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Spécial 36 e Congrès du PCF # 507- Supplément à l’Humanité du 13 février 2013 - PAGE 1 2, place du Colonel-Fabien - Paris 19 e - Comité de rédaction: Obey Ament - Gérard Busque - Jacques Chabalier - Patrick Coulon - Patrice Falguier - Jean-Louis Le Moing - Yann Le Pollotec - Frank Mouly - Nicolas Bescond - Denis Rondepierre - Lydia Samarbakhsh - Gérard Streiff - Directeur: Olivier Dartigolles Tél.: 01404012 09 - Rédaction: Patrice Falguier Tél.: 01404013 59 - Gérard Streiff Tél. : 01 40 40 12 41 - Télécopie : 01 40 40 12 46 - Mèl : [email protected] - Relecture : Jacqueline Lamothe - Mise en pages : [email protected] 7/8/9/10 février 2013 - 36 e Congrès du PCF Un communisme de nouvelle génération La dynamique de l'espoir Le rapport de Pierre Laurent, les débats, les votes, le texte amendé, la direction élue... © Fabrice NICOLLE

CommunisteS - Spécial 36e congrès du PCF

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Journal CommunisteS, supplément à l'Humanité - Numéro spécial 36e congrès du PCF

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Page 1: CommunisteS - Spécial 36e congrès du PCF

S p é c i a l 3 6 e C o n g rè s d u P C F # 507- Supplément à l ’Humanité du 13 févr ier 2013 - PAGE 1

2, place du Colonel-Fabien - Paris 19e - Comité de rédaction: Obey Ament - Gérard Busque - Jacques Chabalier - Patrick Coulon - Patrice Falguier - Jean-Louis Le Moing - Yann Le Pollotec - Frank Mouly - Nicolas Bescond - Denis Rondepierre - Lydia Samarbakhsh - Gérard Streiff - Directeur: Olivier Dartigolles Tél.: 01404012 09 - Rédaction: Patrice Falguier Tél.: 01404013 59 - Gérard Streiff Tél.: 01404012 41 - Télécopie : 01 40 40 12 46 - Mèl : [email protected] - Relecture: Jacqueline Lamothe - Mise en pages: [email protected]

7/8/9/10 février 2013 - 36e Congrès du PCF

Un communisme de nouvelle génération

La dynamique de l'espoir

Le rapport de Pierre Laurent, les débats, les votes,le texte amendé, la direction élue...

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Notre congrès est attendu, ses décisions vont compter, les tra-vailleurs, la jeunesse comptent sur nous. Il y a trop de chô-mage, trop de précarité et de souffrances, trop de scandales,

de profiteurs, de richesses gâchées, trop de possibilités de vivreautrement dans cette société pour que nous acceptions un seulinstant de renoncer à l’ambition d’un changement véritable pour lavie de nos concitoyens et de notre pays. Au printemps dernier,notre peuple a choisi le changement. Il a eu raison de faire ce choix,il a eu raison d’y croire. Aujourd’hui, nous sommes là pour l’aiderà avancer, à relever le pays, et ouvrir avec lui une issue de progrèsà la crise.En ouvrant les travaux de notre 36e Congrès, nous ne devons avoirqu’une seule idée en tête : être utile à notre peuple, à la France, àtoutes celles et tous ceux qui dans notre pays, en Europe et dansle monde, se battent au quotidien pour une vie meilleure, pour sor-tir de ce monde d’inégalités et d’injustices, pour ouvrir des che-mins nouveaux de liberté et de solidarité, de progrès social, depaix et d’émancipation humaine.Pour que nos décisions soient efficaces, elles doivent être degrande portée parce que notre congrès se tient dans un contextetriplement exceptionnel :- En premier lieu, celui d’une crise de civilisation majeure, d’un af-frontement historique entre le système de domination capitalistemondialisé, entré durablement en crise comme nous l’avions diag-nostiqué en 2008, et la poussée multiforme d’un nouveau monde oùles forces du partage ne demandent qu’à prendre le pas sur les lo-giques de mise en concurrence.- En second lieu, celui d’une phase nouvelle de notre lutte pour lechangement en France, marquée par la défaite de Nicolas Sarkozyet du pouvoir de droite le plus ultra-réactionnaire que la Franceait connu depuis la Libération ; par l’élection de François Hollandeet la mise en place du gouvernement Ayrault ; et par la place prisepar le Front de gauche au cœur de la majorité populaire qui a per-mis le changement.Celui, enfin, du renouveau communiste, de la transformation accé-lérée de notre parti, de la construction désormais clairement en-gagée d’un communisme de nouvelle génération. Je veux saluer lesnombreuses et nombreux délégué-e-s qui assistent aujourd’hui àleur premier congrès du Parti communiste. Les quatre dernièresannées ont profondément changé notre parti. Vous êtes les acteursde ce renouveau. Ne boudez pas votre plaisir. C’est une grandechance d’être ici. Et nous sommes fiers de vous compter parminous. A travers vous, je salue les 23 000 nouveaux adhérents,jeunes, militants des quartiers populaires et du monde du travail,qui nous ont rejoints ces quatre dernières années.En quatre ans, que de chemin parcouru ! En 2008, après l’électionde Nicolas Sarkozy et deux élections présidentielles successivescatastrophiques pour la gauche et notre parti, devant l’ampleur dela crise capitaliste, nous ressentions tous le besoin de relancernotre combat. Nous sortions d’âpres débats menés depuis des an-nées sur les chemins à emprunter pour y parvenir. Notre 34e

Congrès a alors marqué une étape majeure, confirmée lors de notrecongrès intermédiaire – le 35e – en 2010. Après bien des question-nements parfois existentiels et des expérimentations, nous avonsfait deux choix majeurs.Nous avons d’abord décidé, en renouvelant notre choix commu-niste - un communisme désormais irrévocablement ancré dans

l’exigence démocratique – d’entreprendre la refondation de ce pro-jet. Conscient que le monde avait radicalement changé d’époque,nous avons affirmé que notre but était la reconstruction d’un pro-jet d’émancipation humaine digne de notre ambition libératricedans cette nouvelle époque. C’est ce que je nomme aujourd’hui« communisme de nouvelle génération », une action et une penséerenouvelées permettant de construire les chemins de l’émancipa-tion humaine du XXIe siècle.Ce premier choix, essentiel, nous l’avons accompagné d’un second,tout aussi décisif : la relance d’une stratégie novatrice de rassem-blement, visant à sortir la gauche de la spirale de l’échec, ouvrantla voie à la constitution de larges fronts unitaires progressistespour la transformation sociale, c’est ce choix qui a ouvert la voiedu Front de gauche.Oui, quatre ans après, nous pouvons le dire : nous avons marqué depremiers points décisifs. Nous abordons ce congrès unis, renfor-cés, rassemblés comme jamais nous ne l’avons été depuis trèslongtemps.Ce communisme de nouvelle génération s’est mis en route. Noussavons l’immense chemin qui nous reste à parcourir. Mais on nenous fera pas baisser la tête. Nous ne passerons pas à côté de l’oc-casion historique qui se présente à nous, au monde, de réinventerl’avenir, de repenser la civilisation et l’humanité.Oui, notre ambition de rassemblement à gauche a changé le pay-sage. La dynamique du Front de gauche a levé un espoir nouveau,elle a marqué de son empreinte toutes les batailles du quinquen-nat sarkozyste.Aujourd’hui, voilà donc à quoi, pour être utiles à notre peuple, à laFrance, à l’Europe et au monde, nous devons nous atteler : pousseren avant cette novation communiste pour refaire du Parti commu-niste français un des acteurs majeurs de la vie nationale ; promou-voir sans cesse la mise en action des forces de la transformationsociale ; donner de la force et de l’ampleur à la dynamique unitairedu Front de gauche ; porter haut le drapeau du changement danstoute la gauche en faisant grandir l’impératif du rassemblementde toutes les forces disponibles pour cet objectif. Pour nous, l’au-dace du changement est une solution et non pas une exigence en-combranteL’année 2013 sera essentielle pour cela car nous voyons claire-ment la situation. Si ne s’engage pas rapidement, massivement,une remise en mouvement générale des forces du changement pourexiger les ruptures attendues par notre peuple au printemps der-nier, la politique du gouvernement conduira tout droit à la décep-tion, à la démoralisation, à l’échec. Pas question de l’accepter. Quepersonne ne compte sur nous pour entonner les sirènes de la ré-signation et du défaitisme face aux forces de la finance ! Au peu-ple de notre pays, nous ne disons pas : « Attendez ! » Nous leurdisons : « Allons-y ! Allons-y maintenant et allons-y tous ensem-ble ! »

I. LE MONDE, L’EUROPE, LA FRANCE AU DÉFI DE CRISES SANS PRÉCÉDENTNous avons changé d’époque. Le monde n’est plus le monde bipo-laire d’hier. Après la chute du mur de Berlin, la nouvelle hégémo-nie capitaliste mondialisée promettait un avenir radieux et récon-cilié. Elle n’a fait qu’aggraver de manière spectaculaire des crises

structurelles grandissantes. Pourquoi ? Parce que mis au défi dudéveloppement humain des sept milliards d’habitants de notre pla-nète, et non plus seulement de la préservation des seuls intérêtsde puissance d’un petit monde capitaliste occidental, le capita-lisme mondialisé a gravement échoué. Au point qu’aujourd’hui, sin’émerge pas un autre mode de développement humain, un nou-veau type de relations à l’échelle de l’humanité tout entière, seslogiques de compétition à outrance et les crises qu’elles engen-drent nous enfonceront dans une impasse civilisationnelle.Cet affrontement domine tous les enjeux mondiaux et européens,comme tous les enjeux de notre quotidien. Je veux l’illustrer à tra-vers trois questions.Et d’abord, cet immense défi du chômage et des inégalités àl’échelle du monde.« Un travailleur sur trois dans le monde, soit 1,1  milliard de per-sonnes, est chômeur ou vit sous le seuil de pauvreté », annonçaiten janvier Juan Somavia, le directeur général de l’Organisation in-ternationale du travail (OIT). La précarité est galopante et la souf-france au travail ne cesse de s’accroître. Comment en est-on arrivélà ? La raison principale est que le capitalisme mondialisé a dé-tourné les formidables potentiels d’économie de travail des techno-logies informationnelles.Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous avons lapossibilité de hisser le niveau de coopération et d’échange entreles êtres humains à l’échelle de la planète toute entière. Mais aulieu de libérer ces énormes potentiels, le capital les asservit à sesobjectifs de rentabilité. Plutôt que d’ouvrir une ère du partage, dela coopération, du bien commun et du service public, le capital achoisi la voie d’une nouvelle guerre économique mondialisée, mis enconcurrence les salariés du monde entier, développé entre elles unecompétition coupe-gorge terriblement destructrice, notamment enemplois industriels dans les pays avancés.(…)Voilà la réalité, ce système est devenu fou et destructeur.Il existe une alternative. L’immensité des richesses dégagées par larévolution informationnelle conjuguée à l’accélération prodigieuse

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36e Congrès du PCF

36e Congrès du PCF RAPPORT de Pierre Laurent

On ne lâche rien !Le Congrès s'ouvre par l'accueil

de délégations de salariés enlutte : Ceux de Prestaliss, Fralib,

Florange, Gandrange, Virgin, Sanofi, Alcatel, des représentants

du service public, hospitaliers, cheminots,

Banque de France... Pour tous, une exigence :

« le changement, c'est maintenant ! »

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36e Congrès du PCF RAPPORTdes connaissances et des sciences pourrait permettre de réduirefortement le temps de travail, d’alléger peines et souffrances autravail en enrichissant son contenu, de libérer du temps pour cha-cun-e, tout au long de sa vie, pour se former, se cultiver, dévelop-per ses capacités, sa créativité, participer à des activités socialesépanouissantes hors travail. Elle permettrait de réduire les inéga-lités, développer des productions pour répondre aux immenses be-soins de l’humanité en matière alimentaire, sanitaire, énergé-tique..., construire de véritables systèmes de sécurisation profes-sionnelle de l’emploi et de la formation, assurer l’expansion durabledes services publics d’éducation, de logement, de la recherche, dela culture, des transports, de la protection de l’environnement. Cechangement radical de cap implique d’inventer de nouvelles formesd’appropriation sociale avec des droits et des pouvoirs nouveauxdes salariés qui leur permettront d’intervenir sur tous les choixstratégiques des entreprises et qui transformeront le travail. Il im-plique aussi que la banque et la monnaie redeviennent des bienscommuns publics au service de l’intérêt général.

La faillite de la mondialisation capitaliste, nous la mesurons aussiface aux défis écologique et alimentaire.Où en sommes-nous des huit Objectifs du millénaire pour le déve-loppement adoptés en 2000 ? Et surtout qui s’en soucie parmi lesdirigeants de la planète qui renflouent à coups de milliards le sys-tème bancaire pour éviter son implosion ? Face aux risques du ré-chauffement climatique et à la montée des besoins énergétiques,le capitalisme a inventé les droits à polluer qui désormais s’échan-gent en places boursières et a favorisé l’épuisement des res-sources naturelles traditionnelles tout en laissant hors d’atteintede populations entières un environnement sain, notamment l’accèsà l’eau potable. Soumise aux lois du profit et de la concurrence, lacrise écologique et environnementale ne saurait trouver d’issuepositive. La transition écologique reste à engager. Cela appelle desbesoins de reconversion très profonde de modes de productionavec d’indispensables coopérations européennes et internatio-nales d’une ampleur inédite. Cela appelle la maîtrise publique d’unmix énergétique alliant toutes les possibilités d’énergies non car-bonées – du nucléaire aux énergies renouvelables. Cela appelle lareconquête des souverainetés alimentaires avec une agriculturesoucieuse de la qualité et de la durabilité des productions. Laconcurrence capitaliste tourne le dos à toutes ces exigences.

La faillite historique de la domination du capitalisme est tout aussipatente en matière de sécurité.Le monde n’est plus structuré par la rivalité de deux blocs, mais cenouveau rapport de forces n’offre pas une situation internationaleplus pacifique. Loin de saisir l’opportunité de construire un multi-latéralisme incluant toutes les nations du monde, les puissancesoccidentales capitalistes ont renforcé les stratégies néo-impé-riales, leurs logiques de domination oligarchiques. L’OTAN n’a pasété dissoute, mais élargie. L’ONU n’ a pas été relancée, mais les G8et les G20 sont devenus les directoires du monde. Le monde estdevenu un monde complexe de rivalités, de contradictions, de ten-sions multiples dans un capitalisme en crise de plus en plus pro-fonde. L’insécurité humaine n’a cessé de grandir, nourrissant lesviolences, créant de l’insécurité pour les peuples, et pour les re-lations internationales. Les conflits d’aujourd’hui sont le plus sou-vent, dans une diversité singulière, le produit du sous-développe-ment, de l’humiliation et des politiques néo-impérialistes et, iciencore, des carences démocratiques béantes, du mépris des droits.Ces nouvelles formes de conflictualité, de guerre ne sont plus lesmêmes. Certaines forces, certains acteurs, dans différentes formesd’intégrisme et de radicalité, sont les produits directs de la crisedes sociétés.On le voit clairement au Mali où aucune issue durable n’est possi-ble sans reconstruction de tous les moyens de souveraineté et dedéveloppement de ce pays. Jamais la communauté internationalen’aurait dû rester spectatrice de la dégradation de la situationjusqu’à ce qu’elle ne permette d’autres choix que le recours à l’in-tervention militaire pour stopper l’avancée des groupes islamistesradicaux. Notre solidarité doit être plus présente que jamais auxcôtés de nos amis maliens pour s’attaquer aux causes profondes età l’immensité des problèmes à résoudre pour le Mali et toute la ré-gion du Sahel.Dans un monde devenu un, il aurait fallu parier sur la culture, leséchanges culturels, la laïcité pour faire grandir le commun. Le ca-pitalisme a joué avec le feu du « choc des civilisations », avec l’ins-trumentalisation des religions, continuant à cultiver l‘arrogance dumodèle occidental. Les discours sur la stigmatisation de l’islam ontfait florès comme en France avec la droite et l’extrême droite.Dans ce monde, il faudrait pousser tous les combats pour l’éman-cipation, singulièrement celle des femmes, qui peut constituer undes plus puissants leviers de transformation du monde. Au lieu decela, on voit resurgir un peu partout dans le monde, y compris enEurope et en France, des idéologies et des comportements sexisteset discriminatoires. La relance de notre combat féministe est un denos principaux chantiers d’action.

Une crise de civilisationLa crise est une crise globale, multiple, devenue bien plus qu’unecrise structurelle du capitalisme. C’est une crise de civilisation quirésulte de la conjonction, de l’entrechoquement de plusieurscrises. Elle présente une triple dimension : une crise systémique ducapitalisme ; une crise du sens, de la pensée et de l’action humaine ;une crise du rapport écologique.Cette crise de civilisation nourrit parmi les populations une visionnégative de la quasi totalité des grands sujets de société, une pro-fonde inquiétude pour l’avenir, nombre de peurs qui nourrissent àleur tour le repli sur soi, la xénophobie, le racisme, le désir d’au-torité... Et les tenants du système s’emploient à imposer le doutesur la possibilité de changer l’ordre mondial. Mais ces sentimentscoexistent avec leurs contraires : l’aspiration à la solidarité, à lajustice sociale, l’aspiration d’utilité sociale, de projet commun desociété qui sont à l’origine de résistances, de colère sociale, depoussées transformatrices réelles.

Le monde bougeEn Amérique latine, dans des configurations nationales diverses,les peuples imposent des changements politiques et sociaux. Ilscontrecarrent les prétentions dominatrices de Washington. Ils bâ-tissent des coopérations régionales, des convergences politiquesdans tout le sous-continent. Cette Amérique-là n’est plus l’arrière-cour des États-Unis. Elle affirme la nécessaire solidarité avec Cuba.Dans le monde arabe, les soulèvements populaires ont balayé plu-sieurs régimes et gouvernements. Ils ont changé la donne dans unbasculement de l’histoire politique de toute cette région si stra-tégique pour les puissances dites occidentales et pour l’Europe.Rien n’est plus comme avant dans ce monde. Ce qu’on appelle le« Printemps arabe » se poursuit aujourd’hui dans des affronte-ments aigus qui montrent à la fois l’acuité et l’ampleur des at-tentes sociales et démocratiques, et la grande complexité d’unesituation où toute question politique est surdéterminée par desenjeux géopolitiques et par d’énormes intérêts économiques eténergétiques mondiaux.Aux États-Unis et en Israël, comme en Europe, un mouvement desIndignés traduit, dans d‘évidentes limites et contradictions, lesespoirs d’une jeunesse et une protestation citoyenne contre lesdégâts du néo-libéralisme.En Europe, la montée des résistances sociales exprime un rejet deplus en plus fort des gestions ultra-libérale et social-libérale dela crise. La Confédération européenne des syndicats, la Confédé-ration syndicale internationale, devant les dramatiques dégâts so-ciaux et démocratiques de ces politiques dictées par les marchésfinanciers et les multinationales, se font de plus en plus critiquesen intégrant l’exigence de choix alternatifs touchant à la créationd’emploi, à l’égalité, à la sauvegarde des droits et de la protectionsociale.Le rapport des forces international est en train de se modifier sousl’effet de ce mouvement du monde contradictoire mais réel, dansune situation de crise qui pousse le système capitaliste et les po-litiques néo-libérales vers leurs limites.La crise affaiblit le monde capitaliste dominant qui n’a plus d’ad-versaire antagonique extérieur. Il est davantage menacé par sespropres contradictions et les crises que ses politiques génèrent.De nouveaux équilibres internationaux s’installent avec la montéede puissances émergentes, en particulier la Chine, mais aussil’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud ou encore une Russie ré-émer-gente. De nombreux pays (Indonésie, Mexique, Argentine, Corée duSud, Turquie) commencent à accéder à un rôle de puissance régio-nale. Le capitalisme « occidental » n’est plus le seul acteur stra-tégique.

Deux enseignements essentiels- Le premier est que notre détermination à repenser, dans lesconditions du XXIe siècle, un projet d’émancipation sociale digne denotre ambition communiste de dépassement du système capita-liste est plus actuelle et légitime que jamais.A ceux qui disent « ce sont des vieilles lunes », je pose la ques-tion : Comment allez-vous répondre aux immenses défis du déve-loppement humain ? Avec la guerre toujours plus exacerbée desmarchés financiers et des multinationales ? Comment allez-vousrésoudre le défi écologique, celui de la transition énergétique ?Avec le marché des droits à polluer ? Comment allez-vousconstruire de la sécurité pour les peuples ? Avec vos machines àfaire exploser les inégalités sociales ? Moi, je dis, voilà l’irrespon-sabilité !Notre action communiste n’est pas un rêve vain mais un levier dontle monde a besoin pour agir avec espoir et penser avec créativitéles transformations de la société.Cela nécessitera que la remise en mouvement théorique et poli-tique de notre parti, en lien avec toutes celles et tous ceux quiveulent contribuer à ce nouveau projet authentiquement révolu-tionnaire du XXIe siècle, soit considérablement amplifiée pourpousser ce travail de « refondation de nos analyses et de notreprojet », comme nous disions au congrès de 2008. C’est un travail

de longue haleine qui devra être au cœur de notre action dans lesmois et les années qui viennent. Ce pourrait être une des grandesdécisions de notre congrès : placer au centre de nos priorités, etcela jusqu’au prochain congrès, la prise de grandes initiatives po-litiques sur cet enjeu majeur.- Le second enseignement est qu’il est désormais évident que notreaction nationale est inséparable de ses dimensions européenne etinternationale : la construction des fronts de lutte pour le chan-gement doit sans cesse se penser dans ses multiples dimensions,nationale, européenne et internationale.Ainsi notre parti a la responsabilité de chercher les formes d’uninternationalisme qui ne se résume pas à des déclarations deconférences mais qui soit une contribution concrète aux luttes dechacun et de tous : un internationalisme en réseau, opérationnel etpolitiquement utile dans notre vie sociale réelle. Des progrès ontété accomplis, notamment sur le plan européen avec notre impli-cation dans le Parti de la gauche européenne, mais du chemin,beaucoup de chemin, reste à faire.

La situation en EuropeJe veux maintenant évoquer la situation européenne qui est la toilede fond et le quotidien de notre combat en France. C’est l’un des en-jeux les plus structurants de la période.Pendant dix ans, la droite au pouvoir et le Medef, adossés aux trai-tés européens et à leurs orientations ultra-libérales, se sont atte-lés à déréglementer, privatiser, mettre en concurrence, flexibiliser...Cette offensive a été décuplée avec l’explosion de la crise financièrede 2007-2008 et l’entrée en crise profonde de toute la zone euro. LaGrèce, l’Espagne, le Portugal ont été sacrifiés, l’austérité et les mo-dèles de compétitivité anti-sociaux généralisés. Et aujourd’hui, lepacte de compétitivité, l’accord national interprofessionnel de flexi-bilisation de l’emploi, le discours de Jean-Marc Ayrault parlant d’unnouveau modèle social pour une France plus compétitive relèvent dela même logique. Celle qui nous a conduit à l’impasse et qui nous en-ferme dans la récession et les reculs sociaux.Parallèlement, la résistance des forces sociales françaises et d’unepartie des forces de gauche à ces orientations a été puissante cesdernières années : le NON au TCE en 2005, la bataille sur la réformedes retraites ou encore la défaite de Nicolas Sarkozy qui avait re-vendiqué la paternité du Pacte budgétaire européen. La percée duFront de gauche est aussi le résultat de toutes ces batailles et apermis une nouvelle mobilisation d’ampleur en rassemblant 80 000personnes en manifestation à Paris le 30 septembre 2012 contre lereniement de la promesse présidentielle de renégociation du traitéeuropéen. Le bras de fer, en vérité, continue. S’adressant mardidernier au Parlement européen, François Hollande, en déclarant demanière bien présomptueuse que « la crise de la zone euro est lar-gement derrière nous », a ajouté ces mots bien révélateurs : « Cequi nous menace aujourd’hui, ce n’est plus la défiance des marchés,c’est celle des peuples. » Quel aveu !Il serait bien temps, monsieur le Président de la République, d’enprendre conscience. Car, où en est-on aujourd’hui de ce qu’on a deplus en plus de mal à qualifier de « construction européenne » ? Celle-ci traverse une « crise existentielle ». J’entends par là quele modèle qu’imposent les traités européens, les structures char-gées de mettre en œuvre ces orientations, les dogmes appliquésaveuglément quand bien même leurs effets tournent au fiasco(comme c’est le cas avec l’austérité à tout prix qui a plongé la zoneeuro dans la récession), toute cette panoplie libérale, autoritaireet bureaucratique est en train de générer tant de contradictions,d’effets pervers impossibles à maîtriser, de divisions jusqu’aucœur des cercles dirigeants, et tant d’exaspération dans les so-ciétés, que la machine s’emballe et menace d’imploser. Nul ne saitoù ira cette « Europe », mais une chose est sûre : le statu quo estimpossible.Dès lors, quelle stratégie incombe-t-il aux forces de transforma-tions sociales de déployer au niveau de chacun de nos pays commeà l’échelle de l’Union européenne, et au-delà ?Accepter par soi-disant réalisme de se plier à la fuite en avant pro-grammée à Bruxelles au nom de la double exigence d’accroître ladiscipline budgétaire et de rendre les entreprises plus compéti-tives est une impasse dramatique que nous récusons totalement.Quant à spéculer sur l’écroulement de l’Union européenne, c’estune folie qui, loin de nous libérer de la dictature des marchés fi-nanciers, conduirait à la mise en concurrence sans limite des peu-ples et à un regain de flambées nationalistes et populistes. En vé-rité, jamais autant qu’à notre époque, nous avons eu besoin d’uneconstruction européenne mais une construction faite par et pourles peuples afin de se solidariser face aux moyens colossaux etsophistiqués dont se sont dotées les forces du capital, rivales maiscoalisées.Notre ambition est donc de refonder la construction européenne.Cette belle idée d’«  Union des peuples et des nations euro-péennes » que les dirigeants actuels ont salie et dénaturée. C’estl’un des grands défis du combat de classe de notre époque.« Construire l’Europe » ne doit pas signifier nous couler dans lemoule de la mondialisation libérale, mais nous donner au contraire

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36e Congrès du PCF RAPPORTdes moyens – économiques, financiers, politiques – de faire vivreun modèle social et culturel avancé, notamment par une réorien-tation de la Banque centrale européenne pour placer son pouvoirde création monétaire au service du développement social et de latransition écologique.« Construire l’Europe » ne doit pas se traduire par ces institutionsde plus en plus verticales concentrant les pouvoirs au sommet,mais par l’édification d’une démocratie de plus en plus horizon-tale, où les individus ne soient plus traités en « consommateurs »mais en citoyennes et citoyens responsables dotés non seulementdu droit de vote mais aussi des pouvoirs d’intervention directe àmême de peser sur la gestion de l’entreprise, sur l’utilisation del’argent, la vie de la cité, la politique de la nation, jusqu’aux orien-tations européennes elles-mêmes.« Construire l’Europe » ne doit pas conduire à former un bloc (ouun sous-bloc) « occidental » prêt à tout pour « tailler des crou-pières » aux blocs concurrents, mais doit permettre d’user dupoids et de l’influence acquis ensemble pour faire émerger d’autresrègles dans les relations internationales : plus équitables, plus dé-mocratiques, plus pacifiques.Il ne s’agit évidemment pas de rêver à je ne sais quel « grand soir »européen. Mais il est temps qu’avec notre action, celle du Front degauche, celle du Parti de la gauche européenne et, si possible, trèsau-delà, les conditions se créent pour que les forces de transfor-mation sociale investissent de façon résolument offensive le ter-rain de la construction d’une alternative concrète à l’« Europe »qu’elles combattent au quotidien.

II. LE PCF DANS LA BATAILLE DU CHANGEMENT DEPUIS L’ÉLECTION DE FRANÇOIS HOLLANDENous avons puissamment contribué – par nos arguments, notredynamique de campagne, nos votes – à la défaite de Nicolas Sar-kozy, à l’élection de François Hollande, et d’une majorité de gaucheau Parlement, à l’Assemblée nationale en juin 2012, et avant celaau Sénat, en septembre 2011.Après dix ans de droite et cinq de sarkozysme brutal, une pagepour la France a été tournée. On a peine à imaginer ce que seraitaujourd’hui la conduite du pays par cette droite-là, après avoir en-tendu le déchaînement raciste, antisocial et réactionnaire d’unJean-François Copé en course pour la présidence de l’UMP, et quandon entend aujourd’hui sur les bancs de l’Assemblée nationale cedéferlement de propos homophobes, sexistes et rétrogrades. Ilfallait battre la droite, nous l’avons fait et bien fait, dans l’intérêtde notre peuple et de notre pays.La portée de nos batailles avec le Front de gauche pendant le quin-quennat sarkozyste, l‘écho des propositions de notre campagneavec le programme “L’humain d’abord”, la formidable campagnemenée avec notre candidat Jean-Luc Mélenchon, ont de surcroîtmarqué l’élection de François Hollande du sceau des attentes so-ciales, là où l’actuel président s’employait plutôt à ne pas trops’engager. Le Front de gauche et ses idées ont été présentes aucœur de la dynamique populaire qui a permis la victoire, et celacompte aujourd’hui.Nous connaissons les limites du programme présidentiel, son in-clination social-libérale, qui s’est confirmée plus vite encore quenous ne le craignions. C’est ce qui nous avait conduit à ne pas par-ticiper au gouvernement et à garder notre liberté d’action pourporter de réelles solutions de gauche à la crise.Notre comportement est conforme depuis juin à cette attitude sim-ple : appuyer ce qui constitue des avancées pour notre peuple ; re-fuser ce qui s’aligne sur des logiques d’austérité et de compétiti-vité qui conduisent à l’échec pour notre peuple. Notre attitude n’arien à voir avec le tout ou rien. Nous faisons partout, et en toutescirconstances, des propositions pour avancer.Les propos qui consistent à nous renvoyer dans le camp de ladroite sont insultants et ridicules, surtout que ce n’est pas nousqui avons ratifié avec elle le Pacte budgétaire européen, au mo-ment où Laurence Parisot déclarait : « Il ne faut pas poser la ques-tion de la ratification et le signer des deux mains. » Nous ne pa-rions en rien sur l’échec. Ce sont les choix gouvernementaux ac-tuels qui nous font craindre cet échec, et qui nous conduisent enpermanence à mettre en avant des choix alternatifs crédibles et àportée de main.La question qui nous a été mille fois posée depuis juin, « Êtes-vous dans l’opposition ? », s’éclaire peu à peu d’un jour nouveau.Car celle qui monte dans le pays est tout autre : « Pourquoi la po-litique du gouvernement renonce à mettre en œuvre les change-ments attendus par la majorité de celles et de ceux qui l’ontélue ? »Les questions que nous adressons au gouvernement sont de plus enplus en phase avec celles que se pose une majorité de électeurs degauche. Nous nous sentons au centre de gravité de cette majoritépopulaire, et nous continuons à porter ses espoirs de changement.L’urgence n’est donc surtout pas à ériger des barrières entre toutesces femmes et hommes qui se questionnent sur la situation. Elleest à les rassembler dans l’action en les convainquant que rien ne

justifie l’acceptation du renoncement.Nous voulons leur dire haut et fort : oui ! Oui, vous avez raison devouloir le changement. Le changement c’est la solution, pas le pro-blème.C’est d’autant plus important que nous voyons bien les risques etles dangers qui se dressent sur le chemin du changement.La droite et le grand patronat refusent le verdict issu des urnes etmènent une offensive quotidienne qui vise à maintenir les choixgouvernementaux sous la pression constante des marchés finan-ciers, des grands groupes, de leurs actionnaires et de leurs exi-gences de rentabilité, de la Troïka européenne. Cela a démarré im-médiatement après les élections législatives avec des annoncesen cascade de plans de licenciements et ça ne s’est pas arrêté de-puis. Fralib, Doux, Sanofi, ArcelorMittal, PSA... jusqu’à Goodyearjeudi dernier et la fermeture de son site d’Amiens-Nord où 1 173travailleurs pourraient perdre leur emploi. Il ne s’est pas écouléune semaine depuis le début du quinquennat sans annonce d’unnouveau plan. Au total, au moment même où nous tenons notrecongrès, des dizaines de milliers d’emplois sont menacés dans toutle pays.L’extrême droite poursuit ses visées, et si un temps la crise in-terne à la tête de l’UMP lui a fait miroiter le fantasme qu’elle étaiten mesure de prendre le leadership à droite, elle a mis dès sep-tembre le cap sur 2014 avec cette ambition-là. L’entreprise de ba-nalisation de ses idées et de sa présence sur l’échiquier politiquenational est passé à une nouvelle phase depuis le printemps der-nier. Attisant toutes les divisions possibles dans la société, le FNet l’extrême droite sont en ordre de marche en cultivant le maquil-lage idéologique. Mais son engagement contre le syndicats oucontre le mariage pour tous, révèle l’ampleur de la porosité idéo-logique avec une partie grandissante de la droite.Ce qui nourrit la droite ou l’extrême droite, ce n’est pas la préten-due droitisation du pays, de ses couches populaires, c’est plutôt lerenoncement ou l’agitation de peurs sur un mode réactionnaire.De la même manière, nous n’acceptons pas les tergiversations dugouvernement sur le droit de vote des résidents étrangers, undroit de vote promis par la gauche depuis trente ans. Eh bien pournous, je veux le dire ici avec force et avec clarté, ce n’est certaine-ment pas le moment de renoncer ! C’est l’une de nos priorités del’année, le droit de vote des résidents étrangers, ensemble, nousallons le gagner ! Ce n’est que justice pour les millions de femmeset d’hommes qui depuis des années vivent dans notre pays, y tra-vaillent pour le faire prospérer et qui - eux - paient leurs impôts,et les paient en France !

Alors que faire ? Comment agir ?Cette mobilisation générale pour gagner le changement est-ellepossible ? Je le crois. Ce sera évidemment une bataille acharnée.Mais nous devons mesurer le chemin parcouru et tirer des ensei-gnements de la dynamique que nous avons su créer avec le Frontde gauche.En 2008, lors de notre Congrès, alors qu’un an après la victoire deSarkozy, l’ouverture d’un espoir politique paraissait bien plusqu’improbable qu’aujourd’hui, nous avons appelé à la constructiond’un Front progressiste et citoyen qui lie dynamique citoyenne etunion des forces politiques de gauche décidées à construire unemajorité de changement.Nous ne voulions pas d’un nouveau parti mais d’un front largementouvert, un mouvement citoyen capable de créer des dynamiquespolitiques populaires capables de porter, consciemment et dans ladurée, des objectifs de changement. Nous avions raison. Nousn’avons pas tout réussi. Il y a eu des débats, des ajustements, descorrections sur le chemin entrepris. Mais nous avions raison depenser qu’une majorité, en tout cas une très forte proportion denotre peuple, pourrait ainsi se remettre en mouvement politique etsortir la gauche de la spirale de l’échec. Et en quatre ans, le Front

de gauche a changé la donne en France et à gauche.Nous insistions sur une dimension importante : que pour être per-tinent dans la durée, cette construction populaire permanente de-vrait veiller à créer les cadres unitaires, les fronts, les alliancesadaptées aux échéances à affronter.Qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui ?La situation n’est plus la même que pendant la campagne prési-dentielle. Au-delà des millions d’électeurs qui ont agi, et voté Frontde gauche, et qui constatent aujourd’hui la justesse de leurs ana-lyses, des millions d’autres, qui ne l’ont pas fait, ou qui ont seu-lement regardé du côté du Front de gauche sans aller plus loin, sedemandent à présent comment agir pour gagner le changement au-quel ils aspirent.La dynamique du Front de gauche, plus utile que jamais, doit doncêtre résolument tournée vers tous ces salariés, ouverte à leursquestionnements, être disposée à faire avec eux les bouts de che-min qu’ils sont prêts à faire ensemble. Est-ce repousser l’effort deconstruction alternative ? C’est tout le contraire. Ne pas être capa-bles, dans cette situation, d’élargir dès 2013 le rapport de forcesen faveur du changement, c’est laisser le terrain libre au senti-ment d’impuissance et au défaitisme. Voilà pourquoi il me paraîtfondamental que le Front de gauche, comme nous l’avons proposédès la mi-novembre, soit maintenant engagé dans notre campagne« L’alternative à l’austérité, c’est possible ».Voilà pourquoi il est si important que le texte que la coordinationdu Front de gauche a validé le 21 janvier dernier déclare avec net-teté – sans les opposer ni les hiérarchiser – notre ambition : « œu-vrer à des solutions immédiates face à la crise et à la constructiond’une politique et d’une majorité alternative ».Il paraît que nous devrions choisir. Mais pourquoi choisir ? Ceuxqui espèrent nous ramener dans le giron de l’austérité mènent uncombat perdu d’avance. Et ceux qui espèrent nous entraîner dansune politique de division des forces du changement alors qu’il esturgent, au contraire, de les rassembler, aussi.

Un appel solennelJ’appelle les communistes, toutes les forces du Front de gauche,toutes celles et tous ceux qui voulaient le changement au prin-temps dernier, et quel qu’ait été leur vote, à s’engager sans tardersur ce chemin du rassemblement le plus large possible pour dessolutions de gauche à la crise.Notre campagne doit reposer sur deux piliers : proposer et ras-sembler pour gagner le changement.Sur chaque question posée au pays, sur chaque urgence, créonsles conditions de l’entrée en action des forces du changement. Dé-battons pour cela des solutions nécessaires à la résolution dechaque question, de chaque urgence, et rassemblons dans l’actionautour d’elles toutes les forces disponibles pour agir.Dans tout le pays, avec nos assemblées citoyennes, avec nos frontsde lutte, avec nos fronts thématiques, tenons des centaines deréunions publiques d’ici l’été. Allons voir nos concitoyens et po-sons leur la question : « Pour vous, le changement c’est quoi ? »,et disons-leur : « Pour nous, l’alternative à l’austérité, c’est pos-sible ».Recréons partout l’espoir. Ne cédons pas un pouce de terrain à lafatalité et au renoncement.Cette bataille du changement, il faudra la mener sur de nombreuxfronts. Permettez-moi d’en souligner quelques-uns.

Il y a d’abord cet enjeu crucial de la sécurisation de l’emploi. L’ac-cord national interprofessionnel signé par le Medef et trois orga-nisations syndicales minoritaires ne peut constituer le passageobligé d’une majorité parlementaire de gauche. Il y a deux bonnesraisons à cela : la première est que l’on voit mal ce qui obligeraitune majorité de parlementaires de gauche à légiférer en faveur dereculs sociaux manifestes, à commencer par les accords compéti-

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36e Congrès du PCF RAPPORTtivité-emploi inventés par le Médef et la droite. La seconde estqu’en ne recevant pas l’agrément de la CGT et de FO, sans compterd’autres syndicats hostiles au projet, cet accord est contraire àl’esprit des accords majoritaires que devrait respecter une majo-rité de gauche qui prétend agir au nom de la démocratie sociale.Notre congrès, j’en suis certain, doit décider une campagne d’am-pleur, menée aux côtés des organisations syndicales qui viennentde décider d’une grande journée d’action, début mars, pour despropositions législatives alternatives. D‘ici mars et avril, nous enfaisons un objectif de première importance.

Le deuxième défi est celui de la renaissance productive du pays.Mittal, Pétroplus, Fralib, PSA, Renault, Goodyear, Doux, Candia...la saignée industrielle continue. En quatre ans depuis 2009, il y aeu 1 087 fermetures de sites pour seulement 703 ouvertures, soit384 sites industriels en moins. Alors que la relance de nos basesproductives est urgente, leur mutation industrielle, sociale et éco-logique est indispensable à la sortie de crise du pays tout entier.Au-delà, il faut initier, la renaissance productive de notre pays.Elle doit porter : 1. l’ambition d’une transition énergétique en s’ap-puyant sur un effort colossal de recherche, dans le cadre de coo-pérations européennes et internationales ; 2. la réponse aux be-soins d’un nouveau type de développement humain durable, acces-sible à tous, sans les immenses inégalités actuelles, par ladiversification de notre production dans tous les secteurs grâceau redéploiement de grandes filières.Pour enclencher cette nouvelle mobilisation industrielle nationale,le pouvoir doit changer de camp. Celui de la finance doit reculer.Celui des travailleurs doit grandir. Exigeons ces nouveaux droits.Le vote par la gauche sénatoriale de notre proposition de loi d’am-nistie sociale le 27 février constituerait un premier signe positif.

Le troisième défi est celui de la reconquête et de l’extension desservices publics pour répondre aux besoins nouveaux des popula-tions. La mort du bébé “in utero” à la maternité de Port-Royal, lafermeture d’une nouvelle maternité à Vire, résonnent comme denouveaux signaux d’alarme. Rien n’a été résolu de la situation ca-tastrophique des hôpitaux. Là aussi les mobilisations sont néces-saires, comme elles le sont pour le logement social et la fixationdu taux de TVA à 5 % et non à 10 % comme envisagé depuis le pactede compétitivité, ou encore les transports publics, où le gouverne-ment doit combattre et non s’accommoder du quatrième paquetferroviaire voté à Bruxelles, et doit rétablir les moyens du GrandParis Express en Ile-de-France. L’ambition d’éducation nationaleattendue n’est pas non plus au rendez-vous de la loi Peillon, pasplus que l’ambition culturelle ne peut faire bon ménage avec lescoupes drastiques de budget. La bataille pour les services publicsdoit reprendre partout avec ampleur.

Le quatrième défi est celui de l’égalité territoriale et du renouveaude la démocratie locale. La décentralisation peut et doit être unlevier pour avancer dans cette voie. Mais le projet d’acte III de ladécentralisation va-t-il au contraire accélérer les transferts decompétences aux collectivités sans moyen supplémentaire, au nomde l’austérité ? Va-t-il renforcer des logiques métropolitaines au-toritaires et porteuses d’inégalités ? Le risque est là. Nous devonsdonc amplifier avec nos élus, et en en faisant maintenant unegrande affaire populaire, la bataille pour une égalité territorialevéritable.

L’heure de la remobilisation.A toutes celles et à tous ceux qui s’interrogent, et qui devant lasituation, les renoncements gouvernementaux se demandent :« Sommes-nous impuissants ? Peut-on faire autrement ? », nousdisons : « Oui l’alternative à l’austérité, c’est possible ».Notre campagne peut devenir le point de ralliement de toutescelles et de tous ceux qui ne renoncent pas au changement. Et ilssont très nombreux à gauche et dans le pays.S’il n’y a pas encore de mouvement social d’ampleur, de très nom-breuses luttes s’engagent dans le pays, des luttes porteuses degrandes transformations sociales, à l’image de celle des ouvriersd’ArcelorMittal, qui a remis au cœur du débat politique cet enjeudécisif de l’appropriation sociale des moyens de productions à tra-vers la question de la nationalisation du site de Florange. Et déjàces luttes commencent à converger, en témoigne le rassemblementorganisé jeudi dernier par les salariés de Virgin auquel se sontrendus des délégations de salariés de PSA, de Sanofi ou encore deCandia.Parallèlement à cette montée en puissance des luttes, un débat acommencé à grandir sein même de la majorité gouvernementale,un débat qui va continuer de grandir dans les mois qui viennent, enmême de temps que vont s’exacerber les contradictions de la po-litique gouvernementale. Une majorité de dirigeants écologistes,un nombre grandissant de dirigeants socialistes et la très grandemajorité des militant-es ou des sympathisants de gauche se di-sent désormais insatisfaits des choix de l’exécutif. Dès septembredernier, nombre d’entre eux se déclaraient solidaires de notre mo-

bilisation contre le traité européen quand ils n’étaient pas venuseux-mêmes manifester à nos côtés et, en octobre, 63 députés degauche n’ont pas ratifié le traité.Cette dynamique doit maintenant s’amplifier. Aussi, lançons avecce congrès un appel à l’ensemble des forces vives du pays, un appelà construire avec nous et toutes celles et ceux qui ont rejoint leFront de gauche l’alternative aux politiques d’austérité.Aux forces associatives qui ont vu s’accroître la souffrance socialecomme jamais ces dernières décennies, nous disons que de nou-velles solidarités de progrès social, qui feront reculer les inégali-tés, sont possibles.Aux forces syndicales, à toutes les femmes et à tous les hommesqui luttent dans le pays pour défendre leur emploi, pour leurs sa-laires, pour de meilleures conditions de travail, nous disons quel’espoir de changement que nous pouvons lever ensemble donnerade la force à leurs objectifs revendicatifs.Aux forces politiques de gauche, aux militants socialistes, écolo-gistes, aux républicains, aux forces de progrès nous disons : cesont les décisions actuelles du gouvernement qui affaiblissent lagauche ! La réussite de la gauche ne sera possible qu’à conditionqu’elle ne se trompe pas de chemin et que les dogmes libéraux quiéchouent à répondre aux besoins des populations soient rejetésau profit de politiques publiques ambitieuses.

Les élections municipalesJe le répète, pas question pour nous d’enjamber 2013 comme s’il nes’agissait que d’une année préélectorale. Dès cette année nousvoulons être utiles à notre peuple. Mais pas question non plus desous estimer cette échéance essentielle, surtout pas.Et puisque les commentaires vont bon train qui soulignent le pré-tendu grand écart auquel nous nous préparerions, autant mettreclairement les choses au point sur la manière dont nous envisa-geons ces élections.Deux premières raisons en font pour nous une élection majeure.La commune n’est pas un échelon de notre vie politique et démo-cratique comme les autres. Après la présidentielle, elle est l’élec-tion à laquelle les Français participent le plus. C’est l’élection quienracine probablement au plus profond de notre peuple sa tradi-tion de participation citoyenne.Le tissu des 36 000 communes, tant décrié par les partisans de laconcentration des pouvoirs et de la réduction des dépenses pu-bliques, fonde l’originalité de notre édifice démocratique et insti-tutionnel. S’engager avec passion dans ces élections, c’est, à coupsûr, plonger dans un espace unique de délibération démocratique,c’est rendre la politique populaire, accessible, proche alors quetout est fait pour en dessaisir les citoyens.Deuxièmement, les communes, comme l’ensemble des collectivitéslocales, vont se trouver dans les deux années qui viennent au cœurde la bataille sur l’avenir des investissements publics, sur celuides services publics et des politiques de solidarité. Austérité ouréponses aux besoins sociaux, c’est là que les contradictions vontse cristalliser, là que des résistances larges peuvent se construire,là que peuvent continuer à s’inventer des logiques de services pu-blics au plus près des populations. Les élections municipales, à laplace qui est la leur, peuvent constituer un front essentiel de labataille pour le changement.C’est donc le meilleur de notre tradition politique républicaine,celle dans laquelle la politique appartient au peuple, qui se jouedans ces élections. Il n’est pas question d’en sous-estimer l’enjeu.De ce point de vue, nous revendiquons avec fierté l’ancrage qui estle nôtre dans les communes. Oui, avec 28 maires de villes de plusde 30 000 habitants, 50 maires de villes de 10  000 à 30  000, 761maires communistes et apparentés, plus de 8 000 conseillers mu-nicipaux dont près de 2 400 maires adjoints, nous sommes fiersde compter le deuxième réseau d’élus, et de loin, de la gauche fran-çaise. Les citoyens de notre pays savent qu’ils peuvent comptersur eux.Nous comptons bien aborder ces élections pour ce qu’elles sont, àpartir d’un seul critère : comment construire des majorités muni-cipales, puisque tel est l’enjeu, qui soient utiles au progrès social,au mieux vivre des populations, à l’aménagement durable des ter-ritoires.Aussi, rien n’est plus urgent pour préparer ces échéances que d’en-gager partout, sous toutes les formes possibles, le débat publicet la construction de projets municipaux tournés vers la promo-tion des services publics et de la démocratie locale au service dudéveloppement de l’ensemble des populations C’est ce travail quiconstituera la base de notre engagement.Viendra, bien sûr, le temps de la constitution des listes, de laconclusion des alliances. Notre cap sera clair : tout faire pour em-pêcher la droite et l’extrême-droite de faire main basse sur lescommunes ; et créer pour cela les conditions face à elles de majo-rités de gauche dans lesquelles le poids de nos propositions, desréponses aux attentes sociales, la place des élus communistes etdu Front de gauche soient le plus important possible.A nos partenaires de gauche dans les communes, je dis : personneà gauche ne pourra rassembler en exigeant l’alignement sur ses

seules positions. Que le débat s’ouvre loyalement sur les projetsmunicipaux est, pour l’heure, le meilleur chemin à suivre.A mes amis du Front de gauche, je dis : prenons ensemble la mesurede l’enjeu crucial de ces élections pour la vie des populations aux-quelles nous consacrons toutes nos énergies militantes, et tra-vaillons ensemble avec leur intérêt en tête.

Les élections européennesOu bien elles marqueront une fuite en avant vers un fédéralismeautoritaire pour amplifier les politiques d’austérité. Ou bien ellesseront une étape utile à fédérer les forces désireuses d’une refon-dation de la construction européenne.Nous aurons donc, dans ces élections, un double objectif, renfor-cer l’influence et les convergences des forces d’alternatives en Eu-rope, regroupées au sein gu groupe GUE-NGL du Parlement euro-péen ; et remettre au cœur de la bataille politique nationale l’exi-gence d’une réorientation radicale qui rompe avec l’austéritémortifère actuelle.Sur le chemin de cette bataille, le congrès du Parti de la gaucheeuropéenne (PGE) en décembre prochain à Madrid et, avant cela,l’Altersummit à Athènes en juin, seront des moments de mobilisa-tion utiles. En France, cette bataille s’inscrira évidemment dans leprolongement de nos batailles pour rassembler autour d’alterna-tives à l’austérité. Le Front de gauche aura donc une carte forte àjouer dans ces élections.

POUR CONCLURENous voici donc à l’ouverture d’un 36e Congrès du Parti avec beau-coup de pain sur la planche, dont – non des moindres – ce quitouche à la poursuite, l’accélération et l’approfondissement destransformations de notre parti. Le Parti communiste a déjà beau-coup changé, de nouvelles générations aujourd’hui en sont les mo-teurs – le dossier publié dans “l’Humanité” aujourd’hui montre quece travail commence à être perçu, vu, entendu. Ce n’est pas le ré-sultat d’incantations. C’est l’utilité de notre action, la pertinencede nos choix, notre ardeur au rassemblement du Front de gaucheet de toute la gauche, ainsi que la constance de notre mobilisationdans l’intérêt du monde du travail et de la France qui ont payé.C’est la vie qui a tranché.Aujourd’hui, il s’agit de ne pas s’arrêter là. Nous devons travaillerd’arrache-pied et de concert sur notre projet et sur la remise enmouvement des énergies militantes. Il s’agit aujourd’hui de penserde façon renouvelée l’action communiste.«  Ce que nous nommons communisme, dit le texte de notreCongrès, c’est bien l’incessant mouvement démocratique d’appro-priation citoyenne et de partage, par toutes et tous, de tous lesavoirs, autrement dit les richesses, de tous les savoirs, de tousles pouvoirs, qui enverra peu à peu l’ancien régime du capitalismeaux oubliettes et fera grandir l’humain partout et dans l’humanitétout entière. »L’engagement des communistes est ancré dans le quotidien pourinventer, chaque fois qu’il est possible, partout où c’est possible,un chemin de justice et de coopération en lieu et place de la lo-gique de concurrence, de compétition, de domination et de guerre.Voilà pourquoi notre engagement est de la même façon inscrit dansla longue durée du processus qui conduira à la libération progres-sive mais certainement nécessaire des sociétés humaines.Tous les jours, aux quatre coins du monde, des femmes, deshommes, de toute génération, se lèvent pour résister aux injus-tices, se dresser contre l’ordre des privilèges et mener le combatpour une vie meilleure pour tous.Bien sûr, chacun voit bien combien ces efforts sont encore disper-sés, éparpillés, mais chacun mesure, aussi, à quel point les conver-gences deviennent urgentes. Qu’importe le nom que chacun luidonne. Nous nommons ce mouvement nécessaire communisme.D’autres non. Mais les racines d’une société de mise en communpoussent partout. Un communisme de nouvelle génération peutvenir des énergies transformatrices qui travaillent un peu partoutsur la planète. C’est notre ambition en ce qui nous concerne enFrance.Les femmes et les hommes qui souffrent le plus de la crise et deslogiques capitalistes ont besoin de reprendre confiance dans leurforce et dans leur capacité à imposer le changement. La démocra-tie, l’égalité, l’intervention populaire et citoyenne, sont les puis-sants leviers de l’action. Nous y tenons comme à la prunelle de nosyeux ; sans ces leviers, pas de transformation sociale possible.Notre congrès nous permettra aussi de renouveler la direction na-tionale de notre parti. L’unité qui est la nôtre aujourd’hui et le tra-vail mené par la commission des candidatures en lien avec toutesles fédérations créent les meilleures conditions pour y parvenir.Notre Congrès va, j’en suis certain, mener ses travaux avec cesexigences et, tourné vers la société française, l’Europe, le monde,envoyer le signal d’espoir et de mobilisation attendu du PCF.Alors amis et camarades, au travail, bon Congrès à toutes et àtous.µ

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William Burias – CantalNous avons choisi de ne pas être au gouvernement. Il nousfaut montrer que c’est utile. Les orientations sociales-libé-rales du candidat Hollande font qu’aujourd’hui le gouverne-ment ne prend pas les mesures à la hauteur de la crise. Laquestion centrale de notre congrès doit être : « Comment êtreutile à notre peuple ? » Nos parlementaires font un travailformidable de propositions alternatives. Nous sommes face ànos responsabilités et nous devons être en capacité de met-tre entre les mains de notre peuple des propositions crédi-bles applicables maintenant pour un changement immédiat.La bataille pour une alternative à l’austérité sera utile à cela.Dans le Cantal, le PCF a initié la création d’un comité départe-mental contre l’austérité avec le PG, EELV, le MODEF, la CGT, laFSU et Solidaires. C’est une nouveauté marquante : des syndi-cats de salariés et des partis politiques de gauche travaillentmain dans la main à dessiner une alternative politique àl’austérité.

Viviane Baudry - Ariège

Expérience d’union avec d’autres depuis plusieurs élections :difficile de travailler avec d’autres (parfois difficile entrenous !). Progression au dernier congrès, des camarades crai-gnaient que le Parti disparaisse dans le Front de gauche,maintenant l’opinion est que sans le Parti communiste, leFront de gauche disparaît. Les camarades se sont appropriéstextes et problématiques. L’effort de synthèse a permisl’adoption de la base à 77 %, les statuts à 80 %. Campagnesélectorales de 2012  : liens retissés avec mouvement syndi-cal : front des luttes. Primordial de conserver et développerespace d’échanges et de confiance, de consolider sympathieretrouvée avec le PCF, historiquement attaché au monde ou-vrier. Dans notre département sinistré, indispensable deconstruire la mobilisation en face des attaques. Prendre encompte revendications des salariés et redonner perspectivespolitiques aux luttes sociales en montrant qu’il est possiblede rompre avec le système capitaliste. La campagne anti-aus-térité le permettra avec implication la plus large possible.

Jacques Maréchal – Moselle

La réussite du meeting du 23 janvier est une première, jamaisdans le passé un tel rassemblement n’a eu lieu en Moselle endehors des campagnes électorales. Cela montre que les genssont disponibles pour venir entendre des propositions alter-natives à partir de leurs préoccupations. Parmi celles-cil’avenir de l’industrie. Depuis un an, autour de la question dela sidérurgie, les communistes ont pris des initiatives, ontretissé des liens avec le mouvement social dans la diversité,pris des initiatives y compris de nature transfrontalière.L’idée de maîtrise publique progresse grâce à nos initiativeset au mouvement syndical. Ce travail a permis un premier re-nouvellement des forces militantes, ces militants sont exi-geants. Ces exigences nous pouvons les transformer en éner-gie militante.

Aline Parmentier – Haut-Rhin

La population d’Alsace est invitée à se prononcer par référen-dum le 7 avril sur le projet de collectivité unique. Projetcontraire aux intérêts des salariés, des services publics, de ladémocratie et de la République. Dont l’acte III de la décentra-lisation encourage et accélère la marche forcée. Stratégievise la casse des solidarités sociales construites par le droitdu travail, les services publics et les instances démocra-tiques de proximité. Plus d’impôts, moins de droits et de sa-laire, plus de chômage et de précarité. Dans les logiques del’UE austéritaires, les tenants du OUI organisent en Alsace lelaboratoire du libéralisme et de la concurrence généraliséeentre hommes et territoires. Le PCF peut faire émerger descollectivités au service des citoyens et non au service de lafinance. Ouvrir le débat avec toutes celles et tous ceux écar-tés aujourd’hui et rassembler contre ce projet. Scrutin localmais enjeu national. Ce congrès doit donner une dimension

nationale, en inscrivant ce scrutin dans la démarche anti-aus-térité et mettre ce projet en échec.

Didier Le Reste – Paris

Les annonces de fermeture d’entreprises nourrissent inquié-tudes, colère, sentiment de trahison. Montée de la criminali-sation de l’action syndicale et répression policière peuventdéboucher sur des actions contre productives aux intérêtsdes salariés. C’est une stratégie politique du MEDEF ! Nous de-vons contribuer à la construction d’un rapport de force apte àfaire modifier fondamentalement l’accord de régression signésur la « sécurisation de l’emploi ». L’interaction entre lemouvement social, les forces politiques que nous représen-tons et l’action de nos élus s’impose. Notre campagne doitpermettre de débattre, construire pour convaincre et mobili-ser plus largement. Créons des collectifs, des fronts de lutteet anti-austérité sur les territoires, organisons des Assisesrégionales et profitons-en pour réimplanter des foyers d’ac-tivité communiste dans les entreprises et localités. Pasd’avancées sociales sans extension de la démocratie pour ar-racher des nouveaux droits et pouvoirs pour les salariés, afinde peser plus efficacement sur les stratégies patronales etgouvernementales.

Nathalie Vermorel – Saône-et-Loire

Comment pouvons-nous répondre aux deux enjeux majeurs dela période : la mobilisation populaire pour des solutions al-ternatives à l’austérité et à l’aboutissement des luttes quise heurtent toutes au manque d’un socle de lois essen-tielles pour donner des droits et des pouvoirs nouveaux auxsalariés. L’articulation entre luttes sociales et politiquesappelle un renouvellement de nos pratiques politiques, enparticulier le développement du travail en réseau. Dans cecadre, la cellule nationale de veille pour l’emploi et l’indus-trie doit être consolidée et élargie. Je fais la propositionqu’elle s’empare de la problématique énergétique à traversl’entreprise Eon qui envisage de fermer ses centrales ther-miques induisant la suppression de 535 emplois, pouraboutir à l’inscription de la question d’un pôle public del’énergie dans le débat.

Sébastien Laborde – Gironde

A l’ordre du jour de notre congrès il y a urgence de poserdans le combat de classe d’aujourd’hui un projet qui ras-semble une perspective de changement, des possibles pourtout de suite. Nous avons beaucoup travaillé la nature de lacrise. Mais nous rassemblerons sur un projet, des proposi-tions pour sortir de cette crise. C’est la question du rassem-

blement qui rendra crédible notre action. Rassemblement dumonde du travail, des forces politiques avec le Front degauche comme outil pour un rassemblement plus large. Pourcela nous devons être un parti en mouvement. Notre congrèsdoit ouvrir la possibilité de la mise en mouvement des com-munistes, du Front de gauche, de toutes celles et tous ceuxqui veulent le véritable changement.

Nathalie Simonnet – Seine-Saint-Denis

En Seine Saint-Denis, 15 000 emplois sont menacés. Dans untel contexte on mesure à quel point le système heurte les in-térêts de l’immense majorité de la population. Cela génère dudoute, du rejet mais pas de vision claire des transformationsnécessaires. Il y a un enjeu à identifier et faire sauter lesverrous qui empêchent de penser qu’il existe d’autres possi-bles. Le besoin de changement existe dans la société commeles forces mobilisables pour le faire avancer. Ceci dans uncontexte de division qui devient un enjeu pour les forces ca-pitalistes qui n’ont rien d’autre à proposer. Dans cette situa-tion il faut contribuer à recréer une nouvelle conscience declasse, reconstruire des convergences, faire de la proximitéet de la solidarité des questions politiques. Porter dans ledébat politique comme dans la pratique « l’humain d’abord ».Aller plus loin sur ces enjeux politiques nécessite de démulti-plier les initiatives concrètes, visibles, de démultiplier lesinitiatives de débat.

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36e Congrès du PCF DÉBAT GÉNÉRAL

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Alain Baché – LandesNous devons apprécier positivement ce que nous avons faitbouger particulièrement lors de la présidentielle. Laconscience de classe et la politique sont mises à mal. Il estcompliqué d’être à la hauteur des enjeux. Il y a des sujets,des orientations qui ne peuvent être pris qu’après un débatapprofondi. Vouloir atteindre les objectifs définis en com-mun nécessite beaucoup d’investissements individuels etcollectifs dans le cadre défini. OK l’humain d’abord, maisc’est là où réside toute la problématique : si nous ne ga-gnons pas majoritairement les consciences, si nous ne chan-geons pas la République, le mode de scrutin, nous serons enéchec. Nous essayons avec le Front de gauche, mais l’acteuressentiel ce sont ces millions de femmes et d’hommes quisont aujourd’hui spectateurs. Veillons à ne jamais abandon-ner la force de notre mouvement révolutionnaire - organisa-tion forte avec des responsables de plain-pied dans la viede notre parti. Ayons l’ambition de mettre en œuvre collec-tivement ce que l’on construit ensemble.

Bozena Wojsciechowski - Val-de-Marne

On a identifié pas mal de blocages. Il nous manque trois di-mensions essentielles : Mesurer l’aspiration à faire partie dumonde, d’un collectif. « Tout sauf l’isolement ». C’est le sensdu communisme, mais comment le faire vivre concrètement.Mesurer l’existence d’ores et déjà d’analyses et de pratiquespolitiques dans les classes populaires. Ne les méprisons pas,même involontairement. Au contraire, le système dans lequelnous vivons n’a pas pour objectif l’argent. La recherche quiguide nos sociétés est celle du pouvoir. Sans cela, nous pas-sons à côté de l’essentiel et faisons le jeu du capitalisme.Nous contribuons à la déshumanisation. La perpétuation desdominations passe par chacun d’entre nous et nous aliène.Attaquons-nous y de front. Nous en prenons le chemin, maisqu’est-ce que c’est lent !

Jean-Marc Coppola - Bouches-du-Rhône

Notre congrès départemental a adopté une adresse auxfemmes et aux hommes des Bouches-du-Rhône, avec l’ambi-tion de relever 4 défis au centre des aspirations populaires :1. Lutter contre les inégalités, éradiquer la pauvreté et ga-rantir une vie digne à tous. 2. Mener la bataille pour l’emploi,l’industrie et les biens communs avec des réquisitions d’en-treprises. 3. Codéfinir les politiques d’aménagement et decoopération des territoires pour repousser l’idée d’une mé-tropole. 4. Faire vivre une démocratie concrète qui passe parune révolution citoyenne comme ose l’affirmer la base com-mune. Beaucoup est fait pour détourner les gens de la solu-tion politique, en commençant par un gouvernement qui meten œuvre une politique à l’opposé de celle que l’on est endroit d’attendre. Au moment où la politique abdique devant lafinance, un de nos rôles est de créer du liant entre les gensafin qu’ils se donnent les moyens d’une réappropriation de lapolitique. Ce doit être un engagement de longue haleine.

Anne Sabourin – ParisJe veux insister sur la nécessité d’inscrire les enjeux euro-péens dans notre campagne pour une alternative à l’austérité.Face aux impasses où nous entraîne la classe dominante – fé-déralisme autoritaire ou éclatement de la zone euro, un chan-gement de cap du gouvernement peut ouvrir un espoir pourceux qui luttent en Europe. Les exemples européens sont unapport pour déconstruire le discours dominant. Notre ambi-tion de refondation de l’Europe peut mobiliser large en Francesi nous organisons les initiatives, les fronts, qui réactiverontces forces. Inviter nos camarades européens dans nos actionspeut nous aider à alerter sur les conséquences des politiquesd’austérité et montrer que nous ne sommes pas seuls. Enperspective, il y a les élections européennes. Si nous mettonsces enjeux en débat dans la société, rassemblons sur nos pro-positions. Nous aborderons 2014 plus forts pour renforcernotre groupe au Parlement européen et le PCF en Europe.

René Chevalier – Pas-de-Calais

Colère des camarades de l’Arrageois, patrie de Robespierre,au sujet des statuts qui ignorent la réalité du terrain. Indi-gnation parce que la base commune ne propose rien sur laconstruction d’un projet éclairé utile aux travailleurs. Ils’agit d’une stratégie pseudo-rassembleuse, pro-européenneet réformiste sous la tutelle du Front de gauche. Nous vou-lons un PCF révolutionnaire et pas progressiste. Nous ne de-vons rien oublier, ni les grands moments, ni les erreurs ducommunisme. Colère encore quand des élus du PG du Nord-Pas-de-Calais se sont empressés de s’encanailler avec d’au-tres élus et créer un groupuscule. Quelle solidarité du Frontde gauche ! Notre territoire est mis à mal par les patrons,avec des milliers de licenciements. J’interpelle tous les res-ponsables nationaux sur l’action disciplinaire contre Chris-tian Delepine, on lui reproche de défendre les salariés et lesvaleurs de la CGT. Nous devons nous attaquer au système ca-pitaliste et construire un projet de société libéré de l’exploi-tation. Oui, camarades, il est grand temps de rallumer la luttedes classes.

Fabienne Haloui – VaucluseL’apparente droitisation provient d’un surinvestissementidéologique par la pensée dominante de thèmes comme l’im-migration, l’islam véritable opération de brouillage desconsciences activant sur le terrain identitaireun clivagedroite-gauche qui se fait de moins en moins sur les questionssociales. Le sarkozysme a légitimé l’offensive qui allait dési-gner le musulman comme l’ennemi de l’intérieur menaçantnos traditions, notre identité, la laïcité jusqu’à l’affaire dupain au chocolat en passant par la viande hallal... L’idée dedroitisation découle d’une offensive délibérée, la réalité estplus complexe, l’opinion se réapproprie des idées de gauche,le retour de la nationalisation, le pilotage des politiques oule partage des richesses. Les électeurs du FG et socialistesont davantage confiance en l’avenir, ils demandent justice so-ciale, services publics, condamnent le racisme, les discrimi-nations, refusent la stigmatisation des pauvres, des étran-gers. Les bases d’un rassemblement pour transformer l’actuelpessimisme en force d’espérance existent.

Aymeric Seassau - Loire-AtlantiqueEn écho aux salariés en lutte qui ont ouvert notre congrès,nous disons avec ceux d’ArcelorMittal, de Basse-Indre à Flo-range : Mittal est un voyou, il faut le mettre sous contrôle pu-blic. Nous ne lâcherons pas ! Quel plaisir de retrouver ici descommunistes rassemblés dans ce parti centenaire et détermi-nés à affronter les cent prochaines années avec un commu-nisme de nouvelle génération ! Déterminés aussi à réussirl’élargissement populaire du Front de gauche. Engageons lescampagnes pour le changement et contre l’austérité. Et qu’on

ne compte pas sur nous pour compter les points sur le borddu terrain. Gagnons plus d’élus communistes pour les menerdans les institutions où les mauvais désengagements d’hierne sont pas devenus bons. Dans cette confrontation, nousn’avons pas de compte à régler à gauche mais des comptes àrendre à notre peuple. Gagnons maintenant dans les mobili-sations une politique industrielle d’avenir pour la navale, uneloi contre les licenciements boursiers, le droit de vote desétrangers dès 2014…

Laurence Cohen – Val-de-MarneNous restons au PCF dans une analyse figée qui subordonnele combat contre le patriarcat au combat contre le capita-lisme. L’oppression de classe est sexuée, et les plus exploitéssont des femmes, dont de nombreuses immigrées. Ne pasanalyser la société sous ce prisme, c’est méconnaître que lesfemmes et les hommes subissent l’exploitation différemment,que les stratégies individuelles ou collectives pour y résisterne sont pas forcément les mêmes. Le féminisme conjugué à lalutte des classes est au cœur de notre contribution « le fémi-nisme ne tue pas ». Notre engagement de communistes sur ceterrain-là ouvrira ou pas une transformation radicale de lasociété ! Chaque conquête des femmes a permis un bond decivilisation. Partie prenante du Front de gauche des fémi-nistes, nous devons franchir une nouvelle étape dans la ba-taille pour l’égalité réelle F/H, par une appropriation collec-tive du PCF, afin de faire du Front de gauche un véritable« Front populaire » pour gagner le changement.

Christian Garrette – Haute-SavoieComme évoqué par nombre d’intervenants, je souhaite mettreen lumière un point en particulier : la nécessaire riposte puis-sante aux reculs historiques portés par l’accord dit « de sé-curisation de l’emploi » signé par des syndicats minoritaires.Cet accord est d’une extrême gravité : remise en cause du CDIpar le CDII ; le chantage à l’emploi avec les accords de main-tien de l’emploi qui imposeront aux salariés baisse de salaireet modification du contrat de travail, ceux qui refusent se-ront licenciés. Nous avons trois mois pour mettre en échec ceprojet cynique et faire monter en puissance l’exigence de loisprogressistes, de nouveaux droits pour les salariés ou en-core, comme le proposent les communistes de Haute-Savoie,des conseils d’administration composés par tiers de repré-sentants des salariés, des patrons et de la société civile.

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36e Congrès du PCF DÉBAT GÉNÉRAL

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Frédéric Boccara – Hauts-de-Seine

Le PCF doit prendre des initiatives face à deux défis histo-riques : une transformation radicale sur l’argent pour l’emploi(entreprises et services publics) ; une intégration de classepar l’accord Medef dit de « sécurisation » avec lequel Hol-lande veut intégrer derrière le patronat au nom des entre-prises. Comme s’il était incontournable de baisser les sa-laires, de licencier et de donner tous les pouvoirs au patro-nat, en masquant le rôle décisif des marchés financiers ou dela BCE. Cette précarisation va alimenter la spirale récessive.Et il faut faire autrement : baisser d’autres coûts, ceux du ca-pital, développer les capacités des gens et les services pu-blics, sortir peu à peu de la logique de compétitivité par uneautre action internationale. Menons une bataille à partir desexigences rassembleuses et interpellant toute la gauchedans les localités. Mettons sous pression la BPI, les banquespubliques existantes, les fonds régionaux, que le PS veut dé-voyer. Car l’argent doit être utilisé pour l’emploi et les ser-vices publics. Soyons créatifs et force d’impulsion, sans sefaire coiffer par des structures qui surplomberaient le PCF eten développant l’originalité communiste.

Viviane Claux - Oise

Une situation marquée par beaucoup de souffrances et de ré-voltes face aux régressions : flexibilité, baisse des salaires,chantage sur les syndicalistes, réduction de moyens à l’hôpi-tal… Le chômage massif dans les quartiers populaires ali-mente l’idée que « droite et gauche c’est pareil » puisquerien ne change. Les communistes de l’Oise ne baissent pas lesbras : après un Congrès offensif et rassemblé, ils veulent setourner vers tous ceux qui ont voulu le changement le 6 mai,pour modifier le rapport des forces ; ils utilisent la législa-tive partielle pour déployer la campagne « l’alternative àl’austérité est possible ». Initiatives prévues pour faireéchec à l’accord Medef, pour l’avenir de l’industrie et pour dé-velopper une mobilisation régionale autour des Good year.Pour cela, nous travaillons à l’efficacité du PCF qui doit fairela place aux jeunes et aux femmes ; celles-ci sont la moitié del’humanité qui a le plus intérêt au changement. Notre conseildépartemental à parité femme/homme pour la première foisest un atout pour cela.

André Gérin – RhôneS’émanciper du PS devient vital. Un PCF prêt à prendre sesresponsabilités dans un gouvernement conforme aux exi-

gences populaires. Dépassons les limites du Front de gauche,adressons-nous à l’ensemble du peuple, car il est trop facilede conclure à la droitisation de l’opinion. Nous devons ins-crire notre projet politique dans la braise sociale. Je dischiche à un communisme de nouvelle génération. Il faut tour-ner les pages de Martigues qui ont contribué à diviser et dis-perser des milliers des communistes. Que ça plaise ou non, lecommunisme s’est révélé comme un phénomène majeur del’histoire du XXe siècle. Je refuse les caricatures, les raccour-cis d’un communisme présenté comme criminogène ou encoretotalitaire. La nouvelle génération du communisme s’enrichi-rait de l’histoire des générations précédentes. Je mesure lefait que le PCF a toujours droit de cité treize ans après Mar-tigues et ce n’est pas rien. En 2020, notre 100e anniversairede Tours. Travaillons pour un PCF qui vole de ses propresailes.

Marie-Pierre Vieu – Hautes-PyrénéesOui au mariage pour tous et la PMA. Dans notre combat com-muniste, il n’y a pas de question majeure et mineure. Nousvoulons modifier les rapports sociaux. « Normaliser » la fa-mille relève de la même logique, excluant des lois sur l’em-ploi, une part des syndicats. Notre divergence avec le gou-vernement Ayrault ne porte pas sur le degré desréformes, mais sur le refus du cadre imposé, assumé et théo-risé par le PS (cf. Terra Nova ou « la gauche populaire »).Pour le PCF, le Front de gauche est un outil de rassemblementafin de construire une nouvelle majorité pour une autre poli-tique à gauche, qui inclut toute la gauche, dans un rapport deforce modifié. Depuis 2008, il a fallu toute la force des com-munistes pour créer le Front de gauche. Inversement, le Frontde gauche est essentiel dans l’évolution des communistes.D’où aujourd’hui l’enjeu d’un communisme de nouvelle géné-ration : projet, démarche démocratique, rassemblement. Unerelance du Front de gauche : amplifier les passerelles avec lemouvement social (bataille contre l’austérité), territorialisercet élargissement.

Alain Hayot – Bouches-du-Rhône

Des études récentes montrent une inquiétante progressiondes idées et des valeurs populistes, la porosité entre lesélectorats de l’UMP et du FN qui préparent leur alliance. Enmême temps, je ne partage pas la thèse de la droitisation dela société : la défaite de Sarkozy, les luttes sociales, l’irrup-tion du Front de gauche et le renouveau d’un « communismede nouvelle génération » montrent que les ingrédients d’unecontre-offensive à gauche sont là. La crise du capitalisme estune crise de civilisation : l’humanité est en panne de sens.Pour construire une nouvelle conscience de classe, celle desdominés, il nous faut investir le terrain culturel, celui desidées et des symboles, celui de la coélaboration citoyenned’un projet de dépassement du capitalisme et de toutes lesdominations et les aliénations. Ce projet devient une ques-tion politique décisive.

Brigitte Dionnet – Seine-Saint-DenisNous devons mener le combat féministe alors que des reculspèsent dans la société et aussi dans le Parti sur l’égalitéentre les femmes et les hommes. Dans les faits comme dansles têtes, le patriarcat imprègne toujours notre société avecla place assignée aux femmes au foyer. Ainsi, pour réaliserl’égalité professionnelle, il faut des lois mais aussi une ac-tion pour faire bouger les représentations mentales enfer-mant les femmes dans un rôle mineur. Que notre parti rendevisible le féminin dans sa communication, qu’il contribue àl’égalité des femmes dans le combat politique - la parité -fait partie de ce combat. Si le féminisme et les féministes dé-rangent, c’est un bien, pour nous qui voulons bouleverserl’ordre social et moral, changer le monde, libérer l’humanitéde toutes ses chaînes. Faire preuve d’audace, comme en 1925par exemple, en produisant des actes témoignant de notrevolonté féministe aidera autant à la transformation de notreparti qu’à celle de la société.

Patrice Cohen-Séat – ParisIl n’y a guère d’illusions dans la société sur la droite ou la so-cial-démocratie. Mais il n’y a pas non plus d’alternative res-sentie comme crédible. C’est à ce mur que nous nous heur-tons. En 2008, analysant les causes de notre affaiblissement,nous en avions conclu qu’il fallait donc, dans un monde et uncapitalisme profondément transformés, « refonder nos ana-lyses et notre projet ». Je pense que nos efforts, dans cesens, depuis 2008, n’ont vraiment pas été à la hauteur du défià relever. C’est autour d’un projet, de la vision d’un avenirsouhaitable et possible que peuvent grandir luttes etconsciences de classe. Cela exige, en nous ouvrant à toutesles forces qui cherchent en ce sens dans notre pays et ail-leurs, d’engager le travail théorique et politique qui nouspermettra de faire grandir dans la société le projet commu-niste de notre temps.

Céline Brulin – Seine-Maritime« Les communistes haussent le ton sans parvenir à se faireentendre », tel semble être notre limite. Une nouvelle dyna-mique du Front de gauche, la mobilisation du peuple qui avoulu le changement nécessitent de crédibiliser des proposi-tions qui n’ont pas gagné, bien qu’ayant progressé en 2012.Dans les scrutins, le Front de gauche a progressé mais le PSbien plus encore. Le rapport des forces n’a pas été modifié enprofondeur. Travaillons les contradictions dans lesquelles setrouve le PS : comment le gouvernement pourra-t-il créer les500 000 contrats de génération qu’il a prévus avec les sup-pressions d’emplois massives, dans l’industrie, qu’il ne sedonne pas les moyens d’empêcher ? Comment les collectivitésqui risquent de se voir priver de 3 milliards de dotation del’Etat pourront-elles embaucher des contrats d’avenir ? Com-ment mettre la question des nationalisations qui surgit autravers de différentes luttes au cœur du nécessaire débat àgauche ?

Jérôme Marcuccini – IsèreAprès l’annonce du capitalisme triomphant dans les années90, la crise montre chaque jour que le capitalisme est incapa-ble de mobiliser les moyens de production au service du dé-veloppement. Dans ce contexte, nous pouvons ouvrir un es-pace durable de changement. Rassemblons pour imaginerd’autres possibles. Imaginons que la dette soit portée par laBCE et libérons la Grèce et nos Etats de la prédation finan-cière. Imaginons comment créer des centaines de milliersd’emplois chaque année avec le pôle public du crédit et au-tant avec la sécurité d’emploi-formation. Imaginons de nou-veaux droits qui donnent aux salariés le pouvoir sur leur en-treprise. Imaginons une nouvelle démocratie, une nouvelleEurope, un nouveau monde. Imaginons que le rêve soit possi-ble. Autorisons le rêve qu‘interdisent les experts de la pen-sée dominante. « Pour chaque regard jeté en arrière, il nousfaut regarder deux fois vers l’avenir » (prononcé en palesti-nien).

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36e Congrès du PCF DÉBAT GÉNÉRAL

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Mylène Vesentini et Marie-Ange Larruy – Aude

Présentation des deux cosecrétaires élues par le congrès del’Aude. Le Front de gauche permet une reconnaissance denotre projet : meilleurs résultats électoraux mais les citoyensont privilégié les candidatures sociales-démocrates. Il nousreste à préparer les élections municipales, nous retrouverdans les luttes et remettre en cause les politiques austéri-taires du gouvernement. La majorité des communistes del’Aude n’envisage pas d’aller dans le sens de la création d’uneAssociation départementale du FG. Celui-ci doit continuer àêtre une dynamique de rassemblement, un chantier où de-vraient pouvoir se développer les assemblées citoyennes.Chaque composante du FG doit pouvoir y trouver sa placedans le respect des différences. Le PCF est un parti centenairequi a porté des avancées sociales essentielles. Dans nos ter-ritoires ruraux appauvris par la désindustrialisation, le reculde l’activité agricole et viticole, la disparition des servicespublics, notre parti doit prendre toute sa place, nous devonsle renforcer : permettre aux citoyens de s’emparer de leuravenir.

Michel Passet – Hérault

Dans le département de l’Hérault la victoire de Hollande,l’élection de 9 députés de gauche se sont jouées à quelquesvoix. La droite et l’extrême droite ne sont pas morts. L‘affluxde population, sa jeunesse -35 % ont moins de 30 ans avec untaux de chômage important - amplifient la précarité, la peurde l’autre. La question de l’affrontement identitaire est unequestion décisive pour nos luttes. Etre en capacité de saisirles problèmes, de les élargir afin de rassembler est néces-saire, comme passer du mariage pour tous à la lutte contretoutes les discriminations. En même temps, donnons du sens,du sens à la vie, du sens au communisme.

Sébastien Mignottet – Jura

J’ai d’énormes doutes sur l’étiquette gouvernementale. Jevois un Sarkozy saison 2. Ce n’est pas la refiscalisation desheures supplémentaires qui va me convaincre d’une apparte-nance à la gauche. Quand on entend que la nationalisation estdépassée ! Les services seraient dépassés ? Nous disons nonet nous signons ! Et ils se disent républicains français !Voyons plutôt les trois femmes qui sont oubliées sur beau-coup de nos mairies : Liberté, Egalité, Fraternité. Liberté encontraire avec l’esclavage des jeunes, des femmes, des sala-riés, des vieux, des handicapés, des sans-papiers par desexonérations de cotisations. Le capitalisme, on est en pleindedans. Egalité des devoirs par l’impôt. La société nousdonne tout pendant près de 20 ans ! Merci société. Fraternité !Tous frères ! Pas d’étrangers ! On nous apprend, gamin, à nepas jouer avec la nourriture. Capitalistes, on ne joue ni avecl’argent, ni avec l’humain !

Hélène Céllières - Hauts-de-Seine

Notre congrès doit être un temps fort de propositions don-nant à voir notre ambition d’ouverture et de rassemblement.Car chez nos partenaires, comme chez tous les militants etsympathisants du Front de gauche et de toute la gauche, il y asans aucun doute beaucoup d’attentes, d’écoute sur ce quevont être nos échanges. La crise revêt à plusieurs titres uncaractère inédit. Elle a beaucoup noirci l’horizon pour toutescelles et tous ceux qui ont perdu l’espoir que ça change. Avecnos amis du Front de gauche, mettons en mouvement, ras-semblons toujours plus celles et ceux qui veulent le change-ment. Avec le Front de gauche, nous avons ouvert la voie, re-donné de l’espoir parce que nous avons fait toucher du doigtun potentiel majoritaire. Il est urgent d’écrire la saison 2 duFront de gauche, pour trouver une nouvelle dynamique oùs’associent et participent des millions de citoyens. Laissonstoutes les portes ouvertes sur l’avenir pour inventer de nou-velles formes d’association citoyenne et de mobilisations po-pulaires.

Dominique Adenot – Val-de-Marne

Comment sortir d’un discours trop général pour commencer àconcrétiser les rassemblements pour une alternative à l’aus-térité que nous voulons développer en 2013 ? En les nourris-sant du front des luttes et de la satisfaction des besoins po-pulaires, à l’instar des batailles rassembleuses pour refuserla remise en cause du métro Grand Paris Express. Pour lesmener, il a fallu montrer que l’argent existe, les raisons desreculs gouvernementaux inacceptables au prétexte des prin-cipes financiers de la BCE et de l’austérité (les 3 % de déficit).Et surtout ce que coûte à quatre millions d’habitants desvilles de banlieue d’usure et de temps perdu dans les bou-chons et des transports à bout de souffle. Récession ou in-vestissements publics utiles et efficaces pour l’emploi, c’estun enjeu qui commence à être perçu. Ces rassemblementséclairent le potentiel de rassemblement sans exclusive, d’ha-bitants et d’élus, y compris socialistes, pour les scrutins àvenir ou la bataille sur la réforme territoriale qui commence.

Nicole Borvo – ParisLa stratégie du Front de gauche a été payante pour la gaucheet pour nous. N’hésitons plus à la pousser jusqu’à un frontpopulaire. Mais stratégie et programme(s) ne suffisent pas.Les couches populaires et les jeunes restent éloignés de lapolitique et de nous-mêmes. Cela nous pose deux questionsque nous avons laissées en jachère depuis 2008. Celle d’unprojet de société porteur d’espoir parce que répondant auxproblèmes qui se posent dans la réalité d’aujourd’hui. Et celledes pratiques politiques conformes à ce que nous prônonspour la société elle-même. Nous disons que notre parti doitêtre un « espace culturel où se croisent le politique, le débatd’idées et les pratiques artistiques » (texte). Cela me faitpenser à la courte période où le jeune Parti communiste étaitcapable de se rapprocher de tout ce qui bougeait en bouscu-lant les vieilles lunes, présentant des femmes aux élections,alors qu’elles n’avaient pas le droit de vote, des ouvriers desusines soutenant les surréalistes... Ne serait-ce pas ça « ral-lumer les étoiles » ?

Yves Dimicoli – ParisLa campagne pour une alternative à l’austérité sera décisivepour les municipales de 2014. Il s’agit de rassembler le pluspossible à gauche, à partir des besoins populaires, pour obte-nir des inflexions immédiates, puis majeures. Il s’agit d’œu-vrer à des rapprochements entre socialistes, communistes etgauche radicale sur des propositions précises, cohérentes,crédibles. C’est ainsi que nous déborderons le refus opposépar Hollande, avec ses choix profondément sociaux-libéraux,aux attentes de changement, au lieu de mener une campagneanti-PS. Il s’agit d’œuvrer au rapprochement de toutes les ca-tégories de salariés sur des exigences de sécurisation effec-tive de l’emploi et de la formation, en opposition à l’accordimposé par le MEDEF et l’Etat avec des syndicats minoritaires,sur des exigences de pouvoirs et de financement avec un nou-veau crédit et un pôle financier public. Conjuguons luttes so-ciales et sociétales avec l’exigence d’une vive expansion detous les services publics que la BCE doit financer par sa créa-tion monétaire.

Mylène Cala – Seine-Saint-DenisEn Seine-Saint-Denis, les jeunes subissent la précarité et ladiscrimination territoriales : CDD, stages sous rémunérés, lo-gements trop chers (70 % du budget d’un étudiant), 34 % desétudiants ne se soignent pas. 18 000 jeunes quittent le sys-tème scolaire sans qualification. L’Etat investit 47 % demoins pour l’éducation d’un jeune du 93 que pour un parisien,c’est 1 500 jeunes qui se retrouvent sur le carreau à chaquerentrée. Les jeunes subissent parce que « c’est mieux querien ». On assiste à un battage médiatique sur l’insécurité.Mais la véritable insécurité c’est la précarité des jeunes ! LeMJCF lance sa bataille sur le travail. Les voyous ce sont lespatrons ! La richesse de ce pays c’est nous. La campagnecontre l’austérité doit lutter contre la construction de la jeu-nesse comme armée de réserve du salariat précaire. Un jeunesur deux au chômage en Europe, n’attendons pas ! Créons desponts avec le MJCF qui lutte dans les facs, les lycées, les CFAet les entreprises. Mutualisons nos forces  !µ

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36e Congrès du PCF DÉBAT GÉNÉRAL

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1) Que nous indique l’examende nos comptes ?D’abord au plan global avecplus de 30 millions d’eurosde ressources totales conso-lidées - c’est-à-dire inté-grant les produits des fédé-rations et du Conseil natio-nal - les produits du PCF en2011 sont au troisième rangde toutes les formations po-litiques. (...)Dans les comptes du Parti(...) , l’aide publique pèse12 % du total de nos res-sources, contre 39 % pour lePS, 62 % pour l’UMP. (…)L’UMP et le PS bénéficient deprès des trois quarts detoute l’aide publique, ce quivient renforcer encore la né-faste bipolarisation de notrevie politique. (...)La contribution des éluss’établit à 46 % de nos res-sources totales (26 % pourle PS, 3 % pour l’UMP ). La cotisation des adhérentspèse pour 23 % dans nosressources, si on considèrele total collecté, soit 6 mil-lions, et qu’on le rapporteaux produits ajoutés du CN

et des fédérations. (...)Les dons des personnes phy-siques pèsent 17 % de cesmêmes ressources consoli-dées, contre 5 % au PS. (...)Retenons et faisons partagerce qui fonde l’originalité pro-fonde de nos ressources (...) :un financement public beau-coup plus faible que les prin-cipales autres formations ;une contribution des élus quin’existe nulle part ailleursdans cette proportion, et quifonde une part de notreidentité ; un total de donsdes personnes physiquesnettement plus élevé quedans les autres partis.

2) Sur la situation et les pers-pectives financières duConseil national.Après le choc de la présiden-tielle, en 2002, nous avonsaffronté une grave crise fi-nancière et nous avons faitface en compressant sévère-ment nos moyens humains eten cédant des actifs immobi-liers.Plus près de nous, fin 2007,nous avons été amenés, de

nouveau, à adopter un planglobal de mise à l’équilibredu budget annuel du Parti(…) avec des décisionsconcernant la location d’unepartie du siège, de départsde salarié-e-s non remplacé-e-s, et d’économies de ges-tion conséquentes dans lefonctionnement du siège etde la direction nationale.Pour information, le nombrede salariés du siège nationala été diminué par trois en 15ans.Ces dernières années, etmalgré ces efforts, la situa-tion reste très tendue avecdes difficultés de trésorerierécurrentes et chaque annéeplus précoces. (...) J’ajouteque nous avons été conduitsà puiser dans nos derniers

actifs immobiliers et quecette source est désormaistarie.En résumé (…) la future di-rection devra nécessaire-ment adopter les décisionsvisant à un retour à l’équili-bre. (…) D’autant que les in-terventions du Conseil natio-nal en faveur des fédéra-tions en terme d’aidesbudgétaires ont progressé etque de nouvelles demandessont en cours d’instruction.(…) La règle des trois tiersen discussion dans le cadrede la réforme des statuts estjustifiée par notre volontéde maintenir et développercette mission de mutualisa-tion - une mission essen-tielle pour un parti tel que lenôtre.

3) Notre bataille financière.a) (…) La cotisation est lamère des batailles, celle quientraîne notre implantation,la souveraineté des commu-nistes, leur mise en mouve-ment. (…) Nous pouvons par-tout afficher des objectifs deconquête, en lien avec notrevolonté d’écrire une nouvellepage de l’influence électo-rale et de l’état d’organisa-tion de notre parti. La coti-sation est en effet un objec-tif et un outil dans notreeffort d’enracinement duParti.(...) Dans chacune denos fédérations, un objectif

doit être discuté, adopté etêtre décliné en objectifs desections. Ces objectifs doi-vent utiliser tous les le-viers : nombre de cotisants,niveau des cotisations, gé-néralisation des prélève-ments. (...)

b) La souscription : Elle est(...) un pilier de nos budgets.L’appel aux dons est unmoyen permettant de nouerou de resserrer des liensavec des dizaines de milliersde sympathisants, en les in-tégrant concrètement à nosbatailles, en légitimant leursoutien. (...) La souscriptionpermet d’agréger des forcesà notre combat. (…) Je le ré-pète, n’hésitons pas à révé-ler le caractère profondé-ment original du finance-ment du PCF. La vérité estrévolutionnaire, nous le sa-vons. Et elle est, de plus, ànotre avantage. Utilisons-ladavantage.

c) Les indemnités des élus :Je rappelle que 46 % du totaldes ressources des fédéra-tions et du Conseil nationalproviennent du reversementdes élus (30 % pour le bud-get du Conseil national).C’est une singularité dans letableau d’ensemble de la viepolitique française et unmarqueur identitaire, commeje le disais plus haut. (...)

Cette question appelle à tousles niveaux un effort indivi-dualisé, pour maintenir ledébat avec l’ensemble descamarades élus et faire ensorte que la décisionconjointe soit la règle dansla mise en œuvre de nos sta-tuts.Là encore, des expériencesmontrent que des progrèsnotables sont possibles avecde l’organisation, des effortsde direction, l’esprit de ri-gueur et l’écoute nécessaire.Cette attention doit s’ins-crire dans un effort plus gé-néral permettant de déve-lopper un lien plus serréentre le Parti et ses élus. (...)

4) Pour avancer dans ces ba-tailles, quels moyens nousdonnons-nous ? La clé pour avancer, c’est laresponsabilité partagée. (...)Les nouveaux statuts préci-sent nos obligations en ma-tière financière et prévoientla mise en place de comitésd’animation de la bataille fi-nancière. Prenons cette ré-forme de nos règles de viecomme une chance pour lanécessaire transparence etpour le déploiement de notrebataille financière, en liai-son avec les ambitions quenous affichons pour notreparti.µ

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36e Congrès du PCF FINANCES

L’HUMANITÉMJCF

Rapport financier (extraits)Jean-Louis Le Moingtrésorier national

Du 14 au 21 février, l’Humanité etl’Humanité Dimanche créentl’événement. Une semaine d’ac-tions et d’explications autour dutexte dit « de sécurisation del’emploi »Ces dernières années la JC a repris sa place dans 70 départements

Salut du Mouvement jeunes communistes

© Jo

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ONTA

NARD

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36e Congrès du PCF HUMANIFESTE

36e Congrès du PCF DÉBAT TEXTE

C’est une salle particu-lièrement studieuse quia planché, vendredi

après-midi et samedi matin,plusieurs heures durant, surla nouvelle rédaction del’Humanifeste. Dans son rap-port introductif, Pierre Dhar-réville a rappelé que « nousnous étions donné l’ambitiond’écrire un grand texte pu-blic, capable de parler large-ment aux hommes et auxfemmes de notre pays. (…)Ecrire un texte collectif, untexte politique est toujoursun exercice difficile auquelon se livre avec retenue caron sait la subjectivité dechacun face aux mots. » Af-

faire de style, donc, et sur-tout œuvre politique. « Nousavons été mandatés pourpousser la discussion surl’analyse que nous portonsdu monde et de la situationpolitique et pour déciderd’orientations politiques. »Sur la crise, le projet, lemonde, la politique, « lescommunistes ont beaucoupde choses à dire » : plus de1 500 amendements et vœux.La commission du texte en atenu compte mais avec ladouble exigence : compléterle propos ET être concis. Carl’objet principal « est denous donner une feuille deroute politique, c’est un

texte de sens », non un pro-gramme.La commission a proposéquelques mises à jour, sur lacrise, l’industrie, la cam-pagne du Front de gauche surl’alternative à l’austérité ;elle a enrichi le passage surles enjeux écologiques, surla démocratie locale et la dé-centralisation, sur la paix etla situation internationale.Comment nommer notre pro-jet ? s’interroge le rappor-teur. Il est « une formule quicommence à être entendue,celle d’un communisme denouvelle génération ». Sur leFront de gauche, Pierre Dhar-réville a fait état « d’une vo-

lonté farouche de poursuivreet développer le Front degauche et surtout pas d’yaller avec le frein à main »et d’un besoin de lieu dedébat et de constructionavec « la coopérative ci-toyenne ».Secondé par une présidencetournante très réactive, lerapporteur invita le Congrèsà se livrer à l’exercice démo-cratique de la relecture, dela discussion d’ajouts puisdu vote systématique, para-graphe par paragraphe. Cetravail s’opéra sur un rythmesoutenu, l’assemblée votantune bonne trentaine de fois.Et le rapport de forces don-

nait assez systématique-ment plus ou moins 500votes pour, plus ou moins 50votes contre. Sur la plupartdes problématiques (la crise,l’écologie, la démocratie lo-cale, l’international), ont eudroit à des débats tran-quilles, la discussion s’étof-fant à deux reprises : sur latransition énergétique - et laquestion du nucléaire, le be-soin d’engager en grand ledébat public étant très fort ;sur l’engagement d’une nou-velle étape du Front degauche, l’échange était at-tendu. « Nous construisonsde l’inédit, nota Pierre Lau-rent, on invente une forme

politique qui a connu une vé-ritable explosion citoyenneen 2012. Or il ne s’agit pasde réussir une fois mais d’enfaire une démarche durable,construire un mouvementpopulaire puissant. C’est uneambition politique inéditequi demande beaucoup d’au-dace. Il s’agit tout à la foisd’être fermes sur les objec-tifs et d’avoir la passion derassembler. » Le vote final sur l’ensembledu texte a donné : 554 pour,74 contre, 21 abstentions,2 ne se prononcent pas.µ

G.S.

Débats sur l’Humanifeste

Fermeté des objectifs et passion de rassembler

Nous voulons changer le monde ! Et lachose ne peut plus attendre. Les appren-tis sorciers du capitalisme ne parvien-

nent plus à faire face à leur propre crise et lesprétendues solutions qu’ils mettent en œuvrerevêtent un caractère de plus en plus brutal etautoritaire. Nous voulons vivre à pleins pou-mons, quand la violence de la société nouspoursuit un peu partout jusqu’à l’asphyxie.Un choix radical est devenu inévitable : suivrela pente de la compétition sauvage, du saccagede la planète, de la barbarie ; ou bifurquer surle chemin du partage, de la démocratie et del’humain. Quelle humanité voulons-nous être ?Notre parti pris est celui de l’émancipation hu-maine, celui de l’épanouissement de chacune etde chacun, celui du droit au bonheur. Cela nousconduit à promouvoir l’égale dignité de chaqueêtre humain, quelle que soit l’étoile sous la-quelle il est né, quel que soit son genre, quelleque soit la couleur de sa peau, quelle que soitsa religion s’il en a une, quelle que soit sonorientation sexuelle…C’est ce qui donne sens à notre projet de so-ciété, à notre vision du communisme et à la ma-nière dont nous voulons le faire avancer : avectoutes et tous. Cela n’est pas compatible avecl’austérité dévastatrice qui est la cause et laconséquence de la crise profonde du systèmelui-même. Cela n’est pas compatible avec lesplans du capitalisme qui bâtit une société de laconcurrence de tous contre tous, où se déchaî-nent les pulsions de domination et de haine.Le capitalisme a atteint un stade sans précé-dent historique de sa crise. Le XXIe siècle peutêtre celui de son dépassement. C’est un im-

mense défi. Nous pensons possible de le rele-ver.Nous, communistes de France, lançons un appelau peuple de notre pays, aux peuples d’Europeet du monde. Allons-nous laisser écrire la suitede l’histoire par la main de celles et ceux quinous ont mené au désastre ? Aucun des obsta-cles qu’ils dressent n’est insurmontable. Faceaux urgences comme face aux grands enjeux,ne laissons pas notre destin se décider sansnous, au gré des humeurs du marché. Ensem-ble, soyons actrices et acteurs, décideurs etdécideuses de l’avenir de l’humanité.

I.-FACE À LA CRISE, LE CHOIX RADICAL DE L’HUMAIN1. Nous voulons un nouveau mondeIl y a un nouveau monde à gagner. Un nouveaumonde pour l’humanité. C’est cette convictionrenouvelée qui nous rassemble. En quelquesdécennies, nous avons changé d’époque. Cer-tains s’entêteront à vouloir classer notre rêveet nos ambitions au chapitre des illusions. Ilsne veulent pas voir qu’une puissante aspira-tion au changement travaille l’humanité en soncœur.

Prendre confianceEn proie à la crise majeure qu’il a provoquée,le capitalisme, aujourd’hui mondialisé, n’enfinit pas de convulser, épuisant la planète etétouffant l’humanité. C’est pourquoi ses pro-moteurs sont à son chevet pour essayer de lesauver, en même temps que leurs immensesprivilèges acquis contre l’intérêt de l’immensemajorité.

D’un côté, beaucoup a déjà changé, par la miseen cause de la domination occidentale etl’émergence d’un monde beaucoup plus contra-dictoire, par les bouleversements des modesde vie et de production liés en particulier à larévolution numérique et informationnelle, oupar l’essor de la prise de conscience écolo-gique… D’un autre côté, rien ne change vrai-ment ; tout est capté, puis digéré, pour alimen-ter la même fuite éperdue vers nulle part.Dans leurs vies quotidiennes, des millions defemmes et d’hommes n’en peuvent plus. Dansnotre pays, le chômage de masse continue degagner du terrain, un nombre croissant de tra-vailleurs souffrent des bas salaires, la préca-rité devient la norme particulièrement pour lesfemmes et les jeunes salarié-e-s, de plus enplus de retraité-e-s sont en butte à la pau-vreté, trop d’étudiant-e-s s’endettent et cher-chent des petits boulots pour financer leur for-mation, la santé devient un produit de luxe, lesquartiers populaires concentrent tous les ef-fets de la crise, de nombreux territoires rurauxsont laissés à l’abandon, le travail est de plusen plus vécu comme un traumatisme, la vie estde plus en plus chère, les minima sociaux nesuffisent pas à boucler les fins de mois, la vio-lence monte dans toute la société… Tout celaalimente le sentiment d’impuissance savam-ment distillé dans les consciences.Mais rien n’est écrit d’avance : le destin de l’hu-manité est entre ses propres mains. Il esttemps, de par le monde, que les citoyennes etles citoyens reprennent confiance en leur pou-voir.

L’issue : rompre avec le capitalismeRompre avec le capitalisme en le dépassant estune urgente nécessité. La brutalité avec la-quelle la crise est en train de précipiter l’hu-manité vers des abîmes exige la mise en œuvrede solutions nouvelles qui s’attaquent auxcauses réelles. La domination insensée desforces de l’argent doit être renversée pour lais-ser place à un mode de développement humaindurable, au partage des avoirs, des savoirs etdes pouvoirs.A celles et ceux qui parlent de moraliser le ca-pitalisme pour mieux le conserver, nous disonsque l’entreprise est vaine et que la manœuvrene prend pas. L’argent n’a pas de conscience. Lecapitalisme est incapable d’offrir une autreperspective que l’asservissement de l’immensemajorité des êtres humains.A celles et ceux qui en appellent à la mesure etproposent de réguler le capitalisme, nous di-sons que c’est un objectif illusoire. Sans la vo-lonté de prendre le pouvoir aux marchés finan-ciers et aux grands possédants, l’expérience amontré qu’il n’y a aucun résultat signifiant. Il ya une contradiction de plus en plus insoutena-ble entre le capitalisme et le progrès social,entre le capitalisme et la démocratie, entre lecapitalisme et le développement culturel, entrele capitalisme et l’écologie, entre le capitalismeet la paix.C’est pourquoi nous parlons de révolution. Unerévolution sociale, citoyenne, pacifique, démo-cratique, et non pas la prise de pouvoir d’uneminorité. Un processus de changement crédi-ble et ambitieux, visant à rompre avec les lo-giques du système. C’est pourquoi nous par-

« Il est grand temps de rallumer les étoiles…  » Guillaume Apollinaire

Humanifeste du Parti communiste françaisà l’aube du siècle qui vient

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36e Congrès du PCF

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lons de communisme, un communisme de nou-velle génération.

2. De la crise du capitalisme à la crise de civilisationLa crise, avec ses accalmies et ses soubresauts,les peuples du monde la subissent depuis unequarantaine d’années. Elle connaît aujourd’huiune aggravation inédite. Chaque jour s’appro-fondissent ses dégâts, jusqu’à remettre encause les fondements de la civilisation. Le ca-pitalisme est intrinsèquement fondé sur l’ex-ploitation, le développement des inégalités etla loi de l’argent pour l’argent. C’est pourquoi ilproduit des crises à répétition. Ses défenseursle présentent comme le seul système possible.Il n’est pourtant qu’un moment de l’histoire etle produit de choix humains. Il est aujourd’huien crise systémique.

La crise financière provoque l’explosion socialeet économiqueEn 2007, s’est déclenchée la plus grave crise fi-nancière depuis l’entre-deux-guerres, suiviedeux ans plus tard, de la première récessionmondiale depuis 1945.Les véritables causes de cette crise majeurese trouvent dans la domination des forces dela finance. Les exigences de rentabilité descapitaux écrasent l’économie réelle et impo-sent au monde du travail de multiples et in-supportables saignées.Au cœur des emballements actuels se trouve unantagonisme fondamental : le capital utilise lesimmenses possibilités de la révolution numé-rique et informationnelle pour nourrir son ob-session de faire de l’argent pour l’argent. Celaentraîne un chômage de plus en plus massif,ainsi que l’accroissement des revenus du capi-tal au détriment des revenus du travail. Résul-tat : la productivité augmente mais pas les dé-bouchés. Cette situation conduit inexorable-ment au développement d’une concurrence deplus en plus déchaînée, d’une exploitation dessalarié-e-s de plus en plus forcenée.Ce développement spasmodique s’est construitpendant plusieurs décennies sur le surendet-tement généralisé… qui a fini par exploser avecla crise des subprimes aux États-Unis. Lesforces de la finance se sont alors plus que ja-mais comportées comme une nuée de criquets.Pour éviter l’embrasement, de gigantesques li-quidités ont été déversées par les pouvoirs pu-blics et englouties dans la même logique. Cesont les peuples qui continuent d’en payer leprix par le recul continuel des droits sociaux,des services publics et du pouvoir d’achat : dequoi accentuer encore l’endettement, la fai-blesse de la croissance et la relance de la spé-culation ravageuse. Une spirale infernale.Ces enchaînements font particulièrement sen-tir leurs conséquences en Europe, au point demenacer la reprise mondiale. En Grèce, il a étéimposé au peuple une injustifiable cure d’aus-térité, plongeant dans la misère et l’incertitudeune large part de la population pour préserverles intérêts de la classe dominante. Partout, laréduction drastique des dépenses publiques aété mise à l’ordre du jour pour nourrir plus en-core le monstre insatiable de la finance.La fameuse « crise de la dette », pour laquelleun audit citoyen est nécessaire, provient sur-tout de l’insuffisance des recettes publiques etsociales, de la fraude fiscale, des détourne-ments dans les paradis fiscaux, du coût des in-térêts versés aux banques sur les marchés fi-nanciers, de leur sauvetage et plus encore del’appauvrissement généralisé de nos sociétés,vampirisées par les forces de la finance. Et le

comble, c’est que cette spirale du déclin est uti-lisée par celles et ceux qui la causent pour cul-pabiliser les salarié-e-s et les populations, jus-tifier les privatisations, revenir sur un maxi-mum de conquêtes sociales et démocratiqueset leur imposer l’austérité.Avec l’appui d’une pensée technocratique auto-ritaire, les peuples européens ont été sommésde se soumettre et d’abandonner toujours plusde leur souveraineté. Les forces financières etleurs relais ont défendu bec et ongles l’inter-diction faite à la Banque centrale européennede créer de la monnaie, afin de se servir del’euro pour sécuriser leurs créances. Ainsi, aulieu d’alléger le poids des dettes des États etd’engager des réponses publiques face à la si-tuation, ce sont donc les banques, sans cesserenflouées, qui sont encouragées à poursuivreleur œuvre sans rien changer. Et la crise sepoursuit et s’accentue…Ailleurs, le Fonds monétaire international et laBanque mondiale, avec l’appui de l’OMC, se fontles instruments de la domination absolue desmarchés financiers et s’attachent à leur faireplace nette en conditionnant chacune de leursinterventions à des régressions sociales.Dans les pays émergents, où l’industrialisationdemeure toujours dominée par les multinatio-nales, la croissance s’est réalisée à marche for-cée. Provoquant un exode rural massif, elles’est souvent construite sur la base de condi-tions de travail dignes de celles qu’avaient puconnaître les ouvriers européens du XIX

esiè-

cle. Dans de nombreuses régions du globe, lamisère a continué d’être le lot commun tandisque s’implantaient des paradis touristiques ré-servés à une minorité. D’immenses vaguesd’expropriation des peuples de leurs terres etde leurs droits se poursuivent.L’ensemble de ces profonds bouleversementsse développe sur la base d’une mise en concur-rence exacerbée, d’inégalités insupportables,et d’un gaspillage incroyable d’outils, de sa-voir-faire et de ressources naturelles.

Une crise écologique croissanteLa crise économique et sociale se mêle à unecrise écologique croissante. Car la course ef-frénée au profit se nourrit également sans ver-gogne de la spoliation permanente des res-sources naturelles.La pollution des océans, des rivières et desfleuves provoque la disparition de nombreusesespèces de la flore et de la faune aquatique. Ladéforestation par la surexploitation ou encorele recul des services publics forestiers condui-sent à la disparition des forêts. L’étalement ur-bain détruit des terres agricoles et des milieuxnaturels indispensables à la biodiversité, ilfragmente le littoral. Des pratiques agricoleset d’élevage, industrielles ou minières dictéespar le profit et encouragées par des puissantslobbies dégradent la biodiversité (dégradationdes ressources en eau, raréfaction des insectespollinisateurs…), appauvrissent les terres,sous-sols et paysages. Avec la préparation dela nouvelle PAC (2014-2020), nous sommes à untournant de l’histoire. Soit l’Europe cède à laconcurrence libre et non faussée, soit elle com-prend l’enjeu d’une politique volontaire d’ap-pui à un maillage dense d’exploitations fami-liales sur les territoires, en favorisant la qua-lité et la diversité des produits, larelocalisation des productions, la régulationdes marchés et du foncier.Même habillé de vert, le capitalisme se moquede la planète : les lobbies de la climato-écono-mie libérale se repaissent allègrement des ca-tastrophes environnementales, en faisant du

profit sur les exigences de développement du-rable.Malgré de nombreuses alertes, dont celles dela FAO, la spéculation sur le marché alimentairemondial, soutenue par l’OMC, a entraîné le dé-veloppement de cultures (dont celles destinéesà produire des agrocarburants) qui privent unepartie de la population mondiale de denrées depremière nécessité. Les images insupportablesd’enfants se nourrissant de galettes de boue,tandis que les spéculateurs continuaient impu-nément leurs basses œuvres sont restées gra-vées dans nos mémoires. Pouvons-nous accep-ter d’être réduits à l’impuissance ?Enfin, le réchauffement climatique tient uneplace de premier rang dans l’ordre des défis àsurmonter. Si les pays occidentaux, en particu-lier, ne se décident pas à agir, nous pourrions,selon les données scientifiques les plus ré-centes, voir une augmentation de 4 à 6 °C de latempérature planétaire d’ici la fin du siècle,avec des conséquences dramatiques. La forcedes tempêtes et des inondations est le pendantde la sécheresse et de la désertification. Lafonte des glaciers et la hausse des tempéra-tures superficielles des océans engendrentl’élévation du niveau des mers, entraînant desdéplacements forcés de populations, et créantainsi une nouvelle catégorie de migrants : lesréfugiés climatiques… La réduction des émis-sions de carbone, qui sont à l’origine de l’effetde serre, est donc une absolue nécessité pla-nétaire, afin de préserver la qualité de l’air.Comment accepter, du sommet de la Terre de Rioà la conférence de Copenhague, que des déci-sions de cette importance aient pu être remisesen cause pour satisfaire des intérêts finan-ciers ? La France accueillera en 2015 la confé-rence internationale pour le climat de l’ONU.Nous proposons que s’organise, avec toutes lesforces politiques, sociales et associatives dis-ponibles, en France, en Europe et avec les paysen développement, une grande campagne ci-toyenne internationale pour sortir les États del’inaction. Le retard qui s’accumule est grave-ment préjudiciable au devenir de l’humanité.La crise écologique ne saurait servir de pré-texte à une super-austérité. Elle doit aucontraire conduire à des choix collectifs et rai-sonnés pour un nouveau type de croissance etde développement, alliant satisfaction des be-soins humains et protection de la planète. Lacrise écologique est un défi fondamental quiporte en lui une nécessité nouvelle de créati-vité pour les forces de progrès. Déjà, des luttesquotidiennes dénoncent la responsabilité despuissances financières dans la catastropheécologique en gestation. Elles démontrent lespotentiels de mobilisation liés à la prise deconscience écologique.  La révolution écolo-gique appelle la révolution sociale.

La démocratie réduite à un théâtre d’ombresDevant la pression du pouvoir considérable ac-quis par les marchés financiers, nous sommesentrés dans un cycle de régression démocra-tique. La capacité d’intervention des peuples aété rognée en permanence jusqu’à être canton-née à la marge des grandes orientations qui ré-gissent les sociétés, tandis que la puissancepublique a été de plus en plus accaparée au ser-vice des marchés financiers. A tous les niveauxa été organisé le dessaisissement progressifdes citoyennes et des citoyens de leur pouvoir.Pour donner le change, on a ainsi inventé leconcept particulièrement pervers de gouver-nance, véhiculant l’idée que la conduite poli-tique devait se contenter de compétences d’ex-perts désignés. Par une série de coups d’État

déguisés, une petite oligarchie, relayée par sesinnombrables lobbies et des médias de massetenus sous sa coupe a pris le pouvoir de façoninsidieuse, maintenant les apparences de la dé-mocratie. Ainsi, plus les changements néces-saires paraissent immenses, moins l’action po-litique paraît être porteuse de solutions.Toute une partie de la population est de plus enplus tenue à l’écart des lieux de pouvoir et ab-sente des dynamiques qui se cherchent. Lacasse de la démocratie locale et la mise enconcurrence des territoires participent d’unelogique souhaitée par les marchés financiersafin d’aménager l’espace en fonction de leursintérêts.Présentée à l’origine comme l’Acte III de la dé-centralisation, la réforme territoriale s’engagesans abroger fondamentalement celle qui futimposée par N. Sarkozy en décembre 2011.Elle va se conjuguer avec des budgets d’austé-rité drastiques plombant l’avenir des collecti-vités et des services publics territoriaux.Si elle n’était pas considérablement infléchie,elle tendrait à hiérarchiser les différents ni-veaux et à vider les départements et les com-munes de leur capacité d’initiative. Le choix derecentraliser nombre de compétences localesessentielles dans des métropoles formaliséesen « super-collectivités » tourne le dos auxcoopérations volontaires et aux projets métro-politains partagés.A tous les niveaux, des résistances et des al-ternatives se développent.

Des crises internationales à répétitionDepuis le bouleversement géopolitique lié à lachute du mur de Berlin et à la mondialisationcapitaliste, des crises internationales majeuress’enchaînent dans un monde présenté commeirrémédiablement instable et dangereux. Lesréponses militaires et les stratégies de puis-sance seraient, nous dit-on, les seules possi-bles. Les dépenses liées à la guerre pèsentlourd dans les budgets publics.Au Mali, la déliquescence de l’État, l’activité desbandes islamistes armées sont le fruit d’unecrise profonde, exacerbée par la guerre del’OTAN en Libye, aggravée d’année en année,sous la pression des pratiques de la França-frique et des politiques d’ajustement structurelnéo-libéral sous contrainte du FMI. L’interven-tion militaire de la France traduit cette impassemajeure des politiques de domination et deprédation.Nous comprenons le soulagement des Maliensqui devaient subir l’agression des bandes dji-hadistes armées. Il n’y a pas de solution mili-taire à cette grave déstabilisation qui menacele Sahel et d’autres pays en Afrique. Il faut ré-pondre aux attentes des peuples, aux exigencesdu développement humain dans toutes ses di-mensions, aux besoins de véritables coopéra-tions internationales. C’est un grand défi pourla période qui s’ouvre : comment sortir enfin dunéo-colonialisme en Afrique et contribuer à cetenjeu formidable de la paix et du développe-ment pour tout ce continent.En Irak, en Afghanistan, en Libye… des logiquesde guerre, au nom de prétendues valeurs occi-dentales, n’ont cessé d’exacerber les tensions,d’étendre les instabilités, d’aggraver les crises.Cette escalade sans issue, dans le mépris desdroits des peuples et l’instrumentalisation del’ONU, est le fruit d’un impérialisme dont la vo-lonté de prédation est à l’œuvre partout où desintérêts stratégiques sont en jeu. Les grandespuissances impérialistes, les multinationalesrivalisent pour s’approprier les richesses na-turelles au détriment des populations locales.

HUMANIFESTE

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36e Congrès du PCF HUMANIFESTECes comportements engendrent des situationsde tension et de conflit dévastatrices.Les tensions et les violences qui caractérisentle monde d’aujourd’hui, dans sa complexité,s’enracinent en particulier là où le sentimentexiste que la politique des États-Unis, des paysde l’Union européenne, de l’OTAN… bafoue ladignité, la souveraineté des peuples.Le non respect des droits du peuple palestinien,la succession de guerres, le soutien à des dic-tatures, les politiques néolibérales imposéespar le FMI et l’Union européenne… Tout cela n’acessé d’alimenter un rejet profond de la domi-nation occidentale, favorisant la montée desintégrismes mais fournissant également desmotifs de révolte et de mobilisations popu-laires massives.

L’humanité en panne de sensLa conjugaison de ces crises finit par plongerl’humanité dans une véritable crise de civilisa-tion. Une crise du sens et de l’imaginaire. Unecrise existentielle qui interroge les rapportsentre les êtres humains et leurs rapports à lanature.Le capitalisme est venu exacerber toutes lesdominations existantes, à commencer par lepatriarcat. Prospérant sur la concurrence et lapeur de l’autre, il a sapé les fondements duvivre ensemble. Les savoirs et leur diffusionont été placés au service de la rentabilité fi-nancière, et les êtres humains empêchés d’ac-quérir une maîtrise critique des connaissanceset une culture commune. La marchandisation detout jusqu’au corps humain, la guerre de touscontre tous et l’explosion des inégalités, la do-mestication de la culture et de l’éducation sesont abattues sur les peuples. Les grandespuissances se sont attelées à fournir des mo-tifs de justification à leurs guerres néo-colo-niales.Dans une humanité déboussolée, les résis-tances à cet ordre mondial insupportable sesont exprimées de façon contradictoire. Lathéorie du choc des civilisations, mise en pra-tique par des responsables politiques peu scru-puleux, pour servir les intérêts de leur cause, aservi de justification au terrorisme et auxaventures guerrières prétendant le combattre.Elle a fait grandir des affrontements dangereuxet sans issue à l’échelle planétaire. Le terro-risme, qui pousse sur le terreau de la domina-tion des peuples, est devenu le nouvel ennemipublic.Dans ce contexte, le peu de prix accordé auxvies humaines constitue un traumatisme sé-rieux. L’humanité se cherche. Elle ne trouveraréponse à ses questions que dans la quête com-mune de sens, que dans la mise en œuvre d’unprojet commun, que dans la fin des logiques depuissance et de prédation.

3. Un nouvel âge de la lutte des classes dans une humanité fragmentéeAu cœur de ces difficultés les résistances et lacréativité des hommes et des femmes peuventouvrir de nouveaux horizons. C’est ainsi quepourra se reconstruire une civilisation nouvellede femmes et d’hommes, riches d’influencesculturelles différentes, mais fondamentale-ment libres, égaux et associés.Pour une nouvelle conscience de classeLa lutte des classes avait disparu. C’était unevue de l’esprit, un fantôme du passé quequelques individus inadaptés aux exigences dela modernité cherchaient à réveiller. Chacunétait seul responsable de la situation dans la-quelle il se trouvait. Voilà le discours hypnoti-sant qui nous a été servi des années durant. Et

pourtant, jamais il n’y a eu de pause dans cetaffrontement. Au cœur d’une société éclatée,où les conséquences de la crise frappent toutesles catégories de salariés et les couches lesplus diverses de la population, les bases exis-tent d’une convergence essentielle pour desluttes qui combattent les gestions ultralibé-rales et s’attaquent aux racines de la crise.La crise a commencé à faire tomber le masque,de par la violence de la tentative d’écrasementque mène la classe dominante. Nous avons vudéfiler les marchés financiers et leur course àla compétitivité, les actionnaires et leurs divi-dendes, les banquiers et leurs escroqueries, lesgrands patrons et leur « héroïsme  »... Nousavons entendu que «  la guerre des classesexiste » et que c’est leur classe, « celle desriches » qui est en train de la gagner.Pour que l’immense majorité, les « 99 % »,puisse faire valoir ses droits au changement,nous voulons qu’émerge une nouvelleconscience de classe, qui rassemblerait lemonde du travail et de la création. Il est grandtemps que se retrouvent tous ceux et celles,épris de justice, de paix et d’humanité, dontl’intérêt est d’unir leurs énergies pour ne pluslaisser quelques profiteurs décider à leur place.Il faut pour cela faire grandir une alternativecommune. Nous bataillerons pour faire échec àla division du salariat, et à la division sexuéedu travail qui se fait au détriment des femmes.Ainsi, nous combattrons le fameux concept de« classe moyenne », modelé pour faire croire àtoute une partie de la population qu’elle pourras’en sortir mieux que les autres « parce qu’ellele vaut bien ». De même nous ne laisserons pass’installer plus avant le terme pernicieux d’as-sistanat pour décrire le devoir qu’a la sociétéde relever celles et ceux qui sont dans la diffi-culté et de les accompagner.

Des femmes et des hommes décidés à gagnerProfiteurs contre producteurs. Finance contretravail. Comment peut-on, dans ce contexte,appeler à partager les efforts et proposer lematch nul ? Les appels du gouvernement fran-çais à rechercher un « compromis historique »entre le patronat et les syndicats pour un« choc de compétitivité » sont inacceptables. Ils’agit d’une nouvelle tentative de « baisser lecoût du travail », d’accentuer l’individualisa-tion de la relation de travail, de démanteler lecode du travail et d’imposer la flexibilité. Cetteoffensive n’a d’autre but que d’asservir plus en-core les salarié-e-s, comme si les régressionsde ces dernières années n’avaient pas suffi. Lepatronat a fait le choix de la désindustrialisa-tion, de la délocalisation, de la spéculation, del’abandon de la recherche-développement et dela formation, de la mise en concurrence des sa-larié-e-s entre eux, l’organisation aliénante dutravail, par le chômage et la précarité… Il vou-drait encore doubler la facture. S’il faut un choc,c’est pour baisser le coût du capital et non larémunération du travail ; c’est pour baisser lescharges financières et non pas les cotisationssociales ; c’est pour en finir avec la précarisa-tion et non pas pour l’augmenter ! Voilà les is-sues à la crise !Les menaces de fermeture de site d’Arcelor àFlorange, de PSA à Aulnay, de Goodyear àAmiens, Pétroplus en Haute-Normandie ou en-core les suppressions d’emplois programméespar Renault amorcent une nouvelle étape de ladésindustrialisation. L’attitude du gouverne-ment, qui alterne les grandes déclarations sui-vies de désillusions, et les propos complaisantsvisant à faire accepter les décisions des action-naires est inacceptable. L’accord portant pré-

tendument sur la sécurisation de l’emploi,signé sous haute pression gouvernementale,avec l’aval d’une partie des organisations syn-dicales minoritaires, vient encore faciliter lesfermetures de sites, les plans sociaux et autreschantages patronaux en baissant ce qu’ils ap-pellent le coût du travail, en précarisant les sa-lariés et en facilitant les licenciements. Nousappelons le gouvernement à changer de cap ;nous appelons toute la gauche à refuser lacasse industrielle.Face aux offensives brutales d’actionnaires in-satiables, nombre de salarié-e-s, avec leurs or-ganisations, ont cherché à établir des résis-tances solides. Dénonçant le mépris et l’inco-hérence, ils ont mis sur la table des projetsalternatifs crédibles. Malgré les atteintes audroit de grève, malgré la criminalisation del’action syndicale, malgré les chantages, mal-gré l’abandon des pouvoirs publics, des luttesont grandi, dont certaines ont pu ouvrir desbrèches. Ces hommes et ces femmes, atteintsdans leur dignité, défenseurs d’eux-mêmes au-tant que de l’intérêt général bafoué, tiennenttête aux puissants. Parmi eux, il y a ces ou-vrières et ces ouvriers que les médias ont long-temps ignorés, caricaturés et dont ils ont mêmedécrété la disparition. C’est de leur côté que setrouvent les solutions.Dans ces luttes, les femmes prennent très lar-gement leur place, affrontant au passage undouble mépris, l’exploitation capitaliste et ladomination patriarcale, tandis que chaque me-sure de régression adoptée les frappe plus du-rement du seul fait d’être femme. Nous savonsque le capitalisme se nourrit de toutes les op-pressions, mais nous savons aussi que la do-mination patriarcale existe en soi. C’est pour-quoi il est toujours d’actualité d’exiger l’éga-lité. Mais si le capitalisme se nourrit de cetteoppression, nous savons qu’elle n’a pas besoinde lui pour exister. Pourquoi faut-il encore au-jourd’hui mener la bataille pour le droit à dis-poser de son corps et contre les violencesfaites aux femmes ? Combien sont tuées ou vio-lentées ? Combien, de par le monde, sont trai-tées comme des mineures, sans droits ? Com-bien sont contraintes d’obéir, de se cacher, dese soumettre? De la même manière, on expliquepourtant aux hommes et aux femmes que le fé-minisme est un combat dépassé, balayant d’unrevers de main les inégalités persistantes, lepatriarcat encore vivace. Ce combat contre ladomination et pour l’égalité doit se faire plusencore le combat de tout le genre humain.

Le grand piège de « l’affrontement identitaire »Racisme, xénophobie, antisémitisme, islamo-phobie, sexisme, homophobie, lesbophobie,transphobie et autres avatars du rejet de l’au-tre n’ont pas attendu la naissance des marchésfinanciers pour sévir. Nous les combattons tousavec vigueur, en tant que tels. Nous savonsaussi que les forces dominantes ont bien com-pris le parti qu’elles pouvaient en tirer : afin dedétourner la colère sur d’autres têtes, elless’attachent à diviser leurs victimes dans desaffrontements qui laissent à l’abri leurs inté-rêts.Pour déclarer l’ouverture de la chasse auxboucs émissaires, tous les prétextes sont bons.La stigmatisation tous azimuts des jeunes desquartiers populaires, des agents de la fonctionpublique, des grévistes, ou encore des chô-meurs et des pauvres établit une liste de pré-tendus profiteurs du système, en même tempsque le portrait robot du prétendu méritant ver-tueux qui serait lésé par leur seule existence.Dès lors, lutter contre toutes les dominations,

travailler à gagner l’unité et la solidarité contreles divisions, c’est façonner cette nouvelleconscience de classe que nous recherchons.C’est plus que jamais une urgence.En effet, à partir de l’insécurité sociale latente,tout est fait pour que l’être humain se senteplongé dans un climat d’insécurité existen-tielle, au point de se vivre comme un individuassiégé de toutes parts. Assiégé dans son êtremême, dans son identité… Le pas suivant estvite franchi. Ainsi donc, le tranquille autoch-tone, serait seul face aux barbaresques mena-çants. Il s’agirait donc pour lui de s’unir avecses semblables face à l’ennemi désigné, accuséde « racisme anti-blancs ». Les mêmes qui cri-tiquent le communautarisme l’installent de fait,dans une dimension profondément conflic-tuelle, allant jusqu’à usurper et dévoyer leprincipe républicain de laïcité.Le déplacement du conflit social sur le terrainidentitaire et communautariste est lié à l’héri-tage complexe et encore pesant d’une histoirenationale marquée par le fait colonial et relèved’une stratégie visant à fractionner les couchespopulaires et à masquer l’aggravation des iné-galités sociales. C’est ce que l’on appelle l’eth-nicisation des rapports sociaux, et c’est, dansle monde d’aujourd’hui, une arme de divisionmassive.S’appuyant sur la théorie du choc des civilisa-tions, la diabolisation insupportable de l’islamet des musulmans, amalgamés en permanenceà des étrangers intégristes et à des terroristesen puissance, a une fonction particulière dansce dispositif. Voilà ainsi campé le personnagede l’étranger par excellence, celui qu’on incri-mine et contre qui l’on veut fédérer. A partir delà peuvent se déployer toutes les peurs, toutesles haines et toutes les jalousies, comme on levoit aussi particulièrement à l’endroit desRoms ou des sans-papiers. Comme on le voitégalement à travers l’islamophobie et la résur-gence de l’antisémitisme. Le développementd’un nouveau type de racisme, de plus en plusdécomplexé, ne saurait être compris sans me-surer la portée de cette offensive menée par ladroite et l’extrême droite. Elle est susceptibled’alimenter bien des tensions au sein des peu-ples comme au plan international. En mettantcet affrontement identitaire à l’ordre du jour,elle porte un grand danger de notre temps.Communistes, nous affirmons l’inexistence desraces, prônons l’universalisme et l’égalité detous les êtres humains. Nous concevons la di-versité des cultures, des héritages, comme unerichesse et le patrimoine de toute l’humanité.Combattants contre toutes les aliénations,nous refusons les assignations identitaires im-posées aux individus. Comme beaucoupd’hommes et de femmes, nous ne reconnaissonspas la richesse de l’humanité dans ces identitésétriquées, fantasmées, artificielles. La ques-tion est bonne : homme, femme, qui es-tu ? Maisla réponse ne peut consister à s’enfermer dansdes cases pour se rassurer et se protéger.L’être humain est un être social, un être de re-lations, un être de culture. L’être humain est unproducteur. Un être en chemin et en devenir.Chacune, chacun, nous sommes des humainsuniques et complexes, d’influences et d’appar-tenances multiples. Ensemble, nous sommesl’humanité.Que dire, alors, de la nation ? Nous en portonsune conception qui se situe aux antipodes de lavision identitaire et ethno-culturelle qui teinteles discours de la droite, sous l’influence de sonextrême. La nation est pour nous un lieu essen-tiel du faire peuple et de l’exercice de la démo-cratie. Un lieu essentiel de l’internationalisme.

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36e Congrès du PCF HUMANIFESTELa nation française elle-même s’est forgée dansla Révolution. Elle peut être fière de sa diver-sité régionale, en particulier linguistique. Elles’est construite de multiples apports migra-toires. Elle est habitée d’une culture ouverte eten mouvement dont le monde a besoin. Aumême titre qu’il a besoin de l’apport des autresnations de l’Europe et du monde. Depuis l’aubede notre histoire, les échanges entre les peu-ples nourrissent les représentations qu’ils sefont d’eux-mêmes, leurs cultures communes etleurs façons de vivre. Partout, au cœur de la viequotidienne dans les villes du monde, c’est celaqui se poursuit.C’est pourquoi, l’idéologie xénophobe du natio-nalisme est une dangereuse fumisterie.Convaincus qu’il est vain d’enfermer toute ten-tative de changement dans la seule nation,nous proposons d’en refonder le principe pourreconstruire de l’unité sur les valeurs de li-berté, d’égalité et de fraternité. Dans le mêmemouvement, il sera possible d’inscrire cette re-fondation dans une quête de mondialité. C’est-à-dire un processus permanent d’humanisationde l’humanité capable de bousculer la mondia-lisation capitaliste et d’opposer aux affronte-ments identitaires la force d’un monde inter-culturel. De tous les pays, unissons-nous.

4. L’ouverture de nouveaux champs du possible

Quand les peuples se mettent en mouvementPartout dans le monde, des mouvements popu-laires se développent qui en attestent : l’huma-nité cherche des issues. En effet, comment nepas trouver dans le mouvement d’occupation deWall Street, le temple du capitalisme mondia-lisé, le signe éloquent d’un système en pertede légitimité ?Dans les pays d’Europe, les peuples résistentet manifestent leur profond rejet de l’austérité.Des forces politiques comme Syriza en Grèce oule Front de gauche en France, opposées auxorientations européennes actuelles, commen-cent à gagner une place politique nouvelle.Sans oublier les « Indignés », qui portent uneforte contestation du système.En Amérique latine, dans la diversité des his-toires nationales, des forces politiques ont étéportées au pouvoir pour s’opposer au pillageimpérialiste de leurs richesses et de leur tra-vail, pour fonder de nouvelles coopérations etsolidarités, y compris avec Cuba, victime d’unblocus inacceptable. Il s’y mène des politiquesnouvelles où l’on cherche des façons de rendreau peuple les droits qui sont les siens. Ces ex-périences nous intéressent, elles nourrissentnos espoirs, elles participent à rendre partoutle changement possible. Nous en sommes plei-nement solidaires.Le Printemps arabe, s’il a débouché sur des si-tuations contrastées, ne saurait être interprétéautrement que comme une éruption trop long-temps contenue, d’aspirations profondes à deschangements dans la vie quotidienne et dans lavie démocratique des peuples. Le monde araben’en pouvait plus de cette domination néo-colo-niale dont la misère, la famine et la privationde libertés étaient le prix. Au cœur de ces mou-vements, les aspirations démocratiques et pro-gressistes doivent prendre le dessus. Nous de-vons soutenir ces forces en ce sens.Dans notre pays, enfin, se lèvent dans de nom-breux champs de la société des mouvements delutte qui portent des revendications et des pro-positions concrètes. C’est de là que naîtra lechangement.Nous souhaitons que se libèrent toutes cesforces qui veulent transformer nos sociétés, et

celles qui ne trouvent pas encore à se manifes-ter. Si elles sont encore éparses, s’il leurmanque un projet commun, elles sont porteusesd’un souffle nouveau dont le monde a besoin.

Quand le progrès sert l’humanitéLa révolution numérique et informationnellebouleverse déjà les modes de production etd’échanges, comme les modes de vie. Elle pro-longe l’intelligence humaine et change son rap-port au monde, alors que jusqu’ici les outils,puis les machines de la révolution industrielle,avaient permis simplement de « prolonger lamain », en instituant une séparation multi-sé-culaire entre celles et ceux qui décident etcelles et ceux qui exécutent. Les systèmes au-tomatiques de traitement, de stockage et detransmission de l’information sont autantd’avancées ouvrant des possibilités inéditesque le capital s’efforce de confisquer, avec lesgains de productivité qu’elles génèrent. Ellespeuvent être utilisées pour réduire les libertésindividuelles. Pourtant, elles portent en ellesla possibilité d’une autre civilisation, fondéesur la mise en commun et la coopération plutôtque sur la marchandisation du monde.En tous domaines, les avancées scientifiques,les progrès considérables de la connaissanceet des savoirs, accompagnés de progrès tech-nologiques incessants, couplés à cette révolu-tion peuvent être une chance pour l’humanité.L’organisation du travail, sa conception et saplace dans la vie des êtres humains pourraienten être complètement changées.Contrairement au projet d’une « économie dela connaissance » qui capte la recherche au ser-vice de la rentabilité et vise la refondation dela formation au service de la division du sala-riat, nous voulons nous appuyer sur la placecroissante des savoirs dans la société pourconstruire une culture commune émancipatrice.Déjà, la place croissante des savoirs dans letravail, dans le débat démocratique et dans lavie quotidienne est à l’origine d’aspirationsnouvelles.Sous la crise du capitalisme émergent déjà lesprémisses d’une troisième révolution indus-trielle avec l’impression 3D, les machines auto-réplicatives libres, l’open source hardware, lesmouvements hacker et maker. Ainsi se créentet se développent des lieux de conception et deproximité en réseau, ouverts et gratuits, oùl’on partage savoir et savoir-faire, où l’on créeplutôt qu’on ne consomme, où l’on expérimenteet apprend collectivement, où le producteurn’est plus dépossédé de sa création, tels les FabLab, qui sont les moteurs de ce mouvement.Toutes ces avancées portent en elles des pos-sibilités de mise en commun, de partage et decoopération inédites.

5. Un projet de société fondé sur l’humainAlors, quel projet? Cette question, nous ne sou-haitons pas y répondre seuls. Nous voulons laposer en grand à la société. Nous voulons in-terroger les hommes et les femmes, pour don-ner de l’espace et de l’écho à leurs aspirations.Ouvrons grand les vannes : « Et vous, quelschangements de société voulez-vous ? » Voilàla grande campagne d’échanges citoyens quenous souhaitons lancer dans tout le pays et au-delà.Nous ne saurions nous engager dans une telleinitiative sans décrire nous-mêmes le projet desociété que nous portons. Nous ne le concevonspas comme un modèle prêt-à-porter, mais unecontribution forte dans la quête de l’humanité.Rien de tout cela ne tombe du ciel. Il y a les Lu-mières, la Révolution française et la Commune.

Il y a les anticipations fondamentales issues deMarx, et des penseurs du socialisme, avec unemention particulière dans notre pays pour lacontribution de Jaurès, qui fonda ce journal aunom si emblématique :“ l’Humanité”. Il y a en-suite les enseignements que nous continuonsà tirer des échecs et de l’effondrement des pre-mières tentatives de rupture avec le capita-lisme du XXe siècle se réclamant du socialisme :sans démocratie, respect des libertés et desdroits humains particulièrement, il ne sauraity avoir d’émancipation. Il y a encore les avan-cées produites par les communistes depuis uncertain nombre d’années pour définir d’autreslogiques à mettre en œuvre. Il y a enfin tout cequi se cherche et s’invente dans les luttes et lemouvement des idées pour faire grandir l’alter-native.Notre projet se nourrit de tout cela. Il est enconstruction permanente. Un projet alternatifau capitalisme et à toutes les formes de domi-nation doit permettre la convergence des pen-sées qui leur résistent : celles qui prennent lecontre-pied des politiques libérales sur le plansocial et économique, celles qui renouvellentl’exigence écologique, celles qui vont puiserdans les aspirations libertaires et l’humanisme,celles du féminisme, celles de l’antiracisme,celles de la République face à sa décrépitudeavancée, celle de l’altermondialisme… Il doitégalement se forger dans la vie, comme une ré-ponse aux contradictions dans lesquelles lesfemmes et les hommes se débattent. C’est ceque nous nommons communisme : l’incessantmouvement démocratique d’appropriation ci-toyenne du monde et de partage des avoirs, dessavoirs et des pouvoirs qui enverra aux ou-bliettes l’ancien régime du capitalisme et feragrandir l’humain dans l’humanité.Notre visée est donc celle du communisme,c’est-à-dire une société débarrassée de touteforme d’aliénation, d’exploitation, de domina-tion, de prédation de la planète.

La démocratie comme mode de vieLa démocratie doit être au cœur du vivre ensem-ble, par la reconnaissance d’une souverainetépopulaire pleine et entière comme étant seulelégitime. Aucun pouvoir, fut-il éclairé ou savant,ne saurait s’affranchir du peuple et gouvernersans lui. Nous proposons de démocratiser tousles espaces de la société, en recherchant par-tout à pousser les feux de l’intervention ci-toyenne et de la co-élaboration.- Nous voulons une VIe République, où l’exercicede la démocratie ne consistera pas à abdiquerson pouvoir de citoyenne ou de citoyen. La nou-velle constitution devra être élaborée dans unvaste débat et soumise à un référendum. Danstoutes les institutions, et en premier lieu au ni-veau national, nous voulons rompre avec le pré-sidentialisme, en finir avec le cumul des man-dats en nombre et en durée, favoriser la délibé-ration et l’exercice collectif des responsabilités,instaurer la proportionnelle comme mode descrutin, faire de la parité une règle, ouvrir undroit d’initiative législative populaire et undroit de saisine des institutions. Nous propo-sons également pour faire vivre la démocratieet lutter contre la professionnalisation de la po-litique, la création d’un statut de l’élu-e.Au sein de cette République, nous voulons unevraie démocratie locale, dont les communesdoivent être le cœur battant. Elles devront ydévelopper l’esprit coopératif à chaque fois quenécessaire en faisant respecter l’esprit décen-tralisateur, la souveraineté populaire et l’éga-lité républicaine pour les citoyens de tous lesterritoires. Nous sommes pour une citoyenneté

de résidence et nous défendons le droit de votedes étrangers vivant dans notre pays.Pour prendre le pouvoir, il faut comprendre lemonde. Notre exigence de démocratie rend né-cessaire l’accès de toutes et tous aux savoirs.Nous proposons une véritable démocratie éco-nomique et sociale, qui renforcera le droit dutravail, instaurera l’exercice de nouveauxdroits et pouvoirs pour les salarié-e-s dans lesentreprises et transformera les structures ju-ridiques qui fondent aujourd’hui la propriété ducapital et son pouvoir absolu, en s’appuyant surdes formes diverses de propriété publique etsociale. La citoyenneté ne doit pas s’arrêter à laporte des lieux de travail. Sans attendre, nousvoulons que les salarié-e-s et leurs représen-tant-e-s disposent de droits et pouvoirs d’in-tervention sur les choix qui président à l’orga-nisation du travail, aux investissements, auxstratégies des entreprises et à leur finance-ment. Nous voulons permettre aux organisa-tions syndicales de tenir la place essentiellequi leur revient dans la démocratie sociale. Ilen est de même pour les élus locaux et les élueslocales, de par leur rôle décisif dans l’aménage-ment du territoire.Nous proposons une administration démocra-tisée des services publics et leur expansioncoopérative jusqu’à la gestion des biens com-muns de l’humanité. Nous voulons libérer desgriffes du marché l’eau, la terre, l’énergie, etplus largement des secteurs essentiels à la viede l’humanité, y compris la monnaie… Nousvoulons ouvrir des droits effectifs garantis pardes services publics dans les domaines del’éducation, de la culture, du sport, du loge-ment, de l’information, de la communication,des transports, de la santé, ou du crédit. Nousvoulons développer la gratuité de ceux qui sontessentiels à la vie de chacune et chacun.- La fuite en avant libérale opérée par l’Unioneuropéenne n’a cessé de s’exacerber, au pointde la plonger dans une crise existentielle quiappelle des transformations fondamentales.Ainsi, la finalité même de la construction euro-péenne doit être redéfinie. L’Europe doit deve-nir un grand projet humain, capable de peserpour un monde de coopération. A l’opposé desforces nationalistes qui opposent entre eux despeuples qui souffrent du même mal, nous vou-lons refonder la construction européenne pourbâtir une Europe des peuples, dont le but serale progrès humain, social et écologique, et nonplus la concurrence acharnée et la grande com-pétition des humains. Aussi, sa première ambi-tion devra être de s’émanciper des marchés fi-nanciers. Par la coopération, elle devra permet-tre de mobiliser démocratiquement tous lesatouts disponibles au service de la promotiondes capacités humaines et d’assurer la gestionsolidaire des biens communs.Parmi les changements majeurs, il est urgentde mettre fin à l’indépendance de la Banquecentrale européenne, qui doit être placée souscontrôle démocratique des Parlements natio-naux et européen, et des citoyens. Elle devrabattre monnaie pour financer les dépenses pu-bliques et les investissements s’inscrivantdans les nouvelles priorités, aux conditions lesplus favorables et dans une logique de longterme et contribuer à un essor concerté desservices publics. Elle devra également favoriserla réduction des inégalités de développemententre pays membres. Parallèlement, un auditcitoyen de la dette devra permettre aux Étatsde se libérer des charges illégitimes que les fi-nanciers leur extorquent.Nous voulons repenser la démocratie euro-péenne. La gestion commune des biens, inté-

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36e Congrès du PCF HUMANIFESTErêts et projets communs doit résulter de choixsouverains, faits en pleine connaissance decause après information et consultation des ci-toyennes et des citoyens. Il faut donc créer lesconditions politiques, institutionnelles, cultu-relles favorisant leur implication dans l’élabo-ration des politiques européennes, le contrôlede leur mise en œuvre et l’évaluation de leurseffets. L’Europe refondée ne saurait altérer lasouveraineté populaire ou nier les nations quila composent, mais doit s’imposer le devoir depousser les feux de la démocratie représenta-tive, participative et citoyenne.Enfin, ses principes doivent respecter ceux dela Charte des Nations unies. Elle devra se mon-trer exemplaire dans l’engagement solidaire etresponsable face à des enjeux vitaux de notretemps : environnement, paix, développement…Il lui faudra ainsi rechercher tous azimuts despartenaires pour coopérer à la transformationdu monde.- Nous voulons un monde de paix, de partage,de solidarités, un monde sans armes. La paixne saurait être garantie que par la justice, lerespect du droit et de la souveraineté des peu-ples. C’est ce qui fonde notre soutien à la luttelégitime des peuples de Palestine, du Kurdis-tan, du Sahara occidental, du monde arabe enparticulier. La reconnaissance par l’ONU de laPalestine comme État observateur constitueune première victoire. Nous nous opposons àl’impérialisme et à ses guerres. Partout, les re-lations entre les peuples doivent se bâtir surles coopérations et la sécurité, dans la quêted’un nouvel ordre mondial. Face aux nouveauxenjeux de la sécurité internationale, commeface à la gravité de la situation, en particulierau Moyen-Orient, il est urgent de mettre à l’or-dre du jour, avec l’exigence du règlement poli-tique des conflits, le désarmement multilaté-ral, en matière nucléaire et bien au-delà, pourtous les types d’armes de destruction massive,pour les armes conventionnelles et de petit ca-libre qui font le plus grand nombre de victimesdans le monde d’aujourd’hui.La France doit être à l’initiative, sur le plan in-ternational, pour contribuer au désarmementdans cette voie. Elle doit agir immédiatementpour mettre fin au commerce des armes faitpour alimenter les conflits et les guerres.Les communistes considèrent comme une despriorités de leur engagement sur le plan inter-national le combat pour la paix, pour une cul-ture de paix, pour une démilitarisation des re-lations internationales, pour la mise en causede la stratégie de dissuasion nucléaire à la-quelle s’accrochent les autorités françaises.C’est sur une base, de solidarité et de respon-sabilité collective, que nous proposons de re-fonder les institutions internationales, d’agirpour sortir de l’OTAN et la dissoudre.Nous sommes également convaincus qu’il fauten finir avec les orientations des institutionsfinancières internationales telles le FMI, l’OMCet la Banque mondiale, qui conditionnent touteforme d’aide à nombre de pays du Sud, et mêmeaujourd’hui d’Europe, aux politiques néo-libé-rales d’austérité et de régression sociale. Unevéritable révolution monétaire doit voir le jourpour mettre fin à la domination du dollar, pourmettre en œuvre progressivement une monnaiecommune mondiale visant à répondre aux be-soins de coopération et de codéveloppement enmobilisant les moyens existants et nécessaireset en favorisant le développement des servicespublics. C’est l’ensemble des organisations in-ternationales, y compris l’ONU, qui doivent êtretransformées et démocratisées afin de pouvoirrépondre aux exigences du multilatéralisme, de

la coopération et du développement humain du-rable. Il y a urgence à mettre en discussion unmanifeste pour un développement humain du-rable à l’échelle mondiale, afin d’engager unediscussion sur la satisfaction des besoins es-sentiels de tous les êtres humains et sur lagestion des ressources communes de l’huma-nité.

Produire, consommer et partager autrement lesrichessesLe capitalisme abîme les liens des êtres hu-mains avec la nature et des êtres humains entreeux. Avec lui, tout est devenu marchandise,tout est devenu source potentielle de profitpour quelques-uns. Nous voulons faire grandirla conscience que l’humanité a d’elle-même etlui permettre d’organiser la façon dont ellesubvient à ses besoins et crée les moyens deson épanouissement dans le respect des éco-systèmes.- La question du travail et des rapports d’ex-ploitation est centrale. Les vagues de suicidesqui ont frappé de grandes entreprises ont dra-matiquement mis le projecteur sur l’augmenta-tion de la souffrance au travail, due à la pres-sion permanente et à la perte de sens du mé-tier. La course insensée à la compétitivité nesaurait qu’aggraver cette situation. Le travaildoit être garanti comme le droit de chacune etchacun à se réaliser, à participer à l’effort com-mun au service de la collectivité en fonction deses moyens, en contrepartie d’un revenu luipermettant de se nourrir, se vêtir, se loger, secultiver, se détendre, voyager…Pris dans toute sa dimension, le travail doitêtre un lieu de créativité, d’épanouissement etde vie sociale. Il faut donc le réorganiser et lerepenser en mettant au placard les techniquesde management inhumaines et le recours à laprécarité. La place des femmes à tous les ni-veaux de responsabilité dans le monde du tra-vail, le refus du temps partiel imposé et la ré-munération de leur travail à égalité avec leshommes doivent être des normes respectées.Historiquement, les acquis des femmes ont tou-jours bénéficié à tous.La question de l’entrée des jeunes dans lemonde du travail avec de vrais emplois de qua-lité pour éradiquer la précarité et permettre àtous d’envisager sérieusement l’avenir est unenjeu social et politique majeur dans notre so-ciété en crise.La limitation du temps de travail à 35 heuresdoit être respectée et ouvrir la voie à une nou-velle réduction de celui-ci. Les atteintes aurepos dominical doivent cesser. Les potentiali-tés actuelles doivent permettre de réduire letemps de travail dans une vie, mais aussi deconstruire un système de sécurisation de l’em-ploi et de la formation pour éradiquer le chô-mage, démarchandiser le travail, et répondreaux besoins de formation, pour la société dansson ensemble et pour chacun de ses membres.Chaque travailleur disposerait d’un socle dedroits individuels garantis collectivement, op-posable à tout employeur, transférable d’uneentreprise à l’autre, d’une branche à l’autre. As-surant le droit à l’emploi et à la formation cor-rectement rémunérés tout au long de la vie àchacun-e, ils permettraient une mobilité dansla sécurité de droits et de revenus relevés.Dans l’immédiat, nous opposons à l’accord na-tional interprofessionnel nos propositions poursécuriser l’emploi et la formation (contrat detravail, service public de l’emploi et de la for-mation, pouvoirs des salariés, financement…).Les attaques violentes contre le droit à la re-traite, à la santé, à l’assurance chômage, aux

prestations sociales ont rencontré de grandesrésistances. Nous réaffirmons notre choix fon-damental en faveur en faveur de la Sécurité so-ciale et d’une protection sociale solidaire dehaut niveau.Pour répondre aux aspirations de la société,nous voulons sortir de la défensive en portant,à partir des luttes sur l’hôpital, l’école ou en-core la recherche, une expansion et une démo-cratisation des services publics, tant dansnotre pays qu’à l’échelle européenne et mon-diale. C’est une nécessité économique pour sor-tir de la crise, un moyen de justice sociale, etune exigence pour le bien-être des populationset la satisfaction des besoins sociaux avec unaccès égal aux services publics. Nous sommespour une nouvelle maîtrise publique, par la na-tionalisation ou par de nouvelles formes d’ap-propriation sociale de secteurs essentiels pourl’humanité. Contre l’introduction de logiquesprivées au cœur des entreprises publiques, denouveaux critères de gestion doivent être misen œuvre pour éliminer les gâchis financiers,économiser l’énergie et les ressources natu-relles, donner la priorité à la qualité des em-plois des agents et à leur formation. Les agentsdes services publics et leurs usagers doiventdisposer de droits et pouvoirs nouveaux pourleur permettre de participer à la définitionmême des missions à remplir, à celle desmoyens institutionnels et financiers à mobili-ser, à l’évaluation et au contrôle des servicespublics.- Nous ne céderons pas au MEDEF qui entendpasser commande de la main-d’œuvre dont il abesoin en enfermant les étudiant-e-s dans l’ac-quisition de compétences restreintes et en dé-douanant les entreprises de leur propre rôle deformation. L’éducation et la formation doiventpermettre l’élévation générale du niveau desconnaissances et des capacités dont la sociétéa besoin, et fournir aux êtres humains de quoise construire comme individus libres et respon-sables. Ces périodes doivent être reconnuescomme partie intégrante du travail que chacuneet chacun fournit dans une vie au service de lacollectivité. Il convient également de libérer larecherche de la pression de la rentabilité avecune forte impulsion du service public et dansun esprit de mise en commun des découvertespour faire avancer l’humanité et lui permettrede résoudre sans attendre les grands pro-blèmes qui lui sont posés. Une nouvelle culturede partage et d’intercréativité de tous les êtreshumains, en germe dans la révolution numé-rique et informationnelle devra être promue.- La crise a accéléré la destruction de sites deproduction entiers et l’abandon de savoir-faireindustriels laissant des centaines de milliersde salarié-e-s, en particulier d’ouvrières etd’ouvriers, sur le carreau. C’est insupportable !Nous voulons continuer à produire, dans le res-pect de l’environnement. Nous n’acceptons pasce gâchis humain, social, écologique et écono-mique que veulent imposer les grandes multi-nationales dans leur course à la concurrence.Vivre et travailler au pays, le slogan n’est pasd’aujourd’hui. Nous voulons mettre en œuvred’autres modèles de gestion que ceux du capi-talisme financiarisé. Nous voulons gagner unepolitique industrielle et de services, reposantsur des pouvoirs d’intervention des salarié-es,un nouveau crédit sélectif avec de nouveauxcritères de gestion et des filières stratégiquescohérentes.Nous voulons organiser la coopération entreles sites de production comme le proposentsouvent les organisations syndicales, et favo-riser les circuits courts qui économisent la pla-

nète. Nous voulons instaurer un droit depréemption pour les salarié-es sur leur outil detravail, développer l’économie sociale et soli-daire. Des nationalisations doivent être opé-rées dans plusieurs secteurs stratégiques etpour reconquérir la gestion de biens communs.Nous voulons, sous de multiples formes, enga-ger un grand mouvement d’appropriation so-ciale (entreprises et pôles publics, coopéra-tives, SCOP…).La planification écologique doit devenir un outildu débat démocratique exprimant la volonté dela société de répondre, dans un même mouve-ment, aux enjeux écologiques, économiques etsociaux.Nous voulons maîtriser les enjeux de produc-tion, œuvrer à un mouvement de relocalisationsindustrielles, afin d’éviter les gaspillages deressources, la casse de l’emploi, les atteintes àla biodiversité et d’organiser la véritable ré-ponse aux besoins.Ainsi, dans un contexte d’expansion des be-soins énergétiques à l’échelle de la planète, ilfaudra juguler le réchauffement climatique, dûà l’activité humaine, par une réduction, pro-gressive mais massive, du recours aux énergiescarbonées. Elles doivent être remplacées pardes énergies non émettrices de CO2, de préfé-rence non-intermittentes, aux prix les plus baspossibles. L’extraction des gaz de schistes estune impasse. Des exigences accrues de trans-parence et de sûreté, la définition et le respectde normes internationales, le refus du recoursà la sous-traitance sont indispensables à lapoursuite de la production d’énergie nucléaire.Le mix énergétique devra être de plus en plusmarqué par les énergies renouvelables : hy-draulique, géothermie, éolien et hydrolien, so-laire thermique et photovoltaïque, etc. Toute-fois, nous sommes critiques vis-à-vis des pro-grammes actuels du « capitalisme vert » dansle domaine des énergies renouvelables, car au-delà de leurs coûts actuellement exorbitants,elles participent pour certaines à l’aggravationdes émissions de CO2 en raison de leur inter-mittence. La recherche devra être déployée trèsactivement dans tous ces domaines.La transition énergétique est une entreprise delongue durée. Nous voulons répondre aux be-soins des sociétés, produire un effort de so-briété c’est-à-dire de moindre consommationpour un même usage, d’efficacité et d’écono-mies d’énergie dans l’habitat, les transports,les entreprises et rendre effectif le droit àl’énergie pour tous. Nous participerons active-ment au débat public national parce que les en-jeux énergétiques ne sauraient être traités defaçon éclatée dans les territoires régionauxmais avec la volonté d’une maîtrise publiquecomplète grâce à un service public national.Il est grand temps de sortir du cycle infernalproductivisme-consumérisme, qui n’a d’autrefinalité que les profits de quelques-uns. Il fautdonner un tout autre contenu à la croissance,imposer des exigences qui ne peuvent être quecelles d’un développement humain durable. Ilfaudra traquer, par exemple, l’un des choixstratégiques les plus symboliques de l’absur-dité du système: les gâchis matériels insensés,l’obsolescence programmée, qui voit des entre-prises produire des biens à durée de vie volon-tairement déterminée pour doper leurs pro-fits…Le respect des ressources en eau et leur par-tage nécessite une prise de conscience plus vi-goureuse encore tant les besoins sont criants.En effet, aujourd’hui la moitié des êtres vivantssur la planète manquent d’eau. Puisque l’eau aété reconnue comme un bien commun de l’hu-

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36e Congrès du PCF HUMANIFESTEmanité, elle doit être accessible à tous jusquedans la gestion publique et coopérative de cesressources. Il faut également anticiper lesmoyens de relever le défi alimentaire, en quan-tité comme en qualité, en refusant la mainmisedes multinationales sur la production agricoleavec ses organismes génétiquement modifiéeset son modèle autant intensif qu’extensif quiconstitue la négation de la souveraineté ali-mentaire et de l’agriculture paysanne commede la pêche artisanale. En refusant égalementde laisser la grande distribution venir spécu-ler, ponctionner et orienter à sa guise, privantles producteurs d’une juste rémunération. Ilfaut changer de logique en imposant les exi-gences d’un développement humain durable.L’heure est à un modèle d’agriculture durablequi satisfasse les besoins alimentaires de tousles êtres humains, émancipé de la spéculationet soucieux de la santé publique. Notre crois-sance est celle du développement social et éco-logique, pas celle de l’accumulation du capital.Nous voulons, au niveau local, national et euro-péen, promouvoir des pratiques véritablementdémocratiques d’aménagement du territoire. Cedernier doit poursuivre, au nom de l’intérêt gé-néral et du bien commun, des valeurs de solida-rité, de coopération et d’équilibre territorial,en articulation avec les enjeux de la planifica-tion écologique. Il doit être pensé à partir desbesoins de la population dans un exercice ci-toyen d’expression et d’élaboration collectivede ces besoins.- Le but du travail ne saurait être de produiretoujours plus d’objets de consommation renta-bles et jetables, mais de permettre à l’huma-nité de vivre bien. Les inégalités de revenusexorbitantes sont une insulte à la dignité hu-maine, elles méritent qu’on s’y attaque en dé-finissant des revenus minimum et maximum.Nous voulons repenser l’impôt, taxer l’argentdu capital augmenter sa puissance redistribu-tive et sa capacité à orienter les grands choixdes entreprises en liaison avec des pouvoirsnouveaux des salariés. Les richesses produites,aujourd’hui usurpées et gaspillées, devrontéchapper à la mainmise de la finance et desspéculateurs. Nous voulons réorienter fonda-mentalement l’argent des profits, l’argent desbanques et l’argent public vers les salaires, lagarantie de droits sociaux, l’investissementproductif écologique, la recherche, l’expansiondes services publics. Les nouveaux pouvoirsdes salarié-e-s devront les placer au servicedes objectifs sociaux qui expriment notre am-bition : l’humain d’abord ! Dans cet esprit, la ré-orientation du crédit bancaire est une prioritéstratégique pour mettre en cause le pouvoirdes marchés financiers. Déjà, des luttes so-ciales et politiques se mènent pour traduirecette exigence dans des dispositifs institution-nels concrets comme la constitution d’un pôlefinancier public et le déploiement de fonds ré-gionaux pour l’emploi et la formation.Le choix résolu de la dignité humaineChaque vie humaine est essentielle à l’huma-nité. Pour nous, le libre développement de cha-cune et chacun est la condition du libre déve-loppement de toutes et tous. Naître, c’est ac-céder à la liberté, à l’égalité et à la fraternité.Ces valeurs toujours révolutionnaires ne peu-vent vivre que si elles avancent du même pas.Il faut pour les garantir, que la souverainetépopulaire s’exerce pleinement, dans un espritde laïcité. Nul ne peut imposer aux autres sesconvictions, qu’elles soient religieuses, poli-tiques ou philosophiques.Nul ne peut être discriminé en raison de sesorigines, de ses opinions politiques, syndicales

ou religieuses, de son identité supposée ouchoisie, de son genre, de son orientationsexuelle, de son handicap, de son état de santé.L’égalité entre femmes et hommes doit mainte-nant devenir une réalité et les violences faitesaux femmes doivent être systématiquementprises en compte, combattues et condamnéespour être éradiquées. La prostitution est aussiune violence, une atteinte grave à la dignité.Les personnes qui se prostituent ne doiventpas être stigmatisées. Les clients ne doiventpas être dédouanés de leurs responsabilités.Le proxénétisme sous toutes ses formes doitêtre condamné.Réformer le mariage, comme l’adoption, en enfaisant un droit pour toutes et pour tous, estune belle manière de reléguer dans le passél’esprit de domination dans lequel il a été biensouvent utilisé dans l’histoire de nos sociétés.- L’exercice concret de la démocratie, dans unquartier populaire, dans une commune, sur lelieu de travail est un geste essentiel au servicede la rencontre. La République doit mettre endialogue toutes les représentations du monde,dans la mesure où elles ne contestent pas sonprincipe. Ainsi, nous refusons la conception quiferait de la laïcité un principe de stigmatisa-tion et d’exclusion. Nous refusons aussi cetteconception qui ferait de l’espace public un lieuaseptisé, où l’on s’efforcerait de n’être quesemblable aux autres, les convictions des indi-vidus étant refoulées dans une « sphère pri-vée ». C’est là qu’elle doit tisser la toile des va-leurs communes qu’il faut sans cesse continuer.Nous voulons porter une vision de la laïcité, quigarantisse la liberté de conscience et l’égalitéde droits et l’indépendance de l’État à l’égardde toute religion et de toute autorité hormis lasouveraineté populaire. Aussi, nous nous op-posons à tous les intégrismes qui instrumen-talisent les religions à des fins politiques etqui portent atteinte aux libertés et à la dignitéhumaine, en particulier à la dignité des femmes.- Nous voulons développer l’accès à la culture,à l’information et aux connaissances, maisaussi leur appropriation sociale, en élargissantce que les êtres humains ont en commun oupeuvent partager et qui construit leur huma-nité. Il s’agit de dépasser les querelles identi-taires dépourvues de sens et de permettre àchacune et chacun d’être maître de son destinindividuel en participant au destin collectif.Nous imaginons une information subtilisée auxmains des financiers et démocratisée. Nousvoulons en finir avec une éducation mise auservice de la rentabilité et des intérêts du ca-pitalisme. Construire une culture communeexige un grand service public national de l’édu-cation pour toutes et pour tous, laïque et gra-tuit, jouant pleinement son rôle d’éveilleur dusens critique. Nous voulons sortir de la mar-chandisation des œuvres de l’esprit, de l’avi-lissement de la culture, réduite au rang depasse-temps chargée de produire du temps decerveau disponible. La culture peut donner dansla gravité ou dans la légèreté, mobiliser l’intel-ligence ou les émotions, prétendre à de grandsbouleversements ou n’avoir aucune prétention,mais elle ne saurait être le résultat d’une pro-duction industrielle passée au tamis du marke-ting pour abaisser le peuple et le rendre docile.L’art, la culture, l’imaginaire sont des vecteursessentiels des créations humaines, des mo-teurs de transformation sociale, des révéla-teurs de citoyenneté et d’humanité. Élémentessentiel de notre projet d’émancipation hu-maine, le sport doit être libéré de la domina-tion de l’argent pour être un droit pour touteset tous. L’éducation physique et sportive à

l’école, la vie associative et le bénévolat avecl’exigence désintéressée de partage et de dé-mocratie sont la garantie de ce droit.- La République ne se fige pas dans une imaged’Épinal surannée en brandissant le drapeaufrançais. Ce que doit porter le drapeau français,ce sont les valeurs généreuses de la Révolu-tion, celle de « Ma France » de Jean Ferrat etnulle haine recuite. Nous ne nous sentons pasmenacés par l’immigration. Elle est un dramepour celles et ceux qui en viennent à quitterleur pays pour fuir la misère, les violences etles guerres, dont bien souvent le pillage colo-nial et néocolonial est l’origine. Nous voulonsrésorber les inégalités planétaires. Mais il fautégalement lutter contre les marchands d’illu-sions, les passeurs et trafiquants qui rançon-nent les migrants, les patrons qui les exploi-tent. Pour celles et ceux qui n’ont d’autre choixque de partir, le départ est une déchirure. L’ar-rivée ne doit pas en être une seconde. Les cen-tres de rétention doivent être supprimés. Nousvoulons accueillir celles et ceux qui travaillentici, étudient ici, leur donner des papiers. Li-berté de circulation et d’installation des indivi-dus, égalité des droits doivent devenir la règleen France. Notre patrie, c’est celle des droitsde l’homme et de la femme.- Nous combattons la misère qui détruit les vieshumaines, et mettons tout en œuvre pour pré-venir l’exclusion notamment par le droit au lo-gement pour tous, la construction de logementssociaux et un service public pour assurer cedroit. Nous entendons faire admettre le droitessentiel de tout être humain à vivre pleine-ment et le droit d’être secouru par la solidariténationale en cas de difficulté. Contre les poli-tiques de seuil qui concentrent de faibles de-niers publics sur la population la plus paupéri-sée, nous voulons retrouver le chemin d’unevraie protection sociale. Nous voulons permet-tre au travail social de renouer profondémentavec sa raison d’être en écartant tout disposi-tif de contrôle social à l’égard des usagers.- La dignité humaine est un droit qui doit êtregaranti jusqu’au bout de la vie. C’est pourquoinous voulons refonder la protection socialemise à mal par les directives européennes, lesréformes régressives et les attaques des assu-rances privées. La protection sociale doit pren-dre en charge toutes les situations de handi-cap. Elle doit également prendre en charge laperte d’autonomie. Nous défendons l’obligationde combattre la douleur, cela demande de véri-tables moyens. Le développement des soinspalliatifs est une exigence d’humanité, qui n’estpas compatible avec l’acharnement thérapeu-tique en fin de vie. Nous combattons enfin lamarchandisation des corps et du vivant soustoutes ses formes.- Le respect de la dignité humaine s’imposemême pour ceux qui enfreignent les lois. Oppo-sants résolus à la peine de mort et à toute lo-gique de vengeance, nous voulons sortir dutout carcéral, développer les peines alterna-tives à l’enfermement et maintenir l’ordon-nance de 1945 pour les mineurs en l’actuali-sant, sans la dénaturer de son esprit initial.Nous voulons des peines qui permettent aussila réinsertion. Les conditions de détention dansles établissements pénitentiaires sont indignesde notre République, ils doivent être rénovés,repensés, pour garantir à chacun le respect desa dignité. Nous refusons de voir des hommeset des femmes enfermés dans leurs crimes ouleurs délits sans jamais pouvoir retrouver leurplace dans la société. Nous savons que cela de-mande de la part de la société un accompagne-ment exigeant, mais nous savons aussi que

cette attitude peut transformer des individus.

II. LA RÉVOLUTION CITOYENNE POUR GAGNER LE CHANGEMENT

1. Prenez le pouvoirLa politique est notre choix. Nous la savons dé-criée et discréditée, parce que l’on s’est telle-ment appliqué à la rendre impuissante. Pournous, elle est un outil d’émancipation ; pour lespuissants, elle est l’art de domestiquer le peu-ple. La démocratie est notre but ; elle est aussinotre chemin.En convainquant les hommes et les femmes queleur voix et leurs actes comptent, nous voulonsdonner à chacune et chacun un vrai pouvoir sursa vie, leur donner confiance en nos ressourcescommunes pour faire face aux grands enjeux.Nous voulons redonner sens à la souverainetépopulaire bafouée à grande échelle comme cefut le cas à la suite du référendum de 2005 surle traité constitutionnel européen. Nous vou-lons permettre aux femmes et aux hommesd’investir à tout moment tous les lieux possi-bles et imaginables, dans un vaste mouvementd’appropriation citoyenne capable de formuleret de rendre incontournables les aspirationspopulaires.Chaque attaque menée contre l’intérêt généraldoit nous amener à faire avancer la bataille desidées, à mettre en mouvement le plus grandnombre, à faire grandir la force de l’interven-tion citoyenne.Si le pouvoir a en partie été transféré en de-hors de la sphère républicaine par les démis-sions et les abandons successifs, les institu-tions continuent d’être mises sous pressionpour répondre aux exigences de compétitiondes marchés financiers et de leurs fameusesagences de notation. Pour qu’elles regagnentune véritable capacité d’intervention au servicede l’intérêt général, cela passera par une légi-timité populaire retrouvée dans la pratiquecomme dans les objectifs. C’est pourquoi la par-ticipation et la mise en mouvement citoyennessont au cœur de l’action farouche des élu-e-scommunistes dans toutes les institutions où ilssont présents. Cet état d’esprit est le nôtre dulocal au mondial.Au-delà, nous voulons démocratiser tous lesespaces de la société. Dans les entreprises, pri-vées et publiques, qui fonctionnent sur un mo-dèle monarchique, l’action des organisationssyndicales participe de cette dynamique quenous souhaitons. Les salariées doivent gagnerdu pouvoir sur l’organisation du travail commesur les grandes orientations de l’entreprise etson financement. Tout comme dans les lieuxd’éducation et de formation, où il y a égalementun pouvoir d’intervention à gagner sur l’orga-nisation de la vie sociale, sur les apprentis-sages et leur but.

2. Une stratégie à dimension internationalisteNous voulons agir dans le même temps auxplans local, national, européen et internationalpour gagner des changements à tous les ni-veaux qui se nourriront mutuellement.Pour cela, nous devons travailler à faireconverger les solidarités et les mobilisationset à leur permettre d’apparaître dans toute leurdimension. C’est d’autant plus nécessaire quelorsque les femmes et les hommes se rendentcompte que les combats d’ici rejoignent ceuxqui se mènent ailleurs, l’espoir grandit.Cette conscience est en train de s’affirmerparmi les communistes et progressistes dumonde entier. La situation actuelle appelle doncla constitution d’un réseau international pro-

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36e Congrès du PCF HUMANIFESTEgressiste très ouvert pour agir sur des objec-tifs immédiats, mais aussi pour faire grandir lacontestation de l’impérialisme et l’alternativeau capitalisme. C’est l’esprit dans lequel noussommes également partie prenante des Forumssociaux mondiaux, des réseaux qui agissentpour promouvoir une culture de paix et de tousles espaces de coopération politique commecelui noué entre le Parti de la gauche euro-péenne et le forum de Sao Paulo. Nous contri-buons aussi à initier et à développer de tels es-paces avec les forces africaines, avec celles dela Méditerranée ou d’Asie.

Faire sauter le verrou de l’Europe « austéritaire »Il est désormais de plus en plus acquis dansnotre quotidien que les questions européennessont des questions de politique intérieure. Loindes peuples qu’ils gouvernent, les chefs d’Étatdu continent peaufinent ensemble patiemmentà Bruxelles des politiques standardiséescontraires aux intérêts de leurs populations.Pour beaucoup, le fonctionnement même del’Union européenne semble rendre impossiblesles changements progressistes et constitue unélément important de leur sentiment d’impuis-sance.Il s’agit aujourd’hui de donner une place ma-jeure dans nos analyses et dans notre action àcette dimension européenne par laquelle pas-sent aujourd’hui de nombreux choix dont les ci-toyennes et citoyens sont dessaisis.Là où des forces actent l’impuissance à chan-ger l’Europe, prônant une dissolution de la zoneeuro qui renverrait d’une autre manière chaquepeuple à la même guerre économique, nouspensons indispensable de lutter contre les di-visions et les nationalismes, et de construiredes rapports de force solidaires entre peuplesà l’échelle de l’Europe pour émanciper le conti-nent de l’emprise actuelle des marchés. Il estnécessaire d’approfondir une stratégie poli-tique européenne.Nous voulons augmenter encore la dynamiquedu Parti de la gauche européenne et favoriseravec lui tous les espaces de coopération oùpourront se rassembler les forces politiques,sociales et citoyennes qui remettent en causeles orientations européennes actuelles, et sontdisponibles pour travailler à des alternativesà l’échelle européenne.En juin 2014, les élections du prochain Parle-ment européen seront un moment clef pourfaire le bilan de la politique austéritaire euro-péenne et faire grandir le rapport de force enfaveur d’un changement profond. Nous devronsy porter l’ambition de refonder l’Union euro-péenne.

3. La gauche au pouvoir en France, pour quoi faire ?

La victoire contre Nicolas SarkozyPendant une décennie, après cinq années d’ungouvernement de gauche plurielle auquel nousavions choisi de participer, la droite a exercé lepouvoir en France sous la domination de plusen plus marquée de Nicolas Sarkozy.Si nous avions su être utiles, notre présence etnotre action n’avaient pourtant pas permis derépondre suffisamment aux besoins et aux at-tentes. La droite et l’extrême droite en embus-cade en avaient profité pour administrer à lagauche sa plus douloureuse défaite.La droite y a puisé la force d’engager une poli-tique de régression radicale, cherchant à enfinir avec les acquis des grands mouvementspopulaires, à commencer par ceux de la Libéra-

tion. Pour garder le pouvoir, sous l’impulsiond’un Nicolas Sarkozy avide de provoquer degraves mutations idéologiques, elle s’est en-gagée dans une course poursuite nauséabondeet dangereuse avec les forces d’extrême droite.Sa politique du traumatisme permanent a puprovoquer en même temps que de vives résis-tances, un profond découragement dans la so-ciété.Mais cela n’a pas suffi à éradiquer l’espoir enun monde meilleur. Ainsi, les échéances de 2012ont vu notre peuple chasser, in extremis, le« Président des riches ». Dans cette victoire,avec le Front de gauche, nous avons joué unrôle majeur en dévoilant les enjeux, en faisantgrandir l’espoir et en donnant du contenu auchangement.

L’irruption du Front de gaucheDans la dynamique du Front de gauche, notreparti a opéré un retour remarqué sur la scènepolitique, et une transformation de sa proprereprésentation dans l’opinion publique. Touteune partie du peuple de gauche s’est peu à peureconnue dans la démarche du Front de gaucheet l’a investie de son espoir. Ainsi, progressive-ment, au fil des élections, il a réussi à fairegrandir cette dynamique, jusqu’à bousculer lesplans préétablis de l’élection présidentielle,avec notre candidat, Jean-Luc Mélenchon, enréalisant une large unité de forces antilibéraleset anticapitalistes jusqu’ici très divisées. Lestentatives de présidentialiser et de bipolariserla vie politique n’ont pas cessé pour autant. Sinous avons pu affronter cette réalité avec unréel succès lors de l’élection présidentielle,nous ne sommes pas parvenus à confirmer cetélan, aux élections législatives, qui étaientpourtant un enjeu majeur. A la suite de l’élec-tion de François Hollande, nous n’avons mani-festement pas su convaincre de notre utilité ausein d’une majorité qui ne serait pas dirigée parnous. Malgré les progressions de nos candidat-e-s, nous n’avons pas réussi à incarner l’enviede changement qui s’est cristallisée plus fortencore dans un soutien massif aux candidat-e-s du Président de la République élu, nous fai-sant perdre des député-e-s. Aussi, le Parti so-cialiste et les Verts croient pouvoir se passerdu Front de gauche et gouverner comme ils l’en-tendent. Nous ne pouvons d’autant moins nousen satisfaire que nous avons su donner forceensemble à l’alternative. Cette réalité montrele chemin qui reste à parcourir pour démonterle sentiment d’impuissance et convaincre qu’ilexiste une voie pour rendre possible ce qui, àbeaucoup, semble souhaitable.

Et maintenant, le changement ?Plus que « le changement c’est maintenant »,François Hollande a promis un changement dePrésident. Pourtant, un espoir s’est levé.Or, depuis sa prise de fonctions, le gouverne-ment roule à contresens. Tout se passe commesi l’actuelle majorité s’appliquait à gérer lessuites du quinquennat précédent.Il est d’abord demeuré sans réponses satisfai-santes aux urgences, sans gestes forts annon-çant une réparation des blessures de la droiteet sans ambition de transformation. S’il y eutquelques mesures positives, comme la suppres-sion du bouclier fiscal et la loi autorisant le ma-riage et l’adoption par les couples de mêmesexe, les actrices et les acteurs du grand mou-vement pour le droit à la retraite qui a préparéla défaite de la droite en sont pour leurs frais.En réalité, obnubilé par les exigences des mar-chés financiers, parmi lesquelles la réductionde la dette et en fait celle des dépenses pu-

bliques, le gouvernement n’apporte pas de vé-ritables réponses aux besoins. Si les engage-ments pris étaient frappés au sceau de vérita-bles contradictions, ceux qui commencent àêtre reniés sont justement ceux qui nous pa-raissaient aller dans le bon sens. Ainsi, la dé-cision de ratifier en l’état le traité européenécrit à quatre mains par Nicolas Sarkozy et An-gela Merkel, alors qu’il n’a pas été renégocié,manifeste le choix de promouvoir les orienta-tions austéritaires de l’Union européenne. C’estun acte grave, qui sera définitivement entachéd’irrégularité démocratique. Avec son refus decontester le pouvoir de la finance, le gouver-nement n’est pas en capacité de combattre lacrise. Il l’aggrave même avec son plan d’écono-mies budgétaires sans précédent et le pacte decompétitivité. Au fond, la question est posée :où est passé le changement ? Avec l’orientationchoisie par le gouvernement, il n’y a plus demarges hors l’impulsion de vraies rupturesavec les logiques du système. C’est pourquoirien n’est immuable. De plus en plus, le gouver-nement devra faire face à d’importantes contra-dictions auxquelles il doit trouver des solu-tions. Le débat est en train de prendre de l’am-pleur, y compris au sein de la majoritégouvernementale. Nous ne restons pas en de-hors et nous faisons tout pour que notre peuples’y invite.Face à la crise, de plus en plus d’hommes et defemmes s’interrogent et se mobilisent. Nousvoulons faire grandir la prise de conscience etrassembler le camp du changement pour porterl’ambition d’une alternative à l’austérité en ga-gnant dans les mobilisations des avancéesconcrètes jusqu’au changement d’orientationde la politique gouvernementale. C’est le sensde la grande campagne de propositions quenous initions avec le Front de gauche : « une al-ternative à l’austérité, c’est possible ». Dansles semaines qui viennent, les communistesvont s’y investir avec force, afin de changer decap gouvernemental et d’ouvrir la possibilitéd’un rassemblement majoritaire pour une autrepolitique à gauche.

4. Sans attendre, gagner le changement

Faire reculer la droite et l’extrême droiteDéjà, l’extrême droite est aux aguets pour ex-ploiter chaque déception populaire et pourprospérer sur les peurs et notamment celle dudéclassement. Partout en Europe, on mesureavec effroi les percées qu’opèrent les mouve-ments qui s’en revendiquent. Dans des sociétésdévastées par la crise, l’extrême droite s’ap-plique à pratiquer l’exacerbation identitairedont la droite a aidé à créer les conditions. Seprésentant abusivement comme des forcesanti-système, elles développent un discoursd’incitation à la haine, jouant sur la peur desindividus pour les fragiliser et les conduire àabdiquer de leur humanité et leur liberté.En France, le FN veut avancer sous un nouveauvisage en prétendant s’approprier les intérêtspopulaires, la laïcité et la République.La droite, sonnée par la défaite, est elle aussidéjà sur le chemin du retour, malgré ses divi-sions. En son sein, ils sont nombreux à imagi-ner que sur la base des thèses nauséabondesde l’extrême droite pourra se dessiner une nou-velle alliance à même de changer radicalementles rapports de force politiques.C’est pourquoi nous devons continuer de menerun combat offensif face à ces idées, qui ne peutse contenter d’une diabolisation. Son projet re-présente pour nous le plus grand des dangers,et nous ne devons avoir de cesse que de nous

expliquer sur les raisons qui fondent notrerejet catégorique de l’extrême droite.Pour nous, il s’agit bien d’un combat de classe,qui a pour ambition de faire reculer la divisionet de renouer les liens de la solidarité. Pourcela, nous devons trouver les moyens de tou-jours mieux donner à comprendre le monde et lapolitique ; nous devons rendre crédible la pers-pective de changements concrets.Nous refusons de nous laisser enfermer dansun jeu en miroir avec le Front national, dontcertains se servent pour nous marginaliser.Nous combattons les forces de la finance, quiont diverses manières de se faire représenteren politique, dont celle-là, qui est la plus terri-ble.

Mener la bataille des idées et de la cultureNous voulons renverser la domination idéolo-gique et culturelle que l’on nous impose. Unedomination marquée par un grand mépris dupeuple dont il s’agit de faire un troupeau d’ani-maux dociles, uniformes et rongés par le désird’acheter.Dans cet esprit, nous voulons nous attaquer àl’emprise des forces d’argent sur les médias etl’information. Le formatage et la marchandisa-tion de celle-ci, la fabrication et le matraquaged’un imaginaire conforme aux besoins du capi-tal constituent des moyens essentiels de sa do-mination, et de véritables obstacles à l’expres-sion des aspirations qui travaillent la société.Libérer les médias et garantir le pluralisme estune exigence majeure. Dans chacun des espacespossibles, notamment dans l’audiovisuel pu-blic, nous voulons livrer notre regard sur l’ac-tualité et la manière dont elle est présentée.“L’Humanité” comme l’ensemble des organes depresse dont nous animons le développementsont des outils essentiels dans cette bataille.Nous devons également produire un nouvel ef-fort pour investir les nouveaux moyens de com-munication et d’information, jusque dans leurdimension participative, avec le souci d’appro-fondir la réflexion et d’affronter les contradic-tions. Le moindre sujet est désormais prétexteà développer des visions du monde simplisteset bâties sur la réaction de l’instant. Nous de-vons nous en saisir pour pousser la réflexionet ouvrir d’autres perspectives. Nous devonségalement combattre la dictature des expertsdu système, dont les savants développementsestampillés du sceau de l’objectivité sont des-tinés à clore les débats et baliser les chemine-ments de pensée. De même, l’école ne doit passervir la reproduction des «  élites  » maisl’émancipation de toutes et tous.Enfin, nous voulons donner toute sa place audéveloppement de la création et permettre uneréelle appropriation des œuvres de l’esprit endonnant un nouvel élan à l’éducation populaire.Notre expression doit y puiser les moyens deparler au cœur des femmes et des hommes, àleur intelligence, de les toucher dans ce qui faitleur vie et leur être.Ce n’est pas en professant quelque morale quel’on luttera contre celles et ceux qui veulentétiqueter les êtres humains mais en ouvrant lespistes dont on voudrait leur interdire l’accès.

Faire grandir les fronts du changementA chaque fois que nous le pouvons, nous vou-lons œuvrer à rassembler toutes les forces dis-ponibles afin d’ouvrir des brèches au change-ment. Sur chaque sujet, il s’agit de constituerle front le plus large pour gagner, comme nousavons voulu le faire face au Traité européen.Le développement d’un mouvement syndical etsocial à haut niveau revendicatif, avec l’exis-

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36e Congrès du PCF HUMANIFESTEtence de convergences nouvelles pour faire re-culer les politiques d’austérité, le travail pour-suivi par le mouvement associatif et cultureldoivent nous amener à approfondir encorecette rencontre avec eux et ce lien, dans le res-pect et l’indépendance de chacun.Ainsi, pour gagner le droit de vote et d’éligibi-lité des étrangers en 2014, nous sommes enga-gés dans la campagne du collectif unitaire.Nous voulons être utiles, tout de suite, à ga-gner des avancées immédiates. C’est à partirdes luttes qui se développent, des propositionsqui grandissent et des aspirations populairesque nous pourrons dépasser les mécontente-ments et les déceptions pour faire mouvement.C’est une dimension essentielle de notre com-bat, à travers laquelle des hommes et desfemmes pourront faire l’expérience du poids deleur engagement et de leur capacité à transfor-mer les choses. Depuis le quartier jusqu’auxquestions internationales, nous voulons conti-nuer à nous rassembler avec d’autres pour fairede l’espace aux aspirations et à créer les rap-ports de force qui peuvent les imposer.

Engager une nouvelle étape du Front de gaucheLe Front de gauche porte un immense espoir.Son irruption est un phénomène politique ma-jeur. Il est la manifestation politique et électo-rale à laquelle nous sommes parvenus, avec nospartenaires, en mettant en œuvre cette straté-gie de fronts de rassemblement. Pour nous, ils’agit d’une dynamique durable qui n’est pasachevée. Depuis que nous l’avons initié, leFront de gauche a grandi, il s’est installé commeune forme politique nouvelle dans laquellechaque organisation, chacune et chacun a saplace et se trouve respecté dans des espacesd’échange, d’élaboration, d’initiatives, de coo-pération. C’est là que réside sa force.Avec toutes les forces disponibles, nous vou-lons écrire la saison deux. Nous voulons donnerun nouveau souffle à la dynamique citoyennequ’il suscite, en permettant à un très grandnombre de femmes et d’hommes de toujoursmieux s’y retrouver, notamment par le dévelop-pement des assemblées citoyennes, qui pren-nent parfois la forme d’ateliers législatifs.Notre conviction est que ces espaces doiventfortement se développer au plus près des ter-ritoires dans les formes adaptées que décidentcelles et ceux qui y participent. Les fronts delutte et les fronts thématiques sont des ré-seaux d’action dont nous pensons qu’il fautpousser plus loin encore l’expérimentation.Nous voulons élargir fortement le périmètredes femmes et des hommes qui se reconnais-sent dans le Front de gauche, notamment parmicelles et ceux qui ont contribué à l’avènementde la nouvelle majorité gouvernementale etveulent agir pour le changement. Au-delà descampagnes électorales, nous voulons continuerà cheminer avec un nombre toujours plus im-portant de femmes et d’hommes, inventant lesconditions d’un travail en commun. Pour fran-chir une nouvelle étape, le Front de gauche abesoin d’un lieu où les apports et les expé-riences d’actrices et d’acteurs du mouvementsocial, associatif, intellectuel et culturel pour-raient se croiser, chercher ensemble à produiredu sens, et alimenter la recherche d’une nou-velle perspective politique. C’est ce que nousproposons d’appeler «  coopérative ci-toyenne ».Ensemble, nous sommes porteurs d’une grandeambition. En poursuivant sur le chemin où noussommes engagés, nous voulons en faire le lieuoù la politique devient, de façon de plus en plusirrésistible, l’affaire de toutes et de tous, l’af-

faire du peuple, contribuant à l’émergence d’unnouveau Front populaire.Du Front de gauche, nous portons l’ambitiond’en faire un grand mouvement populaire capa-ble de bousculer le rapport de force à gauchejusqu’à rendre majoritaires les options detransformation sociale. Une réorientation poli-tique est la seule hypothèse pour laquellenotre parti serait prêt à participer à l’exercicedu pouvoir afin d’apporter son concours à laconstruction du changement. Nous refusons lesorientations sociales libérales actuelles dugouvernement, qui conduiraient inévitablementà l’échec si elles étaient poursuivies. Ce seraitune catastrophe pour notre peuple, qui remet-trait en selle la droite et ferait encore grandirl’extrême droite. Nous voulons donc tout fairepour rassembler la gauche, et gagner un chan-gement de cap pour réussir. Rien ne nous empê-chera d’être ensemble la force agissante de lagauche. Il va falloir faire avec nous, il va falloirfaire avec le peuple !Afin de donner force aux exigences populaires,dans la foulée de la campagne « une alterna-tive à l’austérité, c’est possible », nous propo-sons au Front de gauche d’initier ensemble lagrande campagne « Et vous, quels changementsde société voulez-vous ? », une grande cam-pagne visant à libérer la parole et les aspira-tions des entraves du renoncement. Elle pour-rait par exemple connaître un moment fort àl’automne prochain avec des Assises du chan-gement.

Préparer les prochaines échéances électoralesNous allons aborder en 2014 trois échéancesélectorales majeures : après les municipalesviendront les européennes, puis les sénato-riales. Et plus tard, en 2015, les élections can-tonales et régionales.Face aux ambitions affichées de la droite et del’extrême droite, pour chacune de ceséchéances, nous voulons rassembler le plus lar-gement possible sur des projets ambitieux quiplacent chaque institution en position de ré-pondre aux besoins.Les communes sont un pilier essentiel de notreRépublique. Une bataille est engagée pour re-fuser la casse de la démocratie locale : tout enpoussant les feux de coopérations choisies, lescommunes doivent gagner en liberté d’action eten responsabilité. Elles sont de formidables es-paces de citoyenneté, de services publics, deculture, de vivre ensemble.Les communistes sont engagés dans l’actionmunicipale et intercommunale, souvent au seinde majorités de gauche constituées sur desprojets, parfois dans l’opposition. Parties pre-nantes d’aventures humaines et de l’histoirelocale, ils veulent continuer à être utiles auplus près des femmes et des hommes et conti-nuer à leur rendre le pouvoir. C’est pourquoinous décidons de lancer partout des appels àde larges rassemblements en commençant dèsaujourd’hui à construire les contenus qui guide-ront notre action avec les habitantes et les ha-bitants. C’est avec elles et avec eux que nousvoulons créer les conditions de nouvellesconquêtes politiques. Partout, nous entendonsainsi renforcer et augmenter notre influence,en faisant la démonstration sur le terrainqu’une autre pratique et une autre ambition po-litique sont possibles. La présence d’élu-e-scommunistes au sein des assemblées munici-pales est un point d’appui essentiel dans lesbatailles politiques de notre parti. Cela consti-tuera un atout considérable pour renforcernotre groupe au Sénat. Nous abordons ces élec-tions dans un esprit de conquête, pour mettre

en responsabilité plus d’élu-e-s communistesencore.La force du Front de gauche sera un atout im-portant, pour aller vers les rassemblements lesplus larges possibles à gauche, avec la volontéde faire échec aux appétits de la droite et del’extrême droite. Ces échéances pourront êtrel’occasion d’ouvrir des perspectives de sortiede l’austérité et de changement. En ce sens,nous envisageons de tenir un forum national dela démocratie locale, des services publics etdes territoires.Les élections européennes pourront être l’objetd’une large convergence des forces qui contes-tent l’orientation libérale actuelle de l’Union,l’accélération des politiques austéritaires, laconvergence des États sur des choix politiquesguidés par la satisfaction des marchés finan-ciers, et le caractère profondément antidémo-cratique de son mode de fonctionnement.Nous devrons mener une campagne de dimen-sion européenne cherchant à faire converger lemaximum de forces de gauche des différentspays, avec l’objectif de renforcer dans le parle-ment européen le groupe GUE-NGL le plus fortpossible. En France, pour atteindre cet objec-tif, nous devrons constituer les listes d’unFront de gauche européen élargi pour rassem-bler toutes les forces transformatrices. Danscette optique, nous proposons au PGE d’orga-niser des forums progressistes pour la refon-dation de l’Europe.

III. UN NOUVEL ÉLAN POUR LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAISPour mener à bien ces combats, il y a besoind’un parti communiste déchaîné. Fiers desgrandes aventures auxquelles nous avonscontribué ces dernières années avec le Front degauche, nous abordons la période qui s’ouvreavec un appétit d’ogre. Avec les nouvelles éner-gies qui se rassemblent dans notre maison,nous n’avons pas peur de déclarer notre gour-mandise. Non pas celle qui rend malade et quiexige l’excès, mais celle des corps et des es-prits qui veulent manger à leur faim, celle duplaisir que l’on partage. C’est sous ce jour nou-veau, loin des caricatures, puisant force dansles épreuves qui ont affecté notre combat, quenous nous dévoilons désormais aux yeux denotre peuple. Offensifs, rassembleurs, inven-tifs, populaires… voilà qui nous sommes. Leparti de l’humain d’abord.

1. Le nouveau parti pris communisteNous avons affronté le XXe siècle. Au nom ducommunisme se sont développés des grandsespoirs et des combats essentiels, mais se sontaussi construits des régimes d’oppression quiont échoué à produire l’émancipation humaineque nous portons. Nous avons mené ici notrecombat et provoqué des avancées sociales etdémocratiques majeures ; nous avons cepen-dant peiné à nous dégager de l’affrontement quise jouait dans la guerre froide. Nous avonssouffert de voir ainsi notre idéal s’abîmer, devoir les forces capitalistes avoir beau jeu dejeter sur lui le discrédit et de voir l’espoir enun monde meilleur tellement se rétrécir. Maisnous avons choisi de ne pas fermer les yeux etd’en tirer, parfois péniblement, toutes les le-çons. Ce travail doit être poursuivi. A l’aube duXXIe siècle naissant, nous nous sentons au-jourd’hui plus libres et plus forts pour noustourner vers l’avenir. Nous savons qu’il ne peuty avoir de communisme sans démocratie, sansque le cœur en soit la démocratie. Pour êtreémancipateur, un projet politique ne peut êtrequ’une œuvre collective à laquelle chacune et

chacun peut participer.Nous voulons faire grandir le communisme denouvelle génération dont le monde a besoin.Nous décidons d’engager un grand travail surnotre visée et notre projet afin de l’approfon-dir et de mieux le donner à voir.Le Parti communiste change, sans se renier. Ilchange parce qu’il cherche encore et toujoursles meilleures voies pour cette révolution ci-toyenne. Il change parce qu’il est le bien com-mun des hommes, des femmes et des jeunes quile rejoignent de plus en plus nombreux avecleurs révoltes, leurs colères, leurs espoirs,leurs idées, leurs désirs… Il change parce qu’iln’a de cesse que d’être en dialogue avec celleset ceux qu’il rencontre. Il change parce quel’état du monde fait grandir l’urgence et le be-soin de changement. Il change et il doit encorechanger. Nous portons en nous l’exigence d’unedémocratisation toujours plus poussée denotre pratique et de notre organisation. Elledoit continuer de s’expérimenter dans la vie etde se partager au sein de notre parti. Mais noussavons aussi que l’essentiel de nos transfor-mations est liée à la construction de notre pro-jet, à la façon dont nous saurons en faire unmoteur qui nous entraînera où nous n’aurionspeut-être pas imaginé aller.

2. Un parti d’émancipation, d’action et de rassemblementMiliter est une dimension de nos vies. Militer,c’est chercher la rencontre, c’est être à l’écoutede l’autre, c’est refuser l’injustice et l’arbi-traire, c’est faire grandir la solidarité au tra-vail, c’est nouer des liens de fraternité dans lacité. Militer, c’est avoir toujours le cœur à por-tée de main, à portée d’humain.Nous voulons être un parti différent, qui porteune autre conception de la politique que cellequi consiste à vouloir se réaliser personnelle-ment dans la quête d’un destin politique per-sonnel : celle de faire participer réellement leplus grand nombre au combat commun.Nous voulons être toujours mieux un partid’émancipation, où l’on trouve à grandir et às’épanouir, où le sens de l’engagement de cha-cune et chacun se partage et s’enrichit de celuides autres. Par l’accès aux savoirs, à la culture,au débat démocratique, par les expériences mi-litantes, nous voulons en faire un outil pour quechacune et chacun puisse se construire commefemme ou comme homme, comme militante oumilitant, comme citoyenne ou citoyen. Ainsi, leParti communiste pourra être un intellectuelcollectif, un collectif d’intelligences et d’expé-riences capable de mobiliser le monde du tra-vail, du savoir, de la création, pour nourrir lareconquête idéologique et culturelle. La néces-sité de la conceptualisation et théorisation nes’est jamais faite autant sentir que dans unmonde où chacune, chacun, est confronté enpermanence au bruit et à la fureur, ainsi qu’àde profondes mutations. C’est dans cette enviede savoir, de recherche, d’éducation populaire,seule capable d’élever notre niveau de compré-hension de ce qui est à l’œuvre dans la société,que nous devons mieux ressourcer notre parti.La formation des communistes est une exigenceet un objectif majeur auxquels nous voulons ré-pondre mieux encore à l’avenir.Le champ de notre intervention ne se limite pasaux échéances électorales. Nous sommes unparti d’action, qui cherche en permanence àfaire vivre le débat et à gagner de vraies ré-ponses aux besoins. Les pratiques clientélistesqui se développent, dont l’objet est d’asservirdes hommes et des femmes par un jeu de pou-voir et de promesses sont un poison pour la po-

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36e Congrès du PCF

STATUTS

HUMANIFESTElitique. A chaque fois qu’un être humain estdans le besoin, quelle que soit son option poli-tique, notre devoir est d’agir avec lui sans at-tendre de retour pour répondre à l’urgencecomme au problème de fond que sa situationsoulève. Notre projet est à usage immédiat :nous voulons être le parti d’un peuple qui sebat.Notre parti a vocation à s’exprimer dans la so-ciété à gorge déployée, à mettre en scène sonprojet, à faire grandir ses valeurs. Pour cela, ildoit être un espace culturel et de création oùse croisent la politique, le débat d’idées et lespratiques artistiques.Son existence et son apport original sont desatouts pour tous ceux et celles qui cherchent àse rassembler pour changer les choses. Eneffet, chaque fois que nécessaire, nous voulonsparticiper aux rassemblements les plus effi-caces pour gagner des avancées. Le Front degauche en est l’une des dimensions majeures.C’est ce qu’ont compris celles et ceux qui nousrejoignent chaque jour.

3. Une ambition démocratique de tous les instantsNotre organisation est au service de ces choix.Ainsi, au cœur de notre fonctionnement, nousplaçons la délibération collective. C’est dans cecadre, en rupture avec toute idée de hiérarchie,que s’exercent les responsabilités.Au sein de nos instances, nous voulons pro-gresser encore pour faire vivre la parité, lamixité, le renouvellement et la diversité quisont essentiels pour la démocratie.Ensuite, nous voulons créer les meilleuresconditions d’une mise en mouvement des mili-tantes et des militants dans leurs lieux de vie,de travail et d’engagement. Dans une sociétéoù l’on nous présente tous les choix comme des

évidences techniques, nous voulons qu’ils puis-sent partout être porteurs de réflexion poli-tique et de dynamiques citoyennes. Nous vou-lons qu’ils puissent partout faire naître cettesolidarité et cette confiance qui permettent depousser toutes les portes, mêmes celles quel’on croyait fermées. Nous voulons qu’ils puis-sent partout agir au nom du Parti communiste,en libérant l’initiative, la spontanéité et l’in-tervention militante.Enfin, cela suppose de vivre un parti ouvert,tourné vers le monde en permanence et recher-chant à se mettre en dialogue avec la société.Nous devons ainsi poursuivre les efforts entre-pris pour mieux communiquer notre projet, nospropositions, nos initiatives, nos espoirs. Maisnous devons également développer et ouvrirnos réseaux et nos échanges à tous ceux etcelles qui veulent travailler avec nous, à tousceux et celles dont la réflexion nous intéresse.

4. Un parti populaire, pleinement déployé dans la sociétéPour s’adresser au peuple de notre pays, lespartis dominants ont découpé la population encouches, catégories et communautés. Ens’adressant à elles, il s’agit pour eux de lesfaire exister dans les représentations men-tales, de les opposer entre elles plus ou moinsartificiellement, puis d’opérer des choix et desalliances. Ce n’est pas notre conception deschoses.Nous voulons parler à toutes et tous, en fai-sant émerger l’intérêt général, le bien commun,et la promotion des valeurs essentielles pour ladignité humaine. Mais pour cela, nous sommesconscients qu’il faut pouvoir s’adresser à cha-cune et chacun dans sa vie, sans réduire per-sonne au statut social dans lequel la société lemaintient enfermé.

Le rejet de la politique s’exprime massivementparmi celles et ceux qui subissent le plus leseffets du système capitaliste et de sa crise. Etles pièges politiques se referment sur leshommes et les femmes qui sont hantés par lapeur de perdre ce qu’ils ont durement gagné.Nous devons donc reconquérir la mobilisationdes habitantes et des habitants des quartierspopulaires, où les conditions de vie sont parti-culièrement dures, pour changer avec eux leurquotidien. Pour beaucoup, ils se sentent discri-minés, abandonnés, relégués en dehors. Sou-vent, les lieux d’échanges, de rencontre, d’ac-tion sont justement ce qui fait défaut au vivreensemble. C’est avec elles et avec eux que nousdevons construire la politique dont ils ont be-soin, en commençant notre chemin au plus prèsdes besoins immédiats. C’est d’elles, c’estd’eux, que viendra le changement. C’est parelles, c’est par eux, que nous serons nous-mêmes révolutionnés.Nous devons mieux entendre celles et ceux quivivent et travaillent dans les territoires ru-raux, touchés par d’importantes dégradationsdes conditions de vie et une destruction pro-gressive des services publics. Échanger et agiravec celles et ceux qui vivent dans ces zonesisolées est un enjeu majeur pour construire desterritoires dynamiques et solidaires.Nous devons également fournir un effort sin-gulier en direction des jeunes générations, for-tement marquées par les prémices d’un nou-veau monde à naître, mais que l’on a essayéd’élever plus que jamais dans l’esprit de com-pétition et le culte du mérite. Elles peuventbousculer l’ordre établi si leurs aspirations àvivre ne sont pas étouffées. Le Parti commu-niste est pour elles et pour eux un formidableespace de vie et d’émancipation. Avec le MJCFet l’UEC, nous voulons mieux encore nous

adresser à la jeunesse, particulièrement tou-chée par la précarité, pour lui permettre deconstruire l’avenir.Nous devons nous adresser plus et mieux àcelles et ceux qui produisent au quotidien lesrichesses. S’organiser pour l’action politiquedans les entreprises, les grands groupes, lesbranches, les services publics, là où l’affronte-ment avec les forces du capital est le plus di-rect, est indispensable. Le travail, qui tend àoccuper une place de plus en plus grande et deplus en plus pesante dans les vies, pour celleset ceux qui n’en sont pas privés, semble pour-tant de plus en plus déconnecté du reste desexistences et des enjeux politiques. C’est l’unedes prouesses de la pensée dominante. Nousvoulons en faire un sujet politique majeur.Nous voulons produire un effort en direction detous ceux et toutes celles dont les peurs et lessouffrances sont instrumentalisées contreleurs propres intérêts. Partout, nous voulonsapprofondir notre lien avec les femmes et leshommes, et faire de notre parti un parti qui ras-semble largement les hommes et les femmesépris de justice, de paix et de liberté.

CONCLUSIONQu’elles furent longues, ces années, à tâton-ner, reprendre notre souffle, à résister au dé-ferlement sauvage du capitalisme. Nous avonstraversé ces épreuves, sans chercher à les fuir.Mais nous sommes là, en ce moment où lemonde peut basculer vers l’humanité plutôt quevers la barbarie. Nous sommes là, debout, hum-bles et fiers. Disponibles pour rallumer lesétoiles. Il est grand temps, ne croyez-vous pas,de préférer poursuivre nos rêves plutôt quefuir un cauchemar. Pour faire grandir l’humaind’abord, prenez la main, prenez les rênes, pre-nez le pouvoir !µ

445délégué-e-s sur 623 votant-e-s ont approuvéles nouveaux statuts du PCF. Avant d'en arriverlà, des dizaines d'entre eux ont animé le débat

dans une ambiance passionnée mais toujours respectueuse.

Durant quasiment cinq heures, on a pu entendre s'échangerdes arguments, des raisonnements, des oppositions, des de-mandes de précisions, des propositions. La disponibilité àl'échange et l'écoute de la commission représentée à la tri-bune par Isabelle De Almeida sa présidente, Marc Brynhole,Laurent Péréa, Mireille Pernot y contribuant, les président-e-s de séances (Cécile Dumas et Patrick Le Hyaric) égale-ment.Isabelle De Almeida souligna dans son rapport introductifles lignes forces du travail établi en commun, dans le res-pect du mandat que le CN avait donné : garder le socle desstatuts élaboré en 2006 et l'architecture du texte qui a sacohérence, actualiser, clarifier et énoncer des règles pré-cises.Les principales modifications portent donc sur la nécessitéde mieux articuler la souveraineté individuelle et la souve-raineté collective, mieux mettre en relation droits des adhé-rents et responsabilités des instances, mieux conjuguer di-versité et unité : réaffirmant la pluralité de droit et le res-pect des décisions majoritaires, donner plus de cohérencenationale à notre politique et d'efficacité militante à notreorganisation. La commission travaillant sur la base de 300amendements reçus.Si la philosophie générale du texte proposé aux congres-sistes ne fut pas bousculée, notons quand même des apports

significatifs dus à la discussion en séance plénière : protec-tion de l'écosystème comme défi de notre époque où bien lerespect de l’anonymat des votes entre autres.Au hit parade des échanges se hisse sans conteste la ques-tion de la règle de répartition de la cotisation. Après un longdébat, le Congrès décida d'adopter la nouvelle dispositiondite des 3 tiers se substituant à celle des 4 quarts.Signalons également quelques moments plus intenses : laquestion du droit à la formation, de l'appropriation des en-jeux européens par tous les communistes à travers le PGE, lerapport entre adhésion et droits ouverts par le versement dela cotisation, la responsabilité des différentes instances duParti, de la nécessité de l'implantation de proximité dans ladiversité des objets et de ses formes, de la représentation

des secrétaires départementaux à la direction nationale,l'égalité hommes-femmes dans l’accès et l'exercice des res-ponsabilités, la parité dans les instances du Parti, la rotationet le non cumul des mandats, etc.Pointons aussi quelques nouveautés, comme la nécessité dulien et de la coopération entre élu-e-s et le Parti, les préro-gatives renforcées de la nouvelle commission des conflitsqui change de nom, le lancement des périodes de congrès parl'appel à contribution aux adhérent-e-s. µ P. C.

Les statuts seront prochainement édités en bro-chure et seront disponibles dans les fédérations.

DES STATUTS ADAPTÉS... ET ADOPTÉS

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PARTI DE LA GAUCHE EUROPÉENNE : Marisa Matias, Margarita Muleva, Toni Barbara / AFGHANISTAN : Parti dela cohésion nationale ; Razmjo Zuhhoor • Ayenda ; Abdullah Naïbi / ALGÉRIE : Parti algérien pour la Démocratie et le Socia-lisme (PADS) ; Georges Perles • Parti pour la Laïcité et la Démocratie (PLD) ; Yasmina Bouidjira, Soad Baba-Aissa, BenhabibFewzi • Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) ; Rafik Hassani, Youcef Merrouche / ALLEMAGNE : DieLinke ; Oliver Schröder, Andreas Günther • Réseau Non à l’OTAN-Non à la guerre IALANA ; Reiner Braun • Parti communiste al-lemand (DKP) ; Bettina Jürgensen / AUTRICHE : Parti communiste autrichien (KPO) ; Waltraud Fritz-Krackl / BAHRAIN :Société pour l’Action Nationale Démocratique (WAAD) ; Sayed Radhi Mohsen Sharaf Husain, Almoosawi • Tribune Démocra-tique progressiste ; Eman Hassan Showaiter / BELGIQUE : Parti communiste ; Vladimir Caller • Parti du Travail ; Raoul He-debouw / BÉNIN : Parti communiste ; Gilbert Kouessi, Eugénie Dossa-Quenum, Honoré Lokossa / BOHÊME-MORAVIE :Parti communiste ; J. Kohlicek / BRÉSIL : Forum de Sao Paulo • Parti du Travail ; Valter Pomar • Parti communiste ; WalterSorrentino / BURKINA FASO : Union pour la Renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) ; Maître Bénéwendé Sankara • Partipour la Démocratie et le Socialisme-METBA ; Hama Arba Diallo / BURUNDI ; Conseil National pour la Défense de la Démocra-tie (CNDD) ; Léonard Nyangoma, Cyriaque Ndayitwayeko / CAMEROUN : Union des Populations du Cameroun (UPC) ; TittiDingong, Antonia Epanya / CHINE : Parti communiste ; Zhang Jianguo, Sun Zhaolong, Jin Xudong, Mme Ma Yuexi / CHY-PRE : Parti Progressiste des Travailleurs (AKEL) ; Vera Polycarpou / COLOMBIE : Parti communiste ; Jaime Caycedo, MariaCepeda / COMORES : Collectif des associations et amis des Comores ; Mustapha Abdou Raouf • Coordination des associa-tions en lutte ; Mabadi Ahmedali, Saïd Ibrahim • Parti Djawabu Ya Komor ; Youssouf Saïd Soilihi / CÔTE D’IVOIRE : FrontPopulaire Ivoirien (FPI) ; Amani N’Guessan, Mme Hortense Ade Assale • Théophile Kouamouo Journaliste pan-africain /CUBA : Parti communiste ; Pedro Noël Carrillo Alfonso, Noslen Ocana / DANEMARK : Alliance Rouge-Verte ; Inger Johans-sen / DJIBOUTI : Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie (FRUD) ; Mohamed Kadhamy • Association pour laDémocratie et le Développement (ADD) ; Ahmed Kassim Issé, Ahmed Kassim Ahmed / EGYPTE : Parti socialiste égyptien ;Mohamed Hassan Alsayed Khalil, Karima Mohamed Ali Hafnawy / EQUATEUR : Pedro Paez / ESPAGNE ; Gauche UnieParti communiste ; Maïté Mola • Parti communiste ; Juan de Dios Villanueva, Ramon Santamaria • EuiA Catalunya • GaucheUnie alternative de Catalogne ; Joan Josep Nuet, Mireia Rovira / GABON : Mouvement « Ca suffit comme ça » ; Bruno Ondo /GRANDE-BRETAGNE : Parti communiste ; John Foster • Campagne pour le Désarmement Nucléaire ; Kate Hudson /GRÈCE : Syriza ; Theano Fotiouž / HONDURAS : Front national de la résistance populaire ; Daniel René Vasquez, AntonioManca / INDE : Parti communiste ; Azeez Pasha, R. Viswanathan, Dassaradan / INDONÉSIE : Institut National des EtudesDémocratiques ; Tatiana Lukman • Parti communiste-11e Congrès ; Ibarruri Aïdit / IRAK : Parti communiste ; Raïd Fahmi ; UnionPatriotique du Kurdistan ; Barzan Faraj / IRAN : Association de Défense des prisonniers politiques et d’opinion en Iran(ADPOI) ; Behrooz Farahany • Organisation des Fedayins du peuple d’Iran (majoritaires) ; Behruz Khaligh, Hassan Naderi •Ligue des femmes iraniennes ; Irène Ansari • Parti Démocratique du Kurdistan d’Iran ; Khosrow Abdollahi • Solidarité socia-liste avec les Travailleurs en Iran ; Bernard Arefi • Parti Toudeh d’Iran ; Mohamad Chahin • Union des Fedayins du Peupled’Iran ; Raouf Kaabi, Ali Jalal / IRLANDE : Sinn Fein ; Sean Oliver / ISRAËL : Parti communiste ; Efraïm Davidi / ITALIE :Parti des Communistes Italiens (PDCI) ; Fausto Sorini, Lorenzo Battisti • Parti de la Refondation Communiste d’Italie (PRCI) ;Fabio Amato, Gianluca Schiavon / JAPON : Parti communiste ; Kimitoshi Morihara, Hiroshi Yonezawa, Nobuyuki Asada /KOWEÏT : Mouvement progressiste / KURDISTAN-IRAK : Gouvernement régional ; Mme Khaman Zrar Asaad, Akil Marceau/ KURDISTAN/TURQUIE : Parti pour la Paix et la Démocratie (BDP) ; Sélahattin Dermitas, Nazmi Gur, Eyyup Doru /LAOS ; Parti populaire révolutionnaire LAO ; Sisouk Philavong / LIBAN : Parti communiste ; Marie Debs / LUXEMBOURG :La Gauche ; Murray Smith / MADAGASCAR : Parti du Congrès de l’indépendance (AKFM) ; Jean Andriatsoavina / MALI :Convergence patriotique pour le Mali-COPAM-M22 ; Issa Ndiaye • Solidarité africaine pour la Démocratie et l’Indépendance(SADI) ; Mohamed Diarra / MAROC : La Voie Démocratique ; Mustapha Brahma, Said Sougty, Youssef Khatib • Mouvement du20 février ; Hicham Belhassen • Parti de l’Avant-garde démocratique et socialiste (PADS) ; Abderraman Ben Hida / MAURI-TANIE : Union des Forces de Progrès ; Lô Gourmo / NÉPAL : Parti communiste du Népal Marxiste léniniste unifié (PCN-MLU) ;Madhav Nepal, Ali Akhtar Mikrani / NIGER ; Organisation pour la Démocratie nouvelle (ORDN) ; Mamane Sani Adamou / PA-LESTINE : Haël Al Fahoum, Noha Rashmawi ; Parti du Peuple Palestinien (PPP) ; Assem Kurdi / PÉROU : Parti communistedu Pérou ; Rolando Ruben Brena Pantoja ; Parti communiste péruvien ; José Azparrent Représentant en France /PORTUGAL ; Parti communiste ; Manuela Bernardino ; Bloc de Gauche ; Luis Fazenda / LA RÉUNION : Parti communiste ;Fabrice Hoarau / RUSSIE : Parti communiste de la Fédération de Russie ; Sergey Obukhov / SAHARA OCCIDENTAL :Front Polisario ; Omar Mansour / SÉNÉGAL : Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) ; Amath Dansokho, Maguette Thiam,Amath Camara, Mme Seynabou Gaye / SOUDAN : Parti communiste ; Mohammad Mokhtar, Hassan Al Khatib, Rashid SidAhmed El Sheik, Rachid Saeed / SUÈDE : Parti de Gauche ; Christina Höj Larsen / SUISSE : Parti suisse du Travail ; NathalieMühlestein / SYRIE : Forum Démocratique Syrien ; Mohamed Maklouf, Souria-Houria, Mohamad Al Roumi, Ala Abdala, LamisZolhof / TCHAD : Union nationale démocratique (UND) ; Mahamat Zang-Nézouné / TUNISIE : Parti des Travailleurs ; AdelThabet / UKRAINE : Parti communiste ; Anatolii Sokoliuk, Oleksandr Zubchevskii, Viktoria Georgiievska / VENEZUELA :Jeunesse (PSUV) ; Heryck Rangel / VIETNAM : Parti communiste ; Nguyen Van Thanh, Duong Chi Dzung, Bui the Giang,Nguyen Viet Ha, Bui Le Thai, Nguyen Huu Doan, Nguyen Hong Duong.

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36e Congrès du PCF INTERNATIONAL

Moment d’émotion etde solidarité avec lesinterventions de Haelal Fahoum, ambassa-deur de Palestine enFrance, et de SelattinDemirtaç, coprésidentdu BDP. Un hommagea été rendu à SakineCansiz, Sidan Doganet Leyla Souleymez,les trois militanteskurdes assassinées le9 janvier dernier,« trois jeunes femmestrop jeunes pour mou-rir ».

Changer l’Europe

Droits des peuples

Intervention de Issa N’Diaye (Convergence patriotique du Mali)L’intervention française au Mali dénuée de toute arrière-pensée ? Certes non, maisdevant l’imminence des dangers, votre intervention fut un soulagement qui n’éludepas la question clé : quand notre peuple décidera-t-il de son avenir ? Notre pays estl’objet d’une confrontation féroce entre l’impérialisme occidental aux abois et l’impé-rialisme arabo-salafiste nouveau et conquérant dont l’objet essentiel se mesure ennombre de barils de pétrole et en tonnes d’uranium. Saurons-nous ensemble arracherles camisoles de force que cousent les forces de l’argent et retrouver la paix ?

En Europe, notre destin est intimement lié, nos combats aussi :pas de refondation dans une perspective humaine etsolidaire sans une recherche permanente des convergences etun renforcement des coopérations de toutes les forces de pro-grès qui partagent cet objectif. Construire une alternative,c’est combattre les règles du capitalisme et de la BCE, c’estmultiplier les propositions, les initiatives, les échéances et lescadres de rassemblement pour ces millions d’Européens qui re-fusent les consensus libéral et la règle d’or : l’altersummit àAthènes, le renforcement du groupe de la GUE-NGL au Parle-ment européen en 2014, la multiplication d’espaces et d’initia-tives qui puissent réunir les partis – membres ou non du PGE –,les forces syndicales et sociales qui veulent l’alternative. C’estdans cet esprit que le PGE discutera à son congrès de l’idéed’un « forum européen annuel des alternatives ».

Un grand moment desolidarité délégations étrangères

présentes au Congrès

Pour un monde de paix et de coopération

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36e Congrès du PCF RECEPTION PERSONNALITÉS

Bernard Thibault, Thierry Le Paon, Agnès Nathan, Nadine Pri-gent (CGT), Annick Coupé (Solidaires), (FSU), Guillaume Bachelay,Christophe Borgel, Luc Carvounas (PS), Pascal Durand (EELV),Jean-Luc Mélenchon, Martine Billard, Eric Coquerel, Alexis Corbière (PG), Lucien Jallamion (République et socialisme), Christian Pierrel (PCOF), Jean-Jacques Boilaroussie (les Alterna-tifs), Clémentine Autain (FASE), Christian Picquet (Gauche unitaire),Olivier Besancenot (NPA), Stéphanie Treillet, Danièle Obono(Convergence alternative), Myriam Martin (Gauche anticapitaliste), Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Catherine Coutard (MRC),Julie Hollard (PRG), Julie Mandelbaum (UNEF), Renée Le Mignot(MRAP), Maya Surduts (NDF et CADAC), Olivier Barbarant (poètespécialiste Aragon), Robert Créange (FNDIRP), François Miquet-Marty (Viavoice), Janette Habel, Nicole Sergent (CN du FG), Odette Nilès (Amicale de Châteaubriant), Jean-Jacques Porcheron(ANECR), Suzy Rojtman (Droits des femmes), Bernard Defaix (Conver-gence des collectifs défense et développement des services publics),Marie-Christine Vergiat (députée européenne), Bernard Cassen (ex-président Attac, secrétaire général de Mémoire desluttes), Pierre Khalfa (Fondation Copernic), Irène Pequerul (Francas), Christine Passérieux (GFEN), Lilian Halls-French (Initiative fémi-niste européenne), Ainsi que : Amnesty International, Les maires pour lapaix-France, le Mouvement de la paix. Les parlementaires pour le désar-mement nucléaire, France-Amérique latine, Collectif Paraguay, Collectifdes Péruviens en France, Comité de défense des droits et des libertés deTunisie, et bien d’autres…

300 invités présents au Congrès

Bernard Thibault, Thierry Le Paon, Agnès Nathan, Nadine Prigent (CGT)

Guillaume Bachelay, Christophe Borgel (PS)

Olivier Besancenot (NPA) Nathalie Arthaud (LO)

Pascal Durand (EELV)

Clémentine Autain (FASE)

Christian Picquet (GU)Martine Billard, Jean-Luc Mélenchon, Eric Coquerel (PG)

Lucien Jallamion(République et socialisme)

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36e Congrès du PCF

Concluant la réception des personnalités de la Fête del'Humanité 2012, Pierre Laurent, secrétaire national denotre parti, annonçait un congrès qui « sera le congrès

du développement du Front de gauche et d'une nouvelle èrepour le Parti communiste français ».Nous arrivons, avec cette dernière séance de notre congrèsnational, au terme de plusieurs mois de travail des commu-nistes : ils et elles ont travaillé d'arrache-pied pour qu'effec-tivement cet objectif soit rempli et que nous abordions laprochaine période avec un « appétit d'ogre ». Appétit d'ogrepour être utile au rassemblement et mettre en mouvementl'ensemble des forces qui aspirent à un réel changement,« appétit d'ogre » pour que se diffuse dans la société ce com-munisme de nouvelle génération qui a vu naissance et créedans le paysage politique français un événement politiquemajeur que la si belle tonalité de notre congrès met en lu-mière. Nous avons un potentiel extraordinaire désormais pourbousculer les scenarii les mieux huilés de ceux qui depuis desdécennies nous expliquent, la mine grave et recueillie, qu'ilconvient de se résigner aux logiques comptables et à la miseen concurrence de toutes et de tous. Appétit d'ogre enfin pourprendre les initiatives les plus larges, pour proposer sanscesse et sans cesse rassembler contre les politiques d’austé-rité dans le cadre de notre campagne, entamée de si bellefaçon lors du meeting de Metz, et qui va désormais se dé-ployer largement dans nos villes, nos quartiers, dans et de-vant les entreprises.Alors, en ce dimanche matin hivernal, au terme de ces se-maines de débats, nous nous sentons certes un peu fatigués,mais nullement rassasiés et prêts à amplifier cette « dyna-mique de l'espoir » car, à l'issue de son 36e Congrès, le Particommuniste a les forces et la volonté de hisser son action àhauteur des enjeux, de porter avec les partenaires du Front degauche, avec des millions de nos concitoyens de véritables so-lutions à la crise, de disputer aux tenants du capitalisme etaux résignés de tout poil le terrain de la modernité et de l'effi-cacité, de parler au nom de la gauche et au nom de l’intérêt denotre pays tout entier.L’adoption de la base commune avec les orientations qu’ellecontient couronne tous les efforts de création et d’intelligencede tous les adhérents du Parti communiste français, de toutescelles et tous ceux qui ont participé à cette belle aventure.L'élection de la direction nationale de notre parti qui est cematin à l'ordre du jour de notre congrès est, comme l'électionde toutes nos directions lors des congrès locaux ou départe-mentaux ces dernières semaines, un acte essentiel pour cettemise en dynamique.Les propositions qui sont soumises ce matin à votre vote ontfait l'objet d'un intense travail de la commission des candida-tures, qui s'est réuni une dizaine de fois depuis sa premièreréunion du 3 octobre. Et je tiens à remercier sincèrement etchaleureusement l'ensemble de ses membres, délégués du CNpuis du bureau du Congrès ou représentants des fédérations,pour leur implication et leur apport constructif. Leur aide toutsimplement.Nous nous sommes efforcés, tout au long de ces quelques moisde travail, d'asseoir les propositions qui vous sont faites surun état des lieux, une évaluation du travail de notre directionnationale sortante. Prendre le temps de cet état des lieuxnous est apparu essentiel pour construire et définir le rôle dela direction nationale que vous allez élire dans quelques mi-nutes. Cette évaluation a porté bien sûr sur le travail accomplidepuis le 34e Congrès de décembre 2008. Lors du 35e Congrès,en effet, nous avons fait le choix de réélire, sans la renouve-ler, à l’exception du secrétaire national et de quelques ajuste-ments que la vie rendait nécessaires, notre direction natio-nale.Nous avons d'une part souligné l'importance du travail accom-pli en quatre ans par notre direction nationale dans son en-semble, CN, CEN, secteurs de travail, etc. Depuis 2008, nousavons eu à affronter cinq élections (européennes, régionales,cantonales, présidentielle, législatives), à mettre en œuvreune stratégie nouvelle, à batailler contre le pouvoir sarko-zyste, à mener (entre autres) la formidable bataille des re-traites. Le Parti a beaucoup mûri, il a retrouvé un élan nou-veau, il s'est largement rassemblé. Le nombre d’adhésions denotre parti depuis 2008, 23 000 comme l'a rappelé Pierre dansson rapport introductif, et singulièrement en cette année 2012

oùnous en avons réalisé plus de 7000, l’image meilleure de notreparti dans la société en sont des témoignages qui nous confè-rent aussi de nouvelles responsabilités.Mobiliser toutes les forces disponibles pour gagner le change-ment en déployant tout notre potentiel militant , tel est main-tenant notre défi et le mandat premier de la direction issue denotre 36e Congrès.Pour mener à bien cette ambition, la commission a estimé qu'ilétait nécessaire de modifier profondément les conceptions detravail de notre direction nationale : elle ne permet pas eneffet aujourd’hui une élaboration suffisamment collective, niune mise en œuvre suffisamment efficace de notre politique.Ont été pointés le nombre excessif de ses membres, des inter-ventions souvent juxtaposées ne laissant pas suffisamment deplace à un véritable dialogue, des positionnements figés, voire« claniques », pour reprendre des expressions employées lorsde nos réunions de commission : bref un parlement plus qu’unedirection politique.Comment donc progresser et se doter d'une direction qui soitun véritable collectif dirigeant qui ait plaisir à travailler en-semble ?Le CN ne doit plus être un lieu de représentation, où oncherche d'abord à incarner les idées de sa sensibilité, mais uncollectif d'hommes et de femmes préparés à l'exercice de res-ponsabilités par leurs activités politiques militantes, élec-tives ou syndicales, associatives, reconnus pour leurs compé-tences. Des dirigeants du Parti en capacité réelle de dégagerle temps et l'énergie nécessaires pour participer à la directiond'un parti national.Nous avons donc travaillé avec l'objectif d’une direction natio-nale composée de camarades disponibles pour exercer unetâche nationale et qui accepteront de mettre leur richesse à ladisposition du travail national du Parti. Des camarades, accep-tant de se penser, de s’assumer, ai-je envie de dire, comme di-rigeants nationaux de notre parti.Nous avons donc besoin d'abord de camarades à même d'assu-rer l'animation ou la participation à des collectifs thématiquesou secteurs de travail. Travail qui doit conduire à l'actualisa-tion et à l'approfondissement permanents de nos proposi-tions, et à la refondation, dans la durée, de notre projet com-muniste pour le XXIe siècle.Pour y parvenir, les membres de la commission ont égalementsouligné les besoins de coordination dans l'élaboration denotre politique : le besoin de mettre au « pot commun » le tra-vail des commissions pour qu'elles participent de la construc-tion de nos choix politiques, en définissant les lieux adéquatspour permettre cette transversalité.Nous avons également besoin de camarades qui permettrontun lien plus étroit avec les fédérations et les secrétaires dé-partementaux, à travers le suivi ou l'aide à des fédérations ouà des Régions.Les camarades ont, de ce point de vue, insisté sur l'importancedu fait régional, et de mieux l'intégrer dans le travail d'ensem-ble de la direction. L'objectif étant de se doter d'une directionnationale qui soit mieux en prise, dans les décisions qu'elleprend et les orientations qu'elle se donne, avec la présence duParti sur tout le territoire national.A cette fin, la nouvelle direction nationale comportera 38 se-crétaires départementaux et secrétaires départementales, 22hommes et 16 femmes, tous les autres étant, comme c'est lecas aujourd'hui, invités aux travaux de notre direction : nousconnaissons leur rôle central dans la vie du Parti, et notre fu-

ture direction aura à cœur de les associer plus étroitementencore, y compris avec un droit de vote quand l'ordre du jourdu CN le rendra nécessaire, et de donner plus d'importance en-core à la réunion des secrétaires départementaux.C'est également pour cette raison, de plus grande efficacitédans l'élaboration et la mise en œuvre de notre politique, quenous avons travaillé à franchir un cap dans la prise en comptede la diversité de notre parti.Nous avons travaillé cette question de la diversité, tout à lafois au sens des sensibilités politiques et au sens des expé-riences, des compétences ou des champs d’intervention divers(ouvriers, ingénieurs, intellectuels, syndicalistes…) de cama-rades qui accepteront de mettre leur richesse à la dispositiondu travail national du Parti. Nous n’avons pas besoin de diri-geants nationaux uniformes mais d’une équipe, diverse etcomplémentaire.Dans cette optique nous avons discuté, dans l'esprit des sta-tuts, avec les camarades qui ont soumis des textes alternatifsau projet de base commune lors du vote des adhérents du moisde décembre dernier : nous l'avons fait en prenant en compteleurs sensibilités politiques propres, mais surtout avec lesouci de construire une direction nationale qui travaille en-semble à partir des critères que nous nous sommes donnés ;de rompre autrement dit avec une logique de « groupe parle-mentaire ». Cette démarche a été accepté, 12 camarades quiont signé des textes alternatifs rejoignent donc la liste com-mune et j'ai le plaisir de vous informer qu'aucune liste alter-native n'ayant été déposée, la liste soumise à votre vote seraune liste commune, pour la première fois depuis plusieurscongrès ; c'est à mon sens un événement politique majeur dece 36e Congrès, ce qui vient par là même confirmer le besoin derassemblement et la plus grande unité des communistes, ceque tout le processus de préparation du Congrès a montréclairement, ainsi que le Congrès lui même.Une meilleure efficacité dans l'élaboration et la mise en œuvrede notre politique supposait également de construire une di-rection nationale dont le nombre soit réduit. C'est une attentedes communistes depuis plusieurs congrès, attente le plussouvent déçue malgré de réels efforts que la logique deslistes alternatives venaient régulièrement contrarier.La liste qui vous est proposée comporte donc 166 membres,sachant qu'en 2006 il y avait 254 membres du CN et lors dudernier congrès de décembre 2008, 233 : nous pouvons doncmesurer la réelle réduction du nombre que cela représente.D'autant qu'aux 233 membres sortants se sont rajoutés 49candidatures nouvelles, 32 femmes et 17 hommes, ce qui re-présente 29 % de la liste totale. Et je tiens tout particulière-ment à saluer et remercier tous les camarades qui ont acceptéde ne pas être reconduits dans cette responsabilité, pour lais-ser place au nécessaire renouvellement de notre direction. Ilssont 116 dans ce cas, ce qui est exactement 50 % des 233membres du Conseil national sortant. Nous avions rarementconnu un tel renouvellement, et je pense que c'est là aussi unévénement de ce congrès, à l'image de l’ambition de conquêteavec laquelle nous allons mettre désormais en œuvre nos dé-cisions. Je tiens à les remercier toutes et tous de leur apportau sein de notre direction. Vous comprendrez que je souhaiteplus particulièrement citer parmi elles et eux quelques cama-rades qui, par leur responsabilité nationale ou leur activitéd'élus ou de parlementaire qu'ils exercent parfois encore, ontjoué un rôle important dans notre direction nationale : AlainBocquet, Roland Muzeau, André Gérin, Dominique Grador, Mi-chèle Demessine, Colette Finet, Marie-France Vieu-Marcaud,Henriette Zoughebi... Avec, je pense, un salut particulier de lapart de notre congrès pour 4 camarades qui ont pu exercer untravail de premier plan ces dernières années auprès de Marie-George, secrétaire nationale, puis de Pierre Laurent qui lui asuccédé à cette responsabilité : Michel Laurent, Nicole Borvo,Patrice Cohen-Seat et Francis Wurtz. Pour eux comme pourtous, quitter le CN ne signifie en rien, bien au contraire, quenous n'aurons plus besoin de leur apport et de leur compé-tence. Nous travaillerons avec eux à ce que leur richesse etleur expérience continue de nourrir le travail de notre futuredirection nationale.Les communistes attendent aussi que notre direction soit da-vantage à l'image des capacités militantes et dirigeantes denotre parti. Une direction véritablement nationale, la plusproche possible des potentiels militants et de leur disposition

CANDIDATURES

Rapport de Jacques Chabalier sur les directions

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36e Congrès du PCF CANDIDATURES

CONSEIL NATIONAL ÉLU

LAURENT PierreADENOT DominiqueANDREANI CarolineANNOOT PierricASSASSI ElianeAUGUSTE FrançoisAURY ThierryBAGNAROL PascalBARBAZANGE PaulBARDEAUX ElsaBARDOT CarolineBAUDOUIN Marie-ChristineBAUDRY VivianeBAYLE SylvieBENOIST LydieBESSAC PatriceBIDARD HélèneBOCCARA FrédéricBOCQUET EricBOLZINGER Jean-FrançoisBONNERY StéphaneBONNET NicolasBONY VincentBOURSIER Marie-PierreBRAMY HervéBREFORT FrançoiseBROSSAT IanBRULIN CélineBRYNHOLE Marc

BUFFET Marie-GeorgeBURRICAND Marie-ChristineCARLIEZ JoëlCELTON SophieCHABALIER JacquesCHASSAIGNE AndréCHAUVE IsabelleCIRERA DanielCLAUX VivianeCOHEN LaurenceCOMPAIN XavierCOPPOLA Jean-MarcCORBEAUX EricDANG TRAN EmmanuelDARTIGOLLES OlivierDE ALMEIDA IsabelleDEBU RaphaëlDEME AmadouDEMEEULEMESTER JosephDERKAOUI MeriemDHARREVILLE PierreDIMICOLI YvesDIONNET BrigitteDUMAS CécileDURAND DenisDURAND Jean-MarcELORRI SophieFAINZANG ClaudeFATH Jacques

FATON NellyFAUCILLON ElsaFAVIER ChristianFITER FrançoiseFROSTIN Jean-LouisGARNIER GillesGAUTHIER ElisabethGAYRAUD MartineGENEVEE FrédérickGERVELA MichelineGIBELIN Jean-LucGOBERT Marie-JeanneGONCALVES ValérieGONTHIER-MAURIN BrigitteGRUNER MichèleGUENOT MarionGUILLAUD-BATAILLE FabienGUITARD AlineHALOUI FabienneHAYOT AlainHENIN JackyHUBERT CécileIBORRA JulienIDIR NordineINJEY RobertJACQUART FrançoisJALADE EricJANVIER AlainJARRY Karine

JOLY PascalJUMEL SébastienKARMAN Jean-JacquesKOSTER Jean-VincentLABORDE SébastienLACAZE PierreLAFAURIE AnneLAHELLEC GérardLE HYARIC PatrickLE MOING Jean-LouisLE POLLOTEC YannLE RESTE DidierLEBAIL DanièleLECROQ EmilieLEFLON MichèleLEJARRE BéatriceLORAND IsabelleMADANI LatifaMAHE VéroniqueMALAVAL GisèleMARCHAND NathalieMARCHAND NicolasMARCUCCINI JérômeMARECHAL JacquesMATHIEU PierreMATHURIN IsabelleMAZEAU CélineMAZET AnnieMENDELSOHN Christine

MESLIAN AnneMEUNIER JulieMEYER Jean-PierreMO ColetteMOKRANI MehdiMONNET YannickMONTANGON MaryseNEGRE Jean-CharlesNEGRI DominiqueNIRONI MoniqueNOIZET PasqualeOBADIA AlainPAGANO AlainPARMENTIER AlinePARNY FrancisPASQUET IsabellePASSET MichelPEREA LaurentPEREZ MartinePEYGE CatherinePOTTIER CarolinePRIMET RaphaëlleRAUZE MarjolaineRAVACHE GillesREMY ThibaultRICA MichelRONDEPIERRE DenisROUSSEL FabienROUSSILLON Marine

SAMARBAKHSH LydiaSANCHEZ VéroniqueSANDOVAL VéroniqueSATGE DominiqueSAVARY NadineSAVOLDELLI PascalSEASSAU AymericSIMONNET NathalieSOULARD PascaleSTEFANI MichelTEALDI Jean-FrançoisTRANNOY DanielleTSAGOURIS MélanieVERMOREL NathalieVESENTINI MylèneVIEU Marie-PierreVIEU-CHARIER CatherineVOIR PatriceWOJCIECHOWSKI BozenaZADERASKI LaurenceZAMICHIEI Igor

Commission des conflits :

BRYNHOLE MarcPAGANO AlainLOUAIRE MartinePEREA LaurentPRIMET Raphaëlle

sur le territoire. 63 départements et 21 régions auront doncun représentant au Conseil national. 68 camarades, 34hommes et 34 femmes, soit 41 % de la liste totale, serontissus de l'Ile-de-France, ce qui est une proportion inférieure à2008 ou elle était de 44 %, ce qui est appréciable quand ontient compte de l'importante réduction du nombre.Un effort a également été fait pour permettre l'apport de ca-marades ayant une expérience de militants d'entreprise, avecdes responsabilités syndicales, où acteurs de mouvementssociaux. Ils sont une quarantaine que nous avons pu recenserdans la proposition qui est faite.Nous avons également besoin de nous appuyer sur un nombreimportant d'élus qui nourrissent, nous le savons, des liens deproximité avec nos concitoyens en suscitant au quotidien leurintervention. Ils sont 60 dans les propositions, dans celleségalement que nous avons pu recenser de tous niveaux de col-lectivités.La moyenne d'âge de la liste proposée est de 49 ans, c'estsensiblement la même que la liste proposée il y a 4 ans, et quicorrespond à la moyenne d'âge de l'ensemble de la populationfrançaise des 18 ans et plus. Les moins de 30 ans sont 6 %mais avec un nombre plus important des 30-45 ans, la dimen-sion intergénérationnelle de notre parti se reflète mieux quelors des congrès précédents.La liste proposée est enfin à parité, ce qui est conforme à nosstatuts, mais qui est surtout une exigence démocratique etune dimension essentielle de notre projet communiste sanslaquelle il serait vain de parler d'une réelle souveraineté desadhérent-e-s.Tous ces éléments concourent donc à une plus grande effica-cité de notre direction, aux ambitions importantes que nousavons assignées à notre congrès, et à ce que les communistesse reconnaissent mieux dans la direction nationale de leurparti. Il vous reviendra d'en juger, mais j'ai la conviction queles propositions faites nous permettront de progresser nette-ment dans ce sens.Réfléchir à une plus grande efficacité de direction supposeaussi de clarifier l'ensemble du dispositif de direction et lesresponsabilités et les missions qui peuvent leur être assi-

gnées : le CN, le Comité exécutif national, la coordination.Cette organisation, un comité exécutif national et une coordi-nation de l'exécutif en son sein, aux côtés du secrétaire natio-nal, pourrait être pérennisée car la période écoulée montrequ'elle est un gage d'efficacité dans le travail collectif.C'est pour cette raison que la décision d'officialiser l'exis-tence de trois instances Conseil national, Comité exécutif na-tional, Coordination – dans nos statuts a été prise .Concernant le Comité exécutif national, il devrait rassemblerl'ensemble des grandes tâches exécutives d'animation de lavie du Parti (vie du Parti, communication interne et externe,finances, relations extérieures, élections, relations aux élus,relations internationales, jeunesse, féminisme, lieux de tra-vail...) ainsi que les grands secteurs d'animation de notre tra-vail de propositions et de projet.Le Comité exécutif national devrait en son sein assurer le lienavec toutes les régions du Parti afin d'être en permanence enprise avec tout le territoire national, comme je l'évoquais il ya quelques minutes.Animation créative de la mise en œuvre de notre stratégie po-litique, développement de la compétence collective de notretravail de direction, voilà les deux axes pour que le Comitéexécutif national renforce son efficacité, et permette auConseil national de mieux préparer son travail et ses déci-sions, de mieux remplir son rôle de direction politique.Selon nos statuts, l'élection du CEN, vous le savez, relève duConseil national sur proposition du ou de la secrétaire natio-nale. Le Conseil national qui sera élu tout à l'heure se réuniraimmédiatement pour élire en son sein une commission,conformément à nos statuts, qui élaborera une propositionpour le futur CEN qu'elle soumettra au premier conseil natio-nal qui se réunira jeudi prochain 14 février. Concernant la res-ponsabilité de secrétaire national, Pierre a fait savoir, lors duCN du 16 janvier dernier puis par un courrier adressé à notrecommission, que nous avons diffusé dans le Parti sa disponi-bilité pour exercer un second mandat, en souhaitant que cechoix fasse partie à part entière du choix collectif de la liste.Le sens du vote que nous allons émettre sera aussi de renou-veler notre confiance totale à Pierre qui a su faire preuve au

cours de son premier mandat de sa capacité à animer notrecollectif et l'ensemble du Parti et à faire vivre publiquementnos orientations et nos initiatives.Voilà les propositions que je voulais vous faire. Je laisse laplace à notre discussion et à notre volonté commune de sedoter d'un collectif de direction qui travaille au quotidien pourpermettre à toute la richesse militante de notre parti de sedéployer pleinement et à notre parti d'affronter efficacementla prochaine période.Et je souhaite que les propositions qui vous sont faites soientvalidées par votre vote, couronnant ainsi les travaux duCongrès qui, nous en sommes convaincus, fera date dansl'histoire du Parti communiste français.µ

766 inscrits, 716 votants, 92 blancs/nuls, Liste du CN : 624 (100 %)

DiscussionPour la plupart des intervenants, le travail de ras-semblement qui a abouti à la constitution d'uneliste unique est apprécié. La volonté de travail encommun dans la diversité est vécue comme uneréelle avancée. Tout en reconnaissant le besoin deréduire le nombre de membres du Conseil national,plusieurs délégués interviennent cependant pourdéfendre des candidatures proposées par leur fédé-ration (Val-d'Oise, Savoie...) A l'inverse, la fédéra-tion des Alpes-Maritimes s'étonne qu'une candida-ture non retenue par son congrès départemental seretrouve sur la liste proposée au vote des délégués. Plusieurs axes de travail sont avancés pour le tra-vail de la future direction comme le fait régional, laformation... Dans son intervention, Jacques Chaba-lier revient sur le besoin d'une direction nationalequi impulse et favorise la mise en mouvement desadhérents sur la démarche du Congrès. A l'issue dela discussion, le bulletin de vote est adopté.µ

P. F.

Page 24: CommunisteS - Spécial 36e congrès du PCF

S p é c i a l 3 6 e C o n g rè s d u P C F # 507- Supplément à l ’Humanité du 13 févr ier 2013 - PAGE 24

36e Congrès du PCF CONCLUSION

Je veux d’abord vous remercier de la confiance que vousvenez d’accorder à la liste qui vous était proposée, et àmoi-même en me confiant un nouveau mandat de secré-

taire national. Je ressens évidemment le poids de cetteconfiance. Je voudrais associer à ce moment tous les mem-bres du Conseil national qui viennent d’être élus et aussiceux qui en ont été membres ces quatre dernières annéesparce que le chemin que nous avons parcouru, nous l’avonsparcouru en équipe. C’est en équipe que nous allons continuerd’avancer. Une équipe unie à l’issue de ce congrès. C’est lesigne d’une maturité nouvelle. Elle est le signe d’un rassem-blement nouveau autour des choix que nous avons faits, il y aquatre ans, et que nous avons approfondis. Cette unité - jem’y engage - n’est conçue que dans le respect des diversités.Une diversité qui ne se réduit pas à des courants. Nous nesommes pas d’accord sur tout. Mais nous allons faire avancerde pair cette diversité et la construction permanente de notreunité qui est le moyen d’être efficaces.

Être utiles au peuple, à la France, à la gauche

Nous voulions un congrès marqué, non par les débats politi-ciens et les querelles internes, mais par une ambition : êtreutiles à notre peuple pour sortir notre pays de la crise et his-ser l’Europe, le monde sur les chemins d’une nouvelle viséede civilisation émancipatrice. La situation est trop grave pourse laisser aller à autre chose que d’aider notre peuple à sor-tir de cette situation. De ce point de vue, l’objectif est at-teint. Le 36e Congrès fera date dans l’histoire du PCF.

Nous voulions un congrès marqué par la novationcommuniste

C’est un immense défi. Le monde doit se ré-inventer. Cetteexigence s’est exprimée fortement durant ces quatre jours.Par la voix des salariés en lutte ouvrant nos travaux. Par vostémoignages, vos expériences, à vous délégués des fédéra-tions. Mais aussi par les interventions de nos invités interna-tionaux. Le communisme de nouvelle génération est une idéede grande portée. Elle nous condamne à l’audace et à l’inven-tion. Nous ne pouvons rester engoncés dans les dogmes d’au-trefois. Nous devons nous engager sur la durée, avec lesforces vives du pays et du monde, dans la construction de ceprojet. N’ayons pas peur de la novation.À ce propos, je ne résiste pas au plaisir de dire quelquesmots sur ce que certains médias ont présenté comme le scoopdu Congrès. Selon eux, l’abandon de la faucille et du marteauaurait tourneboulé les communistes. Je veux leur faire unerévélation. À la naissance du PCF en 1920, la faucille et lemarteau ne figurent pas à la une de “l’Humanité“. Pas plusd’ailleurs qu’en 1921, 1922, 1923... Il a fallu que Lénine meurtpour que la faucille et le marteau s’affichent à la une du jour-nal. C’est vrai aussi de la carte du Parti communiste français.En 1944, sur la carte du Parti des fusillés, pas de faucille nide marteau. Mais, par contre, un liseré bleu-blanc-rouge, lesymbole de la Résistance. Alors, oui notre carte a changé.Elle n’a plus les outils, mais elle a deux qualités. Elle estrouge et elle comporte le sigle du Parti de la gauche euro-péenne car nous sommes fiers d’afficher notre ambition d’ou-vrir des chemins émancipateurs pour l’Europe. En fait, pourmoi, les symboles ne s’effacent pas. Ils s’additionnent pourconstruire notre histoire. Et le signal d’aujourd’hui, c’est derallumer les étoiles. Et de regarder vers l’avenir.

Nous voulions un congrès ambitieux pour la trans-formation de l’Europe

L’accord des 27 sur le budget d’austérité montre que nousavions raison. Ils sont en train de détruire l’idée de l’Europeen érigeant l’égoïsme – des pays riches – comme règle. Lesdécisions qu’ils viennent de prendre sont terribles. Elles vontse traduire par la diminution des crédits de la PAC, la baissed’aide aux programmes aux plus démunis ou la réduction duFonds de solidarité. Cette Europe-là nous n’en voulons pas.Nous avons une tout autre idée de l’Europe. C’est pourquoi jelance un appel solennel, avec mes camarades qui siègent auParlement européen, pour inviter les députés de gauche à nepas ratifier ce budget de régression et d’austérité. C’est cecombat pour changer l’Europe que nous allons mener lors dela prochaine élection européenne.

Nous voulions un congrès ambitieuxpour le changement

C’est une urgence. Les Français ont eu raison de battre ladroite au printemps dernier. Et nous avons eu raison de lesaider à le faire. Mais aujourd’hui, le chômage grandit, lesgrands groupes continuent de licencier, l’hémorragie indus-trielle se poursuit et la pauvreté s’étend. Dans tous les sec-teurs, les services publics sont mis à mal. Ces changements,nous n’y renonçons pas et nous voulons qu’ils s’engagent dèscette année. L’appel lancé par notre congrès est clair. Nousappelons l’ensemble des forces de gauche, des forces so-ciales, syndicales, toutes les forces de changement à se mo-biliser. Nous sommes la majorité dans le pays. C’est le sensde la campagne du Front de gauche d’alternative à l’austérité.Elle est à la disposition de tous ceux qui ont voulu le change-ment en mai dernier. Nous sommes prêts à tout moment à enélargir les forces, l’espace. Toutes les forces de gauche sontles bienvenues. Les socialistes qui ne renoncent pas au chan-gement. Les écologistes qui veulent construire une véritabletransition énergétique. Nous sommes prêts à tous les dia-logues, toutes les actions convergentes. Non, nous nesommes pas cantonnés dans l’opposition. Nous sommes uneforce de rassemblement. Et nous allons mettre en mouvementles assemblées citoyennes, les fronts thématiques, le Frontdes luttes, comme autant d’outils au service de cet objectifde changement.

Trois propositions pour avancer

Sur quoi et comment pouvons-nous gagner ? J’ai remis, ven-dredi, aux forces de gauche, écologistes et d’extrême gaucheprésentes à notre congrès, trois propositions concrètes pourfaire avancer le changement. Trois occasions à saisir.La première, c’est la bataille sur les questions de l’emploi etla sécurisation de l’emploi. Un accord minoritaire ne peut de-venir la règle. On ne peut demander à la gauche, aux parle-mentaires de gauche, d’inscrire dans la loi des reculs sociauxinventés par la droite et le Medef. Cet accord n’est en rienconforme à ce qu’avait déclaré en attendre le gouvernementet le Président de la République au moment de la conférencesociale. Sur cette question, nous n’allons pas en rester là !Nous allons nous battre avec des propositions. Le Parlementn’est pas une chambre d’enregistrement. Il a le droit et le de-voir d’amender les textes qui lui sont soumis. Il faut en finiravec la pratique en vigueur sous Sarkozy. Il faut redonner vieau débat démocratique pour, en lien avec les électeurs, avecles organisations syndicales, faire avancer la réflexion. Etpour aider la gauche, nous allons avancer des propositionscomme la généralisation des droits des salariés dans lesconseils d’administration des entreprises, le droit de vetosuspensif des comités d’entreprise sur les plans de licencie-ments et l’obligation de discuter des plans alternatifs éma-nant des salariés et de leurs organisations syndicales. Nousvoulons légiférer la possibilité de reprise d’une entreprisequand le site peut vivre et se développer. Enfin, il est possi-ble d’interdire, dès demain matin, les licenciementsboursiers : le projet de loi peut être voté sans tarder au Par-lement.Deuxième proposition : l’égalité des droits. Le mariage pourtous a été adopté. C’est un progrès. Mais la bataille n’est pasterminée. Les adversaires à cette loi restent mobilisés. Lecombat doit maintenant se poursuivre pour l’adoption et pourla PMA. Et en matière de droits, la gauche doit aller bien plusloin. Elle doit décider de faire aboutir la revendication detrente ans qu’est le droit de vote des étrangers aux électionslocales. Une pétition nationale circule pour exiger ce droit.Elle doit se couvrir de milliers de signatures. Des délibéra-tions sont prises dans certaines municipalités, elles doivents’étendre à tout le pays. Partout, créons des collectifs pouranimer cette campagne. Nous voulons gagner ce droit avantles élections municipales de 2014. Enfin, autre bataille pourl’égalité, l’égalité hommes-femmes en matière salariale. Lasituation qui perdure est insupportable. Aussi allons-nousmener la bataille pour le respect de la loi et pour gagner denouveaux droits.D’autres grands chantiers sont devant nous : la défense et ledéveloppement des services publics, la relance de l’industrienationale, la revalorisation du pouvoir d’achat. Il est possibled’ouvrir des brèches et de faire la démonstration que notredémarche est crédible. Nous ne renoncerons pas à cette ba-taille pour le changement et nous allons faire des munici-pales et des européennes de 2014 les grands moments derassemblement pour le changement. Non, aucune injonctionne nous fera varier de notre ligne de conduite. Nous allonscontinuer. Nous pouvons avancer.Voilà, chers amis et camarades, le défi est grand. Mais regar-dons le chemin parcouru. Nous sortons de ce congrès plusforts, plus rassemblés. C’est le moment d’engager une grandemobilisation nationale pour rallumer les étoiles. Louis Ara-gon disait : « Il y a de quoi rêver et de quoi serrer lespoings. » Alors, rêvons et serrons les poings, camarades !µ

Clôture du 36e Congrès

Allocution de Pierre Laurent