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Rédaction : Narcisse-René PRAZ, satyre en chef Administration : sur ordonnance .%* 'à- 1 'J^m / 9 - 30 mars 1971 Journal satirique et satyrique W1 paraissant le mardi... en huit La pilule est en vente en Suisse sans carnet à souches. Fr. 1.30 «PILULE»: médicament en forme de petite boule (latin: pilula). Fig. et fam. Avaler la pilule: croire un mensonge, se déterminer à une chose pénible. Dorer la pilule: présenter sous des dehors flatteurs une chose désagréable... » (Voir en pages 2 à 12 la suite de la définition de LA PILULE selon le Larousse Universel.) Ç2*£ * i J. 0 / d fi . : J o o % Ç o m ¥/ B COMTR ' Î4NCER i \ 078 % ^*£ls=>*=-<=*^ Pour ceux qUi sont CoHtsê P o u r tout ce qui est C6tfrçç (bNTRÇ ceux qui sont ?0UR CoNTRÊ tout ce qui est pOUR Rédaction et administration: Rue du Valais 11 - 1202 Genève - Téléphone (022) 3189 23 ou (021) 76 30 96 - CCP 12-2019. Editeur et rédacteur responsable: Narcisse-René PRAZ I Jv <L\

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Rédaction : Narcisse-René PRAZ, satyre en chef

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N° 9 - 30 mars 1971

Journal satirique et satyrique W 1 paraissant le mardi... en huit La pilule est en vente en Suisse sans carnet à souches. Fr. 1.30

«PILULE»: médicament en forme de petite boule (latin: pilula). Fig. et fam. Avaler la pilule: croire un mensonge, se déterminer à une chose pénible. Dorer la pilule: présenter sous des dehors flatteurs une chose désagréable... » (Voir en pages 2 à 12 la suite de la définition de LA PILULE selon le Larousse Universel.)

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Rédaction et administration: Rue du Valais 11 - 1202 Genève - Téléphone (022) 3189 23 ou (021) 76 30 96 - CCP 12-2019. Editeur et rédacteur responsable: Narcisse-René PRAZ

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« Pharm. : Pour faire la pilule, on mélange dans un mortier les substances actives... »

S U B S T A N C E S A C T I V E S

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I g n o r a n t u s ,

I g n o r a n t a ,

I g n o r a n t u m

Il y a des méchants. D e gros méchants. Ils n'aiment pas « La Pilule ». Il y a ce monsieur qui écrit au « Nouvelliste et Feuille d'Avis » d u Valaistican :

M I E U X V A U T L ' I G N O R E R

de Caritas qui distribuait des billets de banque aux Biafrais affa­més et qui ne pouvaient rien acheter sinon des rats ! Il ignorait leur faim. Mais n'en avait pas plus mauvaise conscience pour autant : l'ignorance ! A h ! L'ignorance ! O n ne dira jamais assez de bien de l'ignorance ! Et de l'ignorantisme. C e fut toujours et c'est encore l'arme par excellence de l'Eglise, hélas ! Merci de nous le rappeler. Le résultat est là : « Le Nouvelliste » a ses lecteurs ignorants, résolument partisans de l'ignorantisme. O n ne leur en veut pas pour autant, allez. A partir du m o m e n t où ils proclament ouvertement qu'ils veulent le demeurer, on ne peut que respecter leur point de vue. A u n o m de la Liberté de Presse et d'Opinion.

On nous écrit de Zermatt : Messieurs,

D'avance je vous remercie pour tout ce que vous entreprendrez pour la dé-J'étais de passage à Sion et par pu- fense de la bonne cause et vous prie d'agréer, Messieurs, mes salutations les meilleures.

D. N.d.l.R. — Oui, monsieur, vous avez cent fois raison. Cette feuille est ce­pendant si méprisable qu'il est préfé­rable de l'Ignorer.

-• .

re curiosité j'ai acheté le journal sa­tirique « La Pilule ». Je suis tout simplement scandalisé

par son contenu. Sans vergogne, il attaque notre saint père le pape ainsi que nos évèques et r Caritas ». Non seulement il se contente d'écrire con­tre le pape, mais en^ première page une caricature épouvantable du pape ainsi qu'à la page 7 une photo représen­tant le pape pleurant avec un texte en dessous de tout. n est inadmissible qu'un tel journal

soit vendu dans notre canton. Je suis persuadé que même dans les milieux protestants de tels articles sont con­damnés. Pouvez-vous entreprendre des dé­

marches afin de mettre de l'ordre dans cette presse ? Tout est donc permis chez nous, n'importe quel individu peut nous salir, . ,

Réd. E h bien, si c'est tout ce que « Le Nouvelliste » trouve à répondre, après toutes les fleurs que nous lui avons envoyées !... O n a pu constater que ledit « Nouvelliste », en fait de polémique. se contente de traiter son ennemi numéro un, « Le Confédéré » (radical), de « pauvre, pauvre petit canard »). Il a de ces argu­ments, « L e Nouvelliste » ! Ignorer « L a Pilule » ? E h oui, mais c'est de plus en plus diffi­cile ! D e plus en plus impossible, m o n pauvre Monsieur ! Chaque jour il y a des C E N T A I N E S de personnes qui signent l'initiative populaire qu'a lancée « L a Pilule ». Et chaque jour il y a des centaines de personnes qui apprennent à connaître notre journal. Et chaque jour il y a des gens qui nous écrivent des bravos ou des engueulades ! Il faut vous rendre à l'évidence, vous qui vou­driez faire interdire « L a Pilule » en Valais : O N N E P E U T PLUS IGNORER « LA PILULE » ! Quant à l'attitude de « L a Pilule » sur le plan religieux, qu'il nous soit religieusement permis de faire religieusement remarquer à ce religieux personnage qui envisage aussi religieusement que froidement de faire interdire religieusement « L a Pilule » en Valais sous prétexte qu'il « vous salit », ce qui est une façon typiquement religieuse de concevoir la liberté d'expression et de pensée, qu'il nous soit permis de lui faire remarquer, disions-nous, que « L a Pilule » n'a jamais porté aucune attaque contre la Religion, mais contre les actes extérieurs de certains membres influents de cette religion, surtout lorsqu'ils portent atteinte aux libertés fondamentales de l'individu. Par ailleurs, ce n'est pas notre faute si l'équipe des cardinaux s'est donné pour pape un Paul V I au lieu d'un Jean X X I I I ! Donnez-nous un nouveau Jean X X I I I et on vous garantit qu'on vous fiche une paix royale. U n e paix papale. Mais tant que vous aurez à R o m e ce moulin à vent qui brasse son air vicié, ce moulin à paroles qui m o u d ses principes ana­chroniques à longueur de discours, on regrette : il faudra avaler « L a Pilule ». Si amère soit-elle. Quant à l'ignorer, c'est une bonne tactique : c'est très exactement ce que faisait votre délégué

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M o u v e m e n t nazional genevois

La « Tribune de Genève » annonce que MM. les propriétaires de villas de Plan-les-Ouates protestent auprès de l'Etat de Genève contre la construction de pavillons préfabriqués des­tinés à améliorer les conditions de logement de deux cent cinquante saisonniers du bâtiment. C o m m e on les comprend : ce n'est pas drôle d'entendre la sérénade napolitaine à longueur de vie. C'est tellement plus drôle d'entendre M. James jodler, n'est-ce pas ? Gell ?

U n fantaisiste

Le chroniqueur de la « Tribune de Genève » relate à l'occasion de l'ouverture du Salon de l'automobile que : « ... l'un des trois huissiers en grande tenue qui ouvraient le cortège officiel, mis en joie (Réd. ???) par la fantaisie de M. Celio (Réd. ?????) fit cette réflexion : — Il est du tonnerre, le patron, hein ? » Hé ! hé ! S'il excite les huissiers, maintenant, notre foudre de la finance !...

M o n père, je m'accuse... On apprend de source vaticancanaise sûre qu'il va y avoir une réforme de la confession. Il paraîtrait qu'on va installer dans chaque confessionnel un « hygiénophone ». Mais on ne pré­cise pas de quel côté de la grille... Poisson d'avril !

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... puis on ajoute, suivant le cas, un excipient liquide, pâteux ou pulvérulent...

E X C I P I E N T S 6Rèv£5 GENÈVE

P a s s e p o r t , s . v . p . !

A Neuchâtel on a aboli la censure en 1966. Résultat ? En 1971, cinq ans après, on va être obligé de présenter sa carte d'identité pour entrer au cinéma. Mais comment donc en est-on venu là ? Explication du correspondant à Neuchâtel de la « Tribune de Genève » : « ... Les producteurs aussi bien que les directeurs de salles, soucieux des seuls béné­fices, tablent sur l'hypocrisie de la société et sur l'attrait de ce qui demeure un fruit défendu (Réd. défendu ? ah ? et pour qui donc, puisque la censure n'existe plus à Neuchâtel ? pour les hypocrites, naturellement), pourrissent tout ce qu'ils touchent. » Et ils affichent du nu. Ils osent. Ils ont m ê m e osé passer le film Woodstock. Wood-stock ? Quelle horreur ! Avec ces gens tout nus ? Shocking ! Il paraîtrait que M m e Gerprude Konnerad d'Evilard, bien que Bernoise mais Bernoise-au-bras-long, serait à l'origine de cette réaction neuchâteloise : ça la gênait dans ses méditations de penser qu'à trente kilomètres de chez elle il y avait des gens qui osent « regarder ça » ! Résultat ? Désormais les spectateurs devront présenter spontanément une pièce d'identité à l'entrée de la salle et non plus à la caisse, à un flic et non plus à une caissière. La Liberté reprend ses droits dans la Républikre et Kranton de Neuenburg. Et pendant ce temps-là, le mari de M m e Gerprude Konnerad, se demande comment c'est fait, une femme... Et il n'ose m ê m e pas aller au cinéma pour s'instruire : il a peur qu'on le prenne, là aussi, pour un gamin et qu'on le refoule comme un « moins de douze ans ». Prions pour lui.

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P i l u l e N o b e l

d e l ' h y p o c r i s i e

Le Conseiller fédéral Brugger, chef du Département de l'éco­nomie publique, a été chargé de réconforter les malades, à l'oc­casion de la Journée qui leur est traditionnellement consacrée. Voici en quels termes, repris d'une lettre qu'il a reçue l'an der­nier, M . Brugger s'est adressé au peuple grabataire : « C'est une belle chose que de voir un visiteur s'approcher de

vise la distribution d'imprimés à caractère idéal, est incompatible avec la liberté de la presse garantie par l'article 55 de la Consti­tution et avec la liberté d'expression, droit constitutionnel fédé­ral non écrit. » Eh bien, après ça, il ne reste plus qu'à continuer, c o m m e par le passé, d'exiger le casier judiciaire des vendeurs de journaux d'opi­nion. N'est-ce pas, Messieurs les bureaucrates ?

L y r i s m e

e t f é m i n i s m e

Voici en quels termes délirants l'ineffable « - gé - » du « Nou-son lit et apporter une petite attention. Mais, plus précieux en- velliste » parlait du vote du 7 février quelques jours auparavant: core que son cadeau est le don que fait un être humain de son cœur... » Transmis à tous les conseillers fédéraux en traduction corrigée : « ... Des mots, toujours des mots, rien que des mots. Vous parlez de « cœur », Monsieur le Conseiller fédéral, mais quand il s'agira de « faire passer » l'initiative du journal « La Pilule » pour la lutte contre le cancer, vous vous écrierez en chœur avec vos col­lègues : « Quoi ? U n quart du budget militaire pour les malades du cancer ? Faut être fou pour concevoir une idée pareille ! » Et vous recommanderez le rejet de l'initiative. Mais l'année suivante vous retournerez parler de cœur et de bon cœur devant les malades du cancer. Sans honte. Agréez, Monsieur le Conseil fédéral, cette pilule Nobel de l'hypocrisie.

« La Pilule »

«

M œ u r s de sauvages

Il y a des gens qui ont de ces audaces !... Tels ces jeunes gens qui se postent à la sortie des usines et distribuent des tracts sans avoir préalablement demandé l'autorisation à l'Administration compétente ! O n les condamne régulièrement à des amendes salées. Parce que c'est le règlement. U n règlement qui date de quatre-vingt et dix ans. Mais c'est le règlement. Si votre grand-père âgé de quatre-vingt et dix ans vous dit de ne pas manger de confiture, vous devez lui obéir. N'est-ce pas ? Eh bien, voici qu'un jugement vient de tout remettre en ques­tion. U n Tribunal genevois, apparemment composé de juges moins sots que les autres, a décidé que : « L'exigence de l'autorisation préalable, dans la mesure où elle

Les citoyens du pays doivent vous accueillir à bras ouverts en disant : — Enfin vous êtes avec nous... En l'an de grâce 1971, la femme suisse est devenue l'égale de son partenaire masculin. Diman­che, vous pourrez sabler le Champagne. Et puis, le lundi 8 février viendra. La tête lourde, vous serez à nouveau face aux inévitables problèmes, tracasseries et difficultés... » Hé, hé, gégé ! C o m m e vous y allez ! Mais, au fait, QUI, pen­dant des siècles, a rabaissé la femme au rang d'être inférieur ? Qui ? Et au nom de quoi ? Il paraît que ce serait au nom d'un certain péché originel à la suite duquel Dieu aurait dit à la femme des choses terribles qui furent considérées par une certaine Eglise qui finance « Le Nouvelliste » c o m m e étant pis qu'un anathème. L'opportunisme, vous dit-on. Il n'y a que ça ! Elles votent au­jourd'hui, Monsieur «-gé-», mais si elles ont dû subir l'hu­miliation de recevoir ce « droit » de leurs mâles c o m m e on reçoit l'aumône, c'est à vous qu'elles le doivent, à vous et à tous ceux que vous servez. L'auriez-vous « oublié », le péché originel ? Mais, Monsieur « - gé - », une femme, c'est affreux ! Vous l'avez proclamé du­rant des siècles et des siècles. Pourquoi ce revirement aujour­d'hui ? Bah, faisons-leur confiance : ils ont été « pour » le droit de vote, mais ils se rattraperont sur autre chose. Sur la mini, par exemple ! C'est affreux, des genoux de femmes ! Et les cuisses, donc ! Les cuisses de dames ? Quelle horreur !... A bien y réfléchir, ils vont finir par s'en repentir, les pieux fémi­nistes. Tant pis pour eux : il fallait y penser avant. Avant quoi ? Avant le péché originel !

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« de manière à obtenir une masse pi lu lai re de consistance un peu ferme... »

M A S S E P I L U L A I R E

O h ! G e r p r u d e !

Vous l'avez vue, vous ? Quoi donc ? La « vague de pornographie » ? Une bonne femme d'Evilard (sur Bienne-Biel — prononcez Biiiééou), elle, l'a vue. A San Damiano, M a m m a Rosa voit chaque semaine à heure fixe la Vierge. A Evilard, M m e Gertrude Konrad a vu « la vague de pornogra­phie » envahissant la Suisse. Et du m ê m e coup, elle a vu une belle occasion de faire parler de soi en récoltant 7000 signatures qu'elle a envoyées au Ministère public qui approuve. Mais se déclare impuissant. Une histoire de Gerprude et d'impuissants, quoi. Voici le texte : « Les signataires, membres de diverses congrégations religieuses (protestantes et catholiques) du canton de Berne, profondément attristés par l'envahissement du canton par des publications, des films, des affiches, des livres pornographiques, et par la passivité des autorités, demandent à M . le Procureur général d'intervenir sur la base des articles xyz du Code pénal à l'encontre des com­merçants qui exposent en vitrine ou dans leurs magasins des publications immorales et obscènes. » Chez M m e Gerprude Konrad il y a d'abord M m e Gerprude. Et il y a ensuite M m e Konrad. Traduction française : Rad signifie roue. O n cherche en vain la signification de la première syllabe. A noter qu'en allemand cela se prononce Konne-rad. Ceci expli­querait-il cela ? Voici la liste des « congrégations religieuses » auxquelles appar­tiennent les 7000 signataires de la pétition de M m e Gerprude Konnerad : 1. Les Témoins du Phallus de Zeus; 2. Les Chevaliers du Saint Prépuce; 3. Les Sœurs de Sainte Gerprude; 4. L'Ordre des Ca-puceaux; 5. Le Ku-ku-KIan de Cucugnan; 6. Le Cucuclan de Kukugnan (en biennois, le Kroukrouklâne de Kroukrougnâne) ; 7. Les Frères de Sainte Pédale; 8. Les Refoulés de Saint Ana­baptiste; 9. Les Dare-Darebystes; 10. La secte des Adorateurs du Nombril Bandé (à ne pas confondre avec les Adorateurs du... du quoi ? Bref, de quelque autre organe bandé).

Protestation de Swissair

Dernières nouvelles. La Direction de Swissair a protesté à son tour contre les protestations de ces 7000 citoyens bernois. En effet, lors de la dernière Foire de la pornographie à Copen­hague, les affaires furent si prospères pour Swissair que l'on dut affréter des avions supplémentaires : la Suisse allemande était en train d'émigrer vers le nord. Authentique.

C a c h e - S e x e

(Coupure d'« Ici-Paris »)

Les slrip-

teoseuses

m e n a c e n t

d e foire grève...

« o N se demande où ça vi s'arrê­ter I...»

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E l l e s n e v e u l e n t p l u s

d e l e u r c o c h e - s e x e !

ELLES VEULENT MONTRER LEURS CHARMES INTEGRALEMENT ET SANS RESTRICTION. ELLES MENACENT DE FAIRE GREVE SI O N LEUR IMPOSE LA MOINDRE ENTRAVE DU GENRE CACHE-SEXE I

E t p e n d a n t c e t e m p s - l à . . .

C a s h - S e x e Quand le « Blick » — Oh ! pardon ! nous voulions dire « La Suisse » ! — quand « La Suisse » raconte avec force détails les viols dont s'est rendu coupable tel triste individu qui vient d'être condamné, avec les initiales de ses victimes, afin que nul n'en ignore, c'est de l'Information. Et aucun Département de justice et peaux-de-flics ne réagit. Au contraire : c'est moral. Et tant pis pour les enfants de sept à douze ans qui tombent sur ces « détails croustillants »... Pornographie : Quand un écrivain, avec beaucoup de talent, parle de l'amour charnel, les momiers tant catholiques que protestants interviennent et font confisquer « Sexus ». C'est de la pornographie. Et on applaudit. Publicité : Quand un fabricant de slips exhibe une femme nue mais coiffée d'un slip avec cette légende géniale : « Il lui sera beaucoup pardonné, parce que, ayant beaucoup aimé le slip Plexus, elle a confondu sa tête et son cul », ce n'est pas de la pornographie : c'est de la publicité. Et on recommande ce slip au bon peuple et aux fidèles. Parce que la Publicité est une des deux mamelles du système.

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Voici le nouveau costume helvétique. Modèle breveté. Des­siné par M m e Ger­prude Konnerad d'E­vilard sur Bienne, membre de la Secte des Refoulés. Approuvé par les autorités religieuses protestantes, ce cos­tume a été refusé par les évêchés de Fri-bourg et de Sion : il laisse entrevoir les poignets des dames au niveau de la ceinture. La femme suisse doit disparaître complètement sous ses vêtements ont dé­claré les cinq mille cinq cent cinquante-cinq capucins qui composent l'ossature de la Commission de censure suisse (CCS). La seule chose que la femme suisse pourra mettre à nu, ce sera, au confessionnal, son âme. Et encore. Sous certaines réserves.

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« ... On roule cette masse en cylindre régulier (magdaléon)... »

L E M A G D A L E O N

L e s b o n n e s œ u v r e s

Notre Gnaegi national se distingue : il vient de lancer un vibrant appel en faveur de « Swissaid », aide suisse aux pays en voie de développement (traduisez : aux pays où on crève de faim). Voici les paroles de notre casernier : « C'est par le truchement de l'organisation d'entraide Swissaid que nous avons l'occasion de prouver notre solidarité. Swissaid est une importante organisation de notre pays. Depuis vingt ans elle voue son activité aux régions déshéritées d'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique Latine... » Très bien, Monsieur Gnaegi. Voilà un beau discours pondu par votre nègre de service. Et maintenant lisez cet autre discours, écrit par le Conseiller national M e Baechtold, de Lausanne, sous forme de « Petite question » en date du premier mars 1971 :

C o l l e c t e s

p u b l i q u e s

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Petite question de M e Baechtold, conseiller national, Lausanne. a) Une collecte est actuellement organisée en Suisse par Swissaid en faveur des pays en voie de développement. Swissaid comprend parmi ses membres l'Union suisse Caritas à Lucerne. M gr Peter Kuhn, directeur de Caritas suisse, actuellement suspendu de ses fonctions, est jusqu'à plus ample informé, encore membre du comité et du comité exécutif de Swissaid. Dans la clé de répar­tition de la collecte Swissaid, Caritas figure comme bénéficiaire pour 20 %. A u début de février 1971, un appel du Président de la Confédé­ration a été publié et diffusé par la quasi totalité des quotidiens suisses, recommandant la collecte nationale de Swissaid. Au mo­ment où il a signé cette recommandation, le Président de la Con­fédération était-il au courant des liens particuliers existant entre Caritas, Mgr. Kuhn et Swissaid ? b) Les comptes de sociétés telles que Swissaid sont vérifiés par le contrôle fédéral des finances. La vérification porte sur l'emploi des moyens disponibles, c'est-à-dire le résultat net de la collecte. Mais il est connu aujourd'hui que les frais de publicité de telles collectes atteignent un cinquième, voire un quart du montant récolté, ce qui est considérable. Le public ne devrait-il pas être mieux informé à ce sujet ? Les prospectus de sociétés comme Swissaid qui touchent un subside de la Confédération ne de­vraient-ils pas obligatoirement mentionner de façon claire le pourcentage des frais de publicité pris sur le produit brut de la dernière récolte ? Que pense le Conseil fédéral de cette sugges­tion faite notamment par le bimensuel romand « Domaine public » ? (Réd. Ce qu'en pense le Conseil fédéral ? Eh mais... il en pense ce qu'en penseront M . Bonvin, issu de l'évêché de Sion, et M . von Moos, issu de l'abbaye d'Einsiedeln ! Vous n'imaginez tout de m ê m e pas, Monsieur le Conseiller national, que les autres « col­lègues » du Conseil fédéral vont les contredire ? Pas si fous ! Ils risqueraient d'avoir contre eux dans une autre circonstance les deux nonces apostoliques délégués à Berne par les régions primi­tives et primaires de la Suisse, autrement dit par la Suisse men­talement sous-développée. Donc, le Conseil fédéral n'en pensera rien, soyez-en persuadé !)

Ils v o n t s e r u i n e r !

O n annonce de Washington le plus sérieusement du monde que les Etats-Unis ont accordé 40 000 dollars au Sud-Vietnam pour lui permettre de remplacer les cages à tigres de l'île-prison de Con-Son. (Ne pas inverser, s.v.p.). Ils vont se ruiner ! 40 000 dollars ! O n comprend que les Etats-Unis d'Amérique aient hésité à se lancer dans une telle dépense pour que des hommes ne soient plus entassés comme des fauves dans des cages. C'est une somme, ça ! Elle correpond environ à la solde annuelle d'un bon « marine » un peu gradé... « La Pilule », toujours prête à aider les malheureux, propose une collecte mondiale pour renflouer les U S A après cette dépense extravagante. Extravagante et parfaitement superflue. Car, enfin, quand on s'avise de faire la guerre au peuple qui est devenu le symbole d'une civilisation, on n'a que ce qu'on mérite ! Et des cages à tigres pour des prisonniers politiques communistes, c'est encore trop luxueux ! Donc, contre-ordre ! O n lance une collecte. Mais c'est pour qu'on construise de nouvelles cages à tigres. Aux USA, cette fois. Pour ces sales nègres. Pour ces crapules de Black Panthers. Pour tout ce qui grouille, grenouille et scribouille en dehors de la Pensée de Nixon. Et si on faisait intervenir Swissaid ? Que la civilisation de la cage à tigres progresse, prospère et se propage ! Nous aussi, nous en voulons : pour ces salauds d'objec­teurs de conscience ! Sus aux objecteurs de Con-Son ! Vive Nixon ! Vive Con-Son ! Con-Son et vice-versa.

P r o p o s m o n d a i n s

e président sud-vietnamien au Vatican

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Voix off d e Paul VI « Mon fils, m a fille, l'Eglise salue en vous les défenseurs de la foi face aux barbaries athées. Réjouissons-nous et... tournons la page...

— R é j o u i s s o n s - n o u s ! . . .

...et t o u r n o n s

la p a g e ! ^

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« ... que l'on divise sur les cannelures du pilulier. »

L E P I L U L I E R

Initiative populaire fédérale p o u r la lutte contre le c a n c e r

En vertu de l'article 121 de la Constitution fédérale, les citoyens soussignés demandent par la voie de l'initiative populaire que l'article 69 de la Constitution fédérale, dont la teneur est la suivante: « La Confédération peut prendre, par voie législative, des mesures destinées à lutter contre les maladies transmissibles, les maladies très répandues et les maladies particulièrement dangereuses de l'homme et des animaux » soit complété par l'alinéa 2 suivant:

ALINEA 2: La Confédération affecte le quart de ses dépenses militaires, pendant deux années consécutives au moins, à la lutte contre le cancer en Suisse et dans le monde, sans que ces prélèvements sur le budget militaire habituel de la Confédération puissent faire l'objet d'une compensation quelconque. Cette mesure peut être sus­pendue en cas de conflit armé dans lequel la Suisse se trouverait impliquée, en cas de conflit armé aux fron­tières de la Suisse, en cas de conflit armé généralisé en Europe et dans le monde, autrement dit de guerre mon­diale. La loi d'exécution, qui est de la compétence de la Confédération, doit être élaborée immédiatement, de manière à entrer en vigueur deux ans au plus tard après l'acceptation de l'initiative par le peuple et les cantons.

L e b e a u v i s a g e

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l a g u e r r e

Quand vous aurez bien regardé ces photos publiées par le « Nouvel Observateur » (un sale journal pour intellectuels de gauche !), Madame, quand vous aurez bien regardé ces photos, Monsieur, montrez-les à vos enfants. C'est la guerre du Cam­bodge. Et ensuite... Ensuite, prenez votre Manuel d'Histoire suisse et instruisez-les de la façon qui convient, c'est-à-dire à peu près c o m m e suit : 1. La Patrie est sacrée. 2. Le nationalisme est à l'origine de tous les héroïsmes. 3. Si la Patrie est menacée, il vaut mieux mourir glorieuse­

ment, la tête coupée par un jeune guerrier ennemi, que d'être « asservi » par lui.

4. L'esprit militaire est noble et grand (servitude et grandeur militaires).

5. Le soldat fait son devoir quand il tue un ennemi. Et quand il lui coupe la tête.

Et ensuite... Et ensuite chantez en chœur « Roulez tambours » ou « ... Mar­chons, marchons, qu'un sang impur Abreuve nos sillons ! » Vive l'ordre ! Vive les gouvernements qui maintiennent l'ordre ! Vive l'armée qui décapite au nom de l'ordre ! Vive les éduca­teurs qui continuent d'enseigner à de jeunes gars que la Patrie est sacrée, que l'Ordre est sacré, que la Nation est sacrée et qu'il est juste de tuer au nom de la Patrie ! Vive M. Gnaegi, chef du Département militaire fédéral qui, par ses déclarations ameute les populations et les encourage à demeurer vigilantes, c'est-à-dire prêtes à se transformer en soldats. En soldats. C o m m e ces enfants cambodgiens coupeurs de têtes. En tueurs.

En tueurs. En tueurs. Vive l'humanisme de M. Gnaegi ! Vive l'humanisme de tout officier, sous-officier et soldat ! Vive l'armée suisse ! Vive toutes les armées du monde ! Vive le Dieu des armées ! Et quand un h o m m e refuse « ça », quand un h o m m e recule, horrifié, devant ces photos, on le traîne devant les tribunaux et on l'envoie en prison. Parce que si on n'est pas Témoin de Jéhovah on n'est pas un objecteur de conscience valable et des photos c o m m e celles-ci ne trouvent aucun écho dans la C O N S C I E N C E d'un h o m m e irréligieux ! Parce que la C O N S C I E N C E de nos juges militaires s'accom­mode très bien de ces photos. Eh bien, Messieurs les Juges militaires, Monsieur le Chef du Département militaire suisse, et vous tous, Messieurs, qui vous parez du titre d'autorités civiles et militaires, je vous accuse d'être complices de ces jeunes Cambodgiens coupeurs de têtes et arracheurs de foies. Je vous accuse d'incitation au crime contre I Humanité. Et j'attends d'être traduit devant vos tribunaux. Pour insultes aux autorités dans l'exercice de leurs fonctions.

N. R. Praz

« La Pilule »

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V E N D E U R S au numéro Ecrire à « La Pilule», 11, rue du Valais - 1202 Genève

C O L L E C T E U R S Tél. 021/76 30 96 ou 022/3189 23 D'ABONNEMENTS

BONS GAINS

Demandez des listes de signatures pour l'initiative à

M. Marcel ROBERT Directeur Centre éducatif Malvi lliers Tél. (038) 53 15 73

M. Claude S C H E U R E R Instituteur Dombresson Tél. (038) 36 12 88

ou à - La Pilule », tél. 021/76 30 96 - 022/31 89 23.

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« ... On arrondit les pilules en les roulant sous un disque à rebords sur les tablettes du pilulier... »

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En apercevant le photographe, le « boucher > cambodgien s'est relevé ET CACHE SON COUTEAU DERRIÈRE SON DOS (PHOTOS DE GAUCHE). A DROITE. UN JEUNE SOLDAT BRANDIT 1 • I OIE D'UN ennemi MORT

Photos « Nouvel Observateur »

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« ... et on les met dans une poudre neutre (lycopodie, cannelle, etc.)... »

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V e a u x , v a c h e s , c o c h o n s . . .

Le décompte des morts au Vietnam se fait, si on en croit Calley-le-Cinglé comme suit : « ... L'estimation se fait au jugé. U n véritable décompte est impossible. Vous prenez les Vietcongs, les buffles, les cochons, les vaches, n'importe quoi. U n homme, un animal, tout est bon, pourvu qu'il soit mort... » Et on a beau se le répéter : « ... tout est bon, pourvu qu'il soit mort... tout est bon, pourvu qu'il soit mort... tout est bon, pourvu qu'il soit mort... tout est bon pourvu qu'il soit mort... » O n a beau se le répéter, on ne parvient pas à comprendre que pour être bon il faut être mort. C'est la logique des militaires. N e cherchez pas à comprendre. A part ça, le satyre en chef se fait traiter de jeanfoutre parce qu'il a osé s'écrier un jour « qu'il y a plu­sieurs variétés de cochons et, parmi celles-ci, il y a celle des militaires de carrière : les cochons cochonophages et merdivores ! » Ce n'est pas nous qui avons mêlé l'homme aux cochons dans les décomptes des morts. C'est vous, Messieurs les mili­taires, militaristes, nationalistes et patriotards ! Futurs soldats, recrues, soldats, lisez bien les comptes rendus du procès Calley ! C'est important. C'est important que vous sachiez ce que vous serez un jour aux yeux de ceux qui aujourd'hui vous enseignent le maniement d'armes : des buffles, des vaches, des cochons morts ! Rien de moins. Mais rien de plus. Des cochons glorieux ou de glorieux cochons. Et maintenant, regardez-les bien en face ! Oui, mais, direz-vous, cela se passe en Amérique ! A h ? Et alors ? Vous voyez une différence entre un militaire américain et un mili­taire suisse, vous ? U n militaire reste, par définition, un h o m m e qui tue et qui compte ses morts... Et ses décorations sont proportionnelles au nombre de morts : les buffles, les vaches, les cochons et les hommes ! Et on nous accusera encore d'antimilitarisme hystérique ! Parce que ça mérite mieux, le militarisme, selon vous ? Ben, m o n cochon ! O h ! Pardon ! Nous voulions dire : « Ben, m o n colon... » A propos, m o n colonel, un « spaghetti » à la casquette, ça correspond à combien de « cochons » tués pour la patrie ?

Et une belle omelette! Saignante! L'âne de la Fable

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L'ambition d e

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Les militaires et les hommes politiques sont des gens pleins d'esprit. Parlant des lourdes pertes subies par les Sud-Viet­namiens au cours des engagements au Laos, Mr. Melvin-Laird, secrétaire à la défense des USA, a dit simplement, très décon­tracté : « O N N E FAIT PAS D'OMELETTE S A N S C A S S E R DES ŒUFS... »» Les œufs, en l'occurrence, étant les tripes des soldats sud-vietnamiens, l'omelette est plutôt saignante. Cette phrase a du moins le mérite de vous éclairer, pauvres types, sur la consi­dération dans laquelle vous tient toute autorité « civile, mili­taire et religieuse » inaugurant les chrysanthèmes. Et une omelette bien saignante ! Une ! Plus une hommelette...

N e dites p a s «tuer»

Tuer ? Mais, c'est affreux ! Le doux, le tendre lieutenant Calley, qui n'est que le bouc émissaire d'une clique, a déclaré au cours de son procès qu'on ne prononce jamais le mot « tuer » en présence des soldats, dans l'armée américaine. O n a de ces pudeurs, là-bas, en Amérique... On dit : supprimer ou faire disparaître. O n a du vocabulaire. Dans la pratique, voici comment les choses se passent : on repère un groupe de femmes et d'enfants, on vise, on appuie sur la gâchette. Taratatatatatatatata. Et on se dit : « Mais non, je ne suis pas en train de les tuer : je les fais disparaître ». Et quand tous les crânes ont volé en éclats, on se le répète : « Mais non, je ne les ai pas tués, je les ai supprimés. Donc, je ne suis pas un tueur. » On en est là. En Amérique. Au XXe siècle après... Après qui donc ? Après un pauvre type qui n'a jamais dit : tu ne suppri­meras point-

Ce lieutenant Calley porte décidément bien son nom. C'est un calé. Accusé d'être responsable du massacre de M y Lai, il a été accusé par un témoin, Paul Meadlo, d'avoir tué des petits enfants dans les bras de leur mère. Le procureur lui demande : — Aviez-vous peur qu'ils vous attaquent ? Réponse affirmative. — Quoi ? M ê m e les petits enfants ? — Oui, j'avais peur qu'ils ne soient chargés de grenades ou d'explosifs... — Vous pouviez les fouiller ? — J'ai eu peur. J'ai préféré les tuer... Lieutenant Calley, vous êtes devenu le bouc émissaire de l'année américaine. Vous êtes l'exutoire universel. Nous en sommes tous bien conscients : ce que vous avez fait, d'autres l'ont fait des cen­taines de fois. Mais ils n'ont pas été trahis par leurs complices qui sont aujourd'hui vos témoins à charge. Vous êtes un imbé­cile, c'est évident. Vous êtes une crapule, c'est non moins évident. Mais ce que vous êtes, vous ne l'êtes pas devenu par vous-même : O N vous a fait tel. Qui ? Si on regardait un peu du côté des ins­tructeurs des « Marines » ? Ceux-là ne sont pas présents à votre procès. Il y a m ê m e gros à parier qu'ils vous soutiennent mora­lement : vous n'avez fait que « votre devoir », à leurs yeux. O n vous juge. Vous êtes l'âne de la fable. Avec cette nuance que vous, en plus de la bêtise proverbiale de l'âne, vous possédez l'instinct du chacal. O u du soldat ? Drôle de réponse tout de m ê m e que celle-ci : « J'avais peur qu'ils ne soient chargés de grenades ou d'explosifs... » Cela supposerait donc que les Vietcongs minent leurs enfants ? O n a connu les pilotes-suicides Japonais pendant la dernière guerre, c'est vrai. Mais de là à accuser les mères nord-vietnamiennes de sacrifier délibérément leurs nouveau-nés, il y a un pas que seul un âne américain peut franchir...

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« ... pour les empêcher d'adhérer les unes aux autres... »

L A Z I Z A N I E

L e s m e n d i a n t s d u c a n c e r

En France aussi. O n mendie. Pour le cancer. Par contre, on a deux sous-marins atomiques. Le Terrible et le Redoutable. O n a aussi le Fléau, en France : le Cancer. C o m m e en Suisse. Pour le Terrible et le Redoutable, on ne vous demande pas votre avis, on finance à coups de milliards. Et on plastronne. Pour le cancer, comme en Suisse, on mendie... Ce sera la honte de ce siècle que d'avoir réduit le médecin et le chercheur à la mendicité. Et les Ligues contre le Cancer de faire la fine bouche ou la bouche en chemin d'œuf devant les initia­tives scandaleuses de gens qui voudraient inverser les rôles, réduire les militaires à la mendicité publique et élever les méde­cins et les chercheurs à leur rang d'hommes dignes de crédit. Et de crédits. Mais non. Ils en sont toujours au stade de la mendicité publique! Et certains d'entre eux ont m ê m e l'air de trouver ça normal : ceux, sans doute, qui ont un grade dans l'armée ou la morale à la hauteur de leurs godillots. Voici ce qu'a déclaré le professeur Georges Mathé : « Le cancer tue chaque année huit fois plus d'Américains que la guerre du Vietnam n'a tué d'individus depuis son début. Et pourtant le citoyen américain qui dépense 410 dollars par an pour la Défense nationale, 125 pour la guerre du Vietnam et 19 pour l'espace, n'en consacre que 2 à la recherche contre le cancer. Et ce chiffre qui scandalise aujourd'hui les citoyens américains nous laisse, nous, admiratifs puisque le citoyen français dépense, lui, pour cette recherche, environ dix fois moins. » Et ceci, à la veille d'une nouvelle campagne de mendicité orga­nisée en France pour la lutte contre le cancer. En France il n'existe aucune possibilité autre que parlementaire pour que la recherche sur le cancer soit traitée différemment. En Suisse nous avons l'initiative populaire. Nous avons voulu en faire usage. Et nous avons trouvé devant nous une Ligue suisse contre le cancer qui a dit : « Nous ne pouvons pas soutenir cette initiative. » Parce que. Parce que la lutte contre le cancer n'a rien de com­m u n avec les dépenses militaires. A h ? Eh bien, nous prétendons, nous, que si. Ces deux choses ont un point commun : l'argent du peuple. L'argent perçu par l'Etat auprès du peuple. L'argent, qui appartient au peuple. Si le peuple V E U T que cet argent soit utilisé pour lutter contre le cancer plutôt que pour la gloriole de quelques crétins à galons, le peuple obtiendra satisfaction. Voilà le point commun. Et voilà où la Ligue suisse contre le cancer a gravement manqué à sa vocation : pour ne pas rater sa prochaine campagne de mendi­cité, elle n'a pas pris position pour nous, pour notre initiative. Parce que c'est un rare privilège pour cette Ligue que d'être autorisée par la Confédération à organiser périodiquement, comme en France, une campagne de mendicité dans tout le pays. C o m m e les médecins et chercheurs spécialistes des maladies du cœur. Allez, à votre « bon cœur », M'sieurs et Dames ! Et en avant les Dénéréaz ! Pour mille francs vous aurez droit à un caporal et pour quinze mille francs à un conseiller fédéral ! Vive la mendicité ! Vive l'armée ! Vive la Suisse ! Mais poursui­vons l'exposé du professeur Mathé : « ... Et pourtant les 50 millions de Français aujourd'hui vivants doivent savoir que 13 millions d'entre eux sont condamnés à être atteints de cancer et 9 millions à en mourir, que la moitié feront cette maladie avant l'âge de soixante-cinq ans et que le cancer tue plus d'enfants que toutes les autres maladies réunies. »

Malgré cela, la Ligue suisse contre le cancer s'obstine à dire : « Non, nous ne soutiendrons pas l'initiative du journal « La Pilule » parce que le cancer n'a rien à voir avec les crédits mili­taires » ! Et la Radio, la Télévision et Michel Dénéréaz demeu­rent strictement réservés aux campagnes de mendicité généreu­sement autorisés par m a m a n Confédération ! Mais écoutons encore le professeur Mathé :

« Ces notions, qui laissent les Français indifférents, ont touché les Américains. Poussé par son opinion publique, le président Richard Nixon vient de proposer une attaque encore plus sé­rieuse contre le cancer de la part de ses concitoyens, attaque qui prendra le style et recevra presque les moyens que ce grand peuple a su donner à sa N A S A . Il a, en effet, demandé une somme de l'ordre de 100 millions de dollars pour l'Institut na­tional du cancer américain, en complément de son budget anté­rieur qui était déjà de 230 millions de dollars. » Soit, au total, 330 millions de dollars, soit un milliard et quatre cents millions de francs suisses. Soit, les deux tiers du budget militaire suisse. Les deux tiers. Nous n'en demandons qu'un quart ! Et qu'on ne vienne plus nous dire que nous en deman­dons trop, que c'est plus que n'en obtient le C E R N . Et alors ? Ce qu'on nous reproche ? C'est de n'être pas une ligue, un parti, un clan dûment organisé ! Que cela soit sorti du peuple, du peuple qui en a marre, voilà ce qu'on ne nous pardonne pas ! Le professeur Mathé, pour toucher le Français dans ce qu'il a de plus sensible, c'est-à-dire son chauvinisme bien connu, conclut: « Vous, Français et Européens, il ne faudra point vous étonner si désormais les découvertes et réalisations dans le domaine du cancer ne viennent que des laboratoires américains ou des labo­ratoires européens financés par l'Institut national du cancer américain. » Eh bien, Monsieur le Professeur, on s'en moque ! Vos cocoricos, on s'en moque ! Vous faites appel à la générosité du peuple fran­çais pour qu'il soit dit partout que c'est aussi la France éternelle qui a fait une découverte sur le cancer ! Pardon. O n ne marche plus. Vous faites ce chantage au nationalisme pour que réussisse une nouvelle campagne de mendicité, alors qu'il suffirait d'UN « Redoutable » ou d'UN « Terrible » pour financer des recher­ches peut-être capitales. Qu'importe que le résultat soit obtenu en France ou aux U S A ? Qu'importe ? C'est cela que nous avons mis en évidence dans notre initiative en précisant bien que nous voulons financer la lutte contre le cancer en Suisse E T D A N S LE MONDE. Le cancer ne se nationalise pas, hélas. Les ligues contre le cancer ne devraient pas se nationaliser non plus, hélas... Quant à la mendicité à laquelle on vous a réduit, professeur, si elle ne vous gêne pas, tant mieux. O u tant pis. Pour vous. Nous, elle nous gêne. Nous en avons honte. Pour vous. Et nous avons décidé de prendre l'argent là où il se trouve être mal placé pour vous le donner. A vous, chercheurs français. A vous, cher­cheurs américains, suisses ou suédois. Et ce sera peut-être un jour notre tour de plastronner, quand nous aurons donné le seul exemple qui mérite vraiment d'être donné, c'est-à-dire non pas une campagne de mendicité cou­ronnée de succès, mais l'exemple d'un peuple qui, délibérément, prend l'argent des tueurs pour le donner aux médecins.

N. R. Praz

A PaRis, la Pouce est Descende

DANS LA RUE

(tous vous aimons» nous lut FAtoNs Gw'etEtuTEft les o* Dites il

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« On peut aussi les argenter, les dorer, les vernir ou les dragéfier... »

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Q u a n d u n p o m p i e r . . .

... rencontre un autre pompier, qu'est-ce qu'ils se racontent ? Des histoires de pompiers. Quand un fils à papa rencontre un autre fils à papa, qu'est-ce qu'ils se racontent ? Des histoires de « Pamphlet ». Périodique « indépendant » dont la fière devise est : ne pas subir. N e pas subir quoi ? L'oppression ? La société de consommation ? L'Injustice sociale ou l'injustice tout court ? Le crétinisme et le militarisme ambiants ? Non. N e pas subir... l'opposition à l'oppression, à la société de consommation, à l'in­justice sociale et à l'injustice tout court, au crétinisme et au mili­tarisme ambiants. N e pas subir la révolte de ceux qui, précisé­ment, ne veulent pas subir...

Voilà. Tout est dit à propos du « Pamphlet », périodique romand paraissant dix fois par an. Et comme ces fils à papa ont de l'argent, ils font placarder dans toute la ville de Lausanne leur publicité de fils à papa : « Faut-il brûler les objecteurs de conscience ? » E h bien, le « Pamphlet » dit oui, il faut les brûler ! Parce que les pacifistes font preuve de malhonnêteté intellectuelle : ils ne voient de mal qu'en Grèce, au Brésil et en Afrique du Sud. Mais jamais en Russie. Mille excuses, apprentis pamphlétaires : lisez « La Pilule » mieux que vous ne l'avez fait et vous y trouverez certains dessins de Leffel et certains pavés pas du tout gauchistes. Et pourtant, « La Pilule » est votre ennemi, si nous vous en croyons : vous nous accusez d'antimilitarisme hystérique. Et nous, à notre tour, nous vous renvoyons la balle : nous constatons dans ce « Pamphlet » (entre nous, un pamphlet, savez-vous seulement ce que c'est ?) une hystérie générale et désordonnée de fils à papa qui ne savent pas du tout à qui et à quoi ils s'attaquent ! C'est la révolte des nantis. Ce sont les maharadjahs protestant contre les privilèges des parias. Grotesque. Mais ils ne s'arrêtent pas en si bon chemin. Voyons un peu ce « Pamphlet ». (C'est lui faire trop d'honneur) : « Pamphlet » N° 4 du 3 mars 1971. Page 1. Article signé « Le Pamphlet » sous le titre « Faut-il brûler les objecteurs de conscience ? » Réponse : « Oui ». Page 1 (suite). Sous le titre : « La guerre des boutonneux », un certain Daniel Bassin s'indigne de la révolte des jeunes et surtout de l'appui qu'ils trouvent auprès de leurs maîtres (de certains maîtres). Il part en guerre contre ces « termites ». « Or, s'indigne le Bassin en question, que font nos autorités devant ces termites ? Elles confient l'enseignement de l'instruction civique à des gens dont on sait qu'ils sont des antinationaux ! » Et v'ian ! Bassinant ! Ce n'est pas du nationalisme hystérique, ça ? Page 2. Sous le titre : « Le Christ, un objecteur de plus ? », une Mariette Pache de derrière les bigots nous apprend que « ... le Royaume des Cieux n'est pas de ce monde, le Ghrist l'a dit. C'est donc de l'utopie et de l'orgueil que de vouloir instaurer sur terre un Royaume promis pour l'au-delà. La seule attitude possible pour un chrétien est de s'efforcer d'appliquer individuellement les préceptes de Jésus, en toutes circonstances, au civil c o m m e au service militaire, n'en déplaise aux objecteurs et à leur sec­tarisme de bas étage. » La Mariette en question doit appartenir à la secte des darbystes ennemie jurée des Témoins de Jéhovah ! Page 4. « U n cheval de Troie n o m m é « Service Civil ». Le Claude Pachoud de service conclut : « ... Nous souhaitons que le peuple suisse ne se fasse pas le complice d'une telle mystifica­tion ». V u l'audience du « Pamphlet », on peut tout espérer...

Page 5. Grand titre. Lugubre. Longuement « pensé » : « Oraison funèbre pour M . Guillemin ». O n aura tout vu. U n certain Pierre Guignard (vous connaissez ?) enterrant Henri Guillemin ! Au­thentique. Et voici comment. « Commençons, les yeux secs, une oraison pour M . Guillemin. Il n'a plus rien à nous dire... » Plus

loin : « Henri Guillemin a perdu tout droit à la confiance de ses lecteurs... » Plus loin : «... Guidé par un sens commercial très sûr, il eut l'idée de saluer le bicentenaire de l'Empereur par une bordée d'injures... » Et de conclure : « Henri Guillemin, un grand artisan du progrès et de la démocratisation de la culture, puisqu'il fut le premier à introduire un élément littéraire dans le domaine si pittoresque des ragots de concierge ». La littérature étant le fief des « intellectuels » à la bouche en cul de poule, M . Pierre Guignard sait de quoi il parle. « Le Pam­phlet » ne pardonne pas à Henri Guillemin d'avoir mis la culture à la portée des manants que nous sommes, privant ainsi les fils à papa nommés Pachoud, Bassin, Pache, Valmont et Guignard (vous les connaissez, vous ?) d'un privilège qu'ils voudraient réservé aux imbéciles de luxe qu'ils sont. « Le Pamphlet » ? C'est le néant s'insurgeant contre soi-même.

N. P.

Pan sur le Pamphlet!

Nous recevons de M. et Mme Monique Masini à Renens la lettre et le dessin suivants : « Messieurs, C'est par un pur hasard qu'un numéro du « Pamphlet » nous est tombé entre les mains. (Lors de l'achat dans un kiosque du « Canard Enchaîné », « Le Pamphlet » nous fut remis gra­cieusement en surplus !). Ce journal infantile et extrémiste, par ses articles contre tout ce qui n'est pas l'Ordre nouveau et spécialement contre les objecteurs de conscience et votre rédacteur, nous a inspiré le dessin ci-joint qui, mieux qu'une longue lettre, vous explique à la fois notre position et la sympathie que nous avons pour votre journal... » Voilà pour la lettre. Voici le dessin.

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Et voilà l'explication : « Le Pamphlet » est distribué gracieuse­ment. Mais c'est faire outrage au « Canard Enchaîné » que de lui infliger cette compagnie. Avec « Minute », à la rigueur, on veut bien. Mais depuis quand la maison Naville se charge-t-elle de colporter gratuitement les sous-produits de la presse écrite qui ne trouvent pas preneur auprès de la clientèle qui paie ? Question sans réponse.

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« Les plus petites pilules sont dites granules... »

G R A N U L E S

P l u s o n s e r a d e f o u s ,

m o i n s il y a u r a

d ' i m b é c i l e s !

Décidément, il y a des journaux dont on ne soupçonnait pas l'existence et qui se mettent à avoir des opinions ! O ù allons-nous ? « Le Genevois », par exemple. Vous le connaissez, vous ? II paraît que ça existe, pourtant. Et il se met m ê m e à faire de l'esprit... aux dépens des journaux satiriques ou prétendus tels (« Le Genevois » dixit) et qu'il n'encaisse pas. En premier lieu, « La Pilule ». A tout seigneur, tout honneur. Ensuite « Le Fos­soyeur ». Ensuite « Le Parasite ». Bon. Il ne parle pas de « La P o m m e ». Pourquoi ? Il la croit donc croquée ? Pas du tout ! Et « La Pilule » crie : « Bravo ! » « La Pilule » n'est pas du tout, mais pas du tout de l'avis du « Genevois » (mais existe-t-il vraiment, ce journal ? L'Argus nous envoie une coupure : faut croire que oui ! ). « La Pilule » ap­plaudit sans arrière-pensée à la prolifération des journaux humo­ristiques ou satiriques romands, quelle que soit leur formule, quels que soient leurs mérites, pourvu qu'il parviennent à intro­duire dans l'hilarante ambiance helvétique un peu de cette gra­vité solennelle dont nous manquons si tragiquement. O n en a assez de ces journaux comiques qui nous font rire à longueur de vie avec leurs articles de fond dignes de « Hara-Kiri », leurs communiqués désopilants de l'ATS ! Il faut du sérieux ! Donc, il faut des pommes, des fossoyeurs et des pilules ! Des pommes pour constiper, des pilules pour déconstiper et un fossoyeur pour enterrer tout le monde. Après quoi tout le monde sera heureux. «Le Genevois» (mais oui, il existe vraiment !) ouvre donc un concours pour de nouveaux titres de journaux. Spirituel, ce « Genevois », vous dit-on ! Plein de légèreté, d'esprit, de finesse ! Voici quels titres il propose « pour lancer l'opération » : « La Gadoue » (qui, « Le Genevois » dixit, peut aussi s'employer au pluriel) ; « Le Ruclon »; (Réd. Dans quel dictionnaire « Le Ge­nevois » va-t-il pêcher ses néologismes ? O n parle patois ou papou, au « Genevois » ?) ; « Le Marécage fangeux », « La Fosse sceptique » (le « jeu de mot » est du « Genevois » : ils ont de l'esprit, ces gens-là, de l'esprit, de l'esprit...) ; « L'Egout... et les Couleurs» (on se pâme devant tant de finesse !) et, pour cou­ronner le tout : « La Chasse d'Eau ». « P o m m e » et « Fossoyeur », ralliez-vous avec nous au panache blanc du « Genevois » ! Il faut un titre à ce journal, puisqu'il existe. Q u e proposez-vous ? Voici notre suggestion : 0. 0. C'est tout. C'est le trou. C'est le néant. C'est le zéro et l'infini. C'est le trou que va lui creuser le fossoyeur. Mais peut-on en­terrer le néant ?

In m é m o r i a m

Plus de procès de Burgos. Plus de reporters payés à la ligne. Plus d'indignation. Plus de manifs. Et pourtant, ils sont toujours en prison, eux...

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N é c e s s i t é d e la Pilule

On met parfois en doute la nécessité de l'existence de « La Pilule ». O n a tort : « La Pilule » sous forme de journal satirique est indispensable au bon fonctionnement des glandes helvé­tiques. Sous forme de comprimé anticonceptionnel, elle est indispensable au Tiers Monde. En effet, voici ce qu'annoncent de R o m e l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et l'Organisation mondiale de la santé : douze millions d'enfants sont en danger de mort pour cause de mal­nutrition protéique. L'information vient de Rome. Et devant cette m ê m e organisa­tion, le Pape a déclaré qu'il était contre tous les moyens anti­conceptionnels ! Et pour cause: les enfants du Pape sont bien nourris, eux !

L i b e r t é d e c r o y a n c e

La Cour suprême du canton de Zurich a condamné le rédac­teur en chef adjoint du « Blick » à 2000 francs d'amende pour atteinte à la liberté de croyance et des cultes. Pourquoi ? Parce que le « Blick » avait reproduit un tableau du peintre finnois Harro Koskinen représentant un cochon sur une croix. N'ayant pas vu le tableau, n'éprouvant aucune espèce de sym­pathie pour les dessins représentant ce genre de ... cochon­neries, nous posons simplement la question que voici : — En quoi le fait de reproduire un tableau pouvant être inter­prété c o m m e un blasphème porte-t-il atteinte à la liberté de croyance et des cultes ? Un jugement cuculturel c o m m e tant d'autres ! Mieux vaut ne _ Que||e horreur, ce massacre de bébés... pas chercher à comprendre. Car on finirait peut-être précisé- _ par |e lieutenant Calley à My Lay ? ment par comprendre... — Mais non, très chère, je parle des bébés phoques..

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« ... Les grosses pilules sont appelées « bols ». Larousse Universel.

Ici se termine la définition de « LA PILULE » d'après le

B O L S D E L A R M E S

C o n c o u r s

d e l a m o n t r e e n o r

Règlement

Les dix premiers collectionneurs qui, dans un an

environ, déposeront chez un notaire, un huissier,

ou tout organisme compétent les cinquante premiers

n u m é r o s de « La Pilule » et en fourniront la preuve

au m o y e n d'une attestation (du jour et de l'heure de

dépôt) reconnue valable recevront

UNE MONTRE EN OR!

Les cinquante suivants recevront une montre pla­

quée ou en acier.

Attention! Il y a eu un numéro zéro!

Les personnes qui auront raté un numéro peuvent

le demander à l'Administration de « La PILULE »,

11, rue du Valais, à Genève. Toutefois, nous ne pou­

vons pas garantir l'approvisionnement à l'infini, car

un jour même les invendus seront épuisés. ACHETEZ

DONC DÈS MAINTENANT CHAQUE NUMÉRO DE

« LA PILULE » et invitez vos amis à en faire autant:

deux précautions valent mieux qu'une, comme dit

Mme Colgate à Europe 1 (publicité gratuite, on vous

le jure!). En effet, entre amis on peut se prêter les

numéros manquant à la collection. Non? Même pas

ça? Mieux encore:

A B O N N E Z - V O U S A « LA PILULE »

A PRIX RÉDUIT (période de lancement)

Découpez et renvoyez la formule ci-dessous au

journal «La Pilule», 11, rue du Valais, Genève.

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Fr. 48.— au lieu de Fr. 60.— pour 52 parutions Fr. 24.— au lieu de Fr. 30.— pour 26 parutions

Je vous prie de m'envoyer le prochain numéro de

« La Pilule » contre remboursement de ce montant *

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* Ou versement sur CCP No 12 - 2019.

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qu'il ne faut ja­mais oublier la le­çon de pardon et de tolérance que

la Christ donna le jour où il tendit I a main à Ma­rie • Made­leine, I a

p é c h e r e s s e . Le souverain pon­

tife a donné son ab­solution à Rosa Fu-metto. une strip-tea-seuse du célèbre ca­

baret pari-lien, le <Crn; Horse S a -loon >, dont les modèles, depuis quel­que temps,

se produisent sur scène intégralement nues !

Rosa Fumetto : vedette nue du « Crazy Horse ».

Faudrait savoir Ou bien c'est un péché. Ou bien ce n'est pas un péché que d'avoir un beau corps. Et de le montrer. La jolie fille que voici (découpée dans un grand hebdomadaire parisien qui, contrairement au Petit Livre Rouge, n'est pas interdit), déclare, dans le même hebdomadaire dont nous re­produisons aussi une coupure authentique, on vous le jure : « ... grâce au Pape, c'est la conscience en paix que chaque soir je me déshabille sur scène. » Mais alors ? Si les censeurs se mettent à être plus papistes que le Pape... (Coupure d'« Ici-Paris »)

P r o c h a i n n u m é r o , le 1 3 avril 1 9 7 1

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