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Communication & emploi
Et si nous parlions salaires sans tabou ?
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Vous vous souvenez de ce slogan de campagne de publicité de la BNP en 1973, qui osait parler d’un sujet tabou : l’argent. 40 ans après, rien n’a changé, ou si peu. Et pourtant, c’est bien d’argent dont nous parlons dans cette étude publiée par Communication & Entreprise. Et plus précisément de salaire. Car en effet, combien gagnez-vous, cher(e)s professionnels de la Communication (aucun jeu de mot dans le mot « cher ») ?« Où gagne-t-on le plus d’argent ? » En agence ou en entreprise ? Quel niveau de rémunération pour mon expérience ? Quel salaire pour les « nouveaux métiers » de la communication ? Y a-t-il des inégalités entre les hommes et les femmes ?... Les niveaux de salaire des professionnels de la communication – hommes/femmes, débutants ou experts, entreprises, agences ou indépendants… - sont toujours une donnée difficile à obtenir. Et pourtant tellement précieuse : savoir si je suis « dans les clous »… ou pas ; proposer le juste niveau de salaire attendu lorsque l’on est en phase de recrutement ; savoir quel salaire demander lorsque l’on démarre dans la vie active...Forte de son positionnement d’organisation au service de tous les professionnels, Communication & Entreprise a mobilisé son réseau de 1 700 adhérents pour réaliser cette étude en partenariat avec Occurrence, le cabinet de recrutement Elaee et le soutien des Alumni Celsa. Près de 900 professionnels ont ainsi contribué à cette envie de transparence : salariés d’entreprises publiques et privées, agences, indépendants, de tous niveaux hiérarchiques et d’expérience.Cette étude des salaires vient compléter un ensemble d’actions menées par Communication & Entreprise sur le thème de l’emploi et des carrières – l’un des axes majeurs de notre projet stratégique -, et notamment le « Guide optimiste de l’emploi dans la com’ », diffusé en début d’année et qui a remporté un très vif succès.Cette étude est la vôtre. Qu’elle devienne un outil de travail, de réflexion et d’action pour vous et vos équipes et partenaires. Et qu’elle permette (enfin) de parler de salaire sans tabou.
Votre argent m’intéresse !
Jean-Luc LetouzéPrésident de Communication & Entreprise
Edito
01 53 06 32 22www.kazoar.fr
Etude des salaires en Communication, réalisée par Occurrence, en partenariat avec Elaee et le soutien des Alumni Celsa
Enfin ! La première étude des salaires « crowd sourcée » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P.6
Panorama des salaires en communication. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P.7
Dis-moi où tu travailles, je te dirai combien tu gagnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P.10
Inégalités salariales : tragiquement dans la moyenne nationale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P.12
Existe-t-il un ascenseur social en communication ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P.16
Quand la valeur du salaire attend le nombre des années. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P.18
Rémunération variable, une tendance forte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P.20
Nouveaux métiers : l’expertise paye bien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P.22
La rémunération : seul levier de motivation ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P.24
Quand on doit négocier son salaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P.26
Sommaire
Étude des salaires en Communication, réalisée par Occurrence, en partenariat avec Elaee et le soutien des Alumni Celsa.
Les contributeursUn grand merci pour leur très forte participation et leur optimisme à Claire Romanet (Elaee) et Assaël Adary (Occurrence) pour la réalisation de l’étude des salaires en Communication et les décryptages et à Ludovic Hébrard (Avec un grand H), Nathalie Nouette-Delorme (Directeur de la Communication) et Catherine Dorr pour l’écriture des textes et les interviews.
Merci aux interviewés : Patrice de Broissia (Oasys consultants), Boris Eloy (Servair), Geoffroy Lauvau, Céline Le Bail (Publicorp), Eric Lemoine (Reloaded), Virginie Munch (ISCOM), Anne-Sophie Sibout (Edenred) et Laurence Vignon (Groupe TBWA).
“Accompagner nos adhérents sur le terrain de l’emploi”Communication & Entreprise s’est dotée, en 2012, d’un Comité Emploi ayant un triple objectif :• Accompagner les adhérents de Communication & Entreprise dans la gestion de leur carrière, notamment lorsqu’ils sont en situation de mobilité. • Être référencé auprès des recruteurs comme étant un acteur au cœur de l’emploi en communication. • Donner des clés de compréhension sur les métiers de la Communication. Pour ce faire, le Comité met en œuvre de nombreuses actions : édition d’un référentiel des métiers de la Communication en collaboration avec 9 autres associations sœurs, organisation de “journées emploi” et de séances de coaching, mise en place d’ateliers dédiés (exemple : “Mettre Internet au service de sa visibilité professionnelle”).
Communication & entreprise23 rue La Boétie - 75008 PARIS - 01 47 03 68 00
Directeur de publication : Jean-Luc Letouzé // Rédaction : Claire Romanet (Elaee), Assaël Adary
(Occurrence) et Ludovic Hébrard (Avec un grand H), Nathalie Nouette-Delorme (Directeur de la
Communication) et Catherine Dorr pour le Comité Emploi de Communication & Entreprise //
Déclinaison et mise en page : Citizen Press // Création graphique : ORC Communications //
Coordination : Laurence Beldowski, Pauline Reverdy // Crédit photo : Aldo Soares //
Illustrations : Bplanet, Dooder/Shutterstock // Impression : Imprimerie centrale de Lens //
Dépôt légal : juin 2016 // Prix de vente : 8 € TTC
48, rue Vivienne75002 Paris +33 (0)1 77 45 86 86www.citizen-press.fr
81 Rivington Street - London EC2A 3AY +44 (0)2 033 672 030
www.citizen-press.fr/en/
Paris London
Texteset images au service
du message efficace !
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Cette étude est une vraie nouveauté. Les enquêtes de
rémunérations interrogent d’ordinaire
le DRH et les dirigeants ou font une
compilation des grilles de salaire
déclarées par les entreprises
ou transmises par les écoles.
Communication & Entreprise
a souhaité s’adresser à tous les
professionnels de la Communication :
salariés en entreprise privée, en
organisme public ou en agence,
indépendants, de tous niveaux
hiérarchiques et sur tous les métiers,
reflets de ses adhérents. Pour une
première édition, les résultats sont très
encourageants et les données
recueillies nous donnent un socle
référent sur lequel s’appuyer
à l’avenir, l’objectif étant de réaliser
un baromètre régulier des
rémunérations dans le secteur de
Méthodologie appliquée• Questionnaire online conçu par
l’institut d’études Occurrence et
Elaee et hébergé par Occurence
entre le 8 septembre et le
3 novembre 2015.
• Etude réalisée auprès
de 13 000 professionnels de
la communication : adhérents
de Communication & Entreprise,
de l’association Celsa Paris-
Sorbonne Alumni et contacts
du cabinet Elaee.
• Au total 899 professionnels ont
participé à l’enquête.
• Questionnaire de 13 questions
dont une liste préétablie de
180 métiers (ensuite regroupés en
24 familles de métiers), questions
de profils et questions sur les
salaires perçus et les variables.
La transparence est un sujet souvent évoqué dans nos métiers, mais elle disparaît lorsqu’il s’agit de parler des salaires !
la Communication. À ce stade, nous
avons établi des moyennes chiffrées
qui sont à nuancer par manque de
comparaison et du fait qu’il n’existe pas
de profil « moyen » fourni par
une quelconque étude existante.
En partant d’une logique déclarative,
avec de nombreux métiers représentés,
nous avons accompli un travail de
“normalisation” des données,
notamment en définissant et en
regroupant 24 familles de métiers de la
Communication. Nous voulions aborder
ce sujet « tabou » afin d’y apporter un
nouvel éclairage. Une fois de plus, nous
avons constaté qu’il est difficile
d’obtenir des informations sur le salaire
réel des communicants. La transparence
est un sujet souvent évoqué dans nos
métiers, mais elle disparaît lorsqu’il
s’agit de parler des salaires. Pour
preuve, en tant que cabinet conseil,
Elaee est très souvent sollicité sur cette
question par tous, salariés, DRH,
patrons d’agence, étudiants mais aussi
parents d’étudiants. Une opacité
perdure, on ne recense pas les best
practices. Il existe donc de véritables
interrogations et même une certaine
appréhension vis-à-vis du sujet.
Enfin ! La première étude des salaires
« crowd sourcée »
Pour la première fois, une étude des salaires a été réalisée à grande échelle auprès
des professionnels de la Communication. À l’initiative de cette enquête, C&E nous
expose la méthodologie de ce qui deviendra bientôt un véritable
baromètre… sans tabou.
Cette première édition a donc
l’immense mérite de nous fournir un
début de réponse en officialisant des
données. Cette démarche, légitime pour
Communication & Entreprise, rentre
dans la logique œcuménique de notre
association qui regroupe tous les
professionnels de la Communication,
tous statuts ou expertises confondus.
Reste maintenant à la reconduire
régulièrement pour pouvoir
mesurer les évolutions…
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Panorama des salaires en communication
MÉTIERS MOYENNE (EN €)* EFFECTIF
1 Directeur(trice) de la Communication (interne, externe) 89 299 79
2 Directeur(trice) général(e) 82 176 17
3 Directeur(trice) de la Marque / Brand Specialist / Manager / Ambassador / Officer 72 933 12
4 Responsable des Relations publics 55 467 9
5 Directeur(trice) de développement / New biz / Responsable développement 53 517 12
6 Directeur(trice) conseil 53 143 21
7 Directeur(trice) du planning stratégique / Responsable stratégie / Planneur stratégique 50 920 10
8 Responsable des Relations médias / Relations presse 50 433 9
9 Responsable de la Communication (interne, externe, RH) 49 132 184
10 Responsable de la Communication online / Digital manager 45 037 13
11 Directeur(trice) de clientèle 44 335 20
12 Responsable / Chargé(e) sponsoring, parrainage, mécénat 42 489 9
13 Directeur(trice) artistique 40 375 12
14 Concepteur(trice) - rédacteur(trice) 38 833 12
15 Responsable / Chargé(e) de / Chef de projet / Consultant(e) / internet, web, multimédias, digital, social media 38 522 20
16 Chef de projet édition / Journaliste d’entreprise / Content manager / Chargé(e) des publications print et web 37 325 15
17 Attaché(e) de presse / Conseil en, Chargé(e) de, Consultant(e) Relations médias / Relations Presse 36 534 34
18 Directeur(trice) de production événementielle / Chargé(e) de / Chef de projet Communication événementiel 33 162 21
19 Chef de projet / Chargé(e) de projet 32 445 79
20 Chargé(e) de Communication (interne, externe, RH) 31 861 162
21 Graphiste / Infographiste 30 368 12
22 Community manager / Animateur de site internet / Gestionnaire des médias sociaux 28 540 17
23 Chef de publicité 28 480 10
24 Assistant(e) (communication, chef de projet, brand manager, développement, digital, RP, fabrication) 23 879 22
TOTAL 811
* salaire brut annuel comprenant les variables (primes...) mais pas les avantages (intéressement, avantage en nature...)
Grille des 24 familles de métiers
9
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Panorama des salaires en communication
Selon le genre
60 000
Homme Femme
53 852
44 58040 000
20 000
0
Selon le niveau de diplôme
80 000
60 000
40 000
20 000
0Bac Bac +1
à Bac +3Bac +4 Bac +5 >Bac +5
39 800 38 554
47 468 45 625
60 347
80 000
80 000
100 000
60 000
60 00040 000
40 00020 000
20 0000
0moins
de 3 ans
Assistant(e)
Chargé(e) de...
Chef de...
Attaché(e) de...
Responsable
Directeur(trice)
Direction
générale
De 3 à 8 ans
De 9 à 12 ans
De 12 à 20 ans
Plus de 20 ans
27 351
23 879
35 504
32 495
46 264
48 298
55 685 72 481
73 577 87 162
Selon le nombre d’années d’expérience Selon le niveau de responsabilité
Focus Les chiffres clés
des salaires
Le type de structure, le statut, la situation géographique, le diplôme, l’expérience…
Autant de critères analysés dans notre étude de rémunération. Lors de cette première édition, nous avons établi des moyennes,
pouvant servir de référence pour chacun d’eux.
Selon la taille de la structure
Selon la situation géographique
Selon le type de structure
Selon le statut
60 000
60 000
80 000
80 000
60 000
60 000
40 000
40 000
20 000
20 000
0
0
Entreprise privée
ETAM (employés techniciens et agents
de maîtrise)
Entreprise ou collectivité publique
Agence ou société d’études
Cadre
Indépendant Moins de 6 salariés
de 6 à 49 salariés
Ile-de-France
de 50 à 3 000 salariés
Région
Plus de 3 000 salariés
International
49 497
27 908
52 336
40 318 39 751
50 920
45 824
35 320
58 199
66 388
40 000
40 000
20 000
20 000
0
0
40 56445 62842 613
€€
€€*
€ €
€
€€
* salaire brut annuel comprenant les variables (primes...) mais pas les avantages (intéressement, avantage en nature...)
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Dis moi où tu travailles, je te dirai combien tu gagnes !
Plusieurs paramètres entrent en ligne de compte pour la
détermination des grilles de rémunération. Le plus souvent le service
Communication n’y échappe pas. Au sein de nombreuses entreprises,
il existe une classification des postes établie en fonction des filières
métiers et des niveaux (cadre, non cadre, technicien, employé, etc.).
Dans ce cas, il faut souvent se battre pour que la fonction Communication
existe et dispose de son propre référentiel. En général,
elle est plutôt rattachée aux filières marketing ou administrative.
Chez Servair, la Communication est considérée comme une fonction
support disposant d’un budget extrêmement maîtrisé notamment en
matière de salaire. Quand aucune grille de rémunération n’existe, la
question est plus délicate. Si la Direction générale de l’entreprise
considère la filière Communication comme stratégique (à l’instar de la
filière RH par exemple), alors les collaborateurs sont plutôt bien payés,
voire mieux payés qu’il y a quelques années. Concernant le Dircom, son
niveau de rémunération dépend de sa latitude en termes de décision, et
de son appartenance ou pas au Comité exécutif. Elle dépend aussi du
secteur d’activité de l’entreprise, si celle-ci évolue sur un marché BtoB ou
BtoC, avec une communication relevant davantage du marketing ou du
corporate. À ma connaissance, les communicants en entreprise sont
rarement rémunérés au variable. En revanche, ce qui peut être variable,
c’est la façon de gérer les augmentations. Chez Servair, certaines
augmentations font l’objet d’une négociation avec les syndicats.
Par exemple, l’augmentation annuelle est la même pour tout le monde.
Mais nous avons la possibilité d’octroyer des augmentations au mérite,
liées à la réalisation d’objectifs en termes de mission ou d’évolution des
aptitudes. C’est le cas au service Communication. Cela permet de motiver
les collaborateurs alors que par ailleurs, la filière étant restreinte,
les occasions de promotion restent limitées.
InterviewBoris Eloy,
Directeur du Marketing, de la
Communication et de l’Innovation
Servair
À classer parmi les évidences, l’intuition qui se confirme au travers de cette étude : en moyenne, les salaires sont plus élevés dans une grande entreprise que dans une TPE.
Certes, mais encore… l’étude a le grand
mérite de quantifier cet écart, et il est très
significatif. En effet, les résultats
indiquent qu’un professionnel de la
Communication tout statut et métier
confondus gagne environ 30 % de salaire
en plus dans un grand groupe que dans
une entreprise de moins de 6 salariés.
Autre disparité notable, la région
parisienne génère des rémunérations
jusqu’à 45 % (un maximum) plus élevées
qu’en province… un effet en partie induit
par le fait que l’on trouve davantage de
très gros salaires en région parisienne
(Dircoms des sièges des grandes
entreprises, patrons d’agences
importantes, etc.). Mais, il y a mieux
encore, l’expatriation ! Le salaire moyen
francilien se trouve lui-même dépassé par
les postes à l’international qui culminent à
25 % de plus en matière de rémunération.
30 % C’est environ l’écart de salaire entre un grand groupe et une entreprise de moins de 6 salariés.
Selon la taille de la structureSelon le type de structure
60 000 80 000
60 000
40 000
20 000
0Entreprise
privéeEntreprise ou
collectivité publique
Agence ou société
d’études
Indépendant Moins de 6 salariés
de 6 à 49 salariés
de 50 à 3 000 salariés
Plus de 3 000 salariés
49 49742 613 45 628
40 564
40 318 39 75145 824
58 19940 000
20 000
0
Selon la situation géographiqueSelon le statut
60 000 80 000
60 000
40 000
20 000
0ETAM (employés
techniciens et agents de maîtrise)
Cadre Ile-de-France Région International
27 908
52 336
50 920
35 320
66 388
40 000
20 000
0
Dis-moi où tu travailles,
je te dirai combien tu gagnes !Le graal de la rémunération :
un grand groupe à Paris ? À votre avis, vaut-il mieux être freelance à Montpellier ou cadre au sein du service
communication d’une grande entreprise parisienne ? Si on parle salaire, on choisira la deuxième
option. Sinon, c’est à vous de voir…
C&E : Comment les communicants en entreprise sont-ils rémunérés aujourd’hui ? Sur quels critères ?
Les chiffres clés
€€ €€
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Avec une différence moyenne de salaire de 23 % au détriment des femmes, le secteur de la Communication, bien que très féminisé, ne parvient pas à donner l’exemple ! Il est tragiquement parfaitement
dans la moyenne nationale.
Ainsi ce qui est conjoncturel, car lié à des ajustements de temps pour grossesse ou urgence imprévue, devient une sorte de nouvelle essence des femmes, un élément qui structure leur mode d’être au travail et les
dévalorise. (…) Le modèle dominant demeure le modèle
masculin de l’investissement exclusif, monovalent,
terriblement réducteur et surtout très faux (…). Dès lors
s’ouvre la voie aux discriminations en termes de
rémunération, de promotion, de dévolution des missions et
de configuration des postes de travail. (Page 128)
En effet, l’Observatoire des Inégalités
qui calcule régulièrement le
« décalage » - ou le gouffre - indique
une différence de rémunération qui
se situe entre 16 % et 31 % (temps
plein ou tous temps de travail
confondus)… Évidemment toujours en
défaveur des femmes. Si vous
Inégalités salariales : tragiquement
dans la moyenne nationale
Le secteur de la Communication échapperait-il à la maladie française qui fait que les femmes
gagnent significativement et systématiquement moins que les hommes ? Fin du suspens :
non, malheureusement !
Je ne ressens pas cette différence à titre personnel. Si je compare avec
les hommes dans les autres postes équivalents au sein du Groupe, je pense être
rémunérée pareil. C’est peut-être différent ailleurs, chez les grands annonceurs
notamment. En tout cas, s’il y a décalage, il ne concerne pas les postes juniors.
La rupture dans la progression vient plus tard, au moment de la construction de
la cellule familiale, vers 32-35 ans. On avait fait une étude interne, au sein de
TBWA, qui confirmait ça. Du coup, je suis très vigilante, par exemple, à ce que nos
collaboratrices restent bien dans le scope des augmentations pendant leur congé
de maternité. Par ailleurs, l’inégalité est bien plus perceptible quand on considère
la parité au sein du Comité exécutif. Alors que le secteur de la Communication,
ainsi que notre Groupe, comportent 70 à 80 % de femmes, les Comités exécutifs
n’en comptent que 20 à 30 %. Là-dessus TBWA ne déroge pas à la règle. On peut
estimer que j’ai été privilégiée en termes d’évolution de carrière et de salaire.
Mais là où la différence se joue, c’est que j’ai l’impression d’avoir donné beaucoup
en énergie, implication, exigence de qualité, puissance de travail ; davantage
qu’un homme à responsabilités égales.
InterviewLaurence Vignon,
Vice-présidente Ici Barbès (groupe TBWA)
Selon le genre
60 000
Homme Femme
53 852
44 58040 000
20 000
0
23 % C’est la différence moyenne de salaire entre les femmes et les hommes
comptez vite, vous aurez noté que
la moyenne entre 16 et 31 est
23,5… Bref, la Communication est
bien, du point de vue de l’inégalité
des salaires femmes-hommes,
un secteur malheureusement
comme les autres.
C&E : Notre étude confirme le décalage de rémunération entre les hommes et les femmes dans le secteur de la Communication. Quelle est votre vision des choses sur ce point ?
Extraits “Petit traité contre le sexisme ordinaire” Brigitte Grésy, aux éditions Albin Michel, 2009
Un sou est un sou : 25 % d’écart de rémunération entre les hommes et les femmes (…) ! Sans entrer dans le détail
des causes de cet écart liées à la structure des emplois, des secteurs, de la valorisation du capital humain (…)
n’oublions pas un facteur lié au sexisme ordinaire, qui dévalorise les femmes et minimise la conscience qu’elles ont de
leur potentiel : les femmes ne demandent rien pour elles-mêmes ; elles ne savent pas demander, ou pas suffisamment,
ou pas avec assez d’aplomb, une promotion, une augmentation de salaire, une mutation. (Page 73)
(…) Car les femmes et l’argent, c’est une drôle d’affaire. À force d’effectuer du travail non rémunéré dans la sphère
familiale, à force d’être dans le don, dans le dévouement
pour les enfants (…), elles ne savent pas ou répugnent
à monnayer leur travail, à évaluer financièrement leur valeur.
Elles s’imaginent que leur valeur professionnelle saute
aux yeux et sera rétribuée à son juste prix, comme par magie.
Or tout se discute, tout se négocie (…), les préjugés sexistes
viennent saper insidieusement la prise en compte de la
valeur. (Page 74)
Inégalités salariales : tragiquement dans la moyenne nationale
Les chiffres clés
€
« Une agence dédiée à la production des écrits, pour quoi faire ? »
« Parce que c’est via les mots qu’elle produit qu’une entreprise crée de l’influence. »
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Tribune
Demander ce qui est juste !
23 % !!!Les femmes de la Communication gagnent
donc 23 % de moins que les hommes.Le chiffre est supérieur dans notre secteur,
pourtant très féminin, à la moyenne nationale qui est de 20 %.
Ce delta de 23 % équivaudrait à ne plus rémunérer les femmes à partir du 2 novembre ; elles travailleraient
sans salaire pendant deux mois !
Vu sous cet angle, c’est encore plus
édifiant… Et pourtant, nous entendons
encore dans les couloirs de nos
entreprises, « les inégalités salariales,
c’est du passé », comme si la mise
en marche de l’égalité était l’égalité
elle-même. Et bien il faut se rendre
à l’évidence, nous sommes encore loin
de l’égalité tant attendue.
Et ce chiffre, en 2016, pose davantage
de questions qu’il n’apporte de
réponses. Même si l’on essaye de rester
positifs, les inégalités salariales entre
les femmes et les hommes tendent
à se réduire… mais lentement : 21,6 %
d’écarts de salaires il y a 10 ans !
Comment expliquer ce chiffre ?
Nous ne pensons pas que les
entreprises sont indifférentes au sujet.
Mais qu’elles peinent à mettre en place,
dans les faits, l’égalité.
Ni qu’à amplitude horaire équivalente,
la qualité du travail, les réflexions, les
productions, les recommandations
fournies par les femmes soient
inférieures de presque un quart
à celui des hommes.
Que se passerait-il dans un monde
dans lequel les femmes cessent
tout bonnement de venir travailler
les deux derniers mois de l’année !
Dans un secteur aussi féminisé que
celui de la Communication, agences
et services de communication désertés
à 70 %..., il ne resterait que les
dirigeants et directeurs puisque ce sont
eux qui accèdent encore en majorité
aux postes les plus hauts.
Lorsque nous lisons ce chiffre,
nous, « Toutes Femmes, Toutes
Communicantes », nous nous
indignons, mais il est surprenant de
constater que des femmes acceptent
encore cette situation. Nous avons
besoin de plus de confiance en nous,
d’oser rêver l’avenir en demandant ce
qui est juste : des postes et des salaires
faisant fi de toutes discriminations !
Ces 23 % constituent un élément
chiffré supplémentaire, venant
tristement nourrir le stéréotype
des femmes moins capables, moins
productives et accaparées par
l’intendance familiale dont elles ont
encore largement la charge aujourd’hui,
alimentant les représentations et
pratiques sexistes. Dès lors, la véritable
question est d’œuvrer pour que le
travail des femmes soit rémunéré
à sa juste valeur. Il faudra très
certainement encore quelques années
pour que cet écart devienne
insignifiant, puis disparaisse.
Si le salaire des femmes ne peut être
aligné sur celui des hommes, au risque
de mettre en péril les entreprises
concernées, les hommes accepteront-ils
d’être rémunérés sur la même base
que celle des femmes ?
L’égalité femme-homme en matière de
salaire devra-t-elle passer encore une
fois par une loi qui rétablira l’équilibre ?
Pour y parvenir, comptons avant tout
sur la bonne volonté et la clairvoyance
de tous les femmes et les hommes
de demain.
Laurence Beldowski, Céline Mas et Judith VieillePour le Comité «Toutes Femmes,
Toutes Communicantes »
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Com
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Existe-t-il un ascenseur social en communication ?
Existe-t-il un ascenseur social en communication ?
Encore des opportunités pour les peu diplômés
Il semble qu’il existe encore des opportunités pour les peu diplômés dans le secteur de la Communication.
Il semble également, qu’à poste égal, le diplôme n’ait que peu d’impact sur les salaires.
Et voilà une opportunité qui donne de bonnes raisons d’être optimiste !
Notre étude met en exergue des inégalités hommes/femmes significatives et des disparitésparfois gigantesques entre les entreprises de province et les parisiennes… Faut-il en conclure que
toutes les variables engendrent des
variations importantes de son salaire ?
Parmi tous les critères étudiés, un
en particulier a peu d’impact sur la
rémunération : le niveau de diplôme.
En effet, entre les professionnels
de la Communication qui disposent
d’un Bac+5 et ceux qui ne disposent
que d’un Bac+3, le différentiel de
salaire « n’est que » de 11 % tous
Selon le niveau de diplôme80 000
60 000
40 000
20 000
0Bac Bac +1
à Bac +3Bac +4 Bac +5 >Bac +5
39 800 38 554
47 468 45 625
60 347
métiers confondus. Une différence,
certes, mais finalement moins
importante que le « genre »
ou la localisation de l’entreprise.
La Communication serait donc encore
un secteur où le talent et la
valorisation financière ne sont pas
strictement corrélés au niveau d’études.
Le diplôme est important pour l’entrée sur le marché
du travail bien sûr, il s’appuie sur la notoriété et la réputation
de l’école qui le délivre et sa légitimité auprès des entreprises.
Il suit aussi un professionnel plus tard dans la vie dans la mesure
où il a forgé des modes de raisonnement, un rapport au monde.
Les communicants font un métier complexe, pour des structures
qui évoluent dans un contexte de plus en plus aléatoire, dans
un monde de plus en plus ouvert où maîtriser sa réputation est
un enjeu majeur. La formation de départ doit amener les
étudiants à développer leur sens critique ainsi qu’une meilleure
compréhension du monde qui les entoure. L’objectif est
également de leur apporter une formation très
professionnalisante. Quand celle-ci est effectuée en alternance
à BAC+5, c’est un atout supplémentaire, un accélérateur réel
en termes de recherche d’emploi et de salaire à l’embauche.
Aujourd’hui les jeunes diplômés entrent sur un marché du travail
en pleine mutation et qui offre de nombreuses opportunités :
innovations, digital, nouvelles économies… L’école les
accompagne, les prépare à évoluer et à comprendre qui ils sont
pour réussir leur intégration en entreprise. Des collaborations
fortes entre l’école et le monde professionnel sont le meilleur
moyen de les y préparer.
InterviewVirginie Munch,
Directrice générale ISCOM
C&E : Quels sont les atouts offerts par un diplôme comme celui de l’ISCOM à ses étudiants ? Et en termes de rémunération ?
Les chiffres clés
€
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Quand la valeur du salaire attend le nombre des années ?
Tentons un peu de prospective. L’étude nous permet de calculer
la progression moyenne entre
un « début » de carrière (moins de
30 ans) et une « fin » de carrière (plus
de 55 ans). Quel espoir de progression
globale un communicant junior, avec
déjà quelques années d’expérience,
peut-il espérer ? Le résultat est précis.
Au cours d’une carrière moyenne, un
salarié de la communication peut donc
espérer multiplier par 2,3 son salaire
(tous postes confondus).
DES INTITULÉS DE FONCTION BROUILLÉSL’analyse des chiffres donnés par cette
étude conforte une tendance qui rend
les définitions de métiers difficiles
à appréhender et à comprendre.
Et ce pour les deux parties concernées,
employeurs comme collaborateurs.
Les intitulés de fonctions ne veulent
donc plus rien dire ?
D’un coté, l’employeur qui participe
activement à la distanciation entre
fonction et réalité, en rédigeant des
offres d’emploi aux multi-compétences
aussi effrayantes qu’irréalistes ou en
offrant un « titre » plutôt qu’une
augmentation, pour valoriser le travail
d’un collaborateur.
De l’autre côté, le salarié entretient
aussi cette complexité, lorsqu’il veut
favoriser son employabilité, en utilisant
des mots clefs valorisants mais pas
toujours en adéquation avec la réalité
des missions exercées. C’est l’exemple,
devenu classique, du candidat qui
pense se positionner de façon plus
efficace sur le marché du travail en se
nommant Directeur de la
Communication… alors qu’il a 27 ans.
Pourtant, les descriptifs de postes,
donnés par les services RH et reconnus
par les usages inhérents à la
profession, sont plutôt clairs.
Donnons ici des exemples de
progression de carrière (en tenant
compte de la particularité de nos
métiers qui usent et abusent des titres
de « direction »). En agence (de taille
suffisante), on débute comme assistant
chef de projet, avant d’évoluer sur un
poste de chef de projet junior, puis chef
de projet, chef de projet senior, chef de
groupe, directeur de clientèle junior,
pour atteindre la fonction de directeur
de clientèle. Cette dernière pouvant
ensuite aboutir, selon l’expertise et le
talent de chacun, à des postes
de directeur conseil, directeur du
développement, directeur commercial
ou directeur général, par exemple.
Notez que nous avons les mêmes
étapes de progression sur les métiers
artistiques : assistant DA, DA junior, DA,
DA senior, directeur de création adjoint,
DC… En entreprise aussi (où les étapes
de carrière font généralement l’objet
de grilles gérées par les RH), la fonction
Communication s’articule de la manière
suivante : assistant de communication,
chargé de communication, responsable
de communication, directeur
de communication adjoint, directeur
de communication… Il est d’usage dans
la profession de considérer qu’un
directeur de communication reconnu
par ses pairs a 10 ans minimum
d’expérience en communication, et la
charge d’un budget annuel de plusieurs
centaines de milliers d’euros, ainsi que
l’encadrement d’une équipe de 8 à
10 personnes. Pour toutes ces raisons,
ce poste ne peut être tenu par
un débutant.
Quand la valeur du salaire
attend le nombre des années !
Quitte ou double Multiplier par 2,3 son salaire entre aujourd’hui
et demain donne de belles perspectives à nos métiers. Évidemment, il ne suffit pas de cumuler les années d’expérience, encore
faut-il qu’elles s’accompagnent d’une évolution de carrière.
C&E : Comment les leviers de motivation évoluent-ils tout au long de notre vie professionnelle ? Je pense que, quelle que soit l’expérience, la hiérarchie des leviers
de motivation ne varie pas beaucoup. L’intérêt professionnel
viendrait en premier, l’équilibre vie pro/vie perso ensuite et enfin
la rémunération. On peut estimer en revanche que la pondération
de chacun de ces leviers varie suivant les âges. Il existe une étude
américaine qui classe les salariés en trois grands groupes selon
l’âge et l’expérience :
• Learning years : juniors jusqu’à environ 30 ans, une population
qui privilégie l’acquisition d’expérience, de compétences et le
développement de son employabilité.
• Earning years : la « target » des banques et conseils en gestion
de patrimoine. Expérimentés de 30 à 45 ans dont les principales
préoccupations sont le statut et la famille ; donc sensibles
à ce qu’ils gagnent et à l’écoute des chasseurs de tête.
• Relaxing years : à partir de 45/50 ans, davantage soucieux
de leur confort et de développer une qualité de vie ; ils ont fait
leurs preuves et privilégient l’équilibre vie pro/vie perso.
La rémunération confère un statut, un mode de vie. Pour autant,
le salaire n’est pas un acquis. Il y a des fluctuations en fonction
des périodes, notamment sur les métiers en tension… ou pas.
Il est alors difficile d’être exigeant dans un tel contexte.
InterviewPatrice de Broissia,
Associé Oasys consultants
Les chiffres clés
80 000
60 000
40 000
20 000
0moins
de 3 ansDe 3 à 8
ansDe 9 à 12
ansDe 12 à 20 ans
Plus de 20 ans
27 35135 504
46 26455 685
73 577
Selon le nombre d’années d’expérience
€80 000
100 000
60 000
40 000
20 000
0
Assistant(e)
Chargé(e) de...
Chef de...
Attaché(e) de...
Responsable
Directeur(trice)
Direction
générale
23 87932 495
48 298
72 481
87 162
Selon le niveau de responsabilité€
21
Cela peut paraître surprenant pour des métiers dont certains sont considérés comme artistiques et d’autres comme intellectuels. Pourtant, cet effet
répond à une logique, celle
de la conjoncture économique,
et à un besoin, celui de retour sur
investissement nécessaire aux
entreprises. Pour ces dernières,
payer une partie du salaire sur un
objectif (souvent à la fois quantitatif
et qualitatif) permet à la fois
d’amortir les coûts (puisque
le variable est un pourcentage
sur un montant facturé et encaissé),
de motiver les salariés et
de minimiser la prise de risques.
L’entreprise cherche à aligner
la performance du salarié sur
sa performance globale. Le temps
où le système « fixe + variable »
était réservé aux fonctions
commerciales est donc fini.
Rémunération variable,
une tendance forte
Pour 45 % des rémunérations annoncées,
la part variable, ajoutée au salaire fixe, devient la norme. Avec une nouveauté dans les agences :
les métiers de création (Directeurs artistiques, concepteurs rédacteurs, etc.) sont de plus
en plus concernés par ces incentives.
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Rémunération variable, une tendance forte
Dans une période plus tendue, mettre en place
un dispositif de rémunération avec une partie variable donne
une souplesse de gestion à l’entreprise. Et bien sûr l’aspect
incentive n’est pas à négliger. Un variable permet de motiver
les équipes, de reconnaître le talent et de contrôler la masse
salariale. C’est un système gagnant/gagnant où tout le monde
peut trouver son intérêt. Par ailleurs, le monde des agences
se financiarise (aussi) de plus en plus ; la rémunération variable
peut concerner également les équipes créatives, même si cela
est dans des proportions moindres que pour les commerciaux.
Par exemple, on peut imaginer des primes pour les DA/CR
en fonction des résultats sur les compétitions. Cela revient
à motiver les créatifs de la même façon que les freelances
rémunérés en dossier gagné/perdu.
InterviewCéline Le Bail,
Directrice associée Publicorp
C&E : Quelle est votre vision des systèmes de rémunération en agence, notamment variables ? Comment cela a-t-il évolué ?
Les métiers de la Communication les moins bien payés
concernent bien sûr les métiers les moins qualifiés,
avec en premier lieu les juniors et autres postes
d’assistants. Mais pas seulement…
On remarque que certains métiers ont peu d’évolution
salariale, parce qu’ils restent dépendants de missions
très opérationnelles, comme, par exemple, assurer des
relations et relances presse, produire des documents print
ou des événements. La fabrication par exemple, avec
l’avènement du numérique, n’est plus admirée et payée
comme il y a 20 ans. L’étude montre une moyenne
de 28,2 K€ pour un chef de fabrication. Même les métiers
du contenu, lorsqu’ils sont très axés production
(mise à jour, mise en ligne, animation de communautés…)
peinent à être payés au niveau où ils l’étaient
auparavant.
C’est le cas, par exemple, du community manager,
parce que cette fonction recoupe dorénavant 6 ou 7 métiers
différents (curation, veille, animation...) mais aussi parce
qu’elle devient moins rare, les formations s’étant étoffées.
Le CM a fini de voir les salaires s’envoler et stagne avec
une moyenne de 28,5 K€ bruts annuels.
LES MÉTIERS DE LA COMMUNICATION LES MOINS BIEN PAYÉS
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Nouveaux métiers : l’expertise paye bien
LA STRATÉGIE TOUT D’ABORDLa capacité à chercher l’information,
analyser, synthétiser l’intelligence
et le niveau de culture générale requis,
ainsi que la faculté de proposer
des idées et solutions sont autant
de critères qui poussent les métiers
du conseil en avant. Autrement dit
qui rémunèrent bien.
Cela concerne, par exemple, les métiers
du planning stratégique en agence
(50,9 K€ bruts annuels en moyenne),
les affaires publiques, le lobbying
ou plus globalement la gestion
de la relation avec différents publics
(un responsable des relations publics
est à 55,5 K€). Ou encore la stratégie
de marque qui voit une moyenne de
rémunération à 72,9 K€ lorsque l’on
cumule les fonctions d’ambassadeur,
de responsable de marque, de brand
specialist et de directeur de la marque.
La stratégie fait aussi partie des
savoir-faire qui permettent aux
fonctions de direction générale de tenir
le haut du tableau (moyenne qui
dépasse les 82 K€ bruts annuels).
Ce qui est une conséquence logique
puisque, à ce poste, on cumule des
savoir-faire tels que conseil, commercial,
gestion et management des hommes.
AUTRE CLEF D’ENTRÉE TOUT AUSSI PRIMORDIALE QUE TRANSVERSE : LE COMMERCIAL Cette compétence (ou ce
tempérament) ne concerne pas
seulement les métiers de la
communication : elle est vitale pour
tous les secteurs d’activité.
Pour autant, elle fait l’objet d’un
paradoxe conséquent : le marché
est en forte demande de profils
commerciaux (il suffit de voir le nombre
d’offres d’emploi concerné), alors même
que les Français, et surtout les
communicants, continuent à entretenir
une mauvaise image de l’acte de vente.
Pourtant présenter une idée, défendre
des arguments, proposer une
campagne, convaincre ou rallier
des consommateurs ou des citoyens…
ne sont-ils pas des actes faisant appel
aux mêmes savoir-faire et process
que l’action commerciale ?
Il faut noter que l’on dissocie de plus
en plus deux typologies de fonctions
dans le commercial.
D’une part, celles qui sont liées
à la gestion de la relation clients au
quotidien, qui savent accompagner
et faire grandir des comptes
(communément appelés « les
éleveurs »). D’autre part, les fonctions
liées au développement commercial,
dont l’objectif est d’acquérir de
Nouveaux métiers :
l’expertise paye bien
De tout temps, l’expertise acquise dans un métier a été un facteur déterminant pour faire monter
en puissance une rémunération. L’étude conforte l’identification de trois clefs d’entrée distinctes qui infiltrent de façon transverse différentes fonctions
de la Communication : la stratégie, le commercial et le digital.
nouveaux prospects à transformer
en clients. Ces « chasseurs » sont
évidemment bien moins nombreux
et l’effet de rareté, cumulé au fait qu’ils
sont payés avec des variables sur
objectifs, leur permettent de truster de
jolies rémunérations, surtout en regard
de la moyenne d’âge (un responsable
développement commercial touche
en moyenne 53,5 K€).
LE DIGITAL, GRAAL OU PAS GRAAL ?La 3e expertise, vecteur clef de
rémunération, concerne le numérique.
Ce facteur majeur de transformation et
d’évolution, aussi bien technologique,
organisationnel que sociétal, crée et va
continuer de créer des milliers d’emplois.
Il impacte bien sûr tous les secteurs
d’activité, mais il faut reconnaître
que la communication est un métier
où la mutation est extrêmement forte.
Dorénavant, on ne peut plus concevoir
de communiquer avec un public, des
collaborateurs ou des entreprises sans
prendre en compte le numérique en tant
qu’outil, média et moyen d’échange.
De fait, les compétences sur le digital
font de plus en plus partie des
exigences requises dans les
définitions de fonctions liées
à la Communication. Mais elle creuse
en même temps les écarts de salaires
entre les différents professionnels.
Et met violemment de côté ceux
qui se posent encore la question
d’accepter le changement.
Il est aisé pour un responsable
de communication digitale d’être
à 45 K€ bruts annuels.
Tout le monde se les arrache en effet, mais en réalité les entreprises
n’ont besoin de ces profils que de façon épisodique. Je parle des métiers
de développeur d’apps, data scientist, UX designer, responsable
programmatique, motion designer, etc... qui nécessitent des compétences
de plus en plus pointues. On assiste, concernant celles-ci, à une inversion
des rapports de force entre les employeurs et les collaborateurs, lesquels ne
veulent pas du salariat. Ils ont envie de davantage de liberté. Les mentalités
changent au profit de l’exigence d’une meilleure qualité de vie. Par voie
de conséquence, le premier levier de motivation n’est plus le salaire, c’est
l’équipe, vient ensuite l’intérêt du projet. Avec qui vais-je travailler, sur quelle
mission, pour quelle finalité, quelles sont les compétences requises ?
Cela s’accompagne de nouvelles façons de travailler, de rémunérations
calculées au temps passé. Cette liberté de choix exige en contrepartie
davantage de rigueur dans le travail, une maturité professionnelle accrue
pour garantir la productivité et la qualité sur les projets.
InterviewÉric Lemoine,
Fondateur Reloaded.DigitalC&E : Le secteur de la communication est particulièrement
impacté par la transformation digitale, de nouveaux métiers émergent. Pouvez-vous nous parler de la rémunération de ces nouveaux profils ?
25
La rémunération
seul levier de motivation ?
Décrocher une augmentation, c’est accroître son bien-être général et, par voie de conséquence
son bien-être au travail...Selon une étude d’Edenred, 49 %
des Français placent le salaire en tête de leurs préoccupations. Mais d’autres facteurs
de motivation montent en puissance, comme le cadre de vie au travail
ou les avantages sociaux.
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La rémunération, seul levier de motivation ?
C&E : Vous réalisez chaque année, avec Ipsos, un baromètre sur le bien-être et la motivation des salariés. Pouvez-vous nous parler des retours de cette étude concernant la rémunération ?Je précise que nous avons effectué
en 2015 la 10e édition de notre
baromètre, enquête menée auprès
de 13 600 salariés dans 14 pays.
Les enseignements fournis par le
baromètre sont multiples et celui-ci
bénéficie maintenant d’un recul
significatif sur un grand nombre
de sujets dont la rémunération.
Largement préoccupés par leur niveau
de salaire, et plutôt moins satisfaits
qu’en moyenne de leur bien-être au
travail, les 3 000 salariés français
interrogés expriment des attentes
marquées en termes de rétribution.
49 % d’entre eux placent leur salaire /
pouvoir d’achat en tête de leurs
préoccupations. Viennent ensuite
le maintien dans l’emploi et le temps
consacré au travail. On remarque que
ce chiffre médian est globalement
stable quelle que soit la catégorie de
personnels, que ces derniers viennent
de l’industrie ou des services, du privé
ou du public, qu’ils soient dans des
fonctions de management ou pas.
Autre fait remarquable, ce taux est
également stable dans le temps (sauf
en 2008, année de crise, où la part
de cette préoccupation a augmenté
notablement). Si on analyse plus
finement les attentes des salariés
en termes de rémunération, 40 %
affirment être satisfaits de leur fixe
contre 59 % d’insatisfaits et seulement
32 % se disent satisfaits de leur
variable contre 62 % d’insatisfaits.
Il semblerait donc que les attentes
soient relativement fortes concernant
la part variable des rémunérations.
Il en va de même des avantages
sociaux. Moins d’un salarié sur deux
se disent aujourd’hui satisfaits de leurs
avantages sociaux et la quasi-totalité
d’entre eux déclarent qu’ils
accorderaient beaucoup d’importance
à ces derniers s’ils postulaient dans une
nouvelle entreprise (avant la flexibilité
du temps de travail et l’évolution de
carrière). L’intervention de l’entreprise
est notamment attendue en priorité
sur l’aide à la mutuelle complémentaire
et à la formation personnelle.
Au-delà, sont citées la prévention santé
puis l’aide à la constitution d’une
épargne. Concernant les
« périphériques de rémunération »,
on constate que peu de salariés en
disposent dans leur entreprise. On note
que, parmi ceux en bénéficiant, la
satisfaction est forte (supérieure ou
égale à 60 %).
Etude La motivation des salariés par
Anne-Sophie Sibout, Dircom Edenred
En particulier 80 % sont satisfaits de
toucher des titres-restaurant et, parmi
ces derniers, 92 % pensent que ces
avantages constituent des « plus »
intéressants pour améliorer vie
quotidienne, pouvoir d’achat et bien-être
au travail. Le baromètre Edenred-Ipsos
2015 a été réalisé auprès d’échantillons
représentatifs de salariés de 14 pays
européens (France, UK, Allemagne,
Belgique, Espagne, Italie, Suède,
Pologne, Roumanie, Turquie, Finlande,
Autriche, République Tchèque, Pays
Bas). Pour cette 10e édition du
baromètre, 13 600 salariés au total ont
C&E : La rémunération est encore un levier important de motivation au travail ?
Je ne suis pas vraiment étonné que la rémunération soit
parmi les premiers leviers de motivation, pas étonné mais je trouve
ça dommage, sans que cela soit un jugement moral pour autant.
Mais cela est significatif du rapport au travail auquel on semble
donner plus de valeur monétaire, matérielle, que de valeur
intellectuelle. Il est évident que l’argent contribue à notre bien-être.
Obtenir une augmentation va accroître notre bien-être de façon
générale et par voie de conséquence notre bien-être au travail.
Mais nous restons dans une compréhension la plus pauvre du
bien-être. Gagner de l’argent ne devrait pas être une fin en soi.
Il y a d’autres leviers de motivation. L’objet du travail lui-même peut
être stimulant : s’investir dans un projet, s’intéresser à ce que l’on fait,
participer à quelque chose de plus grand que nous. C’est le levier
actionné par Google quand il donne du temps à ses collaborateurs
pour innover ou réaliser des projets personnels. On peut également
y trouver un intérêt affectif si ce travail nourrit notre fierté.
Malheureusement, en France, notre rapport à l’argent, et le sujet
du salaire en particulier, souffrent d’être tabou. Si nous dépassions
cette réticence à en parler, cela dépassionnerait la question
et nous permettrait de nous focaliser sur d’autres questions
plus cruciales.
InterviewGeoffroy Lauvau,
Philosophe
Edenred est un acteur mondial des services prépayés aux entreprises. Le
groupe conçoit et gère des solutions qui améliorent l’efficacité des organisations
et le pouvoir d’achat des individus. Il accompagne également les institutions
publiques dans la gestion de leurs programmes sociaux.
été sollicités on-line dont 3 000 en
France. Les résultats de l’édition 2016
seront rendus publics à la fin du mois
de mai 2016.
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Quand on doit négocier son salaire
JUSQU’OÙ VA LA TRANSPARENCE QUAND IL S’AGIT DE SALAIRES ? L’EXEMPLE DE BUFFER Non, « Buffer » n’est pas le héros d’une nouvelle série avec des vampires mais une startup californienne d’environ 50 personnes. Elle est surtout
connue pour sa politique de
transparence. Sur son site [Buffer.com]
vous trouverez un espace
« transparency » et découvrirez un
tableau de bord avec 10 chapitres.
Certains attirent davantage l’œil
que d’autres.
Les emails. En un clic, chaque
collaborateur peut accéder à
l’ensemble des emails échangés
par tous les collaborateurs…
même si à l’ère de Yammer, Slack,
on chat plus que l’on email dans ce
type d’entreprise.
Les salaires. En un clic toujours, vous
trouverez sur le site web de Buffer
(donc accessible à tous, dans et hors
de l’entreprise) l’ensemble des salaires
de chaque collaborateur, du CEO Joel
à Alfred (Community champion) tout
en bas de l’échelle. Tout est là, et votre
curiosité pourra être pleinement
rassasiée. Joel le CEO gagne 218 000 $
et un Happiness Hero comme Hannah
ne gagne « que » 66 002 $.
Plus intéressant que la liste des
salaires, la présentation très
pédagogique de la structure des
rémunérations. Buffer donne son
mode d’emploi pour calculer les
salaires des collaborateurs : fonction,
expérience, loyauté/ancienneté
et une part de variable pour introduire
un soupçon de souplesse dans
cette équation rigide. À méditer.
Buffer Salary formula
70 000 $ Role
x
x =
+
1,05 Loyalty $ 98 700
1,2 Experience
10 000 $ choice
Quand on doit
négocier son salaire
Oubliez les conseils de bluff, découvrez plutôt les vertus d’une bonne préparation, de l’échange
direct et de la transparence. Voici quelques recommandations et bonnes pratiques
à mettre en œuvre le jour J.
C&E : Pouvez-vous donner quelques clés de bonnes pratiques au moment de négocier son salaire ?
Premier conseil : ne pas hésiter à en parler. La rémunération est à la fois un sujet d’hypocrisie et de fantasme, qui fait appel à un certain nombre de croyances telles que « une personne qui gagne bien sa vie est plus intelligente que la moyenne » ou encore « ma rémunération est un acquis, je ne vais pas en changer », etc. Le mieux est d’aborder franchement la question et d’avoir des discussions claires et directes à ce sujet.
Deuxième conseil : mettre sa carrière en perspective. Selon le contexte et le moment, nous serons plus ou moins intransigeants dans notre négociation. Il y a plusieurs paramètres à prendre en considération au moment de discuter salaire. Par exemple, le marché de la Communication serait plutôt sur une tendance baissière alors que les rémunérations augmentent dans le digital. Sachant cela, je conseille aux candidats de respecter un principe de réalité et de bien fixer leurs prétentions en fonction de la situation de leur métier, sur le marché concerné, à un instant « t ». Mon salaire antérieur n’est pas une donnée intangible, il faut en être conscient. Même si ma rémunération m’a donné un statut et un mode de vie, et qu’il est difficile d’en changer, c’est pourtant parfois nécessaire.
Troisièmement, en situation de recrutement, l’entreprise va fixer une enveloppe pour répondre à son besoin de recrutement. Il s’agit d’évaluer précisément les exigences du recruteur et d’y répondre le mieux possible, toujours en package global. L’objectif étant de correspondre au budget anticipé par l’entreprise, je conseille aussi de parler plutôt en termes de fourchette argumentée. Il faut peut-être accepter de perdre 20 % de son salaire pour pouvoir rebondir plus tard, le temps de prouver qu’on est une source de développement pour l’entreprise. Pour illustrer mon propos, je peux vous citer l’exemple d’une femme, Responsable de la Communication, qui a accepté une rémunération 30 % inférieure, le temps d’acquérir l’expertise sur un nouveau secteur qu’elle ne connaissait pas. Quelque temps après, elle était à 120 % du salaire de son poste précédent.
InterviewPatrice de Broissia,
Associé Oasys consultants
15, rue d’Argenteuil, 75001 Paris 01 42 44 48 48 www.unedite.fr
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