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- COMPTE-RENDU - Colloque annuel de l'AFSA Au Parc Animalier des Pyrénées Du 19 au 22 Mai 2015 www.afsanimalier.org www.afsa.forumpro.fr www.facebook.com/afsanimalier www.facebook.com/groups/soigneursanimaliers N° de SIRET : 491 241 469 00023 Page 1

COMPTE-RENDU - afsanimalier.org · - COMPTE-RENDU - Colloque annuel de l'AFSA Au Parc Animalier des Pyrénées Du 19 au 22 Mai 2015 ... Lors d'une sortie dans le Parc National des

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- COMPTE-RENDU -Colloque annuel de l'AFSA

Au Parc Animalier des PyrénéesDu 19 au 22 Mai 2015

www.afsanimalier.orgwww.afsa.forumpro.fr

www.facebook.com/afsanimalierwww.facebook.com/groups/soigneursanimaliers

N° de SIRET : 491 241 469 00023

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L’Association Francophone des Soigneurs Animaliers a réuni plus de 40 passionnés du

monde animal au Parc Animalier des Pyrénées du 19 au 22 Mai 2015 lors de son colloqueannuel !

C'est dans un environnement idyllique au milieu des montagnes que le colloque s'est déroulé,alliant interventions en conférence et sorties en plein air !

En effet cette année le thème était les animaux de la faune européenne, le Parc Animalier desPyrénées situé à Argelès-Gazost à flanc de montagne présente une partie des animauxprésents en Europe et est très engagé dans les projets de réintroduction d'animaux (oursbruns ou bouquetins ibériques) du Parc National des Pyrénées.

Lors d'une sortie dans le Parc National des Pyrénées nous avons même pu observer 3bouquetins ibériques qui avaient été relâchés en 2014 ainsi que de nombreux autres animauxsauvages tels que des isards.

Nous avons également assisté à une curée de vautours captifs attirant tout autant de vautourssauvages, ainsi qu'à une démonstration en vol de rapaces au Donjon des Aigles.

C'est au camping «Sunêlia les 3 vallées» situé à deux pas du Parc animalier que nous noussommes retrouvés dans une ambiance conviviale et familiale pour assister aux différentesinterventions. Les intervenants et les participants ont pu échanger sur des sujets toujoursautant enrichissants et complets tels que l'élevage d'animaux européens (reptiles, oiseauxlimicoles, gypaètes barbus), la conservation (réintroduction du bouquetin ibérique, ours brun,pédagogie), etc...

L'AFSA remercie tout particulièrement Serge Mounard et son frère, respectivement ledirecteur du Parc Animalier des Pyrénées et le propriétaire du camping pour leur accueil ausein de leurs structures ! Nous remercions évidemment tous les intervenants et lesparticipants à ce colloque qui font vivre l'association et lui permettent ainsi de créer autantd’événements chaque année !

A très bientôt pour un nouvel événement de l'AFSA !

Rencontrez,

Apprenez

et Partagez !

L'équipe de l'AFSA.

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Sommaire

1. L’ours dans les PyrénéesSerge Mounard, directeur du Parc Animalier des Pyrénées & Michel Tonelli, cinéaste animalier………………………………………………………………………………………………………………………….Page 4 à 8

2. Programme de conservation du bouquetin ibérique dans les PyrénéesJean-Paul Crampe, technicien environnement au Parc National des Pyrénées…………..…….Page 9 à 14

3. Soigneurs et zoonoses : un constat facile à améliorer !Dr Claire Marlot, docteur vétérinaire libérale, consultante au Parc Animalier des Pyrénées……........................................................................................................................................... …Page 15 à 20

4.Sortie en montagne sur le site des relâchés des bouquetins ibériquesJean-Paul Crampe, technicien environnement au Parc National des Pyrénées …..…. ...………Page 21 à 25

5. Mise en place d’une pédagogie efficaceDéborah Francou, responsable pédagogique au Parc Animalier des Pyrénées…………….…..Page 26 à 31

6. Être soigneur-animalier en éco-volontariatPatricia Arnal, capacitaire au Parc Animalier de Labenne………………………..…………....………..Page 32 à 41

7. Quelle place pour la faune européenne en parc zoologique ?Anthony Kohler, responsable-animalier au Domaine des Grottes de Han etcoordinateur du réseau « lynx » pour FERUS……………………………………………………………….…..Page 42 à 52

8. Visite du Donjon des Aigles, avec un spectacle de fauconnerieHenri Venant, directeur du Donjon des Aigles……………………………………………….......………..…..Page 53 à 54

9. Fonctionnement d’un élevage d’insectes et de sourisStéphane Adam, responsable-animalier-adjoint au Parc Zoologique de Lille…….………….…….Page 55 à 60

10. Les reptiles à Zoodyssée : un panorama des espèces européennes et l’élevage conservatoire de la cistude d’EuropeAurélie Enon, soigneur-animalier à Zoodyssée…………………………..……………..…………….…...…..Page 61 à 67

11. Elevage d’oiseaux limicoles européens en parcs zoologiquesBastien Gaborieau, soigneur-animalier au Parc Animalier des Pyrénées et membre duTAG « limicoles » à l’EAZA…………………….……………..…...……………………….….........................…..Page 68 à 77

12. Le gypaète Barbu, élevage et conservationDr Alex Llopis-Dell, vétérinaire et directeur du programme « gypaète barbu » dela Vulture Conservation Foundation………………………………………….…………………………….…..…….Page 78 à 82

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Pyrénéen de souche, viscéralement attaché à sesmontagnes. Serge Mounard fonde le Parc Animalierdes Pyrénées en 1999 et celui d’Aran Park en 2012.

Michel Tonelli est un réalisateur animalier, il a réalisé Le Retour des Grands Prédateurs,Loups, Lynx, Ours en 2013 et Des Bêtes et Des Hommes en 2009, L’Ours : Histoire d’Un Retouren 1996, ou encore Vivre Avec les Ours en 2007.

IntroductionLes Pyrénées représentent le dernier refuge de l’ours brun en France dont la charge symbolique et affective estindissociable de la vie des pyrénéens. Nous travaillons depuis 17 ans sur le programme « Ours », qui fut lepremier plan de réintroduction et de renforcement des populations en 1996 jusqu’en 2011.La réintroduction de l’ours a été la plus formidable bataille livrée sur le terrain de la protection de la nature enFrance, qui a le mérite de poser le vrai problème de la cohabitation des Hommes et des animaux sauvages,véritable enjeu de notre société moderne où l’Homme a envahi la moindre parcelle de territoire.

Les grandes dates1996 : Premier lâcher d’ours slovènes en Haute-Garonne : Pyros, Ziva, Melba2004 : Mort de Cannelle, dernière ourse pyrénéenne2006 : Lâcher de cinq ours : Balou, Sarrousse, Franska, Palouma, Hvala

HistoriqueÀ la fin des années 80,des maires de la haute vallée de la Garonne réfléchissentà une stratégie de développement de valorisation de leur région.C'est alors qu'en 1991 se constitue l’ADET (Association pour le DéveloppementEconomique et Touristique), devenue depuis « Pays de l’Ours-Adet ».Elle a pour mission de préserver l’ours brun dans les Pyrénées et est à l’originedes premiers lâchers d’ours en Pyrénées Centrales en 1996, puis de cinq autresen 2006.En réintroduisant l'ours, l'association affirme sa volonté de ne pas laisserdisparaître une espèce aussi emblématique que l'ours brun, garant de la qualitéde l'environnement naturel.L'image de l'ours est également, pour « Pays de l'Ours-Adet », un excellentmoyen de valoriser le territoire, en particulier pour développer un tourismeresponsable, axé sur la découverte de la nature.

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1. L’ours dans les Pyrénées

Le point sur la population

À ce jour, nous comptons deux ours dans les Pyrénées Occidentales, deux mâles, Néré et Cannellito et vingt-sept ours dans les Pyrénées Centrales dont treize femelles, cinq mâles, quatre indéterminés et cinq oursons nésen 2014 (voir cartographie et arbre généalogique).

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Description du film et des oursNous avons réalisé cinq films pour le cheptel français et européen. En effet, nous sommes allés voir en Slovénieet dans d’autres pays européens où la cohabitation se passe bien, pour comprendre les raisons de ce succès etcomprendre aussi les difficultés rencontrées en France. Nous avons filmé en Slovénie avec une caméra installéedans une tanière, après avoir repéré une femelle qui avait été saillie, et que nous avons suivi pendant tout l'été.

La caméra a été installée au mois d'octobre et laissée jusqu'au mois de juin de l'année suivante. Nous avonssuivi la naissance et l'évolution des oursons dans la tanière. Nés le 7 janvier, ils sont sortis le 24 avril de latanière.

Boutxy, que l'on a suivi pendant des années, a disparu en 2009, apparemment tué par des bergers qui s’enétaient vantés durant une émission de télévision. Une enquête de gendarmerie a été menée mais nous n'avonsjamais retrouvé le corps de cet ours, par conséquent nous n’avons aucune preuve que l’animal ait été tué.C’était un ours extrêmement bien « calé » sur son territoire et nous savions parfaitement au jour près à quelendroit il allait se trouver, et depuis 2009 nous n'avons plus aucune trace ni physique, ni d'ADN de cet ours.Les images, que nous avons pu voir sur la vidéo, montrent la femelle avec ses oursons et l'apprentissage desoursons, qui vont rester pendant un an et demi avec la mère sur les différents sites pour apprendre à seprotéger, à se défendre et à se nourrir.

La phase d'approche de reproduction se situe entre le mois de mai et le mois de juin, les mâles retrouvent lesfemelles sur le territoire, ici, dans les Pyrénées. Le mâle dominant, qui s'appelle Pyros, et qui est toujours vivanta été introduit en 1997, arrivant de Slovénie. Il est le père des oursons qui sont nés la même année. Il est arrivéen France alors qu'il avait saillie la femelle un an auparavant en Slovénie et il est toujours le mâle dominant,même si, depuis deux ans, nous avons un ADN différent, un autre mâle, arrivé lors du lâcher de 2006. Celui-ci apermis des naissances d'oursons après 2006, donnant une autre lignée génétique. Cependant, le noyauprincipal de femelles se trouve ici dans les Pyrénées Centrales, c'est-à-dire plutôt entre Luchon et l'Arriège.

Bien sûr les ours partagent leur territoire avec d'autres animaux, particulièrement les sangliers, et nous avonspu observer Boutxy, plusieurs fois, prédater le sanglier en hiver dans la neige. Le sanglier a alors du mal à sedéplacer, ou il peut avoir été blessé pendant une chasse.

L’ours est un animal omnivore essentiellement végétarien, qui mange beaucoup de fruits dans la nature, desmicromammifères, des insectes. Bien sûr lorsqu'il peut manger de la viande, c'est une opportunité dont il ne seprive pas. Il y a donc prédation, particulièrement sur le bétail mais les chiffres sont extrêmement bas depuisplusieurs années et ne dépassent pas 150 prédations pour la totalité des Pyrénées, où il y a 550 000 brebis surles cimes.

Ce chiffre est très bas lorsque l'on sait qu’il y a à peu près 10 % des brebis, environ 50 000 brebis, quidisparaissent, à cause de maladies, de la prédation de chiens ou des bagarres, ou à cause d’accidents. L’ours brun creuse sa tanière dans le sol en profitant des opportunités, comme sous une souche. Il peut aussiprofiter d’une cavité naturelle comme une grotte.

Question   : Les petits sont nés en janvier et sortis de la tanière le 24 avril. Est-ce la mère qui décide de l’heurede sortie ou est-ce les petits qui prennent les devants et sortent ?

Réponse : A partir du moment où les petits sont assez gros, entre 3 et 5 kg, ils vont hésiter à sortir et ilss’aventurent juste devant la tanière comme tous les mammifères. Ils vont rester à proximité de la tanière dansun périmètre de 100 mètres, revenant tous les soirs dormir dans la tanière. Puis petit à petit, ils vont agrandirle cercle, jusqu'au moment où ils vont quitter l'espace de la tanière pour aller explorer avec la mère, qui va lesamener sur le site de nourrissage, au coin des myrtilles, des glands ou des châtaignes. Pendant toute cette

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période, jusqu'à l'entrée de l'hiver, la première année, la femelle doit éviter le mâle, échapper à sa rencontre,parce qu’il est fréquent chez beaucoup de mammifères, que le mâle veuille tuer les petits, pour pouvoir denouveau saillir la femelle. Pendant tout l'été, nous avons filmé Hvala, une ourse arrivée en 2006 et qui l'annéesuivante a eu deux petits. Quand les mâles sont en période de rut, ils explorent le territoire à la rencontre des

femelles. Pyros, par exemple, a son propre territoire qui couvre le territoire de 3 femelles, environ 1000kilomètres carrés pour 200 à 300 kilomètres carrés pour une femelle, qui ont tendance à rester près du site où se trouve leur tanière de départ. La femelle passe donc son temps à déplacer ses petits d'un côté à l'autre duterritoire pour éviter la rencontre avec le mâle.

Nous avons reconstitué la mort de Cannelle, tuée en 2004. Cannelle, qui était le dernier ours autochtone dansles Pyrénées, a été tuée par un chasseur.Pour la première fois, un chasseur rendait service à la cause de l'ours parce que cette mort a entrainé laréintroduction de cinq ours en 2006. Dix ours étaient prévus au départ mais, après discussions avec lesministres qui sont revenus sur leurs bonnes intentions, cinq ours ont été relâchés, après les trois ours relâchésen 1996, et Pyros en 1997. Pyros a 26 ans aujourd'hui et du premier lâcher nous avions Ziva et Melba. Melba aeu trois oursons, et Ziva, deux oursons. Les deux oursons de Ziva furent retrouvés : Néré et Kouki, qui, cedernier, a disparu aujourd'hui. Néré a traversé toute la chaîne des Pyrénées pour se retrouver sur le Béarn et ilest toujours en vie. Une ourse peut être saillie par deux mâles différents, c'est le cas avec Néré et Kouki, où il yavait deux pères. C’est une manière de mélanger génétiquement les populations, on peut avoir deux fils depères différents chez la même ourse, deux demi-frères si on peut dire.

Melba a été tuée par un chasseur en 1997. Se deux petits ont survécu, Boutxy, est le fils de Mellba et se met àl’écart de Pyros. Pyros chasse tous les mâles qui sont en état de reproduire. La mort de Mellba fut un coup detonnerre sur la chaîne des Pyrénées et a accéléré la réintroduction de quatre femelles et d’un mâle. Sur cesquatre femelles, Sarousse ne s’est jamais reproduite et a surement été tuée sur la route. Deux des femellessont donc mortes. Hvala, à elle seule, a sauvé la réintroduction. Elle et Ziva ont, en effet, eu beaucoupd’oursons.

Pyros est le père de quasiment tous les oursons aujourd'hui sur la chaîne. Nous avons néanmoins Moonboots,qui vient de reproduire. Nous avons donc deux lignées génétiques, ce qui n’est pas assez pour envisager unavenir à terme dans les Pyrénées. Depuis fin avril, les catalans ont leur « Plan Ours ». Si le dossier a été retenu, c’est grâce à la volonté affichéed’assurer l’avenir biologique de l’espèce et de s’attaquer au problème de consanguinité.Pour accroitre la diversité génétique de la population pyrénéenne, la réintroduction d’un nouveau mâlereproducteur est prévue en 2016 dans le « Pallars Sobira ». Il viendrait remplacer Pyros, déjà très âgé (26 ans)et géniteur direct ou indirect de 75% des oursons nés dans les Pyrénées et de tous ceux nés les cinq dernièresannées.

CoexistenceLa coexistence entre les grands prédateurs et le pastoralisme passe par trois choses : le berger, le chien deprotection et les clôtures électriques.C'est le cas dans tous les pays d'Europe et on a des exemples au Portugal, en Espagne, en Italie, en Croatie... Lesimple fait de mettre en pratique ne serait-ce qu'une partie de ces trois mesures permet non seulement de seprotéger de l'ours mais du reste.

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L’étude faite auprès des éleveurs qui ont mis en place des chiens de protection (patous des Pyrénées) montre92% de pertes en moins. De plus, l’opération a permis de réintroduire la souche du Patou des Pyrénées qu’on adû aller chercher aux Etats-Unis.

Réintroduire un bouquetin est une chose, mais l’ours est un grand carnivore, donc le problème est plus difficile.Il est évident que certains éleveurs soient opposés à la réintroduction des ours.

Dans les Pyrénées, nous avons deux types d'élevage : dans le Béarn, la brebis pour le lait et le fromage et dansles Pyrénées Centrales, la brebis pour la viande, c'est-à-dire en libre pâture. Il y a cinquante ans, nous avionsdes bergers, maintenant il n'y en a plus et les brebis sont laissées en libre pâture. Donc à partir du moment où ily a un prédateur, il y a une prédation. Cependant l’ours n’est pas le loup, il n’est pas un carnivore pur.

Aujourd'hui nous avons un groupe de quatorze femelles, génétiquement très serrées aussi, parce qu'elles sonttoutes filles de Pyros. Nous avons aussi une forêt qui se développe du fait de la crise de l’agriculture, les bergersne l'entretenant plus. Le terrain est donc idéal pour l’ours, jamais le biotope de l’ours n’a été aussi favorable.

Développement durable et impact sur le tourismeLe biotope pyrénéen a largement prouvé la qualité du milieu : les ourses font des oursons au bout de deux ans,la quasi-totalité des oursons nés sont devenus adultes. Cela montre la richesse du milieu et l’absence deproblème de cohabitation. S’il y avait un problème de cohabitation réel, tous les oursons ne seraient jamais devenus adultes, prouvantqu’il y a de la place à la fois pour les ours et pour les hommes dans les Pyrénées. Ce n'est plus un combat deshommes contre les ours ou des ours contre les hommes. Aujourd'hui, le développement durable est possibleainsi que le maintien de la biodiversité.

L'ours dans les Pyrénées, a, de plus, un énorme impact sur l'agrotourisme et l'écotourisme. On peut amenerdes visiteurs sur des espaces pour voir des animaux évoluer en toute liberté et développer des structuresd'accueil, en développant pour les éleveurs la distribution directe sur leurs produits de la ferme.

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Jean-Paul est employé par le Parc National des Pyrénées depuis 1973. Il y aexercé successivement les fonctions de garde-moniteur jusqu’en 1996, de chefde secteur à Cauterets jusqu’en 2014, et est aujourd’hui chargé de mission surle développement du projet de réintroduction du bouquetin ibérique.Au cours de sa carrière il a été particulièrement intéressé par la biologie desongulés de montagne, tels que l’isard. Depuis 1985, Jean-Paul travaille sur la conception puis le développementdu projet de réintroduction du bouquetin, notamment dans les aspects relationnels avec l’Espagne.Actuellement, avec la mise en œuvre pratique de la réintroduction, il est chargé de l’organisation des lâchés etdu suivi des bouquetins réintroduits.

Après avoir parlé du premier lâcher de bouquetins le 10 juillet 2014, à  Cauterets, nous examinerons lesprincipaux aspects historiques et les premiers résultats de cet événement.

Réintroduction du bouquetin ibérique à Cauterets en 2014Le 10 juillet 2014, nous avons vécu un événement exceptionnel pour un parc national puisque l’on a réintroduitdix premiers bouquetins ibériques à Cauterets. Ceux-ci avaient disparu en 1910, le dernier ayant été tué dansles Pyrénées françaises. Aujourd’hui, pour la première fois, nous avons ici la présence d’un animal, peu connude l’Homme, mais dont on a des traces très anciennes, notamment dans les Alpes préhistoriques et dans lemassif des Pyrénées. Il s’agit un animal très emblématique, au parc des Pyrénées, et c’est une fin en soid'arriver à reconstituer une zone de biodiversité disparue comme celle du bouquetin. C’est une premièreréintroduction et nous espérons, qu’à moyen terme, l'ensemble de la chaîne des Pyrénées soit repeuplée par lebouquetin.

Les animaux ont été capturés en Espagne quinze jours avant le lâcher. Les sept mâles et trois femelles ont toutde suite fait l'objet d'une analyse sanitaire et d’une surveillance vétérinaire, accompagnées d’un traitementpréventif et curatif si nécessaire. Il y a une très longue liste, dans le cahier des charges, des analyses à fairemais il s'avère que les individus envoyés sont des individus extrêmement sains.Le projet était en cours depuis trente ans et il y avait une volonté humaine importante de voir cette espèceréapparaître mais comme tous les beaux rêves, il faut du temps.

Une longue gestation, un accouchement difficile

Pour commencer un historique, on peut parler du dernier bouquetin des Pyrénées, tué dans les Pyrénéesfrançaises, à Cauterets en 1910. A l'époque, qui n'était pas la même que la nôtre, il était de bon ton, de tuer ledernier représentant d'une espèce. Aujourd'hui bien sûr, ceci est illégal. En 1985, un projet de réintroduction« germe » au Parc des Pyrénées, montrant l’évolution socio-culturelle de notre perception. En 1990, lelancement officiel est amorcé avec la publication du premier rapport de faisabilité, rassemblant différentsarguments en faveur de ce projet et présentant une étude de potentialité dans la région du parc. Très vite, de1993 à 1996, les espagnols se sont émus du devenir des derniers bouquetins des Pyrénées, subsistant tant bienque mal, et le programme « LIFE » est lancé, avec un bouquetin que l’on appelle le « bucardo ». Ce programme,bénéficiant d’un financement important de l'Europe, et associant l’Espagne et la France, est un programme

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2. Programme de conservation du bouquetinibérique dans les Pyrénées

de Grande Faune Européenne comprenant les ours et les bouquetins. Même si l’association de deux animauxsemblait improbable, ce fut un moyen d’avancer avec l’Espagne et de, réintroduire pour les uns ou sauver pourles autres, le bouquetin ibérique. Une étude génétique a été décidée, et nous avons été chargés de collecterdes échantillons dans toute l'Espagne afin de comparer la génétique et la parenté des populations, puisquenous savions qu’il existait une notion de sous-espèce.

L’étude génétique a évidemment été réalisée par le laboratoire de Grenoble et n'a pas du tout confirmé laprésence de sous-espèces mais seulement la diversité et variabilité.Le programme « LIFE » nous a lancé sur les rails, et en 1999, les espagnols, ayant fourni une femelle parmi lestrois restantes, nous avons eu quelques naissances génétiquement assistées, après clonage. Les femellesporteuses étaient soit des chèvres domestiques, soit des femelles de bouquetins mais les petits sont morts trèsvite.En 2000, la dernière femelle, qui avait été équipée d'un émetteur et capturée fut retrouvée morteaccidentellement. L’extinction du bouquetin des Pyrénées était alors officielle.Après cet événement, nous avons eu une période de latence, de 2000 à 2010, avant la phase décisive, le 26juillet 2010, qui fut la mise en place de la stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité, concernantl’Espagne, la France et Andorre, sur des thématiques d'espèces disparues ou menacées, avec comme objectif labiodiversité pyrénéenne.

La deuxième étape importante de cette mise en place est la signature d'un accord ministériel, le 23 avril 2014,toujours entre les trois pays concernés, pour la réintroduction du bouquetin ibérique. Le ministre espagnolsigne alors l’autorisation d'acheter des bouquetins en Espagne.

L'aboutissement du projet se fait le 10 juillet 2014, malgré lecombat mené entre la signature de l’accord et le lâcher, et lespremiers bouquetins sont relâchés à Cauterets.

Les animaux, au nombre de 24, ont été lâchés en quatre fois entrele 10 juillet 2014 et le 31 mars 2015, mais le déséquilibred'espèces sexe-ratio est flagrant, puisque nous avons 17 mâles et7 femelles. La raison est qu’il est beaucoup plus difficile decapturer les femelles que les mâles.Nous avons lâché des animaux jeunes, équipés de GPS et de VHF. 14 individus sont équipés de VHF, 4 sontéquipés de GPS et 5 de marques auriculaires. Les prochaines femelles que nous lâcherons seront touteséquipées de GPS.

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Le suivi se fait avec les guides du parc et l'OfficeNational de la Chasse et de la Faune Sauvage duDépartement des Pyrénées (65). Le bouquetin, montetrès haut, jusqu’ à 2700 mètres, d’où l’intérêt dumarquage VHF et GPS.

Les animaux non marqués bénéficient également dusuivi par collier comme le cas de Jaim. Pour les autres,on passe parfois de long mois sans savoir ce qu'ils sontdevenus.

Les principales questions qui se sont posées rapidement concernent tout d’abord le mode de déplacement desbouquetins, leur installation, leur choix d’habitat et leur adaptation au climat des Pyrénées.

Les animaux sont capturés près de Madrid, dans un endroit assez élevé, peut-être 2700 mètres, et enneigél’hiver. La différence est que là-bas les étés sont chauds, et les hivers relativement plus cléments que les nôtres.

L'habitat, qu’ils ont choisi est en altitude, pour certains le plus haut et le plus rocheux possible. Voilà les imagesde 4 bouquetins, le 19 septembre, dans le Grand Barbat (2300m). Ils se confondent vraiment bien avec lemilieu, surtout les rochers, et peuvent être difficiles à voir. D’ailleurs, on voit souvent mieux le collier quel’animal. Les grands mâles, eux, noircissent beaucoup à l’automne et sont mieux repérables, mais les femellessont plus difficiles à voir.

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Périple d’IsisA titre d'exemple, prenons le cas de la femelle Isis, qui est un peu notre mascotte. On l'a relâchée à Cauterets,puis elle est retrouvée sur le Grand Barbat où elle s’installe avec trois autres femelles.

Puis, en hiver, en regardant les signaux, et à force de chercher, on finit par la retrouver en Espagne avant derevenir sur le versant où elle va passer de novembre à mai. Elle revient avec un compagnon qui ne la quitte pluset le 17 mai, Isis fait un premier petit cabri pyrénéen, ce qui est une petite victoire symbolique qui a fait le «buzz » sur les réseaux sociaux, avec 30 000 vues.

Le comportement spatial après lâcher est avant tout individuel.

Des localisations au 15 mai de l'ensemble des individus montrent pour certains une dispersion en Espagne, qui parait lointaine mais qui pour le bouquetin est seulement à 2 ou 3 heures.

Situation présenteNous avons reconnu, sur l'ensemble de la zone du parc, cinq sites potentiels sur lesquels nous entrevoyons, àmoyen et long terme, de faire des opérations de réintroduction.Le site numéro 2, Péguère-Ardiden, a faitl’objet de petits programmes de réintrouction en 2014 et 2015. Ces sites sont tracés en respectant des limites topographiques du système montagneux, en suivant des valléesessentiellement, puisque les vallées séparent les populations d’animaux sauvages, même si elles rassemblentles hommes.

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Les crêtes rassemblent les animaux, donc, lorsque l'on peut délimiter un massif de manière cohérente, on va seservir de ses grands systèmes de vallées.Ce qu'il faut prendre en compte pour comprendre la répartition, c'est le comportement de ces animaux quifonctionnent avec le relief, et pour lesquels les crêtes, milieu très escarpé et difficile d’accès, constituent autantd'autoroutes. On constate également un choix marqué pour l’exposition ensoleillée.

Survie hivernaleLa survie hivernale était une interrogation importante après les lâchers, à savoir comment ces animaux, quiconnaissent la neige mais ne l’aiment pas trop, vont fonctionner dans un massif où il peut neiger beaucoup. Deplus, il a beaucoup neigé en 2015, puisque l’on a mesuré sur la chaîne, 5 m 50 de chutes cumulées.

Le constat que l’on a fait, est que la neige n’empêchait pas les bouquetins de rester en altitude. Noussupposons qu’ils auront un développement fantastique avec de bonnes réserves graisseuses pour l’hiver,malgré le climat rigoureux des Pyrénées, mais grâce aux pâturages d’une richesse extraordinaire.

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Bilan de la réintroduction au 15 mai 2015Nous constatons d’abord une grande capacité exploratoire pendant la saison estivale, qui est variable selon lesindividus, puis une assez grande dispersion au cours de l’automne avec un passage en Aragon (unecollaboration avec l’Aragon et en cours). Pendant la période hivernale, on constate aussi une trèsgrande fixation spatiale, c’est-à-dire que ces animaux ne bougent plus l’hiver arrivé. Dans ses gènes, lebouquetin espagnol avait inscrit cette capacité comportementale, très intéressante d’adaptation au milieu.Quand les zones d’habitat deviennent restreintes, ils préfèrent les falaises ensoleillées mais à relativementhaute altitude. Enfin, leur état corporel est généralement excellent, ce qui est un atout pour réussir l’hivernage.Le taux de survie est de 94%. Il faut savoir que, dans une population sauvage, nous n’avons jamais une surviede 100%, donc une survie de 94% est extraordinaire.

Perspectives pour 2015Nous allons d’abord compléter les lâchers de Péguère-Ardiden ce printemps et été 2015, pour arriver à un totalde 23 femelles et 17 mâles. Nous devons presque livrer une lutte quotidienne pour savoir quand nous auronsces femelles, qui sont toutes équipées de GPS.Il y aura ensuite peut-être un programme complémentaire, en attente de financement, pour relâcher 11individus.

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Claire a obtenu son baccalauréat « science technologie agronomie environnement », puiselle a passé un BTSA « analyses biologiques et biotechnologiques agricoles », Enfin, elle aobtenu son diplôme de Docteur Vétérinaire. Désormais vétérinaire en exercice libéral àArgelès-Gazost (65400) en clientèle mixte : animaux de compagnie, d'élevage et de loisirs,NAC et faune sauvage, Claire est aussi vétérinaire pour le Parc Animalier des Pyrénées(Argelès-Gazost), Aran Park (Bossost), le Donjon des Aigles (Beaucens) et la Maison del'Ours (Saint-Lary).

IntroductionD’après la définition de l’OMS en 1959, les zoonoses sont les maladies, infections et infestations qui setransmettent naturellement des animaux vertébrés à l’homme et vice versa. On exclut donc toutes les maladiestransmises artificiellement et celles transmises uniquement par le biais des insectes.Le but de cette intervention est de présenter les démarches que nous avons réalisées sur ce sujet et de vousfaire part de notre retour d'expérience.En 2014 la DDCSPP et l’EAZA nous ont demandé de former les soigneurs-animaliers du Parc Animalier desPyrénées aux risques zoonotiques dans le cadre de l'agrément Balai et de l’adhésion à l’EAZA.Nous avons alors, en collaboration avec Matthieu VILLERETTE, conseiller zootechnique et ancien soigneur-animalier, mis en place une formation:"Gestion des zoonoses des animaux d'espèces non-domestiques encaptivité".

Le choix a été de travailler en binôme soigneur / vétérinaire et notre objectif a été de sensibiliser les soigneursaux risques zoonotiques, pendant une journée (7h), comprenant une partie théorique et une partie pratique.Jusqu’à aujourd’hui, nous avons réalisé 5 journées de formation pour des personnes venant de 29établissements différents (refuges, parcs zoologiques, fourrières, reptilarium), en général des petites structuresn’ayant pas de vétérinaire salarié sur site.Nous avons ainsi accueilli 71 personnes, tous profils confondus (sauf vétérinaires), des directeurs de parcszoologiques, des soigneurs-animaliers, des stagiaires, des bénévoles de centre de soins, ou des agents de parcsmunicipaux.

Les zoonosesLes zoonoses forment un ensemble de maladies très diverses, de gravité très variable, elles peuvent aller de lapetite maladie de peau jusqu'à l’encéphalite mortelle.61% des pathogènes recensés chez l'Homme sont des zoonoses, et plus de 800 zoonoses sont connuesaujourd'hui. Selon l'OMS, les trois zoonoses les plus mortelles au niveau mondial sont la rage (40 à 60 000morts par an), la fièvre jaune (30 000 morts par an) et l'encéphalite japonaise (18 à 20 000 morts par an).  D’après une enquête faite au Zoo de Vienne sur 60 employés, il a été remarqué que 97% des personnesprésentaient des anticorps contre au moins un agent zoonotique. Par contre, la séroprévalence, c'est à dire laprésence d'anticorps chez ces employés, n'était en fait supérieure à la moyenne de la population autrichiennequ’envers certaines maladies parasitaires. Être positif à une maladie peut être lié à une activité au zoo, maispeut être du également à une exposition dans notre vie de tous les jours.

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3. Soigneurs et zoonoses : un constatfacile à améliorer !

Une enquête réalisée au Zoo d'Auckland, sur 20 ans, a recensé les zoonoses contractées par les employés, lesprincipales étant le rouget, la giardiose, la campylobactériose, puis la teigne qui est extrêmement fréquente, etla chlamydiose. En conclusion de cette enquête, a été établi le constat que le risque était présent mais faiblegrâce à l'application de mesures de prévention.

De nombreux cas sont décrits dans la bibliographie :

• Dans un cirque, de l'Illinois, aux États-Unis, 12 soigneurs ont contracté la tuberculose aprèsavoir apporté des soins à des éléphants infectés.

• Dans un Zoo français, un cas de Fièvre Q a été recensé par la MSA.

• L’ornithose-psittacose est une zoonose très fréquente dans la filière avicole. Un cas a été décritdans un parc zoologique japonais, en 2001, où 17 personnes (12 visiteurs, 3 soigneurs-animaliers et deux étudiants stagiaires) ont déclaré cette maladie après un contact direct avecdes oiseaux qui n'avaient pas subi de quarantaine. Des cas ont également été recensés par laMSA chez des employés de parcs zoologiques en France.

• Aux États-Unis en 1996, 65 personnes, principalement des enfants ont déclaré unesalmonellose après avoir touché des barrières en bois, longeant un enclos de varan de Komodo.Il s’agit là d’une contamination par contact indirect par le varan de Komodo qui avait accès lanuit à une partie empruntée la journée par les visiteurs. En dehors des cas en parcszoologiques, on compte 2 millions de cas de salmonellose par an aux USA dont 300 000 chezdes enfants qui détiennent des tortues en animal de compagnie.

• Dans un zoo danois, des cas de rage ont été décrits chez des chiroptères, en 1997 (sans cashumain). La maladie a été décelée dans un zoo suite au transport de 42 chauves-souris du Zoode Rotterdam vers le zoo danois. 9 jours après le transfert, deux chauve-souris ont étéretrouvées mortes dans le canal de ventilation de l'enclos et ont été positives au test dedétection des antigènes de la rage. L'ensemble de la colonie a été euthanasiée puis autopsiéeet il a été décelé que trois autres chauves-souris de la colonie, étaient porteuses saines du virusEBL1 (souche typique des chauves-souris européennes).

Il y a aussi des zoonoses « hors zoo » ! :Une émergence du virus West Nile sur le pourtour méditerranéen a été révélée (chevaux, oiseaux, tiques,moustiques..). On peut aussi trouver la brucellose, la tuberculose (cerfs, blaireaux, sangliers..), la Fièvre Q, laMaladie de Lyme, la rage (présente en France chez les Chiroptères), la Yersiniose, la Leptospirose,l'Echinococcose, la Grippe aviaire etc...

Soigneurs et zoonoses : un constatEn début de formation, pour évaluer les pré-requis des soigneurs sur le risque zoonotique, nous avons distribuéun questionnaire et posé trois questions simples.

- Connaissez-vous une zoonose ?- Avez-vous déjà été en contact avec une zoonose ?- Dans votre activité, quelles sont les freins à la prévention des zoonoses ? (Le manque de temps, le manqued'équipement, le manque de connaissance ou la négligence)

À la première question, 60% des personnes ont répondu connaitre au moins une zoonose. Les trois premièrescitées étaient la rage, l’ornithose-psittacose et la grippe aviaire. Ont également été cités la maladie de Lyme, lateigne, la toxoplasmose, la tuberculose, la gale, la listériose, les staphylocoques, la leptospirose, la brucellose etl’échinococcose, citée surtout dans les formations effectuées dans le Nord-est de la France, une zone où lamaladie est installée.

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À la deuxième question, seulement 24% des personnes ont répondu avoir été exposées à une zoonose, alorsqu’elles sont omniprésentes dans notre environnement quotidien. 100% des personnes ne connaissant pas leszoonoses sont persuadées ne pas y avoir été exposées et sont donc peu sensibilisées à ce risque.À la dernière question, le principal frein à la prévention des zoonoses est, selon les personnes interrogées, lemanque de connaissance. Il s’agit là d’un levier assez facile à corriger !

Nous avons également demandé aux personnes présentes si elles disposaient d’un vestiaire et si ellesl’utilisaient. Il en ressort que 23% des soigneurs disposent d’un vestiaire et qu’ils l’utilisent : l’application derègles de bonnes pratiques dont l’utilisation des vestiaires doit être renforcée.

Un test de friction des mains avec une solution hydro-alcoolique fluorescente a également été fait dans les ateliers pratiques avec un taux d’échec de presque 100%. Le lavage des mains est pourtant un moyen de prévention essentiel facile à faire si l’on acquiert de bonnes habitudes et l’on respecte les règles de bonnes pratiques.

Ces résultats suggèrent que des actions peuvent être développées :

• Sensibiliser et former les personnes aux moyens de préventions (encourager une meilleureutilisation des vestiaires, améliorer les techniques et fréquence de lavage des mains, installer etfaire respecter les règles de bonnes pratiques).

• La collaboration avec le vétérinaire doit être développée puisqu’elle permet de mieux prévenir,identifier, traiter les éventuelles zoonoses, et informer, conseiller le personnel sur les modes deprotection pouvant être utilisés.

• La médecine du travail avec qui des visites annuelles sont organisées peut être sollicitée pourdemander des examens complémentaires en fonction du poste de travail. Le personnel peut,avec une fiche d'exposition aux risques, lors de la visite de la médecine du travail, se faireprescrire des tests de dépistage. Ceci peut être important par exemple pour une femmeenceinte qui continue de travailler ou pour une personne qui travaille en secteur« quarantaine » et qui va voir des animaux dont l'état sanitaire ne serait pas garanti.

Présentation de la formation:"Gestion des zoonoses des animaux d'espèces non-domestiques en captivité".La formation présente dans un premier temps le cadre règlementaire qui impose les éléments devant être prisen compte pour la protection du personnel exposé à un risque biologique avec l'obligation de présence devestiaires et d'EPI (Equipements de Protection Individuels). (Arrêté du 25 mars 2004, Directive BALAI en application de l’Arrêté du 9 mars 2012, EAZA, Code du Travail et arrêté du 4 novembre 2002, Document unique, DIRECTIVE 2003/99/CE…etc.)

La formation revient ensuite sur quelques notions de biologie en rappelant ce que sont les bactéries, les virus, les parasites, les champignons.

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Elle rappelle certaines définitions (un réservoir, un hôte et un vecteur), les différentes sources et modalités decontamination. Ensuite elle insiste sur la notion de réceptivité, qui fait qu'en fonction des individus, unemaladie va ou non se déclarer, à cause d’un état de fatigue plus important, d’une grossesse, du sexe et d’autrescritères.

On rappelle ensuite les principales zoonoses rencontrées en France en milieu professionnel.Les zoonoses les plus fréquentes sont développées. On rappelle que des fiches de présentation de plusieurs zoonoses sont disponibles sur internet :http://agriculture.gouv.fr.fiches.zoonoseshttp://www.sante.gouv.fr/zoonoses-en-milieu-professionnel.htmlhttp://msa-idf.fr/lfr/web/msa-de-l-ile-de-france/risques-zoonoses

Les moyens de protection et de prévention sont ensuite présentés (l’utilisation de vestiaires, des équipementsde protection individuels, et également l'hygiène et le lavage des mains, le respect des bonnes pratiques et lerespect d’un règlement de service).

La nécessité d’une collaboration avec le vétérinaire est présentée (dépistages, plan de prévention, mise enplace des précautions dans la gestion des animaux malades, dans la gestion des cadavres et des avortements,contrôles et dépistages aux introductions et lors des captures). Les risques et procédures liées aux morsures,griffures, piqûres sont abordés.

La profession de soigneur-animalier pouvant faire l’objet d’une surveillance médicale renforcée par lamédecine du travail, ouvrant droit à des examens complémentaires si nécessaire, l’importance de la visitemédicale annuelle est soulignée.

Un premier atelier pratique, consiste à illustrer, au travers d’une maquette de zoo, les différents moyensde contrôle et de prévention.

Un second permet d'acquérir des règles de bonnes pratiques sur le lavage des mains et l'hygiène individuelle. Ilest très fortement inspiré du milieu hospitalier.

Un troisième atelier aborde les règles de bonnes pratiques lors de ramassage d’un cadavre ou de prélèvementsde selles pour une coproscopie.

Nous essayons ensuite d’aborder la « quarantaine » et la conduite en cas de morsures ou de griffures.

Enfin, nous terminons par un atelier  où l’on essaye d'identifier les risques et de voir comment on peut lesprévenir par le biais d'exemples concrets.

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En conclusion de cette formation sur les zoonoses, nous insistons sur l’identification des dangers, et laminimisation de l’exposition aux risques par des mesures de prévention, de protection, collectives etindividuelles. Nous rappelons qu’il est important de maîtriser les risques en ayant un bon état sanitaire desanimaux, par le biais du contrôle à l’introduction, et d’ensuite contrôler les mesures mises en place. Si toutesles précautions sont prises, le risque de zoonoses en parc zoologique est minime.

Améliorations pouvant être envisagés au sein de votre établissement :

– informer de ces risques et insister sur l'intérêt du lavage des mains et du port d'EPI.

– Utilisation de gants lors du nettoyage

– afficher le protocole de lavage des mains

– utilisations de surbottes ou surchaussures pour entrer dans les bâtiments où des animaux maladesséjournent

– lister les zoonoses et le matériel nécessaire pour les soins de base des animaux

– utilisation d'une housse plastique pour protéger le téléphone car = nid à bactéries et en contact directavec les voies respiratoires, digestives et cutanées

– afficher les fiches techniques des produits de nettoyage et de désinfection

– vérifier la boîte à pharmacie des soigneurs

– manipulation des pommades avec des gants

Suite à cette formation :3 établissements ont contacté leur vétérinaire sanitaire afin de mettre en place un « plan annuel desurveillance et de prévention des maladies » ; un établissement a installé un réfrigérateur spécifique pour les cadavres ; un autre établissement a décidé d'utiliser des gants avec protection de l'épaule pour le nettoyage desaquariums ; plusieurs établissements ont équiper leurs soigneurs de SHA (solutions hydro-alcooliques) et au moins unétablissement a mis des SHA à disposition des visiteurs à la sortie des enclos à immersion.

Question 1 : Est-ce que vous abordez la sensibilisation des soigneurs sur les zoonoses vis-à-vis du public, parexemple lors de l'animation reptiles, lorsque l’on approche le public ?

Réponse 1 : La formation est principalement axée sur la prévention des zoonoses pour les soigneurs-animaliers,mais à partir du moment où l’on cherche à prévenir le risque pour les soigneurs, il est évident que l'on réduit aumaximum le risque de zoonoses pour les visiteurs.

La personne qui est le plus en contact avec les animaux, ce n'est pas le visiteur, mais le soigneur. D’autre part,en ce qui concerne la manipulation des reptiles et les enclos à immersion (qui sont de plus en plus répandusdans les zoos), on insiste très fortement sur le fait qu'il faut informer les visiteurs sur l’importance de se laverles mains après un contact avec des animaux. Il faut éduquer les enfants, mais il faut de plus en plus éduquerles adultes : à la maison comme dans un zoo, après un contact avec un animal, on se lave les mains !

Par rapport aux enclos immersion et pour les activités de manipulations collectives, il faut essayer d'avoir soitun point de lavage des mains à proximité, soit une solution hydro-alcoolique (un distributeur) et par le biaisd'une affichette ou par le biais d'une personne présente, proposant de se laver les mains, il faut encourager lesvisiteurs à le faire.

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Question 2 : Mettre des points de lavage des mains pour les visiteurs, c'est bien, mais s'il faut que le visiteurfasse 300 mètres …

Réponse 2 : C'est pour cela que des distributeurs de solutions hydro-alcooliques peuvent être placés juste aprèsles points de contact avec les animaux et les visiteurs doivent passer devant. Pour ce qui est des soigneurs, ilest possible d’avoir une petite fiole de 30ml de solution hydro-alcoolique dans la poche afin de pouvoir sedésinfecter les mains lorsqu’il n’y a ni robinet ni lavabo à proximité.

Question 3 : Est-ce qu'il est possible, dans un établissement, de déclencher une espèce de contrôle pour voir sitout va bien et rassurer l’équipe ?

Réponse 3 : Cela a peu d'intérêt de façon ponctuelle. Ce qui intéressant, c'est le suivi vétérinaire, le dépistagelors des introductions, le respect des quarantaines et la surveillance des animaux malades et des mortalités.Lorsqu’un animal meurt, on ne peut pas se contenter de l’évacuer en se disant qu'il est vieux et mort, on doitfaire au minimum une autopsie. Si l’on fait une autopsie sur chaque animal mort, éventuellement une analysedes organes douteux, on peut déterminer la raison de la mort et exclure ou suspecter l’éventuelle présenced’une maladie infectieuse. Par conséquent, la surveillance vétérinaire est essentielle pour les animaux maladesou morts et pour les avortements. Un dépistage complet ponctuel est un investissement important qui nousdira seulement si on est sain au jour du dépistage mais la situation sanitaire d’un zoo est quelque chosed’évolutif.

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Non loin du site derelâcher, nous observons

aux jumelles lesmontagnes afind'identifier des

bouquetins.

La chance nous a souri et nous avons pu observer brièvement 3 des 24 bouquetins relâchés !

Le pont d’EspagneLe fameux « Pont d’Espagne », situé à Cauterets dans les Pyrénées, ne s’est pas toujours appelé ainsi. Il n’y apas si longtemps, on ne parlait pas français dans cette région mais patois, une langue beaucoup plus proche del’espagnol. La transition s’est étalée sur trois générations, et les noms de lieu à consonance française sontrelativement récents. A l’origine, on l’appelait le « Pont de Néts ».Ce pont était l’un des points de passage pour les échanges commerciaux et les transhumances entre l’Aragon(Espagne) et les Pyrénées françaises.

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4. Sortie en montagne sur le site des relâchés des bouquetins ibériques

Les communautés montagnardes installées de part et d’autre de la frontière vivaient en étroite collaborationéconomique, proche de l’autarcie, et n’avaient que peu d’échanges avec leurs pays respectifs. Les nombreux conflits à propos du partage des pâturages de montagne favorisèrent la signature de diverstraités, garants d’une bonne entente économique entre les communautés. Le commerce se faisait alors à dosd’ânes. De longues marches, parfois plus de 7 heures, et plusieurs cols séparaient chaque village. Lescommerçants apportaient leurs marchandises et repartaient avec ce qui leur manquait, tel que cordages, huileou bétail. Les Pyrénées étaient à cette époque exempts de voitures et de route ; ses habitants gagnaient peu,les conditions de vie étaient difficiles et l’espérance de vie limitée.

Le Pont d’Espagne se trouve dans le Parc National des Pyrénées, dans une vallée dont sont propriétaires pasmoins de 7 communes, regroupées en un syndicat. Le pont lui-même est situé sur le territoire administratif dela commune de Cauterets. Les terrains autour du pont sont soumis à la gestion de différents organismes, telque l’Office National des Forêts, la commission des sites classés, la direction de l’agriculture, la DirectionDépartementale de l’Equipement, ou encore le Parc National, qui s’occupe de l’aspect environnemental. Tous ces différents acteurs doivent s’accorder à propos de la gestion du site, soumis à une forte pressiontouristique. Chaque année, ce sont en effet des milliers de pèlerins qui se rendent sur place, une notoriétéaccentuée par la présence de Lourdes non loin de là. Il y avait donc une réelle nécessité de structures (parking,toilettes, etc.) pour endiguer la dégradation du site et concilier ce tourisme de masse avec la protection de lanature.

Après plus de 15 ans de réflexion et de négociations entre les différents acteurs du territoire, il a finalement étédécidé de fermer la route menant au pont, le passage étant désormais strictement réservé aux usagers de lamontagne (gardiens de refuges et bergers). Un bâtiment a été construit pour servir de relais entre les voitures et les piétons, faisant office de posted’accueil et offrant des sanitaires. Pour cela, tous les réseaux modernes ont dû être mis en place sur un siteauparavant isolé : eau, électricité et télécommunications, le tout en sous-terrain. Le droit d’entrée du parking subvient à l’entretien des locaux et du personnel, permettant un accueil de qualitétout au long de l’année. En hiver notamment, les activités de ski et de raquettes demandent un importanttravail de préparation et de sécurisation des pistes au coût élevé. Le Pont d’Espagne accueille ainsi plus de500 000 visiteurs par an, les pics de fréquentation ayant lieu au 15 Août et à la mi-Février.

Toutefois, la vallée autour du pont reste sauvage car difficile d’accès. C’est entre autre pour cela qu’elle a été choisie pour accueillir des relâchers de bouquetins, et on y noterégulièrement des passages d’ours. En outre, contrairement à la majorité des vallées de montagne en France,l’eau de ruissellement n’est pas captée. Le débit des cours d’eau y est parfaitement naturel, d’où la forteprésence de lacs et d’imposantes cascades. Cet aspect aquatique du site, très esthétique, très pur, le rendparticulièrement attractif aux yeux des touristes. En définitive, le Pont d’Espagne est un bel exemple de gestiondurable d’un site sensible grâce au consensus qui a été trouvé entre protection de la nature et développementtouristique, les deux étant intimement liés.

Relâchers de bouquetins dans les PyrénéesDisparu de la région en 1910, le bouquetin fait aujourd’hui l’objet de programmes de réintroduction dans lesPyrénées. Pour cela, des études de potentialité ont été menées afin de déterminer si l’habitat sélectionné pourl’espèce pourrait lui convenir, sur la base d’éléments comparatifs entre la zone choisie et celle occupéeinitialement. Toutefois, les seules données disponibles concernant l’espèce dataient du XIVe siècle, recueilliespar le seigneur féodal Gaston Fébus (grand chasseur, mais également naturaliste avant l’heure, il avait pourhabitude de décrire en détail toute la biologie et le comportement de son gibier). En dehors de ces écrits, laprésence de bouquetins dans la région n’est attestée qu’aux alentours de 1850, par des individus rares et isolésabattus par des chasseurs de trophées.

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En raison de ce manque d’informations concernant l’habitat, il a été décidé de collecter les données à lasource, à partir des populations de bouquetins présentes en Espagne.

Dans le sud du pays par exemple, on retrouve ces ongulés depuis les plages de Marbella (Costa del Sol enAndalousie) jusqu’au sommet du mont Mulhacén, point culminant de la Sierra Nevada (toujours enAndalousie). Bien qu’a priori extrêmement différents, ces deux milieux présentent néanmoins une constante : l ’abondancede rochers. Et pour cause : le bouquetin est structuré pour le rocher. Ce-dernier lui sert de refuge, climatique tout d’abord, car il peut y trouver des cavernes pour se mettre à l’abrides éléments. De plus, les falaises restent praticables en hiver car la neige ne s’y accumule pas autant que dansles vallées, et fond plus vite en raison du rayonnement solaire, laissant la nourriture accessible. Enfin, grâce àleurs dons de grimpeurs, les animaux peuvent y échapper facilement à leurs prédateurs naturels. À noter d’ailleurs que seule l’invention des armes à distance par les hommes a précipité le déclin de l’espèce enEurope.

Ainsi, afin d’accueillir à nouveau l’espèce dans les Pyrénées, des versants entiers ont été délimités en fonctionde différents critères. Très rocheux et bien exposés, ils ont en plus l’avantage d’un dénivelé important :l’altitude n’est pas un facteur limitant pour l’espèce, bien au contraire, puisque les animaux migrent vers leshauteurs en été. Jusqu’à ce jour, les individus relâchers se sont parfaitement adaptés à leur nouvelenvironnement et se sont dispersés sur toute la zone. En un an, ils ont conquis leur espace, se le sont appropriéet le dominent désormais. L’opération est donc un succès et le Parc dispose d’éléments très satisfaisants pourappuyer d’autres relâchers dans le futur.

Si parmi les individus relâchés beaucoup sont partis très loin, un petit mâle reste quand à lui fidèle à la zone, ets’aventure même parfois sur le parapet du pont. Les bouquetins viennent ainsi s’ajouter à la faune déjà riche duParc (isards, ours, gypaètes), et constituent une valeur touristique non négligeable. C’est un argument fort pourattirer la sympathie des élus et conclure des accords en vue de relâchers. En effet, via le tourisme, le Parc est àmême d’éduquer, d’informer, de sensibiliser la population, tout en assurant un revenu financier.

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Ici, 4 bouquetins photographiés lors d'une observation faite auparavant.

En ce qui concerne les relations avec les chasseurs, les choses ont été un peu différentes. Afin d’écarter toutmalentendu, le bouquetin ibérique a obtenu son statut d’espèce protégée avant même son introduction.  

Cela n’a pas été du goût de tout le monde, certains pointant du doigt le risque de pullulation et la nécessité deréguler les populations. Or, l’impact négatif du bouquetin sur la montagne est quasiment nul : seuls quelquesdésagréments sont relevés en Suisse, sur des plantations anti-avalanches. L’espèce utilise des milieux marginaux, que le bétail domestique ne peut pas exploiter, et n’entre pas encompétition avec l’isard car occupant une niche écologique différente. A titre d’exemple, au Grand Paradis dansles Alpes, les deux espèces prospèrent conjointement.

Le risque majeur de cette réintroduction concerne davantage le monde agricole, à cause de maladiespotentiellement transmissibles au bétail.

La pathologie la plus répandue chez les ongulés de montagnes (mouflons, isards et bouquetins) est la kératoconjonctivite, une maladie des yeux bénigne en captivité mais pouvant provoquer une cécité chez lesanimaux sauvages. L’impact sur les populations nombreuses est clairement visible en raison du grand nombred’animaux morts ou mourants pouvant être observés, conférant à ces espèces la réputation de vecteurs demaladie.

Aussi, toutes les garanties ont été prises en termes de précaution sanitaire avant réintroduction. Avec l’appuid’experts, de vétérinaires spécialisés en faune sauvage, et du vétérinaire responsable local, lequel assure le lienavec les éleveurs, un cahier des charges extrêmement exigent a été établit. Les animaux sélectionnés pour lesrelâchers ont subi un dépistage pour pas moins de 15 maladies différentes, dont seulement 4 réglementaires etobligatoires.

Tous les bouquetins ont ainsi été testés dans un laboratoire madrilène, et seuls ceux parfaitement indemnes detoute contamination ont été amenés sur le site, les autres retournant à leur milieu d’origine.

Par ailleurs, une attention toute particulière a été portée sur la gale, autre pathologie majeure de la faunesauvage : les animaux atteints sont victimes de démangeaisons insupportables dues à des acariens, quitransforment peu à peu la peau en une croûte purulente. En Espagne, ce fléau a causé la mort de 8 000bouquetins en 2 ans, anéantissant toute une population. Ce problème n’est pas nouveau, car on trouve la tracedans l’histoire d’individus contaminés mais plus ou moins résistants selon les souches.

Toutefois, les bouquetins ayant progressivement été éliminés par l’Homme, la gale disparue avec eux. Leproblème est que parmi les noyaux résiduels ayant permis le repeuplement, seuls quelques animauxprésentaient une immunité à la maladie. La perte de diversité génétique, qui ne dépend pas du nombre actueld’individus mais de celui des fondateurs, a ainsi rendu vulnérables à la maladie des populations entières.

A titre d’exemple, en Andalousie, sur deux populations voisines touchées, l’une développait la maladie mais enguérissait très vite, alors que l’autre fut décimée. Aussi, pour la réintroduction du bouquetin en France, il futdécidé de ne jamais prélever d’individus destinés au relâcher sur des populations ayant eu la gale par le passé.

De plus, afin de réduire encore le risque d’épidémies, le choix a été fait dans les Pyrénées de mettre en placeune diversité génétique maximale, même si cela va à l’encontre de la conservation des sous-espèces locales. Ce genre de décisions stratégiques est le fruit d’un travail en réseau, bâti autour d’un groupe d’experts qui seréunit régulièrement sur des thématiques précises. Devant un problème donné, leur rôle est de trouver dessolutions immédiates, ou à défaut d’en tirer la connaissance qui permettra de traiter l’événement suivant.

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Ce suivi des populations représente un travail considérable, mais néanmoins nécessaire. Le cas actuel desbouquetins du Bargy, dans les Alpes, nous donne un triste exemple de ce qu’il peut arriver sans contrôleminutieux. Il y a une quinzaine d’années, dans cette zone, une épidémie de brucellose s’était déclarée dans unélevage de vaches laitières, causant de nombreux avortements.

L’économie locale avait été fortement inquiétée dans la mesure où le lait est un vecteur de la maladie et quecelle-ci est potentiellement transmissible à l’Homme. Aussi, le troupeau concerné avait été euthanasié dans satotalité, et on pensait le foyer de brucellose éradiqué. Cependant, voici un ou deux ans, un enfant de la régiona contracté la fièvre de Malte (autre nom donné à la maladie) alors qu’aucune vache n’était contaminée.Différentes études ont permis de révélé que certains bouquetins du massif avaient eux-aussi contracté labrucellose.

Grâce à un travail de reconstitution, on a déduit que, quinze ans en arrière, une femelle bouquetin avait dûpâturer dans une zone où une vache malade avait avorté, contractant à son tour la maladie. La population debouquetins du Bargy ne faisant pas l’objet d’un suivi particulier, les symptômes de la brucellose sont passésinaperçus (déformations aux articulations par exemple) et le mal s’est répandu dans tout le massif. Or, uneépidémie de grande ampleur sur de la faune sauvage s’avère très compliquée à gérer, d’autant plus lorsqu’elletouche une espèce protégée, laquelle évolue dans un milieu difficile d’accès. Si des campagnes d’abattage ontété menées, leur efficacité n’est pas scientifiquement démontrée : les populations visées sont en lien avecd’autres, potentiellement contaminées elles-aussi, et la disparition d’individus sur un site va favoriser larecolonisation du milieu par l’espèce.

D’ailleurs, face aux résultats discutables obtenus, de nouvelles méthodes de régulation sont à l’étude. Lastratégie vétérinaire préconise par exemple de n’éliminer que des classes d’âges précises, reconnues vecteursde maladie, pour aider progressivement les populations à se rétablir. Toutefois, cela n’est pas du goût deséleveurs qui dénoncent un paradoxe de traitement et se sentent victimes face à l’abattage systématique deleurs troupeaux. A l’inverse, il est intéressant de noter que les accompagnateurs en montagne se sont opposésà la destruction de cet animal emblématique qu’est le bouquetin, notamment par le biais de manifestations surle terrain, empêchant les gardes du Parc et les agents de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvaged’effectuer les tirs de prélèvement.

En conclusion, l’introduction d’une nouvelle espèce sur un territoire est en quelque sorte comparable àl’arrivée d’un enfant dans un couple : c’est un grand bonheur, beaucoup de joie, mais beaucoup de problèmeségalement !

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Déborah est titulaire d'un Master en Stratégie et Management de la Communication. Suiteà ses études, elle a occupé des postes de chargée de communication interne d’entreprisepour la Poste et a été chargée de communication de start-up dans le domaine desressources humaines pour le Futuroscope. Elle est depuis 2013 au Parc Animalier desPyrénées où elle a été titularisée cette année à son poste.

Cette présentation, en trois parties, définira d’abord ce qu’est la pédagogie dans lecontexte d’un parc zoologique/animalier actuel, la démarche pédagogique mise en placeau sein du Parc Animalier des Pyrénées sera par la suite exposée, enfin il sera fait un point sur lesproblématiques liées à la mise en place de programmes pédagogiques dédiés en zoo/parc, et le 1er bilan deretour d’expérience du Parc Animalier Des Pyrénées sera présenté.

La pédagogie dans les parcs zoologiques/animaliers   :La pédagogie dans les zoos/parcs actuels est l’un des principaux piliers au même titre que la conservation et larecherche scientifique. Deux axes majeurs régissent la pédagogie d’un parc :

• Le premier est inhérent à l’essence même d’un zoo/parc, la présentation d’espècessauvages. Les visiteurs font la démarche de se rendre dans un zoo/parc pour découvrir deschoses qu’ils ne voient pas dans leur quotidien, se rapprocher de la biodiversité etd’espèces qu’ils ne connaissent pas ou n’ont pas l’occasion d’observer autrement.

• Le second est celui qui présente un enjeu majeur aujourd’hui : la sensibilisation de cemême public. Une sensibilisation essentielle pour faire passer des messages, éveiller lesconsciences en faveur de la sauvegarde de la biodiversité. Et c’est en ce sens que leszoos/parcs modernes ont un réel challenge.

DéfinitionLa pédagogie est un terme très large qui s’applique à une multitude de sujets. Dans le contexte d’un parcanimalier comme le nôtre, on pourrait la définir comme l’enseignement de la conservation, passant par leprocessus de transmission d’un savoir, la tentative de modification des comportements et d’influence du publicvers la préservation et la protection de la biodiversité.

Nous pouvons établir deux catégories spécifiques majeures : une partie « grand public » et une partie« jeunes », notamment scolaire. En effet, les jeunes représentent un gros enjeu de sensibilisation car ils sont lesadultes de demain, et ceux qui prendront des décisions. Du fait de ces enjeux, la partie scolaire est trèsimportante et sera mise en avant dans cette présentation car déjà développée au sein du parc.

Mise en application au sein des zoos/parcsLa pédagogie est très importante aujourd’hui et concrètement, elle entre dans le bilan de toutes les missionsd’un parc comme la participation, la sauvegarde, la réintroduction d’espèces et également la recherchescientifique.

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5. Mise en place d'une pédagogie efficace

La pédagogie va permettre de légitimer l’action d’un parc auprès du grand public et des visiteurs, d’expliquerconcrètement ses activités et de transmettre des connaissances.

En faisant le tour des zoos de France, les pratiques les plus courantes peuvent être listées ainsi : d’abord, lespanneaux signalétiques présentés comme une formation sur les animaux et les espèces, puis les livretspédagogiques et carte d’activités que l’on trouve un peu partout dans les parcs, ensuite les animations ou lediscours pédagogique des accompagnants passant souvent par le spectacle. Nous pouvons citer également toutce qui a trait aux visites guidées, aux jeux de piste et parcours thématisés organisés dans les parcs, ainsi que lesressources en ligne, dont les sites internet qui fournissent une multitude d’informations sur les parcs et lesanimaux. En dernier lieu, nous avons la partie atelier pédagogique, notamment pour les publics scolaires.

Nous trouvons également des propositions et interventions pédagogiques plus isolées, moins communescomme par exemple les activités en classe. En général, les écoles se déplacent dans les parcs et assistent auxateliers. La démarche inverse existe également : il s’agit de l’activité en classe, le zoo se déplaçant à l’école pourune animation.

Une démarche moins courante de programme pédagogique est le parrainage. Une classe, pendant une année,va parrainer un animal du parc, recevoir des newsletters, des goodies, des petites surprises et va travailler toutau long de l’année avec le parc et l’enseignant sur l’animal en question.

Nous pouvons également mentionner les journées ou demi-journées VIP, en groupes extrêmement réduits, trèspersonnalisées sur une thématique et qui s’apparentent plus à des visites dans les coulisses d’un zoo, dans lapeau d’un soigneur-animalier. On assiste aussi au développement des applications internet, tablettes etsmartphones. Pour le moment en France (l’étranger étant un peu plus en avance), nous avons des applicationsassez classiques donnant des informations sur le nom du parc, le planning des animations, les horairesd’ouverture, du même type que celles que l’on peut trouver sur un site internet.

ObjectifsL’objectif de la pédagogie dans un parc est d’inverser le processus d’information. Dans le passé, les visiteursarrivaient dans le parc, regardaient les panneaux et interrogeaient les soigneurs-animaliers. La mise en placed’activités et de programmes inverse le processus en allant vers le visiteur, vers le public scolaire, pour mettre àdisposition l’information et lui transmettre directement le savoir.

Démarche pédagogique au Parc Animalier des Pyrénées

Fonctionnement et historiqueConcernant le Parc Animalier Des Pyrénées, jusqu’en 2013, il n’y avait pas vraiment de démarche pédagogiquemise en place pour les scolaires ou le grand public.

Un des points forts de notre parc est le fait que nous avons nos soigneurs-animaliers présents en continu sur lesite, près des principaux enclos. Bastien, notamment, est présent dans l’allée des volières, d’autres soigneurssont auprès des loutres d’Europe, des marmottes et des ours et des loups tout au long de la journée. Il n’y apas de spectacles, à proprement parler, mais demeure cette ressource, d’avoir sur site les soigneurs disponiblespour discuter, échanger, donner des renseignements.

En revanche, il était possible de ressentir un manque au niveau du public scolaire, pas de carnet pédagogique,ni d’atelier, aucune offre personnalisée qui permettrait d’approfondir la visite et de concrétiser unapprentissage.

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Établissement d’un programme pédagogique scolaireEn 2014, un programme pédagogique test a été mis en place, d’abord pour évaluer la demande. Nous avonstesté la mise en place d’ateliers pour les scolaires, débutant avec quatre thématiques, niveaux élémentaire etmaternelle confondus. Nous avons aussi créé un carnet d’activité ludo-éducatif à destination des publicsscolaires et un autre pour le grand public. Les résultats ont été plutôt positifs avec 110 ateliers en 2014 dont 85préparés en juin. Nous avons fêté les 15 ans du parc en juin et pour une première année de mise ne place, plusde 1/3 des écoles a réservé des ateliers. Les carnets d’activités ont eu un bilan plus mitigé. Seulement 200demandés par les scolaires, et une mise en avant trop discrète auprès du grand public n’a pas permis d’écoulerbeaucoup de stock.

À la mini-ferme, l’espace pédagogique a été créé spécifiquement pour héberger les ateliers. Il est importantd’avoir un lieu dédié pour pouvoir accueillir les classes pendant les animations.Une intervenante a été embauchée pour aider et une conteuse, qui est aussi guide professionnel, vient enappui lorsque le nombre d’ateliers est trop important dans la journée.Les ateliers se déroulent pendant une heure et quart et incluent un petit souvenir, en l’occurrence chaqueenfant reçoit une boîte et l’empreinte de l’animal qu’il a choisi en plus d’une surprise pour la classe. L’atelierfonctionne comme un pack, une formule tout compris.

Retour d’expérienceAvant de mettre ce type d’initiative en place, il est important de la tester et de voir le retour d’expériences,ainsi que de savoir apprendre de ses erreurs pour faire des modifications. Les écoles participantes ont reçu desquestionnaires et sur 31 réponses, les retours ont été très positifs, arrivant à une moyenne de 3.9/5, un résultattotalement améliorable mais globalement satisfaisant pour une première année. Les points noirs concernaientles thématiques, qui comportaient trop de différences entre les niveaux maternelle et élémentaire et enfin lesoutils manquaient sur place.

Programme pédagogique définitifForts de cette expérience, des modifications ont été apportées. Cette année, nous avons 8 ateliers dont 3spécifiquement pour les maternelles et 5 spécifiquement pour les élémentaires, permettant de segmenter lesniveaux. Nous avons installé un écran de télévision, qui servira cet été à la sensibilisation du grand publicmontrant vidéos et animations. À l’aide de la télévision, nous avons pu développer des programmes interactifsmêlant images, vidéo et son.

Depuis avril, un nouveau programme a débuté et marche beaucoup mieux. Les enfants sont beaucoup plusattirés et gardent leur attention plus longtemps. Nous avons conservé la durée. Même si d’autres parcsproposent des ateliers de 45 minutes, nous avons choisi de parler vraiment une heure quinze, pour donner letemps de valider les acquis et d’approfondir les sujets abordés, chose importante surtout avec un jeune public.

Pour améliorer la portée du carnet, il a été envoyé des exemplaires papiers aux enseignants intéressés afinqu’ils puissent le travailler avant la visite ou effectuer des recherches documentaires, s’ils le souhaitaient.Les ateliers pour le niveau maternel se déclinent ainsi :

• Les 4 saisons de la marmotte

• L’ours et le loup, entre contes et réalité

• Partons à la découverte des sens

Il a été fait le choix de débuter tous ces ateliers par une histoire pour capter l’attention des enfants et susciterleur intérêt puis de poursuivre avec des activités et des visuels, en restant assez focalise sur la découverte dessens.

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Les ateliers pour le niveau élémentaire se présentent ainsi :

• La chaîne alimentaire, ça donne faim !

• Plumes, poils, écailles, classifions !

• Voler, incroyable pouvoir des oiseaux !

• Sur la piste des traces : l’enquête

• Les animaux menacés des Pyrénées, sauvons-les !

Certaines thématiques marchent moins bien que d’autres, par exemple il reste un travail à faire sur les oiseauxqui, encore une fois, ont du mal à séduire. L’atelier « Plumes, poils, écailles » n’est également pas beaucoupchoisi. Il est essentiel de noter qu’un travail préalable en classe est demandé sur ce sujet, la nouvelleclassification phylogénétique étant particulièrement complexe à appréhender pour un jeune public commepour un enseignant néophyte sur le sujet.

Le nouveau programme marche mieux ainsi que les petits programmes interactifs avec des images, des sons àdeviner, des vidéos, des schémas projetés et de petites illustrations pour les histoires, rendent l’activité bienplus animée.

Les outils ont évolué également. Nous proposons des jeux avec des objets à toucher, les yeux fermés. Lesenfants tendent les mains, nous leur faisons passer des bois, des poils, des plumes et entendre des bruitsnouveaux, pour qu’ils essaient de trouver les bonnes réponses appropriées.

Un ensemble de ressources sur le site internet est en train d’être mis en place en parallèle. Ces ressources,encore en cours d’élaboration, ont pour objectif de permettre aux enseignants d’accéder à une informationqualifiée avec des fiches thématiques sur des notions clés du monde animal, afin de leur donner des idéesd’activités en classe ou de travailler à un programme pédagogique, comme un atelier.

Il est important de signaler que cette année, le parc a obtenu la validation de son programme pédagogique àdestination du public scolaire par l’inspection académique des départements 64 et 65. Notre catalogue est donc publié sur les deux sites en tant que prestataire culturel. Avoir notre programme validé par l’inspection académique permet d’être reconnu à l’Education Nationale et derelayer l’information aux enseignants. Les enseignants sont une cible particulière, avec un côté assez fermé, etsans porte d’entrée ou base de données particulière, il est difficile de communiquer avec eux, ou de lesinformer des nouveautés.

Avoir des entrées à l’inspection académique, ouvre la porte au relais d’information et à la validation des outils.Cette validation constitue une jolie reconnaissance, si l’on considère que c’est seulement la deuxième annéeque le programme est mis en place.

La prochaine étape sera de faire valider toutes les ressources en ligne par les inspections académiques.

Nous avons également un nouveau challenge : la mise en place d’une application interactive est en coursd’élaboration, en parallèle, pour un fonctionnement probablement à la saison prochaine.

L’application du Parc, servira de guide personnel aux publics scolaires et au grand public et comportera deuxvolets. D’abord, un livre personnel pour la visite qui permettra d’être autonome, d’avoir accès à des ressourcespédagogiques, puis un côté plus « challenge » avec des jeux et des classements.

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De manière plus détaillée, la 1ère partie constituera la préparation de sa visite, dimension qui existe déjà enimprimés, avec les horaires d’ouverture, le plan, et diverses informations. La nouveauté sera la visiteinteractive. Pour les scolaires, le matériel serait fourni et l’offre gratuite. Pour le grand public, le téléchargementserait nécessaire sur tablette ou smartphone, et nous arriverons sur une page d’accueil où se trouve un planinteractif du parc. À terme, le plan géo-localisé ouvrira les fiches d’information au fil du déplacement dans leparc, mais pour le moment celui-ci est cliquable, et conduit à une page comportant les fiches animales etd’autres ressources.

La seconde partie outre le plan interactif, sera constituée d’un ensemble de ressources destinées auxenseignants/visiteurs afin qu’ils puissent bénéficier d’explications de fichiers multimédia, de vidéos,d’anecdotes et de petites histoires sur les animaux, ainsi que des petits jeux avec des scores qui permettentd’être classé. Le but est également de récupérer une base de données de visiteurs inscrits aux jeux concours del’année avec un prix à l’appui, en l’occurrence une nuit à la cabane de trappeur du parc.

La visite interactive personnalisée permet l’autonomie dès l’entrée sur le site, elle est facile et intuitive avec desfiches, du multimédia, des anecdotes et des outils personnalisés.L’intérêt pour le parc sera d’abord de faire un ciblage scolaire et grand public, puis d’avoir un seul et même outilpour les deux, enfin d’avoir aussi une base de données de visiteurs par les inscriptions aux jeux et par cela fairede la fidélisation par newsletter ou envoi des nouveautés. On aura même dans les jeux une section où levisiteur peut publier des photos sur les réseaux sociaux, avec évidemment un intérêt publicitaire pour le parc,internet étant un outil rapide et bénéfique de relais d’information.

L’enjeu principal de la pédagogie est la sensibilisation, nous avons là beaucoup de contenus qui vont pouvoirêtre transmis.

Côté public, la visite interactive permet l’autonomie, le divertissement par la pédagogie, la démarche premièrerestant une sortie ludique, une promenade-détente sans discours moralisateur. Le but est de sensibiliser,d’attirer l’attention et de faire réfléchir. Les outils mis en place sont là pour nous y aider. Le visiteur n’est plusspectateur mais acteur. Au-delà de cette application, nous avons également pensé à moyen terme, à mettre en place un concoursinter-écoles dans les années à venir sur une thématique choisie soit par la réalisation d’un carnet pédagogique,soit par la réalisation d’une petite exposition. Il s’agirait de faire travailler plusieurs écoles en les invitant auparc dans le cadre de programmes pédagogiques annuels.

Pour la partie ressources pédagogiques en ligne elle est encore à finaliser. Concernant les animations actuelles,les soigneurs sont présents, et nous avons des projets pour cet été d’animations et d’interventions notammentsur les projets défendus par Pyrénées Conservation, notre fondation, comme par exemple la situation de l’oursdans les Pyrénées. Il faut mettre en place des journées thématisées, des jeux de piste pour les jeunes etrebondir sur l’actualité avec Halloween ou la chasse aux œufs de Pâques, ce qui n’existe pas encore.Pour le grand public, il faudrait mettre en place des expositions temporaires tous les mois, en faisant appel à laphoto et la vidéo pour sensibiliser et multiplier les voies.

D’autres objectifs peuvent être d’augmenter la fréquentation hors saison pour les publics scolaires quihabituellement visitent en juin et donc d’espacer ces visites un peu plus ayant en vue une meilleure qualité deservice.

Actuellement, le mois de juin n’est pas le plus judicieux pour les visites et le but serait de mieux utiliser lasaison, pendant l’année scolaire, pour éviter cette affluence en juin. Il faut également pérenniser l’offre enapprofondissant les interventions et continuer à faire valider toutes les ressources par l’académie.

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Problématiques et leviers d’une offre dédiée aux scolaires

L’organisation des interventions en classe constitue le premier point qu’il est nécessaire de développer, avec unservice dédié et des ressources. Préparer un atelier demande beaucoup de temps, de recherches sur lesanimaux, beaucoup de créations et évidemment le financement qui va avec. Il faut également un espace et desoutils à présenter pour avoir du poids auprès des enfants et enseignants. Le deuxième point à améliorer est leproblème de l’image récréative. On dépasse là l’aspect ludique que peut avoir la sortie de fin d’année au zoo, etles enseignants sont parfois encore peu conciliants. C’est ce que nous tentons de faire comprendre auxenseignants depuis 2014. La visite au zoo est une réelle démarche pédagogique. Un parc, un zoo est un lieuouvert sur la nature, qui offre une multitude d’activités, et pas seulement une sortie ludique. Il a pour intérêtde sensibiliser les jeunes, qui plus tard, suivront cette démarche pédagogique beaucoup plus facilement. Letroisième problème est la communication avec les enseignants, public difficile à toucher s’il manque le relaisd’information. C’est pour cette raison qu’il est toujours mieux d’avoir nos programmes validés par l’EducationNationale.

Au niveau des effets de leviers, une validation des programmes à destination des scolaires par l’EducationNationale est une bonne chose pour bénéficier d’une reconnaissance officielle auprès des établissementsscolaires. Offrir un maximum de contenus personnalisés pour les enseignants afin de préparer la visite oupouvoir réaliser du travail de retour en classe est également un élément apprécié de la part des enseignants.S’adapter aux besoins des enseignants, ceux des élèves et de multiplier les outils : les panneaux pour ceux quipréfèrent lire, les tablettes pour les accros du multimédia et les soigneurs pour ceux qui aiment le contact, estégalement un levier pour réussir.Multiplier les outils c’est multiplier les chances de faire passer correctement le message. Enfin, il est essentiel,après avoir mis une nouveauté en place, de se questionner, d’analyser les retours, d’analyser les points devigilance, et de s’adapter. Les mots d’ordre sont l’adaptation et la personnalisation. Il faut toujours se remettreen question, ne jamais rester sur ses acquis et s’adapter continuellement aux attentes spécifiques des scolairespour proposer une offre toujours plus adaptée et efficiente.

ConclusionEn conclusion, il est possible de rappeler les points importants pour une pédagogique adaptée, cohérente etefficace auprès des différents types de publics :

• La motivation et l’adaptation au public sont la 1ère des clés pour réussir. Il est essentiel demultiplier les outils, la recherche et l’innovation. Sans innovation, il n’y a pas d’avancée et ilfaut toujours essayer de se différencier en proposant de nouvelles choses.

• La différence entre moralisation et sensibilisation est un point essentiel dans notre métier,le but n’étant pas de juger, de dire ce qui est bien ou non mais de sensibiliser, detransmettre le message d’une manière cohérente, d’éveiller les conscience en laissant levisiteur libre de sa pensée et de ses choix. Nous devons essayer de faire comprendre,d’influencer les comportements, d’alerter, mais en aucun cas juger ou condamner.

• Des programmes pédagogiques dédiés aux jeunes qui seront le meilleur relai dans lesannées à venir. Ces programmes pouvant passer par des multitudes de supports et formatscomme des ateliers, des séances de contes, des carnets d’activités, des interventions enclasse, des manifestations spécifiques etc …

• Au-delà des programmes pédagogiques mis en place, le travail des soigneurs-animaliers etresponsables de secteur est également très important parce que, directement en contact,au quotidien, avec le public, leurs discours et leurs messages sont essentiels en tant quepersonnes référentes auprès des visiteurs. Ils sont le meilleur relai d’information, les 1ers àsensibiliser, à prendre le temps d’expliquer et de partager leur passion, leurs connaissances.

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Patricia est arrivée dans le milieu des parcs zoologiques assez tardivement, puisque qu’elleavait déjà 37 ans. Avant cela, elle a travaillé comme technicien qualité et responsable decommunication dans l’industrie automobile et a passé un diplôme de gérantd’équipements de loisirs (camping, village vacances…). Puis, elle a commencé commeassociée dans la SARL du Zoo de Padirac où elle a travaillé aux différents postes : soigneur-animalier et caisse. Puis, avec un associé, j’ai décidé de créer ma propre structure et elle apassé un 1er certificat de capacité en 1999. Ils ont à eux deux remis en état et enfonctionnement le Zoo de Mervent en Vendée et en a été la gérante et la capacitaire

pendant 7 ans. Puis, ils ont revendu à Sébastien Laurent, directeur du Zoo de la Boissière-du-Doré et le parc apris depuis le nom de Natur’zoo de Mervent. Pendant les 5 ans qui ont suivi, elle a fait plusieurs missionsd’écovolontariat à l’étranger. Puis elle a travaillé comme capacitaire sur l’île-de-Ré au parc ornithologiqueAmazonia et a également organisé un colloque et un voyage aux Pays-Bas pour la SNDPZ, association de parcszoologiques aujourd’hui disparue. En 2012, elle a été embauchée comme capacitaire pour le Zoo de Labennedans les Landes.

Missions, organisation, financementToutes les associations et ONG ont pour vocation de prendre en charge des animaux qu’on leur confie et defaire de la réhabilitation. Il s’agit de récupérer des animaux, d’essayer de les re-sociabiliser, de les rendre aptesà la vie sauvage et de les réintroduire dans leur milieu naturel. Certaines associations acceptent tous lesanimaux et certaines, seulement les animaux qu’elles souhaitent réellement réintroduire. Cette réintroductionest parfois rendue difficile par la difficulté à trouver des sites protégés et des zones de relâchers dans le paysd’origine. Beaucoup d’animaux finiront leur vie dans le centre d’accueil.

Les animaux proviennent de saisies par les autorités locales (police, brigade de protection de la faune sauvage)ou de dons particuliers d’animaux détenus ou abandonnés.

Les centres d’accueil sont souvent créés et dirigés par des européens, vétérinaires, curateurs de parcszoologiques, biologistes ou chercheurs. Ils sont financés sur place par le gouvernement qui les héberge ou pardes donations locales ou internationales. Pour certains, la participation financière des éco-volontaires entrepour une grande part dans le financement et celle-ci peut être assez élevée.

Certaines d’entre elles sont ouvertes au public et demandent même un droit d’entrée aux visiteurs, libre oupas. Le personnel lui, est local, il s’agit de soigneurs, vétérinaires, personnel technique, cuisinières... Lessoigneurs sont la plupart du temps non-qualifiés et formés par les dirigeants.

Sélection des éco-volontaires, origine, missions Les centres sont plus ou moins exigeants dans la sélection des éco-volontaires. Certains acceptent tout lemonde, quel que soit l’âge, le parcours professionnel et l’expérience auprès des animaux.

D’autres centres sont plus exigeants et demandent une ou deux lettres de recommandation, un CV montrantune expérience auprès de la faune sauvage, en particulier avec les primates et même parfois un courrier deréférence de « bon équilibre mental » du volontaire.

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6. Être soigneur-animalier en éco-volontariat

Certains refusent toute personne venant du milieu des parcs zoologiques, ou du spectacle avec des animaux.Ce sont des centres assez militants qui ont une vision assez négative des zoos européens. Certains exigent une durée minimum de séjour allant d’une semaine à six mois, surtout dans le cas deparrainage de bébés animaux comme les chimpanzés.

Tous les centres exigent une bonne maîtrise de l’anglais, sauf dans les pays francophones, bien que l’anglais soitsouvent nécessaire pour communiquer avec les autres volontaires ou de l’espagnol en Amérique du sud. Il fautaussi être en bonne condition physique, ne pas craindre la chaleur, avoir l’esprit tolérant et ouvert aux autres,savoir travailler en équipe, être polyvalent et autonome.

De plus, les centres demandent la vaccination contre un nombre de maladies comme la diphtérie, le tétanos, lapoliomyélite, la fièvre jaune, l’hépatite A, l’hépatite B et la tuberculose. Ceci est particulièrement importantpour travailler avec des primates.

Profil des éco-volontaires Les éco-volontaires ont en général entre 20 et 30 ans. Ce sont des soigneurs-animaliers, des amoureux de lanature et des animaux, des « écolos », ou des étudiants attirés par une expérience originale. On trouve aussides vétérinaires, des biologistes venus vivre une expérience de terrain. Ils sont souvent hollandais, anglais,américains, australiens, venant de pays où il est plus facile qu’en France de prendre un ou deux ans de congé etde faire des missions ou simplement une parenthèse dans sa vie professionnelle.

Les autres pays européens dont la France, sont assez peu représentés à part dans les pays francophones. Lesfrançais sont souvent freinés par leur mauvaise maîtrise de l’anglais et le coût élevé des donations obligatoiresaux centres. Ils sont aussi moins familiers avec la notion d’éco-volontariat que les anglo-saxons ou leshollandais.

Les éco-volontaires sont plus ou moins nombreux selon les centres. Ils participent plus ou moins au travailjournalier, seuls ou accompagnés par les soigneurs locaux. Il peut s’agir d’un travail de soigneur classique :entretien des enclos, volières et loges, préparation et distribution des rations, petits travaux d’entretien, maisaussi observations sur le terrain comme le suivi d’un groupe de primates dans la forêt tropicale ou la protectionet le comptage des tortues de mer. Ils peuvent également prendre en charge de très jeunes animaux commedevenir parents de remplacement pour de jeunes chimpanzés.

Conditions de vie et de travail. Qualités requises, coûts. Les conditions de vie sur place sont plus ou moins difficiles. Parfois, les éco-volontaires disposent d’unechambre individuelle dans un bungalow, avec salle de bain individuelle ou collective. Parfois, le logementconsiste en une case en forêt ou un dortoir à partager avec plusieurs personnes dans des conditions d’hygiènerudimentaires, avec, par exemple, des coupures d’eau et d’électricité fréquentes. Les repas sont préparés par du personnel local mais les volontaires peuvent être sollicités ainsi que pour lestravaux ménagers.

Les horaires dépendent souvent des conditions de vie locales. Dans les pays tropicaux, la journée commencetôt, à 6h00 ou 6h30, à l’heure où le jour se lève et finit à 17h00 ou 18h00, à l’heure où la nuit tombe. Lespauses-déjeuners sont plus ou moins longues selon la température.

Dans les pays musulmans, le jour de congé hebdomadaire est le vendredi non le dimanche. La plupart desvolontaires ont un ou deux jours de congé par roulement. Pendant son congé, le volontaire peut disposer deson temps pour visiter le pays ou participer à des sorties organisées par le centre.

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Pour être un bon éco-volontaire, il faut d’abord être en bonne condition physique et ne pas craindre lesconditions météorologiques extrêmes et les écarts de température. Le travail est souvent pénible avec unoutillage rudimentaire et les horaires chargés et décalés. C’est pour cela que l’éco-volontaire doit avoir uncaractère ouvert, tolérant et souple pour s’adapter à la promiscuité des conditions de vie, aux différents modesde vie, âges et caractères des autres volontaires et des populations locales.

Les frais engagés dans une mission d’éco-volontariat comprennent :- la donation obligatoire qui varie beaucoup d’un centre à l’autre, étant souvent dégressive en fonction de ladurée du séjour. Certains centres offrent même la gratuité avec logement et repas offerts à condition de restersix mois. - les frais liés au transport : train, avion, hôtel en France, passeport, taxi et déplacements sur place.- les frais liés au séjour comme le visa et son renouvellement, une assurance rapatriement et les frais médicaux(souvent compris dans le contrat de carte bancaire), les vaccins et traitement contre le paludisme (Malarone,Lariam, Toxiciline) qui ne sont souvent pas remboursés et enfin les frais personnels comme la nourriture et lessorties.

Présentation de quelques associations

1) Refuge DECAN à Djibouti (2008) Durée du séjour 2.5 mois Ce refuge s’étend sur presque 30hectares sur la côte près de Djibouti-ville,à proximité de la frontière avec laSomalie. Il s’agit d’un tout petit pays quiest entre la Somalie, l'Érythrée etl'Éthiopie où l’on trouve une très forteprésence de l’armée française etaméricaine, le Yémen et la Somalie étanttout proches. Les animaux qui leur sont confiés(tortues, gazelles, guépards) le sont pardes particuliers, surtout militaires etlégionnaires et recueillis suite à dessaisies policières. Certains animauxblessés transitent également par lerefuge avant de retrouver la libertécomme les rapaces, mangoustes, porcs-épics. De nombreux animaux sauvagesvivent libres dans ce refuge : oiseaux,écureuils terrestres, lièvres, caracals. Ilfaut savoir que certains légionnairesgardent, par tradition, des animauxsauvages chez eux.

Le terrain est prêté par le Ministère del’Environnement et le centre est géré parle Docteur vétérinaire français BertrandLafrance, réserviste militaire.

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Le fonctionnement du centre est financé par des dons et des subventions, ainsi que par des droits de visite dupublic trois jours par semaine, surtout des familles des militaires et des écoles. Le personnel permanent est composé de cinq gardiens locaux dont le travail consiste à assurer la surveillanceet la sécurité du centre.Les soins aux animaux et les travaux d’aménagement du centre sont réalisés uniquement par une équipe debénévoles composée presque exclusivement de militaires français et américains et de leurs épouses. C’estpourquoi le centre ne recevait dans le passé que peu d’éco-volontaires.

Les horaires sont définis par la disponibilité des militaires, en général 8h30-12h30 et 15h-18h avec une longuepause à midi en raison de la chaleur. Le jour de repos est le vendredi comme dans tous les pays musulmans. Dans ce centre, le travail est très varié car, étant ouvert au public, il faut en plus de s’occuper des animaux, tenirla caisse et la boutique, accompagner des visites guidées pour les écoles et les groupes, en français et anglais etparticiper à de nombreux petits travaux de construction sur le site.

Le centre ne demande pas de donation, il faut financer et préparer soi-même ses repas et le logement estgratuit au cabinet vétérinaire et au centre.

On pourra citer comme points positifs, la grande indépendance des volontaires dans le travail, par exemple laparticipation en quasi autonomie à la mise en contact d’un couple de guépards ou la gestion du centre et desvisites. Les autres avantages sont le coût raisonnable de la mission, le dépaysement total dans ce pays vide detouristes, le français comme langue parlée et le contact avec les populations qui fut très positif. Les points plus négatifs sont l’extrême chaleur car il s’agit d’un des pays les plus chauds d’Afrique, avec destempératures montant à plus de 50°C l’été, mais aussi une ambiance un peu pesante à la vue des différencescriantes de train de vie entre militaires occidentaux et populations locales, et la vie et chère si on souhaiteacheter des produits européens.

En conclusion, cette association, soutenue par le ZooParc de Beauval a beaucoup évolué depuis 2008. Elleprésente désormais plus d’espèces dont des ânes de Somalie, des zèbres, des oryx, des autruches, des félins.Elle s’est aussi agrandie vers la mangrove et reçoit plus d’éco-volontaires.

Contact : [email protected]: http://decandjibouti.org

2) Limbe Wild life Rescue centre au Cameroun (2008) Durée du séjour : 3 mois

Ce centre est situé sur la côte camerounaise, en Afrique noire, dans la partie Anglophone du pays. Il n’est pastrès grand et compte seulement quelques hectares près de la ville de Limbe. Il est spécialisé dans les primates comme les cercopithèques, un grand groupe de drills, mandrills, babouins,chimpanzés, gorilles et quelques oiseaux, reptiles et mammifères. Il s’agit d’animaux confisqués par lesautorités locales à des particuliers ou abandonnés. Dans ce pays, on trouve un important braconnage pour laviande de brousse et de nombreux jeunes animaux se trouvent abandonnés. Le problème au Cameroun estque le pays en en proie au braconnage et en conséquence, on ne peut relâcher ces animaux dans la nature.Beaucoup finiront leurs jours au centre.

Le centre est dirigé par des européens volontaires de longue durée comme des vétérinaires, des curateurs deparcs zoologiques et des biologistes. Il emploie 37 salariés qui sont tous camerounais et qui occupent les postesde soigneurs, vétérinaires, cuisiniers, équipe technique.

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Le centre est financé par des dons et dessubventions gouvernementales, lesdonations des éco-volontaires et lesentrées payantes (car celui-ci est ouverttous les jours au public) surtout desécoles.

Ce centre est celui qui demande le plusde références comme une expériencepréalable en éco-volontariat en Afrique,deux lettres de recommandationprouvant une expérience professionnelleavec les primates, une lettre de « bonnesanté mentale » et une période d’essaide deux semaines non remboursée encas de renvoi. Les éco-volontaires sontdonc des professionnels, commebeaucoup de soigneurs et vétérinairesdu zoo de Rotterdam par exemple.

Le logement se fait dans la maison desvolontaires en chambre individuelle à dixminutes à pied du centre. Les horairessont réguliers, cinq jours de travail parsemaine de 8h à 17h30, avec congé lesamedi et le dimanche.

Les volontaires travaillent de concertavec les soigneurs locaux, les premiersjours en cuisine à cause de laquarantaine, on ne peut pas être encontact avec les primates. Ensuite, oneffectue une rotation sur les différentssecteurs du parc avec les différentsprimates et à l’infirmerie et la zone de quarantaine. Le travail consiste, le matin, en la préparation et ladistribution des rations, et le nettoyage des loges. L’après-midi, on peut préparer des enrichissements,redistribuer des rations et observer les animaux. On peut aussi partir en brousse chercher des végétaux.

La section quarantaine est très protégée avec le passage dans des pédiluves, le changement de vêtements etde gants, le port de masques. Là, on prend soin d’animaux en quarantaine ou malades mais aussi de bébésanimaux élevés au biberon ou séparés des adultes. On y trouve également l’infirmerie où travaille unvétérinaire camerounais assisté par des vétérinaires volontaires étrangers. La donation est de 650 € par mois,elle comprend le logement et le repas du midi.

Les points positifs comprennent les horaires et les deux jours de congé réguliers pour pouvoir organiser dessorties, le logement idéal avec chambre individuelle, la vie bon marché sur place à condition d’acheter « local ».On pourra aussi citer le contact avec les singes, avec la possibilité de s’occuper de bébés primates, comme lesgorilles. S’occuper d’un bébé gorille est assez contraignant car il faut le garder constamment sur soi et leréintroduire progressivement auprès d’une mère qui l’acceptera. De plus, le pays est stable politiquement et lapopulation très sympathique.

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En points négatifs, on pourrait citer la sélection des éco-volontaires assez exigeante, le climat très chaud ethumide, le coût élevé de la donation et des restaurants fréquentés par les étrangers. Le travail est parfois aussipénible sur certains secteurs.

Contact : [email protected] : http://www.limbewildlife.org

3) Wildlife Friends Foundation en Thailande (2009) Durée du séjour : 3 mois

Ce centre est situé à proximité de la ville deCha-Ham, sur la côte est de la pointe de laThaïlande dans un endroit non touristique. Ilabrite un très grand nombre d’espèces et estdivisé en deux parties, l’une pour une faunediverse et l’autre pour les éléphants. La faunediverse comprend des calaos, des rapaces, dessinges, des loutres, des ours, des reptiles, desfélins, des civettes et des tigres.

Les animaux recueillis ont souvent étémaltraités par leurs maîtres et sontabandonnés au centre ou temple voisin. Il fautsavoir qu’en Thaïlande, beaucoup d’animauxsont abandonnés dans les temples où lesmoines sont supposés les recueillir. Ils peuventaussi provenir de saisies. Il faut savoir qu’enThaïlande, les animaux sauvages sont parfoisutilisés pour distraire les touristes (photosavec des animaux, promenade à dosd’éléphants) comme animaux de compagnieou en présentation dans des zoos de mauvaisequalité. Le centre récupère aussi de nombreuxours venant de « fermes à bile ». Il s’agit d’unepratique courante en Thaïlande où l’on prélèvela bile des ours par une sonde qui descenddans leur vésicule, afin de fabriquer desmédicaments pour le marché chinois. Cesanimaux sont gardés toute leur vie dans unepetite cage dans des conditions abominables.

Le centre a été créé par un industrielhollandais passionné d’animaux et le terrain appartient au temple bouddhiste voisin. Il est financé par desdonations locales et internationales, des subventions et les donations des éco-volontaires, très nombreux dansce centre. Le centre est ouvert au public sur réservation avec un droit d’entrée laissé à l’appréciation desvisiteurs.

Le cabinet vétérinaire est dirigé par un vétérinaire thaïlandais assisté de volontaires étrangers. Les soigneurs thaïlandais sont chargés des gros travaux de nettoyage et d’entretien du centre.

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Les soins aux animaux sont confiés aux seuls volontaires selon un planning très précis. Il s’agit de la préparationet distribution des repas, l’entretien des enclos, des bassins et des loges, et les enrichissements.

Dans le secteur « éléphants », le travail consiste à nourrir les animaux, nettoyer leur enclos et les accompagnerdans leur balade journalière dans la jungle, à se baigner avec eux, à partir dans la campagne pour couper desplants d’ananas et de maïs.

Les logements sont composés de bungalows avec salles de bains abritant de deux à quatre volontaires et lesrepas sont préparés par le personnel local.

Il n’y a pas d’exigence particulière pour y être admis sauf d’avoir 18 ans et d’aimer les animaux. Il vaut mieux nepas dire qu’on travaille dans un parc zoologique, parce que ceux-ci ont mauvaise réputation.

Les horaires varient selon les jours et les secteurs mais le travail se fait sur six jours par semaine de 6h30-12h etde 14h-16h30. La donation s’élève à 1750€ pour 12 semaines mais est dégressive selon la durée, comprenant repas etlogement.

Les points positifs sont les repas corrects et variés, la bonne organisation, les sorties organisées par le centre,le travail avec les éléphants, tout ça dans un pays sécurisé où les gens sont accueillants. Les points négatifs seraient le trop grand nombre de volontaires, jusqu’à 45, souvent très jeunes et peumotivés. De plus, une très bonne maîtrise de l’anglais est nécessaire pour bien comprendre les nombreusesconsignes.

Contact : [email protected] : http://www.wfft.org

4) Programme Huro, Inde (2010) Durée du séjour : 2 mois

Cette association a été créée par FlorianMagne, un jeune français qui, influencépar l’association Kalaweit qui défend lesgibbons à Bornéo et à Sumatra, décide decréer un centre de réhabilitation pour lesgibbons Houlock de l’ouest, une espèce degibbon extrêmement menacée.

Le centre est situé en Inde du nord-est,dans les Garo Hills. Le terrain de la stationde réhabilitation (Silsotchigre WildlifeRescue Center) appartient au village voisinet les bureaux et les quarantaines sont àTura, la ville voisine, à une heure et demiede route dans les locaux de la BrigadeIndienne de Protection de la Faunesauvage.

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Ce centre est spécialisé dans la réhabilitation du gibbon Houlock de l’ouest mais abrite également, enpermanence ou en attente de réintroduction, quelques autres espèces confiées par les autorités localescomme des civettes, macaques, chats du Bengale, ours.

Le programme est financé uniquement par des donations, principalement de parcs zoologiques européens et lepersonnel est composé d’un vétérinaire indien et de cinq ou six soigneurs, tous indiens. Ce centre soutient également financièrement l’école locale en payant le salaire de plusieurs institutrices et enachetant les fournitures scolaires.

Le centre accepte peu d’éco-volontaires car les possibilités de logement sont limitées et les exigencesd’admission comportent uniquement les vaccins et l’absence de certaines maladies chez les volontaires commel’herpès, qui peut être mortel pour les gibbons.

Le travail du volontaire consiste à mettre en place un programme d’enrichissement pour l’ensemble desanimaux, à réfléchir avec le gérant à la conception de volières de réhabilitation et à participer à la saisied’animaux dans les villages de la région, encadrée par la police locale. Le coût de la donation obligatoire estassez bas, de 250€ par mois comprenant le logement et les repas.

Les points positifs comprennent le contact avec un vrai passionné, le gérant du parc, dans une régionchrétienne de l’Inde peu connue où les gens sont accueillants et chaleureux, les missions de « rescue » sur leterrain, le coût bon marché de la donation et de la vie sur place.

Les points négatifs sont l’instabilité de la région avec une forte présence de l’armée à cause de guerres tribales,les conditions de logement parfois spartiates, le manque d’horaires et de congés fixes et le froid pendant lanuit, le centre étant en montagne. Il faut aussi éviter la période de mousson où la pluie est quasi permanente.

Contact : [email protected] : http://www.association-svaa.com

La réhabilitation et la réintroduction des gibbons : un travail long et difficile La réhabilitation et réintroduction de gibbons est un travail de longue haleine, rendu plus difficile encore par lefait que les gibbons sont des singes monogames.

Les étapes : D’abord, on récupère les animaux par saisie, don ou « rescue », puis ils sont mis en quarantaine dans deslocaux dédiés pendant plusieurs mois. Durant cette période, les gibbons sont soumis à des prises de sang, à descoprologies pour déterminer leur état de santé et à une évaluation de leur état psychique.

Les animaux sains sont ensuite emmenés à la station de réhabilitation et installés dans de vastes volières oùprogressivement, les contacts avec les humains seront espacés. Durant cette période, les gibbons devrontréapprendre des comportements naturels indispensables à leur survie, comme l’alimentation, le déplacement,la vie de couple ou les chants.

En parallèle, les gibbons font connaissance à distance et des couples potentiels commencent à se distinguer.Les animaux compatibles sont mis progressivement en contact puis placés ensemble dans une même volière.

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Une zone de relâche est recherchée dans un parc national voisin et des volontaires biologistes vont l’étudier. Ilfaut analyser les ressources alimentaires potentielles et s’assurer qu’aucun couple de gibbons n’occupe déjà leterritoire.

Une fois la zone déterminée, il reste à la sécuriser en embauchant des gardes pour éloigner les braconniers. Lorsqu’on relâche le couple de gibbons, on assure une surveillance permanente pendant plusieurs mois.

Quelques adresses d’associations Pièges à éviter : Il faut veiller à ne pas confondre éco-tourisme et éco-volontariat. De nombreux centres proposent des séjoursdurant lesquels on participe peu aux tâches du centre et qui tiennent plus du tourisme écologique, avec desconditions luxueuses et des prix élevés. Certaines associations proposent aussi leur aide, pas toujours utile, pour les démarches d’éco-volontariat,moyennant finance, comme Cybelle Planète. Quand c’est possible, il vaut mieux s’adresser aux associationsdirectement.

Liste des centres et associations à suivre :

En Afrique :

- PASA (Pan African Sanctuary Alliance) : réseau de sanctuaires de faune sauvage spécialisés primates, dans toute l’AfriqueContact : [email protected] : http://www.pasaprimates.org

- SANWILD : tout type d’animauxContact : [email protected] : http://www.sanwild.org

- HELP CONGO : primates, surtout chimpanzésContact : [email protected] : http://www.help-primates.org

- IDA AFRICA : chimpanzésContact : [email protected] OU [email protected] : http://www.ida-africa.org

- LOLA YA BONOBO: bonobos Contact : [email protected] OU [email protected] : http://www.lolayabonobo.org

- WAPCA (West African Primate Conservation Action) : cercopithèques Contact : [email protected] : http://www.wapca.org

- APE ACTION AFRICA : Chimpanzés, gorilles et autres singes Contact : [email protected] : http://www.apeactionafrica.org

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En Amérique du Sud :

- HACIENDA JAMBELI (Equateur) : tous types d’animaux Contact : [email protected] : http://www.fundacionjambeli.org

- IKAMA PEROU (Pérou) : primates Contact : [email protected] : http://www.ikamaperu.org

- ITIWARAYASSI (Bolivie) : tous types d’animaux Contact : [email protected] : http://www.intiwarayassi.org

En Asie :

- KINABATANGAN ORANGUTAN CONSERVATION PROJECT (Bornéo):orangs-outansContact: [email protected] : http://www.orangutan.org

- KALAWEIT (Bornéo): gibbons Contact : [email protected] : http://kalaweit.org

- PHNOM TAMAO WILDLIFE SANCTUARY (Cambodge) : tous types d’animaux Contact : [email protected] : http://www.phnomtamaotours.com

- ENDANGERED PRIMATE RESCUE CENTER (Viet-nam) : primates Site : http://www.primatecenter.org

- TASIKOKI WILDLIFE RESCUE CENTRE (Indonésie, Sulawesi) : Tous types d’animaux Site : http://www.tasikoki.org

- L’association CIBELLE PLANETE propose de nombreuses destinations sur la Thaïlande pour travailler avec les éléphants, les tortues marines, les primates et autres.

Le site http://www.grands-singes.com donne de nombreuses coordonnées d’associations spécialisées dans les primatespartout dans le monde.

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Passionné par la faune européenne, Anthony Kohler est responsable-adjoint auDomaine des Grottes de Han (Belgique), connu pour son engagement depuisplus de 10 dans la conservation. Il est aussi Vice-Président de l'association FERUS dont il est aussi lecoordonnateur « lynx ». Un de ses objectifs est de ne pas laisser s'éteindre lapopulation de lynx dans les Vosges. Il a intégré le groupe transalpin du WWF surla gestion des grands prédateurs. Investit dans la sensibilisation, il donnerégulièrement des conférences en France et en Belgique sur le retour du loup et du lynx. Il a déjà réalisé desprésentations pour l'AFSA sur ces espèces.

«Vous savez quand on en a discuté avec Pascal pour savoir quel sujet on pourrait présenter je me suis dit, tienson va essayer de changer un peu des grands prédateurs,  et on va parler de quelque chose qui me tient aussi àcœur, la faune européenne et comment finalement on peut expliquer qu'aujourd'hui elle est peu présente dansles parcs. Avant d'aborder vraiment le sujet, je vais quand même me présenter et présenter aussi les deuxstructures pour lesquelles je suis là aujourd'hui, puisque j'ai été là plusieurs fois pour l'association FERUS et c'estla première fois que je suis là pour parler des Grottes de Han.»

FERUS, est la première association nationale de la conservation des grands prédateurs en France avec unhéritage assez fort : l'héritage d’Artus, une association créée en 1983 qui a réalisé la réintroduction en 1996. Ilsont fusionné avec le groupe "Loup France" créé en 1993, ce qui a donné naissance à FERUS. Et quand ontravaille sur ces deux espèces, on se dit que finalement, les problématiques sont assez sensibles et il fautfusionner, travailler ensemble. Le troisième grand prédateur présent en France a été rajouté sur lequel il y avaitpeu de choses de réalisé. 

Alors FERUS est constitué en différents réseaux et groupes, il y en a un petit peu partout en France,principalement dans les zones à grands prédateurs bien entendu, l’objectif est de proposer aux gens desactivités autour de ces espèces. Il y a quelques actions phares, on a parlé d'éco-volontariat il y a quelques instants, un petit peu partout dans lemonde mais il y a aussi de l'éco-volontariat proche de chez vous avec des choses aussi intéressantes à faire.

- Le programme PastoraLoup qui a été créé en 1999 qui est un programme d'accompagnement des éleveurs,d'accompagnement des bergers en zone à loups où effectivement la problématique de prédation estimportante, cette problématique est difficile à vivre et donc on a des éco-volontaires qui vont aider sur lesparties nocturnes pour que le berger puisse aussi se reposer, pour pouvoir éviter les prédations. Dans le fond,ça marche plutôt bien, même si PastoraLoup évolue cette année avec une nouvelle formule puisqu'on s'estaperçu que la plupart des éleveurs que l'on aidait critiquait toujours les loups et exploitait, en fait, les éco-volontaires comme des salariés alors que l'objectif n'est pas là, il est vraiment de venir assister les éleveurs encas de gros problème de prédation.

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7. Quelle place pour la faune européenne en parc zoologique ?

- Il y a « Parole d’Ours » qui a lieu dans les Pyrénées qui est un programme où on va aller à la rencontre desPyrénéens, on va aller à la rencontre aussi des touristes pour parler de l'ours et finalement le rendre encoreplus présent sur cette chaîne, pour que les gens puissent se l'approprier puisqu'on verra qu'aujourd'hui une desgrandes problématiques, c'est l'appropriation de cette faune européenne. On va en parler juste après.

- On a aussi « Parole de Loup » qui va se lancer cette année qui est le même concept que Parole d'Ours oùl'objectif va être d'aller à la rencontre de la population des Alpes, pouvoir parler du loup.

- Il y a Api’Ours qui est un projet lancé déjà depuis 2 ans dans les Pyrénées, dans les Pyrénées centrales où onva mettre en valeur la biodiversité sur les territoires à ours en prenant bien entendu, vu le nom de laproblématique des abeilleset vu les problématiques actuelles dans les Pyrénées sur les abeilles, ce n’est pasinintéressant non plus comme projet pour le cas de l’ours.

- Et enfin, « Paroles de Lynx » qui serait effectivement la copie de « Paroles de Loup » et « Parole d'Ours » maisqui n'est pas encore lancé à cause du manque de subvention, ce sera plutôt l'an prochain...

Pour le Domaine des Grottes de Han, vousavez une vue aérienne  du site qui a presque200 ans d’existence, beaucoup plus en termede millions d'années pour la création desgrottes, c'est un lieu assez exceptionnel avecune cavité exceptionnelle qu'est cette grotte.

La grotte de Han, une des plus bellesd'Europe, autour de laquelle on a créé unécrin avec cette réserve d'animaux sauvagescréée en 1970  et qui s'étend sur 250 hectaresdans lequel on ne va présenter que desanimaux d'Europe.

Quelle est la place de la faune européenne dans les parcs zoologiques modernes?

On est tous d'accord, effectivement les parcs ont évolué depuis de nombreuses années, alors, qu'est-ce quel'on entend par parc zoologique moderne ?

On va aller au-delà du simple divertissement, on doit se détacher de ça et on doit apporter des missionsdifférentes :

- des missions de recherche : finalement comment on a su anesthésier un rhinocéros ? Il a bien fallu s'entraînerà un moment donné sur des animaux, on a pu faire des tests sur des animaux captifs. Comment les animaux secomportent ? On a pu observer des animaux en captivité, des animaux difficiles à observer en milieu naturel.Après, bien entendu, on prend en compte les différents biais mais ça nous a permis déjà, de mieuxappréhender la faune sauvage et ça nous permet d'en apprendre encore plus aujourd'hui.

– des missions pédagogiques, pédagogie qui se veut de masse, avec tous ces visiteurs qui vont venir enEurope pour voir des animaux et s’ils sortent d'un parc zoologique en se disant que la nature est belle, on arempli le contrat. C'est vraiment l'objectif et puis après on va rentrer sur quelque chose de plus qualitatif avecdifférents modes de visions, différentes actions pédagogiques pour pouvoir aller un peu plus loin.

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Alors pourquoi finalement, peu de faunes européennes dans les structures zoologiques actuelles? Il faut remonter à la jeunesse des parcs zoologiques, à la jeunesse aussi de notre rapport avec l'animal. Àl'époque, ce rapport à l'animal était assez différent d'aujourd'hui, tout simplement parce qu’on est fasciné parces animaux, on va devoir les observer puisqu'on est aussi dans un moment d'observation, de découverte de cequi nous entoure et on va apprendre de cette nature.

Comment savoir que telle ou telle plante est consommable? On va observer aussi ce que les animaux vontmanger. Comment chasser? On va observer comment le loup va pouvoir le faire, on va aussi se réapproprierleurs proies et dans ce rapport qu'on a à l'animal, on a un véritable rapport de respect, de vénération qui va seretrouver jusque sur les peintures des différentes grottes que l'on peut observer un petit peu partout dans lemonde.

On avait vraiment un rapport de respect et de vénération et quise retrouve encore dans les populations nomades aujourd'huiqui vont voir l'animal différemment, puisqu'on va rencontrerune fascination qui va exister, qui va évoluer puisqu’à unmoment donné, il va prendre conscience qu'il peut s'approprierla nature, qu'il peut décider du moment où il a plus besoin de sedéplacer, plus besoin de suivre cette nature, qu'il peut la mettreà disposition autour de lui. Puis on va voir une évolution dans cechangement de mode de vie, dans notre rapport à la nature et à

l'homme. Ce rapport à l'animal va évoluer, on va toujours être fasciné par lui mais tout en pensant à le faireévoluer pour le rendre facilement utilisable pour l'Homme.

Quand on a commencé à domestiquer les premiers bovins: onn'a pas attrapé les grands mâles, les plus agressifs, les plusimpressionnants, on a sélectionné des animaux plus petits. Ons'est fascinés à les faire reproduire pour maintenir ces animauxdomestiqués et cette fascination est toujours présenteaujourd'hui, lorsque l'on voit jusqu'où on peut aller dans lemonde domestique, dans la sélection des races. Je travaille enBelgique aujourd'hui, je peux vous assurer que la race BlancBleu Belge, en terme de sélection en bovine, c'est assezimpressionnant, il y a plus rien de naturel dedans, elles sontincapable de vêler toute seule.

C'est assez impressionnant, mais c'est une forme de fascination et cette fascination elle, a migré sur le besoinde détenir des animaux non plus seulement domestiques mais aussi détenir aussi du sauvage. Du sauvage pourplusieurs raisons, pour montrer la supériorité de l'Homme, on est supérieur à cette nature et donc on va devoirse l'approprier, certains ont le besoin de détenir des animaux chez eux ( on le voit encore aujourd'hui avec lenombre d'animaux domestiques que l'on peut avoir dans les maisons) mais certains vont avoir du sauvage puisvont les offrir, c'est le cadeau diplomatique assez régulièrement. Pour divertir et c'est là que vont apparaître lespremières ménageries.

Les premières ménageries vont apparaître à proximité de la Cour. C'était un privilège des grands seigneurs pouralimenter les arènes. Quand on avait des arènes de combat, il fallait bien enfermer les animaux quelque part etdonc les ménageries étaient des centres d'accueil des différentes arènes.

Au Moyen-âge, on va commencer vraiment à aller plus loin dans la découverte  de ce qui vit autour de nous etdécouvrir cet exotisme. 

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Et alors justement quelles espèces détenir ? Ce sont ces animaux exotiques, déjà parce qu'on avait les capacitésà les faire venir, on va pouvoir les attraper assez facilement puisqu'ils sont présents en grand nombre, c'estl'étalage du pouvoir, montrer qu'on a la capacité de faire venir des animaux de l'autre bout du monde et desanimaux qui sont souvent rares, le rare exotique. Et la faune européenne n'est pas rare à l'époque, elle estprésente en grand nombre. Pourquoi s'embêter à mettre des animaux que tout le monde voit, on ne voit pasl'intérêt tout le monde sait ce que c'est qu'un loup, tout le monde sait ce que c'est qu'un chevreuil ou un cerf.

Et puis on a pris connaissance de ces animaux donc on veut présenter des choses vraiment surprenantes puis lapassion et la découverte de nouvelles espèces. On se passionne pour découvrir des choses, on le fait toujoursaujourd'hui.

Puis on a été jusqu'à présenter aussi des civilisations différentes, on se souvient effectivement sur l'expositionuniverselle de 1880 à Paris, où l’on a aussi présenté des populations différentes (d’Afrique principalement) pourpouvoir les montrer  au public et attiser leur curiosité.

Alors tout ça, tout ce phénomène d'observation, de mise en valeur de la faune exotique va aussi, petit à petit,mettre en relation avec cette déconnexion avec notre nature proche, elle sera multifactorielle. Petit à petit, lafaune en Europe va commencer à être de plus en plus rare, on voyait moins souvent ces animaux, plus besoinde s'en occuper, pas besoin de savoir à quoi ils ressemblaient, la différence entre un cerf et un chevreuil: on envoyait quasiment jamais. Puis l'urbanisation à éloigner encore plus ces animaux bien entendu, on a pris leur territoire, on a commencé àélever notre niveau de vie, avoir des occupations autres, aller au cinéma, aller se baigner, à la piscine pourcertains, effectivement on va réfléchir à plein d'autres choses qui n'ont rien à voir avec la faune et la nature etpuis on va voir à un moment donné, cette idée que l'instant présent, là où on vit n'est pas l'idéal, on va essayerde chercher le bonheur ailleurs et s'évader. Dans ce besoin de s'évader aussi, on va avoir cette idée quefinalement ce qu'il y a autour de nous n'est pas assez bien, on va avoir un rapport à la nature lié à l'utilitarisme.

Il y a des animaux utiles, il y a des animaux nuisibles, alors ce qu'ils sont réellement c'est encore autre chosemais finalement beaucoup des animaux d'Europe vont être nuisibles parce qu'ils vont être vu comme un freinau développement.

Quand on va faire de l'élevage, le loup est un frein à l'élevage, il faut se débarrasser du loup : c'est un nuisible.On fait de l'élevage de volaille : le renard est un nuisible, il faut s'en débarrasser. On construit des chemins defer, il y a des blaireaux qui font des trous à côté: ce sont des nuisibles. Vous avez un cerf dans votre jardin quiest en train de manger vos betteraves, c'est un nuisible. Et bien tout ça va faire que l'on va avoir un rapportparticulier à cette faune avec des objectifs d'éradication qui vont courir jusque dans les années 1950-1960 enFrance pour un certain nombre d'espèces.

Petit à petit, on va avoir un basculement chez nous entre la connaissance des animaux que l'on va présenter,ces animaux exotiques rares annoncés comme exceptionnels, et puis ces animaux que l'on va plutôt direcomme des animaux nuisibles, des animaux dont on aimerait bien se débarrasser, effectivement dans lesannées 1980, à l'époque de la création de quelques parcs, on se rend compte que les gens connaissent plusfacilement les animaux exotiques que les animaux de chez nous.

On voit souvent peu d’intérêts pour la faune européenne et comme ces animaux ne sont finalement pas trèsintéressants, pourquoi les prendre dans les plans de collection puisqu'on a besoin de faire d'eux la légende etc'est vrai que nos structures zoologiques ont eu tendance et on encore à le faire, avoir des plans de collectionqui sont assez uniformes. Dans certaines structures zoologiques, on a l'impression de voir les mêmesprésentations, de voir les enclos pour telle ou telle espèce et parce qu'on a souvent communiqué que le rare,l'extraordinaire n'était pas en Europe depuis le début.

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Et donc nos parcs zoologiques, aujourd'hui le font encore, si vous voulez voir quelque chose d'extraordinaire,on peut faire venir du grand panda, on peut faire venir du panda roux ou d'autres espèces et finalement on vaaccentuer aussi cette idée que le beau est ailleurs. Puis, assez longtemps, il a été plus facile de s'approvisionneren Europe car finalement la faune européenne quand elle a commencé à diminuer, il a été assez difficile des'approvisionner en animaux rares, un peu rares, extraordinaires en Europe et donc on nous a dit qu'il fallaitaller les chercher ailleurs. On a eu la capacité de les chercher ailleurs, on a eu la capacité de le faire.

Après les années 1960, c'est un peu plus compliqué en Afrique avec la Convention de Washington, ça a permisd'enrayer un petit peu le pillage. Bien entendu à l'époque on n'a pas conscience que la nature peut s'épuiser,on a l'impression que ce sont des populations animales qui ne vont jamais s'épuiser, que l'on peut puiserlargement dedans et qu'on ne va rien faire de mal, je ne vais pas jeter la pierre bien entendu à ce qui s'estpassé autrefois. 

Des phénomènes de mode de présentation existe toujours, à un moment donné, c'était les plaines africaines,puis les pandas roux, ou encore les fourmiliers. Ils existent car à un moment donné les espèces qui étaientdifficiles à reproduire et qui étaient difficiles à présenter, ne vont plus l’être puis petit à petit tout le mondeveut réussir ce petit challenge de présenter cet animal annoncé  comme difficile et sur lequel, en fin decompte, il n'y a plus aucun challenge puisque effectivement vous allez avoir les mêmes enclos absolumentpartout,  les mêmes enclos à panda roux, les mêmes plaines africaines et finalement vous visiter les différentsparcs et vous avez vu la même chose.

Et ce phénomène va aussi continuer à accentuer l'inintérêt pour la faune autochtone, continuer de laisser lafaune européenne comme moins importante comparée à la faune exotique…

Petit à petit, les choses vont évoluer heureusement, puisque l'on va avoir un autre regard sur les parcs. Uneévolution du public quand ils viennent voir les parcs, pas la totalité, mais une partie du public commence àévoluer et commence à vouloir voir autre chose, commence à vouloir voir des enclos plus grands, ça a été unevraie révolution dans les années 1990 même un petit peu avant où on a commencé à se dire que finalement ilfallait faire des enclos qui ressemblaient à ce que les animaux pouvaient avoir dans leur milieu naturel. Fini lesgrandes cages, on va essayer d'aller vers quelque chose de plus naturel et puis présenter moins d'espècesfinalement.

Pendant bien longtemps on pouvait comparer un parc zoologique avec un musée où on vous empile unecollection d'animaux comme vous pouvez vous empiler une collection d'œuvres d'art, nous ne sommes pasdans une surenchère tout le temps d'œuvres d'art, on peut présenter des animaux dans de bonnes conditionset les montrer avec un maximum de comportement.

Et finalement avec des enclos plus grands par espèce et un habitat plus proche du lieu d'origine, on va avoir enparallèle le développement de la conservation, les conservations in-situ, les conservations ex-situ. En parlant deconservation in-situ, il y a les programmes d'élevages (EEP/ESB) dont on s'identifie un peu partout, notammentau niveau de l'EAZA. Sur la faune européenne, encore une fois on est un peu délaissés puisque tous lesprogrammes de conservation pour la faune européenne ne concernent que 8 % des programmes pour l'instant.

Et cette Europe a un côté très moralisateur avec des programmes d'éco-volontariat où on peut aller un peupartout dans le monde pour expliquer comment il faut faire pour protéger la faune, comment il faut faire pourprotéger les animaux, expliquer aux Africains qu'il faut vivre avec les éléphants, que ce n'est pas bien de lestuer, pas bien de tuer des lions mais à côté de ça, on a une parole assez paradoxale parce qu'on n'est pascapables de vivre avec nos propres prédateurs, on n'est pas capables de vivre avec notre ours sur les Pyrénéesou le loup sans avoir de problèmes.

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On n'arrive pas à vivre avec ces animaux, on va expliquer aux autres comment faire et heureusement on vaaussi avoir un autre regard, un regard d'intérêt sur notre faune, pas forcément détenue par les parcs mais il vaavoir une prise de conscience sur la fragilité de nos espèces, d'abord par des cercles assez restreints denaturalisme et l’Europe deviendra inquiète dans les années 1950-1960  où elle se rend compte que la natureest menacée. Il faut imaginer qu'après la Seconde Guerre mondiale, le cerf, le sanglier sont des animaux quisont peu présents chez nous. On va mettre en place des plans de chasse pour restaurer ces populations.

Petit à petit on va avoir une démocratisation légère de la conservation qui va commencer à partir des années1970 et qui va arriver jusqu’à nous, où cette année, une association de la nature a demandé à l'opinion de faireun sondage. Il y a 1088 personnes qui ont été sondées et on a quelques résultats intéressants, 66 % des personnesinterrogées estiment que la nature n'est pas assez présente là où ils habitent (il y a des gens qui ont justebesoin d'un pot de fleur, c'est le rapport à la nature, d'autres vont avoir besoin de choses beaucoup plusimportantes). Sur ces personnes interrogées, sur cette représentation de la population française, ils expliquent que là, il n'y apas assez de nature pour eux en tout cas là où ils vivent et qu'elle n'est pas assez présente globalement sur leterritoire, ça c'est 32 %. 83 % des personnes interrogées estiment qu'il est  préférable de préserver la nature quitte à freiner ledéveloppement économique et les transports dans leur région, ça ce sont des choses qui sont assez nouvelles,on estime qu'on a atteint aujourd'hui un niveau de modernité suffisante aujourd'hui pour pouvoir dire qu'onpeut un peu lever le pied et 15 % pensent le contraire forcément, et 12 % de ces personnes disent êtreengagées auprès d'un organisme ou d'une association agissant en faveur de la nature. 87 % ne le sont pas : ça veut dire qu'on n'a encore un travail à fournir pour aussi toucher ces 87 % et pourpouvoir les intéresser à aller au-delà.

Et ça c'est aussi notre travail à tous, au quotidien parce qu'on va pouvoir toucher ces 87 % de personnesquotidiennement, ceux-là vont venir dans des parcs, dans des jardins zoologiques, dans des parcs animaliers,pour voir cette nature et si on arrive à « planter des petites graines » chez eux, peut-être que ça permettrad'aller vers cette conservation parce que  finalement, on a commencé nous aussi à se dire que cette fauneeuropéenne, peut-être qu'elle pourrait être intéressante, que peut-être on pourrait aussi faire venir des gensen mettant des animaux européens.

Bien entendu il y a eu un regard différent des associations,des associations de protection de la nature qui ontcommencé vraiment à se développer.

On connait tous le WWF qui est le géant chez nous, l’ASPASqui est l'association de sauvegarde et de protection desanimaux sauvages, forcément FERUS. Ces associations ontvraiment commencé à se développer un peu plus, à pouvoirtravailler plus et certains ont compris très rapidement lepotentiel en terme de communication pour donner les fondspour la faune européenne.

Le WWF notamment est très fort là-dessus, sur le fond ce sont vraiment des champions, sur le lynx ibérique parexemple. Le WWF Belgique, qui ne fait pas grand-chose pour la faune européenne en Belgique a réussi à faireavancer les choses. Mais en tout cas, on a pris conscience aussi, dans ces associations que l'on pouvait gagner àcommuniquer sur  la faune européenne et c'est ce qui va arriver chez nous aussi au niveau des parcszoologiques.

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Est-ce que l'on peut parler aujourd'hui d'un succès des parcs  européens, j'ai envie d'y croire en tout cas, j'aienvie de me dire que les parcs qui aujourd'hui présentent de la faune européenne sont capables de faire deschoses aussi extraordinaires, que des parcs qui ne font que de la faune exotique.

On a une légère augmentation des parcs spécialisés à partir des années 1980/1990 où quelques parcs vont selancer avec ce pari fou de dire : « on va faire de la faune européenne ». Parfois à contre-courant, ils sont pris unpeu pour des fous mais aujourd'hui on a une augmentation de ces différentes structures.

On a aussi évolué dans notre façon de présenter cette faune européenne puisque quand on va dans desstructures assez anciennes,  il faut dire ce qui est, ce sont souvent des enclos un peu anciens, pas mis en valeur.On va retravailler sur l'esthétique et l'intégration de ces enclos, pour mieux les présenter, mieux présentercette faune européenne et finalement, on va la mettre sur un piédestal.

Des zones de contact et d'immersion sont créées, certains développent de nouvelles expériences avec deshébergements. Certaines structures ont essayé de montrer aux gens que l'on peut aussi profiter de cette fauneeuropéenne différemment, des animaux européens encore plus que les autres animaux sont vraiment actifsmatin et soir. Ce sont quand même des zones d'immersions et donc c'est intéressant de prolonger l'expériencede ces gens.

On doit mettre en valeur cette faune justement et on doit la faire connaître. J’ai d’ailleurs appris plein de chosestout à l’heure sur les reptiles. Hier, je me rappelle, quand on se baladait, quand on était dans cette grandevolière, il y avait des gens qui se demandait ce que c'était tel ou tel oiseau. On doit aussi redécouvrir nous-même cette faune européenne, la faire connaître aux professionnels mais aussiau grand public. Il y a de la rareté en Europe, il y a des choses extraordinaires en Europe, osons  les montrer eton n’a pas besoin d'aller à l'autre bout du monde pour ce faire. Quand on nous a montré des choses comme duvison d'Europe, quels sont les parcs aujourd'hui qui détiennent des visons d'Europe dans nos structures ?

Du renne des forêts, du gypaète barbu, des différents vautours aussi qui sont tous exceptionnels, il y a deschoses étonnantes.

Le glouton : un mix entre un loup, un blaireau, une martre et un ours. Un animal extraordinaire, osons aussi montrer les choses sympathiques.

Sur la photo c'est un couple qui est arrivé à Han cette année.

Du bœuf musqué, moi j'étais très heureux d’aller l’observer en milieu naturel mais toutle monde ne peut pas s’offrir cette expérience.J’ai envie de la partager avec le public. Il y a des choses surprenantes en Europe,montrons-les.Il faut mettre en valeur cette faune aussi, la rendre plus attractive à la fois pour lesprofessionnels mais aussi pour le grand public. Osez communiquer sur les animaux d'Europe, essayer detoucher le public, d'aller dans l'émotion et finalement rendre plus accessible cette faune à travers différenteschoses.

Les animations sont importantes, parce que ces animaux en Europe, sont souvent dans des enclos où les genspassent devant, les gens ont besoin de moments de rencontre pour aller un peu plus loin, rencontrer dessoigneurs : des permanences animalières, que ce soit ici quand vous êtes au niveau des loutres où là vous allezavoir un contact privilégié. Quand les visiteurs cherchent l’animal aux jumelles et qu’ils le trouvent, je peuxvous assurer qu’ils ont le sourire et qu’ils sont heureux d’apprendre des choses sur ces animaux.

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Par la pédagogie bien entendu, sensibiliser à la fragilité et surtout on a un devoir aussi, c'est d'expliquerdifférentes problématiques. Vous n'êtes pas là pour prendre position en tant que soigneur mais vous êtes làaussi pour expliquer ce qu'il se passe quand vous êtes aux loups par exemple, je ne comprendrais pasaujourd'hui qu'un soigneur ne puisse pas expliquer une partie de la problématique de cohabitation avec le loupaux gens qui pourraient poser la question. On a ce devoir aussi de se tenir informé sur les animaux qui viventautour de nous,  quelles sont les problématiques qu'il y a sur leur territoire parce que c'est chez vous, cheznous, et on doit le faire aussi. Alors, quelques exemples d'expériences, vous l'avez vu ici, pour ceux qui se sont baladé s, ce qui ne l'ont pasencore fait pourront le faire. Vous avez ici un exemple concret de comment on peut réussir en travaillant avecla faune européenne.

Et comment on va pouvoir aussi, créer des choses dans lesquels les gens vont se sentir bien et vont entrer dansun moment de curiosité.

Quand vous rentrez dans cette volière, je pense que tous,vous allez vous dire "ah oui quand même" et tu vas tebalader, tu regardes tous ces oiseaux et tu peux passer desheures, juste à observer .

Et c'est vrai, je suis arrivé plus tôt que vous, je suis arrivélundi, je me suis posé et j'ai écouté les gens qui étaientdedans, c'était des moments extraordinaires de voircomment les gens sont heureux de découvrir des animauxqui vivent chez nous.

Bien entendu, je ne peux pas parler non plus de parcs européens sans parler de Sainte-Croix, ceux qui meconnaissent savent que j'ai travaillé 4 ans là-bas, c'est un parc qui a fait beaucoup pour la faune européenne, lefondateur Gérald Singer est parti aussi dans les années 1980 avec cette idée folle de nous présenter cette fauneeuropéenne et là aussi, comme au Parc Animalier des Pyrénées, vous allez avoir des gens qui vont être présentsprès des enclos , pour parler des animaux.

Des rencontres importantes entre le public et l'animal qui vont permettre aux gens de s'approprier ces animauxet je crois qu'aujourd'hui la question, elle est là. C'est comment on va permettre aux gens de s'approprier cettefaune européenne.

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On pourrait parler de beaucoup de parcs, on pourraitparler de Zoodyssée, de tout ce qu'ils vont pouvoir aussimettre en place, j'avoue que cela fait quelques années queje n'y suis pas allé, j'ai hâte d'aller voir la plaine agricole,voir ce que cela va donner et effectivement, voir ce futurvivarium, voir s'il arrivera à sortir de terre, pour voir ceque cela va donner. Mais là aussi, on va présenter des choses qui sontintéressantes, présenter des animaux, au niveau descollections, qui sont assez intéressantes, que l'on ne voitpas forcément partout, et donc on va pouvoir aussiprésenter des choses que l’on n’a pas l'habitude de voir.

« Terre des Ours » qui est un beau projet sur comment on va pouvoir non seulement mettre en valeur uneespèce exceptionnelle et comment on va pouvoir parler de la problématique de cohabitation avec cet animal,puisqu'il y a une reconstitution d'un refuge pyrénéen dans lequel il va avoir un vrai hommage rendu aux ourssauvages des Pyrénées. On va permettre aux gens de prendre conscience de cette problématique decohabitation avec ce grand animal.

Quelques exemples de communications où vraiment, on va essayer d'allerdans cette logique de  réappropriation, Sainte-Croix est de nature à vousétonner avec "à chacun sa nature" , "la nature grandeur nature" que l'on peutretrouver chez nous à Han-sur-Lesse, "au cœur de l'aventure animale", je nesais pas si c'est toujours ça à Zoodyssée. Et il y a même des chaînes de télé quivont s'y mettre, par exemple, au Pays Bas, il y a une chaîne qui a une émissionde télé autour de la faune et qui  va demander à ses téléspectateurs d'élire les5 animaux les plus impressionnants pour eux en Europe et ça a donné le « BigFive » européen avec le loup, l'ours, le glouton, le bison et le lynx. Il n'en fautpas plus pour que cela inspire quelques personnes quand même, et auxGrottes de Han en Belgique, il y a une nouvelle publicité cette année, c'est le« Big Five » européen.

Simplement pour dire aux gens , vous n'avez pas besoin d'aller à l'autre bout du monde, d'aller vivre un safarien Afrique pour voir un « Big Five », pour vous dire  que la nature est belle et qu'il y a des chosesextraordinaires, on a ça aussi chez nous et il faut mettre le public devant ces notions-là.

Le bison d’Europe, c'est un animal que l'on a sauvé de l'extinction aussi, ça fait 10 ans que le Domaineréintroduit les bisons dans le milieu naturel et on repart dans deux semaines avec 7 bisons pour les remettre enRoumanie, sur un gros projet.

Tout cela pour dire que la conservation, c'est très beau, on fait plein de belles choses partout dans le monde,mais il faut aussi apprendre à balayer devant sa porte parce qu'effectivement on a commencé à développer laconservation des espèces européennes mais pour cela il va falloir devenir réellement actif.

On en a besoin, il y a des gens qui vont initier des choses, mais il faut que les autres parcs suivent aussi pourpouvoir avoir un vrai poids dans cette conservation de la faune européenne. Il va falloir communiquer, apprendre à mieux communiquer peut-être les uns les autres aussi, peut-être quel'on doit s'améliorer les uns les autres, pour pouvoir y aller ensemble parce que, quand on a un parc français,que l'on fait des choses à l'autre bout du monde, c'est très bien mais ne pas filer un petit coup de main pour laréintroduction du bouquetin ibérique, je trouve cela un petit peu dommage.

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J'espère que nos structures arriveront aussi à s'approprier cette faune européenne. Il y a de vrais besoins enmatière de conservation, notamment au niveau des différents programmes d'élevages, je vais prendrel'exemple du vison d’Europe où aujourd'hui, il y a un vrai besoin que des parcs s'engagent pour pouvoirprésenter cette espèce. Il n'y a pas assez de parcs, et le coordinateur, est à la recherche de parcs qui voudront yparticiper.

On a aussi un devoir dans ces programmes, c'est d'évacuer en partie des origines inconnues, en tout cas c'étaitune demande de l'EAZA aussi, c'était de dire, pour que ces programmes soient efficaces, aujourd'hui, un parczoologique moderne ne peut pas se dire : « tiens aujourd'hui je vais prendre du lynx hybride » alors que l'ondemande des purs produits. Le pire serait de les laisser se reproduire alors qu'il y a des besoins sur d'autressous-espèces. Un parc zoologique moderne doit aussi aller dans cette logique d'œuvrer pour la conservation.

Et puis il y a de vraies possibilités de réintroduction sur plusieurs espèces, sur les bisons, il y a des projets surles bouquetins ibériques, mais il y a aussi des projets qui sont en cours sur le bouquetin des Alpes, le cheval dePrzewalski.

Remettre des animaux dans leur milieu naturel c'est un peu notre objectif, les vautours par exemple et il y aplein d'autres espèces aussi, je ne vais pas toutes les détailler, mais il y a de vrais besoins et de vraiespossibilités. Si on s'en donne les moyens, on pourrait augmenter cette liste constamment si les structureszoologiques actuelles essayaient vraiment de s'y mettre.

Et on peut conserver encore plus près, comment faire plus près? Il va falloir accepter un peu de laisser un peude place à cette faune locale aussi dans nos structures, arrêter de vouloir rentabiliser le moindre centimètrecarré. Au contraire, ce n'est pas grave si jamais il y a un peu d'insectes, si jamais il y a un peu d'animaux quivont venir, tant mieux.

Ici, on ne l’aperçoit pas, mais en fait il y a une femelle grand-ducsauvage qui est dans un rocher, parce qu'en fait on a la chanced'avoir une falaise d'environ 80 mètres sur laquelle on a desgrands-ducs sauvages qui nichent, en tant que soigneurs, quandvous avez  des animaux comme ça, que vous collaborez avecdes structures scientifiques reconnues, ces moment-là sontassez exceptionnels.

Donc bien entendu, vous pouvez poser des nichoirs, des hôtels à insectes, ça paraît tout bête mais quand vousêtes dans une structure où vous avez des animaux sauvages qui vont passer par là-bas, c'est intéressant desavoir ce qu'il y a sur votre site et qu'est-ce que l'on pourrait faire pour aider cette population à se développertout en inspirant le public qui passe par ici.

Restaurer les habitats, alors ça, ça dépend effectivement, si on a des sites qui le permettent ou pas, mais nousen tout cas, on peut se le permettre au Domaine et nous avons restauré des pelouses calcicoles pour unpapillon très menacé, le moiré tardif.Il y a trois populations autour de la réserve et le seul endroit pour les connecter, c'est la réserve, on a coupéune partie de la forêt de résineux pour essayer de sauver ce papillon.

Bien entendu aussi, ce n’est pas facile, je le vis au quotidien parce qu'en Belgique ce n’est pas évident non plus,mais les parcs zoologiques doivent de plus en plus collaborer avec les associations locales, ouvrir leurs portes àla fois pour faire les inventaires sur les sites, voir un petit peu ce que l'on a, vous avez une petite mare, vousavez le triton. Est ce qu'il est menacé ou pas?

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C'est intéressant de savoir ce que vous avez et comment faire pour peut-être leur filer un coup de main. 

Dévoiler des informations aussi. Quand FERUS s'est alarmé sur la situation du lynx dans les Vosges, j'étaiscontent de voir le soutien de quelques parcs. Ils n'ont pas pris position, ils ont juste permis aux gens d'avoiraccès à une information en la relayant. 

L'objectif est de relayer l'information et de soutenir les projets de ces associations.

En conclusion, pour reprendre un petit peu ce que l'on peut dire sur cette faune européenne, c'est qu'on doit àla fois, la découvrir et la redécouvrir. Finalement, pour beaucoup on a oublié plein de choses, il y a des chosesextraordinaires chez nous, il y a plein de choses en tout cas à faire, donner une vraie place à cette fauneeuropéenne avec des enclos adaptés, développer une vraie pédagogie autour de ces animaux pour apportercette plus-value et les gens aiment bien savoir que ce sont des animaux qui vivent sur leur territoire, qui viventprès de chez eux et souvent ils sont étonnés de savoir tout ce qu'il y a autour d'eux.

Mon petit message final, il est simple mais c'est quelque chose qui me tient à cœur, c'est qu'on a passé dessiècles finalement à combattre cette faune européenne pour atteindre une certaine forme de modernité, etl'enjeu des sociétés modernes, il est là aujourd’hui. C'est de ne plus vivre contre ces animaux, mais essayer devivre avec et on fait tous parti de cette génération qui est en train de vivre ce moment clé, pour pouvoirtransmettre cet héritage à nos enfants. Ça c'est notre enjeu.

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Henri Venant, est le directeur du Donjon des Aigles.

Le Donjon des aigles, ouvert en 1973, a été le deuxième établissement en France à présenter des oiseaux envol libre, juste après le Château de Kintzheim en Alsace. Si ce type de spectacle est aujourd’hui très répandu, ils’agissait à l’époque d’une réelle nouveauté.

Pendant les vingts premières années, seuls quelques rares parcs se sont partagés l’exclusivité de cette disciplineméconnue, les suivants étant Rocamadour et le Puy-du-Fou. D’ailleurs, si les spectacles du Puy-du-Fou ontlargement contribué à la médiatisation et au succès des oiseaux en vol libre, ses fauconniers ont à l’origine étéformés au Donjon des Aigles.

Le site est implanté au cœur même d’un château datant du 11e siècle, dont les ruines ont été consolidées etsécurisées, donnant naissance à un cadre médiéval unique et authentique, tout à fait approprié à l’art ancestralde la fauconnerie. Outre les démonstrations de vol, le Donjon des Aigles a la particularité de présenter desanimaux libres, en pleine possession de leurs moyens, et dans un paysage adapté. En effet, les alentours duchâteau accueillent naturellement un grand nombre de rapaces sauvages, lesquels se mêlent régulièrementaux oiseaux en représentation.

Au cours des quinze premières années d’ouverture, le site a connu un très fort engouement de la part du public, les gens venaient de loin pour assister aux spectacles. L’affluence a ensuite progressivement diminuée, en raison de la concurrence avec d’autres parcs, mais une partie de la clientèle est néanmoins restée fidèle en raison de l’authenticité du site et de la qualité des présentations. En effet, afin de préserver les lieux, l’établissement a troqué les panneaux pédagogiques au profit d’une approche plus élémentaire :

faire apprécier les oiseaux pour leur seule beauté, montrer les rapaces dans toute leur plénitude et leur splendeur. Le but est bien sûr de les faire aimer du public, pour mieux le sensibiliser à leur protection.

Photo du groupe pendant la présentation faite par Henri Venant.

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8. Visite du Donjon des Aigles,Spectacle de fauconnerie

En plus de ses activités touristiques, le Donjon des Aigles a également fait office de centre de soins pendant denombreuses années.

Ainsi, ce sont près de 140 vautours fauves qui ont été recueillis et soignés, certains placés en parcs zoologiques,une cinquantaine relâchés via des programmes spécifiques, en France ou en Bulgarie. De même, quelquesgypaètes barbus ont été secourus et intégrés à des programmes de reproduction, ainsi que des vautourspercnoptères. Ces activités ont désormais cessé, pour des raisons techniques liées notamment aux problèmesde grippe aviaire, et suite à l’ouverture dans la région d’un centre de soins dédié à la faune sauvage.

Une partie du groupe, armée d’appareilsphotos devant le spectacle defauconnerie, entourée d’un cadremagnifique.

En ce qui concerne la reproduction, le Donjon des Aigles n’en fait pratiquement pas sur le site même parmanque de place. En dehors d’un couple de vautours percnoptères, au nid lors de la visite, plusieurs espèces defaucons ainsi que de petites chouettes sont reproduites à l’extérieur, dans une propriété privée.

Amusante coïncidence, le jour même de la visite de l’AFSA, le journal local faisait ses gros titres avec un articleintitulé « Les vautours menacent la plaine ! ». Il y est question d’une vache soi-disant attaquée par un groupede vautours alors qu’elle vêlait, présentant les charognards comme de réels dangers pour les troupeaux. Or, ilest indiqué dans un encadré que la vache serait morte d’une hémorragie interne suite à sa mise bas etqu’aucun signe d’attaque ante-mortem n’avait été relevé. Malheureusement, il est fréquent que les vautours oules ours fassent injustement les frais de la presse, laquelle pousse le vice jusqu’à parler d’impacts touristiquesnégatifs pour la région.

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Titulaire d'un BTA «élevage» obtenu en 1997, Stéphane est arrivé au Zoo de Lille en 2000en tant qu'animateur, et c'est en 2006 qu’il devient soigneur-animalier. Le zoo de Lille estun parc de 3,5 Ha qui comprend environ 300 animaux d'une soixantaine d'espèces. Il a principalement travaillé sur le secteur « des volières » qui regroupe les oiseaux(psittacidés, anatidés, etc...), mais aussi des petits carnivores et petits primates. C'est enfin d'année 2014 qu’il est devenu chef animalier-adjoint.En parallèle depuis quelques années, Stéphane s’investit beaucoup pour l’AFSA à titrebénévole lors des événements pour tenir le stand de l’AFSA, etc...

Le zoo de Lille, est régi par la municipalité, il a ouvert au début des années 50 et ne présentait alors quequelques espèces, plutôt domestiques. C’est un parc citadin, relativement petit puisqu’il ne fait que troishectares et demi, mais présente environ 300 animaux issus d’une soixantaine d’espèces. Le Zoo accueille un million de visiteurs par an et compte une équipe de 9 soigneurs.

Des insectes dans les rations Les insectes entrent dans la ration de certains de nos pensionnaires, cinq espècesd’oiseaux et dix espèces de mammifères. Le zoo produit une dizaine d’espèces d’insectes. L’intérêt des insectes est d’apporter une source de protéine dans les rations et permettentl’enrichissement de celles-ci. Du point de vue du vétérinaire, l’insecte lui est parfoispratique pour apporter un traitement à certains pensionnaires gourmands de blattes etgrillons ! Il suffit simplement de piquer l’insecte avant de le donner au ouistiti à soigner, par exemple. Avec unélevage d’insectes, le problème d’approvisionnement est également réduit. Les conditions de transport desinsectes commandés ne sont jamais optimales, en hiver par exemple, le froid engendre un gros taux demortalité dans les colis ou des insectes « refroidis » car ils sont restés trop longtemps dans les centres de tri dessociétés de transport.

Enfin, l’intérêt pédagogique est grand puisque cela permet de faire des petites manipulations avec le public,notamment les enfants.

Les insectes élevés au zoo Les insectes élevés au zoo sont : les cétoines, qui nous fournissent de grosses larves (juteuses !), des morios,des vers de farine, et des grillons. Nous avons également des criquets et quatre espèces de blattes, dont cellesde Madagascar et les Dubias. Tout cela se passe dans une trentaine de bacs en salle d’élevage.

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9. Fonctionnement d’un élevage d’insecteset de souris

Au zoo, les consommateurs d’insectes sont les oiseaux d'abord, puis les mammifères, dont les ouistitis ettamarins.

L'insectarium a été construit dans une annexe de la maisontropicale, parce que ce bâtiment est déjà chauffé à 25-30 °Ctoute l'année. Nous en avons fait un petit laboratoire d'élevagepour insectes dans une salle de 10m2, carrelée où se trouventjusqu’à 30 bacs sur 15m de linéaires.

Les contenants (pour grillons et blattes) Des caisses plastiques à paroi lisse accueillent les insectes, pour éviter les évasions. Il est aussi utile parfois depasser de la vaseline sur les parois pour les rendre plus glissantes, notamment pour les blattes, reines del’évasion. Sur le coté, un trou est percé et grillagé (maille moustiquaire métal, éviter bien évidemment la mailleplastique qui est dégradée facilement par les insectes).

Les cachettes sont très importantes, nous utilisons des superpositions de cartons d’œufs alvéolés, quipermettent d'obtenir de nombreuses cachettes pour les insectes, et par conséquent, favoriser une meilleurereproduction et minimiser le cannibalisme. Le cannibalisme apparaît quand l'insecte mue, il est vulnérable et «très tendre » pour les autres insectes qui peuvent en profiter pour le grignoter, d’où l’intérêt pour eux de secacher à ce moment là.

Élevage de grillons : Ils sont élevés dans des caisses en plastique profondes. Le pondoir est une boite contenant un mélange deterre et de sable humidifié et un grillage par-dessus. Les insectes sont maintenus à une température de 25 à 28degrés. Des petites grilles évitent que les grillons aillent consommer les œufs qui ont été pondus.

La nourriture est constituée de croquettes pour chats, de fruits frais (essentiellementpomme, poire et orange) sans moisissures dessus, c’est à dire que cela peut être des fruitsréchappés où l’on a retiré tout ce qui a commencé à moisir et à pourrir. L’apport d’eau estréalisé par un système fontaine fait maison et très simple à réaliser : un simple pot enplastique (tel un pot à prélèvement labo), retourné sur une soucoupe de tasse à café.

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Pour un élevage d'insectes, il est important d'avoir un environnement sec, éviter les moisissures, les excèsd'humidité dans les coins, et effectuer un bon nettoyage des restes chaque matin. Retirer également lescadavres.

Pour les très jeunes grillons, un petit bout de papier absorbant humide suffit à les abreuver. Attention, ils sontsi petits à la naissance que renverser une goutte d’eau tue plusieurs d’entre eux ! Les morceaux de fruits quileur sont proposés doivent être de petite taille, afin d’éviter que ces derniers ne creusent des galeries dedans(facilite le renouvellement des fruits sans jeter de grillons à la poubelle !)

Élevage de blattes (la blatte souffleuse) Le substrat chez la blatte peut être de la terre, du sable, du bois, descopeaux mais le plus pratique est le quartz blanc, un petit gravier d’ordinaireutilisé en aquariologie, tout simple-ment parce que les insectes vont pouvoirfouiller dedans sans faire de monticules et l’humidité reste bien dans le fond.Le quartz est également lavable, ce qui est très économique.

La reproduction chez les blattes se fait dans les bacs, sans trop decannibalisme.

Cet élevage est assez long à mettre en place car, la première année, il fautmultiplier les reproducteurs jusqu'à arriver à plus de 60 individus pour unbon lancement.

L'année suivante, il faut contrôler la reproduction car ils pullulent très vite et les besoins des animaux en blattesne sont pas énormes chez nous.

C'est une blatte facile à vivre, ne demandant pas beaucoup d'entretien mais mangeant énormément. Ellemesure jusqu'à 8-9 centimètres. Il est très intéressant d’observer comment les animaux vont consommer lablatte, certains percent la carapace pour obtenir ce qu’il y a à l’intérieur, comme le roulroul, un petit oiseau.D’autres aplatissent la tête d’abord.

Il y a quand même un risque d'évasion et d’invasion de l’espace si on en donne trop, surtout à des animaux quisont en serre tropicale. Les conditions sont réunies pour que se multiplient ces insectes un peu partout !

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Élevage de criquets L’élevage des criquets est un peu pluscompliqué car il faut d’abord des caisses unpeu plus techniques, un mauvais exemple :des terrariums en verre, il y a un risqued’avoir beaucoup d’évasion en ouvrant les

portes en façade. Rien dans le commerce n’est vraiment aménagépour les criquets, si ce n'est les filets, qui ne durent pas un an.Notre technique consiste en des boîtes de plus de 1 mètre dehauteur, ventilées des deux côtés et avec en bas, une petitetrappe pour se servir et approvisionner en nourriture.

Les caisses doivent être hautes, lessivables avec éventuellementdes perchoirs, des branches simplement ou des supportsaménagés avec du grillage. L’élevage se fait à 28-30 degrés avec une photopériode de 13/11, comme lesblattes.

Les criquets mangent énormément ( et sont la cause de nombreux dégâts dans les cultures en Afrique, commenous le savons), il leur faut une grosse quantité de végétaux, ainsi, les soigneurs coupent l’herbe dans desprairies non traitées, le risque étant de perdre tout l’élevage. On peut aussi donner des fruits frais. L'éclosion sepasse en 3 à 4 semaines, il faut donc souvent vérifier le pondoir et l'humidifier pour qu'il ne sèche pas. Cesanimaux sont très longs à prendre leur taille adulte, environ deux mois et demi, mais inutile d’attendre qu’ilssoient au dernier stade de mue pour les donner aux animaux consommateurs. Contrairement à la blatte qui esttrès prolifique, l’élevage de criquets prend plus de temps, il s’agit de l’insecte le plus chronophage dans notreélevage !

Élevage de rongeurs Depuis plus de 15 ans au zoo de Lille, nous avons un élevage de rongeurs, car beaucoup d'animaux sontconcernés par la distribution de proies. La souris fraîchement tuée, pour l’animal, est bien plus appétante quela souris décongelée !

Notre élevage, sous les remparts de la citadelle, se fait dans un grand couloir d’à peu près 15 mètres de long oùl’on a une trentaine de boîtes. Nous en avions 80 dans le passé, mais cela était trop ! (demandait trop de tempset nous apportait bien plus de proies que nécessaire !) Nous avons donc cinq boîtes de rats, puis vingt-et-unecaisses de souris. Les rats servent seulement à nourrir les grands rapaces comme les chouettes et aussi lesgrands serpents.

Les souris représentent le plus gros de l’élevage. Dans chacune des 21 caisses, nous avons un mâle et sixfemelles, ce qui est la norme d’élevage pour ces rongeurs. Chez les rats, nous avons, par boîte, trois femelles etun mâle.

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Les lieux sont déjà chauffés, il n’est pas nécessaire de surchauffer pour les rats et les souris mais le lieu doit êtretempéré et ventilé, idéalement, un extracteur permet une meilleure circulation de l’air. L’éclairage est à 100%artificiel parce que l'on est sous les remparts, sans fenêtres.

Le local doit être absolumenthermétique à l'entrée et à la sortiepour éviter que les souris nepuissent s’échapper ou que lessouris sauvages ne puissent entreret amener des maladies. Cela estdéjà arrivé et nous avions dû toutarrêter et tout désinfecter. S’en estsuivi un vide sanitaire de plusieursmois pendant lequel nous n’avionsplus aucun reproducteur.

Pour le suivi, nous avons un cahierd'élevage, indispensable, contenantla description des individus, le suivides reproducteurs, la réforme desindividus (6 à 8 mois) et le contrôlede la reproduction.

La réforme avant l’age de 6 mois. Pour lerenouvellement des individus, nous gardonsquelques jeunes que nous marions avec denouveaux géniteurs achetés dans les animaleries.Toute action sur l’élevage est notée dans lecahier d’élevage.

Les caisses coûtent de 30 euros à 70 euros selonles fournisseurs. Les caisses « de labo », sont pluspratiques à nettoyer et à approvisionnersainement en eau et nourriture.

Pour le nettoyage, il faut en moyenne une ballede copeaux par semaine pour nos trente caisses.Il faut une bonne désinfection à chaquenettoyage.

En alimentation, nous utilisons une trentaine de kilos de granulés par semaine. La quantité est variable etdépend du nombre de jeunes mis en croissance. Les souris consomment un litre d’eau et les rats deux litres parcaisse par semaine.

Le suivi des caisses occupe une personne dix à quinze minutes par jour. Il s’agit de vérifier caisse après caisse,que tous les animaux aillent bien et faire le point sur la nourriture et l'eau dans les biberons.

Le nettoyage des caisses prend beaucoup de temps, et est fait par deux soigneurs chaque semaine à tour derôle. Il s’agit d’une trentaine de caisses, occupant deux heures et demie chaque semaine.

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Au moment du nettoyage, on fait également le comptage des individus dans les caisses. On regarde si nousn’avons pas de mortalité et on en profite pour sortir les individus sevrés à destination des consommateurs.

On regarde également l'état général des individus, surveillant les maladies ou blessures. La durée de vie d'unecaisse est de 6 mois en moyenne. Une heure par mois, il faut, dans le classeur, sortir la réforme, faire lerenouvellement des reproducteurs, prévoir les prochaines souches, idéalement on se procure deux souchesdifférentes pour marier à la notre une fois par an. Nous avons commencé avec deux souches de géniteurs, unede souris couleur, il s’agit de grosses souris, et une souche de souris blanches, très prolifiques.

Voilà comment fonctionne nos élevages d’insectes et de rongeurs à Lille. Il serait possible d’en dire beaucoupplus tant les méthodes sont amenés à changer régulièrement, au gré des réussites (ou même des échecsd’élevage). Cette méthode n’est pas LA façon de faire, mais UNE façon de faire, et qui fonctionne très bien cheznous depuis plusieurs années. Dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, chacun y va de sa petiterecette pour réussir.

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Après avoir obtenu un CAP-BP coiffure, métier qu’elle a exercé environ 10 ans,Aurélie décide de se reconvertir pour travailler auprès des animaux sauvages.Après avoir effectué des petits stages dans différentes structures, elle intègrel’école de soigneurs-animaliers de Carquefou en 2004/2005. A la suite de cetteformation, elle est embauchée à Zoodyssée, poste qu’elle occupe depuis cettedate. Elle a en charge le secteur « reptiles » mais est aussi polyvalente sur tousles secteurs du parc. De plus, elle fait aussi en saison estivale de lasensibilisation auprès du public via les animations et les balades en calèches…

Zoodyssée est un parc qui présente uniquement la faune européenne et qui possède une petite collection dereptiles, sur une soixantaine d'espèces d'animaux présentes dans le parc, seize sont des reptiles.

Un panorama d’espèces européennesÀ Zoodyssée, les reptiles sont présentés à plusieurs endroits, d'abord dans le vivarium, qui est un bâtiment trèsancien, en projet de reconstruction, à présent il s’agit d’un espace uniquement intérieur que l’on espèrecompléter par un espace extérieur. Ensuite, nous avons l'animalerie où il y a une salle d'élevage, où nous avonssurtout des reproducteurs et des jeunes. Puis, les enclos extérieurs des tortues et des lézards ocellés et enfin,les 6 pavillons « humanimal », un parcours dédié aux adaptations animales et humaines, projet du ConseilGénéral des Deux-Sèvres.

À l'animalerie, les terrariums sont plutôt de présentation classique, en intérieur comme c'est le cas dans denombreux parcs. La photo de droite montre des jeunes lézards ocellés puis des jeunes lézards verts. Nousessayons de recréer des terrariums proches du milieu naturel. Pour les substrats, nous avons de l'écorce decoco qui permet de recréer un environnement plus humide, de l’écorce de hêtre qui est plus sèche pour lesterrariums de type Méditerranéen, et nous utilisons aussi du calcaire, du sable et de la terre.

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10. Les reptiles à Zoodyssée: un panoramad’espèces européennes et l’élevage

conservatoire de la cistude d’Europe

Les lézards

Nos lézards de petite taille sont insectivores, nous leur donnons des grillons que nous élevons, et de temps en temps des vers de farine. Ils sont maintenus en intérieur avec comme substrat de l’écorce de coco et de l’écorce de hêtre ainsi que du calcaire, du sable et de la terre végétale.

La tarente (Tarentola mauritanica) est le plus grand gecko français, il est présent autour du bassin méditerranéen. Il est assez difficile à reproduire. Nous avons eu quelques naissances il y a plusieurs années, il nous reste actuellement deux mâles et un jeune dont on ne connaît pas le sexe. C'est une espèce très rare en parc.

Le lézard vert (Lacerta bilineata) est assez commun en Franceet est de grande taille. Ce lézard a la particularité de bleuirpendant la période de reproduction. Nous mettions un mâle avec six femelles, en rotation auvivarium et à l’extérieur. Mais après quelques soucis de bagarres chez les femelles, ellessont maintenant seules dans un terrarium et le mâle passeplusieurs jours avec chacune d'elles.

L'orvet des Balkans (Pseudopus apodus) ressemble à un serpent, mais est enréalité un lézard sans pattes. Il est beaucoup plus gros que l'orvet fragile.Celui-ci peut perdre sa queue, ce qui est rare chez l'orvet des Balkans. Ils nesont pas très présents en parc. Leurs paupières sont mobiles, les écailles sontuniformes. Alors que chez un serpent, les paupières sont fixes et les écaillessont de formes et de tailles différentes.

Le lézard des murailles (Podarcis muralis) est petit et très commun enFrance. Nous n'avons pas eu de reproduction cette année. À la naissance, les juvéniles sont très petits. Pour les nourrir, noussélectionnons les grillons qui ont entre un et huit jours pour lespremières semaines puis nous augmentons la taille des grillonsprogressivement.

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Nous avons également le lézard ocellé (Timon lepidus) qui est le plus gros lézard de France. Pour les présenter en extérieur, nous avons pris quelques risques car l'enclos n'est pas couvert. Il s’agit d’une surface assez grande, d' environ 25m², les parois en bois sont lisses pour qu'ils ne puissent pas grimper, avec un retour. Deux côtés de l'enclos sont accessibles au public avec une partie vitrée au milieu ; les soigneurs entrent par le côté fermé aux visiteurs pour pouvoir nourrir les lézards qui sont habitués à manger à la pince.

Nous avons essayé de reconstituer un biotope de dunes comme sur l’île d'Oléron où le lézard ocellé est présentavec des plantes nommées cheveux d'ange, quelques sedums et descachettes. Après quelques problèmes de prédation, nous avons installé despetits tubes en PVC de 5cm de diamètre, d'environ 40 cm de long avec unraccord beaucoup plus large au bout du tube. Les ocellés peuvent, dès qu'ils sesentent en danger, se cacher à l’intérieur et y rester pendant la nuit. Nousn'avons plus de prédation depuis que ce système est installé. L'enclos est assezréussi, il est esthétique et les visiteurs peuvent apercevoir les animauxpratiquement toute la journée.

Leur alimentation se compose de souriceaux, grillons, fruits et œufs de temps en temps. Ils ont l’opportunité dechasser et d'attraper les insectes qui se posent dans l'enclos; il y a un cerisier à proximité, ils mangent lescerises qui y tombent . De plus, les lézards qui sont en extérieur bénéficient des UV naturels et sont pluscolorés que ceux qui sont à l'intérieur. L' ocellé est un lézard très territorial et à Zoodyssée, nous avonsbeaucoup de naissances. Le ratio des mâles est plus important que celui des femelles, il faut donc arriver à fairedes groupes pour éviter les conflits. Dans cet enclos-là, on peut avoir jusqu’à 6 individus adultes, 2 mâles et 4femelles. Dans les terrariums, chez les jeunes, il y a beaucoup de conflits au moment du nourrissage.

Les serpentsLa présentation est classique, à l'intérieur du vivarium, avec des substrats de même typeque pour les lézards. Pour l'agencement, on peut utiliser des décors extérieurs (nettoyés,désinfectés et congelés) comme des souches, branches, pierres… ou des matériauxfabriqués par l’équipe technique comme des échelles, clôtures en bois, nichoirs...Ils se nourrissent de souris, souriceaux, rats et ratons de notre élevage; les proies sonttoujours données mortes.

Tous nos serpents hibernent, sauf si leur état de santé ne leur permet pas. Le suivi dupoids est un bon indicateur, avant et pendant cette période de repos. Les couleuvres sontplacées ensemble, jusqu'à quatre individus par boîte. L'hibernation se passe dans desbacs en plastique opaque, dans lesquels on met un mélange sable et terreau humidifié.On installe une petite coupelle d'eau dans un coin que l'on fait déborder une fois parsemaine, permettant à l'animal de choisir l'humidité qui lui convient. Ces boîtes sont ensuite placées auréfrigérateur, entre 7 et 8 degrés, pour une période d'environ 3 mois. On fait descendre la température parpallier de 3 degrés tous les trois à quatre jours et pour la sortie d'hibernation, nous procédons de la mêmefaçon.

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La couleuvre à échelons (Rhinechis scalaris)est présente enFrance autour du bassin méditerranéen, elle a un museaupointu alors que la plupart des couleuvres ont un museauarrondi.

C'est une couleuvre assez agressive, qui mord souvent, et estdifficile à manipuler de part sa musculature puissante.

Les juvéniles et les femelles ont des marques noires en formede H sur le corps alors que les mâles ne gardent que les lignes horizontales engrandissant.

La couleuvre à 4 raies (Elaphe quatuorlineata) n’est pas une couleuvreprésente en France mais uniquement dans les Balkans et n'est donc pas trèsconnue. Elle est de grande taille (environ 2 mètres de long). Nous n’avonsmalheureusement plus qu’un seul spécimen mâle.

La couleuvre d'Esculape (Zamenis longissimus) est de couleur marron-vert, avec des petits points blancs, plus marqués chez les mâles. Nousavons des juvéniles tous les ans. Il est indispensable que les serpentshibernent pour se reproduire. Elle est facile à élever. Les animateurs lesutilisent pour différentes activités pédagogiques.

La couleuvre à collier (natrix natrix) est semi-aquatique. Opportuniste elle senourrit de poissons, amphibiens, larves, rongeurs, lézards et oisillons, qu'elledéglutit vivants. Quand elle se sent menacée, elle peut répandre desexcréments imprégnés d'une odeur nauséabonde ou faire la morte. Il y a undimorphisme sexuel important, ce qui pose un problème au niveau dunourrissage car le mâle est beaucoup plus petit que la femelle et celle-cipourrait le manger.

La couleuvre vipérine se trouve exclusivement en milieu aquatique. Elle senourrit de poissons, de larves et d'amphibiens. Inoffensive mais souventconfondue avec la vipère aspic à cause de la forme de la tête triangulaire et lacoloration du corps. D'ailleurs, elle peut-être appelée "aspic d'eau"!

Celles-ci sont présentées enaquaterrarium avec un bassin (qui prendle tiers du terrarium) agrémenté dequelques plantes.

Leur alimentation se fait à la pince que ce soit pour les couleuvresvipérines ou les couleuvres à collier avec 75 % de poissons. Et pourchanger, on leur donne de temps en temps des souris préalablementfrottées aux truites pour qu'elles s’imprègnent de mucus.

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Pour les vipères, nous ne présentons qu’un seul individu par terrarium ;c'est également le cas lors de l'hibernation. Pour cette période, nousprocédons de la même façon que pour les couleuvres quant à lasurveillance, la gestion de l'humidité…

Pour la reproduction, les vipères sont mises en contact après leurs premiersrepas de l'année; cela les stimule et déclenche des parades. Le mâle estreconnaissable par son dessin en forme de zigzag beaucoup plus marquésur le dos que la femelle.

La vipère ammodyte (Vipera ammodytes) est la plus grosse de notrecollection, on la trouve dans les Balkans. Cette vipère a une petite corne surle museau et est considérée comme l’une des plus grosses et des plusdangereuses d'Europe, pouvant injecter une forte dose de venin.

La vipère aspic (Vipera aspis) est présente dans toute la France , sauf auNord. La coloration générale est variable d'un individu à l'autre : gris,brun rougeâtre, beige… Il existe même des individus mélaniques etalbinos. Elle vit dans les endroits rocailleux; on la trouve rarement prèsde l'eau.

Auparavant, nous présentions la vipère péliade (Vipera berus), une petite vipère du Nord de la France.

Les TortuesLes tortues d'Hermann (Testudo hermanni) sont exclusivement terrestres.On les trouve en France, dans le massif des Maures et en Corse. Au parc, onen a une quinzaine qu'on présente dans un enclos extérieur. Leuralimentation se compose de fruits, de plantes sauvages (trèfle, pissenlit,plantain) que l’on ramasse autour du parc et puis de quelques légumes(endives, concombre, fanes…). Nous aimerions réaménager l’enclos avecplus de végétaux, de façon à former une barrière naturelle pour empêcherle vol des tortues par les visiteurs.

L’emyde lépreuse (Mauremys leprosa) est une tortue aquatique qui estprésente en France uniquement dans le Languedoc-Roussillon; elle est assezpeu connue. Il y a un dimorphisme sexuel important au niveau de la taille: lesfemelles sont plus grosses que les mâles. Nous leur donnons de la viande, desabats, du poisson..

La cistude d’Europe (Emys orbicularis) est une tortue aquatique noire,verdâtre, avec des petites tâches jaunes sur la peau et sur la carapace.

À Zoodyssée, nous avons un élevage conservatoire en partenariat avec leConservatoire d'Espaces Naturels de Savoie (CENS): elles sont élevées cheznous et réintroduitent ensuite au Lac du Bourget.

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Les mâles sont plus petits que les femelles, la cistude mesure entre 15 et 20cm et pèse entre 400 et 600gr pourles mâles et 800gr à 1kg pour les femelles. La longévité de la cistude est entre 50 et 70 ans. Il existe trois sous-espèces en France, réparties dans le centre et l’ouest et dans le Midi comme en Camargue et en Corse : Emysorbicularis orbicularis, Emys orbicularis galloitalica, Emys orbicularis occidentalis.

Son milieu de vie est assez varié: mares boueuses, cours d'eau peu rapides, lacs, mais également eau saumâtre.Quand elles ont le choix, elles iront plutôt en eau douce, c'est une espèce assez discrète qui vit dans desendroits végétalisés.

Dans la nature, elle peut se nourrir d'insectes, de mollusques et de crustacés, de jeunes amphibiens etdébarrassent aussi les mares et les cours d'eaux de tous les poissons morts. Enfin lorsqu'elle devient adulte,elle se nourrit aussi de végétaux.

Au parc, elle passe l'hiver dans le bassin à l'extérieur et ressort début mars, lorsque le temps est assezensoleillé. La maturité sexuelle est assez tardive chez les cistudes, entre 6 et 8 ans pour un mâle et 8 et 10 anspour une femelle. L'accouplement se passe sous l'eau d'avril à mai. La période de ponte peut débuter dès finmai, s'il fait suffisamment chaud, jusqu’à mi-juillet. Les petites tortues naissent de mi août à mi septembre.

Nous avons une dizaine d'adultes et quelques jeunes pour augmenter le cheptel de reproducteurs dans lesannées à venir.

Leur enclos mesure 20 mètres de long et 6 mètres de large; la profondeur maximum du bassin est d’1m30 avecune pente douce sur toute la bordure. Une bâche étanche, puis un géotextile ont été installés au fond dubassin, et recouvert de gravier. Des végétaux ont été prélevés après autorisation dans une zone de bocage surune commune des environs; des joncs, des massettes, des salicaires, des carex,des iris…puis plantés autour dubassin permettant aux cistudes de se cacher. Nous avons aménagés des zones découvertes avec des brancheset des souches, les visiteurs peuvent les observer lorsqu'elles prennent le soleil. Le site de ponte est composéde terre et de sable. Les femelles sortent de l'eau et pondent durant la soirée ou la nuit. Elles emmagasinent del'eau dans leur vessie puis la rejettent pour maçonner un bouchon de terre. C'est une protection contre lesprédateurs. Pour prélever les œufs on retire ce bouchon, il faut collecter les œufs délicatement à l'aide d' unepince. Il ne faut pas retourner les œufs de reptiles mais les poser dans une boîte qui va ensuite dansl'incubateur. En moyenne, une femelle pond 7 à 8 œufs, une ponte par an, parfois deux.

L'incubation se fait dans des couveuses spéciales reptiles. Les œufs sont posés sur une grille en inox dans uneboîte d'incubation avec réservoir d’eau. L’éclosion se produit après environ 65 jours à 30 degrés. Les jeunes cistudes sont actuellement en salle d'élevage en intérieur, dans des aquariums munis de lampe à UV.Nous essayons de diversifier l’alimentation: des granulés pour tortues, des vers de vases, de la viande hachée,des abats, des grillons de temps en temps, du «pudding», des poissons morts ou vivants. Les gambusies sontdes petits poissons que l'on donne aussi à nos jeunes couleuvres vipérines et colliers.

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Nous faisons hiberner qu'une partie de nos cistudes, suite à des problèmes de mortalité. Elles sont placéesdans des bacs plastiques avec quelques centimètres d'eau, et des tuiles. Elles restent entre deux et trois moisau réfrigérateur à 8 degrés.

Pour la réintroduction avec le CENS, l’objectif estd’envoyer 40 petites cistudes par an, actuellementenviron 115 tortues de Zoodyssée sont arrivées enSavoie. À coté du Lac du Bourget, un bassind'acclimatation a été créé. Les jeunes âgées d'environ 3ans vont passer encore quelques années dans cetespace clos où elles sont protégées contre lesprédateurs (clôture et filet). Elles sont ensuite équipéesd'un émetteur et relâchées sur des sites préparés etaménagés préalablement par les techniciens duconservatoire.

Question 1: Je me demandais si les reptiles étaient pucés ?Réponse 1: Oui, c'est obligatoire, nous essayons au maximum de tous les pucer. Mais généralement ils sonttrop petits à la naissance, on les puce à la fin de leur première année. Chez les cistudes, on attend qu'ellesatteignent 2 ans.

Question 2: Et quand vous les relâchez, sont-elles pucées ?Réponse 2: Non. Comme nous sommes en partenariat avec le conservatoire, ils mettent des émetteurs qu'ellesgardent environ un an, et pour la reconnaissance, ils prennent des photos de chaque cistude, leurs tâches sontdifférentes et uniques.

Question 3: À quel âge les jeunes sont-ils mis en hibernation ?Réponse 3: Chez les cistudes on essaye à 6 mois et les serpents peuvent hiberner dès la première année si le urpoids le permet.

Question 4: Est-ce qu'à Zoodyssée, vous récupérez aussi les tortues de particuliers?Réponse 4: Non ce sont plutôt les saisies ONCFS

Question 5: Y a-t-il des cistudes relâchées uniquement en Savoie ou ailleurs dans la région ?Réponse 5: Celles de Zoodyssée sont réintroduites uniquement en Savoie mais il y a réintroduction en Alsaceactuellement et en Languedoc-Roussillon avec d’autres spécimens.

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Bastien est responsable « oiseaux » au Parc Animalier des Pyrénées depuis 6 ansmaintenant…

Auparavant, il a obtenu une licence en biologie des organismes, des populations et desécosystèmes.

Nous nous intéresserons d’abord à la taxonomie, à savoir ce qu’est un limicole, puis nous examinerons ensuiteleur hébergement (types de volières), leur alimentation et leur comportement, pour terminer avec lareproduction et les soins vétérinaires.

TaxonomieLes limicoles sont des charadriiformes, dont on exclut trois familles peu représentées en captivité, d’abord lesalcidés, qui sont les macareux, guillemots, autres oiseaux de mer et le vrai pingouin. La deuxième famille est leslaridés (mouettes, sternes, goélands) et la troisième, les stercocariidés, qui regroupent les labbes.

Parmi le reste des charadriiformes, nous allons trouver des oiseaux aussi bien dans les extrêmes arctiques quedans les zones désertiques, et sur tous les continents.

Nous nous sommes intéressés essentiellement à ceux qui sont couramment observés en captivité, enl’occurrence sept familles.

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11. Élevage d’oiseaux limicoles européens enparcs zoologiques

Jacanidés

De la première famille, les Jacanidés, deux espèces sont présentes en captivité, les jacanas d'Afrique et lesjacanas d’Amérique. Ce sont des oiseaux aux très grands doigts qui vont marcher sur la végétation flottante, yfaire leurs nids aussi. Ils sont très dépendants de l'eau, comme une bonne partie des limicoles. De plus, ils ontun mode de reproduction assez spécifique puisqu’une femelle va se reproduire avec plusieurs mâles et pondredans plusieurs nids que les mâles auront construits. Ceux-ci vont ensuite incuber et élever les jeunes sansdéfendre le territoire qui sera partagé par plusieurs mâles. Il s’agit d’un cas assez rare de polyandrie chez lesoiseaux. Leur plumage cherche aussi à imiter la végétation flottante.

Scolopacidés

Il s’agit ici d’une famille très large, c’est-à-dire plusieurs centaines d'espèces. 6 espèces sont présentes encaptivité. Ils sont remarquables par leurs becs adaptés à leur mode d’alimentation. Chaque oiseau, suivant sonalimentation, va avoir un bec adapté. La barge à queue noire (Limosa limosa), par exemple, a le bec plus longmais droit (photo suivante : gauche). Le courlis cendré (Numenius arquata) a un bec long mais recourbé versl'avant pour chercher des petits vers ou des petits mollusques (photo suivante : droite).

Le chevalier gambette (Tringa totanus) fait 20 cm de haut, avec un bec rouge, des pattesrouges, il devient même très rouge en période de reproduction. C’est un oiseau qui chantebeaucoup, très intéressant pour les volières.

Le chevalier guignette (Actitis hypoleucos), est beaucoup plus petit et on va le trouver en bordd'eau, sur des nids de ruisseaux.

Le chevalier combattant (Philomachus pugnax) est un oiseau vraiment très intéressant parceque chaque oiseau mâle est différent, ce qui est encore une question en suspens du point de vue génétique. Ila un plumage exubérant seulement deux mois dans l'année et le reste du temps, il va ressembler à la femelle.

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Jacana d'Afrique(Actophilornis africana) Jacana noir (Jacana jacana)

Enfin notre dernière espèce de scolopacidés est le tournepierre à collier (Arenariainterpres).

Les burhinidés

Nous nous pencherons sur 4 espèces, d’abord l’oedicnème européen appelé aussi oedicnème criard (Burhinusoedicnemus), présentés ici, et dans quelques parcs. Puis nous avons les espèces exotiques dont les oedicnèmesdu Pérou, les œdicnèmes bridés et les œdicnèmes du Cap (œdicnème africain). L'espèce européenne est plutôtsauvage, plutôt timide, alors que les autres espèces exotiques ont tendance à se faire beaucoup mieux voir.

Les charadriidés

Ils représentent une grande partie des limicoles, avec beaucoup d'espèces réparties sur tous les continents. Sil’on distingue deux groupes, le premier groupe comprend les gravelots et pluviers, dont le grand gravelot, et legravelot à triple collier et un deuxième groupe comprend les vanneaux de diverses origines.

Nous avons le grand gravelot (Charadrius hiaticula), espèce européenne qu'on va retrouver sur nos côtes, lespluviers dorés (Pluvialis apricaria), en Europe, en champs et sur les côtes, et le gravelot à triple collier(Charadrius tricollaris), un petit limicole d’Afrique, assez rare dans les collections mais qui commence à sereproduire et que l’on devrait voir dans les années à venir.

Les vanneaux présentent de grosses différences suivant leurs originescomme le vanneau huppé (Vanellus vanellus) sur la photo à gauche,que l’on retrouve en Europe, et le vanneau à éperons (Vanellusspinosus) sur la photo de droite, dans le sud de l’Espagne, en Grèce,mais surtout au Maghreb et même en Afrique sub-Saharienne.

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Oedicnème criard Oedicnème du PérouOedicnème

briard

Oedicnème tachard

Des autres espèces africaines, citons le vanneau armé (Vanellus armatus), et le vanneau couronné (Vanelluscoronatus). Pour les espèces sud-américaines, nous avons le vanneau tero (Vanellus chilensis) et l’espèceaustralienne, le vanneau soldat (Vanellus miles). On les retrouve donc dans le monde entier, sauf dans les zonestrop arctiques, plutôt en zone tropicale, jusqu'à tempérée.

Les haematopodidés

Nous allons retrouver en captivité seulement l’huitrier-pie, et quelques Huitriers-pienoirs à Madrid. C’est un oiseau très intéressant avec un bec fort, qui va manger despetites coques et des petites palourdes et a besoin de ce bec plus fort pour casser lescoquillages.

Les récurvirostridés

Il s’agit des échasses et avocettes, et nous avons 3 espèces en captivité. L’avocette (Recurvirostra avosetta) estun échassier à longues pattes, avec un bec qui remonte vers le haut et des pattes palmées. C’est un oiseau quiva être aussi bien en bord de rivage que dans des endroits avec 50 centimètres d'eau, parce qu’elle nage trèsbien.

Les échasses européennes (Himantopus himantopus) existent en captivité ainsi que l'échasse d’Amérique oul’échasse du Mexique (Himantopus mexicanus), qui, maintenant est une espèce à part entière, après avoir étéconsidérée comme sous-espèce. L'échasse est emblématique des marais salants, des zones avec 10centimètres d'eau, avec des pattes plus longues, mais non palmées, et un grand bec.

Les Glaréolidés

Il s’agit d’une famille seulement représentée par le pluvian d'Egypte en captivité,on l’appelle aussi crocodile bird en anglais, parce que la légende dit qu'il vamanger les petits bouts de viandes qui restent entre les dents des crocodiles. Auniveau de la reproduction, il va pondre ses œufs sous le sable et laisser le soleilincuber les œufs, raison pour laquelle il n’est pas facile à reproduire en captivité.

Question : Peut-on les observer en France ?

Réponse : Non, celui-ci se trouve uniquement en Afrique sub-saharienne et il n’y en a même plus en Egypte.

HébergementNous allons maintenant examiner comment garder ces oiseaux en captivité, dans de bonnes conditions, pourencourager la reproduction et pour assurer leur bien-être.

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Échasse d'AmériqueAvocette

L'échasse européenne

Premièrement, la profondeur des bassins et la qualité de l'eau sont deux choses très importantes, car, mise àpart l’avocette, aucun de ces oiseaux n’a les pattes palmées. Il est donc bien de faire des grands bassins de 0 à20cm de profondeur (40 cm pour l’avocette). Il faut également avoir une eau claire et non gélive, parce que cesont des oiseaux d'eau avec des pattes qui sont souvent dans la vase, des pattes assez molles, et qui ne sontpas faites pour être sèches trop longtemps. Il est donc très difficile à mettre en intérieur pendant les moisd'hiver, par conséquent, le meilleur compromis est d'avoir des pompes suffisantes pour éviter une eau qui gèleet permettre aux oiseaux de se mettre dans l'eau quand il gèle autour. Nous chercherons à éviter les engelureset les problèmes de pattes qui peuvent être assez dramatiques.

La nature des substrats est aussi très importante parce que si le substrat est trop abrasif, il va faire des plaiessur les pattes des oiseaux, qui peuvent être des portes d'entrée pour toutes les bactéries. Le meilleur substrat,sans être miraculeux, est un sol argileux avec, par exemple, de l'herbe et peut-être du sable très fin, ce qui est àl’étude sur les flamands roses au Zoo de Berne, en Suisse et semble très intéressant. Ce serait un sablevraiment très fin, de l'ordre du micron, qui aiderait beaucoup pour les pattes. Toutes les écorces, même lehêtre sont trop acides. Le problème se pose, néanmoins, de la poussière en hiver, à cause des lameschauffantes qui vont sécher le substrat. Les oiseaux vont donc inhaler beaucoup de poussière et cela peutposer des problèmes d'aspergillose qui va se développer par la suite, parce que toute une catégorie deces limicoles sont des oiseaux migrateurs venant du Grand Nord et ne connaissant pas beaucoup lesmoisissures.

Selon le type de limicoles, nous pouvons trouver des petites volières, très bien par exemple pour un groupe devanneaux, qu’on ne peut mélanger avec d'autres espèces. Maintenant pour d'autres espèces de typecombattants qui ont besoin d'un groupe pour se reproduire la grande volière devient plutôt nécessaire.L’élément primordial est une bande périphérique occultée sur 50 centimètres, il ne faut pas avoir une volièreen plein milieu du zoo avec des visiteurs qui peuvent tourner tout autour, sinon l'animal sera stressé et celaentrainera des problèmes. Il faut que la volière ait au moins deux côtés sur quatre complètement obstrués, sil’on ne met pas une bande de 50cm tout autour, afin que les oiseaux trouvent des endroits où se reposer,s’éloigner du public, ne pas être dérangé. Plus la volière est petite, moins il y a de risques de fuites et plus labande de protection est nécessaire. Ici au Parc Animalier des Pyrénées, tout autour de la volière, nous avons unmur d'un mètre de haut. Un autre problème va se poser, toujours dû au stress, ce sont des oiseaux comme lesbarges, ou courlis, avec de très grands becs, qui vont faire les cents pas, et s'abîmer le bec dans le grillage, voirese le casser d’où l'importance de cette périphérie occultée.

Nous avons également le problème de prédation par les renards, ou les chiens, assez facilement résolu avecdes bonnes clôtures. Cependant il est plus difficile de se prémunir contre les martres, les fouines, les rats. Il fauttoujours laisser un minimum de 50 cm à 1 mètre en bas de la volière avec du grillage ou un mur, pour que lesrats ou fouines ne grignotent pas le filet et n’entrent. Il y a aussi la possibilité d’une clôture de sécuritéélectrique que l’on allume le soir, pour éviter les prédateurs nocturnes, qui sont les plus importants.

Les moyens de se prémunir des rapaces ne sont, eux, pas nombreux. Il n’y a pas de problèmes avec les grossesespèces, comme les barges et les courlis mais beaucoup plus avec les gravelots, pluviers d'Egypte et même lesvanneaux, chassés par des éperviers par exemple. Si l’on met des grillages ou du filet partout, une bonne partiedes oiseaux vont se blesser en retombant lorsqu’ils s’envolent. Un filet nylon est important, mais qui dit filetnylon dit aussi facilité pour l'épervier. Comme ces oiseaux ont peur, beaucoup ont tendance à faire des tours età s’envoler au lieu de se cacher et ils deviennent la proie de l’épervier ou de la chouette hulotte.

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Ce qu’il est possible de faire ce sont des doubles filets, mais avec la neige en hiver, il faut des structures solidespour pouvoir installer des doubles filets. Du point de vue esthétique, ou si vous avez une volière d’immersion,le public doit avoir une vue convenable. Il est difficile de trouver une solution idéale.

En conclusion, les espèces nécessitant un filet nylon comme les barges, courlis , combattants, bénéficierontplutôt à être en grande volière parce que plus la volière et le filet au-dessus vont être grands et moins il y a dechance que l'épervier ou la hulotte n’arrivent à attraper l'oiseau. Ceux-ci sont plus à privilégier en grandevolière que des oiseaux tels les vanneaux qui vont plutôt rester au sol, et seront bien en volière plus petite,grillagée, pas forcément en immersion.

Exemples d’hébergement   :

La grande volière de Rotterdam, est faite en deux parties,dont ici la partie limicole avec beaucoup decombattants, huîtriers, des limicoles européens. Cependantcomme les oiseaux ne sont plus trop en vogue, ils ont rasé lavolière et il y a un couple d’okapis à la place.

La volière de Dresde, en Allemagne n’est pas forcément trèsgrande, mais très intéressante d'un point de vue biotope, avecbeaucoup de sable, des petites pointes de bruyère, de vieuxbouleaux couchés au sol. C’est une jolie volière nordique quicontient des courlis, gravelots et chevaliersgambette principalement et quelques chevaliers guignette.

Au Zoo de Prague, une chose très intéressante est la vitre, quiva aussi sous l'eau et qui permet une petite vision sous-marine des oiseaux. Quatre volières sont présentées ici,toutes des volières pénétrantes où les visiteurs passent par lecôté, puis ils ont également des locaux d'hiver, celui-ci étantassez rude. C’est une volière très intéressante par savégétation d'herbes sèches, de sable, de vieux bout de bois,donnant un effet assez joliment décoré.

À Berne, en Suisse, il s’agit là d’une volière d’avocettes dans laquelle le zooteste le sable fin comme substrat, avec l’aide d’une étudiante de thèse. Enplus de l’avoir testé sur les flamants roses, ils l’ont essayé sur cette volière carles avocettes ont souvent des problèmes de pattes, comme des trous. Ilsemblerait, avec le sable fin, que les résultats s’avèrent positifs, même si l’onn’a pas encore assez de recul pour dire si le substrat est la raison del’amélioration. Cette volière n’est pas gigantesque, elle doit faire 3 m 50 delarge, sur 10 ou 15m de long, avec grillage au-dessus.

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En volières un peu plus petites, nous avons Anvers, en Belgique,une volière de combattants et avocettes avec un grillage au-dessus, mais ce n'est pas une volière pénétrante. On remarquebeaucoup de végétation pour que les oiseaux se sentent ensécurité au centre.

Plantaria, en Belgique, pas un zoo mais un établissement botanique,présente une volière assez petite, petit budget également, du filet, despoteaux, des cabines, de l’herbe et un grand bassin.

Le dernier exemple est le Zwin, un centre de soin en Belgique,accueillant des limicoles européens, oiseaux blessés et oiseaux decentre de revalidation ou de centre de soins. Nous avons le pluvier etl’huîtrier dans une volière avec un bassin de 0 à 20cm d'eau.

La dernière est à Ruinen, un petit parc aux Pays-Bas, etprésente des volières avec beaucoup moins de budget mais oùl’on va retrouver une bande occultée de 50 centimètres, mêmeentre les volières, pour que les oiseaux se sentent en sécurité,ainsi que des petits bassins d'eau, de zéro à vingt centimètres,et au-dessus le filet. Il y a des endroits un peu plus à l’abri dufroid, avec un courant d’eau assez important pour éviter quel’eau ne gèle.

Citons Barcelone, pour les jacanas, qui montre que l’on peut mettre des

limicoles en volières intérieures, même si cela peut être un problème que

les oiseaux ne prennent pas la pluie et n'aient pas accès à des insectes

sauvages. Pour des espèces exotiques qui craignent le froid comme les

jacanas, c’est un peu la seule solution.  

Question 1: Parle-t-on, à un moment donné, de l'hivernage ?

Réponse 1 : Oui, pour l'hivernage, la meilleure des solutions est d'avoir cetteeau non gélive pour les limicoles européens, et de ne pas avoir les oiseaux, toute l'année dehors, dans l'eauquand il gèle. Parce qu’à cause de ce problème de pattes, il est nécessaire d’avoir un substrat non abrasif àl’intérieur. Bien sûr, il est toujours mieux de rentrer un animal que de le retrouver avec 3 doigts en moins, ouune demi-patte en moins, mais il est encore mieux de bien concevoir les volières au début, avec de l’eaucourante ou de mettre des abris au moins pour la pluie, voire mettre des lampes chauffantes.

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Il faut essayer de les enfermer le moins possible à l’exception des vanneaux et œdicnèmes, qui sont desanimaux de zones désertiques et qui peuvent supporter plus facilement des rentrées en hiver.

Question 2 : Peut-on laisser les échassiers dehors en plein hiver ?

Réponse 2: Avec de l'eau qui court, sans aucun problème.

Question 3: Faut-il mettre des tapis de caoutchouc à l’intérieur ?

Réponse 3: c'est une solution qui m'intéresserait, mais le problème ne porte pas que sur les pattes, c’estsurtout qu'ils ne vont pas prendre de bains, ils vont boire, mais c'est tout. Ils arrêtent de se laver et donc aubout de 48 heures quasiment, ils perdent l'étanchéité et arrivent les autres problèmes. Un jour, qu’il fait un peuplus froid, ils peuvent attraper une pneumonie ou se noyer même.

En conclusion, certains utilisent de l'eau salée dans les bassins qui est peut-être responsable des problèmes depattes, car ceux-ci se développeraient plus facilement en eau salée qu’en eau douce.

Alimentation :

Nous utilisons ici un mélange d’extrudées, ce sont des granulés de trois Floating différents, d’abord le Floatingall-round pour les canards de surface, avec 18% de protéines, puis le Floating flamingo pour les flamants rosesavec 25% de protéines et enfin le Floating sea duck, à destination des canards marins, à 35% de protéinesenviron, de la spiruline, et quelques sels marins.

Le mélange de base se compose de moitié all-round, 1/4 Flamingo, 1/4 Sea duck, autour de 25% ou 26% deprotéines. On peut le donner sec à la plupart des espèces, sauf pour les sternes ou les avocettes  qui lepréfèrent un peu mouillé. En fait, toutes les espèces vont le préférer mouillé, mais le problème de ce mélangemouillé, est qu’en été, il sèche très vite, ou alors il va tourner les jours d'orage. Il est vraiment beaucoup plusintéressant de le donner sec, quitte à forcer un peu les individus au début en les habituant progressivement aumélange sec. Il faut faire une exception avec les œdicnèmes qui ont du mal à le manger sec et à qui on le donnemouillé.

L'intérêt de ce mélange-là, c'est de donner des granulés contenant déjà tous les apports vitaminés. Nousrajoutons des vers de farine, des éperlans, de la viande de bœuf haché frais, pour l'enrichissement surtout. Ilssont complètement fous des vers de farine, donc ça permet de les faire s’approcher, venir près du public et toutle monde y gagne.

Nous donnons aussi des éperlans qui reste de la nourriture naturelle, pour qu’ils ne perdent pas complètementla notion de la chasse et puis nous ajoutons de la viande hachée parce qu’ils adorent cela.

Pour les limicoles en hiver, un très bon moyen d’enrichir l’alimentation en graisses est le gruyère râpé. Tous leslimicoles, même les hérons, peuvent en manger et ça a un apport en graisse absolument superbe qui permetde garder des oiseaux en bonne condition. Si l’on a trois jours consécutifs de gel ou de pluie, on peutcommencer à en donner, et quand il se remet à faire chaud, ils arrêtent d'en manger d’eux-mêmes. Ce qui peutse faire également, c'est mélanger le gruyère avec de la levure de bière, pour apporter des protéines et deslipides en même temps et quelques petits vers de farine pour les vitamines.

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Nous remplaçons parfois les éperlans par des encornets et certains, apparemment, donnent du surimi.

Comportement.Les grégaires

Ce sont les animaux qui se regroupent, par exemple plusieurs couples ensemble et qui se mélangent avecd'autres espèces, limicoles ou autres. L’avocette élégante est vraiment grégaire, elle a même besoin d'unminimum de 4 à 6 individus sinon elle n'est pas rassurée. Elle a besoin du phénomène de colonie, de mêmeque le combattant, qui ne va pas se reproduire sans un certain nombre d’individus autour de lui. L’huitrier-pie,la barge à queue noire sont aussi rassurés par le groupe.

Avec ce premier groupe de grégaires, on rencontre un problème de sécurité, la nuit, ils vont avoir peur s'ils nesont pas en groupe. Les gambettes et tournepierres peuvent être grégaires, mais en grande volière, comme àDresde où ils ont 16 à 18 individus qui se reproduisent.

Les territoriaux

Pour ces animaux, il faut impérativement un groupe par volière, pas de volière mixte. Ce sont vraiment lesgrands méchants, il faut mettre un seul couple et pas d'autres oiseaux de leur taille. C’est le cas desvanneaux, à l'exception du vanneau huppé qu'on va pouvoir mélanger un peu plus.

Même chose pour les petits œdicnèmes, où tout se passe bien jusqu’au jour où ils veulent se reproduire, et oùils peuvent tuer d’autres oiseaux.

Les jacanas peuvent vite être très agressifs et sont à garder en couple.

Le reste des espèces peut être hébergé à un couple par volière mais mixable avec d'autres espèces.

En effet, on peut mélanger sans problème grèbes, canards en restant sur des nombres restreints par souci depropreté de la volière ou pour éviter le parasitisme. Il en va de même pour les columbiformes, ce sont desréservoirs a parasites et il ne faut pas avoir dix colombes au-dessus d'un groupe de vanneaux.

Les petits passereaux, comme les grives ou les fringilles vont pouvoir se mélanger assez facilement. Pour lescoraciiformes, comme les huppes, les guêpiers, et même les martins-pêcheurs, il faut juste faire attention auxoiseaux de plus petite taille.

Deux cas particuliers dans les comportements concernent le gravelot et le chevalier guignette, en hiver. Lecouple a tendance à se battre et il faut parfois séparer mâles et femelles.

L’échasse, également, doit être mise en grande volière car un couple dominant va tuer les autres couples s’ilssont en nombre restreints. La solution semble être de mettre plus de 4 couples ensemble pour diviser lesterritoires et de cette façon, les oiseaux parviennent à ne plus se battre.

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ReproductionPour les nids, il faut prévoir beaucoup de niches au sol et laisser les jacanas sur la végétation flottante. Pour lescombattants ou chevaliers, il faut laisser 10 à 20cm d'herbe sur les bords de volière, pour qu'ils aillent nicher,de même pour les barges et pour l’huîtrier.

L’incubation artificielle, à titre d’exemple, doit être à peuprès à 37.3 degrés et entre 45 et 55% d'hydrométrie,suivant si nous avons un œdicnème ou un oiseau de bordd'eau.

Pour l’élevage des jeunes, nous avons le même protocoleen milieu artificiel ou naturel et il faut une caisse opaque,une lampe céramique excentrée, un plat denourriture, un abreuvoir d’eau étroit, et une serviette debain plissée.

Au niveau de l’alimentation, le protocole pour petits limicoles est un tiers de Floating Micro, un tiers degranulés Pellet Duck 3 et un tiers de granulés Remiline Orlux. L'indispensable, ce sontdes Pinkies et Buffalo congelés, les premiers jours parce que les petits ne vont pas toucher aux granulés. Il fauttoujours rajouter des vers de farine vivants pour faire du mouvement dans le plat et stimuler l’oiseau à manger.

Les soins vétérinaires

Déparasitage (vers, coccidies)

Le déparasitage est ce qui occupe le plus les soigneurs au niveau vétérinaire. Nous avons beaucoup de volièresmixtes avec plan d’eau, donc il est très difficile d'aller traiter dans l'eau ou d'aller capturer. Nous faisons descoproscopies et du déparasitage individuel.

Aspergillose

Les facteurs principaux sont l’alimentation moisie et le stress. C’est pour cette raison que nous mettonsl'alimentation à base d'extrudés, donc de granulés cuits, pendant quelques secondes à très haute température.Cela élimine les spores.

Le stress est également un énorme facteur d'aspergillose. L'aspergillose, aussi bien que le Bubble Foot sont ceque l'on appelle des bactéries commensales, qui vivent dans le corps jusqu’au jour où elles deviennentpathogènes. Ces maladies opportunistes vont se déclencher quand l'animal n'est pas en bonne condition, bienque les vétérinaires ne soient pas toujours d’accord avec cette théorie.

Le substrat est aussi en cause dans le cas du Bubble Foot. Le dernier problème va être les fractures de pattes etde becs. Pour les fractures de pattes, nous nous aidons des broches. Pour les fractures de becs, parfois, celavaut la peine de couper à la même hauteur que la cassure. S’en suit alors une période de gavage et l’animalréapprend à utiliser son bec pour s’alimenter.

En ce qui concerne les ingestions de corps étrangers, il faut faire attention à ne jamais laisser traîner des boutsde fil de fer, provenant de grillages ou filets. Le limicole le prend pour un ver et un fil de fer de 2 centimètresqui traverse le tube digestif de l’animal, fait de gros dégâts.

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Né en 1964, à Schaffhouse, en Suisse. Alex a fait ses études de base en Espagne.Il est vétérinaire diplômé de l'Université de Vienne et il a fait sa thèse sur « lesétudes sur le comportement alimentaire des gypaètes réintroduits ». Pendantses études de vétérinaire, il a collaboré dans le projet de réintroduction dugypaète barbu dans les Alpes, pour le programme de relâchés, de 1986 à 1989en Autriche et en Suisse de 1991 à 1994, et en même temps en tant quevolontaire dans le Richard Faust Zentrum. En 1996, il est devenu responsabletechnique du centre de reproduction autonome en Andalousie "Centro de cría Guadalentín" qui construit labase du projet de réintroduction du gypaète barbu en Andalousie. Entre 2006 et 2013 il était responsabletechnique du centre de récupération en Catalogne "Centre de Faune Vallcalent" qui œuvre pour lareproduction des gypaètes et pies grièches à tête grise. Depuis 2013, il devient employé de la VultureConservation Fundation en tant que « Bearded » gestionnaire de programme du gypaète barbu et technicienresponsable de l'unité d'élevage en captivité du gypaète barbu au Centre de Récupération Vallcalent. En 1995,il est devenu coordinateur de la Fondation pour la conservation du gypaète barbu (FEEE) dans toutes lesquestions qui concernent les activités en Espagne. Et en 2008, il est officiellement devenu un membre du conseil FEEE (maintenant VCF). Depuis 1996, ilcoordonne l’EEP du gypaète barbu en Espagne, et est co-coordinateur de l'EEP international de cette espèce.

Biologie du Gypaète Barbu

Le cycle de reproduction commence en septembre avec la reconstruction du nid principalement par la femelle,pendant que le mâle principalement apporte les matériaux. Les matériaux et les substrats sont très importantspour la construction du nid. Un peu après, la femelle pond un seul œuf quand elle est jeune, ou elle a unedouble ponte quand elle est déjà plus âgée. Les pontes commencent milieu décembre jusqu'au début mars. Laponte est une période assez longue ainsi que l’éclosion.Les poussins ont besoin de viande fraîche comme nourriture, c'est à dire qu’en cas de mauvais temps où lesparents ne peuvent pas sortir chasser, le poussin mourra. En effet, il ne peut pas survivre sans viande fraîche,c'est pour cette raison que le deuxième œuf sert de réserve biologique pour assurer le succès reproducteur.

Il est important de noter que les éclosions se passenten février ou mars parce qu’il s’agit de la période où ily a le plus d’avalanches et donc, où l’on trouve plusfacilement de nourriture. C’est pour cette raison queces espèces se reproduisent en hiver.

En septembre, les jeunes commencent à devenirindépendants et à ce moment, ils se reproduisent ànouveau. Il est très important de comprendre lareproduction pour savoir à quel moment on peutrentrer dans la volière pour manier ou suivre les

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12. Le gypaète barbu, élevage et conservation

oiseaux parce que s'ils ont des œufs ou des poussins, on ne peut pas entrer. Il faut attendre que le poussin soitdéjà plus âgé, par exemple deux ou trois mois.

Le projet de réintroduction du Gypaète Barbu dans les Alpes

Tout a commencé en 1978, avec les prémices et le premier relâcher « Projet Alpin », qui a eu lieu huit ans plustard, en 1986. Les huit premières années, nous avons eu besoin de ramener tous les oiseaux et les poussinspour avoir un groupe reproducteur et assurer chaque année des oiseaux à relâcher. Quatre points de relâchersdans les Alpes ont été choisis (N.P. Hohe Tauer, Autriche ; N.P. Suisse ; Bargy, Hâute Savoie France ; N.P.Mercantour/N.P. Alpi Marittime). Pour la première fois en 1997, nous avons eu des résultats de reproductionen liberté. En même temps, cinq ans plus tôt, en 1992, pour la première fois une idée de conservation par leszoos a germé, avec la création de l’EAZA.

En 1996, ouvre un deuxième centre d’élevage, le Centro de Cria Guadalentin, à l’origine du Projet deréintroduction en Andalousie. En 2005, ouvre le Centre de Fauna Vallcalent en Catalogne, responsable de laréserve génétique pyrénéenne et commencent des relâches d’autres projets de réintroduction : le ProjetAndalou en 2006 et le Projet Corridor en 2010.En 2015, pour faire un petit résumé, nous avons déjà 250poussins relâchés dans la nature. Dans les Alpes, en 2014, nous avions déjà plus de 30 territoires.

Il faut penser qu’il y a déjà eu 128 poussins qui se sont envolés dans la nature. En captivité, nous avonségalement un stock approximatif de 150 oiseaux, répartis sur 39 zoos partenaires et 5 centres d'élevage. 

Question: Sur quel secteur ont été réintroduits les 250 poussins ?Réponse : les poussins ont été retrouvés presque tous dans les Alpes, quelques-uns dans le Corridor, les autresen Andalousie.

Le premier objectif a été établi en 1978 et était de se limiter au gypaète et d'utiliser seulement les oiseauxétant déjà en captivité dans les zoos, puis des oiseaux blessés ou irrécupérables pour le relâcher.

En 1978, le projet de travail était de mettre tous les oiseaux dans la centrale, Richard Faust Zentrum, pouressayer de faire des couples, les accouplements n’ayant pas marché dans les zoos. Donc, une fois que le couplefonctionne, il peut retourner en zoo.

Il fallait établir une méthode d'élevage, l’objectif étant, premièrement, de créer une réserve génétique, etdeuxièmement, de produire des poussins qui sont capables, une fois qu'ils arrivent à la maturité sexuelle, de sereproduire. Un troisième objectif était aussi d'avoir des poussins pour l’élevage. Le résultat est que nous avonseu 42 fondateurs qui se sont reproduits. Le dernier objectif est d’avoir une conservation in situ de l’espèce,c’est-à-dire d’établir une population capable de survivre et de se reproduire indépendamment de l’interventionhumaine.

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L'accouplement des gypaètes peut être très dangereux, avec le risque de perdre des oiseaux, c’est pour cetteraison que les accouplements des oiseaux adultes sont placés en centres d’élevage spécialisés. Les centresd'élevage, qui sont des parcs zoologiques ou collections privées, ont pour fonctions, d’abord de reproduire,mais aussi d’avoir toute la population captive dans différents centres pour éviter, en cas d’épidémie, deperdre toute cette population. L’objectif le plus important est de divulguer au public et à la société les travauxde conservation effectués pour cette espèce.

Les Centres d’Élevage Spécialisés (CES) ont d'autres fonctions comme l'accouplement des oiseaux adultes oul’hébergement des oiseaux altérés ou imprégnés à l’Homme parce qu’il peut être très difficile de s’occuperd'oiseaux qui ont quelques problèmes psychologiques ou ont été maltraités en captivité. Ils ont aussi pourmission l’adoption des poussins par d’autres couples de gypaètes.

Chez les gypaètes, le deuxième poussin est toujours tué pour garder le premier, à la différence par exemple del'aigle royal. Avec l'aigle royal, ce mécanisme est facultatif, c'est à dire que s'il manque de la nourriture, le plusfort tue le plus faible. Chez le gypaète est obligatoire et c’est la raison pour laquelle le premier poussin naît 6jours avant le deuxième, comme le premier pèse presque le double de poids, le deuxième est toujours tué. Les doubles pontes créent la nécessité de trouver un autre couple pour adopter le deuxième poussin, sinon ilsera tué. Dans les trois centres d’élevage spécialisés, on essaye d'avoir une représentation d’un cas de chaquegène. De cette façon, on a une réserve génétique.

Caractéristiques d’une volière pour gypaèteIci, nous avons une volière dans un centre d'élevage, en fait il s’agit de deux volières avec dans chaque volière,un couple. De cette façon, ils ont seulement un contact visuel, mais jamais physique. Quand ils sont encaptivité, ils sont très agressifs et ils défendent leur territoire mais avec la menace du couple voisin en face, ilslaissent tranquille leur partenaire.

Question : Alors il y a un couple de chaque côté ?Réponse : Oui. Grâce à ce travail, nous avons trois fois plus de naissances en élevage spécialisé que les autres. 

Dimension de la volièreEn Centre d’Élevage Spécialisé, la volière estplus petite qu’en zoo, où l’on peut faire desvolières plus grandes. Il faut toujours faire trèsattention parce que si la volière est tropgrande, l'oiseau va voler à une vitesse trèsgrande et si une collision contre les grillages seproduit, il peut se tuer.

Le Centre d’Élevage Spécialisés, ont desvolières d’à peu près 12 mètres de longueur, 6mètres de large et 4 mètres de haut. Lahauteur est l’un des facteurs les plusimportants pour la sécurité des oiseaux, parceque les oiseaux ne voient pas la distance, ils ontla notion de la dimension.

La hauteur fait que le soigneur devient plus petit. En revanche, si la volière est trop haute, nous aurons unproblème de maniement des oiseaux.

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Il est très important d'avoir une plate-forme pour les mettre à l'abri du mauvais temps (130cm de profondeur,300cm de large et 90cm de haut) avec un nid (130cm/130cm) pour chaque plate-forme, car il faut des plate-formes séparées pour l'accouplement où il est mieux que chaque oiseau ait son lieu. Les perchoirs (20cm delarge, 60cm du mur et 90cm du toit) ne doivent jamais être plus hauts que les nids car l'oiseau le plus hautdevient dominant et si un oiseau, en train de couver est plus bas que l'autre oiseau, il sera inquiet. Le nid doitêtre fait avec de l’écorce de pin, de laine et un peu de bois.

Bien sûr, comme tous les oiseaux, le gypaète a besoin d’eau et il a aussi besoin d’argile et de son oxyde de fer. Ilfaut donc prévoir un bassin d’eau et un bassin d’argile.L'escalier est très important, de 40 cm de hauteur et 150 cm de longueur pour qu'il ait la possibilité de monterdu matériel pour construire le nid.Au niveau des matériaux, dans le centre d'élevage spécialisé, nous avons un grillage soudé 2,5 x 2,5centimètres pour s'assurer qu'aucun prédateur ne puisse rentrer dans la volière.

Question : Est-ce que la fouine pourrait prendre un œuf de gypaète ?Réponse : Jusqu'à maintenant on n’a jamais vu une fouine prendre un œuf, elle part plutôt chercher lespoussins.

L’orientation de la volière est très importante, l'oiseau qui est en train de couver doit avoir une vision de toutela volière. De cette façon il peut voir exactement ce que fait l'autre oiseau, et il sera plus tranquille car il saitque celui-ci défend le territoire. S'il ne voit pas ce que fait l'autre oiseau, il commence à s’agiter en entendantdu bruit, par exemple les soigneurs. Pour éviter les collisions, il faut que l’oiseau ait une bonne vision de lavolière. Il faut donc faire attention également à la végétation qui peut gêner sa vision.Il est très important aussi d'avoir des reposoirs autour de la volière, afin de donner toujours la possibilité àl’oiseau de se poser et d’éviter de se poser sur le grillage. Cette espèce vit sur les falaises et a besoin de plate-formes pour se poser.

Programme de suivi et maniement des oiseauxD’abord il faut savoir que les oiseaux se souviennent si l’on les manie et ils peuvent se sentir menacés et lemontrer par leur comportement. C'est pour cela que l'observation est primordiale avant le maniement. C’estpar ces observations communes que l’on peut déterminer le comportement de chaque oiseau.Ce projet a des résultats positifs car nous avons plus de 30 oiseaux, en captivité, qui se sont reproduits. Il estnécessaire génétiquement d’en avoir plus de 30 pour avoir une population saine. Nous avons maintenant déjà42 fondateurs qui se sont reproduits.Jusqu'aujourd'hui il y avait 84 fondateurs (56 sont déjà morts). Bien sûr, il est impossible que les 84 sereproduisent parce que nous avons 50 mâles et 34 femelles, qui sont tous monogames. Si un oiseau n'est pasmaltraité, il est prêt lors du premier cycle reproducteur, et peut se reproduire. Sinon, on peut attendre ledeuxième. Les signes d’un accouplement réussi sont le toilettage mutuel, le partage des nids, bassins,nourriture et points stratégiques de la volière.Si l’accouplement d’un couple ne fonctionne pas très bien et il y a des techniques pour essayer de l'améliorer etde le favoriser. Par exemple, on peut introduire un troisième oiseau dans la volière pour que le couple s’unisseet l’attaque (on enlève le 3ème gypaète quand le couple est prêt à l’attaquer). On peut aussi apparier un jeuneavec un adulte dominant, changer le couple de volière ou offrir des œufs de plâtre.

Méthodes utilisées pour augmenter le nombre d’œufsPour augmenter les pontes, on peut essayer de provoquer des pontes de remplacement avec l’extraction de lapremière ponte lorsque la femelle est déjà en période d’incubation (deuxième ponte 4 à 5 semaines après lapremière). On peut aussi retirer les œufs immédiatement pour provoquer une seconde ponte, dès 14 joursaprès le retrait de la première.

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Les problèmes que l’on peut alors rencontrer si l’on augmente les pontes sont nombreux. La ponte deremplacement ne fonctionne que pour les couples pondant en décembre ou janvier. Les œufs incubés enincubateur ont un pourcentage d’éclosion plus faible que ceux incubés naturellement. Il est difficile, enfin, detrouver des couples pour adopter et élever les poussins excédentaires.

Incubation et élevage artificielLe succès de l’incubation artificielle en couveuse traditionnelle ou en couveuse ContaqX3 ne dépend pas del’intensité d’incubation ni de la durée des interruptions (refroidissement), ni de l’oxygénation. Le succèsdépend du choc thermique, c’est-à-dire d’une exposition à température extérieure 4 fois par jour pendant 5minutes, améliorant significativement le taux d’éclosion.Une fois éclos, le néoptil reste dans l’incubateur à 37,5 degrés à sécher pendant les premières heures. Une foissec, il est brossé avec une brosse à dents et la température réduite à 37 degrés. Dès le deuxième jour, on réduitla température progressivement et les poussins sont engraissés toutes les 3-4 heures pendant la journée.Les poussins élevés à la main montrent un comportement altéré et imprégné à l’Homme. Seulement lespoussins reproduits naturellement arrivent à se reproduire avec succès, ceci est l’objectif de la conservation insitu. C’est pour ça que les poussins sont adoptés à l’âge de 7 jours avec en poids à peu près de 200g.

Causes de décès des gypaètes en captivitéIl existe une grande différence entre les CES et les zoos.L’âge de décès au CES c’est à 26,6 ans en contre dans les zoos a 16,2 ans. Au moyenne la première reproductionau CES c´’est a 9,17 ans (12,36 pour les zoos). Et le succès reproducteur c’est au CES 0,89 poussins /couplereproducteur (0,39 pour les zoos). La cause de décès dans les zoos c’est principalement l’aspergillosis. Suivi partraumatisme et poison. Par contre au CES 35% des décès sont dus à la sénilité ou sénilité combinée à uneinfection bactérienne.

Objectifs de la VCF (Culture Conservation Fondation)Les objectifs de la VCF sont d’améliorer les taux de survie des gypaètes dans les zoos et pour cela, elle offre unservice d’expertise personnelle à tous les partenaires du programme d’élevage depuis octobre 2013.L’avenir du programme d’élevage EEP réside dans le soutien des CES (Centres d’Elevage Spécialisés) sanslesquels nous n’aurions pas de programme de conservation ex situ ni de in situ (projets de réintroduction). Cescentres, fermés au public, n’ont aucune source de revenu.Pour assurer le futur du gypaète, l’idéal serait un soutien mutuel entre zoos et CES.

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Nous vous remercions pour la lecture de ce compte-rendu et espérons que celui-ci vous donnera l’envie

de nous retrouver chaque année !

Rencontrez,

Apprenez

et Partagez !

L'équipe de l'AFSA.

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