pourquoi?»Ellefronçalessourcils.Il leva les yeux et la fixa du regard. « Je ne sais pas, c’est juste que j’ai

entendumonpèrequiparlait desproblèmesd’argentde tonpère, et quidisaitqueLaurenn’étaitpas assezâgéepour s’occuperde toi etde ta sœur,nipourpourgérerunranchenmêmetemps.»Ilhaussalesépaules.

« Elle n’est pas seule, » dit Alex. Elle a Haley et moi avec elle. » Elles’approchad'unpas.

«Ehbien,j’espèrequet’asraison.Jeparsàlafindel’année.J’aiétéacceptéàHarvard.»Ileutunlargesourire.

Elleouvritlaboucheetluidit,«Tun’asquedix-septans!»« Je sais. J’ai fini de passer tous mes examens pour aller à l’université

pendantl’été,etmonpèreetmoinousavonsenvoyédesdossiersdecandidature.Incroyable,non?»Ilfourralesmainsdanssespoches.

«Tun’asquedix-septans,»répéta-t-elle.«Jevais temanquer?» Ilditceladansunmurmure,etAlexne l’entendit

pas.Sonespritétaitobnubiléparlefaitqu’elleaussiavaitdix-septans,quesesdeuxparentsn’étaientpluslààprésent,etqu’elleallaitpeut-êtreperdrelaseulemaisonqu’elleaitjamaisconnue.

Alorselleregardapar-dessussonépauleetfronçaunpeulessourcils.EllevitquelepèredeGrantetMrGraham,l’autremeilleuramidesonpère,étaiententraindeparleràLauren,àcôtéduvéhiculefamilial.

S’éloignant sansmême dire au revoir, elle se précipita vers l’endroit où setenaitHaleyavecsesamies,etellel’attrapaparlamain.«Ilfautqu'onyaille!»

Haleyhochalatêteetlasuivit.Toutesdeuxs’avancèrentversleursœur.«Noussommesprêtesàrentreràlamaison.»AlexlançaunregardnoiràMr

GrahametMrHolton,quirapidementbaissèrentlesyeux.Chase,lefilsdeMrGraham,setenaitàcôtéd’eux.Ileutunlégersourireethochalatête,puislesfillespartirent.

Leretouràlamaisonsefitensilence.Alexvoulaitdemanderàsasœurquelsétaient sesplans,mais elle savaitquecen’étaitpas lebonmoment.Dansunesemaine,Laurenauraitdix-neufans.Elleétaitassezâgéepours’occuperd’AlexetdeHaley,légalement,çaAlexenétaitsûre.Ellenesavaitriendesproblèmesd’argentdesonpère,nimêmesiLaurenallaithériterduranch.Laurenlesaurait,toutça.Aprèstout,pendantcesdernièresannées,Laurenavaitaidéleurpèreàgérerl’énormepropriété.

Quand leur véhicule s’engagea sur le long chemin quimenait jusqu’à leurhabitation,Alexregardalamaisondetroisétagesauloin.Lamaison,autrefoispeinte en blanc, avait besoin d’une nouvelle couche de peinture. Quelquesannéesauparavant,letoitavaitétéchangé.Alexsavaitquelamaisonn’étaitpasenparfaitétat,maispourrienaumondeellenel’auraitéchangéeavecuneautre.

« Lauren ? » Elle regarda sa sœur garer le pickup, et tant de questions luibrûlaientleslèvres.Justeàcemoment-là,Haleysortitentrombeduvéhicule,etcourutverslagrange.

Laurenlaregardaetsourit.«Jevaislachercher.»LaurenlaissaAlexseuledanslevéhicule,ets’élançapourrattraperleurpetitesœur.

Alexavaitlesyeuxembués.Oui,c’étaitpourdevrai.Ellesallaientperdreleranch.Et très probablement, elles seraient séparées.Où allaient-elles habiter ?Qu’allait-illeurarriver?

Alex se dépêcha d’entrer dans la maison, et en fit le tour lentement. Elleessayait d’imprimer dans sa mémoire le moindre détail — tous les meubles,l’allureetl’odeurdel’endroit.Ellefinitdanslachambredeleurpère,etquandelles’assitsurlelit,ellecommençaàpleurerdoucement.

C’était exactement comme lorsque leur mère était morte. Si elle, Alex, nes’était pas arrêtée pur prendre les cookies, Haley ne se serait pas sauvée aupremier étage.Et leurmèren’aurait pas eu à aller la chercher.Toutes seraientarrivées à l’abri à temps. Au lieu de ça, les trois filles avaient dû être lesspectatricesimpuissantesdumomentoùleurmèreleuravaitétéarrachéeparlatornade,emportéedansl’obscurité,etperduepourtoujours.

Siseulementelleétaitrestéeàlamaisonleweek-enddernier,leurpèreseraittoujoursenvie.C’étaitentièrementdesafaute.Selaissanttombersurlelit,ellerespiraleparfumpuissantetmusquéquiimprégnaitencorelesdraps,etpleuratoutesleslarmesdesoncorps.Elleavaitdûs’endormir,parcequelorsqu’elleseréveilla,ilfaisaitsombredehors.

Elleseleva,alladanssachambreetenfilalejeanetletee-shirtqu’elleportait

pourtravailler.Ellesavaitqueleschevauxavaientbesoind’êtrenourris,etcelaavait été son boulot pendant ces dernières années. Quand elle arriva dans lagrange, elle vit que cela avait déjà été fait. Ses épaules s’affaissèrent, et elles’écroula sur le tas de foin, en ayant l’impression d’avoir à nouveau laissétomber sa famille. En cet instant, elle se fit la promesse qu’elle ne laisseraitjamaisplustombersessœurs.

Pendant les quelques mois qui suivirent, il devint évident que Laurencontrôlait tout dans le ranch. Elle avait même repris à son compte toutes lescorvéesd’AlexetcellesdeHaley,en leurdisantqu’ilvalaitmieuxqu’elles seconcentrentsurleursétudes.

LaurenavaitamenéAlexpassersonpermisdeconduire,etluiavaitdonnélavieilleHondarougepourqueHaleyetellepuissentalleràl’écoletouslesjours.Alex voulait bien conduire, car elle savait combien Lauren était débordée. Lasemained’après,toutestroiss’étaientassises,etLaurenleuravaitannoncéquetoutes les factures étaient payées, et que personne ne leur prendrait le ranch.Mieux encore, elle avait signé les documents officiels avec Mr Graham, quiétablissait qu’elle, Lauren, avait officiellement la garde de ses deux sœurs.Laurenétaitleurtutricelégale.Personnenepourraitlesséparer,jamais.

Alex se détendit alors et adopta un petit train-train, sachant que sa sœurs’occuperait de tout ce qui pouvait se produire dans le ranch. Au bout dequelquesmois,ellesesentitcoupablelorsqu’elleremarquatoutcequesasoeurfaisaitdanslapropriété,etelle,Alex,commençaàfairedeschosessansqu’onluidemande.ElledemandaàJamella,lapatronnedurestaurant‘ChezMama’sielleavaitunposteàtempspartielpourelle,etellesemitàfaireautantd’heuresqu’ellelepouvait,justepourpayersonessence.Maistrèsviteellecommençaàgagner davantage, et elle laissait toujours l’argent dans le bureau de Lauren.Jamaissasœurn’enparla,alorsellecontinuaàluidonnerlamoitiédecequ’ellegagnait chaque semaine. Même Haley commença à comprendre ce qui sepassait,etellesemitàaiderdeplusenplusaveclesanimaux.

Cependant,unanplustard,AlexcommençaàsortiravecTravis,etsaviepritunnouveausens—ellevoulaittoutfairepourdevenirMrsTravisNolan.

Presquehuitansplustard...

Alex, immobile sur le parking dans l’obscurité, avait envie de taper sur

quelque chose ou sur quelqu’un.Comment pouvait-il lui faire ça à nouveau ?Ellecontemplaleparkingpresquevide,eteutenviedehurler.

Aulieudeça,ellejetalabouteilledebièrequ’elletenait,etsouritquandleverreexplosacontresonpickupbleu.Labaguedefiançaillessursonannulairegaucheétincelaitdanslalumièrefaiblequiéclairaitleslieux.Elleavaitenviedel’arracherdesondoigt,etdelajeterelleaussi,maiselles’interrompitavantdepasser à l’acte.C’était son anniversaire à elle,Alex, et Travis s’était saoulé àmort. Il venait de perdre conscience à nouveau, au volant de son précieuxvéhicule.Mêmelorsquelabouteilledebières’étaitécraséesursonpare-brise,iln’avaitpasvraimentémergé.

Au cours des derniers mois, elle s’était dit qu’elle allait réévaluer leurrelation.ElleavaitpriscettedécisionlorsqueLaurenetChaseavaientabasourditoutlemondeenannonçantqu’ilsétaientmariés, lejoursuivantlesfunéraillesdeleurpère.Laurenl’avaitépousépardésespoir,afind’échapperàunedettequil’écrasait,maisàprésenttousdeuxenétaienttotalementheureux.Chases’étaitinstallédanslamaison,etilssecomportaientcommedejeunesmariés,ceque,dans un sens, ils étaient, car Chase avait été absent pendant les sept annéesprécédentes.

Alexallajusqu'auvéhiculedeTravis,etleregardaparsafenêtreouverte.Ilétait toujours aussi beau que le jour où elle était tombée amoureuse. Il avaitl’allureclassiqueducowboydur-à-cuirequil’avaittoujoursfaitfondre.Mêmelesillon sur sonmenton l’émoustillait.Mais cesderniers temps, il agissait d’unemanièrebeaucoupplusbrutale,etelleavaitdeplusenplusdemalàlevoiraveccetteespèced’auradedouceurqu’elleluiavaittoujoursprêtée.

Elle se tourna pour s’appuyer contre le véhicule, les bras croisés. L’airhumide de la nuit d’été lui collait le chemisier à la peau, et elle avaitdésespérémentenvied’unedouche.Sescheveuxétaientplaquéscontresoncouetsonvisage,carelleetsesamiesavaientpassélesdernièresheuresàdanserau‘RustyRail’,lebarlocal,quifaisaitdancing.Toutlemondeétaitvenupourfêtersonanniversaire.Lescadeauxqu’elleavait reçusétaientempilésà l’arrièredupickupdeTravis.Ellesouritenregardantànouveautouscespaquets.Travisluiavait promis qu’il ne boirait pas trop ce soir, car elle détestait quand il étaittellement ivrequ’ilsemettaitàdevenirgrossier. Iln’avait jamais levé lamainsur elle,mais il avait tendance à devenirméchant, et à plusieurs reprises, elleavait dû aller à pied chez son amie et y passer la nuit, au lieu de le laisser la

raccompagner.« Hé, poupée ! » Alex se tourna, et le vit qui lui souriait. « Joyeux

anniversaire ! » Il la regardad’undrôled’air, puis sepenchapar la fenêtre etvomitsursesbottesblanches.

«Travis!»Elleeutjusteletempsdesereculer,sesbottesfurentseulementéclaboussées.

«Oh,jesuisdésolé,monchou!»Ilcommençaàsortirduvéhicule.«Tuesdésolé?Tuasgâchétoutemasoirée!Tuétaistropoccupéàboireet

à traîner avec tes potes pour ne serait-ce que danser avecmoi. »Elle s’écartaquandilessayadel’attraperpourl’attirerverslui.«Tuasoubliéd’amenermoncadeauet,pourêtrehonnête,jenecroispasquetum’enaiesachetéundetoutefaçon.»

«Maissi,jetelejure!Ilestchezmesparents.»Ellevoyaitdanssesyeuxqu’ilmentait,cequilablessaencoredavantage.

«Etàprésenttuestellementivrequetuasvomisurmesbottespréférées!Donne-moilesclefs!»Elletenditlamainentapantdupied.«Jetereconduischeztoi,puisjerentreraichezmoi.»

Ilsecoualatête,puismitlatêteentresesmainsetfaillitbasculer.«Non!Pasquestion!Tusaistrèsbienquejenelaissepersonneconduirecettebeauté,saufmoi ! » Il tapota la portière et samain revint, humide. «Bon sang demerde.Quelqu’unluialancédesbouteilles.»Ilseprécipitapourvoirleverrebriséetlesrestesdeliquideparterre.

«C’estmoiquiaifaitça.»Ellecroisalesbras,etattendit.«Toi?»Ilsetournaet lafoudroyaduregard.«Tuluiasfaituneéraflure.

Pourquoi as-tu fait ça ?Cela va coûter des centaines de dollars pour arrangerça.»Ilsuivaitdudoigtunetoutepetiterayuresurlecapot.Puisilsetournaverselle,unlégersouriresurlevisage.«Ehbienvoilàcequivaarriveràtoncadeaud’anniversaire.Jevaislerameneràlaboutiquepourpayercetteréparation.»

« N’importe quoi. Tu sais très bien que tu ne m’as rien acheté. » Ellecommençaàs’éloigner.

«Oùvas-tu?Reviensici,»luilança-t-il.«JevaischezCherylLynn,»cria-t-ellepar-dessussonépaule.«Non,monchou.Reviens.Jeteramènechezmoi.»C’étaitunedisputede

longuedate,qu’iln’avait jamaisgagnée.Ellen’avait jamaispassé lanuitdans

sonappartementpourri,au-dessusdugaragedesonpère.L’endroitétaitsisalequ’ellen’yavaitjamaismislespieds.Maislefaitquecesoitsalen’étaitpaslaseuleraisonpourlaquelleellen’yavaitjamaispassélanuit.Ellenepouvaitpasse l’expliquer, mais non, elle ne voulait pas y aller. Dumoins, se disait-elle,jusqu’àcequ’ilssoientmariés.

«Alex,ramènetesfesses!»Ellesavaitqu’ilessaieraitdiversestactiques.Illasuivraitaupasaveclavoiture,etluicrieraitaprèsparlafenêtreouverte.Illuihurlerait des injures pendant qu’elle marcherait, mais elle ne faisait jamaisattention,sedisantquec’étaitl’effetdel’alcool.

Le jour d’après, elle recevrait des fleurs, il viendrait et tous deux seréconcilieraient.C’étaitcommeçaqueçasepassaitàchaquefois.

Maisalorsqu’ellecontinuaitàmarcherdanslarueobscure,endirectiondelamaisondeCherylLynn,ilnelasuivitpas.Elleseretourna,regardaleparkingetremarquaqu’ilétaitremontédanssonpickup.

Iladûànouveausombrerdans l’inconscience,sedit-elle toutenmarchant.Lamaison de Cheryl était environ à trois kilomètres, ce qui était une baladefacileàfairedejour.Maiscesoir-là,avecjusteunpetitquartierdelunedansleciel,ellen’arrêtaitpasdetrébuchersurdescaillouxetdesmottesd’herbelelongdelarouteétroite.

Moinsdedeuxminutesplustard,deslumièresl’éclairèrentpar-derrièreetelles’arrêta,attendantquelevéhiculearriveàsahauteur.MaisaulieudupickupdeTravis, c’est une Ford noire qui s’arrêta à côté d’elle. Quand la vitre teintées’ouvrit,lavoixdeGrantHoltonl’appela:

« Alexis West, c’est toi ? Que diable fais-tu, à pied sur une route, dansl’obscurité,àcetteheurede lanuit? J’auraispu te renverser !» Il faisait tropsombrepourlevoirbien,maiselleauraitreconnucettevoixn’importeoù.

«Laferme,Grant!»Ellecontournalevéhiculeetouvritlaportière.Elleétaitcontentedevoirquelesiègepassagern’étaitpasoccupé,etellegrimpaàcôtédelui.«Conduis-moichezCherylLynn,si tuveuxbien.»Ellecroisa lesbrasetregardadehors,lessourcilsfroncés.

Grant était rentré chez lui peu auparavant, et même si le tocard aux jouesrondes,couvertdeboutonsetportantdeslunettesavaitétéremplacéparunbeaugossemince à la peau impeccable, à ses yeux il était toujours lemêmeGrantHolton,‘MonsieurParfait’.Essayanttoujoursderéglerlesproblèmesdesautres.

«Travisnevapastereconduirecheztoi?»demanda-t-il.Ellesetournavers

luietlefoudroyaduregard.«Non,»répondit-elle,puisl’observatandisqu'ilseretournaitetregardaitpar

lavitrearrière.Iln’avaitpasencoredémarré,etellecommençaitàs’énerver.«Hmm,»dit-il,etellelevitquiregardaitànouveauàl’arrière,endirection

du‘RustyRail’.« Qu’y a-t-il ? » Elle se tourna sur son siège, et le fixa durement dans

l’obscurité.Ilsecoualatête.«Rien,rien.»«GrantHolton, tumens ! »N’importe qui savait quand il y avait quelque

chosequ’ilvoulaitdire.Ilnepouvaitriencacher.«Cen’est rien. » Il tendit lebras, et vérifia la ceinturede sécuritéd’Alex.

Quand son bras effleura sa poitrine, elle retint son souffle. Elle savait qu’iln’avaiteuaucuneintentionpréciseaveclegeste,maisn’empêchequelecontact,silégersoit-il,l’avaitélectrisée.

« Désolé, » marmonna-t-il en baissant son bras. « Je ne commence pas àconduiretantquelesceinturesdesécuriténesontpasattachées.»

Ellelevalesyeuxauciel,etfinitdebouclersaceinture.«Vas-tumerévélertonsecret?»Elleleregarda.«Pasdesecret,»dit-il,etfinalementilfitdémarrersonpickup.«Trèsbien,paslapeinedemeledire!Detoutefaçon,çam’estégal.»Elle

regardaitàl’avant,etsesentaittriste.«Jesuisdésoléequevousdeuxayezrompulejourdetonanniversaire,»dit-

il,cequilafitsetournerbrusquementverslui.«Nousn’avonspasrompu!Quit’aditquenousavionsrompu?»Ilyeutun

hoquetdanslavoixd’Alex.«C’est juste... je pensais... » Il y eut un silence, et ensuite il s’éclaircit la

voix.«C’estjustecequej’avaiscompris.»« Pourquoi ? » Elle lui saisit le bras, enfonçant un peu ses ongles dans sa

peau.Illaregarda,puistournalesyeuxànouveauverslaroute.Ilrestasilencieux,

jusqu’àcequ’ilaitgarésonvéhiculesurleparkingdelavieillegare.« Quand j’ai quitté le ‘Rusty Rail’, je l’ai vu, en compagnie de Savannah

Douglas,et tousdeuxsedirigeaientverssonpickupgarésur leparking.»Ilyavait une touche de tristesse dans sa voix, et ses yeux, du moins d’après cequ’ellepouvaitenvoirdansl’obscurité,étaientsoucieux.

«Quit’adonnécetteidée?»Ellecroisaànouveaulesbras.«Qu’y a-t-il ? » Il clignades yeux et se recula unpeu.On aurait dit qu’il

s’attendaitàcequ’ellelegifle.Aulieudeça,ellesemitàrire.«Oh,çac’esttropfort!C’estBillyquit’adonnécetteidée?»Elles’arrêta

de ricaner, pour essuyer une larme. « Billy n’arrête pas d’essayer de meconvaincrequ’ilyaeuquelquechoseentreTravisetSavannah,autrefois.»

Grantsecoualatête.«Jesuisdésolé,Alex.»Ilseretourna,regardadevant,puissetut.Ilsrestèrentassispendantquelquessecondesjusqu’àcequ’ellesauteduvéhiculeetcommenceàmarcheràtoutevitesseversle‘RustyRail’.

Elle entendit la porte du pickup de Grant claquer derrière elle, puis Grantl’attrapaparlesépaules.Ellesecontracta,etenvoyasonpoingdanslementondeGrant,aveugléeparleslarmes.

«Quelsalaud!»cria-t-elle.«Ilm’avaitpromisquec’étaitjusteuneaventured’unenuit!»Ellefrappaànouveau,àl’aveuglette,nerencontrantquel’aircarlesmainsdeGrantenveloppèrentsespoingsavecdouceur.«Nousavonsrompuet il était ivre, il adit... »Elledonnades coupsdepiedsàGrant et essayadelibérersespoignets,toutçapourseretrouvercolléecontreuncorpsdurcommedel’acier,tandisquelesbrasmusclésdeGrantl’enveloppaient.Maiselleavaittropdechagrin,etlorsqu’elleneputdavantagecontenirseslarmes,elleentenditGrantmurmurerdesmotsréconfortantsdanssescheveux,tandisqu’ellepleuraittoutesleslarmesdesoncorps,levisagecontresonépaule.

Chapitre2

Grant, tenant Alex dans ses bras, aurait voulu de tout son cœur lui faireoublier son chagrin. Il savait bien ce qu’il avait vu au ‘Rusty Rail’. Et aprèsavoir vu les relations torrides entre Travis et Savannah, il ne croyait pas unesecondequecesoitunepassade.

Les rumeursétaientalléesbon traindans lapetiteville,depuisdesmois,etvisiblementpersonneneseportaitvolontairepourledireàAlex.QuandilavaitvuAlex quimarchait au bord de la route, il avait cru qu’elle était au courantpourTravisetSavannah,etquec’étaitcequeTravisluiavaitditsurleparking.Maisilnepouvaitpaslalaisserdéambulersurlebordd’uneroutelanuit,touteseule,àpresquedeuxheuresdumatin.

Illuicaressalescheveux,etregrettad’avoirétéceluiquiluiavaitannoncélanouvelle.Ilauraitdûcontinuersaroute,etappelersasœurpourqu’elleviennelachercher.Mais ses parents l’avaient élevé dans l’idée d’en faire quelqu'un debien,etilsedevaitdes’arrêteretdelaramener.

Lorsqu’elle finit par se reculer et lever les yeux vers lui, le devant de lachemise de Grant était trempé. Il lui avait légèrement décoiffé ses cheveuxblonds,et il repoussa l’unedesesmèchesderrière sonoreille.Lesyeuxbrunsd’Alexs’adoucirentunpeu.

«Mercid’êtrehonnêteavecmoi,»luidit-elledoucement.Ilsesentaittrèsmal.Ilauraitdûluimentir.Ilauraitdûapprendreàlafermer

depuislongtemps.Maisquandellel’avaitregardéavecsesgrandsyeuxbruns,iln’avaitpaspus’empêcherdetoutluidire.

«Jesuisdésolé.»Ilbaissalamainetreculad’unpas.« Pourquoi ? » Elle leva les bras et tordit ses cheveux jusqu’à former un

tortillonquinerisquepasdesedéfaireaveclevent.«Jen’auraispasdûdirequoiquecesoit.»Ilregardasespieds,etregrettade

nepaspouvoirrevenirenarrière.Celal’avaitanéantilorsqu’ilétaitarrivéaubar,de la voir fêter son anniversaire avec ses amis et sa famille, et Travis à côtéd’elleàtable.

Grantétaitvenuavecplusieursdesesamispourjoueraubillard,maisenfaitilavaitpassélerestedelasoiréeàsiroterdelabière,etàregarderAlexdanser

avecsesamis.Depuisqu’ilsavaientéchangécebaiserquandilavaitseptans,ilavait toujourseuunfaiblepourelle.Aucunautrebaiseraucoursdetoutescesannéesn’était arrivéà lahauteurdecedouxbécot, ilyavaitbiendesannées.C’étaitl’uniquesecretauquelils’étaitcramponnépendantdelonguesannées,etill’emporteraitprobablementdanslatombe.

«Jesuisjustecontentedel’avoirapprisd’unami.»Elleregardaendirectiondu‘RustyRail’etfrissonna.

Grantretirasonblousonetleluiposasursesépaulesnues.Sondosnurougeen strass et sa jupe en denim ne suffisaient pas à la réchauffer.Même à cetteheuredelanuit,ilfaisaitencoredoux,maisilyavaitunebrisefraîchevenantdusud.

« Tu devrais avoir une veste, » dit-il, en serrant son blouson autour desépaulesd’Alex.

« Tu essaies toujours d’arranger les choses pour tout lemonde ? » Elle leregarda,etsouritlégèrement.

« Seulement pour ceux qui en ont besoin. » Il sourit. « Viens, je vais teramenercheztoi.»

«Tun’espasobligé.Jepeuxdormirchez...»«Jevaistereconduire.Tuserasmieuxdanstonproprelit,avectessœurs.»Il

attendit qu’elle hoche la tête, puis se tourna vers son pickup. Il lui ouvrit laportièreetl’aidaàs’installersurlesiègecôtépassager.

Il se remit au volant, et tous deux restèrent assis en silence pendant unmoment,tandisqu’ilroulaitendirectiondeSaddlebackRanch.Cen’étaitpasunlong trajet,mais de nuit dans l'obscurité et le silence, cela semblait ne jamaisdevoirs’arrêter.

«Pourquoies-turevenuàFairplay?»Ilenrestasidéré.«Pourquoi?»Illuijetauncoupd'œil.«Oui.Pourquoirevenirici?TuasobtenutonsuperdiplômeàHarvard.Tu

auraispuouvriruncabinetd’avocatn’importeoù.Pourquoirevenirici?»«Parcequec’estchezmoi.»Ilsourit.Ellefronçalessourcilsetsetournaunpeuplusverslui.«Tunevoulaispas

voyager?Visiterdesvillesàl’étranger?»«C’estcequej’aifait,pendantuncertaintemps.»Illuisourit.«Jepréfère

ici.»Elle soupira, et se tourna à nouveau vers l’avant. « J’ai toujours voulu

voyager.VoirParisauprintemps.Oupasser lesvacancesdeprintempssuruneplageauMexique.»

«Etpourquoipas ?» Il la regarda ànouveau, entendit le soupir, et vit sesépauless’affaisserlégèrement.

« Jusqu’à il y a quelques mois, j’ai cru que j’avais la réponse. Mais àprésent...»Elleregardaparlafenêtresurlecôté,etrestasilencieuse.

«Tessœurs?»Ils’engageadanslelongcheminquimenaitjusqu’auranch.«Oui,c’estl’unedesraisons.»Elleregardaitlagrandebâtisseblanche,droit

devantelle.GrantavaitaidéChase,encompagniedelamoitiédeshommesdelaville,àmettreenplaceunnouveautoitenmétal,quelquesmoisplustôt.Ilsavaitquetouteslesfenêtresavaientétéremplacées,aussi.Chases’étaitmisàrénoverune grande partie de la maison. Depuis qu’il s’était installé, en annonçantofficiellement sonmariage avec Lauren, sept ans auparavant, il n’avait eu decessederéparerlavieillemaisonetdeluiredonnersasplendeurd’antan.Oudumoinsc’estcequedisaitsonami.Pourêtrehonnête,Grantnesesouvenaitpasquel’endroitaitpuêtreaussibeauavant.

Il arrêta son véhicule devant le porche et le laissa enmode stationnement,moteur tournant au ralenti. « Je ne crois pas que ces raisons te retiennent àprésent.»

Elle le regarda. «Non, j’imagineque je n’ai tout simplementpas trouvé labonnepersonneaveclaquellefairetoutça.J’aicru...»Ilvitunelarmecoulersursajoue,etsepenchapourl’essuyeravecdouceur.

«Neluifaispasl’honneurdepleurerpourlui.Ilneméritepasteslarmes.Ilneteméritepas.»ElleécartalamaindeGrantdesonvisage,maislagardaentrelessiennespendantquelquesinstants.

«Merci,Grant.Mercid’êtrelà.»Ellelâchasamainetsaisitlapoignéedelaporte,maisfutinterrompuedanssonmouvementpoursortirparsaceinturequiétaittoujoursattachée.

Grant pouffa et tendit le bras pour la détacher, juste aumoment où elle seretournait.Leursvisagesétaientàquelquescentimètresl’undel’autre,etilrestafigé, les yeux plongés dans les siens, fasciné par ses pupilles. Avant mêmed’avoirréfléchi,ilseretrouva,labouchecolléecontrelasienne,dansuntendrebaiser.Elleluisaisitlescheveux,sanslerepousser,niletenircontreelle.Aulieu

decela,ellepromenalesdoigtsdanssesboucles,commesiellevoulaittouteslesexplorer,uneàune.

Labouched’Alexsedéplaça lentementsous lasienne,etavantmêmequ’iln’aitréalisé,leurslanguess’étaienttrouvéesetilfonditaucontactdesadouceur.Elle gémit, et lui aussi. Elle promena les doigts le long de son cou, le faisantfrémir,maislorsqu’ilsentitlabaguequ’elleavaitaudoigtluiéraflerlégèrementlapeau,justederrièrel’oreille,ilsereculaenclignantdesyeux.

«Jesuisdésolé,»marmonna-t-il,ense rendantcomptequ’elleétaitencoreofficiellementfiancéeàquelqu'und’autre.

Ellesourit.«Tun’arrêtespasdedireça.»Elleessayadel’attirerànouveauverselle,mais ils’écartaetsecouala tête.«Jesuisdésolé.»Ilsavaitqu’ilserépétait,maispeu lui importait. Ilsavaitqu’elleavaitbesoinde tempsaprès lechocdesaruptureavecTravis.Ilnevoulaitpasqu’ellesejettedanssesbraspardépit.

«Cen’estqu'unbaiser.Cen’estpascommesijeteproposaisdevenirdansmachambre!»dit-elleavecunsourire,lefaisantrougir.Combiendefoisdanslepassé s’était-il imaginécela?Mêmeencoremaintenant, il sevoyaitmonterl’escalier, lui enlever ses vêtements serrés, toucher sa douce... en secouant latête,ilessayadechassercesidéesfolles.

« Je ferais mieux d’y aller. » Il regagna son côté du véhicule, ce quigarantissaitqu’ilsnesetoucheraientplus.

«Grant?»Elleattenditqu’illaregardeànouveau.«Mercidem’avoirditlavérité,etmercidem’avoirraccompagnée.»Elledéfitsaceinturedesécurité,etsortitdupickup.Il lavitdisparaîtredans lamaisonobscure,eteutenviedesemettredesgifles.

Pendant tout le trajet de retour, il se réprimanda intérieurement pour avoirprofité de la situation.Après tout, elle venait juste de découvrir que l’hommeavec lequel elle sortait depuis presque huit ans, et auquel elle était fiancée, latrompait.Génial.Vraimentgénial.Ditesàlafilledevosrêvesquel’hommedeses rêves n’est qu’un bon à rien, un gros tas de merde, puis embrassez-lapassionnément.

Ilparcourutainsi lesseptkilomètres jusqu’à la fermequ'ilvenaitd’acheter.Aprèsavoirquittélagrand-routepours’engagerdanslelongcheminsinueux,ils’arrêta en haut de la colline pour contempler sa petite vallée. Il faisait tropsombre à présent pour bien voir, mais le moindre détail était gravé dans sonesprit.

Lamaison en pierre se situait sur la gauche, et une grange immense sur ladroite. Celle-ci contenait trois chevaux, cinq chèvres, deux cochons et deuxvaches.Etàl’arrière,ilyavaitunpetitpoulailler,entrelagrangeetlamaison.Tout cela lui appartenait. Tout ce qu’il y avait là était une ode à son avenir.L’avenir qu'il avait décidé qu’il voulait, trois ans après l’accident tragique quiavait changé à jamais le cours de son existence. Le deuxième secret, énorme,dontiln’avaitsoufflémotàpersonne.

Alexdormaitprofondémentquandellefutsoudainattaquéeparunecréatureénormeetvelue.Sesgriffesaiguiséescommedesrasoirsluilabouraientlesbras,ce qui la fit se redresser sur son séant afin de repousser l’agresseur. Elle euthontequandellevitlepetitchienàtroispattestomberdumatelasetatterriravecunbruitsourdsurlesolàcôtédesonlit.

«Oh,Buddy,jesuisdésolée.»Elletenditlamainpourattraperlepetitchien,mais il s’échappa.Ellesautadu litet luicourutderrière. Ilallaitvraimentvitepour unpetit chienqui n’avait que trois pattes,mais elle finit par le rejoindredanslacuisine.Elleétaitàquatrepattesparterre,justeaprèsavoirsaisilepetitanimal, et était occupée à l’embrasser tout en enfouissant son visage dans safourruresidouce,quandsoudainelleentenditquelqu'uns’éclaircirlagorgeau-dessusd’elle.

Levant lesyeux,elleaperçut,à travers lamassedesescheveuxenbataille,Grant, assis à côté deChase, à la table de la cuisine. Chase arborait un largesourire,maisonauraitditqueGrantauraitpréféréêtren’importeoùailleurs,etnonchezelle,assisàlatabledelacuisine.Ilétaitrougecommeunetomate,cequinefaisaitquefaireparaîtresesyeuxencoreplusbleus.

Ellereposalepetitchienpar terre,serelevarapidement,etvitqueGrant laregardaitattentivement.Ellebaissa lesyeuxeteutunpetit sourireen réalisantque son petit débardeur blanc en soie et son short ne dissimulaient pas grandchose de son anatomie. Elle avait acheté ce pyjama chez Victoria’s Secret lemoisdernier,etavaitespéréleporteraprèssonmariageavecTravis,maisaprèscequis’étaitpasséquelquesjoursplustôt,elles’étaitmiseàportertouslesjolisvêtements qu’elle avait achetés pour plaire à ce menteur, sale traître... EllesecoualatêtepourchasserTravisdesespensées.Puiselleserenditcomptequec’était la première fois qu’elle sortait de son lit depuis deux jours, et qu’elle

devaitavoirl’aird’unépouvantail.Ellefitdemi-touràtouteallure,etsortitdelapiècesansdireunmot.

Sedirigeantvers la salledebain, elle entradans ladoucheet essayadenepluspenserà ladernière foisqu’elleavaitvuGrant.Commentavait-ellepuselaisseremballeràcepoint-làparunsimplebaiser?Çal’avaittellementsecouéequ’ellen’avaitpenséqu’àçadepuis.

Ellepritsadouche,etseditqu’elles’éclairciraitlesidéesenallantfaireunelongue promenade à cheval après avoir mangé un morceau. Elle se dépêchad’enfilersesvêtementsd’équitation,etfutunpeudéçuequandelleretournadanslacuisineets’aperçutqueGrantn’étaitpluslà.ChaseetLaurenétaientassisàtable,etmangeaientdessandwiches.

«Bonjour!»lança-t-elle,toutenallantseverserunegrandetassedecafé.«Bonaprès-midi!»réponditLauren,enjetantuncoupd'œilàsasœur,par-

dessussatasse.«Oui,bon.Jesais,jesais.Qu’est-cequeGrantHoltonfabriquaitici?»Elle

s’appuyasurleplandetravailetbutunegrandegorgéedecafétiède.Chasegloussa,puisluirépondit,«Ilserinçaitl'œil!»Laurenéclataderire,puiss’étranglaetseremitàlirelejournal.«Trèsdrôle!»ditAlexenfaisantunpetitsourireàsonbeau-frère.«Tudevraissongeràt’acheterunerobedechambre,»ditChase,s’appuyant

surledossierdesachaise.«J’enaiplusieurs.»Alexrelevalementon,etsouritencorepluslargement.

«Maislorsquecefauvesurtroispattesrôdesournoisement,etattaquequelqu'unquidort,tunepensestoutdemêmepasquejevaism’arrêterpourattraperunerobedechambreavantdemelanceràsestrousses,n’est-cepas?»

Chasecontemplalepetitchienquidormaitàsespieds.«Unfauve?»Chasehaussalessourcils.«Tuentendsça,Buddy?Jamaisencorepersonnen’aditquetuétaisunfauve!»LesouriredeChases’élargit.«Onluiadonnébeaucoupdenoms...»Ilsemitàcomptersursesdoigts.«‘Trois-pattes’, ‘court-sur-pattes’,‘patte-folle’,etmonpréféré,‘vagabond’,mais‘fauve’,jamais!»

Alexéclataderire.«Trèsbien,entoutcascepetitbonhommem’aréveilléeensursaut,etsanslefaireexprèsjel’aifait tomberdulit.»Elles’approchaetpritlepetitchiendanssesbras.Ilouvritlesyeuxetsemitàremuerlaqueuetoutenladébarbouillantavecenthousiasme.«Jevoulaisjusteluidemanderpardon

de l’avoir fait tomber,mais je ne savais pas que tu avais un invité. J’imaginequ’ilfaudraquej’aillechezluipourm’excuser.»

« Oh, je t’en prie, » dit Haley en entrant dans la pièce. Sans nul doute,pendanttoutelaconversation,elledevaitavoirécoutéàlaporte.Alexregardasajeunesœur;celle-civenaitvisiblementdelagrange,oùelleavaitdûtravailler.Sesvêtementsétaientcouvertsdepoussièreetdebrinsdepaille.«Grantneveutcertainementpasquetut’excuses,nouslesavonstous!»Elles’avançajusqu’auréfrigérateur en gloussant, prit une bouteille d’eau, et but une longue gorgéeavantderefermerlaporte.«Etpuisdetoutefaçon,iln’estpasrentréchezlui,ilestentraindechargerlefoinqueChaseluiavendu.»

«Ilnousaachetédufoin?»Alexallajusqu’àlafenêtredelacuisine,maisàcausedelagrange,onnepouvaitvoirquel’avantdupickupnoirdeGrant.

«Ouais.Ilaachetélafermeplusloinsurlarouteilyauncertaintemps,maisiln’apasencorepuplanterdefoin.Nous,onenavaitentrop,etnousavonsbienbesoindecetargent,»ditLauren,baissantlesyeuxverssonjournal.

«Jevaisfaireuntouràcheval,»lançaAlexàlacantonade,puiselletournalestalonsetsortitsansunmot.

Elletraversalacouràtouteallure,maisralentitenatteignantlagrange.ElleentendaitGrantquidéplaçaitlesgrossesballesdefoin,maisellenepouvaitpaslevoir,carilétaitdel’autrecôtédelaremorquequiétaitdéjààmoitiéchargée.Elleseretournaverslamaison,etaperçuttroispairesd’yeuxquil’épiaientparlafenêtredelacuisine.Elleseredressa,passal’angledubâtiment,poursetrouvernez-à-nezavecunimpressionnantétalagedepectoraux.Elleessayadefaireunpasenarrière,maisdesbrasbronzésetmuscléslacramponnaient.

«Désolée!»Ellesentitqu’elletombaitenarrière,puisrepritpied,pourfinirpar tomber à la renverse à nouveau, sur une botte de foin.Et elle se retrouvaécraséeparunGranttoutensueur,àdemi-nu.

Immédiatement, elle entendit de grands éclats de rire en provenance de lamaison,etellesentitlacolèremonterenelletandisqu’elleessayaitderepoussercettemontagnedemuscles.ElleétaittoutemouilléeparlasueurdeGrant.Etàprésent, il allait falloir qu’elle aille prendre une autre douche avant d’aller enbaladeàcheval!Puisellelevalesyeux,eteutlesoufflecoupé.

Grant avait le chapeau crânement repoussé sur l’arrière de la tête. Il laregardaitavecungrandsourire,etunebonnehumeurcontagieuse.Ducoupelleoublial’inconfortdelaposition,lasueur,etsemitàrireaveclui.Ellenesavaitmême pas pourquoi elle riait. Il se redressa, et tous deux s’arrêtèrent de rire.

Tandis qu’il poussait sur ses bras pour se soulever, et ne plus l’écraser, lesmusclesde sesbras segonflèrent. Il entenditqu’ellene riaitplus,marquaunepauseetbaissalesyeuxverselle.«Jesuisdésolé...tuvasbien?»

Ellehochalatête,parcequ’elleétaitsansvoix.Plusaucunsonneparvenaitàsortirdesagorge.Commentlepetitgarçonrondouillard,portantdeslunettes,levisagecouvertd’acné, avait-il pudonner ça?Avait-ilmêmeencorebesoindelunettes?

«Où sont tes lunettes ? » demanda-t-elle, les yeux dans ses yeux bleu vif.Avait-elledéjàréaliséquelesyeuxdeGrantétaientsibleus,derrièresesverresépais?

Avecunpetitsourire,ilsetenaitimmobileau-dessusd’elle.«Onm’aopérépourmamyopie,ilyaquelquesannées.»

«Oh.»Ellesesentaitstupide,étendueainsisouslui,maisellenesouhaitaitpasvraimentqu’ilbouge.Elleétait tristequ’il le fasseen findecompte. Il seleva,etl’aidaàsemettredebout.

«Jecroisquej’étaistropoccupépourtevoir.»Ilattrapaquelquesbrinsdepailledanslescheveuxd’Alex.«Jenet’aipasfaitmalj’espère?»

«Non. »Elle secoua la tête. «Tu as perdu tellement de poids, tu es légercommetout.»Elleregrettaimmédiatementsesparoles,etrougitunpeu.Illevalessourcils,puiseutunpetitsourirerapide.

«Merci,c’estgentil.»«Ceque jeveuxdire,c’estque... tuas l’airen forme.»Elle semordit les

lèvres,etsejuradeneplusouvrirlabouche,tantqu’elleneseraitpasenmesurede dire quelque chose de plus intelligent. Que faisait-elle ? Elle était plutôtbonne pour le flirt. Cela ne lui ressemblait pas de bafouiller comme uneadolescenteembarrassée.D’habitude,c’étaitellequifaisaitrougir leshommes,paslecontraire.

Et à présent, Grant avait un sourire jusqu’aux oreilles, même ses yeuxpétillaient.«Tual’airtrèsenformetoiaussi!»

Ellelevalesyeuxverslui,redressalesépaules,puisrepoussalechapeaudeGrantenarrière,leremettantd’aplombsursatête.Ellefutcontentedevoirqu'ilrougissaitunpeu.

«Voilà,maintenanttuesparfait.»Ellesourit.

Chapitre3

Grantavaitlesmainsquitremblaient,alorsillesenfonçadanslespochesdesonjean.Ilserenditcomptetroptardqu’ilportaitdegrosgantsdecuir,etqu’enfaitcelaluidonnaitl’airridicule.Alexgloussa,cequiétaittrèsmignon,maisilsedemandaàquelmomentaujusteilavaitperdusonaplomb.

«Jevaisallerfaireuntouràcheval.»Elles’approchad’unpas,etillarevit,tellequ’elleluiétaitapparue,deboutdanslacuisine,peudetempsauparavant.Ellesetenaitdevantlafenêtreensoleillée,neportantqu'unlégerpyjamaensoiequilaissaittoutdeviner.Ilespéraitqu’iln’oublieraitjamaiscetteimage.Ilavaitl’esprittellementembruméqu’iln’avaitpasentendulerestedesparolesd’Alex.«Hein?»Ils’éclaircitlagorge,etessayadereculerunpeu.

Avecunpetitsourire,elles’avança,puisfitunautrepas,jusqu’àseretrouverpresquecontrelui.«Jemedemandaissituvoulaisvenirfaireuntouràchevalavecmoi.»

Ileutlavisionsoudainedetousdeuxenlacés,etildevinttoutrouge.«Oui,biensûr.Ilfautjustequejefinissedecharger.»Ildésignalaremorque

presquepleine.Avecellepresquecolléecontrelui,iln’arrivaitplusàréfléchir.Elleétaitsiprèsqu’ilsentaitsonparfumsucré.

Il se tourna pour finir le chargement, et fut un peu plus troublé lorsqu’elles’installasurunegrossebottedefoin,afindeleregarderfaire.Ilessayadefinirla corvée rapidement, et cela fut fait en un temps record. Il attacha lechargement,puisallajusqu’àlaclôtureoùilavaitposésabouteilled’eau,etpritune grande gorgée. Cette femme voulait le tuer ! Quand elle était dans lesparages,ilneparvenaitplusàsecontrôler.Soncœurbattaitlachamade,commes’ilavaitétéunlièvrepoursuiviparunchasseur.Ils’obligeaàpenseràtoutcequ’ilavaitàfaireàlaferme.C’étaitlaseulechosequ’ilpouvaitfairepouréviterdepenseràelle.

Quandilsaisitsontee-shirtquiétaitsurlaclôture,ilcommençaàl’enfiler,etcrutentendreunsourdgémissementvenantdel’endroitoùellesetenait.Faisantdemi-tour,illevalessourcilsetluidemanda:«Tuvasbien?»

Ellesoupiraetluisourit.«Ouais,super.Tuesprêt?»Debout,elleattendaitqu'ils’avanceverselle.

« Bien sûr. As-tu un cheval que je puisse emprunter ? » Il la suivit àl’intérieurdelagrangesombre.

«Biensûr,tupeuxmonterCarl.Onnel’apasdepuislongtemps,maisilesttrèsdoux.»Luisouriant,elleallaversunboxoùsetenaitungrandchevalblanc.Ilaimaitlesanimaux,surtoutleschevaux,doncillasuivit,etaprèsavoirlaisséCarlluisentirlesmains,ilcommençaàluicaresserlacrinière.

«Carl,hein?»Ilsourit.« Bien sûr. Je donne des noms de personnes aux animaux. J’ai toujours

détesté leur donner des noms d’animaux. » Elle se pencha vers lui, et, aprèsavoir regardé tout autour, elle murmura, « Par exemple, j’aime les appelerTanner,ouSandy.»Puiselleseredressa.«Aprèstout,certainsd’entreeuxsontplushumainsquecertainshumains!»ElleinclinalatêteetcommençaàfrotterCarl entre les yeux. Le cheval ferma les yeux et baissa la tête, apparemmentappréciantlacaresse.«Carladoresonnom.»Ellereculaetsourit.«Lessellessontparlà-bas.»Elleallaaufonddelagrange.«Faistonchoix!»Puiselleallaattraperunesellemarronclair,etl’emmenadansunautrebox.

Ilpritsontempspourchoisirunesellequiconviendraitàsastature.Ilavaitétéélevéaumilieudeschevaux,et savait reconnaîtreunebonneselle. Il avaitune bonne selle chez lui, et s’était promis d’en acquérir quelques autres, plusrécentes,danslesmoisquisuivraient.

Celaluipritquelquesminutespourrassemblerlerestedel’équipement,maisauboutd’unquartd’heure,ilavaitfinideharnacherCarl,etétaitprêtàpartir.

Alexavaitamenéunchevaldecouleursombredanslacour,etvenaitjustedeluimettresasellequandCarletGrantsortirentdelagrange.

Grant attacha Carl à un poteau, et le laissa à côté de la clôture, puiss’approchapour saisirAlexpar les hanches afin de l’aider àmonter à cheval.Elleavait la taillesi finequ’ilarrivaitpresqueàenfaire le touravecsesdeuxmains.Elleétait légèrecommeuneplume,et ilauraitbienaimécontinuerà latoucher,maisaulieudecelailretournaverssonchevaletsemitenselleavecsouplesse.Lechevals’agitaunpeu,puissecalmalorsqueGrantluiparlaavecdouceur.

Il sepenchaet luicaressa lacrinière.«Ehbien,»dit-il en regardantAlex,«oùva-t-on?»

Ellesouritetrepoussaunpeusonchapeau,cequifittombersesdeuxnattessur chacune de ses épaules. « Je pensais aller jusqu’à la clôture côté sud, et

revenir.Celanousprendraenvironuneheure.»«Oui,çameva.Passelapremière!»Ilhochalatêteetenfonçaunpeuplus

sonchapeausurl’arrièredesatête,afindenepasleperdresielledécidaitd’allervite.

Justeaumomentoùilss’éloignaient,Haleysortitdelamaisonencourant.«Alex!»Tousdeuxs’arrêtèrent.«Jevousaipréparéuncasse-croûte.Jesais

que tu as travaillé pendant plusieurs heures d’arrache-pied,Grant, alors je t’aifaitquelquessandwiches,etj’aiajoutéàboire.»Elletenditunesacochepleineaujeunehomme,etl’aidaàl’attacheràl’arrièredelaselle.

«Merci.»IlfitungrandsourireàHaley.«Oui,sinonjeseraimortdefaimavantqu’onn’arriveici!»

« Merci, Haley, » dit Alex, faisant un sourire à sa sœur. Grant eutl’impressionqueHaleyétait secrètement amusée,mais il ne la connaissait pasassezpoursavoirsic’étaitçaouquelquechosed’autre.

Alex etGrant avançaient lentement à travers champs, endirectiondunord.Dececôté-là,iln’yavaitplusdescollinesetdesarbrescommeausud,cen’étaitque d’immenses prairies. Ici et là, un grand chêne dominait les alentours,abritant le bétail qui se reposait à l’ombre de ses branchages. Grant aimaitbeaucoup cette région du Texas, même s'il préférait les zones plus boisées.Quandilcontemplaitleschamps,ilarrivaittrèsbienàimaginercommentc’étaitil y a des centaines d’années, quand les buffles erraient librement dans cesrégions.

«Vas-tuenfinmedirepourquoi tuesrevenu,réellement?» luidemanda-t-elle,aprèsquetousdeuxaientfranchiunebarrière.

«Queveux-tudire?»Illaregarda.Ellehaussalesépaules.«Jenesaispas.Ilyaquelquechosequetunemedis

pas.»Ils’esclaffa.«Tupensesqu’ilfautêtrefoupourreveniràFairplay?»«Non,cen’estpasça.»Ellesourit.«Maisd’aprèscequejesais, tuavais

une petite vie bien confortable dans l’est. Tout lemonde en ville se demandepourquoituastoutlaissétomberpourrevenirici.Etnemedispasquec’estpouraidertonpère.»Grantplissalesyeux,etfitlamoue.

Puisilsetournaetregardadroitdevantlui.«Iln’apasbesoindemonaide.Maman n’arrive pas à le faire ralentir, et il a beaucoup trop de tension à son

goût.»«C’estàcaused’unefille?»demanda-t-elle,inclinantlatête.«Unefille?Commentçaunefille?»Ilauraitbienaiméchangerdesujet.«C’estunefillequit’afaitreveniràtoutevitesse?»Il secoua lentement la tête,nevoulantpasendiredavantage. Il savaitqu’il

avait dumal à garder un secret, alors il décida de changer de tactique. «Quedirais-tu de faire la course jusqu’à la prochaine clôture, là-bas ? » Il désignal’horizon.

« Si je gagne, tu me diras ? » Elle lui fit un grand sourire, et ses yeuxbrillèrent.Ilneputs’empêcherdehocherlatête.

«Parfait,»cria-t-ellepar-dessussonépaule,deuxsecondesaprèsavoirlancéson cheval au galop. Il enfonça les talons dans les flancs deCarl, et semit àgaloperderrièreelle.

Ilneluifallutpaslongtempsavantdelarattraper,maisarrivéàmi-chemindela clôture,Carl commençaà ralentirunpeu.«Allons,monvieux,onpeut lesbattrecesdeux-là !Montre-leurque tuesplus jeune,etplus fort,»dit-ilpourencouragerl’animal.Lorsqu’ilsnefurentqu’àquelquescentainesdemètresdela clôture, ils étaient à nouveau au même niveau. Quand Alex s’arrêta, soncheval n’était qu’à une encolure devant lui. Il savait qu’elle allait le harcelerjusqu’àcequ’illuiracontepourquoiilétaitrevenu.Maiscelanevoulaitpasdirequ’ilnepouvaitpaslefairedelafaçonqu'ilvoulait.

S’arrêtant à côté d’elle, il lui sourit. « On cherche un peu d’ombre pourprendrenotredéjeuner?»Elleétaithorsd’haleine,ethochalatête.Unepartiedeluisedisaitqu'ilauraitpupoussersonchevalunpetitpeuplus,maisqu’aulieu de cela il s’était retenu. Peut-être qu'inconsciemment il voulait lui direpourquoiilavaitchoisiderevenir.

Ilsmarchèrentlelongdelaclôturejusqu’àcequ'ilstrouventunpetitarbreaufeuillageverdoyantquilesabriteraitdelachaleurintensedusoleild’été.

Il prit le temps d’étendre une petite couverture queHaley avait pliée dansl’autresacoche.Puisilsortitlesboîtescontenantleurdéjeuner,etsourit.Haleyavaitvraimentpenséàtout.Ilyavaitdessandwiches,deschips,desquartiersdepommeetdesgrappesderaisin,dufromageetdeuxbouteillesd’eau.Celafaisaitbienlongtempsqu’ilnes’étaitpasassisàl’ombred’unarbreavecunefillepourpique-niquer.

«C’est si agréable ! »Allongée sur la couverture, appuyée sur ses coudes,elleleregardaitarrangerlesassiettesetydisposerlanourriture.«Jen’aipasfaitde pique-nique depuis que mes sœurs et moi-même avons séjourné dans lacabane de Lauren, pour son vingt-troisième anniversaire. Avec un soupir, elleenlevasonchapeau,puisrenversalatêteenarrière.

«Travisnet’ajamaisemmenéefaireunpique-nique?»demanda-t-il.Elleéclataderire.«Travisnem’ajamaisemmenéenullepart,encoremoins

àunpique-nique.»Elleentrouvritlesyeuxetleregarda.«J’airompu,tusais.Enfait…»Elleseredressaunpeu.«Bon,jeneleluiaipasditenface,maisjelui ai laissé un message. » Elle s’assit complètement, prit un morceau defromage,etsemitàlegrignoter.

«Tunet’espasditquequelquechosecommeçaauraitméritéd’êtreditenface?»

«Est-ce qu’il a eu le cran deme dire qu’ilme trompait ? »Elle raidit lesépaules.

«Doucement,»dit-il.«Jesuisdetoncôté,tut’ensouviens?»Ilsourit,ens'efforçantdelafairesedétendre.

Elle secoua la tête et ferma les yeux. « Je ne veux plus jamais parler deTravis.»Puiselleseredressaetleregarda.«Tuaspromisdemedirecequit’afaitreveniràFairplay.»Ellepritl’assiettequ’illuitendaitetlaposadevantelle,pouraccordertoutesonattentionàGrant.

Ilsoupira.«Tunevaspasabandonner,n’est-cepas?»Quandellesecoualatête,ilsoupiraànouveau.Puis,pourgagnerdutemps,ilsaisitsonsandwichàladinde et en prit une grosse bouchée. Haley avait ajouté des sachets de saucemoutardeforte,etilenouvritunqu’ilversasurlesandwich.Legoûtpiquantluienvahitlabouche,cequilefitréaliseràquelpointilavaitfaim.

Ilavaittoujoursététrèsgourmand.Aucoursdescinqannéesquivenaientdes’écouler, il avait appris non seulement à mieux gérer sa relation avec lanourriture,maisaussiàmieuxs’occuperdesoncorps.Cequiavaitété leplusdifficile pour lui, ça avait été de perdre ce que certains appellent les rondeursd’enfant.Ilsavaitpourquoiilavaittoujoursétécorpulent.C’étaitàcausedesamère.Ou, pour être plusprécis, à causede sa cuisinedu sud.Elle ajoutait dubeurre,dugras,dusucre,ettoutcequiétaitleplusmalsaindanschacunedesespréparations culinaires. Elle exigeait aussi de lui qu’il finisse toujours sonassiette.

Quandilavaitdéménagé,ilavaittoutd’abordcontinuéàmangerpareil,desplatspréparés,despizzas,ettoutcesurquoiilparvenaitàmettrelamaindanslarésidence universitaire. Il avait souffert, physiquement et mentalement, d’êtrel’undesplusjeunesétudiantsàHarvard.Ilavaitétéharcelé,bousculé,etmêmeunefois,enferméhorsdelarésidencependantunetempêtedeneige.

« Tu sais comment j’étais. » Il la regarda, et vit qu’elle commençait àcomprendre.

«Tuveuxdire,unpeurond?»Ils’esclaffa.«Enledisantgentiment,oui.Cen’estqu’auboutdeplusieurs

annéesquej’airéussiàmefaireaccepteràHarvard.Etmêmeaprès,jesuisrestéunpeusolitaire.Toutàfaitlecontrairedelafaçondontjemesentaisici.Ouais,c’est vrai, il y avait toujours des gamins qui semoquaient demoi,mais dansl’ensemble, j’avais l’impression que tous ceux qui m’entouraient étaient mesamis. Il prit une autre bouchée, puis fourra quelques grains de raisin dans saboucheetlessavoura.«Cen’estquelorsquejemesuismisàtravaillerpourlecabinetd’avocatsàBostonquej’aicommencéàsongeràrevenir.Lesjournéesétaient longues, et les transports, c’était l’enfer. » Il la regarda en faisant unepetitegrimace.«Désolée!»Ellehocha la têteensouriant,alors ilpoursuivit.« Puis j’ai fait la connaissance de Sam. Jem’étais goinfré dans un restaurantitaliencesoir-là,etjemesentaistellementcoupablequejen’aipum’empêcherd’alleraugymnase.Samétaitcoach,ilaposélesyeuxsurmoietarefusédemelaisser partir jusqu’à ce que je lui aie promis de revenir le lendemain matin,équipéd’unsurvêtementetdechaussuresdesport.Ilsourit.«Quandunemassede muscles de cent vingt kilos menace de venir vous chercher, vous aveztendanceànepaslefaireattendre!Pendantl’annéequiasuivi,ilm’aapprisàbienmenourrir,àfairedusport,etàmeremettreenforme.Puisunjour,jesuisalléaugymnase,etjel’aitrouvéquientraînaitTerry.Terryétaitsapetitesœur.Une chose entraînant l’autre, nous nous sommes mis à sortir ensemble, enquelquesorte.»Ilattrapalabouteilled’eau,etbutàlongstraits.

«Tul’aimesencore?»demanda-t-elle,enfinissantsonsandwich.Il secoua la tête. « Jen’ai jamais été amoureuxdeTerry.C’était davantage

uneamie,aveclaquellejetraînais.MaisTerrynevoyaitpasleschosesdumêmeœil.»Ilfronçalessourcils,encontemplantsonsandwichàdemi-mangé,avecunnœudàl’estomac.«Elleavaitdesgoûtsdeluxe.Ellevoulaittoujoursquejeluienvoiedessms,etquejetienneàjourmescomptessurlesréseauxsociauxenymettanttoutcequenousfaisions.Ellevoulaitquenousprenionspleindeselfiesafindelesmettreenligne.Çamerendaitdingue.»Illevalesyeuxauciel.

Alex pouffa, et il s’interrompit pour la regarder. Elle haussa les épaules.«Nous connaissons tous des personnes comme ça. Je ne suis pas comme ça,moi.Jen’aimêmepasdecompteFacebook,»expliqua-t-elle.

Il sourit. « Jen’enavaispasnonplus, jusqu’àcequ’ellem’encrééeun, etqu’elles’enempare.Bon,unanaprèsavoirentamécettedrôlederelation,nousavonsdécidéd’allerauborddelamer,avecSametsapetiteamie.Jusque-là,jem’entendais plutôt bien avec Terry, à part cette obsession pour les réseauxsociaux. J’avais perdu toutmon excédent de poids, et je travaillais avec Sampourl’aideràréalisersonprojet.Ilgéraitdescliniquesgratuitespourlesjeunesensurpoids,etjemesuismisàypassermontemps,etàparlerauxgosses.Çafaisaitdrôledevoirl’effetquemonparcoursfaisaitàleursyeux.»Ilsecoualatête,etprituneautregorgée.

«C’estmerveilleux !»Elle le regardaen souriant.« Jeparieque tu lesasvraimentbeaucoupaidés.»

Ilhochalatête.«Pendantnotresortieauborddelamer...»Ilpritunegrandeinspirationet ferma lesyeux.«Nousétionsarrivésàmi-chemin,etnousnousdirigions vers un petit village à l’extérieur de Portland. C’était Sam quiconduisait,etilafaituneembardéepouréviteruncerf.Lavoitureafaituntête-à-queue,etafinidansunarbre.»

«Oh!»soufflaAlex,haletante.«Samestmortsurlecoup.»Grantenétaitencorebouleversé,rienqu’eny

pensant.Terryetmoi,ainsiquelapetiteamiedeSam,Julie,n’avonseuquedeségratignures.»Ilavaitleslarmesauxyeuxenrevoyantsoncolossed’ami.«Leschoses ont changé après l’accident.Terry a changé.Elle est devenue obsédée.Ellevoulaittoujourssavoiroùj’étais,avecquij’étais.Toutd’abord,j’aimiscelasur le compte du choc subi, et du besoin qu’elle avait de s’en remettre,maisensuite jeme suis connecté surmoncompteFacebook, et j’aivuqu’elle avaitannoncéquenousallionsnousmarier.»Ilsecoualatête.«Alors,»soupira-t-il,« j’airompu.Jemesentais trèsmal,mais jen’étaispasprêtàm’engageravecelle.»Ilsecoualatête.

Ilnesavaitpaspourquoicelaluiimportaittantdesavoircequ’Alexpensaitdelui,maisilretintsarespirationjusqu’àcequ’ellesemetteàparler.Jusqu’àcequ’elleluidisecequ’ellepensaitdelui.

Quand elle lui prit la main, il vit combien elle avait l’air sincère en leregardant.«Tuasbienfaitderompre.Ehbien,onestdeux!»

Chapitre4

«Commentl’a-t-ellepris?»Alexluidemandaaprèsunmomentdesilence.Il secoua la tête, et fronça les sourcils. « Pas bien du tout. Elle amis des

choses en ligne qui ont fini par faire penser à la compagnie pour laquelle jetravaillaisquejen’étaispasl’employéqu’illeurfallait.»

«Quelle horreur !Quelle garce ! »Elle le regarda, le vit sourire, etGrants’adoucit.

«Jenecroispasqu’elleserendaitcompte.Lefaitd’avoirperdusonuniquefrèreluiaunpeufaitperdrelespédales.Dumoins,c’estcequejemedis.»

«Etdirequejem’inquiétaisdemaruptureavecTravis.»Ellesecoualatêteet sentit un nœud à l’estomac. « Ce n’est pas que je n’ai pas des envies devengeance,aprèscequ'ilm’afaitsubir!»Ellesecoualatête.«J’aimeraisbienlependreparlespiedsàl’arbreleplushautdelaville!»Grantéclataderire.«C’estjustequejesaistrèsbienquequoiqu'ilarrive,ilmebaratinejusqu’àcequejerenoueaveclui.Nousavonsrompudixfoisaucoursdestroisannéesquiviennentdes’écouler,»avoua-t-elle.«Jenesaispascommentils’yprend.Uninstant nous rompons, l’instant d’après nous sommes à nouveau ensemble ! »Elleregardasesmainsenfronçantlessourcils.«J’aibienpeurdenepasêtredetailleàluirésister.Surtoutmaintenantquec’estvraimentimportant.»

Avecdouceur il luiprit lementonet lui levalevisage, jusqu'àcequ’elle leregardedanssesyeuxbleus.«Peut-êtrequetoutsimplementtun’avaispasdebonne raison de rester loin de lui. » Il se pencha plus près, et elle retint sonsouffle.

Puisilposasabouchesurlasienne,etduboutdesdoigts,ilpressasonvisagecontre le sien. Il sentait la sueur et le cuirde la selle,unmélangequi enivraitAlex.Ellesentaitcommedespetitespiqûresd’épinglepartoutoùillatouchait.Ilfrotta sa langue doucement contre ses lèvres, jusqu’à ce qu’elle entrouvre labouche, le taquinant timidementavec lapointedesa langue.Puis il lui inclinadavantage la tête, et l’embrassa plus profondément. En gémissant, elle luicaressa les jambes, faisant jouer ses doigts sur les muscles de ses cuisses. Ill’attira plus près jusqu’à ce qu’elle soit pratiquement assise sur ses genoux. Ilsuivitlalignedesoncouavecseslèvres,etouvritlesboutonsdelachemiseàcarreauxd’Alex.Dessous,elleportaitundébardeuràfinesbretelles.Ilrepoussa

sachemisedesesépaules,sereculaetlaregarda.Ilsecontentadelaregarder.Jamaispersonnenel’avaitregardéedecettefaçon.Commesielleétaitquelquechosedeprécieux.Untrésor.Ellesentitunevaguedechaleurlaparcourir,eteutenviequ'illatouche,partout,toutdesuite.

Puisill’embrassaànouveau,etilstombèrentàlarenversesurlacouverture.Ledevantdesachemiseétaitouvert,cequipermettaitàGrantdefaireglissersesmainssurlefintissudesondébardeur,toutenlacouvrantdepetitsbaisers,le long de la clavicule. Il remonta sa chemise, faisant lentement remonter samainjusqu’àcequ'iltiennel’undesesseinsdanssapaume.Ellerenversalatêteenarrière, etgémitdeplaisir tandisqu’ilpinçaitdoucement lespointesde sestétons.Ellecambralesreins,essayantdeserapprocherdelui,deluipermettrede toucher ses seinsencoreplus facilement.Elle sentitqu’il souriait, levisagecontresapeau,etelle luisaisit lescheveux, l’amenant làoùelle levoulait.Labouche brûlante de Grant frôlait son téton dressé sous le tissu si doux.Finalement, il plongea la tête et du bout de la languemouilla le vêtement encoton, déclenchant des vagues de plaisir qui se répandirent dans tout le corpsd’Alex.Elle lui entoura leshanchesde ses cuisses, l’attirant prèsd’elle tandisqu’ellesentaitledésirdeGrantsedurcirencoreplusentresesjambes.

Ellelevoulait.Ellelevoulaitmaintenant.Dansleschamps,surlacouverturedupique-nique.Ellesemitàbougeraveclenteur,frottantsonentrejambecontresonérection.Ileutunsursaut,gémit,puisseremitàluilécherlesseinsàtraversletissu.Quandilluienlevasonvêtement,l’exposantàlachaleurdusoleil,ellepoussaunsoupir.IlregardaAlex,lamainsursonventreplat,etluisourit.

«Tuessuperbe,»murmura-t-il,justeavantdebaisserlatêtepourcontinueravec sa langue sur la peaunuede la jeune femme.Elle passa lamain sous lachemise de Grant, tirant dessus jusqu’à ce qu'il finisse par se redresser pourl’enleveretlajetersurlecôté,pourreprendreensuitelàoùilenétait.Ilpromenasa bouche sur toute la peau dénudée. Alex, elle, explorait les muscles, lesépaules,lespectorauxdeGrant.Puiselleseredressaetgoûtasapeaubrûlante.Legoûtsalédupéché.Jamaisencoreellen’avaiteucegenred’expérience.Songoûtsimasculinl’émerveillait,tandisqu'illapressaitsurlacouverture.

Quand elle chercha les boutons de son jean, il lui attrapa les mains et lesretira.Elleavaitdûfaireunpetitbruit,carileutunpetitrire.

«Nous avons tout le temps. Pas besoin de nous dépêcher ! » dit-il, le nezcontre le nombril d’Alex. « Laisse-moi juste te faire plaisir. » Il lui lâcha lesmains, et caressa ses hanches, puis en tirant doucement lui retira son jean,jusqu’àcequ’apparaissesonslipendentelleblanche.«Tuesparfaite,»dit-ilà

nouveau.«Tapeauestsidouceici!»Ilfitglissersondoigtavecdouceursurlecreuxdeseshanches.«...etici.»Iltraversalentementsonventre,prenanttoutsontempspourfaireletourdesonnombril.«Jeveuxtetoucher,partout.»Elleleregardadanslesyeux,etvitquelefeuquiledévoraitétaitaussibrûlantquelesien.

«Oui,s’ilteplaît.»Elleluisaisitlesmains,maisilluiattrapaànouveaulespoignets.Puisilluisourit,etsecoualatête.

«Tuveuxallertropvite.»Illuiposalesmainslelongdeshanches,ensuitelentementdéboutonnasonjean, lefaisantglisserdeplusenplusbas,passasesgenoux,puissesbottes.Ilsecoualatête,etgloussa.«Lesbottesposenttoujoursproblème.Nouslesgarderonspourl’instant.»Ellevoulutprotester,maisilavaitànouveauplongélatêtepourallerpromenersabouchelàoùsesdoigtsl’avaientcaresséequelquesinstantsauparavant.Elleplongeaànouveaulesmainsdanssescheveux, caressant les boucles soyeuses. Quand il fit descendre sa bouchejusqu’au bord de son slip, elle crut qu’elle allait devenir folle, sous l’effet dudésir.Travisn’avaitjamais,n’auraitjamaispu,créerunteldésirenelle.BaissantlesyeuxpourcontemplerlatêtedeGrant,elleeutunsourire.MaisGrantn’étaitpasTravis,quiétaitleseulhommeaveclequelellesoitjamaissortie.Grantneseraitpas l’amantégoïstequeTravisavaitété,ne luidonnant jamaisdeplaisiravantd’avoirprislesien.

Grant écarta son slip et posa la langue sur la peau si sensible, la faisant secambrersurlacouverture,etellelui tenait lescheveuxpendantqu’il la léchaiten utilisant sa bouche et sa langue pour se frayer un passage. Il lui tenaitfermementleshanches,lamaintenantenplacetoutencontinuantàfairejouersabouchesurellejusqu’àcequ’ellefermelesyeuxetpousseuncrid’extase.

Alexis était étendue là, regardant le ciel à travers les branches au-dessusd’elle,etréalisantqu’ellevenaitd’avoirsontoutpremierorgasme.Pourquoi,ohpourquoi n’avait-elle pas fait ça des années auparavant ?Avantmêmed’avoirfinideseposerlaquestion,elleconnaissaitdéjàlaréponse.Travis.

Puis des yeux bleus vinrent se placer au-dessus des siens, et elle sourit envoyantGrant la regarderattentivement.«Tupensesquecela t’a suffisammentchangélesidées?»

Elleluitenditlesbrasetl’attiraverselle.«Jenesuispassûre.Tuferaispeut-êtremieuxd’allerjusqu’aubout!»

Ils’esclaffa.«Laprochainefois.Jecroisqu’ilesttempsderentrer.Ilfautquejedécharge tout le foince soir.» Il l’aidaà remettre sonpantalon,maisavant

qu’elle ne rajuste sa chemise, il caressa sa peau douce une dernière fois.«Commetuesbelle!»Illuisourit.

Elle le regarda remettre sa chemise et pensa la même chose de lui. Laprochaine fois, pensa-t-elle. Elle allait faire en sorte qu'il y ait une prochainefois,etcelasignifiaitqu’elledevaitenfiniravecTravis,unefoispourtoutes.

Quandilschevauchèrentlelongdelagrangeunpeumoinsd’uneheureplustard, elle se sentait si détendue qu’elle ne vit pas tout de suite le pickup bleudevant sa propre voiture. Lorsqu’elle remarquaTravis assis derrière le volant,elle redressa les épaules et sentit une douleur aiguë lui transpercer la tempegauche.Ellesavaitqu’ilfaudraitqu’ellel’affronte,maiselleavaitespéréqueceseraitplustarddanslasemaine.

«Tuveuxquejerestedanslecoin?»luimurmuraGranttoutenl’aidantàdescendredecheval.Ellesecoua la tête,etGranthocha la têteendirectiondeTravisaumomentoùcelui-cis’approcha.

«Hé,salutGrant.»Traviss’avançaverselleetl’embrassasurlabouche.Ellen’avait pas eu le tempsde l’éviter, et lorsqu’elledétourna la tête, il avait déjàposéseslèvresàmoitiésurlessiennes.Ilavaitungoûtdetabacetdebière.Ellele repoussa et tendit les rênes de son cheval àGrant, qui conduisit leurs deuxmonturesdanslagrange.

«Jen’aimepasquecetypetourneautourdetoi.Quevient-ilfaireicidetoutefaçon?»Travisl’amenaàquelquesmètresdelà,derrièrelepickupdeGrant.

«Ilestvenuchargerdufoin.»Elledésignalevéhicule.«Eh bien, les hommes qui travaillent pour toi ne devraient pas te toucher.

Non,cen’estpascorrect.Tuesmafiancéeaprèstout!»Elles’écartad'unpas.«Non,jenelesuisplus.C’estfini!Certainementpas

après ce que Savannah et toi avez fait dans ton pickup le jour de monanniversaire!»

Elle le vit ouvrir des yeux grands comme de soucoupes, comme s'il étaitchoqué. À l’idée de Travis et Savannah enlacés, elle avait la nausée. Depuiscombiendetempsc’étaitcommeça?

«Écoute...» Il luiprit lebras,et l’entraînavers le fondde lagrange, làoùpersonnenepourraitlesvoirnilesentendre.«J’étaissaoul,tulesais.Lorsquetuespartie,Savannahestarrivée,etellem’aentrepris.Jenevoulaispascoucheravecelle.»

Elleeutunhoquetdesurprise.«Tuasvraimentcouchéavecelle?»Lavoixd’Alex était devenue suraiguë. « Tu as couché avec elle le jour de monanniversaire?»Ellesaisitlabaguequ’elleportaitàl’annulaire,laretiraetlajetacontrelapoitrinedeTravis.«Fichelecamp,Travis.Jeneveuxplusjamais teparler,nitevoirsurmapropriété.Etsitureviens,jetetireraiduplombdanslesfesses!»Ellefitdemi-touretentradanslamaison,tremblante,puisalladanssachambre, claqua la porte et s’assit tranquillement sur son lit. Pendant lespremièresminutes, son esprit resta vide tandis qu’elle écoutait le véhicule deTravisquis’éloignait.Puiselleseremitàrespirernormalement,etsesentitlibre.Pour la première fois depuis bien des années, elle se sentait libre. Jamaisauparavant elle n’avait pensé à leur relation comme un carcan, mais d’unecertaine façon, le fait d’avoir passé les heures qui venaient de s’écouler avecGrant l’avait forcée à ouvrir les yeux à toutes les possibilités qui s’offraient àelle. Pas seulement physiquement. Le fait de savoir ce queGrant avait subi àBostonl’avaitvraimentaidéeàmettreleschosesenperspective.

Ellen’avaitpasbesoindeTravis.Ellen’avaitpasbesoind'unhomme.Certes,elle aimait en tenir unpar le bras,mais l’idéed’entrerdansune autre relationtellequecellequ’elleavait eueavecTravisne l’attiraitpasdu tout.Elleallaitvivresavie,etfairecequ’ellevoulait,pourunefois.

Sesyeuxparcoururentlapièce,etelleserenditcomptequ’ellenesavaitpasexactement ce qu’elle voulait. Elle avait commencé à sortir avec Travis unesemaineaprèssondix-septièmeanniversaire. Ilétait le seulhommequi l’avaittouchée,jusqu’àaujourd’hui.Toutd’uncoupapparutdanssonespritlevisagedeGrant,entraindeluidonnerduplaisir.Ellesemitàrougir,lesjouesenfeu,etellesesentitfondreets’embrasertoutentièreenrepensantàcequ'ilavaitfait.Travis ne lui avait jamais rien fait de pareil. Oh, elle savait bien que cela sefaisait,carsesamiesenavaientparléouvertementencommentantleurspropresrelations,maisjamaispersonneneluiavaitfaitçàauparavant.

Enyrepensant,elleserenditcomptequ’ilyavaitbeaucoupdechosesqu’ellen’avait jamais expérimentées. Peut-être Grant était-il l’homme qu'il lui fallaitpourluifaireessayertoutcequ’ellen’avaitpaseu?Aprèstout,ellen’avaitpasàcraindredetomberamoureusedelui,carellel’avaittoujoursconsidérécommeun gentil garçon, et tout le monde savait que jamais elle ne succomberait aucharmedequelqu'und’aussipur!

Pourladixièmefois,seuldanslagrange,Grantlâchaunjuron.Iltranspiraitàgrosses gouttes et avait mal partout. Son jean était couvert de sueur, depoussière, et de foin. Il baissa les yeux vers ses animaux qui le regardaientdepuis le solde lagrange,et semità rire.Onauraitditqu’ilsétaient inquietspourlui.

«Nevousenfaitespaslesamis,jevaisdéchargertoutçaaujourd'hui!»Ilseremitàhisserlesballotsenhautdel’échelleetsedemandapourquoiiln’avaitpas embauché quelqu'un pour l’aider à tout décharger. Non seulement avait-ilpassé lesdeuxderniers joursàfaire toutcequ'ilavaità faireen tempsnormaldans sa grande propriété, mais il avait en plus passé autant de temps qu'il lepouvaitàmonterlefoindanslegrenierdelagrange,surcetteéchellebranlante.

Il avait vécu l’enfer ces deux derniers jours, non seulement physiquement,mais aussi dans sa tête, car il n’arrêtait pasde repenser à cepique-nique avecAlex. Iln’arrêtaitpasdepenseràsongoûtdélicieuxsursa langue. Il luiavaitfallutoutesavolontépours’arrêter,cejour-là,sousl’arbre.

Il savait qu’elle se remettait difficilement d’une rupture pénible, et il nevoulaitpasqu’elleseservedelui.Commeils’étaitservid’elle.Merde.Ilpoussaunjuron.Ilavaitfaitcelaavecunbutbienprécis.Afinqu’ellesachecommecelapouvaitêtrebon.Pour luimontrercommentcelapouvaitêtre. Ilauraitaimélaprendre là, tout de suite, mais quelque chose en lui l’en avait empêché. Ellen’étaitpasprête.Illesavait.

Auboutducompte,celaluipritcentfoispluslongtempspourdéchargerquepour charger le foin, car il n’arrêtait pas de s’interrompre pour penser à elle.Aprèsavoirfini,deuxnuitsplustard,toutcedontilrêvait,c’étaitd’unebonnedouche et de son lit. Quand il entra dans le salon, il vit que le petit témoinlumineuxrougedesonrépondeurclignotait,cequiluirappelaqu'ilnes’étaitpasarrêté enville pour acheter unnouveaumobile.Étant donnéqu'il aimait vivrecaché, cela ne le dérangeait pas de n’avoir que la ligne téléphonique de lamaison,etunrépondeurvieillot.

Il appuya sur le bouton, et écouta le message laissé par sa mère qui luirappelaitundîneravecdesvisiteursvenusdeloin,luidisantqu'ilfaudraitqu'ilpense à porter la jolie cravate neuve qu’elle lui avait acheté. Ce n’est quependantladouchequ’ilserappelaqueledînerdontsamèreluiavaitparléétaitcesoir-là.Ilpoussaungrognementetregardalapendulesurlemurdelasalledebain.Ildevaitêtrechezsesparentsdansmoinsd’uneheure.Ilpoussaunautregrognement.

Sortantde l’eau, lasetfatigué, ilmitsesplusbeauxvêtementset lacravatequesamèrevoulaitluivoirporter.Ilauraitaiméquesajeunesoeur,Melissa,soitprésente, au lieu d’être à Dallas pour ses études. Alors peut-être sa mère netenteraitpasdelenourrirenpermanence.

Lorsdesadernièrevisite,ilavaitfiniparconvaincresonpèrequ’ilétaitassezvieuxpourseservir lui-même,aulieudedevoir laissersamèreluidonnerdestonnesdesonfameuxpouletfritaccompagnédepurée.Maissamèren’avaitpasapprécié.Ellen’arrêtaitpasd’essayerdemettredavantagedenourrituresursonassiette,enprétendantqu'ildevenaittropmince.

Quandilsegaradevantlamaisondeplain-pied,ilvitdeuxvoituresqu'ilneconnaissaitpas.Ah,ilnemanquaitplusqueça,undînerenprésenced’unefouledegensinconnus!Quandilentradanslamaison,ilentenditleriredesamèreenprovenancedusalon,etentrapar l’arrière.Ilyavaituncoupleâgéassissur lesofa.Grants’avançaetembrassasamèresurlajoue,attendantqu’ellefasselesprésentations.

Samèreselevad’unbond,etluitapotalebras.«Oh,levoici.Roger,Regina,jevousprésentenotrefils,Grant.»Samèrelepoussadansledos,l’obligeantàs’avancerpourallerserrerlamainàcespersonnes.Ilavaitdûleurmarmonnerquelque chose comme « enchanté », car tous deux hochèrent la tête etrépondirent.Puissonpèreentrapar laportearrière,songrosventreenveloppédansuntablierpourbarbecue.«Oh,tueslà,mongarçon!JedisaisjustementàTerryquetun’allaispastarder.»

LecœurdeGrant semitàbattreà touteallure. Il sentaitpalpiter toutes lesveinesdesoncorps,tandisquesoncoeuraccéléraitencoredavantageetbattaitlachamade. Il voyait, incrédule, son ex-petite amie s’avancer dans la pièce, unverredevinà lamain. Ilcrutquesa têteallaitexploser.Ellearboraitun largesourire,etavaitunregardinquiet.

«Voulez-vousbiennousexcuserunmoment,s'ilvousplaît?»ditGrantentresesdents,toutenluiattrapantlebras,afindelaconduireàl’extérieur.Quandilsfurentseuls,ilsetournaverselle.«Quediablefais-tuici?»

«Quoi?»Elleleregarda,l’airchoqué.«Tun’aspaseumesmessages?MesparentsvisitaientlaCalifornie,etvoulaientfairetaconnaissance.»Elleregardasesmains.«Oh,jet’enprie,penseàSam!»Ellecroisalesbrasetleregarda,l’airtrèsmécontent.

«Ce sont tes parents ? » Il se tourna et regarda en direction de lamaison.Génial,pensa-t-il.«Queleuras-turacontéàproposdenous?»Ilsetournavers

elle,lafusillantduregard.

Elle essaya d’éviter de répondre en s’éloignant, mais il lui attrapa le bras.Celafaisaitpresqueunanqu'ilnel’avaitpasvue.Àpartsescheveux,quiétaientpluscourts,riend’autren’avaitchangéenelle,etapparemmentellen’avaitpaschangéd’avisàsonsujetnonplus.«Terry!Qu’as-tudit?»

«Ilsepeutqu'ilscroientquenoussommestoujoursfiancés,carjen’aijamaisvraimentmisàjournotrepageFacebook.»Elles’éloignaavecunsoupir.

« Non, pas question. » Il tourna les talons et entra dans la maison de sesparents,Terrylesuivantdeprès.«MretMrsWalkins.»Ilattenditquetousdeuxleregardent.«JevoudraisquevoussachiezqueTerryetmoin’avonsjamaisétéréellementfiancés,etquede toutefaçon,nousavonsarrêtédenousvoir ilyaplusd’unan.»Ilsentit lesonglesdeTerrys’enfoncerdanssonbras.«JesuisdésolépourSam.Ilaétél’undemesmeilleursamispendantplusdecinqans.Iln’yapasunjourquipassesansquejenepensepasàsesconseilsetàcequ'ilm’aappris.Mêmecequicontreditl’unedesmeilleurescuisinièresduSud!»Ils’inclinalégèrementendirectiondesamère,quiluifitunsourireresplendissantetmitlesmainssursoncœur.«Jesuisnavréquevousayezfaittoutcecheminpourmerencontrer,encroyantquenousétionsfiancés.J’espèrequ’onnevousapasracontéd’histoires.»Ilattendit.

«Merci.»LamèredeTerry,Regina,selevaetluifitunsourire.«Nousnoussommesdoutésquevousaviezrompulorsquenousavonsapprisquevousétiezrentrés chez vous, alors que Terry restait à Boston. Sonmari se tenait à côtéd’elle.«J’espèrequecelanevapasgâterlemerveilleuxdînerquevosparentsontpréparéànotreintention.Votrepèrevientdefairegrillerdessteaksquiontunfumetirrésistible,etvotremèrem’apromisdemedonnersarecettedetarteauxpêches.»

Ileutunbrefsourire.«Pasdutout!»Puisiltenditlamain,etserracelledeRoger.«C’estvraimentunhonneurpourmoidevousrencontrertouslesdeux,»ditGrant.

Troisheuresplus tard il rentra chez lui, en songeant combienSametTerryétaientparmi lesmeilleurs amisqu’il avait eu àBoston.Terry avait certes sesbizarreries,maislorsqu’ilsenfurentaudessert,Granteutl’impressionqueTerryavaitcessédecroirequ’ilsétaientfiancés.

Ils avaient bavardé au sujet de l’entreprise en ligne que le père de Grantessayaitdemettresurpiedavecsonfils.Ilavaitaccepté,bienqu’ilsedoutequeceseraitvraisemblablementlui,Grant,quidevraitfairetoutletravail.C’étaitun

sitedeconseilsjuridiquesenlignequiaideraitlesconsommateursàremplirdesdocuments légaux et à faire des démarches de base. Ils avaient trouvé unecompagnieàHoustonquileurconstruiraitlesite,etilsavaientfaittoutletravailpréparatoireenamont.Toutcequ’il leur restaità faire,c’étaitquelquespetiteschoses ultra simples, dont son père se chargeait. Son père avait parlé de cetteentreprisedanstoussesdétailsavecReginaetRoger.Tousdeuxavaientmontrétant d’intérêt que son père était allé chercher son ordinateur et qu’ils avaientpassépresqueuneheureàtoutexaminer.Àprésent,Grantavaitlesyeuxquilepiquaient,ettouslesmusclesdesoncorpsquiluifaisaientmal.

Quand il s’assit sur son lit après avoir enlevé ses bottes et sa cravate, ils’écroulasursonmatelasets’endormitinstantanément.

Chapitre5

Alex travaillait au restaurant ‘Chez Mama’ depuis sa deuxième année aulycée. Elle adorait travailler pour Jamella, surnommée ‘Mama’, la propriétairedes lieux. Jamella avait presque soixante-dix ans, et avait une tailleimpressionnante qui forçait le respect. Cela faisait une vingtaine d’annéesqu’elle possédait le restaurant ‘ChezMama’. Jamella était au courant de toutdanslapetitevilledeFairplay.

Jamella s’était comporté un peu comme une deuxième maman pour Alex,depuisquelamèredecelle-ciétaitmortedansunetornadelorsqu’elleavaitsixans.Depuis lors, Jamellaavait traité les trois sœurscommesi ellesétaient sespropresenfants,ettouteslestroisl’adoraient.

Alexaimaitbeaucoupcetravail,etelleaimaitaussibeaucouplesgensqu’ellerencontrait.Ilyavaitdesbonscôtésàconnaîtrepresquetousleshabitantsdelapetiteville.Celaluipermettaitd’êtreaucourantdetouslesdernierscancans,etd’être la première à apprendre les nouvelles. Elle était même contente d’ytravailler lorsqu’il s’agissait de servir celle qui avait provoqué la rupture avecsonfiancé.

Quelques jours après le pique-nique en compagnie de Grant, elle avait,‘accidentellement’ bien sûr, renversé tout un plat de spaghetti en sauce sur larobe en dentelle blanche de Savannah. Elle s’était excusée avec la dernièreénergie,toutenutilisantlechiffonleplusgraisseuxqu’elleavaitputrouverencuisine pour tenter d’essuyer toutes les taches de tomate sur la robe neuve deSavannah.Après avoir hurlé si fort que les gens à cinq kilomètres à la rondeavaientdûl’entendre,Savannahétaitpartiecommeunefolle,menaçantdeporterplaintecontrelerestaurant.

Quand Alex était retournée en cuisine, Jamella et Willard, qui était lecuisinier depuis toujours, riaient tous deux si fort qu’Alex avait éclaté de rireaussi.

«Pasdedoute,tuluiasdonnéunebonneleçonàcettefille!Peut-êtrequ’àl’avenirellesetiendracorrectement...»ditJamella,avecsonaccenttraînantdeLouisiane.Avecunsourire,Jamellatapasurl’épauledeWillard.

«Qu’est-cequ’onarigolé!»Alexcroisalesbras,ets’appuyacontreleplandetravailensouriant.Maissabonnehumeurs’évanouitquandlesoirmêmeelle

entenditl’unedesemployéesdelasuperette‘GroceryStop’raconterquelamèredeGrantsevantaitd’avoireupourdînerdesvisiteursquivenaientdeloin.Alexavait pratiquement toujours eu des problèmes avec la mère de Grant. Cettefemmesemblaitsanscessevouloirfourrerlenezdanssesaffaires,maisauboutd’unmoment,Alexavaittrouvécomments’yprendre.Ellel’ignorait,purementetsimplement.

D’aprèscequ’elleavaitentendudire,apparemment,lafiancéedeGrantetsesparentsétaientvenusdîner.Alexsentitsoncœurseserrer.

Grant était fiancé ? Elle essaya de se persuader que cela n’avait aucuneimportance.Aprèstout,ellen’avaitfaitqueseservirdelui,non?EtelleavaitprévudecontinueràseservirdeluipoursurmontersaruptureavecTravis,etlechagrin que cela avait pu lui causer. Mais ensuite elle sentit la colère venir.Commentavait-ilpuoserseservird’ellecommeça?Elleessayadeneplusypenser,maispendanttoutlerestedesonservice,ellecontinuaàruminertoutescesidéesnoires.Lorsqu’ellequittaleparkingtarddanslasoirée,elleavaitunepetiteveinequibattaitsurlatempe.Sanssavoirpourquoi,ellenes’engageapasdans le chemin qui menait à Saddleback Ranch, mais elle se dirigea vers laferme de Grant. Quand elle s’arrêta et vit qu'il y avait de la lumière dans sachambre,elleclaqualaportièredesavoitureetmarchaàgrandspasverslaported’entrée.Elletapaàlaportejusqu’àcequequelqu'unréponde,enpriantlecielquecenesoitpasunefemmeàdemi-dévêtue.

Au lieu de ça, elle fut accueillie par un Grant visiblement irrité, enchaussettes,quiavaitl’aird’avoirdormitouthabillé.

«Quoi?»Ilfitunpasetrestamuetd’étonnementenvoyantquifrappaitàsaporteàuneheuredumatin.«Alex?Quefais-tuici?»Ilregardaautourdelui.«As-tudesennuis?»

«Queveux-tudire?Non.»Elleregardaderrièrelui,pouressayerdevoirs'ily avait quelqu'un d’autre dedans avec lui. Peut-être qu’ils venaient juste decommenceràsedéshabillermutuellement?

«Alors,jetedemandeànouveau,quefais-tuici?»« Je... » Alex avait la tête vide. Elle était venue frapper à sa porte en

s’attendantàletrouverdanslesbrasd'uneautrefemme,maispasuninstantellen’avaitpenséqu’ilfaudraitqu’ellesejustifie.«J’aiapprisquetuavaisdînéaveclafamilledetafiancée,»dit-elled’uncoup.

Illaregarda,lessourcilslevésd’unairinterrogateur.

Ellesoupira,etcroisalesbras.«GrantHolton,tumelaissesentrer,oubientuvas attendre que jeme démonte le cou pour voir si tu es tout seul dans cettemaison?»

Ileutunbrefsourire.«AlexWest,veux-tus’ilteplaîtentrer?»Ilsepenchaenfaisantunecourbette,attendantqu’ellepassedevantlui.Puisilseretournaetfermalaported'uncoupdepied.«Commetupeuxlevoir,iln’yaquemoi.Tupeuxvenirvérifiersousmonlit,siçatefaitplaisir!»Setournantverslui,ellelevitesquisserunsourire.

«Çaneserapasnécessaire.»Elleentradansunegrandepièce,quis’avéraêtre le salon.Elle traversa lapièce, s’installa sur le canapé, et commençaà seronger les ongles. Elle ne se rongeait les ongles que lorsqu’elle était trèsnerveuse.Commentallait-elleluiexpliquerpourquoielleétaitvenue?

Ilallas’asseoirenfaced’elle,puissefrottalesyeux.«Jesuisdésoléedet'avoirréveillé.JefaisaisledernierservicechezMama,

quand j’aientenduJenny,qui travailleà lasuperette,qui racontaitcomment tamèreétaitentréeets’étaitvantéed’avoiràpréparer ledînerpourdesvisiteursquivenaientdeloin...»

EnentendantGrantpousserunlégergrognement,elles’arrêta.Elleluijetauncoupd'œil,d’unairinterrogateur.

«Àprésent,toutlemondeenvilleseraaucourant!»Seprenantlatêtedanslesmains,ilbaissalesyeux.«Génial.»

«Vas-tumedire cequi sepasse, s’il teplaît ?»Elle sepenchaunpeuenavant.

«C’estTerry.Elle a traîné ses parents ici, depuis laCalifornie, pour qu’ilsfassent ma connaissance. Bon, c’est vrai que de toute façon ils voulaient merencontrer, en souvenir deSam,mais elle a ‘oublié’ dementionner le fait quenousavionsrompuilyaplusd'unan,oh,etaussiquenousn’avionsjamaisétéréellementfiancés.»

Alexpoussaunsoupirdesoulagement,ets’assitunpeuplusconfortablementsurlesofa.«C’esttout?»Quandilhochalatête,ellesemitàriresifortqu’elledutsetenirlescôtes.

«Tutrouvesçadrôle?»Illaregardacommesielleétaitfolle.«Oui.»Ellehocha la tête.«Aujourd’hui, j’ai renverséde la sauce tomate

brûlante sur la robe en dentelle blanche toute neuve de Savannah, puis je l’ai

essuyée avec le chiffon le plus crasseux que j’ai pu trouver en cuisine, et toipendantcetemps-làtupassestasoiréeavecuneex-fiancéecomplètementtaréeetsesparents!»Ellecontinuaàrire.

Puiselleleregarda,etvitqu'ilfronçaitlessourcils.«Quoi?»Sonsourires’effaçaquelquepeu.«Qu’est-cequinevapas?»«TuestoujoursfolledeTravis,n’est-cepas?»«Biensûr!»Elleeutunpetitsourire.«‘Folle’estlemotquiconvient.J’ai

finalement compris que je ne l’aime plus depuis bien des années. » Elle sepencha en arrière, et le regarda. « Je crois que j’étais amoureuse de l’amour.J’avaistoujoursétéenvieusedelarelationentremesparents.»Avecunsoupir,son regard se perdit dans le lointain, par-dessus l’épaule de Grant. « Je merappellelorsqu’ilsdansaientdanslacuisine,setenantétroitement.Jen’aijamaisentendumonpèredireunmotdetraversàmamère,oulecontraire.J’espérais,jecrois,qu’unbeaujourceseraitcommeçaavecTravis.»

Quandelle le regardaànouveau, il étaiten traindesourire.«Mais,AlexisWest,tusaisquetuesunegranderomantique!»

Elleserebiffa.«Non,cen’estpasvrai!Retirecequetuasdit!»Iléclataderire.«Iln’yaaucunehonteàêtreromantique,monchou!»Ellesemitàrougir.«Oh.»Ellesecoualatête.«Jedoisêtrefatiguée.»Elle

baissalesyeuxetcommençaàtripoterl’ourletdesajupe.«Tuétaishorsde toiparceque j’étaispeut-être fiancé, c’estbiença?» Il

traversalapièceets’installaàcôtéd’elle.«Non.»Elleretirasamaindelasienne.«Alex?»Duboutdesdoigts,illuisoulevalementon.«Oui,bon,trèsbien...Jemedemandaiscequejepourraisbienrenversersur

toi la prochaine fois que tu viendraismanger chezMama. » Elle se recula etcroisalesbras.

Ilsepenchaetluiposaunpetitbaiserrapidesurleslèvres.«Merci.»«Dequoi?»Elleauraitbienvouluqu’ill’embrasseànouveau.«Defaçondétournée, tuviensdemedireque tu tiensàmoi.»Ilsourit,et

pourlapremièrefoiselleremarquaquesonsourireétaitunpeucoquin.Est-ceque ça avait toujours été le cas ? Et pourquoi n’avait-elle jamais remarquécombiensonsourireetsesyeuxétaientmalicieux?Avantd’avoireuletempsde

direunmot,cependant,ellefutprised'unénormebâillement.« Je suis désolée. J’ai fait deux services aujourd’hui. J’aimanqué deux ou

troisjoursdurantlasemaine.»Ellebâillaànouveau.Illuisourit.«Net’inquiètepaspourça.L’autrejourj’étaissifatiguépendantledînerque

mamèremedonnaitdespetitscoupsdepiedsouslatablepourm’empêcherdem’endormir. Il s’esclaffa. « Si tu veux, tu peux t’effondrer sur le lit de lachambred’amis.»

Elleétiralesbrasau-dessusdesatête,etsongeacommeceseraitmerveilleuxdedormir dans une chambre non loin de la sienne, dans samaison, oumêmeencoremieux... à côté de lui dans son lit. Puis elle secoua la tête. «Non, net’inquiètepas.Ilmefautunedouche,etmonproprelit.Maisjeteremerciebienquandmême!»Ellese levaetsouritquandil lasuività toutevitesse,etqu'ill’attiracontreluipourluidonnerunautrebaiser.

«Alex?»«Hmmm?»dit-ellecontreseslèvres.« Comment fais-tu pour rendre l’odeur de graisse et de café si sexy ? »

Pendant un moment, il lui fit des petits baisers dans le cou. Elle gloussa ets’écarta.

«Jesuisdésoléed’avoirdéboulécommeçacheztoi,sitard.Jecroisquejen’avais pas les idées claires ! » Elle repoussa ses cheveux de ses yeux. Sansaucundoute,elledevaitavoirl’airaffreux,etc’estainsiqu’ellesesentait.

«Quandtuveux!»Avecunsourire,illaraccompagnaàlaporte.Enarrivantchezelle,ellepassadevantlachambredesessœurssurlapointe

des pieds. Trop fatiguée pour prendre une douche, à la place elle remplit lenouveauspaqueChaseavaitfaitinstallerquelquesmoisauparavant.Elleposalatêtesurlecoussintandisquel’eauchaudeluidétendaitlesmuscles,etsemitàrêverdeGrant.

Quant àGrant, il commençait à se demander s'il n’était pas devenu fou. Ilétaitunavocat,pasunfermier.Ilétaittrèsattachéàsesanimaux,etilenprenaitleplusgrandsoin,maisparfoisilauraitaiméqueceux-ciluiparlent.

En de nombreuses occasions, il avait fait venirChase, par crainte que l’un

d’entre eux ne soit malade. Chase l’avait assuré que tous étaient en parfaitesanté.

Mais à présent il se tenait debout devant l’une de ses chèvres,Mojo, et sedemandaitpourquoiellenevoulaitpasselever.Ilétaitrestéassisàcôtéd’ellependant un bon moment, puis était rentré dans la maison en courant et avaitappeléChasecomplètementaffolé,etcelui-ciétaitarrivé justeà tempspour lanaissancedesonpremierchevreau.

«Pourquoinem'as-tupasditqu’elleattendaitunpetit?»demandaGrant.IlregardaChase,quiéclataderire.

«C’estlapremièrefoisquejelavois.Tum’asdemandéderegardertoustesautres animaux mais pas elle. Et puis, tu aurais dû t’en apercevoir en laregardant!»

«Jecroyaisqu’elleétaitsimplementtrèsgrosse,»rétorquaGrant,assisàcôtéd’elledanslefoin,soutenantlatêtedel’animal.Illevalesyeux,justeàtempspourvoirChasesecouerlatêteetéclaterderire.

«Envoiciunautre!»Moinsdedixminutesplustard,letroisièmeetdernierchevreau,unefemelle,étaitné.

«Félicitations!»ChasetapaGrantdansledosenriant,etregardalesdeuxpremiers chevreauxqui gambadaient déjà dans le petit box. «Tu es l’heureuxpèredetriplés!»

Grant interrogea son ami pendant plus d'une heure, lui posant unequestionaprèsl’autre.Quemangeaient-ils?Dequelsvaccinsavaient-ilsbesoin?Et,entoutpremier,dequoiavaitbesoinlamaman?

Chaseréponditàtouteslesquestionsavecbeaucoupdepatience,luimontrantmêmecommentnettoyerlesbébés,maisMojolamèresedébrouillait trèsbientouteseule.Puisilsrajoutèrentdufoinfraisdanslebox,etGrantraccompagnaChaseàsonpickup.

« J’ai appris que toi et tes parents aviez des invités l’autre soir. » Chase,adosséàsonvéhicule,luisourit.

Grantréponditparungrognement.«Ouais.Quelleest lameilleuremanièredefairesavoiràtoutlemondequejenesuispasfiancé?»

Chaseéclataderire.«Tupourraiscommencerparsortiravectouteslesfillesquisontlibresdanslesecteur?»Puisilritdanssabarbe.«Oualors, tudisàtoutlemondequetuessecrètementmarié.Çaamarchépourmoi!»Tousdeux

éclatèrentderire.Plus tard dans la soirée,Grant fit un saut dans la grange pour vérifier que

toutelapetitefamilleallaitbien.Leschevreauxétaientendormis,pelotonnéslesunscontrelesautresdansuncoin.Mojo,parcontre,avaitl’airnerveuse.Ilrestaassis à côté d’elle à lui parler pendant unmoment, puis il poursuivit sa rondecommechaquesoir.Pendantqu’ilfaisaitletourdesesanimaux,ileutuneidéepourmettreuntermeauxrumeursquicouraientenville.

Le lendemain, il entra dans le restaurant ‘Chez Mama’ avec le plus grosbouquetdefleursqu'ilavaitputrouveràlasuperette,ens’assurantquetouteslespersonnesprésentes, le vendeur et les quelques clientesqui faisaient la queue,voyaient ce qu'il écrivait dans le petit billet accompagnant le bouquet. Ils’installaàunetable,etattenditqu’Alexsortedescuisines.Puisilseleva,et,àlasurprised’Alexetdetouslesautresclients,illuifitunlongbaiserpassionné,etluitenditlesfleurs.

«Oh,Grant,»dit-elle,rayonnante,«ellessontmagnifiques!»Ilvitunbrind’humourdanssesyeux,etsedemandasiellesavaitpourquoiilfaisaitcela.

« Je les ai vues, et j’ai tout de suite pensé à toi et à notre pique-nique del’autrejour.»Ilentenditplusieurspersonnescommenceràchuchoter,là-même,danslerestaurant,etileutenviederire.

«Ellessontparfaites!»Alorselleserapprocha,passasonbraslibreautourducoudeGrant,etditenronronnant:«Quedirais-tud’unautrepique-niqueceweek-end?»Ellesouritet lui fitunclind'œil. Ilneputquehocher la têteenguise de réponse, et se sentit devenir rouge comme une tomate, devant bonnombredeshabitantsdeFairplay.

Lorsqu’il rentra chez lui, après avoir pris un déjeuner copieux suivi d’undessertsavoureuxaurestaurant, ilétaitsûrquelesragotsavaientchangéàsonpropos.Si sonnomdevaitêtre liéàunepersonne, ilvoulait aumoinsêtre sûrqu'ils’agissaitdequelqu’unqu’ilfréquentaitvraiment.

Ilgarasonpickupdevantlagrange,etdécidad’allerfaireunerondepourvoirlesanimaux.Ilnesavaitpascequiluisoufflal’idéed’entrerdanslagrangeaulieud’allerdanslamaison,maisquelquechoseluiditdelefaire.

Quand ilouvrit laporte, il fut immédiatement frappépar l’odeurd’essence.Ouvrant la porte en grand, il se mit à inspecter les lieux, affolé. Il n’y avaitaucune odeur de fumée, mais il savait qu’en aucun cas il n’avait laissé del’essencecommeceladanslagrange.

Moinsdecinqminutesplustard,ilseprécipitaitdanslamaisonpourappelerlesheriff.Ilavaittoutlaisséenl’état.Lorsqu’arrivalesheriffdudistrict,StephenMiller,quioccupaitdéjàlepostelorsqueGrantétaithautcommetroispommes,Grantbouillonnaitd’impatience.

«Allons,Grant.Queveux-tudire,quelqu’unavoulumettrelefeuàtagrange?Elleest toujoursdebout !»Levieilhommeclaquasaportièreetenlevasonchapeaupouressuyerlasueurdesonfront.

«Quelqu’un voulait ymettre le feu, sheriff ! »Grant avait passé tout sontemps, avant l’arrivée du sheriff, à sortir ses animaux du bâtiment rempli devapeursd’essence.«Ehbienvenezvoirparvous-même!»Ildésignalaporte.

«Ouh,làlà!»Lesheriffs’écartaets’éventaavecsonchapeau.«Qu’avons-nous là?» Il entraet regardaautourde lui.Grant savait cequ'il avait trouvé.Quelqu’unavaitdéversé lecontenudequatredescinqcontainersdecarburantqu'ilavaitpoursontracteurpartoutdanslagrange.Ilenavaitmêmeaspergélesanimaux.Mais ce qui l’avait vraiment choqué, c’était la pochette d’allumettesposéejusteàcôtédelaportedelagrange.C’étaitunavertissement.

«Quelqu’unvoulaitmefairesavoirqu’ilauraitputoutbrûler.»Ilsetenaitjuste derrière le sheriff, qui regardait la pochette d’allumettes venant durestaurant‘ChezMama’.

«Ehbien, sacrebleu !»Lesheriff se tapa la jambeavecsonchapeau.«Jecroisqu’onvadevoirréfléchiràquituasagacécesdernierstemps.»

Grantpoussaunéclatde rire strident. Iln’yavaitqu’unseulnomdanssonesprit.C’était le premier nomqui lui était venu à l’esprit quand il avait vu lapochetted’allumettes.

«TravisNolan.»Le sheriff fit soudain volte-face pour le regarder. « Écoute Grant, ne te

précipitepaspourdonnercenom-là.Noussavons tous lesdeuxquequelsquesoient lesennuisdanslesquelscegarçonsefourre,sonpapaeffacetoutsivitequejen’aimêmepasletempsdefinirderemplirleprocès-verbal.»

«Jesaisquec’estlui.Jesuispasséaurestaurantaujourd'hui,etj’aicourtiséAlexisenpublic.»Grantnotalesourirequiapparaissaitsurlevisagedusheriff.Puislevieilhommepoussaunsifflement.

«Tun’asmêmepasprisletempsdelaisserleschosessetasseravantdejetertondévolusurcettefille,c’estça?»Ilsouritànouveau.

«Non, sheriff,pasen l’ayantattenduedepuis toujours.»Grantébauchaunsourirequandlesheriffletapadansledos.

«Tuesunbongarçon,tulesais.Tutiensçadetesparents.»Puisilsetournaetregardalagrangevide.«Bon,jevaisremplirlespapiers,etonverrabienoùçanousmènera.JevaispasserchezlesNolanetdemanderoùestTravis.Quandas-tuditquetuavaisquittélamaison?»Ilsortitunpetitcarnetetposaquelquesquestions à Grant, avant de retourner explorer la grange, à la recherche dequelquechosed’autrequinesoitpasàsaplace.

CelapritlerestedelasoiréeàGrantpoursortirlefoinimbibéd’essencehorsde la grange. Ce salaud n’avait, heureusement, pas grimpé à l’échelle pourdéverserde l’essence sur le foinquiétait entreposéà l’étage.MaisGrantétaitquandmêmedansuneragefolletoutencharriantàl’extérieurballeaprèsballedufoingâché.Aprèsavoirnettoyépratiquementtout,ilfitrentrerlesanimauxetleur donna à boire. Puis il alla en ville acheter quelques gros cadenas, pourbouclerlaportededevantainsiquelaportearrièredelagrange.Ilenpritmêmeunpluspetitpourlepoulailler.

Au moment du coucher du soleil, il vit Alex arriver et garer sa voiturederrièresonpickupà lui.Lorsqu’ellesortit, ileutunsourireenvoyant la jolierobed’étéqu’elleportait.Cebleuturquoiseluiallaitàravir.

«Bonsoir !» Ilavait réussià fairepartir l’odeurd’essenceavecunebonnedouche, et était assis devant la maison, essayant de rassembler un semblantd’énergiepour fairegrillerdupoulet.«Seigneur, tuesvraiment joliecesoir !Veux-turesterdîner?»Ils’avançaverselleetl’attiracontrelui,tandisqu’elleluipassaitlesbrasautourducouensouriant.

« J’ai entendu dire que tu avais eu des problèmes ici ? » Elle fronçait lessourcils.«Écoute,Grant,jenevoulaispasprovoquer...»

«Non,nedispasça,tun’asrienàyvoirettulesaistrèsbien.Situcontinuesàtrouverdesexcusesàcesale...»Ilsecoualatête.«Iln’yapaseudedégâts.Justedufoingâché.C’estunmauvaisperdant.Quedirais-tuderesterdîner?»

Ellesouritethochalatête.«Onm’aditquetuavaisdenouvelleschèvres?»Avecunsourire,illuipritlamainetl’emmenaverslagrange.

«Onvad’abordvoirleschèvres,puisoniraàl’arrièredelamaisongrillerdupoulet.»Ils’arrêta,etl’attiradanssesbras.«Puisjet’emmèneraiàl’intérieur,etjetemettraidansmonlit.»Illaregardaensouriant,etfutheureuxdelavoirrougirunpeu.Ilnel’avaitjamaisfaitrougirauparavant.Celaavaittoujoursétélecontraire.Ilserenditcomptequecen’étaitpasdésagréabled’avoirledessus.

Chapitre6

Alexavait le soufflecourt.Pendant tout le trajetpourallerchezGrant,elleavait été nerveuse. Elle savait pourquoi elle avait pris son temps,mis sa plusbellerobe,s’étaitaspergéedeparfumetavaitmêmechoisidessous-vêtementstoutneufs.ElleallaitpasserlanuitavecGrantHolton,etelleallaitensavourerchaqueminute.

Quand elle s’engagea dans son chemin, elle s’arrêta et essaya de reprendreson souffle, car elle n’avait jamais été aussi nerveuse avec qui que ce soitauparavant.Elleregardasamaison.L’endroitavaitappartenuàplusieursautrespropriétairesdanslepassé,etc’étaitleursplusprochesvoisins.C’étaitunranchenpierre, avecun toit de tuiles rouges.On aurait dit un ranchdes collinesdeCalifornie,etnondel’estduTexas.Grantyavaitmodifiépasmaldechoses.Ilavaitajoutéunelargebalancelleenboissousleporche,etavaitpeintlagrangerougevif.Ilyavaitdesnouveauxbuissonsetdesfleurssurledevant,etlelongducheminquiconduisaitàlamaison.

Il avait fallu àAlex tout soncouragepournepas fairedemi-tour et rentrerchezelle,toutsimplement.Celan’avaitrienàvoiravecTravis,maisétaitplutôtdû à l’extrême nervosité qu’elle ressentait à propos de la nouvelle expériencequ’elleétaitsurlepointdevivre.Ellesavaitquececiétaituneétapenécessairepour tourner lapage,etpasseràautrechose.Enfindecompte,ellepoursuivitsonchemin.Grantétaitdeboutsousleporche,l’airtrèssexy,vêtud’unjeanetd’unechemisegrise.Illuisourit,ettoutel’appréhensiond’Alexs’envola.

Il luiprit lamain,lasortantdesarêverie,etl’amenajusqu’àlagrange.Ilyavaitunevagueodeurd’essencequi flottaitdans l’air.Elle avait appris cequis’était passé lorsque le sheriff était venu au restaurant ‘Chez Mama’ pourl’interroger,ainsiqueJamella.IlavaitdemandésiellesavaientvuTravistraînerdans le coin, et si, d’après elles, Travis était en possession d’une pochetted’allumettespublicitairesdurestaurant‘ChezMama’.

Jamellaavaitbienri.Toutlemondeenvilleavaitunepochetted’allumettesdurestaurant.Lespochettesétaientàladispositiondesclients,dansungrandbolprèsdelacaisseenregistreuse.Jamellaenavaitcommandéunmillier,quelquesannéesauparavant,d’unecompagnieenChine,maisilyavaiteuuneerreurdanslacommande,etelles’étaitretrouvéeavecdixmillepochettesd’allumettes.Pas

moyen de se débarrasser rapidement de ces foutues pochettes ! Il y en avaitencoredixcartonsquiattendaientdanslegrenierdurestaurant.

Alexbattitdespaupièrespourlaissersesyeuxs’ajusteràlapénombredelagrange. Puis ils s’avancèrent jusqu’à un petit box dans lequel trois chevreauxnouveau-nésgambadaient,jouantetchahutantensemble.

« Leur mère est dans le box d’à côté. Ils la fatiguent beaucoup, et elle abesoin de se reposer. »Grant semit à rire en voyant que les trois chevreauxl’avaientremarqué.Tous les troisétaientmaintenantappuyéssur lebarreaudubas de la grille avec leurs pattes avant, agitant leur petite queue pour attirerl’attention.

«Oh,quevousêtesmignonstouslestrois!»Alexsepenchaetessayadelescaresser, chacun poussant les autres pour être plus près. « Comment les as-tuappelés?»EllelevalesyeuxpourregarderGrant.

Ilsecoualatête.«Jen’yaipasencorepensé.Cesonttroisfemelles.»Puisilsourit.«Tuastoujoursbienaimédonnerdesnomsauxanimaux.Qu’enpenses-tu?»

«Ehbien...»Elleserelevaetréfléchit.«Lesnomsdetroissœurs...»Ellesetapota lementonet fitquelquespas,puis tournaet revintvers lui.« Ilyavaittroissœursdanslamythologiegrecque,lesGorgones,maisc’étaitdescréaturesmauvaises et laides. » Elle regarda les adorables chevreaux. Puis elle eut ungrandsourire.«J’aitrouvé!Troissœurs!Quedirais-tudesPowerpuffs?»

Illevalessourcils,puiséclataderire.«Blossom,BubblesetButtercup?»Quandellehochala tête, ilpoursuivit.«C’est toutsimplementgénial!»Il

éclataderireànouveau,etdésignaleboxsuivant,oùunechèvreayant la têtenoireessayaitd’attirerl’attention.«EtvoiciMojo,leurmère.»

Elleleregardaetgloussa.«Nemedispasquetul’asappeléeMojoJojo?»Ilsourit.«Non,maislafilledufermierchezquijel’aiachetéel’avaitappelée

ainsi,et,bon,elleagardécenom.»«Bon,c’estrégléalors.»Ellesetournaànouveauvers leschevreaux.«À

présent,toutcequ’ilnousresteàfaire,c’estdesavoirquiestqui!»Il eut un petit rire, puis la tira par la main et la prit dans ses bras. « J’ai

quelquesporceletslà-derrièrequejen’aipasencoreeuletempsdenommer!»Il la regarda en souriant, et elle sentit son cœur battre la chamade. Quand ilbaissa la tête, elle se délecta du contact et du goût de ses lèvres contre les

siennes.Leurgoûtl'enivrait,etelleétaitcontentequ'ilnefumepas.Travisavaittoujourslegoûtdutabac.

Grant se recula, et repoussa les cheveux d’Alex en arrière. « Si nouscontinuonscommeça,nousallonsfinirparlouperledînercomplètement.»

« Çam’est égal ! » Elle essaya de l’attirer à nouveau vers elle, mais elleentenditl’estomacdeGrantgargouiller,etelleeutunpetitsourire.«Pastoi,j’ail’impression!»

Ilsemitàrire.«J’aitravaillédurtoutelajournée!»Assisedanslepatioenbriquerouge,elleleregardagrillerdesmorceauxde

pouletavecdumaïsetdespommesdeterre,surlebarbecue.Encoreunechosequ’ellen’avaitjamaisfaiteavecTravis.Àbienypenser,ilyavaitbeaucoupdechosesqu’ellen’avaitjamaisfaitesavecTravis.Ilnel’avaitjamaisinvitéepourunesoiréeofficielle.Bon,d’accord,ilsavaientdînéaurestaurant‘ChezMama’ouchezsesparentsàluiplusieursfois.Ilsétaientmêmeallésdenombreusesfoisdans un drive à Tyler, mais jamais il n’avait mis de beaux vêtements pourl’ameneràundînerhabillé. Ilsn’étaient jamaisallésaucinémaensemble,pasunefois!

«Pourquoifronces-tulessourcils?Jeteprometsquejenecuisinepassimalqueça...»Grants’approcha,ets’installaenfaced’elle.

«Jesuisdésolée.»D’unreversdelamain,ellechassalespenséesdeTravisetdesesnombreuxdéfauts,puisellesouritàGrant.«Çamefaittantdepeine,depenseràtoutcequej’aimanqué!»Ellepritunegrandeinspiration,s’installaconfortablementsursachaiseetregardaautourd’elle.

Ilinclinalatête.«Ouais?Commequoiparexemple?»Ilpritunegorgéedethé,etlacontempla.

«Des rendez-vous.Desvrais rendez-vous amoureux.»Elle se leva, et allajusqu’au bord de la pelouse. « S’asseoir dans une charrette pleine de foin àl’automne,alleraucinéma...Destrucscommeça.Travisnevoulaitjamaisrienfaireenmacompagnie,rienenpublic,entoutcas.»Ellerougit,enserendantcomptedecequ’ellevenaitdedire.«Bon,oui,ilaimaitallerau‘RustyRail’,ettraîner avec ses potes. »Elle se tourna, et fronça les sourcils. J’avais toujoursimaginéunelonguefiledetypesquiattendraientpourm’inviterquelquepart.»Avecunsoupir,sonregardseperditdanslelointain.Ellegloussa,etsetournaànouveau.Ilétaitassissansbouger,laregardantavecunlégersourire,etellesesentitbête.Ellen’avaitpaseul’intentiondeluidiretoutça.

Ilselevaets’approchad’elle.«J’aitoujourspenséqu’ilyauraitunelonguefiledegarssebousculantsimplementpourteconquérir.»Illuipritlamainetluifit un baise-main, avec délicatesse.C’était la chose la plus romantique qui luisoitjamaisarrivée.Elleeutunlégerhoquet,etsesentitpresquelatêtetourner,ausimplecontactdeslèvresdeGrantsurledosdesamain.Puis,poursonplusgrandplaisir, il retournalamaind’Alexetposaunautrebaiserà l’intérieurdesonpoignet,envoyantunevaguedechaleurdanssonbrasetdanstoutsoncorps.

«Tusenssibon,»dit-il,lenezcontresapeau,enluimordillantdoucementlepoignet.«Peut-êtrequejenesuispassiaffaméqueça,après tout.»Il l’attiraplusprès.

«Oh,non!»dit-elleensereculant,taquine.«Cettenourrituresenttropbon! »Avec un petit rire, il essaya de l’attirer plus près, puis luimordilla le coutandis qu’elle se cramponnait à ses épaules. Si quelqu'un lui avait dit un anauparavant que ses genoux flageoleraient à cause d’un simple baiser derrièrel’oreille,ellenel’auraitpascru.

Pendantledîner,ellelecontemplait,del’autrecôtédelapetitetable,etellenes’étaitjamaissentieplusnerveusedetoutesavie.Elleessayadeseraisonner.Aprèstout,elleavaitfaitl'amourbonnombredefoisavecTravis.Ellenevoyaitvraiment pas pourquoi on en faisait tout un plat. D’accord, elle se plaisait àpenserqu’elleaimaitça,maislamoitiédutemps,elleavaitjusteenviequeçasetermine. Mais les baisers de Grant avaient éveillé en elle quelque chose queTravisn’avaitjamaisréussiàtoucher.Ellesavaitquel’expérienceamoureusenese limitait pas à ça, et elle s’interrogeait sur la quantité de choses qu’elle neconnaissait pas dans le domaine romantique. Est-ce que Grant saurait lacomprendre?Serait-ilcapabledevoirqu’ellenesavaitpastrèsbiencequeleshommesaimentoudésirent?Elleétaitplutôthabilepourfairesemblant.Peut-êtrequ’iln’yverraitrien?

Elle était si nerveuse qu’elle toucha à peine son assiette. Grant fronça lessourcilsetluidemanda:«Quelquechosequinevapasdansledîner?»

Elletentadesourire,etd’éviterderépondreenluifaisantlesyeuxdoux,maisGrant se contentait de la regarder, les yeux fixés sur ses lèvres, en attendantqu’elle lui dise la vérité. Elle haussa les épaules, prit une gorgée de thé, puislâcha:

« Je suis nerveuse, d’accord ? » Elle crut voir dans ses yeux qu’il lacomprenait tandisqu’ils’adossaitdanssonfauteuil.Onauraitpresqueditqu’iljubilait.

«Toi?»Sonsourires’élargit.«Qu’est-cequiterendnerveuse,exactement?»

Ellesesentitrougirlégèrement.«Nous.Toi.Toutceci.»Elleagitalesbrasendirectiondelamaison.

Ilselevarapidement,puiss’avançaetluipritlesmains.L’attirantverslui,illuientouralatailledesesbras.«Jesuissicontent.»Ill’embrassatendrementsur labouche.«Si tun’étaispasnerveuse,çavoudraitdirequeçan’aaucuneimportancepourtoi.»

«Quoi?»Elleessayadesereculer,etdeleregarderdanslesyeux,maisilsecoualatêteetposasonfrontcontrelesien.

«Tun’espaslaseuleàêtrenerveuse.»Doucement, ilapprochaànouveauses lèvresdecellesd’Alex,pour luidonneruntendrebaiserqui lafit tremblerjusqu’auxpieds.«Tumefaisquelquechose,etçaatoujoursétélecas.»Ilsemit à lui mordiller le cou. « Tu me fais perdre mes forces. Tu me donnesl'impression que je suis incapable de me contrôler. » La bouche de Grant sefrayaituncheminbrûlantsursoncorps,etilluicaressaitlesflancsavecpassion.«Ilyatellementdechosesquejevoudraisdireetfaire,maisjen’enaijamaiseulecran.»Ilcommençaàreculeravecellelentement,endirectiondelaportevitrée. « C’est normal d’être nerveuse. » Il s’écarta et lui sourit. Puis d’unmouvementrapide,illapritdanssesbrasetellepoussaunpetitcridesurprise.

Çaaussic’étaitunenouveautépourelle.Jamaisencorel’hommeaveclequelelleallaitfairel’amournel’avaitportéejusquedanssonlit.Sonsourires’élargiten pensant à toutes ces choses merveilleuses qu’elle avait manquées et quemaintenantelleallaitconnaître.Grantétaitbienplusqu’ungentilgarçon.Ilétaitbeaucouppluscomplexequ’ellenel’avaitimaginé.Luimettantlesbrasautourducou,elles’accrochaàluitandisqu’iltraversaitlamaison,endirectiondesachambre. Elle lui inondait le cou de petits baisers, et lui mordillait l’oreillependantqu’ilmarchait.

Àunmomentdonné, il s’arrêtapour l’embrasser, lui faisant tourner la tête.Puis il accéléra le pas, et se mit à respirer plus fort. Il avait les mains quitremblaientlorsqu’illaposadoucementsurlelitetlaregarda.«Tuessibelle!J’aidumalàcroirequetusoisici,avecmoi.»

Lorsqu’il la regardait commecela, elle se sentait envahieparunevaguedechaleur.Ilrestadeboutàcôtédulit,puisposaungenouprèsdesahancheetseplaçaau-dessusd’elle.Illevalentementlamain,luitouchalajoue,lescheveux,lecou.Ellefermalesyeuxàcecontactsidélicat.Jamaisauparavantellen’avait

ététraitéedelasorte,commesielleétaitfragile.Elleauraitaiméqu'ilaccélèreeten finisse, afindemettreun termeà toutescesémotions si complexes.Puis ils’allongeaàsescôtésetrecommençaàl’embrasser,etelleoubliatoutlereste,ycomprisl’impatiencequ’elleressentait.Aulieudecela,sonesprittoutentierfutoccupé par ce que sa bouche et ses mains lui faisaient, et elle pensait à lui,uniquement à lui tandis qu'il la déshabillait d’une façonqu’elle n’avait jamaisencoreexpérimentée.Elleavait l’impressionquechaquepointdesapeauqu'iltouchait s’embrasait.Elle leva legenouquand samain remonta le longde sesjambes, soulevant sa jupe jusqu’àcequ’il touche lehautde sacuisse.Elle luitenait les cheveux, mais lorsqu'il s’écarta, elle le lâcha, et posa les mains dechaquecôtésurlelit.

Les yeux de Grant s’étaient embrumés de désir lorsqu’elle y plongea lessiens.Illuiparlaitd’unevoixrauque,luidisantcombienelleétaitbelle,combienil ladésirait.Lentement, ilsemitàdétacherlespetitsboutonsdudevantdesarobe,dévorantdesyeuxchaquecentimètredepeauquisetrouvaitrévélé.Quandle devant de sa robe fut complètement déboutonné, il écarta les deux pans detissu, pour révéler son épiderme soyeux. Elle ferma les yeux en sentant sonregardbrûlantsursapeaunue.Ellen’auraitpassuexpliquerpourquoi,maislefaitqueGrant laregardeainsi luidonnaitdessensationsqu’ellen’avait jamaiséprouvéesauparavant.

«Jet’enprie!»gémit-elle,enleregardantdroitdanslesyeux.Elleluipritlevisageentresesmains.«J’aibesoindetoi.»

Il sourit, pendant qu’elle essayait de lui retirer sa la chemise, en la faisantpasserpar-dessussatête.Ilserecula,etl’enlevarapidement.«Jeveuxsavourerchaque instant, chaque seconde ! » Les yeux flamboyants, il continua à luienleversarobe.

Elle, des yeux, explorait son torse et ses bras à lui. Il était si bronzé, etmusclé. Jamais elle n’avait imaginé qu’il serait comme ça. Elle fit lentementglisser sesdoigts sur lui, jusqu’àcequ'il s’arrêtedebougeret ferme lesyeux.Luiattrapantlesépaules,ellelerepoussa, ilroulasurledos,puisellesemitàcheval sur lui, les jambes au-dessus de ses hanches. Elle sentait son sexe dursouselle,contresonintimité,etellegémitenréalisantcombienilétait longetdur.Ellesetenaitàboutdebrasau-dessusdelui,lesurplombant.Sarobeétaitrelevée, et révélait ses jambes. Le haut de sa robe, ouvert, laissait voir sapoitrine.Les lèvres d’Alex n’étaient qu’à quelques centimètres des siennes, etelle se sentait un peu plus maître de la situation. Puis elle ferma les yeux etl’embrassa, pendant que Grant faisait remonter sesmains tout en haut de ses

jambes. La peau rêche de ses mains caressait avec douceur la peau satinéed’Alex.Duboutdesdoigts,iljouaitavecladentelledesonslip,avecl’ourletdel’élastique,etpourfinir,illerepoussaettouchasapeaunue.

D’unesaccade,leshanchesd’AlexsemirentàalleretvenirenrythmeaveclesmouvementsdeGrant tandisqu’ilcontinuaità lacaresser.Sonbaisersefitplus brutal pendant qu’elle se balançait au-dessus de lui. Elle sentait ses brastrembler, et c’est alors qu'il inversa rapidement leurs positions respectives,marquantuntempsd’arrêtpourenleverlerestedesesvêtementsàelle,puislessiens.Soncœurseserrabrièvement lorsqu’elle levitdeboutàcôtédu lit,prêtpour elle.Une partie de son esprit lui disait que ça n’allait pasmarcher, qu’ilétaitimpossiblequ’elleetluiçamarche.Maisilyavaitquelquechoseenellequiétait décidé, au-delà du raisonnable, quelque chose en elle qui le voulait, lui,totalement. Il sepenchapourattraperunpréservatifdans la tabledenuit,puisrevintàcôtéd’elle,parcouranttoutsoncorpsdénudéduregard.

Quandil luicaressa lesflancsavecdouceur,ellefermalesyeux, tandisqueGrant cherchait les points les plus sensibles de sa peau. La bouche de Grantvoyagea lentement sur sa poitrine, de pointe en pointe, tandis qu'il léchait sapeau douce. Elle enveloppa sa main autour de son pénis, et sourit quand ilsursauta, et que tout son corps se tendit lorsqu’elle se mit à le masser avecdouceur.Ellesentitqu'ilbougeait,illuiécartalesjambesavecsesgenouxtandisqu’il restait au-dessus d’elle, l’embrassant plus profond encore, pluspassionnémentqu’ellenel’avaitjamaisimaginé.

Quandilseglissalentementenelle,ellesentitquelquechosededifférent,etelle sut qu’elle voulait que ça ne s’arrête jamais, que ce moment ne s’arrêtejamais.Elles’accrochafermementàseshanchesetàsesépaulestandisquesesmouvements s'accéléraient. Elle était éblouie par toutes ces merveilleusessensations, car tout ce qu’il lui procurait dépassait toutes ses attentes. Jamaisencoreellen’avaitconnucela.

Les sensations, lesodeurs, et le goûtmêmede cet hommeemplissaient sessensetluidonnaientunsentimentdeplénitude.Pourlapremièrefoisdesavie,ellesutcequ’ellevoulait.Jamaisencoreellen’avaiteuaussipeur,placéedevantcettemerveilleuse découverte. Puis il effleura son clitoris tout en bougeant enelle,etellesentittoutsoncorpssedésintégrerdanslaplusfantastiqueexplosiondeplaisirqu’elleaitjamaisconnu.

Grant sentitAlexqui frissonnait, dans la détente suivant l’orgasme,mais iln’enavaitpasencorefiniavecelle.Ellen’allaitpass’entirersifacilement,aprèstoutes ces années où elle l’avait taquiné, torturé même. Lui rapprochant lesjambes, il continua de bouger, lui maintenant les hanches fermement, et sabouche voyageait sur la peau d’Alex, lui donnant la chair de poule. Tout soncorps était maintenant détendu après le plaisir, mais il sentait qu’ellerecommençaitàvibrersous lui.Elleavait toutd’abordreposésesmainssur lelit,departetd’autredesoncorps,maisàprésentelleagrippaitseshanchesetsesfesses, l’attirant contre elle, l’enfonçant en elle encore plus profondément.Lorsqu’elle prononça son nom en gémissant, il l’embrassa jusqu’à ce que luiaussipousseungrognementdeplaisir.

Latensionquil’habitaitsetransféraenelle,etillasentitbrûlertouteentièredumêmedésirquelui.Lamoiteurdeleurspeauxleurprocuraitencoreplusdesensationstandisqu'ilsbougeaient,l’unau-dessusdel’autre.Elleluienveloppales hanches de ses jambes, et il se sentit accélérer, bienmalgré lui. Il voulaitralentir, la torturer, la fairecontinuer. Ilvoulaitqueçanes’arrête jamais,maisquandillasentitsetordresousluiànouveau,ilperditlecontrôleetlasuivit.Cefutencorepluspuissantqueceàquoiils’étaitattendu,carlorsqu’ilposalatêteàcôtédel’épauled’Alex,Grantavaitlecœurquibattaitlachamade.

Étendusansbouger, ilécoutait leurscœursquibattaientà l’unisson,et ilsedemandaitcequ’ilfaudraitqu'ilfassepourlaconvaincrederestertoutelanuit.Il sentit la fraîcheur sur leurs corps, et bougea pour tirer une couverture au-dessusd’eux.Ellegeint,etsecramponnaàlui.Ils’esclaffa.«Jenefaisquenousrecouvrir.J’ailaissélafenêtreouverte,etjecroisqu'ilpleut.»Grantregardaparlafenêtreetvitquelesoleils’étaitcouché,etilréalisaqu’ilavaitcomplètementperdulanotiondutempsensacompagnie.Elleseblottitcontrelui,tandisquelui, le visage enfoui dans ses cheveux, se délectait de leur doux parfum. Elleavaitlapeausidouce,pensait-ilencaressantsesépaulesetsesbras.Elleavaitlapoitrine pressée contre son flanc, et il sentait chacune de ses respirations. Seslongues jambes étaient enroulées autour des siennes. Il ferma les yeux,souhaitantquecemomentnefinissejamais.

«Peux-turester?»demanda-t-il,posantunbaisersursescheveux.«Humm.»Elleseblottitencoreplusprèsetsecoualatête.«Jeferaismieux

d’y aller.Nous commençons à regrouper le bétail demain pour les ventes auxenchères.C’estunepériodetrèsactive.»Elletournalatêteetleregarda.«Situ

asletemps,tupourraispeut-êtrepasserpourledéjeuner?»

Ilréfléchit.C’étaitledébutdel’automne,etpourluiaussilapériodeétaittrèschargée, en particulier parce qu’il avait des animaux à soigner, et qu’il fallaitqu’illancel’entreprisedesonpère.«Etsinousdinionsplutôt?»

Elleleregarda.«Parfait,maiscettefois-ci,c’estmoiquicuisine!Biensûr,ilfaudraquetuaffrontesmessœursetChase!»Ellefronçaunpeulessourcils.

Illuicaressaleslèvresduboutdudoigt.«Qu’est-cequinevapas?»Ellesecoualatête.«Rien.Jepensequejesuisjusteentraindecomprendre

qu’ilesttempsquej’aiemamaisonàmoi.Étantdonné…»Ellesecoualatêteetpoursuivit : «C’est drôle. Je nem’étais jamais rendu compte combien il étaitdifficile d’avoir un peu d’intimité à la maison. » Elle le regarda en souriant.«CeladoitrendreChasecomplètementfou!»

Grant éclata de rire. « J’en suis sûr ! » Il l’attira contre lui et l’embrassa ànouveau.Un peu plus tard, à nouveau hors d’haleine tous les deux, il lui dit,«Dis-moijustequ’ilnefautpasquetupartestoutdesuite?»

«Hmmm, non. »Elle secoua la tête et renversa la tête en arrière, pour unautrebaiser.

Lorsquedeuxheuresplus tard,ellemontadanssavoiturepour rentrerchezelle, Grant se tenait sous le porche pour regarder sa voiture s’éloigner. Ilcommençait à pleuvoir, et Grant sentait la brise fraîche qui le fouettait, luirefroidissantl’épiderme,maissanséteindrelefeuquiétaitenlui.SondésirpourAlexétaitsibrûlantqu’ilsedemandaits’ilnes’ouvraitpastropàlasouffrancequinemanqueraitpasdelefrapper,plustard.Aprèstout,aucunedesesautresrelations n’avait duré bien longtemps. Mais tandis qu’il s’appuyait contre larambarde du porche, il songeait à tous les signes qui lui indiquaient que cettefois-ci ce serait différent. C’était Alexis West, la première fille qu’il aitembrassée,lapremièreetlaseulefilledontilsoittombéfollementamoureux.Iln’avaitcessédepenseràelledepuiscefameuxjourdanslasuperette,quandill’avait surprise en traindevoler.Avecun sourire, il rentradans lamaison, enpensantà ladifférencequ'ilyavaitentrecequ’ilsavaientfaità l’époqueetcequ’ilsvenaientdefairependantlestroisdernièresheures.

C’était justeaprèsminuitquand levéhiculepassanon loinde lamaisonde

Grant. En voyant la voiture d’Alex, la personne qui conduisait cramponnaencoreplusfortementlevolant.

Comment est-ce que cette garce avait le culot de faire un truc commeça ?Commentosait-elle l’humilieràcepoint?Elleavait fait l’idioteaurestaurant,ensecomportantcommeunetraînée,etGrantavaitétédelapartie.Ehbien,ilsavaienttousdeuxbesoind’unebonneleçon,ettrèsvite.

Lavoitures’éloignaàtoutevitesse,etlapersonnederrièrelevolant,trèsencolère,vitdéfilerdanssonespritdesimagesdecommentleurfairepayertoutçatous les deux. Peut-être bien qu’il y aurait une excellente occasion de leurmontrertoutlemalqu'ilsavaientfait.

Il fallait rester à l’affût de toutes les idéespossiblespour lespunir tous lesdeux.

Chapitre7

Lejoursuivantfutpourri.Lapluiedelaveilleausoiravaittellementrefroidil’atmosphèrequ’ilyavaituneépaissecouchedebrumequi legênaitdanssontravail pendant qu'il défrichait une portion de son terrain. Il projetait deconstruireunenclospourseschevauxetseschèvres,maisavantcelalesarbreset les buissonsdevaient être enlevés. Il ne s’amusait pas vraiment, à travaillerdansunbrouillardquiétaitsiépaisqu'ilnevoyaitmêmepasleboutdesahache.

Il avait allumé un feu, pour brûler les broussailles et les chardons. Leschardons avaient déjà déchiré son pantalon plusieurs fois, lui égratignant lescuisses. Aux environs de midi, le brouillard avait fini par se dissiper, et lachaleurétaitsifortequ'ilavaitenlevésachemisepourtravailler.Ensuiteils’étaitencore fait copieusement égratigner par les buissons épineux qui bordaient laclôturedesapropriété,maisenfind’après-midi,ilavaitnettoyétoutlesecteuretétaitprêtàcommencerlaconstructiondel’enclos.

Ilrentradanslamaison,pritunedouche,etsepréparapourallerdînerchezAlex.Ilavaitl’esprittellementenflamméparlaperspectived’êtreavecellequelorsqu'ilsedirigeaverssonpickup,ilneremarqualespneuscrevésquelorsqu’ilfutàunmètrededistance.Faisantletourduvéhicule,ildonnauncoupdepieddanschacundespneus, et remarqua les largesentaillesquimarquaient chacund’eux.

«Merdedemerde !»Pendantqu’il rentraitdans lamaisonpourappeler lesheriff,ilsentitvenirlamigraine.PuisilappelaAlexpourluidirequ'ilseraitenretard,maiselleluiréponditqu’elleallaitvenir,elle.Lorsquelesheriffarriva,lavoitured’AlexétaitdéjàderrièrecelledeGrant.

Tousfirentcercleautourdupickuppourregarderlespneuscrevés,etunseulnomfutprononcé.

«Tusais,Grant, jenepeux rien faire, sauf si tuasunevidéodeTravisentraindefairecelalui-même.Etpuis,sonpèreletireraitdelàplusvitequetunepeux l’imaginer. »Le vieil homme secoua la tête. «Si tu veux, je t'amène envillepourquetufassesréparertespneus.»

GrantregardaAlex,quihochalatête.«Jevaisl’aider.Nousavonsunvieuxcamionqu'ilpeututiliserjusqu’àcequ'ilaitdenouveauxpneus.»Elleavaitlesbrascroisés.Elleportaitunchemisieràfleurs,unjeandélavé,desbottes,etelle

avaitl’airmagnifique.Elleavaitl’aird’avoirpassélajournéedansleschamps,mais même dans ses vêtements poussiéreux, elle se débrouillait quand mêmepourêtreplusbellequedans la robequ’elleportait laveille.Peut-êtreétait-ceparcequelesvêtementsluiallaientsibien,commesielleétaitnéepourconduirelebétailàlongueurdejournée.

Toutenregardant lesheriffquis’enallait,quelquesminutesplus tard, il luipassaunbrasautourdesépaules.

«Jesuisdésolédetoutça.»Ellesetourna,l’entourantdesesbras.«JenecomprendspaspourquoiTravisserendsipénibleavectoutça.Aprèstout,c’estlui quim’a trompée. » Elle fronça les sourcils et s’écarta un peu,maisGrantresserrasonempriseetlarapprochadelui.

«Oh,ilfaitl’idiot.Ilatoujoursétécommeça.»Secouantlatête,ilserappelalesnombreusesfoisoùTraviss’étaitlaisséemporterparsonmauvaiscaractère.«Net’inquiètepas,iloublieratoutçatrèsbientôt.»

Ellesoupira,etGrantvitqu’ellesedétendaitunpeu.«Bon,quandmême,jevaist’aideràpayer...»

«Pasquestion!»Ilserecula.«Tun’esenrienresponsabledesabêtise!Etpuis,»ajouta-t-ilensouriant,l’assurancemerembourseralespneus.Maissitupeuxmeprêtercevéhicule...Çam’aiderait,carmonpickupneserapasréparéavantquelquesjours.»

Ellesourit.«Pasdeproblème!Rentronschezmoi.J’aitrèsenviedeprendreunedouche,etjemeursdefaim!»

Pendant le bref trajet de retour, ils évoquèrent ce qu'ils avaient fait de leurjournée.CequeGrantavaitfaitparaissaitidylliquecomparéàlajournéed’Alex.Grantavaittoujourspenséquec’étaitunesacréecorvéederassemblerlebétail,maisquandelleenparlait,Alexdonnaitl’impressionqu’elleadoraitfaireça.

«J’aitoujoursaiméguiderlesvaches,aideràlestrier.»Elleluifitungrandsourire, après avoir garé sa voiture à côté de la rangée de camions près de lagrange.«Tupeuxemprunterla‘VieilleBetty’quiestlà.»Elledésignaunvieuxvéhiculebleuqu’ilavaittoujoursvugarélà.

Ilsemitàrire.«Est-cequela‘VieilleBetty’estenétatderouler?»Elleeutunpetit rire.«Ohoui !Mais il faut laconduireavecbeaucoupde

douceur!»Alexfitunpetitbruitdegorgeetseglissasurlesiège,manquantseretrouversurlesgenouxdeGrant.«Monpetitdoigtmeditqueçanedevraitpaste poser trop de problèmes ! »Elle lui passa lamain dans les cheveux, et lui

donnaunbaiserquil’embrasa.Puisellesautasursesgenoux,lechevauchant,etil aurait souhaité que tous deux soient chez lui, et non garé juste devant chezelle,devantunemaisonpleinedemonde.

«Alex?»Ilessayadesedégager,maisellenelevoulaitabsolumentpas,etgardaitlabouchecolléecontrelasienne.

«Jen’aipasarrêtédepenseràtoi,depenseràça,toutelajournée.»Elleluicouvrit lamâchoire de petits baisers, tandis qu’il fermait les yeux. Il se disaitqu’ilallaitsavourerencoreunpeusoncontact,lorsquetousdeuxentendirentunepetitetouxjustedevantlafenêtredelavoiture.Ilssursautèrent,etvirentHaleyquileursouriait.

«Bien,bien,bien.Tiensdonc!»Haleyétaitdeboutàcôtédelavoiture,lesbrascroisés,etlescontemplaitavecunpetitsourirenarquois.

GrantpoussaungrognementetessayaderepousserAlex,maisàcetinstant-làilserenditcomptequel’effetqu’elleluifaisaitétaitàprésenttotalementvisible,auxyeuxd’AlexcommeàceuxdeHaley.LevisagedeGrantdevintpourpre,etles deux femmes éclatèrent de rire. Alex sortit par la portière de son côté etaccompagna sa sœur vers la maison, lançant à Grant par-dessus son épauled’aller sur la terrasse rejoindre Chase et Lauren, pendant qu’elle prenait unedouche.

IlfallutunpeudetempsàGrantpourretrouversesesprits,avantdesedirigervers le côtéde lamaison.Lorsqu’il parvint sur la terrasse, il trouvaLaurenetChaseentraindes’embrasseravecfougue,etfaillitéclaterderireenlesvoyantsursauterets’écarterbrutalementl’undel’autre.«Jesuisdésolé,»murmura-t-il.

Chasesecontentadepouffer.«Net’inquiètepas,onal’habitude.AvecHaleydans la maison, on manque singulièrement d’intimité. » Chase enveloppa lesépaulesdeLaurendesonbras.

«Alex amentionné que tes pneus avaient été lacérés ? » demandaLaurenpendantqueChaseallaittournerlessteakssurlebarbecue.

«Ouais.»Grants’assitet leur racontacequis’étaitpassé.Toutenparlant,Laurenluiversaunverredethéglacé.Unedemi-heureplustard,Alexsortitparlaportedederrière,ayantenfiléunshort,untee-shirtdosnuetdesbottes,l’unede ses tenues préférées pour l’été, tenue que Grant avait toujours trouvé trèsattirante.

Quand Haley sortit quelques minutes après, les steaks étaient cuits. Grant

avait toujours dîné en famille chez ses parents ; ceux-ci avaient pris cettehabitudechaquesoirlorsqueluietsasœurhabitaientencoreaveceux.Maislesmembresdelafamilled’Alexétaientàl’aiselesunsaveclesautresàunpointqu’iln’avaitjamaisressenti.MêmeChaseétaitmaintenantparfaitementintégré.Ilyavaitdeuxchiensquicouraientdanslejardin,etlorsquetouseurentfinidemanger,Chaseet luiallèrents’amuseràleurlancerunbâton.Lepluspetitdeschiens,Buddy,n’avaitque troispattes,mais ilsedébrouillaitaussibienque lebergeraustralien.

«Tusais,si tuenavaisun,peut-êtrequetun’auraispasdeproblèmescheztoi,»ditChase,enlançantleboutdebois.

«Unquoi?»ditGrant,toutengrattantBuddyderrièrelesoreilles,puisenlevantlesyeux.

«Unchien !»ditChase enéclatantde rire. «LesMcKayontun labradorchocolatâgédedeuxansquiaeudespetitslasemainedernière.Ilscommencentà chercher des familles intéressées pour lemoment où les chiots seront assezgrandspourêtreadoptés.»Chasesourit.

Grantréfléchitàcequ’ilvenaitdedire.«Jenesaispas.Jesuisunpeutropprèsdelaroute.Çapourraitêtreunproblème.»

Avecunsourireencoin,Chaselançaànouveaulebâton.«Oh, tupeuxlesdresser !En fait, confiescette tâcheàHaleypendantunweek-end, et tu serastranquille.» IldésignaHaley,quiétaitallongéesurunbanc, faisantunepetitesieste.«ElleafaitdesmerveillesavecBuddy.»

« J'imagine que je peux passer voir lesMcKay et jeter un coup d'œil auxpetits. » Pendant tout le temps où ils restèrent dehors à jouer avec les chiens,Grantpensasérieusementàcequ’avaitditChase.Bon,ilavaitdesanimauxdetoutessorteschezlui,saufunchien.Pourquoipasunchienalors?

Juste à ce moment-là Alex s’avança vers eux, et toute autre considérations’effaça de son esprit tandis qu'il regardait ses hanches onduler. Lorsqu’elles’arrêtadevantlui,ilavaitperdusavoix,etrestaitbouchebée.

« Eh bien, je crois que je vais aller aider ma femme... » Chase s’excusarapidement.

«Tuveuxallerfaireuntour?»Alexluipritlamain,etl’attiraverslecôtédelamaison.Ilsmarchèrentàtraverschamps,maindanslamain,sansdireunmot,jusqu’à ce qu’ils arrivent sous un vieux chêne, sur l’une des branches bassesduquel on avait accroché une balançoire. Alex s’y assit et Grant se mit à la

pousser,regardantsescheveuxvolerdanslabrise.«Jen’aijamaisvraimentréfléchiàquittercetendroit,»dit-ellesoudain.«Etpourquoipartirais-tu?C’estmagnifique.»Ilsourit,regardantlelointain

tandis que le soleil couchant surplombait la maison toute blanche, la faisantparaîtrepresquerougedanslalumièredusoir.

«Magnifique,n’est-cepas?»Ellesoupira.Ilarrêtadelapousseretseplaçadevant elle, tenant les cordes fermement jusqu’à ce que la balançoire soitimmobile.

«Tupensesàpartir?»demanda-t-il,laregardant.Ellesecoualatête.«J’yaipenséàunecertaineépoque,etpuis...»Elleleva

lesyeuxverslui,etsecouaànouveaulatête.«Non,jereste.»Ellesourit.« J’ai visité plein d’endroits ces dernières années.C’est génial de voyager,

mais seulement lorsque l’on sait que l’on peut revenir ici... » Il se tourna etmontralamaison.Onentendaitvaguementunrires’éleverdepuisl’arrièredelamaison. Les aboiements joyeux des chiens et les meuglements du bétailrendaientlascènepaisibleetfamiliale.Ilsecoualatête.«C’estpourcetteraisonquejesuisrevenu!»Ilsetournaverselle.

Ellesouritetluimitlesbrasautourdesépaules.«Jesuissicontentequetusois revenu.»Puiselle l’embrassa. Il la fit reculerdequelquespas jusqu’àcequ’elle ait le dos contre le tronc de l’arbre, et il l’embrassa encore plusfougueusement,caressantsapeaudouceavecpassion,tantetsibienqu'ilsentitqu'ilnepouvaitplussecontrôler.Maiselleavaitlesbrasautourdelui,etellelemaintenaitfermementcontreelle.Ilauraitdésespérémentvouluêtreailleursquedansunchamp,àlavuedetous.Lorsqu’ellemitlesmainssursonjeanetqu’ellecommençaàlemasseràtraversletissu,Grantdevintfou.

«Jeteveux!Jen’aipasarrêtédepenseràtoidepuishiersoir,»dit-ilcontresa peau. «Mon dieu, si tu ne t’arrêtes pas... »— il lui saisit lesmains pourl’empêcherdepoursuivrecettetorture—«jevaisteprendreicimême,enpleinmilieudecechamp,et jememoqueraiéperdumentdequipourranousvoirounousentendre.»Ilpritdeuxoutroisgrandesinspirationspoursecalmer.

«Celam’est égal.»Elle leva lesyeuxvers lui en souriant, l’attiraderrièrel’arbreets’allongeadansl’herbehaute.«Fais-moil’amourici,Grant.Souscetarbre,àlaclartédesétoiles.»Illarejoignitparterre.Iln’auraitpaspus’arrêter,mêmes’ill’avaitvoulu.Elleenroulasesbrasetsesjambesautourdeluiquandils’approcha.Elleétaitoccupéeàluiretirerrapidementsesvêtements,tandisque

lui, lesmains tremblantes, essayait de lui enlever les siens avec douceur. Elleallaittropvite...Ilnepourraitpascontrôlersondésirbeaucouppluslongtempssiellecontinuaitdelasorte.Puisellelerenversa,chevauchaseshanches,bougeantcontre lui, et couvrit son torse de petits baisers jusqu’à ce qu’elle arrive à laceinturedesonjean.Ellebaissasonpantalon,lefaisantglissersurseshanches.Et lorsqu’elle lepritdans sabouche, il secambrabrutalement, et semordit lalèvreenétouffantungrognement.Illasaisitparlescheveuxpendantqu’elleseservaitdesabouchepourluidonnerduplaisir.

Quand il inversa leurs positions, il baissa les yeux vers elle. Elle avait unsourirecoquin.«Tutrouvesçadrôle?»Ilparlaitd’unevoixrauque.

Ellehochalatête,setortillantsouslui.Enunseulgestevif,illuibaissasonshort, et plongea un doigt en elle, la faisant avoir un hoquet de surprise puisgeindre.Rejetant la tête en arrière, elle semordit la lèvre et cramponna le solsousellepourresterimmobile.Quandilplongealatêtepourgoûterladouceurdesapeau,ellepoussauncouinementetluiattrapalatête,lemaintenantcontresonintimité.Ilfaisaitdoucementalleretvenirsesdoigtsdanssonsexe,toutenutilisantsalanguepourjoueraveclepetitboutontoutdurqu’iltrouva.Lorsqu’illasentitse tordreetputgoûter ladouceurdesonplaisir, ilserelâchaetglissalentementenelle.

Elle l’entoura de ses bras et de ses jambes, le tenant fermement tandis quetousdeuxfaisaientl’amouraveclecoucherdusoleilenarrièreplan,etquelesombresdelanuits’avançaienttoutdoucement.

Lorsque les étoiles apparurent, ils restèrent enchevêtrés, contemplant le cielobscur, àparlerde leurs espoirs et de leurs rêves. Jamaisde toute savie il nes’étaitsentiplusprochedequelqu'un.

Ilsfinirentparserhabilleretretournèrentjusqu’àlagrange.Alexl’embrassaetluisouhaitabonnenuit,enluidonnantlesclésduvieuxpickup.Tandisqu'ilrentraitchezluiauvolantdela‘VieilleBetty’,ilélaboraunplanpourfairevenirAlexchezlui.Dumoinsjusqu’àcequ'ilpuisselaconvaincredel’épouser.

C’étaitsidrôledevoirGrantretournerchezluidanscettevieillecaisse.Puissoudain,celaluisautaauxyeux.C’étaitlevieuxpickupdesWest.

Luicreversespneusluiavaitdonnéunpeudeplaisir,maispasassez.Peut-

êtrequ’ilyavaitquelquechosed’autreàfairepourlesdécouragerdel’humilierdelasorte.Aprèstout,àprésenttousenvillesavaientqu’ilssortaientensemble.Peut-êtreétait-il tempsdepasserauniveausupérieurdu jeu?Peut-êtreétait-iltempsdeconfronterl’undesdeux,etdeluimontrercommentcequ'ilsfaisaientfichaittoutenl’air?

Peut-êtrequelameilleureméthodeseraitd’attaquerGrantauporte-monnaie?Ilyavaittellementd’options...Laquellechoisir?

Le lendemainAlex se réveilla tard. En temps normal, ce n’était pas grave,maiscejour-làilfallaitqu’elleaillefairelepremierserviceaurestaurant‘ChezMama’. Jamella n’était certes pas une patronne tyrannique, mais celui quiarrivaitenretarddevaittoujoursallersortirlespoubellesàlafindesonservice.Alex détestait tirer les poubelles pour les sortir, et donc elle n’était presquejamaisenretard.

Quand elle arriva, elle vit bienque Jamella lui lançait un regardnoir,maisrapidementellerepéralestablesqu’elledevraitservir,etsemitautravail.Ellenesavaitvraimentpascequiluiavaitfaitprendreletravailaudépart,sinonlefaitqu’elleavaitbesoind'unpeuplusd’argentpoursepayersonessence.Peut-être était-ce le fait d’avoir vu Lauren se battre pour pouvoir payer la factured'électricité cette année-là. Quoiqu'il en soit, très vite elle n’avait plus pu sepasserde ceboulot.Oh, cen’était pasun travail de forçat,mais c’était quandmêmedutravail.Elleavaitapprisàsedébrouilleraveclesmauvaiscôtés;maiscequ’elleaimaitpardessustout,c’étaitdevoiretd’échangeraveclesclients.Ilyavaitdeshabitantsaveclesquelselleétaitraviedebavarder,d’autresbeaucoupmoins.IlétaitenvironmidiquandSavannahetsabandedefansentrèrentdanslasalle. Elles furent accueillies par quelques dames âgées qui organisaient desventesdecharitépartoutenville.Lejournallocalétaittoujourspleindesdétailset des photos de tout ce que ces dames mettaient sur pied. Parfois on avaitl’impression que le journal se serait même fait l’écho du moindre de leurséternuements!MaislorsquelavachedeHaleyavaitremportéleprixàlafoirelocalel’annéepassée,iln’yavaitpaseuunmotdanslejournal.Laurenenavaitété si choquée qu’elle avait elle-même inséré un encart publicitaire sur unepleinepage,justepourmontreràlavilletoutletalentdesasœur.

Alexarborasonplusbeausourire,ets’avançapourprendrelescommandes.

Savannahavaitprissoindes’asseoirsur labanquette loinà l’intérieurdubox,aussiloinquepossiblepourévitertoutaccidentaveclanourriturecettefois-ci.QuandAlexallaencuisinepourplacerlescommandes,elleserenditcomptequeSavannahluiavaitenfaitrenduservice.Sielle,Alex,étaitencoreavecTravis,ellenesesentiraitpassi libre,etelleneserait jamaisalléeavecGrant.Et ilyavaitunechosedontelleétaitsûre,c’étaitqu’ellevoulaitresteravecGrantaussilongtempsquepossible.

Jamais elle ne s’était autant amusée que depuis qu’elle était avec lui. Nonseulementl’aspectphysiquedeleurrelationétait-ilmillefoismeilleurquecelan’avaitétélecasavecTravis,maisGrantl’écoutaitvraimentquandelleparlait.Il la traitait commequelqu’unqu’il faut chérir et aimer, commeune personneintelligente.Elleétaitencoreémerveilléederéalisercombienilssavaientl’undel’autreaprèssipeudetemps.Biensûr,c’étaitaussiparcequ’ilavaitfréquentéleranchquandilétaitplusjeune.Maisàl’époqueellel’avaittoujoursignoré,etluil’avaittraitéecommeunesœur.Oudumoins,c’étaitcequ’ellecroyait.

Quandelleapportalacommandedugroupedefilles,ilyeutsoudainementungrandsilence.Alexsavaitqu’ellesdevaientêtreentraindeparlerd’elle,c’étaitévidentàvoirleuraircoupable.Elleaffichaungrandsourireetleuramenaleurnourriture,ensouhaitantquelesfillessedépêchentdemangeretpartent.Maisaulieudecela,cefurentlesfemmesâgéesquipartirent,laissantSavannahetlestroisjeunesfilles.

QuandAlexs’approchadelatableavecl’addition,Savannahsemitàricaner.«Non, je ne crois pas,Alexis.Celam’a coûté quatre cents dollars pour fairenettoyerma robe, ladernière foisque je suisvenue.»Elle regarda sesonglessoigneusementmanucurésensouriant.«Tun’aurasqu’àleretirersurtapaie!»

Alexposal’addition,puiscroisalesbras.«Savannah,jepensequetusaislire?»

Savannahouvritdesyeuxcommedessoucoupes.«Biensûrquejesaislire!Cettequestion!Qu’est-cequeturacontes?»

Alexdésignalepanneauau-dessusdelaporte.«Tuconnaislarègleici!‘Oubien tu paies, ou tu nettoies. D’une manière ou d’une autre, l’addition seraréglée.’»Alexs’éloignaensouriant.

Ellevenaitjusted’entrerdanslescuisines,quandelleentenditungrandbruitdans la salle. Regardant par la fenêtre, elle vit Jamella attraper le bras deSavannahetl’empêcherdesortir.

« Bon ma fille, je sais que t’es plus futée que ça ! J’ai entendu Alex te

prévenir.Oubien tupaies cette addition, oubien j’appelle tesparents.Encoremieux:j’appellelapolice!»LesamiesdeSavannahs’étaienttoutesesquivéesquandJamellal’avaitattrapée.

«Jamella,voussaveztrèsbienqu’Alexism’acomplètementabîmémarobeneuve,ladernièrefois.C’estvotreemployée,etàcetitre,elledoitremboursermesfraisdenettoyage,etdoncpayercetteaddition.»

«Ben ça, c’est entre elle et toi.ChezMama, si tumanges, tu paies ! Et àprésent, tu vas payer ton addition ou je... » Jamella saisit le combiné dutéléphone.

«Trèsbien,mais jene suispasprèsde remettre lespieds ici !»Savannahregardapartoutautourd’elle,etvitAlexquiluisouriait.

PuisJamellaretournaencuisine,arborantunlargesourire,etmarmonna,«Tuverrassijelaissecesacd’osentrerànouveauici!Ah,çamevatrèsbienqu’ellenereviennepas!»

Pendant tout le reste de son service,Alex se sentit le cœur léger et l’espritlibre.Enfindesoirée,elleavait l’impressiond’avoirgagnésoncombatcontreSavannah.Ellesavaitquelesgensbavarderaientsurcequis’étaitpassé.Aprèstout, il n’y avait pas beaucoupde sujets de conversation !Étant donnéque sarupture avec Travis avait figuré en tête des cancans de l’année, tout ce qui ytouchaitétaitsûrdecirculerrapidement.

Ilétaitseptheuresetdemiquandellesortitpourallerviderlapoubelle.EllemarquaunepauseenvoyantTravisentraindefumer,appuyécontresonpickup,surleparking.Laissantlaportearrièredurestaurantouverte,elleseredressaetpassanonloindeluipourallerviderlapoubelledanslabenneàordures.Quandelleessayadepasserdansl’autresens,ilattrapasonbrasetlafits’arrêter.

«Qu’est-ceque tu fabriquesà faire toutesceshistoires?» Ilparlaitàvoixbasse, et avait une élocution difficile. Il jeta son mégot de cigarette. Il étaitprobablement saoul.Ellepercevait, par-delà l’odeurdu tabac, cellede l’alcoolqu’ilavaitdûabsorber.

«Lâchemonbras,Travis!»Elleessayadeselibérer,maisillafitvirevolteretlaplaquacontresonvéhicule.

« Je te laisserai partir quand je le voudrai. Et maintenant réponds à maquestion.»Illuisecouaitlebras,etsepenchaitverselle,l’incommodantdesonhaleinechargée.Descigarettesetlabièrebonmarché.Commentavait-ellepulelaisserl’embrasser,aveccetteodeur?Elleenavaitlanausée.

«Jenesaispasdequoituveuxparler...»dit-elled’unevoixforte,espérantqueWillardl’entendrait.Quandellevitqu’ilnesepoussaitpas,ellelebousculaetdit,«TravisNolan,laisse-moipasser!»

«Pourquoi est-ceque tuas faitvenir le sheriff ? J’ai rien fait !Etpuis,detoutefaçon,cefauxculdeGrantméritebiencequiluiarrive!»

Illuitenaitlebrasavecforce,etellesentaitlapoignéedelaportièreluifairemalàlahanche.«LaisseGranttranquille.C’esttoiquim’atrompée!»Ellelepoussa à nouveau, mais il se rapprocha encore plus et la plaqua contre sonpickup de toutes ses forces. Elle avait les mains coincées entre eux, et ellecommençaàpaniquer.Puisellesesouvintdecequesonpèreluiavaitappris,etelle utilisa toute son énergie pour lui marcher sur le pied et lui envoyer songenoudansl’entrejambe.

Quandilsepliaendeux,elleseprécipitaverslaportedederrière,luilançant:«NemêlepasGrantàtoutça!»Elles’arrêtasurlepasdelaporteetlançauncoup d'œil. Elle était contente de voir qu’il était toujours plié en deux, en setenantl’entrejambe.«Laissetomber,Travis.»Puisellefermalaporteetappuyalatêtecontrelemétalfroid.

«Tut’esbiendébrouillée!»AlexsursautaenentendantlavoixdeJamella,justederrièreelle.Elleseretourna,etvitJamellaquitenaituneénormepoêleàfrire.«Sicetyperevientici,ilferaconnaissanceaveccettebeauté!»dit-elleencaressantlapoêle,tandisqu’Alexéclataitderire.

Chapitre8

Ilavaitfallutrois joursàGrantpourconstruirelaclôtureautourdel’enclosdu bétail. Les planches épaisses qu’il avait utilisées étaient assez solides pourarrêtermêmeun taureauen traindecharger. Ilsereculaetsouritensentant labrise fraîche qui provenait des champs. Il allait pleuvoir, et il était contentd’avoir fini le travail avant.Apparemment, tout allaitmaintenant bien aller. Ilavaitmêmerécupérésonvéhiculecematin-là.

Setournant,ilvitlavoituredesesparentsstopperdevantsamaison.Sonpèreensortitetagita lamainenvoyantGrantquis’avançaitvers lui,pourvenir lesaluer.

«Beautravail,monfils!»Sonpèredésignal’enclosdubétail.«Tuasfaitunbonboulot.»Illuidonnauneclaqueamicaledansledos.

«Merci.Qu’est-ce qui t’amène par ici ? » Ses parents venaient souvent levoir. Sa mère lui amenait toujours des petits plats ou des tartes qu’elle avaitpréparés, et son père venait l’aider chaque fois qu’il le pouvait.Mais quelquechosecettefois-cifaisaitdireàGrantquesonpèreétaitlàpouruneautreraison.Lesourires’effaçaduvisagedesonpère.

«Ehbien...»Tousdeuxlevèrentlesyeuxaucielquandlespremièresgouttesdepluie semirent à tomber. «Allons nous abriter sous le porchepour ne pasnousfairetremper!»

Tousdeuxmontèrentlesmarchesensemble.«Tuveuxunebière?»Sonpèresecouala têteens’asseyantsur l’undesfauteuilsquiétaientsous leporche,etGrantsutquec’étaitsérieux.

« Je suis désolé de devoir te dire ça, mais il semblerait que quelqu'un aitdéposéuneplaintecontre toidevant lebarreauduTexas. Ilsprétendentque tun’as pas effectué tes heures de formation continue obligatoire, et exigent quel'Étatrévoquetalicence.”Sonpèrelevalamain.«Bon,maintenant,avantquetunet’enflammes,jeprécisequej’aidéjàfaitunrecours.»

Grantseleva,prêtàlabagarre.«Fluteetencoreflute,papa,nousavonsentréçadans les fichiers lemoisdernier.Normalementnousavonsencoreplusieurssemainesdevantnous!»Ilseditquecelaallaitretarderleursprojets,etsentitlacolèremonterenlui.

«Jesais, jesais.»Sonpèreseleva,et luimitlamainsurl’épaule.«C’estunemanœuvred’intimidation.J’ail’impressionquequelqu’unhautplacédanslesecteurveuttefairequitterlaville.Oudumoinstefaireperdretontravail.»Sonpèreluifitunclind'œil.«Net’enfaispas,mêmelemairen’apaslepouvoirdeteretirer ta licence.Mais ila lepouvoirdeplacerquelquesobstaclessurnotreroute !»Sonpèreeutunsourire,et lui tapaànouveausur l’épaule.«Elleenvautlapeine?»

«Oui.»Ilsourit,amusé,quandsonpèreéclataderireethochalatête.«Bon,»ditsonpère,enluisouriantluiaussi.Aprèsledépartdesonpère,Grantpritunedoucheets’habilla,puisdécidade

passeràSaddlebackRanchpourvoircequ’Alexfabriquait.Quand il arriva, il la vit, elle-même en train de se garer devant la grange.

Avecunsourire,ilmitla‘VieilleBetty’àsaplacehabituelle.«Salut!»Ellesouritetallajusqu'auvéhicule.«Salut, jene faisque ramener tavieille copine !» Il ferma laporte, attira

Alexdanssesbrasetl’embrassadoucement.«Merci,»dit-ilensereculantunpeu.

Elle haussa les sourcils. « Pour le baiser ? » Elle sourit et luimit les brasautourdesépaules.

Ilsemitàrire.«Demel’avoirprêtée.J’airécupérémonpickupcematin.»Ellesourit.«Quandtuveux!As-tudîné?»«Oui,maisjenerefuseraispasunpeuplusdedessert!»Ilsepencha,etétait

sur le point de l’embrasser à nouveau, quand tous deux entendirent une petitetoux.Haleysetenait justedevantlaportedelagrange,ungrandsouriresurlevisage.Grant s’écartamaisgardaunbras autourdes épaulesd’Alex, la tenantserréecontrelui.

«J’aiapprisque tuavaisdonnéàTraviscequ’ilméritaitaujourd’hui,»ditHaley,passantàcôtéd’eux.«Ilétaittemps!»

Grant ragardaHaley se diriger vers lamaison. Il se tourna versAlex et laregarda.«Qu’a-t-ellevouludireparlà?»

Alexsuivit sa sœurdesyeuxenayant l’aircourroucé.«CelaveutdirequeHaleyaunegrandegueule,etqueJamellanepeutriencacheràmessœurs.»

Grant lafit légèrement tourner. Ilvit lamarquebleusombreenhautdeson

brasgauche.«Est-cequec’estTravisqui t’a faitça?» Il l’écartade luiet laregardadanslesyeux.

Ellehaussalesépauleseteutunpetitsourire.«Jesuissûrequeçan’estrien,comparéàl’étatdesescoucougnettesàprésent!»Grantsentitlacolèremonterenlui.Quandilregardaitlebrasd’Alex,ilvoyaitclairementl’endroitoùlamaindeTravisl’avaitencerclé.Ilsavaitqu’Alexétaitfragile,etl’éducationqu’ilavaitreçueluiinterdisaitdeleverlamainsurunefemme.Bonsang,iln’avaitmêmejamaisparticipéàunevraiebagarre.Maisencetinstantprécis,défilaientdanssatêtedesimagesdetoutcequ'ilaimeraitbienfairesubiràTravis.

« Écoute... » Elle s’approcha davantage de lui, et il oublia l’image qu’ilcontemplaitmentalement, de lui debout devant le corps inerte de Travis. Puiselle l’attrapa doucement par la chemise, essayant de le faire venir encore plusprès. « Jeme suis débrouillée. Ce n’est pas la première fois qu’il est un peubrutalavecmoi.Cettefois-ci,jen’avaisaucuneraisondenepasmedéfendre.»Ellesourit.

Il avait lecoeurquicognaitdans lapoitrine,et il avait enviedecogner surTravis. Mais elle le regarda avec ses yeux couleur chocolat, et il ne puts’empêcherd’êtrefierdelafaçondontelleavaitfaitfaceàTravis,touteseule.«S’ilvientànouveau,appelle-moi.»dit-ilenappuyantlatêtecontrelasienne.

«Biensûr.»Elleluisourit,puisluimitlesbrasautourducouetmurmura,«Quedirais-tudeveniravecmoiàl’étageetdem’aideràmefrotterledos?»

Ileutunevisiond’Alexmouillée,nue,lapeauluisante.Ilneputs’empêcherdesourire.Puisilentendituneporteclaquerquelquepartdanslamaison,et lavisions’évanouit.

« Ça me plairait bien, mais il y a un peu trop de monde chez toi en cemoment.»Ilsentendirentleschiensaboyer,etHaleyetLaurenrire.

«Jesupposequetuasraison.»Ellesoupira.«Jepourraisprendremonsacetteraccompagner?»Ellesepenchaverslui.

«J’aimeraisbeaucoupça.»Illuiposaunpetitbaisersurleslèvres.Ellesetourna,entradanslamaisonàtouteallure,enluilançant,«Jen’enai

quepourquelquesminutes!»Deboutdevantlagrange,illaregardas’éloigner,ensesentanttrèsémoustillé.

Puisilentenditquelqu’untousserderrièrelui.Seretournant,ilvitChaseappuyécontrelabarrière,àquelquesmètresdelà.

«C’estdrôlementdifficiled’avoirunpeud’intimitédanslecoin!»ditChaseensouriant.

Grants’avançapourluiserrerlamain.Chasedésignala‘VieilleBetty’.«Tuasréussiàtoutfaireréparer?»«Ouais.»Grantposalepiedsurlepremierbarreaudelaclôtureducorral,et

observaunvieuxchevalgrisquis’ytrouvait.«OndiraitqueTravisachoisides’enprendreàAlexaujourd’hui,aulieuderôderautourdemapropriété.»

«Quoi?»Chaseseredressadetoutesataille,commepoursebagarrer.«Net’inquiètepas,ellevabien.»Grantregardaendirectiondelamaison.

«Elleluiadonnéunboncoupdegenoulàoùçafaitmal!»IléclataderireetsetournapourregarderChase.«Maissij’étaistoi,jecontinueraisàouvrirl'œilparici.Travisadorerôder.»

«Cefilsde...»ditChase,encommençantàfairelescentpas.« Exactement. » Grant, avec un sourire, s’appuya nonchalamment sur la

barrière,sachantbienqueChaseferaitensortequetoutsoitsûretbienprotégédanslesenvironsduranch.

Pendantqu’Alexroulaitsur lecheminen lereconduisantchez lui,Grantnepensaitqu’àunechose.Elle.

Lorsqu’ilsentrèrentdanslamaison,ilnelalaissamêmepasdireunmot.Aulieudeça,ill’attiracontreluietl’entraînaenmarchearrièrejusqu’àsachambretout en lui inondant le cou de petits baisers et en la mordillant tendrement.Lorsqu'ilsarrivèrentdanslachambre, tousdeuxétaientnus,et leursvêtementsjonchaientlesoldepuislaported’entrée.Ilnes’arrêtapasdanslachambre.Àlaplace, il continua à la faire reculer jusqu’à ce qu'ils touchent le fond de ladouche.Iltenditlamainpourfairecoulerl’eau,neserendantpascomptetoutdesuitequec’étaitl’eaufroide,jusqu’àcequ’illasentefrissonnerentresesbras.

«Oh,désolé. » Il pouffa, puisouvrit l’eau chaude. Il versaunenoisettedeshampoing dans samain et semit à luimasser le cuir chevelu, puis le corps,jusqu’à ce qu’elle gémisse en s’appuyant sur les parois de la douche. Il la fittournerpourqu’elle lui tourne ledos,etdesesmainspleinesdemousse il luisavonnalescheveux.«J’aimetescheveuxlorsqu’ilsontcettelongueur.Biensûrc’étaitaussijoliquandilsétaientpluscourts,maiscommecelaçatevamieux.»Sescheveuxétaientsidoux,étalésjusqu’aumilieudesondos.Enpoussantungémissement,elleplaçalesmainscontrelaparoideladouche,poursesoutenir.Ilcontinuaàpromenersesmainspartoutsurelle,sursescôtesetsataillefine,

jusqu’àcequ’ilatteignesesfessesparfaites.Ilsepenchaplusprès,amenantsontorseaucontactdesondospuislasaisitparleshanches,l’approchantdelui.

«S’ilteplaît,»souffla-t-elleenposantlatêtecontrel’épauledeGrant.Ilsourit.«Jamaisjen’auraispenséunjourvoirAlexisWestmesupplierdans

madouche,»luimurmura-t-ildansl’oreille.Illasentitfrémirpendantqu’ellesetournait à demi et essayait d’amener ses hanches plus près. Il se recula uninstant, juste pour enfiler le préservatif qu'il avait eu l’idée d’attraper avantd’entrerdansladouche.Puisill’attiraànouveauverslui.

«Là,mets ton pied sur le siège. » Il l’aida à lever le pied droit, et elle sepencha en avant pendant que lui la dévorait des yeux. Elle était parfaite. Elleavaitunpetitgraindebeautésurlafessedroite,etillecaressaduboutdudoigtensouriant.Alorsellesecambraetiloubliatoutleresteàpartlebesoinbrûlantd’êtreenelle.

Ça aussi c’était une nouveauté pour Alex. Elle n’avait jamais fait l’amoursousladoucheavant,oudebout,nonplus.Avecunpetitsourireintérieur,ellesecambra encore plus. Elle brûlait d'impatience.Elle sentit ses jambes flageoler,dansl’attenteducontactdesesmains.

Puisilluisaisitleshanchespourlamaintenir,etentralentementenelle.Ellegeint longuement. Il l’emplissait totalement, tandis qu’elle essayait de secramponnerauxparoisglissantesdeladouche.Ill’attiraànouveauverslui,toutens’enfonçantplusprofondémentenelle.Ellefermalesyeux,laissantl’eauluicoulerdessus,savourantlesmouvementsdeGrantquifaisaientmonterleplaisirenelle.

«Mon dieu, » dit-il, puis il la fit tourner un petit peu afin qu’elle puisses’accrocheràl’étagèresurlaquelleétaientposéeslesbouteillesdeshampoingetdegeldouche.Elles’ycramponnait,tenantbonpendantqueluiallaitplusvite.Lesmains humides deGrant se promenaient partout sur elle, et ses tétons sedressaient dans la paumede sesmains.Puis il se pencha et luimurmuradansl’oreillecombienelleétaitmerveilleuse,etellesesentitmonterversl’orgasme,encriantsonnom.

Elleavaitl’impressiondesenoyer.Elleavaitlatêtesouslejetdeladouche,l’eaucoulaitàl’arrièredesatête,sursonnezetdanssesyeux.

Grantlarelevaetlasortitdedessouslejet,puislafittourneretfermal’eau.Ilattrapauneserviette,etsemitàlasécheravecdouceur.Ellesourit.«Jepourraisprendrel’habituded’êtretraitéecommecela.»

«Bien!»Illuisouritetcontinuaàlafrotterdoucementaveclaserviette.Puislorsqu’il fut satisfait du résultat, il se sécha rapidement lui-même. Elle lesurveillaitavecattention.Ilétaitbronzé,musclé,etquandelleluitouchaletorse,elleserenditcomptequetoutenluiétaitdur.Ensouriant,elles’approchadeluietl’entouradesesbras,tandisqueluijetaitlaserviettesurlemeuble.

Elleéclataderirequandil lapritdanssesbraset laportadanslachambre.« Je pourrais vraiment m’y faire... » Elle l’embrassa dans le cou, juste sousl’oreille,etl’entenditpousserunpetitgrognement.

Puis il laposa sur le lit, et fut ànouveau sur elle.«Oùenétions-nous?»demanda-t-ilens’installantentresesjambes.«Oh,jecroisquejemerappelleàprésent ! » Il glissa à nouveau en elle avec lenteur, et les hanches d’Alex secambrèrent pour aller au devant de ses coups de boutoir. Puis il se pencha etl’embrassa, et elle se sentit perdre pied et ne plus avoir aucun contrôle. Il luicaressaitlesflancs,lesjambes,lesluifaisantremonterlelongdesoncorpsafinqu’elleaitl’impressionqu’illapénètretotalement.

Elleluiplantait lesonglesdanslesfesseset leshanchestoutenessayantdesuivre chacun de ses mouvements. Haletante, elle avait des frissons qui sepropageaientdanstoutsoncorps.Malgrétout,elleluientouraleshanchesdesesjambesets’accrochajusqu’àcequ’ellesesentepartir,luiau-dessusd’elle.

Alors il s’effondra,mais prit soin de tomber sur le côté de façon à ne pasl’écraser,encoreuneautreattentionqu’elleappréciaitbeaucoupchezlui.Ilétaitsi prévenant et attentionné. Regardant rêveusement le plafond avec un demi-sourire,ellesemitàfairelalistedetouteslesraisonspourlesquellesGrantétaitdeloinbienmieuxqueTravis.Elleenavaitdéjàtrouvévingt-quatre,quandilluiposalamainsurlahanche,etelleperditlefil.

Ill’attiracontreluietfourrasonvisagedanslescheveuxd’Alex.«Àprésent,tuaslamêmeodeurquemoi!»Iléclataderire.

«Quoi?»Clignantdesyeux,elleessayadecomprendrecequ'ilvoulaitdireparlà.

«Leshampoing!»Ilseredressaetlaregarda.«Jepréfèreleparfumdutien.C’est plus doux, plus sexy. » Il se pencha et la renifla. « Ouais, tu sensexactement commemoi ! » Il fronça les sourcils. « Peut-être que tu pourraisamenerunepartiedetesaffairesici,commeçasionrecommence,c’estmoiqui

auraitlamêmeodeurquetoi!»Illuisourit.

Elle éclata de rire. « Tu es si drôle ! » S’asseyant en face de lui, elle leregarda.«Situvascherchermonsacdansl’entrée,tupourrassentirexactementmonparfum.»

Ilsautasursespiedsetallacherchersonsac.Ellealladanslasalledebains,ferma laporteetsedouchaànouveaurapidement,cette fois-cienutilisantsespropresproduits.Elles’aspergeamêmedeparfumàl’aidedesonvaporisateur.Puiselleenfilasesdessouslesplussensuels,mitunechemiseensoieetunejupeen jean, et lorsqu’elle sortit de la salle de bain, elle le découvrit en train demangerunboldecéréalesdanssonlit.Onauraitvraimentditungossecoincéchezlui,occupéàregarderdesdessinsanimés.Elleeutunpetitriremoqueur.

« Quoi ? » Il la regarda et sourit. « Tu sais, j’avais projeté de t’emmenerquelquepart...»Ilfronçalessourcils.«D’accord,peut-êtrequ’onorganiseraçaquand on pourra aller à Tyler, car il n’y a que le restaurant ‘ChezMama’ enville.»

«J’aimeraisbeaucoupça.»Ellevints’assoiràcôtédelui.Ilportaitunjean,n’avaitnichaussettesnichemise,etilavaitl’airsexyendiable.Ellesepencha,etregardadanslebol.«Cesontdescéréalesauxfruits?»

Ilsourit.«Ouais, tuseraissurprisedesavoiràquelpointellessontbonnespourlasanté!»

Elleéclataderire.«Vraiment?»«Tuenveux?»Illuitenditlebol.«Jecroisqu'ilyaunbonfilmcesoir.»Il

tapotal’endroitjusteàcôtédelui.Elles’assitàsescôtésetgoûtasescéréales.«Descéréales,unvieuxfilm,çameparaîtchouette!»Elleenprituneautre

cuillerée.«Tu sais, ça fait longtempsque jen’aipas regardé la télé au lit, enmangeant des céréales... » Elle sourit en voyant le début du générique duMagiciend’Oz.

«J’adorecefilm!»Grantpritunebouchéedecéréales.Ilavaitlesyeuxrivéssur leposte, etAlex sentit qu’elle allait craquerpourunhommequimangeaitdescéréalesaulit,toutenregardantl’undesesfilmspréférés.

Plustardcesoir-là,lorsqu’ellefutprêteàrentrerchezelle,ill’attiracontreluietl’embrassasipassionnémentqu’elleeutdesfrissonspartout.

«Quedirais-tud’alleravecmoiau‘RustyRail’jeudiprochain?»demandaGrant,pendantqu'ilsétaientdebouttouslesdeuxsousleporchedevantchezlui.

Le jeudi soir, c’était la soirée karaoké au ‘RustyRail’, le seul bar-dancing detoutelaville.Alexaimaittoujoursallerau‘RustyRail’,maisn’yétaitpasalléedepuissaruptureavecTravis.

«Quellebonneidée!»Ellesavaitqu’ilétaittempsqu’ellemontreàtoutlemonde qu’elle était passée à autre chose.Même la perspective de voir TravisavecSavannahnelasecouaitpasautantqueçal’auraitfaitsiellen’avaitpasétélacavalièredeGrant.

Toutenrentrantchezelle,ellepensaautempsqu’elleavaitpasséavecGrantet,pourunefois,l’avenirluiparutserein.Peut-êtrequ’ellenesavaitpasencorecequ’ellevoulaitêtreoufairedans lavie,maiscequ’ellesavait,c’estqu’elleallaitapprécierchaquemomentpasséencompagniedeGrant.

Quand elle arriva devant la porte d’entrée, minuit venait de sonner. Il n’yavait plus de lumière allumée dans lamaison, à l’exception de la chambre deHaley.Elle frappadoucementà laportedecelle-ci,etentraquandsasœur luirépondit.

«Hé!»Alexentra,ets’assitauboutdulitdesasœur.Haleyétaitinstalléesur sa couette, un livre à la main, ses longs cheveux bruns noués en arrière.LaurenetHaleyavaienttouteslesdeuxeulachanced’hériterdesyeuxvertsdeleurpère.Cen’étaitpasqueceladéplaisaitàAlexd’avoirlesyeuxbrunsdeleurmère.Elleaurait justeaimése rappelerdavantagedesamère,afindevoir sesyeuxquandelleseregardaitdanslemiroir.

«Turentresmaintenant?»Haleyposasonlivreetluifitunsourire.«Nousavonspariépour savoir si tupasserais la nuit.Ondirait que j’ai gagné ! »Sasœurcroisalesbras,unsouriresatisfaitsurleslèvres.

Alexinclinalatête.«T’essérieuse?Pourquoiest-cequej’yseraisrestée?Jen’aijamaispassélanuitavecTravis.»

«Ouais,d’accord,mais...»Haleyserapprochadesasœur,etluimitlamainsurlegenou.«Grant,cen’estpasTravis!»

Bien sûr, sa sœur avait raison. La seule raison pour laquelle elle n’avaitjamaispassélanuitavecTravis,c’étaitparcequ’enfaitellepréféraitrentrerchezelleplutôtquede resterdans sesbras.Alorsqu’avecGrant, ellevoulait resterchezlui,blottieàcôtédelui,ets’éveillerdanssesbras.

«Allo, laLune ! Ici laTerre ! »Haley lui secoua le genou, et elle atterritbrutalementenserendantcomptequ’elleétaitentrainderêvasserenpensantàGrant.

«Désolée,jesupposequejesuisplusfatiguéequejenelecroyais.»Alexsefrottalesyeuxetétouffaunbâillement.

«Biensûr!»Haleyluifitunclind'œil,avecunpetitsourireamusé.Alexselevaetallajusqu’àlaporte.«Bonnenuit.»«Alex...»Haleyattenditqu’elleseretourne.«Laprochainefois,reste.Tune

leregretteraspas.»Cettenuit-là,Alexeutbeaucoupdemalàs’endormir.Soncorpsétaitépuisé

parlalonguejournéedetravail,etpartouteslesheurespasséesàfairel’amouravecGrant,maissonespritrefusaitdesemettreenrepos.

Ellecontinuaitàse fairedes listes.Des listesdesdifférencesentreGrantetTravis.PourquoiGrantétaitmeilleurqueTravis.Ellesedemandaitpourquoiellen’arrivaitpasàsedécideràpasseràl’étapesuivanteavecGrant.Cen’étaitpascommesielleallaitemménagerchez lui.Celafaisaitplusieursfoismaintenantqu’ils sortaient ensemble, et ils s’appréciaient mutuellement. Elle savait queGrantnelatromperaitpas,lui.Enaucuncas‘MonsieurParfait’neferaitquelquechosede lasorte,mêmes’ilavaitbeaucoupchangédepuis le tempsoùelle luiavaitdonnécesobriquet.Aufond,ilétaittoujourslemêmeGrant,etellesavaitqu'ilétaitincapabledefaireça.

Ilétaitplusgentiletplusprévenantquetouslestypesaveclesquelselleétaitsortie. Il la raccompagnait à sa voiture, lui ouvrait les portes, se penchait etl’embrassait toujours, en lui disant de faire attention à elle sur le chemin duretour.Avecunsourire,elle se retournadans le lit, enessayantde trouveruneposition confortable. Elle aurait aimé qu'il ait un téléphone portable, pour luienvoyer un sms,mais elle savait qu’il repoussait lemoment d’en acheter un.Peut-êtreirait-elletoutsimplementfaireuntouretluienacheterun?Ceseraituncadeaud’anniversaireunpeuenavance,c’esttout.

Elleseredressasursonséantetpoussaunpetitcri.Ellenesavaitmêmepasquandétaitsonanniversaire !Elleseprécipitavers les rayonnagesde livresetcherchadanssesalbumsdepromotion.Lessortanttouslesunsaprèslesautres,elle trouva plein de photos de lui, mais aucune où l’on voit sa dated’anniversaire. Frustrée, elle alla jusqu’à son ordinateur portable et l’ouvritrapidement. Elle savait qu'il n’était pas vraiment branché ‘nouvellestechnologies’,maispeut-êtrequec’étaitlà,quelquepart,surinternet?

Elle ouvrit Facebook et eut un choc en le voyant aux côtés d’une fille à lapeau sombre, souriant devant l’objectif, sur ce qui semblait être sa pageFacebookpersonnelle.Ellesedétenditquandelleserappelacequ'ilavaitdità

propos de son ex-petite amie,Terry.Ainsi, c’était le genre de fille avec qui ilétait sorti ? Alex contempla cette beauté aux cheveux sombres. Ses longscheveuxbouclésluitombaientsurlesépaules,etsapeauluisaitausoleil.Alexregarda plusieurs autres photos. Il n’y en avait qu'une douzaine,mais elle lesregarda toutes avec attention, observant chaque détail de sa transformation,depuis le gros lard de Grant portant des lunettes, en Grant le beau gosse, aucorpsmuscléettonique.IlyavaitunephotodeGrantàcôtéd’unautrehomme,unculturistequi ressemblaitbeaucoupàTerry.Ellecompritqueçadevait êtreSam.Elle se sentit unpeu triste en regardant lesphotosoù ils étaient tous lestrois.EllevoyaitbienqueGrantavaitdûvraimentadmirercethomme,et elleauraitaiméavoirl’occasiondelerencontrer.Puiselleregardalasœurdecelui-ci,Terry,etsedemandacequ’elleavaitdûendurer,enperdantsonseulfrère.

Auhasard,elleutilisaGooglepourchercherlenomdeGrant.Resserrantsarecherche, elle tapa ‘Fairplay’ et fut surprise de voir un site professionnelapparaître : ‘Le Cabinet de Consultation Juridique Holton’. Elle cliqua, etdécouvrit une photo de Grant avec son père. Le site avait l’air nouveau carcertainsdesliensnefonctionnaientencorepas,maisd’aprèscequ’ellevoyait,lepèreet le filsgéraientunbusinessen ligneayantpourobjetd’aider lesgensàremplirdespapiersjuridiquessimples,commeparexempledestestaments.Ellepassa presque une heure à parcourir tout le site. Lorsqu’elle referma sonordinateur,elleavaitapprisplusieurschosesausujetdeGrant,ycomprisladatedesonanniversaire,dansmoinsd'unmois.Parfait.EllepouvaitalleràTylerenvoiture, lui acheter un téléphone portable neuf et avoir ainsi unemerveilleuseexcuse !Après tout, pour gérer un business en ligne comme celui-là, il fallaitqu'ilsoitconnecté!

Refermantsonordinateur,etelleretournaaulitd’unbond,levisagesouriant.ElleallaitoffriruntéléphoneportableàGrant,et laprochainefoisqu’elleiraitchezlui,ellepasseraittoutelanuitaveclui.

Chapitre9

Vers la fin de la semaine, le bruit de la petite scène qui s’était dérouléederrière‘ChezMama’s’étaitrépanduenville.Quandlesgensentraientdanslerestaurant, ou bien ils lui souriaient, ou bien ils la regardaient en riant. Celafaisait quelque temps déjà qu’elle s’était rendu compte que les gens de cettepetitevilleadoraientlescommérages,maisjamaisauparavantcelanel’avaitfaitsourciller.Cette fois-ci,elleauraitaiméque lesgens la laissent tranquille, toutsimplement.

Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas vu Travis ou Savannah, et ellen’avaitpasvraimententenduderagotsàleursujet.C’étaitpresquecommes'ilsn’étaientpasvraimentensemble.Lesgensenvillesavaientpourquoielleavaitrompu, et ils savaient aussi qu’elle fréquentait Grant à présent. Mais dansl’ensemble, c’était ce qu’elle leur avait fait à tous les deux dont les gensparlaient.

Alexavaitespéréqu’avecledébutdelafoirerégionaleàlafindumois,ilsauraientd’autressujetsdeconversation,etquelesracontarsseseraientéteints.Maisenplusieursoccasionscejour-làaurestaurant,elleavaitentendusonnometenseretournantavaitvuquelqu’unrireous’esclafferenentendantcequ'onluiracontait.

Lorsqu’enfinellepritlelongcheminquimenaitauranch,elleétaitépuisée,etpourtant il n’était pas encore midi. Elle avait parcouru la moitié du cheminquandelleaperçutLaurenquimarchaitàcôtédesoncheval,Tanner.Audébut,ellepensajusteralentiretluifairesigne,puiscontinuersonchemin,maisellefutaffoléedevoirsasœurseplierendeuxetvomirsurlebas-côté.

AlexfreinabrutalementetseprécipitaversLauren.«Qu’ya-t-il?Çavabien?»Ellemaintenaitlescheveuxdesasœur,tandisquecelle-cicontinuaitàvomir.PuisLaurenseredressaetluifitunpetitsourire.Alextenditlamain,etpalpalefrontdesasœur.«Oh,monchou,tuesmalade!JevaischercherChase.»

«Non ! » Lauren lui attrapa le bras, l’immobilisant. « Je vais bien.Ça vaaller.»Avecunsourire,ellepritunebouteilled’eaudansl’unedesessacochesetserinçalabouche.

«Lauren,tuasprobablementprisuncoupdechaleurouquelquechose.Çaneteressemblepasde...»Laurenl’interrompitenriant.«Quoi?»Alexeutenvie

detaperdupiedsouslecoupdelafrustration.Laurennepensaitjamaisàelle-même.SasœuraînéeavaittoujoursdonnéàAlexetHaleytoutcequecelles-civoulaient.Elleavaitprobablementdûtravaillertoutelajournéeausoleildepuisl’aube et, la connaissant, elle n’avait pas dûmanger grand chose, ni s’arrêterlongtemps.Alexseditqu’elleallaitenparleràChase.Aprèstout,elleavaitvusa sœur changer du tout au tout depuis qu’elle et Chase avaient annoncé l’andernierquecelafaisaitenfaitpresquehuitansqu’ilsétaientmariés.

«Quoi?»Alexlaissaretombersamain,toujourssurcelledesasœur.«Qu’ya-t-ildesidrôle?»

«Toi.Toutceci.»Laurenmontraleschamps,puislamaison.«Moi.Chase.Tout.»Alex,effarée,regardaitsasœurtournerautourd’elle,setenantlescôtesenriant.

« Ouais, c’est vraiment une insolation. Je te ramène tout de suite à lamaison.»Elleattrapalebrasdesasœur.

«Alex... » Lauren la prit par les épaules, et lui sourit. « Ce n’est pas uneinsolation!Jesuisenceinte.Oudumoins,jecroisquejelesuis.»Lesouriredesasoeurs’élargittandisqu’elleattendaitqu’Alexenregistrecequ’ellevenaitdeluidire.

Alexavaitlatêtevide.Ellevoyaitmêmeunpeuflouautourd’elle,cequienfait la faisait seconcentrer sur levisagedeLauren.Lesyeuxvertsdesasœurétaientrayonnantsausoleil.Sescheveuxsombresflottaientdanslabriselégère,et elle avait les joues roses.Un bébé !Lauren allait avoir un bébé !Chase etLaurenallaientavoirunbébé!

Puis elle attrapaLaurenpar les épaules et la serra si fortdans sesbrasquelorsqu’ellelarelâcha,toutesdeuxpleuraientcommedesmadeleines.«Unbébé?»ditAlex,souriantàsasœur.«Tuvasavoirunbébé?»

Lauren hocha la tête en souriant. « Oui, je crois. J’ai fait un test, et il estpositif.Etpuis,j’aiduretard,ettuasremarquétoutescesnausées.Saufqu’encequimeconcerne,cesontdesnauséesdusoir,pasdumatin.Celafaittroissoirsdesuitequejevomis.Àl’heuredudîner,jemesensmieux.JemesuisglisséedehorsavecTannerhieretavant-hierdéjà,pourqueChasenesedoutederien.Jesuisunpeulâche...»

«Pourquoi?»Alexreculad’unpasetfronçalessourcils.«TuneveuxpasqueChasesoitaucourant?Ilneveutpasd’enfants?»demanda-t-elle.

Lauren secoua rapidement la tête. « Oh, non, ce n’est pas ça. Il veut

absolument avoir des enfants.Nous essayonsdepuis qu’il est venuhabiter ici,l’andernier.C’estjusteque...»

Alexeutunsourire.«Tuvoulaisd’abordenêtresûre?»«Exactement. »Lauren saisit lamainde sa sœur et semit à avancer à ses

côtés,endirectiondelavoiture.«Àprésentquejesuisquasimentsûre,jeveuxleluidired’unefaçonqu'ilneserapasprèsd'oublier!»

Alexsourit.«Ça,c’estmonrayon!Laisse-moifaire.»Elles’arrêtaauprèsdesavoitureetsepenchaàl’intérieurpourattrapersonmobile.«Jem’occupedetout ! » Elle composa quelques numéros sur son clavier, et passa quelquesappels.Lorsqu’elleraccrocha,elleavaitobtenuqueLaurenetChaseaientpoureuxtoutseulsl’endroitleplusromantiquedelaville,cesoir-là.Quelquesamisproches avaient tout laissé tomber sans poser de questions, et s’étaient libéréspourprêtermainforte.

Àhuitheurescesoir-là,AlexdemandaàChasedelaconduireenvillesousprétexte qu’elle avait oublié quelque chose au restaurant, et qu’elle avait unetellemigraine qu’elle ne pourrait pas conduire. C’était en partie vrai, car elleavaitpassétroisheuresàpréparerlasurprise.Sonnouveaubeau-frèrenes’étaitpasplaintd’avoiràlaconduire.Aulieudeça,ill’avaitaidéeàmonterdanssonpickup,etl’avaitamenéeenville,untrajetdedixminutes.

«Peut-êtrequetupeuxallerfaireunsautetcherchermonsac?Ilest justederrièrelecomptoir.Jamellam’aditqu’ellelaisseraitlaportededevantouvertepourmoi,carellefermeraitdebonneheureaujourd'hui.Peut-êtrequ’elleseraencuisine,mais...»Ensoupirant,elleappuyasonfrontcontrelavitre.«Voilàquejevoisdoublemaintenant!»Ellefermalesyeuxpourêtreencorepluscrédible.Quand elle l’entendit soupirer, elle eut envie de pouffer. Sans aucun doute ildevaitsedemanderdequoiilauraitl’airentraversantlarueprincipaleavecunsacàmaindefemme!Maisensuite ilouvrit laportière,etseprécipitadehorssouslapluiefinequicommençaitàtomber.Iltraversalarueencourant,etentradanslerestaurantplongédansl’obscuritéparlaportededevant.

Alexsortitrapidementduvéhicule,allaenvitessejusqu’àlaportedederrière,et,encompagniedeJamellaetdeWillard,s’installaàlafenêtrepasse-platspourregarder,tandisqueChaserestaitimmobileaprèsavoirfranchilaporte.

Laurenétait deboutdevantunepetite table, juste aumilieude la salle.Desbougiesblancheséclairaienttoutelasalle,etdonnaitàcerestauranttoutsimplel’allure de l’endroit le plus romantique dumonde. Des fleurs blanches et despétales rosesétaientparseméssur lanappecouleurcrèmequicouvrait la table

ronde,etilyenavaitsurlesolaussi.

« Qu’y a-t-il ? » elle entendit Chase s’exclamer. Puis il sourit et s’avançalentement.Alex,JamellaetWillardvirentChaseprendreLaurendanssesbras,etl’embrasseravecpassion.«Quellebellesurprise!»Ilserecula.

«J’espèrequeçateplaît?»ditLaurenavecdouceur.« J’adore ça ! » Il regarda autour de lui, puis eut un petit froncement de

sourcils. «Mais pour quelle raison ?Notre anniversaire demariage n’est pasavant le printemps. Ce n’est pas mon anniversaire, ni le tien... » Il souritlégèrement.

«Ehbien,c’est...»Alexvitlesépaulesdesasœursesoulever,puisretomber.«C’estjusteparcequej’aifaituntestaujourd’hui...Ilestpositif.»

Chasehaussalessourcils.«Untest?»Laurenhochalatête.«Untestdegrossesse.»Alex regardait le visage de Chase, depuis l’autre bout de la pièce. Tous

épiaient ses réactions de celui-ci par la fenêtre, retenant leur souffle. Toussursautèrent un peu lorsque Chase poussa un grand hurlement de joie,‘Yahouhou!’puisseprécipitaversLauren,lasoulevaetlafittournerautourdeluienriant.

Jamella,levisagerayonnant,murmura:«Laissons-lesàleurbonheur.Nousavons du travail à faire ! » Elle poussa le bras deWillard et tapota la maind’Alex.

Grantapparutquelquesminutesplustard,vêtud’uncostumenoir,l’airsexyendiable.«Pourquoiai-jedûenfilerça,etvenirici?»Iltirasursacravateetfronça légèrement les sourcils. «Et pourquoi entrer par la porte arrière ? » Ilavaitl’airunpeuagacé.

«Parceque...»Elle luisaisit lebras, le tiravers la fenêtredupasse-platetmontral’endroitoùLaurenetChaseétaiententraindedanser.«Ilsvontavoirunbébé...Nousleurservonsunrepasdefête.»Ellemontralacuisine,oùtousles volontaires étaient très occupés à préparer des plats délicieux. Willard etJamellaavaitsortilegrandjeucesoir.

GrantobservaChaseetLaurenquidansaientlangoureusementdanslapiècefaiblement éclairée, se balançant au son de la musique qui sortait du vieuxjukebox. Son air irrité s’estompa et lorsqu'il se tourna vers Alex, il avait ungrandsourire.

«Vraiment?»Ilmontralafenêtre.«Ilsvontavoirunbébé?»Elle sourit et hocha la tête, l’enveloppant de ses bras tandis qu'il l’attirait

encoreplusprès.Justeàcemoment-làHaleyentraencourant.Elleavaitlescheveuxemmêlés,

et sa chemise était àmoitié sortie de son pantalon. «Où sont-ils ? Je suis enretard?»

«Qu’est-cequi t’estarrivé?»Alexs’écartaetregardasasœurenfronçantlessourcils.

«J’aidûchangeruneroue,»dit-elleenarrangeantsachemise.«C’estladeuxièmefoiscettesemaine.»Alexfronçalessourcils.« Je sais. Chase m’a dit de remplacer les quatre pneus la première fois,

mais...»Elles’interrompitethaussalesépaules.«Ilsn’ontpasétécrevés,n’est-cepas?»Grantcommençaàs’avancervers

Haley.«Non,ilsétaientjustevieuxetlisses.»Haleyluisourit.«Jesuisenretard

? » Elle se précipita à la fenêtre du passe-plat et jeta un coup d'œil. « Oh,regardez-moiça!»Haleysourit,puissetournaversAlex.«Onvaavoirunbébé!»Elleditcelaunpeutropfort,etilsentendirentLaurenetChasesemettreàriredansl’autrepièce.

Moins d’uneminute plus tard,Chase passa la porte battante. «Vous feriezaussi bien de venir tous dans l’autre pièce ! Nous vous entendons, de toutemanière!»Ils’esclaffa.

«Oh,non,»Alexattrapa lebrasdeHaley tandisqu’elle s’avançaitvers laportepourallerdansl’autrepièce.«C’estvotresoirée,justetouslesdeux!Jeveuxdire»—ajouta-t-elleensouriant—«touslestrois,àprésent!»

«Et si c’était quatre ? » demandaHaley, ce qui lui valut d’être pincéeparAlex.«C’étaitpourrire...»dit-elledansunmurmure.

«Retourne là-bas.Nous vous apportons votre dîner dans uneminute, » ditAlex, en poussantChase avec fermeté. Puis elle s’adressa à tout lemonde encuisine.«Bon,nousallonsleuroffrirunesoiréequ’ilsnesontpasprèsd’oublier!»

Deuxheuresplustard,AlexregardaGrantetsourit.«C’étaitparfait,n’est-cepas?»Elles’appuyasurlatable,regardantGrantdel’autrecôté.Ilavaitretirésacravateetdéboutonné lespremiersboutonsdesachemiseblanche.Saveste

de smoking était jetée sur le dossier de la chaise sur laquelle il était assis àcalifourchon.

Illuisouritetelleeutlecœurquifitunbond.«Ouais,tuesvraimentdouéepourorganiserunefête!»Iltenditlebrasetluipritlamain.

Tout lemonde était parti saufWillard, qui était encore derrière, à nettoyer.AprèsledépartdeLaurenetdeChase,ilrestaitencoreassezàmangerpourqueGrant etAlexpartagentun repas, tranquillement, tous lesdeux.Alex sedisaitquec’étaitleurpremièrevraiesoiréeensemble.Leslumièresétaienttamisées,lamusique jouait en sourdine. Grant était vraiment très beau dans son costumenoir, et elle, Alex, portait l’une de ses robes préférées. Elle lui fit un grandsourire.

«Enparlantd’organiserdeschoses...»Elles’appuyasur la tableet inclinalégèrementlatête.«Pourquoinem’as-tupasditquetuavaismissurpieduneaffaireenligneavectonpère?»

Il leva les yeux au ciel en poussant un grognement, puis avala une autregorgéedebière.«Parcequecen’estpasencoreprêt.Cen’étaitqu'uneidéedontj’aifaitpartàmonpèreilyabiendesannées,autéléphone.Jen’avaisaucuneidéequ'ilengageraituneentreprisepourmettreçasurpied.»Ilsourit.«Maisçaal’airbien,pourtant.»

« Je pense que c’est une idée formidable ! » Elle sourit tandis qu’il sepenchaitunpeuplusenavant.

«Vraiment?»demanda-t-il.«Oui,vraiment.Jeveuxdire,penseaunombredegenssurinternetquiont

besoind’aidepourdeschosesaussisimplesquederevoirleurtestament.»Ellesoupira.«Jetrouvequec’estunetrèsbonneidée.Peut-êtrequejepeuxdonneruncoupdemain.»

Ensouriant,ilsecoualatêtepuisluitenditlamain.Justeàcemoment-là,ileut un grand bruit de verre brisé et la vitrine du restaurant vola en éclat, lesaspergeantdedébris.GrantabritatoutdesuiteAlexderrièrelui,maisdeséclatsdeverreavaientdéjàétéprojetéssurlevisageetdanslescheveuxdecelle-ci.

Oh,commecelaavaitétédrôle!Quelpiedd’entendrecettevitrinevolerenéclats ! La sensation de l’adrénaline... Ce saccage ! Ça faisait plaisir à voir.

C’étaitpeut-êtreçalasolution?Peut-êtrequ’àprésentilsallaients’arrêter?

Sinon, il y avait d’autres options. D’autres plans. D’autres façons de leurprouver qu’ils avaient tout foutu en l’air. Et puis, c'était trop marrant pours’arrêtermaintenant.

LespharesbalayèrentlaligneblanchetandisquelavoituresedirigeaitverslamaisondeGrant.Pourquois’arrêterensibonchemin?Sonsouriresefitencorepluslarge.Ilyavaitencoretantdechosesàdétruire.Aprèstout,ilsallaientêtreoccupéspendantunbonmoment.Celaluidonnaittoutletempsnécessairepourdétruireencorequelquestrucs.

Grant tenait la tête d’Alex dans ses mains, tout en regardant les petitescoupures qui parsemaient la joue et l’épaule de sa compagne. Sa robe bustierblancheétaitsuperbe,maisne l’avaitque trèspeuprotégéedeséclatsdeverrequi lui étaient tombés dessus. Son épaule gauche était couverte deminusculescoupures,etpleinededébris.

Àcetinstant,Willardarrivaencourant,uneénormepoêleenfontedanssesmains.«Quelest...»Sesyeuxparcoururentlapièce.

Grants’écartaetregardatoutautourdelui.Quandilvitlagrossebriquequiavaitétéjetéedanslavitrine,ilselevad’unbondetsortitencourant.

«Grant!»criaAlex.Grant fit quelques pas sur le trottoir, et se rendit compte que la ville était

parfaitementsilencieuse.Ilétaitdixheuresetquart,c’étaitunsoirdesemaine,etil n’y avait pas un chat dehors. Pas de voitures qui passaient. Il ne voyaitpersonne s’enfuir en courant.Celui qui avait lancé la brique était parti depuislongtemps.

«Flute et flute,» lança-t-il, se sentant frustrédenepas avoirpenséà allervoirdehorsavant.IlavaiteutellementpeurpourAlex.

«Ondiraitbienqueceluiquiafaitças’estenfui.»Willardétaitdeboutjustederrièrelui.LorsqueGrantseretourna,ilhochalatête.«Çava?»demanda-t-il.

« Je vais bien. Mais Alex est blessée. » Tous les deux retournèrent àl’intérieur, et trouvèrent Alex en train de presser une serviette propre sur sonépauleensanglantée.

Grantlafitasseoirdansunboxdel’autrecôtédelasalle.«Laisse-moivoir.»Ilécartalelingeetregarda.Lescoupuressursonépauleétaientplusprofondesqu’ilnel’avaitcrutoutd’abord.

Willard,deboutàcôté, lesobservait.« Jevaisappeler Jamellapourqu’ellerevienne.Etpeut-êtretéléphonerausheriff,dutempsquej’ysuis.»Ilfitdemi-touretsortitdelapièce.

«Tuauraspeut-êtrebesoindequelquespointsdesuture.»Grantfronçaitlessourcils,toutennettoyantlescoupuresavecdouceur.

«Ilyaunetroussepourlespremierssoinsderrièrelecomptoir,»ditAlex,endésignantlacaisseenregistreuse.«Justelà.»

Grant se leva, attrapa la petite trousse et l’ouvrit. Il sortit la crèmeantibiotiqueetlagaze,etcommençaàenleverleséclatsdeverredesapeauetdesescheveux,puissoignalescoupureslesplusimportantes.

Avant même l’arrivée de Jamella, il avait déjà appliqué de l’onguent surchacunedesblessures,mêmelespluspetites.

Jamella entra en courant par la porte d’entrée.Quand elle vitAlex, elle seprécipitaverselleets’agenouilla.«Tuvasbien,monchou?»Ellepritlevisaged’Alexdanssesmainsetlaregarda.«Oh,mapauvrechérie!»

«Non, je vais bien Jamella, vraiment. »Alex saisit lamain de Jamella, etGrant voyait bien que leur amitié allait bien au-delà d’une simple relation detravail.

Lorsque le sheriff entra quelques secondes plus tard, Jamella se mit àl’incendier.

«Commentçasefaitquequelqu’unpeutfaireça,»dit-elleenagitantlesbrasetendésignantAlex,«etquetoitun’arrivesquetrenteminutesplustard?»

« Allons, allons, Jamella, calme-toi. » Stephen Miller était le sheriff deFairplaydepuisdelonguesannées.Levieilhommepouvaitencorefairetoutcequ'il faisait à trente ans,même si à présent ses cheveux étaient blancs commeneige. Tout lemonde en ville savait qu’il était encore un tireur d’élite, car ilramenaittoujoursdestrophéesdesconcoursdetirquiavaientlieuàchaquefoirerégionale. On prétendait qu’il avait été marié il y avait bien longtemps, maispersonneneluiavaitvudecavalièredepuisdesannéesetdesannées.

« Je suis sûr que ton assurance te remboursera les dégâts, » dit le sheriff,saisissantJamellaparlesépaulespourlacalmer.

«Jem’enfousroyalementdemavitrine,maisquandjevoiscommentilsontarrangécettepauvregamine,»dit-elleenmontrantAlex,«ça,çamerendfolle!»

GrantétaitamusédevoiràquelpointJamellaétaithorsd’elle.Jamaisilnel’avait vue dans une colère pareille, bien qu'il l’ait déjà vue hurler après unemployéprisenflagrantdélitdevol.

« Non, je t’assure Jamella, je vais bien, vraiment. » Alex commença à serelever,maisJamellaluimitlamainsursonépauleintacte.

«Non,nebougepas,monchou.Laisse-moim’occuperdetout.»Puisellesetournaànouveauverslesheriff.«Bon,noussavonstousquiestresponsabledececi.Laquestionest...Tut’enoccupes,oujem’encharge?»

Levisagedusheriffdevinttoutrouge,puisGrantvitqu'ilcomprenaitetlutdelacolèredanssesyeux.

« Allons, Jamella, ne te mets pas des idées folles en tête. S’il y avait lamoindrepreuve,siquelqu'unavaitvuTravisfairecela...»IlregardaGrant,quisecoualatêted’unairfrustré.«Jenepeuxrienfaire.Lesimplefaitquetucroiesque c’estTravisNolanqui a fait çane signifie pasque c’est vrai. » Il leva lamainquand Jamellaouvrit labouchepourparler, la faisant taire. «Mais c’estdanscesensquemes recherchesvonts’orienter,et jevaismerenseignerpoursavoiroùilétaitaucoursdesdernièresheures.Tantquejen’aipasdespreuvessolides,noussavonstousquejenepeuxrienfairepourmettrecegarçonsouslesverrous.»Lesheriffsetournaetsortitrapidement.

«Cetypenesertàrien!»ditJamella,croisantlesbras.«Nesoispassidureaveclui.Aprèstout,ilaraison!»Grants’assitenface

d’Alexetluipritlamain.«Cen’estpasparcequenouspensonsquec’estTravisquec’estforcémentlui.Oh,çapourraitêtredesgossesquiontfaitça.J’aiapprisqu'ungroupedelycéensavaientcassélavitrineducavistelasemainedernière.Çapourraitaussibienêtrecesgaminsquiontessayéd’entrerici.»

Jamella fit la moue en faisant « pfff », puis attrapa le balai et la pelle àpoussière.«Cenesontpasdesgamins, tout lemonde lesait !»Ellesemitàbalayerlesboutsdeverre,puisregardaGrantdroitdanslesyeux.«Ramène-lachezelle,ilfautqu’elledormebiencettenuit!»

Ilsourit.«Bienm’dame!»Ilseleva,etaidaAlexàsemettredeboutaussi.«As-tubesoind’aide,Jamella?»demandaAlex.

«Non,mafille.Merci.»Jamellas’approchaetcaressalajoued’Alex.«Turentres chez toi avec tonhommeet tu te reposes !»Puis elle regardaGrant ànouveau. « Je suis sûre que je peux lui faire confiance pour te protéger cettenuit.»

Grantsouritethochalatête.«Oui,m’dame!»

Chapitre10

«JecroisqueJamellat’aimebien,»ditAlexsurletrajetduretour.«Ouais?»Illaregarda.Lespansementsblancssursonfrontétaientpresque

lumineuxdansl’obscurité.«Ouais,»ditAlexen riant souscape.«Ellemedisait toujoursqueTravis

n’étaitqu'unbonàrienettrouvaittoujoursdestrucspourmefairetravaillertardquandellesavaitquejedevaissortiraveclui!»

«Sacréebonnefemme!»s’exclamaGrantensouriant.«Ouais,»dit-elleavecunsoupir.«Jecroisquej’auraisdûdavantageécouter

lespersonnesautourdemoi.»Illuipritlamain,toutencontinuantàtenirlevolantdel’autre.«Cequiest

importantestquetuaiesfinipart’enrendrecompte.»Ellepouffa.«Onpourraitdirequej’aieuunaccèsdefolie...»Ilritetengagealavoituresurlechemindesapropriété,puistoutd’uncoup

donnaungrandcoupdefrein.«Merdedemerde!»Ilsautahorsduvéhiculeets’avança,gardantlespharesdirigésverssonnouveaucorral.

Cen’était pas si graveque ça,mais plusieurs poteaux avaient été arrachés.L’aspect des profondes ornières quimarquaient le sol lui faisaient penser quecelaavaitétéeffectuéparunpickupdotéd’untreuil.

«Oh ! » dit Alex, debout à côté de lui. « Est-ce que c’est grave ? » Elleregardaautourd’elle.

«Non,pastrès,»répondit-iltoutenévaluantlesdégâts.Alexsortitsonmobiledesonsacetfitlenumérodusheriff.«Bonsoirsheriff,

c’estAlex.JesuischezGrantet,mafoi,vousferiezmieuxdevenirvoirçadevos yeux. » Elle marqua une pause, puis dit, « Ouais, nous serons là. » Elleraccrocha,puiscomposatoutdesuiteunautrenuméro.

«Lauren,jesuischezGrant.»Elles’interrompit,écoutasasœur,etungrandsourireilluminasonvisage.«Ouais,bon,jevoulaisjustequetusachescequisepassait.»Alex,toutenretournantaupickup,racontaàsasœurtouslesdétailsdelasoirée.

Ilsétaientassissurlaterrassededevantquandlesheriffarriva,éclairantdelalumièredesesphareslespoteauxarrachés.

«Peut-êtrequeçavanousouvrirdeshorizons,ça,»dit-iltoutensepenchantet en regardant de plus près les empreintes de pneus. « Si nous pouvonsdéterminerqueltypedepneualaissécesmarques,alorsnouspourronscompareravecceuxqueTravisasursonvéhicule.»

Grantsesentitidiotdenepasyavoirpensélui-même.«J’aiunprojecteuràl’arrièredemonpickup,sivousavezbesoindedavantagedelumière.»

«Biensûr,»ditlesheriff,dirigeantsonpropreprojecteurverslesempreintesdepneus.Grantapprochasonvéhiculepourbraquersonprojecteuraussi,puislesheriffsortitsonportableetpritquelquesclichésdesmarquesdepneus.«JevaisconfrontercelaaveclevéhiculedeTravisdèsdemainmatin,àlapremièreheure.Ilsecoualatête.«Ilafaitdesacrésdégâts,hein?»

«Cenesontquetroispoteaux,»ditGrant,toutensachantqu'illuiavaitfalluuneheurepourmettreenplacechaquepoteau.

LesheriffsetournaversGrant,etluiparlaàvoixbasse.«Grant,mêmesilesempreintescorrespondent, tusaisque lamoitiédesautomobilistesde larégionachètent leurspneusaumêmeendroit.Fichtre, lespneusque j’ai surmon4x4pourlachassesontprobablementlesmêmes!»

«Ouais,toujoursàlarecherchedecettepreuveindiscutable!»Grantsecoualatête,découragé.

«Toutàfait !»Lesheriff fourrasonmobiledanssapoche,puissedirigeaverssavoiture.«Bon,jeferaismieuxderentrer.Bonnenuit!»

Grantregardalesheriffs’éloignersurlechemin,puissetournaversAlex,quiétait encore assise sous le porche, attendrissante avec sa robe bustier et sesbottes.Avecunsourire,ilmontalesmarchesets’arrêtajustedevantelle.

«Bon,oùenétions-nousavanttoutcetintouin?»Illapritdanssesbrasetsemitàvalseravecelle.

Elleleregardaensouriant.«Qu’est-cequetufais?»«Jedanse.Justeavantquecettebriquenefassevolerlavitrineenéclats,je

m’apprêtaisàt’inviteràdanser.Ilsouritquandelles’approchapourposerlatêtesursonépaule.

«C’estsiagréable!»Ellesoupira.Tout en continuant à sourire, il se mit à évoluer sous le porche. « Nous

devrions aller au ‘Rusty Rail’ le week-end prochain. Il y a la foire quicommence,ettupeuxparierqueceseraanimé!»

«Oh!»Ellerecula,luisouritets’exclama:«Ceseraittrèsbien.J’aihâte!»Il lui souritetavecdouceur repoussaunemèchedecheveuxdesonvisage.

«Veux-tum’yaccompagner?»Elleleregardaethochalatête.«Biensûr!»«Veux-turesteravecmoicesoir?»demanda-t-il,retenantsonsouffle.Ellesouritancorepluslargementethochaànouveaulatête.«Oui,biensûr.»

Ellesedressasurlapointedespiedsetluiposauntendrebaisersurleslèvres.Ilperdittoutcontrôle,emportéparladouceurdeseslèvres.Ilavaitlesmainsquitremblaientenattirantleshanchesd’Alexcontrelui.Ilparcourutsesépaulesetsoncoudesesmainsavides,jusqu’aumomentoùilplaçalapaumedesamainàl’arrièredesatête,lapressantcontrelui.Ilfutenvahid’unevaguedechaleursibrutale qu'il eut l’impression que c’était trop, trop vite. Puis elle gémit et ilcommençaà laconduirevers laportededevant.Elleéclatade rire lorsqu’ellesentitlemurcontresesépaules.

«Flute,jenesaisplusoùjevais,»dit-ilenlaregardantavecunsourire.«Jecroisquetumefaistropd’effet!»

Ellebaissalesyeuxetsourit.«Oui,jevoisbienl’effetquejetefais!»Il s’esclaffa. « Espèce de sorcière... » Il ouvrit lamoustiquaire, attrapa les

hanchesd’Alexets’amusaàlapousseràl’intérieur.Elles’accrochaànouveauàlui,sabouchejouantaveclasiennetandisqu’ilavançaitlentementàl’intérieurdelamaison.Quandilheurta lesofaavecl’arrièredesesgenoux, il l’entraînaavec lui sur les coussins moelleux. Elle eut un petit hoquet de surprise, puiss’installasurlui,l’inondantd’unepluiedepetitsbaiserssurlamâchoireetsurlecou.Elleluicaressaitlesépaulesetlesbras,toutenluidéfaisantlesboutonsdesachemise.

«Tuétais trèsbeaudanscecostume.J’aime la façondont tuas transforméton corps, » dit-elle, le nez contre sa peau, formant un chemin de baisers àtravers son torse. Il se renversa en arrière et ferma les yeux, savourant lessensationsqueluiprocuraitlabouched’Alexsursapeauenfeu.

Il attrapa seshanches, la tenant toutcontre lui,maiselle seglissaplusbas,posantlesdoigtssursabraguette.

«Alex,»gémit-il,«donne-moiunpeudetemps!»Illuiattrapalesmains.

«Viensunpeuici,etlaisse-moim’occuperdetoi.»Elle secoua la tête en riant, puis avec un sourire malicieux commença à

déboutonner son pantalon. Il ferma à nouveau les yeux, et essaya de secontraindre mentalement au calme. Mais ensuite elle prit son sexe dans sesdoigts, ce qui le fit gémir enmurmurant son nom, et la supplier de continuer.EllepromenasabouchesurleventreplatdeGrant,couvrantsesabdosd’athlètede petits baisers brûlants. Il la saisit et la tira vers lui, retroussant sa robe etpassant les doigts sur ses hanches dénudées. Tout en l’embrassant, il la fitbasculersurlecôté.Ilattrapaunpréservatifdanssapoche,l’enfilarapidementetécartasonslipensoie.Quandilplongeaenelle,danssachaleur,elleeutunpetitsursautetseredressaunpeu.Elleposalesmainssursontorseetleregarda.

«C’esttoiquinevoulaispasralentir!»Illuisourit.«J’aimeallervite,»dit-elle,puisellesemitàagiterseshancheslentement.Il laregarda.Elleavait la têterenverséeenarrière,et lescheveuxjetéspar-

dessus son épaule tout en se balançant au-dessus de lui. Elle avait les lèvreslégèremententrouvertes,etilsavaitqu'iln’oublieraitjamaiscetteimaged’elle.Ilenfonça les doigts dans ses hanches, la pressant contre lui pendant qu’ellebougeait.Puisellesepenchaet l’embrassa,et ilsentitquelquechosevibrerauplus profond de lui. Jamais il n’avait connu de lèvres si douces, de baisers sisensuels,etilsavaitdéjàquerienneseraitpluscommeavant.

Lelendemainmatin,Alexs’éveillaaubruitdelapluieetdutonnerre—auxcôtésdeGrant.Elleleregardaitensouriantlorsqu’ilouvritlesyeux.«Bonjour!»Elles’étira,etbâilla.C’étaitlapremièrefoisqu’elleseréveillaitdansunlitlematinavecunhomme,etellenesesentaitpastrèsàl’aise.

Sansriendire,iltenditlebrasetl’attiradoucementverslui,luicouvrantlesjouesetlesyeuxdepetitsbaiserstendres.Ellelevalesmainspourlesappuyercontresontorse,etellesentitlefeududésirl’embraser.Roulantsurlui-même,ilse mit sur elle et ses mains commencèrent à explorer son corps nu sous lescouvertures. Cette fois-ci ils firent l’amour lentement, prenant le temps de sedécouvrir l’un l’autre dans la lumière du jour naissant. Elle tremblait tout enpromenantlesmainssurchaquecentimètredelapeaudeGrant.

Finalement,quandilss’unirent,ellefermalesyeuxetessayadenepaspenser

aufaitquecetterelationavaitplusd’importancepourellequen’importelaquelledecellesqu’elleavaiteuavant.Ellenevoulaitpass’avouerqueGrantétaitautrechosequelemoyend’oublierlamauvaiserelationprécédente.

Illuifitsonpetitdéjeunerpendantqu’ellesedouchait.Quandelleentradanslacuisine, ilétaitdeboutdevant le fourneau,occupéàcuisiner,et ilavait l’airsexyendiable,justehabillédesonjean.Ellenesavaitpascequ'ilavaitpréparé,mais cela sentait délicieusement bon. Elle avait le ventre qui gargouillait ens’installantàtable.Ilposauneassiettedevantelle.

« Qu’est-ce que c’est ? » Elle regarda son assiette, et fronça un peu lessourcils.

Avecunsourire,ils’installaavecsapropreassietteàcôtéd’elle.«Dubaconde dinde, de l’omelette aux champignons, tomates, oignons et poivrons verts.Fais-moi confiance. » Il prit sa fourchette. « Cela fait plusieurs annéesmaintenant que je mange de façon saine comme ceci, et pas question que jerevienne en arrière ! » Il prit une grosse bouchée et eut un gémissement deplaisir.

Elleavaitétéélevéeplutôtavecdelaviandeetdespommesdeterre.Ellenedétestait pasmangeruneomelette aupetit déjeuner,mais engénéral il y avaitdedans assez de bacon et de jambon pour caler le plus gros des appétits.Regardant son assiette, elle remarqua qu’il y avait plus de légumes dans sonassiettequedeviande.Elleseditquesicelaavaitpulechangerluidefaçonsiremarquable, elle allait essayer, et elle prit une petite bouchée, Après tout, ilétaitpassédugaminà lunettes rondouillardà l’hommesexy, torsenuquiétaitassisdevantelle.

Quandellegoûtalesœufsbienépicés,elleeutlecoupdefoudre.«Oh,mondieu!»Elleprituneautrebouchée,etencore,etencore.«C’estdélicieux!»Elleleregardaensouriant.

«J’t’avaisbiendit!»Ilsouritetprituneautrebouchée.«Tudevraisveniraugymnaseavecmoiundecesjours.»Iléclataderireenvoyantsonexpression.«Etavantquetun’ouvreslabouche,non,jenecroispasquetuaiesbesoindeperdredupoids.»Illuisourit.«Quandoncommenceàalleraugymnase,onnepeutpluss’enpasser.»

«Jenesaispas.Jemerappellelegymnaseaulycée.J’avaishorreurdeça.»Ellefronçalessourcils,puisvoulutessayerunmorceaudebacondedinde.Ellen’avait jamais goûté cela, et elle regrettait de ne pas avoir du vrai bacon.Dumoins,jusqu’àcequ’elleaitgoûté.Celaavaitsibongoûtqu’elleseditqu’elle

allaitenchiperunautremorceaudanssonassietteàlui.

«Moiaussij’avaishorreurdescoursdegym.TutesouviensdeMissGulden?»dit-ilenfronçantlessourcils.

Alex éclata de rire. « Quand elle portait son survêtement rouge, elleressemblaitàuneénormetomate!»Tousdeuxéclatèrentderire.

«Quandonest adulte, il faut trouver lesexercicesquinousconviennent lemieux.Jemesuisaperçuquecequejepréfère,c’estlaboxe.Jecroisquetuyserais très bonne. » Le sourire deGrant se fitmalicieux. «Ainsi tu aurais lechoix,aulieudefrapperunhommelàoùçafaitmal!»

Ellepouffa.«Jesupposequeceneseraitpasmald’ajouterquelquesarmesàmon système de défense ! » « Elle leva les bras, gonfla ses biceps, et Grantéclataderire.

LorsqueGrantlareconduisitchezelle,elleavaitdécidédepasserlerestedelajournéeàTyler.Elleallaitluichercherlemobilequiluiconviendraitlemieux,etpeut-êtreacheterdeuxoutroischosespourelle-mêmedutempsqu’elleyétait.

Haley avait décidé de l’accompagner. Alex était ravie de la compagnie, etausside l’aidepourfairesesemplettes.Ellescommencèrentpar lemagasindevêtementspourbébé,oùellespassèrentplusieursheuresàchercherdescadeauxpour le bébé de Lauren et Chase. Quand elles se dirigèrent ensuite vers lemagasin de téléphonie mobile, toutes les deux s’amusaient tellement de cequ’ellesavaientachetépourlebébédeleursœurqu’ellesnevirentpastoutdesuite Savannah, juste devant elles. Celle-ci était debout sur le trottoir, unecigaretteauxlèvres,etlesdeuxsœursmanquèrentlafairetomberparterre.

«Oh!»ditHaley,reculantdequelquespas.Alex,tenantlespaquetspourlebébédansunemain,fitensortedeprotégersasœurderrièreelle.

«Tiens,tiens,tiens,»roucoulaSavannah,soufflantlafuméedesacigarettedans leur direction. « Qu’est-ce que nous avons là ? » dit-elle d’un tonsarcastique,lesfusillantduregardl’uneaprèsl’autre.

«Çane te regardepas. »Haley toussa, et releva lementon, défiant l’autrefemme.

AlexétaittrèsamuséedelafaçondontsasœurtraitaitSavannah,sachantquecelle-ciavaitdétruitlarelationd’Alex,noncelledeHaley.Ellesentitunevagued’affectionpoursa jeunesoeur l’envahir,sachantqueHaley, lecaséchéant,seferaitunejoiedetenirSavannahpendantqueAlexluidonneraituneraclée.Elleen avait marre de Travis. Elle en avait marre de Savannah. Et, encore plus

important,elleenavaitmarrequetouslesdeuxveuillentlapunirpourquelquechosequin’étaitpassafaute.

Tendant les sacs à Haley, Alex s’approcha de Savannah et vit les yeux decelle-cibrillerdecolère.«Tusaiscequimefatigue,Haley?»

AlexfusillaSavannahduregard,tandisquesasœur,pouffantderrièreelle,luirépondit,«Non,quoi?»

Savannah écrasa sa cigarette d’un coup de talon, et regarda Alex d’un airmauvais.

«Jesuisfatiguéed’être traitéecommelaméchantedanscefiascototal!Jesuis fatiguée des gens qui s’en prennent à quelqu’un qui n’a rien à voir avecdeuxautrespersonnesqui la trompent. Jesuis fatiguéeque lespneusdeGrantsoientlacérés.»AlexobservaitlevisagedeSavannah,maislesyeuxdecelle-cinemontraient aucune émotion, aucun soupçon de culpabilité, aucune prise deconscience.«Jesuisfatiguéequecequiluiappartientsoitdétruit.Et,»dit-elleen s’avançant jusqu’à cequeSavannahpuisse sentir son souffle sur le visage,« je suis fatiguéedesgensquime lancentdes choses. »Ellevit un sourire seformerlentementsurleslèvresdeSavannah.«Àprésent,sinousenavonsfini»—ellemarquaunepauseetbalayaSavannahduregard,dehautenbas—«jene veux rien d’autre que de poursuivre tranquillementma vie. » Savannah fitdemi-touretpritsessacsdecourse,puiss’éloignasansdireunmot.

«Cettechienne,»ditHaleyàvoixbasse.« Arrête. » Alex la prit par le bras juste après avoir franchi la porte du

magasindetéléphoniemobile.«Neperdspastontempsavecelle.Noussavonstousqu’ellefréquentaitTravisavantcettenuit-là,etnoussavonsaussiqueceneserapasladernièrefois.J’aimeraisbeaucoupquecesdeux-làsemarient.»ElleregardaparlavitrineetvitSavannahsedirigerversleparking,seule.«Ilssontfaits l’un pour l’autre. Mais, » dit-elle en soupirant, « c’est triste, j’ai apprisqu’ilsnesefréquententmêmepasofficiellement.»

Haley regarda par la fenêtre, suivant les yeux d’Alex. « Elle ne cherchequ'une chose, c’est d’attirer l’attention. Elle ferait n’importe quoi pour attirerl’attention.»

Alexsetournaverssasœuretsourit.«Donc,neluifaisonspasattention!Jedois acheter un téléphone mobile. » Elle sourit. « Et après ça, nous allonsdégusterunyaourtglacé!»

«Ouiiiiii!»Haleysourit,etfitleVdelavictoire.

Chapitre11

Grantpassalerestedelajournéeànettoyerlesdégâtsfaitsdanssonenclos.Celaneluipritpasbeaucoupdetempspourreplanterlespoteauxdanslestrousdontilsavaientétéarrachés.Ilpritsoindecompacterlaterreautourdesorteàcequ'ils soient aussi solidementancrésdans le solqu’avant.Certainesdesbarrestransversalesnepouvaientêtreréparées,cequiimpliquaitqu'ildevraitallerchezlemarchanddematériauxdèslelendemainmatin,pourlesremplacer.

Justeavant lecoucherdusoleil, il entradans sagrangeet fit le tourde sesanimaux.LestroispetitessœursPowerpuffallaienttrèsbien.Ellesavaientapprisàsortirdeleurenclos,etellesfinissaienttoujoursparseretrouverenlibertédanslagrange le soir. Ilpassaquelquesminutesà joueravec lesanimauxaprès lesavoirnourris.Illesaimaittousbeaucoup,etlesconsidéraitcommedesmembresdelafamille.

Toutenretournantàlamaison,ilrêvassaitàproposdelanuitprécédente,etrevoyaitAlexdanssonlit.Ilvenaitjusted'ouvrirlaportequandilentenditunevoiture s’approcher. Son cœur bondit en voyant le véhicule d’Alex se garerderrièresonpickup.Commentétait-ilpossiblequ’à lasimplevued’Alex, ilsesentaitcommeunécolieramoureux?

En souriant, il alla jusqu’à l’avant du porche, tandis qu’Alex montait lesmarches.

«Bonsoir,»dit-illorsqu’ellesejetadroitdanssesbras.«Salut ! »Elle se hissa sur la pointe des pieds et l’embrassa.Rien que ce

contactetsonparfumluifirenttournerlatête.«J’aiquelquechosepourtoi.»Elleluisourit,etuneimaged’elle,justevêtuedesestalonshautsetd’unnœudrougedans les cheveux, seprésenta à son esprit.Son sourire s’atténuaunpeulorsqu'ilvitqu’elleluitendaitunpetitsacjaunedécoréd’unruban.

«Qu’est-cequec’est?»Illaconduisitjusqu’aubancsituésouslafenêtredelasalledeséjour,ets’assitàcôtéd’elle.

Elleluidonnalesacetluisourit.«Ehbien,jepensaisjustementl’autrejouràl’affairequetumontesavectonpère.»Sansattendrequ’ilouvrelesac,elleluisourit,leluipritdesmainsetensortitunepetiteboîte.«J’espèrequecelanetedérangepas?»Elleleregardait,guettantlalueurd’émotionqu’elleespéraitvoir

danssesyeux.«Jesaisquec’esttonanniversairedansunesemaine.»

Ilbaissalesyeuxpourregarderlaboîteet,pourêtretoutàfaithonnête,ilneréalisapastoutdesuitedequoiils’agissait.Celafaisaitplusieursannéesqu’iln’avaitpasachetécegenredechose.Lentement,unsourire semità illuminersonvisage.

«T’essérieuse?» Il regarda laboîteetpensaàdes tonnesdechosesqu’ilaimeraitfaireaveccenouveaujoujou.

« Ouais. » Elle n’avait pas l’air aussi sûre qu’elle l’avait été quelquessecondesauparavant. Il leva lesyeuxvers elle, et lut l’hésitation sur sonbeauvisage.

Posant la boîte sur ses genoux, il prit son visage entre ses mains etl’embrassa, pour luimontrer ce qu’il ressentait.Aubout de quelquesminutes,tremblant, le cœur battant la chamade, il se recula, hors d’haleine. « C’estmerveilleux.Biensûr»—ilregardasoncadeau,puislevaànouveaulesyeuxverselle—«ilvafalloirquetumemontrescommentl’utiliser!»

Ellesourit.«Oui,c’estbienl’idée.»Deux heures plus tard, après la découverte de plusieurs centaines

d’application,lenouveautéléphoneétaitposésurlatablebasse,oublié.Commelasoirées’étaitrafraîchieàmoinsdedixdegrésCelsius,ilallumaunfeudanslacheminéeenpierrequitrônaitdanssonsalon.Ilsseblottirentensemble,pastantpour la chaleur que pour le besoin qu’ils avaient l’un de l’autre. Il avaitl’impression qu'il ne pourrait jamais être assez près d’elle. Il y avait trop devêtementsentreeux,etsesdoigtsrefusaientdeluiobéirtoutensepromenantsurlapeaudélicated’Alex.

Quand leurs vêtements tombèrent par terre, tous deux se mirent à bougerlentement,respirantàl’unissondanslalumièredusoirquifaiblissait.LefeuquiétaitalluméderrièreAlex luiéclairait lescheveux,commesielleavaiteuuneauréoledelumière.Elleavaitlevisagedansl’ombre,maislalumièreaccentuaitsescourbesetilnepouvaits’empêcherdeparcourirsesflancsdesdeuxmains,savourant sa douceur. Elle se pencha en avant et lorsqu’il sentit son parfumenivrant, et que sa peau si douce effleura sonvisage et son torse, il ne put seretenirdavantage.Latenantparleshanches,ilinversaleurspositionsrespectivespourseretrouveragenouillésurleborddusofa,aveclesjambesd’Alexautourdelui,etsescheveuxrépandussurlescoussins.

Les lueurs du foyer donnaient une chaude couleur à sa peau, la faisantparaîtreencoreplusdésirable,sic’étaitpossible.

«Grant ? »Elle lui jeta un coupd'œil d’un air interrogateur. Il n’avait pasréaliséqu’ils’étaitarrêtédebouger jusqu’àcequ’elleparle,avecunmurmuretrès sexyquivibraitdans lapièce silencieuse. Il la regardait, tout simplement.Elle était encoreplusbelle... ehbien,plusbelleque toutes lespersonnesqu’ilavaitconnues.Toutcequ'ilsavait,c’étaitqu’ilavaitdumalàrespirerquandillaregardait,quesoncœurbattaitlachamade,etquesesgenouxflageolaient.

Il recommença à bouger, cette fois-ci se penchant vers elle et prenant sabouchetendreavecseslèvres,jusqu’àcequ'illasentes’abandonner.

Quand il sentit son corps se détendre, il l’entraîna avec lui sur le tapis trèsdoux,devantlacheminée.Attrapantunecouvertureetquelques-unsdescoussinsdu sofa, il les disposa afin qu’elle soit allongée en face de lui, regardant lesflammes.

«C’estsiagréable!»Ellesoupiraetluicaressalebrasduboutdesdoigts.«Oui. » Le nez dans ses cheveux, il sourit. «Moi aussi j’aime ça. » Elle

pouffa.«Tusais...»Elleinterrompitsongeste,lamainsursoncoude,puislevales

yeuxverslui.«Jemesuisinscritepourlacompétitionéquestrequiauralieulasemaine prochaine pendant le rodéo, le ‘barrel racing’, tu sais, la course où ilfautgaloperautourdestonneaux.»Elleseretourna.

Ilsourit.«Jecroisbienquetuasremportél’épreuvechaqueannée,jusqu’ici?Oh,tuvasêtrefantastique!»

«Oui, je saisque jevaisgagner.»Ellepouffa.« Jemedisais justeque tudevraisessayerlalutteaveclesbouvillons,oupeut-êtrefaireparticiperMojoetsespetitspourleprixdesplusbelleschèvres?Jecroisquelestroischevrettesserontassezvieillesàcemoment-là?»

Il s’esclaffa. « Oui, j’y avais pensé. Je suis très fier d’elles, mais c’estButtercupquivagagnerlerubanbleu.»

«Vraiment?»Seretournant,elleluifitungrandsourire.«Tuaimeslesfillesrebelles,hein?»

«Tunet’enespasrenducompte?»Avecunsourire,ils’amusaàluitirerlescheveux.

Ilétaitplusdeminuitquandilsfinirentparallerdanslachambre.Illaporta,etcommeelleessayaitdeletaquiner,ilfaillitlafairetombersursonmagnifiquepostérieur dénudé à plusieurs reprises. Elle riait et tenait bon, le titillant sans

relâcheenutilisantsaboucheetsesmains.Quand le réveil sonna à quatre heures le lendemainmatin, elle geint et se

couvritlatêteavecl’oreiller.«Çafaittôtpourunfermierdoubléd’unavocat!»Ilinterrompitlasonnerie

et s’excusa. Alex s’était retournée et gémissait à nouveau, ce qui le fit rire.« Reste couchée, ne bouge pas ! » Il l’embrassa dans le cou, et entendit ungémissementbiendifférent.Ilbougeapoursortirdulit,maiselleseretournaetl’attiraverselle.

Les animaux avaient très faim quand il entra dans la grange presque uneheure plus tard. Il fut accueilli par les sœurs Powerpuff, qui montrèrent leurdésapprobationenluidonnantdespetitscoupsdetêtedanslajambe.

« D’accord, d’accord. On se calme ! Vous savez, » leur dit-il tout en leurversantàmanger,«vouscomprendrezunjour.N’est-cepasMojo?»Ilsouritquand la maman chèvre lui répondit par un bêlement, comme si elle lecomprenait. « Mais pour l’instant, mangez ! » Il se dirigea ensuite vers leschevaux,etditunpetitmotàchacun,toutenpensantàAlexetaurodéo.

Les sœurs West avaient toujours participé très activement au rodéo de larégion.Toutd’abord,ilyavaitleurbétail.Ellesgagnaienttoujourslerubanbleupourleplusbeaubœufetlaplusbellegénisse,sansparlerdutalentd’Alexpourlacoursedetonneaux.Haleyavaitinscritplusieursautresanimaux,etiln’avaitaucundoutequetousseraientbienplacésdanslacompétition.

Quand il était plus jeune, Grant avait essayé l’épreuve de rodéo à dos demouton,maisaprèsavoirfaillicasserseslunettes,samèreluiavaitinterdittouteactivité aussi dangereuse. Il avait toujours rêvéd’essayer la prise au lassodesveaux,oulalutteaveclesbouvillons,commeAlexl’avaitsuggéré.Ill’avaitdéjàfaitauparavant,simplementilnel’avaitjamaisfaitdansunecompétition.Peut-être bien qu'il irait voir le comité d’organisation pour se renseigner sur lesconditionsd’inscription.

Quand il rentra dans la maison une heure plus tard, il fut accueilli par unensemble délicieuxd’arômes. Il avait laisséAlex au lit et avait cru qu’elle nebougerait pas, mais il la retrouva devant le fourneau, portant son tablier decuisinepar-dessusunshortetunchemisiercouleurcrème.Elles’étaitfaitdeuxnattes,etportaitunbandanarouge.Quandellesetournaetluisourit,laspatuleàlamain,ileutlesoufflecoupé.

« Jemesuisditque j’allaispréparer lepetitdéjeuner.Maiscomme tun’asquedesalimentsderégime,j’aidécidédefairedescrêpes!»Ellepouffa.

« Tu n’avais pas besoin de cuisiner ! » Il s’approcha et lui passa les brasautourdelataille,l’attirantversluipendantqu’ellefaisaitsauterunecrêpe.«Çasentdélicieusementbon!»dit-ilenenfouissantlevisagedanssescheveux.

«Moioulescrêpes?»dit-elleengloussant.«Lesdeux!»Illuiembrassal’épaule.«Quedirais-tud’unetassedecafé?»«Ahoui,avecplaisir.J’aimatasseici.»Elledésignaunetassevide.Ilallase

remplirunetasseetluiremplitànouveaulasienne,puiscommençaàmettrelatablepourlepetitdéjeuner.

Tout enmangeant ils parlèrentdu rodéo,de son site internet, et desprojetsqu'ilavaitpourlaferme.Quandsontéléphonetoutneufsonna,ileutlasurprised’entendresonpèreàl’autrebout.

«Alors, tuasfinipar t’ymettremongarçon,hein?»plaisantasonpère.Ilentenditsamèrequiparlaitparderrière,etsonpèreditàcelle-ci,«J’yviens,j’yviens.Laisse-moiluidirebonjour,d’abord.»Puissonpères’adressaànouveauàlui.«Nousvoulionsjustetedemandersituviensdînervendredi?»

«Vendredi?»IlregardaAlexensouriant,sachantcequiallaitsuivre.Quandellesouritethochalatête,ilrépondit,«Biensûr!Jepeuxamenerquelqu’un?»

Sonpèreéclataderire,etilimaginaittrèsbiensamèresautillantsurplaceàcôtédelui.«Biensûr!Alexisesttoujourslabienvenueici.Onvousattendversseptheures.»

Il raccrocha, tendit lamain et prit celle d’Alex. « Tu viens de rendremesparentstrèsheureux.»

Elleleregardaensouriant.«J’aimetesparents.Savais-tuqu’ilsseretrouventaurestauranttousleslundispourdéjeuner?Ilssontsimignons.Ilssetiennentlamainets'assoientcôteàcôte.»Ellesoupira,puisregardaleursmainsjointes.

«Ouais,»dit-ilenpouffant.«Maisj’essaiedenepaspenseràmesparentscommeàdesgens‘mignons’.»

Commentosaient-ils ?Nevoyaient-ilspas les signes?Necomprenaient-ils

pascequ’ilsavaientsouslesyeux?Toutlemondeenvillesavaitqu’ilsn’étaientpas faits l’un pour l’autre.Mais ils continuaient quand même à se voir. Et àprésent,elledormaitchezlui!

Larageluifittapersonvolant.C’enétaittrop!Un plan lui vint lentement à l’esprit tandis que la voiture s’éloignait.

Réfléchissons...Quandest-cequ'ilyauraituneautreoccasiondesevenger?Puislacolèrequil’aveuglaitsedissipa,etlecalmes’ensuivit.Ilyallaitavoir

le rodéo... Quelle superbe occasion ! Mais cette fois-ci il faudrait frapper ungrand coup. Quelque chose de bien préparé, bien organisé. Il y avait peu detempsquirestait,etbeaucoupàfaire.

Ouais,ceseraitlatouchefinaledanscetteguerredesnerfs...qu’est-cequ'onallaitrire!

Alex tira sur les rênes, et sentit le frisson d’excitation en étant brutalementtiréedansladirectionopposéequandelletournaautourdutonneau.ElleenfonçalestalonsdanslesflancsdeSophie,faisantaccélérerlechevalpourallerversletonneausuivant.Elles’étaitentraînéeaveccechevalpresquechaquejourdepuisunan,elleadoraitcesport.Souriante,elles’arrêtajusteauniveaudelabarrière.EllevitChasehocherlatêteensouriant.

« Tu as amélioré ton temps de trois secondes. » Il enleva son chapeau ets’essuyalefront,lasueurluicoulantdanslesyeux.Lesnuitsserafraîchissaientpeut-être, mais les journées restaient chaudes et étouffantes. Alex avait de lasueur qui lui coulait dans le dos, et elle rêvait d’une douche froide,mais ellevoulait améliorer même sa dernière performance. Enmatière de course, Alexvoulaittoujoursêtrelaplusrapide.

LaissantSophiese reposerpendantquelquesminutes,ellesautaàbasdesamonture et but l’eau de la bouteille que Chase lui tendait. Elle le regarda ensouriant. « Tu sais, je me disais que je pourrais retourner dans ma vieillechambre,commeçatouslesdeuxvousauriezlaplusgrandepourlebébé.»Elles’appuyacontrelepoteauetregardaSophie.«Laurenvoudraitquelebébésoitdanssavieillechambre.»EllesetournapourregarderChase.Quandellelevitfroncerlessourcils,elleseredressaetluidemanda,«Qu’ya-t-il?»

Illaregarda,puissecoualatête.«Non,non,cen’estrien.Jepensaisjusteàtoutcequiresteàfairedanslamaisonavantl’arrivéedubébé.Ilfautsécurisertout le bâtiment. Sans parler de refaire les peintures. Je crois que certains desmurs ont encore une peinture au plomb. » Il eut l’air encore plus préoccupé

quandAlexéclataderire.Àsontour,ildemanda,«Qu’ya-t-il?»«C’esttoiquimefaitrire,»ditAlexenfaisantunsourireàsonbeau-frère.

«As-tujamaispenséqu'unjourtuseraisentraindet’interrogersurlegenredepeinture à mettre dans une chambre d’enfant ? » Elle l’examina trèsattentivement.Ilétaitgrand,delamêmetaillequeGrant.MaisalorsqueChaseavaitlescheveuxpresquenoirsetdesyeuxcouleurchocolat,lescheveuxblondset bouclés de Grant mettaient en valeur ses yeux bleus lumineux. Les deuxhommesavaientpratiquementlamêmesilhouette,maisilluisemblaitqueGrantétaitplusmusclé.Peut-êtrequ’elleétaitpartiale?

«Hé !»Elle sepenchaenarrièreànouveau, et lui sourit. « J’aiuneautreidée.Ceserapeut-êtredifficileàenlever,maisjecroisquesitoutlemondes’ymet,celaferaunebellesurprisepourLauren.»Souriante,ellesemitàréfléchiràceprojet.

«Àquoipenses-tu?»demandaChase,avecunairunpeuinquiet.Elleéclataderire.«Viensvoir...»Elleluisaisitlebras,etl’entraînaversla

grange où elle était certaine de trouver Haley en train de brosser Oliver, sonbouvillondedeuxans.«Jevaisvousexpliqueràtouslesdeux,Haleyettoi.»Elle le fit entrer dans la grange fraîche, s’avança versHaley, et semit à leurexpliqueràtousdeuxsonprojetpourfaireunesurpriseàLauren.Elleavaitvuune émission télévisée où un groupe de personnes avaient refait toute unechambreenunejournéetandisquelafuturemamanétaitsortie.Quandelleétaitrentrée, la chambre du bébé était finie. Elle se disait que s’ils étaient asseznombreux à s’y mettre, et parvenaient à empêcher Haley de gaffer, ilsparviendraientàfairelasurpriseàLauren.Quandilssortirentdelagrangeunedemi-heureplustard,chacunavaitsalistedetâchesàaccomplirpouryarriver.Ettoutd’abord—Alexdevaitquitterlagrandechambre.

Cesoir-là,Grantpassalachercheràhuitheuresetquart,et ilssedirigèrentversle‘RustyRail’pourlasoiréekaraoké.C’étaitdanscebarquetoutlemondeseretrouvait,unjeudiparmois.MêmeChaseetLaurenyseraient.Haleyavaitrenoncécesoir-là,àcaused’unemigraine.

LorsqueGrantarriva,lepetitparkingétaitplein,doncilallasegarerdanslechampdel’autrecôtédesrails,àcôtédupickupdeLauren.

«C’estbondécesoir,»ditAlex,regardantlesfenêtresbrillammentéclairéesduvieuxbâtiment.Chaquefoisquequelqu'unouvraitlaporte,onentendaitdesflots de musique très forte qui s’échappaient. Le bâtiment en bois avait étérestauré après la grosse tornade qui avait tout balayé dix-huit ans auparavant,

cellequiavaitemportélamèred’Alex.

Sous son toit, la petite ville avait connu un bon nombre de soirées agitéesavecdebellesbagarres,mêmesidanslaplupartdescasils’agissaitdedisputesentre amis ou membres de la même famille, et que le plus souvent cela seterminaitparunetournéegénéraledebières.

Tandisqu’ilss’avançaientverslaporte,maindanslamain,Alexsesentaitunpeunerveuse.C’étaitlapremièrefoisqu'ilsapparaissaientenpublicentantquecouple.Depuislarupture,elles’étaitrenducomptedecequelesgenspensaientvraiment de sa relation avec Travis. La plupart des gens avaient souri et luiavaientditqu'ilsétaientmignonstouslesdeuxquandilss’étaientfiancés,maislorsqu’ils s’étaient séparés, tout le monde lui avait dit que Travis n’était pasquelqu’undebien,etquecen’étaitpasl’hommequ’illuifallait.Est-cequeceseraitlamêmechoseavecGrant?

Elleluilançauncoupd'œilencoinetremarquaqu'ilavaitlesyeuxfixéssurla porte. Elle adorait son profil. Il avait un nez parfait. Il avait unemâchoirepuissanteetsexy,avecjustecequ'ilfallaitdejeunebarbe.Sachemisebleueetson vieux jean lui donnaient un air encore plus sexy, car ils lui allaient àmerveille.Ilportaitunchapeaunoirquiluifaisaitdel’ombresurlevisage,etluiabritaitlesyeux.Ilavaitl’aird’uncowboysexyetdangereux,quisavaitcequ’ilvoulait,etcequ’ilfallaitfairepourl’obtenir.

Mais si elle lui tenait la main, et le regardait en souriant, ce n’était passeulement à cause de son apparence. Il était l’homme le plus gentil qu’elleconnaissait, endehorsde sonbeau-frèreChase.Grant la traitait commesi elleétaitunefemmeàpart.Jamaisaucundesespetitsamisnel’avaittraitéecommecela auparavant. Elle l’observa plus attentivement. Il se sentait aussi nerveuxqu’elle. Lui tirant lamain, elle l’arrêta au bas de l’escalier et luimit les brasautour des épaules. Elle manqua défaillir en voyant son sourire inquiet. Quefaisait-elleavecquelqu’und’aussipur?

«T’ai-jeditcombientuétaisbellecesoir?»luimurmura-t-il,l’attirantplusprèsdeluijusqu’àcequ’ilsseregardentdanslesyeux.

Ellesecoualatête,n’osantpasouvrirlabouche,tantelleavaitpeurdenepasarriveràproduireunson.

«Tuessuperbe,»dit-iltoutenluicaressantlesbrasetlesépaules.«Jesuisl’hommelepluschanceuxdumonde!»Elleportait l’unedesesjupesenjeanpréférées et un haut de dentelle noire boutonné devant qui laissait voir sondébardeur rose très sexy. Ses boucles d’oreille et ses bijoux assortis faisaient

ressortirleroselumineuxdesapeau.Illaparcourutdesyeux,pourfinirparseslèvres.

Elle noua ses doigts autour de sa nuque, l’attirant vers elle jusqu’à ce queleurs lèvres se rencontrent. La décharge presque électrique qu’elle ressentitlorsque leurs lèvres se touchèrent la parcourut comme une vague, la faisantvibrertouteentière.Quandellefinitpars’écarter,elleétaithorsd’haleineetellevoyaitunpeutrouble.

Ilappuyasonfrontcontrelesienensouriant.«Tuessûredevouloirentrer?»

Éclatantderire,ellehochalatêtejusteaumomentoùlaportes’ouvraitpourlaisser échapper de la musique très forte, lui donnant envie de danser. Ayantretrouvé sa confiance en elle, elle lui saisit la main et entra à toute vitesse,arborant un large sourire tout en traversant la salle comble, en direction de lapistededanse.

Illapritdanssesbras,l’attirantversluitandisquetousdeuxs’élançaientsurlevieuxplancherdebois.Tourbillonnantencompagniedesautrescouples, ilsbougeaient au rythme de la musique, souriant et riant ensemble. Grant étaitvraiment doué pour la danse. Il la faisait tournoyer, la soulevait, la faisaitplonger, le tout sans à-coups, avec beaucoup de fluidité. Elle n’avait jamaisévoluéavecquelqu’unquidansaitsibien.Quandlemorceaufutfini,ilsallèrentensemblejusqu’àlatableoùChaseetLaurenétaientassis.Chaseavaitunebièreàlamain,Laurenbuvaitàpetitesgorgéesuncocktailquidevaitêtreàbasedelimonadeetdejusdecanneberge.

«Bonsoir!»leurlançaGrant,enhochantlatête.«Vousavezfièrealluretouslesdeuxsurlapiste,»ditChaseavecunsourire,

touten faisant signeà la serveusepour luidemanderd’amenerdeuxbièresdeplus.

«Oùas-tuapprisàdansercommeça?»Alexselaissatombersurunechaise,horsd’haleine.Grantsourit.«Mamèren’a jamaisvoulumelaisserfréquenteruncoursdedanse,maisellem’aquandmêmeenseignétouslesmouvements.»

Alex se souvenait que lamère deGrant était unepersonne très dévote, quiparticipaitassidûmentàtouslesévénementsreligieux.Elleétaitmêmesecrétairedel’églisebaptistelocale.

«Trèsjoliàregarder,»ditLauren,enprenantuneautrepetitegorgéedesoncocktail.Alexremarquaquesasœuravaitl’airunpeupâle.

Sepenchantprèsd’elle,elleluimurmura,«Tutesensbienaujourd’hui?»Laurenhochafaiblementlatêteetfermalesyeux.Toutd’uncoupelleseleva

detable,etAlexs’excusapoursuivresasœur.Elleseprécipitaverslestoilettes,justeàtempspourréaliserquesasœurétait

entrainderendretoutsondîner.Ellenesavaitpasquoifaire,alorselleattenditàlaporte,voulantl’aider,maissesentantimpuissante.

QuandLaurensortitdelacabine,lamainsurl’estomacmaisunsourireauxlèvres,Alexlaserradanssesbras.

«Çava?Peut-êtredevrions-nousterameneràlamaison?»Elleserecula,etregardasasœur.Laurenavaitencoreleregardunpeuéteint.Ellereprenaitpeuàpeudescouleurs,maisAlexvoyaitbienqu’ellen’étaitpascomplètementremise.

Laurensecoualatête,«Oui,çavaalleràprésent.»Elles’approchapourserincer la bouche, regardant sa sœur dans le miroir. « En général ça n’arrivequ'unefois.Maintenanttoutirabien.»Ellesemassal’estomacànouveau.

Alex entoura sa sœur de ses bras. « Je serai contente quand ces fichuesnauséesserontfinies!»

Ellesentendirentunpetitbruit,etlorsqu’ellestournèrentlatête,ellesvirentledosdeSavannahquisortaitprécipitammentdestoilettes.

Lauren leva les yeux au ciel et haussa les épaules. « Eh bien au moinsmaintenantnoussavonsquelanouvellevaserépandretrèsvite.»Ellepouffa.«Viens,jesuissûrequemonmaridoitêtremortd’inquiétude.»

Ellessortirent,et lorsqueChaselesvit, ilseprécipitaetpritsafemmedansses bras avec tendresse, en murmurant quelque chose à son oreille. Alexs’approchaets’assitàcôtédeGrantensouriant.«Ellevabien.»Elleattrapasabièrefraîcheetenpritunegorgée,tandisquelecoupleretournaits’asseoir.

« Alex, dis à ta sœur que nous devrions rentrer, » dit Chase en désignantLauren.

Alexsecoualatête.«Situarrivesàluifairefairequelquechosequ’elleneveutpasfaire,ehbientuasplusd’influencesurellequejen’enaijamaiseu!»

Laurenéclatade rire.« Jevaisbien,vraiment.»Ellepritunegorgéede saboissonetsourit.«Etpuis,tuaspromisquetudanseraisavecmoi,cowboy!»EllefitleverChaseenletirantparlebras,etl’entraînajusqu’àlapistededanse.Alexsoupiraquandellelesvitévoluersurlapiste,danslesbrasl’undel’autre.

«Ilsvontbienensemble!»murmuraGrantdanssonoreille.Illuimitlebras

autourdesépaules,etl’attiraplusprèsdelui.

«Ouais,»soupira-t-elle,«c’estvrai!»Justeàcemoment-là,Savannahs’approchad’euxencompagniededeuxde

sesamies,unrictusmoqueursurlevisage.« J’apprends que c’est lemoment des félicitations ! » Elle croisa les bras,

faisantpresqueexploserlesboutonsquifermaientsonchemiserdevant.Alex hocha la tête, sans vraiment faire attention à elle. Elle savait que

Savannah essayait juste de la provoquer en présence de ses amies.Alors à laplace,elleentraînaGrantverslapistededanse.

«Quesepasse-t-il?»murmura-t-ilàsonoreille,tandisqu’ilscommençaientàsebalancerdoucementaurythmed'unechansontriste.

«ElleestentréedanslestoilettesjusteaprèsqueLaurenaiteudesnausées.ElleconnaîtLaurendepuisqu’ellessont toutespetites.Lemoinsque jepuissefaire quand il est question dema sœur, c’est d’être polie. » Elle recula et luisourit.«Maisçaneveutpasdirequejedoisluiparler,cependant!»

Il s’esclaffa. « Tu sais, je n’ai jamais aimé cette fille. Elle m’appelait‘hippopotame’!»Ilfronçalessourcils,etAlexvitcombienilavaitdûsouffrir.«Elledisait‘espèced’hippopotamegoulu’!»

« Quelle horreur ! » Alex chercha Savannah des yeux, avec l’envieirrépressible de lui balancer quelque chose sur la tête à nouveau. Peut-être unverredebière?

Grant s’esclaffa. « C’est moi qui suis censé défendre ton honneur, pasl’inverse!»

«Hmmm.Qu’as-tudit?»Elleleregarda.Ileutunpetitrire,etsecoualatête.«Net’inquiètepas.Oublie-la.C’étaitily

a bien longtemps, et ça n’a plus aucun sens à présent. » Il se pencha etl’embrassa tendrementsur labouche.«Etpuis,celam’arenduplus fort !» Ill’embrassaànouveautandisquetousdeuxvirevoltaientsurlapiste.

«Mmm,dequoiparlions-nous?»Elleéclataderire,etl’attirapourunautrebaiser.

Chapitre12

Cettenuit-là,AlexrestaànouveauchezGrant.Grantadoraitseréveillerensentant son parfum si sensuel. Elle était contre lui, avec sa peau si douce, etlorsqu'il ouvrit lesyeuxet contempla sonvisage endormi, il seprit à rêverdeleuravenirensemble.

Cesoir-là,c’étaitledînerchezsesparentsàlui,etmêmesicelalerendaitunpeunerveuxd’amenerAlex,ilétaitimpatientd’officialisersarelationauprèsdesesparents.Cen’étaitpascommes’ilsnelaconnaissaientpasdéjà.LepèredeGrantetsonpèreàelleavaientétéamisdepuis l’écoleprimaire.Grantpensaitmêmequesesparentsétaientparrainetmarrainedes troissœursWest,mais iln’enétaitpassûr.

Ilsetournalégèrementsur lecôtéet laregardadormirquelquesminutesdeplusavantque leréveilnesonne.Lescheveuxblondsd’Alexétaientnouésenunenatteassezlâche,quiluitombaitsurlesépaules.Sescheveuxétaientdouxetavaientunparfumdefleurs.Elleavaitamenésesaffairesavecelle,etàprésentsasalledebainseremplissaitpeuàpeudeflacons tousplusparfumés lesunsquelesautres.

Elleavaitlapeaudouce,delacouleurd’unepêchemûre.Elleavaitleslèvresroses, qui avaient si bon goût qu'il ne voulait jamais s’arrêter de les savourer.Tendantlamain,illuicaressalajoueduboutdesdoigts.Encoreendormie,ellegémitet seblottitcontre lui, le faisant réagirà la sensationdesoncorpsnusiprès du sien. Fermant les yeux, il pensa que si elle se réveillait, il serait ànouveauenretardpournourrirlesanimaux.Quandelleentrouvritlespaupières,ilsutqu’ilnesortiraitpasdulittoutdesuite.

Il finit par sortir, et alla sous le porche, se protégeant de la pluie et dutonnerre.Grantrentraànouveau,attrapasavesteimperméableetsesbottespourfairesarondedumatin.

Aux environs demidi le soleil avait percé l’épaisse couche nuageuse, et lasueurcoulaitdanssondospendantqu’il travaillaitavecl’undeschevauxqu’ilavait acheté dernièrement. Alex était partie peu après le lever du soleil, endirectiondu restaurant. Ildevaitpasser lachercherchezelleverssixheuresetdemi, afin qu'ils soient chez ses parents à lui bien avant l’heure du dîner. LamèredeGrantappréciaitlaponctualitépar-dessustout.Celaavaitététoujoursle

cas,etdoncilavaitappristrèstôtàêtretoujoursenavance.Il avait remis le corral en ordre, et les plus petits des animaux y passaient

beaucoupdetempsàjouerausoleil,tandisqueleschevauxetlebétailpassaientleursjournéesdansleschamps.

Iladoraitquesapetitepropriétésoitpleinedetoutessortesd’animaux.Jamaisiln’avaitpuavoird’animallorsqu’ilétaitenfant,bienqu'ilaitessayéàplusieursreprisesdeconvaincresesparents.Samèreétait lapersonnalitéAclassique,etellepassaitl’aspirateuretbalayaitaumoinsquatrefoisparjour.Ilétaithorsdequestion pour elle d’avoir du poil de chien (ou d’un autre animal) dans samaison.

Au fil des années, il avait ramené plein d’animaux, depuis des chatonsjusqu’àunpetitalligatorqu’ilavaittrouvédansl’herbeprèsd’unepoubelle,unjouroùilsavaientfaitunebaladeenborddemer.

Il avait supplié samère de le laisser garder ce petit bonhomme quand ellel’avaitsurprisfaisantnagerRogerdanslabaignoire.Ill’avaitfaitentrerdanslamaisonencachette trois joursplus tôt. Il luiavaitpromisqueRogerhabiteraitdanslabaignoire,etneferaitpasdesaletésdanslerestedelamaison.Maisenfindecompte,sonpèreavaitemportéRoger,enpromettantqu’illeremettraitenliberté.

Il contemplait son jardin, et la grande diversité d’animaux qu’il y avait lefaisaitsourire.Ilavaittoutessortesd’animaux,maispasd’alligator.

Ilriaitdevoirlesoiesetlescanardssechamaillerdanslapetitemare.Ilnesavaitpastrèsbienpourquoi,maisceux-cis’obstinaientàrevenir,etmêmes’ilsneluiappartenaientpas,illesincluaitdanssaménagerie.Illeurlançaitsonpainsec tous les jours. Il savait que ces volatiles nichaient dans les hautes herbesautourdupetitpointd’eau.

Ilsouritetparcourutduregardtoutcequil’entourait.Cetendroitétaitàlui,etil était horsdequestionqu’il enparte.C’était chez lui, et il savait avecqui ilvoulaitpartagercelieuàl’avenir.

Il regarda en direction de la maison, imaginant très bien Alex, un jourprochain, sortir par la porte arrière et lui faire signe. Il y aurait des enfantscourant dans le jardin, trois, ou peut-être quatre.Alex aurait planté des fleursdansdesbacsdevantchaquefenêtre,etlelongduchemin;lesoleilmettraitleurscouleursenvaleur.

Il regarda samontre et se rendit compte qu'il avait passé beaucoup trop de

tempsàrêvasser,etqu'ilallaitêtreenretard.Ilrassemblalesanimaux,lesrentrapour lanuit,puisentraprendreunedoucheetsechanger,prenantbiensoindemettrechemiseetcravatedesoirée,pourfaireplaisiràsamère.

Quand il franchit les portes de Saddleback Ranch, il remarqua l’énormetroupeauquiétaitconduitdansleschampsparuneéquiped’unedemi-douzained’employés.Illeurfitbonjourdelamain,puispoursuivitsoncheminets’arrêtadevantleporche.Certeslamaisonétaiténorme,presquetroisfoislatailledelasienne.

Ilsavaitqueletroisièmeétageétaitenfaitungrandgrenier,maismêmeainsi,aumoinsquatrepersonnespouvaientvivredanslamaisonconfortablementsanssegêner.Soncœursemitàbattrelachamade,etilsedemandacequ'ilfaudraitqu'ilfassepourconvaincreAlexd’habiterdansunemaisonpluspetite.

Lorsqu’ilseprésentadevantlaported’entréeetfrappa,ilavaitpresqueréussiàseconvaincrequ’ellen’accepteraitjamaisdevenirvivredansunepetiteferme,avecunhommequiétaitencore rondouillardétant jeune,myopedesurcroitetharceléparlesautresenfants.

Lorsque la porte s’ouvrit, il se demandaitmême pourquoi elle acceptait dedîneravec lui, toutsimplement.Rienn’auraitpu leprépareràvoirunefemmeextrêmementéléganteenfacedelui,dansl’encadrementdelaporte.

Alex était si nerveuse. Elle avait changé de tenue sept fois. Un nouveaurecord.ElleavaitfiniparentrerencourantdanslachambredeHaley,seulementenveloppéedesondrapdebain,etelleavaitcommencéàfouillerdanssagarde-robe.LorsqueHaleyétaitentréedixminutesplus tard,elleavaitpousséuncristrident.

«Qu’est-ce que tu fais ? »Haley se pencha pour ramasser la jupemarronqu’Alexavaitfaittombersanslefaireexprès.

«Al’aide!»criaAlex.Elleseretourna,l’airdésespérée.«C’estcedîner!ChezlesHolton.Dansmoinsd’uneheure!»

Haley lui sourit, et l’attrapapar les épaules. «Respire.Onvay arriver ! »PuisHaleyferma lesyeux,etAlexvitbienqu’elleétaiten traind’imaginer latenue idéale. Alex savait que Haley avait un talent fou pour savoir quelsvêtements seraient les plus adaptés à une situation donnée, alors elle restaimmobilejusqu’àcequeHaleyfinisseparouvrirlesyeux,ungrandsouriresur

levisage.«Viensavecmoi.»Elle la tirapar lamainet l’emmenale longducouloir.

Tout d’abord, Alex crut que Haley voulait la conduire dans la chambre deLaurenetdeChase.Laurenavaitdebeauxvêtements,maisellefaisaitaumoinsdeux tailles de plus qu’Alex au niveau des hanches. Même les vêtements deHaley étaient un peu trop grands,mais avec une jolie ceinture,Alex se seraitdébrouillée.MaislorsqueHaleycontinuasoncheminendépassantlaportedelachambredeLauren,Alexfutencoreplusperplexe.

«Oùest-ceque tum’amènes?»demanda-t-elleensecouant lamaindesasœur.

«Attends, tu vas voir. »Haley l’entraînait vers la portemenant augrenier.Celafaisaitdesannéesqu’Alexn’yavaitpasmislespieds.Pourêtretoutàfaithonnête,ellen’avaitpasdutoutenvied’yaller.Ilyavaittropdesouvenirsluirappelantsamère,c’étaittropchargéenémotions.Elleavaitévitéd’ouvrircettelourdeporteenboisaussi longtempsqu’elle l’avaitpu.Etàprésentelle suivitHaley dans l’étroit escalier, écoutant lesmarches craquer tandis que les deuxsœurss’avançaientdanslapénombre.

«Haley!»Elleavaitenvied’échapperàl’emprisedesasœuretdes’enfuirencourant.

«Attends.Tuvasadorerça!Jesuismontéeicil’autrejour,pourvoirs’ilyavaitquelquechosequenouspourrionsutiliserpourfairenotresurprise.»Ellefinit en chuchotant. «Quoiqu’il en soit, je suis tombée sur cettevieillemallepleine de vêtements. Je crois qu’ils étaient à grand-mère, et peut-être aussi àmaman.»Ellehaussalesépaulesetlâchalamaind’Alex.«Bref,j’aitrouvéLArobeparfaite!»Haleysepenchaetouvritlecouvercledelavieilleboîte.

Lapremièrepenséed’Alexfutque toutcequ’ellecontenaitdevaitêtre tropvieux,et trèsabiméàprésent,mais lorsqueHaleyplongea lamainetensortitunepiècedetissugrisfoncé,Alexregardadeplusprès.

«Qu’est-cequec’estqueça?»Ellesepenchaetpritletissudesmainsdesasœur.Haleyseredressaetsourit.

Alexouvritlesacoùlevêtementétaitconservésousvideetensortitlarobe.Elleétaitsomptueuse.Lematériauaériensedéfroissafacilementenlasecouant.Lelargecolétaitcroisésurlapoitrineetdénudaitlesépaulessurlescôtés;lesmanchesluiarriveraientàmi-bras.Ilyavaitdeuxénormesboutonsquiseraientjusteauniveaudesesdernièrescôtes,au-dessusunegrosseceinturenoiredotéed’uneboucleenargent toute simple.La jupeétait évasée, et lorsqu’ellemit la

robedevantelle,eleserenditcomptequ’elleluiarrivaitàmi-mollet.

ElleregardaHaleyavecungrandsourire.«Elleestparfaite.»«Oh... » Haley se tourna et fouilla à nouveau dans lamalle. « Il y a des

chaussures. » Elle sortit les paires l’une après l’autre, et Alex se dit qu’elleremonterait en essayer certaines plus tard. Pour finir, elle sortit une paired’escarpinsnoirs,simplesmaisélégants,quiavaientdûêtretrèsàlamodedanslesannéestrente.Siseulementilspouvaientluialler...

Haley les posa devant elle, car elle était pieds nus. Alex les enfiladirectement,etsavouraleurconfort.

«S’ilsétaientunetaillepluspetite,ilsiraientàLauren,unetailledeplus,etilsseraientparfaitspourmoi.Mais,»ditHaleyenlevantlesyeuxversAlexetenluisouriant,«ilssontfaitspourtoi.Ilssontparfaits!»

Ellefitunsourireàsa jeunesœuretpendantunmomentsemitàcroireaudestin.Celaluipritpresqueunedemi-heurepourparveniràsedéciderpourunecoiffure.À la fin,elle laissaLaurenentrerpour lui faireunchignonperchéausommet de la tête. Lauren était retournée dans sa chambre à toute vitessechercher lesperlesde leurmère,bouclesd’oreille ainsiquecollier ras-de-cou.Alex se regarda dans la psyché dans la chambre deLauren, et les trois sœurssoupirèrentensemble.

«Turessemblestellementàmaman,»ditLauren,àmi-voix.«Vraiment?»Alextournaunpeu,etsarobevirevoltaautourd’elle.Ellese

rappelait àpeineàquoi samère ressemblait.Maiselledevait admettrequ’ellen’avait jamais eu aussi belle allure. Aucune jupe courte ni aucun bustier nel’avaitautantmiseenvaleurquecetterobesimpleetélégantelefaisaitàprésent.C’étaitlaclasse,lagrandeclasse.Sielleparvenaitàbiens’entirercesoir,peut-êtreparviendrait-elleàsauversarelationavecGrant.

Cinqminutesavantqu’iln’arrive,ellemitladernièretoucheàsonmaquillageet descendit l’escalier pour l’attendre.Haley avait pris quelques clichés d’ellelorsqu’elledescendaitlesmarches.Haleyavaittoujoursessayédeconserverunsouvenir des moments particuliers comme celui-ci, mais dans l' ensemble,LaurenetAlexavaientfaittoutleurpossibleafind’éviterleslonguesséancesdeposedevantl’appareilphotodeleursœur.

« Juste une autre, » dit Haley à l’instant même où quelqu'un frappatimidementàlaporte.

Alexs’avançaet,prenantunegrandeinspiration,ouvrit.

L’expressiondeGrant était tropdrôle.C’est lebruitdudéclicde l’appareilphotodeHaleyquilesortitdesatranse.Ilclignaplusieursfoisdesyeux,etAlexcrutlevoirchancelerunpeu.

Elle s’approcha, lui prit le bras et éclata de rire. « Grant ? » Il était trèsélégant avec son smoking noir. Sa chemise habillée était entrouverte, car iln’avaitpasattachélepremierbouton.

«Laisse-moiuninstant.»Ilfermarapidementlesyeux,puislesrouvrit.Unsourireapparutlentementsursonvisage.«Ouh,lala!»

Alexeutunpetitsourire,pendantqueHaleyetLaurenpouffaientàl’arrière-plan.

«Ouh, la la, »dit-il ànouveau, en secouant légèrement la tête. «Où... ?»commença-t-il,puisilsecouaànouveaulatête.

«Celaappartenaitànotregrand-mère.Bon,dumoins,c’estcequ'onpense.Çateplaît?»Elletournoyadevantlui,pourluimontrercombienlajupeflottaitbienàchaquemouvement.

«J’adoreça!Tuasl’airsi...»Ilsecouaànouveaulatête,etAlexluisourit.«Merci.»Puisellebaissalesyeux,etsonsourires’élargit.«Sont-ellespour

moi?»«Hein?» Il regarda lepetitbouquetde fleursblanchesqu’ilportait.Elles

avaientl’airaussisoyeusesquelarobed’Alex,etsansaucundoutesentaitaussibon.«Oh,oui!»Illesluitendit,lesyeuxtoujoursfixéssurelle.Puisilregardasespieds,etellelevitànouveaubafouiller.

« Lauren, peux-tumettre ces fleurs dans de l’eau ? Je suis sûre queGrantaimeraitarriverchezsesparentsavantqu’ilsneserventledessert!»Ellepouffalorsque Lauren s’avança pour prendre les fleurs, non sans avoir plongé sonvisageaumilieudubouquetpourenhumerleparfumdélicat.

QuandAlexseretourna,Grantluidonnalebras.Elleglissasonbrassouslesien et s’accrocha à lui tandis que tous deux s’approchaient du bord de laterrasse.

«Hé!»lançaHaley,etlorsqu’ilsseretournèrent,ellelespritenphototousles deux. «Merci ! Passez unemerveilleuse soirée ! » PuisHaley referma laporteetilséclatèrentderire.

Lorsqu’ils arrivèrent devant la maison des parents de Grant, elle était ànouveau très nerveuse.Elle ne savait pas pourquoi.Après tout, depuis qu’elle

était toutepetiteelle lesvoyaitchaquesemaine.Elleconnaissait toutd’eux,etleuravaitrenduvisitedenombreusesfois.Cettefois-ci,c’étaitdifférent.Elleneparvenait encore pas à savoir pourquoi, sinon qu’elle avait besoin de leurapprobation pour fréquenter leur fils. Ce n’était pas comme si elle allaitl’épouser. Après cette épreuve épouvantable avec Travis, elle s’était bien juréqu’ellen’épouseraitpersonnependantpasmald’années.Aprèstout,vingt-quatreans c’est bien trop jeune pour savoir ce que vous voulez, ou avec qui vousvoulezvivrejusqu’àlafindevosjours.

Grantentraparlaportededevant,sansfrapper.L’endroitétaittelqu’elles’enrappelait—immaculé.Samaisonàelleétaitpropre,maisrienàvoiravec ici.MêmelamaisondeGrantn’étaitpassipropre.Alexétaitsûrequ’uneéquipede‘MaisonsetJardins’devaitattendredehors,prêteàprendrepleindeclichéspourleprochainnuméro.Ilyavaitdesfleursfraîchessurlestables,dansdesvasesencristal,etdepetitsnapperonsétaientposéssurlessurfacespourquelesvasesneleséraflentpas.Lesvieuxplanchersbrillaient,etelleauraitjuréqu’ellepouvaitsevoirdanslereflet.

Justeàcemoment-là,lepèredeGrantentradanslesalon.«Oh,vousêtesici,touslesdeux.»SonpèreleursouritettraversalapiècepouraccueillirGrant.

«J’aiamenédelabière.»Grantsoulevalepackdesixetlesecoua.«Parfait ! » dit sonpère enprenant le pack, et en tendant lamain àAlex.

«Alexis,tuesmerveilleusecesoir.»Avecunsourire,ilsepenchaetluifitunbaise-main.«TuressemblesàLauracommedeuxgouttesd’eau.»

Cela faisait des années qu’elle n’avait pas entendu quelqu'un prononcer lenomdesamère.Celaluifaisaittoujoursunchocd’entendredespersonnesparlerd’elle,enparticulierlorsqu’ilslefaisaientavecunairtriste.

«Glenn?»LamèredeGrant,Carolyn,entradanslapièce.Sajupeàfleurstoute simple et son chemisier lamé argent étaient immaculés, tout comme lachemise et le pantalon de sonmari. «Oh, vous êtes ici, tous les deux. Pile àl’heure,aussi.»LamèredeGrants’avançaavecunsourire—non,ilseraitplusjustededirequ’elleglissa—jusqu’àeux,etembrassasonfilssurlajoue.Ellese tournaensuiteversAlex,et sonsourire s’élargit.«Oh, regardez-moiça !»Elle prit les mains d’Alex dans les siennes. « Comme tu es belle ! » Elleparcourutsatenueduregard,ungrandsouriresurlevisage.«Quellebellerobe,celatevasibien!»Elles’avança,etluidéposaunbaisersurlajoueaussi.

«Merci,MretMrsHolton.Merciàtouslesdeuxdem’accueillircesoir,»ditAlexunpeunerveuse.

LepèredeGrants’exclama:«Qu’est-cequec’estqueces‘MretMrs’?»Tunous appelles par notre prénom depuis que tu es toute petite. Pas la peine dechangerçamaintenant!»LepèredeGrants’approcha,etluipritlamainàsontour.«Etàprésent,dis-moicomment tucomptesbattre tout lemondedans lacourse aux tonneaux demain. » Il l’amena à l’arrière de lamaison, jusqu’à lasalleàmanger.

Lorsquel’onservitlamousseauchocolat,Alexétaitsûrequ’elleallaitdevoirdesserrersaceinture.Cela faisaitbien longtempsqu’ellen’avaitpasmangéundînerfaitmaisonaussidélicieux.LesparentsdeTravissevantaientd’êtreparmilesmeilleurshôtesdelaville,maisellen’avaitjamaisessayédesefaireinviter.Même après l’annonce de leurs fiançailles. Elle n’étaitmême jamais vraimententrée dans leur large demeure, qui était située en haut d’une colline, juste endehorsdelaville.

LesparentsdeGrant,GlennetCarol,commeilsaimaientqu’onlesappelle,étaientdevieuxamisdelafamille.Lamamand’AlexavaitétéunegrandeamiedeCarolpendanttouteleurscolarité.

« Carol, c’est vrai que je ressemble àmamère ? » demandaAlex lorsquetoutesdeuxfurentassisessousleporcheàl’arrièredelamaison,tandisqueleshommesravivaientlefeudanslebrasiertoutensavourantleurbière.

Carollaregardaetsoupira.«Oui,machérie.Devoustrois,tuescellequimefaitlepluspenseràLaura.Nonseulementtuassesyeux,maisj’aiaussiapprisquetuchantescommeelle.»Carolsepenchapourluitapoterlamain.

Alex hocha la tête. «Oui, c’est ce que papa avait l’habitude demedire. »L’air triste, elle regarda ses mains à nouveau. « J’aimerais me la rappelerdavantage.»

«Oh...»Carolselevad’uncoup.«Jepeuxt’aider!Jenesaispaspourquoijen’yaijamaispenséauparavant.»Ellesetournaverssonmarietdit:«Glenn,va chercher le vieux projecteur dans le garage. Grant, va avec lui et ramènel’écran.Nousallonsnousinstallerici,ceseraparfait!»

Pendant que les hommes se dirigeaient vers le garage, Alex vit Carol seprécipiteràl’intérieur.«Nebougepas!»luilançaCarolavecungrandsourire.«Tuvasadorerça!»

Dixminutesplustard,aprèsavoirdépliél’écrandeprojectionettoutinstallé,touslesquatreétaientconfortablementinstallésdanslesfauteuilssousleporche,tandisquelevieuxprojecteurdiffusaitdesimagesvacillantes.

Devieillesimagesennoiretblanc,montrantdesadolescentssuruneestradeàl’école.Lesonduhaut-parleurétaitplutôtbrouillé.Lasalledeconférencesdulycéen’avaitpaschangé.C’étaitlemêmerideaunoirquiétaitaccrochéaufond.

«Jecroisquec’esttamamanlaprochaine,»ditCarol,avançantunpeudanslevieuxfilm.«Lavoilà!»Carolsereculaetallas’asseoiràcôtédesonmari.

PuisAlexvitsamèremontersurscèneavecunevieilleguitare.Elleportaitunejupeblancheetunchemisierdecouleurclaire.Elleavaitlescheveuxunpeupluslongsqueceuxd’Alex,quipendaientsursesépaulesàpeuprèsdelamêmemanièrequelessiens,justeunpeuondulés.Puisellesemitàjouer,etAlexenoubliaderespirer.Elleécoutasamère interpréterunevieillechansondeDollyPartond’unevoixdouce, qui ressemblait fort à celle d’Alex lorsqu’elle-mêmechantait:

Parfoisj’essaiedesavoirpourquoijet’aimeMaisjen’yarrivejamaisJet’aimedetantdemanièresetpourtantderaisonsMaisplusencorequetoutjet’aimecommetuesPlusencorequetoutjet’aimecommetues

Tuesmoninspiration,tueslachansonquejechanteTuescequimerendheureuse,tuesmontoutTuesmonsoleillejour,monétoilelanuitToutcequej’aitoujoursvoulutrouver,voilàcequetuesToutcequejeveuxjamaisposséder,voilàcequetues

Pendant qu’Alex écoutait la chanson, des larmes semirent à couler sur sesjoues.Elle sentit lamaindeGrant seglisser sur la sienne, et elle continuait àfixerduregardlafemmequiavaitdonnésaviepourlasauver.

Ellesesouvenaittrèsvaguementdesamèreluimurmurantdansl’oreille,ensepenchantetenl’embrassantsurlefront,‘Tuesmontout’.

Àlafindelachanson,lepublicdanslasalleselevaetapplaudit.CarolluitenditunmouchoirenpapieretAlexs’essuyalesyeux,lentement.«Merci.»Ellefitunsourireàlameilleureamiedesamèreaumilieudeses

larmes, sachant qu’elle avait maintenant un souvenir de sa mère qu’ellen’oublieraitjamais.

Chapitre13

GrantdéposaAlexchezellepeuavantvingt-deuxheures.La journée seraitlonguelelendemain,etGrantsavaitquecelacommenceraitdèsl’aube.IlavaitinscritMojoetsesbébés,etilfallaitqu’ilysoitdebonneheureluiaussi.Ellesseraientencompétitionavectrenteautreschèvrespourremporterleprixduplusbelanimal,alorslalutteseraitserrée.Illuifaudraitleschargeràbordducamionetlesamenerdansleurboxavantseptheuresdumatin.

Ilsavaientdécidéqu’ilvalaitmieuxqu’Alexrestechezellecettenuit-là,carilfallaitqu’elleseprépareetqu’elleysoitdebonneheure.

Il se tourna et se retourna dans son lit pendant une heure, puis finit parabandonneretluienvoyaunsms.«T’eséveillée?»Elleréponditquelquessecondesplustard.«Oui.»«Tumemanques.Quedirais-tusi jegrimpaisà lagouttièreetmeglissais

parlafenêtrepourvenirterejoindre?»«Jediraisquec’estunebonnechosequeChaseaitrenforcénosgouttières

auprintempsdernier.LOL.»«?»«LOL?Çaveutdire‘laughoutloud’.»«Oh,jen’ensuisqu’àmesdébutsdanstoutça.Commentfais-tupourtaper

sivite?»«LOL, tuvois lepetitboutonmicroenbasàgauche?Cliquedessus,puis

parleclairementdevanttonécranetcliquesur‘envoi’.»Il essaya et vit les mots qu’il prononçait s’inscrire sur l’écran

automatiquement.«Qu’est-ceque...Ohc’estvraimentgénial!»Il essaya plusieurs autres choses, s’habituant à cette nouvelle technologie.

Finalement il envoya,«Bon, je feraismieuxde te laisser.Bonne chancepourdemain.»«Merci,toiaussi.Jeteverraisûrement!J’essaieraidem’arrêterauboxdes

chèvresavantdemonter.Tumemanques.»«Moiaussitumemanques,bonnenuit.»Ilrestaéveilléencoreunpeu,pensantàAlex,avantdefinirparsombrerdans

lesommeil.Lematin arriva trop vite, et tout alla de travers. LorsqueGrant eut fini de

fairemonter leschèvresdans lecamion, il avaitdéjàdûchanger son tee-shirt.Toutes étaient facilementmontées dans le fourgon, sauf Buttercup. Buttercup,elle,avaitdécidéquec’étaitlemomentdejouerdanslabouequis’étaitforméeavec lapluie tombéecesdeuxdernièresnuits.Après l’avoirdouchéeetséchéedumieuxqu’ilpouvait,ils’étaitprécipitédanslamaisonpoursechanger.Ilétaitarrivéàtempsauterrainoùsedéroulaitlerodéo,maisensuiteilavaitfalluqu’ilattende au beaumilieu de ce bazar, jusqu’à ce que tous les participants aientdéchargéleursanimaux.Celapritpresquedeuxheures,avecl’aidedeplusieursemployés du champ de foire, pour faire descendre ses chèvres et les installerdansleursenclos.Pourchacune,onluiavaitremisunnuméroquicorrespondaità celui qui était accroché sur les barreaux. Il prit quelques minutes pour lesbrosser chacune, et s’assurer qu’elles étaient propres, tout particulièrementButtercup.

Quandilfinitpars’éloignerdel’immensegrange,ilalladirectementverslecoinrestauration.Lecielétaitcomplètementbleu,etàcausede lachaleur ilyavaitdéjàlaqueueauxstandsquivendaientdesglacesetdesboissonsfraîches.Il rencontra quelques amis en chemin, appréciant de pouvoir prendre desnouvellesdechacun.

Il retrouva Alex et tous deux allèrent jusqu’à la zone restauration, où ilsachetèrentdeuxassiettesavecdupouletrôti,lelapuréeetdelasalade,ainsiquedeux boissons gazeuses. Descendant le long d’une pente herbeuse, ils sedirigèrentversunepetitemarehabitéepardescanardsetdesoies,etprirentleurdéjeuneràl’ombred’ungroschênequisurplombaitleseauxfraîches.Aprèslerepas,GrantpritAlexsurlesgenoux,ettousdeuxregardèrentlescanardsnageretécoutèrentlesenfantsquis’amusaientàdévalerlacolline.

Alex avait l’air plus sexy que jamais dans son costume d’équitation, prêtepour lacompétition.Elleavait lechapeauquipendaitàsoncou,etportaitunechemiseblanche,uneceintureetdesbottes,tousbordésdeperlesturquoise.

Lorsquecefutl’heure,ilsallèrentjusqu’àl’arèneprincipale,etGrantvitqueHaleyétaitdéjàsurlesgradinslorsquelacompétitioncommença.Toutlemonderiait en regardant le rodéo des enfants à dos demouton.Quand la course des

tonneauxcommença,Grantétaitassisauborddesonsiège,tantilétaitanxieuxdevoirAlexs’élancerdetonneauentonneau.Ilavaittoujoursétééblouidevoircombien elle allait vite à cheval, et avec quel bel ensemble elle-même et lechevalsedéplaçaient.

Àlafindelapremièremanche,Alexétaitdanslepelotondetête,sansaucunecontestation possible. Grant s’avança vers la barrière pour lui parler tandisqu’ellebrossaitsoncheval,Sophie.

Ils bavardèrent jusqu’au moment où Alex dut monter à nouveau à cheval.Avant de s’élancer, elle se pencha par-dessus la barrière et donna un baiser àGrant,surleslèvres.Ill’approchaplusprèsdeluietl’embrassapassionnément,prenant le temps d’explorer sa bouche et de savourer la sensualité de cetteétreinte.

Elles’écartaetsedirigeaverssoncheval,ensourianttoutenagitantlamaindans sa direction. Il fit demi-tour, et se trouva nez-à-nez avec Travis et sesparents. Roy et Patty Nolan faisaient partie de l’élite de la ville. Du moins,c’était ce qu’ils voulaient que tout lemonde croie.Mais les gens de Fairplayn’étaientpasdupes.

CelafaisaitdesannéesetdesannéesmaintenantqueRoyétaitlemaire,etilsemblait que ça ne s'arrêterait jamais. Cependant, à la maison, les chosesn’étaientpassisimples.Travisétaituncasse-cou,etavaitlechicpourtoujoursfinirderrière lesbarreaux, alorsqueRoyétaitunechiffemolle.C’était en faitPattyquimenaitlabarque.Peut-êtreétait-cepourcelaqueTravisétaitainsi.

Letrioleregardaenfronçantlessourcils,puisRoys’avançapourvenirserrerlamaindeGrant.

«Grant,çafaitplaisirdetevoir.Turestesdanslecoin,àcequejevois.»Iléclataderire.

«Oui,monsieur.Jesuisrevenupourrester.»Ilvitunbreféclairbrillerdanslesyeuxdesoninterlocuteur,maisessayadenepassesentiramer.C’étaitdoncl’hommequitentaitdefairerévoquersalicencejuridiqueprofessionnelle,oudumoins c’était ce que son père et lui pensaient.La plainte venait du bureau dumaire,aprèstout.

«Bien,bien.Tuhabitescheztesparents?»GrantsentaitleregarddeTravisquiletransperçait,maisévitaitdeleregarderenface.

«Non,monsieur.J’aiachetélavieillefermedeWilkinsonàlafindel’annéedernière.»

«LafermedeWilkinson?CellequiestàcôtédeSaddleback,c’estça?»Ilyeut une étincelle dans les yeux du vieil homme. Puis il s’éclaircit la gorge.«Justementjeparlaisl’autrejouràmonvieuxcopainquiestauConseild’Étatdecettenouvelleaffairequetonpèreet toimettezsurpied,»ditRoyavecunsourire, tandisquesa femme toussotait.LorsqueGrant la regarda, ilvitque levisageetlecoudecelle-ciétaientdevenustoutrouges.

«Oui,monsieur.Noussommestrèscontents.Monpèreahâtequel’affaireaitdémarré.Ehbien...»Granttouchaleborddesonchapeauetessayades’excuser,danscettesituationplusquedélicate.Lorsqu'ilparvintenfinàselibérer,ilallajusqu'à l’arèneovaleets’installaàcôtédeChase, justeaumomentoùAlexetSophiepassaientlabarrièreaugalop.

Alex réussit à gagner quatre secondes sur son tour précédent. Les dernierstoursauraientlieulelendemainsoir,justeavantl’entréedeschevauxsauvages.

Alexavaitpasséunejupeenjeanetunchemisier,etvints’asseoiràcôtédeGrant. Ils regardèrent le rodéo pendant encore une demi-heure, puis allèrentvérifierquetoutallaitbienpourleschèvres.Alexs’assitàcôtédesbiquettes,lesbrossa et les câlina l’une après l’autre.Leur concoursn’aurait lieuque le joursuivant,maisGrantetAlexsepromenèrentdanslesenvirons,regardanttouslesautresanimaux.

Puis ils se promenèrent, main dans la main, parmi les différents stands,s’intéressant à tout, particulièrement au kiosque où plusieurs des tourtes etconserves faites par la mère de Grant avaient obtenu une médaille d’or, quifiguraitàcôtédel’étiquette.

Après avoir goûté à différentes gourmandises, ils se dirigèrent à traverschampsendirectiondesattractionsaumomentoùlechaudsoleilcommençaitàbaisser, donnant au ciel d’automne unemagnifique nuance fuchsia. Il y avaittroisfoisplusdebruitdanslesecteur.Onauraitditquetoutelafoulelesavaitsuivis.Des petits enfants couraient partout, tenant des ballonsmulticolores, levisagepleindebarbeàpapa.

Grant et Alex essayèrent presque toutes les attractions. Au moment où ilsétaientdans laGrandeRoue, lemécanismes’arrêtaalorsqu’ils étaient toutenhaut, et Grant serra Alex contre lui. Il l’entoura de ses bras, et lui donna unbaiser passionné. Jamais baiser n’avait été plus doux. Il la sentit frissonner,l’attiraencoreplusprèsdeluietplongealesyeuxdanslessiens.Ill’embrassadefaçon encore plus fougueuse et ne put s’empêcher de jouer langoureusementavecsalangue.

Tousdeuxne se rendirent pas compteque la roue redémarrait, et lorsqu’ilsdurentdescendredelanacelle,ilsétaienttousdeuxhorsd’haleine,etnerêvaientqued'unechose,c’étaitderejoindrelepickupdeGrantleplusvitepossible.

«Dépêche-toi,»luimurmura-t-elletandisqu’ilsarrivaientenfinauvéhicule,à l’autre bout de l’immense parking. Elle le plaqua contre la tôle, se collantcontreluiavecbeaucoupdesensualité,lerendantfouavecsabouche.

«Alex,mondieu,ilfautqueturalentisses!»chuchota-t-il,puisilsemitàgrogner quand elle défit les boutons de sa chemise et lui griffa doucement lapeauduventre. Il inversa rapidement leurs positions respectives, la hissant enface de lui tout en plongeant la tête afin de l’embrasser brutalement, avecpassion.Onn’entendaitquelebruitdeleursrespirationshaletantesdanstoutleparking.Lefaibleéclairageleurdonnaitsuffisammentd’intimité.LesbottesqueportaitGrantécrasaientlestouffesd’herbesoussespieds,tandisqu’illuiécartaitlesjambesafindeseglisserentreelles.Illuiparcouraitleshanchesavecfurie,luirelevantsachemisepourpouvoirtouchersapeauenfeu.Elleluiplantaitlesdoigtsdanssesmuscles,tantôtlepoussant,tantôtleretenant.

Soudain ils entendirentdesvoix, s’écartèrent et se regardèrent.Alexeutunpetitrirenerveuxtoutenglissantànouveausachemisedanssaceinture.Grantluiouvritlaporteetl’aidaàmonterdanslepickup.

Quand Grant s’installa derrière le volant, il remarqua qu'il avait les mainstremblantes.Aulieudedémarrer,ilrestaassislà,immobile,lesarticulationsdesdoigts blanches tant il serrait le volant, tout en essayant de reprendre sarespiration.

«Grant?»Ilpercevaitledésirdanssavoix.«Jenevoulaispas...jenesaispas...»Quandillaregarda,ilvitqu’elleétaitaussibouleverséequelui.Puisellesejuchasursesgenoux,etcollasabouchesurlasienneànouveau.Illacaressaitpassionnément,entirantsursesvêtements.Ilentenditquelquechosesedéchireret fut très content de pouvoir enfin continuer son exploration de sa peau nue.Ellesecambratandisqu’ilseglissaitdavantageaumilieudelabanquetteavant,afin qu’elle puisse mieux l’envelopper de ses hanches. Sa jupe étroite luiremontaitautourdeshanches.Il luiécartabrusquementsonslip,etplongealesdoigtsenelle,lafaisantgémir.

La bouche collée contre celle de Grant, elle cherchait à tâtons commentdéfairesonjean,etlechevauchaànouveau,sapeaunuecontreluitandisqueluine pouvait plus s’arrêter d’enlacer son corps soyeux. Les vitres de la voitures’embuèrent tant ils transpiraient, se démenant encore plus vite que Grant

n’aurait jamais pu l’imaginer. Avant même qu’il n’ait pu reprendre unquelconque contrôle sur lui-même, elle s’était enfilée sur lui et balançaitlangoureusement ses hanches sensuelles sur un rythme qui lui était propre. Ilappuyalatêtecontrel’appuie-têteetsecramponnatandisqu’elles’employaitàlerendrecomplètementfou.

Alex reprit un peu ses esprits quand elle entendit des claquements deportières.Quandlespharesd’unvéhicule illuminèrent, l’espaced'uneseconde,l’intérieurdupickupdeGrant,ellefermalesyeuxetserecroquevilla,espérantque des enfants n’avaient pas été témoins de ce qui s’était passé quelquesminutesauparavant.

Ill’avaitanéantie.Toutelajournée,ils’étaitcomportéenparfaitgentleman,lui ouvrant les portes, lui achetant des petits cadeaux à la foire, l’embrassanttendrement tout en haut de laGrandeRoue. Jamais encore elle n’avait connucela.Travisavaittoujoursététropégoïstepourluifairepasserdubontemps.

Aucoursdetoutescesannéesoùelleétaitvenueparticiperaurodéo,jamaisellenes’étaitautantamuséequ’avecGrantaujourd’hui.

Elleentrouvritlesyeux,leregardaetsourit.LescheveuxdeGrantétaienttoutébouriffésd’avoirétéparcourusparsesmainsàelle.Ilavaitlatêteappuyéeenarrière, et les yeux fermés tandis qu’il essayait de récupérer son souffle. Ellesentaitsoncoeurbattrecommeunfoucontrelesien,etcelalafitsourireencoreun peu plus. Ils s’étaient anéantis l’un l’autre. Le plaisir. Le plaisir total etabsolu.

«Jen’aijamaisfaitcelaavant,»dit-ilsansouvrirlesyeux.Ellepouffa.«Vraiment?»«Ehbien,moijel’aifait!»Ilouvritlesyeuxetelleparvintpresqueàlevoir

rougirdansl’obscurité.«Simplementpas...»Elleéclataderire,sepenchaetluiplaçaunbaisersurleslèvres.«Moinon

plus.»«Allons-y,»dit-ilenentendantd’autresportièresclaquer.«Ondiraitqu’ils

fermentlesbarrières.Jeferaismieuxdeteramenercheztoi,afinquetupuissestereposeravantlegrandévénementdedemain.»

Quandilsarrivèrentdevantlamaison,levéhiculedeLaurenetdeChaseétaitdéjàgarésouslelampadaire.

Grantgardait lesyeuxfixésdroitdevantlui.«Écoute, jenevoulaispas...»commença-t-iltoutensetournantverselle.«Jeveuxdire...Noussommesalléssivitequej’aioublié...»

Elleleregarda,latêtelégèrementinclinée.Puisellesemitàrirequandenfinellecompritcequ'ilvoulaitdire.Ilserenfrognaencoreplus,jusqu’àcequ’ellesepenchepourluiposerunbaisersurleslèvres.

«Net’inquiètepaspourça.Jeprendslapiluledepuisquej’aidix-septans,etjen’aipasoubliéuneseulefois!»dit-elleengloussant.

«Oh,»dit-il,avecun légerfroncementdesourcils.Ellecroyaitqu’ilseraitsoulagé,maiscen’étaitpaslecas.

«Qu’ya-t-il?»demanda-t-elle,perdantunpeudesonsourire.« Quoi ? » Il la regarda, « Oh, non, ce n’est rien. » Il lui fit un sourire

doucement,luicaressantlesbras.«Grant?Çafaitcombiendetempsquenousnousconnaissons?»Ilsouritplusrapidementcettefois-ci.«Pasassezlongtemps,machérie.»Il

l’attira plus près, et quand finalement il la laissa partir, elle avait oublié cequ’elleessayaitdeluifairedire.

Quandelleentradanslamaison,ellefutsurprisedevoirHaleyassisedanslesalonavecungarçon.Alexfaillit tomberen trébuchantsursespieds,etdutseraccrocheràl’encadrementdelaportepournepasseretrouverparterre.

«Salut,»ditHaley,regardantpar-dessusledossierducanapé.Ilyavaitunvieux film qui passait sur l’écran, et le bras du garçon était passé autour desépaulesdesasœur.

«Salut,»répondit-elle,etquandlegarçonseretourna,ellevitqu'ils’agissaitde Tom Blake, l’un des camarades de classe de Haley. Tom n’était pas unmauvaisgarçon,maispaslegenredepartenairequ’elleauraitpenséqueHaleychoisirait.Après tout,Haleyétait folledeWesTannerdepuis l’écoleprimaire.QuandWesavaitlaisséHaleyenradeenallants’engagerdansl’armée,celle-cil’avaitattendu.Ellen’étaitpassortieuneseulefoisensonabsence,etLaurenetAlexétaientpersuadéesqueleursœurseseraitfaitenonneplutôtqued’essayerdesortiravecquelqu'und’autre.

Alors cela lui fit comme un choc de trouver Haley et Tom pelotonnés

ensemblesurlecanapé,entrainderegarderdesvieuxfilms.«Ehbien,j’yvais.Bonnenuit!»Elleseprécipitadansl’escalierets’arrêta

enhaut,écoutantunmoment.N’entendantrien,elleredescenditsansbruitetallafrapperàlaportedeLaurenetdeChase.

Chaseouvritlaporteensous-vêtements,etAlexentraàtouteallure.Laurenétaitblottiesouslesdraps.Alexsedoutaitqu’elleavaitdûinterromprequelquechose,maiscelaluiétaitégal.

«Tusaisquenotresœurestenbasavecungarçon?»Laurenclignadesyeuxàplusieursreprises,ayantl’airenétatdechoc.«Ungarçon!»répétaAlex,s’asseyantàcôtédesasœur,etentendantChase

soupirertoutenfermantlaporte.«Qui?»Laurenseredressaunpeu,maintenantledrapautourd’elle.«TomBlake.»«TommyBlake?Qu’est-cequ’elle...?Jecroyais...»«Oui,moiaussi.»«Jenesavaispas,»ditLauren,secouantlatête.«Jesais,moinonplus.Jepensais...,»commençaAlex.«Moiaussi,»ditLauren.Elles arrêtèrent cet échange à demi-mot quand Chase s’éclaircit la gorge.

«Est-cequequelqu'unpourraitm’expliquer ce qui se passe ?Pourquoi est-ceuneaffaired’état?QuelleimportancesiHaleyestavecungarçonenbas?IlsetrouvequejeconnaisTom,etc’estunbravegarçon.»

«Oh,»ditLauren,agitant lamainendirectiondesonmari.«Cen’estpasavecquielleestquiestenjeu;c’estjustequecen’estpasWes.»

«Quoi?»Chases’approcha,attrapasonpantalonetl’enfilaàtouteallure.«WesTanner,»ditLauren.«LeseuletuniquePrinceCharmantdeHaley.»«WesestenIraqouquelquepartenAfghanistan; jenesaisplustrèsbien

où.Maisonm’aditquecelafaitpresquetroisansqu’iln’estpasrentré.»« Oui, nous sommes au courant, » dit Alex, qui se tourna vers sa sœur.

«Crois-tuquecelaveutdire...?»«Jenesaispas,ilfautsimplementqu'onattende,»l’interrompitLauren,en

réponseàlaquestionrestéeensuspens.

«Ohhh, j’abandonne. Je vais chercher de l’eau à boire. »Chase se dirigeaverslaporte,maislesdeuxfemmesluicrièrent:

«Non!»« Mon chou, prends de l’eau dans la salle de bain. Laissons Haley

tranquille,»ditLauren,ensouriant.Chasehaussalesépaulesetentradanslasalledebainattenante.Cettenuit-là,Alexétait étenduedans son lit,pensantàGrant.Elle revoyait

son expression pendant qu'il parlait à mots couverts. Elle l’avait vu dans sesyeux.Elleleconnaissaitdepuistoujours,etellecroyaitsavoircequ'ilpensait.Ilétaittristeensedisantqu'iln’auraitpeut-êtrepasd’enfantsavecelle.

Non, se dit-elle. Il n’était pas possible qu'il pense à cela, si longtemps àl’avance.Ellen’avaitquevingt-quatreans,etluin’avaitqu'unmoisdeplus.Ilsn’étaientmêmepasensembleofficiellement. Ilsnefaisaientquefairequelquessorties tous les deux. Comme des amis qui s’entraident, c’est ça ? Peut-êtreavait-elle oublié de lui dire que c’était ainsi qu’elle envisageait leur relation.Peut-être aurait-elle dû fixer des limites, dès le début. Après tout, elle venaitjuste de sortir d'une relation de longue durée, et elle ne recherchait rien dedurable.

Etpuis,Grantn’étaitpassontyped’homme.Bon,pasdemanièrecontinue.Ilétaitbientropgentil ;ellefiniraitparavoirpeurdeleblesser.Non?Ilétaitsihonnête. Elle ne pouvait pas le lui reprocher,mais c’est vrai que ça l’agaçaitlorsqu'ilsétaientàl’école.

Elle ne se sentait pas assez bonne pour lui. Elle le savait, et probablementtoutelavillelesavaitaussi.Elleétaitserveusedansunrestaurantbas-de-gamme.Elle n’avait pas vraiment d’avenir.Elle n’avaitmêmepas vraiment changé aucours des années. Elle était toujours la même Alex que tout le mondeconnaissait.

Mais Grant, lui, avait beaucoup changé depuis qu'il avait quitté l’école. Iln’avait plus lamêmeapparencenonplus.Elle se rappelait avoir parcouru soncorps de sesmains plus tôt dans la soirée, quand ils étaient dans son pickup.Combien sesmuscles étaient toniques et souples sous sesdoigts ! Il avait unepeau bronzée et lisse grâce à tout l’entraînement qu'il faisait dehors au soleil.Cela lui avaitmême éclairci les cheveux, en lui donnant une apparence àmi-cheminentrelemaître-nageuretlecowboydur-à-cuire.

Ilavaitlesensdesresponsabilités,étaitintelligent,gentil,sexyetdrôlementbonaulit.Enadditionnanttoutcela,Alexcommençaitàsedemanderpourquoielle avait l’impression qu’elle devait continuer à se convaincre que Grant nepouvaitpasêtreunerelationdurable.Ellecontinuaitàsentirquequelquechoselaretenait,maiselleneparvenaitpasàmettreledoigtdessus.

Chapitre14

Elle avait manqué à Grant le soir précédent, et il savait que son lit seraitencorevidecesoir-là,carelleavaitprojetédefêterçaavecsafamille,aprèslefeud’artifice.Luiaussiavaitprojetédepasserdutempsavecsafamilleàlui.Ilavaitdescousinsquivenaientséjournerchezeuxplustarddanslajournée,etilsavaitquelamaisondesesparentsseraitpleinecesoir-là.

AlorsquandilaperçutAlexquiétaitdel’autrecôtéduparkingenarrivantàlafoire,ilseprécipitapourluiparler.

«Alex!» l’appela-t-il,ensouriantquandelles’arrêtaetse tournavers lui.Maislorsqu'ilvitsonvisagesoucieux,ilfutsouslechoc.Ilcourutjusqu’àelleetlaregarda.«Qu’est-cequinevapas?»Ill’attiraversluietlaregardadanssesyeuxsombres.Ilvoyaitqu’elleavaitdescernesetsedemandaitsiquelquechoses’étaitproduit.

«Cen’estrien.»Ellesecoualatêteetessayadesourire,maisdanssesyeuxilvoyaitbienqu’ellepensaitàquelquechosed’autre.

Ill’attiraàl’écart,justeavantdepasserlabarrièred’entrée,etl’amenadansuncoinàl’ombreoùilspouvaientparlertranquillement,sansêtreentendus.

«Quelquechosenevapas,»dit-il,luicaressantlesbras.En poussant un soupir, elle le regarda. « Je crois que j’ai besoin d’une

pause,»dit-elle,sansleregarderdanslesyeux,maisenfixantunboutondesachemise.

«Unepause?»demanda-t-il,ensentantsoncœurs’arrêterdebattre.Ellehochalatête.«Ouais,j’aibesoindetempspourréfléchir.Jepensealler

chez mes cousins pendant quelque temps. Je crois que j’ai juste besoin deprendre un peu de distance. » Elle retira les mains de celle de Grant, ne luilaissantaucundoutesurcequ’ellevoulaitdire.

«Dutemps?»demanda-t-il,ensentantsoncœurvaciller.Mondieu,ilétaitsûrquesoncœurvenaitdesebriser.Ilnesavaitpasquoidire.Pourquoin’avait-ilpasprisletempsdeluidirecequ’ilressentait?Peut-êtrequ’ellenelesavaitpas?Etaprèslanuitdernière!Peut-êtreavait-ilfaitquelquechosequ'iln’auraitpasdû?«Écoute,Alex,sij’aifaitquelquechose...»

Ils’interrompitquandellesemitàsecouerlatête.«Non,biensûrquenon.Tu as été... »Elle soupira. «…merveilleux. »Elle lançaun regardpar-dessussonépaule.Ilseretournajusteà tempspourvoirsasœurHaleyquis’avançaitvers eux,main dans lamain avec TomBlake. Alex prit un air très soucieux.«Écoute, il fautque jemeprépare.»Elle fitdemi-touret s’éloigna,et luieutl’impressionquel’universs’écroulait.

Il alla jusqu’à l’enclos des chèvres, sans voir ni entendre quoi que ce soitautourdelui.Lorsqu’ilyparvint,ils’appuya,songeur,surlabarrière,etauraitcontinué à rêver, le regard vide, si Mojo n’avait pas cherché à attirer sonattention.

« Quoi ? » finit-il par dire, après avoir reçu un petit coup de tête pour ladixième fois. «Mais oui ! Je vais te le chercher, ton petit-déjeuner ! » Il setournapour aller chercher dugrain, quand soudain il remarquaqu’il n’y avaitquedeuxchevreauxdansl’enclosavecelle.

«OùestButtercup?»demanda-t-ilàMojo,s’attendantpresqueàcequelachèvre lui réponde. Il inspecta lapremière rangéedecages, jetantunœildanschacune,cherchantlapetitechèvremanquante.Aprèsavoircherchépartoutdanslagrange,danschaqueenclos,ildemandadel’aide.Uneheureplustard,toutlemonde était en trainde chercherButtercup.Deuxheuresplus tard, il était foud’inquiétude:lebébéchèvreavaitdisparu.

Sesprojetstombaientàl’eau.Partoutdansleparcd’attractionstoutlemondeparlait de sa rupture avecGrant.Lapanique s’installa.Puis le calme retomba,tandisqu’unenouvellescènes’offraitauxyeuxdespersonnesprésentes.Grants’avançaitendirectiondel’immensebâtimentoùAlexsetrouvait.Peut-êtrequeçaallaitêtreintéressantaprèstout.

Alex avait beaucoup demal à se concentrer. Elle était la prochaine, et elleavaitlesyeuxquilapiquaientencore.ElleavaitpasséunebonnepartiedelanuitàpasserenrevuelesraisonspourlesquellesGrantsesentiraitbeaucoupmieuxsans elle. Elle ne faisait que le freiner. Elle était la cause de ses ennuis. Ellel’avait toujours su. C’était sa faute à elle si sa mère était retournée chercher

Haley lors de la fameuse tempête. Elle avait distrait Lauren, et Haley s’étaitsauvée.Ellesavaitqu’elleneferaitqu’êtreunegênepourGrant,ellelesavait.Ilavaitsonaffairesurinternet,etsaferme,quirequéraient toutesonattention.Ilavaitunavenir.Desprojets.

Elle secoua la tête pour s’éclaircir les idées, et se prépara pour la course.Sophiefitdessoubresautssousellelorsquelaclochesonna,maisAlexserralesgenoux et s’accrocha au cheval qui effectuait le programme prévu. Quand ilspassèrent labarrière,ellesutqu’elleavaitgagnédu tempsau lieud’enperdre.EllefermalesyeuxquandSophies’arrêta,puisregardaletableaud’affichageetsoupira.Cinqsecondesdemieux.

Attendantquelesautresconcurrentespassentàleurtour,ellepritletempsdebrosserSophieetdelapréparerpourlachevauchéeduretouràlamaison,plustard ce soir-là. Chase, Lauren et Haley l’aideraient à mettre Sophie et lebouvillonchampiondeHaleydanslecamionlorsquetoutlemondeseraitparti.

Tandisqu’ellefaisaitdesonmieuxpourrafraîchirlecheval,Traviss’avançaverselleets’appuyasur lepoteau.«J’aiapprisque tuas rompuavecHolton.T’asréaliséqu'iln’étaitpaspourtoi?»Travissepenchaetrepoussaunemèchedecheveuxquiétaitdanslesyeuxd’Alex.

«Quelquechosecommeça.»Elles’écartabrutalement,nevoulantpaspasserdetempsaveclui.Ilserapprochaetlacoinçadansuncoindubox.

«Ehbien,si tudécidesque tuveuxque jerevienne...»Ilsepencha tandisqu’ellelerepoussait,tenantfermementlabrosseduchevaldanssamaindroite.

«Recule-toi,»dit-elleàmi-voix.Ilattiraseshanchesversluietellesentitqu'ilétaitdur,cequiluifitcourirun

frisson le longde lacolonnevertébrale. Il sentait l’alcoolet lescigarettes,uneodeur qui lui soulevait le cœur. Elle le repoussa encore plus fort, insérant labrosseauxanglesaigusentreeux.

«AllonsAlex.Nous savons tous lesdeuxque tune faisaisqueprendredubontempsavec‘MrParfait’.»

Avantmêmequ’ellen’ait eu le tempsde répondre, elle leva lesyeuxetvitGrantquisetenaitàl’autreboutdesboxes.Visiblement,ilavaitentenducequeTravisvenaitdedire.LesyeuxbleusdeGrantavaientl’airvides,etl’expressiondesonvisageluidisaitqu'ilcroyaitcequ’ilvenaitd’entendre.

Ellen’eutpasletempsdel’appeler,etils’éloignaàtouteallure,marchantàtoutevitessedansl’allée.TraviséclataderirequandilvitGrants’enaller.

« Bien fait ! À présent il sait ce que ça fait d’avoir sa copine prise parquelqu’und’autre.»Ilessayadel’attirerplusprès.

«Espèced’idiot!»hurla-t-elle.«Jenesuispastacopine!C’esttoiquim’astrompée,espècedesalaud!»Elle luidonnauncoupdepiedqui l’atteignitautibia,luifaisantsuffisammentmalpourqu’illâcheprise.Poussantàl’aidedelabrossemétallique,elleluidonnaencoreuncoupdepied.

Lorsqu’elle parvint enfin à se libérer de l’emprise de Travis, Grant n’étaitplusenvue.Elleseprécipitahorsdubâtimentetcommençaàlechercher.

Ilétaitmidi,ettoutlemondecherchaitunendroitpourmanger.Lesstandsetles tentesquioffraient àmangerdans le secteurde la restauration étaient toussurpeuplés. Elle avait du mal à se frayer un chemin parmi la foule des gensaffamés. Elle chercha Grant partout. Elle passa même voir dans l’enclos deschèvres.Iln’yétaitpas,maisellevitunmessageaccrochésurlagrilleausujetde Buttercup. Son cœur fit un bond. Buttercup avait disparu. Grant étaitprobablementvenuluidemanderdel’aidepourretrouverlabiquette.

Elle finit par allermettre unmessage sur son pickup.Elle était en train detraverser le parking, plein à craquer de camions et de remorques, quand elleentenditunfrêlebêlement.Elles’approchad’uneremorqueetregardaàtraverslesfenêtresobscures,maisneparvintpasàvoirquoiquecesoit.Montantsurlegarde-boue, elle regarda par la fenêtre et vit Buttercup qui donnait des coupsdanslaporte.

Ellesautaparterre,seprécipitaverslaporteetl’ouvritbrutalement.Lapetitechèvrelaregardad’unairdedirequ'ilétaitgrandtempsqu’ellearrive.Toutd’uncoupAlexsentitqu’elleétaitdansl’ombre,et lorsqu’elleseretournapourvoirce que c’était, elle eut l’impression d’une explosion de lumière sur le côtégauchedesatête,puissoudaintouts’obscurcit.

Chapitre15

Grantsortitdubâtimentàtoutevitesse,nevoyantpasvraimentoùilallait.Ilbouscula une personne, s’excusa rapidement et continua àmarcher jusqu’à cequ’ilarriveaulac,souslegroschêneoùAlexetluiavaientpique-niquélejourd’avant.Ils’assitàl’ombreetpensaàcequis’étaitpassé.

Où s’était-il trompé ? Il replia les jambes, y appuya ses coudes, et regardadeuxpetitsgarçonsquijetaientdescaillouxdansl’eau.

«Hé !» Il sursautaenentendant lavoixderrière lui. Il leva lesyeuxetvitHaleyquil’observait.«Jepeuxm’asseoiravectoi?»

Ilhochalatête,etelles’installaàcôtédelui,croisalesjambesetcontemplalesenfants.

«J’aiappriscequis’étaitpasséentreAlexettoi,»dit-elle,sansleregarder.Il se tourna vers elle, mais tout ce qu'il voyait c’était la scène où Alex et

Travis,danslesbrasl’undel’autre,semoquaientdelui.«Jesaisqu’ellearompuavectoicematin,»dit-elle,pourqu’ilsachedequoi

elleparlait.Ilhochalatêteenregardantsesmains.«Masœurpeutêtrevraimentstupideparfois.»Elleluisourit,etposalamain

sursonbras,gentiment.«Écoute,jelaconnaisetjepeuxtediresanshésitationquetueslameilleurechosequiluisoitarrivée!»

Iléclatad’unrirecynique.«J’aidesdoutes.»Ilsecoualatête,contemplantl’eaudevantlui.Direqu'ilavaitmêmesongéàs’établiravecelle.Àfonderunefamille.

«Jesaisqueçapeutêtreduràcomprendre»—elle lui tirasur lamanchejusqu’àcequ'iltourneànouveaulesyeuxverselle—«maiselleabesoindetoi.Travisl’abrisée.Pasphysiquement,maisémotionnellement.Elleétaitsiperdue;ellenesavaitpasvraimentcequ’ellevoulait.Aucoursdecesderniersmois,depuisqu’ellesortavectoi,pourlapremièrefoisellesaitoùelleva.Elleaunbut.ElleaétéblesséequandTravisl’atrompée,maisgrâceàtoi,ellel’aoublié.Elleaoubliétouslesautresqu’elleapuconnaîtreavant.

« Eh bien, apparemment, pas totalement. Je viens de les surprendre

ensemble.»«Quoi?»LamaindeHaleyseraiditsursonbras.«AlexetTravis?»Ilhochalatête.«Espèced’idiot!»Haleyselevaetregardaendirectiondelagrange.Ellele

regarda d’un air renfrogné. « Je suppose que tu l’as laissée se défendre touteseule?»

Grantfronçalessourcilsetréfléchit.Fermantlesyeux,ilsesouvintcommenttous lesdeuxétaientplacésdans lebox,et lavérité lui sautaauxyeux.TravisavaitcoincéAlex.Elleavaitlesbraslevéspoursedéfendre,pouressayerdelerepousser.Sursonvisage,onlisaitlacolèreetlapeur.

Haleyavaitraison;ilavaitétésibête!Ouvrantlesyeux,ilregardaHaley.«Tusais,tuesvraimentfutée!»Illatira

parlanatteetseprécipitaverslagrange,enespérantqu'iln’étaitpastroptardpoursefairepardonner.

IlnetrouvapasAlexdansleboxdeSophie,alorsilseruaversl’enclosdeschèvresetdemandaauxunsetauxautres.Cinqminutesplustôt,elleétaitlà.Ensuivantlesindicationsdonnéesparplusieurspersonnes,ilsedépêchad’allerversleparking.

Il était sur le point d’abandonner quand il vit la brossemétallique pour leschevaux.La brosse avait été écrasée par un pneu,mais il savait que c’était lasienne.C’était lamêmebrosse rose vif qu’elle avait brandie pour se défendrecontreTravis.

Ilcommençaà l’appelerenhurlant. Iln’arrivaitpasàexpliquerpourquoi illuiimportaittantdelatrouver,àpartlefaitqu’ilvoulaits’excuserd’avoirétésibête,etvoirsielleallaitbienaprèsavoirétélaisséeseuleavecTravis.Ill’avaitappelée plusieurs fois en vain, quand Haley, Lauren et Chase arrivèrent encourantsurleparking.

«L’as-tutrouvée?»demandaLauren,enregardantautourd’elle.«Non.Quelqu'unm’aditl’avoirvueilyadixminutes.J’aitrouvéceci.»Il

luitenditlabrosse.« C’est celle d’Alex, » dit Haley, qui continua à appeler sa sœur. Ils se

dispersèrent, l’appelant, jusqu’àcequeChasefinisseparhurler,«Ici!Elleestici.»

Tous arrivèrent en courant. Grant était hors d’haleine quand il arriva à la

remorque. Sa remorque à lui. Il la vit, inconsciente, roulée en boule avecButtercuplovéecontreelle.Ilauraittrouvétoutcelatouchant,siçan’avaitétélagrossebossequicommençaitàgrossirrapidementsursonfront.Unhématomeseformait,etunfiletdesangcoulaitlentementsursonfront.

Ilseprécipitaàcôtéd’elle.Chaseavaitdéjàcommencéàvérifiersessignesvitaux.Grant le poussa de côté et pritAlex sur ses genoux, répétant son nomencoreetencore.Elleouvritlespaupièreslentementtandisqu’ill’observait.Illavitessayerdefixersesdoigts lorsqu’il repoussaunemèchedecheveuxdesonfront

Levantlesyeux,ilserenditcomptequ'onlesobservait.Lesheriff,lemaireetlafamilledumairesetenaientjusteàcôtédesaremorque,etcontemplaientlascène.

«Quesepasse-t-il?»Lesheriffsautaàl’arrièredelaremorqueetexaminaAlex.

«On dirait que quelqu’un lui a tapé sur la tête, » ditGrant, qui remarquaensuitelabarredeferàcôtédelui.«Probablementavecça.»Ilhochalatête.

«Quelqu’unaappeléuneambulance?»demandalesheriff.« Oui,moi ! » dit Lauren, d’une voix tremblante. Haley et Lauren étaient

assisesdel’autrecôtédeleursœur,tandisqueleregardd’Alexsefixaitsurellesdeux.

«Quoi?»dit-elle,enessayantdeseredresser.«Non,non,nebougepas, »ditChase, en la tenant immobile. «Nebouge

pas,Alex.Oùas-tumal?»«J’ai l’impressiond’avoirétééjectéedudosd’untaureau,etd’avoiratterri

surlatête!Ques’est-ilpassé?»Ellesepritlatêtedanslesmainsengémissant.«Onespéraitquetunousledirais!»ditLaurenensepenchantau-dessusde

sasœur.«Jenem’enrappellepasvraiment.JesuisvenueicipourchercherGrant,et

j’aientenduButtercuppleurer.»Ellepritànouveaulachevrettesursesgenoux,etcelle-cisepelotonnacontreelle.«Ensuite,jenemesouvienspas.»

«Ehbien,est-cequeçan’estpasévident?»dit lavoixdeTravis.Tout lemondesetournapourleregarder.Grantn’avaitmêmepasremarquéqueTravisse tenait là,avecsa famille.Travis regardaautourde lui,haussa lesépaulesethochalatête.«Chacunsaitqu’ilsonteuunedisputecetteaprès-midi,etqu'ils

ont rompu. En plus, il nous a surpris dans la grange il y a unmoment. Il estévidentqueGrantnepouvaitpasl’accepter,qu’ill’asuiviejusqu’ici,etqu'illuiatapésurlatête.Elleestdanssaremorque.Etça,c’estsondémonte-pneu.»

«Non,mais tu te fousdumonde !»C’étaitHaleyquiparlait cette fois-ci.Elleselevalentement.«Toutd’abord,noussavonstousquetuasharceléAlexdepuisvotreruptureilyaquatremois.SansparlerdeschosesaffreusesquetuasfaitesàGrant.Ensuite,Grantétaitavecmoi ilyaunquartd’heure,de l’autrecôté du terrain, à côté du lac. Il n’a été ici qu’une minute avant que nousn’arrivions.»EllesetournaversLaurenetChase,ettousdeuxhochèrentlatêtepourconfirmer.

«Ehbien,jerefiused’êtreleboucémissairecettefois-ci.Non,pascettefois-ci!Jefaisaislaqueueaubarbecueilyaquelquesminutes.Monpèreetlesheriffquevoicim’ontattrapé,endisantquenousallionsaurestaurant ‘ChezMama’aveclesheriff.»

«C’estvrai,»ditlesheriff.«Nousl’avonstousvufairelaqueue.Ilétaitsurlepointd’êtreservi,etilyavaitunequeued’environunedizainedepersonnes.Cela faisait unmoment qu'il était là. » Le sheriff regardaGrant. « Bon, pourl’instant, il fautqu’Alex soit examinée, etnouspourrons reparlerdequi a faitquoiplustard.»Touslevèrentlesyeuxetvirentl’ambulancearriver.

GrantmontaàborddupickupdeLaurenetdeChase,tandisqueHaleyrestaitavecAlexàborddel’ambulance.Pendanttoutletrajetjusqu'àlaclinique,tousrestèrentsilencieux,aveclamêmequestiondanstouslesesprits:quiafaitcela?

Il fallut presque une heure pour qu’Alex ressorte enfin du cabinet deconsultation.Grant s’était assisdans lapetite salled’attente avecChasecar lecabinet dumédecin était trop petit, et seuls lesmembres de la famille procheavaientledroitd’accompagnerlespatients.

Une infirmière la ramena sur un fauteuil roulant, le front couvert depansementsblancs.Alexavaitlesyeuxfermés,maislorsqueGrantprononçasonnom,ellelesouvritetfitunepetitegrimace.

«Jenepeuxpas...»Ellesecoualatêteetgémit.«Jet’enprie.»EllejetaunregardàHaley,quihochalatêteenréponse,etsedirigeaversGrant.Luiprenantlebras,Haleyleconduisitjusqu’àlaporteetlefitsortirenluidisant,

« Grant, j’ai essayé de lui parler, mais elle ne veut rien entendre. » Elleregarda à l’intérieur de la pièce, et secoua la tête. «Elle est têtue. »Puis ellesoupira.«Bon,écoute,jeréessaieraiplustard.Ilvautmieuxquetuluilaissesdutemps.Laisse-luiaumoinslajournéepours’éclaircirlesidées.

Ilhochalatête,sansvraimentcomprendrecequisepassait.«Commentva-t-elle?»

«Çava.»Ellesoupiraànouveau.«Pasdepointsdesuture,justeunelégèrecommotion. On nous a dit de la garder sous surveillance pendant quelquetemps.»

«Puis-je... ?» commença-t-il,mais il s’interrompit en lavoyant secouer latête.

«Non,elleneveutrienpourl’instant.»Tous deux virent les parents de Grant qui arrivaient. « Nous venons

d’apprendrelanouvelle.»Samèreseprécipitaverseux.«Est-cequeçava?»demanda-t-elleàHaley.

«Oui.»HaleypritlamaindelamèredeGrant,etlaconduisitàl'intérieurdela pièce pour voirAlex, toujours assise sur le fauteuil roulant, et qui attendaitquelacliniquel’autoriseàpartir.

«Quellehonte!Ondiraitquequelqu'unestallétroploincettefois-ci.»«Humm.»Ilneprêtaitqu’uneoreilledistraiteàcequesonpèredisait.« J’ai appris que ta chèvre avait été volée, celle qui a remporté la

compétition.»« Quoi ? » Grant vit Alex, entourée des siens, qui était conduite sur son

fauteuilroulantjusqu’auvéhiculedeChase.«Tachèvre.Jesaisquecen’estpaslemoment,maiscrois-tuquelapersonne

quis’enestprisàAlexaenfaitvouluvolertachèvre,quiestunechampionne?»

«Machèvren’apasgagné,»dit-il,l’espritailleurs.«Biensûrquesi.CettepetitechevrettequiétaitdanslaremorqueavecAlex.

Toutlemondeditqu’elleagagnélepremierprix,c’estlachampionne.»Setournant,ilregardasonpère.«Buttercupagagné?»Sonpèrehocha la tête en souriant,maisquand il regardaAlex, son sourire

s’évanouit. « Bien sûr j’espère que cette agression est sans rapport avec tachèvre.»

Lorsque Grant arriva enfin chez lui, avec sa championne Buttercup et letrophée qu’elle avait remporté, il était si fatigué qu’il avait les yeux qui sefermaient.

Il avait envoyé des sms à Alex plusieurs fois, mais n’avait pas reçu deréponse.Ils’étaitconduitcommeunidiot,etilsavaitqu’ilfallaitqu’ilsefassepardonner.Lorsquelejourselevaenfin,ilpensaqu’ilavaitunebonneidéepoury parvenir. Elle ne pourrait pas refuser, pas avec ce qu’il projetait de faire.Àprésent,toutcequ’ilfallait,c’étaitqu’ilparvienneàluiparler.

Alex,étenduesursonlit,regardaitlatélévisionsansleson.Elleregardasontéléphonequandelleentenditunsignalsonore,aumoins lecentièmedepuis lesoir précédent.Elle n’avaitmêmepas lu lesmessages précédents deGrant, etelleévitaderegardercelui-ciaussi.

Elle songea à éteindre son portable, mais elle voulait savoir s'il souffraitautantqu’elle.Passeulementphysiquement,maisémotionnellement.

Oh, bien sûr, elle savait que c’était elle qui avait tout arrêté, ou dumoinsessayé. Elle s’était montrée stupide en croyant qu’elle pouvait mener une vienormale.Elle n’était pas assez bonnepour quelqu'un commeGrant.Elle avaitfait son examende conscience la nuit dernière, après être rentrée chez elle, etelleavaitpasséenrevue tous lesaspectsdesavie.Elleétait serveusedansunrestaurantbas-de-gamme.Ellen’avaitpasvraimentdecompétences,etaucuneidée de ce qu’elle voulait faire de sa vie.Grant lui était diplômé deHarvard,avocat,etavaitmontéunbusiness-plantrèsfuté.Sansparlerdesapropriété,etdesesprojetsbienprécispoursonavenir.

Le seul projet qu’elle avait, elle, c’était... euh, eh bien, elle ne voyait rien.C’estpourcetteraisonqu’elleavaitdécidéd’allervoirsescousins.Elleresteraitchezeuxpendantquelquestemps,etréfléchiraitàcequ’elleferaitensuite.Elleavaitmisunpeud’argentdecôté;peut-êtremêmequeceseraitsuffisantpoursuivredescoursdusoir.

Elleavaitcommencéàemballertoutessesaffairestôtcematin-làdefaçonàpouvoir emménager à nouveau dans son ancienne chambre. Ainsi Lauren etChase pourraient redécorer cette grande pièce pour leur bébé. Alex se disaitqu’ellepourrait toutsimplementstocker toutessesaffairesaugrenier.Decettemanière,ellen’auraitàprendrequ’unepetitevaliseavecelle.

Sortantlentementdulit,elleposalepiedparterrepourvoircommentellesesentait.Quandsavisionsetroublaunpeu,ellefermalesyeuxetpritplusieurs

grandesinspirations.Elleavaiteumalàlatêteunebonnepartiedelajournée,etsessœursl’avaientenferméedanssachambre,luiapportantàmanger,etvenantvoir comment elle allait à intervalles réguliers.Haley avait été bouleversée envoyantsavalise,etlescartonsdedéménagement.Elleluiavaitditqu’elleétaitcensée se reposer, mais Alex ne l’avait pas écoutée et ne s’était arrêtée quelorsqu’elleavaitétéprisedevertiges.Àprésentlesoleilsecouchait,etelleenavaitassezd’êtreseuledanssachambre.Quandelleouvritànouveaulesyeux,ellepoussaungrandcri.

Del’autrecôtédelafenêtre,ilyavaitunvisage.Ellenes’arrêtadecrierquelorsqu’elle réalisa que c’était le visage de Grant. Alors elle se précipita à lafenêtreetl’ouvritrapidement.

«Quediablefais-tuici?Tusaisàquellehauteurtues?»Toutenletenantparlesmains,elleregardaparlafenêtre.Ilsetenaitsuruneéchellemétallique.Uneéchellemétalliquetrèshaute.

Justeàcet instant,LaurenetChaseseprécipitèrentdans lachambre.Chasetenaitunebattedebaseball,prêtàassommerquelqu'un.Laurenavaitsonfidèlerevolver,lecrandesûretélevé,prêteàtirersurquiconqueterrorisaitsasœur.

«Quesepasse-t-il?»demandèrent-ilsenmêmetemps.«Toutvabien,»ditAlex,levantlesmainsenriant.«Jevaisbien.»Quand ils virent la tête de Grant qui passait par la fenêtre, tous deux se

détendirent.«Tafemmeal’airvraimentredoutable,»ditGrant,sehissantpar-dessusle

rebord de la fenêtre et regardant le pistolet dans lamain deLauren.Chase setournaetremarqual’armejusteaumomentoùLaurenremettaitlecrandesûreté.

Chaseéclataderire.«Tun’asaucuneidéedecequecelle-cicachesoussonlit!»dit-il,endésignantAlex.IlfitunsignedetêteàGrant,puissetournaverssafemmeetl’emmenahorsdelapièce.

Laurenlançapar-dessussonépaule,«Situasbesoind’aide,tun’asqu’àcrierunboncoup!»Chasefermalaportederrièrelui.

«Tuvasquelquepart?»demandaGrant,examinantsachambre.Elle se tourna vers lui, en croisant les bras. «Oui. » Elle avait la tête qui

tournaitavectoutecetteexcitation,alorselleallas’asseoirauborddesonlit.«N’oubliepas,jevaischezmescousins.»

Ilsetournapourlaregarderànouveau.«Pourtoujours?»

Ellehaussalesépaules.«Àcausedemoi?»Iltraversalapièceets’installaàcôtéd’elle.Ellenevoulutpasleregarder.Sielleregardaitcesbeauxyeuxbleus,peut-être

perdrait-ellepied.Lemieux,c’étaitdepartir.Pourtouslesdeux.«Alex,veux-tus’ilteplaîtmeregarder?»demanda-t-il,luiposantledoigt

surlementon,etlafaisantleregarder.Ellefermalesyeuxetsoupira.«Jenepeuxpas.Jenepeuxpas.»Ellegarda

lesyeuxfermés.«Jesuisdésolé,»dit-ildoucement.Puisilseleva,etlibéralematelasdeson

poids. Elle garda les yeux fermés, et l’entendit marcher vers la fenêtre. Elleécoutasoigneusement,maisnel’entenditpass’enaller,alorselleentrouvritunœiletregardapendantqu'ilsepenchaitparlafenêtre.

«Quefais-tu?»demanda-t-elle,croisantlesbras.«J’aiquelquechosepourtoi,maislacordeestcoincée,»dit-il,avecunpetit

grognement.«Àmoinsque tuneveuilles tependre»—dit-elle en sedétournantde la

fenêtreetensouriant—« tu feraismieuxde reprendreça. Jeneveux riendetoi.»

« Tiens, » dit-il, en faisant comme s'il n’avait rien entendu. « Très bien.Allons-y,»dit-ilentirantsurlacorde,laissanttoutcelasurlesoldesachambre,àcôtédesescartonsdedéménagement.

Finalement,mueparlacuriosité,elleallajusqu'àlafenêtrejusteàtempspourlevoirtirerunpetitpanierattachédefaçonsécuriséejusqu’àsafenêtre.

«Qu’est-cequec’est?»demanda-t-elle,appuyéesurlereborddelafenêtre.Ilfaudraquetupromettesdem’écouter.Laisse-moiteparlerd’abord.»Ellesecoualatête,maissansvraimenttropycroire.«Alex?»Illaregardaetmitlepaniersurlecôté,entournantlesépaulesde

sortequ’ellenelevoiepas.« Très bien ! » Elle leva lesmains, frustrée. Comment savait-il qu’elle ne

supportaitpaslessurprises?Elleétaitsûrequetoutçaétaitl'œuvredeHaley.Sasœurnepouvaitpasgarderunsecret.«Jevaist’écouter,maissicequetudisnemeplaîtpas,toietcequ’ilyadanslepanierpasserezparlafenêtre,sansutiliserd’échelle!»Ellecroisaànouveaulesbras.

Grantsourit.«Jecomprends.»Puisilsetournaet lui tendit lepanier.Toutd’abord,ellecrutqu’illuidonnaituneserviettemarron,maisletissubougea,etelle faillit en laisser tomber le panier. Il mit les mains sous les siennes pourl’aideràsupporterlepoids,puisdoucementsoulevalechiothorsdupanieretleluitendit.

«Tum’aachetéunpetitchien?»demanda-t-elle,regardantlabouledepoilsbruns.

«Jenousaiachetéunchiot,»rectifia-t-il,enluisouriant.Elleleregarda,bouchebée.«Tucroisvraimentqu’enm'achetantunchiot,tu

vasfaireensortequetoutcequinevapasentrenouss’efface?»Ilfronçaunpeulessourcils,etregardasespieds.«Non,biensûrquenon.Je

mesuisditqueJunioriciprésentseraituneoffredepaix,etunmoyendemettremonpieddanslafenêtre,jeveuxdirelaporte!»Levantlesyeux,ilsouritunpeu,etlecœurd’Alexfitunbond.

Commentavait-ilpuabattresesdéfensessirapidement?Elles’étaitpréparéeàceci,oudumoinsc’étaitcequ’elles’étaitdit.Elleessayadeluirendrelepetitpaquet,maisilcroisalesbrasetsecoualatête.

«Non,pasquestion.»Elleallaposerlejoyeuxpetitchiensursonlit,etcelui-cisemitàrenifleralentouretàmâchersondessus-de-lit.

«Alex,toutcequejevoulais,c’étaitteparler.Jetelejure.Siauboutdedixminutes,cequejedisneteplaîtpas,tupeuxnousmettredehors,Junioretmoi.D’accord?»

ElleessayadenepasfondrequandlesyeuxbleusdeGrantdevinrenttristes,et la supplièrent. Avec un soupir, elle s’assit à côté du petit chien, quiimmédiatementgrimpasursesgenoux.Ellelepritdanslesbrasetcommençaàcaressersadoucefourruredebébéchien,tandisqueGrantfaisaitlescentpasenfaced’elle.

«Bon,commençonsaucommencement.»Ilsetournaetlaregarda.«Ilyadix-huitans—»entama-t-il,maisils’arrêtaenlavoyantsoupireretleregarderd’unairmalheureux.Ilhochalatête,puiscontinua.«Ilyadix-huitans,jesuisentré dans la superette et je t’ai vue voler un cheval.Tu sais qu’auTexas, onrisque encore la pendaison pour ce crime. » Il lui fit un petit sourire, puispoursuivit. « Tu portais une robe d’été jaune, tu avais les cheveux divisés endeuxnattesdanstondos,ettuavaislesoleilderrièretoi.»Ilarrêtadefairelescentpaspour la regarderànouveau,avecunecertaine tristessedans lesyeux.

« J’ai perdu mon cœur dans le rayon bibelots du supermarché ce jour-là. Jet’auraistoutdonnéencetinstant.Puistum’asdonnémontoutpremierbaiser,etj’ai su ce que je voulais dans la vie. Je voulais un jour devenir digne deconquérirAlexisWest,lafilledemesrêves.»

Elleavaitenviederireetdepleurerenmêmetemps.Commentaurait-ellepusavoir?Maisqu’allait-ellefaire,maintenantqu’ellesavait?Avantqu’ellen’aitpudirequoiquecesoit,ilpoursuivit.

«Puisdansunéclair,nousnoussommesretrouvésaucollège,etj’étaisdansun coin pendant le bal de promo, à te regarder danser avec tous les autresgarçons,saufmoi.Aulycée,tuempêchaistouslesautresgaminsdem’insulter,et tuétaisgentilleavecmoi,bienquejesoislebinoclarddeservice,et legrospatapoufdel’école.Jesuisalléà l’université,aveccommeidéequelorsquejereviendraisenville,jetemontreraisquej’étaisdignedetoi.Chaquefoisquejerevenaisdugymnaseaprèsune séanced’entraînementextra-dureavecSam, jepensais à toi. Jemedisaisquenous serionsensemble.» Il s’accroupit en faced’elle. « Alex, je t’aime depuis que nous sommes entrés au lycée. Je veuxcontinuer à t’aimer. Hier matin, quand tu as voulu rompre, j’ai cru que jedevenaisfou.»Ilfronçalessourcils,etsecoualatête.«Puisquandjet’aivueavecTravis,etquej’aientenducequ'ildisait,j’aicru,pendantunmoment,quece qu’il disait était vrai. Souviens-toi, je plaide la folie passagère dans le casprésent.»Ilsouritetluipritlamain.«J’avaistort.J’auraisdûcroirecequejeressentaisauplusprofonddemoi,nonmaréactioninstinctive.Pourras-tujamaismepardonner?»

Deslarmescoulaientdoucementsurlesjouesd’Alex,etillevalamainpourlesessuyer tendrementduboutdudoigt.Ellen’étaitpassûredesavoix,alorsellesecontentadehocherlatête.

«Bon,àprésentleplusdifficile.»Ilpritunegrandeinspiration,etattrapasonautremain.«AlexisWest,veux-tubienmefairel’honneurdevenirhabiterchezmoi?»

L’espaced’uneseconde,lecœurd’Alexs’étaitarrêté.Non!criaitsonesprit.Pas encore !Elle n’allait pas se fiancer à nouveau, et si vite...Mais alors elleréentenditcequ'ilavaitdit.Venirhabiterchezmoi.Ellenesavaitpasquoidire.Elleavaitessayélesfiançailles,maiscetteproposition-cinevoulaitpasdiresemarier,etcen’étaitpasTravis.PlongeantlesyeuxdanslesgrandsyeuxbleusdeGrant,ellesavaitsansl’ombred’undoutequ'ilnelatromperaitjamais,qu'ilnelèveraitpaslavoixninelafrapperait.Etpuis,ilvenaitjustedeluidéclarerqu'ill’aimaitdepuisqu’elleavaitseptans.Pourquoine luidirait-ellepasoui?Puis

cela la frappa. Il y avait une chose qui manquait dans tout ça. Ce qu’elleressentaitpour lui.L’idéede s’habituer àquelqu'unnuit et jour.Est-cequ’ellel’aimait?Ellesavaitqu’ellen’avaitpasaiméTravis.Ellel’avaitcru,maisenfaitellel’avaitjustetolérépourobtenircequ’ellevoulait:lemariage.

Allait-elle se servir de Grant de cette façon aussi ? Certainement pas. Laréponse s’imposa, cinglante. Refoulant ses larmes, elle sut ce qu’elle allaitrépondre.Ellesutqu’ellel’aimaitdepuislesoiroùill’avaittrouvéesurleborddelaroute,etavaitétésigentilavecelle.Depuiscepremiervraibaiserplusieursmois auparavant, quand il lui avait fait perdre la tête. Il était le seul hommecapable de la faire bafouiller et de lui faire perdre sesmoyens. Il était le seulhommeaveclequelellepouvaitimaginerfinirsesjours.

«C’estunlongsilencequevoilà!»Illuisouritnerveusement.«C’estunequestionimportantequetum’asposée.»Ellesouritethochala

tête.«Maisj’yailonguementréfléchi,etj’aiplusieurschosesàdired’abord.»Elleluitenditlepetitchienetsemitàmarcherdelongenlarge,unpeucommeluil’avaitfait.

«Toutd’abord,ilfautquejesache,pourquoimoi?Jen’airiendeparticulier.Jetravailledansunrestaurantmiteuxetjen’aipasreçud’éducationcommetoi.Jesuistêtueetj’exigeraitoujoursdefairecequejeveux.»

Ilsouritethochalatête.«Tuesdeuxfoisplusintelligentequelaplupartdesfemmesquej’airencontréesàHarvard.Bienplusbelleetdésirablequelaplusbelledetoutes.Etj’adorelefaitquetusoistêtue.J’aihâtedepouvoirtedonnertoutcequetupeuxdésirer.»

Ellesourit.«Tusaisparlerauxfemmes!»Ileutunpetitrire.«D’autresquestions?»Alex réfléchit. « Si je suis d’accord pour emménager avec toi... » Elle

s’interrompitetréalisaqu’ilretenaitsarespiration.«Nousnel’appelleronspas‘Junior’.»

Ilclignadespaupières,puiséclataderireetsautadulitpourlaprendredanssesbras,lepetitchienseretrouvantcoincéentreeux.

Chapitre16

Quandilsdescendirentuneheureplustardetentrèrentdanslacuisine,toutlemondeétaitlà.Ilsétaienttousassisautourdelatable,buvantducafé,etayantl’airtrèssoucieux.

«Nousn’avonspasentendulebruitdemeublesbrisés,»ditChase,avecunsourire.Ilreçutuncoupdepiedsouslatabledelapartdesafemme.

«Oh, regarde ! »Haley se leva précipitamment pour aller prendre le petitchiendesbrasd’Alex.

«Çava,»ditAlex.«Toutvabien.»EllepritlamaindeGrant,etluifitunsourire.«J’emménagechezGrant.»

Tousrestèrentsilencieuxpendantuneseconde,letempsdecomprendre,puisensuite se répandirent en félicitations en les embrassant. Tous leur direntcombienilsétaientheureuxpoureux.

CommeAlexdevaittravaillerlelendemainmatin,elleemportajustequelquesaffaires dansungrand sac, queGrant emmena jusqu’à sonvéhicule.Le chiot,qu’elleavaitenvied’appelerRomeo,étaitprofondémentendormisursesgenouxtandisqu’ellesuivaitGrantenvoiture,endirectiondechezlui.

Quand ilsarrivèrent,Grant luiportasesaffairesà l’intérieur, se tournaverselle,et lapritdanssesbras.«Bienvenuecheztoi!»Il l’embrassatendrementsurleslèvres,faisantfondresesdernièreshésitations.

Lelendemainmatin,leréveildeGrantsonnadebonneheure,etellesecachala tête sous l’oreiller. Elle aurait pu ne pas tenir compte du réveil, ni dusifflementdeGrantsousladouche,maisquandlepetitchiencommençaàgémir,elle s’enveloppa dans son peignoir et enfila des chaussures pour aller le fairesortir.

Quandelleouvritlaportedederrière,elleremarquaquelesoleilétaitentraindeselever.Ellen’avaitpaslesyeuxencorebienouvertstoutencontemplantlesmagnifiquescouleursquiemplissaientlecield’automne.Romeofitsesbesoins,puis secoua la rosée sur son pelage et s’approcha de la porte. Assis sur sonderrière,illaregardait.

« Je suppose que tu veux ton petit-déjeuner à présent ? »Elle alla dans lacuisineprendreunemesuredecroquettespourchiens,etlamitdanslanouvelle

gamelle que Grant lui avait achetée. Le nom ‘Junior’ était inscrit en lettresfantaisie,maisAlexsavaitbienqu’elleauraitlederniermotàcesujet.

EllemitlamachineàcaféenmarchejusteaumomentoùGrantentradanslacuisine.Ils’approchad’elleetlapritdanssesbras,enluidonnantunbaiserquiachevadelaconvaincrequ’elleétaitvraimentaubonendroit.

Justeavantl’heuredudéjeuner,ellesedemandaitpourquoiellenes’étaitpasdéclaréemaladeaurestaurant.Elleavaitlestempesquibattaient,etàplusieursreprises il avait fallu qu’elle s’assoie en prenant les commandes. Jamella luirépétaitderentrerchezelle,maisAlexvoulaitàtoutprixresterjusqu’àcequeGrantetsesparentsviennentdéjeuner,versmidietdemi. Ilsallaientannoncerensemble auxparentsdeGrantqu’ellehabitaitmaintenant avec lui.Quand lesparentsdeTravisarrivèrentquelquesminutesplus tard, elle regrettadenepasavoirsuivilesconseilsdeJamella.

«Bonjour!Savez-vouscequevousaimeriezcommander?»Elleessayadeleurfaireungrandsourire.Ellesavaitcequetoutlemondevoyaitquandilslaregardaient. Le côté gauche de sa tête était encore enflé, et il y avait unpansement qui couvrait la blessure. L’hématome qui allait de la limite descheveuxjusqu’au-dessousdesonœilgaucheavaitl’airvilainauréveilcematin,alors elle imaginait trèsbiendequoi il devait avoir l’airmaintenant.Même siellel’avaitrecouvertdemaquillageavecbeaucoupd’adresse,ellevoyaitbienàlafaçondontlesgenslaregardaientquec’étaitencoretrèsvisible.

«Vousêtessûrequevousdevrieztravaillerdanscetétat?»demandaPattyNolan, l’air dédaigneux, en toisant Alex. Patty était toujours tirée à quatreépingles.Mêmelorsqu’ellefaisaitdujardinage,elleétaitimpeccable.Elleavaitdesonglesparfaitementmanucurés,desvêtementsimmaculés,etjamaisunseulcheveurebelle.Alexeutunmouvementdereculquandellesongeaàceàquoielle-mêmedevaitressembleràprésent.

« Je vais bien. » Elle sourit et leur redemanda si elle pouvait prendre leurcommande.

«Jenesaispas,»ditPatty,posantlemenu.«D’aprèscequ'onm’adit,ilyaeu beaucoup de changements dans votre vie. Est-il exact que vous allezdéménager?Ilseraitquestiond’allerchezvoscousins?»Ellelaregardait,lesyeuxàdemi-fermés.Elleavaitunmauvaissouriresurlevisage,etAlexsentitunfrissonluiparcourirl’échine.

«Oh,»ditRoyensejoignantàlaconversation,«…est-cevrai?Allez-vousquitter Fairplay ? » Il avait aussi une étincelle dans le regard, et Alex eut

l’impressiondemanquerd’oxygène.

«Non.»Ellesavaitquecelaferaitletourdelaville,vuqu’ellel’avaitditàGrantenhurlantl’autrejouràlafêteforaine.Maisellen’avaitpassongéqu’elledevraitexpliquerquemaintenantellevivaitaveclui.«Non,jeresteàFairplay.»

Ellelesvittouslesdeuxfairelagrimace,etellesentitqu’elleallaitbouillir.Comment est-ce que ces deux-là osaient la traiter commeune inférieure ?Onaurait dit qu’ils auraient été heureux d’apprendre son départ. Eh bien, qu'ilss’étranglentenentendantcequ’elleallaitleurannoncer.

«Enfait,j’aiemménagéchezGrant.»Elleeutunénormesourirequandellelesvittouslesdeuxresterbouchebée.

«Grant ?Mais on nous avait dit..., » commença Patty, jusqu’à ce que sonmarilafassetaire.

« Je suppose qu’il n’est pas exact non plus que vous êtes enceinte ? »demandaRoy.

Leregardd’Alexalladel’unàl’autre.Toutd’uncoup,ellerepensaàlanuitoùSavannahluiavaitparléau‘RustyRail’.Elleneputs’enempêcher,ellesemitàriresifortqueplusieursclientstournèrentlatête.

«Riend’étonnantàcequetoutlemondem’aitregardéed’unairbizarretoutelasemaine!»Elleritencoreplusfort,ensetenantlescôtes.«Non,»dit-elled’une voix forte, « je n’attends pas de bébé.Mais j’ai le bonheur de dire queLaurenetChasevontaccueillir leurpremierenfantaudébutdel’été.»Tiens!Çavalesoccuperunmoment!

« Et à présent, aimeriez-vous commander quelque chose ou bien êtes-vousvenus juste pour connaître les derniers potins me concernant ? » Elle souritencoredavantagequandellevitlevisagedePattydevenirtoutrouge.«Disonsquejevouslaissequelquesminutesdepluspourregarderlemenu,çava?»Elletournalestalonsets’enallasansunmot.

Elleretournaencuisine,attenditquelaportesesoitrefermée,puiss’écrouladanslefauteuilrelaxdeJamella,àl’entréedesonbureau.

«Quet’ont-ilsditquit’abouleverséecommeça?»ditJamellaenrentrant,etenprenantunsiègeenfaced’elle.

«Rien,rien.»Ellefermalesyeuxunmoment,enespérantquelamigraines’apaise,neserait-cequ’uninstant.«Jamella?Suis-jeintelligente?»

«Qu’est-cequec’estquecettequestion?Biensûrtuesintelligente!Tueslafille la plus futée que je connaisse. Pourquoi crois-tu que je t’aie gardée si

longtemps?»Ellehaussalesépaules.«T’ont-ilsditque tun’étaispas intelligente?Ellevit sapatronnese lever,

sansdoutepourallerdireaumaireetàsafemmedequitterleslieux.«Attends!»Alexluipritlebras,etl’immobilisa.«Non,ilsnel’ontpasfait.

C’estjustequejemesuistoujoursconsidéréecommequelqu'undesimplementordinaire. Je veuxdire... »Elle laissa retomber samain, et regarda ses doigts.«Jemedébrouillaisbienà l’école. J’avaisdebonnesnoteset tout,mais jenesuis jamais allée à l’université. Je ne suis allée que dans deux grandes villesdanstoutemavie.Enfait,jenesuisjamaissortieduTexas.J’aisimplementpeurque Grant ne mérite quelqu'un de mieux que moi. Quelqu'un de plusintelligent.»Ellesoupira.

«Mafille,riendetoutçanecompte.Tuascequiestimportant,là!»Ellesetapotalapoitrine,etmitsonindexsursonfront.«Etlà.Monchou,c’estcommesituétaisàmoi,toi,ettessœursaussi.Mesenfants...»Ellegrognaetsecoualatête.«Mmm,ilssontpartisetm’ontlaisséeseuleavectoutça.Maistoi...»Ellebaissalesyeuxverselle.«Tuesentréecejour-là,ettuasrempliunvidedansmoncœur.»Elle se tapota lapoitrine.«Ma fille, tuvauxcent foisn’importequellegaminequiafréquentéuneécoleluxueuse.Jamellalasouleva,etlapritdanssesbras.«Etàprésent,lève-moidonccementon!»EllesouritenvoyantAlexobéir.«C’estbien!»

«MerciJamella.Tesenfantsnesaventpascequ'ilsperdent.»Elleposaunbaiser sur la joue humide de sa patronne, et retourna dans la salle, se sentantmieux.

LorsqueGrant et ses parents arrivèrent, les parents deTravis étaient partis.Elleenfutcontente,etelles’assitàcôtédeGrant.

«Tuasl’airfatiguée,»dit-ilenfronçantlessourcils.«Commentçavalatête?»Ilrepoussaunemèchedecheveuxdesonvisage.

«Beaucoupmieux,maintenantquetues ici.»Ellesepenchaet l’embrassadevanttoutlemonde.

«Vousallezbienensemble,»leurditlamèredeGrant,ens’appuyantcontrel’épauledesonmari.«N’est-cepasmonchéri?»

«Oui, j’ai toujours suqu’ils étaient faits l’unpour l’autre. » Il sourit, puiséclataderirelorsquesafemmeluidonnaunepetitetapesurlebras.

«Alexvienthabiteravecmoi,»ditGrant,ensouriantàAlex.«Oh,etvousallezavoirunpetit-fils!»Grantéclataderirequandilvitsamèrepâlirunpeu.

«Unpetitchien!»corrigeaAlex,quidonnaunebourradeàGrant.«Nefaispaspeuràtesparentscommeça.»

«Peur?»ditlamèredeGrant.«Monchou,j’étaissurexcitée!Maisunpetitchienferatrèsbienl’affairepourcommencer.»Ellesourit.

Elles’étaitmoquéed’eux.Vraimentmoquéed’euxdevant toutlemondeaurestaurant‘ChezMama’.Commentosait-elle?Commentavait-ellele toupet de tout gâcher ? Bon, eh bien il n’y avait qu'une manière d’agir àprésent. Baissant les yeux vers ce qui était sur le siège, un sourire se formalentementsurseslèvres.

Si elle perdait tout ce qu’elle aimait, elle réaliserait qu’elle n’en était pasdigne.Peut-être alorspartirait-ellepour toujours.Peut-être alors comprendrait-ellequ’onnefichepasdesNolan.

Grant réussit à convaincre Alex de revenir avec lui à la maison aprèsdéjeuner.Elleavaitl’airvraimenttropfatiguéepourcontinuersonservice,etilvoyait bien qu’elle avait une migraine. Après le départ de ses parents, Grantrestajusqu’àcequ’elleaitfini,puislareconduisitàlamaisoncarelleavaitl’airtrop fatiguée pour conduire. Il lui dit qu'ils récupéreraient sa voiture lelendemainmatin.Ellefermalesyeux,etreposasatêteenarrièrependanttoutletrajet.Àlamaison.Iln’arrivaitpasencoreàs’yfaire.Ilsavaitquececin’étaitqu’uneétapedanssongrandprojetdelaconvaincredel’épouseravantNoël.

Alexétaitdanslesalon,faisantunepetitesieste,etlui,Grant,travaillaitàsonsite internet,répondantauxmailsdesclients,vuquesalicenceprofessionnelleavaitétéentièrementvalidée. Ilavaitpris l’habitudedepasserquelquesheureschaquejouràrépondreauxquestionsqu'onluiposait.Enfait,iltrouvaitcelatrèsplaisant,etavaithâted’avoirdavantagedeclients.Sonpèrel’aidait,etrépondaitlui-mêmeàuncertainnombredequestionschaquejour.

Quelqu’unsonnaàlaporte,etJuniorsemitàaboyer.Grantlepritrapidementdans lesbrasavantqu'ilne réveilleAlex.«Chuuut !» luidit-il, toutenallantvers la porte. «Tais-toi, ou tu vas réveiller tamaman !Allons plutôt voir quivientnousrendrevisite.»Iltenaitlepetitchiencontrelui.

Quandilouvritlaporte,souriant,iln’eutpasletempsderéagir.Lapremièrechose qu'il vit, ce fut le petit nuage de fumée en bas des marches. Celaressemblait à un petit nuage, qui lui obscurcit la vue. Puis il entendit ladétonationénorme,tandisquel’airvibraitàcausedelapuissancedel’explosion.Ilseretrouvasurlesolavantmêmederessentirquelquechose.Toutcequ’ilputéprouverfutduchagrinàlapenséedecequiallaitarriveràAlex.

Alex sursauta quand elle entendit la forte détonation. Elle était assise, lesyeuxécarquillés.Sonespritembrumésedemandaitsiellevenaitsimplementderêver, puis elle entendit des aboiements hystériques, et elle se précipita dansl’entrée.Deboutàl’extrémitéducouloir,elleregardait,figée,letableauhorriblequiseprésentaitàsesyeux.

Grantgisaitsurledos,lespiedsdansl’embrasuredelaporte.Ilavaituntroudelatailled’unpoingdanslapoitrine,etdusangcoulaitdelablessureouverte.Se précipitant vers la porte d'entrée, elle plaqua une main sur la poitrine deGrant,pouressayerd’arrêterlesang,quicouvraitmaintenanttoutledevantdesachemise.

Quandelleentenditlebruitdugraviercrissantsouslespneus,elleregardaparlaporte, justeà tempspourvoirunpickupbleus’éloignerà toutevitessedansleurchemin.

« Grant ! » hurlait-elle encore et encore, ne sachant pas que faire. Ellemaintenait les mains sur la blessure, et voyait le visage de Grant pâlir à vued'œil.Lesmainstremblantes,ellesepenchapourattraperlemobiledeGrant,quiétait posé sur la table près de la porte d’entrée. L’appareil était en train de serecharger, et il fallut qu’elle se batte avec le câble afin de l’approcher de sonvisage,toutencontinuantàexercerunepressionsurlablessure.

Pendant qu’elle composait le numéro, du sang éclaboussait l’écran dutéléphone,cequilaralentissait.EllesentaitlapoitrinedeGrantquisesoulevaitàintervallesirréguliers,alorsellefermalesyeuxuninstantetselançadansun

AveMaria.

Quandelleposaletéléphone,toujoursenmodehaut-parleuraveclenumérod’urgence,elleremarquaRomeo,gisantàcôtédeGrant.Lepetitchienhaletaitavec force tandis que le sang coulait lentement d’une blessure à sa hanche.ConservantunemainsurlapoitrinedeGrant,elletenditl’autrebrasetsemitàappuyersurlablessuredeRomeoégalement.

Plusieursheuresplustard,elleseprécipitadanslasalled’attentedel’HôpitalMother Frances à Tyler.Grant y avait été transporté par hélicoptère depuis ledevantdelamaison.

CelaavaitprispresqueuneheureàAlex,LaurenetHaleypouryarriverenvoiture. Chase était resté pour s’occuper du petit chien, promettant de lesrejoindredèsqu’ilpourrait.Alexn’arrivaitpasàs’arrêterdetrembler.Elleétaitcouvertedesang,celuideGrantetceluideRomeo.

Elleavaitdumalàpenseraupetitchien,carelleétaitfolled’inquiétudepourGrant.Ilavaitperdutellementdesang.Est-cequelaballeavaittouchélecœur?Tellementdequestionsluitraversèrentl’esprit.Haleyavaitessayédel’empêcherdetremblerenluitenantlamain,maisAlexs’étaitmiseàsebalancerd’avantenarrièreàlaplace.

Quandellesarrivèrentàl’hôpital,lesparentsdeGrantétaientdéjàsurplace.Ilseurentunchocenvoyantcombiendesangelleavaitencoresurlesmainsetsur lesbras.Elleavaitchangédevêtementsdans lavoiture,grâceàHaleyquiavait toujoursun jeanetunsweatshirtde rechangeà l’arrièredesonvéhicule.MaiselleavaitencorelesmainsetlesbrascouvertsdusangdeGrant,pendantqu’elleessayaitdel’empêcherdeperdretropdesang.

«Oùest-il?»Elleseprécipitadanslasalledesurgences.« Ils l’ont emmené au bloc, » dirent les parents de Grant. Leurs visages

étaientpleinsdelarmes.«Ques’est-ilpassé?»demandaCarolyn.Alex avait rapidement raconté au sheriff ce qu’elle avait vu tandis que les

ambulanciers soignaient Grant, en attendant que l’hélicoptère l’emmène. Elleavaitparléduvéhiculequ’elleavaitvus’éloignantdeleurmaison,maisc’étaitdifficileàpasser.

«C’étaitlamèredeTravis.C’estPattyNolanquiafaitça,»dit-elleàvoixbasse,secouantlatête.«Jel’aivues’éloignerdanslepickupdeTravis.»Ellesecouaànouveaulatête,etdeslarmesglissèrentsursesjoues.

« Patty ? » Carolyn dit, « Non. » Puis elle secoua la tête. « Ce n’est pas

possible.Cen’étaitpasPatty.»Elleattrapalebrasdesonmari.

«Pourquoi?»demandaGlenn,enconduisantsafemmedel’autrecôtépourlafaireasseoir.«Pourquoi?»demanda-t-ilànouveau.

«Jecroisquec’étaitpoursevengerdemoi,»ditAlexàvoixbasse tandisquesessœurslaprenaientparlebrasetlaforçaientàs’asseoir.«Toutestdemafaute,»murmura-t-elle.

«Non,»direntHaleyetLaurenenmêmetemps.Ellesseregardèrent.«Non, » dit à nouveau Lauren. « Tu n’as rien fait demal. Je ne sais pas

pourquoiPattyNolanafaitça,maisjesuissûrequecen’estpastafaute.«Oui,tuasraison,»ditGlennenprenantsafemmeparlesépaules.«S’ilne

t’avaitpasconvaincuedequitter le restaurantdebonneheure, ilneseraitpluslà. » Il y eut unhoquet dans la voixdeGlenn. «Mais tu étais là.Ta réactionrapideasauvénotrefils.C’estcequenousontditlesambulanciers.»Ilsouritlégèrement.

«Commentlesais-tu?»Alexselevaetagitalesbras.«S’ilnem’avaitpasfréquentée, riende toutcecineseraitarrivé.»Ellesortiten trombede lasalled’attente,courantsansrienvoirautourd’elle,seperdantdanscethôpitalqu’elleneconnaissaitpas.Elleentendaitsessœursl’appeler,alorselleseprécipitadansune pièce plongée dans l’obscurité. Elle retint sa respiration quand ellespassèrentdevantsacachette,enl’appelant.

Les yeux fermés, elle posa la tête contre la porte et essaya de calmer sarespiration. Mais elle faillit s’étouffer, s’effondra contre la porte et se mit àpleurer.

«Oh,quesepasse-t-il?»ditunevoixdouce.Levant la tête, les yeux larmoyants, elle remarqua qu’elle était dans une

chambreprivée.«Oh!»Elleclignadesyeuxets’essuyalevisage.«Jesuisdésolée.Jene

savaispas...»Elleregardaautourd’elle.«Toutvabien,mapetite.Venezparici.»Lavieilledamefrêletapotasonlit.

«Nesoyezpastimide.Ilsm’ontretirémesdents,et jen’aiplusjamaismordu!»Lavieilledamefitunsourire,etAlexvitqu’elleétaitcomplètementédentée.Mêmecetteplaisanterieeutdumalàlafairesourire.

«Quesepasse-t-il?Quesepasse-t-ilpourqu'unejoliejeunefemmecommevouspleurecommesic’étaitlafindumonde?»

«C’estlafindumondepourmoi,»ditAlex,avecdeshoquetsdanslavoixtoutens’avançantverslavieilledame.Puiselleluiracontatout.Toutel’histoire,depuislamortdesamère,qu’ellepensaitavoirprovoquée,jusqu’àcequiétaitarrivéàGrant,quiétaitdesafaute.Tout.Toutétaitdesafaute.

« J’empoisonne tout. » Elle eut un hoquet, et s’essuya les yeux avec lemouchoirenpapierquelavieilledameluitendait.

«Oh,neditespasça,»ditlavieilledame.«Cen’estpasvotrefaute.C’étaitledestin.»Ellehochalatêteetplissalesyeux.«Regardez-moi.»Ellefitdesgestesavecsesmains.Ilyavaitdestuyauxetdesfilssortantdesonbrasgauche,maislavieilledamesemblaitnepaslevoir.«Savez-vouspourquoijesuisici?»

Alexsecoualatêteetséchasesyeux.«Vousnelediriezpasenmevoyant,maisj’auraicentansdemain,etjepeux

vousledire,jen’auraisjamaiscruquej’arriveraisjusque-là.»Elleeutunpetitsourire,avecunpeudetristessedanslesyeux.«J’aisurvécuàtroismaris,deuxenfants, deux petits-enfants et même un arrière-petit-fils qui est mort à lanaissance. Je suis prête, et je m’en irai dès qu’il le faudra. Tout ce qui m’aamenée ici, ou a emporté mes enfants devait avoir lieu. Vous avez vécu desmomentsdifficiles,maisceluiquevousaimezvasurvivre.»Ellehochalatête.«Vousverrez.Celaneferaquevousrendreplusforts.»Ellepenchalatêteetlaregarda.«Parfoisdeschosescommecelles-ciseproduisentdefaçonàvousfairechangerdedirection.»Ellesoupiraetserenfonçasursesoreillers.«Vousallezvoir.Grant etvous,vousvous rappellerezdece jour, et enparlerezcomme lejouroùtoutachangé.»Ellesoupiraetfermalesyeux.

Alexrestaitassisedanslapièceobscure,écoutantlarespirationtranquilledela vieille dame qui s’était endormie. Elle ne connaissait pas son nom, elle nesavaitpas sielleavait raison.Toutcequ’elle savait, c’étaitqu’ellen’avaitpasenviedefranchirlaporteetdedécouvrircequisepassait.Elleavaitpeurquelesnouvelles ne soient pas bonnes, et plus longtemps elle restait cachée, pluslongtemps elle pouvait se persuader queGrant allait bien. Qu’il était sorti dubloc,etquetoutiraitbien.

Pourfinir,quanduneinfirmièreentra,Alexs’excusaàvoixbasseetallaàlarecherche de sa famille. Quand elle demanda à l’accueil où ils étaient,l’infirmière lui sourit. « Votre famille vous cherchait. » La femme se leva.«Venez,jevaisvousconduirejusqu’àeux.»

Alexn’avait pasdemandécomment allaitGrant.L’idéede l’avoir peut-êtreperdu était insupportable. Elle s’était raconté tellement d'histoires pendant ces

deuxdernières heures, et aucunene se finissait bien.Quand elle entra dans lasalle d’attente privée, le cœur d’Alex se brisa. L’expression qu’elle voyait surtous lesvisages luidisait tout cequ’elle avait besoinde savoir.Elle ferma lesyeuxenchancelant,ettoutsonuniverss’écroula.

Debout près du fourneau, Patty arborait un grand sourire sur ses lèvresparfaitementmaquillées.Elleportaitun tablier, et sesmanchesétaient roulées,desortequelegrasdupouletn’éclaboussepassesvêtements.

Toutdevait êtreparfaitpour lemomentoùRoyetTravis reviendraient à lamaison.Aprèstout,ilsétaientunmarietunfilsexemplaires,etilsméritaientcequ’ilyavaitdemieux.

Après avoir retourné un morceau de poulet, elle vit la voiture du sheriffs’arrêterdevantchezeuxetellesedemandacequeStephenfaisaitici.Peut-êtrevoulait-ildîneraveceuxpensa-t-elle,enbaissantlefeusurlacuisinière.

Elleallaaccueillirlesheriff,etjusteàcemoment-làRoyarrivaenvoiture.«Ehbien,bonsoir,sheriff!Voulez-vousresterdîner?»demanda-t-elletandis

queRoys’approchait,l’airpréoccupé.«Non,m’dame!Jesuis...»Ils’éclaircitlagorgeetregardaRoy.«Patty,Stephenestvenut’arrêterpouravoirtirésurGrantHolton.Pourquoi

as-tufaitça,Patty?»Royseprécipitaprèsd’elle,etluipritlesmains.Elleselibérabrutalement.Aprèstout,celanesefaisaitpasdemontrersesémotionsenpublic.

«Vraiment,Roy. Il n’y a pas de quoi en faire toute une histoire. »Elle setournaverslesheriff.«Toutcelaestunénormemalentendu.Aprèstout,jelesaiavertis plusieurs fois que leur comportement était inacceptable. Ils ont fait dumalànotreTravis.C’estentièrementde leur fautes’ilneveutpasse lever,ettoutlemondeenvillesaitbienquecettefilleWestn’estpascequ’ilfautpournotregarçon.Àcaused’elle,ilboitetilsefourredanspleindeproblèmes.

Ellesecoualatête.«Franchement!»Elles’essuyalesmainssursontablier.«Jesuissurprisequepersonnen’aitfaitquelquechoseavant.»

«Est-cequevousavouezavoirtirésurGrantHolton?»demandalesheriff.«Ehbien,»dit-elleenleregardantdetravers.«Jenesaispascequevous

voulezdirepar‘avouer’,maisbiensûr,jel’aifait.»Elles’approchaencoreplusdusheriff.«Vraiment,Stephen,cettefillemériteunebonneleçon!Onauraitpucroirequ’ellesecomporteraitmieuxqueça,depuisqueDieuluiaprissonpèreetsamère.Mais ildevientévidentque laseule façonde lui fairecomprendre,c’estdeluifaireperdretoutcequiluitientàcœur.J’aiessayédem’attaqueràSaddlebackRanchpour luidonnerquelquesleçons,maisChaseet leshommesétaient toujoursdans lesecteur,alors...»Ellehaussa lesépaules.«J’aidécidéquem’enprendreàGrantétaitlaseulesolution.»Ellesecoualatêteetpouffa.

«PattyNolan,jevousarrêtepourtentativedemeurtresurGrant...»Elleéclataderire.«Non,vraiment,ilyaunénormemalentendu!Lorsqueje

vousauraitoutexpliquéànouveau...»Savoixs’éteignittandisqueStephenluipassaitlesmenottesetcommençaitàl’emmenerverssonvéhicule.QuandPattysetournapourregarderlamaison,Roysetenaitdebout,laregardantcommes'ilnesavaitpasquielleétait.Maiscequiluifitvraimentmal,cefutdevoirsonfilsunique,deboutàcôtédesonpère,ayantvisiblementl’airdepenserqu’elleétaitcomplètementfolle.

Chapitre17

Ellefutréveilléeparlavoixlaplusdoucequ’elleaitjamaisentendue.C’étaitcommedelamusiqueàsesoreilles.Gardantlesyeuxfermés,elleécoutatandisqu’ilprononçaitsonnomencoreetencore.Elledevaitrêver...oualorselleétaitauparadis.Cetteidéeluifitouvrirgrandlesyeux.Ellevitlevisagedesasœuretfitlagrimace.ElleauraitjuréavoirentenduGrant.

«Grant?»Ellecommençaàseredresser.«Ilestici.»ditHaleyensouriant,etendésignantlelitàsadroite.« Alex, mon dieu, ne me fais plus jamais une telle peur ! » dit Grant

lorsqu’elleleregarda.Ilétaitassissursonlitd’hôpital,aveclebrasgaucheenécharpe. Son torse nu était enveloppé d’énormes pansements. Son visage hâléétait pâle sous le bronzage, et il avait l’air très fatigué. Il était complètementébouriffé,maisaumoinsilétaitenvie.

Enunéclair,Alexfutdeboutàcôtédelui.«Tuvasbien?»demanda-t-elle,leparcourantdesyeux.

Illevalamainverslevisaged’Alexethochalatête.«Ondirait.»En silence, toutes les personnes présentes sortirent, pendant qu'ils se

regardaientl’unl’autre,etqu’ellesentaitdeslarmesluiinonderlevisage.«J’aicru...»Elleprituneprofondeinspirationetrecommençatandisqu’illuiprenaitlamain.«J’aicruteperdre.»

Il sourit faiblement. « Aucun risque. Le docteur a dit que la balle avaitricoché sur mes côtes. » Il eut un petit rire, tout en se tenant le côté et enpoussantungrognementdedouleur.«Ilm’ademandésijebuvaisbeaucoupdelaitquandj’étaisenfant...»ditGrantensouriant.

Elle regarda leursmains jointesetessayadesedégager,mais ilne la lâchapas,l’attirantdoucementversluijusqu’àcequ’ellesoitassiseàcôtédelui,lesyeuxaumêmeniveauquelessiens.

«Jesuisdésolée.Grant,jen’auraisjamaisimaginéquequelquechosedecegenrepuisseseproduire.»

«Bien sûr que non. » Il fronça les sourcils. « Je n’ai rien vu venir. Jemedemandesic’étaitPattyquidepuisledébutfaisaittoutesceschoses,etnonpas

Travis.»Illuimitundoigtsouslementonetlaforçaàleregarderànouveau.«Aucund’entrenousn’auraitpuleprévoir.»

«Oui,mais...j’auraispu...»Ilposaundoigtsurlabouched’Alex.«Tuétaislà.»EllevitunelarmecoulersurlajouedeGrant.«Situn’avais

pasétélà,j’auraispuresterétenduparterre,etperdretoutmonsangjusqu’àceque tu rentres. Tu m’as sauvé la vie. » Il cligna des paupières et essaya del’attirerplusprès.Ellesepenchaverslui.

«Tum’assauvé,»répéta-t-il,etilposaseslèvressurlessiennes.C’étaitunbaiser totalementdifférentde tousceuxqu’ils avaientpartagésprécédemment.Elleenfutmarquée,transformée.Ellesentitquelquechosequibougeaitaufondd’elle-même,etfermalesyeux.Etalorselleputfairefaceàtoutcequ’elleavaitenfouiaufondd’elle-mêmependantsilongtemps,depuiscejourtragiqueoùelleavaitvusamèremourir.Ellerouvritlesyeuxetserecula,pritlevisagedeGrantdanssesmainsetluisourit.«Elleavaitraison.»dit-elleensouriant.

«Qui?»Illuisouritaussi.«Lavieillefemme.Ceciatoutchangé.»Illevalessourcilsd’unairinterrogateur.«Grant,jeneveuxpasvivreavectoi.»Ellelevits’assombrirtoutdesuite,

et pouffa. « Je veux t’épouser. Je t’aime. Je t’aime pour ta gentillesse, tonhonnêteté,lafaçondonttutecomportesaveclesgensetlesanimaux.Ilyatantderaisonspourlesquellesjet’aime!»Ellepouffa.«Çameprendraittouteuneviedetouteslesénumérer.Dis-moiquetupasserastoutetavieàm’écoutertelesdiretoutes!»

Grantluiréponditensouriant:«Jecroyaisquetuneledemanderaisjamais!»Ill’attiraàluiavecsonbrasvalide,etl’embrassaànouveau.

Deux jours plus tard, Grant rentra chez lui avec l’aide d’Alex. Ils furentaccueillis parChase,Lauren,Haley et les parents deGrant.Tous étaient assisdanslesalon,etsourirentlorsqu’ilslesvirententrerlentement.

« J’espère que ça ne te dérange pas, je suis resté pour prendre soin desanimaux,»ditChase,quidésignalepanierpourchienàcôtédelacheminée.

Quandilsentrèrent,laqueuedupetitchiensemitàremueravecfrénésie.

«Hé,Junior!»Granteutunsourireenvoyantledosdupetitchien,presquecomplètement recouvert de gros pansements blancs. « Comment va-t-il ? »demanda-t-iltandisqu’Alexl’aidaitàs’installersurlecanapé.

Chases’approcha,ets’assitenfaced’eux.«Ilvas’ensortir!Peut-êtrequeçalui prendra un certain temps avant qu’il ne se comporte à nouveau commeunpetitchien,et il continueraprobablementàboîter.Mais il a fait leplusdur,etc’esttoujoursbonsigne.»

Lepetitchienposasatêteànouveau,etfermalesyeux.«Patty a avoué,»dit soudain lamèredeGrant, cequi attira l’attentionde

tous.«Dis-leur,Glenn.»Elleluisaisitlamain.Son père hocha la tête. «Oui, bon. Elle a avoué, et elle plaide le coup de

folie.»Sonpèrefronçalessourcils.«Elleadéclaréêtrel’auteurdetouslesfaitsqui se sont produits au cours des deux derniers mois.Même l’attaque contreAlexlorsdurodéo.»

«Pourquoi?»demandaAlex,prenantlamaindeGrant.Ellesentaitqu’elletremblaittandisqu’illuicaressaitlespaumesduboutdesdoigts.

Glennsecoualatête.«Elleprétendqu’ellenevoulaitquelebonheurdesonfils.»IldésignaAlexd’unsignedetête.«Doncelleafaittoutcequ’ellepouvaitpoursevengerdeGrantetdetoipouravoirfaitdumalàTravis,mêmefaireinculperGrantpourt’avoirattaquée.Elleaparlédelahontequetuavaisfaiteàsafamille.Delafaçondonttuavaisdétruitsonfils,etl’avaitruiné.»Ilsecoualatête.

«ElleaditqueTravisétaitheureuxlorsqu’ilétaitavectoi.Alorselleafaittoutcequ’elleapupoursedébarrasserdeGrant.Ellecroyaitquec’étaittoiquiétaisenceinte,etnonLauren.Elleaencoredumalàcroirequetuneportespasl’enfantdeTravis.

«Elledoitêtrefolle,»ditLauren,enallants’asseoirprèsdeChase.«Queva-t-illuiarriver?»

«Ehbien,ceseral’affairedesjugesdorénavant.S’ilslatrouventcoupabledetentativedemeurtre,ellerecevraunepeineallantdedeuxàvingtansdeprison.S’ils décident qu’elle a des problèmes psychologiques, elle peut n’êtrecondamnéequ’àunand’enfermementdansuneinstitution.»

«Quoi?»Laurenseredressa,lesyeuxétincelantdecolère.Chaseluipritlebras.«Lesjugesrendrontleurverdict.»Illuitapotalebras,ettouspurentvoirqu’ellesedétendaitunpeu.

«Etlemaire?»demandaAlexauxparentsdeGrant.Glenn secoua la tête. « Il ignorait totalement ceque sa femmeavait fait. Il

démissionnedesapositiondemaire.Ceserarendupublicdemain.Ilyaurauneréunionduconseilmunicipalenurgencelasemaineprochaine,poursavoirquiassureral’intérimjusqu’auxprochainesélections.

«EtTravis?»demandaAlex.Glennsecoualatêteànouveau.«Ilaquittélavillepeuaprèsl’arrestationde

samère.Ilétaitsouslechoc,etextrêmementembarrassé.»Ensoupirant,Alexs’appuyacontre l’épaule intactedeGrant. Il luipassa le

brasautourdesépaules,etlatintserrée.Ellesesentaitbiendanssesbras.Ellesesentaitàsaplace.

Lorsquetoutlemondefutparti,Grantétaitépuisé.Lesdeuxcôtescasséesluipesaient,etleralentissaient.Sansparlerdespointsquiluiavaientétéfaits.Ilsesentaitraideetendoloridepartout.Mêmesesgenouxluifaisaientmal.

AlexmurmuraitdesmotsdouxàJunior,eten findecompteelle l’emmenaaveceuxdansleurchambre,etmitsonpanieràcôtédulitdesoncôtéàelle,defaçonàpouvoirveillersurlui.

«Tusais,»dit-il,tandisqu’elles’allongeaitàcôtédelui.«Ledocteuraditque si la balle n’avait pas été ralentie par lui » — il désigna le petit chienendormi—« j’aurais pu être grièvement blessé.Donc en un sens, « dit-il ensouriant,«vousm’aveztouslesdeuxsauvélavie.»

Ensouriant,elleserapprochapourluidéposerundouxbaisersurleslèvres.«JecroisquenousdevonsunefièrechandelleàJuniortouslesdeux!»

Grantsouritdetoutessesdents.«Qu’ya-t-il?»demanda-t-elle,avecunpetitmouvementderecul.«Tul’asappelé‘Junior’.»Ilsourit,ensedisantqu'ilavaitgagnétoutcequ'il

voulait.

ÉpilogueAlex, debout devant la vitre, regarda l’infirmière coucher le bébé dans son

berceau. Sa petite tête sans cheveux était adorable. Comment avait-elle pul’aimersipassionnément,sivite?Ensouriant,elleagitalamainendirectiondupetitgarçonquiclignaitdesyeuxpendantquel’infirmièrelenettoyait.

«N’est-ilpasmerveilleux?»demanda-t-elleàGrant,deboutàcôtéd’elle.«C’estunamour.»Grants’appuyacontrelavitreetlaregarda,puissoupira.«Quoi?»Ellequittasonneveudesyeux,pourjeteruncoupd'œilàl’homme

qu’elleavaitépousétroismoisplustôt.«JenefaisaisqueregarderlaplusjoliefilleduTexas!»Grantluisourit.«GrantHolton!»Ellesetourna,etcroisalesbras.«Queveux-tu,àprésent

?»Ilréponditimmédiatement,l’airradieux.«Desenfants,»dit-il,simplement.

«Commecelui-là.Unefille,ceseraittrèsbienaussi.»Ilcroisalesbras.Ilavaitl’attitude d’un cowboy, même si pour le moment il était habillé comme unavocat.

Elle lui fit lentement un grand sourire. « Vraiment ? Et dans combien detempsenveux-tuun?»

«Un?»Ilfronçalessourcils.«Situasfaitattention,j’aidit‘desenfants’,aupluriel.

Ellese rapprochade lui,et luipassa lesbrasautourducou.«Oh, j’aibienentendu.Onparledecombien,là?»

«Ehbien... » Il se gratta lementon et sourit. «Commenous avonsquatrechambresvides,jemedisaisqueceseraitunbonnombre.»

Alexeutungrandsourire.«Etquandest-cequevouspensezdémarrercettefamille,monsieurl’avocat?»

«Bientôt!»Ilsepencha,etluidéposaundouxbaisersurlenez.Ellel’attiravers elle, et lui rendit le baiser passionnément, jusqu’à ce que tous deux seretrouventhorsd’haleine.«Onpourraittoujourscommencermaintenant...»dit-ilensouriant,etenessayantdel’entraînerdanslecouloir.

«Oh,non.Là,c’estlemomentdontLaurenetChaseprofitent.Etpuis,jesuisimpatientedevoircommentilsvontappelermonneveu.»

«Trèsbien.»Illevalesyeuxauciel,etsepenchapourluidonnerunautrebaiserlangoureux.«Allonsdoncdemanderquelestlenomdecepetitchenapan!»

«Mondieu,»dit-elleenluiprenantlebras,«j’espèrequ’ilsneluiontpasdonnéunnomidiot!»

Quand ils retournèrent dans la chambre privée de Lauren, tous étaientassemblés.Haleyétait assisedansuncoin,parlant à lanouvellebelle-mèredeChase,Charlotte.Chase lui était en traindebavarderavec sonpèreprèsde lafenêtre.

«Ehbien,ilestentraindeprendresonpremierbain,etilhurletantqu’ilpeut!»ditAlexenallants’asseoirprèsdesasœur.«Allez-vousnousdirecommentvousl’avezappelé?»

Chaseallas’asseoirauborddulit,del’autrecôté,etpritlamaindeLauren.Tousdeuxéchangèrentunsourirecomplice.

« Nous avons décidé de lui donner le nom d’un homme qui a élevé troisintrépides cavalières à lui tout seul, » dit Lauren en souriant. “RichardChaseGraham.”

Viensdansmesbras,Haley!—Aperçu

PrologueHaleyWest,assiseauborddelamare,pleuraittoutesleslarmesdesoncorps.

Elleavaitquatorzeans,etàprésentdeuxdesesparentsavaientdisparu.Les funérailles de son père avaient eu lieu la semaine précédente. Elle

n’arrivait pas à croire qu'il ne soit plus là pour parler ou pour allermonter àchevalavecelle.LamèredeHaleyétaitmortequandellen’avaitquequatreans,alors qu’elle était trop jeune pour se souvenir d’elle. Mais son premier vraisouvenirétait lechocreçu,ensachantquec’étaitentièrementdesafautesisamèreleuravaitétéenlevée.Elleavaitgrandipersuadéequec’étaitàcaused’elle,et non de la tornade, que la vie de sa mère avait tragiquement pris fin alorsqu’elle était encore si jeune, et elle faisait tout en son pouvoir pour s’assurerqu’elleneferaitdemalàpersonneànouveau.

Sentant qu’on la poussait au niveau de l’épaule, elle vit Dash, son quarterhorse gris. Il était le cheval le plus rapide du ranch, et il lui appartenaitentièrement. Son père le lui avait offert pour ses quatorze ans, quelque moisauparavant.Elle lui avait dit qu’elle voulait s’essayer à la course de tonneauxcomme sagrande sœur,Alexis.Après avoir reçu lenouveaucheval, elle avaitessayé plusieurs fois, mais elle s’était rendu compte qu’elle préférait de loingaloper dans les champs avec lui. Tous les deux allaient si vite. Le chevalsemblaitsavoircequ’elleressentaitetmêmepensait. Il l’emmenait toujours làoùellesouhaitaitaller,mêmeaujourd’hui.

«Jesais,»dit-elleaucheval.C’étaitl’heuredudîner,etons’inquiéteraitdesonabsencesitousdeuxnerentraientpasàlamaison.

Lauren, sa sœur la plus âgée, s’occupait de tout maintenant, même de sesdeuxjeunessœurs.Haleyessuyaseslarmesdureversdesamanche,etsereleva,aprèsavoirpleuré,allongéesurlesolaccueillantoùelles’étaitjetée,désespérée.Elles’arrêtaquandelleentenditcraquerunebrindille,nonloind’elle.

Toutautourdelamare,lesbuissonsetlesarbustesétaienttrèshauts.Mêmeen ce début de printemps, le feuillage était déjà très épais. Il lui fallut unmoment,maisellefinitparremarquerunjeunegarçondehautetaille,deboutàcôtédel’unedesbranchesbassesd’unchêne,àquelquesmètresdedistance.

«Salut,»dit-ellesansaucunegêne.ElleétaitnéeetavaitgrandiàFairplay,auTexas,etelleyconnaissaitpratiquementtoutlemonde.

« Salut, » dit-il, en s’avançant avec lenteur. Il portait une vieille chemise

bleueetblanche,etavaitlesmanchesrouléesjusqu’auxcoudes.Sonjeanetsesbottes étaient couverts de poussière et de boue, vraisemblablement enprovenancedeschamps.Ses longscheveuxsombresétaientunpeuébouriffés,comme s’il y avait passé sesdoigts. Il avait les yeux les plusnoirs qu’elle aitjamaisvus,maisquandilsouriait,ilsprenaientuneteintebrunecommedumiel.

Ils’avançaetlapritdanssesbras.«Jesuisdésolé,»murmura-t-ilprèsdesonoreille.«NoussommesrevenusdenosvacancesdeprintempschezmatanteàDallashier,etj’aiappriscequiestarrivéàtonpère.»

La têtecontresonépaule,ellehocha la tête.Ellecroyaitqu’ellenepourraitplus pleurer, jusqu’à ce queWes Tanner la prenne dans ses bras. Les larmescoulaient sur la chemise de Wes. Et lorsqu’elle eut fini de pleurer, elle eutsoudainl’impressionquetoutallaits’arranger,tantqu’ilseraitlà.

Chapitre1Haley se dit qu’elle allait l’étrangler. Elle le fusillait du regard, tandis que

deboutàl’autreboutdelapièce,ilparlaitàsesamis.Commentosait-illuifaireça ? Elle avait les bras croisés. Elle essayait de ne pas se l’avouer,mais ellesentaitlatristesselagagner.

Iln’avaitmêmepaseulecrandeleluiannoncerlui-même!Aulieudeça,ellel’avaitapprisdelabouchedesesmeilleursamisàlui,quiparlaientunpeutrop fort pendant la soirée, après avoir bu quelques bières de trop.Mais si cequ’ilsdisaientétaitvrai,elleallaitétranglerWesleyTanneretfaireensortequejamaispersonneneretrouvesonbeaucorpsdecowboy.

Elle tourna dans la pièce pendant quelquesminutes, essayant de se calmeravant de l’approcher. C’était leur soirée de fin d’études, et tous les diplômésétaientlà,entraindes’amuser.Toutlemondebavardaitgaiement,cequifitqueçàluiprituncertaintempspourtraverserlapièce.

Quand elle vit s’approcher Hannah, son amie depuis l’école primaire, ellesoupira,sachantqu’elleseraitànouveauretardée.

«T’esaucourant?»Sonamieluipritlebras,etl’amenadansuncoinmoinséclairé.«C’estvrai?»

«Quoi ?»Haley eut enviede semasser les tempes.Elle était sûrequ’elleavaitundébutdemigraine,maiscommec’étaitlapremièredesavie,ellen’étaitpasabsolumentcertaine.

«Est-cequeWess’estenrôlé?»demandaHannah,l’airsoucieux.Haleynesavaitpasquoidire.Commentpouvait-elleannonceràsameilleure

amiequesonpetitami,qu’elleconnaissaitdepuissilongtemps,avaitdécidédene pas le lui annoncer lui-même ? Elle n’arrivait pas à le concevoir. Cettetrahisonlaminait,alorsàlaplace,elles’éloigna,sedirigeantverslaportepourprendreunpeud’airfrais.

Elle sortit du gymnase du lycée et se dirigea vers la cour de récréation del’écoleprimaire.Attrapantsarobelongue,elles’assitsurlabalançoireetretirasessandales.Sepoussantaveclespiedssurlesolsableux,ellecommençaàsebalancerlentement.

Çane pouvait pas être vrai !Mentalement, elle semit à envisager tous les

scénariosqui luiavaientpermisde l’aveugler.Peut-êtrequeWesn’étaitmêmepasaucourantdecequetoutlemondedisaitdelui?

Elleétaitsurlepointd’allerlerejoindre,pourenavoirlecœursûr,lorsqu’ellesentitlesmainsdeWessursondos.

«Tuveuxquejetepousse?»demanda-t-ildanssonoreille.Elleserelevarapidementetsetournaverslui.«C’estvrai?»luidemanda-t-

elleencroisantlesbras.Ilimitasaposition.«C’estvraiquoi?»Ilpenchalatêteetlaregarda.«Est-cequetut’esenrôlé?TuquittesFairplaypourlecampd’entraînement

demain?»Ilécarquillalesyeux,etsonsourires’effaça.«Haley,écoute...»Maiselle

avait déjà fait demi-tour et s’éloignait de lui à toute allure. Elle n’avait pasbesoinde l’entendre le luidire.Elle avait lu la réponsedans sesyeux.C’étaitécritentouteslettressursonvisage.

Quandilessayadeluiattraperlebras,ellesedégagea.«Pourquoi?»luicria-t-elle.«Pourquoisuis-jeladernièreàsavoir?»Elle

semoquaitbienquequelqu'unlesentende.Ilvenaitjustedeluiarracherlecœur.«Jevoulaisteledire...»Illevalesmainspourluiprendrelesbras,maiselle

recula.« Non. » Elle fit un pas en arrière. « Je te connais depuis toujours. Nous

n’avons jamais eu de secret l’un pour l’autre. Alors pourquoi ça ? Pourquoimaintenant?»

«Ce n’est pas ce que je voulais. Je te dis depuis plusieurs années que j’ypense.»

«Quetuypenses?Ettunelefaisaispas!»Elleluidonnaunebourrade,quilefitreculerd’unpas.Ilbaissalesbras,etellelevitbaisserlatête.

«Jenesavaispas...»«Non!Tunesavaispas.»Ellefitdemi-touretsemitàtraverserleterrainde

softball.Elles’étaittoujoursfiguréqu'ilssemarieraient.Ilsenavaientparlé...maisà

présent!..Ellesetournaetluilançaunregardfuribondtandisqu'illasuivait,plusieurspasderrière.

«Jesuisdésolé,»dit-il,serapprochantunpeud’elle.Elleluilaissaprendre

sonbras, et laprendrepar lesépaules.Sesépaules,presquedénudées sous lesfinesbretellesdesarobe,semirentàfrissonnertandisqu’ellesedisaitqu’elleneleverraitpluschaquejour.«J’aisignélasemainedernière,etjen’aipaseulecouragedeteledire.Tusaisquemonpèreétaitdansl’armée,etsonpèreavantlui,ainsidesuite. . .»Ilbaissa lesyeuxverselle,etessuyaune larmesursesjoues.«Jesupposequejusqu’à lasemainedernière, jenesavaispascequejevoulaisfaire.....»Ils’interrompitetlaregarda.

Elle comprenait très bien ce qu’il voulait dire. Jusqu’à l’inquiétude qu’elleavaiteuelasemainedernière,quandelleavaitcruqu’elleportaitsonbébé.Elleregardasonventreplat,etregrettadenepasêtreenceinte.Peut-êtrequ’alorsilserait resté. Ils auraient pu se marier, et elle aurait eu tout ce dont elle avaitjamaisrêvé.

Setournantànouveau,ellefermalesyeuxetluiserralesbrasdanssesmains.«Bon,alorsc’estdécidé?Jet’aifaitpeur,»murmura-t-elle.

«Non.» Il s’approchad’elleparderrière,et la tintcontre lui.«Jesupposequecelam’ajustefaitréaliserqu’ilyavaitlemondelà-dehorsquim’attendait.»Ilsoupira.«Noussommestropjeunespoursongeràfonderunefamille.»Ellesentitqu'ilsecouaitlatête.Ellesentitqu'ilhaussaitlesépaules.«Ilfallaitquejelefasse.»Illafitseretourner.

Leslumièresprovenantdubâtimentdel’écoleétaienttropfaiblesettroploinpour bien voir son visage, mais elle devinait qu'il la suppliait de ses yeuxsombres. Elle était reconnaissante de ne pouvoir en apprécier la douceur, carainsiellenerisquaitpasdefaibliretdecéder,nidetrops’attacher.

Justeàcemoment-là,l’undesmeilleursamisdeWes,Dale,arrivaencourant.«Ahvousvoilà!Venez!Nousavonsuncadeau-surprisepourtondépart,Wes.»IlsaisitWesparlesépaulesetl’entraînaànouveauendirectiondugymnase.

Deboutdansl’obscurité,HaleyvitWess’éloignerd’elle.Àmi-chemin,illuijeta un coup d'œil par-dessus son épaule,mais elle était sûre qu’il faisait tropsombrepourqu'illavoieassiseparterre,entraindepleurer.

Elleretournaseulechezellecesoir-là,etrefusadelevoirlelendemainmatinquandilfrappaàsafenêtre.Ilessayapendantpresqueunedemi-heureavantdefinirparpartir.Ilglissaunpetitmotsurl’appuidelafenêtre,maisellen’eutpaslecœurnilaforcedelelire.Aulieudeça,ellelefourradansunegrandeboîteavec tous les autres souvenirs qu’elle avait de lui. Puis elle amena la boîte augrenier,oùellelamitsousclé,enyenfermantsoncœurparlamêmeoccasion...jusqu’àcequ’ilrevienne.

Six ans plus tard, Wes, contemplant le terrain de softball, avait un petitsourire. C’était bon d’être à la maison. Lamajeure partie des habitants de lapetitevilledeFairplay,auTexas,étaientassemblésdansleparc.Ilyavaitdeuxparties distinctes de softball qui avaient lieu en même temps. Une équipeféminined’uncôté,etdel’autredesenfants.Lecontrasteétaitmagnifique.

DesfamillesdetoutessortesétaientassembléespourlesfestivitésdelaFêtenationale.Wes savait qu’il y aurait plein de viande grillée au barbecue et depastèque,età lanuit tombée,des feuxd’artifice.Leniveausonoredeviendraitvite assourdissant, au cours de l’heure suivante. Cela avait toujours été latraditionàFairplay.

Quandsamère l’appela,Wesalla jusqu'àelle,de l’autrecôtédu trottoir. Ileut l’impression que tous les yeux étaient sur lui en remarquant qu’il boîtaitlégèrementàprésent,maisavecungrandsourireilredressalatêtetandisqu’ils’avançaitpourembrassersamèresurlajoue.

«Ah,tevoilà!Onauraitcruqu’àl’arméetuapprendraisàarriveràl’heure!»Souriante,elleluitapotalajoue.«Dumoins,detempsentemps.»

Wess’esclaffa.«J’aimemefaireattendre.»Ilfitunsignedetêteàlafoule.Lejeudesoftballs’étaitenfaitarrêtéquandsamèrel’avaitappelé.Ilvoyaittouslesyeuxbraquéssurlui,etpresquetouslesvisagesétaientsouriants,saufceluidelalanceuse.Etbienentendu,c’étaitlaseulequ’ilregardait.

Desoncôté,elleleregardaitcommesielleavaitvuunfantôme.Quandilluifit signe, elle cligna des yeux et laissa tomber la balle. En tâtonnant, elle sepenchapourlaramasser,puisluitournaledos.

Les joueusesde la première et de la deuxièmebase seprécipitèrent vers labuttedelalanceuse,etluiparlèrentpendantunmoment.Ilyeutunéchangeunpeuvif,maisHaley l’emporta, et se prépara à lancer la balle.Cela lui prit unmoment pour viser, puis elle lança l’une des balles les plus rapides qu’il aitjamaisvuunefillelancer,éliminantlabatteuse.

«Cettefilleestlameilleurelanceusedel’État!»ditsonpèreens’asseyantàcôtédelui.IlavaitlesbraschargésdetourtesauxFritosetdecocas.Levantlebras,Wesprit lanourritureetenfitpasseràsamèrequiétaitassisede l’autrecôté.

«Elleaunbrasenacier,c’estvrai!»ditWes,sansmentionnerlefaitqu'ilsavaitparexpériencequ’elleavaitd’autressuperbespartiesdanssoncorps.

Elle était magnifique. S’il l’avait vue avant, tandis qu'il couvrait la courtedistanceleséparantdesamère,ilauraitprobablementtentédemieuxcacherlefaitqu'ilboîtait.Ilnepouvaitpaslecachercomplètement,maisilauraitessayé.

Pendantlerestedelapartie,Haleyévitaderegarderendirectiondesgradins.Ellejouaitencoremieuxquecedontilserappelait,etaumomentoùsonéquiperemportalapartie,elleavaitl’airépuiséeetlessivée.Seslongscheveuxétaientbeaucoup plus longs que la dernière fois qu’il l’avait vue, et des mèchess’échappaientdelanatteserréequ’elles’étaitfaite.Sescheveuxétaientattachésparunrubanbleu,commelesautresmembresdesonéquipe.

Ilvoyaitdelégèresdifférencesenelle.Seshanchesétaientunpeupluslarges,etsesseinsplusgros—elleétaittrèsbelle.L’uniformebleuetblancluiallaitàmerveille. Elle avait la peau bronzée, et un teint lumineux. Elle avait l’airheureux,commesielles’amusait—jusqu’àcequ’ellelevoie.

Après lematch,Wes restadans lesgradins sous l’auvent, à parler à tout lemonde.Desgensvenaient rencontrersa famille, lui serrant lamain, lui faisantl’accoladeet le remerciant. Il sesentaitvraimentstupideet ilauraitvouluêtrepartoutsauf là.Enfindecompte,aprèsqu’environunedouzainedepersonnesluiaientparlé,ils’excusaetsemitàallerverslebancdesjoueurs,enespéranttrouverHaley.

Elleyétait,entouréedequatredesesmeilleuresamiesetdesasœurAlexis.Lesamiesne ledérangeaientpas,mais ilyavaitquelquechosechezAlexquepersonne en ville n’aimait taquiner. Il avait appris qu’elle avait épousé GrantHoltonl’annéeprécédente,etilespéraitqueçal'avaitunpeuradoucie.

«WesTanner,tuasuncertainculotdeteprésenterici,»ditAlex,encroisantlesbrascomme lesautres joueuses.Toutes, saufHaley,qui regardait sespiedscommesielleauraitaiméêtreailleurs.

«Raviedevousrevoir,MrsHolton,»dit-illentement,puisavecunsourireils’avançaverselle,enlaprenantrapidementdanssesbras.«JesuisheureuxdevoirquetuasfiniparlaissertomberTravis.»

Ellefronçalessourcilsethochalatête:«Jesupposequ’onpeutdirequelessœursWestsaventyfairepourtrouverl’hommequileurconvient,»luilança-t-elle.Ellehochalatête,regardaendirectiondeHaley,etWessentitsoncœurseserrer.Était-elleentraind’essayerdeluidirequeHaleyfréquentaitquelqu’un?Oupire,étaitmariée?Ilavaitététellementabsorbéparlejeu,àlaregarder,qu'il

n’avaitpaspenséàdemanderàsesparentssielleétaitlibre.

QuandAlexet lesautresjoueusesremarquèrentl’airchoquésursonvisage,elles hochèrent poliment la tête et s’éloignèrent, le laissant seul avec Haley.CommeHaleycontinuaitdefixerseschaussures,celadonnaàWesletempsdereprendrecontenance.

«Salut,»dit-ilquandilsfurentseuls.Elleluijetauncoupd'œilrapide,puissepenchapourprendresonsacentoilesansunmot.Iltraversalapièceetsetintjustederrièreelle.«Quevoulaitdiretasœur?»demanda-t-ilaprèsunmomentdesilence.

«Jenesaispasdequoituveuxparler,»dit-elle,avecraideur.Quandelleseretourna, elle se cogna de plein fouet contre lui. Il leva les mains pourl’empêcher de tomber. Elle essaya de se dégager,mais il la tenait fermement.Celaluimanquaitdelatoucher,d’êtresiprèsd’elle.

« Tu vois quelqu'un ? » demanda-t-il, ce qui la laissa bouche bée. Puis enl’espaced’unéclair,ellerefermalaboucheetredressalesépaules.

«Jenevoispasenquoiceciteconcerne.»Ellesetourna,jetasonsacsursonépaule,enessayantdelerepousser.

«Non,jesupposequenon.»IlbaissalamainjusteaumomentoùTomBlakedescendaitl'escalier.

« Salut ! »Tom fit un signe de tête àWes, qui vit celui-ci aller embrasserHaleysurlajoue,cequirépondaitàsaquestion.

Il eut l’impressionde recevoir un coup enpleine poitrine quand il vitTomprendre la main de Haley. « Tu as fait merveille aujourd’hui, » dit Tom, enessayantdel’attirerplusprèsdelui,maisWesremarquaqu’ellehésitait.Justeencetinstant,ilsutqu’ilavaitencoreunechanceavecelle.

Illesregardatousdeuxtraverserleterrainjusqu’àl’endroitoùétaitlafamilledeHaley.SasœurLauren,sonbeau-frèreChaseetleurpetitgarçonétaientassisavecAlexetGrantàl’ombred’unerangéedechênes.Leurtabledepique-niqueétait garnie de nourriture, et apparemment, ils allaient rester pour les feuxd’artificequiauraientlieuquelquesheuresplustard.

Wesvitsonpères’approcherdelui,etregarderdanslamêmedirectionquelui. « Tu l’as toujours dans la peau, hein ? » Son père posa la main sur sonépaule.

«Jen’aipaspul'oublier,»marmonnaWes.Sonpèreeutunpetitrire.

«N’attendspastroplongtemps.Cegarçon,Blake,luitourneautourdepuisunpetit moment. Apparemment ça commence à devenir sérieux. » Son pèrel’entraîna à l’aire de pique-nique où ils avaient l’habitude de s'asseoir.C’étaittoujourslamêmevieilletableenchêne.Ils’installaàl’endroitoùilavaitécritdansleboislesinitialesdeHaleyetlessiennes.Encaressantduboutdesdoigtsles lettres usées, il leva les yeux juste à temps pour voir qu’elle détournait leregard après l’avoir observé. Restreignant un petit sourire, il décida qu’il luisuffisaitdetrouverlabonnestratégie.Aprèstout,l’amourétaitlabataillelaplusimportantequ'ilaitàlivrer,etilétaitdécidéàgagnercetteguerre-là.

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Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et lesincidentssontoubienleproduitdel'imaginationdel'auteur,ousontutilisésdefaçonfictionnelle,ettouteressemblanceavecdespersonnesexistantes,vivantesoumortes, des établissements commerciaux, des événements ou des lieux estunetotalecoïncidence.COMMENTAPPRIVOISERALEX-ENGLISHDIGITALISBN:978-1-942896-46-3PRINTISBN:978-1-942896-47-0Copyright©2014JillSandersCopyeditr:EricaEllis–inkdeepediting.comNopartofthisbookmaybereproduced,scanned,ordistributedinanyprintedorelectronic formwithout permission. Please do not participate in or encouragepiracyofcopyrightedmaterialsinviolationoftheauthor’srights.Purchaseonlyauthorizededitions.

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Jill Sanders est reconnue par The New York Times et USATodaycommel'auteuràsuccèsdesériesderomancesdélicieusesdépeignantlavie dans les petites villes à notre époque, ainsi que de séries de romances àsuspense palpitantes, sans oublier ses séries de romances sexy sur la vie dansl’Ouest américain, et ses romances fascinantes ayant leparanormal en toiledefond.Ellecontinueàséduiredenouveauxlecteursavecseshistoirestendresetsexy.Seslivressontaccessiblesdanstouslespaysdelangueanglaise,etsontàprésenttraduitsdansd'autreslangues.Néedansunefamillenombreuse,ayantunejumelleidentique,JillagrandidanslePacificNorthwestetaplustardvécuauColoradopoursesétudes,puisafaitcarrièredansledomainedesTechnologiesdel'Information,avantdedécouvrirsontalentd'écrivain.EllehabitemaintenantsurlaCôted'ÉmeraudeenFloride,oùelleprofitedelaplage,faitdesrandonnées,nage,goûtelesbonsvins,etbiensûrécrit.

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