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Compte rendu d'un voyage au Moyen-Orient Author(s): Poul Rovsing Olsen Source: Acta Musicologica, Vol. 47, Fasc. 1 (Jan. - Jun., 1975), pp. 3-16 Published by: International Musicological Society Stable URL: http://www.jstor.org/stable/932324 . Accessed: 14/06/2014 15:54 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . International Musicological Society is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Acta Musicologica. http://www.jstor.org This content downloaded from 188.72.126.55 on Sat, 14 Jun 2014 15:54:47 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Compte rendu d'un voyage au Moyen-Orient

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Compte rendu d'un voyage au Moyen-OrientAuthor(s): Poul Rovsing OlsenSource: Acta Musicologica, Vol. 47, Fasc. 1 (Jan. - Jun., 1975), pp. 3-16Published by: International Musicological SocietyStable URL: http://www.jstor.org/stable/932324 .

Accessed: 14/06/2014 15:54

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Compte rendu d'un voyage au Moyen-Orient POUL ROVSING OLSEN (K0BENHAVN)

Introduction

Du 12 janvier au 12 fivrier 1974, j'ai entrepris un voyage au Moyen-Orient pour la Soci~td Internationale de Musicologie. Le but de cette mission 6tait d'6ta- blir des relations entre les musicologues du Moyen-Orient et ceux de l'Occident et d'essayer de persuader les premiers de joindre la Soci~t6 qui, par la m~me occa- sion, commencerait enfin 1 devenir ce qu'elle a toujours pr6tendu 8tre: internatio- nale. I1 va sans dire que j'ai essay& en mime temps de m'informer sur la structure non seulement musicologique, mais aussi musicale de chacun des pays visit6s.

J'ai visitk six pays: l'Iran, le Koweit, l'Iraq, la Syrie, le Liban et l'Egypte. I1 n'a malheureusement pas 6td possible de visiter tous les pays du Moyen-Orient, le temps dont je disposais ne le permettant pas. J'ai &td force de faire un choix et j'avoue franchement que ce choix frBle l'arbitraire. Il serait 6galement impor- tant de crier des contacts avec surtout la Turquie et la Jordanie, mais aussi avec l'Afghanistan, le Bahrain, l'Arabie Saoudite, le Y6men et la Ripublique Populaire du Yemen du Sud.

I1 est, en effet, regrettable que la Soci6t6 Internationale de Musicologie jusqu'g ricemment, grosso modo, ait 4th une soci6td purement occidentale avec un nombre insignifiant de membres non-occidentaux et avec son intir~t principal concentr6 sur la musique savante de l'Occident.

Les 6tudes de la pratique musicale et les theories sur le ph6nomhne musical sont trbs anciennes en Orient: en Chine et en Inde surtout, mais presque autant dans le Moyen-Orient. Les grands philosophes de l'Age d'or de l'Islam (du 8rme au 136me sidcle environ) pouvaient Stre Persans ou Turcs aussi souvent qu'Ara- bes, mais ils ont tous 6crit en arabe, et ils ont en trbs grand partie contribuC Q la construction d'une th6orie musicale coh~rente. Citons par exemple Al-Kindi

(9rme sikcle) avec son Kitab ris•lat al-Khubri ft ta'lif (Le grand livre sur la com-

position), Al-F~ribi (1Ome sidcle) avec son Kit•ab

al-Musiqi al-Kabir (Le grand livre sur la musique) et Safi Al-Din (136me sidcle) avec son Kitab al-Adwar (Le livre des modes) et Risalat al-Sharafiya (Le trait& sharafien des proportions musi- cales). (Pour plus de renseignements sur la musicologie de ces grands sidcles, voir H. G. Farmer: A History of Arabian Music [London 1929]. Des traductions en frangais de quelques traitis importants ont 6td fournies par R. d'Erlanger dans les quatre premiers volumes de La Musique Arabe [Paris 1930-59]). Ajoutons que la musique, a cette 6poque, 6tait considdrde comme faisant partie des sciences math6matiques et que les auteurs grecs 6taient familiers A ces auteurs du Moyen- Orient car un nombre important d'&crits grecs sur les math6matiques et sur la musique avaient &td traduits en arabe.

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Avec la chute de Baghdad (devant les successeurs de Gengis Khan) en 1258 et l'affaiblissement continu du pouvoir islamique en Espagne (Al-Andalous)

l'&ge d'or touchait A sa fin. De 1500 environ jusqu'A la fin du 19dme sidcle, presque aucun trait6 de musique n'est arrive jusqu'A nous de cette partie du monde.

Mais un renouveau a pu 8tre constatd. Trbs significatif, en ce sens, est le Con- gras de la Musique Arabe - si justement c~l1bre - qui s'est tenu au Caire en 1932. Plusieurs grandes personnalites europdennes y ont particip6 - des com- positeurs tels que B. Bart6k, P. Hindemith et A. Haba, des musicologues tels que Curt Sachs, Hans Hickmann, Rodolphe d'Erlanger, Robert Lachmann. Le congrbs de 1932 a 4tk suivi, aprbs la guerre, par d'autres congrbs de musique arabe (Baghdad 1964, Fez 1969, Le Caire 1969).

Il existe aujourd'hui un nombre croissant de musicologues de presque toutes les categories au Moyen-Orient. Pendant mon voyage, j'ai essay& de les localiser. En grande partie, j'ai rdussi. Mais il va de soi que le tableau que je dois dresser sur les pages suivantes sera incomplet. Fatalement, car le terme <musicologie ne se prate gubre B une ddlimitation exacte, et parce que mes sejours dans chacun des six pays ont 6t6 trop brefs pour qu'il me soit possible de m'assurer de l'exacti- tude de tous les renseignements qu'on m'a donnis. Il est souvent (en Moyen- Orient et en Inde beaucoup plus qu'en Europe ou dans les Ambriques) difficile de distinguer entre un musicologue, un amateur 6clair6 et un musicien. I1 est parfois difficile de faire comprendre que la musicologie couvre des domaines bien nombreux, non seulement par exemple la musique savante du pays, mais aussi la musique occidentale, la musique des 6glises orientales, la musique populaire de la rigion, l'organologie etc. I1i est, par surcroit, ind~niable que des difficultis de communication (par exemple d'obtenir des num&ros de t1~phone valables!) ont pu contribuer A m'dloigner de quelques faits qui auraient 6t6 importants & relever.

Mais, dans un domaine oi la perfection reste toujours inaccessible, je pense n~anmoins pouvoir donner une somme de renseignements significatifs.

L'Iran

A la facult6 des Beaux-Arts de l'Universit4 de Tehran se trouve une section de

musique fondde en 1964. La section comporte quatre branches: la musicologie, la composition (A l'occidentale), la musique traditionnelle de l'Iran et la pidagogie musicale. La durie des etudes de musicologie (comme d'ailleurs des trois autres sujets gn~nraux)

est en principe de quatre ans. Au moment de ma visite, la section

comptait en tout a peu pris 100 6tudiants. Le directeur en est Hormoz Farhat qui a 4tk form6 en Californie, B UCLA et

qui a toujours gard6 des liens assez 6troits avec la musicologie ambricaine: il a, par exemple, fait des conferences A Harvard University. Ii a, en outre, avec Bruno Nettl, dlabord une cooperation entre la section de musique de l'universit6 de Tehran et le d~partement de musicologie de l'universith d'Illinois, ce qui permet un &change d'enregistrements, mais aussi un &change de musicologues et d'6tu-

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diants. Des arrangements similaires doivent probablement bient6t Stre cr6s avec John Blacking et l'universit6 de Belfast. Si Farhat enseigne surtout des sujets relatifs a la musique occidentale, sa thbse de doctorat g l'University of California en 1965 porte le titre de The Dastgah Concept in Persian Music. Les theories de Hormoz Farhat sont basdes sur un examen de la pratique musicale. Voil une des raisons pour lesquelles il refuse d'accepter une gamme bien fixe comme la gamme tempirie de 24 quarts de tons, si populaire chez tant de th6oriciens du Moyen- Orient dans notre si~cle, ou m~me comme la cdl1bre gamme de 17 degrds de Safi

A1-Din du 13Pme sidcle. Farhat souligne l'importance du titracorde (ou penta- corde) et de la flexibilite de certaines notes.

Le collbgue de Farhat a la section de musique est Mohammad Taghi Massoudieh qui cultive des relations avec l'6cole de Cologne. Il a collabord avec Marius Schneider et Robert Giinther et il a, avec Joseph Kuckertz, entrepris une exp6di- tion d'enregistrements des chants religieux (entre autres les chants d'Ashura Moharram) etc. pros du Golfe. M. Massoudieh s'est consacrd surtout A l'6tude de la musique populaire. Il a fait plusieurs publications sur la musique traditionnelle (Awaz-e-Sur, Zur Melodiebildung in der persischen Kunstmusik, Regensburg 1968) et sur des thdmes historiques (Tradition und Wandel in der persischen Musik des 19. Jahrhunderts dans Musikkulturen Asiens, Afrikas und Ozeaniens im 19. Jahrhundert, Regensburg 1973). Mais il se concentre de plus en plus sur l'6tude de la musique populaire; en timoignent Hochzeitslieder aus Balucestan (publid dans Jahrbuch fiir musikalische Volks- und V6lkerkunde 7, Berlin 1973) et l'4tude dlaborde avec J. Kuckertz sur des chants populaires et religieux dans les environs de Bushire. On remarque dans ces travaux des analyses musicales assez

pouss~es. Un des plus c6l1bres musicologues iraniens est bien attach6 g l'universit6, mais

pas A la section de musique. Le Dr. Mehdi Barkeshli est A la facult6 des Sciences et d'abord physicien (professeur d'acoustique). Sa renomm~e reste probablement surtout lide au livre qu'il a publid avec le musicien Musa Ma'arufi: La Musique Traditionnelle de l'Iran (Tehran 1963), comprenant la presque totalitk de radif en usage dans l'Iran contemporain. Mais M. Barkeshli a, en outre, publid des articles comme La gamme de la musique iranienne (dans Les Annales des Tklecommuni- cations 1947) et L'Art Sassanide base de la Musique Arabe (Tehran 1947).

Parmi les musicologues iraniens se distingue aussi le Dr. Zaven Hacobian qui a fait des contributions importantes A l'6tude de la musique populaire. I1i est maintenant conseiller du ministre de la Culture et des Arts. I1 a 6td form6 en France. Le Dr. Khatschi Khatschi qui, lui, a 6td forme en Allemagne (chez M. Schneider, A Cologne) a, depuis quelques ann6es, quitt6 l'Iran. Aprbs un s6jour au Liban, il s'est maintenant fix6 A Munich. Son oeuvre principale reste encore Der Dastg~ih. Studien zur Neuen Persischen Musik (Regensburg 1962). Mais il a aussi publid un article dans Jahrbuch fair musikalische Volks- und Vilkerkunde 3 (Berlin 1967): Das Intervallbildungsprinzip des Persischen Dastgah Shur.

A la Tdlivision a 6t& cr• un Centre pour la preservation et la propagation de la musique traditionnelle iranienne, dont le chef est Dariouche Safvate. Safvate

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a fait ses 4tudes de musicologie a Paris. Avec Nelly Caron, il a publi6 Iran (dans la Collection de l'Institut international d'Etudes Comparatives de la Musique, Paris 1966). 1l poursuit d'ailleurs toujours des recherches sur les mitres et les structures mdlodiques de la musique savante de l'Iran. Le Centre essaye de faire revivre la pureti des traditions de la grande musique classique de l'Iran. Les meilleurs interprites sont repr6sentis soit par des enregistrements, soit person- nellement pour que la tradition puisse se poursuivre chez les jeunes 4tudiants. L'6tude de la musique reste une des preoccupations constantes. Puis on lui a donni des conditions presque id~ales de travail pour un fabriquant d'instruments de musique - il y a mime des machines. Cet artisan fait des instruments A cordes tels le Tar, le Setar, le Kamenje, le Ney, le Santur, mais aussi des tambours comme le Dombok (voir le compte-rendu: Centre pour la preservation et la propagation de la musique traditionnelle iranienne dans: Le Monde de la Musique XV, Mainz 1973).

Tehran posshde deux conservatoires de musique. L'un des deux est voue A la musique traditionnelle: le Conservatoire superieur de Musique traditionnelle. L'autre est un conservatoire A l'occidentale et il s'appelle Conservatoire supdrieur de la Musique. Ce dernier trouve ses racines dans les annies cinquante du 196me sidcle, mais n'a obtenu une existence ind6pendante qu'en 1918. Jusqu'd r~cem- ment, la musique militaire a jou6 un r61e preponderant dans l'enseignement. I1i y a des &coles de musique aussi A Tabriz et A Ispahan.

Un centre de musique populaire vient d'etre cr•6 A la Tdl6vision Iranienne. Un autre centre se trouve A Sazemane Melli Folklore Iran (l'organisation nationale du folklore iranien) qui est dirig6 par Lotfalah Mobassheri. Dans ce centre se trouvent aussi des films. L'organisation a pour but de transformer le folklore de telle manibre qu'il puisse servir de base A un art de divertissement. On s'intiresse surtout A la danse folklorique.

Dans la salle Rudaki, a Tehran, une compagnie d'opbra se produit environ 30 fois par an et une compagnie de ballets environ 20 fois par an. L'orchestre symphonique de Tehran connait une saison annuelle de neuf mois. Un orchestre de chambre est attache A la Tblivision qui, de m~me, a engage (d'une manibre semi-permanente) des groupes de musiciens de tradition classique iranienne.

La radio donne rdgulibrement des programmes de musique persane, mais aussi - et dans une proportion surprenante (cinq heures par jour en tout pour les diffdrentes chaines d'apr~s H. Farhat, president d'un comit& de musique A la radio) - de la musique de style occidental.

Le monde musical de Tehran est certainement plus ouvert A la musique occi- dentale que ce n'est le cas dans les autres pays du Moyen-Orient. En m~me temps, on est bien conscient de la valeur exceptionnelle de la grande musique tradition- nelle et les tentatives de <l'dvoluer >> (i.e. de l'europdaniser) si nombreuses dans les pays arabes sont ici plut6t modestes.

En dehors de Tehran, la musique occidentale (dans toutes ses formes) ne joue, jusqu'g ce jour, qu'un r6le minime. (Bruno Nettl a publid deux articles qui don- nent un tableau interessant de certains aspects du monde musical iranien: Atti-

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tudes towards Persian Music in Tehran 1969 (Musical Quarterly LVI, 2, 1970) et Persian Popular Music in 1969 (Ethnomusicology XVI, 2, 1972). Un cas sp6cial reprbsente le festival annuel de Pers6polis, dont la renomm6 n'est plus A faire. Ce festival permet - A un niveau l61ev6 - la rencontre musicale de l'Orient et de l'Occident.

Le Koweit

L'universit6 de Koweit est toujours a ses debuts et on n'y trouve 6videmment pas de d6partement de musicologie. Mais le Koweit n'est pas pour autant tout a fait d6pourvu de musicologie. A la Radiodiffusion on a cr66 une collection im- portante d'enregistrements de musique du Koweit (mais aussi d'autres 6mirats du Golfe ainsi que d'Oman). Il y a, en tout, environ 700 bandes. Cette collection s'est surtout d~veloppde depuis 1959, quand le violoniste 6gyptien, Ahmed Ali en a pris la charge. I1 connait la musique du Koweit - si riche et si diversifi~e - mieux que personne. I1 a fait des transcriptions des milodies et de leurs textes, et il a analys6 les rythmes, extr~mement importants dans ces musiques. Il est souhaitable qu'il lui soit permis de publier une partie de ses vastes connaissances. Un autre Egyptien, Safat Kamal, a publi6 quelques articles (en arabe) sur les problbmes que rencontre celui qui recueille des traditions populaires dans le Koweit.

Une &cole de musique a 6td crde en 1972. L'intention est d'en faire une 6cole de quatre annies qui servirait en mime temps comme lyc6e. Les sujets de base sont: solfbge oriental, le piano, I'histoire de la musique. Les sujets de choix: le 'ud, le qanun, le nay, le violon, le violoncelle, la contrebasse, le chant mou- washshah. C'est, ainsi, une &cole odi l'on a m6lang6 les sujets orientaux et les sujets occidentaux. Les professeurs sont pour la plupart des Egyptiens, mais le professeur de violoncelle est Syrien. En janvier 1974, on enseignait 66 6tudiants de 11 a 16 ans. I1 y avait un 4tage pour les filles, un autre pour les gargons. Les filles etaient un peu plus nombreuses que les gargons.

A la Radio Koweit, avec ses trois chaines, on entend tous les jours de la musique koweitienne. I1 va sans dire qu'ici, comme dans tous les autres pays arabes, la majorit6 de la musique radiodiffushe appartient au genre nbo-arabe,

interprt~te par des petits orchestres tels qu'ils sont a la mode en Egypte et au Liban.

L'Iraq

Il y a cinq universiths en Iraq, mais la musicologie ne compte pas parmi les sujets enseignis. On rencontre ndanmoins des specialistes de plusieurs des themes musicaux qui prioccupent un grand nombre de musiciens et d'intellectuels du Moyen-Orient. A Mosul-traditionnellement un des grands centres de la musique arabe - vit Mohamad Sidiq al-Jalili, consid6r6 comme un des plus grands con- naisseurs des maqam. I1 est avant tout musicien (chanteur c6l1bre), mais a con- tribue, avec une brochure sur la musique classique, au Deuxieme Congres sur la musique arabe qui s'est tenu i Baghdad en 1964.

Le probleme des sources littiraires de la grande 6poque arabe est au centre des occupations de Zachariya Yousef, qui est membre de l'IFMC ainsi que de la

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SEM. Son 6ducation musicale a commenc6 en Iraq et s'est poursuivie g Londres (London College of Music) dans les sujets: le violon et la musicologie. II a con- tinu6 les recherches de H. G. Farmer et a publi6 des articles (en arabe) sur Al-

Farbi, sur Al-Kindi, et un livre (toujours en arabe) sur la science musicale comme elle est pr~sentte dans Le livre sur la sant6 d'Avicenne (1956). L'Unesco lui a command& un examen des manuscrits arabes d'un certain nombre de biblio-

thbques occidentales et orientales. Parmi ses d6couvertes les plus inttressantes figure un livre sur les rythmes 6crit par Al-Far6bi un livre cru perdu. Au con-

grbs d6ji nomm6 de Baghdad, en 1964, Zachariya Yousef a lanc6 un appel pour la creation d'une Acadimie de la Musique Arabe. Cette initiative n'a malheureu- sement pas encore eu de suite. Mais Zachariya Yousef fait maintenant partie du comit6 de planification musicale au Minist~re de l'Information.

Le Dr. Subhi Anwar Rashid compte ind6niablement parmi les autoritis de

l'organologie du Moyen-Orient. Il est arrive A la musicologie par I'archdologie, qu'il a 4tudide A Berlin. I1 a enseign6 l'histoire A l'universit6 de Riyad et travaille actuellement (janvier 1974) au Musde de Baghdad. II a publi6 (en arabe) un livre sur l'histoire des instruments de musique en M~sopotamie (Beyrouth 1970). Un second volume qui couvre l'dpoque suivante--grosso modo: l'dpoque islamique-- a maintenant &t6 fini en manuscrit. I1 est dommage que ces deux volumes ne soient pas accessibles en frangais, en anglais ou en allemand. Rashid a, en outre, publi6 plusieurs articles en allemand sur l'origine du luth de la M6sopotamie, sur l'age des tambours et des cymbales de la region, sur l'iconographie ancienne de la lyre.

Il faut bien aussi nommer Baher Faik, sp6cialiste du chant maqam, et qui a fait li-dessus un certain nombre de conferences A Baghdad. Mais il dolt plut6t Stre considdr6 comme un amateur 6clair6.

Baghdad posside plusieurs 6coles de musique. Ainsi, A 1'Institut des Beaux- Arts, il y a une telle &cole avec des 6tudes d'instruments occidentaux aussi bien

qu'arabes qui durent environ sept ans. L'Institut des Etudes de la Musique Iraquienne - plus r6cent, car 6tabli en 1971 seulement - est particuli~rement intbressant. LA on enseigne (le soir) le nay, le 'ud, le qanun, le santur et le joze (qui ressemble au rababah de la Nubie, mais a quatre cordes au lieu des deux

nubiennes). Cet institut dolt, en 1975, 8tre transform& en un institut de recher- ches de la musique populaire.

A la radio de Baghdad se trouvent des archives de musique populaire de l'Iraq, dirigdes par Farid Allahwerdy. I1 a, depuis 1971, entrepris des voyages systima- tiques (commengant dans les rtgions du Nord et descendant lentement vers le Sud) pour enregistrer sur bandes magn~tiques la musique populaire du pays entier. Les archives avaient, au d6but de 1974, environ 200 bandes en tout. Les archives recevaient r~gulibrement la revue trimestrielle de la SEM: Ethnomusicol-

ogy. Les programmes de la Radio et de la Tdlivision pr6sentent beaucoup de

musique iraquienne, non seulement neo-arabe, mais aussi classique; quant A la

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musique occidentale, il y en a de temps en temps, entre autres lors de l'4mission hebdomadaire sur les musiques du monde entier.

L'Orchestre National de Baghdad est un orchestre symphonique de grandeur moyenne (environ 50 musiciens). I1 emploie surtout des Iraquiens semi-profes- sionnels qui ont gard6 des situations A la Radio, au Ministare de l'Information ou ailleurs. Mais aussi des musiciens de l'Union Sovi6tique ou d'autres pays de l'Europe de l'Est.

Le Ministire de l'Information prepare actuellement un grand congrbs sur la musique iraquienne et ses rapports avec le monde extirieur - de l'est aussi bien que de l'ouest, du sud aussi bien que du nord. Ce congris aura probablement lieu vers la fin de 1975.

A noter que les Iraquiens rencontrent des difficultis pratiques pour le paye- ment de leur dit aux organisations internationales.

La Syrie

I1 n'y a pas de section de musicologie dans les universit~s syriennes. Pour les quelques musicologues syriens, I'intbrit semble en g~ndral concentr6 sur le pro- blame 6ternel de la gamme arabe. C'est bien le cas de Michel Allahwerdy connu partout au Moyen-Orient pour sa Philosophie de la Musique Orientale (Damas 1948) et pour sa conference au congrbs de Baghdad en 1964. Il a fini sept grands manuscrits sur (entre autres sujets) les rythmes, les modes et l'harmonisation naturelle dans la musique arabe. H~las, encore in&dits. Comme les grands philo- sophes de l'&ge d'or, il aime la precision de la pens~e et la combine avec des id6es d'ordre cosmologique (ou du moins planitaire). I1 en fait une antith~se de la gamme naturelle et de la gamme tempbr~e (l'arabe de 24 degrbs autant que l'europdenne de 12 degrds). I1 prache la gamme naturelle (ancienne arabe) et pense que la paix va s'installer ddfinitivement dans le monde quand on acceptera partout de se convertir A cette gamme naturelle basde sur des quarts de comma. Il discute avec beaucoup de vigueur les theories d'autres savants arabes aussi bien que celles d'Alain Daniblou ou d'Alois Haba ou mime de feu Helmholtz.

Un autre thdoricien de Damas est Mehdi Akili, auteur d'une ceuvre en cinq volumes, en arabe, sur La Musique chez les Arabes. Le manuscrit est fini et trois volumes ont 6td publids jusqu'ici. Le premier volume traite de la musique pr6- islamique, le second de l'Age d'or, le troisibme de Ziriab et de la musique anda- louse, le quatribme de I'6cole contemporaine et le cinquibme de la musique popu- laire et religieuse. Akili a 6t6 form& & la Santa Cecilia a Rome et a, depuis, fait quelques conferences sur la musique arabe A l'dtranger, ainsi, A Cologne, en 1963. II a publid un grand nombre d'articles sur des sujets divers, mais la grande euvre dji~ nommee dolt 8tre considerde comme sa prestation la plus importante.

Le fils de Mehdi Akili, Maher Akili, va traduire ern frangais un risumb de La Musique chez les Arabes et le publier en un volume. Lui-mfme est virtuose sur un 'ud special, qu'il a fait construire selon des principes indiquis par Al-Kindi, et qu'il appelle un <vio-luth .

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Alep autrefois, avec Mosul en Iraq, grand centre de la musique arabe, connait aussi quelques 6rudits. Nommons seulement les fr~res Nadim et Ibrahim Dar- wiche qui comptent parmi les grands spicialistes du Mouwashshah andalou.

La Radio posside une collection tris modeste d'enregistrements de musique populaire et de musique classique. Le chef en est Said Katlan, qui a fini un manuscrit sur les influences andalouses et iraquiennes (<<abbassides ) sur le mouwashshah. II pense que l'origine du mouwashshah dolt se trouver en Iraq et que l'Espagne l'a apprise par Ziriab et d'autres chanteurs iraquiens de l'dpoque.

Les programmes de radio sont dominos par des arrangements de folklore, la musique neo-arabe etc. Les programmes de musique classique ou de musique occidentale sont relativement rares.

A Damas, il y avait, de 1951 A 1960, une Ecole Orientale de Musique. En 1961, elle fut remplacbe par un Conservatoire Arabe de Musique, qui est presque entibrement de style occidental. On a projet6 trois stades: 1) Prdparatoire et d'une durbe de trois A cinq ans. 2) Secondaire et d'une durke de cinq ans. Les cours obligatoires sont: solfige, harmonie et l'histoire de la musique europbenne. Les instruments occidentaux sont au repertoire tout comme le 'ud, le qanun et le nay. 3) Conservatoire supbrieur: ne peut &tre lance qu'en 1978 environ, en partie faute de professeurs qualifies. On dispose, pour le moment, de huit professeurs sovi~tiques dans le deuxibme stade. Le conservatoire gire le seul orchestre A l'occidentale de Damas, un orchestre de chambre. Le conservatoire a environ 250 6tudiants. Il est significatif que 300 jeunes cherchent en f~vrier 1974 A Stre requs comme 6tudiants, et que le conservatoire ne puisse en admettre que 40.

Le directeur du conservatoire, le compositeur Sulhi Al Wadi, a 6t6 form6 a Londres. II dbfend sa resistance contre l'enseignement ghndralis6 en musique arabe en soulignant que les Arabes n'ont pas une histoire de leur musique continue, car I'bpoque allant du 156me au 20kme sikcle reprksente un vide. On ne salt pas si les enseignements des grands comme Al-F~ribi, Al-Kindi, Avicenne, Safi Al-Din etc. ont garde une valeur d'actualitk. Et le fait que la musique classique, en prin- cipe, ait At6 transmise oralement jusqu'A nos jours ne facilite gubre la tache.

Madame Wagiha Abdel Haq, qui a fait ses etudes chez Nataletti A Rome, mbrite d'etre mentionn~e car elle a construit un piano A quarts de ton.

A noter que la musique ((beat commence a jouer un r81e A Damas. On l'en- tend dans des clubs de jeunes en buvant (g~nbralement) de l'eau ou des jus de fruit.

Le Liban

Parmi les six pays visiths, le Liban est - avec l'Iran - le seul qui puisse se vanter d'une section musicologique universitaire. C'est le R. P. Dr. Louis Hage qui dirige cette section (6tablie en 1970) A l'universit6 Saint-Esprit de Kaslik, situde A Jounieh dans la banlieue de Beyrouth. La section se propose deux buts essentiels et complmentaires:

<a) Servir, comme centre de documentation et de recherche, A recueillir, A conserver, a publier et A 6tudier des documents sonores et 6crits relatifs g la Musicologie et g 1'Ethnomusicologie.

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b) Promouvoir, comme centre d'enseignement, une culture musicologique

g~nerale et des 6tudes sp~cialiskes > (Livret des 6tudiants). La section de musicologie est like A une &cole de musique. Les 6tudes de musi-

cologie durent, en principe, trois ans. L'bcole de musique compte environ 50 6tu- diants, la section de musicologie environ 15. On y trouve une petite bibliothique honorable avec un nombre presque satisfaisant de livres sur la musique occiden- tale aussi bien qu'orientale, I'embryon d'une collection de disques et d'archives de bandes magn~tiques (de musique populaire et religieuse du Liban). Parmi les collkgues de Louis Hage, on a pu trouver la trks regrett6e Dr. Solange Corbin, le Dr. Khatschi Khatschi (d6jA nomm6 dans le paragraphe concernant l'Iran) et le Dr. Joseph Pacholczyk.

Louis Hage est form6 comme musicologue a Rome et A Paris. Il est spkcialiste du chant maronite. Sa th~se de doctorat vient d'etre publibe en partie: Le chant de l'Eglise Maronite Vol. I: Le chant syro-maronite (Beyrouth 1972). Parmi ses nombreux articles en arabe et en frangais, on doit se rappeler Les Mklodies-types dans le chant Maronite: Recherches musicologiques (Kaslik 1967). Bien que sa Musique occidentale et orientale (Kaslik 1973) soit une ceuvrette didactique, elle contient des pensbes lucides sur les problbmes fondamentaux de la musique orientale. Ainsi, il est soulign6 que les notes bien arabes comme la tierce de Zal- zal etc. ne comportent pas des quarts de ton, mais repr6sentent des notes mobiles. L'id6e d'une lecture de la musique arabe de droite A gauche est certainement aussi 1 retenir.

Louis Hage a des relations nombreuses avec les musicologues 6trangers. I1 a fait des conf&rences sur le chant maronite 1 Paris, A Londres, g Los Angeles etc. dans les instituts scientifiques de ces villes. I1I est d'ailleurs, en ce fkvrier 1974 - avec le Dr. Khatschi Khatschi--le seul membre de la SIM des pays visiths lors de ma mission.

Parmi les quatre autres universit6s du Liban se distingue 1'Universit6 Ambri- caine de Beyrouth, car 1h il y a bien des cours de musique au d6partement des Arts (qui comprend les Beaux-Arts, le Thbitre et la Musique). La section musicale a ses d6buts, en 1967, avait quelques ambitions musicologiques, mais depuis 1972 elle n'est strictement qu'une 6cole de musique (harmonie, contrepoint, solfbge, appriciation de la musique etc.). En sept ans on ne compte que sept dipl6mbs. Un de ces dipl6m6s est Ali Jihad Racy, qui a poursuivi ses 6tudes aux Etats-Unis chez Bruno Nettl g l'Universit6 d'Illinois et fait une thbse: Funeral Songs of the Druzes of Lebanon (Illinois 1971, inbdit) oii Jihad Racy place les chants fun&- raires dans leur contexte social et, A part I'analyse musicale, prbsente une analyse des textes - s~par~ment pour les chants fbminins et les chants masculins. I1 fait actuellement des recherches sur la musique arabe, surtout de l'Afrique du Nord. I1 habite toujours les Etats-Unis.

L'4cole de musique est dirighe par Silvador Arnita, dont la femme, Yura Arnita a enseign4 A I'Vcole. Celle-ci, qui est Palestinienne, a fini un manuscrit (en arabe) sur la musique populaire de la Palestine et prdpare un livre en anglais: On Arab

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Music qui se concentre sur l'histoire de la musique arabe de ces derniers sidcles. Elle est membre de I'IFMC.

En dehors des universitbs travaille, entre autres, Walid Gholmieh. I1 part de la thise que les microtons arabes sont tellement instables qu'il ne faut pas leur donner d'importance structurelle. I1i conclut que les Arabes doivent accepter la gamme

temperee de douze tons, celle de l'Occident. I1I a

ete engage recemment par le gouvernement iraquien pour examiner la musique populaire de l'Iraq afin de parvenir 1 son utilisation dans une musique compos~e de style quasi occi- dental.

Salim al Helou, de Jounieh, a publib deux livres en arabe sur le mouwashshah. Abdullah Chahine a (comme Alois Haba de la Tch~coslovaquie et Madame Wagiha Abdel Haq de la Syrie) fait construire un piano 1 quarts de ton.

La phonothbque de la Radio est dirighe par Toufic al Bacha (qui dolt Stre con-

sid~rb comme l'un des sp~cialistes de la musique arabe au Liban et qui enseigne en m~me temps au Conservatoire dit ?oriental >). Cette phonothbque ne compte qu'un nombre assez restreint d'enregistrements de musique populaire libanaise. La collection la plus intbressante et qui incorpore aussi beaucoup d'enregistre- ments d'autres pays arabes est probablement celle qui appartient au Dr. Yousuf Ibish, professeur 1 l'Universit6 Ambricaine de Sciences Politiques. Cette collection est Avidemment une collection privke.

Le Conservatoire National de Musique de Beyrouth est fond6 en 1929 (mais a eu une 6cole de musique comme pr~d6cesseur). Il comporte deux sections dis- tinctes: une occidentale et une orientale. Dans les deux sections, le conservatoire assure l'enseignement en deux cycles: 1) moyen (comprenant deux degrbs: pr&- paratoire et 6l6mentaire) et 2) supkrieur. La dur6e des 6tudes est de six a dix ans en tout. La section occidentale peut Stre comparke g un conservatoire moyen du genre frangais. La section orientale comporte des <<etudes thboriques et appli- ques > et - au choix - l'enseignement du 'ud, du qanun, du nay, du chant, du violon, du violoncelle, de la contrebasse.

La direction du Conservatoire est, depuis 1970, assurbe par le R. P. Joseph Khoury qui est un ancien 61ve de l'Ecole C6sar Franck de Paris. I1 a un savoir 6tendu sur les rites et les chants maronites. Pour le moment, les devoirs d'admi- nistrateur et d' enseignant doivent passer avant le d~sir d'une carribre de musi- cologue, auquel Joseph Khoury aurait bien pu atre destine.

Ii n'existe pas, au Liban, d'orchestre symphonique A l'occidentale, du moins pas en dehors de 1'orchestre des 6l1ves du Conservatoire.

Les programmes de la Radio et de la T4l1vision mettent probablement l'accent sur la musique europ6enne plus que ne font les Radios des autres pays arabes. On entend assez r~gulibrement de la musique classique arabe et de la musique populaire libanaise. Mais les programmes musicaux sont dominds par la musique nbo-arabe, dont Fairuz reste la grande vedette.

Beyrouth ne s'est montrC que m~diocrement enthousiaste pour des grands musiciens arabes, tels que Munir Bashir, virtuose iraquien du 'ud qui a passe plus de dix ans de sa vie dans la capitale libanaise. Mais peut-8tre l'attitude

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commence-t-elle a changer. Car Ravi Shankar, a requ rkcemment un accueil triomphal i Beyrouth, ce qui pourrait 6ventuellement @tre consid&rb comme une ouverture vers la d~couverte des prophhtes locaux!

Le festival annuel de Baalbeck, qui met l'accent sur une rencontre de l'Est et de l'Ouest, a obtenu un prestige mondial.

A noter que Marius Schneider a dirigh, en 1972, un colloque, A Beyrouth, sur la musique arabe.

L'Egypte

Si, en Egypte, on ne connait pas de section de musicologie dans les six univer- siths, il y a par contre une quantith non n~gligeable d'6rudits qui ont des idles caractbristiques sur les blments de la musique du monde arabe. Je n'essaierai pas ici de citer tous les noms de ces sp~cialistes, mais me bornerai g parler de quel- ques-uns 1 titre d'exemple.

D~butons n~anmoins par une institution officielle - qui a une importance non

n~gligeable dans la musicologie Agyptienne: l'Institut Copte, qui s'occupe, entre autres, des chants de l'6glise copte. L'institut est dirig6 par Ghaghib Mouphta. La coopbration avec l'Universit6 Ambricaine du Caire est assez 6troite. I1 arrive

r~gulibrement que des savants 4trangers visitent l'institut ou mime y travaillent pendant longtemps - comme, par exemple, le Dr. Ilona Borsai de Budapest. L'insti- tut posskde des archives assez importantes de bandes magn~tiques, des transcrip- tions etc.

Le Dr. Yousef Shawki est le chef de file d'un groupe de musicologues 6gyp- tiens - et en m~me temps grand sp~cialiste (professeur de facultY) de palbo- zoologie. Ii est formb aux Etats-Unis. I1 a entre autres publi6: Al-Kindi's Essay on Composition (le Caire 1969), Measuring the Arabic Music Scale (le Caire 1969) et a fait des commentaires sur Le livre des Chants d'Ali Al-Ispahini, dont il prepare une nouvelle 6dition en vingt-quatre volumes. Yousef Shawki a plusieurs projets: 1) Un examen de l'intonation et des diff&rences des gammes fondamentales dans le monde arabe du Maroc jusqu'en Iraq. 2) Des recherches systimatiques de manuscrits (considdrbs comme perdus) dans les biblioth~ques europbennes et orientales. Ceci, en collaboration avec Aziz al-Shawan, composi- teur et musicologue. En Espagne, on devait mime effectuer I'examen par lumibre infra-rouge des manuscrits arabes qui, aprbs la reconquate de l'Espagne par les chritiens, a 6tk utiliske une nouvelle fois. 3) L'6tablissement d'un centre au Caire, pour tous les savants intbress6s, contenant des microfilms de tous les manuscrits connus relatifs A la musique arabe.

Samir Ahmad Fouad Al-Sabban a, sous la direction de Yousef Shawki 6crit une thbse, Frequency Analysis of Some Arabic Music Modes (Maqamat) (l'Uni- versit6 Ain Shames, le Caire 1973, inddit). C'est, fondamentalement, une 6tude expdrimentale, qui examine les intervalles produits par divers musiciens h l'aide d'un appareillage dlectronique. Une evaluation des resultats rend, d'apres Al- Sabban, probable que les intervalles sp6cifiquement <<arabes? (i.e. 6gyptiens) puissent Stre approximativement d6finis par la formule . Al-Sabban tra-

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vaille actuellement a un manuscrit intituld: Standard Specification for the Manu- factors of Arab Musical Instruments.

Ahmad Shafic Abu-Oaf reprbsente l'Egypte dans la commission qui s'occupe de la musique m~diterrandenne (elle a son centre en Tunisie). Le Dr. Sayed Awad, qui a passe son doctorat en Union Sovi~tique sur I'&volution des mblodies populaires en Egypte, est actuellement professeur 1 l'Institut du Thbitre au Caire. Abdelmalek Ghatas doit sa reputation en premier lieu g ses travaux sur des textes d'Al-F~rabi. Madame Amira Seyed Farak mbrite d'etre nommbe ici a cause de sa th~se A l'bcole pbdagogique sur une nouvelle m~thode d'enseigne- ment du solfige (et l'influence de cet enseignement sur les capacitbs d'analyse et de comprehension artistique), car le travail est base sur des experiences pra- tiques.

L'Institut Supbrieur de Musique Arabe a bt& 6tabli en 1925 comme institut

priv4. En 1929, l'&cole a 6th fondbe. En 1967, le gouvernement en a pris la

responsabilit6 en la liant a l'Acad~mie des Arts. L'bcole libre ou prdparatoire (dirighe par Abu-Oaf) demande trois ans d'6tudes, l'6cole supbrieure (dirighe par Ratiba Al-Hefni) demande quatre ans d'4tudes. Ily a en tout environ 300 6tudiants dont 50 environ venus d'autres pays arabes. Les cours obligatoires sont: le solfige, la thborie musicale (occidentale aussi bien qu'orientale), l'histoire de la musique, l'harmonie, le piano). A noter que Ratiba Al-Hefni, qui a fait ses 6tudes de chant (d'opbra, i.e. de manikre occidentale) et de musicologie h Munich et A Berlin, vient de finir un manuscrit (en allemand) sur les chants de mariage & Al-Fayoum - l'oasis au sud-ouest du Caire.

Madame Isis Fathalla qui, elle aussi, est attach6e A l'institut de Musique Arabe, a fait des recherches sur les t6tracordes de l'Antiquith Grecque jusqu'h nos jours.

Le Conservatoire Supbrieur de Musique du Caire - le Conservatoire occi- dental - a 6th fonda par Abu Bakr Khairat en 1959 et est maintenant dirigh par Madame Samha al-Khoury. Parmi les professeurs, on ne compte pas que des Egyptiens; il y a beaucoup de Sovi~tiques, mais aussi des Tchkques, des Italiens, des Bulgares. Le conservatoire comporte trois sections: La premibre section, prdparatoire, dure sept ans (les 6tudiants sont ou bien <r~guliers et

regoivent aussi l'enseignement scolaire au conservatoire, ou bien " irr~guliers , quand ce n'est pas le cas). La seconde section, " secondaire n, dure trois ans (mais pour les 6tudiants inscrits qui n'ont pas passe par le stade prbparatoire: quatre ans). La troisibme section: I'enseignement supbrieur qui demande quatre ans. La premiere section a environ 220 6tudiants, dont un peu plus de la moiti6 sont <rbguliers , la seconde section environ 75. Les cours obligatoires sont: le

solfige, le chant choral, le piano, l'harmonie, l'histoire de la musique, la vie sociale en g6nbral et l'analyse musicale. La thborie de la musique arabe est enseignbe aux cours de composition.

Le Conservatoire a une bibliothique (livres et partitions) honorable et une

discotheque. Situ&e g Gizeh avec vue sur les pyramides. L'&cole supbrieure de l'Institut de Musique Arabe sera plac6e dans le voisinage dans quelques anndes.

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Le Centre de Folklore a bt& 6tabli en 1957. On y trouve une belle collection d'enregistrements de musique populaire Agyptienne (en tout environ 500 heures de musique). Le musicologue roumain, Tiberiou Alexandrou, y a travaill4 pen- dant quelque temps vers la fin des annbes soixante et est responsable d'une partie des enregistrements. Le Centre a inaugurk, en 1974, une cooperation avec la section musicologique des Archives Danoises de Folklore.

L'Opkra du Caire a bril6 en 1971 et n'a pas encore 4th remplack par une nouvelle salle.

L'orchestre symphonique du Caire, qui est d'une qualit& plus qu'acceptable donne, en principe, des concerts tous les samedis. Le directeur en est Saleh Abdun.

A la radio domine la musique nbo-egyptienne (comme la reprisentent des musiciens prestigieux tels que Umm Kulthum). On entend trbs r6gulibrement de la musique occidentale. A la radio se trouve d'ailleurs une collection importante d'enregistrements de ballades populaires.

Le fait que deux grands congrbs de musique arabe (ceux de 1932 et de 1969) ont eu lieu au Caire a eu un effet positif sur la vie musicale en Egypte.

Conclusion

J'ai rencontr6, dans les six pays du Moyen-Orient, des musicologues qui abordent les problimes plus ou moins en accord avec l'attitude mill6naire du Levant, tout A fait comme j'ai rencontr4 des savants qui suivent plus ou moins les id6es et les m6thodes courantes pendant ces d6cennies en Occident (dans ce qu'on appelle l'ethnomusicologie). Ils sont tous musicologues, car il n'appar- tient pas A nous, Occidentaux, de d6cider ce qu'est I'attitude correcte vis-a-vis de la musique, surtout pas d'une musique qui n'est pas la n6tre.

Parfois, les Orientaux s'6lvent avec quelque aigreur contre le terme <ethno- musicologie >>. Ce qui ne doit pas surprendre. Pour nous, l'histoire de la musique est l'histoire de la musique europ6enne et la musicologie l'6tude de la partie non- orale de cette musique europ6enne - le reste a 6t6 livr6 aux folkloristes et aux ethnomusicologues. Mais tout A fait comme les peuples n'aiment pas ~tre appel6s <cprimitifs> ils n'aiment pas 8tre appel~s <ethniques . Nous devons accepter que nous ne sommes pas seuls au monde, notre musique classique non plus, nos musicologues mime non plus. Nous devons accepter qu'il n'y ait pas musicologie et ethnomusicologie; il n'y a que musicologie tout court comme il n'y a que philologie tout court. Mais la musicologie peut Stre subdivisbe en musicologie occidentale, musicologie indienne, musicologie moyen-orientale etc.

Ii est vrai, que l'ethnomusicologie s'est distingu6e de la musicologie par la vari6t6 de ces approches. Mais ces diff6rences sont superficielles, mime artifi- cielles. Les discussions sur les relations entre les milieux et la musique, sur la position sociale des musiciens, les relations entre l'id6e (par exemple: une com- position not6e) et les ex6cutions etc. prendront fatalement une place de plus en plus grande dans les recherches A l'int6rieur de ce qu'a 6t6 jadis la musicologie tout court.

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Nos 6changes de vues avec nos confrbres de tous les continents, voild une autre affaire. Mais une affaire qui se r~vblera certainement fructueuse pour tous ceux qui y prennent part - ~ la seule condition qu'on accepte non seule- ment de parler, mais aussi d'&couter.

Polifonia nella cattedrale di Lucca durante il XIII secolo

AGOSTINO ZIINO (ROMA)

Solo in questi ultimi anni si & venuto delineando un reale interesse da parte degli studiosi verso la musica italiana precedente all'Ars nova. Tra i vari aspetti presi in esame, particolare importanza assume quello relativo alla storia della pratica polifonica, ancora poco conosciuta nei suoi caratteri e nelle modalith di attuazione e di svolgimento. Pochi sono difatti i manoscritti musicali a noi noti che ci tramandano componimenti polifonici e scarse sono le notizie e le testi- monianze al riguardo. Tra le fonti indirette, cio6 non musicali, numerose e preziose informazioni, specialmente per quanto concerne il repertorio, si rica- vano dall'Ordo Officiorum Ecclesiae Senensis del 1215, segnalato da Jacques Handschin1 e commentato da Kurt von Fischer.2 Nell'Ordo della cattedrale di Siena - oltre a varie e numerose informazioni sull'impiego della musica nella liturgia - vengono indicati con precisione tutti quei brani che devono essere eseguiti < cum organo u, ovvero in polifonia. Alla fonte senese possiamo ora aggiungere un Ordo Officiorum relativo alla Cattedrale di Lucca, conservato nella Biblioteca Capitolare Feliniana (ms. 608), che non mi risulta sia stato mai utilizzato nella letteratura musicologica. Secondo Monsignor Martino Giusti3 - che dopo Raffaele Baralli4 b stato l'unico a studiare il ms. 608 - l'Ordo lucchese potrebbe risalire alla fine del XIII secolo, essendo certamente posteriore

1 Cfr. J. HANDSCHIN, Musikgeschichte im tberblick (Luzern 1948), p. 181-183. Una edizione dell'Ordo Officiorum Ecclesiae Senensis fu curata da G. C. TROMBELLI (Bologna 1766). 2 Cfr. K. v. FrSCHER, Die Rolle der Mehrstimmigkeit am Dome von Siena zu Beginn des 13. Jahrhun- derts, in: AfMoMw 18 (1961), p. 167-182. 3 Cfr. M. GIUSTI, L'Ordo Officiorum della Cattedrale di Lucca, in: Miscellanea Giovanni Mercati, vol. II (Cittd del Vaticano 1946), p. 523-566 (Studi e Testi 122). Ringrazio Monsignor Giusti per i numerosi suggerimenti e per il costante incoraggiamento. Sulla Cattedrale di Lucca e sulla sua storia si vedano, tra gli altri, i seguenti lavori apparsi di recente: M. GIUSTI, II IX centenario della consacra- zione della Cattedrale di Lucca, in: Actum Luce - Rivista di Studi Lucchesi 2 (1973), n. 1, p. 5-30; C. BARACCHINI - A. CALECA, II Duomo di Lucca (Lucca 1973). Devo aggiungere che l'articolo di Mon- signor Giusti pubblicato nella Miscellanea Giovanni Mercati (L'Ordo Officiorum della Cattedrale di Lucca) 6 stato citato in W. ARLT, Ein Festoffizium des Mittelalters aus Beauvais in seiner liturgischen und musikalischen Bedeutung (Kil51n 1970), Darstellungsband, p. 82, nota 1; ed anche da G. ROPA, Liturgia, cultura e tradizione in Padania nei secoli XI e XII, in: Contributi e studi di liturgia e musica nella regione padana, A.M.I.S. (Bologna 1972), p. 57, nota 116. 4 Cfr. R. BARALLI, Noterella liturgica, in: Nozze d'argento sacerdotali del Rev.mo Mons. Can. Prof. T. Panigada (Lucca 1921), p. 9-10. Raffaele Baralli, di cui ~ caduto poco tempo fa il cinquantenario della morte (avvenuta il 18 agosto 1924), stava preparando un'edizione commentata del ms. 608. Il materiale relativo, manoscritto, - di cui mi sono talvolta servito per controllare casi di lettura incerta -

- conservato presso la Biblioteca Capitolare Feliniana di Lucca.

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