54
COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE Juin 2016

COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR

EN RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE

Juin 2016

Page 2: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 1

COMPRENDRE L’« INDUSTRIE DU FUTUR »

EN RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE

COMMUNICATION

présentée au nom

DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL et ENVIRONNEMENTAL

DE LA RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE

par

Madame Marie-Béatrice ROCHARD

Page 3: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 2

Page 4: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 3

SOMMAIRE

PRÉAMBULE .................................................................................................................................................................. 4

INTRODUCTION ............................................................................................................................................................. 5

1 - ÉLÉMENTS DE CADRAGE .......................................................................................................................................... 8

2 - ÉVOLUTION DES CONTEXTES ................................................................................................................................. 11

2.1 - Contexte technologique ................................................................................................................................. 11

2.2 - Contexte social-sociétal .................................................................................................................................. 13

2.3 - Contexte démographique ............................................................................................................................... 13

2.4 - Contexte économique .................................................................................................................................... 14

2.5 - Contexte régional ........................................................................................................................................... 15

3 - L’INDUSTRIE DU FUTUR, UN NOUVEAU MODÈLE ................................................................................................. 19

3.1 - Une usine centrée sur l’humain ...................................................................................................................... 19

3.2 - Une usine agile, avec des modes de production flexibles et des outils de production « intelligents » ......... 21

3.3 - Une usine inscrite dans son écosystème ........................................................................................................ 22

4 – LES ENJEUX ............................................................................................................................................................ 25

4.1 - Impulser et accompagner la modernisation des outils de production ........................................................... 25

4.2 - Accompagner à la transformation des modèles économiques et accompagner les choix stratégiques des

entreprises .............................................................................................................................................................. 26

4.3 - Transformer les organisations, reconsidérer la place de l’homme au travail ................................................ 28

5 – AFFIRMER UNE STRATÉGIE INDUSTRIELLE RÉGIONALE ; PORTER LES PROJETS INDUSTRIELS RÉGIONAUX ......... 31

5.1 - Promouvoir l’industrie du futur ...................................................................................................................... 32

5.2 - Accompagner les acteurs économiques ......................................................................................................... 33

5.3 - Informer et accompagner l’innovation organisationnelle et managériale ..................................................... 33

5.4 - Accompagner les évolutions en matière de formation .................................................................................. 34

5.5 - S’appuyer sur tous les modes de financement ............................................................................................... 35

CONCLUSION ............................................................................................................................................................... 37

TABLE DES SIGLES ........................................................................................................................................................ 38

BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................................................... 40

COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL .................................................................................................................... 41

REMERCIEMENTS ........................................................................................................................................................ 42

ANNEXES ..................................................................................................................................................................... 43

Page 5: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 4

PRÉAMBULE La digitalisation, le numérique sont des réalités de notre quotidien. Nous devons sans cesse évoluer et nous y adapter. Aujourd’hui, l’interconnexion est généralisée. Cela est notamment très prégnant dans les entreprises et impacte considérablement les modalités de production. Le groupe de travail du CESER Centre-Val de Loire s’est donné pour mission, à l’aide de différents travaux et auditions, d’anticiper les évolutions pour la région Centre-Val de Loire et de mesurer les enjeux. Il lui a semblé important, dans le contexte économique actuel, de s’interroger sur cette nouvelle industrie et sur ses aspects sociaux et sociétaux.

Cette contribution n’a d’autre ambition que :

- d’apporter des éléments de compréhension à l’ensemble des acteurs politiques et socio-économiques de la région sur ce qui est appelé l’Industrie du futur,

- de repérer les changements sociaux qui pourraient en découler et en déduire les enjeux.

Page 6: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 5

INTRODUCTION En septembre 2013, Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, a lancé 34 plans pour une Nouvelle France industrielle. En mars 2015, Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, en fait un thème phare de son plan de ré-industrialisation de la France. Cette industrie du futur, numérique et connectée, participe d’une véritable « révolution industrielle ».

Schéma proposé par le CETIM

Les régions auront un rôle central dans la mise en œuvre de ce projet. Certaines, les plus industrielles, se sont déjà emparées du sujet dès 2013.

Ces deux plans (2013 et 2015) s’inscrivent dans le contexte de crise industrielle que connaît la France depuis plusieurs années et affichent la perspective de rattraper le retard pris en termes d’investissement et d’améliorer la position française dans la compétitivité internationale.

C’est en septembre 2013 que l’on assiste au lancement par le Président de la République de la "Nouvelle France industrielle" où le ministère du Redressement productif a traduit les priorités de la politique industrielle française dans 34 plans associant acteurs publics et entreprises. L’objectif était de reconquérir les parts de marché perdues de notre industrie, de créer 480 000 emplois à 10 ans et 45,5 milliards d’euros de valeur ajoutée dont près de 40 % à l’export. Le 34ème et dernier plan visant à moderniser l'outil industriel des PME est consacré à l’usine du futur. Le copilotage de ce plan est confié aux Régions par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. "Vous êtes chargés par l'État de mettre en œuvre ce plan Usine du futur et de moderniser à marche forcée, d'organiser le rattrapage de l'investissement dans l'appareil productif qui connaît des signes de fragilité et d'obsolescence", leur dit-il.

Page 7: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 6

Au Conseil des ministres du 7 mai 2014, le ministre présente une communication relative au point d’étape sur les 34 plans de la Nouvelle France industrielle. S’agissant plus particulièrement du plan Usine du futur, c’est-à-dire l’usine numérique, robotisée, sobre en énergie et en matières premières, respectueuse de ses travailleurs, un plan massif d’investissements est engagé pour aider notamment les PME et les industries françaises à adopter ces nouveaux modes de production qui feront demain la différence dans la compétition mondiale. Un an et demi seulement après son début, une refonte globale est présentée par le nouveau ministre : elle vise à "prolonger et amplifier" le plan précédent qui devient le projet Industrie du futur, lancé par le Président de la République le 14 avril 2015. Selon Emmanuel Macron, "ce plan doit jouer un rôle central dans la démarche de la seconde phase de la Nouvelle France industrielle avec pour objectif d’amener chaque entreprise à franchir un pas sur la voie de la modernisation de son outil industriel et de la transformation de son modèle par le numérique". L’industrie du futur repose sur une ambition élargie capitalisant sur les acquis du plan Usine du futur. Outre la modernisation de l’outil de production, il s’agit d’accompagner les entreprises dans la "transformation de leurs modèles d’affaires, de leurs organisations, de leurs modes de conception et de commercialisation, dans un monde où les outils numériques font tomber la cloison entre industrie et services". La France, qui possède des centres de recherche, a choisi de miser sur l’opérationnel en faisant travailler ensemble les entreprises, le monde académique et les régions sur des questions qui viennent du terrain. Elle a choisi aussi d’intensifier son action dans les domaines de la formation et des normes (plus d’un milliard d’euros a été consenti, via Bpifrance, pour des prêts aux PME et aux ETI (entreprises de taille intermédiaire). Cet effort a pour but de financer des projets concernant la robotisation, la transition numérique, l’efficacité énergétique ainsi que la production et la commercialisation de produits, de procédés ou de services innovants avec un large éventail de dispositifs. Les principales régions industrielles se sont très vite mobilisées aux côtés de l’État et de l’ARF, et aujourd’hui nous pouvons constater que les contrats de plan État/Région dans chaque région comportent un volet Industrie du futur, que des procédures d’appel à projets, d’appel à manifestations d’intérêt ont été lancées, notamment pour le diagnostic destiné à mieux accompagner les entreprises dans leur stratégie d’innovation (certaines Régions vont plus vite que d’autres, telle l’Aquitaine qui en est à sa 3ème vague d’appel à projets, ou dépassent leur objectif d’aide, telle la Champagne-Ardenne). Ainsi, le premier plan Usine du futur affirmait la nécessité de moderniser l'outil productif en favorisant et en accompagnant le développement des entreprises dans la transformation et l'optimisation de leurs outils et processus de production. Il avançait l'idée d'une usine plus écologique, sobre en ressources, plus intelligente, avec des modes de production de plus en plus adaptés à des productions personnalisées ou en petite série. L'objectif affiché du second plan est de se donner les moyens de coordonner les briques technologiques (voir encadré page 13) et de développer celles qui manquent à notre écosystème grâce à des projets de Recherche et Développement financés par l'État. Le cœur de ce plan consiste en un programme d’accompagnement méthodologique et financier des PME et des ETI sous le copilotage des Régions qui en assurent le déploiement.

C’est ainsi qu’Emmanuel Macron regroupe en mars 2015 les 34 priorités de son prédécesseur en un programme transversal Industrie du futur et « 9 solutions thématiques pour une Nouvelle France industrielle » qui sont :

- la mobilité écologique,

- la médecine du futur,

Page 8: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 7

- la confiance numérique,

- le transport de demain,

- les objets « intelligents »,

- l’économie des données,

- l’alimentation « intelligente »,

- la ville durable,

- les nouvelles ressources.

Le plan Usine du futur devient transversal et incontournable dans tous les groupes de travail. L’objectif est de relever trois défis : gagner en compétitivité, maintenir l'emploi industriel par la reconquête des marchés internationaux et améliorer la place de l’homme dans l'usine. Ce plan Usine du futur repose sur cinq piliers :

le développement d’une offre technologique en lien avec l’industrie du futur. Il vise à développer une offre de solutions sur un certain nombre de technologies identifiées comme importantes mais encore non matures, ou qui relèvent de briques technologiques non coordonnées. Les entreprises positionnées sur des technologies stratégiques telles que la fabrication additive, la virtualisation de l’usine, les objets connectés ou la réalité augmentée pourront bénéficier d’un système de subventions et d’avances remboursables afin de développer une position de leader européen voire mondial d’ici cinq ans.

un accompagnement des entreprises pour les aider dans leur transformation. Avec l’appui de l’Alliance pour l’industrie du futur, les Régions seront chargées de proposer des diagnostics aux PMI et aux ETI de leur territoire. D’ici 2016, ce sont 15 000 entreprises qui doivent être sensibilisées, 2 000 autres bénéficieront pour leur part d’un accompagnement plus approfondi. Un soutien financier sera également apporté par Bpifrance et 2,5 milliards d’euros d’avantages fiscaux seront proposés.

la formation des salariés. Une réflexion prospective sur la place de l’homme dans l’usine doit être lancée. Elle associera l’ensemble des parties prenantes : industriels, acteurs de la formation, organisations professionnelles et syndicales, etc. Ces travaux permettront de proposer des formations initiales et continues adaptées aux enjeux identifiés.

la promotion de l’industrie du futur. Afin de sensibiliser l’ensemble des acteurs aux enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une quinzaine de vitrines de visibilité nationale voire européenne. L’organisation d’un salon international dédié à l’industrie du futur, sur le modèle de la Foire de Hanovre, est également évoquée.

le renforcement de la coopération au niveau international. Ce dernier axe vise à améliorer la coordination des actions avec l’initiative européenne, mais également à établir une collaboration plus resserrée avec le projet allemand Industrie 4.0. L’enjeu est enfin de faire porter de manière plus forte la voix de la France dans les négociations des normes internationales.

En juin 2015, l’Alliance Industrie du futur a été créée. Elle réunit des organisations professionnelles, des partenaires techniques et académiques autour d’une mission de réindustrialisation pour l’avenir.

Page 9: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 8

1 - ÉLÉMENTS DE CADRAGE

L’industrie du futur résulte d’un large mouvement qui se développe quasiment simultanément depuis moins d’une dizaine d’années dans les pays industrialisés enclins à s’interroger sur leur compétitivité. A l’origine, ce sont de nombreux travaux universitaires et rapports qui ont amené les pouvoirs publics à aider les entreprises à s’engager dans cette nouvelle révolution où « l’intelligence » est introduite dans les outils industriels. En France, le Conseil économique, social et environnemental met bien en évidence et avec précision le développement de ce phénomène dans son rapport : « innovations technologiques et performance industrielle globale : l’exemple de l’impression 3 D ».

En Allemagne, dès 2006, des programmes dits de "Stratégie High Tech" se sont succédé dont l’objectif est de faire du pays l’un des champions mondiaux en termes d’innovation, en misant sur la recherche appliquée et sur la nécessité de raccourcir les délais entre la recherche et l’apparition de nouveaux produits ou services. En 2012, le Gouvernement d’Angela Merkel lance le plan Industrie 4.0 où les considérations techniques ne sont pas les seules mises en avant, il prévoit aussi un volet social avec l’anticipation des emplois de demain, qui seront créés et maintenus dans ces usines. La Commission européenne, en 2008, a lancé, dans le cadre du plan européen de relance économique, une initiative "Factories of the future" reposant sur le partenariat public-privé afin de financer le développement applicable dans les usines. À noter que pour orienter l’argent public vers les projets les plus utiles, la Commission a imposé la création de "The European factories of the future research association" composée, pour moitié, des membres des fédérations professionnelles ou académiques, et pour autre moitié, des sociétés industrielles, dont 30 % de PME. Son rôle est de faire remonter vers la Commission les enjeux exprimés par les industriels européens et de susciter des initiatives nationales. Aux États-Unis, les travaux universitaires ont été soutenus par l’administration américaine. Dès 2011 des initiatives ont été prises par le gouvernement fédéral, notamment dans les domaines de la "robotique nouvelle génération" ou dans le développement de procédés de fabrication plus efficaces. En 2012, le Président Obama annonce la mise en place du "National network for manufacturing innovation" (NNMI) regroupant industriels, universités, agences fédérales et organisations à but non lucratif pour rapprocher la recherche appliquée et le développement des produits innovants. Et, en 2014, un nouveau plan "ajoute aux aspects techniques la considération de soutien au développement des PME". En Grande-Bretagne, le réseau universitaire est très actif, notamment sur l’impression 3D. Dès 2011 des programmes sont lancés pour créer des centres technologiques sur des activités clés.

En Italie, quatre grands projets sont lancés en 2012. L’un d’entre eux, "la Fabbrica del futuro", soutient la recherche afin d’accroître la compétitivité de l’industrie sur quatre thématiques : l’usine à haute performance, l’usine évolutive et reconfigurable, l’usine pour l’homme, l’usine pour une production durable.

Les états asiatiques sont, eux aussi, engagés dans le mouvement "entreprise du futur". Ils sont tous concernés par l’impression additive (imprimante 3D). La Corée du Sud a de grandes ambitions dans ce domaine et souhaite aller au-delà de cette première étape en développant la production basée sur les commandes à distance et le service à intelligence intégrée. Le Japon, qui s’intéresse depuis

Page 10: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 9

longtemps à son avance technologique, a encouragé la formation d’une « alliance industrielle » regroupant de grandes sociétés et associant des universités sur des projets par filière et a décidé d’investir fortement dans la formation. La Chine s’est lancée depuis plusieurs années dans la compétition réunissant aussi recherche académique et recherche des entreprises. Elle a adopté son "programme national de recherche et de développement dans les hautes technologies" et l’État apporte son aide dans des domaines considérés comme stratégiques. Un partenariat entre le monde universitaire et celui de la production est aussi en place à Singapour.

La France est un des derniers pays industriels à intervenir sur le sujet. Handicap ? Atout ? Le débat est ouvert. Une chose est sûre : il y a urgence à se positionner. Fin 2015, la région Centre-Val de Loire est la 3ème région de sous-traitance et la 10ème en termes d’équipements industriels. Elle a développé une dynamique régionale sous la forme de Conférence régionale de l’industrie pilotée par l’État, la Région et les Chambres de commerce et d’industrie pour construire l’industrie du futur et répondre aux enjeux des filières d’avenir. Cette conférence se tient en 2014 avec Jean-François Dehecq (Conseil national de l’industrie) et, en 2015, avec Denis Ranque (ex-PDG de Thalès et maintenant d’Airbus). D’abord concentrée sur les enjeux d’automatisation et de robotisation en vue d’améliorer la performance des outils de production, la définition de l’industrie du futur devient plus large :

- elle est connectée (en interne, mais avec le reste du monde : clients, fournisseurs et territoires et filière),

- elle place l’homme au cœur du dispositif (valorisation des compétences, des conditions de travail, de la formation…),

- elle est propre, sobre et sûre pour s’intégrer dans son territoire.

Concrètement, cette industrie du futur en région Centre-Val de Loire se traduit aujourd’hui par un plan d’actions local, construit avec les partenaires sociaux, qui se décline sur cinq axes :

- l’usine innovante, avec : o un forum des achats publics innovants, o des actions collectives en faveur du design, o le développement de la fabrication additive ;

- l’usine efficiente et respectueuse de l’environnement, avec : o la stimulation du rôle de Bpifrance pour le financement de l’économie, o des appels à projets sur l’économie circulaire, o un accompagnement sur les normes (ISO 26000 par exemple) ;

- l’usine centrée sur l’homme, avec : o l’e-développement de nouvelles formes de management, o la GPEC sur le secteur de l’aéronautique, o la promotion des métiers, avec la semaine de l’industrie notamment ;

- l’usine en réseau, avec : o le soutien à la politique des pôles de compétitivité (contrats de performance), o des actions de mise en grappe, comme le GEAR (Groupement des entreprises de

l'arrondissement de Romorantin-Lanthenay),

Page 11: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 10

o des rendez-vous d’affaires de la sous-traitance ;

- l’usine stratège, avec : o des actions d’accompagnement à la stratégie (programme ACAMAS mené en

coopération par la FIM et le CETIM ; diagnostics stratégiques, intégration dans le fonctionnement en entreprise étendue ou encore l’adaptation des outils de conception et de production pour anticiper les demandes des donneurs d’ordres),

o la consolidation de filières (contrat IAA, lancement de branche cybersécurité), o le partage de veille stratégique avec les entreprises.

La Région Centre-Val de Loire a adopté le 15 avril 2015 les modalités d’un appel à projets Usine du futur. Elle a procédé à deux vagues : la première, le 30 juin 2015, a retenu 13 projets sur 15, la deuxième, le 13 octobre 2015, 23 sur 26.

Page 12: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 11

2 - ÉVOLUTION DES CONTEXTES Il semble important, à l'amorce de la 4ème révolution industrielle, de cibler dans quels contextes les entreprises françaises se situent face à la concurrence internationale. Cette réforme des fondamentaux industriels a pris forme avec l'arrivée de l'informatique sur le marché du travail, informatique qui, à ce jour, associée avec Internet, outil de communication ultra puissant en termes de rapidité et d'échanges d'informations en temps réel, a fait évoluer le monde en général et celui de l'industrie en particulier. Le secteur industriel est aujourd’hui affaibli par le manque d’investissements productifs. L’âge moyen du parc machines en Allemagne est de 9 ans contre 17 ans pour la France. Dit autrement, quand une pièce est fabriquée en France, l’outil utilisé a 10 ans alors qu’il en a 2 en Allemagne. La qualité en est affectée. C’est l’innovation dans le produit et/ou le service qui crée le potentiel de développement. Il est urgent de combler le retard d’investissement pour enrayer le décrochage de compétitivité des entreprises. Aujourd’hui, l’usine est intégrée dans un écosystème global, fondé sur l’accroissement de la vitesse de traitement de l’information et sur le développement massif des réseaux de communication : les cyber-systèmes. Il y a une prise de conscience générale de l’importance de l’industrie manufacturière dans la richesse nationale.

2.1 - Contexte technologique Ces évolutions technologiques et les nouveaux outils de communication ont engendré de vraies révolutions :

- de nouvelles façons de penser dans les bureaux d'études, des calculs plus puissants et plus élaborés, un meilleur suivi de la qualité et de l’archivage des données recueillies,

- une nouvelle organisation de la production (virtualisation des ateliers, simulation sur ordinateur, dialogue entre machines).

Ces innovations permettent aujourd’hui de répondre à la demande de sobriété dans l’utilisation des ressources : écoconception, recyclage, réutilisation, réparation, réemploi, économie de fonctionnalité et écologie industrielle. Par ailleurs, en même temps qu’apparaissent de nouveaux matériaux (aciers spéciaux plus légers et plus résistants, aluminiums offrant d'excellentes opportunités), la vraie révolution s’est faite avec le composite (multi-matériaux, biomatériaux, nanomatériaux), facteur aujourd’hui incontournable. Sont apparus également de nouveaux procédés de production tels que la fabrication additive ou impression 3D, procédé innovant, offrant d'énormes possibilités en termes de R&D et de coûts de production. La robotique et la cobotique (robotique collaborative) constituent une évolution émergente majeure de la robotique industrielle ainsi qu’une extension des champs d’application de celle-ci par une

Page 13: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 12

assistance au geste dans de nombreuses activités professionnelles. La cobotique offre à l’Humain des perspectives nouvelles, notamment la réduction des traumatismes liés aux gestes répétitifs. Elle peut également permettre à l’employeur l’économie d'un investissement machine non négligeable.

L’industrie du futur : une mosaïque de briques technologiques L’industrie du futur est parfois décrite en énumérant une série d’innovations technologiques en cours et les possibilités qu’elles offrent pour améliorer le système productif. Si leur seule énumération peut donner l’impression d’un ensemble de briques technologiques isolées, les démarches mises en place dans les programmes sur l’industrie du futur permettent à l’inverse d’insister sur leur articulation (le big data requiert par exemple des technologies cloud efficientes ainsi qu’une cybersécurité renforcée, et se trouve d’autant plus justifié que se développe dans le même temps l’Internet des objets). Dans son rapport d’avril 2015 sur l’Industrie 4.0, le Boston Consulting Group décrit neuf technologies fondamentales :

Big data et analytics. La présence de capteurs sur les machines et les produits permet de collecter d’importantes sommes de données. Avec les bons outils de traitement et d’analyse, ces données permettent d’optimiser la chaîne de production en identifiant de manière très fine les problèmes qui surviennent et également d’accroître la connaissance sur les habitudes et préférences des consommateurs, etc.

Robotisation. La robotique avancée permet aujourd’hui de créer des robots travaillant de façon plus autonome, flexible, et en plus grande coopération avec les opérateurs.

Simulation. La simulation 3D de produits, matériaux ou procédés s’étend à l’ensemble de la chaîne de production ; l’acquisition de données réelles permet d’affiner les modèles.

Systèmes d’intégration horizontaux et verticaux. Les systèmes d’information doivent faciliter l’intégration et la communication intra- et inter-entreprises. Ils aideront à l’automatisation de la chaîne d’approvisionnement, de production et de distribution, mais également à la création de liens plus étroits entre les différents départements d’entreprises afin de répondre au mieux à la demande.

L’Internet industriel des objets. Avec la présence de capteurs sur les machines et les objets en cours de fabrication, les machines pourront connaître l’historique de production de l’objet, la demande finale correspondante afin d’y répondre de manière automatisée ou via un poste de contrôle central.

Cybersécurité. La diffusion du numérique et l’augmentation des communications qui l’accompagne (présence de capteurs générant des données, communications au sein et en dehors de l’entreprise, etc.) font de la cybersécurité un enjeu majeur pour les entreprises industrielles. De nombreux fournisseurs de matériel industriel « 4.0 ready » se sont ainsi rapprochés de spécialistes de la cybersécurité afin de proposer des offres intégrant cet aspect.

Cloud. Le cloud est déjà très répandu pour la gestion de logiciels et de données. La plus grande interconnexion des sites de production et des départements au sein de l’entreprise requiert un partage de grandes quantités de données, rendue plus facile grâce au cloud.

Fabrication additive. Cette technologie suscite de nombreux espoirs. Au-delà de la production de prototypes, la fabrication additive permet déjà la production en petites séries de pièces complexes, de pièces de rechange et même d’outils personnalisés. Avec la maturation des technologies, la vitesse et la précision de l’impression devraient augmenter et permettre la production à une grande échelle.

Réalité augmentée. Une utilisation directe vise à fournir immédiatement à la maintenance des informations sur les techniques de réparation d’une pièce, par exemple via le port de lunettes de réalité augmentée. Cette technologie peut également être utilisée pour faire de la formation, ou rendre des étapes de conception moins abstraites afin d’y associer plus de parties prenantes.

Page 14: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 13

2.2 - Contexte social-sociétal

L’ampleur du bouleversement lié à l’avènement du numérique change brutalement le contexte social et sociétal. Que nous le voulions ou non, nous sommes tous plongés dans un environnement numérique. Le numérique impacte chacun dans le quotidien : ordinateurs, smartphones, GPS, Wifi, Facebook, Twitter, domotique… La révolution numérique n’est pas à venir, elle est déjà là1. Avec Internet 2 , les réseaux sociaux, et les sciences cognitives (neurosciences, intelligence artificielle…) le réel se modifie à la frontière avec le virtuel. Cette révolution technoscientifique des NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitiques) conduit au changement de modes de coopération avec les machines3 mais aussi à celui des relations entre les hommes. Nous vivons un changement de société fort. Notre rapport au temps et à l’espace change. Les mails et surtout les réseaux sociaux modifient nos rapports professionnels, familiaux et amicaux. Les objets connectés changent aussi notre mode de vie. Le Smartphone s’impose progressivement dans la vie domestique (sécurité et confort du logement, suivi médical personnalisé, programme alimentaire diététique…). L’industrie a longtemps eu mauvaise presse. Exposée à la concurrence internationale, les entreprises délocalisent et licencient. Avec l’image d’un travail pénible, répétitif et mal rémunéré, des conditions de travail difficiles (malpropreté et bruit), l’industrie fut longtemps perçue comme source de pollution et de risques pour l’environnement. Certains sont allés jusqu’à penser que la croissance pouvait se passer de l’industrie et être assurée principalement par les services. Aujourd’hui, la réindustrialisation et la reconquête de marchés sont reconnues comme incontournables pour maintenir l’emploi. Il s’agit d’une mesure d’intérêt général au service du bien commun sur le territoire.

2.3 - Contexte démographique La société vieillit car l’espérance de vie s’allonge. Les plus de 65 ans, qui sont à 25 % aujourd’hui seront 40 % en 2050/60. Les cobots, par exemple, peuvent jouer un rôle dans le maintien à domicile et ainsi réduire les coûts tout en augmentant le bien-être et la sécurité des personnes, comme ils peuvent aider au maintien des personnes dans le travail. Dans l’industrie, les femmes étaient très nombreuses sur des emplois peu qualifiés. Aujourd’hui, elles ne représentent plus qu’un poste sur cinq (un sur trois dans les industries technologiques). Si cette proportion est si faible, c’est que les femmes hésitent à se lancer dans une carrière industrielle. Pourtant les métiers changent et tous les postes leur sont ouverts avec des parcours professionnels variés. L’industrie prévoit 100 000 recrutements d’ici 2020 et a besoin de plus en plus de mixité dans ses équipes techniques. Le problème aujourd’hui reste un problème d’orientation. Pour parvenir à

1 Les photos reçues du robot Philae, parti il y a dix ans vers une comète à 500 millions de kilomètres de la terre. Une plante

génétiquement modifiée qui produit de la lumière comme le fait un ver luisant. Une voiture « Intelligente » capable de se garer seule dans un garage de plusieurs étages. Des lunettes de réalité augmentée permettant de greffer un cœur artificiel tout en communiquant avec un collègue pour bénéficier de ses conseils. Un robot humanoïde, capable de marcher, voir et parler qui pourra devenir un assistant et un compagnon pour une personne âgée et donner l’alerte si besoin. Près de cinq milliards d’objets communicants sont en service en 2015.

2 Actuellement 2,7 milliards de personnes sont connectées, 5 milliards dans 5 ans.

3 Évolution exponentielle de la puissance informatique passée en 30 ans de 1 000 à 1 000 milliards d’opérations par seconde.

Dans 15 ans, 1 000 milliards de milliards estimés.

Page 15: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 14

intégrer plus de femmes dans les ateliers, il faut lever les peurs concernant les métiers qui ne sont pas plus difficiles pour elles que pour les hommes, lutter contre les stéréotypes et inciter les jeunes générations à s’orienter vers les filières scientifiques et techniques. L’industrie du futur, plus accueillante, aux métiers moins pénibles, deviendra plus attractive.

2.4 - Contexte économique Depuis de nombreuses années émergent des transformations profondes. L’économie de l’offre semble céder sa place à une économie de la demande. Les technologies de calcul, de transmission et de télécommande se diffusent à l’ensemble des activités sociales et sociétales. L’arrivée des technosciences et des technologies NBIC permet de recomposer la chaîne de valeur et les équilibres entre producteurs et consommateurs. On note une tendance au changement des comportements des consommateurs : de l’achat compulsif (tout, tout de suite), ils évoluent vers une forme d’achat plus raisonné. Ils recherchent des produits de qualité, garantis, recyclables, respectueux de l’environnement, dans lesquels ils puissent avoir confiance. Ils sont souvent prêts à payer plus pour des produits et services moins standardisés, ce qui suppose traçabilité et transparence dans l’information. Toutefois, l’achat en ligne ne se généralise pas en France. Les consommateurs combinent souvent une recherche en ligne sur les produits et achats dans un magasin de proximité. Ils éprouvent encore le besoin de voir, de toucher et de demander le conseil de vendeurs. Corollairement, la livraison à domicile a aussi pris de l’ampleur. Par ailleurs, entreprises et consommateurs visent à optimiser les ressources qui se raréfient par la coopération des acteurs en interne et en externe à l’entreprise. Ainsi se développent les secteurs du recyclage et, de plus en plus, les entreprises s’organisent pour recycler leurs déchets et acheter des produits recyclés. Se développe progressivement l’économie circulaire. Dans le même esprit, les consommateurs ne cherchent plus à devenir propriétaires à tout prix mais plutôt à louer, quand c’est possible, les objets dont ils ont besoin. Ainsi se développe une économie de la fonctionnalité, une économie de partage avec les FabLabs4 et le « crowdfunding5 ». Enfin, avec l’ubérisation de l’économie, une nouvelle façon de consommer apparaît : les voyageurs utilisent BlaBlaCar6 et Airbnb7 qui mettent en relation, par mail ou SMS, conducteurs et passagers, touristes et hôtes, pour partager un véhicule sur un trajet ponctuel ou régulier, ou un logement pour une courte ou moyenne période. De la même façon, le site « le bon coin » met en relation acheteurs et vendeurs de biens ou de services… Ces changements s’imposent et engendrent des questions qui font débat. La question la plus préoccupante est celle de l’emploi. Les machines remplaceront-elles les salariés ? Cette question s’est aussi posée au moment de la révolution industrielle. En 1911, Joseph Alois Schumpeter formalisait le concept de « processus de destruction créatrice ». Pour lui, le progrès technique générait un mouvement simultané de création d'activités nouvelles et de destruction d'activités dépassées. Ainsi, la révolution industrielle s’est faite en détruisant d’abord beaucoup d’emplois artisanaux. Puis, la restructuration de l’agriculture provoqua un exode rural. Pourtant, globalement, l'emploi a augmenté très sensiblement, avec la croissance industrielle. On assiste aujourd’hui à une innovation de rupture, « l’innovation disruptive » comme la définit Clayton Christensen. Elle permet un accès massif et simple à des produits et services auparavant peu accessibles ou coûteux.

4 Les FabLabs sont des espaces de rencontre et de création collaborative qui permettent de fabriquer des objets.

5 Pour lever des fonds sous forme de dons ou prêts par Internet, en dehors des banques : KissKissBankBank, Ulule…

6 Site lancé en 2004 : un million de transports par mois.

7 Start-up californienne qui gère un million d'annonces de location de vacances dans 190 pays.

Page 16: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 15

Autrement dit, elle apporte aux clients des bénéfices supérieurs à un coût inférieur. Citons l’appareil photo numérique, qui a supplanté l’argentique, les sites collaboratifs (BlaBlaCar, le crowdfunding...). L’auteur rejoint Schumpeter sur le fait que lorsque ces marchés se seront installés, le potentiel de nouveaux emplois dépassera largement le nombre de ceux qui auront été détruits dans les modèles établis.

Le débat reste ouvert. Certains pensent que l’on va vers une société duale avec une vulnérabilité et une précarisation croissantes d’une partie de la population, d’autres aspirent à une société où le numérique permettrait à chacun de vivre en travaillant moins. Il est difficile aujourd’hui de se faire une idée de ce que sera le travail demain. Le tout connecté soulève aussi la question et la crainte de propagation de risques de piratage à grande échelle. Dans tous les cas, il est important que l’on veille à ce que la machine serve l’Homme et non l’inverse.

2.5 - Contexte régional La région Centre-Val de Loire subit une crise industrielle depuis plus de dix ans : suppressions d’emplois, vieillissement du parc machine, manque d’investissements productifs. Il est à noter que les outils de production, utilisés qu’à 70/75 % en moyenne, sont souvent peu compétitifs. Ils handicapent la conquête de nouveaux marchés surtout à l’international. Cependant, fin 2015, le diagnostic socio-économique de Pôle emploi fait les constats suivants :

- Du point de vue économique et social, la région Centre-Val de Loire fait partie des régions historiquement préservées. La crise de ces dernières années l’a cependant davantage affectée détériorant sa situation plus rapidement que celle des autres régions.

- La population est vieillissante, en particulier sur le sud du territoire. Cette part importante de personnes âgées provoque des besoins liés à ce type de population. En 2013, la région Centre-Val de Loire se situe dans la moyenne des régions françaises en ce qui concerne l’accueil des personnes âgées. Entre 2007 et 2013 le nombre d’emplois dans les services à la personne a augmenté de 38 %.

- La population de la Région Centre-Val de Loire est moins formée et moins qualifiée que sur l’ensemble du territoire français. La plus grande partie de la population active de la région est composée d’employés (29,5 %), d’ouvriers (26,7 %) et de professions intermédiaires (24,4 %). Le taux de cadres quant à lui (12 %) est inférieur de 3,8 % à celui de la France métropolitaine.

- La Région Centre-Val de Loire est fortement industrielle grâce à un positionnement de premier rang dans plusieurs filières : médicaments, parfums, cosmétiques, industrie du caoutchouc, production de 20 % de l’électricité nucléaire française, énergies renouvelables par son parc éolien et forte présence de l’industrie de l’armement.

Page 17: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 16

Chiffres Clefs 128 000 salariés 19 % de la valeur ajoutée (soit 5 points de plus que la moyenne nationale) 1

ère région pour la production de caoutchouc industriel

1ère

région pour la filière parfums et cosmétiques 2

ème région pour la production d’électricité

Sous-traitance industrielle : 930 établissements / 25 000 emplois Une balance commerciale excédentaire : 769 millions d’euros en 2014 et 615 millions en 2015 2

ème région française exportatrice de produits pharmaceutiques et de parfums/cosmétiques

517 établissements à capitaux internationaux de 35 nationalités différentes employant plus de 52 000 salariés

Des Pôles de compétitivité et des clusters qui innovent et se développent : Cosmetic Valley, DREAM, S2E2, Elastopôle, Pôlepharma, Aérocentre, l’ARIAC, Nekoé…

40 M€ investis par la Région depuis 2010 dans les laboratoires de recherche 132 M€ de soutien régional pour 2 800 entreprises via les Contrats d’Appui aux Projets (CAP)

Budget régional : 20 M€/an

La Région Centre-Val de Loire a cependant subi de plein fouet des mutations économiques de la mondialisation et de la crise. La région Centre-Val de Loire est la 8ème région exportatrice en excédent commercial. 75 % des échanges des importations et des exportations concernent les secteurs pharmaceutiques, chimiques, parfum, cosmétiques et armement. La région se place au 8ème rang métropolitain pour le PIB par habitant ce qui en fait une région relativement riche. Le dynamisme de la région se traduit par ses laboratoires de recherche en lien avec le secteur économique, son solide réseau de PME et ses quatre pôles de compétitivité ayant leur siège sur le territoire :

- COSMETIC VALLEY : parfumerie et cosmétique,

- S2E2 : électronique de puissance, composants,

- DREAM (durabilité de la ressource en eau associée aux milieux),

- ELASTOPÔLE : industrie, transport, construction et travaux publics.

Et deux pôles interrégionaux :

- VIAMECA : mécanique et mécatronique ;

- Pôle Européen de la céramique.

Ce diagnostic fait ressortir des atouts non négligeables de notre région :

- sa force industrielle et son positionnement de premier rang dans plusieurs filières,

- le potentiel de la silver économie,

- le dynamisme dû aux laboratoires de recherche en lien avec le secteur économique. À cela il convient d’ajouter :

- la proximité de la région parisienne ;

- l’existence d'une métropolisation sur la vallée de la Loire (1,2 million d'habitants soit 25 % de la population régionale sur moins de 10 % de la surface régionale) ;

Page 18: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 17

- la force du tissu de sous-traitance industrielle (environ 20 % des emplois), essentiellement représenté dans l’automobile et l’aéronautique dans le Sud de la région ;

- le réseau autoroutier ;

- la forte implantation de supply chain (chaîne logistique) en tant que 2ème région française ;

- le fonctionnement en réseau autour des secteurs économiques forts : réseaux électriques « intelligents », S2E2, DREAM, ELASTOPÔLE, COSMETIC VALLEY et POLEPHARMA, VEGEPOLYS, Mecatronics, AgreenTechValley, grandes cultures agricoles et des liaisons permanentes entre l'enseignement professionnel, les universités et les entreprises ;

- la création de la French Tech Loire Valley ;

French Tech Loire Valley : Tours et Orléans sur la même longueur d’onde… Et ça marche ! La French Tech Loire Valley est prête pour entrer dans la phase active au premier trimestre 2016. L’écosystème que constitue aujourd’hui la soixantaine d’entités –collectivités et entreprises– continue à mobiliser autour de l’émergence de ce lieu dédié à la nouvelle économie, à l’émergence des start-up numériques, dont tous évaluent son potentiel comme majeur. Tours et Orléans sont ainsi amenés à se coordonner, comme le voulait la genèse du projet ligérien qui rassemblait les deux villes phares de la région lors de la candidature au label national French Tech. Les travaux avancent sur les deux sites totems :

- À Tours, sur le site MAME, l’école supérieure des Beaux-Arts a intégré le lieu et les premières entreprises se sont installées au mois de février 2016, alors que les travaux d’aménagement vont bon train sur la zone qui leur sera dédiée dans cette première phase (les autres portions du bâtiment seront livrées d’ici fin 2017).

- Au Lab’O d’Orléans, la phase de travaux est presque terminée. L’installation des premiers arrivants est prévue vers mai 2016, au rez-de-chaussée et au premier étage. Le reste du bâtiment sera progressivement rendu disponible aux futurs entrepreneurs.

En complément lire l’annexe 1 en page 44, les 4 témoignages d’entreprises régionales dans le numéro 39 de CCI Economie 41.

- la présence d’entreprises déjà engagées dans la démarche d’industrie du futur ;

- des centres de ressources (CETIM-CERTEC et ICERMA) ;

Région Centre-Val de Loire – Le CETIM-CERTEC crée une plateforme de production partagée Agréé centre de ressources technologiques (CRT) depuis 2008, le CETIM-CERTEC à Bourges va proposer aux industriels et particulièrement aux PME des filières aéronautique et défense une plateforme de production partagée spécialisée dans la technologie 3D. Représentant un investissement de 1,5 M€, cet équipement devrait permettre à une dizaine d’industriels de caractériser et de qualifier leurs propres projets d’investissement. Ce dispositif complète le programme « usine du futur » lancé par la Région Centre-Val de Loire qui vise à accompagner une cinquantaine de PMI.

Page 19: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 18

- des clusters tels qu’AÉROCENTRE et EDEN.

Aérocentre Pôle d’Excellence Régional (APER)

AÉROCENTRE est une association loi 1901 créée en mai 2009, pour pérenniser, développer et structurer l'industrie aéronautique en région Centre et ce au plan national et international. La filière régionale est dotée de nombreux atouts: près de 321 entreprises au savoir-faire reconnu, 18 708 salariés (source CENTRECO juin 2013), un aéroport dédié au fret et à la maintenance aéronautique, 12 laboratoires de recherche en partenariat avec les principaux donneurs d'ordre du secteur.

Savoir-faire Le pôle regroupe des compétences sur: - l'aménagement cabine (sièges, équipements, IFE, etc...) - ensembles et pièces mécaniques (usinage, tôlerie, soudure, montage, assemblage, etc.) - outillage (usinage, moules, composites) - études et fabrications de pièces composites et plastiques - ensembles électromécaniques et intégrations électroniques (boitiers, câblages, cartes, composants) - procédés spéciaux (surfaces, thermiques, NADCAP) - bureaux d'études et supports (électronique, métallique, design)

Qualification - ISO 9001 - EN 9100 - PART 21 G, J - PART 145 - NADCAP - OTAN

Références - AIRBUS - ZODIAC AEROSPACE - SAFRAN - MBDA - PGA ASTRONICS - UTC - THALES - MECACHROME - DAHER - LISI AEROSPACE - ESTERLINE - DGA Par ailleurs, le bassin de consommation de la région parisienne est un atout considérable dans une industrie du futur basée sur le numérique. Cela permet de concilier à la fois une forte réactivité immédiate de production avec une supply chain fondée sur la tension des stocks (zéro stock), dans le cadre de la recherche d’une distribution de plus en plus décarbonée. Enfin, un autre facteur pourrait aussi être déterminant dans l'avenir de la région Centre-Val de Loire : la proximité et la maîtrise de productions énergétiques exportatrices (près de 20 % de la production électrique nationale). Un point de vigilance ressort toutefois concernant le niveau de qualification de la population de la région Centre-Val de Loire qui pourrait, si rien n’est fait, être un fort handicap pour le développement de l’industrie du futur.

Page 20: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 19

3 - L’INDUSTRIE DU FUTUR, UN NOUVEAU MODÈLE

L’entreprise du futur est bien plus qu’une entreprise innovante ayant effectué seulement un saut technologique ; c’est une entreprise qui fait un choix de société. L'industrie du futur semble être un concept générique d’usine idéale. Elle s’inscrit dans une prise de conscience de l’importance de l’industrie manufacturière dans la richesse nationale. Par les gains de productivité, elle offrirait l’opportunité de reconquérir des parts de marché à l’international, voire de relocaliser des productions et in fine de maintenir l’emploi, voire de l’augmenter, et dans tous les cas d’accroître la part relative du PIB. L’industrie du futur s’apparente à un système conjuguant technologies, ressources humaines et organisation de la production offrant la possibilité de fabriquer des produits et services en petites séries s’ajustant aux besoins des utilisateurs. Elle devra être propre, silencieuse, économe en matières premières et en énergie. Un nouveau « modèle » à plusieurs dimensions se dessine : c’est le système sociotechnique, capable de s’adapter à son environnement multidimensionnel changeant et dès aujourd’hui une nouvelle organisation des moyens de production, aussi bien au stade de l’approvisionnement que de la fabrication et de la diffusion des produits, se met en place dans les entreprises.

En complément lire l’annexe 2 en page 48, « Alors, l’usine du futur c’est quoi concrètement ? ».

3.1 - Une usine centrée sur l’humain La deuxième révolution industrielle a modifié en profondeur l'organisation du travail en usine en apportant le "Taylorisme" mis en œuvre par l'entreprise Ford et fort bien illustré par Charlie Chaplin dans le film "les temps modernes". Un certain nombre d’entreprises françaises fonctionnent encore selon ce modèle. La troisième révolution industrielle a, quant à elle, été accompagnée par une évolution des organisations en introduisant les méthodes du "lean manufacturing " caractérisées par le travail en équipe, la polyvalence, la production en flux tendu et le management de la qualité totale (recherche de la performance et de l’amélioration continue). Ce type d'organisation a permis des gains de productivité non négligeables pour l'outil de production français mais également une participation plus active des opérateurs plus compétents et plus autonomes. Cependant les méthodes de « lean manufacturing » sont dans certains cas mal mises en œuvre dans les entreprises françaises car appliquées par la seule hiérarchie sans participation active des opérateurs. Lorsque le « lean » n'est centré que sur le seul résultat économique, il peut être générateur de stress et de troubles musculo-squelettiques (TMS). Il doit être davantage tourné vers la capitalisation des connaissances, l'intelligence collective, la qualité des relations du travail. Il est alors appelé « lean responsable ». L’ARACT (Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail) peut être utile pour accompagner ces changements et évolutions. De la même manière, ce que certains appellent la quatrième révolution industrielle aura des répercussions très fortes sur les organisations du travail. Les usines de demain auront certes moins

Page 21: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 20

de personnels mais ceux-ci seront beaucoup plus formés et auront à réaliser de plus en plus de tâches à forte valeur ajoutée. Les organisations devront être de type "apprenantes", fondées sur le principe d'équipes autonomes qui s'auto-organisent pour réaliser les objectifs demandés par la hiérarchie. Dans l'organisation apprenante, tous les membres apprennent les uns des autres. L’organisation reconnaît que c’est « celui qui fait qui sait ». Cette communication transversale permet l'émergence de l'innovation, l'intelligence collective et l'adaptation permanente à l'environnement permettant la durabilité de l'entreprise ainsi organisée. La robotisation a déjà libéré l’homme des tâches les plus ingrates. Demain, ce qui changera, c’est la relation qu’aura l’homme avec la notion de faire. Comme l’écrivait Saint-Exupéry : « Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour leur expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose. Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer ». C’est dans ce contexte que le débat sur la place des femmes et des hommes dans l’industrie du futur et le maintien de l’emploi prend tout son sens. Au-delà de l’aménagement des postes de travail, l’organisation du travail devra être pensée avec les salariés. Le mode d’organisation demandera de la souplesse : aménagement des horaires, télétravail, astreintes pour la maintenance qui pourra se faire à distance, diversification des tâches, prise en charge de plusieurs projets, travail collaboratif. Pour que ces nouvelles organisations ne soumettent pas les femmes et les hommes à un stress permanent (pression des délais, chevauchement vie professionnelle et vie privée, etc.), il faudra définir un « droit à se déconnecter ». L’industrie du futur devra associer les salariés, dès la mise en place d’un nouvel équipement. Le salarié devra garder une certaine autonomie dans l’organisation de son travail pour ne pas être soumis aux exigences non maîtrisables imposées par les machines. Enfin, le maintien de l’emploi passera par la formation des personnels en poste aujourd’hui autant que par la qualification des jeunes et des demandeurs d’emploi. L’organisation en silo d’aujourd’hui deviendra donc beaucoup plus transversale. En effet le management devra évoluer et être adapté : responsabilisation, souplesse, autonomie deviendront les maîtres-mots. Des défis humains seront donc nécessaires : la capacité des équipes à s’approprier les solutions technologiques mises en œuvre est une condition essentielle d’une bonne viabilité. Elle permet :

- l’identification : o des freins au changement et de besoins de développement managérial, o des risques ergonomiques et propositions de solutions, o des principaux risques opérationnels liés aux compétences ;

- la formation du personnel ;

- l’amélioration des conditions de travail ;

- l’engagement du personnel et du management.

Page 22: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 21

3.2 - Une usine agile, avec des modes de production flexibles et des outils de production « intelligents » À la différence des révolutions précédentes sectorisées (énergie hydraulique, énergie électrique, robots, automates programmables, réseaux locaux), ce qui s’annonce est plutôt un changement vers une intégration transversale multi-domaines au sein de l’usine. La quatrième révolution industrielle est fondée sur l’accroissement de la vitesse de traitement de l’information et sur le développement massif de réseaux de communication. Cette nouvelle mutation technologique se caractérise par une interconnexion totale des machines et des systèmes au sein des sites de production, entre les sites et avec l’extérieur (clients, fournisseurs). Ce nouveau concept prend le nom « d’usine étendue ». Ces technologies numériques permettent une communication instantanée, en continu et intégrée des données de gestion de la production et des services ainsi que la possibilité de disposer de systèmes de traçabilité des pièces produites. La conception des produits évolue, la chaîne de fabrication se pense dès le prototypage. Cela permet un gain de temps sur le processus de fabrication et un gain de matière première. La simulation en 3D permet de concevoir des produits, mais aussi des process (la façon de produire). La configuration même de l’entreprise (optimisation de l’espace) évolue. Tout cela rend les installations reconfigurables et flexibles en fonction des besoins. Des « outils intelligents » et interconnectés peuvent assurer un autodiagnostic, un contrôle continu des procédés de fabrication et la gestion automatique de l’approvisionnement de pièces de remplacement. Cette connectivité permet aussi de piloter la production à distance ainsi que d’en assurer la maintenance. Deux briques technologiques (l’imprimante 3D et la cobotique) préfigurent les fonctions qui équiperont les outils de production de demain :

- la fabrication additive : elle offre l'avantage de pouvoir créer des formes complexes avec un état de surface et des tolérances fines. Elle permet la fabrication, couche par couche, d'un objet dessiné en CAO, sans aucune rupture de la chaîne numérique. La phase de prototypage très onéreuse est considérablement réduite ;

- le cobot : il a la capacité de manipuler des charges lourdes (80 kg). Sa base est auto-équilibrée. Il est doué de mémoire et peut gérer son déplacement dans l’espace, en toute sécurité pour lui et les opérateurs autour. Il permet de prolonger et d’augmenter les compétences de l’opérateur (réalité augmentée). Il ne peut travailler en totale autonomie. Il s’agit plutôt d’un assistant que l’opérateur programme en lui montrant les mouvements à répliquer et qu’il peut contrôler à distance et en temps réel. En fait la conception du cobot consiste à allouer à l’intelligence de l’homme, la force et la précision du robot.

Page 23: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 22

3.3 - Une usine inscrite dans son écosystème Le nouveau modèle d’usine est pensé pour être au cœur de son écosystème et pour répondre aux nouveaux besoins sociétaux. L’entreprise aura conscience de l’interdépendance des acteurs de l’écosystème et veillera au maintien de la vitalité du système. C’est la recherche d’un certain équilibre qui permet à chacun de vivre et de se développer grâce à l’activité des autres.

Entreprise ESTEVE à Rians dans le Cher déjà dans la démarche

La société ESTEVE est spécialiste en biens d’équipements pour l’industrie agroalimentaire avec un marché centré sur la BVP (boulangerie, viennoiserie, pâtisserie) industrielle. En tant qu’ingénierie de procédés industriels, elle conçoit des lignes de production capables de réaliser en automatique des recettes de poudres et de liquides pour la fabrication, par exemple, de 10 000 baguettes/heure ou de 50 000 buns/heure. En 2014, sa part export était de 43 % (CA : 14,3 M€, 100 personnes). Elle a développé, autour de procédés techniques, des solutions d’informatique et d’automatisme industriels permettant d’apporter à ses clients toute la sécurité de production et l’agilité industrielle dont ils ont besoin. La traçabilité étant au cœur de son métier, elle est à même de compiler toutes les informations d’une ligne de production, qu’elles soient natives ou déclaratives. La structuration de ces données, de ces datas, ouvre de nouveaux horizons :

éclairer la vision factuelle, globale des process industriels et de la qualité du produit final,

améliorer la disponibilité et la productivité grâce à un « Manufacturing Execution System » (MES collecte des données de production en temps réel) orienté métier,

être plus polyvalent avec des objets connectés permettant une reconfiguration automatique de la production, marqueurs « radio frequency identification » (RFID),

gérer les consommations de matière première, d’eau et d’énergie avec une qualité constante de production indépendamment des fluctuations extérieures (saisonnalité, sources d’approvisionnement, règlementions…).

ESTEVE aujourd’hui : intégrer un « produit lifecycle management » (PLM gestion du cycle de vie des produits) cette année pour capitaliser les savoir-faire de l’entreprise. ESTEVE demain : investir dans des outils de simulation de procédés industriels pour réduire les temps de développement des process clients et améliorer le « time to market » des produits finaux. Cela permettra de valider la maquette numérique de l’usine, sans financement lourd pour le client, réduisant le risque industriel et déclenchant l’investissement productif.

Page 24: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 23

- L’écosystème industriel L’usine sera connectée à ses clients qui pourront commander et suivre l’évolution de la fabrication des produits commandés. Elle sera surtout capable de fournir des produits et services individualisés, durables à des prix compétitifs, en petites et moyennes quantités, et de produire les solutions complètes avec les services associés. Elle produira une gamme variée de produits sur une même ligne de production. Par un dispositif approprié, elle restera à l’écoute permanente des clients tout au long du cycle de vie des produits et pourra même aller jusqu’à une conception collaborative de produits. L’entreprise sera connectée avec ses fournisseurs au-delà des échanges permanents de données, via le Web, sur la production en cours et les besoins à court et moyen termes. Elle établira des relations en continu pour améliorer des produits. Elle se préoccupera de construire des relations durables avec ses fournisseurs afin de capitaliser leur créativité et leur savoir-faire, dans l’objectif d’une adaptation continue des procédés de production. Elle sera amenée à reconsidérer la stricte observance de s’approvisionner au prix le plus bas. Cela afin d’anticiper les pertes liées au dépôt de bilan d’un fournisseur pour s’éviter la difficulté, voire l’impossibilité de recréer des compétences disparues avec la disparition d’un fournisseur. L’entreprise sera de plus en plus participante d’un réseau d’entreprises pour échanger, s’informer, témoigner mais aussi pour développer des intérêts communs et mutualiser des services, à l’exemple des pôles de compétitivité ou des groupements d’employeurs. Elle pourrait à l’avenir mutualiser non seulement des compétences, des moyens de recherche mais aussi des moyens de production d’énergie et des moyens logistiques. On assiste déjà à un changement : des entreprises concurrentes commencent à s’organiser pour acheter du matériel, partager des services, des compétences. Elles vont même jusqu’à proposer leurs services sur un même site afin de faciliter la comparaison des devis pour les clients.

- L’écosystème environnemental L’industrie du futur devra prendre en compte la protection de l’environnement en travaillant sur son impact environnemental en termes de pollution, d’émissions de gaz à effet de serre, d’économie d’énergie. Si elle est amenée à s’installer dans des zones urbanisées pour réduire le coût économique, écologique et social des déplacements domicile/travail, il lui faudra trouver des solutions pour réduire les nuisances de tous ordres : protection de la qualité de l’air, de l’eau et des sols, de même que la maîtrise des odeurs et du bruit. Elle devra recycler ses déchets, si possible en les valorisant en produits utilisables pour la fabrication dans d’autres entreprises, ou au profit des habitants du territoire (chauffage urbain…). Non seulement elle utilisera des combustibles de récupération mais elle deviendra elle-même

productrice d’énergie et récupérera ─pour les réutiliser ou les vendre─ les énergies perdues. Enfin, plusieurs préoccupations combinées (réduire les coûts des entrants et des transports, réagir, s’adapter et lutter contre les aléas liés au réchauffement climatique…) amèneront l’entreprise à mieux s’insérer sur son territoire et à travailler avec les acteurs de proximité.

Page 25: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 24

- L’écosystème social L’entreprise sera amenée à s’interroger sur ce qu’elle peut apporter à son territoire et ce que le territoire peut lui apporter. Le territoire attendra des entreprises qu’elles recrutent ses habitants et l’entreprise attendra que le territoire forme les futurs salariés dont elle aura besoin. Dans ce cadre, les choix technologiques utilisés ne sont pas neutres. L’automatisation aboutit à supprimer des emplois alors qu’il est possible d’envisager des solutions comme l’introduction des cobots qui permettent une réelle augmentation de la productivité en préservant l’emploi. Souvent ces solutions se révèlent moins coûteuses pour l’entreprise car elles sont plus flexibles et réactives aux aléas des carnets de commandes. Mais surtout, l’utilisation de ces cobots pourrait réinventer l’interface homme-machine : l’opérateur exercerait son « métier » et reporterait sur les cobots les tâches pénibles.

© Usine nouvelle n°3414

Pour soulager ses opérateurs et améliorer leur productivité, Audi teste des exosquelettes sur des lignes d’assemblage de modèles A4 et A6. L’exosquelette permet à son porteur de s’asseoir sans chaise. Fixé sur les jambes, au niveau des hanches, des genoux et des chevilles, il est déclenché à volonté par l’opérateur quand celui-ci est dans la posture nécessaire à l’opération.

Page 26: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 25

4 – LES ENJEUX L’enjeu principal est la reconquête des marchés pour les entreprises régionales. Il en va du maintien du tissu industriel régional et de la réindustrialisation voire des relocalisations d’activités. Les entreprises ne doivent pas rater leur transformation au nouveau modèle industriel par le numérique. Elles doivent s’adapter aux nouvelles technologies, aux nouveaux outils et changer la conception des produits et services ainsi que leurs façons de produire. Il leur faudra remettre l’investissement et l’homme au cœur de la dynamique de croissance et réduire l’empreinte sur l’environnement. Dans ce contexte, la Région doit mobiliser tous les moyens à sa disposition pour favoriser l’adaptation des entreprises régionales et faire du développement de l’industrie du futur un axe majeur de sa stratégie industrielle.

4.1 - Impulser et accompagner la modernisation des outils de production

- La continuité numérique : unifier, normaliser les outils de communication

L'entreprise devra franchir un seuil technologique pour entrer dans la 4ème révolution industrielle. L’industrie du futur sera connectée de la conception à la fabrication, entre les donneurs d’ordres, les clients et les fournisseurs. Les machines seront connectées entre elles. Le lien sera total, transparent entre toutes les étapes du cycle. Des « briques» existent déjà (technologie de communication, intelligence artificielle, logiciels CAO, PAO, robots, exosquelettes...) mais les obstacles à leur généralisation subsistent. Le dialogue entre toutes les installations (robots, machines…) est un verrou à lever même s’il reste aujourd’hui difficile d'établir des standards dans un environnement concurrentiel. Chaque fabriquant a ses propres spécifications. Dès que l’homogénéisation voire la standardisation du format des échanges de données sera efficiente, le processus s’accélèrera.

- L’enjeu de la confiance numérique

Développer des systèmes informatiques permettant l’échange d’informations, c’est donner la garantie que les données seront protégées. La sécurité et la cybersécurité sont devenues essentielles. Il est d'autant plus important que l'interconnexion comporte des risques de piratage. La meilleure façon de s'en protéger est la mobilisation de chaque salarié. S’il a une certaine autonomie dans l'organisation de son travail, s'il travaille en étroite collaboration avec ses collègues, le salarié sera plus conscient des enjeux : il partagera des objectifs et deviendra le meilleur garant du bon fonctionnement et de la sécurité de l'entreprise.

Page 27: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 26

Cluster EDEN sur la CyberSécurité

Le cluster couvre l’ensemble du territoire national : 150 PME – plus de 9 000 emplois – 1 milliard d’euros de chiffre d’affaire. Marchés Défense et multidomestique. Nombreuses PME exportatrices. Son positionnement :

sensibiliser les PME à la Cyber, créer des synergies avec les autres cluster Cyber, Observatoire du marché Cyber, développer des projets innovants dans les domaines d’applications de la Cyber, production/distribution d’énergie, transports, drones/robots.

Le projet Pilote EDEN Centre

Une offre de services en cyber sécurité complète. Un modèle économique de type « freemium » (offre gratuite, libre accès) pour s’adapter aux besoins et aux capacités financières des PME et TPE. La coordination des acteurs déjà en place sur chaque segment. La mise en place d’un label (ANSSI) pour conserver la souveraineté des solutions qui seront déployées. Un modèle économique qui permet l’intégration progressive et continue de R&D répondant aux attentes du marché.

4.2 - Accompagner à la transformation des modèles économiques et accompagner les choix stratégiques des entreprises

- Faire des choix technologiques raisonnés entre l’automatisation globale et la cobotisation qui pourrait dans certains cas préserver l’emploi.

Le concept d’industrie du futur démythifié, reste à savoir par où commencer, par quels moyens accompagner ce changement, étape par étape. Il faut s’interroger, connaître, effectuer les choix stratégiques et en mesurer les conséquences, aussi bien au niveau de l’évolution technologique, des investissements matériels et immatériels que des modes d’organisation. La production en grande série nécessite l'usage de robots, travaillant de façon fiable 24 heures sur 24. L'organisation liée à ce type de production est, par nature, assez rigide. Le nouveau marché s'appuiera de plus en plus vers des produits plus personnalisés. Les services prendront le pas sur les produits. La durée de fabrication des nouveaux produits diminuera considérablement. Il faudra envisager une organisation plus souple. La robotique collaborative permet aujourd’hui aux salariés de travailler en toute sécurité aux côtés de cobots, facilement programmables et assurant des activités complémentaires aux opérateurs.

Page 28: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 27

- Situer l’industrie du futur dans son écosystème environnemental et social.

Elle devra :

- prendre en compte les exigences du territoire auquel elle appartient : protection de l’environnement, dépollution,

- anticiper et s’organiser avec les acteurs du territoire pour faire face et s’adapter aux aléas liés au réchauffement climatique et intégrer l’idée d’une économie décarbonée,

- tenir compte et trouver des solutions au vieillissement des salariés et à la difficulté de faire venir des cadres ou des personnels très qualifiés dans certains territoires,

- offrir des emplois aux habitants du territoire, - prendre en compte la dimension énergétique au plus tôt dans la conception de chaîne

industrielle ou de construction de bâtiment.

En complément lire l’annexe 3 en page 49 : « les 6 grands challenges selon la maturité de l’entreprise ».

- Favoriser le maillage régional par l’émergence et le développement de TPE/PME et ETI. Il convient aujourd'hui de sortir d'une logique de financiarisation tournée vers l'actionnaire. Une autre logique prévaudra, celle de la proximité, développée par les TPE-PME et ETI. Les stratégies et les objectifs fixés par les entreprises devront être partagés par les salariés et soutenus par les territoires. Ce challenge est d’autant plus important que la région recense beaucoup d'entreprises sous-traitantes et de PME. La production en grande série diminuant, les grandes entreprises ont beaucoup licencié et sont devenues moins nombreuses.

- Innover dans les modes de financement des entreprises.

Les entreprises du futur auront encore plus besoin de marges suffisantes pour investir, innover, reconstituer leurs fonds propres et obtenir des prêts. Tous les moyens devront être mobilisés pour répondre à la hauteur des besoins des entreprises y compris les financements complémentaires comme le crowdfunding et les investissements collaboratifs.

En complément lire l’annexe 4 en page 51, « La réindustrialisation en France, c’est possible !»

Page 29: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 28

4.3 - Transformer les organisations, reconsidérer la place de l’homme au travail La place de la femme et de l’homme dans l’entreprise est le préalable à toutes les évolutions et innovations organisationnelles. L'entreprise du futur naîtra d'une véritable rupture tant technologique qu'organisationnelle. La mise en œuvre opérationnelle de l’industrie du futur aura des impacts majeurs tant sur le contenu du travail que sur l’organisation de l’entreprise, les qualifications demandées et leur évolution au fil du temps. Le monde ultra-connecté questionne bien évidemment le système de formation professionnelle initiale et tout au long de la vie, qui sera un des avantages compétitifs et un pilier de la capacité d’adaptation des entreprises.

L’interaction homme-machine dans l’industrie du futur

Source : Spath Dieter (ed.) (2013) : Produktionsarbeit der Zukunft – Industrie 4.0, Fraunhofer-Institut

- Passer d’une organisation segmentée à une organisation collaborative L’industrie du futur, notamment via la digitalisation et la désintermédiation, conduit à se diriger autrement, à repenser l’organisation des entreprises et à les « déhiérarchiser ». Le projet d’entreprise devient fondamental. L’entreprise du futur trouvera des nouveaux modes de gouvernance : elle devra entrer dans une logique de co-construction et de co-innovation et pour cela formaliser, partager une vision collective entre tous les collaborateurs. L’usine connectée impliquera une montée en puissance du travail collaboratif où la qualité relationnelle entre les collaborateurs du futur deviendra essentielle. C’est le passage d’un processus de production classique très segmenté à une organisation plus variée nécessitant plus de décisions,

Page 30: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 29

de coordination, de contrôle et de services attachés car il existe de nombreuses interactions entre les machines réelles et virtuelles. Les évolutions technologiques continues auront des conséquences directes sur l'homme, sur les rythmes de travail, sur l'évolution de ses compétences. Il faudra mettre en place des organisations apprenantes et accompagner le changement. Le collaborateur de l’industrie du futur devra développer des qualités interactionnelles avec ses collègues, mais aussi avec le système virtuel qui l’environne. Il sera plus qu’un spécialiste concentré sur son domaine technologique : il devra appréhender un contexte plus global. Cela aura un impact important sur les tâches et les compétences.

- Instaurer un management de la confiance

Les nouvelles technologies modifient les rapports dans l’entreprise et induisent une désynchronisation entre l’espace et le temps de travail. Les nouveaux modes de travail en réseau, la pratique du co-working, l’interconnexion et l’interdépendance, la diminution des niveaux hiérarchiques renforcent le pouvoir et l’autonomie des individus. Cela rejoint les désirs d’autonomie et de collaboration, notamment des jeunes générations. Cela suppose une nouvelle répartition de la responsabilité dans l’organisation, plus de transparence et de traçabilité et un mode de management basé sur la confiance à tous les niveaux de la hiérarchie. Le travailleur devra résoudre des problèmes de disponibilité, de sécurité et de qualité de l’information dans une usine dont les installations virtuelles et réelles seront très complexes. Cette capacité de résolution de problèmes demandera d’abord une élévation des qualifications.

- Repenser la formation

L’enjeu principal de la formation dans le cadre de l’industrie du futur réside dans le développement de profils interdisciplinaires et de compétences sociales qui deviennent alors essentielles.

Cela induit une remise en question de la formation standardisée : il faudra dépasser les frontières entre les sciences humaines et les sciences de l’ingénieur, et proposer de manière plus systématique l’acquisition de compétences transdisciplinaires comme le management ou la gestion de projet. Enfin, l’acquisition et le développement des compétences comportementales nécessaires au collaborateur du futur induira probablement une demande de formation et d’accompagnement individuel que des formations standardisées ne pourront dispenser. Enfin, il faudra prévoir des formations accessibles aux besoins de tous les citoyens, dont les parcours professionnels ne seront plus linéaires afin qu’ils apprennent à maîtriser les nouveaux outils de communication (les logiciels open source…)

En complément lire l’annexe 5 en page 52, « Quand les entreprises embaucheront des cœurs ».

Page 31: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 30

- Anticiper et produire les compétences en continu et proposer une formation tout au long

de la vie

Les métiers changent, il faut anticiper ces changements et les nouveaux savoir-faire, il faut aussi repérer les métiers émergents en lien avec l’architecture de l’organisation, la gestion des datas, la supply chain et la cybersécurité. L’évolution rapide des technologies et des modes d’organisation nécessitera un ajustement permanent des compétences. Ces changements ne pourront se faire sans une solide formation générale, base essentielle pour permettre à tous de choisir et de savoir s’adapter ou se réorienter dans un monde où exercer un même emploi toute sa vie n’est plus envisageable. Ce sont tout particulièrement les domaines créatifs d’une entreprise, comme l’approche interdisciplinaire du développement des produits ou l’ingénierie des processus qui peuvent à l’avenir demander des qualifications totalement nouvelles. La formation sera essentielle pour maintenir les compétences fondamentales et les capacités d’adaptation tout au long de la vie professionnelle : il faudra élargir les savoirs de base en y intégrant le numérique.

Page 32: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 31

5 – AFFIRMER UNE STRATÉGIE INDUSTRIELLE RÉGIONALE ; PORTER LES PROJETS INDUSTRIELS

RÉGIONAUX Pendant longtemps la région Centre-Val de Loire a profité des retombées de la désindustrialisation de la région parisienne, qui s’est poursuivie grâce à son avantage comparatif sur les coûts de l’immobilier industriel. C’est surtout grâce à sa capacité d’adapter ses capacités de production aux aléas de la conjoncture qu’elle a pu développer le secteur de la sous-traitance industrielle. Aujourd’hui, la région parisienne n’est plus la seule grande région industrielle, d’autres régions sont reconnues à l’international dans certains secteurs, et les compétences recherchées sont de plus en plus élevées. La région Centre-Val de Loire est maintenant concurrencée par d’autres régions, tant sur les secteurs traditionnels, tels l’automobile et l’aéronautique, que sur des secteurs comme l’électronique et le numérique, etc. Pour maintenir son niveau industriel, elle doit développer de nouveaux critères d’attractivité et l’inscription des entreprises sur son territoire et pour cela :

- penser la mobilité, anticiper et compléter les infrastructures, - amplifier le déploiement de la fibre optique (THD) sur l’ensemble du territoire, prioriser les

zones d’activités tant industrielles qu’artisanales, - aider à l’émergence de l’innovation partout sur le territoire, - faciliter l’implantation de nouvelles unités de production, - mettre à disposition des entreprises une main d’œuvre locale au niveau de qualification

requis.

L’industrie 4.0 va permettre la création de nouvelles PME. En Europe, dans les années à venir, la régionalisation de la production s’imposera car les modèles économiques de cette nouvelle industrie seront beaucoup moins sensibles au coût de la main d’œuvre. Comme exposé dans la partie contexte, tous les pays émergents se doteront des briques technologiques de l’usine du futur. Les facteurs différenciants se situeront essentiellement sur la capacité à innover, à former les salariés à ces nouveaux métiers ainsi qu’à alléger les normes. La stratégie de la Région Centre-Val de Loire doit dans ce contexte consister à accompagner le développement de son industrie. Cet accompagnement devra être orienté selon cinq axes principaux :

- promouvoir l’industrie du futur, - accompagner les acteurs économiques, - informer et accompagner l’innovation organisationnelle et managériale, - accompagner les évolutions en matière de formation, - trouver des nouveaux modes de financement.

Page 33: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 32

5.1 - Promouvoir l’industrie du futur Les entreprises doivent être sensibilisées au concept et aux enjeux de l’usine/Industrie du Futur. Il faut dissiper les craintes, dédramatiser, partager des expériences et s’appuyer sur des ambassadeurs porteurs d’exemples de réussite. En ce sens il convient :

- de réaliser un maillage autour du concept d’usine du futur. Ces maillages réalisés dans chaque département avec l’appui des consulaires devraient permettre en peu de temps de mieux connaître les besoins du tissu industriel de la région ;

Sur le modèle de ce qui est réalisé dans le Cher à l’initiative de la CCI et de l’UIMM

Mise en relation entre :

- le « monde » de l’industrie avec l’appui des « majors » départementaux,

- les centres de recherche : CETIM CERTEC, ICERMA pour le Cher,

- le « monde » de l’éducation et ses laboratoires de recherche (INSA et Curien, IUT de Bourges et son pôle mécatronique, AFPI, lycées professionnels, AFPA…),

- les couveuses d’entreprises,

- les start-up du numérique (Enjoy your business, CII pour le Cher),

- les clusters et pôles d’excellence (EDEN Centre, Aérocentre, Généalys),

- les FabLabs.

- d’engager les entreprises aidées dans le cadre du plan Industrie du futur à faire connaître

leurs investissements et à inviter les entreprises avec qui elles sont en relations commerciales, à utiliser les démonstrateurs à leur disposition ;

- de renforcer les synergies entre recherches universitaire et privée ;

- de favoriser la création de FabLabs dans les universités et les lycées ;

Quèsaco ? « Le FabLab » Né en 2001 aux États-Unis, le concept de « laboratoire de fabrication » a été imaginé par un professeur du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Ce sont des ateliers collaboratifs, ouverts à tous, où sont mis à la disposition de chacun des outils et des machines pour inventer, fabriquer et parfois pour réparer des objets. Dans un FabLab, le principal mot d’ordre est donc la mutualisation. En plus de démocratiser l’accès à la technologie, ces lieux prônent des valeurs d’entraide et de partage (d’outils mais aussi de connaissances). Il existe aujourd’hui une cinquantaine de FabLabs en France.

Le FabLab d’Orléans Hébergé au sein de Polytech Orléans, le FabLab tire sa richesse des synergies qu’il arrive à créer en permettant la rencontre de publics divers : particuliers (curieux de techniques, porteurs d’une idée personnelle ou professionnelle), étudiants, jeune public, designers, architectes, créatifs, chômeurs, créateurs d’entreprises, TPE/PME.

Page 34: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 33

- de diffuser ces nouvelles technologies par les centres de ressources tels que le CETIM-CERTEC, le CRESITT et I'ICERMA pour inciter les entreprises à acquérir de nouveaux équipements ;

- de créer un comité de pilotage opérationnel : l’ensemble de ce dispositif –qui pourrait être composé du Conseil régional, de la Chambre de commerce et d’industrie régionale, de l’ARITT, de la DIRRECTE et des principales branches professionnelles concernées– préparerait et suivrait un plan d’actions régional ;

- de développer une compétence sur la fabrication additive, du fait de la forte présence en région de la sous-traitance aéronautique et automobile et de la forte spécialisation du CETIM CERTEC ;

- de réaliser ensuite avec les entreprises qui le souhaitent –et en fonction de leur intérêt– des clusters spécifiques autour des briques technologiques de l’industrie du futur ;

- de mettre en avant et valoriser des grappes sur deux domaines : entreprise étendue et économie circulaire.

5.2 - Accompagner les acteurs économiques Pour pouvoir réaliser efficacement cet accompagnement, il faut que la Région se dote d’une méthode de déploiement lui permettant une connaissance approfondie de son potentiel industriel. En ce sens il convient :

- d’associer les consulaires, les branches professionnelles et les partenaires sociaux dans des

groupes de travail pour favoriser les rencontres et créer les échanges ;

- d’identifier un pôle d’expertise, guichet unique qui regroupe des spécialistes pour faciliter les démarches ;

- de favoriser la mise en réseau d’entreprises en s’appuyant sur les acteurs en capacité de mesurer le potentiel industriel de la région Centre-Val de Loire et de faciliter la diffusion des techniques nouvelles par essaimage ;

- de créer une interface régionale Web pour informer et animer l’ensemble des acteurs régionaux concernés.

5.3 - Informer et accompagner l’innovation organisationnelle et managériale Les transformations ne sont pas que techniques ou organisationnelles. La condition pour que l’industrie connectée fonctionne est de développer un management par la confiance et d’impliquer les salariés dans les choix stratégiques de l’entreprise.

Page 35: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 34

En ce sens il convient :

- d’accompagner les managers dans l’acquisition de nouvelles compétences liées au management collaboratif ;

- d’inciter les entreprises engagées dans un parcours de croissance liés aux investissements

rattachables à l’industrie du futur de s’adosser à un outil de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences qui peut être collectif ;

- d’aider les salariés à se réapproprier et à développer leur savoir-faire ;

- d’intégrer l’innovation managériale comme un critère d’éligibilité des aides régionales pour les aides ciblées « industrie du futur » ;

- d’intégrer l’innovation managériale comme un critère d’abondement pour les aides classiques de la Région ;

- d’encourager un engagement de progrès des entreprises en matière de RSE, comme sur la base de la norme ISO 26000.

5.4 - Accompagner les évolutions en matière de formation A dix ans, 50 % des métiers ne sont pas encore connus. Par conséquent, il faut trouver les moyens de valoriser et de diffuser une culture du changement : agilité, travail collaboratif, coresponsabilité... En ce sens il convient :

- d’établir un lien entre les besoins de formation des entreprises, les orientations stratégiques de la Région, les perspectives des filières industrielles et la GPEC afin de proposer des parcours professionnels adaptés, en lien avec les acteurs régionaux ayant déjà engagé des travaux sur ces thématiques ;

- d’assurer la coordination des établissements de formation dans un objectif de coopération et de complémentarité afin de construire une carte des formations professionnelles au plus près des besoins :

• de proposer des orientations de moyen terme sur des objectifs clairement définis aux organismes de formation pour structurer l’offre de formation,

• de proposer une offre de formation de proximité, • de renforcer les relations écoles/entreprises, • d’augmenter l’interdisciplinarité ;

- de s’organiser pour que les entreprises proposent en complément d’une formation initiale comprimée, une entrée dans la pratique d’entreprise et des périodes d’approfondissement :

• de mettre l’accent sur l’apprentissage et plus particulièrement sur les premiers niveaux de qualification,

• de veiller à ne pas exclure du monde économique une partie de la population des territoires (prévention des décrochages scolaires, développement de la lutte contre l’illettrisme et effort renforcé pour faire acquérir les compétences clés) ;

Page 36: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 35

- de favoriser l’implication des entreprises dans la formation professionnelle. Les entreprises ont besoin d’un cadre et de repères pour s’impliquer davantage dans la formation professionnelle d’où leur demande de standards destinés aussi à développer des processus d’évaluation de ces nouvelles compétences en entreprise, des « standards pour la reconnaissance de la formation non-formelle et formelle. » Conséquence inévitable de ces évolutions, des dispositifs d’accompagnement seront à mettre en place pour aider les salariés qui, insuffisamment qualifiés ou incapables de développer les compétences interactionnelles requises, pâtiront de l’effet d’éviction que ces changements induiront. Des modules de formation pour sensibiliser les PME/TPE à l’utilisation de nouvelles technologies (cobots, exosquelettes…) pourraient être développés. Il s’agirait de montrer le fonctionnement des machines directement dans les ateliers et de réfléchir avec les salariés à la façon dont ils pourraient les utiliser. Au-delà d’une dédramatisation et d’un premier niveau de formation, cela permettrait d’initier un management collaboratif en impliquant managers et salariés dans le choix des solutions technologiques, l’organisation de la production et l’organisation de leur travail ;

- de valoriser les métiers industriels auprès de jeunes et du monde de l’éducation. La région Centre-Val de Loire est l’unique région où il existe un délégué académique à l’éducation et l’économie. Cette fonction a permis la mise en place de plusieurs initiatives concluantes qui pourraient être dupliquées pour promouvoir l’Industrie du futur :

• favoriser les relations de l’école avec le monde de l’entreprise (stages, showrooms, etc.),

• développer les plateformes technologiques, • faire connaître les campus des métiers et qualifications (deux campus des métiers en

région) ; projets interministériels labellisés, • valoriser les Comités locaux école entreprise (CLEE) : il en existe 21 en région Centre-

Val de Loire, • adapter la formation des enseignants, • penser le chaînon manquant entre l’école et l’entreprise. Pour cela s’assurer d’un

portage, d’un pilotage et dégager un budget.

Pour répondre aux besoins de pluridisciplinarité et de l’actualisation permanente de la formation de toute la population, c’est la question de la réorganisation de notre système de formation qui est aujourd’hui posée. Ce thème mériterait une étude particulière.

5.5 - S’appuyer sur tous les modes de financement Il est primordial que les entreprises aient les moyens et/ou les soutiens financiers pour s’inscrire dans ce nouvel environnement industriel. En ce sens il convient :

- d’informer sur les toutes les sources de financements possibles pour assurer la pérennité des entreprises ;

Page 37: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 36

- d’utiliser et/ou développer de nouveaux modes de financement complémentaires, tels le crowdfunding, les financements collaboratifs et participatifs (notamment pour les petits projets de 50 à 100 K€) ;

- d’engager une réflexion sur les nouveaux modes de financements régionaux, pour créer et de développer l’épargne en région (livret épargne régional, monnaie locale…) pour favoriser autant que faire se peut le maintien de la richesse créée en région, en l’orientant sur le développement des investissements locaux ;

- d’engager une réflexion également sur les conditions à mettre en œuvre pour faire en sorte qu’une entreprise qui se sera développée grâce à une aide de la Région et qui déciderait de céder son capital à une entreprise étrangère, reverse une contribution à la Région ;

- de mettre en place une instance de concertation avec les acteurs participant au financement des projets relatifs à l’Industrie du futur à un niveau régional permettant de garantir l’affectation pertinente des dossiers sur le programme Industrie du futur, en continuité avec les appels à projets « Usine du futur ».

La Région devra définir sa stratégie en vue d’augmenter sa visibilité dans la nouvelle configuration des régions et l’afficher dans le prochain SRDEII (Schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation).

Page 38: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 37

CONCLUSION Il est encore difficile de se représenter à quoi ressemblera l’industrie du futur. Elle impliquera une coopération homme-machine et une grande flexibilité pour répondre en temps réel aux commandes et aux besoins spécifiques du client. Le CESER rappelle que l’industrie du futur ne peut être conçue, selon une vue rapide, comme une usine exclusivement composée de robots. Tout au contraire, c’est pour lui une usine avec des salariés qui bénéficient de bonnes conditions de travail, compatibles avec une vie privée respectée. L’enjeu pour la région Centre-Val de Loire sera d’investir dans des entreprises cohérentes avec le nouveau modèle industrie du futur, une usine passant le cap de la 4ème révolution industrielle, une usine citoyenne inscrite dans son territoire, une usine où les femmes et les hommes auront une place centrale, une usine créatrice d’emplois et de nouvelles richesses, une usine qui prendra en charge sa responsabilité sociétale et environnementale. Certaines entreprises sont déjà engagées dans cette démarche. Mais bien au-delà du seul bien-être au travail, une des conditions de réussite de cette nouvelle révolution industrielle repose sur une évolution du dialogue social. L’ensemble des acteurs devra s’engager dans une co-construction de l’entreprise du futur.

Page 39: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 38

TABLE DES SIGLES

A ACAMAS Programme national d’aide à la stratégie pour les PME de la mécanique

AFPI Association de formation professionnelle de l'industrie

AFPA Association pour la formation professionnelle des adultes

ANSSI Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information

ARACT Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail

ARF Association des Régions de France

ARIAC Association régionale des industries alimentaires du Centre

ARITT Agence régionale pour l’innovation et le transfert de technologie

B BVP Boulangerie, viennoiserie, pâtisserie

C CA Chiffre d’affaires

CAO Conception assistée par ordinateur

CAP Contrat d’appui aux projets

CERTEC Centre de ressources technologiques

CETIM Centre technique des industries mécaniques

CII Crédit d’impôt innovation

CLEE Comités locaux école-entreprise

CRESITT Centre régional en électronique et systèmes pour l'innovation par les transferts de technologies dans l'industrie

CRT Centre de ressources technologiques

D 3D Tridimensionnel ou trois dimensions

DIRECCTE Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi

DREAM Durabilité de la ressource en eau associée aux milieux

E EDEN Cluster de défense, sécurité, sûreté

ETI Entreprise de taille intermédiaire

F FIM Fédération des industries mécaniques

G GEAR Groupement des entreprises de l’arrondissement de Romorantin-Lanthenay

GIMELEC Groupement des industries de l’équipement électrique, du contrôle-commande et des services associés

GPEC Gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences

GPS Géo-positionnement par satellite

Page 40: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 39

I IAA Industrie agroalimentaire

ICERMA Innovation en céramique et matériaux avancés (centre de ressources technologiques)

IFE In-flight entertainment ou systèmes multimédia de bord

INSA Institut national des sciences appliquées

IUT Institut universitaire de technologie

L Lab’O Surfaces dédiées à l’activité de services mais aussi à l’activité industrielle

M MAME Nom d’une imprimerie donné à une zone industrielle située à Tours

MES Manufacturing execution system - collecte des données de production en temps réel

MIT Massachusetts Institute of technology

N NADCAP projet de collaboration créé pour l’assurance qualité dans les secteurs de l’aérospatiale et de la défense

NBIC Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitiques

NEKOE Cluster dédié à l'innovation par les services

NNMI National network for manufacturing innovation (réseau national pour la fabrication de l'innovation)

P PAO Publication assistée par ordinateur

PDG Président-directeur général

PIB Produit intérieur brut

PLM Produit lifecycle management (gestion du cycle de vie des produits)

PME Petite et moyenne entreprise

PMI Petite et moyenne industrie

R R&D Recherche et développement

RFID Radio frequency identification (radio fréquence identification)

RSE Responsabilité sociale des entreprises

S S2E2 Pôle de compétitivité de la gestion des énergies électrique et thermique

SRDEII Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation

T THD Très haut débit – fibre optique

TMS Troubles musculo-squelettiques

TPE Très petite entreprise

Page 41: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 40

BIBLIOGRAPHIE 2011 – Tony HSIEH : L’entreprise du bonheur – Editions quotidien malin

2013 09 – Rapport du GIMELEC : Industrie 4.0 – L’usine connectée 2013 09 – Résumé du GIMELEC : L’usine connectée 2014 09 – Rapport du GIMELEC – Industrie 4.0 – Les leviers de la transformation 2014 12 – Etude menée par la DIRECCTE Centre et CCI Centre : Impression 3D : état des lieux et perspectives 2015 01 – La fabrique de l’industrie : L’industrie notre avenir – Editions Eyrolles 2015 03 16 – L'Usine nouvelle : L'usine du futur c'est déjà demain 2015 05 18 – Dossier de presse du Gouvernement : Industrie du futur réunir la Nouvelle France industrielle 2015 06 12 – Rapport remis à Mme Ségolène ROYAL, ministre de l’environnement et du développement durable - groupe de travail dirigé par Corinne LEPAGE : L’économie du nouveau monde 2015 06 24 – Présentation en assemblée générale d’Elastopôle par Sylvain DORSCHNER, président d’Innoeco : « L’industrie du futur : Usine 4.0, quelle réalité pour demain ? » 2015 09 – Rapport à l’attention de Madame EL KHOMRI ministre du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle et du dialogue social, établi par Monsieur Bruno METTLING – Transformation numérique et vie au travail 2015 10 – Rapport de l’IGAS : Les besoins de formation non satisfaits au regard des besoins de l’économie – La problématique des formations émergentes ou rares 2015 10 – Alliance Industrie – Guide pratique de l’usine du futur ; enjeux et panorama de solutions

Page 42: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 41

COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL

Industrie du futur

Président de groupe Alain MERCIER, représentant du MEDEF, président de la 3ème commission « économie et emploi »

Rapporteure Marie-Béatrice ROCHARD, représentant la CFTC, membre de la 3ème commission « économie et emploi » et de la section Prospective Noël ADAM, représentant de FO, membre de la 3ème commission « économie et emploi » Gérard BOBIER, représentant de la CRMA, membre de la 3ème commission « économie et emploi » Jean-Claude BOURQUIN, représentant de la CTRC, membre de la 4ème commission « éducation, formation et recherche » Patrice DUCEAU, représentant de la CGPME, membre de la 3ème commission « économie et emploi » Pascal DUPREZ, représentant de la FNARS, membre de la 3ème commission « économie et emploi » Patricia LAUPIN, représentant de FO, membre de la 4ème commission « éducation, formation et recherche » Gérard LIGER, représentant des CODERPA, membre de la section prospective et de la 2ème commission « aménagement de l’espace » Antonio LORENZO, représentant de l’UPA, membre de la 3ème commission « économie et emploi » Patrick UGARTE, représentant du MEDEF, membre de la 3ème commission « économie et emploi » Estelle GRESLE, chargée de mission Andrée OVIDE, assistante

Page 43: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 42

REMERCIEMENTS

Le groupe remercie les personnes ci-dessous d’avoir répondu à ses sollicitations lors d’auditions ou de visites : M. Matthieu BLIN, responsable études, aménagement, prospective à la CCIR Centre M. Alain CHANTERAUD, délégué académique éducation économie (DAEE), responsable du Service

académique de l'inspection de l'apprentissage (SAIA)

M. Jean-Guy COUTAT, PDG de l’entreprise SECO TOOLS à Bourges M. Matthieu DASSONVILLE, directeur de l’unité de production de l’entreprise SECO TOOLS de Bourges M. Alain DUMONT, délégué général de la Fondation Condorcet Paris-Dauphine

M. Filipe FRANCO, directeur du FabLab orléanais M. Pierre-Marie GAILLOT, responsable du projet ROBOT Start PME et usine du futur, direction du développement du CETIM M. Pierre GIRARD, animateur technique d’AÉROCENTRE M Alban MARCHÉ, directeur de l'Industrie, des Services et du Développement International au Conseil régional du Centre-Val de Loire M. Pascal MARCHEIX, directeur général du CETIM-CERTEC de Bourges M. Jonathan NUSSBAUMER, chef du service Compétitivité et Mutations économiques à la DIRECCTE Centre-Val de Loire, chargé de mission auprès du préfet de la région Centre-Val de Loire M. Christophe PRAUD, créateur et gérant de la marque MAVEN, spécialisée dans l’aide à la décision commerciale, ancien président du centre des jeunes dirigeants d'entreprise (CJD) et corédacteur du livre Osons diriger notre entreprise autrement M. Christophe SAUVION, chargé de mission régional à l’intelligence économique auprès de la DIRECCTE Centre-Val de Loire M. Isidore TORRES, directeur de l’AFPI Bourges M. Jean-Marc UROS, délégué régional Île-de-France du CETIM Mme Marie-Josée STINTZY ; chargée de mission « filières et mutations économiques » à la Direction générale Formation Recherche Economie Emploi du Conseil régional du Centre-Val de Loire

Page 44: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 43

ANNEXES

Page 45: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 44

ANNEXE 1

Page 46: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 45

Page 47: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 46

Page 48: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 47

Page 49: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 48

ANNEXE 2

Page 50: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 49

ANNEXE 3 - Les Six grands challenges selon la maturité de l’entreprise

La conception produit/process est le premier de ces challenges. Il recouvre l'ensemble des outils et des services d'ingénierie aidant à la conception de pièces, de produits finis, de process, de lignes de production et d'usines. D'une conception produit et process séparée, ce domaine évolue vers une conception largement modélisée et simulée, et surtout conjointe produit/process. L'usine virtuelle consiste à simuler la production d'un bout à l'autre des chaînes de production, permettant d'anticiper les sources potentielles de surcoût ou de non-qualité, de pré-paramétrer les machines et équipements. Le deuxième challenge c’est le pilotage et le contrôle de l'appareil de production. Ce qui intègre le système de commande (de la commande numérique à l'interconnexion avec l'amont et l'aval de l'usine, en passant par la planification et le pilotage centralisé de la ligne de production), la traçabilité (des capteurs de conditions de la production en passant par le suivi unitaire des pièces produites) et la gestion des flux physiques (de l'automatisation de la logistique interne à l'interconnexion logistique externe). Les opérations de fabrication (cœur de la transformation) ont été identifiées comme le troisième challenge avec deux critères de performance : la précision (de l'optimisation des techniques existantes, comme l'usinage grande vitesse ou la découpe laser, aux machines intelligentes auto-correctrices) et la flexibilité (des machines multi-supports multi-opérations à la fabrication additive). Le quatrième challenge recouvre les services liés à l'appareil de production. On y trouve les services d'intégration des différents composants de la ligne de production et les services d'installation et de maintenance des machines de production. Le cinquième, nouveau venu, regroupe les technologies numériques à l’origine du bouleversement. Difficile d’imaginer l’usine de demain sans les apports du Cloud Computing que ce soit pour stocker des données, travailler en collaboration avec des postes distants ou l’utilisation de logiciels en mode SaaS ; sans le BigData Analytics qui améliorera la production via une maintenance prédictive à distance ou permettra d’augmenter son efficacité énergétique ; sans l’Internet Industriel des Objets, ces cyber-objets autonomes aptes à prendre des décisions locales. Enfin, l'organisation du travail constitue le dernier challenge. La mise en place d'organisations responsabilisant les opérateurs ou d'organisation apprenantes en sont des exemples de pratiques.

Page 51: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 50

Page 52: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 51

ANNEXE 4 – La Réindustrialisation en France

Article des Echos article du 7/08/2015

Page 53: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Page 52

ANNEXE 5 – Quand les entreprises embaucheront des cœurs

Page 54: COMPRENDRE L’INDUSTRIE DU FUTUR EN RÉGION ......enjeux de l’industrie du futur et mettre en avant les savoir-faire français en la matière, le Gouvernement souhaite lancer une

Hôtel de Région - CS 9411745041 Orléans Cedex 1Tél. [email protected] le rapport sur : ceser.regioncentre.fr

ceser.regioncentre.fr