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Concours 2014 d’admission à l’Enseignement Militaire Supérieur du deuxième degré (EMS 2) ÉCOLE DE GUERRE R R A A P P P P O O R R T T D D E E S S J J U U R R Y Y S S

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Rapport EDG 2014 Page 2

École de Guerre 2014

Rapport particulier du président du jury

La session 2014 du concours d’entrée à l’école de guerre s’est déroulée suivant le calendrier habituel, entre juin et octobre 2014. Elle s’est appuyée sur le même type d'épreuves que l’année dernière ; le positionnement au niveau brigade de l’épreuve de tactique a bien été pris en compte par les candidats et ne pose pas de problème de continuum.

Les conditions d’organisation et les modalités de sélection sont similaires à celles des années précédentes. Le fait de déclarer admissibles deux candidats pour une place ouverte au concours permet de fluidifier le déroulement des épreuves orales.

Ce rapport s’appuie sur les contributions des présidents des jurys ; il s’adresse aussi aux futurs candidats avec le but de les éclairer et aider dans leur préparation.

1. Analyse des résultats.

303 candidats ont composé à l’écrit ; 170 ont été déclarés admissibles pour 85 reçus.

Il est à noter que 23 officiers féminins ont composé à l'écrit, 10 ont été admissibles, pour in fine, un seul reçu. Cette année, tous les candidats féminins sont en option SHRI.

Le nombre de candidats en option SHRI reste constant 203 en 2012, 224 en 2013, 210 en 2014 ; en revanche, en option SI, l'augmentation est forte 69 en 2012, 80 en 2013, 94 en 2014.

Au-delà des chiffres, on peut remarquer que le coefficient de 20 pour la seule épreuve orale, sur un total de 50, permet à quelques candidats, classés dans la population médiane à l’écrit, de se classer fort honorablement en final après un bon oral.

Il convient de constater que le concours représente un outil de sélection fiable qui fonctionne.

Par ailleurs, l’hétérogénéité des candidats, option SHRI et option SI, conduit à maintenir les deux options de ce concours.

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2. Appréciations du déroulement des épreuves.

L’ensemble des épreuves, écrites et orales, a été parfaitement organisé par le bureau concours de la DRHAT pour le bien de tous, et en particulier des candidats. La mise en place de zones bien définies, aussi bien pour l’écrit que pour l’oral, fluidifie le déroulement et crée une ambiance sereine propice à tous.

a. Épreuves écrites

Les épreuves écrites se sont déroulées au centre d'examen de Lognes (77) les 10, 11 et 12 juin 2014 dans des conditions nominales.

L’appui des concepteurs spécifiques pour l’épreuve de tactique est, de toute évidence, un gage de qualité pour le thème élaboré. Dans ce cadre, la présence d'un officier supérieur de l'EEM dans l'équipe d'élaboration du thème tactique est importante ; elle permet d'assurer une continuité entre l'EEM et l'EDG. L'EEM dispose ainsi d'un retour d'expérience immédiat sur l'assimilation par les candidats de son enseignement. Les résultats obtenus à l'épreuve de tactique montrent que les candidats ont assimilé ce niveau brigade, sans le maîtriser totalement évidemment.

La réalisation d'un thème au niveau brigade est désormais bien cernée. Un point pratique : l'utilisation d'une seule carte facilite le déroulement de l'épreuve et est un gage d'économie.

En ce qui concerne l’épreuve de synthèse, la contrainte des 150 mots induit un avis peu original et un peu fade. Autoriser 250 mots permettra aux candidats d’émettre un avis plus consistant, et sera de nature à valoriser les meilleurs. Cette évolution est en cours.

Lors de l'épreuve de culture générale, les candidats oublient parfois, de définir certains termes importants du sujet, de présenter un plan, et/ou de fixer le cadre de leurs propos.

b. Épreuves orales.

Les épreuves orales se sont déroulées, sans incident, à Vincennes entre le 23 septembre et le 14 octobre 2014.

Le choix de déclarer admissibles deux candidats pour une place offerte permet un déroulement plus souple et plus serein des épreuves orales.

Les différents jurys ont parfaitement fonctionné. La composition maintenue des jurys à cinq membres permet une meilleure appréciation du candidat, facilite la tâche du jury, et in fine garantit la qualité du choix. Chaque jury comporte un personnel féminin ; de même, la participation de personnalités externes à la défense et à l'armée de terre apporte une ouverture, tout en faisant connaître un mode de fonctionnement, jugé pertinent par ces mêmes membres.

Jean-François
Texte surligné
Jean-François
Texte surligné
Jean-François
Texte surligné

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Concernant l’épreuve elle-même, son articulation en quatre phases permet de bien juger le candidat. Les questions doivent être préparées à l’avance par chaque jury, afin de pouvoir évaluer de façon pertinente l’exposé, puis mener la discussion qui s’en suit. Elles sont formulées de façon ouverte, afin de conduire le candidat à émettre un avis, plutôt que de réciter un cours.

L’entretien en anglais a permis de constater que le niveau continue de progresser ; les efforts engagés pour améliorer le niveau général doivent être poursuivis.

3. Appréciation des candidats.

Les candidats se sont bien préparés, aussi bien à l’écrit qu’à l’oral ; mis à part une toute petite minorité, ils sont tous venus avec la volonté de réussir, ils se sont accrochés jusqu’au bout. A titre d’exemple, tous les livres au programme ont été visiblement lus.

Les officiers, qui se sont présentés à l’oral, ont une vraie stabilité comportementale, ils sont solides et combatifs.

Cependant, force est de constater que des déficiences existent en références historiques, scientifiques, … un déficit de lecture est patent. Certes, l’année de préparation est courte, de plus coupée par le stage du DEM, mais ce manque de lecture, de curiosité vient de plus loin. Le niveau moyen des candidats conduit à une réflexion sur le développement de la culture générale dès la sortie de la formation initiale1 ; il convient de leur en donner le goût. Peut-être faudrait-il amender la formation initiale pour apprendre à apprendre et éveiller la curiosité, pour qu’ensuite, cette attitude soit naturelle, évidente et constante.

En conclusion, le concours actuel répond aux attentes de l’armée de terre, à savoir sélectionner les meilleurs officiers dans une année. Le maintien de la composition du jury de l'oral à 5 membres me semble opportun pour assurer une qualité dans la sélection réalisée, d'autant que les gains réalisés seraient faibles. De même, l'ouverture des jurys de l'oral à des personnalités extérieures aux armées, au moins une par jury, participe également à la qualité de la sélection d'officiers qui seront amenés à se confronter à d'autres administrations.

L’organisation sans faille du bureau concours de la DRHAT, la participation des équipes de soutien et des réservistes sont les chevilles ouvrières et incontournables de la réussite du concours 2014.

1 Dans ce cadre, on se saurait trop conseiller aux candidats, aux jeunes officiers, dès leur sortie de DA de se s'inspirer d'un article « Culture du militaire et culture militaire » du Colonel Yakovleff, trouvable sur internet.

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Rapport du président de la sous-commission

ÉPREUVE DE TACTIQUE

Sans chercher à coller les candidats avec une subtilité ou une finesse, ce devoir se basait sur l’utilisation judicieuse des normes d’engagement éditées dans le mémento de l’Ecole d’Etat-major et les documents des écoles d’armes, tintée d’un bon sens pratique et de logique. Les correcteurs se sont attachés à voir et suivre la cohérence dans les réponses apportées par les candidats. Les indicateurs de la bonne compréhension de la mission Les points ci-après sont de très bons indicateurs de la compréhension de la mission reçue (l’esprit) alors que la lettre est évidente pour tous. Les franchissements : Le franchissement de la Loire, coupure majeure qui traversait la zone d’action en son milieu, n’était pas la question GEN du devoir mais juste une question de connaissances des capacités tactique et logistiques des unités IA, de bon sens et de calcul de délais. La Loire n’était « par convention pratiquement pas franchissable » (largeur 350m) hors ponts infra mais les quatre ponts donnés dans l’exercice avaient ensemble un débit et une classe suffisants pour faire franchir les deux brigades dans les délais impartis. Or, pour être sur L2 dans les délais et avec un RAPFOR suffisant, en réalisant la RECO OFF à 20 km/h (normes EEM), il fallait franchir la Loire sans marquer de temps d’arrêt et au minimum sur 3 ponts, les 4 étant nécessaires sous 3 heures. Cependant les sections de miliciens en tenaient certains et étaient en mesure au pire de les détruire, au moins de nous ralentir. Il fallait donc livrer combat pour s’emparer des ponts tenus et les nettoyer des obstacles éventuels avant l’arrivée du premier échelon « roues/chenilles » de notre brigade. L’héliportage d’une force d’assaut (INF – GEN – Obs ART) était alors la seule solution réaliste s’affranchissant du franchissement sous le feu des ponts potentiellement piégés et permettant de mener les 2 à 3 heures de combat nécessaires avant l’arrivée des premiers éléments « roues/chenilles » de la brigade sur la Loire. Premier point : si une attaque par les GTIA INF dans la foulée pouvait être proposée (même si elle ne permettait pas mathématiquement de tenir les délais imposés sur L2), avec les appuis nécessaires donnés en renforcement, il fallait cependant éviter de faire attaquer frontalement les ponts par le BATCHAR sec, sans renforcement INF et GEN ni effort ART dans le paragraphe Appui … Deuxième point : la saisie des ponts de L2 par OHP, pour y devancer l’ENI, ne se justifiait pas si le calcul de la progression ENI était juste, sauf à vouloir compenser la perte de délais due à une attaque frontale débarquée (ou non) des ponts de la Loire par notre premier échelon

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… Et dans ce cas, il fallait y mettre en volume suffisant des moyens capables d’y arrêter l’ENI (antichars !). Ligne de débouché région L2 Comme demandé, il faut livrer une ligne de débouché à la 21, région L2. C’est la lettre de la mission. Le Loing est une rivière, L2 est donc un fond de talweg, certes coupé par des ponts en nombre et de classe suffisants. L2 - fond de talweg n’offre aucune vue sur le compartiment de terrain suivant pour les unités en appui ou franchissant, est potentiellement dominé par des observateurs ENI, impose une canalisation évidente par les ponts, donc interdit toute possibilité de « sortir déployé ». La 21 doit aussi, avant de franchir LD, se réorganiser après son mouvement (logistique, articulation, …) et doit avoir une zone prévue pour ça, au minimum hors des vues de l’ennemi. L2 tel que tracé sur la carte n’est pas techniquement/tactiquement acceptable comme ligne de débouché. La LD idéale est donc avant ou après le Loing dans notre axe de progression. Proposer LD sur les hauteurs de la rive Sud / gauche imposerait à la 21 le passage sur les ponts potentiellement vus par l’ENI dès son débouché, canalisant et ralentissant son mouvement d’attaque dès le départ. Ce n’est pas la bonne solution. Il fallait proposer LD sur la rive droite / Nord, à fixer à une distance « raisonnable » de la rivière pour donner la profondeur nécessaire/utile à notre brigade pour installer son dispositif défensif et à la 21 pour se réorganiser, se déployer puis franchir « sans ralentissement en dispositif d’attaque ». EMD interdiction de la frontière Dans la mission de la brigade, il est dit explicitement « EMD, sur ordre, interdire la frontière entre … ». Cette action est prévue pour contrer l’arrivée du deuxième échelon ENI, la 32BB. Pour réaliser cette action défensive, certes à 1 contre 1 mais face à un ENI matériellement supérieur en nombre de chars, il faut gagner les incontournables délais de préparation. Donc, dans l’esprit et dès l’engagement de la 21 dans son attaque, il fallait envoyer sur zone au minimum des reconnaissances IA et GEN, au mieux y envoyer les premiers éléments GEN pour valoriser le terrain, réalisant les obstacles / travaux de protection suivant les directives des éléments IA qui conduiront l’action et protégés / couverts par ces mêmes éléments. Déroulement des paragraphes du devoir Les points ci-après précisent ce que les correcteurs (ou le général de la 12) s’attendaient à trouver dans le plan simplifié. Impression sur l’ennemi L’ENI de l’échelon supérieur a pu surprendre en première lecture. Une brigade mécanisée, la 31(OR)BM a un objectif qui la conduit à atteindre une zone au sud / sud-ouest de MONTARGIS. Pour cela, elle peut (H1) traverser le dispositif de la 33(VE)BLB à notre

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gauche ou (H2) contourner MONTARGIS et la 33(VE)BLB par l’est, à travers notre position. Il fallait donc, conformément à la théorie, prendre l’ENI qui vous est décrit par l’échelon supérieur dans votre zone et étudier H2. La division prévoit que la 31(OR)BM arrivera sur son dispositif avec deux BM en tête et le BC en deuxième échelon (ENI ultérieur) et que les deux BM de tête seront arrêtés / fixés sur L2 par la 33(VE)BLB. Pour notre brigade, l’ENI principal hors milices est donc le bataillon de chars qui contourne / déborde MONTARGIS par sa gauche, conduisant soit une attaque en force (zone étroite ou point particulier à préciser) - ME1, soit une attaque en souplesse ou une infiltration (front large ou points particuliers à préciser) - ME2, dans le seul but d’atteindre les faubourgs précités (MONTARGIS – VILLEMANDEUR). Présenter tout ME défensif était donc à proscrire car non conforme à la description de l’ENI vue par l’échelon supérieur (DEF ferme en attendant l’arrivée de la 32(OR)BB, FRN jusqu’à la frontière, …). C’est peut-être ce qu’il essayera de faire ultérieurement, après l’attaque de la 21, pour survivre, mais pas ce qu’il veut/doit faire maintenant pour remplir sa mission. Présenter un ME hors zone brigade (traversant MONTARGIS à travers le dispositif de la 33(VE)BLB par exemple) montrait une méconnaissance grave de la forme du devoir de tactique/impression sur l’ENI. Les milices tiennent les ponts sur la Loire (ralentir notre débit de franchissement si les ponts sont utilisables) et peuvent les saboter (bloquer au moins temporairement notre débit de franchissement). Elles n’ont pas de capacité de freinage. Elles n’interviennent plus dans les ME. Les menaces complémentaires 3D, GE et RNBC sont quasiment toujours évoquées par « copié-collé » de l’ordre supérieur mais ne sont que trop rarement exploitées et adaptées à sa manœuvre (absence de GDH et de lieux probables). Effet majeur L’esprit de la mission reçue par le général de la 12(BL)BM est de permettre à la 21(NO)BB de s’engager avec 100% de ses moyens et à l’heure prévue au nord de L2 pour attaquer la 31(OR)BRIMECA (Temps 3 de la division). L’effet majeur devait porter soit sur le terrain (franchissements, axes et itinéraires, zone de déploiement, ..), soit sur l’ENI (neutralisation pendant la progression, neutralisation au moment du débouché, …). La principale difficulté est une bonne cohérence entre le choix d’un effet majeur réaliste et sa déclinaison dans les ordres donnés (devancer tel ENI sur L2 quand dans l’impression sur l’ENI du candidat, cet ennemi ne va pas sur L2 ; détruire ou neutraliser tel ENI quand aucun GTIA n’en reçoit la mission ou en conduisant une manœuvre défensive ; même GTIA qui a successivement l’effort dans chaque phase ; …). Articulation : Le +1-1 systématique pour les GTIA contact ne s’entend que si cette ventilation ne nuit pas à l’essence même des GTIA. Un GTIA CHAR qui perd deux (voire trois) escadrons, même

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renforcé par deux (ou trois) compagnies, ne pourra plus que difficilement conduire une action offensive efficace contre un ENI blindé à trois compagnies de chars. Une articulation évolutive (ou ré articulation au contact sur L2) est à proscrire en général et surtout ici quand les délais sont justes calculés. Les appuis ART sont généralement bien répartis contrairement aux appuis GEN, quand ils sont ventilés, souvent données sans vraie logique OPS. Une compagnie de génie combat en renforcement d’un GTIA en deuxième échelon (soutien) pendant toute la guerre ne lui est pas utile. Cette même compagnie en renforcement d’un GTIA en reconnaissance offensive (ouverture ou rétablissement d’itinéraire) ou qui va avoir une mission statique sur L2 (DEF, INTDR, TEN, BAR, …) est une vraie plus-value multiplicatrice d’effet. Tableau des rôles : On y trouve souvent des incohérences par rapport à l’effet majeur proposé (EM ayant une notion de destruction ou notion de conquête par exemple) mais cette notion n’est pas retranscrite dans le cadre des missions données aux unités (personne ne reçoit la mission de détruire ou d’attaquer, personne ne va physiquement sur le terrain qu’on veut saisir, …). Il en est de même pour la livraison de la LD et le soutien à la 21 : il n’y a pas souvent de missions dédiées clairement données à des unités. Les SGAM sont parfois oubliés. Et il y manque généralement de la précision quant au nombre de rotations, aux volumes à héliporter et parfois aux lieux (on le découvre sur le calque tactique). Rôle général des appuis ART : Artillerie sol-sol : L’objectif de la question était de vérifier les connaissances générales du candidat sur l’emploi de l’artillerie sol-sol du niveau et d’évaluer la pertinence d’un emploi valorisant la manœuvre de la 12(BL)BM. Le niveau de difficulté était modeste, ce qui pourtant semble avoir posé quelques difficultés à une partie des candidats manifestement gênés par le fait que l’artillerie sol-sol était globalement conservée durant la phase de reconnaissance offensive, tandis qu’elle entrait progressivement en action pour la phase de neutralisation/destruction du 311(OR)BC et de ses appuis, pour enfin appuyer le débouché de la 21(NO)BB et la renforcer de ses feux. La grande majorité des candidats a néanmoins bien perçu le rôle général dévolu à l’artillerie durant les deux dernières phases. Le travers majeur observé est une difficulté générale à identifier clairement une priorité ou un objectif prioritaire par phase. La tendance est de systématiquement dresser un « catalogue où le correcteur prendra ce qui l’intéresse … », ce qui au final est quand même de nature à laisser planer un doute sur la bonne compréhension de l’emploi de l’artillerie. Rôle général : le canevas général « appui au contact – appui dans la profondeur – conquête de la supériorité des feux – renseignement » semble avoir été respecté par la plupart des

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candidats, mais se limitant trop souvent à l’assemblage de phrases toutes faites extraites d’un mémento, et sans réelle consistance tactique. Articulation : la grande majorité des candidats a retenu une répartition des DLOC correcte, avec une attention pour l’EEI qui a très souvent bénéficié d’un EOC. Calque/ZEF/ZIO : peu de candidats ont traité cette question ; encore moins l’ont effectué de manière satisfaisante. La contrainte de temps semble avoir relégué cet aspect au rang des préoccupations secondaires. Artillerie sol-air : Trop rares sont en définitive les candidats qui ont su renseigner de façon personnelle et surtout pertinente le paragraphe artillerie sol-air. Une grande partie des réponses proposées étaient un assemblage de phrases type d’aide-mémoire sans aucune appréciation de la mission réelle de la brigade. Beaucoup de candidats ont rencontré des difficultés à attribuer clairement une priorité tactique, géographique ou d’unité. Besoins en renseignement : Ce paragraphe qui montre la bonne compréhension de la mission est bien souvent bâclé, en fin de devoir. Le besoin en renseignement le plus important est celui qui doit permettre de lever le doute sur ME1 ou ME2. Le spectre large des possibilités n’est pas toujours honoré (ENI, AMI, terrain, population) et les demandes formulées sont souvent très imprécises (quel indice rechercher, en quelle zone, GDH maxi de fourniture et qui cherche). Demandes à l’échelon supérieur : Les demandes doivent être justifiées : quel moyen pour faire quelle action ? Sinon, ce paragraphe est tout simplement une liste à la Prévert, qui finit parfois par tomber juste si on n’est pas trop regardant. Tout le monde, et même un brigadier, a envie d’avoir quelque chose qu’il n’a pas initialement. Les moyens sont rares, même au niveau de la division, et ne seront octroyés aux brigades que si nécessaires ou facilitant grandement la réussite de la manœuvre globale. Le bienfondé des demandes est toujours étudié en fonction de l’explication du besoin par rapport à ce que vous voulez tactiquement faire. Pour ce devoir, marqué par des élongations importantes, deux franchissements (coupure humide large sur ponts infrastructures et relève par dépassement d’un dispositif ami incluant une coupure humide) il y a eu peu de demandes de renfort en CIRCU. C’était pourtant un incontournable qui pouvait vous simplifier la gestion des ponts de la LOIRE, la surveillance des axes empruntés par la 21 en fuseau Est de la zone brigade et faciliter le franchissement de notre dispositif par cette brigade entre LOING et LD. Des moyens de renforcement en SAN et LOG étaient aussi envisageables, sinon très utiles. Calque tactique : Le calque tactique éclaire immédiatement, et avec un très petit risque d’erreur, sur la compréhension de la mission et comment le candidat compte s’y prendre. La notation

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permettait de gagner beaucoup de points facilement (simple expression dessinée du tableau des rôles). Mais, il s’avère que nombre de candidats manquent d’entraînement et confondent les symboles de mission voire d’unité ou les oublient. Les PC sont rarement représentés. Beaucoup d’erreurs dans l’ensemble. Calque Santé : Placée en fin de plan simplifiée, cette part du devoir a été peu traitée par l’ensemble des candidats, tous manifestement pris par le temps et a débouché sur des calques minimalistes, à la propreté approximative. Les éléments demandés étaient existants dans le dossier d’exercice ou découlaient directement, par simple transfert, des réponses proposées par le candidat (PS des GTIA : calque tactique du candidat ; prolongation des itinéraires et rôle 2 : exploitation et transfert des données d’exercice ; …. En conclusion, les correcteurs ont pu discerner trois types de candidat :

- Bonnes connaissances théoriques et bon sens tactique : celui qui propose une action cohérente brossant tous les aspects de la mission, en particulier les points précisés en introduction de ce rapport, et proposant une action qui réussira facilement avec un cout humain et matériel qui devrait être très faible (RAPFOR, utilisation des appuis, combinaison des effets, répartition des efforts dans le temps), permettant de poursuivre l’action ultérieure sans peine (EMD …) ;

- Bonnes connaissances théoriques : celui qui applique des normes et des schémas types, sans fulgurance tactique, proposant une action qui réussira mais qui sera relativement couteuse en hommes et matériels, ne permettant de poursuivre l’action ultérieure qu’avec prudence (EMD …) ;

- Manque de connaissances théoriques et de bon sens tactique : celui qui fait fi des normes et schémas, volontairement ou non, proposant une action qui ne peut pas réussir (prise des ponts de la Loire en force par les chars XL, …), qui ne s’oppose pas à l’ENI (installation défensive sur la Loire, FRN entre L2 et L1 ; …) ou qui sera tellement coûteuse qu’elle ne permettra plus à la brigade de poursuivre l’action en cours au-delà de L2 (EMD …).

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Rapport du président de la sous-commission

ÉPREUVE DE CULTURE GÉNÉRALE

SUJET : « Quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres »

Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique, 1840

A l’ère du tout numérique et de la tyrannie de l’actualité, quel regard portez-vous sur cette citation ?

* * *

Le sujet qui faisait appel à des connaissances générales a permis à la plupart des candidats de rédiger une copie sans trop de difficulté. Cette année encore, il y a eu très peu de copies blanches ou inachevées.

Les candidats ont pour la plupart une bonne maîtrise de la gestion du temps et des règles formelles de l’exercice.

A priori peu discriminant, le libellé comportait néanmoins quelques pièges, comme celui de se limiter à des faits d’actualités en oubliant le caractère de culture générale de l’épreuve.

. Le constat.

On constate une grande diversité de plans. Beaucoup de copies parlent principalement du rôle de l’histoire. Certaines se focalisent sur la question alors que d’autres l’oublient complètement au profit d’une interprétation de la citation. Peu de copies arrivent à allier harmonieusement les deux parties du libellé ne s’appuyant que partiellement sur le sujet au profit d’une interprétation parcellaire de l’énoncé. Enfin trop de candidats se focalisent sur les NTIC et l’espace numérique ainsi que sur le monde des médias. La question du libellé sous le sujet se pose pour certaines commissions. En effet, ce prisme donné à la citation a certainement desservi nombre de candidats. Les copies auraient gagné à plus de diversité et d'originalité sans ce dernier.

Le nombre de références de culture générale est très inégal. Attention aux citations erronées ou attribuées à d’autres auteurs. Quelques copies considèrent que le nombre de pages constitue la meilleure preuve de la qualité de leur réflexion. Or le raisonnement et un bon déroulement de la problématique sont au moins aussi importants. Un nombre surprenant de candidats citent les mêmes auteurs (Churchill, Fukuyama, Delpech, Arendt, Levi...) ou évoquent les mêmes thèmes (Crise, mondialisation, Protocole de Kyoto...), ce qui démontre

Jean-François
Texte surligné
Jean-François
Texte surligné

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l'impact de la préparation mais limite de fait l'originalité dans la manière de traiter le sujet. D'autre part cela démontre aussi qu'en dehors de la préparation, peu développent seuls une véritable culture générale.

Les introductions sont souvent assez longues, mais très peu de candidats y définissent les termes pour en dégager une problématique. Ce qui en a conduit de nombreux à des développements erronés, voire superficiels. L'absence quasi systématique des définitions pose la question de la préparation. Trop de candidats, en introduction, ont aussi fait référence à l’anniversaire du débarquement de Normandie. Les conclusions sont souvent assez courtes et l’ouverture n’est pas toujours bien maîtrisée.

De trop nombreuses copies ont des problèmes d’écriture et de nombreux devoirs sont émaillés de fautes d’orthographe, qui, si elles ne sont pas essentielles, donnent néanmoins une très mauvaise impression.

. Les suggestions aux candidats.

Ce qui fait la différence, c’est la clarté du propos. Quelques copies ont un style plutôt confus. De rares copies font des titres et des sous-titres ce qui n’est pas rédhibitoire.

Les candidats gagneraient à bien soigner l’annonce du plan et de travailler les articulations.

Les copies, qui sortent du lot, ont proposé une réflexion intelligente étayée par une connaissance solide de quelques références de culture générale s’appuyant sur des lectures ou sur des propos d’auteurs célèbres.

Quelques copies brillantes se sont pourtant distinguées par l’originalité de leur réflexion, leur capacité à balayer la totalité du sujet ou encore leur maîtrise du domaine de la culture générale.

Très peu de copies ne respectent pas l’aspect formel de l’exercice, preuve que les candidats choisis se préparent globalement suivant les critères requis pour le concours. Leur préparation semble dans l’ensemble efficace.

Restent deux carences importantes pour certains candidats, l’orthographe et les connaissances de culture générale. Enfin, un travail de réflexion est nécessaire pour organiser un argumentaire étayé et cohérent.

Jean-François
Texte surligné
Jean-François
Texte surligné
Jean-François
Droite
Jean-François
Texte tapé à la machine
Enseignement "méthode" ?
Jean-François
Texte surligné
Jean-François
Texte surligné

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Rapport du président de la sous-commission

ÉPREUVE DE SYNTHÈSE

. La commande.

Le candidat, placé en position d’officier rédacteur chargé d’analyses prospectives à l’état-major des armées, devait rédiger une fiche de synthèse destinée au chef d’état-major, sans formalisme hiérarchique. Il était impératif de distinguer rigoureusement dans le sujet les attentes opérationnelles du chef d’état-major et le thème du dossier, à savoir les Etats face aux acteurs transnationaux. Le dossier avait une forte tonalité sécurité intérieure et abordait les questions économiques d’un point de vue stratégique. L’ensemble avait une dimension universitaire et journalistique, sans imposer aucune ligne ministérielle en la matière. Chaque candidat pouvait appliquer la grille d’analyse la plus pertinente à ses yeux pour répondre à la commande, sous réserve de rester très synthétique.

. La synthèse.

Les correcteurs ont constaté que la quasi-totalité des candidats ont choisi un plan en trois parties, parfois peu explicites sur leur articulation interne. D’un format de 97 pages, constitué de douze documents, dont un en anglais, le dossier comportait trois pièces de plus de 15 pages, six de 3 à 9 pages et deux de 1 à 2 pages. Tous ces documents sont récents, relatifs à un problème très actuel. Les informations significatives sont, comme souvent, disséminées dans l’abondance de détails intéressants. Il s’agit encore de dissocier concepts et illustrations tout en restituant les logiques qui animent des acteurs transnationaux aux intérêts divers et aux stratégies parfois complexes. Certains constituent surtout des menaces pour les Etats, d’autres les relaient, mais la plupart interviennent dans un jeu complexe de pouvoir qu’expriment les soutiens, plus ou moins affirmés, les alliances de circonstance parfois et les antagonismes, plus ou moins durables. Les États eux-mêmes parviennent à jouer avec la malléabilité de cet environnement. Mettre en valeur les contradictions et les convergences permettait de passer d’une synthèse descriptive à une analyse nuancée répondant à la commande.

Ainsi, pour surmonter la véritable difficulté de l’exercice, le rédacteur devait dépasser l’approche descriptive pour éclairer la profondeur et la complexité du sujet de manière synthétique.

. L'avis personnel.

L’avis personnel imposait de s’engager, d’affirmer clairement une position en s’appuyant sur son propre jugement, sur certains éléments choisis dans le dossier, ou encore en combinant les

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Texte surligné
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deux procédés. L’avis ne saurait être une synthèse de la synthèse. Il reflète la capacité du candidat à raisonner juste et à parler vrai.

Le format réduit de la réponse aurait dû inciter le candidat à exprimer des propositions personnelles illustrées par des exemples. Beaucoup ont repris des éléments du dossier ou exposé des généralités prudentes. Ces choix ne rapportent guère.

Certes, la contrainte imposée par la limite des 150 mots est forte. Il faut donc privilégier une rapide mise en situation de la question, puis exprimer une pensée claire et argumentée.

(Recommandation aux candidats : éliminer de la formulation toutes les phrases creuses, renvoyant à des brouillons de pensée. Par exemple, avec la formule « il est important d’ajouter que… », six mots sont comptabilisés en pure perte. Pour s’entraîner, les candidats pourraient dresser par écrit un bilan quotidien en cinq lignes maximum. Répété plusieurs dizaines de fois, cet exercice développe des capacités rédactionnelles et synthétiques réelles, en permettant d’acquérir des automatismes d’écriture et de diversifier le corpus de vocabulaire.)

. La gestion du temps.

Il est primordial de bien gérer le temps de recueil des données. Il est indispensable de ne pas s’enfermer dans la lecture d’un long document qui développe une seule idée, un seul exemple, mais de balayer l’ensemble du dossier.

Il faut lire les titres et s’aider de la typographie pour aller à l’essentiel, accélérer la lecture sur les pièces brèves, simples, pour s’appesantir sur les documents structurants, dont l’organisation doit être une aide à l’identification des idées phares. En effet, la plupart des auteurs des documents ont coutume d’annoncer, dès les premières lignes, l’idée clé d’un paragraphe ou d’une partie ; les développements, qui suivent, sont une explication argumentée ou détaillée de cette première phrase.

Le document en anglais utilisait un vocabulaire courant qu’il importe de maîtriser actuellement.

. La notation.

Les correcteurs se sont attachés à valoriser la clarté de la mise en forme, la qualité de la langue, le cadrage et le sens du sujet, l’idée-maîtresse, l’annonce d’un plan équilibré et logiquement conduit, le repérage des idées secondaires. Il est bon d’annoncer les développements par des titres synthétiques et précis, et de relier les éléments principaux par des transitions. La conclusion n’est pas une répétition du plan, mais une réponse au sujet ; elle propose une ouverture.

Le non-respect de la tolérance des 10 % n’a été que rarement relevé et sanctionné. Les copies dépourvues de décompte des mots de la synthèse ou/et de l’avis ont également été pénalisées. Enfin, un style fluide, avec un nombre de fautes d’orthographe et de syntaxe limité, a été

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Rapport EDG 2014 Page 15

primé. Les correcteurs ont noté l’important effort de préparation des candidats. En témoignent l’énoncé de la problématique, l’annonce d’un plan, majoritairement respecté, et des développements dotés d’une cohérence interne.

Pour ce qui relève de l’avis, les correcteurs ont peiné à trouver une pensée personnelle extérieure au dossier ou prenant le contre-pied d’idées du dossier. A la décharge des candidats, la portée de l’avis était telle qu’il s’avérait difficile de développer une approche un tant soit peu originale.

La plupart des candidats n’ont pas hésité à suggérer d’employer les capacités des armées dans des missions relevant des forces de police (renseignement intérieur, lutte armée offensive contre les trafics et la cybercriminalité…). Ces affirmations contredites à la fois par la doctrine, la pratique et le bon sens appellent une clarification nette de ce qui constitue le cœur de métier des candidats et la base d’un avis personnel réaliste.

. Points forts et faiblesses.

Les correcteurs, issus du monde civil et militaire, de formations différentes, se sont attachés à valoriser tout ce qui pouvait l’être, à accepter des angles d’approche du sujet diversifiées, qu’il s’agisse de la méthode (Revue d’Etudes ou autre) ou du périmètre de la synthèse, à relativiser les erreurs et à n’éliminer que lorsque les devoirs étaient incomplets, incohérents ou hors-sujet, ce qui s’est avéré rare.

Quasiment toutes les copies disposaient d’une introduction opportune et d’une annonce de plan claire. S’agissant du plan, il convient de souligner qu’il n’existe pas de plan passe-partout, quoi qu’on en dise. Ainsi, le plan peut coller au sujet tout en étant également original. (Recommandation aux candidats: le plan en deux parties n’est pas exclu, permettant une approche très synthétique des phénomènes.) L’esprit de système atteint ses limites en situation de concours, où il convient aussi de montrer les variantes d’une approche, surtout dans un temps contraint. En situation réelle, le chef appréciera que le subordonné produise un travail normé et personnel où il pourra apprécier un tempérament, une vivacité d’esprit et une originalité d’approche. Dans le même ordre d’idée, un excès de plan tronçonne les développements, qui sont alors réduits à une ou deux phrases faisant fonction de sous-parties, au détriment de la cohérence et de la continuité de l’analyse. Le plan met en valeur des idées, sans chercher à masquer leur absence ou briser leur enchaînement.

Les lacunes principales sont les suivantes :

- généralités tenant lieu de synthèse ;

- longueurs et énumérations inutiles ;

- utilisation de la forme interrogative pour éviter de prendre parti ou pour refuser de conclure.

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. Niveau général et suggestion.

Le jury a évalué un ensemble de copies traduisant un réel effort de préparation (cf. supra). Dans ces conditions, la différence tient d’abord au style, au plan personnel, à l’homogénéité et à la singularité de la copie.

D’une manière générale, les correcteurs ont pu identifier de bonnes copies, capables de synthétiser 97 pages très denses en 600 mots, puis d’exprimer un avis en 150 mots. Pour ce faire, ils se sont efforcés de déceler les qualités du bon rédacteur, qui prend ses responsabilités pour faciliter la décision du chef.

Afin d’améliorer la sélectivité de l’épreuve, le volume de l’avis personnel sera porté en 2015 à 250 mots, ce qui permettra aux candidats de s’exprimer plus complètement et aux correcteurs de mieux évaluer la plus-value du candidat dans son rôle d’aide à la décision.

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Rapport particulier concernant l’EPREUVE ORALE

Les deux groupes d’examinateurs du jury SHRI de l’épreuve orale du concours de l’école de guerre 2014 ont fait passer en entretien 113 candidats pour l’option SHRI ; le jury SI en a fait passer 57 pour l’option SI.

Précédée d’une préparation de 20 minutes, l’épreuve devant le jury dure 50 minutes et s’articule en 4 temps :

- L’exposé initial du candidat de 10 minutes, suivie d’une conversation dirigée d’une vingtaine de minutes ;

- Une interrogation de culture militaire portant sur la thématique abordée par l’un des quatre ouvrages2 au programme ;

- Une interrogation de culture générale sur la base d’une question / de questions d’actualité ou à connotation scientifique ;

- Un échange en langue anglaise de cinq minutes. Cet échange est positionné au cours de l'entretien à l'initiative du président du jury.

Dans leur grande majorité, les candidats se sont bien préparés à cette épreuve. Ils ont une bonne aptitude à raisonner posément, à présenter leurs idées avec méthode et à réagir calmement aux questions, avec une réelle volonté de réussir. Très peu sont déstabilisés lors de l'entretien. Cependant, l’acquisition des connaissances ne peut être réalisée durant les quelques mois de préparation au concours ; les candidats, qui ont lu et se sont entretenus intellectuellement, sortent indéniablement du lot. Le jury est parfois surpris par la méconnaissance de l'actualité.

En résumé, ils sont « bons », mais ils manquent de lecture, voire de curiosité, y compris pour l’actualité (Libye Ukraine, Syrie, …). Suite à cette remarque, on ne saurait que trop encourager les lieutenants à lire3.

2 « L’ensauvagement » de Thérèse Delpech ; « De l’autre côté de l’eau » de Dominique de La Motte ;

« La fin des guerres majeures » de Frédéric Ramel et de Jean-Vincent Holeindre ; « Introduction à la

Cyberstratégie » de Olivier Kempf.

3 Il convient d’encourager les lieutenants à lire, pas forcément des livres de tactique ou de stratégie, mais à lire

pour aiguiser leur curiosité et leur appétit à s’ouvrir.

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1. Considérations générales. Déroulement de l’épreuve. La structuration de l’entretien en quatre phases est adaptée et permet de bien sélectionner les candidats. Les « bagarreurs avec de la niaque » se distinguent nettement des « question suivante ». Nombreux sont ceux qui réfléchissent et essaient de raisonner avec agilité. Considération particulières sur les quatre ouvrages au programme. Les ouvrages ont été plus ou moins appréciés, mais la grande majorité des candidats paraissent les avoir lus et correctement analysés. Il faut bien convenir que le livre sur la cyberdéfense est un peu aride, mais son choix permet à un ensemble de futurs officiers supérieurs d'être sensibilisé sur ce thème essentiel appelé à prendre de l'importance à l'avenir. Les ouvrages les plus appréciés et d’abord plus faciles sont ceux de Mme Delpech et du général de La Motte. Néanmoins, les ouvrages permettent de susciter des positionnements personnels et permettent d’aborder des sujets très divers et intéressants. Les conseils prodigués en 2012 (faire des fiches avec une quinzaine de questions, connaître l’auteur et le contexte historique de rédaction de ces ouvrages) sont toujours pertinents.

2. Appréciations générales sur les candidats. Dans l’ensemble, les candidats font preuve de bonnes qualités d’expression, et manifestent une bonne stabilité émotionnelle. Ils sont motivés, sérieux et aptes à affronter une épreuve dont il faut bien admettre qu’elle est difficile. Le niveau général est bon, un tiers présentant un niveau très bon, voire excellent. Cependant, il faut aussi regretter une culture générale faible, avec des lacunes parfois surprenantes, y compris en histoire militaire, même récente, ou encore dans le fonctionnement de nos institutions4. De même, le jury a déploré une connaissance incertaine de l’actualité. Ceci s’explique sans doute par un manque de lecture et de curiosité. Forme. Le temps relativement court consacré à la réflexion permet une bonne sélectivité. Il est à noter qu’aucun candidat n’est resté « sec ». Il doit comprendre le sujet, en mesurer l’étendue, voire la restreindre le cas échéant, trouver et ordonner ses idées, charpenter et argumenter son propos. La méthode est connue, suivie et bien maîtrisée. Lors de l’entretien, le jury attend une réponse argumentée à sa question. Il ne faut pas confondre périphraser la question pour avoir un (petit) délai de réflexion et « noyer le poisson » en s’étalant sur l’environnement du sujet. 4 Des questions ont été posées sur les élections sénatoriales, qui se sont déroulées pendant les épreuves.

Les réponses ont été parfois surprenantes.

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Cependant, l’expression en langue française laisse parfois à désirer ; en particulier, l’emploi de locutions familières à la mode est à proscrire. Par exemple, « derrière » a tendance à se substituer à « par la suite », « en conséquence ». Fond. Globalement, les candidats expriment leur avis personnels et essaient de raisonner. Toute opinion est recevable à partir du moment où elle est étayée. Lors de l’entretien, tant sur la culture générale, que sur la culture militaire, apparaît le manque d’épaisseur ou de profondeur de réflexion des candidats. Nier l’évidence ou s’enfoncer dans le politiquement correct est néanmoins de nature à irriter le jury. La faible durée de la préparation, quelques mois, ne permet pas au candidat, en l’absence d’une anticipation suffisante, d’emmagasiner les connaissances nécessaires à cet exercice difficile. Dès lors, il est nécessaire que la préparation commence dès la sortie de la division d’application par une lecture suivie d’ouvrages divers et variés, afin que le candidat en soit imprégné. La formation initiale (y compris la DA) pourrait prendre en compte le développement de cette dimension, apprendre à apprendre. Entretien en langue anglaise. Il est à noter une bonne capacité à passer sans transition du français à l’anglais. De l’avis des membres du jury ayant participé aux entretiens des années précédentes, le niveau d’anglais s’améliore. Presque tous les candidats peuvent s’exprimer et tenir une conversation courante ; cependant, parfois, force est de constater, le vocabulaire est pauvre et la grammaire maltraitée. Pour les plus mauvais, ils ne seront pas compris en milieu anglo-saxon. Les résultats sont donc encourageants et il convient de maintenir notre effort. Culture militaire. Il convient de distinguer d’une part, les ouvrages « obligatoires » qui sont lus et en général bien maîtrisés, et d’autre part la connaissance de l’histoire militaire qui présente souvent de fortes lacunes. Force est de constater que l’histoire des batailles, des différentes campagnes, l’évolution de la tactique, de l’armement, … les fêtes d’arme, … sont parfois peu connues. La tactique récente, utilisée en Afghanistan par exemple, est parfois ignorée. Cette remarque renforce la décision de densifier la formation militaire initiale aux Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan.

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3. Remarques spécifiques. Concours SHRI. Les candidats semblent dans l’ensemble intelligents, expérimentés, maîtrisant ce type d’entretien, mais d’une culture superficielle. Pour la plupart, les candidats ont témoigné de facultés de réflexion et d’expression très satisfaisantes, de réactivité et d’une excellente stabilité émotionnelle. Le niveau de connaissance et l’étendue de la culture générale restent superficiels, très probablement en raison des délais réduits de préparation.

Le jury est sensible aux réponses argumentées, et n’attend pas forcement une réponse convenue et officielle. Prendre du recul, avoir un esprit critique et citoyen sont des qualités exigibles d’un candidat à l’école de guerre. Attention toutefois, à ce que le candidat ne perde pas trop de temps dans la définition des termes du sujet ; cette dérive est largement contre-productive. Certes, il convient de définir les termes du sujet et de le borner, mais avec intelligence et à propos, sans définir systématiquement tous les termes.

Il faut donc du temps, de la maturité et de la réflexion.

Certains candidats ont laissé apparaître un manque de discernement dans le choix du sujet. Trop de candidats délaissent des sujets ouverts et généraux pour choisir des questions fermées ou techniques qui les mettent en difficulté. Ces derniers impliquent, en effet, des connaissances précises. Le jury apprécie la prise de risque lorsque c’est le cas.

Concours SI. Les sujets proposés étaient suffisamment diversifiés (recherche scientifique, questions énergétiques, progrès scientifique et développement de l’armement, recherche opérationnelle et informatique, maîtrise des risques et questions spatiales) pour juger des capacités de nos candidats scientifiques. Il convient de noter qu’il n’y a pas de sujet « piège ». Ils ont présenté un esprit d’analyse et de synthèse développé, avec, cependant, parfois un manque de curiosité. La technique de l'exposé est bien maîtrisée. Le fait de noter systématiquement les questions posées par le jury devient rapidement horripilant, surtout quand les questions sont simples et évidentes. Cette pratique ne se justifie que pour des questions complexes.

4. Recommandations aux candidats.

- Se battre jusqu’au bout : certains candidats faiblissent ou se désunissent en fin d’entretien, ceci n’agit pas en leur faveur.

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- Répondre au sujet : il faut répondre au sujet tiré, à tout le sujet. Certes, bien définir les termes, avec un esprit synthétique, sans s'y attarder, le périmètre du sujet est important, mais ces définitions doivent être ensuite utilisées.

- Répondre à la question du jury : à l’oral, passé le temps de la périphrase et de la

réflexion, rien n’est plus pénible pour un examinateur, de constater que le candidat tourne en rond autour du sujet, ne rentre pas dedans ou gagne du temps. Il faut raisonner et essayer de répondre en s’appuyant sur ses connaissances ou sur les questions déjà abordées avec le jury. Il importe de ne pas tenter « d’illusionner » le jury par des réponses hors sujet. Les candidats doivent s’efforcer d’ordonnancer leurs réponses autour du couple « idée-fait ». (Comme à l’écrit).

- Enrichir sa culture générale : les grandes phases de l’histoire et les questions

essentielles de géographie doivent être acquises et peuvent l’être par la lecture de manuels du lycée où l’on retrouvera également des notions essentielles de démographie, de sociologie, ainsi que les institutions françaises…., des magazines comme Atlas économique du monde, des sites peuvent être utiles : diploweb, les blogs , la lecture de la presse quotidienne pour les sujets d’actualité immédiate s’impose, ou des mensuels (spécialisés) pour les questions de fond. Des progrès doivent être faits en économie et démographie (SHRI).

- Bien que mises en œuvre parfois sans finesse, les méthodes et techniques de l’exposé oral sont maîtrisées par les candidats. Cela témoigne d’un bon accompagnement dans leur préparation de l’oral. Il convient de noter que de nombreux candidats sont bien préparés et adoptent un traitement pertinent du sujet (ne pas hésiter à adopter une troisième partie pour étayer la démonstration). Le plan doit être adapté au sujet et structuré en fonction de la réponse apportée. Un formalisme maladroit (lié sans doute à la rapidité de la préparation et au stress du début d’oral) a souvent marqué l’introduction des exposés (définition, problématique, reformulation,…).

- Sur la forme, les candidats ayant obtenu les meilleurs résultats : Exposé :

• Expression simple, dynamique ou déterminée. • Expression, pensée structurées.

Discussion :

• Équilibre entre développement et concision dans les réponses ; il faut trouver un équilibre entre « l’occupation du terrain » et la « brièveté ».

• Structuration des réponses simples. • Réponse claire et concise avant un éventuel développement.

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- Attention aux tics de langage, à l’emploi systématique et répétitif d’un certain nombre de mots.

- Le candidat ne doit pas perdre trop de temps à écrire les questions que le jury lui pose au cours de l’entretien5. L’utilisation du tableau doit se révéler pertinente et ne pas servir à gagner du temps.

5. Précisions pour l'épreuve orale à partir des concours 2015. L’épreuve orale va se transformer en 2 épreuves (entretien et anglais) dont le déroulement reste conscrit dans un seul créneau de 50 minutes.

1. L’entretien en anglais passe à 10 minutes et devient une épreuve individualisée notée sur 20, sans changement de coefficient (3 pour l'épreuve d’anglais). Cette individualisation de l’entretien en anglais implique qu’il peut désormais faire l’objet d’une note éliminatoire.

2. L’entretien devient également une épreuve individualisée notée sur 20, sans

changement de coefficient (17 pour l’épreuve d’entretien). 6. Propositions 1. Le choix des livres pourrait inclure le changement du livre d’Olivier Kempf « Introduction à la cyberstratégie ». Certes, le sujet est intéressant et doit être connu des candidats, mais depuis des livres plus abordables ont été publiés sur ce sujet incontournable. De même « l’Ensauvagement » de Thérèse Delpech devrait être remplacé, car désormais, de moins en moins d'actualité6.

2. Il serait possible de donner une liste de livres à lire entre la DA et la formation générale complémentaire d’état-major (FGCEM) sur les grandes thématiques que le candidat doit connaître. Ces livres, conseillés, seraient de fond avec une durée de vie longue7.

5 Ecrire la question posée par le jury au cours de l'entretien se comprend parfaitement pour une question complexe, pas quand on demande le régiment où sert le candidat

6 Les ouvrages suivants pourraient être envisagés : « Guerre et stratégie au XXIème siècle » de Malisse ;

« Attention cyberdéfense » de Dossé et Bonnemaison aux éditions Economica.

7 Par exemple, « Histoire de la pensée stratégique de Sun Zi au nucléaire » de Bernard Pelisson, éditions Ellipses.

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STATISTIQUES CONCOURS EDG 2014

EFFECTIFS CONCOURS SI CONCOURS SHRI Nombre de candidats

ayant composé 93 210 (23 F*)

Nombre de candidats admissibles

57 113 (7 F*)

Nombre de candidats admis

28 57 (1 F*)

*F : candidates