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Le guide de la dépression

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Auteurs : MM. Desguée et Massat© Fine Media, 2014

ISBN : 978-2-36212-138-8

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Table des matières

La dépression en un coup d’œil 7Comprendre la dépression 8Les formes de dépression 8La dépression nerveuse 10Les traitements et solutions 10Les gestes de prévention 12Qui consulter ? 12

I. Comprendre la dépression 13La prévalence 14Les causes 20Les conséquences et complications 23

A Pour aller plus loin 31Astuce 31Questions/réponses de pro 31

II. Détecter la dépression 34Les symptômes 35L’anhédonie 36L’asthénie 38La prostration 39Le test de dépistage de la dépression 40Le rôle de l’entourage 41Qui consulter ? 43

A Pour aller plus loin 46Astuces 46Questions/réponses de pro 47

III. Les formes de dépression 49Une maladie plurielle 50Les troubles dépressifs 55La dépression post-partum 59La dysthymie 61La dépression bipolaire ou maniaco-dépressive 63La dépression anxieuse 65La dépression masquée 67La dépression hostile 68

A Pour aller plus loin 70Astuce 70Questions/réponses de pro 72

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IV. Soigner une dépression 74Les traitements médicamenteux 75Les thérapies 79Les médecines douces 88Les soins longs 93

A Pour aller plus loin 97Astuces 97Questions/réponses de pro 98

Index des questions et des astuces 101

Les professionnels et experts cités dans cet ouvrage 102

Trouver des professionnels près de chez vous 103

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La dépression en un coup d’œil

La dépression est une maladie du corps et de l’esprit qui est responsable de 10 à 20 millions de tentatives de suicide et de 850 000 morts par suicide chaque année dans le monde. Elle touche 15 à 20 % de la population en France. Toujours suspectés de fainéantise et de manque de volonté, les malades dépressifs se réfugient dans le déni ou l’alcool et les stu-péfiants pour masquer leurs symptômes.

Maladie polymorphe, la dépression peut être événementielle après une perte, un deuil, une rupture amoureuse, mais éga-

lement chronique et psychotique, et entraîner les malades dans des séjours répétés en hôpital psychiatrique. Elle constitue la première cause de handicap dans le monde.

Les origines de l’apparition d’une dépression ne sont pas toujours identifiées chez les malades. Dans de nombreux cas cependant, on trouve deux grands types de causes : le stress (mode de vie stressant et tension permanente) et les événements extérieurs (choc, traumatisme, échec amoureux, comme un divorce, ou professionnel, comme le chômage).

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La dépression en un coup d’œil

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Comprendre la dépressionToutes les catégories socioprofessionnelles et tranches d’âge sont concernées par la dépres-sion. Pour différentes raisons, les nourrissons et les enfants peuvent en souffrir ; s’ils sont mal soignés, ils pourront alors rechuter à l’âge adulte. Les ado-lescents sont également atteints, même s’il convient de ne pas confondre les troubles liés à la dépression à ceux liés à cet âge de transition vers la vie adulte. Les femmes sont particulièrement touchées, notam-ment autour des périodes de grossesse. Enfin, la retraite, par le changement brutal de rythme qu’elle

engendre, est souvent à l’origine de dépressions chez les seniors et les per-sonnes âgées qui ont l’impression d’être devenus inutiles.

Par ailleurs, la dépression peut s’accompagner de conséquences plus ou moins graves pour le patient et son entourage. Due à des conditions de tra-vail stressantes, la dépression entraîne le mal-être du salarié, mais si les causes ne sont pas professionnelles, alors elle empêche de continuer à travailler normalement. Le cadre privé est également touché : l’équilibre d’un couple peut être menacé et entraîner une séparation. Le sommeil est généralement perturbé (insomnie, hypersomnie, somnifères et sevrage), et des addictions, comme l’alcool ou les drogues, peuvent faire sombrer dans la dépression, et vice versa. Enfin, le suicide est le risque majeur, et de très nombreux décès sont dus chaque année à la dépression.

Les formes de dépressionLa dépression peut prendre de très nombreuses formes selon les individus, le contexte, la personnalité… On distingue, en outre, les états dépressifs et les troubles apparentés ou liés :

π la déprime : elle correspond à des épisodes momentanés dont on se relève sans difficulté particulière ; à ne pas confondre avec la dépression, car on peut être déprimé sans être pour autant dépressif ;

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π la mélancolie : il s’agit d’une véritable psychose qui se caractérise par des émotions morbides pénibles, dépressives et qui dominent le comportement ;

π l’épisode dépressif : il survient de façon isolée alors que les symptômes n’étaient pas présents auparavant ou qu’ils étaient contenus par un trai-tement ; il peut concerner les dépressions légères et graves ;

π la dépression chronique : on parle de dépression chronique pour les per-sonnes ayant des troubles dépressifs récurrents, qui peuvent être dus à une dépression mal soignée ;

π la dépression majeure : elle intervient très brutalement et peut entraîner des risques importants de suicide.

Les troubles entraînés par la dépression sont à la fois physiques et psycholo-giques et se manifestent par un grand abattement, une forte anxiété, des idées morbides… Ils divergent toutefois selon la pathologie. Ainsi, la dépres-sion saisonnière est ponctuelle et due au manque de lumière en automne et en hiver ; tandis que la dépression post-partum est déclarée par la femme enceinte pendant ou juste après la naissance de son enfant, et ne doit pas être confondue avec le simple baby-blues.

D’autre part, la dysthymie engendre des troubles moins sévères que ceux de la dépression majeure et peuvent passer inaperçus ; les malades confondent en effet souvent leurs symptômes avec leurs traits de caractère. La psychose maniaco-dépressive ou dépression bipolaire est quant à elle une forme sévère et grave de dépression qui peut entraîner des idées de suicide. Par ailleurs, la dépression anxieuse peut concerner les enfants comme les adultes ; il faut alors savoir distinguer anxiété normale et pathologique.

Enfin, la dépression masquée est classée parmi les dépressions atypiques comme la dépression saisonnière, on parle parfois de « dépression riante » lorsque la personne reste enjouée en surface, tout en souffrant de troubles somatiques parfois intenses. Et citons également la dépression hostile ou

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agressive, souvent associée à l’alcoolisme ou l’addiction, qui peut dans cer-tains cas entraîner des troubles du comportement et conduire les personnes à des attitudes violentes.

La dépression nerveuseLa dépression entraîne un bouleverse-ment à la fois émotionnel, intellectuel et physique, durable. Les symptômes les plus fréquents sont l’anhédonie et la tristesse : les personnes dépressives sont tristes sans raison apparente et n’ont plus envie de rien ; cette tris-tesse s’accompagne souvent de crises de larmes et de la perte du plaisir.

Comme l’insomnie, la fatigue est l’un des principaux symptômes ; si elle devient chronique, elle peut conduire à la dépression. Enfin la prostration, l’incapacité d’agir ou de prendre des décisions complète la liste des signes observés.

Les médecins généralistes ou spécialistes peuvent faire passer à leurs patients un test de dépression pour dépister une éventuelle dépression masquée. Ces questionnaires ne doivent pas être réalisés par le patient seul et se substituer au diagnostic d’un médecin. Ils permettent notamment d’évaluer la gravité de l’état d’un patient et de suivre l’évolution de la maladie.

Les traitements et solutionsOn connaît aujourd’hui plusieurs moyens, souvent complémentaires, pour guérir une dépression : traitements médicamenteux, thérapies, médecines douces, mais aussi soins longs.

Traitement biologique contre la dépression, l’antidépresseur agit sur les neu-rotransmetteurs (dopamine, adrénaline, sérotonine). Il ne peut être prescrit que par un médecin, en raison de nombreux effets secondaires importants. L’arrêt ne doit en outre jamais se faire brutalement, mais extrêmement pro-gressivement et sous contrôle médical, car le sevrage peut être difficile.

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Il existe également de nombreuses thérapies à adapter à chaque patient. Ainsi, la psychothérapie, également appelée « thérapie cognitive et compor-tementale », permet d’accompagner les personnes déprimées dans la voie de la guérison ; la thérapie familiale systémique a, elle, pour but de prendre en compte l’environnement familial du patient afin de trouver les origines éventuelles de la dépression et l’aider à guérir. La thé-rapie de pleine conscience/« mindfulness » cherche à briser les réflexes de pensées négatives des personnes qui ont déjà souffert d’épisodes dépressifs, tandis que la gestalt-thérapie repose sur un ensemble de techniques verbales et non verbales ; elle cherche à réhabiliter le ressenti émotionnel contre la pensée strictement rationnelle. Bien sûr, la psychanalyse sert aussi à traiter les désordres psychiques, notamment de l’ordre névrotique.

En parallèle, on recommande une cure de sommeil en cas d’états d’angoisse, de psychoses aiguës comme la schizophrénie et de dépressions maniaco-dépressives ; le patient est plongé dans le sommeil pendant plusieurs heures sous la surveillance d’un médecin. La sismothérapie, également appelée « thérapie par électrochocs », est quant à elle employée quand les autres trai-tements n’ont pas fonctionné. Enfin, l’hypnose, souvent décriée par le milieu médical, peut être utile pour guérir de la dépression.

Pour compléter une thérapie ou un traitement dans le cadre d’une dépression légère ou événementielle, il est également possible de s’aider des médecines douces. On trouve notamment des antidépresseurs naturels à base d’extraits de plantes, comme le mille-pertuis ou les fleurs de Bach. Prescrit uniquement par des médecins spécialisés, l’homéopathie a l’avantage de considérer le patient dans sa globalité et de ne pas soigner seulement les symptômes. L’acupuncture est également une technique reconnue comme effi-cace pour soulager les dépressifs de certains de leurs

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troubles ; de même que la luminothérapie, qui sert aux patients souffrant ponctuellement de dépression saisonnière. Enfin, il est prouvé qu’une ali-mentation équilibrée et riche en oméga 3 est une bonne prévention contre la dépression ou les rechutes.

Toutefois, dans certains cas, le passage par des soins longs est nécessaire. Les cures thermales peuvent soulager les dépressifs en leur apportant un chan-gement, du repos, etc. Pour les dépressions sévères ou qui ne guérissent pas malgré la prise d’antidépresseurs, les patients peuvent demander une hospi-talisation pour une prise en charge globale et de longue durée ; l’entourage peut aussi y avoir recours en cas de crise.

Les gestes de préventionPour éviter le risque de dépression ou de rechute après un épisode dépressif, il existe des comportements pré-ventifs spécifiques à adopter par l’entourage : l’écoute et le dialogue, la compassion (montrer que l’on com-prend sa souffrance).

Il faut par ailleurs éviter la culpabilisation du malade, et lui proposer de changer d’environnement est une bonne option. Enfin, il est fortement conseillé au malade d’être suivi par un thérapeute.

Qui consulter ?Habituellement, on conseille de s’adresser en premier lieu au médecin géné-raliste : c’est le parcours de soins habituel. Celui-ci pourra ensuite orienter le malade vers un psychiatre (médecin spécialisé en psychiatrie) ou un psycho-logue (ce n’est pas un médecin, mais est un professionnel habilité à mener des psychothérapies).

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I. Comprendre la dépression

Si la dépression existe depuis l’Antiquité, elle n’a pas toujours eu la même appellation au cours de l’histoire. Ainsi, à l’époque antique, on parle plus volontiers de mélancolie, puis, dès 400 av. J.-C., d’humeur mélancolique ou encore de bile noire. Au ive siècle apr. J.-C., on stigmatise la dépression en la taxant de négli-gence, puis de paresse au xiiie siècle, tandis que le xvie siècle voit dans la mélancolie la maladie des génies et des artistes.

Depuis le xxe siècle, on parle de maladie de la dépression pour désigner une personne en état d’abattement ou encore d’asthénie. Toujours

stigmatisée comme une faiblesse de la volonté, un manque de courage ou un trouble existentiel, elle est pourtant, au même titre que le diabète, une maladie.

L’esprit et le corps étant indissociables, la dépression présente des symp-tômes corporels variés et nombreux : douleurs dorsales, maux de tête, perte d’énergie, problème de sommeil et d’appétit, etc. Mais la maladie a aussi des

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I. Comprendre la dépression

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répercussions sur le fonctionnement cérébral. Elle s’accompagne de l’endor-missement des fonctions cognitives et émotionnelles, ce qu’Henri Laborit a qualifié de syndrome d’« inhibition de l’action ».

La prévalence15 % des Français ont été, sont ou seront dépressifs. La dépression touche chaque année environ 120 mil-lions de personnes, dont 3 millions en France. On dénombre en outre 10 à 20 millions de tentatives de suicide et 850 000 morts par suicide par an.

Du nourrisson à l’adolescent, en passant par la femme enceinte, la jeune maman et le retraité, ce sont toutes les tranches d’âge qui sont concernées, mais aussi toutes les catégories socioprofession-nelles, les pays industrialisés comme ceux en voie de développement.

StatistiquesD’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la dépression toucherait environ 3 % de la population mondiale, mais pour la plupart des spécialistes, ce chiffre serait largement sous-évalué. En France, la prévalence annuelle des épisodes dépressifs majeurs concernerait plus de 9 % de la population, et ce chiffre est en constante augmentation. Dans les pays développés comme la France, la dépression arrive au deuxième rang des handicaps, juste derrière les maladies cardiaques (infarctus), et devant les accidents vasculaires cérébraux.

Toujours en France, plus d’un dépressif sur deux n’est pas pris en charge. Si contacter son médecin pour une souffrance ou douleur physique est consi-déré comme un acte normal, le faire pour une souffrance morale ne va toujours pas de soi. De nombreuses personnes subissent un profond mal-être sans recourir à une aide appropriée : non seulement ces personnes ignorent parfois ce dont elles souffrent, mais elles peuvent également être démunies, sans savoir à qui s’adresser. De plus, la dépression est souvent mal comprise

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I. Comprendre la dépression

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par les proches et par la société en général, d’où un fort sentiment de culpabi-lité pour ceux qui en souffrent, voire un déni de la souffrance. Le risque majeur en cas de dépression grave est celui du suicide, qui touche toutes les tranches d’âge : on assiste à la médiatisation accrue des suicides sur le lieu de travail, qui pose la question des rapports de la dépression et des conditions de travail, mais cela est plus violent et dangereux chez les retraités et les personnes âgées.

Dépression de l’enfantLa souffrance psychique des enfants reste un tabou : elle a mis plusieurs siècles pour être admise et prise en charge. Malgré les témoignages d’en-fants profondément déprimés, on se bornait à évoquer une « position dépressive ». Aujourd’hui, on estime de 1 à 3 % le ratio des enfants dépressifs.

Si, à court terme, une dépression chez l’enfant induit une chute des résultats scolaires, des troubles du comportement et de la conduite sociale peuvent venir compliquer son évolution. Fugues, comportements destructeurs, agres-sivité, opposition systématique entraînent parfois l’enfant dans un cercle vicieux dont il est difficile de sortir. La dépression peut aussi prendre la forme d’un ralentissement moteur, voire d’une sagesse excessive, souvent entrecou-pée par des moments d’agitation bruyante. À long terme, une dépression mal soignée augmente fortement la prévalence de la dépression à l’âge adulte. Ce risque a été estimé à 40 % : il est donc primordial d’assurer une prise en charge le plus tôt possible. Une étude récente montre que 28 % (de 15 000 enfants suivis jusqu’à l’âge adulte) ont subi des sévices physiques, 12 % ont été délaissés et négligés et 4 % abusés sexuellement. Parmi les facteurs de risque, on peut donc citer les difficultés socio-économiques des parents, une maltraitance physique, psychique ou sexuelle, des antécédents dépressifs chez la mère ou le père (présents ou passés), le tempérament de l’enfant (anxiété, timidité excessive, faible estime de soi, hyperactivité), des difficultés scolaires, des événements traumatiques (deuil d’un proche, sépa-ration des parents).

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I. Comprendre la dépression

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Par ailleurs, il est fréquent de trouver des épisodes dépressifs chez les parents de l’enfant atteint, mais cela reste très variable. Les parents toxiques pour leurs enfants sont parfois maltraitants au sens physique du terme, mais ils sont plus souvent maltraitants psychologiquement. Dominateurs, critiques, méprisants, manipulateurs : ces compor-tements, bien que moins visibles, sont toutefois insidieux. Ces attitudes vis-à-vis de l’enfant, si elles se répètent, induisent des séquelles émotionnelles qui perdurent à l’âge adulte. La dépression mater-nelle, quant à elle, n’entraîne pas forcément de pathologie dépressive chez l’enfant. Mais elle provoque un manque d’interaction susceptible de créer une sensibilité particulière au sentiment de perte. Cela peut devenir un facteur de vulnérabilité.

En outre, la dépression peut aussi concerner les nourrissons. Appelée également « hospitalisme », elle cor-respond à une réaction du nourrisson brusquement séparé de sa mère et dont l’environnement est pauvre en stimulations affectives. On observe alors trois phases : pleurnichement, gémissement et détachement. Les cas

les plus graves montrent des comportements de balancements et de rythmies. Pleurs prolongés, troubles du sommeil, absence de prise de poids, anorexie, régurgitations sont des indicateurs de désarroi du bébé face à une mère déprimée. Citons enfin des cas d’enfants maltraités (physiquement et psy-chologiquement), devenus résilients, c’est-à-dire ayant résisté à la dépression, voire aux troubles mentaux. Être résilient face aux événements douloureux, aux blessures de l’enfance, aux troubles anxieux, suppose une bonne matu-rité des fonctions cognitives (apprentissage), émotionnelles et sociales. La place de ces fonctions est primordiale dans la capacité à pouvoir se satisfaire de son environnement sans se dévaloriser ou dépendre du regard de l’autre.

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I. Comprendre la dépression

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Dépression de l’adolescentLa crise d’adolescence se caractérise par des tensions entre d’un côté l’affir-mation de son identité, et de l’autre, les contraintes sociales. Cette période plus ou moins explosive est un moment de « dépression » ou de mélancolie natu-relle, qui peut relever davantage du rite de passage que d’une véritable maladie clinique. De la même manière que le corps, la personnalité se façonne petit à petit durant l’enfance et l’adolescence, sous l’influence de l’environnement et de l’éducation.

Les liens entre personnalité et dépression sont complexes : la dépression peut modifier le comportement, mais certains troubles de la personnalité, comme une faible estime de soi ou une forte anxiété, peuvent prédisposer à la dépression. Douleurs physiques, difficultés ou refus scolaires, conduites à risque, énurésie, etc. sont des paravents derrière lesquels la dépression de l’adolescent peut évo-luer et s’épanouir. Les symptômes se rapprochent de ce que l’on observe chez l’adulte : fatigue anormale, repli sur soi, perte des envies (de ce qui faisait plai-sir auparavant), troubles du sommeil et de l’alimentation, irritabilité, tristesse, y compris des idées de suicide avec, au pire, des passages à l’acte.

Toutefois, contrairement aux adultes, ces signes ne sont pas forcément iden-tifiés comme des symptômes de dépression : en effet, l’adolescent ne dispose pas du même niveau de maturité affective ou de moyens d’expression suf-fisants pour alerter ses proches. La plainte dépressive est rare et souvent remplacée ou masquée par de l’hostilité.

Attention : il est indispensable d’instaurer très tôt un dialogue avec l’enfant et d’être attentif à son comportement.

Le risque majeur d’un adolescent dépressif est le passage à l’acte. Il est impé-ratif de l’évoquer avec un adolescent dépressif afin de briser son sentiment de solitude et d’incompréhension. La prise en charge par un thérapeute, des vacances ou un séjour en dehors de l’environnement habituel peuvent être des aides ou des solutions.

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I. Comprendre la dépression

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Dépression de la femme

Environ une femme sur huit peut connaître un épisode dépressif au cours de sa vie. Pour en comprendre les causes, il faut s’orienter vers des pistes phy-siologiques, mais aussi sociales. D’un point de vue physiologique d’abord, les femmes n’ont pas la même réponse au stress que les hommes : la proges-térone (hormone sécrétée par les ovaires) empêche en effet de réduire les hormones du stress. D’un point de vue social, le regard très sexué que porte la société sur les femmes a un lourd impact sur l’estime qu’elles ont d’elles-mêmes. Une faible estime de soi durant la puberté est par exemple un facteur de risque de dépression.

On identifie quatre périodes charnières pouvant entraîner des symptômes ou épisodes dépressifs : le syndrome pré-menstruel, la grossesse, le post-partum et la ménopause. Ainsi, du fait de la fluctuation des taux hormonaux tout au long du cycle menstruel, des symp-tômes dépressifs peuvent apparaître au moment des menstruations. De même,

les bouleversements hormonaux provoqués par une grossesse peuvent être à l’origine d’une dépression. Le baby-blues (réaction normale qui ne sub-siste que quelques semaines) peut aussi prendre la forme d’une dépression sévère dite « post-partum » chez certaines femmes. Enfin, durant la période précédant la ménopause, les hormones subissent des changements de taux importants ; des épisodes dépressifs peuvent alors se déclencher ou faire l’ob-jet de récidive.

En parallèle, la multiplication des rôles et des responsabilités au quotidien (mère, épouse, travail) et leur stress inhérent peuvent entraîner des dépressions, notamment chez les femmes recevant peu d’aide au quotidien. Ainsi, on observe que les mères célibataires souffrent trois fois plus d’épisodes dépressifs que les femmes mariées, tandis que les femmes célibataires souffrent moins de dépres-sion que les femmes divorcées.

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I. Comprendre la dépression

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Dépression des seniorsFréquente chez les jeunes retraités, la dépression est souvent ignorée des proches et sous-estimée par le médecin, ce qui explique le fort taux de suicide au troisième âge : 50 pour 100 000 habitants en France parmi les hommes âgés de 65 à 74 ans. Avec ce taux, la France se situe au deuxième rang en Europe, derrière l’Autriche (55 pour 100 000 habitants). En constante augmentation dans les pays développés, le suicide des personnes âgées représente environ un tiers des suicides.

La retraite est un moment de changement de rythme de vie, c’est donc une phase de grande vulnérabilité ; la perte du statut social et des relations pro-fessionnelles pouvant provoquer un traumatisme. Comme tout choc affectif majeur, ce traumatisme psychologique génère une dépression qui entraîne la résignation progressive de l’individu à sa propre mort. À cela s’ajoutent le déclin des capacités physiques et intellectuelles et les disgrâces physiques qui peuvent susciter un sentiment de perte ou des blessures narcissiques. Des études récentes montrent que 10 à 15 % des personnes âgées de plus de 65 ans souffrent de dépression, et que 20 % des plus de 75 ans souffrent de dépression majeure.

Les symptômes de la dépression chez les personnes âgées sont les mêmes que pour les personnes actives. Il existe toutefois des spécificités cliniques comme l’apathie (état de fatigue physique ou intellectuelle profond provoquant une certaine indifférence), l’agressivité, les plaintes concernant la mémoire, des douleurs physiques ou l’impression d’être un poids pour les proches. On observe également des facteurs de risque : antécédents de dépression au cours de la vie, isolement, solitude, perte du conjoint, hospitalisation en

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I. Comprendre la dépression

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long séjour, maladie et douleurs chroniques, handicap et dépendance, préca-rité, pauvreté, facteurs iatrogènes (médicaments bêtabloquants, corticoïdes, antihypertenseurs).

Les causesAu-delà du débat entre inné et acquis, origine génétique ou environne-mentale de la dépression, on s’oriente aujourd’hui vers un mélange de ces différents facteurs.

Une combinaison de facteursParmi les facteurs extérieurs pouvant favori-ser la dépression, on retrouve le stress, devant lequel les personnes ne sont pas égales, mais aussi des événements douloureux (deuil, perte de l’être aimé, stress au travail, surmenage, retraite, autre maladie) susceptibles de conduire à une forme de dépression dite « exogène » ou encore « réactionnelle ».

On peut également envisager la dépression d’un point de vue neurobiologique, comme un dysfonctionnement de la communication entre les neurones. Aujourd’hui, on ne sait toujours pas si ce dysfonctionnement est lié au mal-être de l’individu ou si c’est lui qui entraîne ce mal-être.

D’autre part, il semblerait que certains gènes, comme celui de la pompe à sérotonine, soient impliqués dans les troubles des personnes dépressives. Si le neurone pompe activement la sérotonine alors que cette molécule est quasi absente de la synapse des déprimés, les troubles cognitifs (intellectuels) et émotionnels s’aggravent. Une étude menée sur des individus de 3 à 30 ans montre que les événements douloureux ont provoqué des dépressions chez plus de 40 % des porteurs de gènes dits « faibles transporteurs » de séroto-nine ; à l’inverse, les « gros transporteurs » sont plus résistants.

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I. Comprendre la dépression

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StressLe stress est une notion dont le sens est aujourd’hui galvaudé. Or, c’est un concept médical et physiologique précis. Il ne devient une cause de maladie et de dépression que dans certaines conditions de dépassement de l’organisme. Le stress peut alors provoquer des altérations dans la structure chimique du corps à l’origine des dépressions. Qualifié par Hans Selye (pionnier des études sur le stress) de « SGA » ou « Syndrome Général d’Adapta-tion », le stress se développe en trois phases : la réaction d’alarme de l’organisme, le stade de

résistance, l’épuisement. Dans un premier temps, le stress est une réaction normale : l’organisme produit des hormones pour résister au facteur stressant et rétablir son équilibre. Mais, lorsque la demande dépasse les ressources de la glande surrénale, par exemple au cours d’états inflammatoires, de réactions allergiques, d’agressions psychologiques répétées ou d’un choc traumatique, alors un état dépressif peut se déclarer.

Par ailleurs, bien que nous vivions tous des événements heureux, malheureux, stressants, seules certaines personnes en souffrent ou déclarent une dépres-sion. Les facteurs de risques concernent essentiellement trois domaines : le passé, les caractéristiques individuelles, les événements de la vie présente. Certains événements (conflits conju-gaux, isolement ou solitude, abus d’alcool et de stupéfiants, sevrage en psychostimulants comme le tabac, le café, des anorexigènes, etc.) ou situa-tions professionnelles (pression des objectifs, difficultés économiques des entreprises, brutalités managériales, peur du chômage ou recherche d’emploi) sont anxiogènes. Ils le sont toutefois à des degrés variables selon les indivi-dus et peuvent amener à la dépression. L’épuisement psychique au travail, le

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I. Comprendre la dépression

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« burn-out », peut notamment entraîner à des suicides. Mais les antécédents familiaux et les traumatismes de l’enfance peuvent aussi devenir des facteurs déclencheurs, en dehors de tout événement présent.

On constate également que les hommes et les femmes sont inégaux face au stress et donc à la dépression. Les femmes développent ainsi deux fois plus de dépression que les hommes, bien qu’elles ne subissent pas davantage d’épi-sodes stressants. L’explication tient à la façon de vivre ces événements. Les femmes sont en effet plus sensibles aux problèmes relationnels ou familiaux ressentis de façon très stressante, tandis que les hommes sont davantage affec-tés par des problèmes d’ordre matériel et professionnel (avancement, réussite ou hiérarchie). Paradoxalement, les hommes sont plus vulnérables après une séparation ou un divorce, ce qui explique une surmortalité chez les veufs.

Autre population très soumise au stress, les étudiants. Cela s’explique par diffé-rents facteurs : perte des repères familiers et familiaux, pression des études et des examens, pression de la société avec la peur du chômage, peur de se tromper de filière, sentiment de solitude, déséqui-libres alimentaires, prise d’alcool ou de

stupéfiants. Ces facteurs font des étudiants la cible idéale du stress, parfois jusqu’au burn-out et à la dépression d’épuisement.

À noter : ce sont les étudiants les plus consciencieux et perfectionnistes qui sont les plus fragiles face au stress des examens.

Dépression réactionnelleLa dépression peut se manifester brutalement chez une personne suite à un événement vécu comme un traumatisme : choc, accident, divorce, chômage, deuil, etc. Il s’agit de dépressions dites réactionnelles ou psycho-gènes. Parfois, l’élément déclencheur est minime ou inexistant. Certaines dépressions réactionnelles peuvent être dues également à un épuisement général et l’accumulation d’une grande tension psychique. Habituellement, les personnes qui en souffrent présentent les symptômes suivants : pleurs

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I. Comprendre la dépression

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fréquents, tristesse et morosité, dévalorisation de soi et manque de confiance, fatigue profonde et permanente, sommeil refuge ou au contraire difficile, anxiété. Ces symptômes peuvent être ponctuellement atténués par un entourage affectueux, valorisant et très présent. Ce type de dépression se traite assez efficacement avec des antidépresseurs. Le traitement peut aussi être complété par une thérapie auprès d’un psychiatre ou psychologue, et le recours à des antidépresseurs naturels : homéopathie, acupuncture, extraits de plantes, luminothérapie.

Les conséquences et complicationsSi les causes de la dépression ne sont pas toutes connues, ses nombreuses conséquences le sont. La première est le suicide, quelle que soit la tranche d’âge : enfant, adolescent, femmes et hommes adultes, retraités. Pour les personnes actives, les conséquences plus immédiates sont souvent des arrêts de travail à répétition, voire une installation dans la longue maladie, et des troubles musculo-squelettiques handicapants. Certains symptômes entraînent souvent des problèmes au sein du couple, qui viennent aggraver la dépression et culpabiliser ceux qui en souffrent : problèmes de sommeil, plaintes répétées, douleurs inexpliquées, baisse de la libido, inhibition de l’action.

La dépression entraîne aussi un sentiment de fatigue intense, souvent aggravé par des insomnies ou de l’hypersomnie (trop de sommeil ou sommeil refuge). Le manque de sommeil ou un sommeil trop prolongé altère les fonctions motrices de l’organisme (perte de l’élan vital, diminution de la libido, diffi-cultés motrices) et cérébrales, comme la mémoire. On relève également des problèmes de mémoire à court terme et des difficultés d’apprentissage.

Par ailleurs, plus d’une personne sur deux risque une récidive de la dépression dans les deux ans suivant un premier accès. Plus de 10 % passeront en outre d’un trouble unipolaire dépressif (mélancolie), à des troubles bipolaires avec accès de manie entrecoupés de phases mélancoliques.

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I. Comprendre la dépression

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La dépression touche 3 % de la population française, elle a de lourdes conséquences pour les individus (santé, travail, vie de famille, qualité de vie générale), comme pour la société. Elle représente en effet un coût écono-mique très élevé, estimé en France à plus de 1 milliard d’euros par an.

Dépression au travailLe travail et l’entreprise peuvent être des lieux de souffrance morale. La fré-quence et le nombre de dépressions recensés augmentent à mesure que la conjoncture économique pousse certains managements à de plus en plus de dureté, voire à du harcèlement. La vulnérabilité de certaines personnes – per-fectionnistes, anxieuses et à la conscience professionnelle très élevée – favorise l’apparition de ce type de dépression. Les signes de ce que l’on appelle égale-ment « burn-out » sont une grande fatigue et des difficultés à se lever le matin, l’irritabilité chez soi et vis-à-vis de ses collègues, un repli sur soi et une profonde démotivation.

Les enseignants, les infirmiers et les cadres supé-rieurs sont les professions les plus exposées, mais nul n’est épargné : cadres et ouvriers doivent aujourd’hui s’adapter sans cesse et faire preuve d’une réactivité accrue. Quel que soit son sta-tut (CDD, CDI, intérim, cadre, fonctionnaire), on assiste à une multiplication des tâches et à une intensification généralisée des cadences. Cela entraîne un risque plus élevé d’affections et acci-

dents du travail. 28 % des travailleurs se déclarent stressés et, en quelques années, les troubles musculo-squelettiques sont devenus majoritaires dans les maladies professionnelles. Affrontant des changements permanents, les travailleurs peuvent souffrir d’une non-reconnaissance des difficultés de leur travail par leur hiérarchie. Ils doivent aussi faire face à des contradic-tions : satisfaire toujours davantage le client, mais en lui consacrant toujours moins de temps. La crise économique a des conséquences directes sur la santé des travailleurs avec, depuis 20 ans, une croissance exponentielle de nombreux maux et maladies : dépressions nerveuses, troubles psychosoma-tiques, anxiété, troubles cardiovasculaires, problèmes de sommeil, asthénie et

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I. Comprendre la dépression

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troubles du rythme cardiaque. Mais aussi sur les économies européennes : le coût des accidents du travail atteindrait 3 % du PIB, soit l’équivalent d’une dizaine de jours fériés en plus. La reconnaissance par la loi du harcèlement moral sur le lieu de travail est récente. Malheureusement, la précarisation de l’emploi empêche souvent les personnes qui en sont victimes de pouvoir fuir une situation professionnelle délétère.

En outre, la dépression au travail peut être due à des situations telles qu’une mise au placard, l’absence volontaire de communication du management, un surcroît abusif ou une privation de travail, des demandes de tâches contradic-toires ou dépassant les compétences, des conditions de travail dégradantes, des critiques incessantes, des humiliations, des insultes, des menaces, des sar-casmes répétés.

Le harcèlement moral présente un risque de suicide prouvé. Les médias se font l’écho de ces cas dramatiques de personnes mettant fin à leurs jours sur leur lieu de travail. Des arrêts répétés, la prise de médicaments, d’alcool, de tran-quillisants, voire de stupéfiants comme la cocaïne pour « tenir » des cadences infernales, etc. sont souvent des signaux

d’alarme. La dépression au travail doit donc être prise très au sérieux : elle a un impact sur la vie des salariés, de leur famille et de leurs collègues.

Couple et dépressionMême si l’on a tendance à observer un pourcentage de dépressions supé-rieur chez les personnes célibataires, les statistiques démontrent aussi que les individus rencontrant des problèmes au sein de leur couple sont 25 fois plus susceptibles de déclencher une dépression, que 50 % des couples qui consultent ont au moins un des partenaires dépressif, et que 50 % des personnes dépressives ont des problèmes de couple. On sait aussi que les conflits dans le couple peuvent survenir à la suite d’une dépression ou d’un épisode dépressif.

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I. Comprendre la dépression

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Plusieurs types de causes peuvent être identifiés :

π les problèmes de couple (séparation, divorce) peuvent entraîner une dépression réaction-nelle, notamment chez les personnes souffrant d’un syndrome d’abandon issu de l’enfance ;

π les personnes qui ont une faible estime de soi sont plus susceptibles que d’autres de dévelop-per une dépression réactionnelle ou majeure à la perte de l’être aimé, qu’il s’agisse d’un décès ou d’un départ délibéré ;

π les violences conjugales peuvent entraîner une dépression chez la femme mariée ou en couple ;

π des problèmes de communication et/ou de libido, des troubles de l’humeur ;

π un conjoint peu présent et valorisant pour sa compagne peut engendrer une dépression chez la femme enceinte et une dépression postnatale.

La perte de la libido peut être une des conséquences de la dépression. Ce qui entraîne des complications dans le couple, qui à leur tour, peuvent aggraver la maladie. L’élan vital, qu’il s’agisse de la capacité d’agir comme celle d’aimer, peut ainsi être entaché.

Des événements de vie extérieurs au couple peuvent aussi interagir ou s’addi-tionner aux difficultés maritales et induire un épisode dépressif. Des études ont permis d’observer que les échanges verbaux des couples, dont l’un des membres est dépressif, sont plus négatifs et asymétriques, et empreints de plaintes psychologiques et somatiques (douleurs corporelles). Les personnes déprimées notamment parlent plus lentement, utilisent un ton plus mono-corde, mettent plus de temps à répondre aux questions, et communiquent des sentiments de tristesse et de dévalorisation. Les conjoints des couples dont l’un des partenaires est dépressif ressentent, de ce fait, davantage de tristesse, d’hostilité, de détachement et de méfiance. Il existe néanmoins des stratégies pour s’adapter aux événements de vie qui viennent perturber le couple. Le recours à une thérapie conjugale est efficace et conseillé : elle per-met une analyse détaillée des difficultés individuelles et à deux.

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I. Comprendre la dépression

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Sommeil et dépressionL’insomnie est un symptôme-clé de la dépression majeure. Elle se caracté-rise, à divers degrés, par des difficultés d’endormissement, des éveils nocturnes à répétition, un éveil matinal anormale-ment précoce. Les phases du sommeil sont alors bouleversées, engendrant un déficit en sommeil profond, un rapprochement des phases de sommeil paradoxal, enfin une durée anormalement prolongée de la

première phase de sommeil. Si beaucoup de caractéristiques de la dépres-sion évoluent au cours de la maladie, ce n’est pas le cas de l’insomnie et ses perturbations. Celles-ci persistent en effet la plupart du temps jusqu’à la rémission du malade. La présence d’insomnie au moment du diagnos-tic est un facteur aggravant du pronostic chez les personnes alexithymiques (qui manquent de mots pour exprimer leurs sentiments) et qui souffrent de troubles physiques. Dans la dysthymie (trouble de l’humeur, moins sévère qu’une dépression majeure), les troubles du sommeil se rapprochent davan-tage des difficultés d’endormissement et des réveils nocturnes fréquents des personnes anxieuses.

À l’inverse, la résolution des problèmes d’insomnie durant les traitements de dépression est un signe de bonne évolution de la maladie et d’un taux de récidive moindre. Environ 20 % des dépressifs se plaignent d’hypersomnie : temps de sommeil anormalement long. Des tests en clinique montrent que le temps anormalement long passé au lit ne correspond pas à un allonge-ment réel de la durée du sommeil. La perception d’hypersomnie correspond, comme pour les patients dépressifs souffrant d’insomnie, à une perte d’éner-gie vitale et à une sensation de très grande fatigue que ne résout pas le repos.

L’hypersomnie existe aussi chez les personnes souffrant de dépression saison-nière, ou cyclothymie, qui associe hypersomnie, perte d’énergie et hyperphagie (augmentation de l’appétit) en automne et en hiver, c’est-à-dire à des périodes durant lesquelles la lumière naturelle est beaucoup moins présente, pour s’achever aux environs de l’équinoxe du printemps (lorsque le jour rallonge).

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Le traitement se fait par luminothérapie. Paradoxalement, la privation de sommeil des personnes dépressives est un traitement de la maladie : l’amélio-ration de l’humeur intervient en général rapidement après cette privation de sommeil, mais elle n’est toutefois pas durable.

Le recours à des antidépresseurs a aussi des effets sur le sommeil des per-sonnes dépressives : les tricycliques comme ceux aux propriétés sédatives (trazodone, mirtazapine, miansérine) améliorent le sommeil, les IMAO (antidépresseurs de deuxième génération) aggravent l’insomnie, les IRS (recapteurs de la sérotonine) ont des effets variables sur l’insomnie associée à la dépression, et la fluoxétine (Prozac) perturbe la continuité du sommeil (cette perturbation peut persister au-delà du traitement).

Alcool, drogues et dépressionLes comportements addictifs, qu’il s’agisse d’al-cool ou de drogues, semblent à première vue procurer un réconfort, mais peuvent entraîner ou aggraver une dépression déjà présente.

Les molécules d’alcool, très petites, circulent aisé-ment dans le cerveau et se fixent sur de nombreux récepteurs. Elles agissent ainsi sur différents sys-tèmes neurobiologiques qui régulent les émotions comme la tristesse ou l’anxiété, mais également sur la mémoire et la concentration. La relation entre alcoolisme et dépression est complexe. À long terme, l’abus d’alcool entame fortement les facultés intellectuelles (concentration, mémoire), aggrave et peut rendre chronique la dépression, qu’il rend résistante aux traitements, et entraîne des atteintes orga-niques : œil, foie, nerfs, estomac peuvent être touchés. Un sevrage progressif et total peut être nécessaire pour récupérer ses facultés intellectuelles et entamer une guérison de la dépression. Ces quelques questions peuvent aider à dépis-ter une dépendance éventuelle à l’alcool : votre consommation d’alcool est-elle quotidienne ? Est-elle d’au moins trois verres par jour ? Avez-vous besoin de vous fixer des règles pour contrôler votre consommation ? Ces derniers temps,

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votre consommation d’alcool a-t-elle augmenté ? Une réponse positive a au moins trois de ces questions, entraîne l’hypothèse d’un début de dépendance qui doit être abordée avec un médecin.

Dans le cas d’une consommation précoce (avant 15 ans) et importante de cannabis, le risque de dépression est multiplié par trois.

La consommation massive et régulière entraîne, quel que soit l’âge du consom-mateur, un syndrome amotivationnel, une inhibition de l’action qui se caractérise par une indifférence émotionnelle, une perte d’énergie et de motivation, un repli sur soi allant jusqu’à l’incapacité d’agir dans la vie quotidienne.

L’usage du cannabis entraîne également des désertions scolaire et profession-nelle progressives. Ces comportements peuvent régresser après un sevrage de quelques semaines.

Dépression et suicideLe suicide est une des premières causes de mortalité chez les 15-34 ans. En France, il est plus meurtrier que les accidents de la route (11 000 personnes chaque année). C’est le risque majeur dans toute dépression : les idées suici-daires et les passages à l’acte font partie du tableau clinique.

La personne dépressive considère le suicide comme le seul choix possible, celui qui permettra de ne plus se sentir comme un fardeau pour ses proches et pour la société.

Il existe, d’autre part, des facteurs favorisant le passage à l’acte : suicide dans la famille, tentatives personnelles de suicide, solitude, chômage, consomma-tion excessive d’alcool, troubles de l’humeur bipolaire (maniaco-dépressifs), absence de soins et de traitement de la dépression.

À noter : lorsque l’avenir paraît insupportable, une personne déprimée peut décider de mettre fin à ses jours avec sa famille, car le déprimé étend son mal-heur à ses proches. On parle de suicide « altruiste ».

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Tout traitement antidépresseur peut entraî-ner, dans les premières semaines, un passage à l’acte. Il convient donc de surveiller atten-tivement une personne dépressive lorsqu’elle entame un traitement. La plupart des indi-vidus qui meurent par suicide ont souvent commis une ou plusieurs tentatives aupa-ravant ; on constate également que 60 à 70 % des suicidés ont consulté un médecin dans le mois précédant le passage à l’acte, dont 36 % la semaine précédente.

Une tentative de suicide, même avec des médicaments « inoffensifs », n’est pas ano-dine et nécessite une prise en charge par un psychiatre. De plus, le risque augmente avec chaque nouvel épisode dépressif. Aborder la question du mal-être en posant franchement la question peut soulager une personne qui a des idées morbides. L’écoute doit être accompagnée de recherches de solu-tions comme le recours au médecin traitant, à un psychiatre, aux urgences ou encore SOS psychiatrie.

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A Pour aller plus loinAstuce

Résoudre des conflits dans le milieu professionnel � par Blabla

Un conflit n’est jamais facile à vivre : que l’on soit concerné ou simple specta-teur. Aussi, pour vivre dans un climat serein et par conséquent plus productif, il est important de savoir résoudre tout conflit avant qu’il ne prenne de l’ampleur.

Il existe pour cela des outils de communication très intéressants, qui permettent de mieux nous connaître, car finalement un conflit naît assez souvent d’un manque de compréhension de l’autre. Parmi ces derniers, on peut citer la pro-grammation neuro-linguistique, l’analyse transactionnelle, l’ennéagramme, etc.

Savoir résoudre un conflit, si l’on est concerné et impliqué, commence par apprendre à reconnaître et à gérer ses émotions. Il est important aussi de faire preuve d’assertivité, c’est-à-dire savoir dire non lorsque c’est nécessaire, recon-naître ses propres besoins tout en respectant ceux des autres.

Parfois, il est aussi utile d’adapter son langage, car la manière dont on véhicule un message est tout aussi importante que le message en lui-même. À ce titre, la Communication Non-Violente est un très bon outil, car elle permet de dire les choses dans une formulation qui ne porte jamais atteinte à autrui.

Questions/réponses de pro

La dépression, une maladie génétique ?

A-t-on plus de risques de développer une dépression si on a des antécédents familiaux ?

� Question de Burt

Δ Réponse de Lili36

La maladie, même si elle est plus présente dans certaines familles que dans d’autres, n’est pas génétique. Cependant, certaines personnes dont la pompe de sérotonine fonctionne moins bien ont une prévalence plus élevée que les autres.

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Δ Réponse de Carolette

Peut-être peut-on avoir un « terrain » génétique… Le cadre familial et le milieu socioprofessionnel dans lequel on évolue peuvent aussi expliquer l’évolution plus ou moins grave d’une maladie anxieuse qui se prolonge dans la dépression.

Ceci est un point de vue très personnel, mais qui me semble intéressant à prendre en compte lors de l’évaluation de l’état de souffrance d’un patient.

Comment reconnaît-on une dépression ?

Quels sont les signes d’un état dépressif ? � Question de Graf-58

Δ Réponse de Lili36

La dépression est une maladie qui peut prendre de nombreuses formes. Cependant, certains symptômes sont présents dans quasiment toutes les dépressions.

Il s’agit de l’insomnie, la fatigue, l’abattement, la perte d’appétit. Si ces symptômes sont présents plus de deux semaines, le diagnostic de la dépres-sion est très probable.

Angoisse de l’abandon

J’ai 40 ans et je vis depuis longtemps avec l’angoisse d’être abandonné. Je suis donc très dépendant affectivement.

Quelle thérapie serait la plus adaptée à ce trouble ? � Question d’Hubert

Δ Réponse de Geneviève Schmit

Je pense sincèrement que les techniques utilisées dans le cadre d’une thé-rapie brève sont parfaitement adaptées à cette souffrance ! L’auto-hypnose peut vous aider à apprendre à gérer votre angoisse, et l’EMDR ou l’IMO peuvent éventuellement vous aider à désensibiliser des chocs traumatiques.

Δ Réponse de Bonjour1

Je vous conseille de consulter un psychothérapeute qui pratique des tech-niques comportementales comme la PNL, l’hypnose, l’EFT.

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Δ Réponse de Nordevan

Ne soyez pas victime du vocabulaire psy (malgré la pression ambiante !). L’angoisse d’abandon est commune à tous. C’est une angoisse indispen-sable à la vie, car c’est un des facteurs qui nous fait avancer.

Par contre, la dépendance affective, c’est quelque chose de bien différent. C’est un schéma de comportement, une stratégie (inconsciente) pour gérer sa vie sociale.

Crises d’angoisse

Je fais fréquemment des débuts de choc anaphylactique : urticaire, malaise, maux de ventre, diarrhée, etc. Ils passent généralement avec une piqûre d’adré-naline et des calmants. Mais c’est très angoissant et, apparemment, ce n’est pas une réaction allergique.

Mon psychiatre me dit que ce sont peut-être des crises d’angoisse. Est-ce possible ?

� Question de Martvaut

Δ Réponse de Catherine

La plupart du temps, ce genre de réactions est provoqué par une réaction allergique extrême. Alors, consultez votre médecin pour écarter définitive-ment toute possibilité d’allergies.

Mais si l’hypothèse de votre psychiatre s’avère juste, ce qui est fort possible, c’est que votre angoisse se manifeste avec une somatisation extrêmement violente.

Je vous conseille de repérer dans quelle(s) situation(s) ou avec quelle(s) personne(s) ces crises se produisent ; peut-être existe-t-il un déclencheur type. Cela peut vous donner une piste sur l’origine de ce trouble, afin de le travailler ensuite en psychothérapie.

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II. Détecter la dépression

La dépression se caractérise par un ensemble de dou-leurs morales et physiques : désespoir, angoisse, fatigue, insomnies, anhédonies (perte des envies et du plaisir), baisse de la libido, amaigrissement ou prise de poids brutal, idées sui-cidaires ou passages à l’acte. Les bouleversements durables qui en découlent sont à la fois

d’ordre émotionnel, intellectuel et physique. La dépression atteint les fonc-tions du corps (douleurs, perte d’énergie) comme celles de l’esprit (difficulté de concentration, de mémorisation, chute des performances intellectuelles). Elle s’accompagne de sentiments de culpabilité, de dégoût de soi, d’angoisses, de crises de larmes, de sensations d’oppression de la cage thoracique, de la gorge, d’estomac noué, de troubles musculo-squelettiques, etc.

Comme il s’agit d’un ensemble de symptômes, on parle de « syndrome de la dépression ». Si ces symptômes persistent plus de 15 jours, ils conduisent au diagnostic de la dépression.

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II. Détecter la dépression

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Les symptômesDistincte du coup de déprime passagère et que chacun peut éprouver au cours de son existence, la dépression dure des semaines, voire des mois. Véritable handicap pour ceux qui en souffrent, elle a aussi des répercussions pour les proches de personnes dépressives et la société tout entière.

Dysfonctionnement de la penséeLa dépression entraîne des dysfonctionnements dans les schémas de pensée de la personne dépressive qui interprète les événements de manière néga-tive, relit systématiquement sa journée de manière pessimiste, amplifie les problèmes, s’attribue tous les échecs et se dénigre. Dans les formes les plus graves de dépression endogène ou mélancolique, des idées délirantes d’incu-rabilité et de culpabilité induisent un risque de suicide majeur.

Les personnes ayant du mal à mettre des mots sur leurs affects ou qui somatisent de manière importante peuvent présen-ter une forme de dépression atypique ou masquée. Certaines surviennent plus volontiers chez les femmes à l’automne et se caractérisent paradoxalement par une prise de poids brutale, une hyper-somnie (durée anormale de sommeil et de temps passé au lit), et une irritabilité et une intolérance au bruit.

Prévenir et soigner la dépressionLes moyens de prévenir la dépression passent par une attitude positive vis-à-vis de soi-même. On recommande donc de cultiver son estime de soi, de pratiquer des activités sportives régulières, de se ménager des moments de relaxation, de prendre des repas réguliers et de dormir dans de bonnes conditions, d’évi-ter les conduites à risque comme l’abus d’alcool, la prise de stupéfiants. Il existe de nombreuses méthodes pour prendre en charge une dépression, en fonction

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II. Détecter la dépression

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des affinités de la personne et de la gravité de la maladie : psychothérapie, psychanalyse, thérapies comportementales, « mindfulness », luminothérapie, hypnose, médicaments, hospitalisation. Quoi qu’il en soit, aborder son état psychologique avec son médecin traitant reste primordial.

L’anhédonieÊtre triste sans raison apparente et ne plus avoir envie de rien sont des symptômes majeurs. Cette tristesse s’accompagne souvent de crises de larmes et de la perte du plaisir et des plaisirs. Elle envahit tout, y compris les rapports avec les proches : les parents dépressifs n’ont plus envie de jouer avec leurs enfants, les conjoints ne supportent plus leur compagne ou compagnon, ce qui auparavant faisait plaisir (y compris les passions) n’intéresse plus, la libido est diminuée, voire inexistante.

Alitement, arrêt de travail prolongé, interruption de toutes les activités de loisir, tristesse excessive et perte totale des envies font également partie du tableau symptomatique de la personne dépressive.

Rôle de la dopamineAu niveau du fonctionnement cérébral, on constate une intrication ténue entre le plaisir et la motivation, qui sont régis par le système de récompense. Les expériences que nous fai-sons au cours de notre existence modulent en permanence ce système. C’est la dopamine, un neurotransmetteur impliqué dans la communi-

cation des cellules cérébrales, qui est libérée dans le système de récompense. L’orgasme et les drogues comme la cocaïne entraînent une décharge massive de dopamine dans notre cerveau.

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II. Détecter la dépression

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Lorsqu’une personne est dépressive, cela provoque une paralysie du système dopaminergique, responsable de la perte du plaisir, qu’il soit sexuel ou non, et de la motivation. Le circuit de récompense est connecté, via l’aire tegmentale ventrale, au système limbique qui régule les émotions. La dépression entraîne donc une perte du plaisir (anhédonie), une tristesse sans objet et un ralentis-sement moteur.

Une tristesse excessive devenant pathologiqueL’intensité de la tristesse dépend des indivi-dus, des événements vécus, de la capacité à éprouver de la tristesse : elle est modulée en fonction des événements tristes ou heureux de l’existence. Elle peut être intense (suite à un deuil, par exemple), sans pour autant être inadaptée, car souffrir et être triste est normal dans certaines limites. Mais s’il est normal de souffrir à la suite du décès d’un être cher, la tristesse pathologique n’est pas proportionnelle aux événements quotidiens. Dans la dépression, tout rend triste, y compris les événements heureux. Elle installe ainsi un décalage, une inadaptation de l’émotion ressentie et de son intensité face à la réalité. La tristesse devient la toile de fond, l’humeur constante des personnes dépressives. C’est sa permanence qui participe du diagnostic de la maladie. La tristesse per-manente entraîne à son tour une véritable souffrance psychique (ou douleur morale) qui peut conduire au désespoir.

À noter : le niveau de handicap qu’entraîne la douleur morale est comparable à celui d’une maladie grave.

Aider une personne qui souffre d’anhédonieEntourer une personne anormalement triste et qui cesse toute activité est louable. Cependant, lorsque la tristesse devient chronique, journalière, sans objet, il est nécessaire de faire appel à un professionnel de santé : médecin traitant ou spécialiste. Aborder la question de la thérapie avec une personne en souffrance est primordial pour prévenir une éventuelle tentative de suicide.

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II. Détecter la dépression

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L’asthénieEnviron 10 millions de personnes en France se plaignent de fatigue. Les rai-sons sont néanmoins nombreuses : changement de saison, rythme de vie effréné, manque de sommeil, carences en vitamines, régime alimentaire désé-quilibré, infections bactériennes, maladies virales, etc. Mais la fatigue, comme l’insomnie, est aussi l’un des principaux symptômes de la dépression.

Une fatigue excessiveLa fatigue d’une personne dépri-mée (ou asthénie) peut aller jusqu’à la privation de force morale et phy-sique. De la même manière que la tristesse devient pathologique, elle est excessive et handicapante, en décalage avec son niveau d’activité.

La dépression reste stigmatisée comme la conséquence d’une fai-blesse morale (manque de volonté)

et comme de la paresse. Pourtant, cet état de fatigue, de perte d’énergie vitale, ne se résout pas par la volonté et envahit toute la vie, professionnelle comme personnelle, des personnes qui en souffrent. Des sociologues parlent de « fatigue d’être soi » pour caractériser la dépression. Elle serait l’apanage de nos sociétés modernes, obnubilées par la performance sportive, professionnelle, voire personnelle, avec l’injonction d’être heureux. Il y a dans la fatigue du dépressif un réel surmenage en réaction à des pressions énormes, répétitives, sans cesse accrues, au travail par exemple.

SymptômesL’asthénie se caractérise par différents symptômes : être fatigué dès le réveil, dormir de plus en plus mal, ne plus avoir envie de rien (anhédonie), ne plus parvenir à organiser son temps, être constamment débordé, avoir sans cesse des douleurs physiques inexpliquées par des infections, maladies virales,

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II. Détecter la dépression

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chutes, etc., avoir besoin d’alcool pour se sentir mieux, avoir le sentiment de tout faire de travers, ne plus parvenir à prendre de décision, avoir des pro-blèmes de digestion.

Avant de diagnostiquer l’asthénie, il faut toutefois observer si la fatigue n’est pas due à des causes « objectives » comme une maladie, des troubles hépatiques, etc. Si ces raisons ont été écartées et que le repos, les vacances, le sommeil n’améliorent pas l’état et que l’abattement généralisé est aussi moral, il s’agit alors d’une fatigue symptomatique de la dépression.

Quelle que soit la nature des signes qui prédominent (fatigue, tristesse, etc.), il est important de consulter un médecin. Si la cause de la fatigue est la dépression, avec son cortège de troubles du sommeil, il peut être opportun de prendre des somnifères, des compléments alimentaires d’oméga 3, etc.

La prostrationLa prostration et l’incapacité d’agir ou de prendre des décisions sont les symp-tômes de la dépression et se caractérisent entre autres par un repli sur soi, la privation d’énergie, la tristesse, le sentiment de vide, l’indifférence à autrui, la perte de mémoire.

Un mécanisme d’adaptation ?L’individu dépressif met en place des méca-nismes d’adaptation à son vécu dépressif : il reste prostré, sa capacité à agir dans son envi-ronnement conformément à ses désirs, à ses choix individuels est entravée.

Ce qui est en jeu, c’est le système inhibiteur de l’action (SIA). Ces mécanismes d’adaptations biochimiques au vécu dépressif sont complémen-taires aux circuits neuronaux de récompense et de punition. C’est l’ensemble de ce réseau céré-bral qui assure la régulation permettant à chacun

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de s’adapter à son environnement pour maintenir sa structure. Les modifica-tions métaboliques qui interviennent dans la dépression et qui sont impliquées dans la prostration et l’inhibition de l’action du dépressif ne sont pas la cause de la dépression, mais elles l’accompagnent.

À noter : prostration et mise en retrait, repli sur soi et inhibition de l’action s’observent également chez l’adolescent dépressif.

Traiter la prostration et l’inhibition de l’actionCes deux symptômes peuvent être levés par des médicaments antidépresseurs qui on pour objectif de relancer l’activité cérébrale bloquée par la peur, l’angoisse et la tristesse. Cependant, ce n’est pas suffisant : les états de prostration physique demandent une prise en charge des patients sur le long terme. Ce type de symptômes devrait toujours être l’occasion de s’interroger sur la vie des patients et de faire le point sur leur situation familiale, conjugale, professionnelle en effectuant un bilan biologique et clinique complet.

Le test de dépistage de la dépressionLes tests ou questionnaires utilisés pour dépister la dépression ne doivent jamais se substituer au diagnostic d’un médecin. S’ils sont nombreux et criti-quables, ils permettent néanmoins de dépister, d’évaluer la gravité de l’état dépressif et de suivre l’évolution de la maladie.

Critères de diagnostic du DSM 4Cinq symptômes ou davantage, dans la liste suivante, conduisent au diagnos-tic de la dépression s’ils persistent plus de deux semaines et sont présents tous les jours ou presque :

π être d’humeur triste, dépressive, irritable, chez l’enfant et l’adolescent ;

π présenter une diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir manifesté pour quasiment toute activité, en particulier ses loisirs préférés ;

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π présenter une perte ou un gain de poids brutal en l’absence de régime, associé à une perte ou une augmentation de l’appétit ;

π avoir des insomnies ou, au contraire, faire de l’hypersomnie (trop dormir) ;

π agir de manière ralentie ou être agité ;

π avoir un sentiment de dévalorisation de soi ou de culpabilité excessive ;

π présenter une diminution sensible des facultés de concentration, être dans l’indécision en permanence ;

π avoir des pensées morbides, des envies de suicide de manière récurrente (avec ou sans plan pour mettre fin à ses jours, avec ou sans tentative de suicide).

Tristesse normale ou pathologique ?Comment distinguer la tristesse normale, issue d’un deuil, de la perte de l’être aimé ou des aléas de l’existence, de la tristesse du dépressif ? Sachez que l’in-tensité dépend de nombreux paramètres tels que le type d’événement vécu déclencheur, la sensibilité individuelle, l’entourage affectif et social, etc. Une tristesse normale peut être intense en demeurant adaptée aux circonstances de la vie (lors d’un deuil, par exemple). Elle devient en revanche pathologique lorsqu’elle reste élevée, quels que soient les événements : la tristesse est plus profonde que celle ressentie dans des circonstances passées similaires au cours de sa vie.

Le rôle de l’entourageLa confidence du mal-être possède un étonnant pouvoir protecteur, dont les effets sont plus durables que ceux des médicaments. Les études montrent que les personnes dépressives ou ayant subi de graves traumatismes déve-loppent une dépression si elles n’ont pas la possibilité de verbaliser leur souffrance. Le pouvoir tranquillisant de la parole est conditionné par l’empa-thie et la bienveillance de celui qui écoute. Dans la relation parent-enfant ou entre conjoints, et, quel que soit le lien de parenté ou d’amitié qui existe avec la personne déprimée, la première aide est l’acceptation de la souffrance et de

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la maladie. D’un point de vue social, c’est également la reconnaissance de la souffrance et de la maladie qui va permettre une démarche vers la guérison et non un repli sur soi accentué.

Déculpabiliser le maladeLes personnes dépressives ont une faible estime d’elles-mêmes. À leur souffrance morale s’ajoute celle de la honte de la souffrance et des sentiments de culpabilité.

Dans ce cas, il faut permettre la parole, être à l’écoute, reconnaître la maladie sans juger de la culpabilité de la personne.

Aider un dépressifAider un dépressif passe non seule-ment par le fait de parler, mais aussi de reconnaître sa souffrance et sa maladie.

Dans le cas de parents, aider un enfant dépressif consiste à ne pas nier sa souffrance et à l’ac-compagner dans une démarche thérapeutique.

Dans le cas d’un conjoint, il est conseillé de l’accompagner, y compris lors d’un premier entretien avec un thérapeute ou un médecin, l’aidant ainsi à entrer dans une démarche de guérison.

Dans le cas d’une jeune mère en dépression post-partum (post-natale), le rôle du père est crucial dans la guérison de la mère et dans le développement psy-chomoteur du nourrisson.

Dans de nombreuses formes de dépression, le suicide ou la tentative de sui-cide étant le risque majeur, poser franchement la question peut permettre d’aider une personne en reconnaissant sa souffrance. Il ne faut jamais banali-ser une tentative de suicide.

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S’agissant des dépressions bipolaires ou maniaco-dépressives, l’entourage peut venir au secours de la personne atteinte en demandant une hospitali-sation ou en la lui proposant, en accord avec le médecin. Il peut également lui proposer des vacances, une retraite, une mise à l’écart de l’environne-ment habituel : cela peut aider à prendre du recul et identifier les causes de la dépression. Dans le cas de familles dépressives, il est conseillé de s’engager ensemble dans une thérapie familiale pour sortir des schémas pathogènes de fonctionnement.

Qui consulter ?Pour guérir, un patient peut s’adresser à différents types de médecins : un généraliste, un psychiatre, un psychologue.

Médecin généralisteLes symptômes de la dépression ne doivent pas être gardés pour soi et doivent faire l’objet d’un diagnostic par un professionnel de santé : fatigue, perte des envies, insomnie, idées noires, etc. Seul un médecin, qu’il soit généraliste ou spécialiste, est à même d’effectuer un diagnostic précis de la dépression et de conseiller son patient dans le choix d’un traitement et d’une thérapie. Par ailleurs, seul un médecin généraliste ou psy-chiatre est habilité à prescrire des médicaments.

En France, le parcours de soins prévoit de consulter en premier lieu un méde-cin généraliste qui aiguille ensuite le patient vers un spécialiste. Le médecin traitant est habilité à prescrire des antidépresseurs, cependant, la prise en charge d’une dépression événementielle ne nécessite pas forcément la prise de médicaments. De plus, une dépression endogène, psychotique, sévère ou handicapante doit faire l’objet d’une prise en charge par un spécialiste, qu’il soit psychiatre-psychanalyste ou thérapeute. L’avantage de passer par un médecin généraliste est de pouvoir être remboursé des consultations et de la

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plupart des médicaments prescrits. En revanche, il n’est pas formé en parti-culier pour les troubles psychologiques et dépressifs. Généralement, il oriente donc ses patients vers des spécialistes.

PsychiatreIl peut être difficile de savoir à qui s’adresser et de faire le tri parmi les diverses dénominations. Dans l’immense majorité des cas, un praticien qui se dit psy-chothérapeute ne prétend pas au titre de psychologue ni de psychiatre. Le mieux, dans tous les cas, reste de s’adresser d’abord à son généraliste.

Le psychiatre possède le titre de doc-teur : il a étudié la médecine avant de se spécialiser en psychiatrie. Il propose des thérapies psychologiques pour soigner la dépression et peut aussi prescrire des psychotropes : antidépresseurs, anxioly-tiques, thymorégulateurs, neuroleptiques. Il peut, en outre, exercer en hôpital psy-

chiatrique et diriger le service de psychiatrie. Dans ce cadre, le psychiatre peut imposer une hospitalisation dans un centre spécialisé.

Il existe différentes thérapies susceptibles d’aider à guérir de la dépression : les thérapies familiales et psychocorporelles, l’hypnose, le « mindfulness », la gestalt-thérapie, etc. S’adresser à un psychiatre permet, de plus, le rembour-sement des médicaments et de la thérapie. En revanche, ce dernier propose en général des traitements psychothérapeutiques longs.

PsychologueLe psychologue est celui que les patients consultent pour des problèmes psy-chologiques. Le clinicien propose des entretiens d’inspiration psychanalytique ou une thérapie cognitive-comportementale. Il peut aussi proposer des séances pour les couples, la famille ou les groupes. Contrairement au psychiatre, il n’est pas médecin, mais a suivi une formation de niveau DEA, DESS ou master, c’est-à-dire un diplôme de troisième cycle à l’Université.

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PsychanalysteUn psychanalyste est un thérapeute qui ne pos-sède pas le titre de médecin, mais qui utilise une technique thérapeutique d’inspiration freu-dienne, lacanienne ou encore jungienne.

Les psychanalystes peuvent également être psy-chiatres ; ils font souvent partie d’une société psychanalytique reconnue comme la SPP, la SFP, la cause freudienne, l’API, etc.

Attention : comme le titre de psychanalyste n’est pas sanctionné par un diplôme, tout le monde peut se dire psychanalyste. Passez tou-jours par un psychiatre ou un psychologue pour ne pas prendre de risque.

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A Pour aller plus loinAstuces

Ne jamais hésiter à consulter un psychiatre ! � par Bernardetmarie12

Une dépression est souvent précédée de signes avant-coureurs, et un médecin généraliste n’est pas apte à pratiquer une psychothérapie et à prescrire les médi-caments adéquats. C’est pourquoi il est essentiel de consulter un psychiatre. Bien sûr, il ne faut pas confondre une vraie dépression avec une période de stress, même prolongée. Or, cette démarche est souvent perçue comme la der-nière alternative, après avoir tout essayé, mais c’est une erreur ! Par ailleurs, c’est à vous de faire la démarche d’un premier rendez-vous. Puis, si vous êtes en confiance avec votre thérapeute, vous vous confierez petit à petit, et un dialogue s’instaurera. Le fait de verbaliser votre souffrance face à quelqu’un d’impartial, mais qui a de l’empathie pour vous, sera alors une délivrance.

Au cours du premier rendez-vous, le thérapeute vous posera un certain nombre de questions sur ce que vous ressentez, et vous pourrez aussi, bien entendu, lui poser les questions que vous jugerez utiles. Si cette personne vous écoute et prend en compte votre souffrance et votre mal-être, continuez… Par contre, si vous ressentez immédiatement une appréhension, c’est que ce n’est pas le spé-cialiste qu’il vous faut.Si vous avez vécu un traumatisme récent ou passé, sachez que le thérapeute ne vous le fera pas oublier, mais il vous aidera à vivre avec et à mener une vie tournée vers l’avenir. Selon les patients et les traumatismes rencontrés, cela peut prendre une ou plusieurs années.

Reconnaître et agir contre la dépression

La dépression est le mal de notre siècle : 15 % de la population française a été, est ou sera touchée. Ainsi, si vous vous sentez dans un état anxieux et déprimé permanent, il convient d’abord d’analyser ce que vous éprouvez : fatigue, sommeil dérangé, manque de confiance en soi, lassitude, manque d’appétit et de plaisir. Vous pouvez aussi écrire ce qui ne va pas sur une feuille pour objectiver vos émo-tions et prendre du recul. Mais quoi qu’il en soit, il est important d’en parler à votre médecin traitant.

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Par ailleurs, pour éviter de vous retrouver dans un état dépressif ou de rechu-ter après un premier épisode de dépression, il est essentiel d’avoir une vie saine. L’alimentation en fait partie. Par exemple, une cure d’oméga 3 (noix, noisette, poissons gras) et de vitamines, ainsi que du sport vous feront le plus grand bien.

En parallèle, pour une dépression légère, saisonnière ou due à un événement particulier, il n’est pas toujours indispensable d’être traité par des médicaments antidépresseurs forts et aux effets secondaires importants : une psychothérapie peut parfois suffire avec, en complément, des antidépresseurs naturels comme l’homéopathie, l’acupuncture et des extraits de plantes (rhodiole, fleurs de Bach ou millepertuis). Parlez-en auparavant à votre médecin. Il existe, en outre, d’autres moyens de se prémunir contre la dépression. Cela peut passer par un changement de lieu, du repos, une cure de sommeil ou encore des vacances.

Enfin, si vous êtes sujet à la dépression saisonnière, due au manque de lumière en automne et en hiver, utilisez une lampe de luminothérapie. Il est prouvé que cela aide les patients à retrouver le moral et de l’énergie.

Questions/réponses de pro

Dépression ou anxiété ?

Je fais régulièrement des nuits blanches ou ne dors que deux heures par nuit. Je prends des antidépresseurs depuis 16 ans.

Est-ce une dépression ou de l’anxiété ? Que dois-je faire ? � Question de Dave65

Δ Réponse de Pédébé

Vous devez consulter votre médecin traitant : lui seul est habilité, dans le cadre d’une consultation, à déterminer l’origine de ce trouble et à vous propo-ser une solution adaptée, ou le cas échéant, vous orienter vers un spécialiste.

Rupture sentimentale et dépression

Suite à une rupture sentimentale brutale et douloureuse, je me retrouve au fond du gouffre. Je ne dors plus et suis assailli de terribles angoisses. Que faire pour chasser ces pensées destructrices ?

� Question d’Éric

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Δ Réponse de Carolette

Vivre une histoire d’amour, c’est prendre le risque que cette histoire s’arrête un jour. La perte de l’être aimé entraîne un long travail de deuil. N’hésitez pas à consulter un psychiatre et à accepter un traitement s’il le faut.

Δ Réponse de Marie

Vous semblez souffrir et vous replier sur vous-même. Ayant divorcé deux fois, je peux dire que les ruptures sont toujours douloureuses. Ma méthode pour ne pas souffrir : voir un médecin, s’occuper avec son travail et sortir pour toutes les occasions mêmes les plus banales.

La psychanalyse

J’ai décidé d’entamer une psychanalyse, mais, avec tout ce que j’entends, je ne suis plus très sûr de moi. Est-il vrai que le psychanalyste ne parle pas et qu’il faut être allongé sur un divan et parler de soi pendant toute la séance ?

� Question de Roland34

Δ Réponse de Kanna

C’est un peu caricatural, car le psychanalyste adapte aussi sa méthode à son patient. D’autre part, tous n’utilisent pas le divan, certains préférant faire la consultation en face à face, à un bureau ou dans des fauteuils. Le psychana-lyste incite son patient à parler, mais il est vrai qu’il intervient relativement peu, à l’inverse d’autres thérapies qui consistent en un échange entre le patient et le thérapeute (psychothérapie comportementale, thérapie de couple…).

En psychanalyse, le but est de laisser remonter des images, des impressions et tout ce dont vous avez envie de parler ; le langage est ensuite analysé ainsi que les gestes qui reviennent le plus souvent : la psychanalyse dure toujours assez longtemps, car les informations mettent du temps à surgir de l’inconscient. Par contre, il n’est pas toujours facile de choisir son psy-chanalyste, mais c’est une bonne thérapie dès lors que l’on s’est trouvé un thérapeute avec qui on se sent en confiance.

Δ Réponse de Catherine

Gardez votre élan, et, pour vous sentir bien avec votre démarche, rensei-gnez-vous sur les différentes thérapies possibles. L’une d’elles (analytique, corporelle, comportementale, etc.) vous conviendra certainement. Il existe beaucoup d’alternatives à la psychanalyse.

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III. Les formes de dépression

La dépression échappe à toute tentative de catégorisation. On parlera néanmoins de deux formes principales : la dépression exo-gène (psychogène) et la dépression endogène. Une dépression est exogène lorsqu’elle se déclenche suite à un choc (traumatisme, deuil, agression, perte de l’être aimé, stress, mala-die, grossesse), et on parle de dépression endogène, ou majeure de type mélancolique, lorsqu’elle survient en dehors d’éléments déclencheurs extérieurs.

Si la déprime est passagère et facilement guérie, il n’en est pas de même d’un type de dépression endogène mélancolique. Une per-

sonne peut être dans un état dépressif ou déprimé sans pour autant souffrir d’une dépression au sens clinique du terme. Par exemple, l’état dépressif sera diagnostiqué pour une perte d’appétit, de sommeil, des troubles de l’humeur, si ceux-ci sont passagers. Par ailleurs, chez les personnes qui ont du mal à

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III. Les formes de dépression

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exprimer leurs états émotionnels, la plainte dépressive peut être remplacée ou masquée par des troubles psychosomatiques variés : douleurs dorsales, mus-culaires, baisse d’énergie ou hyperactivité, troubles digestifs, etc.

La dépression bipolaire ou maniaco-dépressive, elle, est considérée comme une dépression sévère ou majeure. Le risque suicidaire est alors massif. On utilise le terme de dépression atypique lorsque, à l’humeur dépressive, s’ajoutent de l’hypersomnie, de la boulimie, ou de l’hyperphagie (plus d’ap-pétit que d’ordinaire) et de l’hyperactivité. C’est-à-dire un tableau quasi contraire à la symptomatologie habituelle de la dépression.

Une maladie plurielleToute dépression ne requiert pas forcément de traitements médicamenteux de type antidépresseur. Cependant, quelle que soit sa forme, il est important de consulter un médecin. En effet, une dépression mal soignée ou non soi-gnée augmente la prévalence de rechute de 50 %.

DéprimeLe langage courant associe le terme de « déprime » à toutes sortes de situations plus ou moins graves sans que les personnes relèvent d’une véritable dépression. On peut se sentir déprimé par la fatigue, un échec, le changement de saison, les actuali-tés, un film, un livre, le comportement de certains individus, la politique, la société, etc. Dans toutes ces situations, la déprime correspond à sentir son humeur baisser et être terni ou perturbé. Cela est sans conséquence sur notre santé : il s’agit d’épi-sodes momentanés, dont nous nous relevons sans difficulté particulière. Certes, un coup de déprime peut parfois être violent et entraîner des idées mor-bides, mais il se distingue de la dépression qui, elle, s’installe dans la durée. C’est lorsque l’humeur est constamment à la tristesse, quels que soient les événe-ments, qu’elle devient pathologique.

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III. Les formes de dépression

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Notre société a tendance à médicaliser l’exis-tence, c’est-à-dire à traiter toute baisse de la performance physique, intellectuelle, y com-pris l’humeur, comme étant des symptômes. Néanmoins, il est normal de se sentir triste, fatigué, voire déprimé dans certaines cir-constances. Parfois, des mesures d’hygiène de vie simples suffisent à combattre ou à prévenir les coups de déprime : pratiquer un sport régulier, être attentif à la qualité de son alimentation, de son sommeil, etc. Il faut

aussi être attentif à ce qui a des effets positifs sur son humeur : prendre des vacances, bien s’alimenter, pratiquer un sport, éviter l’abus d’alcool, fréquen-ter des personnes qui nous apprécient, cultiver l’estime de soi, etc. Tout cela peut aider à soulager les accès de déprime, voire à prévenir la dépression.

MélancolieLa mélancolie est connue et décrite depuis l’Antiquité. Son nom vient du grec « melas-melanos », qui signifie « noir » et de « kholé », la « bile » : il s’agit de la bile noire que l’on retrouve notamment chez Hippocrate, qui iso-lait la manie de la mélancolie. Plusieurs siècles plus tard, Cappadoce a établi le lien entre ces deux états : l’excitation (euphorie exubérante) alterne avec des phases d’abattement et de dépression profonde. On parle aujourd’hui plus souvent de « dépressions bipolaires », dans les-quelles alternent les mêmes phases de manie et de dépression.

Le terme de « mélancolie » est utilisé en psychiatrie pour désigner non pas une tristesse vague, mais une psychose qui apparaît par épisodes. Elle se caractérise par des émotions morbides pénibles, dépressives et qui dominent le comportement. Il ne s’agit pas de la dépression la plus fréquente, mais de

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III. Les formes de dépression

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la plus spectaculaire et la plus typique dans ses manifestations. La mélancolie est une psy-chose endogène (qui ne présente pas de facteur déclenchant extérieur) : le malade présente des idées délirantes d’un type particulier. Le sentiment de culpabilité est très souvent pré-sent dans toutes les formes de dépression, que celles-ci soient événementielles ou endogènes. Le dépressif mélancolique ressent lui aussi de très forts sentiments de culpabilité et d’autoac-cusation : il exagère, amplifie et revendique des

fautes imaginaires. Il retourne en outre ces sentiments envahissants par des comportements masochistes et d’automutilation, c’est-à-dire des blessures qu’il s’inflige à lui-même. Ce type de comportement est considéré en psychia-trie comme un équivalent suicidaire, dont la dimension autopunitive survient chez certains patients en phase de délire. Le risque suicidaire est très impor-tant pour une personne mélancolique.

D’autre part, le malade mélancolique est totalement inhibé : inerte, sans volonté, il semble sidéré, incapable d’exécuter un acte. Les réponses aux questions arrivent avec un temps de latence très long, car le cours de la pen-sée est ralenti.

Au début de l’accès mélancolique, l’incapacité à agir des patients les empêche de mettre fin à leurs jours. C’est le plus souvent lorsque le délire s’estompe, au moment où le patient va mieux, qu’il peut trouver la force de passer à l’acte.

À la différence des tentatives de suicide des personnes souffrant de dépres-sion, les patients atteints de mélancolie échouent rarement dans leur tentative : défenestration, noyade, projection sous un train, armes à feu sont utilisées. Le suicide altruiste intervient aussi dans ces cas de dépression (par exemple : une mère tue ses enfants et elle-même).

En l’absence de traitement, un accès mélancolique durera de 6 mois à 1 an. L’âge et le nombre de récidives antérieures prolongent d’autant cette durée. L’examen psychiatrique (et pas seulement médical) est indispensable et conduit

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III. Les formes de dépression

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dans la plupart des cas à l’hospitalisation, car le risque suicidaire est majeur. La cure d’électrochoc reste, encore aujourd’hui, un recours : on parle de sismothérapie. Enfin, les traitements médicamenteux employés sont les anti-dépresseurs de première génération (tricycliques), les IMAO (inhibiteur de la monoamine-oxydase), et le lithium (sels de lithine).

Épisode dépressifUn épisode dépressif (ou phase dépressive) survient de façon isolée alors que les symptômes n’étaient pas présents auparavant ou qu’ils étaient contenus par un traitement.

Selon l’OMS, il peut concerner tous les types de dépression : de la dépression légère à la dépression majeure ou mélancolique. Les symptômes sont alors une baisse d’énergie, une réduction de l’activité, un abaissement de l’humeur, une difficulté à éprouver du plaisir, et des difficultés pour se concentrer.

Concrètement, le sujet d’un épisode dépressif ressent une fatigue importante et inhabituelle, ainsi que des troubles du sommeil. La batterie de signe peut en outre être exacerbée : ralen-tissement moteur, troubles de l’appétit avec amaigrissement important et rapide, perte de la libido. Les symptômes pourront également être ceux de la mélancolie : autoaccusation, délire de persécution, automutilation, très grande douleur morale. L’épisode dépressif sera alors en quelque sorte le point culminant, ou la phase mélancolique de la dépression bipolaire. Cette dernière alterne

les périodes maniaques (très grande agitation, sentiment de toute puis-sance, hyperactivité, hallucinations, etc.) et les périodes dépressives parfois aiguës.

L’épisode dépressif peut signer le début de la maladie qui s’installe ou qui éclate. Lorsqu’une personne est en phase d’épisode dépressif aigu, le risque de suicide est majeur. Il convient de demander un examen psychiatrique, qui mène le plus souvent à une hospitalisation.

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III. Les formes de dépression

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Dépression chroniqueLes personnes dépressives souffrent en moyenne de quatre épisodes dépressifs au cours de leur vie, cha-cun durant environ 5 mois. Il a été observé qu’un dépressif sur deux subit des récurrences de la maladie après un premier épisode dans les 2 ans qui suivent, et qu’après deux ou trois épisodes, le risque de récur-rence passe à 70 %. La dépression chronique peut ainsi être due à une dépression mal soignée durant l’enfance ; dans ce cas, la prévalence chez l’adulte est de 40 %. Plus de 10 % passeront de troubles dépressifs récurrents à des troubles bipolaires chro-

niques. Les dépressions endogènes, qui se développent en dehors de facteurs externes déclencheurs, ont souvent un terrain génétique qui favorise l’appari-tion de troubles récurrents et une installation de la maladie dans la chronicité.

Généralement, la dépression chronique concerne les formes majeures, comme la dépression bipolaire ou mélancolique. Les malades alternent des épisodes maniaques (agitations, délire, hallucinations), avec des phases de troubles dépressifs (abattement, prostration, asthénie, anhédonie, troubles moteurs et cognitifs, autoaccusation, automutilation, etc.). Ces troubles peuvent se déclencher de manière récurrente lorsque le sujet s’habitue à un traitement ou, au contraire, cesse de le prendre.

La prise de médicaments comme les tricycliques, IMA, le lithium ou la sismo-thérapie sont utilisés tout au long de leur existence. Les malades alternent les phases de vie normale et celles d’hospitalisation. En revanche, les dépressions événementielles sont plus rarement chroniques.

Pour prévenir les troubles dépressifs récurrents et éviter d’installer la maladie dans la récidive ou la chronicité, il est important d’être pris en charge par des professionnels : psychiatres, psychothérapeutes, etc.

Dans les cas de dépression chronique, celle-ci doit être psychiatrique avec une évaluation de la gravité de la maladie, la mise en place d’un traitement au long court et une surveillance indispensable des patients.

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III. Les formes de dépression

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Dépression majeureLa dépression majeure entraîne une rupture radicale : il y a un avant et un après. Elle se déclenche souvent lors de dépressions endogènes. L’épisode intervient alors brutalement, sans cause extérieure ou événe-ment particulier déclencheur. Elle est caractérisée par une prostration, un abattement moral et physique, une très grande fatigue handicapante, une incapacité à agir, des difficultés d’élocution, des troubles de la mémoire et des apprentissages, des envies morbides. Elle peut amener au suicide.

À noter toutefois que la potentialité suicidaire est sou-vent un symptôme, mais toute personne dépressive

n’a pas forcément d’envie suicidaire. L’envie morbide et le passage à l’acte résultent de la souffrance insupportable qu’engendre l’épisode dépressif. Ce dernier est à redouter dans cette forme majeure, qui intervient dans la dépres-sion sévère ou mélancolique, ou encore bipolaire.

Les troubles dépressifsOn relève presque autant de troubles dépressifs que de personnes dépres-sives. Les formes de la maladie sont en effet très nombreuses ainsi que les troubles apparentés ou liés : dépression saisonnière, post-partum, dysthy-mie, psychose maniaco-dépressive, dépression psychotique ou bipolaire, dépression anxieuse, dépression masquée, dépression hostile ou agressive. En général, toute forme de dépression associe une très grande fatigue à une perte du plaisir. Mais on trouve aussi certains symptômes comme l’anxiété, les crises d’angoisse et les comportements répétitifs, etc. On peut classer les troubles dépressifs par familles :

π le trouble dépressif anxieux généralisé ;

π le trouble panique et la phobie sociale ;

π l’état de stress post-traumatique ;

π le trouble obsessionnel compulsif.

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III. Les formes de dépression

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Pour chacun des troubles apparentés à des dépressions, les symptômes sont à la fois physiques (sueurs, maux de ventre, palpitations, hyper vigilance, etc.) et psychologiques (inquiétude, crise d’angoisse, souvenir traumatique, pen-sées obsédantes). Ces troubles se manifestent de manière récurrente dans la vie du sujet et l’obligent à modifier son comportement.

Trouble anxieux généraliséLe trouble anxieux touche environ 3 % de la population. Il peut apparaître précocement durant l’enfance et constitue un facteur de vulnérabilité dans la dépression chez l’adulte.

Il entraîne une recherche perma-nente de réassurance auprès des proches, qu’il s’agisse des enfants comme des adultes, et se manifeste psychologiquement par une inquié-tude permanente, une tendance à se faire du mauvais sang pour tout, et des difficultés d’endormissement avec rumination « mentisme ». Au nombre

des manifestations physiques, on retrouve des sueurs, des maux d’estomac, des diarrhées, des envies fréquentes d’uriner, une bouche sèche, des vertiges et des maux de tête.

Panique et phobie socialeDans certains types de dépression, les symp-tômes de crises d’angoisses dominent et peuvent conduire à des attaques de panique répétées, parfois fréquentes. Un cercle vicieux vient accentuer le phénomène : les crises d’angoisses sont renforcées par la peur de déclencher une nouvelle crise. L’impression de devenir fou, de perdre le contrôle, voire de mourir durant les crises est fréquente. Par

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III. Les formes de dépression

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ailleurs, les troubles psychologiques de panique ont un impact physique : pal-pitations, halètement, sensations d’étouffement, vertiges, fourmis dans les membres, bouffées de chaleur, nausées, diarrhées, envies d’uriner, bouche sèche. Des symptômes associés peuvent aussi apparaître : rougissements, sueurs, voix mal assurée, palpitations, moiteur des mains, maux de ventre, etc.

Le trouble panique ou le trouble phobique social a un lourd impact sur le com-portement des personnes qui en souffrent. Elles en viennent ainsi à éviter les situations susceptibles de déclencher une crise : réunions, oraux d’examen, soi-rée avec des inconnus, grands magasins, transports en commun, déplacement en voiture, etc. Cela devient donc un handicap au quotidien et accentue le sen-timent de solitude et de repli sur soi des personnes anxieuses et phobiques.

Stress post-traumatiqueCe type de trouble dépressif touche 3 à 5 % de la population et surgit suite à un événement traumatisant et particuliè-rement angoissant : catastrophe, deuil, agression. La réaction initiale passée, l’événement devient un souvenir obsé-dant, angoissant et envahit le quotidien de la personne. Cauchemars, flash-back,

irritabilité, perte de confiance en soi, sursaut au moindre bruit, hyper vigi-lance s’installent dans la durée. Comme pour le trouble panique et la phobie sociale, les personnes en état de stress post-traumatique évitent les lieux, les personnes qui tendent à rappeler l’événement traumatique, et peuvent finir par vivre dans un très grand isolement.

Trouble obsessionnel compulsif (TOC)Les TOC touchent environ 2 % de la population. Ils concernent en géné-ral des personnes très anxieuses dont les pensées deviennent obsédantes et répétitives, notamment concernant la propreté, l’ordre, la peur des virus et des microbes, la religion, la sexualité. Elles mettent en place des rituels répétés

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III. Les formes de dépression

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de rangement, vérifications, lavages, qui deviennent compulsifs, c’est-à-dire répétitifs et incontrôlables plusieurs dizaines de fois dans la journée. Les TOC enferment les personnes qui en souffrent dans des comportements stéréoty-pés qui les éloignent d’autrui et les isolent.

Certains troubles de la personnalité comme l’anxiété excessive et les compor-tements obsessionnels prédisposent à la dépression. Il est important d’aider le plus rapidement les personnes (y compris les enfants) qui en sont atteintes pour éviter une aggravation des comportements et l’installation dans la dépression.

Pour cela, il est indispensable de faire appel à un psychiatre, un psychothéra-peute, un psychologue, ou entamer une thérapie comportementale pour lutter contre les phobies et les troubles compulsifs.

La dépression saisonnièreLa dépression saisonnière – SAD (« Seasonal Affective Disorder ») – semble directement liée à la baisse de la luminosité et au dérègle-ment des horloges biologiques internes. On parle de SAD lorsqu’elle survient au moins deux années de suite. Les personnes âgées et les femmes y sont les plus sensibles : 40 % des femmes souffrent de boulimie au change-ment d’équinoxe. La dépression saisonnière se manifeste par différents symptômes : état dépressif avec tristesse et fatigue, hypersomnie (augmentation du sommeil), prise de poids, augmentation de l’appétit voire boulimie pour les aliments sucrés. Elle est classée parmi les dépressions atypiques, car elle entraîne une augmentation des périodes de sommeil et une prise de poids, alors que les autres formes de dépression entraînent insomnie et perte d’appétit.

Rôle de la luminositéChaque matin, l’organisme doit synchroniser ses cellules cérébrales grâce à la lumière de l’aube. L’hormone de la nuit ou mélatonine imprègne l’organisme jusqu’aux premiers rayons solaires qui abaissent le niveau de mélatonine et

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III. Les formes de dépression

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mettent l’organisme en phase de réveil. À l’automne et en hiver, la lumière du soleil se raréfie et la mélatonine demeure élevée dans le cerveau. Le corps, au lieu de se réveiller, demeure léthargique et les rythmes alternés de veille et de sommeil se dérèglent.

La dépression saisonnière, contrairement aux autres formes de dépression, ne nécessite pas forcément de prise en charge thérapeutique ni de prise de médi-caments. Les causes étant la baisse de luminosité et son impact sur les cellules cérébrales, on recommande en principe un traitement par luminothérapie et la prise de compléments alimentaires en oméga 3.

LuminothérapieLa resynchronisation de l’organisme nécessite une exposition à une lumière supérieure à 3 000 lux sur une période de 1 à 2 h. Pour information :

π la luminosité d’une ampoule de 100 watts est inférieure en général à 500 lux ;

π une lampe de luminothérapie produit en moyenne de 3 000 à 5 000 lux ;

π un simulateur d’aube produit moins de 600 lux ;

π une promenade au grand air, même en période hivernale, expose à une lumière de 5 000 à 10 000 lux.

Il convient de se faire examiner les yeux avant d’utiliser une lampe de lumi-nothérapie. Le coût moyen se situe entre une dizaine d’euros pour les moins chères, à environ 450 € pour les plus onéreuses.

La dépression post-partumComme toute période charnière de l’existence, la maternité est propice à la dépression. La dépression post-partum, c’est-à-dire après un accouchement, intervient dans les deux mois suivant la délivrance. Elle se distingue du baby-blues qui est un état physiologique momentané lié aux bouleversements

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hormonaux et touche une femme sur deux. Forme grave de la dépression, elle peut avoir des conséquences dramatiques sur la mère, l’enfant et la famille.

Symptômes et conséquencesL’attachement est un ensemble de réactions émotion-nelles, physiologiques, sensorielles et cognitives qui s’installent très tôt dans la relation de la mère et du nouveau-né. Il se développe au contact de la peau, de l’odeur, de la voix, également avec le goût du lait maternel. Dans le cas d’une dépression post-partum, ces liens précoces peuvent être altérés et prédispo-ser l’enfant à l’anxiété, voire dans les formes les plus graves, conduire le nourrisson à une dépression. Toutefois, il convient de noter qu’une dépression post-partum de la mère n’aura pas forcément un impact sur la qualité du développement affectif de l’enfant.

Les symptômes constatés au cours de cette forme de dépressions sont typiques et invalidants pour la mère. On observe ainsi un sentiment d’inca-pacité à s’occuper du nouveau-né, des idées de culpabilité douloureuses, des difficultés à supporter les pleurs du bébé, une baisse ou absence d’interaction avec le nouveau-né, un passage à l’acte, un suicide altruiste. Des idées mor-bides peuvent surgir avec de très fortes phobies d’impulsion : elles concernent la peur irraisonnée, et très douloureuse pour la mère, de faire mal à son bébé.

Un tabouIl est difficile, encore aujourd’hui pour une mère, d’évoquer les symptômes de dépres-sion post-partum ou périnatale, car elles ont l’impression d’être de mauvaises mères. Le fait d’être enceinte et de mettre au monde un bébé est vu par la société comme l’un des moments heureux de l’existence. Parler de

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tristesse et de troubles dépressifs après une naissance reste donc un énorme tabou persistant chez les mères. On parle très rarement du rôle du père dans l’accompagnement de la grossesse, de l’accouchement et de la vie post-par-tum. Pourtant, la présence du père est essentielle pour éviter une dépression post-natale, comme dans son traitement et sa guérison. Un père présent et aimant pour son nouveau-né peut pallier au manque d’interactions entre une mère déprimée et le nouveau-né.

Traiter une dépression post-partumIl existe plusieurs formes d’aides pour les mères souffrant de cette forme de dépression. On recommande notam- ment des consultations médico-psycho-logiques, voire une hospitalisation conjointe avec le nouveau-né, y compris dans les cliniques où l’accouchement a eu lieu.

Peuvent aussi être mises en place des visites à domicile, réalisées par des pué-ricultrices, en coordination avec des hôpitaux, et permettant d’aider la mère à prendre soin du bébé et à reprendre confiance en elle. Enfin, au nombre d’une vingtaine en France, les unités parents-enfants accueillent les mères en très grande difficulté à temps plein ou en journée.

La dysthymieLa dysthymie vient du grec et signifie à l’origine « mélancolie ». On parle aujourd’hui de dysthymie pour caractériser des troubles de l’humeur. Les patients peuvent en être atteints pendant des années sans être diagnostiqués. Les symptômes, moins sévères que ceux de la dépression majeure, peuvent en effet passer inaperçus et relever de traits de caractère : humeur sombre, voire irritable, anhédonie (perte de plaisir) et fatigue souvent constante. Une personne dysthymique peut en outre sembler indécise et présenter une faible estime de soi.

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SymptômesLa dysthymie peut apparaître dès l’enfance en cas de troubles affectifs, violences, agression sexuelle, etc. Ce type d’environnement familial amène l’enfant à intégrer le stress et la tris-tesse dans sa structure psychique. Les filles sont, par ailleurs, deux fois plus atteintes que les garçons. Si l’enfant ou l’adulte n’est pas pris en charge, le risque de suicide est très important.

La dysthymie partage de nombreux symptômes avec la dépression majeure, mais contrairement à cette dernière qui éclate par épisodes, elle s’installe de manière constante dans la vie. Dans certains cas, des épisodes dépressifs majeurs viennent se surajouter.

Diagnostiquer la dysthymieLe trouble de dysthymie peut appa-raître dès l’enfance et devenir pour l’adulte un trait constant qu’il per-çoit comme partie intégrante de son caractère. Le problème est alors la prise de conscience de l’anormalité de ces dérèglements de l’humeur et de la possibilité d’en guérir.Des moyens thérapeutiques permettent néanmoins

d’aider l’enfant dysthymique, tels que la mise en place d’une assistance édu-cative, l’intégration dans un environnement sain, un espace d’expression, de longues périodes de loisirs et un soutien moral.

Pour l’adulte, la mise en place d’un suivi médical est absolument nécessaire. Une thérapie accompagnée d’antidépresseurs et de somnifères, ainsi que des régulateurs de l’humeur sont préconisés durant les périodes de crise. En outre, le réapprentissage des liens sociaux et le renforcement de l’estime de soi sont indispensables pour obtenir des résultats sur le long terme.

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La dépression bipolaire ou maniaco-dépressiveMaladie psychiatrique qui touche 1 à 3 % de la population, elle alterne deux phases totalement différentes : une phase d’abatte-ment ou épisode dépressif profond (tristesse, abattement et autoaccusation, voire auto-mutilation), puis une phase d’agitation maniaque (idées de grandeur, multiplication des projets, très grande agitation, prise de décisions, création d’œuvres, mégalomanie).

Des troubles profonds de l’humeurDans le cas d’une psychose bipolaire, les hauts et les bas de tout un cha-cun deviennent des cycles dépressifs profonds avec tentatives de suicide, ou au contraire des tempêtes agitées où la séduction, les projets fous, l’énergie débordante bouleversent la vie familiale, amoureuse, professionnelle. Les troubles bipolaires (à deux pôles) ont tendance à récidiver tout au long de l’existence. La durée des intervalles stables entre les phases dépressives et maniaques est imprévisible.

Indices et critères de diagnosticLa dépression bipolaire se caractérise par une humeur réactive ou irritable, une incapacité à tenir en place, une agitation anxieuse. On observe aussi un état aggravé par les antidépresseurs, une humeur chan-geante dans une même journée, des insomnies résistantes aux somnifères, une humeur cyclothy-mique (lunatique), une hyperthymie (joie excessive), une impulsivité et des passages à l’acte répétés. Généralement, le premier épisode est précoce (avant 20 ans) et sévère, puis suivi de nombreuses rechutes. Souvent, les patients atteints présentent des antécé-dents familiaux.

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Pour diagnostiquer une telle dépression, il faut présenter pendant au moins quatre jours une humeur élevée de manière persistante clairement différente de l’humeur habituelle.

Au cours de cette période, trois au moins des symptômes suivants auront perduré :

π idées de grandeur, forte augmentation de l’estime de soi ;

π réduction des besoins de sommeil ;

π désir de parler sans arrêt, augmentation drastique de la communicabilité ;

π sensation que les idées défilent sans arrêt ;

π attention attirée par des choses très différentes de l’activité en cours ;

π hyperactivité sociale, professionnelle, scolaire, sexuelle ;

π achats inconsidérés, conduites à risques, décisions professionnelles et commerciales inconsidérées.

Ces symptômes entraînent des perturbations profondes du fonctionnement social, professionnel et affectif.

Attention : ces symptômes ne sont pas associés à la prise de drogue ou d’une autre maladie.

TraitementIl existe plusieurs possibilités pour traiter une dépression bipolaire. Contrairement à d’autres formes moins sévères, la thé-rapie seule ne suffit pas à calmer les phases d’agitation maniaque ni à éviter des actes suicidaires dans les épisodes dépressifs (hypomaniaques), aussi le traitement médicamenteux est absolu-ment nécessaire. Des antidépresseurs

tricycliques ou IMAO, ou des médicaments neuroleptiques (contre les accès d’agitation maniaque en particulier) pourront être utilisés.

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Par ailleurs, la résistance aux antidépresseurs est un outil de diagnostic des psychoses maniaco-dépressives. Grâce à Roland Kuhn, inventeur de la catégorie d’antidépresseur (Imipramine) en 1957, on sait que l’usage d’un neuroleptique aggrave la dépression et que l’antidépresseur aggrave les phases d’agitation maniaque. Ce constat a aussi permis la classification des médicaments entre neuroleptiques, thymorégulateurs et antidépresseurs.

En phase d’hypomanie, les malades ont besoin d’une prise en charge en éta-blissement psychiatrique, car le passage à l’acte est un risque majeur. En phase maniaque, ce type de prise en charge peut être préconisée si la personne se met en danger (ou ses proches) dans des conduites à risque. La chronicité de la

psychose maniaco-dépressive ou bipolaire engage les patients dans des séjours récurrents en établissement psychiatrique, notamment lorsque le dosage des traitements doit être modifié. Dans certains cas de dépression bipolaire résis-tante, une cure d’électrochocs (sismothérapie) peut être mise en place.

La dépression anxieuseLes manifestations de l’anxiété se distinguent chez l’enfant et chez l’adulte. S’il existe un risque élevé à l’âge adulte pour l’enfant anxieux, 90 % des adultes anxieux sont ou seront en dépression.

Chez l’enfant et chez l’adulteIl semble que l’anxiété de l’enfant se cristallise autour de deux pôles : une angoisse liée à la séparation, qui se manifeste lorsqu’il redoute de passer quelques jours sans ses parents et pour qui toute séparation est une déchi-rure ; et l’angoisse de la performance, qui concerne les enfants qui craignent le jugement négatif des autres et de leurs parents en particulier. Les enfants anxieux ou angoissés exacerbent la peur de leur propre incompétence et vivent très mal les périodes d’évaluation ; ils sont aussi sujets à la somatisa-tion : maux de ventre, insomnies, eczémas, etc.

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L’adulte anxieux a souvent été un enfant anxieux, car ce mode de fonction-nement psychique s’installe de manière pérenne. Les troubles se manifestent chez l’adulte par des attaques d’angoisse et des crises de spasmophilie ; ils peuvent le conduire à la dépression.

Peur normale vs peur pathologiqueIl faut distinguer les réactions de peur normale des réactions inappropriées qui débordent les ressources de l’organisme et du psychisme. La peur comme la tristesse sont des émotions naturelles, indispensables à la survie de l’être humain. Selon les circonstances, elles se manifestent de manière plus ou moins forte, de la simple inquiétude à la véritable angoisse, en passant par la détresse ou la peur.

La peur pathologique s’exprime, elle, par une attaque de panique : elle se manifeste sous la forme d’une crise d’angoisse aiguë, insupportable ; on la confond souvent avec une crise cardiaque ou une crise de spasmophilie. La crise d’angoisse est la conséquence d’une réaction d’alarme de l’organisme. Il s’agit d’un mécanisme biologique normal lorsque celui-ci doit faire face à une agression, par exemple. Au cours de la crise, ce système d’alarme s’active sans objet : un état de tension, un mauvais souve-nir, une sensation physique désagréable mettent en alerte l’organisme ; l’adrénaline est alors libérée dans le cerveau avec pour conséquences des bouffées de chaleur, une accélération du pouls, des sueurs, des tremblements, etc. En parallèle, la peur de faire un malaise ou la sensation de devenir fou sont fréquentes.

Ces attaques de panique peuvent se répéter, devenir handicapantes et être à l’origine de phobies : la crainte d’un accès de panique peut conduire les per-sonnes à se replier sur elles-mêmes, à ne plus sortir, etc. Cette peur d’avoir peur peut mener à la dépression. Lorsque l’anxiété devient omniprésente, que la peur se manifeste à tout propos, y compris pour des situations anodines, elle devient pathologique et constitue une maladie.

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La dépression masquéeLa notion de dépression masquée ou de dépression « sine depressione » date du xixe siècle et a fait l’objet d’une classification psychiatrique en 1969.

SymptômesL’état de dépression masquée concerne les personnes dont la tristesse et le ralentissement psy-chomoteur sont masqués par une symptomatologie corporelle. Des troubles végétatifs, hors système nerveux central, apparaissent, tels que des problèmes cardio-vascu-laires, digestifs, gastro-génitaux,

génito-urinaires, musculaires ou osseux, mais aussi des acouphènes, vertiges, céphalées et algies faciales.

Certaines personnes ressentent des troubles qui s’intensifient à mesure que la journée avance. D’autres ressentent la même chose, mais de manière inver-sée, les troubles étant à leur apogée le matin.

La dépression masquée n’est pas toujours diagnostiquée comme telle, car les personnes qui en sont atteintes ne se plaignent que de troubles physiques qu’aucun examen médical ne vient corroborer.

Dans la plupart des cas, les patients ne se plaignent pas de la qualité de leur existence, et il est difficile de leur faire aborder le sujet de leur vie intime. Les médecins ont alors tendance à attribuer les maux à leur corps. Cela explique l’errance thérapeutique des individus qui consultent un psychiatre de manière tardive, après avoir effectué de nombreux examens.

La dépression masquée est classée parmi les dépressions atypiques ; on parle également de « dépression riante » lorsque le sujet reste enjoué en surface, tout en souffrant de troubles somatiques parfois intenses.

La dysménorrhée (troubles du cycle menstruel) peut faire partie des symp-tômes de dépression masquée chez les femmes et les jeunes filles.

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TraitementLe problème des dépressions masquées est celui de leur diagnostic. Les patients atteints ont tendance à ne consulter que des généralistes ou des spé-cialistes des symptômes qu’ils ressentent.

Les études ont montré que les psychothérapies analytiques permettent, lorsque la dépression est prise en charge assez tôt, d’obtenir de bons résul-tats en face à face. Quant à la prise de médicaments, elle n’est pas forcément nécessaire dans le cas de dépressions masquées ou atypiques.

La dépression hostileLa majorité des patients dépressifs souffrent d’inhibition et de repli sur soi, mais certains peuvent montrer de l’agitation et une grande impulsivité.

Alcoolisme et prise de stupéfiantsLa dépression est une descente aux enfers, qui peut de ce fait, s’accompagner d’alcoolisme ou de prise de stupéfiants, produit qui entraînent une désinhibition momentanée et peuvent perturber le comportement.

Plus la tolérance de l’entourage du dépres-sif est limitée, plus le risque de comportement violent est important. En outre, peines affectives et problèmes professionnels peuvent venir s’ajouter à la dou-leur dépressive et conduire à des actes désespérés vis-à-vis d’autrui.

Repli sur soiLa dépression peut entraîner une altération de la personnalité (repli sur soi, neurasthénie), pouvant apparaître comme de l’hostilité envers son entourage, y compris les proches et les conjoints. Cela conduit aussi la personne dépres-sive à adopter des comportements hostiles, voire violents.

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Suicide altruisteDans la plupart des dépressions majeures, le risque principal est celui de la violence envers soi-même : le patient mélancolique aura tendance à l’au-tomutilation. Mais, le dépressif alcoolique ou drogué pourra retourner sa violence contre autrui et envers lui-même.

La mère en dépression post-partum peut notamment désirer en finir avec son enfant : c’est le risque ultime dans ce type de dépression.

Prévenir la violence des dépressifsLes comportements violents des personnes dépressives sont souvent la conséquence de l’in-compréhension de leur entourage. La première chose est donc de mettre des mots sur cette mala-die et de reconnaître la souffrance de la personne.

Une reconnaissance et surtout une prise en charge par des professionnels sont le meilleur moyen pour prévenir les comportements hostiles, agressifs, voire violents.

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A Pour aller plus loinAstuce

Comment apaiser son irritabilité ?

L’irritabilité est souvent un des symptômes d’une anxiété ou d’un stress plus profond. Elle peut également avoir une origine hormonale ou être ponctuelle, liée à une douleur, un problème familial ou professionnel. L’irritabilité peut, bien sûr, être prise en charge à l’aide d’un traitement spécifique, mais il s’agit de médicaments puissants qui doivent faire l’objet d’une prescription, d’un suivi et d’une surveillance médicale stricte. Dans les cas les plus sévères, ces médi-caments peuvent être prescrits par un psychiatre. Nous n’aborderons pour notre part que des médicaments ou des compléments alimentaires en vente libre et qui n’entraînent pas d’effets secondaires notables s’ils sont correctement employés.

Tout d’abord, sachez que vous pouvez avoir recours à l’homéopathie pour apprendre à gérer, voire calmer votre irritabilité. Ainsi, l’homéopathe préconi-sera souvent cinq granules de Nux vomica en 15 ou en 30 CH trois fois par jour, en particulier si la colère est déclenchée au moindre incident, si la per-sonne fait preuve d’une grande impatience et est systématiquement insatisfaite, si l’irritabilité est agressive, augmentée par l’activité physique et tempérée par la consommation de café, d’alcool et/ou de tabac. Sinon, le lycopodium sera à privilégier en cas de manque de confiance en soi, de sentiment d’impuissance ou d’accès de violence. Autre option : Actea Racemosa en 9 , 12 ou 15 CH, en alter-nance avec Ignatia amara en 9, en 12 ou 15 CH, pour les personnes irascibles et d’humeur changeante. D’autre part, pour apaiser une irritabilité agressive mar-quée par une excitation et des troubles du comportement, il est possible de prendre cinq granules de Chamomilla vulgaris en 15 CH pendant deux semaines (puis toutes les 48 h pendant un mois). Enfin, on prescrit Sepia pour les per-sonnes irritables et désirant rester seules. Attention, car les dilutions et les doses doivent être définies au cas par cas par un homéopathe professionnel.

Au-delà de l’homéopathie, il est également intéressant de faire appel à la phyto-thérapie. Il existe un grand nombre de plantes permettant de calmer le stress en général et donc d’apaiser l’irritabilité. L’Escholtzia possède ainsi un hypnotique et un anxiolytique naturels qui n’entraînent pourtant aucun effet d’accoutumance ; on recommande de prendre deux gélules de 240 mg au cours du dîner et avant

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III. Les formes de dépression

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de se coucher pendant deux mois (chez les enfants, privilégier une à deux gélules le soir pour éviter les troubles du sommeil et les cauchemars). Le houblon, lui, possède des propriétés sédatives et relaxantes qui entraînent une amélioration des états anxieux, des fatigues nerveuses et régularisent l’humeur des personnes dépressives (il favorise également le sommeil des enfants agités). On préconise de prendre une à deux gélules de 160 mg de poudre micronisée d’inflorescence femelle (cône) avant chaque repas. La mélisse est aussi employée pour soula-ger les troubles nerveux en raison de ses propriétés sédatives et de son action sur tous les troubles ayant une origine nerveuse (spasmes intestinaux, crampes d’estomac, émotivité, anxiété, dépression, palpitations). On conseille alors de prendre deux gélules de 210 mg de feuilles sous forme de poudre micronisée matin et soir. Enfin, la passiflore (fleur du fruit de la passion) a des proprié-tés anxiolytiques, antispasmodiques et apaisantes ; il convient de prendre une gélule de 250 mg le matin, le midi et le soir.

En parallèle, les huiles essentielles peuvent également être employées. Pour lut-ter contre l’irritabilité, on peut alors diffuser un mélange d’huile essentielle (HE) de 120 gouttes de lavande fine, 60 gouttes de bergamote et 20 gouttes de bois de rose ; ou bien 12 gouttes de lavande fine et 7 gouttes de petit grain bigarade. Sous forme de massage, vous pouvez mélanger et vous faire appliquer sur le dos 60 gouttes d’HE de petit grain bigarade, 20 gouttes de marjolaine, 20 gouttes de bois de rose et l’équivalent de 800 gouttes d’huile végétale (HV) de macadamia. Si vous préférez vous masser seul, mélangez 3 gouttes d’HE de sauge à 3 gouttes d’HV de jojoba et massez-vous le ventre et le bas du dos. Les HE suivantes pour-ront aussi vous venir en aide en cas d’irritabilité : santal, camomille et néroli.

Enfin, avoir une hygiène de vie correcte est essentiel pour éliminer le stress et gérer son irritabilité en canalisant ses tensions. Pour cela, il faut pratiquer régu-lièrement une activité physique qui peut être soit très dynamique, soit relaxante : marche, natation, yoga, stretching, qi gong, taï chi chuan. L’alimentation joue aussi un rôle primordial dans le bien-être, puisque c’est elle qui fournit au corps le carburant (l’énergie) dont il a besoin pour fonctionner. Il est donc essentiel de manger correctement et, notamment, d’apporter à l’organisme suffisamment de vitamines (A, B et C), mais également des oméga 3 et des minéraux (en particu-lier du magnésium et du zinc, que vous trouverez en gélules ou en ampoules). Pour cela, on recommande de manger des poissons gras, de l’huile d’olive et de colza de première pression à froid (ne les chauffez jamais) ainsi que des fruits et des céréales complètes en faisant en sorte de dîner léger, mais de petit-déjeu-ner copieusement. Des cures de chlorure de magnésium pour mieux gérer son

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émotivité peuvent aussi être bénéfiques. L’aspect psychologique des repas est également important : faites en sorte de manger lentement en savourant chaque bouchée et en évitant de vous placer systématiquement devant un écran.

Dernier point : faire en sorte de gérer son stress est indispensable si l’irritabilité provient de celui-ci. Pour cela, outre le yoga, le qi gong et le taï-chi chuan déjà évoqués, vous pouvez vous tourner vers la sophrologie ou l’hypnose erickso-nienne. Si votre stress est dû à un choc émotionnel bien identifié, faites quelques séances avec un thérapeute pratiquant l’EMDR (« Eyes Movement Desensitization and Reprocessing »).

Questions/réponses de pro

Égalité face à la dépression

Sommes-nous tous égaux face à la dépression ? � Question de Clémentine

Δ Réponse de Lili36

Non, les femmes sont plus vulnérables que les hommes, les personnes seules ou âgées également.

Δ Réponse de Samsarashanti

Non, chaque personne a un système d’analyse et de réactions différent face aux complexités de la vie. Cela peut donc toucher tout le monde, mais à différents niveaux, selon la réaction aux médicaments, l’implication per-sonnelle, les autres thérapies, l’entourage, le type de travail, de culture, etc.

Prévention de la dépression

Est-il possible de prévenir un épisode dépressif ? � Question de Colette62

Δ Réponse de Lili36

Une personne souffrant régulièrement de troubles anxieux et dépressifs peut éviter les rechutes ou se protéger d’un nouvel épisode dépressif en ayant une bonne hygiène de vie (alimentation équilibrée et riche en oméga 3, sport, repos, etc.), un environnement affectif apaisant et pourquoi pas, une thérapie courte.

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Différence entre déprime et dépression

Quelle différence entre la déprime et la dépression ? � Question de Graf -58

Δ Réponse de Lili36

La déprime est passagère, elle ne dure pas aussi longtemps que la dépres-sion qui peut s’étaler sur plusieurs années. Autre différence, la déprime n’entraîne par chez le patient l’envie d’en finir.

Δ Réponse de Psychologue.sante

La dépression est un état traumatique. Le sujet est dans une phase de tran-sition où l’impression de tomber dans un gouffre sans espoir d’en sortir est constante. Dans la dépression, l’absence de désir comme l’impossibilité de réagir sont terribles. La personne qui souffre aimerait s’en sortir, mais ne trouve pas l’énergie nécessaire et ne comprend pas ce qui lui arrive.

La déprime est un état passager ou latent souvent associé à une certaine tristesse. Un évènement, une émotion, une perception, tout peut être fac-teur de déprime.

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IV. Soigner une dépression

Si les dépressions sont de plus en plus fréquentes, au point que certains chercheurs parlent d’épidémie, les traitements mis en place sont nombreux : médi-caments, thérapies, médecines douces ou encore soins longs. Le principal est l’antidépresseur, qui peut toutefois entraîner des effets secondaires et l’arrêt de sa prise nécessiter un sevrage.

Les psychothérapies sont bien sûr utiles contre la dépression. Il faut néan-moins distinguer la psychanalyse (freudienne ou lacanienne), les approches cognitives et comportementales, les thérapies familiales et systémiques, la Gestalt-thérapie, les thérapies interpersonnelles, la programmation neuro-linguistique, l’hypnose éricksonnienne. Toutes ne sont pas prises en charge par la Sécurité sociale : seules celles effectuées avec un psychiatre ou un psy-chologue agréé sont remboursées. Sachez également qu’une psychanalyse ou psychothérapie analytique est un traitement long qui dure en général plusieurs

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IV. Soigner une dépression

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années, de 2 à 10 ans, à raison d’une à deux séances par semaine. Une psy-chothérapie a une durée moyenne de 6 mois à 1 an, tandis que les autres thérapies demandent au moins une dizaine de séances pour être efficaces.

En parallèle, les dépressions dites endo-gènes, c’est-à-dire qui ne dépendent pas d’événements extérieurs de type deuil ou perte, nécessitent une prise en charge globale, à la fois physique et psychique. Dans les cas de dépres-sions mélancoliques ou maniaco-dépressives, les thérapies ne suffisent pas et doivent être associées à la prise de médicaments. Dans le cas de dépressions graves et récalcitrantes aux traitements médicamenteux, une cure d’électro-chocs ou sismothérapie peut s’avérer efficace.

Les traitements médicamenteuxIl existe différents traitements pour la dépression, mais les médecins ont surtout recours à des anxiolytiques, des somnifères, des antidépresseurs, des thymorégulateurs, des neuroleptiques, et du lithium. En prise seule ou associée, ces médicaments sont préconisés pour libérer les patients de leurs symptômes invalidants et leur permettre l’accès à une psychothérapie.

AntidépresseursLa découverte du premier traitement avec le Largactil par Henri Laborit en 1952, puis du premier antidépresseur, par le psy-chiatre suisse Roland Kuhn, avec un dérivé de la même molécule en 1957, a entraîné une véritable révolution de la psychia-trie. Jusque-là, les troubles psychiatriques étaient totalement dépourvus de traite-ments pharmacologiques. Les antidépresseurs sont des traitements biologiques, car ils agissent sur les neurotransmetteurs (dopamine, adrénaline, sérotonine).

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IV. Soigner une dépression

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Ils appartiennent à la famille des psychotropes, catégorie de médicaments comportant également les neuroleptiques, les anxiolytiques, les anti-convulsivants, et les somnifères. En outre, on recense différentes sortes d’antidépresseurs commercialisés en France : tricycliques, IMAO, IRS et IRSNA.

Les tricycliques sont des antidépresseurs dont les molécules ont une structure tricyclique, c’est-à-dire à trois noyaux ; ce sont en quelque sorte les médicaments « historiques ». Ils ont pour effet d’augmenter la concentration de sérotonine dans la fente synaptique. Voici les principaux : Anafranil, Laroxyl, Prothiaden, Tofranil, Ludiomil, Surmontil et Defany. Les IMAO, eux, se com-posent d’une enzyme qui détruit les monoamines cérébrales telles que la sérotonine, l’adrénaline et la dopamine ; les principaux sont Marsilid et

Moclamine. D’autre part, les IRS sont les inhibiteurs de la recapture de séroto-nine ; ils augmentent la concentration de sérotonine dans la fente synaptique. On recense notamment Deroxat, Prozac, Seroplex, Seropram et Zoloft. Enfin, les IRSNA sont des recapteurs de sérotonine, mais aussi de noradrénaline. Ils augmentent la concentration de ces deux neurotransmetteurs dans la fente synaptique : Cymbalta, Effexor et Ixel.

À noter : les autres classes d’antidépresseurs sont l’Athymil, le Norset et le Zyban (utilisé dans le sevrage tabagique en France).

Quelle que soit leur génération, les antidépresseurs se valent en termes d’effi-cacité – de l’ordre de 60 % d’amélioration des patients dépressifs –, de délai d’action – il faut compter une période de deux à trois semaines pour voir s’installer les effets –, et de durée moyenne du traitement – six mois au mini-mum pour un premier épisode dépressif, cette durée pouvant être prolongée afin d’éviter une éventuelle rechute.

Globalement, les antidépresseurs agissent sur la concentration de certains neuromédiateurs chimiques du cerveau (sérotonine et/ou noradrénaline) dans la fente synaptique, espace de communication entre les cellules cérébrales.

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La dépression entraîne un déficit de concentration de ces neurotransmet-teurs qui ont un impact sur l’humeur : ils agissent sur l’impulsivité, l’irritabilité, la tolérance au bruit. La sérotonine est suspectée de jouer un rôle dans les comportements alimentaires, sur le sommeil et la sexualité. De nombreux symptômes dépressifs sont ainsi sous la dépendance de l’équilibre des neu-rotransmetteurs : la fatigue, le ralentissement psychomoteur, la baisse du niveau d’éveil et d’énergie sont soumis en partie à la noradrénaline, et la tris-tesse, l’angoisse, les troubles de la concentration et les douleurs physiques dépendent de la sérotonine et de la noradrénaline. Les antidépresseurs ont néanmoins une action limitée (40 % des cas de dépressions ne sont pas amé-liorés). En plus, comme tout médicament, ils ont des effets secondaires qui peuvent être rédhibitoires pour certains patients.

Effets secondairesEn France, les antidépresseurs sont prescrits par des psychiatres, mais aussi des généralistes, non formés aux problématiques de santé men-tale et psychique. Le sous-dosage ou surdosage, l’errance thérapeutique de certains patients, de même que l’automédication sont des facteurs d’échecs. Le discours des médias qui diabolisent telle ou telle molécule pousse en outre certains patients à refuser un traitement antidépresseur.

La réussite du traitement dépend donc du choix de la molécule et de sa prise régulière accompagnée par un psychiatre. Pour avoir une action réelle, la cure doit s’étendre sur une certaine durée : en moyenne, les effets chimiques s’ins-tallent au cours de la troisième semaine de traitement qui doit durer au moins six mois. Très souvent, on constate un arrêt trop précoce du traitement. Son délai d’action important est parfois décourageant pour les personnes dépres-sives qui confondent temps d’action et efficacité thérapeutique.

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Par ailleurs, certaines dépressions comme la mélancolie ou la dépression bipo-laire nécessitent des traitements faisant appel à d’autres molécules que les antidépresseurs : thymorégulateurs, neuroleptiques, somnifères, anticonvul-sivants, etc. Dans ces formes, les symptômes d’agitation et de mélancolie sont aggravés par les antidépresseurs. Il s’agit dès lors d’un outil diagnostic de la maladie. En outre, le suicide est le risque majeur dans toute dépression. Au cours d’un épisode dépressif majeur, la prise d’un antidépresseur peut conduire la personne à trouver le courage de mettre fin à ses jours. Quelle que soit la gravité de la dépression et le type de molécule prescrite, une prise en charge par des professionnels de santé est nécessaire.

Comme tout principe actif, un médi-cament antidépresseur présente des effets secondaires plus ou moins gênants : céphalées (maux de tête), bouche sèche, sueurs, nausées, ner-vosité, insomnies, crises maniaques chez des patients bipolaires. De plus, 30 % des patients résistent aux trai-tements. Cela peut s’expliquer par de nombreuses raisons : mauvais fonctionnement de la thyroïde, troubles neurologiques ou cas de démence non diagnostiquée, troubles psychiatriques, alcoolisme, troubles anxieux ou encore troubles de la personnalité. Dans ce cas, un bilan biologique et psychologique complet doit être réalisé. On peut envisager d’associer des antidépresseurs de classe différente, ou éventuel-lement des antidépresseurs avec des sels de lithium ou un neuroleptique antipsychotique. Ces cas se présentent surtout pour les patients dépressifs chroniques.

Sevrage et arrêtL’antidépresseur est un traitement très fort, assimilé à une drogue. L’arrêt doit donc se faire extrêmement lentement : la diminution ne doit pas excéder 5 à 10 % de la dose et se fait au minimum par paliers de deux à trois semaines, sous contrôle et en concertation avec le médecin. Les patients ont tendance à vouloir limiter les doses ou même à interrompre le traitement dès qu’ils

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perçoivent des signes d’amélioration ; or, un arrêt brutal ou un sous-dosage est susceptible de compromettre son efficacité. Il est nécessaire de termi-ner un traitement avant tout sevrage d’antidépresseur. Il est même conseillé d’attendre au moins quatre mois après l’arrêt des symptômes pour arrêter le traitement : cela afin d’éviter les risques de récidive.

À noter : souvent, les patients sont placés en arrêt maladie pendant toute la durée du sevrage, à leur demande.

Il est fréquent d’observer un syndrome de sevrage juste après l’arrêt du médicament. Les symptômes, qui peuvent durer de 24 h à 2 semaines, sont fonction du type d’antidépresseurs. Ainsi, l’arrêt d’un traite-ment d’antidépresseurs tricycliques peut entraîner des troubles gastro-intestinaux, de la fatigue, de l’anxiété, de l’agitation, des cauchemars, des troubles du som-meil, des symptômes grippaux, ainsi que des troubles moteurs et du comportement. Après l’arrêt des IRS, on peut observer de l’anxiété, des troubles de l’équilibre,

des tremblements, une sudation, une insomnie, des cauchemars, des vertiges, des nausées, une léthargie, mais aussi des céphalées (maux de tête).

Les thérapiesEn complément d’un traitement médicamenteux, le patient dépressif est bien souvent aidé par le suivi d’une thérapie spécifique. Pour les formes légères, une thérapie peut durer de quelques dizaines de séances à quelques mois. Pour le coût, il faut compter une moyenne de 50 ou 60 € par séance. Certaines thérapies sont remboursées par la Sécurité sociale, d’autres pas : parlez-en à votre médecin.

PsychothérapieLes Thérapies Cognitives et Comportementales (TCC) sont issues d’une démarche scientifique apparue dans les années 1950 : le béhaviorisme (ou comportementalisme). Fondées sur la psychologie de l’apprentissage, elles regroupent des approches complémentaires et visent à modifier les

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comportements, les pensées, mais aussi les émotions du patient. Ces thérapies prennent appui sur des jeux de rôle, des exercices et des mises en situation. Elles ont pour objectif de ramener du plaisir dans la vie quotidienne et de modifier les émotions et réactions dans certaines situations pathogènes ou stressantes. Elles demandent un investissement important aux patients, qui doivent réaliser des exercices dans leur vie quotidienne : sport, relaxation, entrer en contact avec des personnes (en cas de phobies sociales), se rendre à une exposition (agoraphobie), etc. Ce type de thérapie, qui demande d’être actif, ne peut être efficace que chez des patients atteints de dépressions légères, de troubles anxieux ou de TOC. Elles sont inopérantes dans les cas de dépression psychotiques.

L’efficacité de la psychothérapie sur la dépression a été reconnue scientifique-ment. Cependant, on lui reproche de n’agir que sur les symptômes et non sur ses causes profondes. Mais on peut pen-ser que ces thérapies sont efficaces dès lors qu’elles soulagent les patients qui viennent en consultation. Un des avantages de cette méthode est sa courte durée : une TCC dure en moyenne quatre mois.

En 1998, une quarantaine de patients ayant déjà souffert d’épisodes dépres-sifs et suivi des traitements antidépresseurs ont accepté de participer à des tests cherchant à mesurer l’efficacité des TCC sur le taux de rechute à long terme. Ils ont été répartis en deux groupes, dont l’un a été soigné par TCC et l’autre a bénéficié d’un suivi médical. 80 % des patients soignés sans psy-chothérapie ont alors rechuté au cours des cinq années qui ont suivi. En revanche, les patients ayant bénéficié d’une TCC ont présenté un taux de rechute de 40 %.

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Thérapie familiale systémiqueLa thérapie familiale systémique permet de prendre les individus dans leur contexte familial. On confond souvent les thérapies familiales et systémiques. Or, la théorie systémique est issue de la cybernétique et a conduit aux théories de la communication dans les années 1960 avec les tra-

vaux de N. Wiener et G. Basteson, tandis que la thérapie familiale est apparue dans les années 1930, où une transition s’est opérée quant à l’approche de la schizophrénie. On envisageait alors les difficultés de la famille comme éma-nant du schizophrène. On commença à cette époque à étudier les relations de la mère et du patient comme un système d’interactions pathologiques, puis celle du père et du malade. C’est en cela que l’on peut dire que la thérapie familiale est issue de la théorie systémique. Envisager et accueillir les familles en thérapie rompt avec les préceptes de la psychanalyse qui n’envisageait la thérapie que sous la forme d’une relation entre le thérapeute et son patient.

La thérapie familiale a notamment instauré les concepts de « rôle » et l’idée qu’une famille a un mode d’organisation et de communication qui lui est propre. La famille est un système de relations entre ses membres. Il arrive que certains types de relations soient pathogènes parce qu’ils s’orchestrent autour d’injonctions paradoxales (contradictoires) qui poussent les individus qui les subissent à la pathologie : il n’y a pas d’issue possible au comportement, la personne ne peut plus agir et devient dépressif, voire schizophrène. Comme les TCC, la thérapie familiale souhaite introduire du changement, briser le système pathogène de la famille. Ce qui fait l’objet d’une analyse, ce sont les modes de communication des membres de la famille entre eux. Comme toutes les TCC, on analyse de manière concrète les actions et réactions de chacun par rapport aux autres. On passe de la description de la nature de quelqu’un à celle des rapports entre une personne et une autre. L’instauration d’injonctions paradoxales dans les relations parents-enfant peut conduire l’enfant à développer des pathologies comme la dépression. L’apprentissage

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précoce de schémas négatifs prédispose à la dépression. Prendre des familles en thérapie consiste à briser les cercles vicieux des comportements et rétablir l’équilibre communicationnel entre les différents membres de la famille.

Pleine conscience/« Mindfulness »C’est dès l’enfance que des habitudes de pensées s’instaurent. Si celles-ci sont négatives et qu’elles se répètent, des apprentissages peuvent se transformer en boucles répétitives que la personne déclenche sans s’en rendre compte. Les schémas de pensées négatives deviennent ainsi une grille de lecture du monde et des événements de sa vie, entraînant des récidives de la dépression. Il a été démontré que des patients ayant souffert d’épisodes dépressifs en gardent une trace indélébile, un conditionnement involontaire d’intolérance aux émotions tristes ; c’est cette trace permanente qui est responsable de la réactivation de la maladie lors d’un événement de vie qui vient contrarier les émotions de la personne.

Le « mindfulness » ou « thérapie de la pleine conscience » cherche à briser les réflexes de pensées négatives de per-sonnes ayant déjà souffert d’épisodes dépressifs. Elles sont un prolongement des TCC. L’objectif est d’amener les patients à développer une tolérance à la tristesse, à l’anxiété, afin de pouvoir désamorcer eux-mêmes les boucles réflexives, émotionnelles et affectives qui déclenchent leur dépression. Ces thérapies intègrent la méditation afin de prendre pleinement conscience des conditionnements émotionnels dont les patients font l’objet, souvent depuis leur enfance. Guérir à long terme nécessite de briser les boucles d’appren-tissages négatifs qui ont entraîné l’individu dans des schémas de réactions émotionnelles dépressives : intolérance à la critique qui induit une mésestime de soi, événements de vie qui laissent des traces négatives et abaissent le seuil de tolérance à la tristesse, etc. Les thérapies du « mindfulness » visent à mettre en place de nouveaux schémas. Il s’agit de thérapies courtes, de l’ordre de quelques mois.

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Gestalt-thérapieLa gestalt-thérapie est née avec l’ouvrage fondateur Gestalt-thérapie, coécrit par Fritz Perls (un psychiatre et psychanalyste allemand émigré aux États-Unis), Laura Perls et Paul Goodman, en 1951. La gestalt ou « thérapie de la forme » (en opposition au fond) est une psychothérapie qui analyse l’expérience actuelle (ici et maintenant) et la responsabilité des patients dans les proces-sus relationnels qu’ils mettent en place. Elle repose sur un ensemble de techniques verbales et non verbales, et cherche à réhabiliter le res-senti émotionnel contre la pensée strictement

rationnelle. La gestalt est une théorie du changement et de l’ajustement dynamique, mais aussi un ensemble d’outils d’analyse pour mettre fin aux problèmes existentiels des individus.

Contrairement à la psychanalyse qui revient sur le passé des patients, la ges-talt permet l’analyse des processus mis en place dans la vie présente. Thérapie dynamique, elle s’intéresse à l’ajustement constant des individus dans leur environnement relationnel, ne remonte pas aux causes, mais cherche à libérer les comportements. Elle prend ainsi en compte cinq dimensions principales : physiques, affectives, cognitives, sociales et spirituelles. Elle vise plusieurs objectifs comme l’augmentation de la capacité des individus à s’adapter à des relations et des environnements en changement, ainsi qu’à rétablir la liberté d’action, de pensée, d’émotion, etc. C’est une thérapie courte, de l’ordre de quelques mois, qui s’adresse particulièrement aux personnes souffrant de dépression légère, de problèmes relationnels ou d’adaptation.

PsychanalyseC’est en cherchant à comprendre les symptômes hystériques que Freud a découvert la dimension inconsciente du psychisme – étroitement lié selon lui à la sexualité infantile. Très employée en France, la psychanalyse est avant

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tout un procédé par lequel les processus psy-chiques inconscients peuvent être étudiés. L’étude des rêves, mots d’esprit et lapsus fait ainsi partie intégrante de l’investigation de ces processus qui sont à l’œuvre en nous et responsables de nos conduites névrotiques. Dans la dépression, sont considérées comme névrotiques l’asthénie, l’aboulie, la fatigue, les difficultés de sommeil et de concentration. Mais dans le cas le plus répandu de la névrose, le trouble psychique est insuf-fisant à altérer seul le fonctionnement de la personnalité. A contrario, dans le cas de la psychose, le trouble psychique altère la personnalité elle-même de manière plus ou moins profonde. La mélancolie ou la dépression bipolaire sont des psychoses.

Le processus de la cure analytique induit des transformations du psychisme et de multiples prises de conscience. C’est la relation au moi qui entraîne un soulagement de la souffrance psychique des patients, notamment dépressifs.

Le but de la cure analytique est de retrouver ou de libérer une capacité à aimer et à travailler, deux dimensions qui peuvent être réduites ou absentes à cause de la dépression. Cette méthode analytique place le patient sur un divan sans intervention du thérapeute.

Aujourd’hui, la méthode analytique historique cède souvent la place à des séances en face à face, mettant l’accent sur l’identification des conflits incons-cients à l’œuvre dans les difficultés ou souffrances physiques des patients.

Les psychanalystes ont eux-mêmes effectué une analyse (en général, sur une période de 10 ans) avant de devenir analystes à leur tour.

Les médecins psychiatres traitent des patients par des cures analytiques stricto sensu, ou par des thérapies aménagées à partir de la cure analytique.La cure analytique dure plusieurs années et son coût est élevé (non remboursée), si elle n’est pas effectuée chez un psychiatre-psychanalyste. Son cadre ne convient pas à tous les patients, l’incapacité de l’élaboration psychique pou-vant se révéler frustrante.

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SismothérapieMieux connue sous le terme d’électrochocs, la sismothérapie a très mauvaise réputation, car elle consiste à soumettre le patient à un courant électrique. Des artistes célèbres comme Antonin Artaud ou Janet Frame ont relaté la souffrance subie lors de cures d’électrochocs trop nombreuses et mal maîtri-sées. Des accidents, comme des ruptures de vertèbres cervicales, ont ainsi été observés. Aujourd’hui, cette technique, longtemps décriée, a beaucoup évo-lué et reste le seul recours dans les cas de mélancolie graves lorsque le risque de suicide est majeur, ou dans les dépressions résistantes aux antidépresseurs.

La sismothérapie provoque une décharge électrique dans le cerveau des patients afin de déclencher une crise d’épilep-sie. La décharge électrique a pour effet de libérer des substances chimiques dites neurotrophiques (sécrétées par les neurones) : elles vont agir en favorisant la repousse de jeunes cellules cérébrales à

même de développer de nouveaux réseaux de connexions. En résumé, l’élec-trochoc est un activateur de la plasticité cérébrale, c’est-à-dire la capacité du cerveau à trouver et créer de nouvelles voies d’accès neuronales. De nos jours, la présence de monitoring précis et de machines dont on peut contrô-ler l’intensité permet une utilisation en toute sécurité, sous anesthésie courte. Le patient s’endort profondément pendant les 2 ou 3 minutes du traitement et se réveille ensuite rapidement. Le plus souvent, les cures de sismothérapie sont de 8 à 12 séances dans les cas de dépression sévère. Comme tout prin-cipe actif, le traitement par électrochocs ou sismothérapie présente quelques inconvénients. Il peut notamment entraîner des pertes de mémoire quelque temps après la cure.

On trouve aujourd’hui de nouvelles techniques de traitement, sans dou-leur et non invasives, comme la stimulation du nerf vague, ou la stimulation magnétique du cerveau. Mais une étude a montré qu’après deux semaines de traitement par sismothérapie, 60 % des patients traités étaient guéris, contre

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17 % par stimulation intracrânienne. Bien qu’elles suscitent l’engouement, ces techniques doivent être encore étudiées pour obtenir de meilleurs résul-tats dans la thérapie de la dépression sévère.

Cure de sommeilLa cure de sommeil est à l’origine une technique mise au point par Klaesi. Elle consistait à endormir le patient pendant 4 à 5 jours sans réveil : il était ainsi placé dans un état de narcose profonde et prolongée. Les premières cures n’étaient pas forcément suivies ou accompagnées d’une psychothéra-pie. On les considère aujourd’hui comme des supports, puisqu’elles s’avèrent efficaces si elles s’accompagnent d’une démarche globale avec le patient.

La cure de sommeil est employée dans les états d’angoisse, les psychoses aiguës comme la schizophrénie et la dépression bipolaire. Elle se place au cœur d’un processus psychothérapique global : le patient dort sous la protec-tion du psychothérapeute, dans un environnement confortable et déconnecté de sa vie habituelle. C’est par cette impression de se retirer du monde que la thérapie parvient à briser des comportements rigides psychotiques ou angoissés. L’usage de la cure de sommeil est un moyen de provoquer une vie onirique accrue au sein de laquelle les associations, symboles, liens, vont être exploitables en psychothérapie. On provoque le rêve et le fantasme pour réparer le psychisme.

Les cures de sommeil actuelles s’étendent sur 10 à 20 jours à raison de 15 à 20 heures de sommeil par jour, obtenues par l’usage d’hypnotiques et de tranquillisants. Elles se divisent en trois phases : une phase de préparation, une phase de sommeil proprement dit d’une durée moyenne de 20 jours, et une phase de sevrage de 4 à 7 jours. Les phases de sommeil sont entrecou-pées par des interventions psychothérapiques, des prises de médicaments, et, éventuellement, un travail de groupe avec d’autres patients. La cure de sommeil induit une régression qui touche à la fois le moi et l’affectivité :

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les patients retournent à des positions orales (fœtales) où des éléments de coordination et capacités de contrôles sont abandonnés. La cure est utilisée pour résoudre un état de crise, en préambule d’une psychothérapie, ou pour débloquer une psychothérapie existante.

Une cure de sommeil subie, sans intégrer le patient à son processus, sera sans effet et sans fondement thérapeutique. Il est nécessaire d’obtenir son consen-tement et son investissement : cela fait partie intégrante du traitement et de ses effets. Le patient doit être conscient des motifs et des caractéristiques de la cure, pour qu’après la phase de résistance (fréquente au départ), il se laisse aller à une régression pendant laquelle il confie son sommeil à son thérapeute et à l’équipe qui l’entoure.

À noter : comme tout traitement biologique, la cure de sommeil peut avoir un certain nombre d’effets secondaires comme des paroxysmes anxieux, plus ou moins dépressifs.

HypnoseL’hypnose est utilisée avec succès contre la dépres-sion. Le travail du thérapeute consiste à mettre en évidence pour le patient, le moment d’apparition de la dépression et à ménager une ouverture pour sa guérison. Comme toute thérapie, l’engagement du patient qui vient consulter pour des séances d’hypnose est un gage de réussite.

Les suggestions thérapeutiques induites par le thérapeute chez le patient sous hypnose peuvent être de plusieurs ordres : affirmation du moi pour retrouver la confiance en soi, son amour-propre, rassembler les forces nécessaires à la guérison ; relaxation pour autoriser la personne à aller mieux ;

dé-somatisation par la prise en charge de la douleur comme des maux de tête ; investigation en retrouvant des faits récents qui ressemblent à des faits anciens traumatisants ; analyse du vécu et des comportements pour les modifier ; renforcement de l’idée de guérison et de changement de comportements et

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d’affects. La durée de la thérapie est de l’ordre de 3 à 4 séances dans le cas d’une aide ponctuelle, davantage si l’affection et les troubles dépressifs sont plus anciens et plus sévères.

Comme dans les thérapies courtes, c’est le patient qui décide de prolonger ou non la thérapie, si celle-ci est efficace sur son imaginaire et sur son désir de guérir. L’hypnose étant un processus dynamique, un patient trop inhibé dans son action par la maladie n’aura sans doute pas la force nécessaire de s’y engager. Au nombre des inconvénients, citons également sa réputation ésoté-rique qui empêche de nombreuses personnes d’admettre son efficacité, mais aussi le fait qu’elle n’est pas remboursée par la Sécurité sociale, sauf si elle est pratiquée par un psychiatre ou à l’hôpital.

Les médecines doucesPour soigner une dépression légère, on peut utiliser les médecines douces en complément, par exemple, d’une psychothérapie : antidépresseurs naturels, homéopathie, acupuncture, luminothérapie ou encore alimentation riche en oméga 3.

Antidépresseurs naturelsLes antidépresseurs naturels, comme la rhodiole, le millepertuis ou encore les fleurs de Bach, font partie des médecines douces pouvant soulager les cas de dépression légère.

La rhodiola rosea possède une racine aux proprié-tés antifatigue physique et intellectuelle. C’est un stimulant général qui active la récupération et peut aider à sortir des dépressions saisonnières et par sur-menage. Efficace dans les cas d’asthénie (fatigue) et pour lutter contre le stress, ce stimulant régule l’adrénaline (neurotransmetteur libéré en cas de stress) : c’est une alternative naturelle aux anxioly-tiques. Également utilisée dans le milieu sportif pour

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amplifier la résistance à l’effort et favoriser la récupération cardiaque, on l’em-ploie avec succès chez des patients atteints de syndrome de fatigue. Dans les cas de dépression saisonnière, la rhodiola permet d’agir sur les changements d’appétit (boulimie pour le sucré), les dérèglements du sommeil (hypersom-nie) et la perte d’activité qui en découle.

Le millepertuis, ou barbe de Saint-Jean, est une plante disponible en pharmacie sans ordonnance. Alors que la France reste encore méfiante, l’Allemagne l’uti-lise comme traitement de la dépression légère et modérée. Comme tout prin-cipe actif, il peut présenter des effets secondaires (irritation de l’estomac, bouche sèche, photosensibilité) et entraîner des interactions avec certains médicaments, notamment la pilule contraceptive.

Attention : il est impératif de prévenir et questionner son médecin sur l’usage de cette plante dans la dépression.

Les fleurs de Bach, quant à elles, sont des extraits de fleurs utilisés en gouttes, pastilles ou spray. Mises au point par le médecin immunologiste, bactériologiste et homéopathe, Edward Bach (1886-1936), elles sont classées dans la catégorie des compléments alimentaires. Il existe 38 pré-parations à base de fleurs qui ciblent chacune un état émotionnel différent : peur, solitude, manque

d’intérêt pour le présent, sentiment de découragement, d’incertitude, d’hy-persensibilité aux influences, de préoccupation excessive du bien-être des autres, etc.

Homéopathie« Homéopathie » vient du grec « homeion » qui signifie « semblable » et « pathos » qui signifie « souffrance ». Mise au point par le doc-teur Samuel Hahnemann au xixe siècle, c’est une médecine fondée sur deux grands principes : la similitude (les semblables sont traités par les

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semblables, sur le principe de la vaccination antivariolique pratiquée avec des miasmes varioliques injectés aux animaux) et l’infinitésimal (de très faibles doses pour éviter les effets secondaires).

Les médicaments homéopathiques sont fabriqués à partir de sels miné-raux, de plantes ou de produits animaux qui agissent à très faibles dilutions. Médecine encore margi-nalisée en France, l’homéopathie est le contraire de l’allopathie, c’est-à-dire la médecine dite scientifique qui traite les symptômes par des principes contraires (ex. : on refroidit la fièvre). L’homéopathie ne traite pas des maladies, mais des malades ; elle envisage l’homme comme un tout, ne faisant qu’un avec son environnement. C’est un outil d’accompagnement. La guérison est une orientation, elle ne réside pas (seulement) dans la disparition des symptômes, elle a un sens : du général au particulier, de haut en bas, de l’intérieur vers l’extérieur, de l’immatériel vers le matériel, de l’ordre inverse d’apparition des symptômes.

Comme l’observait l’inventeur de l’homéopathie : « Il n’existe aucune maladie dite somatique où l’on ne puisse découvrir des modifications constantes de l’état psychique du malade ». À l’inverse, chaque remède entraîne des symp-tômes qui ont des répercussions psychiques. Consulté pour toutes

sortes de troubles, y compris dépressifs, l’homéopathe envisage le malade en son entier. Il pourra ainsi déceler une dépression masquée sous de multiples plaintes ou symptômes physiques. Le traitement n’a, de plus, ni effets secon-daires ni toxicité, et il s’adapte toujours au patient : il est établi après une consultation prolongée et l’instauration d’un véritable dialogue. Il est à noter que les traitements homéopathiques ne sont pas ou faiblement remboursés

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par certaines mutuelles complémentaires. Si le patient consulte également un spécialiste ou psychothérapeute, l’homéopathe peut l’accompagner dans sa démarche globale. En outre, l’homéopathie n’est pas efficace dans les dépres-sions bipolaires ou maniaco-dépressives.

AcupunctureComme la plupart des médecines douces ou ancestrales, l’acupuncture considère l’homme en interaction avec l’univers et appréhende le patient de façon globale. Son objet est de replacer en équi-libre des énergies ou forces qui le parcourent, mais parcourent également son environnement. Pour cela, l’acupuncteur dresse un profil du patient par des questions minutieuses (une dépression mas-quée peut ainsi être dépistée), et une analyse de la forme du corps, des affections passées, de l’état présent, etc. Vient ensuite la pose d’aiguilles à des endroits stratégiques pour faire circuler des éner-

gies au moyen des méridiens présents dans le corps. L’acupuncture traite, en outre, de nombreux types d’affections ou douleurs et peut soulager l’asthé-nie (fatigue), l’aboulie (perte d’appétit) ou encore la perte d’énergie. Les symptômes de la dépression peuvent ainsi faire l’objet d’un traitement par l’acupuncture ou accompagner un traitement de médecine allopathique (médecine générale). Pas ou faiblement prise en charge par la Sécurité sociale et les mutuelles complémentaires, l’acupuncture ne peut toutefois être utilisée que dans les dépressions légères non psychotiques.

Attention : en France, seuls les médecins et les sage-femmes ont le droit d’exercer l’acupuncture. Dans le cas de la dépression, l’acupuncture peut pré-senter des limites !

LuminothérapieLa luminothérapie se pratique à l’aide d’une lampe thérapeutique et d’un simu-lateur d’aube. Soumettre son organisme en plusieurs phases dans la journée permet alors de recréer artificiellement le niveau de luminosité nécessaire à

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l’évacuation de la mélatonine et son remplacement par la sérotonine. La dose recommandée pour reprogrammer l’organisme est une lampe de 10 000 lux à laquelle on s’expose de 20 à 30 minutes le matin. Le coût d’un tel appareil est d’environ 450 €, mais offre la possibilité de se traiter soi-même et chez soi. Hormis des problèmes oculaires, il n’existe pas de contre-indication notoire.

Certaines études aux États-Unis proposent des traitements associant antidé-presseur sérotoninergique (IRS) et luminothérapie afin de diminuer le dosage des médicaments. L’usage de la luminothérapie en fin de traitement permet-trait également un sevrage en douceur des patients sous antidépresseurs. Cependant, la luminothérapie ne suffit pas toujours à traiter la dépression sai-sonnière. En outre, on trouve sur le marché des lampes dont l’éclairement en lux est insuffisant (inférieur à 10 000).

AlimentationL’alimentation joue indéniablement un rôle dans la forme physique, apportant de l’éner-gie, du tonus, des nutriments responsables de l’oxygénation des tissus, mais aussi sur l’humeur. Une étude britannique récente démontre ainsi qu’une alimentation riche en produits transformés, en sucres rapides et en graisse augmente le risque de dépression de 58 %. A contrario, les personnes privilégiant une alimentation variée avec des produits naturels (sucres lents, légumes, fruits, poissons) semblent protégées contre les symptômes de la dépression. La charge élevée en antioxydants (contenus dans les fruits et les légumes) semble primordiale, de même que la consommation de graisses polyinsaturées et de folates (acides foliques).

Il a en outre été prouvé que les oméga 3 (acides gras essentiels) ont une action sur la protection cardiovasculaire, les troubles de l’humeur et la dépression. On distingue les EPA et DHA (acide docosahexaénoïque) qui sont des lipides concentrés dans les membranes cellulaires. Présents dans les poissons gras, les huiles (huiles d’olive, de colza) et les légumineuses, les oméga 3 contribuent au bon fonctionnement des cellules nerveuses. Le

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régime crétois ou méditerranéen à base de poissons, légumes, fruits et huile riche en oméga 3 serait le régime alimentaire qui protège non seulement des pro-blèmes cardiovasculaires, mais également des troubles dépressifs. Une carence en oméga 3 serait responsable de l’hyperac-tivité, de l’anxiété et de la faible résistance au stress chez l’enfant et l’adulte.

Les soins longsLa dépression touche une partie importante de la population. Face à ce que certains qualifient d’épidémie, la cure thermale ou encore le séjour en hôpital constituent des options de traitement.

Cure thermaleIl existe des cures remboursées pour traiter les troubles anxieux généralisés, les affec-tions psychosomatiques et les troubles dépressifs. Elles permettent de lutter contre les états anxieux, mais aussi la dépression et notamment les pathologies suivantes : tris-tesse, asthénie ou fatigue, perte d’estime de soi, anhédonie ou perte du plaisir, repli sur soi, anxiété. La cure, qui s’adresse aux personnes atteintes de troubles modérés, apporte de nombreux bienfaits : baisse du niveau général d’anxiété, détente, action positive sur les douleurs, retour d’un sommeil régulier, réduction de la consommation de médicaments et action bénéfique sur l’humeur.

La cure thermale s’adresse aux personnes anxieuses et/ou dépressives et dure en moyenne une à deux semaines (18 jours pour la cure traditionnelle rem-boursée par la Sécurité sociale). L’éloignement de chez soi permet de rompre les facteurs stressants ordinaires, mais aussi de bénéficier de l’entourage d’une équipe soignante, d’une prise en charge médicale et d’un autre rythme de vie, plus adapté aux troubles anxieux et dépressifs.

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Une étude officielle, menée sur 237 patients dans quatre établissements de cure thermale pendant huit semaines, montre que la cure thermale soigne mieux le trouble anxieux généralisé que la Paroxétine, et a un effet plus durable, de l’ordre de 24 semaines pour certains patients. En effet, cette étude s’est attachée à trai-ter la moitié des patients par des soins quotidiens, un suivi médical, des douches et massages sous l’eau, tandis que l’autre moitié a été traitée par Paroxétine, un psychotrope préconisé dans le traitement des troubles anxieux généralisés.

Plusieurs stations thermales sont spécialisées dans la prise en charge de patients souffrant de troubles psychosomatiques (douleurs physiques dont l’origine est l’anxiété ou la dépression) : Bagnères-de-Bigorre, Divonne-les-Bains, Saujon et Ussat-les-Bains. Une cure comprenant 54 pratiques de soins coûte environ 450 €. Il faut parfois y ajouter des séances de kinésithérapie (de 9 à 18 séances) facturées 100 € environ les neuf. Le taux moyen de remboursement de la Sécurité sociale est de l’ordre de 65 %.

HospitalisationLes traitements en hôpital psychiatrique ont beaucoup évolué et permettent une prise en charge globale des patients dépressifs graves : dans les cas de souf-france extrême, l’hospitalisation est le seul recours pour mettre en place un traitement efficace. Pour les dépres-sions sévères ou de longue durée, les médecins peuvent ainsi être amenés à

prescrire une prise en charge en hôpital. La cure effectuée dans un hôpital psy-chiatrique concerne la plupart du temps les dépressions maniaco-dépressives ou bipolaires au cours desquelles des phases maniaques alternent avec des phases dépressives profondes, mais aussi des dépressions aiguës, récalcitrantes aux antidépresseurs et où le risque d’automutilation, voire de suicide est imminent.

L’hospitalisation peut aussi être nécessaire lorsque le patient est atteint d’une maladie physique grave qui rend difficile la prise de médicaments antidépres-seurs, ou pour soumettre les patients atteints de mélancolie à une cure de

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sismothérapie. Pour traiter ce type d’épisode, il est nécessaire de placer la personne en établissement spécialisé afin d’éviter des passages à l’acte, et de mettre en place un traitement médicamenteux approprié ou de le réajuster en cas d’épisode de récidive.

Par ailleurs, la cure met en place un ensemble de traite-ments : assistance ou conseil psychologique (formation à la maladie pour la comprendre et l’admettre), mise en place après observation d’un traitement médicamenteux, soins et prévention de comportements d’automutilation, soins en physiothérapie et ergothérapie pour maintenir le corps en bonne santé, dans les cas graves, séances d’électrochocs ou sismothérapie, mise en place, en plus du traitement médicamenteux, d’une psychothérapie. Il est souvent nécessaire de prescrire des neuroleptiques en association avec des antidépresseurs de première géné-ration ou tricycliques. Ces médicaments nécessitent une mise en observation afin de surveiller les constantes des patients et prévenir des crises de manie ou de mélancolie, ainsi que le risque de suicide associé.

Les patients dépressifs restent à l’hôpital trois à quatre semaines en moyenne. Souvent, ce sont les patients eux-mêmes qui demandent leur admission, mais ce peut également être leur famille, leur médecin traitant ou leur psychiatre.

Un patient qui a été admis en hôpital psychiatrique est pris en charge une fois de retour chez lui. Il consulte en ambulatoire (ou consultation externe) un médecin du service de psychiatrie qui l’a admis, dans un centre communau-taire de santé mentale. Parallèlement, il effectue une psychothérapie.

Prévenir une rechuteLes taux de rechute étant importants, la prévention est essentielle. Elle passe par la mise en place d’une psychothérapie courte ou longue selon la gravité de la dépression, la mise en place d’un traitement médicamenteux approprié et accompagné par un médecin, ainsi qu’une sensibilisation des dépressifs eux-mêmes et de leur entourage à la maladie.

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La prise en charge en thérapie d’un premier accès de dépression est la seule manière de consolider une guérison et d’éviter les rechutes. Pour les parents, il faut être attentif au bien-être moral de leur enfant et adolescent en étant à l’écoute et en évitant les pressions de performance, tout en l’accompagnant dans ses apprentissages. Il est aussi possible de faire réaliser un dépistage de la maladie chez l’enfant et l’adolescent. Les médecins doivent également repérer les femmes enceintes dépressives et les accompagner durant leur grossesse afin d’éviter une dépression post-partum et de permettre ensuite la mise en place de liens affectifs sécurisants chez le nourrisson.

L’arsenal thérapeutique contre la dépres-sion est aujourd’hui bien développé, avec des médicaments antidépresseurs de première, deuxième ou troisième génération, mais aussi des thérapies analytiques, d’inspiration analytique ou comportementale, etc. Mais traiter effi-cacement une dépression passe avant

tout par sa reconnaissance par la société, par les proches des patients et par les personnes dépressives elles-mêmes : il faut éviter le déni. Les préjugés qui entourent cette maladie sont donc les premiers obstacles à sa prise en charge et à sa prévention.

D’une manière générale, prévenir l’apparition de la maladie ou sa rechute nécessite un environnement affectif stable et sécurisant, un environnement professionnel équilibré et sans stress trop important, une hygiène de vie saine, un comportement qui évite les conduites à risque (consommation d’alcool et / ou stupéfiants), un sommeil réparateur et une bonne estime de soi.

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A Pour aller plus loinAstuces

La tangothérapie

Le tango est une danse de couple née en Argentine au xixe siècle et réputée pour sa sensualité. Si sa pratique peut se révéler être un art apprécié, la danse, en elle-même, posséderait également des vertus thérapeutiques. La tangothérapie permet notamment de compléter le traitement de certains troubles psychia-triques comme les psychoses (schizophrénie, bouffées délirantes, etc.).

En effet, la danse nécessite rigueur et concentration dans son apprentissage. C’est donc cet aspect qui est exploité dans le cadre de la thérapie. Le tango permet de limiter les hallucinations et de réduire les symptômes psychotiques : la pratique de la danse exigeant une grande concentration, les patients sont attentifs, ce qui détourne leur attention et diminue les symptômes. De plus, le tango se pratique en duo et permet d’effectuer un rapprochement des corps. Ainsi, il permet au malade de prendre conscience de son propre corps et d’intégrer l’« autre » dans son univers. Ces perceptions, qu’elles se basent sur un plan sensoriel ou repré-sentatif, sont également altérées, dans le cadre de troubles psychiatriques.

Bien sûr, le tango seul ne suffit pas à traiter les troubles. Il est pratiqué en complément de la mise en place d’un traitement médicamenteux et d’une psychothérapie.

En outre, le tango permet également de rompre l’isolement social et le sentiment de solitude éprouvé par les personnes âgées. Serrer quelqu’un dans ses bras est véritablement un facteur d’apaisement. La fréquence régulière des cours permet également de créer une petite communauté conviviale où les personnes aiment se retrouver. À ce titre, des séances d’une heure sont également prescrites afin de traiter des troubles dépressifs. L’efficacité de cette thérapeutique a été démon-trée. Par ailleurs, comme toute danse, le tango est bon pour le cœur, l’équilibre et la forme physique !

La tangothérapie a été mise en place dans plusieurs hôpitaux d’Argentine. La compagnie des « Grands Ballets Canadiens » de Montréal a lancé un centre national de thérapie par la danse. En France, on observe plutôt des thérapies par la danse en général, où le tango n’est pas privilégié.

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Que penser du millepertuis ? Une psychothérapie, parfois associée à un traitement antidépresseur, permet, en général, de venir à bout d’une dépression. Cependant, depuis plusieurs années, un traitement phytothérapique à base de millepertuis permet aussi de soigner les troubles dépressifs efficacement. Le millepertuis est une plante présentant une fleur jaune à cinq pétales. On en trouve dans toutes les régions du monde, excepté les zones arctiques et désertiques. Cette plante est utilisée depuis le Moyen-Âge pour soigner les troubles de l’humeur, et on la qualifie aujourd’hui de plante « antidéprime ». Il existe par ailleurs plusieurs centaines de variétés, mais seul le millepertuis perforé, autrement dénommé « Hypéricum Perforatum », serait efficace. Il possède en outre de nombreuses formes galéniques : gélules (nombreux dosages disponibles, mais on préconise 300 mg trois fois par jour), feuilles séchées (infusions à boire trois fois par jour – 2 à 4 g), teinture (trois fois par jour, 3 à 6 ml) et huile (une cuillère à café trois fois par jour).

Le millepertuis est prescrit depuis 1988 en Allemagne comme traitement antidé-presseur, dans le cadre de dépression légère à modérée. Il réduirait les symptômes dépressifs avec la même efficacité que les traitements médicamenteux, mais avec moins d’effets secondaires désagréables : levée d’inhibition, sécheresse de la bouche, etc. On a longtemps pensé que l’hypéricine, inhibiteur de la monoamine-oxydase (par inhibition des MAO), était le principe actif de ce végétal, mais il s’avère que des extraits de la plante entière sont plus efficaces que des parties isolées.

Il convient toutefois de noter que le millepertuis doit être administré avec pré-caution. Il est notamment contre-indiqué dans le cadre de la prise de certains traitements : pilule, digitaliques, anticoagulants oraux, traitements antirejet ou contre l’asthme. Il est aussi déconseillé de prendre ce médicament pendant plus de 15 jours, s’il ne vous a pas été prescrit. Si vous suivez un traitement spéci-fique, demandez conseil à votre médecin avant de débuter le traitement.

Questions/réponses de proFaire hospitaliser un parent

Une personne proche de mon entourage a été diagnostiquée dépressive. Déjà sous traitement, elle présente des tendances suicidaires, refuse toute aide et est de moins en moins lucide. Pouvez-vous m’indiquer quelles sont les démarches pour demander une hospitalisation ?

� Question de Lylie

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Δ Réponse de Mariwan

En effet, si vous estimez que cette personne représente un danger pour elle, un tiers peut demander son hospitalisation (courrier écrit) et contacter un médecin qui fera la même démarche s’il juge nécessaire l’hospitalisation. L’hospitalisation à la demande d’un tiers sera lancée en lien avec le SAMU, le transport sera réalisé en ambulance.

La demande devra être validée par un deuxième médecin, souvent en centre hospitalier.

Sevrage des antidépresseurs

Je suis en sevrage d’antidépresseurs, mais je souffre de nombreux effets secon-daires. Que dois-je faire ?

� Question de Cindy

Δ Réponse de Karami

Un sevrage suppose une progression de l’arrêt, sinon les effets sont pénibles. Seul votre médecin peut vous aider à établir un protocole. Il est impératif de diminuer progressivement les prises : par exemple, un demi cachet pendant tant de jours, puis un quart, jusqu’à ne plus rien prendre.

Éviter les antidépresseurs

Peut-on éviter de prendre des antidépresseurs ? J’avoue craindre la dépendance à ces médicaments.

� Question d’Éliane14

Δ Réponse de Lili36

Certaines formes de dépressions légères ou événementielles ne nécessitent pas forcément un traitement antidépresseur. Elles peuvent se guérir avec une simple thérapie, complétée par des antidépresseurs naturels comme l’homéopathie, l’acupuncture et les extraits de plantes. Par ailleurs, on peut sans aucun doute être dépendant physiologiquement des antidépresseurs, car le corps s’y habitue. C’est pourquoi il ne faut jamais arrêter brutalement la prise. De même, on ne change jamais soi-même ses doses. La période de sevrage peut être difficile, longue et s’accompagne souvent d’effets secon-daires. Sur demande du patient, le médecin peut accorder un arrêt maladie pour la durée du sevrage.

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Suicide et antidépresseurs

Les antidépresseurs peuvent-ils pousser au suicide ? Quels sont les risques ? � Question de Colette62

Δ Réponse de Lili36

Le risque de suicide est un effet secondaire de tout médicament antidépres-seur, parce qu’il peut donner le « courage » de passer à l’acte. Cependant, les autorisations de mise sur le marché de ces médicaments prévoient que l’on puisse ranimer une personne qui a tenté de se suicider avec ces médicaments.

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I. Comprendre la dépression 13Résoudre des conflits dans le milieu professionnel 31La dépression, une maladie génétique ? 31Comment reconnaît-on une dépression ? 32Angoisse de l’abandon 32Crises d’angoisse 33

II. Détecter la dépression 34Ne jamais hésiter à consulter un psychiatre ! 46Reconnaître et agir contre la dépression 46Dépression ou anxiété ? 47Rupture sentimentale et dépression 47La psychanalyse 48

III. Les formes de dépression 49Comment apaiser son irritabilité ? 70égalité face à la dépression 72Prévention de la dépression 72Différence entre déprime et dépression 73

IV. Soigner une dépression 74La tangothérapie 97Que penser du millepertuis ? 98Faire hospitaliser un parent 98Sevrage des antidépresseurs 99éviter les antidépresseurs 99Suicide et antidépresseurs 100

Index des questions et des astuces

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Les professionnels et experts cités dans cet ouvrage

Nos sites permettent aux professionnels et spécialistes de publier et partager leur savoir-faire (réponses aux questions des internautes, astuces, articles…). Une sélection de leurs meilleures contributions a été incluse dans cet ouvrage.

Tous les jours, de nouveaux professionnels s’inscrivent et publient sur nos sites. Faites appel à eux : ces pros savent de quoi ils parlent !

Mariwan Consult – Membre proCoaching, formation et thérapie brève : accompagnement dans le changement, partenaire en réussite, hypnothérapie.

Départements d’intervention : 38 | 69 | 73 | 74Adresse : 843 avenue de la Tarentaise, 73 210 AimeTéléphone mobile : 06 12 57 97 40

Schmit Geneviève – Membre ProCabinet de thérapies brèves, d’hypnose ericksonienne et d’EMDR ; spécialiste de l’aide à la souffrance psychologique et de la perversion narcissique.

Départements d’intervention : France Adresse : 7 rue Théodore de Banville, 75 017 ParisTéléphone fixe : 06 43 43 15 79

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