16
CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE DURABLE LES ABATTOIRS DANS LA VILLE Bellocq omas, Architecte, concours EpE 2016, 07/03/12016

CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

CONCOURS EPE 2016

POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE DURABLELES ABATTOIRS DANS LA VILLE

Bellocq Thomas, Architecte, concours EpE 2016, 07/03/12016

Page 2: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

I - Ecologie et Abattoirs

Les dérèglements écologiques que nous observons, et auxquels nous devons aujourd’hui faire face, sont les conséquences directes de crises globales : énergie, production et utilisation des ressources, gaspillage… Pourtant, si elles sont aux racines des défis environnementaux ac-tuels, elles sont également les fruits de mutations profondes de nos modes de vie et de nos socié-tés.

L’écologie s’applique le plus souvent à la consom-mation et à la production d’énergie, ainsi qu’à la définition de produits plus performants et plus intel-ligents, mais elle concerne largement les mêmes performances et intelligences de nos sociétés. En effet, ce sont avant tout nos rythmes, nos rituels, nos organisations, nos activités, nos ouvrages, nos mythes et inconscients collectifs, qui définissent en amont toute la logique des établissements hu-mains. Dès lors, la question de la ville, comment on

l’habite, l’investit, doit être placée au centre des re-gards, et elle introduit la notion d’écologie urbaine. Il s’agit de penser les phénomènes humains. Dès lors, la question de la ville, comment on l’habite, l’investit, doit être placée au centre des regards, et elle introduit la notion d’écologie urbaine. Il s’agit de penser les phénomènes humains d’après les écosystèmes qui s’y mettent en place, afin d’en organiser les cycles en amont, et surtout de les rendre plus efficients, c’est-à-dire plus écolo-giques, mieux adaptés à l’humain, et économi-quement viables. Raccourcir les flux et les intégrer dans des cycles courts, où la production favo-rise les circuits fermés (recyclage), semble ainsi représenter une solution viable à des problèmes majeurs en agissant en profondeur plutôt qu’en surface. Au cœur de cette réflexion, nous avons trouvé ce qui nous apparaît alors comme un des centres névralgiques de la question de l’écologie urbaine : l’abattoir.

1

Page 3: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

Prenons pour exemple la ville moyenâgeuse qui utilisait la topographie naturelle pour organiser l’implantation des différentes fonctions qui la com-posent : de cette manière les production telles que les abattoirs étaient placés sur les hauteurs des cités de façon à ce que l’écoulement naturel des eaux transmette les fluides, notamment l’urine utilisée en teinture. Plus loin, cela servait aussi à fertiliser les sols situés directement derrière l’en-ceinte.

Quelques siècles plus tard, les prouesses de la révolution industrielle bouleverseront les visages des villes, libérant leurs habitants de nombreuses contraintes et améliorant leur confort de vie. C’est véritablement un changement de l’écosystème de l’animal humain (citadin) qui se mettra en place. Il débouchera notamment sur la délocalisation en milieu rural de tous les abattoirs urbains d’Europe, alors que leurs anciens emplacements ont laissé place à de vastes espaces publics recevant des évènements d’envergure (pensons par exemple aux marchés aux bestiaux de la Villette à Paris, ou au quartier des Chartrons à Bordeaux). Les théories hygiénistes ayant motivé cette mise en retrait ont depuis montré leur insuffisance mais aussi et surtout le faible intérêt de la démarche à l’égard de la santé publique. Leurs préconisa-tions relevaient plus d’intentions politiques d’as-sainissement des rues par la prise de possession de quartiers populaires dans l’optique de grands plans d’aménagement, que de faits scientifiques avérés concernant l’importance de reléguer les abattoirs loin des villes afin de protéger la santé de la population. En effet, à ce jour rien ne permet de valider la thèse d’un danger de proximité entre l’abattoir et le fait urbain.

Cet équipement social, enfin, est au cœur des préoccupations contemporaines (bien que la question n’est pas toujours posée en ces termes) : en témoignent les évènements récents du Salon de l’Agriculture, le scandale des abattoirs d’Alès, et plus largement la lutte philosophique et sociale qui s’installe depuis quelques années autour de la question de la viande. Aux extrémités de cette querelle, on trouve les champs de vaches en Arkansas et la production/consommation de viande en constante expansion d’une part ; et de l’autre les défenseurs d’une humanité végéta-rienne voire vegan, rejetant la consommation de produits d’origine animale (de l’alimentation aux vêtements). Notons que la question des abattoirs apparaît jusque dans le fait religieux, comme en témoignent les débats récurrents (et agités) sur la viande hallal.

Ainsi l’abattoir catalyse, de tout temps, plu-sieurs enjeux majeurs des écosystèmes humains/urbains ; son questionnement doit donc être une clé majeure pour répondre aux défis écologiques d’aujourd’hui. En particulier, comme tout gros pro-ducteur de ressources, l’abattoir en consomme énormément, ce qui en fait un terrain d’étude de choix pour considérer l’intégration des cycles dans des logiques vertueuses et de circuits courts du producteur au consommateur.

La relocalisation de cette fonction publique en milieu urbain aurait ainsi de très nombreux avan-tages. En effet, suivant les préoccupations de consommateurs, l’industrie de la viande devrait elle aussi tendre vers une quantité moindre pour une qualité supérieure (une théorie dont l’applica-tion commence à se faire sentir déjà dans les al-ternatives à l’agriculture intensive) et opterait alors rapidement pour un raccourcissement important des flux (qu’ils soient matériels dans les trans-ports par exemple ou même énergétiques) que la ville offre chaque jour un peu plus. Dès lors, c’est l’échelle du complexe d’abattage lui-même qui réagit en fonction de son milieu : ses limites phy-siques d’abord l’obligent à respecter des dimen-sions raisonnables tant au niveau des mètres car-rés que des objectifs en termes de têtes de bétail ; sa position stratégique ensuite définit la production en fonction de la consommation et le connecte à une série d’autres équipements à même d’orga-niser un écosystème complet et cohérent vers des modes de vie plus durables, producteurs de social, d’emploi et de formation.

2

Page 4: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

II - Réflexion artistique, sociale et philoso-phique

« ABATTOIR – L’abattoir relève de la religion en ce sens que des temples des époques re-culées, (sans parler de nos jours de ceux des hindous) étaient à double usage, servant en même temps aux implorations et aux tueries. Il en résultait sans aucun doute (on peu en juger d’après l’aspect de chaos des abattoirs actuels) une coïncidence bouleversante entre les mys-tères mythologiques et la grandeur lugubre caractéristique des lieux où le sang coule. Il est curieux de voir s’exprimer en Amérique un regret lancinant : W.B. Seabrook constatant que la vie orgiaque a subsisté, mais que le sang de sacrifices n’est pas mêlé aux cocktails, trouve insipide les moeurs actuelles. Cependant de nos jours l’abattoir est maudit et mis en quaran-taine comme un bateau portant le choléra. Or les victimes de cette malédiction ne sont pas les bouchers ou les animaux mais les braves gens eux-mêmes qui en sont arrivés à ne pouvoir supporter que leur propre laideur, laideur répon-dant en effet à un besoin maladif de propreté, de petitesse bilieuse et d’ennui : la malédiction (qui ne terrifie que ceux qui la profère) les amène à végéter aussi loin que possible des abattoirs, à s’exiler par correction dans un monde amorphe, où il n’y a plus rien d’horrible et où, subissant l’obsession indélébile de l’ignominie, ils sont réduits à manger du fromage. »

G. BATAILLE, Documents n°6, Dictionnaire, 1929.

Le XXème siècle apporte dans les grandes villes occidentales les évolutions de la révolution industrielle, et la question des abat-toirs y mobilise la pensée littéraire et artistique. Dans la première moitié du siècle, on voit dans les abattoirs les expressions d‘une société ma-chiniste. On s’attelle à comprendre leurs rap-ports à l’architecture du fonctionnel, la condi-tion du boucher et les notions sacrificielles de l’industrie de la viande.Eli Lotar (série de photographies sur les abat-toirs de la Villette, 1929) et Georges Franju (Le Sang des Bêtes, documentaire de 1949) donnent à voir un espace qui n’est pas à com-prendre comme un ensemble mais comme des sous-parties de celui-ci où les représentations semblent replier l’espace sur lui-même.

Philosophie et réception artistiqueSources: Mémoire étudiant de Montréal (Histoire de l’art):«La série Aux Abattoirs de la Vil-lette (1929) : Le point de vue du photographe Eli Lotar par-delà la revue Documents et la philosophie de Georges Bataille». Promoteur: Johanne Lamoureux

«ABATTOIR — L’abattoir relève de la religion en ce sens que des temples des époques reculées, (sans parler de nos jours de ceux des Hindous) étaient à double usage, servant en même temps aux implorations et aux tueries. Il en résultait sans aucun doute (on peut en juger d’après l’aspect de chaos des abattoirs actuels) une coïncidence bouleversante entre les mystères mythologiques et la grandeur lugubre caracté-ristique des lieux où le sang coule. Il est curieux de voir s’ex-primer en Amérique un regret lancinant : W.B. Seabrook (I) constatant que la vie orgiaque a substitué, mais que le sang de sacrifices n’est pas mêlé aux cocktails, trouve insipide les mœurs actuelles. Cependant de nos jours l’abattoir est maudit et mis en quarantaine comme un bateau portant le choléra. Or les victimes de cette malédiction ne sont pas les bouchers ou les animaux mais les braves gens eux-mêmes qui en sont arrivés à ne pouvoir supporter que leur propre laideur, laideur répondant en effet à un besoin maladif de propreté, de petitesse bilieuse et d’ennui : la malédiction (qui ne terrifie que ceux qui la profère) les amène à végéter aussi loin que possible des abattoirs, à s’exiler par correction dans un monde amorphe, où il n’y a plus rien d’horrible et où, su-bissant l’obsession indélébile de l’ignominie, ils sont réduits à manger du fromage. — G. BATAILLE, Documents n°6, Dic-tionnaire, 1929»Le XXe siècle connaît les évolutions de la révolution indus-trielle dans les grandes villes occidentales. Aussi, la question des abattoirs mobilise la pensée littéraire et artistique.Plus particulièrement dans le premier tiers de ce siècle, l’on voit alors dans les abattoirs les expressions d‘une société ma-chiniste en s’attelant a en comprendre le rapport à l’architec-ture du fonctionnel, la condition du boucher et les notions sacrificielles de l’industrie de la viande.Eli Lotar et Georges Franju donnent à voir un espace qui n’est pas à comprendre comme un ensemble mais comme des sous-parties de celui-ci où les représentations semblent replier l’espace sur lui-même.En effet, le premier refuse la représentation de l’acte de mise à mort en lui-même, y préférant le «résultat» exposant des notions de rangement, d’enroulement et d’alignement, il transpose le travail de l’homme sur la bête comme la trans-formation d’une matière première où celle-ci devient objet. Loin des représentations avilissantes bataillennes, Lotar hu-manise le travailleur qui n’est plus bourreau mais bienfaiteur social. De-même, le documentaire de Franju oppose deux représentations: la vie périphérique des abattoirs commen-tés lyriquement par une voix de femme et la vie interne du complexe avec une voix d’homme au vocabulaire technique dépourvue de sentiments.Dès lors, Astrid Bouygues dans « Avec ou sans vergogne? L’abattage des animaux de boucherie dans la poésie de Raymond Queneau» (Australian Journal of French Studies, vol. 40, nº 1-2, p. 195) décrit le poème «Porte Brancion» en ces termes: «Historiquement, les exigences de clôture hermétique des abattoirs, qui ont pour origine à la fois un souci d’hygiène et le désir de ménager la sentimentalité des hommes dont il est question dans la dernière strophe du poème, allèrent de pair avec leur exil à la périphérie des villes. Il n’est peut-être pas anodin de remarquer que c’est justement cette situation périphérique qui donne son titre au poème de Queneau, et qui plus est par le biais de la no-tion de «porte», indiquant clairement l’existence d’un seuil à franchir, plus symbolique que réel.»De ces trois disciplines artistiques confrontées à même sujet ressortent les notions du seuil et de la limite qui occupent un imaginaire matinal relatif aux abattoirs en milieu urbain. Pour finir, la scène artistique semble questionner une condi-tion ouvrière et animale «périphérisée» hors de l’acceptation collective de la nature du monde actuel.

Les abattoirs coupés en deuxLes trompes du village sonnentUlcère pointant vers les peurs bleuesDes nuages électriques

Sur les bastions les puits sans finDes aubes sous-marinesCalmez poissons de vos nageoires finesLes herbes

Sibérie CanadaFantômes endormisPréparant les voilesD’un prochain voyage

Auprès des carnivores murésPar la sentimentalité des hommesRepose le cœur immobile et vidéDe la S.P.D.A

Eli Lotar, Série «Aux abattoirs de la Vilette», photographies, 1929

Raymond Queneau, «Porte Brancion», 1924

Georges Franju, «Le sang des bêtes», documentaire, 19303

Page 5: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

En effet, le premier refuse la représentation de l’acte de mise à mort en lui-même, lui préférant le « résultat », exposant des notions de range-ment, d’enroulement et d’alignement. Il transpose le travail de l’homme sur la bête comme étant la transformation d’une matière première, où celle-ci devient objet. Loin des représentations avilis-santes bataillennes, Lotar humanise le travailleur qui n’est plus bourreau mais bienfaiteur social. De-même, le documentaire de Franju oppose deux représentations : la vie périphérique des abattoirs commentés lyriquement par une voix de femme et la vie interne du complexe avec une voix d’homme au vocabulaire technique, dépourvue de sentiments.

En 2003, Astrid Bouygues dans « Avec ou sans vergogne ? L’abattage des animaux de boucherie dans la poésie de Raymond Queneau » (Austra-lian Journal of French Studies, vol. 40, nº 1-2, p. 195) analyse le poème « Porte Brancion » en ces termes : « Historiquement, les exigences de clô-ture hermétique des abattoirs, qui ont pour origine à la fois un souci d’hygiène et le désir de ménager la sentimentalité des hommes dont il est question dans la dernière strophe du poème, allèrent de pair avec leur exil à la périphérie des villes. Il n’est peut-être pas anodin de remarquer que c’est jus-tement cette situation périphérique qui donne son titre au poème de Queneau, et qui plus est par le biais de la notion de «porte», indiquant clairement l’existence d’un seuil à franchir, plus symbolique que réel. »

De ces trois disciplines artistiques confrontées au même sujet ressortent les notions du seuil et de la limite relatives aux abattoirs en milieu urbain. En creux, c’est le rapport sociétal à une condition ou-vrière et animale « périphérisée », reléguée hors de l’acceptation collective de la nature de l’éco-système urbain, que la scène artistique semble interroger.

À l’intersection de ce déplacement des abattoirs vers la périphérie (des villes et des es-prits) et de la dynamique complexe de nos modes de consommation alimentaires, on trouve une concentration des questions, et plus encore, des peurs contemporaines : écologie, santé, religion, éthique, condition animale, ouvrière… Étrange paradoxe que ce tabou naissant, un tabou non pas verbal mais visuel, qui cache à nos yeux les abattoirs (et de plus en plus, la viande, vendue déjà préparée ou cuisinée), alors même que notre consommation de produits carnés n’a jamais été

aussi importante.

La viande représente aujourd’hui une clé de voûte de nos vies, de son aspect le plus basique — notre alimentation — au plus intellectuel — nos préoccupations philosophiques, sociales, écolo-giques, industrielles… C’est pourquoi il semble fondamental d’inclure la question de l’abattoir et de sa place dans les villes aux travaux sur l’adap-tation aux changements environnementaux : pour relever ce défi et construire le monde dans lequel nous devrons vivre demain, il est crucial d’y inté-grer au mieux cet élément constitutif des sociétés d’hier et d’aujourd’hui.

4

Page 6: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

III - Mise en situation abattoirs d’Anderlecht

Les abattoirs d’Anderlecht, ou de Cureghem à Bruxelles, toujours en activité, avec leur halle métallique remarquable exemple de l’architecture industrielle du XIXème siècle ont été sauvé de la crise financière de 1930 par ses bouchers qui se formèrent alors en société anonyme.Jusqu’à aujourd’hui la constitution du bâtiment entier s’est faite par petits ajouts de volumes diffé-rents à plusieurs époques.

Le prétexte du projet a été la commande consistait en la remise aux normes des abattoirs. Pour ac-compagner cette démarche, la construction d’une deuxième grande halle était prévue : une halle ali-mentaire avec viandes et poissons. L’abattage est l’activité principale du site des abat-toirs de Cureghem, où travaillent 50 employés à temps plein. L’entreprise se connecte ensuite avec deux autres firmes : les usines à viande qui conditionnent les produits pour la grande distribu-tion (cette activité n’est pas présente sur le site) et ce que l’on appelle le 5ème quartier qui va réutili-ser et transformer les restes issus des animaux et impropres à la consommation (os, sang, onglons etc…).

La production des abattoirs d’Anderlecht sert principalement à alimenter le marché ayant lieu chaque semaine du jeudi au dimanche, ainsi que les boucheries et restaurants du quartier ou de la région bruxelloise. Il s’agit de l’un des plus grands marchés d’Europe.

Au cours des différentes opérations de transfor-mation, la quantité d’eau utilisée représente la consommation la plus importante et la plus problé-matique. Elle est, à ce jour, traitée à l’aide d’une station d’épuration située sur le terrain. De plus, le site se divise en deux secteurs dis-tincts pour répondre aux normes d’hygiène. Le secteur propre comprend d’une part les chaînes d’abattage, la découpe, les frigos et le transport ; le secteur souillé d’autre part, avec les stabulations, le traitement des eaux usées, les déchets, leur compostage et le marché.

En parallèle, c’est aussi un véritable espace public qui propose de nombreuses activités événemen-tielles. Les caves situées sous la grande halle ont connu des changements importants au fil du temps, d’abord utilisées comme champignon-nières, elles ont ensuite reçu de grands rassem-blements autour de “Koerperwelten” (Bodyworlds, de Gunther von Hagens), du salon de l’érotisme ou encore des “Antitapas” (évènement mensuel

5

Page 7: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

de concerts et restauration). Pour des raisons de sécurité, le nombre de personnes accueillies dans les caves a été réduit ce qui empêche la repro-duction de ce genre d’événements. Aujourd’hui, la société SA Abattoirs se penche à nouveau sur la mise en place de champignonnières avec l’entre-prise Permafunghi. D’autre part, les abattoirs reçoivent aussi, lors du Boergemet, des activités d’ampleur comme la Saint-Valentin ou le carnaval. Enfin, le Cultureghem organise des cours de cuisine pour les enfants, des ateliers de réparation pour les vé-los ou encore des groupes de réflexion sur la ville comme le Kanal Playground.

Propositions pour améliorer la performance écologique du site

Actuellement, les déchets organiques sont com-postés, l’eau sortant des abattoirs est renvoyée vers une station d’épuration, les composés orga-niques obtenus peuvent ensuite être utilisés dans une ferme. Le quartier peut commencer à être impliqué dans le processus, même si le niveau de connectivité reste encore faible.

Nous avons envisagé plusieurs options pour insé-rer les abattoirs d’Anderlecht dans un modèle éco-logiquement vertueux et créateur de valeur : • Cycle vertueux Un centre de tri est mis en place, permettant d’en-voyer une bonne part des déchets organiques dans une station de biométhanisation. Ces sta-tions produisent, d’une part, du gaz pouvant être réutilisé par l’abattoir, et d’autre part, un résidu organique très nutritif pour les plantes. Combiner un système de phytoépuration et de pisciculture permettrait de récolter des poissons qui seraient vendus sur le marché et réduits en farine pour l’alimentation animale. Ce système nécessite en amont un système de filtration intégré à l’abattoir, permettant de trier des eaux grises et noires afin de permettre la phytoépuration.

• Le système aquaponique

L’aquaponie est un système de production agri-cole combinant la production dite hydroponique et la pisciculture, afin de créer un écosystème ver-tueux. L’avantage principal de l’aquaponie est le très faible besoin en énergie du système qui pro-duit des légumes et du poisson avec comme seul “entrant” de la nourriture pour poisson pouvant être constituée de vers issus d’un vermi-compost. Dans ce cas, le seul ajout serait de la matière organique. L’aquaponie ne produit virtuellement aucun déchet.Il devient donc possible de créer un cycle vertueux à partir des déchets organiques, créant du com-post mature, nécessaire à l’agriculture biologique, et des produits consommables. L’eau peut être issue d’un système de phytoépuration efficace incluant au moins un bassin de pissiculture.

• Système de phytoépuration

L’épuration classique est un système de filtration effectuant principalement un premier tri dans le but de permettre un rejet dans le système public plutôt qu’un assainissement de fond. Les boues pourraient être utilisées comme fertilisant a condi-tion que les influents (?) n’aient pas été contami-nés. La phytoépuration est un système de filtration par les plantes qui fonctionne par action combinée de racines, de roseaux, et de pierres de pouzzo-lanes.

A

GEEROMS HIDES

RENDAC

RECUPA

Système schématique d’aquaponie

Ecosystème connecté de fonctionnement de l’abattoir

E

E

EcOLOgIE URBAINEEcosystèmes de l’abattoir

cycle connecté:La mise en place de trois cycles principaux permettrait de mettre en valeur la plupart des déchets produits sur le site.D’une part les déchets organiques produits par le marché pourraient servir, après compostage, à faire pousser des champignons, du marc de café venant du quartier pourrait aussi entrer dans le cycle. Ce matériel pourrait être récupéré pour faire de l’élevage de vers, ces vers servant soit à nourrir les poissons du système d’aquaponie mis en place soit à la consomation humaine sous forme de farines.Par la mise en place du cycle combiné phyto-épuration et aquaponie, l’on pourrait également obtenir des légumes et des poissons.Enfin les déchets organiques de l’abattoirs pourraient être bio-compostés avec la production de gaz et de compost résultante.La mise en place d’un site de récolte et de tri permettrait d’assurer le bon fonctionnement du système. Le quartier commence à rentrer dans le cycle de production locale et l’abattoir se transforme presque en zone de production alimentaire autosuffisante.Le système aquaponiqueL’aquaponie est un système de production agricole combinant la production dite hydroponique et la pissiculture, afin de créer un écosys-tème vertueux. L’avantage principal de l’aquaponie est le très faible besoin en énérgie du système qui produit des légumes et du poisson avec comme seul “entrant” de la nourriture pour poisson pouvant être constituée de vers issus d’un vermi-compost. Dans ce cas, le seul ajout serait de la matière organique. L’aquaponie ne produit virtuellement aucun déchet.Il devient donc possible de créer un cycle vertueux à partir des déchets organiques, créant du compost mature, nécessaire à l’agriculture biologique, et des produits consommables. L’eau peut être issue d’un systéme de phytoépuration efficace incluant au moins un bassin de pissiculture.

6

Page 8: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

A

Définition de la pollution

Taux d'occupation [m²/personne]

Équivalent habitant EH

Usine (avec douche)

55m²/personne 1 ouvrier = 1/2 E.H.

LES ETAPES DE L’EPURATION DE L’EAU:

1-PRÉTRAITEMENTS : a) Dégrillage: (tailles)a pour but d'empêcher le passage, dans les canalisations et tuyaux de connexion les objets de plus ou moins grosse taille dans une Chambre de réception pourvue d'une ou plusieurs grilles à mailles serrées , b) Séparateur de graisses: Les particules d'huiles et de graisses, plus légères, sont séparées de celles de l'eau en remontant à la surface. c) Le dessablage : les sables et graviers plus lourds se déposent au fond de ce même ouvrage et puis sont envoyés à la décharge publique.

2-TRAITEMENT : réduit les charges organiques et les matières en suspension (action physique) et la digestion, par les micro-organismes (action biologique) a) Traitement primaire : Décanteur Débourbeur : (poids)les particules en suspension plus lourdes que l'eau sont entraînées vers le fond par leurs poids. b) traitement secondaire ( biologique) : les eaux pénètrent ensuite dans le bassin d'aération, Des organismes microscopiques (bactéries)vivent dans ces eaux sales. Stimulées par de petites bulles d'air envoyées au travers du bassin, ces bactéries se nourrissent de la pollution et poursuivent ainsi la purification des eaux (une bactérie a besoin de 3 grammes d'oxygène pour digérer 1 gramme de déchet ),

3) TRAITEMENT DES BOUE : les boues sont utilisées comme engrais dans l'agriculture sinon brûlées. Une goutte d'eau passe entre 13 et 30 heures dans une station d'épuration.

Définition de la pollution

Ce dispositif est le plus élémentaire et le plus simple à mettre en place. Il est envisageable à l’échelle familiale. Il ne permet pas l’épuration des eaux noires, mais seulement des eaux grises. Il effectue un traitement sommaire de l’eau.

Le lagunage Filtre planté verticale

le filtre à écoulement vertical

Bassins étanchés du sol, les filtres à écoulement vertical sont alimentés par bâchées, permettant de créer des conditions aérobies de traitement. Leur fonctionnement se fait essentiellement en zones non saturées. Constitués d'un massif filtrant, celui-ci est rempli de couches superposées de graviers ou de sable à granulométries différentes, selon la place du dispositif dans la filière de traitement. Des végétaux aquatiques, comme les roseaux, sont enracinés et émergent à la surface du filtre. Le temps de séjour hydraulique est évalué à quelques heures. L'implantation des filtres verticaux nécessite de petites superficies. Fonctionnement: A l’arrivée d’une bâchée, l’eau se répartit à la surface du filtre puis y percole de manière uniforme. Elle est récupérée au fond du filtre, à 80cm environ de profondeur, à l’aide d’un drain d’évacuation. Des boues s’accumulent à la surface du filtre à une épaisseur de l’ordre de 1,5cm par an. Les tiges des macrophytes percent la couche de boue et évitent qu’elle colmate le filtre Dimensionnement : Les filtres sont constitués de 80 cm de graviers. La surface de chaque filtre est de 65 m2. La surface totale plantée est 2,2 m2/EH répartie en 1,15 m2/EH. Au 2éme étage Les filtres sont composés de couches superposées de sable et de gravier. Profondeur : premier étage => 0,75 à 0,90 m second étage => 1 m

Coupe transversale d'un filtre planté à écoulement vertical

Types de lagunages Capacité de traitement Nombre d’habitants

Surface requise Ordre de grandeur

Filtre planté vertical 10 à 2000 4,5 m²/habitant

Coupe transversale d’un Filtre planté vertical

Ce dispositif est le plus élémentaire et le plus simple à mettre en place. Il est envisageable à l’échelle familiale. Il ne permet pas l’épuration des eaux noires, mais seulement des eaux grises. Il effectue un traitement sommaire de l’eau.

Le lagunage Filtre planté verticale

le filtre à écoulement vertical

Bassins étanchés du sol, les filtres à écoulement vertical sont alimentés par bâchées, permettant de créer des conditions aérobies de traitement. Leur fonctionnement se fait essentiellement en zones non saturées. Constitués d'un massif filtrant, celui-ci est rempli de couches superposées de graviers ou de sable à granulométries différentes, selon la place du dispositif dans la filière de traitement. Des végétaux aquatiques, comme les roseaux, sont enracinés et émergent à la surface du filtre. Le temps de séjour hydraulique est évalué à quelques heures. L'implantation des filtres verticaux nécessite de petites superficies. Fonctionnement: A l’arrivée d’une bâchée, l’eau se répartit à la surface du filtre puis y percole de manière uniforme. Elle est récupérée au fond du filtre, à 80cm environ de profondeur, à l’aide d’un drain d’évacuation. Des boues s’accumulent à la surface du filtre à une épaisseur de l’ordre de 1,5cm par an. Les tiges des macrophytes percent la couche de boue et évitent qu’elle colmate le filtre Dimensionnement : Les filtres sont constitués de 80 cm de graviers. La surface de chaque filtre est de 65 m2. La surface totale plantée est 2,2 m2/EH répartie en 1,15 m2/EH. Au 2éme étage Les filtres sont composés de couches superposées de sable et de gravier. Profondeur : premier étage => 0,75 à 0,90 m second étage => 1 m

Coupe transversale d'un filtre planté à écoulement vertical

Types de lagunages Capacité de traitement Nombre d’habitants

Surface requise Ordre de grandeur

Filtre planté vertical 10 à 2000 4,5 m²/habitant

Coupe transversale d’un Filtre planté vertical

L’épuration (fig.A)

L’épuration est un système de filtration effectuant princi-palement un premier tri dans le but de permettre un rejet dans le système public plutôt qu’un assainissement de fond. Les boues obtenues peuvent être utilisées comme fertilisant à condition que les influents n’aient pas été contaminés.

La phyto-épuration (fig.B, C)

Il s’agit d’un sytème de filtration par les plantes qui fonctionne par action combinée de rac-ines, de roseaux et de pierres de pouzolanes. Ces pierres sont composées de trous mi-croscopiques dans lequels les racines absorbent les nutri-ments organiques et les dé-composent. L’eau obtenue est claire et ne nécessite plus que d’être filtrée par un bac de pis-siculture pour être potable.L’eau ne doit cependant pas être contaminée par des pro-duits chimiques qui tueraient les plantes et empêcheraient l’action de filtration.Par manque de place cette op-tion n’est pas envisageable sur le site abattoirs.

Le système de phyto-épura-tion vertical (fig.C)

Le système de filtration verti-cal utilise le même système que celui à écoulement vertical mais en le compressant dans un tube. Le passage de l’eau est forcé et traverse les diffé-rentes couches de gravier et de pouzolanes. L’avantage de ce sytème est le gain de place, celui-ci pouvant être superposé afin d’obtenir des murs de filtra-tion. Le point technique délicat réside dans l’entretien.Dans les deux cas de phyto-épuration, les dimensions gé-nérales necessaires restent les mêmes: les filtres sont constitu-és de 80 cm de graviers, la sur-face de chaque filtre est de 65 m2 et la surface totale plantée est 2,2 m2/EH répartie en 1,15 m2/EH.

EcOLOgIE URBAINELes systèmes de filtration

Traitement biologique dans une station d’épuration

Filtre planté horizontal à écoulement vertical

Coupe transverale d’un filtre planté honrizontal à écoulement vertical

Filtre planté vertical à écoulement vertical

A

B

C

D

Roseau

Effluent

1,2m

2,6m

Réservoir d’alimentation

Pompoe péristaltique

Ces pierres sont composées de trous microsco-piques dans lesquels les racines absorbent les nu-triments organiques, puis les décomposent. L’eau obtenue est claire et il n’y à plus qu’à la filtrer par un bac de pisciculture pour qu’elle soit potable. C’est une solution difficile à envisager en milieu urbain car elle nécessite beaucoup de place.

• Système de phytoépuration vertical Le système de filtration vertical utilise le même système que le précédent à écoulement vertical mais en le compressant dans un tube. Le passage de l’eau est forcé et traverse les dif-férentes couches de gravier et de pouzzolanes. L’avantage de ce système est le gain de place, celui-ci pouvant être superposé afin d’obtenir des murs de filtration. Son entretien est plus délicat.

• Station de biométhanisationLe procédé de biométhanisation permet de valori-ser toutes les formes de matières organiques qui se décomposent habituellement en dégageant dans l’atmosphère du méthane, qui est un gaz à effet de serre 25 fois plus contaminant que le gaz carbonique. Il s’agit de reproduire de manière arti-ficielle le processus biologique naturel de diges-tion.L’installation comprend :- un digesteur (réservoir recevant la matière orga-nique qui sera transformée par les bactériesméthanogènes) ;- les stockage du bio méthane produit et son épu-ration ;

- le groupe électrogène de production d’électricité;- l’ensemble des installations techniques : génie civil, bâtiments, zone électrique, équipement mé-canique, tuyauterie et filtration.

En termes d’équivalences énergétiques, 1 m3 de biogaz contient environ 60% de biométhane soit l’équivalent de 1 L de fioul. En fonction des sources de matières premières : un animal type bétail produit l’équivalent de 250 L de fioul par an, une famille produit par personne l’équivalent en déchets ménagers de 10 L de fioul par an, et la tonte d’une parcelle de terrain occupée par une habitation correspond à 50 L de fioul par an. Le biogaz est donc bien une énergie disponible en grande quantité sur tout le territoire et facile à ex-ploiter. Pour sa mise en place, il nécessite l’iden-tification des entrants (gisements de matières organiques) qui pourraient être récupérés soit sur l’exploitation soit dans l’environnement immédiat, et la détermination des besoins en chaleur de l’ex-ploitant et des riverains.

Un projet est actuellement à ‘étude pour la Ville de Bruxelles (porte de Ninove).

7

Page 9: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

maine sous forme de farines.

Par la mise en place du cycle combiné phyto-épuration et aquaponie, l’on pourrait également obtenir des légumes et des poissons. Enfin les déchets organiques de l’abattoirs pourraient être bio-compostés avec la production de gaz et de compost résultante.La mise en place d’un site de récolte et de tri per-mettrait d’assurer le bon fonctionnement du sys-tème. Un tel modèle introduit dans le quartier un cycle de production locale, transformant l’abattoir en zone autosuffisante de production alimentaire.

• Cycle connecté

La mise en place de trois cycles principaux per-mettrait de mettre en valeur la plupart des déchets produits sur le site. D’une part les déchets orga-niques produits par le marché pourraient servir, après compostage, à faire pousser des champi-gnons, mais on pourrait aussi envisager de faire entrer dans le cycle des déchets organiques do-mestiques, comme du marc de café venant du quartier par exemple. Ce matériel pourrait être récupéré pour faire de l’élevage de vers, ces vers servant soit à nour-rir les poissons du système d’aquaponie mis en place (voir plus bas), soit à la consommation hu-

A

GEEROMS HIDES

RENDAC

RECUPA

Système schématique d’aquaponie

Ecosystème connecté de fonctionnement de l’abattoir

E

E

EcOLOgIE URBAINEEcosystèmes de l’abattoir

cycle connecté:La mise en place de trois cycles principaux permettrait de mettre en valeur la plupart des déchets produits sur le site.D’une part les déchets organiques produits par le marché pourraient servir, après compostage, à faire pousser des champignons, du marc de café venant du quartier pourrait aussi entrer dans le cycle. Ce matériel pourrait être récupéré pour faire de l’élevage de vers, ces vers servant soit à nourrir les poissons du système d’aquaponie mis en place soit à la consomation humaine sous forme de farines.Par la mise en place du cycle combiné phyto-épuration et aquaponie, l’on pourrait également obtenir des légumes et des poissons.Enfin les déchets organiques de l’abattoirs pourraient être bio-compostés avec la production de gaz et de compost résultante.La mise en place d’un site de récolte et de tri permettrait d’assurer le bon fonctionnement du système. Le quartier commence à rentrer dans le cycle de production locale et l’abattoir se transforme presque en zone de production alimentaire autosuffisante.Le système aquaponiqueL’aquaponie est un système de production agricole combinant la production dite hydroponique et la pissiculture, afin de créer un écosys-tème vertueux. L’avantage principal de l’aquaponie est le très faible besoin en énérgie du système qui produit des légumes et du poisson avec comme seul “entrant” de la nourriture pour poisson pouvant être constituée de vers issus d’un vermi-compost. Dans ce cas, le seul ajout serait de la matière organique. L’aquaponie ne produit virtuellement aucun déchet.Il devient donc possible de créer un cycle vertueux à partir des déchets organiques, créant du compost mature, nécessaire à l’agriculture biologique, et des produits consommables. L’eau peut être issue d’un systéme de phytoépuration efficace incluant au moins un bassin de pissiculture.

8

Page 10: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

IV - Explication de projet

Historiquement, les site des abattoirs repré-sente une grande dépendance étatique de 21 hectares datant du début 19e.En conclusion de la chaussée de Mons se trouve la grande halle du marché, grand oiseau de fer et de verre.

L’activité du domaine s’articule autour de deux axes principaux : • Les abattoirs, tout d’abord, fonc-tionnent toujours et représentent l’uns des derniers abattoirs urbains d’Europe. Le projet comprend cette situation comme une opportunité rare de raccourcir les cycles de production et de consom-mation d’une part, mais aussi de sauvegarder une échelle rationnelle d’infrastructure garantissant un environnement favorable aux animaux et aux tra-vailleurs, d’autre part ; • Le marché ensuite, attire quelques 60 000 visiteurs du vendredi au dimanche, chaque semaine ce qui en fait le plus grand marché de Belgique.La société abattoir SA souhaite reconstruire des installations et s’inscrit dans un vaste master plan dessiné par ORG. Un deuxième bâtiment d’enver-gure baptisé halle alimentaire est ainsi en train de voir le jour.

Deux stations de métro desservent le site en bout de terrain, sur une parcelle appartenant à la STIB (Station de Transports Intercommunaux de Bruxelles)  : la station Clemenceau vers le quartier d’habitation et la station Delacroix vers le canal. Cette dernière se situe en hauteurs et descend sous terre au niveau de l’extrémité gauche de la parcelle, rendant son accès et sa connexion au site difficile. Elle est ainsi sous-utilisée aujourd’hui, redirigeant les flux piétons vers la station Clemen-ceau, dont les dimensions ne sont pas adaptées à une telle affluence (ce qui pose des problèmes de sécurité les jours de grande affluence). Ces différents constats ont motivé les intentions générales du projet qui répondent aux rapports urbains complexes entre le métro, le canal et la grande halle métallique qui serviront à apporter de la lisibilité au paysage urbain.Modélisation fonctionnelle pour les nouveaux abattoirs d’AnderlechtUne troisième grande halle conclue la rue Ropsy-Chaudron et libère un grand espace en fond de parcelle dans un mouvement transversal.Le bâtiment des abattoirs se dessine à partir d’une cour logistique autour de laquelle les secteurs propre et sale s’organisent dans un même espace.L’accès au métro Delacroix est redessiné.Deux tours de bureaux agissent comme signal le long du canal.

9

Page 11: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

Le projet s’installe sur la bute existante le long du canal, de sorte que son niveau zéro soit situé 1m50 au dessus du sol. Par la suite un système de récupération et de séparation des rejets de l’abattoir sont récupérés en dessous du bâtiment et suivent la topographie naturelle du terrain vers un complexe écologique combinant terreau hau-tement fertile (champiculture et vermiculture), phytoépuration et aquaponie s’assainissant l’un l’autre de proche en proche.

Par sa qualité à gérer et absorber de nombreuses fonctions (culturelles, alimentaires, transports…) c’est un équipement urbain nouveau que ce mo-dèle propose, capable non seulement de s’inscrire dans une logique verte et connectée, mais aussi de mettre en exergue de nombreux champs dis-ciplinaires et sociaux en les questionnant mais aussi en les faisant interagir.

Les évolutions récentes des demandes du consommateur quant à la qualité de la viande qu’il achète, de même que ses besoins nouveaux de substituts à la protéine animale et de produits respectueux de l’environnement, sont aujourd’hui des faits reconnus — tout autant que l’impossibi-lité environnementale de maintenir à long terme notre système de production/consommation ali-mentaire.

Les pouvoirs publics mais aussi les marchés com-mencent à les intégrer à leurs stratégies à long terme. La consommation de viande ne peut que diminuer, ce qu’ont bien compris producteurs et industriels qui diversifient petit à petit leur offre de nourriture végétarienne.

Au travers de cette étude philosophique, sociale, écologique, architecturale et urbaine, la fonction de l’abattoir apparaît encore et toujours comme un centre névralgique de l’écosysteme européen urbain, en lien direct avec nos modes consommation et les préoccupations qui en dé-coulent.

Suivant les évolutions des marchés, l’abattoir hors d’échelle où le travail ne saurait être quali-tatif, tend de nos jours à disparaître, laissant la place comme dans nombre d’autres domaines à des structures de tailles plus modestes et plus locales. Les modèles urbains de demain doivent ainsi être pensés en fonction de ce qu’ils consom-ment et produisent plutôt qu’en fonction de leur rentabilité/efficacité, preuve étant aujourd’hui faite que la production locale et raisonnée présente une alternative convaincante à des produits de moins en moins qualitatifs et des bilans carbones catastrophiques.

10

Page 12: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

Plan Masse

Dépollution naturelle des sols

Parc public

Halle alimentaire Halle du marché Halle de l’Abattoir

Phytoépuration et aquaponie

Page 13: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

Plan RDC

Etables

Locaux personnel

Vétérinaire

Salles d’abattage

FrigosPeaux

Métro

Passage métroAccès Formation Tour de bureaux

Boucheries

Page 14: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

Bibliographie

Documents pdf :

«ETAT DES LIEUX: Document de travail pour ouvrir et alimenter le débat public sur le devenir du site des abattoirs d’Anderlecht», Forum abattoir, 2012-2014,http://www.abattoir.be

«Documentation pour l’étude et l’évaluation des effets sur l’environnement», http://www.fastonline.org, Mi-nistère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), consulté le 20/02/15

Livres :

Development of a new generation of reed-bed filtersin France : first results, BOUTIN, C., LIÉNARD, A., ESSER, D.,1997, Wat. Sci.

Cradle to Cradle, W. McDonough et Michel Braugart, Alternatives Editions, 2013

Cities for a small country, Richard Rogers and Anne Power, Editions Faber and Faber, Londres, 2000

Le Projet local, Alberto Magnaghi, éditions Mardaga, 2000

«Macération et purifaction» in Contre-temps», DIdier Gilles, ed. Michel de Maule, 1988

«Visistes à l’abattoir : la mise en scène du travail», Séverin Muller, Génèses 49, 2002, p.89-109.

«L’écologie urbaine : mode d’existence ? mode de revendication?» Benedikte Zitouni, in Cosmopolites, vol. 7, p.137-138, 2004

«Réinventer la ville ? Le choix de la complexité», Isabelle Stengers, édité à l’occasion d’»Urbanités» rencontres pour réinventer la ville, une initiative du Département de la Seine Saint-Denis organisée par la Fondation 93 dans le cadre de citésplanète, réalisée avec l’ASTS

«Etre bête», Vinciane Despret, Jocelyne Porcher, Acte Sud, 2007

Page 15: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE
Page 16: CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ...data.over-blog-kiwi.com/0/80/17/73/20160321/ob_2ff398_bellocqtho… · CONCOURS EPE 2016 POUR UN CIRCUIT DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

Bellocq Thomas, Architecte, concours EpE 2016, 07/03/12016