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Conduites addictives TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE L’ENTOURAGE GUIDE REPÈRES

Conduites addictives TRAVAILLER POUR ET AVEC LES …2/ conduites addictives, travailler pour et avec les personnes de l’entourage guide repÈres /3 sommaire considÉrer l’entourage

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Page 1: Conduites addictives TRAVAILLER POUR ET AVEC LES …2/ conduites addictives, travailler pour et avec les personnes de l’entourage guide repÈres /3 sommaire considÉrer l’entourage

Conduites addictives

TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

GU

IDE

REP

EgraveRES

GUIDE REPEgraveRES 1

Conduites addictives

TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

2 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 3

SOMMAIRE

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES P 51 Teacutemoignage laquo Une vie avec une personne addicte raquo P 5

Mot dintroduction2 Lrsquoentourage ses difficulteacutes et ses ressources P 103 Entourage et addictions la deacutependance en question P 20

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE P 251 Le risque de co-deacutependance P 272 Le risque de transmission intergeacuteneacuterationnelle P 573 Preacutevention des risques travailler pour et avec lrsquoentourage P 67

SOMMAIRE

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoENTOURAGE P 851 Primo-demande et approche de lrsquoentourage P 852 Accompagner lrsquoentourage en groupe agrave viseacutee theacuterapeutique P 963 Orientations psychotheacuterapeutiques P 104

MOT DE CONCLUSION P 113

ANNEXE P 115 Bibliographie P 115

GUIDE REPEgraveRES 54 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNE EN DIFFICULTEacute AVEC SES CONDUITES ADDICTIVES

1 TEacuteMOIGNAGE laquo UNE VIE AVEC UNE PERSONNE ADDICTE raquo

2 LrsquoENTOURAGE SES DIFFICULTEacuteS ET SES RESSOURCES

3 ENTOURAGE ET ADDICTIONS LA DEacutePENDANCE EN QUESTION

1fraslthinsp1TEacuteMOIGNAGE laquo UNE VIE

AVEC UNE PERSONNE ADDICTE raquo

laquo Tout a commenceacute comme beaucoup de jeunes une rencontre un soir de deacutecembre et nous voilagrave partis pour une grande et belle histoireLes anneacutees passent le mariage le pre-mier enfant Julie Nous avons alors 21 et 22 ans peut-ecirctre un peu jeunes Crsquoest agrave partir de lagrave que jrsquoai commenceacute agrave remarquer des choses qui nrsquoeacutetaient

pas normales la cave toujours bien garnie les bouteilles drsquoapeacutero qui baissent toutes seules un beacutebeacute qui pleure et toi qui dorshellip Qursquoest-ce que je dishellip qui ronfle Et un soir lrsquoaccident alcool responsa-biliteacutes et au boulot laquo la galegravere raquo sans permisAgrave ce moment-lagrave notre deuxiegraveme enfant est en route et pendant ma grossesse Christophe part pour sa premiegravere cure et moi laquo jrsquoy crois raquo Jrsquoeacutetais naiumlve et je voulais croire que la volonteacute suffisait mais lrsquoenfer ne fait que commencer Thomas est neacute et avec lui lrsquoespoirhellip

6 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 7

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

notre fille les psys nous enfoncent le couteau dans la plaie Qui sont fautifs les parents bien sucircr Thomas lui ne trouve plus sa place entre le beacutebeacute la maison et Julie qui va mal il commence agrave faire des laquo becirctises raquo et se retrouve agrave la gendarmerie Moi jrsquoai lrsquoimpression qursquoon ne sortira jamais de cette spirale infernale et Christophe se sentait fort mais dans la tecircte lrsquoabstinence totale et deacutefinitive nrsquoeacutetait pas concevable Il a toujours penseacute et dit qursquoapregraves dix ans sans boire drsquoalcool il pourrait recommencer agrave ecirctre laquo comme tout le monde raquo Sauf qursquoil nrsquoest pas laquo comme tout le monde raquo Et bien sucircr dix ans ont passeacute on reprend une petite biegravere puis deux Moi jrsquoobserve je preacuteviens laquo Attention tu es sur la mauvaise pente raquo et lui reacutepond laquo mais non je gegraverehellip raquoJrsquoinsiste et jrsquoinsistehellip laquo Si tu retombes dans lrsquoalcool je te quitte raquoJe lrsquoai tellement dit et reacutepeacuteteacute que quand il a eu besoin de moi il nrsquoa pas pu mrsquoen parler de peur que je parte pour de bonLrsquoengrenage est enclencheacute crsquoest la re-chute Avec elle les galegraveres financiegraveres et au boulot il nrsquoassume plus Et fait passer ccedila pour de la deacutepression qui fi-nit par devenir bien reacuteelle Julie qui allait mieux nrsquoaccepte pas la rechute de son pegravere et lui en veut Fra-giliseacutee par sa preacuteceacutedente deacutepression elle va moins bien se referme de plus en plus chez elle et devient agoraphobe Heureusement que son petit ami est lagrave pour la soutenir merci Gaeumltan

Thomas souffre aussi mais il est comme son pegravere et a du mal agrave lrsquoexpri-mer Mais quand Oceacuteane commence agrave souffrir agrave son tour Christophe lui de-mande laquo Ccedila va Oceacuteane raquo Et Oceacuteane lui a reacutepondu laquo Mais papa moi ccedila va quand toi tu vas bien raquoCes paroles-lagrave je crois qursquoelles lrsquoont atteint en plein cœur ccedila voulait dire si je bois je vais mal et ma fille va aller malCrsquoest agrave ce moment-lagrave qursquoil srsquoest deacutecideacute agrave retourner voir les amis de la santeacute laquo Dure deacutemarche raquo apregraves une rechute au bout de dix ans Mais on le sait les amis de la santeacute ne jugent pas ils sont lagrave pour aider et nous ont reacute-ouvert leurs portesDepuis Christophe srsquoinvestit et garde agrave lrsquoesprit que crsquoest facile de replonger et bientocirct nous fecircterons nos 33 ans de mariagehellip pour le meilleur le pire est derriegravere nous enfin jrsquoespegravere raquo

Nadia C1

1 Teacutemoignage recueilli par la CAMERUP ndash Coordina-tion des Associations et Mouvements drsquoEntraide Recon-nus drsquoUtiliteacute Publique

Agrave cette eacutepoque-lagrave nous avons deacutecideacute drsquoacheter une maison Apregraves plusieurs anneacutees chaotiques aussi bien au niveau de lrsquoalcool que financier les galegraveres srsquoaccumulenthellipCrsquoest lagrave que jrsquoai appreacutecieacute lrsquoaide des amis de la santeacute Christophe est dans le deacuteni la discussion nrsquoeacutetait pas possible Un grand MERCI agrave Henri et Yvette qui ont toujours eacuteteacute lagrave pour mrsquoeacutecouter et me reacuteconforterChristophe perd son travail chez son pegravere et lagrave crsquoest la deacutegringolade Il ne fait plus rien agrave la maison devient meacute-chant jrsquoai honte vis-agrave-vis de mes voi-sins je suis obligeacutee drsquoarracher lrsquoherbe devant la maison qui mesure 50 cmhellip et lui il dort il cuve je ne sais pashellipAgrave cette peacuteriode il nrsquoallait plus beaucoup au cafeacute faute de moyens mais buvait tout seul agrave la maison Jrsquoai ducirc fouiller le sous-sol des dizaines de fois et vider des bouteilles je ne pourrais mecircme pas dire combien Quand il rentre dans la mai-son je nrsquoai pas besoin de le voir JE SAISLes enfants souffrent et je deacutecide un jour de partir bagarres engueulades il ne veut pas que je parte et mrsquoem-pecircche de prendre les cleacutes de la voiture Tant pis je pars agrave pied chez ses parents avec mes enfants pensant demander agrave mes beaux-parents de mrsquoemmener chez les miens Mais lagrave ma belle-megravere me reacutepond laquo je ne trsquoemmegravenerai pas ta place est aupregraves de lui raquo Mais je suis partie quand mecircme je ne sais plus comment avec lrsquoideacutee de me trouver un foyer ougrave vivre mais ne pas rentrerMais degraves le surlendemain lrsquoinquieacutetude mrsquoa fait revenir et bien sucircr rien nrsquoa changeacutehellip

Quand vient la derniegravere cure je suis arriveacutee au point de non-retour au reacuteel comme au figureacute laquo Va-trsquoen en cure et surtout nrsquoen reviens pas avant six mois raquo laquo Fais une postcure sinon je ne peux te revoir agrave la maison raquo Ce sont les derniegraveres paroles que je lui ai dites avant son deacutepart Crsquoest Henri qui lrsquoa accompagneacute agrave Cholet En passant agrave la demande de Christophe chez son oncle pour arroser ccedilaTrois jours plus tard il est de retour et moi je nrsquoy crois plus Ces trois jours je les ai passeacutes seule avec mes enfants sans lui rendre visite et surtout sans le poids du souci de lrsquoinquieacutetudeJe pense que pendant ces trois jours il srsquoest rendu compte qursquoil avait eacuteteacute loin qursquoil eacutetait sur le point de tout perdre et qursquoil eacutetait temps de faire quelque chose laquo LE DECLIC raquo ENFINMais lrsquoalcool a fait son œuvre On vend la maison et on redeacutemarrehellipLes anneacutees Bonheur commencent et lagrave crsquoest vrai que jrsquoai retrouveacute celui que jrsquoavais connu aimeacute et avec qui je mrsquoeacutetais marieacutee Le bonheur se concreacutetise avec lrsquoarriveacutee drsquoOceacuteaneOn rachegravete une maison agrave restaurer et les travaux nous prennent tous les soirs les week-ends pas le temps de penser agrave autre choseLagrave je tiens agrave tirer mon chapeau agrave Christophe pour tout le travail abattu dans cette maison et qursquoil nrsquoaurait ja-mais pu faire peu de temps auparavantMais le bonheur est fragile et de courte dureacutee quand Julie commence agrave faire une deacutepression et est hospitaliseacutee plu-sieurs fois pour des ideacutees suicidaires Et lagrave impuissants devant la deacutetresse de

8 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 9

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

eacutemerger lrsquolaquo auto-solution raquo et leurs compeacutetences3 Car lrsquoimplication de lrsquoen-tourage aupregraves de la personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives est un facteur de reacuteussite des proches in-formeacutes et sensibiliseacutes peuvent soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche drsquoaccompa-gnement

Au niveau de lrsquoindividu pour aller de lrsquoentourage en souffrance au proche aideacute puis aidant le regard sur soi et sur lrsquoautre est crucial Le professionnel est agrave la croiseacutee des regards confronteacute agrave de multiples interrogations qui eacutemergent dans le rapport agrave lrsquoentourage accompa-gner agrave la fois la personne deacutependante et son entourage Lrsquoentourage est-il la cause ou la conseacutequence de lrsquoaddiction Lrsquoentourage peut-il ecirctre un appui pour une reacuteduction des risques et des dom-mages Quelle souffrance affecte lrsquoen-tourage et quelle est lrsquoeacutetendue des impacts combien de personnes et les-quelles sont concerneacutees

Du speacutecialiste en neurosciences de lrsquoad-diction agrave lrsquoanimateur de preacutevention cha-cun pourra puiser dans ce guide matiegravere agrave deacuterouler et peut-ecirctre dynamiser ses pratiques en envisageant laquo lrsquoentou-rage raquo dans son spectre le plus complet

3 Antoinette MIALON-FOUILLEUL laquo Psychopatho-logie familiale des conduites drsquoalcoolisation raquo in M REY-NAUD (dir) Traiteacute drsquoaddictologie Flammarion pp 334-339

TOUTEFOIS LE CONTENU DE CE GUIDE NrsquoABORDE PAS LES QUESTIONS RELEVANT SPEacuteCIFIQUEMENT

De la grossesse et des risques pour lrsquoembryon et le fœtus lieacutes aux conduites addictives de la femme enceinte ou du tabagisme de son entourage

Des situations drsquoincarceacuteration du fait de la speacutecif iciteacute de lrsquoespace-temps contraint et de la particulariteacute du milieu carceacuteral

Des missions de meacutediation sociale des CAARUD4 en vue de sassurer une bonne inteacutegration dans le quartier il srsquoagit lagrave de lrsquolaquo entourage raquo au sens de lrsquolaquo environnement raquo de lrsquoeacutetablissement (habitants commerccedilants etc)5

4 Deacutecret ndeg 2005-1606 du 19 deacutecembre 2005 relatif aux missions des centres daccueil et daccompagnement agrave la reacuteduction des risques pour usagers de drogues et modifiant le code de la santeacute publique

5 Pour aller plus loin sur ce sujet Gwenola LE NAOUR Chloeacute HAMANT Nadine CHAMARD Faire accepter les lieux de reacuteduction des risques ndash un enjeu quotidien CERPE DGS mai 2014 100 p

MOT DINTRODUCTION

En guise drsquointroduction ce teacutemoignage illustre la complexiteacute du rapport entre entourage et personne en difficulteacute avec ses conduites addictives Il pointe aussi lrsquoeacutetendue des dommages potentielle-ment induits par les difficulteacutes drsquoune personne avec ses conduites addictives Ce guide a pour vocation dapporter agrave tout professionnel intervenant dans le champ des addictions lrsquooccasion drsquoune prise de recul drsquoun enrichissement de la reacuteflexion sur la place de lrsquoentourage

En preacutevention comme en accompagne-ment et en soins une eacutevolution des repreacutesentations des rocircles de chaque individu autour de lrsquoaddiction a eu lieu notamment une eacutevolution des repreacute-sentations des notions de laquo victimes raquo et de laquo bourreaux raquo deacutesigneacutes agrave tort en matiegravere de probleacutematique addictive

Hier les probleacutematiques addictives en particulier lieacutees agrave lrsquoalcool eacutetaient re-peacutereacutees par lrsquoentourage le but eacutetait la laquo protection raquo de lrsquoentourage contre les laquo meacutefaits raquo de la personne addicte

Puis il srsquoest agi drsquoextraire lrsquousager de son entourage pour traiter le laquo ma-lade raquo

Aujourdrsquohui srsquoopegravere une prise en compte de toutes les parties prenantes la personne en dif f iculteacute avec ses conduites addictives et son entourage sont eacutetroitement lieacutes

Parallegravelement un meacutelange des repreacute-sentations psychiques lieacutees aux addic-tions avec la reacutealiteacute socieacutetale modifie la repreacutesentation de lrsquoentourage lui-mecircme en permanence comme on peut lrsquoob-server agrave travers les nombreuses illustra-tions de lrsquoexposition et de lrsquoouvrage laquo 130 ans de preacutevention de lrsquoalcoolisme 1870-2000 raquo2 Notamment le modegravele preacutevalent drsquoune socieacuteteacute consumeacuteriste confronte lrsquoindivi-du agrave un continuum de potentielles pra-tiques agrave risque addictif degraves son plus jeune acircge De nouvelles addictions nu-meacuteriques etou comportementales font de lrsquoentourage le point neacutevralgique de la preacutevention des risques et dommages lieacutes aux conduites addictives

Les conduites addictives ne sont pas seulement le teacutemoin de conflits intra-psychiques mais aussi une difficulteacute du lien de la relation Elles srsquoinscrivent dans une complexiteacute interrelationnelle ougrave le systegraveme familial et au sens large les rela-tions sociales qui a deacutejagrave en geacuteneacuteral beaucoup œuvreacute ne sait pas ougrave aller chercher lrsquoinformation pertinente au changement Il srsquoagit donc en tant que professionnel du champ de lrsquoaddictolo-gie drsquoopter pour une vision circulaire des interactions avec des formes drsquoaccom-pagnement et de soins incluant les en-tourages Il srsquoagit de prendre en compte toutes les parties prenantes des probleacute-matiques addictives avec leurs fonction-naliteacutes mais surtout leurs ressources potentielles et leur capaciteacute agrave laisser

2 130 ans de preacutevention de lrsquoalcoolisme en France 1870-2000 Eacuteditions CFES 2001 67 p

10 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 11

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Souffrances de voir lrsquoautre souffrir avec ses probleacutematiques addictives et de ne pas parvenir agrave srsquoen deacutefaire

Recherche et expeacuterimentation de toute une gamme de laquo solutions raquo drsquoaide

Sentiment drsquoimpuissance voire de culpabiliteacute avec de nombreuses inter-rogations comment en parler com-ment accompagner la personne com-ment la soutenir pour changer et permettre une reacuteduction des risques et des dommages encourus

Comportements et attitudes qui initient voire facilitent les conduites addictives du proche

Comportements qui accentuent le sentiment de difficulteacutes de la per-sonne addicte injonction controcircle agir agrave la place de lrsquoautre (lrsquoautre eacutetant estimeacute dans le deacuteni ou incapable drsquoagir de lui-mecircme) menace qui achegraveve drsquoalteacute-rer significativement la relation entre la personne addicte et son entourage et lrsquoidentiteacute de chacun

Ces attitudes et comportements sont ponctueacutes drsquoexpeacuterimentations de moda-liteacutes drsquoaide de recherches de solutions et de peacuteriodes de deacutecouragementCeci est la trame drsquoune difficulteacute sous-jacente celle de demander de lrsquoaide alors mecircme que lrsquoinquieacutetude devient permanente En effet la parole ne va pas de soi Crsquoest pourtant cette deacutemarche initiale pour ne pas dire initiatique qui permet-

tra agrave lrsquoentourage de renouer avec son individualiteacute Chaque membre de lrsquoen-tourage srsquoempare alors de sa propre difficulteacute tant physique que psychique pour parvenir agrave voir au-delagrave de lrsquoaddic-tion de lrsquoautre

Agrave RETENIR

Chaque membre de lrsquoentourage est un individu agrave part entiegravere qui neacutecessite une attention distincte de son proche en situation drsquoaddic-tion et un accompagnement pour prendre en compte et participer agrave la reacuteduction de sa souffrance propre

Chaque membre de lrsquoentourage fait partie du laquo systegraveme raquo de la probleacutematique addictive et doit ecirctre pris en compte dans lrsquoaccom-pagnement et les soins de la per-sonne en dif f iculteacute avec ses conduites addictives

Comme on dit que la personne addicte ne se reacuteduit pas agrave son ad-diction la personne qui entoure ne se reacuteduit pas et ne doit pas ecirctre reacuteduite agrave sa place drsquoentourage

La personne de lrsquoentourage laquo se rend malade raquo de la probleacutematique addictive de lrsquoautre et conseacutecutive-ment laquo se rend malade raquo du senti-ment de sa propre incapaciteacute agrave y remeacutedier et agrave aider lrsquoautre

Cette souffrance de lrsquoentourage ne peut pas ecirctre ignoreacutee mecircme si le patient deacutesigneacute laquo malade raquo nrsquoest pas demandeur de soins

1fraslthinsp2 LrsquoENTOURAGE SES DIFFICULTEacuteS ET SES RESSOURCES

1 DES RESSOURCES ET COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave RENFORCER

ABORDER LrsquoENTOURAGELes personnes qui composent lrsquolaquo entou-rage raquo jouent un rocircle essentiel dans la compreacutehension la preacutevention lrsquoaccom-pagnement et les soins en matiegravere de probleacutematique addictive drsquoun proche Les probleacutematiques addictives de tout individu impactent forceacutement les per-sonnes de lrsquoentourage agrave des degreacutes di-vers et de faccedilon variable selon le type de conduite addictive et selon les per-sonnes selon leur identiteacute et leurs liens Et inversement lrsquoentourage a un impact durant le processus de conduites addic-tives et de soins

Peu nombreuses sont les personnes de lrsquoentourage6 qui franchissent le pas de la demande drsquoaide et parfois tregraves voire trop tardivement Lagrave reacuteside toute la dif-ficulteacute drsquoapproche de lrsquoentourage alors que crsquoest souvent sur cet entourage que repose la sortie du deacuteni de la personne addicte et une part de la reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins

QUI EST Lrsquo laquo ENTOURAGE raquo Lrsquoentourage deacutesigne premiegraverement un

6 6 des 78 500 personnes accompagneacutees en CSAPA geacutereacutes par lrsquoANPAA en 2017

laquo ensemble de personnes vivant habi-tuellement aupregraves de quelqursquoun raquo Lrsquoen-tourage peut aussi se deacutefinir comme toute personne confronteacutee ou impli-queacutee dans les probleacutematiques addictives drsquoun tiers De prime abord on y voit les membres de la famille depuis le couple donc le conjointe les enfants jusqursquoaux ascendants et collateacuteraux puis les amis les collegravegues Ainsi pourrait aussi ecirctre impacteacute lrsquointervenant non speacutecialiseacute aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives du laquo meacutedecin de famille raquo (qui fait laquo partie de la fa-mille raquo) en passant par lrsquoentraicircneur sportif le CPE du collegravege le voisin lrsquoaide-soignante ou lrsquoassistante de vie du retraiteacute en prise addictive avec ses meacute-dicaments

LrsquoENTOURAGE UNE PERSONNE FRAGILISEacuteE MAIS EXPEacuteRIMENTEacuteELes personnes de lrsquoentourage sont glo-balement deacutemunies aupregraves drsquoun proche en difficulteacute avec ses conduites addic-tives pouvant passer du deacuteni agrave la pos-ture de laquo sauveur raquo Ces personnes se situent dans des attitudes et comporte-ments qui ne sont geacuteneacuteralement pas univoques

Deacuteni ou minimisation de la percep-tion des risques et des dommages pour la personne elle-mecircme comme pour les tiers qui lrsquoentourent

Souffrances lieacutees aux conseacutequences quotidiennes de la conduite addictive de leur proche instabiliteacute voire inseacute-curiteacute adaptations neacutecessaires pour y faire face

12 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 13

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

DES COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave VALORISER ET Agrave RENFORCER Les conditions de vie lrsquoenvironnement les facteurs biologiques les facteurs socio-culturels et eacuteconomiques pour tout individu entourage ou addict in-fluent sur la capaciteacute de la personne agrave reacutepondre avec efficaciteacute aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne Au-delagrave de sa relation avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addic-tives lrsquoentourage sera plus ou moins apte agrave aider lrsquoautre ou parfois srsquoextraire de la situation pour sa propre sauve-garde

Lrsquoaccumulation de souffrances lieacutees au proche addict peut conduire toute per-sonne de lrsquoentourage agrave un eacutetat de stress qui pourra deacuteborder ses capaciteacutes agrave agir pour lrsquoautre et lui-mecircmeDans le contexte de probleacutematique addictive que connaicirct lrsquoentourage les compeacutetences psychosociales acquises sont tregraves souvent abicircmeacutees en plusieurs endroits Amener lrsquoentourage agrave valori-ser reacutetablir et renforcer ses compeacute-tences crsquoest lui donner les moyens drsquoagir pour son propre mieux-ecirctre et pour le mieux-ecirctre de lrsquoautre plutocirct qursquoagrave pour-suivre une lutte contre lrsquoautre contre lrsquoaddiction de lrsquoautre

ZOOM

Les compeacutetences psychosociales7

Les compeacutetences psychosociales sont deacutefinies par lrsquoOrganisation Mondiale de la Santeacute (OMS) en 1993 comme eacutetant laquo la capaciteacute drsquoune personne agrave mainte-nir un eacutetat de bien-ecirctre subjectif lui permettant de reacutepondre positivement et efficacement aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne raquo Le ren-forcement des CSP est ainsi clairement un eacuteleacutement fondamental de la promo-tion de la santeacute et du bien-ecirctre des personnes particuliegraverement quand ce problegraveme de santeacute est lieacute agrave un comportementCes compeacutetences essentielles et trans- culturelles sont eacutetroitement lieacutees agrave lrsquoestime de soi et aux compeacutetences relationnelles relation agrave soi et relation aux autres

7 laquo Deacutevelopper les compeacutetences psychosociales chez les enfants et les jeunes raquo La Santeacute en action ndeg 431 2015 pp 10-40

LrsquoOMS en identifie dix principales qui srsquoajustent par deux

Savoir reacutesoudre les problegravemes Savoir prendre des deacutecisions

Avoir une penseacutee critique Avoir une penseacutee creacuteative

Savoir communiquer efficacement Ecirctre habile dans les relations interpersonnelles

Avoir conscience de soi Avoir de lrsquoempathie pour les autres

Savoir geacuterer son stress Savoir geacuterer ses eacutemotions

Ces CSP peuvent ecirctre deacutefinies sous un autre angle agrave travers trois prismes

1 LES COMPEacuteTENCES SOCIALES

(ou interpersonnelles ou de com-munication)

Les compeacutetences de communica-tion verbale et non verbale ndash eacutecoute active expression des eacutemotions ca-paciteacute agrave donner et recevoir des re-monteacutees drsquoinformation et des reacuteac-tions

Les capaciteacutes de reacutesistance et de neacutegociation ndash gestion des conf lits capaciteacute drsquoaffirmation reacutesistance agrave la pression drsquoautrui

Lrsquoempathie crsquoest-agrave-dire la capaciteacute agrave eacutecouter et comprendre les besoins et le point de vue drsquoautrui et agrave exprimer cette compreacutehension

Les compeacutetences de coopeacuteration et de collaboration en groupe

Les compeacutetences de plaidoyer qui srsquoappuient sur les compeacutetences de persuasion et drsquoinfluence

2 LES COMPEacuteTENCES COGNITIVES

Les compeacutetences de prise de deacuteci-sions et de reacutesolution de problegravemes

La penseacutee critique et lrsquoauto-eacutevalua-tion qui impliquent de pouvoir analy-ser lrsquoinfluence des meacutedias et des pairs drsquoavoir conscience des valeurs atti-tudes normes croyances et facteurs qui nous affectent de pouvoir identi-fier les (sources) drsquoinformations perti-nentes

3 LES COMPEacuteTENCES

EacuteMOTIONNELLES

(ou drsquoautoreacutegulation)

Les compeacutetences de reacutegulation eacutemotionnelle ndash gestion de la colegravere et de lrsquoanxieacuteteacute capaciteacute agrave faire face agrave la perte agrave lrsquoabus et aux traumatismes

Les compeacutetences de gestion du stress qui impliquent la gestion du temps la penseacutee positive et la maicirc-trise des techniques de relaxation

Les compeacutetences favorisant la confiance et lrsquoestime de soi lrsquoauto-eacutevaluation et lrsquoautoreacutegulation

14 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 15

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

tentes les besoins le parcours de vie les compeacutetences les expeacuteriences de la personne de lrsquoentourage dans sa singu-lariteacute avec en ambulatoire un docu-ment individuel de prise en charge (au terme leacutegal on preacutefegraverera le terme laquo drsquoaccompagnement raquo) ou en reacutesiden-tiel un contrat de seacutejour9 10 11

Un dossier regroupant lrsquoensemble des informations formaliseacutees utiles agrave la qualiteacute de lrsquoaccompagnement et des soins12 directement accessible agrave lrsquousager dans le respect des dispositions leacutegisla-tives et reacuteglementaires

Le respect du secret des informa-tions le concernant avec un partage entre professionnels strictement neacuteces-saires agrave la coordination ou agrave la conti-nuiteacute des soins agrave la preacutevention ou agrave son suivi meacutedico-social et social dans le res-pect des dispositions leacutegislatives et reacute-glementaires13 14

Le droit agrave une information adapteacutee agrave sa capaciteacute de compreacutehension notam-ment sur ses droits et liberteacutes par la

9 L311-4 et D311 du CASF

10 Les attentes de la personne et le projet personna-liseacute ANESM 2008 52 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

11 Projet personnaliseacute document individuel de prise en charge ou contrat de seacutejour en CSAPA CAARUD ACT ANPAA 2016 5 p (Fiche Repegraveres)

12 Qualiteacute du dossier de lrsquousager en eacutetablissement meacutedicosocial relevant de lrsquoaddictologie ANPAA 2016 29 p (Guide Repegraveres)

13 Secret des informations et partage entre profes-sionnels ANPAA actualisation octobre 2016 6 p (Fiche Repegraveres)

14 L1110-4 du CSP

remise systeacutematique et commenteacutee de la charte des droits et liberteacutes et son annexe15 le livret drsquoaccueil16 et le regravegle-ment de fonctionnement17 de lrsquoeacutetablis-sement

Le droit agrave lrsquoexpression et la participa-tion de chaque usager18 19 relativement au fonctionnement de lrsquoeacutetablissement

LE RESPECT DU SECRET DES INFORMATIONS PERSONNELLES DE LrsquoUSAGER PAR RAPPORT Agrave SON ENTOURAGEDans les eacutetablissements meacutedico-sociaux en addictologie de type CSAPA au-cune information ne doit ecirctre com-muniqueacutee agrave un tiers de lrsquoentourage quelle que soit la position de lrsquoentou-rage vis-agrave-vis de lrsquoeacutetablissement Mecircme si les demandes drsquoinformation des personnes de lrsquoentourage sont freacute-quentes elles ne peuvent aboutir agrave ou-trepasser ce droit Par exemple

laquo Est-ce que mon mari est bien venu agrave sa consultation aujourdrsquohui car il nrsquoal-lait pas tregraves bien et srsquoil est venu je ne suis pas certaine qursquoil vous ait tout dit raquo de la part drsquoune eacutepouse soucieuse

15 L311-4 du CASF et arrecircteacute du 8 septembre 2003

16 L311-4 du CASF et circulaire DGASSD ndeg 2004-138 du 24 mars 2004

17 L311-7 du CASF et deacutecret du 14 novembre 2003

18 L311-4 du CASF et deacutecrets du 25 mars 2004 et du 2 novembre 2005

19 La participation des usagers dans les eacutetablissements meacutedico-sociaux relevant de lrsquoaddictologie ANESM 2010 96 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

2 LrsquoENTOURAGE UN USAGER DE LrsquoEacuteTABLISSEMENT COMME UN AUTRE AVEC LES MEcircMES DROITS

LES DROITS DE LrsquoENTOURAGE EN EacuteTABLISSEMENT MEacuteDICO-SOCIAL EN ADDICTOLOGIELes centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) ont ceci de particulier par rap-port aux eacutetablissements de santeacute en addictologie comme un hocircpital par exemple qursquoils ont pour mission de srsquoadresser aux personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives comme agrave leur entourage Leurs droits en tant

qursquousagers drsquoeacutetablissement meacutedico-so-cial sont inscrits dans la loi 2002-28

Le respect de la digniteacute de la vie pri-veacutee de lrsquointimiteacute de la seacutecuriteacute et de lrsquointeacutegriteacute de la personne

Le libre choix parmi les prestations adapteacutees qui lui sont proposeacutees par exemple agrave domicile ou en eacutetablissement

Le droit agrave un projet personnaliseacute drsquoaccompagnement et de soins co-construit prenant en compte les at-

8 Ensemble des droits preacutesenteacutes agrave lrsquoarticle L311-3 du CASF

Agrave RETENIR

Dans le continuum de la promo-tion de la santeacute consideacuterer lrsquoentou-rage crsquoest

Repeacuterer les personnes de lrsquoentou-rage vivant des difficulteacutes lieacutees agrave une personne proche ayant des probleacutema-tiques addictives

Eacutevaluer ou situer leurs difficulteacutes plus ou moins apparentes et graves induites ou supposeacutees induites for-muleacutees ou pas par les conduites ad-dictives du proche

Prendre en compte ces personnes qui font laquo systegraveme raquo avec les probleacute-matiques addictives et srsquoappuyer sur leurs expeacuteriences capaciteacutes et diffi-culteacutes agrave agir dans la situation

Rencontrer les personnes de lrsquoen-tourage le plus rapidement possible dans lrsquoaccompagnement de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites additives pour diminuer leur culpabi-liteacute et le sentiment drsquoimpuissance apregraves en geacuteneacuteral avoir le sentiment drsquolaquo avoir tout essayeacute raquo

Accompagner les personnes de lrsquoentourage pour leur permettre de se mettre en position laquo meacuteta raquo de prise de recul pour prendre conscience de ce qui se passe de ma-niegravere systeacutemique et pas seulement pour lrsquoautre en diff iculteacute avec ses conduites addictives

Accompagner les personnes de lrsquoentourage vise agrave deacutevelopper laquo les solutions qui marchent raquo parmi celles deacutejagrave expeacuterimenteacutees ce qui redonne une estime de soi

16 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 17

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

A contrario un compte-rendu drsquohos-pitalisation ou des reacutesultats biologiques par exemple issus drsquoun eacutetablissement ou professionnel de santeacute verseacutes au dossier de lrsquousager sont transmissibles puisqursquoils sont issus drsquoun tiers interve-nant dans la prise en charge

POUR ALLER PLUS LOIN

La collection Repegraveres ANPAA22

Notamment

Le Guide Repegraveres ANPAA laquo Qualiteacute du dossier de lrsquousager et eacutetablissement meacute-dico-social relevant de lrsquoaddictologie raquo septembre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Secret des informations et partage entre pro-fessionnels raquo ANPAA actualisation octobre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Reacutepondre agrave la demande drsquoaccegraves direct agrave son dossier de lrsquousager raquo feacutevrier 2017

22 Toute la collection Repegraveres de lrsquoANPAA Fiches et Guides teacuteleacutechargeable gratuitement sur httpwwwanpaaassofrsinformercollection-reperes-pour-les-professionnels

laquo LA PERSONNE DE CONFIANCE raquo UN DROIT QUI PEUT EcircTRE UNE AMBIGUIumlTEacute DANS LrsquoACCOMPAGNEMENT ET LES SOINS EN ADDICTOLOGIELes dispositions relatives agrave la laquo personne de confiance raquo institueacutee agrave lrsquoorigine dans le champ sanitaire sont eacutetendues par la loi au champ social et meacutedico-social Ainsi toute personne majeure prise en charge dans un eacutetablissement ou un ser-vice social ou meacutedico-social23 a le droit de deacutesigner une personne de confiance qui si elle le souhaite lrsquoaccompagnera dans ses deacutemarches afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Les missions de la laquo personne de confiance raquo aupregraves de lusager

Accompagner et ecirctre preacutesent au-pregraves de lrsquousager si celui-ci le souhaite agrave lrsquoentretien preacutevu lors de la conclusion du contrat de seacutejour pour rechercher son consentement agrave ecirctre accueillie dans lrsquoeacutetablissement drsquoheacutebergement (en preacute-sence du directeur de lrsquoeacutetablissement ou toute autre personne formellement deacutesigneacutee par lui et chaque fois que neacute-cessaire) La personne de confiance sera la seule personne de lrsquoentourage agrave avoir le droit drsquoecirctre preacutesente agrave cet entretien

23 Deacutecret no 2016-1395 du 18 octobre 2016 fixant les conditions dans lesquelles est donneacutee lrsquoinformation sur le droit de deacutesigner la personne de confiance mention-neacutee agrave lrsquoarticle L 311-5-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles

laquo Avez-vous pu parler agrave mon fils de sa consommation de cannabis car ses reacute-sultats scolaires srsquoeacutecroulent et je suis tregraves inquiegravete de ses freacutequentations raquo de la part drsquoun pegravere inquiet

Les questions de lrsquoentourage qursquoelles soient formuleacutees de faccedilon directe ou indirecte par teacuteleacutephone ou dans le cadre drsquoentretien ne peuvent donner lieu agrave aucun commentaire ou informa-tion concernant la personne usagegravere de produits addictifsEt inversement la personne addicte ne pourra acceacuteder agrave aucune information relevant de son entourage accompagneacute au sein de lrsquoeacutetablissement ou ayant com-muniqueacute avec lrsquoeacutetablissement20Lrsquoeacutetablissement doit tout mettre en œuvre pour que les personnes dia-loguent entre elles

En effet laquo Toute personne prise en charge par un professionnel de santeacute un eacutetablissement ou un des services de santeacute deacutefinis au livre III de la sixiegraveme partie du preacutesent code un professionnel du secteur meacutedico-social ou social ou un eacutetablissement ou service social et meacute-dico-social mentionneacute au I de lrsquoarticle L 312-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles a droit au respect de sa vie priveacutee et du secret des informations le concernant Excepteacute dans les cas de deacuterogation expresseacutement preacutevus par la loi ce secret couvre lrsquoensemble des in-formations concernant la personne venues agrave la connaissance du profession-nel de tout membre du personnel de

20 L1111-7 du CSP

ces eacutetablissements services ou orga-nismes et de toute autre personne en relation de par ses activiteacutes avec ces eacutetablissements ou organismes Il srsquoim-pose agrave tous les professionnels interve-nant dans le systegraveme de santeacute raquo21

LE DROIT DrsquoACCEgraveS DIRECT DE LrsquoUSAGER Agrave SON DOSSIERLrsquousager qursquoil soit laquo patient raquo ou laquo en-tourage raquo a le droit agrave un accegraves direct agrave son dossier Toutefois il est neacutecessaire de bien cerner le type drsquoinformation dont il est question et sa source En matiegravere de droit agrave lrsquoaccegraves direct au dos-sier seules sont accessibles les informa-tions personnelles et non les informa-tions concernant lrsquoentourage

Sont exclues du dossier accessible agrave lrsquousager les informations mentionnant qursquoelles ont eacuteteacute recueillies aupregraves drsquoun tiers nrsquointervenant pas dans la prise en charge theacuterapeutique ou concernant un tel tiers Illustrations - Sont exclues non pas du dossier mais des informations acces-sibles

Lrsquoinformation recueillie aupregraves de lrsquousager mentionnant que son pegravere avait une probleacutematique addictive que son conjoint a des comporte-ments violents Lrsquoinformation communiqueacutee par la conjointe du consultant mentionnant que celui-ci ne peut pas honorer son rendez-vous compte tenu de sa sur-consommation drsquoalcool ce jour

21 L 1110-4 - point I du CSP

18 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 19

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

vous La personne de confiance pourra ecirctre la personne-ressource pour assurer un retour en toute seacutecuriteacute au domicile Dans la pratique professionnelle le do-cument individuel drsquoaccompagnement24 eacutetant un outil ameneacute agrave ecirctre reacuteguliegravere-ment renouveleacute autant que neacutecessaire et a minima annuellement pour ce qui est de son avenant ce peut ecirctre lrsquoocca-sion de parler avec le consultant de la personne de confiance deacutesigneacutee agrave re-nouveler ou pas

24 Deacutecret ndeg 2004-1274 du 26 novembre 2004 relatif au contrat de seacutejour ou document individuel de prise en charge preacutevu par larticle L 311-4 du code de laction sociale et des familles

Agrave RETENIR

Tout consultant en eacutetablisse-ment meacutedico-social a les mecircmes droits personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives ou per-sonnes de lrsquoentourage notamment au regard du secret des informa-tions

Lrsquoobjectif des professionnels est drsquolaquo outiller raquo chacune des parties personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives et son entou-rage afin de

Leur permettre de (re)communi-quer ensemble et retisser si neacute-cessaire les liens de confiance drsquoaffection de coopeacuteration par-fois laquo abimeacutes raquo par la situation

Permettre aussi de fluidifier les enjeux drsquoinformation laquo secregravetes raquo confieacutees aux professionnels ac-compagnant (de la secreacutetaire au meacutedecin en passant les profes-sionnels socio-eacuteducatifs et para-meacutedicaux les psychologues) sous la formule bien souvent entendue laquo vous ne lui direz pas maishellip raquo

Accompagner lrsquousager dans ses deacute-marches lieacutees agrave sa prise en charge so-ciale ou meacutedico-sociale afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Aider lrsquousager agrave la compreacutehension de ses droits La personne de confiance est consulteacutee par lrsquoeacutetablissement au cas ougrave lrsquousager rencontre des difficulteacutes dans la connaissance et la compreacutehension de ses droits Cette consultation nrsquoa pas vocation agrave se substituer aux deacutecisions de lrsquousager

Elle a un devoir de confidentialiteacute concernant les informations meacutedicales qursquoelle a pu recevoir et les directives anticipeacutees de lrsquousager elle nrsquoa pas le droit de les reacuteveacuteler agrave drsquoautres personnes

Qui peut ecirctre personne de confiance Deacutesigner une personne de confiance relegraveve de la seule deacutecision personnelle de lrsquousager Celui-ci peut deacutesigner en tant que laquo personne de confiance raquo toute personne majeure de son entou-rage en qui il a confiance par exemple un membre de sa famille un proche son meacutedecin traitant Il srsquoagit drsquoune deacutemarche reacutefleacutechie agrave deux

Il est important que lrsquousager eacutechange avec la personne qursquoil souhaite deacutesigner avant de remplir le formulaire de deacutesi-gnation et de lui faire part de ses sou-haits par rapport agrave sa future mission Il est impor tant que la personne de confiance ait la possibiliteacute de prendre connaissance de son futur rocircle et drsquoen mesurer sa porteacutee

Attention la personne que lrsquousager souhaite deacutesigner doit donner son ac-

cord agrave cette deacutesignation Elle peut refu-ser drsquoecirctre la personne de conf iance deacutesigneacutee par lrsquousager ou contresigner le formulaire de deacutesignation preacutevu agrave cet effet

Les difficulteacutes de mise en œuvre de ce droitLa place de la personne de confiance dans un accompagnement peut revecirctir une certaine ambiguiumlteacute dans le cadre drsquoun accompagnement en addictologie

Ce droit est fondamental pour tout usager dans le champ meacutedico-social par exemple pour lrsquoentreacutee en eacutetablissement drsquoheacutebergement pour personnes acircgeacutees deacutependantes ou en appartement de coordination theacuterapeutique Toutefois il peut ecirctre deacutelicat dans le contexte drsquoaccompagnement ambulatoire en CSAPA ou en CAARUD En effet dans ce contexte les relations de la personne de confiance avec lrsquousager peuvent eacutevo-luer neacutegativement voire se rompre notamment dans une situation de co-deacutependance

Une vigilance particuliegravere doit donc accompagner lrsquoinformation obligatoire de lrsquousager sur ce droit notamment par la remise drsquoune notice drsquoinformation Il convient de bien srsquoassurer de la liberteacute de choix de lrsquousager sans contrainte implicite ou explicite de son entourage

En pratique malgreacute ses eacuteventuelles

ambiguiumlteacutes agrave lever cette personne de confiance peut ecirctre un relais essentiel en cas drsquoune situation agrave risque ou com-plexe par exemple une consommation massive constateacutee lors drsquoun rendez-

20 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 21

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Scheacutema26 deS facteurS conStitutifS de lrsquoaddic-tion danS le modegravele trivalent de c olievenStein

ADDICTION UNE PROBLEacuteMATIQUE DU LIENLes probleacutematiques addictives ne sont pas reacuteductibles agrave des probleacutematiques neurologiques Elles sont aussi le reflet de la difficulteacute relationnelle de lrsquoindividu aux autres voire au groupe social entier au premier rang desquels lrsquoentourage tient une place complexe avant dans et apregraves le processus addictif

Degraves le premier contact du beacutebeacute et de son ou ses parents la qualiteacute des inte-ractions fonde la capaciteacute ulteacuterieure de lrsquoindividu agrave se construire dans une bonne

26 Charles ROZAIRE et al laquo Quest-ce que laddic-tion raquo Archives de Politique Criminelle ndeg 31 2009 pp 9-23

perception et conscience de soi et agrave ajuster de faccedilon satisfaisante sa relation agrave la reacutealiteacute exteacuterieureSelon la theacuteorie de lrsquoattachement de John Bowlby tout au long de son exis-tence lrsquoindividu cherche agrave satisfaire un besoin fondamental de seacutecuriteacute appeleacute laquo besoin social primaire raquo donneacute par la qualiteacute des inteacuteriorisations construites sur les bases comportementales rassu-rantes de la petite enfance27 Cette seacutecu-riteacute est donneacutee degraves la naissance par la proximiteacute de figures drsquoattachement at-tentives au besoin de protection du beacutebeacute La personne garde en elle le be-soin de figures drsquoattachement auxquelles elle peut avoir recours en preacutesence de certains dangers ou drsquoexpeacuteriences dou-loureuses de son existence Ces figures drsquoattachement inteacuterioriseacutees au cours du

27 John BOWLBY Lrsquoattachement t1 PUF 1969 540 p

1fraslthinsp3 ENTOURAGE ET ADDICTIONS

LA DEacutePENDANCE EN QUESTION

Lrsquousage de produits psychotropes existe de tout temps et se rencontre en toute socieacuteteacute Lrsquoapeacuteritif entre amis le cham-pagne pour fecircter les heureux eacuteveacutene-ments de la vie le joint qui tourne en soireacutee les parties de jeux collectifs en ligne ou lrsquoexcitation drsquoun parieur sur un champ hippique sont des facteurs de socialisation mecircme srsquoils ne sont en rien indispensables Source de plaisir indivi-duel comme collectif ils peuvent prati-queacutes avec excegraves avec perte de controcircle ou dans certaines circonstances ecirctre facteurs de risques voire causes de dommages pour soi ou des tiersAinsi les probleacutematiques addictives re-lient la personne addicte et son entou-rage dans des rapports divers allant de la convivialiteacute aux risques et dommagesComment recouvrer la liberteacute est sans doute la question inconsciente et impli-cite de tout entourageIl srsquoagit drsquoappreacutehender les cleacutes de cette souffrance et de cet isolement pour agir ensuite en preacutevention et en accompa-gnement

1 LrsquoENTOURAGE AU CŒUR DE LA PATHOLOGIE DU LIEN

Travailler pour et avec lrsquoentourage drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives conduit agrave mettre en lumiegravere sa place dans le laquo systegraveme raquo de la pro-bleacutematique addictive du proche

ENTOURAGE PARTIE PRENANTE DE LA TRIVALENCE DE LrsquoADDICTION Trois facteurs dimensionnels inter-viennent dans la vulneacuterabiliteacute aux conduites addictives la personne le contexte socioculturel et lrsquoobjet de la deacutependance comportement ou subs-tance psychoactive Crsquoest le modegravele tri-valent et bio-psycho-social de Claude Olievenstein laquo La toxicomanie surgit agrave un triple carrefour celui drsquoun produit drsquoun moment socioculturel et drsquoune per-sonnaliteacute Ce sont lagrave trois dimensions eacutegalement constitutives raquo25Cette approche tr idimensionnelle confegravere un rocircle deacuteterminant au contexte socioculturel au premier rang duquel se trouvent les personnes de lrsquoentourage

25 Claude OLIEVENSTEIN La drogue ou la vie Ro-bert Laffont 1983 260 p

FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX

FamiliauxAnteacuteceacutedents

FonctionnementEacuteducation

Eacuteveacutenements sociauxInfluence des pairs

Groupe social

FACTEURS LIEacuteS Agrave LA SUBSTANCE

Potentiels de deacutependance

Conseacutequences meacutedicales psychologiques sociales

Statut social de substance

FACTEURS INDIVIDUELS

GeacuteneacutetiquesNeurobiologiques

PsychologiquesPsychiatriques

Eacuteveacutenements de vie

22 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 23

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

PROCESSUS DE DEacutePENDANCELa deacutependance traduit la perte de liber-teacute du sujet qui ne peut srsquoempecirccher de consommer le produit ou de de se livrer agrave sa conduite addictiveLe processus de deacutependance met en jeu trois eacuteleacutements qui srsquoauto-renforcent

Le lien entre la substance ou le comportement expeacuterimenteacute et le plaisir ressenti La premiegravere expeacute-rience de plaisir subjectif ressenti est selon le sujet le produit le moment et le contexte deacuteterminant pour lrsquoentreacutee en conduite reacuteguliegravere voire deacutependance Le plaisir rechercheacute associe sensations stimulations et aussi une forme drsquoanes-theacutesie (physique et psychique) et drsquooubli de soi et des autres de faccedilon variable selon le produit et lrsquoindividu

Le craving pheacutenomegravene de stimula-tion du systegraveme de reacutecompense par la recherche effreacuteneacutee du produit pour obtenir un eacutetat de satisfaction ou pour reacutepondre agrave une sensation interne dou-loureuse

La toleacuterance expression du pheacuteno-megravene drsquoaccoutumance physique et psy-chique au produit Elle neacutecessite pour lrsquousager de recourir agrave de plus fortes doses de produits ou plus freacutequem-ment pour obtenir un plaisir aussi in-tense voire plus intense ou varieacute La toleacuterance implique aussi la notion de sevrage qui pousse le sujet agrave recourir au produit pour ne pas ressentir le manque

Agrave RETENIR

La personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est mar-queacutee par une vulneacuterabiliteacute rela-tionnelle qui preacuteexiste agrave lrsquoaddiction et qui nrsquoen est pas la seule cause

Cette vulneacuterabiliteacute accentueacutee par le processus addictif va geacuteneacute-ralement entrer en reacutesonnance avec les personnes de lrsquoentourage et leurs propres constructions indi-viduelles

deacuteveloppement preacutecoce neacutecessitent drsquoecirctre seacutecurisantes rassurantes stables et diffeacuterencieacutees pour permettre au su-jet de srsquoy reacutefeacuterer au besoin dans les ex-peacuteriences de la vie et en relation avec les autres

Le deacutefaut drsquointeractions srsquoexprime en termes de qualiteacute de permanence et de varieacuteteacutes des figures drsquoattachement au cours du deacuteveloppement preacutecoce de lrsquoenfant grevant eacuteventuellement son capital de seacutecuriteacute et de confiance Lrsquoin-dividu pourra souffrir drsquoun deacutefaut drsquoan-crage affectif seacutecure et stable Les relations agrave lrsquoautre seront rarement satisfaisantes les aleacuteas des rapports humains et du groupe social eacutetant veacutecus comme un abandon Selon le terme de Winnicott lrsquoindividu subit des alteacuterations plus ou moins seacute-vegraveres du laquo sentiment continu drsquoexister raquo Le produit ou le comportement addictif est alors un objet de substitution mo-mentaneacutement eacutequilibrant ou satisfaisant qui comble un vide Lrsquoindividu accegravede agrave une conduite addictive comportemen-tale ou avec produit afin de se procurer un plaisir immeacutediatement neacutecessaire et drsquoabaisser sa tension (homeacuteostasie)

2 PROCESSUS DE DEacutePENDANCE ET PLACE DE LrsquoENTOURAGE

ADDICTIONS DE QUOI PARLE-T-ON laquo Dans le champ de la santeacute une conduite de consommation un com-portement ou une passion jusqursquoalors sans retentissement dommageable de-vient une addiction agrave lrsquoapparition des conseacutequences neacutegatives pour le sujet son entourage ou la socieacuteteacute raquo28 Lrsquoaddiction est un laquo processus par lequel un comportement pouvant agrave la fois per-mettre une production de plaisir et drsquoeacutecarter ou drsquoatteacutenuer une sensation de malaise interne est employeacutee de faccedilon caracteacuteriseacutee par lrsquoimpossibiliteacute reacutepeacuteteacutee de controcircler ce comportement et sa poursuite en deacutepit de la connais-sance de ses conseacutequences neacutega-tives raquo29 Elle srsquoapplique aux conduites avec produits ou comportements

La conduite addictive est une solu-

tion avant de devenir un problegraveme elle est une solution agrave une souffrance agrave la fois individuelle et du systegraveme de vie de la personne crsquoest une solution intrapsy-chique et relationnelle qui va devenir problegraveme

28 Addictionnairecopy Reacuteflexion seacutemantique en addicto-logie ANPAA 2017 37 p

29 Michel REYNAULT Philippe-Jean PARQUET Gilbert LAGRUE Les pratiques addictives usage nocif et deacute-pendances aux substances psychoactives rapport remis au secreacutetaire drsquoEtat agrave la santeacute DGS 1999 p 15 et p 37

GUIDE REPEgraveRES 25

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

24 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Les programmes et actions de preacuteven-tion sur le thegraveme de lrsquoentourage peuvent srsquointeacutegrer dans diffeacuterentes dimensions

Preacutevention universelle en commu-niquant sur les impacts sur lrsquoentourage des conduites addictives et en particu-lier sur la famille mais aussi sur les mo-daliteacutes drsquoaccueil de lrsquoentourage dans les structures speacutecialiseacutees

Preacutevention seacutelective met en jeu une sensibilisation aupregraves drsquoun public direc-tement concerneacute par le renforcement des compeacutetences psychosociales en par-ticulier des jeunes soutien des enfants en dif f iculteacute conseacutecutivement aux

conduites addictives de leurs parents soutien des conjoints soutien agrave la fonc-tion parentale en prenant appui sur

Des supports drsquoinformation deacutedieacutes comme des brochures ou information en ligne

Lrsquoorganisation de confeacuterences-deacutebats groupes de paroles et autres eacutevegravene-ments

Preacutevention cibleacutee par des actions mises en œuvre speacutecifiquement aupregraves de lrsquoentourage des personnes preacutesen-tant une conduite addictive

Un objectif pratique et fondamental la capacitation ou empowerment est

ANNEXES

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

1 LE RISQUE DE CO-DEacutePENDANCE 2 LE RISQUE DE TRANSMISSION

INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE 3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

Il srsquoagit drsquoenvisager deux champs essentiels drsquoactions touchant aux probleacutema-tiques de lrsquoentourage la parentaliteacute et les pairs et un mode drsquoaction mobi-liser des outils et surtout des professionnels autour de lrsquoaction

26 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 27

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp1 thinspLE RISQUE

DE CO-DEacutePENDANCE

1 LA CO-DEacutePENDANCE

La distorsion relationnelle de co-deacutepen-dance srsquoexprime particuliegraverement dans le champ des addictions Il existe une forme singuliegravere de deacutepen-dance la deacutependance relationnelle qui induit aussi une co-deacutependance directe agrave lrsquoautre avec une construction relation-nelle tregraves perturbeacutee Forme de conduite addictive la deacutependance relationnelle au lieu de transiter par un produit ou un comportement srsquoattache directement agrave lrsquoautre

Des deacutefinitions La co-deacutependance est un ensemble

de comportements que la personne de lrsquoentourage drsquoun individu en difficulteacute avec ses conduites addictives adopte presque sans srsquoen rendre compte pour faire face agrave la deacutependance de leur proche et lutter contre ou amoindrir les conseacutequences subies de lrsquoaddiction

La co-deacutependance est une adaptation agrave la situation de deacutependance et ses conseacutequences dans la conviction qursquoau-cune autre solution contre lrsquoaddiction de lrsquoautre nrsquoest possible

FORMES DE CO-DEacutePENDANCECe comportement de co-deacutependance peut prendre plusieurs formes plus ou moins marqueacutees comme31

31 Source httpswwwstop-alcoolch

Sur le registre du controcircle Une perte drsquoidentiteacute tendance agrave

vouloir prendre la place de la personne deacutependante en controcirclant toute sa sphegravere de vie entraicircnant la deacuteresponsa-bilisation voire lrsquoinfantilisation de la per-sonne deacutependante Une tendance agrave lobsession obses-

sion par la substance non pas par envie de consommer mais par inquieacutetude pour la personne deacutependante Une tendance agrave deacuteformer la reacutealiteacute

mentir parfois agrave des tiers (employeur amis famille) pour laquo couvrir raquo les ab-sences colegraveres manquements divers Effacer les traces des conseacutequences neacutegatives lieacutees agrave la consommation (deacute-sordre bouteilles vides etc) Effet in-duit la personne deacutependante ne voit ainsi pas certaines conseacutequences neacutega-tives de sa consommation Un sentiment de honte tentative de

maicirctrise de lrsquoimage donneacutee agrave lrsquoexteacuterieur en niant en cachant en transformant la reacutealiteacute de la vie quotidienne Cela tra-duit une difficulteacute voire incapaciteacute agrave affronter le jugement des tiers agrave lrsquoeacutegard de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives comme agrave lrsquoeacutegard de lrsquoentourage lui-mecircme les conduites ad-dictives eacutetant encore lrsquoobjet de preacutejugeacutes (vice manque de volonteacute perte de controcirclehellip) profondeacutement ancreacutes Une incapaciteacute agrave pouvoir deacuteleacuteguer

une tacircche la personne co-deacutependante a le sentiment de faire mieux plus vite etc En faisant agrave la place de lrsquoautre elle lui nie sa capaciteacute drsquoagir

viseacutee crsquoest-agrave-dire un laquo processus dans lequel des individus et des groupes agissent pour gagner la maicirctrise de leurs vies et donc pour acqueacuterir un plus grand controcircle sur les deacutecisions et les actions affectant leur santeacute dans le contexte de changement de leur environnement social et politique30 raquo Comme pour toutes actions de preacutevention drsquoaccom-pagnement ou de soins celles destineacutees aux personnes de lrsquoentourage srsquoappuient sur des outils de deacuteveloppement de leurs ressources pour accroicirctre leurs capabiliteacutes Et au-delagrave du renforcement des compeacute-tences psychosociales des personnes de lrsquoentourage lrsquoimplication des proches des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives est un facteur de reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins En effet des proches eacutecouteacutes in-formeacutes et sensibiliseacutes peuvent mieux soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche de preacutevention et de soins

On rappellera ici les principes drsquoin-tervention en preacutevention

Une deacutemarche positivant la santeacute comme ressource

Une non-dramatisation des conduites addictives et des produits (alcool tabac cannabis autres drogues) ou addictions sans produit (jeuhellip) la preacutevention srsquoappuie sur une information valideacutee et vise la deacuteconstruction des

30 EHESP laquo Glossaire multilingue de la base de don-neacutees en santeacute publique raquo httpaspbdspehespfrGlos-saire

repreacutesentations et preacutejugeacutes mais ne se limite pas agrave la seule information

Le pragmatisme et non lrsquoideacuteologie Une non-limitation aux seuls objec-

tifs de reacuteduction des conduites ou drsquoabstinence

Une prise en compte des risques et dommages sanitaires et sociaux pour la personne elle-mecircme et son entou-rage mais aussi pour la socieacuteteacute agrave court moyen et long termes

Un appui sur les ressources de lrsquoin-dividu ses expeacuteriences ses compeacute-tences en visant le renforcement de ses compeacutetences psychosociales son auto-nomie et sa qualiteacute de vie

Une deacutemarche drsquoeacuteducation agrave la ci-toyenneteacute et de lien social

28 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 29

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

france vont ecirctre verbaliseacutes et permet-tront ainsi un apaisement de la relation On peut alors ouvrir de nouvelles pers-pectives drsquoeacutevolution et envisager la sor-tie des scheacutemas de reacutepeacutetitions

Repeacuterer la co-deacutependance La non-verbalisation par honte ou ta-bou reacutecurrente en addictologie notam-ment concernant les femmes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives compte-tenu du poids des repreacutesenta-tions sociales constitue aussi pour lrsquoen-tourage un nœud drsquoeacutevitement de la si-tuation addictive et son ancrage puissant dans le corps et le psychisme de la per-sonne de lrsquoentourageIl est essentiel de repeacuterer ce qui est en train de se jouer

2 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CERCLE FAMILIAL

La famille reacutesulte de constructions so-ciales variables selon les eacutepoques et les cultures mais elle reacutepond en premier lieu agrave la neacutecessiteacute qursquoeacuteprouvent les hu-mains drsquoecirctre lieacutes La famille premier groupe drsquoapparte-nance est reacutegie par des liens speacuteci-fiques lien drsquoalliance lien de filiations lien geacuteneacutealogique lien du groupe familial avec lrsquoexteacuterieur Dans cette sphegravere familiale se nouent des liens protecteurs etou difficiles entre les membres dans le preacutesent et le passeacute32 Les conduites addictives puisent en par-tie leurs causes dans le fonctionnement

32 Cf dans ce guide 2fraslthinsp2 LE RISQUE TRANSGEacuteNEacute-RATIONNEL

de cette sphegravere et ont des conseacute-quences sur tous ses membres et selon la composition familiale sur les parents les enfants lela conjointeLa famille premier lieu drsquoexpression des situations de co-deacutependance est un noyau groupal fort capable de faire bar-rage agrave toute aide exteacuterieure par lrsquoinstau-ration drsquoun systegraveme de sauvegarde et drsquoauto-controcircle qui reacutegule le deacuteseacutequi-libre creacuteeacute par lrsquoaddiction du procheEn effet les observations cliniques ont pu montrer33 que les conduites addic-tives peuvent devenir laquo un principe or-ganisateur du systegraveme familial raquo Les probleacutematiques addictives deviennent comme un tiers qui fige la vie quoti-dienne avec des laquo modes de fonction-nements formels rigides preacutedictifs en eacuteloignant les incertitudes34 raquo Il srsquoinstaure un systegraveme qui srsquoautoreacutegule autour des probleacutematiques addictives qui concerne alors chaque membre de la famille en ce sens que chacun va se comporter en regard de la preacutesence ou de lrsquoabsence de conduite addictive et que les interac-tions se placent en fonction du produit psychoactif en question Ainsi le sujet en meacutesusage de ce produit est comme surproteacutegeacute Il nrsquoest plus le bouc eacutemis-saire drsquoune situation potentiellement conflictuelle Crsquoest au contraire lrsquoen-semble de la famille qui assume cette addiction les probleacutematiques addictives deviennent constitutives de lrsquoidentiteacute du couple et de la famille raquo

33 Vangheacutelis ANASTASSIOU Mireille SCHWEITZER Isabelle SOKOLOW laquo Pour le meilleur et pour le pire raquo Alcoologie et Addictologie ndeg 1 2002 pp 53-62

34 Ibid

Sur le registre de la protection La fusion attitude fusionnelle avec la

personne deacutependante preacutesence quasi-permanente agrave outrance reacuteduction de lrsquoautonomie du proche addict dans ses deacutemarches de soins ou dans ses temps de vie personnelle Lrsquohyper-responsabiliteacute lentourage

se sent responsable vis-agrave-vis de lrsquoexteacute-rieur de tous les comportements les faits et gestes (en particulier neacutegatifs) de la personne deacutependante La culpabiliteacute lentourage se met agrave

penser laquo je ne suis pas assezhellip raquo laquo cest de ma faute si je narrive pas agrave laider raquo Lrsquohyper adaptation lrsquoentourage se

rend disponible agrave tout moment aupregraves de la personne deacutependante ce qui en-traine par exemple des modifications de lrsquoemploi du temps de la maniegravere decirctre de fonctionner pour sadapter aux agis-sements de la personne deacutependante

Sur le registre de la reacuteclamation Un ressenti de trahison face aux

eacuteventuels renforcements ou reprises des probleacutematiques addictives du proche en comparaison aux effor ts estimeacutes mis en œuvre pour lrsquoaider Une attitude de plus en plus vindi-

cative voire agressive et exigeante en termes drsquoattendus de comportement de la personne addicte avec pour effet in-duit pour la personne addicte la perte drsquoestime de soi lrsquoincapaciteacute grandissante de reacuteagir et drsquoenvisager un accompagne-ment et des soins une incapaciteacute agrave reacute-pondre aux attentes de la personne de lrsquoentourage Une perte des limites de lrsquoindividua-

liteacute conviction drsquoecirctre lale seule agrave com-

prendre agrave savoir comment faire avec la personne addicte prendre le rocircle de soignant ou la place de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives en reacutepondant agrave sa place par exemple en tout lieu ou obligation exteacuterieure Une incapaciteacute agrave dire non similaire

au manque de limite il est la conseacute-quence dune peur de deacutecevoir de perdre la relation Ainsi la personne de lrsquoentourage existe uniquement au tra-vers de lrsquoaddiction de lrsquoautre

La personne co-deacutependante est dans

la diff iculteacute de tenir compte de ses propres besoins lieacutes au manque de limite agrave lhyper adaptation agrave la fusion et agrave lob-session en jeu dans la co-deacutependance

PREacuteVENTION ET SORTIE DU PROCESSUS DE CO-DEacutePENDANCE

Parler de la co-deacutependance Une communication globale de type laquo Nous sommes tous proches drsquoune personne addicte parlons agissons raquo ou laquo Entourage de personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives par-lons-en raquo et des actions theacutematiques seacutelectives en synergie avec les acteurs drsquoun territoire ouvrent la voie drsquoune sen-sibilisation sur la co-deacutependance Par ailleurs en rendant accessible agrave lrsquoentourage un lieu drsquoeacutecoute un appui contenant et seacutecurisant que ce soit avec ou sans la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives on permet une prise du recul de la situation et du proche addict Les reacutesistances vont se voir atteacutenueacutees les eacuteprouveacutes et la souf-

30 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 31

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Lrsquoameacutelioration des compeacutetences psy-chosociales de lrsquoun ne peut se faire sans lrsquoautre

La co-deacutependance du couple est aussi bien intra psychique qursquointeractionnelle

Les conjoints de personne en diffi-culteacute avec un produit psychoactif mani-festent dans le processus de co-deacutepen-dance certains traits psychologiques lieacutes agrave un mode relationnel construit anteacute-rieurement agrave la relation de couple

Notamment les effets de la co-deacute-pendance se manifestent particuliegravere-ment dans le cadre drsquoune relation de couple surinvestie et ideacutealiseacutee par le conjoint de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives Dans cette projection de couple le conjoint ne laquo voit pas raquo lrsquoautre en tant qursquoindividu tel qursquoil est mais en tant que personne censeacutee jouer un rocircle ideacuteal

Dans le contexte de la co-deacutepen-dance la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives devient le laquo respon-sable raquo de la non-reacutealisation de cette projection pour ne pas avoir autant que le conjoint contribueacute agrave sa reacutealisation

Le conjoint surinvestit une relation de couple ougrave lrsquoautre ne peut aider qursquoen respectant un sceacutenario conccedilu drsquoavance La personne addicte est donc drsquoembleacutee nieacutee dans son alteacuteriteacute et sa singulariteacute toutefois elle est sans doute elle-mecircme en besoin pour combler un manque qursquoelle ne peut trouver dans la relation eacutetablie

Ainsi le co-deacutependant pense avoir le pouvoir de rendre lrsquoautre abstinent pour parvenir agrave reacutealiser ce couple ideacuteal

Le conjoint co-deacutependant peut ainsi montrer

Une implication eacutemotionnelle neacutega-tive eacuteleveacutee et une grande retenue dans lrsquoexpression des sentiments avec un deacuteni du rapport de deacutesir et des relations affectives

Un mode relationnel enchevecirctreacute ou deacutesinteacutegreacute et une tendance agrave former des relations duelles fusionnelles Un rejet drsquoun leadership au sein du couple et drsquoune hieacuterarchie intrafa-miliale

La souffrance du conjoint co-deacutependant peut se manifester par

De lrsquoagressiviteacute et une certaine ob-session devant lrsquoimpuissance agrave changer le par tenaire dans sa deacutependance agressiviteacute laquo justifieacutee raquo comme neacuteces-saire pour motiver lrsquoautre agrave modeacuterer sa consommation et agrave srsquointeacuteresser agrave son conjoint et ses enfants

Lrsquointoleacuterance au manque du conjoint veacutecue comme lrsquoexpression drsquoune rela-tion de couple en eacutechec En fait le conjoint en manque devient reacuteveacutelateur du manque du conjoint co-deacutependant

Lrsquoincapaciteacute agrave changer de posture mecircme si une prise de conscience de lrsquointeraction laquo en miroir raquo du manque dans le couple se manifeste car laquo accep-ter crsquoest capituler raquo

Le non-amour de soi car la restau-ration narcissique reacuteciproque des deux par tenaires rechercheacutee dans tout couple ne se produit pas

Lrsquoabneacutegation et le deacutepassement de soi est lrsquoidentiteacute que se donne le conjoint co-deacutependant ayant une mauvaise image de lui-mecircme Le conjoint addict se trouve deacutepersonnaliseacute au sein de son propre couple

CONDUITES ADDICTIVES ET ORGANISATION FAMILIALE LE laquo SYSTEgraveME raquo35 Un constat tregraves surprenant a eacuteteacute fait concernant lrsquoalcoolo-deacutependance que lrsquoon eacutetendra aux conduites addictives laquo la personne [addicte] stabilise le fonc-tionnement de lrsquoensemble bien qursquoil le deacutesorganise En effet face aux conduites addictives chacun des membres sait preacutevoir ce qursquoil y a lieu de faire devant le deacuteroulement des eacutevegravenements comme dans un rituel connu drsquoavance Il y a une reacuteduction des incertitudes et la conseacute-quence la plus visible est la coheacutesion familiale lrsquoaspect soudeacutes des enfants et de lrsquoautre parent permettant des rap-prochements pour faire face En outre par son symptocircme ses comportements la personne [addicte] creacutee la tension autour de lui et est le reflet de lrsquoeacutetat de stress du systegraveme familialLe pheacutenomegravene drsquohomeacuteostasie du sys-tegraveme conduit agrave srsquointerroger non pas sur le pourquoi des conduites addictives mais sur

Comment le produit aide-t-il agrave maintenir ce systegraveme

Comment la personne deacutependante au produit se place-t-il dans ce systegraveme

Comment contribue-t-il agrave diminuer les incertitudes

35 Antoinette MIALON-FOUILLEUL Psychopatholo-gie familiale des conduites drsquoalcoolisation opcit pp 334-339

Comment maintient-il la coheacutesion du systegraveme

Il srsquoagit de comprendre la fonction adap-tative du comportement addictif pour permettre drsquoaider le patient agrave travers une autre maniegravere de srsquoadapter sans uti-liser le produit

LE CONJOINT CO-DEacutePENDANTLa co-deacutependance aura tendance agrave exa-cerber les nœuds relationnels du couple Il peut ecirctre parfois difficile et deacutelicat drsquoidentifier ce qui relegraveve de la co-deacutepen-dance et de ses effets dommageables sur la relation et ce qui relegraveve de diffi-culteacutes de couple inteacuterioriseacutees et refou-leacutees jusque-lagrave Crsquoest lagrave encore dans le contexte de lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool que les eacutetudes cli-niques sont les plus fournies en ap-proches des pheacutenomegravenes de co-deacutepen-dance dans le couple

La co-deacutependance du conjoint drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives se manifeste par sa difficulteacute agrave se voir en dehors de lrsquoaddiction de lrsquoautre Des observations cliniques en alcoolo-gie transposables agrave toutes probleacutema-tiques addictives montrent que

La difficulteacute de rapport aux conduites addictives est un processus patholo-gique chronique mis en route degraves lrsquoen-fance pour lrsquoun ou les deux membres du couple

Le conjoint joue un rocircle indeacuteniable et complexe propre agrave chaque relation dans lrsquoeacutevolution du processus drsquoaddic-tion de lrsquoautre

32 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 33

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

Conduites addictives et violences

Approche par le psycho trauma-tisme37 on identifie un lien entre violences subies au cours de la vie et conduites addictives avoir subi des violences expose agrave un risque de santeacute plus deacutegradeacutee tant psychique (deacute-pression anxieacuteteacute repli sur soi tenta-tives de suicide) que physique

Explications du lien entre psycho traumatisme et usage de subs-tances psychoactivesLe Dr Sharon Kingston (2009) du deacutepar tement de psychiatr ie du Centre drsquoeacutetude de lrsquoenfance de lrsquouni-

37 Violences subies ou produites et usage de subs-tances psychoactives chez les femmes en Europe et dans la reacutegion meacutediterraneacuteenne Revue de litteacuterature et eacutelaboration de pistes de recherches Groupe Pompidou Conseil de lrsquoEurope 2015 p 50

versiteacute de New York propose trois explications possibles concernant les liens entre la consommation de subs-tances psychoactives et les violences subies au cours de la vie

Le deacuteveloppement de troubles post-traumatiques agrave la suite de cer-tains cas de violences subies dans la vie la consommation de substances est ainsi consideacutereacutee comme une auto-meacutedication pour atteacutenuer les symp-tocircmes post-traumatiques

La consommation de substances creacutee les conditions de risques de vic-timisation ou drsquoautres eacuteveacutenements traumatiques et ces expeacuteriences peuvent conduire au deacuteveloppement de troubles post-traumatiques

Les violences ainsi que la consom-mation de substances surviennent dans des contextes particuliers drsquoen-vironnement familial38

38 Ibid p 14

Lrsquoimpossibiliteacute de communiquer du fait de trop ou pas assez drsquoempathie

La seacuteparation inconcevable et le temps suspendu en deacutepit de beaucoup de frustrations pour les deux parte-naires lrsquoeacuteloignement ne peut avoir lieu il y a confusion entre indeacutependance et seacuteparation

Le couple-sceacutenario est un objet agrave reacuteussir qui ne vit quasiment que dans la tecircte du conjoint co-deacutependant

Une obsession du conjoint laquo ma-lade raquo pour le comprendre ou pour le rejeter

Un veacutecu drsquoaffrontement entre le bien et le mal la co-deacutependance se met en place comme un court-circuit affectif et eacutemotionnel Lrsquoattitude de lrsquoun deacutefinit la posture de lrsquoautre

Lrsquoattachement aux familles drsquoorigine reste actif le manque originel agrave combler par chaque conjoint le rend indisponible agrave lrsquoautre

Le produit ou la conduite addictive devient un tiers dans lrsquoimaginaire de lrsquoun comme de lrsquoautre

Addiction couple et vie sexuelleSur le plan de la relation agrave lrsquoautre le pro-duit ou le comportement laquo problegraveme raquo peut venir infeacuterer dans la vie sexuelle Cette dimension est eacutevoqueacutee et appa-raicirct comme une cause de la consomma-tion ou une conseacutequence des conduites addictives laquo On sait que lrsquoalcool va agir sur trois niveaux les compeacutetences phy-siques les dispositions psychologiques individuelles lrsquoharmonie relationnelle du couple Alors que la consommation eacutepi-sodique de produit peut donner un sen-timent de potentialiteacutes sexuelles ac-crues la consommation massive et chronique peut entraicircner un deacutesinves-tissement de lrsquoindividu pour la sexualiteacute par la diminution progressive de la puis-sance sexuelle Et la consommation croissante drsquoalcool qui tente de compen-ser ce pheacutenomegravene ne fait que lrsquoaccen-tuer La dysfonction sexuelle peut ecirctre agrave la fois cause et conseacutequence de lrsquoabus drsquoalcool agrave lrsquointeacuterieur drsquoune spirale ougrave lrsquoalcool ser t agrave traiter les diff iculteacutes sexuelles mais ougrave il ne fait que les aggra-ver raquo36 Ces constats peuvent srsquoappli-quer agrave toutes les conduites addictives

36 Marie-Catherine ROUILLET-VOLMI Nathalie DUDORET laquo Alcool et sexualiteacute raquo Alcoologie ndeg 2 1995 p 124

Usages de drogues et parcours de vie traumatique chez les femmesLes traumatismes et les violences subis durant lrsquoenfance ou agrave lrsquoacircge adulte ponc-tuent freacutequemment les trajectoires de vie de femmes usagegraveres de drogues Trois constats peuvent srsquoeacutetablir entre dimension de genre et violences subies

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle chez les femmes en population geacuteneacuterale

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle observeacutee chez les hommes usagers de drogues

Un recours aux substances psy-choactives plus important chez les personnes ayant subi des violences au cours de la vie que chez celles nrsquoen ayant pas subi

34 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 35

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

particuliegraverement preacutecaires et mar-queacutees par un cumul de laquo handicaps raquo sociaux et psychologiques (handicap au sens de difficulteacute drsquoadaptation agrave lrsquoenvironnement)

Ineacutegaliteacutes de genre au deacutetriment de femmes et ses ravages en matiegravere de drogues En explorant le contexte de lrsquoinitiation et le profil de lrsquoinitiateur aux usages de drogues les eacutetudes socio-anthropolo-giques deacutemontrent encore une fois une situation nettement deacutefavorable voire discriminantes pour les femmesAlors que rares sont les hommes ini-tieacutes aux drogues par leur partenaire sexuel sauf chez certains hommes homosexuels chez les femmes en revanche lrsquoinitiation aux produits et en particulier agrave lrsquoinjection srsquoeffectue plutocirct dans le cadre de relations avec le partenaire sexuel

Soit il srsquoagit drsquoune opportuniteacute une femme envisage ou accepte des rela-tions sexuelles dans la perspective de se procurer un produit

Soit cela srsquoapparente agrave une manipu-lation en vue drsquoobtenir des faveurs sexuelles plus facilement un homme initie agrave la drogue une femme pour la rendre plus vulneacuterable et soumise sexuellement

Ce mecircme partenaire sexuel initia-teur peut devenir le fournisseur-dea-ler ce qui peut apparaicirctre au deacutepart comme plus simple pour se procurer le produit dans un cadre plus confiant devient une double deacutependance

Cette confusion des rocircles peut alors ecirctre un facteur drsquoescalade dans la consommation puis drsquoun enferme-ment dans la deacutependance

Enfin certains femmes usagegraveres de drogues se livrent agrave la prostitution avec par fois la mecircme personne comme dealer et proxeacutenegravete

Des conditions de consommations agrave risquesLe partage de mateacuteriel drsquoinjection est freacutequent au sein de couples consom-mateurs de drogues En proportion les femmes deacuteclarent partager davantage leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires sexuels qursquoinversement En ef-fet inversement les hommes usagers de drogues partagent majoritairement leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires de consommation de droguesDans la dynamique de couple le conjoint est souvent le deacutetenteur du produit lrsquoinitiateur aux drogues et agrave lrsquo injection Pour une par tie des femmes usagegraveres de drogues la pos-sibiliteacute de consommer est eacutetroitement lieacutee aux occasions qui leurs sont of-fertes par leur compagnon Cette absence de maicirctrise des cir-constances de consommation consti-tue un obstacle pour disposer de conditions confortables et choisies et notamment en disposant de mateacuteriel drsquoinjection steacuterile agrave usage personnel ideacutealement agrave usage unique

Le Guide laquo Femmes et Addictions raquo39 deacutecrit eacutegalement les liens multiples entre les violences subies et les conduites addictives dont les conseacute-quences sont plus freacutequemment ren-contreacutees chez les femmes

Les consommations de produits (al-cool et meacutedicaments principalement) ont une fonction anestheacutesiante de dis-sociation qui permet de supporter lrsquoinsupportable et sont une conseacute-quence freacutequente des violences subies

La consommation de produits illicites impose la freacutequentation drsquoun milieu plus violent ougrave le chantage sexuel et les vio-lences physiques sont nombreux

Lorsque lrsquoun des conjoints du couple est deacutependant agrave lrsquoalcool le niveau de violence conjugale est plus eacuteleveacute

Lrsquoeacutetat de conscience alteacutereacute peut ren-forcer les prises de risques et reacuteduire le controcircle de la situation favorisant no-tamment les violences sexuelles

Lrsquoaddiction chez une femme peut la rendre plus vulneacuterable aux yeux des hommes ce qui favorise les menaces et les violences agrave son encontre

La culpabiliteacute des megraveres associeacutee agrave la consommation de produits peut ecirctre redoubleacutee par les reproches drsquoun conjoint violent (lrsquoargument de laquo mau-vaise megravere raquo est tregraves freacutequemment employeacute par les auteurs de violences)

Lorsqursquoune femme subit des violences conjugales son isolement reacuteduit les chances de reacuteussite de son accompagne-ment et de ses soins en addictologie

39 laquo Les situations de violences raquo in Femmes amp Addic-tions ndash Accompagnement en CSAPA et CAARUD Feacutedeacuteration Addiction 2016 pp 40-50

ZOOM

Marginalisation de femmes en co-usage de drogues40

Une meacuteconnaissance en France sur la situation des femmes en usage probleacutematique de droguesEn France les femmes usagegraveres de drogues ayant un rapport probleacute-matique aux drogues sont mal connues Quand les femmes sont eacutetudieacutees crsquoest essentiellement agrave travers leur rocircle de megravere et des risques lieacutes agrave la prise de toxiques pour le fœtus durant la grossesse Les rares publications franccedilaises sur le sujet montrent que ces femmes sont particuliegraverement vulneacuterables vis-agrave-vis de la preacutecariteacute et sont for-tement exposeacutees agrave des pratiques agrave risque en lien avec lrsquousage des dro-gues et la sexualiteacute

Une meilleure approche dans la litteacuterature internationale deacutedieacutee Dans la litteacuterature internationale en revanche les publications relatives aux femmes usagegraveres de drogues sont nombreuses et concernent souvent la consommation de crack Les femmes y sont deacutecrites comme

40 Mar ie JAUFFRET-ROUSTIDE et a l laquo Femmes usagegraveres de drogues et pratiques agrave risque de transmission du VIH et des heacutepatites Compleacutementariteacute des approches eacutepideacutemiolo-gique et socio-anthropologique Enquecircte Coque-licot 2004-2007 France raquo BEH Theacutematique ndeg 10-11 10 mars 2009 pp 96-99

36 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 37

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les difficulteacutes de verbalisation par peur par pudeur ou par meacuteconnaissance de certains sujets tabous comme les senti-ments la sexualiteacute les prises de risques vont souvent donner lieu agrave une repreacute-sentation erroneacutee des conduites et consommations de leurs enfants sou-vent sous-estimeacutees En effet les parents ne mettent pas forceacutement en place en amont un dialogue sur les consomma-tions et les risques associeacutesUn sondage effectueacute par lrsquoINPES en 2010 montre que

17 des parents ne parlent jamais des risques lieacutes agrave lrsquoalcool avec leurs enfants

19 nrsquoont jamais exprimeacute leur deacute-saccord avec la consommation reacutegu-liegravere etou abusive drsquoalcool 21 ne parlent jamais des dangers lieacutes agrave la consommation de drogues 22 ne rappellent jamais que la consommation de drogues est inter-dite

Investissement sur lrsquoenfant trop ou pas assez Parallegravelement la relation parents-en-fants peut ecirctre lrsquoobjet drsquoun surinvestisse-ment de la part dudes parents dans une projection drsquoenfant ideacuteal ou au contraire drsquoun deacutesinvestissement no-tamment par deacutefaut de construction de lrsquoidentiteacute du parent Cette distorsion initiale agrave lrsquoimage de celle qui peut srsquoins-taller en co-deacutependance dans un couple affectera lrsquoapprentissage du jeune en termes de limites agrave trouver et de com-peacutetences de socialisation agrave acqueacuterir

Distorsions de perception des risques entre jeunes et parentsLes distorsions de perception des risques et des dommages lieacutes aux conduites addictives entre les parents et leurs enfants sont freacutequentes Souvent il y a banalisation inconsciente ou incon-seacutequente par les jeunes dramatisation par les parents mais aussi deacuteni ou aveu-glement du ou des parents sur lrsquoampleur de la probleacutematique addictive

Perception des jeunes de leurs propres conduites addictives

Pheacutenomegravene reacutecurrent et souvent relateacute le jeune va banaliser et minimi-ser sa consommation que ce soit pour le cannabis lrsquoalcool les jeux vi-deacuteo laquo Ccedila me deacutetend raquo laquo Je nrsquoen prends pas beaucoup raquo laquo Tout le monde fait pareil raquo laquo Je ne joue pas autant que ccedila raquo Cela met en jeu

La capaciteacute du jeune agrave se percevoir en difficulteacute donc agrave se connaicirctre Crsquoest justement lrsquoeacuteleacutement-cleacute de cet apprentissage que lrsquoon retrouve eacutegalement dans les problegravemes de scolariteacute et drsquoorientation

La capaciteacute agrave comprendre et affron-ter ses sentiments et ses question-nements reacuteaction agrave un contexte familial ou individuel difficile une sensibiliteacute ou fragiliteacute face agrave lrsquoattrac-tion du groupe Souvent ce sera les deux agrave la fois

PARENTS DrsquoENFANTS EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES Il srsquoagit ici drsquoapprocher ce qui se joue pour les parents en tant qursquoentourage directement impacteacute par les probleacutema-tiques addictives des adolescents

ILLUSTRATION

laquo Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques raquo eacutetude publieacutee en 2014 par lrsquoanpaa danS le nord-paS-de-calaiS

comprenant une eacutetude de litteacutera-ture une enquecircte et des preacuteconisa-tions Les constats suivants en sont pour partie tireacutes

Perturbation de lrsquoadolescence41 Avec lrsquoadolescence peacuteriode de boule-versements multiples les jeunes font lrsquoexpeacuterience de situations nouvelles Les compeacutetences psychosociales des pa-rents plus ou moins bien eacutetablies vont ecirctre interrogeacutees bousculeacutees et mises agrave mal par la question des consommations agrave risques Ces consommations inter-viennent avec une acuiteacute particuliegravere car elles tissent pour le parent la toile drsquoun futur soudainement inattendu dans lrsquoeacutevolution de leurs enfants laquo Jusque-lagrave tout allait bien raquo sera souvent leur pre-miegravere indication comme srsquoil y avait lrsquoenfant drsquoavant et lrsquoenfant drsquoapregraves Une rupture qui peut parfois ecirctre violente

41 Addictions familles et entourage Feacutedeacuteration Ad-diction 2012 72 p

pour le jeune usager comme pour le parentPremiegravere cigarette premiegravere sortie en soireacutee un joint trouveacute dans la chambre de son enfant une ou des ivresses reacutepeacute-teacuteeshellip Les parents ne sont pas (tou-jours) preacutepareacutes agrave ces laquo deacutecouvertes raquo Or la famille est le lieu ougrave se posent les limites drsquoun usage maicirctriseacute permettant une identification claire des risques et dommages la famille doit ecirctre un es-pace accessible pour clarifier les notions de plaisir et de risques dans le cadre drsquoun dialogue bienveillant

Entourage parental en questionne-ment Estime de soi et confiance en soi en

tant que parentPour oser solliciter drsquoautres parents etou des structures pour ecirctre aideacutes pour parvenir agrave produire un eacutechange eacutequili-breacute et de qualiteacute les parents doivent avoir confiance en eux Ce nrsquoest pas tou-jours le cas surtout quand les pratiques du jeune deviennent brusquement pro-bleacutematiquesPar ailleurs certains parents sont aussi en confrontation avec leur propre his-toire de jeunesse et drsquoeacuteducation qui vient se heurter agrave des pratiques expeacute-rientielles quelque part preacutevisibles et normales de la part de leur enfant Le comportement probleacutematique de lrsquoen-fant vient en reacutesonnance avec des diffi-culteacutes non reacutesolues de lrsquoenfance des parents La relation tend agrave se distordre sans que lrsquoenfant comprenne pourquoi cela engendre une telle reacuteactiviteacute ou non-reacuteactiviteacute du parent

38 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 39

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoampleur de la situation En jeu de miroirs drsquoinvestissements

neacutegatifs le jeune devient irraisonnable et nrsquoest pas ou plus en capaciteacute drsquoen-tendre ce que le parent lui dit

Le parent devient alors spectateur impuissant drsquoune deacutegradation du com-portement et du psychisme du jeune avec risques de violences contre soi ou autrui risques suicidaires par exempleUne souffrance parallegravele srsquoinstalle pour le jeune comme pour son entourage Des symptocircmes plus ou moins similaires affleurent conseacutequences de ces distor-sions de perception de la souffrance de lrsquoautre Chacun se persuade que lrsquoun ne doit pas srsquo inquieacuteter pour l rsquoautre laquo puisque crsquoest sa vie raquo

Lrsquoadolescence miroir inverseacute des parents42 Le contexte de lrsquoadolescence est aussi une peacuteriode deacutelicate pour les parents Crsquoest un peu aussi pour eux la confusion des sentiments et des ressentis Tandis que lrsquoenfant srsquoeacutemancipe les parents peuvent avoir le sentiment de perdre leur rocircle drsquoeacuteducateur pour un rocircle laquo su-balterne raquo de gestion des contingences mateacuterielles Parallegravelement tandis que le jeune est en pleine explosion de ces moyens physiques et mentaux eux abordent une seconde moitieacute de vie pas toujours dans la faciliteacute qui annonce un laquo deacuteclin raquo renvoyeacute drsquoailleurs active-ment par les pheacutenomegravenes de jeunisme drsquoune socieacuteteacute en mal de renouveau Les

42 Conduites addictives chez les adolescents ndash Usage preacutevention et accompagnement INSERM 2014 482 p (Expertise collective)

conflits freacutequents et exacerbeacutes entre parents et adolescents dans cette peacute-riode ne seront pas que le fait des deacute-passements de limites du jeune mais aussi parfois le fait drsquoune difficulteacute agrave pas-ser le cap pour le parent

Les tensions du couple parentalPreacuteexistantes ou symptomatiques drsquoune histoire eacuteducative diffeacuterencieacutee les ten-sions du couple peuvent venir compliquer la relation agrave lrsquoadolescent Lrsquoimportance de la composante eacutemotionnelle laquo neacutegative raquo au sein de la famille (critiques hostiliteacute jugement) repreacutesente un eacuteleacutement de vul-neacuterabiliteacutes de lrsquoindividu adolescent aug-mentant ses risques de conduites agrave risques notamment addictives

Place de la preacuteventionLe rocircle des intervenants va ecirctre de sou-tenir de reacuteassurer les uns et les autres selon que le jeune vienne seul ou ac-compagneacute en leur permettant de trou-ver un espace seacutecurisant dans lequel ils pourront reacuteinvestir leurs compeacutetences agrave sortir de cet engrenage et avoir un comportement responsable de leurs consommations Il faut aussi consideacuterer que lrsquoentourage des jeunes consommateurs srsquoeacutetend bien au-delagrave du cercle familial Cet entourage peut ecirctre tregraves concerneacute voire impacteacute par les difficulteacutes addictives du jeune eacutetablissement scolaire club spor tif groupe drsquoamis fratrieshellipLa preacutevention vis-agrave-vis de lrsquoentourage des adolescents pose la question essen-tielle du comment repeacuterer cela ne peut se faire que dans une synergie de plu-sieurs acteurs

Perceptions des conduites addic-tives des jeunes par lrsquoentourage paren-tal proche Les parents entourage immeacutediat du jeune affrontent un double regard

Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par leur enfant Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par le groupe social

Reacutepondre aux sollicitations pleacutethoriques de la socieacuteteacute de consommation comme aux exigences soudaines de liberteacute drsquoun preacute-adolecents qui exprime ses velleacuteiteacutes drsquoindeacutependance et de choix de groupe drsquoamis est un apprentissage permanent qui confronte les parents agrave leurs propres limites et compreacutehension

Le contexte socioculturel va influer sur les perceptions des limites agrave poserAinsi la banalisation des conduites ad-dictives est initieacutee le plus souvent lors de regroupements familiaux et justifieacutee comme moments de convivialiteacute cultu-relle Or ces comportements sont la source drsquoune deacuterive socieacutetale des consommations addictives drsquoalcool no-tamment qui touche les jeunes en plein croissance et en pleine construction ceacutereacutebrale alors mecircme qursquoun position-nement clair doit leur ecirctre donneacute

La banalisation de la crise drsquoadoles-cenceLes parents adossent souvent des com-portements abusifs ou extrecircmes agrave la seule crise drsquoadolescence arguant que cela est passager puisque deacutesormais la crise drsquoadolescence est abordeacutee comme un moment laquo attendu et entendu raquo dans lrsquoeacutevolution de lrsquoenfant Pourtant les

conduites addictives des jeunes preacute-adolescents et adolescents est un pheacute-nomegravene qui va au-delagrave de la crise drsquoado-lescence et peut ecirctre une source de repli sur soi et de deacutecrochage scolaire Ainsi les signes suivants ne sont pas tou-jours appreacutecieacutes agrave la hauteur de leur reacuteelle signification

Isolement dans la chambre Absence ou refus de communication

y compris avec leur groupe de pairs ou sauf si celui-ci est dans le mecircme proces-sus destructeur

Excegraves de violence

Un processus de co-deacutependance peut aussi srsquoinstaurer dans la relation agrave lrsquoenfant en risque ou en difficulteacute avec ses conduites addictives avec

La honte et la culpabiliteacute qui suc-cegravedent au deacuteni laquo Jrsquoai eacuteteacute trop laxiste avec luielle mais je voulais lui donner ce que je nrsquoai pas eu raquo laquo Jrsquoai voulu compen-ser le manque de lrsquoautre parent raquo

La certitude de pouvoir (vouloir) srsquoen sortir seul

Lrsquoisolement croissant avec lrsquoaddic-tion du jeune ecirctre toujours lagrave pour le proteacuteger le surveiller

La remise en jeu de ses propres dif-ficulteacutes drsquoenfance non reacutesolues soit en cherchant des justifications au compor-tement du jeune soit en ne toleacuterant rien et en installant une rigiditeacute extrecircme On peut alors parler de transmission trans-geacuteneacuterationnelle influant sur la relation existante agrave lrsquoautre

La dramatisation suit eacutegalement la neacutegation de la situation drsquoautant plus forte que le jeune la minimise Le parent aimant se sent alors impuissant face agrave

40 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 41

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Dans le contexte familial drsquoune probleacute-matique addictive drsquoun parent ou des deux les risques et dommages sur les enfants sont tregraves variables agrave court moyen ou long terme Les troubles conseacutecutifs agrave lrsquoaddiction du proche deacutependront du fonctionnement plus global de la famille et de son maintien de son organisation systeacutemique des comportements et atti-tudes du conjoint du deacutependant de lrsquoacircge des enfants lors du veacutecu des probleacutema-tiques addictives de leur parent

Troubles potentiels chez les enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesLorsque les parents sont dans lrsquoincapa-citeacute drsquoassurer certaines fonctions paren-tales habituelles courantes ou normales au regard de lrsquoattendu drsquoecirctre parent cela peut engendrer des troubles pour lrsquoenfant

Des troubles du deacuteveloppement lieacutes au deacutefaut de reacuteponses aux besoins psy-chiques etou physiques voire de com-portements de maltraitances

Une inseacutecuriteacute juridique lieacutee aux modaliteacutes deacutelictueuses drsquoaccegraves et de consommation des produits dans le cas de substances illicites

Une inseacutecuriteacute affective en tant que teacutemoin drsquoeacuteventuels conflits conjugaux lieacutes aux conduites addictives de leurmiddots parentmiddots en termes de causes comme de conseacutequences ou ecirctre pris agrave parti dans les conflits entre leurs parents voire sommeacutes de prendre parti

Un risque plus eacuteleveacute drsquoeacutevoluer vers des troubles psychiques et comporte-mentaux des conduites agrave risques des probleacutematiques addictives dans le cadre

drsquoune transmission intergeacuteneacuterationnelle qursquoen population geacuteneacuterale

Agrave court terme un risque reacuteel drsquoins-taller une forme de co-deacutependance propre agrave leur acircge et agrave leur nature drsquoen-fant Conseacutecutivement agrave la deacutefaillance de leurs parents ces enfants agissent dans la volonteacute de proteacuteger leur parent laquo malade raquo

Lrsquoenfant et le parent en difficulteacute avec ses conduites addictives45 46

Lrsquoenfant est un enjeu dans le systegraveme de reacutegulation de la famille

Pour comprendre son fonctionne-ment il faut comprendre son contexte drsquoeacutevolution les interactions entre les membres de sa famille capables drsquoenga-gement les uns envers les autres Ces interactions constituent des attitudes de laquo loyauteacute familiale raquo qui engendre une sorte de laquo comptabiliteacute raquo de ce que cha-cun donne de ce que chacun reccediloit et de ce que lrsquoon srsquoattend agrave recevoir en eacutechange

Dans le processus de parentifica-tion lrsquoenfant devient parent de son propre parent parent de sa fratrie ou conjoint drsquoun de ses parents Le principe de parentification peut permettre de deacutevelopper des compeacutetences agrave condi-tion que ce qui lui est demandeacute en termes de responsabiliteacute soit adapteacute agrave son acircge et qursquoil reccediloive une reconnais-sance de qursquoil peut faire

45 Catherine DUCOMMUN-NAGY laquo Nouvelles fa-milles nouvelle deacutefinition de la loyauteacute familiale raquo in S DrsquoAMORE (dir) Les nouvelles familles Approches cli-niques De Boeck Supeacuterieur pp 261-280

46 Philippe MICHAUD laquo Les enfants de parents al-cooliques raquo Le carnet PSY 20011 (ndeg 61) pp 33-35

PARENTIFICATION DES ENFANTS

ZOOM

La parentification

DeacutefinitionJean-Franccedilois Le Goff deacutefini la parenti-fication comme laquo un processus rela-tionnel interne agrave la vie familiale qui amegravene un enfant ou un adolescent agrave prendre des responsabiliteacutes plus im-portantes que ne le voudraient son acircge et sa maturation dans un contexte socioculturel et historique preacutecis et qui le conduit agrave devenir un parent pour ses (ou son) parents Crsquoest un processus impliquant toujours plusieurs geacuteneacutera-tions qui plonge ses racines dans les geacuteneacuterations des grands-parents et dont les conseacutequences peuvent tou-cher les geacuteneacuterations agrave venir raquo43

43 Jean-Franccedilois LE GOFF Lrsquoenfant parent de ses parents Parentification et theacuterapie familiale LrsquoHar-mattan 2000 256 p

laquo La notion de parentification appa-raicirct [hellip] une notion clinique englo-bante et complexe ayant lrsquointeacuterecirct drsquoapprocher un processus en action dans toutes les relations familiales mais surtout drsquoeacuteviter les descriptions simplistes se contentant de deacutesigner des rocircles ou des caracteacuteristiques indi-viduelles reacuteductrices de la complexiteacute du contexte relationnel Lrsquoenfant pa-rentifieacute nrsquoest pas toujours un laquo enfant adultifieacute raquo et ses (ou son) parents ne sont pas des laquo adultes immatures raquo Se baser sur une conception homo-gegravene de la maturiteacute est une simplifica-tion ne correspondant ni agrave la reacutealiteacute clinique ni agrave la vie quotidienne raquo44

44 Jean-Franccedilois LE GOFF laquo Theacuterapeutique de la parentification une vue densemble raquo Theacuterapie Familiale vol 26 ndeg 3 2005 pp 285-298

VIGILANCE

sur les sources drsquoinformationLe site internet et la chaine YouTube laquo Alcool et parents - comment parler drsquoalcool agrave vos enfants raquo sont proposeacutes par lrsquoassociation laquo Avec modeacuteration raquo (anciennement laquo Entreprise et preacutevention raquo) association qui reacuteunit les princi-pales entreprises franccedilaises du secteur des vins et champagnes biegraveres et spiri-tueux en meacutetropole et agrave La Reacuteunion Son discours de preacutevention est donc influenceacute pour ne pas dire dicteacute par lrsquoactiviteacute agrave but lucratif de ses membresCes informations eacutetant issues des producteurs drsquoalcool eux-mecircmes sont degraves lors orienteacutees Crsquoest lrsquoune des formes multiples de la strateacutegie de lobbying des alcooliers

42 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 43

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

Risque de co-deacutependance amp ParentificationGroupeS de parole agrave deStination drsquoenfantS de familleS en difficulteacute avec leurS conduiteS addictiveS en bretaGne

CONTEXTE LrsquoANPAA en Ille-et-Vilaine co-anime agrave Rennes depuis 2000 avec le CSA-PA un groupe de parole drsquoenfants is-sus de famille agrave dysfonctionnement alcoolique Cette deacutemarche srsquoest deacute-veloppeacutee sur cinq territoires drsquoIlle-et-Vilaine eacutelargie depuis 2014 aux quatre deacutepartements bretonsUne eacutevaluation de la mise en œuvre de ces groupes a eacuteteacute meneacutee en 2014LrsquoANPAA accompagne des acteurs en Bretagne dans la mise en œuvre de ces groupes sur leurs territoires par la formation laquo Enfants de parents deacute-pendants comprendre et intervenir raquo

ORIGINE DU PROJET

Lrsquoinitiative de creacuteer ces groupes de paroles reposait sur un triple constat

Peu de structures etou de dispo-sitifs existaient pour accompagner les enfants issus de ces familles

Le systegraveme familial marqueacute par lrsquoalcool a des conseacutequences sur la vie quotidienne de lrsquoenfant que cela soit en termes de vie quotidienne (vio-lences eacuteventuelles absenceshellip) drsquoatti-tudes vis-agrave-vis de ses parents ou drsquoacquisitions de rocircles lui permettant de maintenir le lien avec ses parents

La non-prise en compte de cette

laquo vie drsquoenfant raquo et de lrsquoeacutequilibre dans les relations au sein du systegraveme fami-lial dans le respect de son identiteacute peut agrave terme entraicircner le deacuteveloppe-ment de conduites agrave risques etou amener la reproduction pour lrsquoenfant lors du passage agrave lrsquoacircge adulte drsquoun modegravele familial marqueacute par lrsquoalcool Forte de ces constats lrsquointervention sous forme de groupes repose sur lrsquoobjectif de laquo rompre lrsquoisolement raquo dans lequel les enfants se trouvent au sein de la cellule familiale De mecircme lrsquoutilisation de la parole comme meacutethode et objet des groupes srsquoinscrit comme une premiegravere eacutetape indispensable agrave la restauration de lrsquoes-time de soi Les objectifs des groupes de paroles sont bien drsquoapporter du soutien ndash sans le jugement sur la famille - et drsquoordre preacuteventif en reacuteduisant les risques de recours aux produits psy-choactifs etou drsquoentrer dans la reacutepeacuteti-tion des conduites de deacutependance agrave lrsquoacircge adulte La forme choisie et les objectifs poursuivis correspondent aux caracteacuteristiques du public

PUBLIC jeunes de 10 agrave 18 ans impacteacutes par les conduites addictives de leurs parents

OBJECTIFS GEacuteNEacuteRAUX

Proposer un lieu drsquoeacutecoute pour li-beacuterer la parole des jeunes

Favoriser les eacutechanges avec et entre les enfants et les adultes

Partager les veacutecus et sentiments personnels

Chez le jeune enfant (avant lrsquoadoles-cence) la parentification instaure un comportement de loyauteacute indeacutefectible qui empecircche lrsquoenfant drsquoexprimer ses dif-ficulteacutes

La deacutefaillance du parent voire la maltraitance porteacutee par le symptocircme addictif amegravene lrsquoenfant agrave se rendre le plus invisible possible pour deacuteranger le moins possible La reacuteaction de surpro-tection de lrsquoenfant est un don jamais suffisant pour compenser ce que le pa-rent ne peut lui appor ter Lrsquoenfant cherche agrave excuser le parent malade plu-tocirct qursquoagrave le rejeter De ce fait lrsquoenfant ne peut verbaliser explicitement une de-mande drsquoaide ni exprimer son eacutetatsa situation par un quelconque symptocircme Mais la difficulteacute des adultes agrave aborder avec lui la question des consommations de substances psychoactives amegravene souvent lrsquoenfant agrave douter de ses percep-tions et agrave se renforcer dans son rocircle deacutefensif

Chez lrsquoadolescent la parentification nrsquoempecircchera pas le jeune de trouver la ressource de srsquoopposer Les formes de ses difficulteacutes seront donc plus souvent laquo symptomatiques raquo mais cela ne signi-fie pas qursquoelles soient pour autant plus faciles agrave aborderIdentifier et preacutevenir les risques de pa-rentification est un enjeu pour la future vie drsquoadulte de lrsquoenfant Crsquoest aussi une eacutetape essentielle pour un meilleur ac-compagnement et soins du parent en difficulteacute avec ses conduites addictives sur le plan de sa fonction parentale

Preacutevention des risques chez lrsquoenfant de parent en difficulteacute avec ses conduites addictivesPlusieurs axes sont essentiels agrave la preacute-vention des risques et agrave la reacuteduction des dommages concernant les enfants en danger de parentification

Le repeacuterage systeacutematique des eacuteven-tuelles probleacutematiques familiales des adultes accompagneacutes en soins en addic-tologie ou conjoint de ses personnes

La formation des intervenants du secteur de lrsquoenfance le repeacuterage des enfants en souffrance passe en premier lieu par un renforcement des capaciteacutes drsquointervention des personnes du secteur de lrsquoenfance La formation en addictolo-gie doit viser une deacuteconstruction des repreacutesentations une capaciteacute de com-preacutehension des probleacutematiques addic-tives de repeacuterage chez les enfants qui en subissent les conseacutequences une ca-paciteacute drsquoorientation vers les dispositifs speacutecialiseacutes si neacutecessaire

Lrsquoeacutecoute lrsquoobjectif premier en ac-tions de preacutevention sur ce sujet est de trouver les ressorts pour favoriser la parole des enfants en collectif ou en individuel Freacutequemment des enfants preacute-adolescents ou adolescents confient leurs difficulteacutes ou soucis face aux pro-bleacutematiques addictives de leurs parents agrave un animateur qui intervient au deacutepart sur leurs propres conduites addictives Cette eacutecoute doit ecirctre active et doit permettre si besoin une orientation vers un accompagnement individuel de lrsquoenfant en structure speacutecialiseacutee ou pas

44 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 45

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Inscrire formellement lrsquoorientation dans le cadre des pratiques profes-sionnelles

Ces aspects sont agrave mettre en rela-tion avec le laquo parcours du jeune raquo

lrsquoayant meneacute agrave la reacuteunion du groupe de paroles et agrave croiser avec les lieux de vie dans lequel le jeune peut ren-contrer le professionnel laquo orienteur raquo

Aider agrave la formulation par les en-fants de solutions favorables agrave leur bien-ecirctre

Garantir un accompagnement par des professionnels de la relation drsquoaide

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider lrsquoenfant agrave Prendre conscience nommer ses besoins propres Repeacuterer nommer ses eacutemotions Nommer les solutions qursquoil adopte pour geacuterer ses eacutemotions Eacutelaborer et nommer des solutions alternatives

PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT

DU GROUPE DE PAROLE

Le recrutement des jeunes peut se faire par les familles par lrsquointermeacute-diaire de professionnels ou drsquoune as-sociation par le jeune lui-mecircme

Chaque jeune est reccedilu preacutealable-ment en entretien individuel drsquoaccueil pour creacuteer la premiegravere relation preacute-senter le fonctionnement du groupe de parole et reacutepondre agrave ses questions

Le groupe fonctionne comme un groupe ouvert chaque jeune a la pos-sibiliteacute drsquoassister au nombre de reacuteu-nions qursquoil choisit il peut quitter le groupe agrave tout moment

Un adulte annote les paroles des jeunes sur un cahier durant la seacuteance qui est mis par la suite agrave leur disposi-tion Objectifs permettre les trans-missions entre adultes reacutefeacuterents et animateurs et permettre aux jeunes

de repeacuterer leur propre eacutevolution Des outils drsquoanimation comme le

geacutenogramme les lunettes drsquoalcooleacute-mie les teacutemoignages les bandes des-sineacuteeshellip peuvent ecirctre utiliseacutes et les jeunes peuvent aussi amener des sup-ports individuels tels que des poeacutesies chansons dessinshellipGroupe reacuteuni tous les 15 jours drsquoune dureacutee drsquoenviron 1 h 30

PREacuteCONISATIONS

Preacuteserver la mixiteacute et la diversiteacute professionnelle des intervenants dans lrsquoanimation du groupe cet aspect implique notamment la prise en compte par les institutions le fait que le temps drsquoanimation et de supervi-sion soient consideacutereacutes comme temps de travail

Renforcer le sentiment drsquoapparte-nance entre les animateurs des groupes de paroles

Renforcer la formation sur lrsquoanimation Expeacuterimenter de nouvelles techno-

logies

ORIENTATION

Informer les professionnels sur ce qursquoest un groupe de parole

Par une diffusion sur les lieux de vie des jeunes (collegravegues lyceacutees maison des adolescents foyer eacuteducatifhellip)

Par des preacutesentations dans les ins-titutions etou services concerneacutes par lrsquoaccueil des jeunes

En associant la preacutesentation des groupes de parole aux programmes de preacutevention meneacutes dans les structures

ZOOM

Preacutevention des risques et des dommagesenfance en danGer informationS preacuteoccupanteS et SiGnalement47

Ce que dit la loi Le fait pour quiconque ayant eu connaissance de privations de mau-vais traitements ou drsquoagressions ou atteintes sexuelles infligeacutes agrave un mineur ou agrave une personne qui nrsquoest pas en mesure de se proteacuteger en raison de son acircge drsquoune maladie drsquoune infir-miteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique ou drsquoun eacutetat de grossesse de ne pas en informer les autoriteacutes judiciaires ou administratives est puni de 3 ans drsquoemprisonnement et de 45 000 euros drsquoamende48

Cateacutegories de publics concerneacutees Personnes en situation de fragiliteacute

les mineurs et les personnes acircgeacutees les personnes malades atteintes drsquoune

47 Pour aller plus loin le site de service public httpswwwservice-publicfrparticuliersvosdroitsF781

48 Article 434-3 du Code Peacutenal modifieacute par la loi ndeg 2016-297 du 14 mars 2016-art46

infirmiteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique et les femmes enceintes

Alors que jusque-lagrave seuls les mi-neurs de 15 ans eacutetaient concerneacutes la loi du 14 mars 2016 relative agrave la pro-tection de lrsquoenfance ne distingue plus entre les diffeacuterents acircges et ouvre agrave tous les mineurs

Deacutefinition de lrsquoenfance en dangerUn enfant est consideacutereacute en danger ou risque de lecirctre si sa santeacute sa seacutecuriteacute sa moraliteacute ou son deacuteveloppement physique affectif intellectuel et social sont compromis

Lorsqursquoil est victime de violences physiques ou psychologiques de neacutegli-gences lourdes ayant des conseacutequences graves sur son deacuteveloppement

Lorsqursquoil est victime drsquoagression sexuelle

Lorsque ses conditions de vie peuvent compromettre sa santeacute sa seacutecuriteacute et son eacuteducation

Signalement Il peut ecirctre adresseacute agrave lrsquoautoriteacute judi-ciaire ou agrave lrsquoautoriteacute administrative En cas drsquourgence ou de crimes ou de deacutelits graves le Parquet doit ecirctre

46 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 47

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CHAMP SOCIAL

On srsquointeacuteressera ici agrave deux situations de co-deacutependance dans le champ social entre adolescents drsquoune part en milieu professionnel drsquoautre part

CO-DEacutePENDANCE ENTRE ADOLESCENTS

Lrsquoadolescence une peacuteriode de recherche des limites et de soi-mecircme

La socialisation deacutebute degraves la nais-sance et se poursuit tout au long de la vie Elle commence dans lrsquointeraction avec les parents et le cercle familial eacutelar-gi et srsquoouvre progressivement en re-cherchant la compagnie des autres

Par ailleurs des instances de sociali-sation qui prennent autant de formes de groupes drsquoappar tenance (modes drsquoaccueil et scolarisation associations reacuteseaux sociaux etc) interfegraverent sur le rocircle eacuteducatif des parents

Agrave lrsquoadolescence les enfants se deacute-tournent du groupe familial avec plus ou moins de soif de liberteacute et drsquoindeacutepen-dance selon les individus et la deacutemarche eacuteducative des parents Dans une re-cherche narcissique drsquoidentification lieacutee agrave une peacuteriode de bouleversements psy-chiques et physiques ils cherchent agrave laquo construire raquo une personnaliteacute mais aussi agrave deacutepasser les limites fixeacutees par leur eacuteducation lrsquoenvironnement social familial ainsi que leurs propres peursmanques

Par ailleurs ces attitudes et compor-tements sont eacutemailleacutes de doute sur soi et sur le monde Certains font preuve drsquoun eacuteloignement drsquoune distance mar-quante que ce soit dans la relation agrave la famille ou aux amis habituels laquo Le jeune est souvent eacutetranger agrave lui-mecircme on pourrait mecircme dire que son corps fait partie de son entourage proche raquo49

Lrsquoidentification au groupeLa co-deacutependance des adolescents au sein drsquoun groupe drsquoamis ou du moins de freacutequentations amicales est en lien eacutetroit avec le contexte de socialisation qui srsquoopegravere agrave cet acircge dans le cercle exteacute-rieur agrave la famille Les adolescents srsquoinsegraverent agrave des groupes particuliers (ou groupes drsquoappartenance) qursquoils soient naturels spontaneacutes ou structureacutes socialement Ces groupes se forment dans le cercle scolaire sportif ou drsquoactiviteacutes culturelles parfois aussi dans le quartier ou la zone reacutesidentielle Lrsquoadolescent est en mesure parfois de srsquoinseacuterer au sein de plusieurs groupes diffeacuterencieacutes par leurs centres drsquointeacuterecirct commun (les amis du collegravege du club de sport du cercle amical de la famille etc) Dans le contexte actuel de famille freacutequemment deacutenucleacuteariseacutee lrsquoado-lescent aura entre ces deux parents de multiples occasions de partir agrave la deacutecou-verte de nouveaux environnements Par ailleurs suivant les liberteacutes prises ou accordeacutees en termes de sortie le champ relationnel des jeunes devient vite ex-ponentiel

49 Veacuteronique GARGUIL laquo Les multiples entourages du jeune consommateur raquo Actal ndeg 3 2007 pp 18-19

saisi prioritairement afin drsquoordonner des mesures de protections de la vic-time et diligenter une enquecircte il convient drsquoinformer en parallegravele les autoriteacutes administratives

Information preacuteoccupanteLrsquoinformation preacuteoccupante est une proceacutedure qui permet de signaler une situation drsquoun enfant en danger ou ris-quant de lrsquoecirctre Cette information preacuteoccupante peut ecirctre faite

Par courrier au Preacutesident du Conseil Deacutepartemental il existe dans chaque Conseil Deacutepartemental une cellule deacutedieacutee au recueil drsquoinfor-mations preacuteoccupantes porteacutee par lrsquoAide Sociale agrave lrsquoEnfance (ASE) lrsquoin-formation peut se faire par courrier par teacuteleacutephone par mail et lors drsquoun accueil physique Tous les signale-ments peuvent ecirctre faits drsquoune ma-niegravere anonyme

Par teacuteleacutephone en contactant le 119 (Service National drsquoAccueil Teacuteleacute-phonique pour lrsquoEnfance en Danger (SNATED) 24h24h et 7 jours sur 7)

Par teacuteleacutephone en contactant le 17 Police ou Gendarmerie (24h24h)

Lorsque la situation de lrsquoenfant est drsquoune extrecircme urgence (par exemple en cas de maltraitance de violences sexuelles) il est possible de saisir di-rectement le Procureur de la reacutepu-blique

Proceacutedure apregraves information Degraves reacuteception des informations

preacuteoccupantes lrsquoASE procegravede agrave une analyse de premier niveau afin drsquoap-preacutecier la suite agrave donner

En cas drsquoinfractions peacutenales (agres-sions sexuelles ou violences aveacutereacutees) la cellule transmet immeacutediatement les informations au Procureur de la Reacutepu-blique

Dans les autres cas la cellule sol-licite une eacutevaluation de la situation aupregraves du service territorial drsquoaction sociale compeacutetent

Lrsquoeacutevaluation solliciteacutee devra per-mettre drsquoappreacutecier si lrsquoenfant signaleacute se trouve en situation de danger et de proposer agrave la famille toutes les mesures drsquoaide permettant de remeacute-dier agrave la situation

Si la famille refuse lrsquointervention du service territorial drsquoaction sociale et que le danger perdure un signale-ment au Procureur de la Reacutepublique est effectueacute par la cellule Le juge des enfants peut ecirctre saisi et deacutecider toute mesure de protection judiciaire approprieacutee

48 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 49

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

car ils sont precircts agrave beaucoup pour ecirctre accepteacutes par leurs pairs et se focalisent sur les reacuteactions perccedilues agrave leur en-contre

Si nombre de jeunes parviennent agrave maicirctriser leurs tentations une partie non-neacutegligeable drsquoentre eux a tregraves tocirct des expeacuteriences de consommation de produits psychotropes et drsquoalcool en groupe agrave un acircge ougrave la toute-puissance supposeacutee du corps pousse en geacuteneacuteral agrave neacutegliger le risque de probleacutematique addictive

PreacuteventionPartant de ce constat lrsquoexpertise IN-SERM relative aux conduites addictives chez les jeunes51 souligne lrsquointeacuterecirct de sensibiliser les jeunes agrave lrsquoinfluence des amis pour preacutevenir les initiations et eacuteventuelles conduites addictives plus tard Les compeacutetences psychosociales qui doivent ecirctre deacuteveloppeacutees sont la gestion de lrsquoinfluence des pairs et la ca-paciteacute drsquoaffirmation de soi

51 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

ZOOM

Srsquoinscrire dans une appartenance lrsquoinfluence du groupe dans les motivations et trajectoires de conduites addictives agrave lrsquoadolescence52

Lrsquoenjeu de sociabiliteacute et la dimension collective deacuteterminent toutes les ini-tiations aux drogues Lrsquoaspect relation-nel domine les reacutecits il srsquoagit agrave la foi drsquoexpeacuterimenter les sentiments per-ceptions et penseacutees drsquoautrui et de former une communauteacute affective immeacutediate laquo Essayer ensemble raquo est souvent preacutesenteacute comme un signe drsquoadheacutesion de confiance drsquoidentifica-

52 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations moti-vations et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo Tendances ndeg 122 Deacutecembre 2017 8 p

tion et de validation mutuelles en particulier chez les filles (agrave lrsquoimage des reacutecits drsquoinitiation tabagique avec laquo une meilleure amie raquo en secret comme pour sceller un engagement intime reacuteciproque) Agrave lrsquoinverse parmi les gar-ccedilons la premiegravere cigarette est eacutegale-ment fumeacutee en groupe souvent avec les aineacutes consideacutereacutes comme des men-tors Le point commun de toutes ces expeacuterimentations (tabac alcool can-nabis) est le renforcement drsquoun lien Il srsquoagit selon les cas de consolider une alliance ou de conjurer le risque de mise agrave lrsquoeacutecart du groupe (agrave lrsquoimage de la justification laquo tout le monde fume alorshellip raquo) Le capital social est parfois expliciteacute laquo Jrsquoavais des problegravemes drsquoacceptation donc je pensais que en fumant ccedila allait plus me socialiser raquo (Thomas 16 ans)

Importance et inf luence du laquo groupe drsquoamis raquo sur les tenta-tives de lrsquoadolescent50

Crsquoest tregraves souvent au cœur des groupes drsquoappartenance que se font les premiegraveres consommations de subs-tances psychoactives

Les jeunes dont les amis consomment des produits psychoactifs preacutesentent des niveaux de consommation plus eacutele-veacutes que ceux dont les amis ne consom-ment pas Ceci reflegravete probablement agrave la fois

La faccedilon dont les adolescents choi-sissent leurs amis Lrsquoinfluence des consommations des pairs sur les populations adoles-centes

Ce constat est eacutegalement valable pour les jeux de hasard et drsquoargent et les jeux videacuteo drsquoautant plus que leur pratique est ressentie comme un loisir agreacuteable excitant et associeacute agrave des valeurs posi-tives

Concernant les tentatives drsquousage de produits psychotropes de nombreuses eacutetudes ont eacuteteacute meneacutees pour mieux appreacutehender les comportements des jeunes et la perception qursquoils ont de leurs cercles amicaux en tant qursquoinfluen-ceurs de prise de risques

Lrsquoinfluence du groupe de pairs sera drsquoautant plus manifeste que les parents ne peuvent assurer une surveillance et garantir un attachement de qualiteacute

Lrsquoidentification au groupe deacuteveloppe une notion drsquoappartenance qui peut

50 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

devenir vitale pour le jeune adolescent notamment srsquoil est peu rassureacute ou mal agrave lrsquoaise avec son individualiteacute

Certains adolescents sont precircts agrave aller tregraves loin pour ecirctre accepteacutes dans un groupe Les pheacutenomegravenes de rejet ou de moqueries de la part de groupes peuvent aussi provoquer une mise en abicircme de lrsquoadolescent

Ambivalence du groupe drsquoapparte-nance Pour les adolescents et les jeunes adultes le groupe drsquoappartenance peut revecirctir plusieurs formes

Le clan facteur de construction iden-titaire est une source drsquoaffection de soutien moral de questionnements et de deacutepassement de soi Il peut aussi ecirctre source drsquoinhibitions parfois bloquantes agrave lrsquoeacutecole ou ailleurs Agrave travers le clan le jeune trouve une limite agrave lrsquoeffet miroir et parvient peu agrave peu agrave srsquoindividualiser et agrave construire sa propre identiteacute

Le clan peut aussi ecirctre facilitateur de prises de risques lrsquoeffet groupe a ten-dance agrave creacuteer une barriegravere agrave lrsquointeacuterieur de laquelle le jeune se sent proteacutegeacute et tout-puissant libre de multiplier les prises de risques

Les expeacuteriences agrave risques constituent pour les membres du clan une eacutechappa-toire dont ils srsquoempareront pour sortir de leur quotidien dans lequel la pression est souvent grande conflits familiaux examens premiers amours permis orientation

Contrairement agrave ce qursquoils pensent les adolescents ne perccediloivent pas et ne maitrisent pas toujours la nature nocive de certains rapports amicaux de groupe

50 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 51

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

THEgraveMES

Ces DVD permettent daborder diffeacuterentes theacutematiques question-neacutees par ladolescence

Ecirctre adolescent Ladolescence Ecirctre en lyceacutee professionnel ecirctre interne Les relations parents-adoles-cents ecirctre parent dadolescent Les conduites addictives tabac cannabis alcool eacutecrans Lrsquoamour et la sexualiteacute Le bonheur

CO-DEacutePENDANCE EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte53 Les probleacutematiques addictives en milieu professionnel sont nommeacutees comme telles car elles concernent des travail-leurs qui font eacutetat de difficulteacutes varieacutees et laissent apparaicirctre les effets drsquoune conduite addictive sur le lieu de travail voire en consommant sur le lieu de travail

Les usages de substances psychoactives en milieu professionnel peuvent ecirctre consideacutereacutes sous deux eacuteclairages compleacute-mentaires drsquoun mecircme pheacutenomegravene qui ne doivent pas ecirctre opposeacutes

Eclairage selon lequel les conduites addictives peuvent faire peser des risques sur la seacutecuriteacute en milieu professionnel et sur les performances des organisations

53 Christophe PALLE Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel OFDT note de synthegravese ndeg 2015-05 8 octobre 2015 13 p

Eclairage selon lequel le travail est consideacutereacute comme deacuteterminant de la santeacute des professionnels santeacute elle-mecircme facteur de seacutecuriteacute et de perfor-mance des organisations il srsquoagit donc drsquoanalyser les liens entre conduites ad-dictives et travail (organisation du travail management culture drsquoentreprise)

Les conduites addictives peuvent impac-ter un large laquo entourage raquo en milieu professionnel du collaborateur au cadre dirigeant voire tout un service de lrsquoen-treprise Ces conduites addictives long-temps passeacutees sous silence sont de plus en plus deacutevoileacutees et eacutetudieacutees du fait

Drsquoune intensification des tacircches et de la reacuteduction des effectifs dans de nom-breux domaines drsquoactiviteacutes De ce fait lrsquoentourage professionnel mecircme srsquoil envisage difficilement et tardivement de faire connaicirctre le comportement addic-tif du collaborateur aura de plus en plus de mal agrave assumer les reports de tacircches et lrsquoambiance deacuteleacutetegravere induits par lrsquoad-diction du collaborateur

Drsquoune leacutegislation plus contraignante pour les employeurs qui sont respon-sables de la santeacute au travail de leurs employeacutes

Drsquoune approche plus efficiente du tabou des addictions en milieu profes-sionnel

Toutefois il est agrave remarquer que nombre drsquousagers de drogues de co-caiumlne notamment demeurent invisibles Leur addiction plus ou moins maicirctriseacutee reste largement masqueacutee par un com-portement dissocieacute entre sphegraveres pri-veacutee et professionnelle Ainsi une grande

ILLUSTRATION

Coffret de deux DVD et livret laquo Adolescences raquo produit par lrsquoanpaa danS lrsquooiSe

Ce coffret de deux DVD permet daborder la question des conduites addictives en srsquointeacuteressant agrave ladoles-cence de maniegravere globale dans une approche positive de la santeacute Dune dureacutee de 3 h 20 il a eacuteteacute reacutealiseacute dans le cadre drsquoun partenariat entre lrsquoANPAA dans lrsquoOise et le lyceacutee professionnel Jules Verne de Grandvilliers gracircce agrave la mobilisation de pregraves de 200 per-sonnes sur 3 anneacutees (de sept 2012 agrave septembre 2015) dans la construction des interviews les teacutemoignages leacutecri-ture et le tournage de sceacutenarios le montage videacuteo la reacutedaction et la lec-ture du livret daccompagnement jusquagrave la composition de la bande originale

PUBLIC DESTINATAIRE

Il srsquoadresse aux adolescents de 12 agrave 20 ans environ aux parents drsquoadolescents aux professionnels travaillant aupregraves drsquoadolescents etou de leurs parents

OBJECTIFS

Amener les adolescents les adultes (professionnels etou parents dadolescents) agrave reacutefleacutechir agrave verbaliser leurs repreacutesentations agrave deacutebattre et reacuteagir suite au visionnage de certaines de ces interviewssceacutenarios

Apporter des repegraveres et des eacuteleacute-

ments theacuteoriques pour mieux cerner les enjeux et comprendre chacune des theacutematiques qui gravitent autour de ladolescence (conduites addictives les eacutecrans lamour et la sexualiteacutehellip)

Faire prendre conscience aux pa-rents aux professionnels et aux ado-lescents que chacun a sa propre re-preacutesent at ion de ce que s t ladolescence et quelle nest pas for-ceacutement synonyme de crise de turbu-lences de violence de problegravemes de conflits malgreacute certains preacutejugeacutes

Montrer aux adolescents et aux parents quecirctre parent nest pas for-cement inneacute acquis facilehellip

Rassurer accompagner les parents dans leurs rocircles et les aider au mieux agrave avoir confiance en eux et en leurs en-fants (dans laffirmation de leurs posi-tionnements les aider agrave faire le tri entre les principes fondamentaux et les conseils divulgueacutes dans les meacutedias)

CONTENU Deux DVD

laquo Surfer entre plaisirs et prises de risques adolescences raquo coreacutealiseacute avec des adolescents laquo Regards croiseacutes sur (ce qui nest pas une maladie) ladolescence raquo coreacutealiseacute avec des professionnels parents et adolescents

Un livret daccompagnement Un site internet deacutedieacute wwwado-lescencesfr sur lequel figure des fiches danimation et des fiches peacutedagogiques en lien avec cinq des 8 theacutematiques

52 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 53

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

et de la restauration Les personnels du secteur de la construction sont plus par-ticuliegraverement en tecircte pour les subs-tances licites alors que pour les subs-tances illicites crsquoest dans le secteur des arts et spectacles puis de lrsquoheacutebergement et de la restauration que les preacutevalences de consommation sont les plus eacuteleveacutees

Le secteur de lrsquoagriculture sylvicul-ture et pecircche se caracteacuterise par des preacutevalences eacuteleveacutees uniquement pour lrsquoalcool surtout pour la consommation quotidienne

Deux autres secteurs figurent aussi parmi les plus fortement consomma-teurs bien que dans une moindre me-sure celui de lrsquoinformation et de la com-munication surtout pour les substances illicites et celui des produits manufactu-reacutes pour les substances licites

Agrave lrsquoautre extrecircme du classement quatre univers de travail se caracteacuterisent par des niveaux plus faibles de consom-mation pour la quasi-totaliteacute des subs-tances lrsquoadministration publique lrsquoensei-gnement le milieu de la santeacute humaine et de lrsquoaction sociale et les activiteacutes de service aux meacutenages

Consommations au cours de la journeacutee de travail58

En-dehors des occasions telles que les laquo pots raquo et les repas 189 des hommes et 103 des femmes soit 164 des actifs occupeacutes ont un usage drsquoalcool au moins occasionnel et ont consommeacute de lrsquoalcool durant leur temps de travail au moins une fois dans lrsquoanneacutee (Beck et al 2013)

58 Ibid

La proportion de ceux qui deacuteclarent consommer pendant leur temps de tra-vail au moins une fois par semaine est beaucoup plus faible mais atteint 35 (parmi les actifs occupeacutes des deux sexes confondus acircgeacutes de 16 agrave 64 ans et qui consomment au moins occasionnelle-ment de lrsquoalcool) Ce pourcentage re-preacutesente 15 de lrsquoensemble des actifs occupeacutes

Addictions comportementalesCes conduites addictives comporte-mentales ont des impacts sur le collectif de travail et pas seulement sur les per-sonnes concerneacutees

La techno-deacutependance59 est une rela-tion aux nouvelles technologies inter-net messageries teacuteleacutephones mobiles reacuteseaux sociaux etc Ces outils sont lar-gement reacutepandus en milieu profession-nel Leur usage abusif peut devenir pro-bleacutematique impactant les collaborateurs maintenus en reacuteseau au-delagrave de leur temps de travail 37 des actifs deacute-clarent utiliser les outils numeacuteriques professionnels hors temps de travail60 Conscient de ces risques dans lentre-prise un droit agrave la deacuteconnexion a eacuteteacute inscrit dans la loi travail de 2016

Les addictions comportementales font reacutefeacuterence agrave des attitudes reacutepeacuteteacutees sur un mode obsessionnel Le workaho-lisme en fait partie

59 Pour aller plus loin Bruno METTLING Transfor-mation numeacuterique et vie au travail septembre 2015 69 p

60 Pratiques numeacuteriques des salarieacutes pendant les congeacutes ELEAS septembre 2017

part de ces consommateurs est tregraves bien inteacutegreacutee ndash eacutetudiants cadres intel-lectuels politiques ndash et parvient agrave reacutegu-ler leurs usages pour mieux eacutechapper en premier lieu agrave la reacuteprobation sociale voir agrave des sanctions professionnelles Leurs addictions si tant est qursquoelles demeurent longtemps non apparentes peuvent un jour conduire suite agrave un effet deacuteclen-cheur agrave des impacts en milieu profes-sionnel parfois gravissimes (accidents du travail burn-out suicides ) Ces conduites addictives sont souvent lieacutees agrave une pression sociale et agrave des pratiques reacutecurrentes de certains milieux sociaux-professionnels

Principales substances psychoac-tives consommeacutees chez les actifs occupeacutes54

Tabac 304 fument quotidienne-ment Alcool 73 en consomment quo-tidiennement 95 ont des ivresses reacutepeacuteteacutees 186 ont une alcoolisa-tion ponctuelle importante dans le mois 73 ont une consommation agrave risque chronique

Cannabis 9 en consomment au moins une fois par an

Cocaiumlne 08 en consomment au moins une fois par an Ecstasyampheacutetamine 05 en consomment au moins une fois par an

54 Baromegravetre santeacute 2014 INPES lt httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2014indexasp gt

Consommations selon les profes-sions et cateacutegories sociales55 Des diffeacuterences genreacutees sont agrave distin-guer en matiegravere de consommation de tabac alcool meacutedicaments psycho-tropes cannabis cocaiumlne et ecstasyampheacutetamines

Chez les hommes Globalement les plus consommateurs sont les employeacutes et les ouvriers Les cadres et les agriculteurs sont globalement les moins consomma-teurs Les artisans commerccedilants et chefs drsquoentreprise et les professions inter-meacutediaires se situent entre les deux

Chez les femmes la diffeacuterenciation est moins grande56

Les agricultrices restent les moins consommatrices Les cadres et les employeacutees sont globalement les plus consomma-trices

Consommations suivant les sec-teurs drsquoactiviteacute57

Trois secteurs se retrouvent presque systeacutematiquement dans le trio de tecircte du classement selon le niveau de preacuteva-lence pour les diffeacuterentes substances qursquoelles soient licites ou illicites la construction le secteur englobant les arts les spectacles et les services reacute-creacuteatifs et le secteur de lrsquoheacutebergement

55 Christophe Palle Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel op cit

56 Attention la faiblesse des effectifs doit inciter agrave la prudence dans lrsquointerpreacutetation des diffeacuterences entre cateacutegories

57 Ibid

54 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 55

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Meacutecanismes drsquoaddiction en milieu professionnel Les conduites addictives en milieu de tra-vail ont une origine mixte lieacutee agrave la sphegravere priveacutee mais aussi agrave certains facteurs lieacutes agrave lrsquoactiviteacute professionnelle Ces derniers relegravevent de deux meacutecanismes65

Lrsquoacquisition consommation agrave lrsquooc-casion des pots en entreprise des repas drsquoaffairehellip ce type drsquousage est souvent inscrit dans les normes et la culture de certains meacutetiers secteur professionnel ou entreprise facilitant notamment lrsquointeacutegration dans le collectif de travail

Lrsquoadaptation consommation consti-tuant une strateacutegie pour laquo tenir raquo au travail Plusieurs situations ont eacuteteacute iden-tifieacutees dont le stress le travail de nuit les mauvaises relations au travail (harcegrave-lement brimades) les postes de seacutecu-riteacute le travail en plein air le port de charges lourdeshellip comme pouvant fa-voriser cette dispositionUne consommation au deacutepart maicirctriseacutee ou non-excessive peut devenir probleacute-matique dans un contexte de difficulteacutes professionnelles ainsi plus du tiers des fumeurs reacuteguliers (362 ) 93 des consommateurs drsquoalcool et 132 des consommateurs de cannabis deacuteclarent avoir augmenteacute leurs consommations du fait de problegravemes lieacutes agrave leur travail ou agrave leur situation professionnelle au cours des 12 derniers mois66

65 Philippe HACHE laquo Pratiques addictives et eacutevalua-tion des risques professionnels comment inscrire ce risque dans le document unique raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 150 2017 pp 113-115

66 Baromegravetre Santeacute 2010 INPES httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2010indexasp

Ceci illustre le rocircle que peuvent jouer les conditions de travail dans lrsquoeacutevolution des conduites addictives

Conseacutequences des conduites ad-dictives en milieu professionnel

Les premiegraveres conseacutequences visibles sont les accidents de travail en emploi ou sur le trajet

Lrsquoabsenteacuteisme pour raison de santeacute Des difficulteacutes professionnelles pour

la personne difficulteacute agrave assurer ses tacircches et missions sanction disciplinaire pouvant aller jusqursquoagrave une perte drsquoem-ploi

Un collectif de travail impacteacute pour lrsquoentourage professionnel avec des effets induits varieacutes selon le poste de travail et le service concerneacutes report de tacircches entre professionnels exposition agrave des risques pour autrui ndash collaborateurs ou clients accidents du travail67 deacutegrada-tion relationnelle avec mise agrave lrsquoeacutecart et focalisation sur la personne en difficulteacute compensation par les collaborateurs etc

Pour lrsquoentreprise eacuteventuelle gestion de tensions et conflits sociaux pertes de production deacutegradation drsquoimage

67 2015 dans 20 agrave 30 des cas la victime drsquoun acci-dent du travail eacutetait sous lrsquoemprise drsquoune substance psychoactive lrsquoalcool eacutetant agrave lui seul responsable de 10 agrave 20 des accidents du travail et en cause dans 40 agrave 45 des accidents du travail mortels Sources - Conditions de travail - Bilan 2015 Ministegravere du travail

de lemploi de la formation professionnelle et du dia-logue social 2017 552 p

- Statistiques de sinistraliteacute 2015 tous CTN et par CTN Etude 2016-137-CTN CNAMTS 2016 62 p

ZOOM

Workaholisme et impact sur lrsquoentourage professionnel

Le workaholisme61 est un comporte-ment preacutesenteacute par une personne qui ressent une pression interne lrsquoobli-geant agrave travailler et qui ressent un mal-ecirctre inteacuterieur et une sensation de culpabiliteacute lors des peacuteriodes drsquoinacti-viteacute Le workaholisme preacutesente les critegraveres drsquoune addiction comporte-mentale mecircme srsquoil nrsquoest pas citeacute comme tel dans le DSM 562 Le workaholisme a des conseacutequences importantes sur la santeacute des travail-leurs conseacutequences somatiques (dou-leurs musculaires ou intestinales risque eacuteleveacute de maladie coronarienne) ni-veaux plus eacuteleveacutes danxieacuteteacute dinsom-nie de dysfonctionnement social et de deacutepression Cest eacutegalement un facteur de risque important de burnout Des co-addictions sont eacutegalement freacute-quemment retrouveacutees troubles du comportement alimentaire tabagisme important meacutesusage dalcoolLes conseacutequences sur lentourage sont notables Sur la famille qui est deacutelaisseacutee au pro-fit du travail Une eacutetude indique que dans les familles ougrave le pegravere souffre de

61 T BURCOVEANU laquo Workaholisme eacutetat des connaissances raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 139 2014 pp 143-151

62 DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux paru aux Etats-Unis en 2013

workaholisme les enfants ont un risque drsquoanxieacuteteacute etou de deacutepression important63Sur les collaborateurs en difficulteacute voire en conflit avec ces workaho-liques perfectionnistes agrave lrsquoextrecircme psychorigides et ne deacuteleacuteguant pas

Les services de santeacute au travail sont en premiegravere ligne pour la preacutevention le repeacuterage et lrsquoorientation vers les services speacutecialiseacutes si besoin Pour le repeacuterage plusieurs questionnaires existent dont le plus pratique est le WART64 qui sont surtout utiliseacutes en cas de signaux drsquoalerte tels que lrsquoexis-tence de plaintes somatiques de troubles psychiques une difficulteacute agrave srsquoeacuteloigner du lieu de travail et une sur-consommation de substances psy-choactives

La prise en charge est celle dune ad-diction cest-agrave-dire pluridisciplinaire prenant en compte les troubles soma-tiques et psychiques les comorbiditeacutes psychiatriques eacuteventuelles la reacuteadap-tation de lrsquoindividu et la preacutevention des rechutes Il existe eacutegalement des groupes de paroles tels ceux des Work Anonymes

63 Bryan ROBINSON Lisa KELLEY laquo Adult child-ren of workaholics Self-concept anxiety depression and locus of control raquo The American Journal of Fa-mily Therapy vol 26 ndeg 3 1998 pp 223-238

64 Bryan ROBINSON laquo The Work Addiction Risk Test Development of a tentative measure of worka-holism raquo Perceptual and Motor Skills ndeg 88 1999 pp 199-210 Disponible en franccedilais httpwwwtest-addictofrtests_pdfquestionnaire-wartpdf

56 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 57

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp2thinspLE RISQUE

DE TRANSMISSION INTER-GEacuteNEacuteRATIONNELLE

Pour mieux saisir la notion de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle en termes drsquoaddiction une phrase drsquoEdgar Morin eacuteclaire la construction de lrsquoidentiteacute de lrsquoindividu en lien avec lrsquoentiegravereteacute de son histoire et de ses liens familiaux laquo Lrsquoau-tonomie est faite drsquoun tissu de deacutepen-dances ainsi lrsquoidentiteacute se constitue au carrefour de plusieurs appartenances raquoDans ce contexte le lien de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle srsquoexprime dans des formes qui touchent notamment aux cycles de vie familiale aux reacutepeacuteti-tions intergeacuteneacuterationnelles (maladie fonctionnement relations) aux formes relationnelles

INDICATEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE DE DIFFICULTEacuteS ADDICTIVES69 Les eacutetudes consacreacutees agrave la transmission intergeacuteneacuterationnelle des addictions montrent une correacutelation entre le contexte addictif familial et le risque de deacutependance chez lrsquoadolescent Particu-liegraverement quand des probleacutematiques addictives et des distorsions de la per-sonnaliteacute etou relationnelles se sont cumuleacutees sur plusieurs geacuteneacuterations lrsquoadolescent est aux prises avec un sys-

69 Agnegraves CADET-TAIumlROU Anne-Claire BRISACIER laquo Addiction et usages probleacutematiques facteurs de risque facteurs de protection raquo in Jeunes et addictions OFDT 2016 pp 83-86 httpsbdocofdtfrdoc_numphpexplnum_id=23806

tegraveme geacuteneacuteralement bien plus fort que lui et sa capaciteacute drsquoindividuation

Concernant lrsquoalcool et le tabac le risque est 2 agrave 3 fois supeacuterieur chez lrsquoado-lescent lorsqursquoil existe des anteacuteceacutedents drsquoabus drsquoalcool dans la famille ou lorsque lrsquoun ou les deux parents sont fumeurs de tabac

Pour le cannabis le risque drsquoune deacute-pendance de lrsquoadolescent serait double lorsque les parents sont consomma-teurs

Les enfants de parents deacutependants agrave drsquoautres drogues illicites ont eux aussi une plus forte probabiliteacute de probleacutema-tiques addictives

FACTEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE70 Des facteurs laquo geacuteneacutetiques ou eacutepigeacuteneacute-tiques raquo sont en partie mis en cause notamment la reconduction sur deux ou plusieurs geacuteneacuterations de difficulteacutes sociales familiales et psychologiques drsquoune plus grande accessibiliteacute des pro-duits consommeacutes par les parents et de facteurs psychologiques tels qursquoun re-gard positif ou normaliseacute vis-agrave-vis de la consommation de drogues raquo Par ail-leurs lrsquoexposition preacutenatale aux pro-duits psychoactifs entraicircne un risque non-neacutegligeable de troubles du compor-tement ou des apprentissages degraves lrsquoenfance qui vont favoriser la survenue de probleacutematique addictive agrave lrsquoadoles-cence

70 Ibid

Quelques eacuteleacutements significatifs Sollicitation des services de santeacute au

travail pour des probleacutematiques addic-tives68 92 des meacutedecins deacuteclarent avoir eacuteteacute contacteacutes par des directeurs de ressources humaines pour un pro-blegraveme drsquoalcool chez un salarieacute 29 pour un salarieacute faisant usage de canna-bis 13 pour un salarieacute faisant usage drsquoune autre drogue

Des demandes de conseils de la part du personnel pour un travailleur en dif-ficulteacute sont eacutegalement noteacutees 40 des meacutedecins du travail ont eacuteteacute contacteacutes pour un problegraveme drsquoalcool 7 pour un usage de cannabis et 4 pour drsquoautres drogues

68 C MENARD et al laquo Actions collectives en entre-prise la place des meacutedecins du travail raquo in C MENARD G DEMORTIERE E DURAND P VERGER F BECK (dir) Meacutedecins du travail Meacutedecins geacuteneacuteralistes re-gards croiseacutes INPES 2011 pp 95-110 (Etudes Santeacute)

Axes de preacuteventionCes constats justifient de deacutevelopper les moyens de repeacuterer les personnes en difficulteacute afin de leur apporter lrsquoaccom-pagnement neacutecessaire mais surtout de deacutevelopper une culture drsquoentreprise de preacutevention et de qualiteacute de vie au travailPour quune deacutemarche daide puisse ecirctre efficace lentreprise quelle qursquoelle soit publique ou priveacutee petite ou grande doit sinscrire dans une deacute-marche de preacutevention de repeacuterage et daccompagnement des personnes en difficulteacute qui relegraveve drsquoailleurs de la loi Dans cette deacutemarche ne sont pas seu-lement concerneacutees les personnes deacute-pendantes mais aussi les personnes ayant une consommation agrave risque ou agrave problegraveme ponctuelle ou reacuteguliegravere

58 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 59

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les eacutetudes drsquoassociation quant agrave elles ont pour but de deacutetecter lrsquoasso-ciation entre un trait de caractegravere (ici lrsquoaddiction) et la structure exacte (polymorphisme) drsquoun gegravene Elles se fondent sur la comparaison entre des cas (ici des sujets addicts) et des teacute-moins (des sujets non-addicts) Ces eacutetudes dites laquo cas-teacutemoins raquo sont les plus nombreuses Dans celles-ci on axe les recherches le plus souvent sur des gegravenes laquo candidats raquo crsquoest-agrave-dire qui pourraient logiquement avoir un rocircle agrave jouer dans la survenue de la pathologie Toutefois lrsquoameacutelioration spectaculaire des techniques de seacute-quenccedilage et drsquoidentification des gegravenes a permis de reacutealiser des eacutetudes dites GWAS72 ougrave plus drsquoun million de mar-queurs geacuteneacutetiques peuvent ecirctre ana-lyseacutes en mecircme temps

De nombreux gegravenes impliqueacutes agrave des degreacutes et sur des fonctions tregraves diverses De tregraves nombreux gegravenes sont identi-fieacutes comme eacutetant probablement im-pliqueacutes dans les addictions aux subs-tances psychoactives sans pour autant pouvoir expliquer lrsquoensemble du pheacute-nomegravene I ls inter viennent par exemple dans lrsquoaction ou le meacutetabo-

72 Genome-Wide Association Study

lisme de la substance la reacutegulation de la consommation la sensibiliteacute aux effets plaisantsreacutecompensants ou encore la seacuteveacuteriteacute de lrsquoaddiction Drsquoautres gegravenes sont impliqueacutes dans des comportements ou des traits de carac-tegravere comme la deacutesinhibition lrsquoatten-tion la reacuteponse au stress la recherche de sensations ou lrsquoimpulsiviteacute

Agrave RETENIR

Aucun gegravene identifieacute agrave ce jour ne possegravede un effet ma-jeur agrave devenir addict aucun drsquoentre eux nrsquoexplique agrave lui seul la survenue de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction parait ecirctre multi-geacutenique crsquoest-agrave-dire reposant sur une combinaison de modifications de plusieurs gegravenes et pas toujours les mecircmes drsquoun sujet agrave lrsquoautre

Enfin ces gegravenes de vulneacute-rabiliteacute sont loin drsquoecirctre tou-jours preacutesents chez les per-sonnes addictes

Cela signifie que lrsquoabsence de ces gegravenes ne protegravege en aucun cas du risque de deve-nir addict

ZOOM

Addiction une maladie geacuteneacutetique 71

Lrsquoaddiction nrsquoest pas une maladie geacuteneacutetique seule est dit geacuteneacutetique une maladie dont la survenue est pro-voqueacutee uniquement par la mutation drsquoun ou plusieurs gegravenes Crsquoest le cas par exemple de la mucoviscidose ce nrsquoest pas le cas de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction est une maladie multi-factorielle qui associe des facteurs geacuteneacutetiques et environnementaux Crsquoest le cas de la plupart des patholo-gies courantes associant dans leur eacutetiologie le terrain heacutereacuteditaire et lrsquohis-toire de vie du sujetOn naicirct donc en portant dans nos gegravenes un risque plus ou moins eacuteleveacute de deacutevelopper une addiction Toute-fois la survenue de lrsquoaddiction deacutepen-dra au moins autant sinon plus de facteurs lieacutes agrave lrsquoenvironnement social et familial que de facteurs geacuteneacutetiques Il nrsquoy a pas de deacuteterminisme agrave devenir laquo addict raquo mais il y a des facteurs de vulneacuterabiliteacute

Quelle part du risque drsquoaddiction est porteacutee par les gegravenes Lrsquoidentification drsquoune part geacuteneacutetique dans la survenue drsquoune addiction pro-

71 Bertrand NALPAS Nicolas RAMOZ Lrsquoaddiction est-elle une maladie geacuteneacutetique lt httpwwwmaad-digitalfrdecryptageladdiction-est-elle-une-maladie-genetique-12 gt 23022017

vient drsquoeacutetudes meneacutees sur des familles ou des paires de jumeaux dans les-quels un membre est toucheacute La syn-thegravese des eacutetudes meneacutees sur les ju-meaux a permis drsquoeacutetablir que la part geacuteneacutetique dans la vulneacuterabiliteacute agrave deve-nir laquo addict raquo serait drsquoenviron 70 pour la deacutependance agrave la nicotine 48-66 pour la deacutependance agrave lrsquoalcool 51-59 pour la deacutependance au can-nabis 42-79 pour la deacutependance agrave la cocaiumlne 23-54 pour la deacutepen-dance aux opiaceacutes Ces taux sont tou-tefois agrave lire avec prudence dans la mesure ougrave la deacutefinition de la laquo deacutepen-dance raquo nrsquoeacutetait pas toujours identique drsquoune eacutetude agrave lrsquoautre Au total si on heacuterite de gegravenes de vulneacuterabiliteacute sur lesquels on ne peut guegravere agir ceux-ci repreacutesenteront environ la moitieacute de la probabiliteacute de devenir laquo addict raquo

Existe-t-il un gegravene de lrsquoaddiction Lrsquoessentiel de la recherche geacuteneacutetique appliqueacutee aux addictions repose sur deux types drsquoeacutetudes les eacutetudes de liaison drsquoune part et les eacutetudes drsquoasso-ciation drsquoautre part

Les eacutetudes geacuteneacutetiques de liaison servent agrave cartographier les diffeacuterents gegravenes ou reacutegions du geacutenome preacutedis-posant agrave un trouble Lrsquoapproche liaison se base sur des familles dans lesquelles au moins un parent et un enfant sont addicts et on recherche si le gegravene sus-pecteacute est preacutesent chez le parent et lrsquoenfant atteints

60 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 61

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

laquo Une affaire de famille raquoproGramme de preacutevention de la tranSmiS-Sion Geacuteneacuterationnelle deS SouffranceS lieacuteeS au fonctionnement familial

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo a eacuteteacute eacutelaboreacute par Line Caron travailleuse sociale titulaire dune Maicirc-trise en service social Il est mis en œuvre au Queacutebec depuis les anneacutees 1996Un travail drsquoadaptation agrave la langue par-leacutee en France a eacuteteacute fait par la docteure Antoinette Fouilleul Psychiatre-Addic-tologue et administratrice de lrsquoANPAA Agrave partir de 2010 Line Caron a donneacute plusieurs confeacuterences et en Norman-die et en Bretagne ougrave le programme est maintenant deacuteployeacute au sein de lrsquoANPAA et expeacuterimenteacute dans diffeacute-rents contextes dont le centre du couple et de la famille de Brest pour des difficulteacutes lieacutees aux violences in-trafamiliales et dans une maison drsquoar-recirct Plus reacutecemment la docteure Antoinette Fouilleul a formeacute des ani-mateurs agrave lrsquoIle de la Reacuteunion ougrave le programme est maintenant expeacuteri-menteacute Une formation a aussi eacuteteacute donneacutee par madame Caron en Nou-velle-Aquitaine aux intervenants de lrsquoANPAA et leurs partenaires du deacute-partement En 2017 une convention a eacuteteacute signeacutee entre lrsquoauteure et lrsquoANPAA donnant agrave cette derniegravere lrsquoexclusiviteacute du deacuteploiement en France et permet-tant la mise en place drsquoun comiteacute de pilotage

UNE APPROCHE NOVATRICE

Lrsquoapproche du programme laquo Une af-faire de famille raquo est preacuteventive Elle vise agrave habiliter le participant agrave deacutecou-vrir eacutemotionnellement le lien entre son veacutecu familial et la souffrance veacute-cue aujourdrsquohui afin de construire lui-mecircme ses propres actions pour briser ce cycle de transmission et se donner plus de liberteacute dans lrsquoeacuteducation don-neacutee agrave ses enfants Il tente drsquoorienter les compeacutetences des familles agrave poser des actions originales pour solution-ner leurs problegravemes plutocirct que de les utiliser pour survivre Comme les par ticipants au pro-gramme sont principalement des po-lytraumatiseacutes familiaux lrsquoapproche se doit de faire preuve drsquoune grande deacutelicatesse mais aussi drsquoune rigueur scientif ique Teinteacutee des nouvelles donneacutees neuroscientifiques elle per-met de diminuer les souffrances asso-cieacutees aux souvenirs traumatiques et aide le participant agrave construire de nouvelles voies neuronales mieux adapteacutees agrave la reacutealiteacute eacutemotionnelle de son histoire pour lui permettre de moins souffrir et de sortir des or-niegraveres de la reacutepeacutetition et de la trans-mission agrave ses enfantsLe programme comprend une seacuterie drsquoateliers sur des thegravemes preacutecis du fonctionnement familial et qui sont gradueacutees en intensiteacute eacutemotive Entre les seacuteances de groupe une tacircche est demandeacutee au participant afin de veacuteri-fier le contenu dans son histoire fami-liale et de soutenir lrsquointeacutegration neu-

PLACE DE LrsquoHISTOIRE FAMILIALE DANS LES REPREacuteSENTATIONS MOTIVATIONS ET TRAJECTOIRES DE CONDUITES ADDICTIVES Agrave LrsquoADOLESCENCE73 Le point drsquoancrage des rapports aux conduites addictives est drsquoabord familial Les reacutecits biographiques spontaneacutes font systeacutematiquement reacutefeacuterence agrave lrsquohisto-rique familial de consommation

Des problegravemes de santeacute voire des deacutecegraves surtout lieacutes au tabagisme (cancers)

Des probleacutematiques addictives en matiegravere drsquoalcoolo-deacutependance un mineur sur dix eacutevoque les laquo problegravemes drsquoalcool raquo drsquoun proche le plus souvent son pegravere

Des troubles de deacutependance agrave une drogue illicite dans une moindre me-sure quelques jeunes jugent que leurs parents laquo fument trop de cannabis raquo

Certains expriment leur reacuteprobation sur les consommations parentales quant aux quantiteacutes agrave la freacutequence ou au changement de comportement induit par lrsquousage

Ces expeacuteriences sont freacutequemment convoqueacutees comme explicitation drsquoun rapport drsquoauto limitation des consomma-tions Agrave lrsquoinverse les rares jeunes dont les parents sont abstinents expriment une forme drsquoanxieacuteteacute sociale face agrave la visibiliteacute des produits dans lrsquoespace public et la reacutecurrence des incitations agrave consommer veacutecue comme une mise en danger de lrsquoeacutethique personnelle74

73 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations motiva-tions et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo op cit

74 Cf facteur religieux dans le rapport aux consom-mations

PREacuteVENTION SEacuteLECTIVE Agir sur ce risque pour proteacuteger lrsquoentou-rage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives vise agrave reacuteduire les difficulteacutes agrave leur source en deacutesamor-ccedilant des logiques inconscientes agrave court moyen et long termes chez les enfants et les jeunes notamment Les scheacutemas deacutejagrave ancreacutes ou en risque drsquoeacutelaboration doivent trouver un lieu et un moment de deacutecryptage de deacuteconstruction dans leurs sources et dans leurs effets Cha-cun y faisant son chemin trouvera ainsi des outils pour sortir de sa co-deacutepen-dance ou de sa deacutependance Deux eacuteleacute-ments interagissent sans aucun doute lrsquohistoire familiale et lrsquohistoire individuelle

Si une information geacuteneacuterique sur ce

qursquoest le risque de transmission intergeacute-neacuterationnelle peut ecirctre utile il semble qursquoagir sur ce risque doive srsquoattacher agrave prendre en compte des populations speacute-cifiques des territoires particuliers des milieux identifieacutes Une preacutevention seacutelec-tive et cibleacutee srsquoimpose sur ce terrain

62 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 63

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

passent drsquoabord par un changement eacutemotionnel pour induire un change-ment dans la maniegravere de penser faire autrement et obtenir autre chose Cette approche expeacuterientielle est renforceacutee par la chaleur et la bienveil-lance du groupe le cocon non-jugeant qui srsquoen deacutegage induisant de nouveaux modes relationnels

Agrave QUI SrsquoADRESSE LE PROGRAMME

Le programme srsquoadresse agrave toute per-sonne adulte qui a souffer t et qui souffre encore des probleacutematiques lieacutees au fonctionnement familial (rela-tions insatisfaisantes probleacutematiques addictives deacutepression deacutependance affective violencehellip) et qui deacutesire en comprendre les reacutepercussions sur sa vie actuelle et sur lrsquoeacuteducation qursquoelle donne agrave ses enfants

OBJECTIFS DU PROGRAMME

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral est drsquohabiliter les membres des familles preacutesentant une difficulteacute ou un problegraveme de fonction-nement geacuteneacuterationnel agrave preacutevenir sa transmission dans la geacuteneacuteration sui-vanteLe but est drsquoutiliser les compeacutetences personnelles et relationnelles pour continuer de se deacutevelopper et deacutevo-luer plutocirct que de survivre

Les objectifs speacutecifiques sont de per-mettre aux participants

De reconnaicirctre le problegraveme de la transmission geacuteneacuterationnelle

De mettre en œuvre des actions speacutecifiques afin de contrer le pro-blegraveme dans sa famille

Le programme deacutecline une suite lo-gique qui amegravene les participants agrave

Comprendre le fonctionnement dune famille

Comprendre les diff iculteacutes du fonctionnement familial

Comprendre le pheacutenomegravene de la transmission geacuteneacuterationnelle

Trouver des actions pour briser le cycle de la transmission

DEacuteROULEMENT DU PROGRAMME

laquo Une affaire de famille raquo est un pro-gramme de preacutevention non-theacutera-peutique qui se propose de reacutefleacutechir en groupe sur les transmissions des conduites de reacutepeacutetitions intergeacuteneacutera-tionnelles Ce programme propose un processus drsquoexploration une connaissance eacutemotionnelle et une compreacutehension de son histoire avec comme but de briser le cercle vicieux de la reacutepeacutetition des comportements alieacutenants pour soi et la geacuteneacuteration suivante Ce programme de preacutevention est mis en œuvre sous la forme dun groupe fermeacute de cinq agrave quinze personnes reacuteuni entre huit et dix rencontres Il se deacuteroule en petit groupe ougrave le cadre seacutecurisant et la convivialiteacute sont mo-teurs pour lrsquoexpression et la reacuteflexion de chacun Il a pour but drsquoamorcer une dynamique de changement chez les participants et leur famille

ronale Au cours du programme le par ticipant est accompagneacute pour construire sa carte familiale (geacuteno-gramme) afin de visualiser la transmis-sion agrave travers les geacuteneacuterations Ce tra-vail amegravene le participant agrave se distancer de ses eacutemotions ce qui lui permet de faire face de faccedilon plus adeacutequate aux situations difficiles laquo Une affaire de famille raquo nrsquoa pas la preacutetention drsquoarrecircter la transmission geacuteneacuterationnelle mais drsquohabiliter les membres des familles aux prises avec des souffrances lieacutees agrave leur fonction-nement familial agrave reconnaicirctre le pheacute-nomegravene de la transmission geacuteneacutera-tionnelle afin qursquoils puissent mettre en œuvre des actions speacutecifiques pour le contrer

Lrsquoapproche peacutedagogique baseacutee sur les diffeacuterentes formes drsquoapprentissage des individus est active et dynamique Lrsquoimplication eacutemotionnelle des per-sonnes participantes bien encadreacutees par un animateur formeacute qui a lui-mecircme veacutecu la deacutemarche auparavant est une des conditions de succegraves du programme Les activiteacutes sont varieacutees et reacuteservent une place constante aux participants et agrave leur expeacuterience au moyen de mises en situation exercices pratiques questionnaires discussion de groupe exposeacutes suivis de peacuteriodes de discussion expeacuterimentation dans le quotidien entre les rencontres

LES ASSISES THEacuteORIQUES

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo repose sur deux assises theacuteo-riques essentielles lrsquoapproche systeacute-mique du fonctionnement familial et la diffeacuterenciation du soi de Murray Bowen Lrsquoapport de lrsquoeacutepigeacuteneacutetique et des neu-rosciences est au cœur de la meacutethode peacutedagogique Les travaux sur lrsquoatta-chement et la reacutegulation affective (Allan Shore75) la neuroscience de la psychotheacuterapie (Louis Cozolino76) et la deacutecouverte des laquo neurones-mi-roirs raquo (Rizzolatti77) eacuteclairent sur la faccedilon dont se construit la reacutegulation affective sur comment se forme le rapport agrave soi et agrave lrsquoAutre et comment se construisent des capaciteacutes de dis-cernement drsquoorganisation et drsquointe-ractions fructueuses Eacutegalement la neuro-plasticiteacute permet de nouveaux apprentissages dans un contexte seacute-curisant et bienveillant Agrave cet effet la posture des animateurs est preacutecieuse car elle va induire un climat drsquoempa-thie et se couplera agrave un cadrage clair et rassurant gracircce agrave la preacutecision des documents fournis aux consignes et au contenu transmis agrave lrsquoanimateur et au participant Il est maintenant connu que les processus de changement

75 Allan N SCHORE La reacutegulation affective et la reacuteparation du Soi Les Eacuteditions du CIG 2008 430 p

76 Louis COZOLINO La neuroscience de la psy-chotheacuterapie Les Eacuteditions du CIG 2012 455 p

77 Giacomo RIZZOLATTI Corrado SINIGAGLIA Les neurones-miroirs Odile Jacob 2008 240 p

64 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 65

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

fants maintenant comparativement avec ce qursquoils vivaient avant le pro-gramme En 2017-2018 le programme a de nou-veau eacuteteacute eacutevalueacute par lrsquoUniversiteacute de lrsquoIle de la Reacuteunion La conclusion est agrave lrsquoeffet que laquo Une affaire de famille raquo permet de libeacuterer et de gueacuterir les maux intrafa-miliaux des familles reacuteunionnaisesLes reacutesultats des eacutevaluations meneacutees aupregraves de groupes de diffeacuterentes na-tionaliteacutes laissent penser que le pro-gramme propose une approche qui est geacuteneacuteralisable et donne des reacutesul-tats positifs aupregraves de familles vivant dans des contextes historiques et socio-eacuteconomiques tregraves diffeacuterents

LES PREacute-REQUIS DE MISE EN ŒUVRE

Pour ecirctre habiliteacute agrave appliquer le pro-gramme aupregraves drsquoun public de poly-traumatiseacutes familiaux il faut que lrsquoani-mateur soit lui-mecircme au clair avec son propre fonctionnement familial Une expeacuterimentation du programme avec un animateur qualifieacute est recom-mandeacuteePar la suite une formation de quatre jours avec lrsquoauteure du programme ou un intervenant habiliteacute est proposeacutee afin drsquoacqueacuterir une bonne compreacute-hension des bases scientifiques et de la meacutethode peacutedagogiqueLa formation a eacuteteacute conccedilue dans une approche dynamique qui fait appel agrave limplication personnelle et profes-sionnelle des participants Elle com-prend deux eacutetapes

Lexpeacuterimentation du programme dans lobjectif dune compreacutehension accrue de son milieu familial et de son influence dans sa pratique profession-nelle aupregraves des familles

Une formation compleacutementaire de 4 jours dans lobjectif de devenir animateur du programme

Les gains pour les personnes accom-pagneacutees lrsquointervenant et lorganisationLes retombeacutees de la formation sur la transmission geacuteneacuterationnelle sont appreacuteciables Drsquoabord cette forma-tion vise un travail agrave lrsquoorigine ou en amont de plusieurs probleacutematiques majeures Encore trop souvent lrsquoin-tervention effleure les problegravemes en ciblant les symptocircmes ce qui a pour effet une reacutecurrence de la demandeCette formation preacutesente aussi la par-ticulariteacute de deacutegager une vision et un langage commun entre les interve-nants au sein drsquoune eacutequipe ou drsquoune institution Elle favorise donc une vi-sion plus globale plus transcendante du deacuteveloppement psychique qui peut relier les diffeacuterents mondes de lrsquoenfance lrsquoadolescence et la vie adulteFinalement bien que cette formation repose sur des bases theacuteoriques so-lides (approche systeacutemique diffeacuteren-ciation du soi approche contextuelle de Boszormenyi-Nagy eacutepigeacuteneacutetique et neurosciences) sa plus grande force reacuteside dans un souci constant drsquointeacutegrer les acquis theacuteoriques au veacutecu personnel et agrave la pratique des intervenants

Les seacuteances ont pour theacutematiques 1 La creacuteation drsquoun climat propice agrave

la communication et aux eacutechanges 2 Selon le type de groupe choix

entre La preacutesentation des concepts de base en addictologie Ou lrsquoidentification drsquoeacuteleacutements de la vie actuelle qui proviennent de notre famille drsquoorigine

3 Les rocircles dans les familles en souf-france

4 Les regravegles qui reacutegissent les familles en souffrance

5 Les comportements de survie (codeacutependance deacutependance affec-tive)

6 Les fonctions familiales et le pheacute-nomegravene des enfants parentaliseacutes

7 La construction du geacutenogramme et les plans daction

8 Labandon et le processus de la transmission geacuteneacuterationnelle

9 Le systegraveme dattachement dans les relations intimes et dans leacuteducation donneacutee aux enfants

10 Lidentification de pistes dactions personnelles pour briser le cycle de la transmission geacuteneacuterationnelle et les obstacles au changement dans ma famille

11 En action

UN PROGRAMME EacuteVALUEacute

Une premiegravere eacutevaluation des effets du programme a eacuteteacute meneacutee en 2000 par lrsquoeacutequipe de recherche de la Reacutegie reacute-gionale de la santeacute et des services sociaux de la Cocircte-Nord (Canada) Les reacutesultats sont tregraves inteacuteressants et deacutemontrent clairement que le pro-gramme geacutenegravere des pr ises de conscience importantes et amegravene les participants agrave proceacuteder agrave une remise en question de certains comporte-ments envers leurs enfants De plus lrsquoeacutevaluation recommandait entre autres drsquoeacutelargir la diffusion du pro-gramme agrave tout public consideacutereacute agrave risque de reproduire ou de trans-mettre des comportements nuisibles au deacuteveloppement de leurs enfants Agrave la suite de cette eacutetude et de lrsquoexpeacuteri-mentation par plusieurs intervenants le programme a eacuteteacute reacuteviseacute et eacutelargi de la toxicomanie agrave lrsquoensemble des diffi-culteacutes du fonctionnement familial Le nouveau programme a lui aussi eacuteteacute eacutevalueacute en 2005 par les animateurs Un questionnaire eacutecrit portant sur les changements concrets dans leur vie et pour leur entourage a eacuteteacute soumis aux participants un an apregraves la dispensa-tion Lrsquoobjectif eacutetait drsquoen valider de nouveau les effets agrave long terme et de veacuterifier si la nouvelle version du pro-gramme correspondait bien agrave leur reacutealiteacute Les reacutesultats sont probants et deacutemontrent clairement les change-ments concrets que les participants ont ameneacutes dans leur vie et dans la faccedilon dont ils agissent avec leurs en-

66 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 67

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

La preacutevention des risques de conduites addictives doit prendre en compte de faccedilon singuliegravere la place et le rocircle de lrsquoen-tourage autour de la personne addicte En preacutevention seacutelective et cibleacutee dans un continuum drsquoactions il faut saisir la posi-tion singuliegravere de lrsquoentourage pour eacutelabo-rer des modes preacuteventifs adapteacutes Les dispositifs de preacutevention doivent remobi-liser lrsquoentourage pour libeacuterer la parole alleacuteger les souffrances reacuteduire les risques et les dommages Pour cela il convient

Drsquoassurer au preacutealable agrave chacun les moyens de comprendre et de maicirctriser une situation potentiellement agrave risque en termes drsquoaddiction

De consideacuterer le contexte socio-eacuteco-nomique du laquo tout tout de suite raquo pour orienter lrsquoaction de preacutevention vers la reacuteduction des facteurs de vulneacuterabiliteacute des personnes en geacuteneacuteral

De changer le regard ambivalent sur les produits ou comportements addic-tifs en travaillant sur les compeacutetences psychosociales pour reacuteduire les risques et dommages Une strateacutegie de preacutevention va interpel-ler agrave la fois le cercle familial et lrsquoenviron-nement social large au travers notam-ment drsquoune guidance de la parentaliteacute et drsquoune eacuteducation par les pairs dans des cercles de lrsquoentourage varieacutes et dans le respect des speacutecificiteacutes de chaque publicIl srsquoagit de sensibiliser au risque et de repeacuterer les difficulteacutes possibles ou en gestation non pas seulement par une

information mais par une forme partici-pative drsquoeacuteducation au risque vers un public cibleacute Lrsquointeraction des acteurs du champ drsquointervention social et meacutedico-social est essentielle pour preacutevenir les risques drsquoaddictions en mettant en jeu des facteurs de protection des per-sonnes en faisant appel agrave des savoir-faire de psychologie communautaire En effet lrsquoeacuteducation preacuteventive est une affaire collective Elle agira drsquoautant mieux qursquoelle pourra mobiliser les speacutecialistes la communauteacute eacuteducative scolaire et extra-scolaire la famille eacutelargie en direc-tion des plus jeunes et des adolescents

1 GUIDER LA PARENTALITEacute

PARENTALITEacute ET VALEURS SOCIEacuteTALESEn perte de repegraveres dans un contexte socieacutetal ougrave comme le souligne Philippe Jeammet78 laquo tout consensus eacuteducatif a disparu et ougrave lrsquoautoriteacute est souvent veacute-cue comme un abus de pouvoir raquo les parents ne savent pas toujours com-ment reacuteagir et peuvent ecirctre en difficulteacute pour assumer leur responsabiliteacute eacuteduca-tive Les questionnements de nos socieacute-teacutes modernes laissent aff leurer trop souvent une deacutevalorisation du rocircle des parents comme du systegraveme eacuteducatif souvent accuseacutes de deacutemission de per-missiviteacute ou drsquoincompreacutehension Pour-tant la socieacuteteacute elle-mecircme place les pa-rents et enfants dans des rapports de force de plus en plus complexes lieacutes agrave des attendus contradictoires en termes

78 Philippe JEAMMET (dir) Adolescences repegraveres pour les parents et les professionnels Syros 1997 212 p

LES GAINS DE CETTE FORMATION

PEUVENT EcircTRE PERCEPTIBLES

Pour les personnes accompagneacutees Une intervention qui respecte les compeacutetences des personnes agrave travers une approche responsa-bilisante

Une approche globale non-culpa-bilisante ni reacuteductible des pro-blegravemes

Une intervention qui colle agrave la reacutealiteacute du public Une dynamique de groupe stimu-lante et bienveillante

La force seacutecurisante du groupe pour appreacutehender une reacutealiteacute dif-ficile

Une intervention qui encourage la motivation agrave srsquoengager dans un changement durable

Pour lrsquointervenant Une meilleure connaissance du fonctionnement familial agrave travers les geacuteneacuterations Des habileteacutes agrave reconnaicirctre lrsquoim-pact drsquoun veacutecu familial difficile agrave travers les problegravemes preacutesenteacutes par le public

Un outil drsquointervention bien constitueacute eacutevalueacute et pratique agrave utiliser Lrsquoacquisition drsquoune vision globale et drsquoun langage commun facilitant le travail avec et entre les eacutequipes Le renforcement de la pratique professionnelle par une deacute-marche personnelle de compreacute-hension de lrsquo impact de son propre fonctionnement familial

Pour lrsquoorganisation Une reacuteduction de la reacutecurrence des problegravemes ou du syndrome de la porte tournante par un tra-vail plus en profondeur avec le public Un meilleur arrimage entre les eacutequipes de travail Des interventions mieux cibleacutees Un programme de groupe ou individuel adaptable agrave diffeacuterents publics (usagers de drogues adultes parents jeunes milieux de travail etc)

68 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 69

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

La promotion de la santeacute permet de renforcer les compeacutetences psy-chosociales utiles des parents pour reacutepondre aux situations agrave risque Parallegravelement les actions de preacute-vention visent agrave repeacuterer et modifier des habitudes et environnements jugeacutes nocifs

Agrave lrsquoadolescence les parents abordent avec plus ou moins drsquoagiliteacute le deacutebut de lrsquoautonomie souhaiteacutee du jeune Dans cette peacuteriode le parent doit forceacutement partager avec le jeune lrsquoanalyse des situa-tions agrave risques Drsquoautres informations drsquoautres aides seront alors neacutecessaires

Si les compeacutetences de base sont transmises le jeune apprendra agrave utiliser ces compeacutetences seul et en situation plus exposeacutee Connaicirctre les strateacutegies pour reacuteduire les risques et les dommages et ajuster la prise drsquoautonomie parti-cipent aux laquo neacutegociations raquo plus ou moins complexes avec les adolescents

Lrsquoentourage eacutetendu de lrsquoenfant (anima-teur professionnel de lrsquoenfance eacuteduca-teur eacutetablissement scolaire ou de for-mationhellip) a un rocircle notable de communication et drsquoinformations Cet entourage intervient pour expliquer alerter sur les dimensions addictives de certains modes de vie et sont aussi une source de repeacuterage drsquoeacuteventuelles diffi-culteacutes ou usages probleacutematiques

RENFORCER LES COMPEacuteTENCES DES PARENTSLes parents sont souvent en manque de reacuteponses en doute voire en crainte et

surtout en difficulteacute pour libeacuterer la pa-role vis-agrave-vis drsquoautres adultes exteacuterieurs au cercle familial ou amical

Drsquoun point de vue individuel le pa-rent doit pouvoir se faire aider pour acqueacuterir la capaciteacute agrave diffeacuterer une reacute-ponse ou avertir lrsquoadolescent des risques agrave vivre trop jeune certaines expeacuteriences trop intenses

Des parents ou groupes de parents peuvent aussi avoir besoin drsquoinforma-tions speacutecifiques dans le cadre drsquoune preacutevention seacutelective Par exemple il peut ecirctre utile drsquoouvrir un espace de discussion autour de la notion drsquoaddiction (produits et compor-tements) en lrsquoappreacuteciant sous lrsquoangle des plaisirs et des risques et dommages Aborder tout ce qui existe sur le laquo mar-cheacute raquo en prendre connaissance et conscience consideacuterer lrsquoubiquiteacute des drogues et informer les parents sur les speacutecificiteacutes de chaque type de produit peut se faire dans une configuration par-ticipative informelle voire ludique Agrave ce titre les groupes de discussion theacutema-tiques sont un outil pratique qui bien construit et animeacute permet de creacuteer du lien du soutien voire de libeacuterer la pa-role sur des difficulteacutes Ainsi on peut agrave la fois guider et laquo for-mer raquo la parentaliteacute par lrsquoappui des pairs ndash parentsDiffeacuterents outils et guides de soutien agrave la parentaliteacute sont eacutediteacutes Ils reprennent diffeacuterents conseils notamment sur lrsquoatti-tude agrave favoriser face aux premiegraveres consommations de son enfant fixer des limites savoir dire non neacutegocier et res-ponsabiliser avec la mise en place du dialogue qui est essentielle

drsquoefficaciteacute drsquoactiviteacutes professionnelles drsquoimage sociale au travers drsquoacquisitions mateacuterielles stimuleacutees mais aussi de bien-ecirctre drsquoeacutequilibre et de place de lrsquoindividu dans la socieacuteteacute En termes de preacutevention les parents sont le premier cercle pour agir Il est primordial de soutenir et valoriser les parents dans leur rocircle eacuteducatif de les accompagner agrave reacutetablir si neacutecessaire une communication avec leur enfant

PARENTALITEacute ET STYLE EacuteDUCATIFDiffeacuterentes eacutetudes mettent en eacutevidence que lrsquoenvironnement familial et le style eacuteducatif ont une veacuteritable influence sur les consommations de substances psy-choactives des enfants Mais le style eacutedu-catif est aussi le fruit drsquoune transmission du mode eacuteducatif des ascendants Cette notion srsquoaccorde avec lrsquoapproche en preacute-vention par le deacuteveloppement et le ren-forcement des compeacutetences psychoso-ciales des jeunes En effet laquo plus la relation parent-enfant est adapteacutee plus la reacutesistance de lrsquoenfant agrave lrsquoinfluence des pairs est forte et moins il deacuteveloppe des conduites agrave risques raquo79

Or une relation parent-enfant adapteacutee se conccediloit degraves le plus jeune acircge avant mecircme la naissance Et crsquoest au travers de cette relation efficiente qui remplit son rocircle de cadrage et de reacute-assurance affec-tive successive agrave chaque eacutetape de lrsquoeacutevo-lution de lrsquoenfant que srsquoexerce la preacuteven-tion la plus approprieacutee bien avant que

79 LrsquoANPAA dans les Hauts-de-France a publieacute en 2014 lrsquoeacutetude Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques comprenant une eacutetude de litteacuterature une en-quecircte et des preacuteconisations En ligne httpwwwanpaa5962org_docsFichier20144-140923104916pdf

les premiegraveres consommations nrsquoappa-raissent En effet la qualiteacute des liens que les parents sauront mettre en place au quotidien avec leurs enfants degraves leur plus jeune acircge est le meilleur des garants face au risque drsquoabus de substances

PARENTS ET APPRENTISSAGE DU RISQUE Crsquoest au sein de la cellule familiale quelle que soit sa forme que lrsquoenfant fera lrsquoex-peacuterience de lrsquoapprentissage des regravegles du sens de la responsabiliteacute et avancera vers une autonomie progressiveLa famille repreacutesente un lieu ougrave les re-pegraveres se construisent et ougrave lrsquoenfant ap-prendra agrave avoir une bonne image de lui-mecircme et agrave srsquoaffirmer face aux pres-sions addictogegravenes de lrsquoenvironnement qursquoelles soient issues de la socieacuteteacute en geacuteneacuteral ou de son groupe drsquoapparte-nance en particulier

Les actions de preacutevention soutiennent les parents dans lrsquoexercice de leurs fonctions drsquoeacuteducateurs de faccedilon diffeacuterencieacutee aux diffeacuterentes eacutetapes drsquoeacutevolution de lrsquoenfant80

Des premiegraveres anneacutees jusqursquoagrave la preacute-adolescence (1112 ans) lrsquoenfant sous le regard du parent deacutecouvre teste expeacute-rimente dans des proportions qui doivent correspondre aux capaciteacutes et aptitudes eacutevolutives de lrsquoenfant Durant ces anneacutees les parents deacutefinissent lrsquoenvironnement de lrsquoenfant et le protegravegent des tendances et tentations parfois inapproprieacutees de la socieacuteteacute Ils posent les regravegles limitant laquo drsquoautoriteacute raquo les situations agrave risque

80 Addictions familles et entourage op cit

70 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 71

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoenfant et de sa protectionZOOM

Femmes enceintes et entourage preacutevention et peacuterinataliteacute85

La laquo culture alcool raquo en France est telle qursquoune femme enceinte sera confronteacutee agrave de multiples circons-tances festives ou conviviales ougrave son entourage consommera des boissons alcooliseacutees et mettra agrave lrsquoeacutepreuve sa deacutetermination [agrave ne pas boire pen-dant sa grossesse]

Il est indispensable drsquoinformer sur ce risque eacutevitable et surtout de res-ponsabiliser eacutegalement lrsquoentourage qui participe agrave cette prise de risque

Pour autant il ne srsquoagit pas non plus de culpabiliser ou drsquoangoisser les

85 Alcool et grossesse Boire un peu ou pas du tout ANPAA 2017 12 p (Deacutecryptages ndeg 26)

femmes qui ont consommeacute de lrsquoalcool Le conjoint les proches et les amis

ne doivent certes pas inciter la femme enceinte agrave boire mais ils peuvent aussi teacutemoigner de leur compreacutehen-sion et de leur soutien en eacutevitant une consommation deacutemonstrative

De mecircme la minoration des risques sous preacutetexte de laquo faible raquo freacutequence affaiblit la capaciteacute des femmes [enceintes] agrave reacutesister aux inci-tations quasi-permanentes agrave consom-mer de lrsquoalcool

Dans cet univers ougrave consommer de lrsquoalcool est souvent la norme on a pu lire ou entendre des critiques sur le caractegravere injonctif ou impeacuterieux de lrsquoabstinence totale pendant la gros-sesse Mais lrsquoinjonction est tout aussi forte sur le tabac ou sur les interdits alimentaires pour eacuteviter la toxoplas-mose sans que qui que ce soit ne srsquoen eacutemeuve

ZOOM

Soutien agrave la parentaliteacute des usagers de drogues

La consommation de substances psychoactives des parents est suscep-tible drsquoaffecter les enfants directement (exposition aux produits pendant la grossesse81) ou accidentellement ou indirectement agrave travers lrsquoimpact sur les relations parent-enfant

Pour autant la consommation de substances psychoactives des parents ne constitue pas en soi un danger pour lrsquoenfant82 excepteacutee en cas de gros-sesse83 Dans ce cas la consommation

81 Anne WHITTAKER Ewen CHARDRONNET (trad) Guide concernant lrsquousage de substances psy-choactives durant la grossesse RESPADD 2013 340 p

82 Laurence SIMMAT-DURAND laquo Les profession-nels de la materniteacute et de lrsquoenfance et le signalement des enfants de megravere toxicomane raquo Psychotropes vol 14 ndeg 3 2008 pp 179-199

83 Suivi et orientation des femmes enceintes en fonction des situations agrave risques identifieacutes Haute Autoriteacute de Santeacute mise agrave jour mai 2016 42 p (Re-commandations professionnelles)

de substances illicites drsquoalcool etou de tabac ainsi que le sevrage et la substi-tution en peacuteriode preacute-conceptuelle ou durant la grossesse sont consideacutereacutees comme des situations agrave risques devant faire lrsquoobjet drsquoun suivi particulier

Les difficulteacutes rencontreacutees par les familles peuvent eacutegalement ecirctre lieacutees aux conditions de vie (ressources fi-nanciegraveres logement etc) agrave la compo-sition familiale (monoparentaliteacute etc) et agrave la santeacute somatique et mentale des parents

Agrave lrsquoinverse la parentaliteacute peut par-fois constituer un eacuteleacutement drsquoeacutetayage ou un ressort de motivation au chan-gement pour les personnes usagegraveres de drogues84

Le soutien agrave la fonction parentale des usagers de drogues repose donc sur une eacutevaluation au cas par cas des ressources et des besoins parentaux tenant compte de cette pluraliteacute de paramegravetres au regard de lrsquointeacuterecirct de

84 Sylvie WIEVIORKA laquo Quand les parents sont toxi-comanes raquo Enfances amp Psy vol 4 ndeg 37 2007 pp 90-100

Agrave RETENIR

Pour permettre lrsquoapprentissage du risque avant lrsquoadolescence les parents doivent ecirctre en mesure de repeacuterer comprendre les speacutecificiteacutes de la socieacuteteacute dans laquelle ils guident leur enfant

Aller vers les parents par une synergie drsquoactions de plusieurs acteurs speacute-cialistes et non speacutecialistes de lrsquoaddiction est indispensable agrave une eacuteducation participative en preacutevention des conduites agrave risques de lrsquoenfant

Les parents pourront ainsi mieux identifier et preacutevenir des conduites a priori anodines mais susceptibles de creacuteer des situations complexes plus tard

72 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 73

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2 SrsquoAPPUYER SUR DES PAIRS BIENVEILLANTS

La preacutevention par les pairs sera ici envi-sageacutee dans deux champs lrsquoadolescence et le milieu professionnel

DEacuteFINITIONS Les pairs deacutesignent des individus

ayant des caracteacuteristiques communes telles que le sexe lacircge les centres din-teacuterecirct les loisirs les aspirations les modes de viehellip Ce concept fait le plus souvent reacutefeacuterence aux groupes dacircge et plus speacutecifiquement aux groupes dado-lescents dont les membres sont eacutetroite-ment lieacutes par une culture de jeunesse Toutefois tout groupe social ainsi carac-teacuteriseacute peut faire laquo pair raquo Leacuteducation par les pairs repose sur

lrsquoideacutee qursquoun message deacutelivreacute agrave un indi-vidu par un autre au sein drsquoun groupe de pairs peut ecirctre plus creacutedible et efficient que celui proposeacute par les figures repreacute-sentant lrsquoautoriteacute Concernant les jeunes elle postule que les groupes de pairs ont une grande influence sur leur eacutevolution et leur deacuteveloppement en tant qursquoinstance fondamentale de la socialisation Leacuteducation par les pairs permet dameacuteliorer les processus parti-cipatifs au sein de la socieacuteteacute

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS AUTOUR DE LrsquoADOLESCENCECertaines actions de preacutevention visent agrave stimuler la reacutef lexion des jeunes consommateurs Elles ont pour objectif de les accompagner agrave partir de leurs expeacuteriences personnelles dans une ana-lyse de leurs propres parcours sous les effets directs ou indirects de groupes drsquoappar tenance reacuteelle ou souhaiteacutee Lrsquoapproche leur donne accegraves agrave une meil-leure compreacutehension de la pression ou influence du groupe pouvant amputer leur deacutesir de liberteacute et drsquoautonomieParmi les actions de renforcement des compeacutetences psychosociales des jeunes certaines ont pour vecteur lrsquoeacuteducation par les pairs86 en tant qursquoapproche drsquoeacutedu-cation agrave la santeacute Elle implique un eacutechange dinformations et dopinions avec dautres personnes qui laquo font raquo pairs afin de questionner des comportements de corriger des informations fausses et de stimuler des attitudes et des aptitudes positives vis-agrave-vis de la santeacute Cette approche repose sur le fait quagrave certains moments de la vie particuliegravere-ment dans la jeunesse linfluence des pairs est plus grande que dautres voies dinfluence Cest une approche alterna-tive ou compleacutementaire aux strateacutegies traditionnelles deacuteducation pour la santeacute en particulier dans la preacutevention au sujet des drogues et du Virus de lImmunodeacute-ficience Humaine87

86 Yaeumllle AMSELLEM-MAINGUY laquo Qursquoentend-on par eacuteducation pour la santeacute par les pairs raquo Cahiers de lrsquoaction ndeg 3 2014 pp 9-16

87 Glossaire des termes de santeacute publique internationaux

ILLUSTRATION

laquo Treacutesor de parents raquo outil drsquoanimation deStineacute aux parentS produit par lrsquoanpaa en hautS-de-france

laquo Treacutesor de parents raquo est un jeu coopeacute-ratif destineacute agrave animer des groupes de parents de preacute-adolescents et adoles-cents Un jeu de penseacutee positive sans moralisation qui srsquoappuie sur les res-sources et les compeacutetences des parents les aider agrave exprimer leurs ressentis leurs points de vue leurs faccedilons de reacuteagirhellip

OBJECTIF GEacuteNEacuteRAL

Aider les parents agrave situer leur place et leur rocircle dans la preacutevention des conduites agrave risques aupregraves de leur adolescent etou preacute-adolescent dans une deacutemarche eacuteducative globale

SES OBJECTIFS OPEacuteRATIONNELS

SONT DAIDER LES PARENTS Agrave

Aborder plus facilement les prises de risques avec leur adolescent

Situer les prises de risques dans le processus de deacuteveloppement de lrsquoadolescent

Faire eacutemerger leurs reacuteussites leurs compeacutetences et celles de leur adolescent

Creacuteer les conditions drsquoun dialogue avec leur adolescent

Trouver un style eacuteducatif adapteacute aux besoins et difficulteacutes de lrsquoadolescent

Reconnaicirctre identifier les prises de risques probleacutematiques et celles qui ne le sont pas

Ecirctre en capaciteacute de solliciter de lrsquoaide en cas de difficulteacute relationnelle ou de prises de risques speacutecifiques

Des situations de jeu ancreacutees dans le veacutecu quotidien auxquelles les parents reacutepondent gracircce agrave des cartes laquo situa-tion raquo des dessins humoristiques des quizz des cartes laquo petites reacuteussites et grandes victoires raquo

LES THEacuteMATIQUES ABORDEacuteES

Lrsquoalcool le tabac le cannabis les eacutecrans les jeux de hasard et drsquoargent les comportements alimentaires les meacutedicaments psychotropes la vie af-fective et sexuelle et les autres prises de risques et polyconsommations les ressources lieacutees agrave la parentaliteacute

CONTEXTE DE MISE EN ŒUVRE

Cet outil peut ecirctre animeacute par tout pro-fessionnel socio-eacuteducatif ou meacutedico-social aupregraves de groupes de parents (qui se connaissent ou non en amont de lrsquoanimation) Les parents peuvent venir par exemple de centres sociaux de maisons de quartier drsquoeacutetablisse-ments scolaires de cafeacutes des parents Maison drsquoenfants agrave caractegravere social (MECS)hellip Il est neacutecessaire de preacutevoir une animation drsquoenviron deux heures

Ce jeu nrsquoest pas adapteacute pour une ani-mation sous forme de laquo stand raquo avec arriveacutee et deacutepart permanent des par-ticipants

74 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 75

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

La notion ambivalente de co-usager

Les comportements potentielle-ment addictogegravenes et les consomma-tions de substances psychotropes ont souvent lieux en preacutesence drsquoun tiers Le plus souvent il srsquoagit de quelqursquoun avec qui lrsquoon partage ce moment cette expeacuterience Ces personnes teacutemoins et actrices des consommations de lrsquoautre comme lrsquoautre peuvent-elles jouer un rocircle dans la preacutevention la reacuteduction des risques et lrsquoaccegraves aux soins dans le groupe

Plusieurs mouvements de preacuteven-tion et drsquoeacuteducation par les pairs en font la thegravese et connaissent un grand engouement Cette approche pose toutefois la question des nombreux travers qursquoelle peut engendrer

Qursquoest-ce qui fait laquo pair raquo Que faut-il eacuteviter pour que le pair soit creacute-dible et agent de changement Com-ment eacuteviter lrsquoeacutecueil drsquoecirctre consideacutereacute comme une copie des acteurs de preacute-vention traditionnels ou des adultes qui reacutegurgiteraient leurs discours bien appris laquo des pairrsquohoquets raquo

Eacuteleacutements de reacuteflexion sur lrsquoaction drsquoeacuteducation par les pairs

Lrsquoeacuteducation pour la santeacute par les pairs demande du temps Elle laquo neacute-cessite drsquoecirctre inscrite dans la dureacutee (hellip) il est essentiel que les autres jeunes srsquohabituent agrave ces jeunes

pairs-eacuteducateurs et appreacutehendent au mieux leurs rocircles raquo88

Quand la consommation de produit fait laquo groupe raquo ou a lieu dans un groupe des pheacutenomegravenes de loyau-teacute de protectionhellip sont agrave estimer Dans le contexte particulier de la famille les risques de placement ou de signalement peuvent renforcer le laquo secret raquo De mecircme la situation peut ecirctre tregraves diffeacuterente en fonc-tion du sexe de lrsquoacircge (diffeacuterents acircges de responsabiliteacute leacutegale) de la personne consommatrice en diffi-culteacute et en fonction de qui est le co-usager pair ou non (adulte ou autre mineur famille (fratrie ascen-dantshellip)) Le contexte de consommation (fecircte scolaire parascolaire club sportif milieu professionnel ou de stage agrave domicile consommation cacheacutee ou nonhellip) rajoute son lot de speacutecificiteacute drsquoapproche avec des inclusions diffeacuterentes drsquoadultes res-sources et de pairs Dans les groupes drsquoappartenance ougrave des comportements addictifs ont lieu de faccedilon reacutecurrente cer-tains co-usagers plus acircgeacutes laquo expeacute-rimenteacutes raquo tiennent de faccedilon ano-nyme le rocircle de pairs dans une forme drsquoapprentissage sur lrsquoinstant et par lrsquoexemple drsquoune consomma-tion laquo agrave moindre risques raquo

88 Ibid

Les appuis psycho-sociaux de lrsquoeacuteduca-tion par les pairs69 sont les suivants

Les jeunes sont les laquo experts de ce qursquoils vivent en tant que jeunes avec une perspective privileacutegieacutee sur ce qursquoils vivent raquo

Ils sont souvent motiveacutes par le chan-gement

Les groupes de pairs peuvent avoir un effet de laquo multiplicateurs raquo lorsque les ressources sont limiteacutees et qursquoun grand nombre de personnes souhaite avancer Par des effets en cascade un changement au sein drsquoune communauteacute locale est susceptible drsquointervenir plus rapidement et plus profondeacutement

Les jeunes sont valoriseacutes en faisant appel agrave leurs propres compeacutetences pour informer ou aider drsquoautres jeunes laquo leurs pairs raquo

laquo Avec des soutiens et encourage-ments les jeunes peuvent parvenir agrave geacuterer le processus eacuteducatif et lrsquoeacutechange drsquoinformations raquo Tout deacutependra de lrsquoenvironnement dans lequel le pro-gramme sera mis en action

Les jeunes sont par ailleurs ameneacutes agrave prendre des responsabiliteacutes vis-agrave-vis des sujets de santeacute de mode de vie et parti-culiegraverement de conduites addictives

Ils deacuteveloppent des compeacutetences de laquo facilitateur raquo de la discussion sou-tiennent le travail des professionnels de lrsquoeacuteducation instaurent un rapport de confiance chez les adultes qui peuvent mieux comprendre leur point de vue

Le focus sur lrsquoacquisition et le deacuteve-loppement des compeacutetences psycho-sociales est lrsquoobjectif essentiel en termes de preacutevention Il srsquoagira de tra-vailler par exemple sur la deacutefinition de

la santeacute de lrsquoinfluence les groupes drsquoap-partenance les eacutemotions la conscience de soi lrsquoempathie Cela doit amener les jeunes agrave se questionner pour et sur eux-mecircmes mais eacutegalement pour et sur leur entourage

76 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 77

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte La responsabiliteacute socieacutetale des entre-prises (RSE) et de la reacuteglementation en matiegravere de preacutevention des risques pro-fessionnels sont des avanceacutees qui aident agrave lever les tabous toujours domma-geables concernant les difficulteacutes au tra-vail et les addictions sur le lieu de travail Lrsquoentourage certes de faccedilon ineacutegale selon les secteurs drsquoactiviteacutes est de moins en moins en prise avec les effets de loi du silence ou de loyauteacute imposeacutee par la structure ou le groupe de colla-borateursDe nombreux outils sont deacuteveloppeacutes en interne avec lrsquoappui drsquointervenants pour mettre en place des attitudes et des capaciteacutes agrave reacuteagir au sein de lrsquoentreprise entre collaborateurs et agrave diffeacuterents ni-veaux hieacuterarchiques

Dans ce cadre la preacutevention des risques lieacutes aux probleacutematiques addictives drsquoun collaborateur aura tout inteacuterecirct agrave se pla-cer dans une dynamique drsquoeacuteducation par les pairs chaque membre de lrsquoen-treprise sera ameneacute agrave deacutevelopper des compeacutetences de pairs en termes de vigilance et drsquoeacutecoute Crsquoest aussi toute une culture de la bienveillance en milieu de travail qui peut srsquoy rattacher

Fondement de lrsquoaction de preacuteven-tion en milieu professionnel

Identifier et faire connaicirctre dans lentreprise quelles sont les personnes ressources instances repreacutesentatives du personnel service de santeacute au travail

preacuteventeurs et pairs personnes for-meacutees agrave piloter une deacutemarche de preacute-vention

Deacutevelopper une deacutemarche inclusive et participative de tous les salarieacutes agrave tous les niveaux hieacuterarchiques

Aider les personnes en difficulteacute dans le cadre du contexte professionnel avec pour but de maintenir ces per-sonnes dans lentreprise et non les ex-clure

Services de santeacute au travail Ils ont pour mission exclusive deacuteviter toute alteacuteration de la santeacute des travail-leurs du fait de leur travail A cette fin notamment ils conseillent les em-ployeurs les travailleurs et leurs repreacute-sentants sur les dispositions et mesures neacutecessaires afin deacuteviter ou de diminuer les risques professionnels dameacuteliorer les conditions de travail de preacutevenir la consommation dalcool et de drogue sur le lieu de travail89

Les actions agrave mener peuvent ecirctre Aider les personnes agrave eacutevaluer les

risques lieacutes agrave leur usage de substances psychoactives agrave sinterroger sur leurs pratiques de consommation et deacutevelop-per des capaciteacutes agrave faire des choix

Pour les personnes en difficulteacute les informer en quoi leur consommation impacte leur travail susciter leur capa-citeacute agrave demander de laide et leur indi-quer comment avec qui et dans quelles structures drsquoaccompagnement et de soins dans le respect de leur vie priveacutee Crsquoest ici que se placera singuliegraverement

89 L4622-2 du code du travail

ZOOM

Preacutevention des risques professionnels lieacutes aux conduites addictivesune deacutemarche Speacutecifique propoSeacutee par lrsquoanpaa

La deacutemarche de lrsquoANPAA est une deacutemarche globale Elle prend en compte tous les professionnels de lrsquoentreprise (publique ou priveacutee) et pas uniquement ceux pour lesquels la consommation est repeacutereacutee par lrsquoem-ployeur ou le service de santeacute au tra-vail comme probleacutematiqueLa deacutemarche globale drsquointervention en milieu professionnel de lrsquoANPAA comporte trois volets

La preacutevention collective sur la base du code de la route du code du tra-vail et du regraveglement inteacuterieur de lrsquoen-treprise

Lrsquoaccompagnement des salarieacutes en difficulteacute comment les orienter vers lrsquoaccompagnement et les soins vers qui avec qui

Le conseil pour la gestion par lrsquoen-treprise de situations difficiles sur le lieu de travail (regraveglement inteacuterieur conduites agrave tenir face agrave un salarieacute en eacutetat drsquoivresse manifeste face agrave un sala-rieacute en difficulteacute chronique etc)

La formation de volontaires relais de preacutevention permettant lrsquoacquisition drsquooutils neacutecessaires pour agir en pairs au sein de lrsquoentreprise dans une pos-ture qui doit avant tout permettre drsquoaider les personnes en difficulteacute

Cette deacutemarche srsquoappuie notamment sur le CHSCTComiteacute social et eacuteco-nomique (CSE) le service de santeacute au travail la direction des ressources humaines les preacuteventeurs au sein de lrsquoentreprise

une eacuteducation par les pairs dans le contexte de compeacutetences psychoso-ciales acquises ou par une formation deacutedieacutee

Pour lentreprise agir sur lenviron-nement qui peut ecirctre incitateur afin de reacuteduire les risques

Faire appel agrave la responsabilisation de

chacun selon son niveau de responsa-biliteacute au sein de lrsquoentreprise tout en consideacuterant la regravegle premiegravere drsquoassis-tance agrave personne en danger le cas eacutecheacuteant

Rappeler et faire respecter le code du travail le regraveglement inteacuterieur et les proceacutedures internes de lentreprise

78 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 79

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 MOBILISER DES ACTEURS ET OUTILS

MOBILISER LES PARTENARIATS La preacutevention des impacts sur lrsquoentou-rage des conduites addictives drsquoun proche srsquoinscrit dans une continuiteacute drsquoactions depuis le repeacuterage en passant par lrsquoalerte et lrsquoaccompagnement sur un territoire donneacuteDans ce contexte des professionnels des secteurs sanitaires sociaux et meacute-dico-sociaux mais pas uniquement non speacutecialiseacutes en addictologie pourront ecirctre mobiliseacutesNotamment concernant la preacutevention des risques de co-deacutependance et de parenti-fication des enfants le cercle de collabo-ration peut srsquoeacutelargir au monde eacuteducatif et socioculturel tel que le service jeunesse clubs sportifs lrsquoEducation Nationale la CAF etc et les lieux de soins ou de suivi meacutedico-social de lrsquoenfanceConcernant le monde professionnel il srsquoagira de se tourner vers les acteurs speacutecialiseacutes de preacutevention en consideacuterant les interactions possibles avec les ser-vices internes agrave lrsquoentreprise ou ex-ternes direction du travail service de santeacute au travail groupements profes-sionnels feacutedeacuterations locales pour des actions seacutelectives et cibleacutees

Non-exhaustive la liste suivante des acteurs-ressources doit srsquoadapter agrave chaque contexte local et de public pour nouer les partenariats utiles au repeacuterage et agrave lrsquoaccompagnement

Secteur de lrsquoenfance et de la jeu-nesse en particulier la Protection Ma-ternelle et Infantile (PMI) lrsquoAide Sociale

agrave lrsquoEnfance (ASE) les centre Meacutedico Psycho Peacutedagogique (CMPP) les Point drsquoAccueil Eacutecoute Jeunes (PAEJ)et mai-sons des adolescents90 Secteur de la parentaliteacute en particu-

lier les Reacuteseaux drsquoEacutecoute Appui et drsquoAc-compagnement des parents (REAPP) les services de meacutediation familiale (agrave la de-mande des parties ou agrave la demande drsquoun juge) les lieux drsquoaccueil enfants-parents (LAEP) les Centre de Planification et drsquoEacuteducation Familiale (CPEF)91 les centres drsquoInformation sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) Milieu professionnel en particulier

les Comiteacutes Sociaux et Economique (CSE)92 Les services de santeacute au travail93

Autres milieux en particulier les services de santeacute scolaire et universi-taire les services drsquoActions Eacuteducatives en Milieu Ouvert (AEMO) la Protection Judiciaire Jeunesse (PJJ) et les services peacutenitentiaires drsquoinsertion et de proba-tion (SPIP)

90 Coordonneacutees des maisons des adolescents et PAEJ sur httpcartosantejeunesorg

91 Coordonneacutees des CPEF httpsivggouvfrles-centres-de-planification-ou-d-education-familialehtml

92 Le CSE est destineacute agrave remplacer lensemble des ins-titutions repreacutesentatives eacutelues du personnel de lentre-prise pour toutes les entreprises dau moins 11 salarieacutes Dici le 1er janvier 2020 il se substituera notamment aux deacuteleacutegueacutes du personnel au comiteacute dentreprise et au comiteacute dhygiegravene de seacutecuriteacute et des conditions de travail (CHSCT) En revanche les repreacutesentants du personnel deacutesigneacutes par exemple les deacuteleacutegueacutes syndicaux restent en place Dans les entreprises drsquoau moins 300 salarieacutes le CSE doit comporter une commission santeacute seacutecuriteacute et conditions de travail (CSSCT) dont les principales missions correspondent pour tout ou partie agrave celles auparavant confieacutees au CHSCT

93 Plus drsquoinformation sur httptravail-emploigouvfremploiinser tion-dans-l-emploiemploi-et-handicapprevention-et-maintien-dans-l-emploiservices-de-sante-au-travail-sst

ZOOM

Violences intrafamiliales et neacutecessaire attention des professionnels

Reconnaicirctre la violence Les violences srsquoinscrivent dans un continuum drsquoattitudes et de compor-tements allant du verbal aux coups du mateacuteriel au symbolique du physique au psychique impactant toute la cel-lule familialeCes violences sont faciliteacutees et insuffi-samment combattues pour plusieurs facteurs notamment Le sexisme des socieacuteteacutes humaines lrsquoanthropologue Franccediloise Heacuteritier94 estime que partout de tout temps et en tout lieu le masculin est consideacutereacute comme supeacuterieur au feacuteminin qursquoelle deacutefinit comme laquo la valence diffeacuteren-tielle des sexes raquo

94 Franccediloise HERITIER Masculin Feacuteminin La pen-seacutee de la diffeacuterence Odile Jacob 1995 332 p

Les liens de parentaliteacutes consideacutereacutes comme relevant de la sphegravere de lrsquoin-time avec notamment pour conseacute-quence la non-peacutenalisation des laquo fes-seacutees raquo parentalesDans leur expression paroxysmique les violences intrafamiliales en France crsquoest une femme qui deacutecegravede tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint95 deux en-fants qui deacutecegravedent chaque jour dans le cadre de maltraitances parentales96 et 80 des mauvais traitements infli-geacutes sur un enfant ayant lieu au sein de la famille

95 Observatoire national des violences faites aux femmes

96 Anne TURSZ Les oublieacutes Enfants maltraiteacutes en France et par la France Le Seuil 2010 432 p

Agrave RETENIR

Les professionnels de lrsquoaddictologie doivent Communiquer sur les ressources existantes en matiegravere de preacutevention repeacute-

rage orientation accompagnement et soins par tout moyen (par teacuteleacutephone en ligne et par les groupes drsquoauto-support) aupregraves de lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Srsquoappuyer sur des partenariats forts avec les acteurs non speacutecialiseacutes engageacutes sur les questions relatives agrave lrsquoentourage

80 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 81

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Reacuteduire les risques et les dommages dans le champ des addictions

Crsquoest porter la plus grande attention aux liens qui peuvent srsquoopeacuterer entre conduites addictives et violences

Du fait des psycho traumas issus de violences subies par le passeacute cer-taines personnes sont confronteacutees agrave des probleacutematiques addictives

Rendues plus vulneacuterables du fait de leurs conduites addictives certaines personnes ont plus de risques drsquoecirctre victimes de violencesLes conduites addictives peuvent ecirctre des facteurs facilitant les passages agrave lrsquoacte violent pour certaines personnes

Les professionnels doivent donc porter une attention particuliegravere agrave ces ques-tions de violences subies ou commises

Questionner systeacutematiquement les personnes sur drsquoeacuteventuelles violences subies par le passeacute ou actuellement

Ne pas craindre une laquo poten-tielle raquo rupture du lien theacuterapeutique avec une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives dont on ap-prend des actes de violences sur des tiers

Opeacuterer des signalements degraves que les circonstances semblent les rendre neacutecessaires

Faire connaicirctre leurs droits aux personnes victimes et mobiliser les ressources existantes sur le territoire

Diffuser largement les numeacuteros de teacuteleacutephonie deacutedieacutes

Enfance en danger 119 Violences femmes Info 39 19

ILLUSTRATION

Violences intrafamiliales dans un contexte de probleacutematique addictive expeacuterience du cSapa anpaa danS le cher en partenariat

ACTION PARTENARIALE

Cette action partenariale a mobiliseacute le CSAPA ANPAA dans le Cher La DGS La preacutefecture du Cher (par la chargeacutee de mission du Droit des Femmes et le substitut du Procureur) la Maison des Adolescents et des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie

HISTORIQUE

Degraves 2008 lrsquoANPAA dans le Cher accentue lrsquoaccueil et lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage en proposant du soutien individuel mais eacutegalement un soutien theacuterapeutique par le biais de la theacuterapie familiale systeacutemique Si les pratiques addictives sont consideacutereacutees comme des conduites principalement individuelles elles ont des reacutepercus-sions eacutevidentes sur le fonctionnement familial et reacuteciproquement

En 2012 suite agrave un appel agrave projets de la DGS lrsquoANPAA obtient un finan-cement de 18 mois pour deacutevelopper un projet de preacutevention drsquoaccegraves aux soins et de soins en direction des femmes sur le deacutepartement du Cher

Au cours de ces 18 mois la vulneacute-rabiliteacute particuliegravere des femmes amegravene lrsquoeacutequipe agrave adapter les moyens drsquoaccompagnement dont la place des

enfants et agrave se rapprocher de parte-naires jusque-lagrave peu solliciteacutes

En 2014 la preacutefecture du Cher en la personne de la chargeacutee de mission au Droit des femmes et du substitut du procureur reacuteunit des profession-nels pour innover et construire une reacuteponse singuliegravere Le substitut sou-ligne alors que dans le Cher lrsquoalcool est preacutesent dans 70 des cas de vio-lences intrafamiliales LrsquoANPAA se saisit de cette opportu-niteacute et constitue un groupe de reacute-flexion interne chargeacute drsquoeacutelaborer et de mettre en œuvre un projet speacutecifique

LrsquoANALYSE EFFECTUEacuteE PAR LrsquoANPAA

DEacuteGAGE TROIS PRIORITEacuteS

1 Lrsquoaccueil des enfants en centre de soin lrsquoouverture de la Maison des Adolescents a favoriseacute cette possibiliteacute 2 Un besoin de formation les pro-fessionnels se sont formeacutes agrave lrsquoeacutevalua-tion du risque traumatique et agrave lrsquoac-compagnement des enfants 3 Des parcours de vie poly-trauma-tiques de femmes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Drsquoun point de vue clinique au-delagrave de la litteacuterature dans le domaine lrsquoeacutequipe observe chez les usagers et en particulier chez les femmes preacutesentant des conduites addictives des probleacute-matiques lieacutees agrave des histoires de vie ponctueacutees de ruptures et de trauma-tismes Souvent des anteacuteceacutedents deacute-pressifs anxieux des conditions de vie peacutenibles et des traumatismes lieacutes agrave des abus sexuels apparaissent dans la vie

82 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 83

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

des femmes victimes La violence est ainsi tregraves preacutesente dans leur parcours

Soit agrave lrsquoorigine de leur probleacutematique Soit dans leur quotidien leurs pro-bleacutematiques les placcedilant en situa-tions de fragiliteacute qui les rendent plus souvent victimes de violences Soit parce que lrsquoaddiction chez une femme est assimileacutee agrave une tare qui entraicircne culpabiliteacute et honte avec des consommations plus souvent cacheacutees Lrsquoimpact de la combinaison conduites

addictives et violence aupregraves des en-fants est incontournable Ce constat srsquoappuie sur les eacuteleacutements judiciaires (dont le devenir drsquoenfants victimes de violences intrafamiliales) sur le reacutecit de vie des usagers du centre de soins et eacutegalement sur les teacutemoignages des jeunes rencontreacutes agrave la Maison des Ado-lescents pour des probleacutematiques ou des questionnements paraissant au deacutepart bien eacuteloigneacutes de cette question

LE PROJET PORTEacute PAR LrsquoANPAA

DANS LE CHER SrsquoADRESSE

DrsquoUNE PART AUX FEMMES DrsquoAUTRE

PART AUX ENFANTS

En direction des femmes contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reacutecidive agrave travers des consultations individuelles et un groupe de parole de femmes

En direction des enfants contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reproduction intergeacuteneacuterationnelle de la violence et

des conduites addictives par des consultations individuelles et familiales et atelier de preacutevention laquo les prsquotits chefs de la preacutevention raquo

LES PrsquoTITS CHEFS

DE LA PREacuteVENTION

Animeacute par un animateur de preacuteven-tion ou eacuteducateur speacutecialiseacute cet ate-lier srsquoadresse agrave des enfants acircgeacutes de 5 agrave 12 ans et a pour objectif la diffusion de connaissances le deacuteveloppement de compeacutetences psychosociales le deacuteveloppement de lrsquoautonomie et de la responsabilisation la preacutevention de la premiegravere consommation lrsquoeacutechange parents-enfants-professionnelsCes modaliteacutes de mise en œuvre sont les suivantes

Le groupe srsquoappuie sur des meacutedia-tions adapteacutees (jeux dessins outils de preacutevention hellip) afin de deacutevelopper etou renforcer les compeacutetences psycho-sociales des enfants

Ce groupe fermeacute de huit enfants se deacutecline en cinq seacuteances de deux heures trente lors de chaque peacuteriode de vacances scolaires

Au cours de chaque seacuteance deux compeacutetences psychosociales sont tra-vailleacutees Ensuite un goucircter est preacute-pareacute par les enfants afin de proposer un temps drsquoeacutechange et de partage entre enfants parents et profession-nel de lrsquoANPAA du Cher

Une eacutevaluation est produite agrave la fin de chaque seacuteance afin drsquoappreacutecier la satisfaction des participants de leurs parents et lrsquoatteinte des objectifs

OUTILS POUR SrsquoINFORMER ORIENTER ET SrsquoORIENTER

Outils agrave destination de lrsquoentourageLes personnes de lrsquoentourage de per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peuvent disposer de pre-miegraveres reacuteponses agrave leurs interrogations de maniegravere anonyme gracircces aux lignes teacuteleacutephoniques du groupement drsquointeacuterecirct public Addictions Drogues Alcool Info Service (ADALIS)

Alcool info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 0 980 980 930 et en ligne httpalcool-info-servicefrAvec une rubrique deacutedieacutee laquo lrsquoalcool et vos proches raquo proposant plusieurs conseils

Lalcool dans la famille Comment savoir si un proche a un problegraveme Mon conjoint boit comment en parler agrave mes enfants Mon ado organise une soireacuteehellip

Aider ecirctre aideacute Comment aider un proche Il a recommenceacute agrave boirehellip Comment me faire aider

Drogue info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel gratuit depuis un poste fixe 0800 23 13 13 et en ligne httpwwwdrogues-info-servicefr

Joueurs info service de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 09 74 75 13 13 Et en ligne httpwwwjoueurs-info-ser-vicefr

Un ensemble de services sont proposeacutes Des conseils en ligne Par laquo chat raquo en ligne sur le site web

deacutedieacute Une eacutecoute et des conseils personna-

liseacutes par teacuteleacutephone En adressant ses questions par formu-

laire sur le web rubrique laquo vos ques-tions nos reacuteponses raquo

Les adresses utiles en preacutevention (conseil consultation documentaire in-tervention de preacutevention) en soins (meacutedico-social sanitaire ambulatoire ou reacutesidentiel) professionnels (formation coordination des soins) Outils agrave destination des professionnels

Travailler en preacutevention pour et avec lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peut prendre de multiples formes et concer-ner de nombreux thegravemes sous-jacents La formation et le conseil des eacutequipes ou des interlocuteurs non speacutecialiseacutes en addictologie notamment de premiegravere ligne susceptibles de repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addic-tives aupregraves des personnes de lrsquoentou-rage ndash (cellule familiale ou en milieu professionnel) ndash doivent ecirctre accompa-gneacutes par les professionnels de lrsquoaddicto-logie agrave travers des actions de conseil et de formation pour leur permettre de

Savoir eacutevoquer et repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addictives

Savoir orienter vers les lieux res-sources notamment en matiegravere drsquoac-compagnement les CSAPA ont aussi pour mission lrsquoaccompagnement des personnes de lrsquoentourage

GUIDE REPEgraveRES 85

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

84 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Des formations agrave envisager notam-ment sur les theacutematiques suivantes

Notions de base en addictologie Entretien de premier accueil accueil

et orientation de lrsquoentourage Questions de parentaliteacute Theacuterapie familiale avec notamment

des outils comme le geacutenogramme la transmission intergeacuteneacuterationnelle

Agrave RETENIR

Les formations proposeacutees par lrsquoANPAA sinscrivent dans les champs de la preacutevention et du conseil en addictologie

Des stages de formation en addictologie sont organiseacutes dans toute la France Pour lessentiel ces stages sont destineacutes agrave des professionnels relais dans les entreprises des services administratifs locaux des associations qui agissent aupregraves des personnes en difficulteacute

Le maillage territorial de lrsquoANPAA permet de deacutevelopper aussi un panel de formations en lien avec les besoins et les ressources des territoires et des pu-blics cible

Certaines formations abordent les questions touchant agrave lrsquoentourage agrave la preacutevention des risques agrave son accueil ou agrave ses souffrances comme la co-deacutepen-dance

Dans le cadre de la preacutevention des conduites addictives en milieu profes-sionnel le plan gouvernemental preacutevoit plusieurs actions dont la formation des professionnels de santeacute des services de santeacute au travail en service autonome ou interentreprises agrave la preacutevention des conduites addictives

3fraslthinsp1PRIMO-DEMANDE

ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

1 ACCOMPAGNER LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

UNE MISSION DES CSAPALrsquoentourage est accueilli en CSAPA au mecircme titre que les personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives et beacuteneacuteficient des mecircmes possibiliteacutes de prise en compte de leurs probleacutema-tiques speacutecifiques agrave travers une eacutecoute et un accompagnement personnaliseacuteAinsi les CSAPA laquo assurent pour les personnes ayant une consommation agrave

risque un usage nocif ou preacutesentant une deacutependance aux substances psychoac-tives ainsi que pour leur entourage laccueil linformation leacutevaluation meacutedi-cale psychologique et sociale et lorien-tation de la personne ou de son entou-rage [hellip] raquo97 De ce fait les professionnels du CSAPA peuvent intervenir aupregraves de lrsquoentou-rage dans une assez grande varieacuteteacute de situations

La personne de lrsquoentourage en diffi-culteacute avec les conduites addictives de lrsquoautre lrsquoautre eacutetant en deacutemarche drsquoac-compagnement ou de soins dans le

97 Deacutecret ndeg 2007-877 du 14 mai 2007 relatif aux mis-sions des centres de soins daccompagnement et de preacutevention en addictologie

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

1 PRIMO-DEMANDE ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

3 ORIENTATIONS PSYCHOTHEacuteRAPEUTIQUES

86 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 87

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

longue peacuteriode de difficulteacutes tues voire un pheacutenomegravene de co-deacutependance ins-talleacutee

Geacuteneacuteralement la personne de lrsquoen-tourage masque son propre besoin drsquoaide ou drsquoaccompagnement qursquoelle nrsquoest pas encore en mesure de formuler par une primo-demande de soutien pour laquo lrsquoautre raquo celui qui a un problegraveme avec ses conduites addictives

Qursquoelle que soit la position de cette personne de lrsquoentourage la deacutemarche qursquoelle accomplit doit ecirctre consideacutereacutee avec la plus grande attention car lrsquoimpli-cation des familles des proches aupregraves des usagers constitue un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sen-sibiliseacutes eacutecouteacutes peuvent soutenir lrsquousa-ger dans sa deacutemarche de reacuteduction des risques et des dommages

IDENTIFIER LES MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGELa demande drsquoaide deacutetourneacutee ou pas du conjoint ou du parent est freacutequem-ment motiveacutee par un moment de crise face agrave un eacutevegravenement laquo grave raquo ou un laquo eacutevegravenement de trop raquo lieacute aux conduites addictives comme

Le deacuteni des consommations Une reprise de consommation apregraves

une peacuteriode drsquoabstinence Des actes de violence conjugale ou

familiale (violences verbales physiques agressions sexuelles ou viol) sous lrsquoeffet drsquoun produit

La personne est souvent la seule agrave solli-citer de lrsquoaide

Elle vient consulter en exprimant tou-cher une limite par rapport agrave ce qursquoelle peut supporter de son proche

Lrsquoexigence de lrsquoarrecirct de la consomma-tion du conjoint en difficulteacute avec ses conduites addictives est un signe de la souffrance du proche et de son eacuteven-tuelle co-deacutependance Crsquoest une forme drsquoappel au secours

Le proche non-deacutependant lorsqursquoil srsquoagit du conjoint veut faire laquo repartir le couple comme avant raquo Cette deacutemarche deacutesigne le partenaire en difficulteacute avec ses conduites addictives comme unique responsable du malaise conjugal et comme laquo malade raquo agrave soigner pour reacuteta-blir lrsquoeacutequilibre du couple

La demande peut aussi porter sur Une aide pour mieux geacuterer les pro-blegravemes lieacutes aux conduites addictives de leur partenaire

Une demande drsquoaccompagnement de leur conjoint afin de leur laquo faire arrecircter raquo les consommations (les problegravemes)

Peu de personnes de lrsquoentourage expriment un besoin drsquoaide pour elles-mecircmes Il srsquoagit tregraves souvent de lrsquoautre et non de soi

Cette demande drsquoaide implique for-ceacutement que les parties srsquointerrogent et se positionnent sur la place que chacun est precirct agrave faire agrave lrsquoautre agrave travers des attentes exprimeacutees vis-agrave-vis de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives mais surtout par rapport au veacutecu du couple et agrave sa faccedilon de se pro-jeter agrave travers un avenir commun

mecircme eacutetablissement ou pas Lrsquoaccompa-gnement est centreacute sur la personne de lrsquoentourage et ses difficulteacutes

Les personnes deacutesireuses de soute-nir leur proche addict dans sa deacutemarche de changement

Les personnes de lrsquoentourage invi-teacutees par un professionnel en accord avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictivesCes personnes de lrsquoentourage peuvent ecirctre reccedilues individuellement ou avec leur proche ou en groupe agrave viseacutee infor-mative ou theacuterapeutique selon ce qui est proposeacute par lrsquoeacutetablissement

Selon les attentes de la personne en premiegravere consultation il sera question drsquoassurer

Une eacutecoute et une eacutevaluation de la demande

Un soutien en tant que personne en souffrance sous lrsquoeffet drsquoune co-deacutepen-dance conscientiseacutee ou pas

Une information pour mieux com-prendre les probleacutematiques addictives et celles de la personne proche en par-ticulier produits contextes de consom-mation effets rechercheacutes risques et dommages meacutecanismes psychiques lieacutes aux addictions dispositifs et modaliteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Des conseils pour pouvoir laquo aider raquo et rester aux cocircteacutes de la personne addict en eacutevitant les situations de reacuteclamations controcircle ou de protection parfois contre-productives et psychiquement usantes

Accompagnement conjoint avec la personne addicte voire agrave plusieurs en famille par exemple sous reacuteserve drsquoad-heacutesion des parties

UNE COMMUNICATION INDISPENSABLE Agrave LrsquoEFFICACITEacute DE LA MISSION DE PREacuteVENTIONIl est absolument neacutecessaire que tous les supports de communication sur les mis-sions et le public accueilli en CSAPA speacutecifient bien que lrsquoentourage de toute personne en difficulteacute avec ses conduites addictives peut ecirctre accueilli et accom-pagneacute

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non ins-crite dans une deacutemarche drsquoaccompagne-ment et de soins dans cet eacutetablissement ou ailleurs par le passeacute ou actuelle-ment

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non in-formeacutee que son proche consulte en CSAPA en tant que laquo personne de lrsquoentourage raquoCette information doit ecirctre largement relayeacutee par le reacuteseau drsquoacteurs interve-nant sur le public et le secteur geacuteogra-phique du CSAPA

2 PRIMO-DEMANDE ET MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGE

PRIMO-DEMANDE DE LrsquoENTOURAGE

Lrsquoentourage drsquoune personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives doit ecirctre reccedilu comme tout usager accueilli en structure drsquoaccueil drsquoaccompagne-ment et de soins

La personne de lrsquoentourage (conjoint famille collegraveguehellip) qui franchit la porte drsquoun eacutetablissement drsquoaccompagnement en addictologie reacutevegravele par fois une

GUIDE REPEgraveRES 89

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

88 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

dez-vous avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives sans infor-mation preacutealable Il srsquoagit en geacuteneacuteral pour la personne de lrsquoentourage

De srsquoassurer que lrsquoaccompagnement se poursuit Drsquoapporter des informations com-pleacutementaires parfois agrave lrsquoinsu du tiers concerneacute Drsquoexprimer ses difficulteacutes voire son deacutecouragement face agrave une situation

qui nrsquoeacutevolue pas comme cela est attendu lrsquoentourage se montre parfois laquo impatient raquo et si le laquo pa-tient raquo laquo ne bouge pas raquo la pression se verra renforcer sur lrsquoeacutequipe drsquoac-compagnement et de soins

Ces deacutemarches de lrsquoentourage intro-duisent une dimension familiale que la situation de la personne concerneacutee srsquoameacuteliore se deacuteteacuteriore ou que drsquoautres problegravemes se posent

ZOOM

Double suivi au sein du mecircme eacutetablissement

Repeacuterer le double suiviLe possible double suivi drsquoun usager et de son entourage (une ou plusieurs personnes) neacutecessite danalyser lrsquoob-jet de la demande et son origine car

Un accompagnement etou des soins en addictologie ne peuvent avoir lieu que si lrsquousager le demande

Mais lorsque cest lentourage qui demande alors les eacuteleacutements de la demande peuvent ecirctre disperseacutes entre plusieurs protagonistes

Pratique repeacuterer le symptocircme la souffrance et la formulation de la demande

Symptocircme qui pose le plus de problegravemes actuellement

Souffrance qui souffre le plus de la situation

Formulation de la demande qui se montre le plus preacuteoccupeacute

Position de lrsquoentourage dans lrsquoeacuteclatement de la demande Lrsquoeacutequipe drsquoaccompagnement et de soins se retrouve alors devant plu-sieurs possibiliteacutes drsquoeacuteclatement de la demande

Les trois eacuteleacutements peuvent ecirctre porteacutes par la mecircme personne elle preacutesente un symptocircme en souffre et est en demande Lentourage nest alors pas en demande

Une personne preacutesente un symp-tocircme mais nrsquoen souffre pas et ne demande rien crsquoest lentourage qui souffre et qui demande de lrsquoaide

Une troisiegraveme possibiliteacute est une personne qui preacutesente un symptocircme et la souffrance mais crsquoest une autre qui demande Cest le cas de lentou-rage qui vient seul au CSAPA

Enfin la situation peut eacutechapper aux reacuteseaux de soin parce que les personnes preacutesentent un problegraveme sans pouvoir lrsquoaborder ou une souf-france sans pouvoir lrsquoidentif ier ni lrsquoexprimer

ILLUSTRATION

Paroles de conjointe

Les services drsquoeacutecoute speacutecialiseacutee ou les premiegraveres consultations en eacutetablis-sement speacutecialiseacute en addictologie re-ccediloivent des personnes venues parler de lrsquolaquo autre raquo elles ne disent pas laquo je raquo mais laquo il raquo ou laquo elle raquo crsquoest-agrave-dire lrsquolaquo autre raquo deacutesigneacute comme la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives raquo laquo malade raquo Il srsquoagit de leur compagnon eacutepouse fils pegraverehellip

Les mots sont laquo Il ne srsquoen rend pas compte raquo laquo Il ne vous dit pas tout moi je vais vous le dire raquohellip

Les craintes sont exprimeacutees laquo Ne lui dites pas que je vous ai appeleacute que je vous ai vu raquohellip

Ces personnes qui srsquoadressent aux services speacutecialiseacutes agrave travers ce qursquoelles disent des diff iculteacutes de lrsquoautre parlent avant tout de leurs propres souffrances de leur deacutenue-ment de leur eacutepuisement de leur colegravere de leur volonteacute drsquoagir tout en ne sachant plus comment faire car souvent ces personnes tregraves impli-queacutees estiment avoir laquo tout essayeacute raquo

Les amener agrave srsquoexprimer agrave la pre-miegravere personne pour formuler leurs propres difficulteacutes est primordial

Lrsquoobjectif ne doit plus ecirctre de reacute-pondre agrave laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour lui raquo mais agrave la question qui les amegravene en tant qursquoindividu qui souffre laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour moi raquo pour aller mieux

TYPOLOGIE DE SITUATIONS METTANT EN JEU LrsquoENTOURAGE Les motivations de lrsquoentourage qui se rend au sein drsquoun eacutetablissement drsquoac-compagnement en addictologie sont varieacutees informative de soutien drsquoordre psychotheacuterapique de groupe ou familial et se manifestent sur des modes diffeacute-rencieacutes qui doivent interroger les eacutequipes

La personne de lrsquoentourage vient seule

Pour trouver des informations rela-tives aux modaliteacutes drsquoaccompagne-ment et de soins possibles et sur les dimensions de la probleacutematique addictive pour mieux comprendre la situation et mieux soutenir lrsquoautre Pour exprimer sa souffrance et son eacutepuisement face agrave la situation

Absence de lrsquoentourage alors il nrsquoy a pas ou peu de liens entre les per-sonnes et les soignants Il convient drsquoin-terroger la personne accompagneacutee pour ses probleacutematiques addictives sur cette absence Dans le respect du souhait des parties il convient de proposer degraves le deacutebut de lrsquoaccompagnement de recevoir lrsquoentou-rage seul ou ensemble afin de sortir du centrage sur la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et aborder la situation dans son ensemble pour eacutela-borer un diagnostic global (individu fa-milial socialhellip) Srsquoappuyer sur toutes ces dimensions pour travailler sur lrsquoeacutechelle motivationnelle

Preacutesence inattendue de lrsquoentourage lrsquoentourage peut intervenir dans le cours de lrsquoaccompagnement par des appels teacuteleacutephoniques par une preacutesence en ren-

90 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 91

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Garde des enfants pendant la consultation du ou des parents

ContexteOutre les cas speacutecifiques drsquoaccompa-gnements qui leurs sont deacutedieacutes avec ou sans leurs parents les enfants sont sus-ceptibles drsquoecirctre preacutesents au sein des eacutetablissements ambulatoires en addic-tologie dans deux types de situations

Parmi les consultants certains ne disposent pas de modaliteacute de garde de leurs enfants durant leur consulta-tion ou un groupe agrave viseacutee theacuterapeu-tique Il srsquoagit majoritairement de femmes avec des enfants en bas acircges non scolariseacutes

Les enfants et les parents sont reccedilus pour un entretien familial mais au cours de la consultation il est pertinent pour les intervenants de permettre agrave un enfant de quitter le bureau

Un consensus peut ecirctre formuleacute sur les points suivants

Tout doit ecirctre mis en œuvre pour faciliter les conditions drsquoaccueil et drsquoaccompagnement des parents nrsquoayant pas de solution de garde pour leurs enfants

Hors entretien familial il est parfois difficile drsquoaccepter la preacutesence drsquoen-fants durant les consultations et groupes agrave viseacutee theacuterapeutique afin de favoriser la liberteacute drsquoexpression du consultant-parent comme du profes-

sionnel ou des tiers preacutesents drsquoune part et dans le respect de ce que doit pou-voir entendre un enfant drsquoautre part

Le professionnel doit srsquoautoriser agrave diffeacuterer un rendez-vous srsquoil considegravere que les conditions drsquoaccueil ne sont pas propices pour le consultant lrsquoen-fant le professionnel

Lrsquoeacutetablissement doit ecirctre en capa-citeacute de proposer des modaliteacutes de garde pour les enfants par exemple par accord de lrsquoeacutetablissement avec une halte-garderie municipale un ser-vice agrave domicile (avec enveloppe bud-geacutetaire deacutedieacutee) professionnel (ou service civique) deacutedieacute agrave une perma-nence drsquoaccueil sans rendez-vous

Ne pas accueillir et assurer la garde des enfants pendant leur temps de consultation crsquoest signifier que la consultation est un temps pour les usagers eux-mecircmes pour prendre soin drsquoeux

Trouver un mode de garde pendant ce court temps crsquoest aussi une forme drsquoengagement dans lrsquoaccompagnement en addictologie du consultant

Organisation de la gardeCette question se preacutesente reacuteguliegravere-ment et doit ecirctre organiseacutee dans le cadre du projet drsquoeacutetablissement et non improviseacutee afin de proposer des conditions seacutecurisantes pour les enfants le consultant comme pour lrsquoeacutequipe Cette question peut ecirctre soumise pour avis aux usagers dans le cadre drsquoinstances de consultationLorsque les enfants sont scolariseacutes les

Ainsi en fonction des besoins expri-meacutes par les parties lentourage pour-ra ecirctre reccedilu lors dentretiens com-muns (theacuterapie familiale ou autre) seacutepareacutement ou seulLe suivi drsquoun usager seacutepareacutement de celui du membre de son entourage ne pourra ecirctre assureacute par le mecircme pro-fessionnel pour une neutraliteacute et in-tervention psychotheacuterapeutique

La position du theacuterapeute dans la gestion du double accompagnement Une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et un membre de lrsquoentourage peuvent souhaiter ecirctre accompagneacutes dans le mecircme eacutetablisse-ment seacutepareacutement Se posent alors plusieurs questions pour lesquelles chaque eacutetablissement doit se fixer des regravegles formaliseacutees dans son projet et clairement eacutenonceacutees aux usagers

Lrsquoun peut souhaiter consulter sans savoir que lrsquoautre y consulte deacutejagrave ou sans que lrsquoautre en soit informeacute aucune information non-personnelle nrsquoa agrave ecirctre porteacutee agrave la connaissance des parties ne fut-ce qursquoinformer mecircme du suivi dans le respect des regravegles de secret professionnel

Deux personnes peuvent consul-ter au sein du mecircme eacutetablissement et ecirctre en conflit majeur par exemple dans le cadre drsquoune seacuteparation ins-tance de divorce conflit sur la garde drsquoenfantshellip Dans cette situation comme dans les preacuteceacutedentes lrsquoeacuteta-blissement doit srsquoefforcer que les deux personnes ne se croisent pas sans toutefois pouvoir le garantir de la mecircme faccedilon que deux individus peuvent toujours se croiser quelque part sans le vouloir Lrsquoeacutetablissement doit rappeler le regraveglement de fonc-tionnement et le respect des per-sonnes Agrave noter qursquoen cas de mesure drsquoeacuteloignement prononceacutee par le juge crsquoest agrave la personne sous cette mesure de prendre ses dispositions et non agrave lrsquoeacutetablissement de garantir les condi-tions de cet eacuteloignement

Deux personnes peuvent souhai-ter consulter une mecircme cateacutegorie de professionnel sans choix du profes-sionnel parce qursquoil nrsquoy en aurait qursquoun au sein de lrsquoeacutetablissement (par exemple meacutedecin psychologue) Si le professionnel ne souhaite pas assurer cet accompagnement pour des ques-tions de positionnement theacuterapeu-tique une orientation doit systeacutemati-quement ecirctre proposeacutee dans un service ou eacutetablissement eacutequivalent le plus proche possible

92 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 93

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

3 LES CONSULTATIONS JEUNES CONSOMMATEURS (CJC) LIEUX-RESSOURCES POUR LA FAMILLE

Les CJC sont une des missions faculta-tives des centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) Au demeurant avec ou sans CJC les CSAPA reccediloivent toutes les per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives quel que soit leur acircge

Public des CJCLes consultations sont destineacutees en prioriteacute aux jeunes consommateurs98 y compris les mineurs qui ressentent des difficulteacutes en lien avec leur consomma-tion de substances psychoactives Les usagers peuvent se preacutesenter seuls spontaneacutement ou adresseacutes par un tiers famille professionnel de santeacute milieu scolaire justice parce qursquoils preacutesentent des diff iculteacutes attribueacutees agrave un usage simple agrave risque ou nocif de substances psychoactives

Probleacutematiques addictives abordeacuteesLes substances psychoactives y compris lrsquoalcool et les addictions comportemen-tales comme le jeu internet etc

Objectifs Agir degraves les premiers stades de la

consommation les CJC disposent de compeacutetences et de savoir-faire afin drsquoen-trer en relation avec le jeune et eacuteventuel-

98 Annexe 4 de la circulaire du 28 feacutevrier 2008 relative aux missions des CSAPA

lement son entourage pour reacutetablir une communication beacuteneacutefique pour lrsquoeacutecoute et la prise de conscience des risques mais aussi pour envisager des probleacutematiques sous-jacentes du jeune

Accueillir lrsquoentourage lrsquoentourage seul souvent agrave lrsquoorigine drsquoune deacutemarche drsquoinformations trouve aupregraves des pro-fessionnels de la consultation une eacutecoute et un soutien dans les difficulteacutes ressenties vis-agrave-vis des consommations ou comportements addictifs de leurs proches

Reacutepondre aux interrogations et preacute-occupations de lrsquoentourage en matiegravere drsquoaddiction informations sur les subs-tances et conduites sans produit leurs effets et leurs risques sur les divers types de recours possibles pour le dia-gnostic et la prise en charge

Soutenir les parents dans leur rocircle eacuteducatif et le dialogue avec leurs enfants sur les consommations de produits illi-cites drsquoalcool et de tabac

Recevoir de faccedilon conjointe le jeune et son entourage

Srsquoadapter aux situations parentsenfantsDans un contexte addictif agrave risque lrsquoaxe de travail essentiel des professionnels de la CJC est de renouer le dialogue entre le jeune et ses parents de laquo deacutedramati-ser raquo la situation la deacutecortiquer tout en maintenant le cadre parental Ceci est rendu possible en confortant le parent dans son rocircle de parent sans le culpabi-liser mais en travaillant sur le dialogue entre eux deux sur la perception de lrsquousage par les uns et les autres sur les risques inheacuterents

rendez-vous doivent ecirctre proposeacutes sur des horaires adapteacutes agrave ces contraintes

En pratique la situation diffegravere selon lrsquoacircge de lrsquoenfant les ressources humaines et la configuration des lo-caux de lrsquoeacutetablissement

Le nourrisson peut ecirctre reccedilu avec son parent

Si le professionnel estime que lrsquoenfant du consultant ne peut pas ecirctre preacutesent durant lrsquoentretien lrsquoeacutetablissement organise alors des modaliteacutes drsquoaccueil des enfants sous la vigilance drsquoun professionnel en proposant par exemple un espace de jeux adapteacute et seacutecuriseacute (des bloque-fenecirctres des jouets qui ne preacutesentent aucun risque drsquoingurgi-tation ou de blessurehellip) Ce temps

peut ecirctre un moyen drsquoobservation du comportement de lrsquoenfant Responsabiliteacutes il est important de

rappeler que les eacutetablissements sont responsables des conseacutequences dom-mageables de leurs actes de preacuteven-tion de diagnostic ou de soins en cas de faute Par conseacutequent ils sont te-nus de souscrire une assurance desti-neacutee agrave les garantir pour leur responsa-biliteacute civile susceptible decirctre engageacutee en raison de dommages subis par des tiers et reacutesultant datteintes agrave la per-sonne survenant dans le cadre de cette activiteacute de preacutevention de dia-gnostic ou de soins Cela concerne bien sucircr avec acuiteacute le mode de gardesurveillance organiseacute pour lrsquoenfant du consultant

Agrave RETENIR

Le professionnel en addictologie vers lequel un membre de lrsquoentourage srsquoadresse doit proposer une eacutecoute bienveillante un soutien et des informations Il srsquoagit

Drsquoaider cette personne agrave identifier ses ressources et ses freins ses difficulteacutes directement et indirectement lieacutees aux probleacutematiques addictives de lrsquoautre

De ne pas consideacuterer lrsquoentourage qursquoagrave travers le prisme de ses difficulteacutes mais de srsquoappuyer aussi sur ses ressources ses expeacuteriences comme allieacute du systegraveme theacuterapeutique

Drsquoaffirmer et reacuteaffirmer que chacun souffre agrave sa maniegravere et a besoin drsquoecirctre entendu compris et aideacute et que la recherche de solution de mieux ecirctre devra srsquoappuyer sur les ressources et expeacuteriences de toutes les parties prenantes

94 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 95

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

rents pour nouer ou renouer le dialogue sur les conduites addic-tives

Les CJC un outil laquo phare de la preacutevention raquo La campagne nationale de communica-tion de 2015 a su toucher justeLes CJC ont beacuteneacuteficieacute drsquoune diversifica-tion des modes drsquoentreacutee101 avec une plus grande visibiliteacute des familles En ef-fet dans lrsquoenquecircte de 2015 on constate la plus grande repreacutesentation des fa-milles dans le dispositif Notamment les constats suivants eacutemergent

Les orientations par la famille pro-gressent de 15 en 2014 agrave 20 en 2015 cette hausse se retrouvant agrave tous les acircges Celles-ci se placent deacutesormais au deuxiegraveme rang des sources de recrute-ment des consultants derriegravere les orientations judiciaires qui restent preacute-dominantes

La preacutesence de la famille en tant qursquoaccompagnateur est eacutegalement plus importante durant les consultations La proportion de consommateurs venus avec leur entourage familial passe de 22 agrave 34 en un an La par t des proches venus sans lrsquousager avoisine toujours les 7 et les consultations laquo venus seuls raquo restent majoritaires

Les consommateurs dirigeacutes par leur famille en CJC sont plus jeunes que les autres et davantage consommateurs de jeux videacuteo En 2015 le jeu videacuteo repreacute-sente

5 des motifs de recours parmi les

101 Caroline PROTAIS et al laquo Evolution du public des CJC (2014-2015) raquo Tendances ndeg 107 2016 4 p

jeunes consultants venus seuls 14 des consultations mettant en preacutesence les jeunes et leur entou-rage

15 des consultations de familles venues seules

Cette forte mobilisation des familles explique une autre eacutevolution marquante en 2015 lrsquoaugmentation de la part des mineurs Agrave lrsquoinverse les familles venues sans la personne concerneacutee se mobi-lisent principalement autour de la consommation drsquoun enfant majeur

Agrave RETENIR

Les probleacutematiques addictives des jeunes se situent tregraves souvent dans un contexte de rupture de dia-logue avec lrsquoentourage familial proche Lrsquoobjectif des CJC est donc de renouer maintenir ou renforcer ses liens avec son entourage

Les CJC doivent travailler en reacute-seau avec toutes les structures en reacutesonnance avec les multiples cercles drsquoentourages des jeunes lieu de consultations meacutedico-so-ciales eacutetablissements scolaires mai-sons des jeunes lieux de vie cultu-rels et sportifs etc

Les CJC doivent communiquer sur leur territoire de rayonnement aupregraves des structures recevant un public jeune et aupregraves des per-sonnes de leur entourage agrave com-mencer par les parents

Dialogue distendu voire peu preacutesent entre le jeune et son parent le parent se sent deacutemuni face agrave son jeune qursquoil juge en difficulteacute De son cocircteacute le jeune se sent incompris impuissant et va ex-primer son mal-ecirctre par diffeacuterentes expeacuterimentations qui lrsquoauront conduit agrave la CJC

Cas du refus ou impossibiliteacute du jeune drsquoecirctre accompagneacute par un membre de sa famille dans ce cas lrsquoen-tourage se compose drsquoun professionnel de santeacute scolairehellip ou drsquoun ami qui de-vra jouer un rocircle de personne morale de reacutefeacuterence et viendra en soutien du travail fait avec les professionnels de la CJC

Cas du refus du jeune de se rendre en CJC le parent a la possibiliteacute de prendre rendez-vous dans le cadre de la CJC avec un professionnel La CJC est un lieu ressources qui dispose des ren-seignements utiles agrave la gestion de la si-tuation et permet drsquoecirctre accompagneacute dans ses difficulteacutes face aux conduites addictives de son jeune Dans ce cas-lagrave le travail se fera avec le parent preacutesent permettant ainsi de lui donner les moyens de laquo faire face raquo de trouver les leviers qui lui permettront de renouer le lien avec son jeune de trouver les mots pour nouer voire maintenir un dialogue Des outils simples comme les sms par exemple moyen de communication privileacutegieacute des jeunes permettent de recreacuteer peu agrave peu du lien Ce premier travail avec le parent peut ainsi permettre agrave celui-ci de se reacuteassurer dans son rocircle de parent Par la suite il pourra venir avec le jeune pour entamer agrave son tour un travail dans les CJC

Les CJC un dispositif de proxi-miteacute confidentiel et gratuit agrave va-loriser

En proportion les jeunes repreacute-sentent une faible part des publics reccedilus en consultations en CSAPA en particu-lier dans le cadre de CJC pour de lrsquoac-compagnement et des soins indivi-duels99

Par conseacutequent les CJC des CSAPA doivent travailler en partenariat avec les structures accueillant les jeunes (eacutetablis-sements scolaires100 culturels sportifs drsquoaccompagnement social judiciaireshellip) pour permettre aux professionnels qui y travaillent de savoir aborder la ques-tion des conduites addictives les repeacute-rer et orienter leur public en difficulteacute

Les CJC ont fait lrsquoobjet drsquoune cam-pagne de communication en 2015 ini-tieacutee par la MILDECA le Ministegravere de la Santeacute et lrsquoINPES Cette campagne de communication multi-supports sur le thegraveme laquo Alcool cannabis cocaiumlne ecs-tasy jeux videacuteo tabachellip Il existe un endroit pour en parler et faire le point raquo soulignait clairement

Les distorsions de perceptions des risques et des dommages selon que lrsquoon est parent ou jeune Lrsquoobjectif des CJC comme lieu-res-sources pour en parler pour les jeunes eux-mecircmes pour les pa-

99 15 de moins de 30 ans en 2014 18 e moins de de 25 ans Cf Christophe PALLE laquo Les personnes ac-cueillies dans les CSAPA raquo Tendances ndeg 110 2016 4 p

100 Guide de preacutesentation des CJC avanceacutees Un inteacute-recirct agrave travailler ensemble ndash Etablissements scolaires lyceacutees geacuteneacuteraux et professionnels centres de formation pour apprentis Deacutepliant eacutelaboreacute dans le cadre de la Coordination des CSAPA assureacutee par lrsquoANPAA ndash Avec le soutien financier de lrsquoARS anneacutee 2016-2017

96 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 97

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ANPAA de Caen lrsquoexpeacuterience montre notamment

La neacutecessiteacute drsquoouvrir des espaces dif-feacuterents en fonction des tranches drsquoacircges les modes drsquoexpressions des enfants et des adolescents eacutetant diffeacuterents

La neacutecessiteacute de soutien des enfants pour construire des reacuteponses adapteacutees agrave des contextes dans lesquels ils se sentent pieacutegeacutes

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination de lrsquoentourage adulteexpeacuterience du cSapa anpaa danS le rhocircne agrave villeurbanne

ORGANISATION

Il srsquoagit drsquoun groupe reacuteuni une fois par mois en soireacutee destineacute agrave lrsquoentourage et permettant drsquoamorcer des consultations individuelles ou des entretiens familiaux 10 agrave 12 personnes constituent en moyenne le groupe (les seacuteances sont mensuelles et les appels quotidiens ren-forcent le nombre de participants) Une psychologue et une intervenante sociale animent la seacuteance pendant que la secreacutetaire assure un accueil perma-nent pour eacuteviter une deacuteperdition

PUBLIC Groupe ouvert agrave toute personne

de lrsquoentourage mecircme si lrsquousager en difficulteacute avec ses pratiques addictives nest pas suivi au CSAPA

Les participants viennent plutocirct en icirclots familiaux par deux ou trois parfois

seuls Les femmes srsquoemparent geacuteneacutera-lement plus de ce dispositif que les hommes repreacutesentant en moyenne 90 des membres du groupe

Toutes les probleacutematiques addic-tives sont discuteacutees avec ou sans pro-duit et toutes les personnes de lrsquoen-tourage sont convieacutees conjointes parents enfants amishellip

Afin deacutevaluer la demande et les eacuteventuelles contre-indications est preacutevu un premier entretien teacuteleacutepho-nique avec une grille drsquoentretien se-mi-directive standardiseacutee eacutelaboreacutee par les intervenants

Cet entretien preacutepare agrave la question du groupe comment lrsquoentourage va pouvoir ecirctre eacutecouteacute Quelle bienveil-lance va-t- i l trouver dans ces eacutechanges

Si lentourage souhaite un suivi in-dividuel en parallegravele ou suite au groupe il est possible de lrsquoorienter vers un premier entretien Les deux accompagnements peuvent se com-pleacuteter Sont inclues aussi les personnes de lrsquoentourage deacutejagrave suivies au centre en individuel et demandeurs Ils sont alors orienteacutes par les intervenants

3fraslthinsp2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE

EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

LES GROUPES Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE102

PrincipesDans le cadre de son parcours de soin au sein de lrsquoeacutetablissement (CSAPA) la per-sonne de lrsquoentourage pourra ecirctre orien-teacutee vers un groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Le groupe agrave viseacutee theacuterapeutique srsquoinscrit agrave la fois dans le projet individualiseacute drsquoac-compagnement et de soins du consul-tant et dans le projet deacutetablissementLe groupe agrave viseacutee theacuterapeutique a pour objectif drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie et lrsquoautonomie des usagers personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives comme personnes de lrsquoentourageCette modaliteacute theacuterapeutique est com-pleacutementaire de lrsquoaccompagnement indi-viduel et repose sur les interactions entre les membres du groupe avec un accompagnement professionnel

Objectifs des groupes agrave viseacutee theacute-rapeutique Objectifs geacuteneacuteraux La capacitation (ou empowerment)

de lrsquoindividu est lrsquoapport principal re-chercheacute pour lrsquousager dans le cadre drsquoun groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Les objectifs geacuteneacuteraux sous-tendus par la deacutemarche en groupe theacuterapeutique sont

102 Les groupes agrave viseacutee theacuterapeutique Addictologie ambulatoire ANPAA 2015 31 p (Guide Repegraveres)

Ameacuteliorer deacutevelopper instaurer ou restaurer

Lrsquoeacutemancipation lrsquoautonomie de lrsquousager Ses capaciteacutes relationnelles phy-siques creacuteatives Son image corporelle et son estime de soi

Reacute-entraicircner et reacuteadapter ses habile-teacutes et accroicirctre ses compeacutetences psy-chosociales

Favoriser la motivation au change-ment

Accroicirctre la compeacutetence drsquoacqueacuterir des reacuteflexes de santeacute positifs

Objectifs speacutecifiques Le deacuteveloppement des compeacutetences

psychosociales Lrsquoaide agrave lrsquoeacutelaboration psychique et agrave

lrsquoameacutelioration des capaciteacutes cognitives La reacuteappropriation corporelle et

sensorielle Lrsquoameacutelioration de la connaissance

des conduites addictives et des moda-liteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Enfants et groupes agrave viseacutee theacutera-peutiqueLes enfants peuvent ecirctre soutenus par de nouveaux contextes drsquoexpeacuteriences favorisant la laquo re raquo connexion agrave leurs besoins et une confiance nouvelle dans leurs capaciteacutes agrave laquo ressentir raquo au travers de groupes agrave viseacutee theacuterapeutique varieacutes

Plusieurs eacutequipes drsquoaccompagnement et de soins ont en ce sens deacuteveloppeacute des groupes drsquoexpression pour enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictives Agrave lrsquoexemple du CSAPA

98 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 99

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Ainsi chacun des protagonistes eacutetablit une confiance et un regard serein sur ce qui va se passer par la suite dans le soin Cela permet aux professionnels de percevoir ce qui se passe agrave la mai-son et eacutegalement de pouvoir donner agrave lentourage des informations qui permettent rapidement dapaiser cer-

tains conflits familiaux En proposant agrave lentourage de ne pas surencheacuterir dans le conflit quand les personnes sont aux prises avec les produits cela permet si la famille y arrive de calmer des tensions voire de diminuer la vio-lence verbale et physique de faccedilon conseacutequente

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination des enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesexpeacuterience du cSapa anpaa danS le calvadoS agrave caen

PUBLIC

Ce groupe srsquoadresse aux jeunes de moins de 17 ans souffrant de lrsquoalcooli-sation ou de la consommation drsquoautres substances drsquoun parent

PREacuteALABLE Lrsquoaccueil est organiseacute par groupe drsquoacircge drsquoougrave la neacutecessiteacute pour les organiser de teacuteleacutephoner avant de venir au CSAPA

OBJECTIFS

Montrer aux jeunes qursquoils ne sont pas tout seuls

Chercher des solutions ensemble face aux difficulteacutes qursquoils rencontrent

Des situations quotidiennes sont envisageacutees monter dans la voiture

quand un parent est sous effet de produit situation de triangulation avec les parents la violence sous effet ou par manquehellip

Il srsquoagit drsquoun groupe drsquoexpression et drsquoeacutechanges avec des possibiliteacutes de des-siner de jouer des mises en situationhellip

ANIMATION DU GROUPE

Le groupe est animeacute par des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie au moins deux par seacuteance dans lrsquoideacuteal femme et homme

Le rocircle des animateurs est de ga-rantir le confort de chacun sans inten-tion theacuterapeutique Ils orientent les adolescents qui auraient besoin drsquoun accompagnement

Le groupe est ouvert le mercredi apregraves-midi de 13h30 agrave 15h

Il est possible drsquoadapter les ho-raires si neacutecessaire

COMMUNICATION

Lrsquoexistence du groupe est commu-niqueacutee dans tous les espaces de for-mation de sensibilisation et dans les eacutetablissements scolaires

OBJECTIFS Objectif principal soutien partage dexpeacuteriences apport dinformations travail sur les repreacutesentationsLe groupe atteste la souffrance de lentourage la repegravere la contient

Ce groupe offre des pistes de reacute-ponses aux questions suivantes

Pourquoi la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives ne re-connait pas la souffrance de lrsquoentou-rage est-ce normal

Comment y reacutepondre Comment rester dans sa famille

tout en se proteacutegeant pour avancer soi-mecircme

Comment faire avec ce que lrsquoon est jusqursquoougrave va le soutien afin de ne pas trop souffrir se respecter se pro-teacuteger srsquoaffirmer prendre soin de soi

LES PROFESSIONNELS APPORTENT

UN AUTRE REGARD QUE CELUI DU

TEacuteMOIGNAGE

Ils expliquent les positionnements de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives mise agrave distance une protection consideacuterer lrsquoautre dans sa souffrance

Ils garantissent le cadre la bienveil-lance le respect de lrsquoeacutecoute de lrsquoautre pour que chacun se positionne et soit impliqueacute ait un temps de parole ga-ranti ce qursquoil vit fait eacutecho agrave lrsquoautre lrsquoentourage peut deacuteposer sa souf-france ses difficulteacutes et voir comment les autres peuvent faire ressource pour lui

Lrsquoaccompagnement amegravene lrsquoentou-rage agrave se rendre compte que le groupe fait soutien

Cet accompagnement relaie la question du travail individuel et celle de lrsquoauto-support de la famille

Le travail des professionnels est drsquoaider lrsquoentourage agrave se positionner agrave trouver sa juste place dans sa relation agrave la personne ayant des conduites addictives (rupture ou omnipotence de lrsquoentourage effet miroir des addic-tions) en fonction du parcours de soins (la place de lrsquoentourage ne sera pas accompagneacutee de la mecircme ma-niegravere si les conduites addictives sont anciennes avec des tabous secret non-dits deacutenis)

Il ne srsquoagit pas forceacutement drsquoun accegraves agrave lrsquoautonomie mais plutocirct drsquoun posi-tionnement face agrave la personne ayant des conduites addictives qui ne doit ecirctre ni trop ni pas assez

PLACE DE LrsquoENTOURAGE DANS LE

PARCOURS DE SOIN

Quelle que soit la probleacutematique ad-dictive lentourage comme allieacute des soins est un gros changement de para-digme et de regard par rapport agrave dautres eacutepoques des soins en addic-tologieLrsquoaccent est mis sur la preacutecociteacute des rencontres sans que lalliance soit mise agrave mal et donc inviter tregraves vite lentourage agrave participer agrave plusieurs rencontres dans les premiers mois si la lecture de la situation que nous avons faite nous semble le neacutecessiter

100 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 101

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

sortir agrave sauver sa vie en lui permet-tant de vivre mieux et longtemps

Il srsquoagit de compleacuteter lrsquoaccompagne-ment et les soins apporteacutes par des profes-sionnels de lrsquoaddictologie les mouvements drsquoentraide peuvent rencontrer des per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives ou leur famille hors structure de soins et agrave des horaires plus larges

Lrsquoapport speacutecifique aux personnes de lrsquoentouragePlusieurs associations proposent des groupes drsquoauto-support ou drsquoentraide speacutecifiquement destineacutes aux personnes de lrsquoentourage de personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives mecircme si le cœur de leur action srsquoadresse avant tout aux usagers eux-mecircmesLes personnes de lrsquoentourage sont reccedilues selon leur propre convenance indivi-duellement en groupe de paroles ou parfois avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives elle-mecircmeCes groupes fonctionnent comme suit

Une organisation reacuteguliegravere et acces-sible

Un appui essentiel sur les pairs pour la compreacutehension de la co-deacutependance crsquoest-agrave-dire

La compreacutehension du processus contre-productif pour lrsquousager deacute-pendant de lrsquointervention reacutepeacuteteacutee de la personne de lrsquoentourage La compreacutehension de lrsquointeacuterecirct agrave vivre mieux se reconstruire et ainsi aider le malade dans son nou-veau parcours vers une meilleure santeacute

Lrsquoentourage preacutesentant une co-deacutepen-dance installeacutee ou pas est souvent en repli sur lui-mecircme honteux culpabiliseacute et en perte drsquoespoir La participation agrave un groupe de parole en auto-support peut lui permettre de

Se poser des questions utiles sur son comportement

Comprendre que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est en souffrance et qursquoil faudra du temps pour une ameacutelioration de la qua-liteacute de vie

Comprendre que tout ne reviendra pas laquo comme avant raquo et qursquoun nouvel eacutequilibre est agrave trouver en se reconstrui-sant chacun et ensemble

Les groupes drsquoentraide sont un appui veacuteritable sur ces points par leur qualiteacute drsquoeacutecoute drsquoidentification drsquoempathie et de confidentialiteacute Ils sont compleacutemen-taires des interventions des profession-nels la palette des acteurs de soutien doit ecirctre porteacutee agrave la connaissance des usagers des eacutetablissements sanitaires et meacutedicosociaux en addictologie et de leur entourage car laquo il faut mettre toutes les chances de son cocircteacute raquo laquo Il nrsquoy a pas de solution miracle chacun doit trouver sa propre voie raquo

Une campagne drsquoaffichage a eacuteteacute reacutealiseacutee suite aux conseils des en-fants qui nous disaient qursquoil valait mieux passer directement par eux que les adultes avaient des difficulteacutes agrave leur communiquer lrsquoinformation

INSCRIPTION

Lrsquoinscription des enfants agrave un groupe est partageacutee avec le responsable leacutegal et ce temps permet le plus souvent drsquoaborder avec le parent la neacutecessiteacute drsquoun espace de parole pour lrsquoenfant qui a agrave vivre avec la deacutependance du parent Si neacutecessaire le trajet est accompa-gneacute par un professionnel afin que ce ne soit pas un obstacle pour lrsquoenfant qui souhaite participer mais nrsquoest pas autonome

LES GROUPES DrsquoAUTO-SUPPORTLes diverses associations qui regroupent soit des usagers laquo actifs raquo soit les groupes drsquoentraide par lrsquoabstinence reacuteunies sous le terme de groupe drsquoauto-support reacute-pondent agrave une double logique celle de lrsquoideacutee de pairs et celle de la responsabilisa-tion et vise agrave agir au niveau des vulneacuterabi-liteacutes et drsquoune reconquecircte de lrsquoautonomie Ainsi ces groupes relegravevent drsquoun double modegravele

Celui du laquo care raquo drsquoune part crsquoest-agrave-dire la mise en action drsquoun principe drsquoattention de sollicitude agrave prendre soin de lrsquoautre et ce faisant de soi en visant un bien-ecirctre un mieux-ecirctre global de lrsquoindividu

Celui de lrsquoapproche par les laquo capa-biliteacutes raquo drsquoautre part crsquoest-agrave-dire lrsquoameacute-lioration des capaciteacutes drsquoun individu agrave effectuer des choix entre des combinai-sons de fonctionnements et agrave en envisa-ger les conseacutequences positives ou neacutega-tives

Lrsquoapport des groupes drsquoentraideLrsquointeacuterecirct des mouvements drsquoentraide ou groupes drsquoauto-support pour les per-sonnes de lrsquoentourage et les personnes en difficulteacute avec leurs conduites addic-tives sont les suivants

Lieu drsquointeacutegration sociale et de lutte contre lrsquoexclusion Valorisation de la personne dans lrsquoeacutecoute le non-jugement de son res-senti de son expeacuterience de la souf-france de la maladie

Lieu drsquoapprentissage drsquoune nouvelle gestion de soi au quotidien Lieu drsquoexpression du laquo care raquo103 comme technique de soin compleacute-mentaire aux systegravemes plus clas-siques de soins du laquo cure raquo

Lieu drsquoinformations varieacutees appro-fondies et fiables

Lieu de grande disponibiliteacute et de grande souplesse de fonctionnement

Rencontres privileacutegieacutees pour les eacutechanges la convivialiteacute lrsquoamitieacute

Existence drsquoune solidariteacute proximale pour eacuteviter une plus grande deacutetresse psychique

Lieu de reacuteel inteacuterecirct pour la personne et son entourage afin de lrsquoaider agrave srsquoen

103 laquo Care raquo est une expression anglo-saxonne signi-fiant bientraitance srsquooccuper de prendre soin porter attention

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ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

La CAMERUP - Coordination des Associations et Mouvements drsquoEntraide Reconnus drsquoUtiliteacute Publique106

La CAMERUP regroupe les Feacutedeacute-rations Nationales Alcool Assistance Alcool Ecoute Joie et Santeacute amp les Amis de la Santeacute ainsi que les Mouvements de la Croix Bleue amp Addictions Alcool Vie Libre

La CAMERUP nrsquoa pas vocation agrave intervenir directement aupregraves de lrsquoentourage des malades de lrsquoalcool Toutefois le but de la coordination nrsquoeacutetant pas drsquointervenir dans le fonc-tionnement des cinq entiteacutes affilieacutees celles-ci organisent lrsquoaccompagnement des proches selon leurs speacutecificiteacutes fonctionnelles

Les entiteacutes aff ilieacutees ont toutes neacuteanmoins des actions pour lrsquoentou-rage telles que des groupes de parole deacutedieacutes des suivis speacutecifiques dans le cadre de lrsquoaccompagnement et de la reacuteinsertion de la cellule familiale dans la socieacuteteacute entre autres

Certaines sessions de formations peuvent ecirctre dispenseacutees aux per-sonnes de lrsquoentourage par les forma-teurs de la coordination

Certains membres de lrsquoentourage srsquoinvestissent agrave terme dans lrsquoaccompa-gnement voir dans la sensibilisation et

106 Contribution de la CAMERUP

lrsquoinformation apregraves les formations neacutecessaires ou lrsquoanimation de certains groupes de parole Ces personnes de lrsquoentourage srsquoinvestissent eacutegalement dans lrsquoorganisation de certaines mani-festations sorties etc

La CAMERUP joue un rocircle drsquointer-face entre les associations de terrain et les organismes de tutelles ou ins-tances La coordination est ainsi lrsquoin-termeacutediaire privileacutegieacute pour faire re-monter les dysfonctionnements dans le cadre de lrsquoaccompagnement et les besoins de toutes les composantes de la famille et plus largement de lrsquoentou-rage

Lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool maladie fami-liale En effet la CAMERUP reconnait cette pathologie comme une maladie fami-liale car si un individu en est directe-ment victime crsquoest lrsquoensemble de la cellule familiale qui est en souffrance et en subit les conseacutequences directes ou indirectes Au quotidien nos ac-teurs de terrain sont confronteacutes agrave ces eacutetats de fait enfants et conjoints bat-tus enfants deacutescolariseacutes ou en diffi-culteacute nrsquoayant pas les conditions opti-males pour une vie normale drsquoenfant ou drsquoadolescent obligeacutes agrave lrsquoisolement agrave lrsquoautarcie en raison de la honte de lrsquoincompreacutehension et de lrsquoimpuissance que geacutenegravere cette maladie Crsquoest bien au-delagrave de la cellule familiale dans lrsquoentourage scolaire professionnel sportif que fait eacutecho agrave ce mal-ecirctre

ILLUSTRATION

Groupes drsquoentraide ou drsquoauto-support

AL-ANON104

Les groupes familiaux Al-Anon sont neacutes aux Etats-Unis en 1951 et existent en France depuis 1962 Le nom Al-Anon est deacuteriveacute des premiegraveres syl-labes drsquoAlcooliques Anonymes Al-Anon France a pour but drsquoaider la famille et les amis de personnes ayant un problegraveme avec lrsquoalcoolLrsquoassociation compte pregraves de 200 groupes en France Les membres Al-Anon sont des per-sonnes qui ont eacuteteacute affecteacutees par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Il srsquoagit des parents des enfants des eacutepouses des eacutepoux des compagnons ou compagnes de vie des sœurs des fregraveres drsquoautres membres de la famille des amis hellip Peu importe la situation veacutecue les per-sonnes ont un lien commun elles jugent que leur vie a eacuteteacute profondeacutement affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Leurs actions reposent sur le soutien mutuel et le partage de solutions penseacutees actions pour ameacuteliorer leur qualiteacute de vieAu cours des reacuteunions les membres Al-Anon partagent leur expeacuterience leur force et leur espoir dans le but de reacutesoudre leurs problegravemes communs Chaque groupe Al-Anon srsquoauto-reacute-

104 Pour en savoir plus httpal-anon-alateenfr

gule par une grande liber teacute drsquoap-proche aucun engagement aucune adheacutesion Les reacuteunions ne contraignent pas la parole mais la laisse libre drsquoavoir lieu ou pas guideacutee par un modeacuterateur Avec le temps et selon le souhait de chaque individu le groupe propose le parcours en douze eacutetapes issues de la meacutethode des Alcooliques Anonymes

ALATEEN est destineacute aux adolescents dont la vie a eacuteteacute affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Parfois la consommation a cesseacute ou le buveur en phase active peut ne plus vivre avec ses enfants Mecircme si lrsquoalcool a disparu ou si lrsquoalcoolique est parti ou est en reacutetablissement chez AA ils en sont encore affecteacutes

NAR-ANON105 est un programme qui s rsquoadresse aux per sonnes de lrsquoentourage drsquousagers de drogues le parent lrsquoeacutepouse lrsquoenfant le fregravere la sœur ou lrsquoami du consommateur Il offre un support et des ressources aux familles et amis des deacutependants de drogues et propose des rencontres hebdomadaires et de l rsquoeacutecoute personnelle Nar-Anon est un mouvement baseacute sur les douze eacutetapes des Narcotiques Anonymes qui aident les personnes vivant aupregraves des deacutependants agrave deacutevelopper des outils et des moyens pour vivre une vie plus saine et sereine

105 Pour en savoir plus httpsnaranonfrancewordpresscom

104 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 105

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

port agrave lrsquoautre membre du couple laquo Chacun des conjoints rejoue sur la scegravene conjugale des eacuteleacutements drsquoune piegravece qui srsquoest eacutecrite bien avant dans sa famille drsquoorigine raquo109 Ainsi crsquoest par un travail drsquoindividuation et de diffeacuterenciation neacutecessaire drsquoavec le conjoint que la personne addicte peut trouver lrsquoespace indispensable au redeacute-ploiement de sa personnaliteacute

Choix drsquoune orientation theacuterapeutique pour la familleLe choix drsquoun accompagnement familial doit se reacutealiser en ayant peseacute les eacuteleacute-ments de la double probleacutematique

Difficulteacutes de lrsquousager en demande initiale aupregraves de lrsquoeacutetablissement

Difficulteacutes identifieacutees ou deacuteceleacutees par le professionnel dans lrsquoenvironne-ment de la personne en consultation initiale (que ce soit la personne addicte ou son entourage)

Il est utile de mesurer les risques drsquoune orientation theacuterapeutique en deacutecalage avec le besoin reacuteel

Proposer un travail en famille lagrave ougrave il y a une difficulteacute individuelle le risque est drsquoalieacutener le sujet en geacuterant ses questions individuelles en famille Dans ce cas on ne soutient nullement les deacutesirs drsquoautonomie et drsquoindividuation Le sujet peut faire en sorte de deacutemotiver sa famille

Proposer des entretiens familiaux agrave quelqursquoun qui se deacutesigne comme souf-

109 D HERS Jean-Paul ROUSSEAUX Marc DERELY laquo La theacuterapie de lrsquoalcoolisme par le couple raquo in Alcoo-lisme amp toxicomanies De Boeck 1989 p 60

frant cette personne en demande drsquoaide risque de percevoir le message qursquoil nrsquoest pas laquo assez inteacuteressant raquo Il peut eacutegalement le ressentir comme une preuve que le theacuterapeute ne lui fait pas confiance et a besoin du teacutemoignage de lrsquoentourage

Proposer un travail individuel lagrave ougrave il y a une difficulteacute familiale le theacutera-peute pensera quil a respecteacute le sujet et qursquoil lui aura laisseacute lrsquoopportuniteacute drsquoex-primer ce qursquoil ressent Cependant le theacuterapeute se heurtera agrave une difficulteacute theacuterapeutique le sujet porteur du symptocircme est peu demandeur ou nrsquoen souffre pas ceci peut conduire certains theacuterapeutes agrave estimer que la non-de-mande du consultant empecircche lrsquoengage-ment drsquoun travail theacuterapeutique

DES CADRES THEacuteORIQUES DrsquoINTERVENTIONLes psychotheacuterapies abordent le symp-tocircme laquo conduite addictive raquo de faccedilon variable selon les cadres theacuteoriques drsquointervention choisis Parmi les cadres theacuteoriques drsquointervention

Approche comportementale (theacutera-pie cognitivo-comportementale) le symptocircme est lrsquoobjet du travail pour ten-ter de le faire disparaicirctre ou le diminuer

Approche systeacutemique (theacuterapie fa-miliale theacuterapie systeacutemique) la fonction du symptocircme au sein du systegraveme est rechercheacutee afin de modifier les relations au sein du systegraveme et faire disparaicirctre le symptocircme

Approche humaniste (analyse tran-sactionnelle programmation neuro-lin-guistique theacuterapies bregraveves theacuterapies psychocorporelles sophrologie hyp-

3fraslthinsp3 ORIENTATIONS PSYCHO-

THEacuteRAPEUTIQUES

MISE EN ŒUVRE DE LrsquoACCOMPAGNEMENT ET DES SOINSLes laquo proches raquo de personne en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives sont membres du laquo systegraveme avec addic-tion raquo Lorsqursquoils consultent pour une eacutecoute et un soutien apregraves avoir geacuteneacute-ralement exploreacute diverses expeacuteriences drsquoaide de leur proche ils se sentent la plupart du temps deacutemunis se retrou-vant parfois comme coupeacutes de leurs propres eacutemotions et sensations phy-siques pour trouver le ressort neacuteces-saire agrave lrsquoameacutelioration de la situationLrsquoaccompagnement et les soins de la personne de lrsquoentourage en difficulteacute prennent place comme pour lrsquousager addict quand apregraves un premier entre-tien drsquoeacutecoute drsquoeacutevaluation et drsquoorienta-tion la demande est verbaliseacutee et conscientiseacuteeDans une approche systeacutemique lrsquoana-lyse de la personne dans son contexte global doit ecirctre mise en œuvre notam-ment afin drsquoidentifier les ressources dans son environnement proche En termes de theacuterapie quelle qursquoen soit la tendance ou laquo lrsquoeacutecole raquo lrsquoenvironne-ment entier de lrsquoentourant (comme de lrsquoaddict) est agrave un moment donneacute pris en consideacuteration pour aborder la probleacute-matique de lrsquoindividu

OBJECTIF THEacuteRAPEUTIQUElaquo Travailler avec le couple et la famille crsquoest ramener la notion drsquoalteacuteriteacute et per-

mettre un travail de subjectivation de chacun agrave travers le processus de diffeacute-renciation entre les conjoints et les geacute-neacuterations Les interventions theacuterapeu-tiques centreacutees sur les attachements permettent un meilleur partage eacutemo-tionnel une plus grande diffeacuterenciation de chacun et de meilleures capaciteacutes de mentalisation raquo107

COUPLE FAMILLE ET THEacuteRAPIES ADAPTER LrsquoINTERVENTION Agrave CHAQUE SITUATION Reacuteinstauration de la relation de couple Quand le produit est laquo un tiers qui srsquoin-troduit dans le couple raquo108 la consultation va venir reacuteintroduire du tiers par le biais de la parole lagrave ougrave le produit vient remplir cette fonction entre les conjoints Le laquo non-consommateur probleacutema-tique raquo crsquoest-agrave-dire le conjoint en souf-france avec les difficulteacutes drsquoaddiction de lrsquoautre pourra alors exprimer ses reven-dications et son sentiment drsquoimpuissance devant les consommations probleacutema-tiques La consultation lui permet de se deacutecharger de ses craintes et de sa colegravere ailleurs que dans un face-agrave-face sans is-sue autrement que par la reacutepeacutetition des tentatives de controcircle et drsquoemprise La personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives pourra eacutegalement reacuteinteacutegrer une place de laquo conjoint raquo et pas uniquement de laquo malade raquo par rap-

107 Isabelle TAMIAN-KUNEGEL Le conjugal et le familial face agrave la probleacutematique alcoolique Approche centreacutee sur lentourage et lalcoolodeacutependance Chro-nique sociale 2015 174 p (Comprendre la socieacuteteacute)

108 Carmen BERNAND (dir) Deacutesirs drsquoivresse Al-cools rites et deacuterives Autrement 2000 p 51

106 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 107

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Theacuterapie familiale systeacutemique

La theacuterapie systeacutemique et la diversiteacute de ses approches permettent drsquointer-preacuteter les fonctions et le sens du symptocircme utiles pour accompagner lrsquoentourage des personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives

Les concepts de base en theacuterapie familiale systeacutemique

Systegraveme familial symptocircme et solutionDans lrsquoapproche des systegravemes (fami-liaux) se pose la question de la fonc-tion du symptocircme Si le comporte-ment addictif (symptocircme) reste un problegraveme crsquoest qursquoil peut ecirctre une solution dans le systegraveme sinon il au-rait disparu Certaines familles mettent en place des regravegles dysfonctionnelles afin de maintenir le systegraveme en homeacuteostasie Par exemple une femme qui se plaint de son eacutepoux et de ses conduites addictives aux conseacutequences difficiles agrave vivre aurait craint en mecircme temps si elle avait eacuteteacute avec un homme laquo sans problegraveme raquo que celui-ci la quitte Si elle reste avec cet homme qursquoelle deacutevalorise parfois crsquoest qursquoelle en a un beacuteneacutefice

Regravegles familiales dysfonctionnelles Jean-Franccedilois Croissant110 psycho-logue clinicien theacuterapeute familial deacutecrit quatre regravegles familiales dysfonc-tionnelles au sein de la famille

Regravegle du deacuteni minimisation par tous du problegraveme

Regravegle du silence le sujet doit ecirctre tenu cacheacute sous peine de honte ou de repreacutesailles

Regravegle de lrsquoisolement chacun doit se deacutebrouiller avec ses besoins et ses eacutemotions perte de la solidariteacute

Regravegle de la rigiditeacute fermeture du systegraveme sur lui-mecircme les regravegles doivent ecirctre rigides

Systegraveme et communicationLrsquohistoire de la penseacutee systeacutemique est indissociable de celle des theacuteories cyber-neacutetiques sciences de la communication et du controcircle par extension sciences de la signification et de la compreacutehen-sion des pheacutenomegravenes communicants

Pour Von Bertalanffy un systegraveme est laquo un ensemble de parties en interac-tion entre elles et avec leur milieu raquo

Pour De Saussure un systegraveme est laquo une totaliteacute organiseacutee fait drsquoeacuteleacute-ments solidaires ne pouvant ecirctre deacutefinis que les uns par rapport aux autres en fonction de leur place dans cette totaliteacute raquo

110 Jean-Franccedilois Croissant psychologue clinicien theacuterapeute familial formateur et superviseur en al-coologie et en theacuterapie familiale systeacutemique forma-teur en theacuterapie centreacutee sur les solutions et inspireacute par lrsquoanalyse transactionnelle directeur peacutedagogique de Peacutegase Processus Rennes et Saint-Brieuc

nose Eye-Movement Desensitization and Reprocessing - EMDR - Deacutesensibi-lisation et Retraitement par les Mouve-ments Oculaires etc) le sens du symp-tocircme pour lrsquoindividu est rechercheacute pour lrsquoaider agrave deacutevelopper de nouvelles res-sources plus efficaces

Approche inteacutegrative approche qui srsquoinspire de plusieurs approches theacutera-peutiques et le theacuterapeute utilise loutil

le plus efficace pour lrsquousager il peut uti-liser plusieurs outils en fonction des eacutetapes de lrsquoaccompagnement

Approche psychanalytique (psycha-nalyse psychotheacuterapie analytique) les origines du symptocircme pour lrsquoindividu sont rechercheacutees en preacutesupposant que ce processus va faire disparaicirctre le symptocircme

ZOOM

Carte familiale geacutenogramme et geacutenosociogrammeoutilS drsquoanalySe familiale

OrigineCrsquoest parce que lrsquoindividu nrsquoest pas vu comme le seul eacuteleacutement agrave observer que ces instruments drsquoanalyse de la structure familiale ont eacuteteacute creacuteeacutes dans les anneacutees 70 par les pionniers de la theacuterapie familiale

ObjectifDresser une image graphique plus ou moins succincte de lrsquohistoire familiale de la personne en lrsquoinscrivant dans du transgeacuteneacuterationnel non plus seule-ment horizontalement dans le preacute-sent mais verticalement agrave travers ses descendants et ascendants

PreacutesupposeacutesLrsquohistoire de la famille inf luence chaque individu transporte avec elle des valeurs des eacutemotions et des com-

portements transmis depuis des geacute-neacuterations

ApplicationsSelon lrsquoapprofondissement plus ou moins grand qui est rechercheacute ces outils permettent de scheacutematiser plu-sieurs geacuteneacuterations repeacuterer les dates cleacute (mariages naissances deacutecegraves deacutera-cinementhellip) les faits importants de lrsquohistoire de la vie de la famille (niveau drsquoeacutetudes professions seacuteparations remariages maladies probleacutematiques addictives suicide accidents deacutemeacutena-gements traumatismes incendies catastrophes deacutecegraves preacutematureacuteshellip) et les liens affectifs entre personnes

Ces outils offrent agrave la personne et au professionnel qui lrsquoaccompagne une repreacutesentation qui permet de srsquoins-crire dans une approche globale de la famille en identifiant et mesurant des liens entre des problegravemes actuels et des comportements des symptocircmes et interactions des eacuteveacutenements par-fois reacutepeacuteteacutes drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre

108 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 109

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

LE SENS DU SYMPTOcircME

Le symptocircme peut ecirctre le signe que la famille eacuteprouve des difficulteacutes agrave deacutepas-ser leacutetape actuelle de son cycle de vie ou des eacutevegravenements Il peut ecirctre lrsquoex-pression de la souffrance drsquoune famille toute entiegravere etou lrsquoexpression de souffrances passeacutees non-apaiseacutees Il peut correspondre agrave ce qui ne peut ecirctre dit dans lrsquoordinaire et servir de vecteur de parole y compris pour la famille Il peut permettre de sortir des secrets de famille de conflits de loyau-teacute de travailler sur une perception eacutemergeante moins douloureuse drsquoune reacutealiteacute ce qui peut ecirctre un des objectifs et un axe de travail theacuterapeutique importanthellip

POURQUOI COMMENT

Dans une famille srsquoopegravere souvent une confusion entre ce qui pose pro-blegraveme agrave savoir une addiction et lrsquoideacutee que lrsquoaddiction ou la personne pour-rait ecirctre le problegraveme Cette confusion ne facilite pas le changement pour la personne en probleacutematique addictive Lrsquoensemble familial ne peut srsquoentendre et lrsquoescalade symeacutetrique renforce les niveaux de mal-ecirctreEn travaillant la demande les profes-sionnels essaient de valider la souf-france de lrsquoentourage et de la per-sonne qui utilise le produit pour essayer de lrsquoapaiser Lrsquoeacutequipe profes-sionnelle souhaite ainsi faciliter le tra-vail theacuterapeutique sur les raisons de lrsquousage Lrsquoentourage et la famille ont des ressources Ils connaissent mieux que les professionnels leur histoire et leur contexte mecircme srsquoils peuvent faire partie des enjeux de lrsquousage

Les objectifs de la theacuterapie systeacutemique familiale

Tenter de rendre plus flexibles les regravegles de ce systegraveme afin que le laquo pa-tient raquo deacutesigneacute nrsquoait plus agrave jouer ce rocircle de stabilisateur sans qursquoaucun des pro-tagonistes ne se sente trop exposeacute drsquoabandonner ses croyances protec-trices forgeacutees par un veacutecu douloureux

Offrir un contexte de seacutecuriteacute af-fective qui permettra au systegraveme de vivre librement lrsquoexpeacuterience drsquoune autre modaliteacute relationnelle sans se sentir menaceacute

Aider le systegraveme agrave deacutefinir des laquo boucliers amovibles raquo plus adapteacutes et tout aussi opeacuterants que lrsquolaquo armure rigide et lourde raquo qursquoil utilise jusque-lagrave

ILLUSTRATION

Theacuterapie familiale en pratique au cSapa anpaa en vendeacutee

CONTEXTE Le CSAPA propose lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage des personnes ayant une conduite addictive Plu-sieurs types drsquoaccompagnement sont proposeacutes Lrsquoeacutetablissement considegravere que le travail de couple et de famille se pose en compleacutementariteacute de lrsquoen-tretien individuel En effet le systegraveme familial peut rendre difficiles le chemi-nement individuel et ses remanie-ments Crsquoest pourquoi lrsquoeacutequipe a voulu associer agrave lrsquoaccompagnement individuel l rsquoaccompagnement de couple et de famille Degraves 2004 une personne de lrsquoeacutequipe srsquoest formeacutee agrave la theacuterapie familiale et depuis 2015 un deuxiegraveme theacuterapeute familial a eacuteteacute re-cruteacute pour deacutevelopper la co-theacuterapie

OBJECTIFS Il ne srsquoagit pas seulement drsquoaccompa-gner les souffrances issues des addic-tions mais drsquoamener si possible le couple ou la famille agrave reacutefleacutechir au sens de ses symptocircmes Lrsquoapproche familiale peut permettre une autre deacutefinition de la situation de crise en termes interactionnels interperson-nels trans-geacuteneacuterationnels et favoriser une reacuteorganisation des processus rela-tionnels dans le reacuteseau familial Favoriser un autre regard de la famille sur le symptocircme addictif qui souvent a fait lrsquoobjet de la demande

110 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 111

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Conduites addictives et parentaliteacute crainte de la rupture des liens familiaux et impact sur lrsquoaccompagnement et les soins

Dans le contexte de parentaliteacute et de conduites addictives du patient le professionnel est souvent au centre drsquoune probleacutematique de prise de posi-tion ou du moins de reacuteflexion entre drsquoun cocircteacute la preacuteservation de la relation drsquoaccompagnement et de lrsquoautre le comportement de lrsquousager vis-agrave-vis de son conjoint ou ses enfants

Motivation aux soins pour la preacute-servation du lien avec lrsquoenfant pour certaines personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives le maintien de leurs liens parentaux que ce soit le droit de garde ou de visite de leurs enfants peut motiver lrsquoengagement dans les soins En particulier lorsque des mesures eacuteducatives relevant de la protection de lrsquoenfance sont engageacutees cet engagement dans les soins bien plus que motiveacute est parfois mecircme la condition du maintien de ces liens

Perception du risque de violences intrafamiliales hors de tout soin contraint les eacutequipes drsquoaccompagne-ment et de soins apprennent ou com-prennent parfois que des situations de violences existent la personne accompagneacutee est victime de violences ou est elle-mecircme auteure de vio-lence contre son conjoint ou ses en-fants notamment Certains professionnels ne mettront pas toujours en œuvre toutes les mesures adapteacutees de protection des personnes par fois par crainte de rompre la relation de confiance avec la personne et de perdre de vue cette personne engageacutee dans un processus de changement Or crsquoest ainsi que des situations par-fois graves ne font pas lrsquoobjet de signa-lement ou pas assez tocirct pour en reacute-duire les dommages Ces difficulteacutes ne sont pas rares et posent la question de lrsquoobjectif des soins et des conditions drsquoaccompagne-ment

ILLUSTRATION

Familles et incarceacuteration expeacuterimentation au cSapa reacutefeacuterent carceacuteral anpaa en lozegravere

Expeacuterimentation de septembre 2018 agrave juin 2019 agrave la maison drsquoarrecirct de Mende drsquoaccompagnement des fa-milles et des couples dont lrsquoun des membres est incarceacutereacute et en difficulteacute avec ses conduites addictives dans un objectif de diminution des risques de reacutecidive

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider la famillecouple agrave srsquoadapter agrave lrsquoincarceacuteration afin que celle-ci fasse eacutetape

Activer un processus drsquointeacuteriori-sation de la loi chez les famillescouples par la prise de conscience de la responsabiliteacute du condamneacute

Restaurer la communication lorsqursquoelle est conflictuelle ou sur un mode projectif (laquo crsquoest ta faute pas la miennehellip raquo)

Preacuteparer avec la famille la sortie du membre incarceacutereacute

MISE EN ŒUVRE

Les deacutetenus sont orienteacutes vers le CSAPA par le SPIP etou lrsquouniteacute sani-taire en milieu peacutenitentiaire lors de la commission pluridisciplinaire unique

Les deacutetenus sont rencontreacutes en entretien individuel Les profession-nels du CSAPA eacutevaluent la situation familiale ou de couple avec le deacutetenu communication entre les membres exercice des rocircles prise de risque capaciteacute agrave srsquoindividualiser conflit(s) frontiegraveres un besoin de laquo reacuteparer raquo sa faute etc

Si lrsquoentretien familial semble un mode drsquointervention adapteacute agrave la si-tuation le professionnel le propose au deacutetenu Srsquoil est drsquoaccord le deacutetenu informe les membres de la famille invi-teacutes agrave participer agrave lrsquoentretien

La planification et lrsquoorganisation de lrsquoentretien et lrsquoaccueil de la famille sont eacutelaboreacutes avec lrsquoadministration peacutenitentiaire

DEacuteROULEMENT

Entretiens familiaux ou de couple au sein de la maison drsquoarrecirct animeacutes par deux professionnels formeacutes agrave lrsquoapproche systeacutemique (un travailleur social et un psychologue)

Dureacutee par entretien 1h15 environ Rythme entretien tous les 15 jours

selon les contraintes peacutenitentiaires Lieu parloir de la maison drsquoarrecirct

112 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 113

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Par un continuum qui balaie les champs de la preacutevention en passant par la reacute-duction des r isques et dommages jusquaux soins et de la famille agrave len-tourage professionnel ou scolaire lou-vrage offre au lecteur une vision eacutelargie du sujetCe guide na pas vocation agrave deacutevelopper des theacuteories ou des concepts Il pro-pose agrave chaque professionnel des pistes de reacutef lexion avec des illustrations claires et documenteacutees il se veut pra-tique Chacun sera libre dapprofondir le sujet par ses lectures en sappuyant sur les reacutefeacuterences citeacutees Laction une laquo Affaire de famille raquo par sa diffusion

est un des outils de reacutefeacuterence qui pro-pose une formation des professionnels pour accompagner les familles et chaque personne agrave travers le prisme de la question intergeacuteneacuterationnelleLa question de lentourage pose sim-plement la question de lAutre celle de la place qui lui est donneacutee autant que celle quil saccorde lui-mecircme Des in-terrogations qui peuvent trouver reacute-ponse dans un jeu (laquo je raquo) toujours en eacutequilibre quand le processus daddic-tion est enclencheacute en srsquoappuyant sur les ressources de chacun pour trouver un eacutequilibre

MOT DE CONCLUSION

Ce guide a pour objectif daider chacun dans sa pratique et chaque eacutequipe de terrain agrave donner du sens agrave laccueil leacutecoute et laccompagnement qui est proposeacute agrave chaque membre de lentourage

GUIDE REPEgraveRES 115

ANNEXE

114 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

ENVIRONNEMENT FAMILIAL

NGUIMFACK L laquo Jrsquoai mal agrave ma famille raquo ou un enfant se drogue recomposition familiale et distorsion des frontiegraveres intrafamiliales Information Psychiatrique ndeg 93 310-316 (2017)

BELLON-CHAMPEL L VARESCON I Environnement familial et consommation de substances psychoactives agrave lrsquoadoles-cence facteurs de vulneacuterabiliteacute et drsquoadaptation Annales Meacutedico-Psycho-logiques ndeg 175 313-319 (2017)

CAPELIER F MINONZIO J BRODIEZ-DOLINO A Familles et vulneacuterabiliteacutes Dossier INFORMATIONS SOCIALES ndeg 188 1-121 (2015)

Addictions familles et entourage 72 p (Feacutedeacuteration Addiction 2012)

CASSEN M Dynamiques familiales et conduites addictives lrsquoexemple des toxicomanies LE JOURNAL DES PSY-CHOLOGUES ndeg 254 57-60 (2008)

MELIHAN-CHEININ P Familles et deacute-pendances eacuteleacutements de langage PSY-CHOTROPES ndeg 13 217-227 (2007)

CHATELARD C amp FACY F Alcool et familles 172 p (Editions EDK 2007)

KLEIN M Famille et deacutependance DEPENDANCES ndeg 2-3 (2004)

ROUSSAUX JP FAORO-KREIT B HERS D Lrsquoalcoolique en famille dimensions familiales des alcoolismes et implications theacuterapeutiques 312 p (De Boeck Universiteacute 2000 2e eacutedition)

PARENTALITEacute ET ADDICTIONS

Accompagnement agrave la parentaliteacute (dos-sier documentaire) Socieacuteteacute Franccedilaise de Santeacute Publique (2016) httpwwwsfspfrcontent-page111-dossiers-documentaires3097-accompa-gnement-a-la-parentalite-3097

Promouvoir la santeacute degraves la petite en-fance - Accompagner la parentaliteacute 194 p (INPES 2014)

DELAWARDE C BRIFFAULT X USU-BELLI L Aider les parents agrave ecirctre pa-rents Modegraveles et pratiques des pro-grammes lsquoevidence-basedrsquo drsquoaide agrave la parentaliteacute ANNALES MEDICO-PSY-CHOLOGIQUES ndeg 172 273-279 (2014)

ANNEXE BIBLIOGRAPHIE

116 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 117

ANNEXE

UEHLINGER C Quand lrsquoautre boit guide de survie pour les proches de personnes alcooliques 196 p (Editions Anne Carriegravere 2006)

TORDEURS D JANNE P amp KINAPPE A Qursquoest-ce que le coalcoolisme ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 303-310 (2002)

ANASTASSIOU V SCHWEITZER M amp SOKOLOW I Pour le meilleur et pour le pire pratique clinique et reacuteflexions theacuteoriques drsquoune theacuterapie de groupe de conjoints de malades alcooliques ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 53-62 (2002)

ENFANTS JEUNES

LAFAYE G Adolescence et addiction clinique et prise en charge In Traiteacute drsquoaddictologie 2e eacutedition 132-138 (La-voisier Meacutedecine 2016)

MELCHIOR M Psychopathologie et addiction des parents situation sociale et comportement de lrsquoenfant EURO-PEAN PSYCHIATRY ndeg 8 607-608 (2014)

FAORO-KREIT B Les enfants et lrsquoal-coolisme parental 290 p (Editions Eregraves 2011)

DURASTANTE R Adolescence et addictions De la crypte familiale au dispositif en tuilage Approche psycha-nalytique de la famille et du transgeacuteneacute-rationnel 279 p (De Boeck 2011)

ABDERHALDEN I amp GRAF M Entou-rage des enfants vivant dans des familles ayant un problegraveme drsquoaddiction beau-coup drsquoadultes pour quelles actions DEPENDANCES ndeg 40 15-22 (2010)

LUSSIER K amp LAVENTURE M Carac-teacuteristiques familiales associeacutees agrave lrsquoinitia-tion de psychotropes agrave lrsquoadolescence PSYCHOTROPES ndeg 3 49-70 (2009)

HAUTEFEUILLE M Grandir parmi les addictions quelle place pour lrsquoeacuteducation PSYCHOTROPES ndeg 3 5-7 (2009)

VENISSE J -L BRONNEC M amp GUILLOU M Inteacuterecirct de lrsquoapproche systeacutemique dans le soin des addictions du sujet jeune COURRIER DES AD-DICTIONS ndeg 3 77-79 (2007)

ASSAILLY J P Jeunes en danger Les familles face aux conduites agrave risques 248 p (Imago 2007)

ALLAIN-VOVARD J amp DEMARIA D Grandir dans lrsquoombre drsquoun parent alcoo-lique 112 p (Chronique Sociale 2007)

Enfants heacuteros ou boucs eacutemissaires quand les parents boiventhellip des enfants deacutelaisseacutes ADDICTIONS ndeg 9 10-15 (2005)

Comprendre la famille pour aider les adolescents en conduite addictive RE-VUE TOXIBASE ndeg 18 1-17 (2005)

MONGE J La drogue agrave la maison quand parents et enfants consomment laquo en chœur raquo PSYCHOTROPES ndeg 3-4 197-211 (2013)

MICHAUD P A AMBRESIN A E amp SURIS J C Quelle place pour les pa-rents dans la preacutevention du meacutesusage de substances DEPENDANCES ndeg 50 2-5 (2013)

Soutien agrave la parentaliteacute DEPENDANCES ndeg 50 16-30 (2013)

SALIBA-SFEIR C Parentaliteacute addiction et travail social 218 p (LrsquoHarmattan 2013)

SIMMAT-DURAND L GENEST L amp LEJEUNE C Les seacuteparations des megraveres consommatrices de substances psy-choactives de leurs enfants reacutesultats dans une cohorte reacutetrospective fran-ccedilaise PSYCHOTROPES ndeg 3 123-149 (2012)

SIMMAT-DURAND L Parentaliteacute et addiction in Addictologie clinique 169-185 (Presses Universitaires de France 2011)

GAUSSOT L LE MINOR L amp PALIERNE N Les styles eacuteducatifs parentaux et la consommation drsquoalcool des jeunes ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 205-213 (2011)

CHOQUET M Les parents face agrave la consommation de substances psychoac-tives des adolescents ACTUALITE ET DOSSIER EN SANTE PUBLIQUE ndeg 75 5-7 (2011)

MURIEL G Les pegraveres addicteacutes PSY-CHOTROPES ndeg 3-4 47-56 (2010)

MORISSETTE P amp VENNE M Parenta-liteacute alcool et drogues Un deacutefi multidisci-plinaire 272 p (CHU Sainte Justine 2009)

MORISSETTE P DEVAULT A amp BOURQUE S La paterniteacute dans un contexte de consommation maternelle abusive drsquoalcool et de drogues EN-FANCES FAMILLES GENERATIONS ndeg 11 1-24 (2009) httpideruditorgiderudit044119ar

STOCCO P Les femmes toxicomanes et la dimension familiale traitement et questions eacutethiques PSYCHOTROPES ndeg 3-4 251-265 (2007)

KAMMERER E Quand la megravere de famille consulte qursquoen penser que dire que faire COURRIER DES ADDICTIONS suppl au ndeg 1 43-48 (2005)

ANASTASSIOU V Les distorsions de la fonction parentale dans le systegraveme alcoolique ALCOOLOGIE ET ADDIC-TOLOGIE ndeg 3 191-199 (2003)

COUPLE

SIMMAT-DURAND L et al Vies de couple chez des personnes en sortie des addictions ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 1 47-56 (2016)

TAMIAN I Lrsquoaccueil et lrsquoeacutecoute du couple face agrave lrsquoalcoolo-deacutependance ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 33-41 (2013)

118 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 119

ANNEXE

SENEVIRATNE A amp DAEPPEN J B Implication de la famille dans le traite-ment de lrsquoalcoolodeacutependance ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 283-293 (2009)

MONJAUZE M amp DELROCQ C Comprendre et accompagner le patient alcoolique des entretiens individuels et familiaux au travail de groupe 208 p (In Press Editions 2008)

CASSEN M amp DELILE J-M Theacuterapies familiales et addictions nouvelles perspectives PSYCHOTROPES ndeg 3-4 229-249 (2007)

PALAZZOLO J Aidez vos proches agrave surmonter lrsquoalcoolisme 142 p (Hachette 2006)

WALLENHORST T Lrsquoaccompagnement du patient alcoolique et de ses familiers ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 231-236 (2003)

GOMEZ H Lrsquoalcoolique les proches et les soignants pour une autre pratique de lrsquoalcoologie 168 p (Editions Dunod 2003)

ALBUMS JEUNESSE

DUPIN Oamp DEMURO T Des ours dans la maison (Editions drsquoOrbestier agrave paraicirctre novembre 2018)

JUVIGNY H LABBE B amp LATYK O Papa a la maladie de lrsquoalcool 35 p (Milan Jeunesse 2008)

De SAINT MARS D amp BLOCH S Emilie nrsquoaime pas quand sa megravere boit trop 46 p (Calligram 2006)

JOSSET J amp RAPAPORT G Je ne suis pas un super heacuteros 16 p (Circonflexe 2004)

BEDOS L amp POIRIER P Tata boit 22 p (Michel Lafon Jeunesse 1998)

PREacuteVENIR SOUTENIR

BERGERON J Le rocircle des parents dans la preacutevention des conduites automobiles agrave risques des jeunes utilisateurs de can-nabis ADDICTION(S) RECHERCHES ET PRATIQUES ndeg 1 56-58 (2016)

Remettre les parents au cœur de la preacutevention RECHERCHE ET ALCOO-LOGIE ndeg 38 1-2 (2010)

ROMO L AUBRY C amp MARQUEZ S Groupe de parole pour lrsquoentourage de patients alcoolodeacutependants ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 63-66 (2009)

JEAMMET P Les parents premiers acteurs de la preacutevention LA SANTE DE LrsquoHOMME ndeg 398 25-26 (2008)

BESANCON F Drogues alcool en parler en famille 183 p (InterEditions-Dunod 2006)

GUGGENBUumlHL A Theacuterapie de groupe pour les enfants de familles toucheacutees par lrsquoalcool DEPENDANCES ndeg 23 8-10 (2004)

SEKERA E DANIS D GACHE P amp GABRIS G Aider les proches pour motiver les malades alcooliques agrave se soigner ALCOOLOGIE ET ADDICTO-LOGIE ndeg 1 47-49 (2003)

MIALON A Lrsquoaccompagnement de lrsquoentourage ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 2 194-198 (2001)

DUFOUR M-H amp NADEAU L Lrsquoeffi-caciteacute des programmes de preacutevention de la toxicomanie axeacutes sur les familles SANTE MENTALE AU QUEBEC ndeg 2 224-245 (1998) httpideruditorgiderudit032461ar

DOBKIN P L BEAUDOIN D amp BEAUDOIN J Briser le cycle inter-vention familiale pour les enfants de toxicomanes PSYCHOTROPES ndeg 3 53-67 (1997)

CROUZET C MAGGIA B BRINGUIER M BALMES J L Inteacuterecirct drsquoun accueil speacutecifique de lrsquoentourage familial du malade alcoolodeacutependant ALCOOLO-GIE ndeg 3 223-224 (1995)

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN

SHADILI G amp BOWEN J-F Un cas embleacutematique au sein drsquoune consultation jeune consommateur INFORMATION PSYCHIATRIQUE ndeg 93 125-130 (2017)

OBRADOVIC I Dix ans drsquoactiviteacute des laquo consultations jeunes consommateurs raquo TENDANCES ndeg 101 8 p (2015)

ANASTASSIOU V et al Un dispositif drsquoaccueil familial theacuterapeutique en alcoo-logie Historique et modaliteacutes AL-COOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 2 133-140 (2014)

MIERMONT J Pour une theacuterapie avec la famille COURRIER DES ADDIC-TIONS ndeg 4 10-13 (2012)

120 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 121

ANNEXE

OUTILSVideacuteos ndash Films ndash Podcast

Parentaliteacute et addictions (ANPAA 2016 1244)

Alcoolisme la souffrance des proches (Addiction Suisse 2016 829)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=sbjLU8FBn5E

Parents vers qui se tourner (Santeacute Publique France 2015 324)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=IEzufAZ_xf0amplist=PLl00syIAM v7Q l 2 s k s I q W1kYA N 8 I Tc _ 3 -Rampindex=12

Le portail franco-queacutebeacutecois Paren-taliteacute et deacutependances propose des res-sources videacuteos classeacutees par theacutematique httpwwwparentalite-dependancescomressources-accueil

Campagne drsquoinformation de preacute-vention des usages de drogues Parents laquo eacutecoutez dabord raquo (Drogues Info Service 2017 117)

httpwwwdrogues-info-servicefrAc-tualitesPrevention-des-usages-de-dro-gues-Parents-ecoutez-d-abordWs-8jx5c6_cs

Des videacuteos sur le site DROGBOX ht tp wwwdrogboxfr05-drog-a-lecran04-VIDEOS-DIVERSESpagephp

Playlists des campagnes INPES agrave visionner sur httpwwwdailymotioncomInpes

Un bateau ivre (documentaire de Kristell Menez)

httpwwwbalibaricomf ilmsun-ba-teau-ivre

Nos parents alcooliques France-Culture

httpswwwfranceculturefremissionssur-les-docks-14-15nos-parents-alcoo-liques

Sites internet

Forum de discussion pour lrsquoentourage sur

httpwwwalcool-info-servicefrL-al-cool-et-vos-proches

Parler de lrsquoalcoolisme (de son pegravere de sa megravere de son fregraverehellip)

httpwwwquandunparentboitbe

wwwparentsetaddictionch

wwwmamanboitch

httpbobyaddictionsuissech

122 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 123

NOTES

124 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

POUR EN SAVOIR PLUSanpaaassofr

Vos questions vos suggestionscontactanpaaassofr

Suivre lrsquoactualiteacute ANPAA et en addictologie

20 rue Saint-Fiacre 75002 ParisTeacutel 01 42 33 51 04

Guide reacutealiseacute avec la collaboration des membres de la commission des pratiques professionnelles de lrsquoANPAA Steacutephane Baghuelou chef de service dans lrsquoYonne Mireille Carpentier directrice reacutegionale en Basse Normandie Virginie Chauvey animatrice de preacutevention en Haute-Saocircne Annick Dessy psychologue dans la Marne Jamel Housni eacuteducateur speacutecialiseacute dans les Alpes de Haute-Provence Heacutelegravene Lapeyre assistante sociale en Gironde Thierry Larelle meacutedecin en Dordogne Marion Likiby Mbeba secreacutetaire dans le Rhocircne Marion Luxembourger psychologue en Ardegraveche Brice Mallet IDE en Pyreacuteneacutees-Atlantiques Agnegraves Merran secreacutetaire en Vendeacutee Noeacutemie Morlet animatrice de preacutevention dans lrsquoAube Laurence Roger IDE dans lrsquoOrne Marc Rondony meacutedecin coordinateur en Pyreacuteneacutees Orientales Angeacutelique Rozand meacutedecin coordinatrice dans la Drocircme et lrsquoArdegraveche Cathy Simon vice-preacutesidente de lrsquoANPAA Denis Turpin administrateur de lrsquoANPAA

Guide coordonneacute par Delphine Jarraud adjointe agrave la direction nationale des activiteacutes de lrsquoANPAA

Guide reacutealiseacute avec le soutien financier de la Direction Geacuteneacuterale de la Santeacute et de lrsquoAssurance Maladie

POUR PLUS DrsquoINFORMATIONS

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Les conduites addictives ne sont pas seulement le teacutemoin de conflits intrapsychiques mais aussi une difficulteacute du lien de la relation Elles srsquoinscrivent dans une complexiteacute interrelationnelle ougrave le systegraveme familial et au sens large les relations sociales qui a deacutejagrave en geacuteneacuteral beaucoup œuvreacute ne sait pas ougrave aller chercher lrsquoinformation pertinente au changement Il srsquoagit donc en tant que professionnel du champ de lrsquoaddictologie drsquoopter pour une vision circulaire des interactions avec des formes drsquoaccompagnement et de soins incluant les entourages Il srsquoagit de prendre en compte toutes les parties prenantes des probleacutematiques addictives avec leurs fonctionnaliteacutes mais surtout leurs ressources potentielles et leur capaciteacute agrave laisser eacutemerger lrsquolaquo auto-solution raquo et leurs compeacutetences Car lrsquoimplication de lrsquoentourage aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sensibiliseacutes peuvent soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche drsquoaccompagnement

Ce guide porte sur lrsquoimportance de lrsquoentourage en preacutevention accompagnement et soins il propose des repegraveres pour les pratiques professionnelles des zooms des illustrations agrave travers des actions de terrain

Deacutecembre 2018

Page 2: Conduites addictives TRAVAILLER POUR ET AVEC LES …2/ conduites addictives, travailler pour et avec les personnes de l’entourage guide repÈres /3 sommaire considÉrer l’entourage

GUIDE REPEgraveRES 1

Conduites addictives

TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

2 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 3

SOMMAIRE

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES P 51 Teacutemoignage laquo Une vie avec une personne addicte raquo P 5

Mot dintroduction2 Lrsquoentourage ses difficulteacutes et ses ressources P 103 Entourage et addictions la deacutependance en question P 20

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE P 251 Le risque de co-deacutependance P 272 Le risque de transmission intergeacuteneacuterationnelle P 573 Preacutevention des risques travailler pour et avec lrsquoentourage P 67

SOMMAIRE

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoENTOURAGE P 851 Primo-demande et approche de lrsquoentourage P 852 Accompagner lrsquoentourage en groupe agrave viseacutee theacuterapeutique P 963 Orientations psychotheacuterapeutiques P 104

MOT DE CONCLUSION P 113

ANNEXE P 115 Bibliographie P 115

GUIDE REPEgraveRES 54 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNE EN DIFFICULTEacute AVEC SES CONDUITES ADDICTIVES

1 TEacuteMOIGNAGE laquo UNE VIE AVEC UNE PERSONNE ADDICTE raquo

2 LrsquoENTOURAGE SES DIFFICULTEacuteS ET SES RESSOURCES

3 ENTOURAGE ET ADDICTIONS LA DEacutePENDANCE EN QUESTION

1fraslthinsp1TEacuteMOIGNAGE laquo UNE VIE

AVEC UNE PERSONNE ADDICTE raquo

laquo Tout a commenceacute comme beaucoup de jeunes une rencontre un soir de deacutecembre et nous voilagrave partis pour une grande et belle histoireLes anneacutees passent le mariage le pre-mier enfant Julie Nous avons alors 21 et 22 ans peut-ecirctre un peu jeunes Crsquoest agrave partir de lagrave que jrsquoai commenceacute agrave remarquer des choses qui nrsquoeacutetaient

pas normales la cave toujours bien garnie les bouteilles drsquoapeacutero qui baissent toutes seules un beacutebeacute qui pleure et toi qui dorshellip Qursquoest-ce que je dishellip qui ronfle Et un soir lrsquoaccident alcool responsa-biliteacutes et au boulot laquo la galegravere raquo sans permisAgrave ce moment-lagrave notre deuxiegraveme enfant est en route et pendant ma grossesse Christophe part pour sa premiegravere cure et moi laquo jrsquoy crois raquo Jrsquoeacutetais naiumlve et je voulais croire que la volonteacute suffisait mais lrsquoenfer ne fait que commencer Thomas est neacute et avec lui lrsquoespoirhellip

6 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 7

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

notre fille les psys nous enfoncent le couteau dans la plaie Qui sont fautifs les parents bien sucircr Thomas lui ne trouve plus sa place entre le beacutebeacute la maison et Julie qui va mal il commence agrave faire des laquo becirctises raquo et se retrouve agrave la gendarmerie Moi jrsquoai lrsquoimpression qursquoon ne sortira jamais de cette spirale infernale et Christophe se sentait fort mais dans la tecircte lrsquoabstinence totale et deacutefinitive nrsquoeacutetait pas concevable Il a toujours penseacute et dit qursquoapregraves dix ans sans boire drsquoalcool il pourrait recommencer agrave ecirctre laquo comme tout le monde raquo Sauf qursquoil nrsquoest pas laquo comme tout le monde raquo Et bien sucircr dix ans ont passeacute on reprend une petite biegravere puis deux Moi jrsquoobserve je preacuteviens laquo Attention tu es sur la mauvaise pente raquo et lui reacutepond laquo mais non je gegraverehellip raquoJrsquoinsiste et jrsquoinsistehellip laquo Si tu retombes dans lrsquoalcool je te quitte raquoJe lrsquoai tellement dit et reacutepeacuteteacute que quand il a eu besoin de moi il nrsquoa pas pu mrsquoen parler de peur que je parte pour de bonLrsquoengrenage est enclencheacute crsquoest la re-chute Avec elle les galegraveres financiegraveres et au boulot il nrsquoassume plus Et fait passer ccedila pour de la deacutepression qui fi-nit par devenir bien reacuteelle Julie qui allait mieux nrsquoaccepte pas la rechute de son pegravere et lui en veut Fra-giliseacutee par sa preacuteceacutedente deacutepression elle va moins bien se referme de plus en plus chez elle et devient agoraphobe Heureusement que son petit ami est lagrave pour la soutenir merci Gaeumltan

Thomas souffre aussi mais il est comme son pegravere et a du mal agrave lrsquoexpri-mer Mais quand Oceacuteane commence agrave souffrir agrave son tour Christophe lui de-mande laquo Ccedila va Oceacuteane raquo Et Oceacuteane lui a reacutepondu laquo Mais papa moi ccedila va quand toi tu vas bien raquoCes paroles-lagrave je crois qursquoelles lrsquoont atteint en plein cœur ccedila voulait dire si je bois je vais mal et ma fille va aller malCrsquoest agrave ce moment-lagrave qursquoil srsquoest deacutecideacute agrave retourner voir les amis de la santeacute laquo Dure deacutemarche raquo apregraves une rechute au bout de dix ans Mais on le sait les amis de la santeacute ne jugent pas ils sont lagrave pour aider et nous ont reacute-ouvert leurs portesDepuis Christophe srsquoinvestit et garde agrave lrsquoesprit que crsquoest facile de replonger et bientocirct nous fecircterons nos 33 ans de mariagehellip pour le meilleur le pire est derriegravere nous enfin jrsquoespegravere raquo

Nadia C1

1 Teacutemoignage recueilli par la CAMERUP ndash Coordina-tion des Associations et Mouvements drsquoEntraide Recon-nus drsquoUtiliteacute Publique

Agrave cette eacutepoque-lagrave nous avons deacutecideacute drsquoacheter une maison Apregraves plusieurs anneacutees chaotiques aussi bien au niveau de lrsquoalcool que financier les galegraveres srsquoaccumulenthellipCrsquoest lagrave que jrsquoai appreacutecieacute lrsquoaide des amis de la santeacute Christophe est dans le deacuteni la discussion nrsquoeacutetait pas possible Un grand MERCI agrave Henri et Yvette qui ont toujours eacuteteacute lagrave pour mrsquoeacutecouter et me reacuteconforterChristophe perd son travail chez son pegravere et lagrave crsquoest la deacutegringolade Il ne fait plus rien agrave la maison devient meacute-chant jrsquoai honte vis-agrave-vis de mes voi-sins je suis obligeacutee drsquoarracher lrsquoherbe devant la maison qui mesure 50 cmhellip et lui il dort il cuve je ne sais pashellipAgrave cette peacuteriode il nrsquoallait plus beaucoup au cafeacute faute de moyens mais buvait tout seul agrave la maison Jrsquoai ducirc fouiller le sous-sol des dizaines de fois et vider des bouteilles je ne pourrais mecircme pas dire combien Quand il rentre dans la mai-son je nrsquoai pas besoin de le voir JE SAISLes enfants souffrent et je deacutecide un jour de partir bagarres engueulades il ne veut pas que je parte et mrsquoem-pecircche de prendre les cleacutes de la voiture Tant pis je pars agrave pied chez ses parents avec mes enfants pensant demander agrave mes beaux-parents de mrsquoemmener chez les miens Mais lagrave ma belle-megravere me reacutepond laquo je ne trsquoemmegravenerai pas ta place est aupregraves de lui raquo Mais je suis partie quand mecircme je ne sais plus comment avec lrsquoideacutee de me trouver un foyer ougrave vivre mais ne pas rentrerMais degraves le surlendemain lrsquoinquieacutetude mrsquoa fait revenir et bien sucircr rien nrsquoa changeacutehellip

Quand vient la derniegravere cure je suis arriveacutee au point de non-retour au reacuteel comme au figureacute laquo Va-trsquoen en cure et surtout nrsquoen reviens pas avant six mois raquo laquo Fais une postcure sinon je ne peux te revoir agrave la maison raquo Ce sont les derniegraveres paroles que je lui ai dites avant son deacutepart Crsquoest Henri qui lrsquoa accompagneacute agrave Cholet En passant agrave la demande de Christophe chez son oncle pour arroser ccedilaTrois jours plus tard il est de retour et moi je nrsquoy crois plus Ces trois jours je les ai passeacutes seule avec mes enfants sans lui rendre visite et surtout sans le poids du souci de lrsquoinquieacutetudeJe pense que pendant ces trois jours il srsquoest rendu compte qursquoil avait eacuteteacute loin qursquoil eacutetait sur le point de tout perdre et qursquoil eacutetait temps de faire quelque chose laquo LE DECLIC raquo ENFINMais lrsquoalcool a fait son œuvre On vend la maison et on redeacutemarrehellipLes anneacutees Bonheur commencent et lagrave crsquoest vrai que jrsquoai retrouveacute celui que jrsquoavais connu aimeacute et avec qui je mrsquoeacutetais marieacutee Le bonheur se concreacutetise avec lrsquoarriveacutee drsquoOceacuteaneOn rachegravete une maison agrave restaurer et les travaux nous prennent tous les soirs les week-ends pas le temps de penser agrave autre choseLagrave je tiens agrave tirer mon chapeau agrave Christophe pour tout le travail abattu dans cette maison et qursquoil nrsquoaurait ja-mais pu faire peu de temps auparavantMais le bonheur est fragile et de courte dureacutee quand Julie commence agrave faire une deacutepression et est hospitaliseacutee plu-sieurs fois pour des ideacutees suicidaires Et lagrave impuissants devant la deacutetresse de

8 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 9

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

eacutemerger lrsquolaquo auto-solution raquo et leurs compeacutetences3 Car lrsquoimplication de lrsquoen-tourage aupregraves de la personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives est un facteur de reacuteussite des proches in-formeacutes et sensibiliseacutes peuvent soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche drsquoaccompa-gnement

Au niveau de lrsquoindividu pour aller de lrsquoentourage en souffrance au proche aideacute puis aidant le regard sur soi et sur lrsquoautre est crucial Le professionnel est agrave la croiseacutee des regards confronteacute agrave de multiples interrogations qui eacutemergent dans le rapport agrave lrsquoentourage accompa-gner agrave la fois la personne deacutependante et son entourage Lrsquoentourage est-il la cause ou la conseacutequence de lrsquoaddiction Lrsquoentourage peut-il ecirctre un appui pour une reacuteduction des risques et des dom-mages Quelle souffrance affecte lrsquoen-tourage et quelle est lrsquoeacutetendue des impacts combien de personnes et les-quelles sont concerneacutees

Du speacutecialiste en neurosciences de lrsquoad-diction agrave lrsquoanimateur de preacutevention cha-cun pourra puiser dans ce guide matiegravere agrave deacuterouler et peut-ecirctre dynamiser ses pratiques en envisageant laquo lrsquoentou-rage raquo dans son spectre le plus complet

3 Antoinette MIALON-FOUILLEUL laquo Psychopatho-logie familiale des conduites drsquoalcoolisation raquo in M REY-NAUD (dir) Traiteacute drsquoaddictologie Flammarion pp 334-339

TOUTEFOIS LE CONTENU DE CE GUIDE NrsquoABORDE PAS LES QUESTIONS RELEVANT SPEacuteCIFIQUEMENT

De la grossesse et des risques pour lrsquoembryon et le fœtus lieacutes aux conduites addictives de la femme enceinte ou du tabagisme de son entourage

Des situations drsquoincarceacuteration du fait de la speacutecif iciteacute de lrsquoespace-temps contraint et de la particulariteacute du milieu carceacuteral

Des missions de meacutediation sociale des CAARUD4 en vue de sassurer une bonne inteacutegration dans le quartier il srsquoagit lagrave de lrsquolaquo entourage raquo au sens de lrsquolaquo environnement raquo de lrsquoeacutetablissement (habitants commerccedilants etc)5

4 Deacutecret ndeg 2005-1606 du 19 deacutecembre 2005 relatif aux missions des centres daccueil et daccompagnement agrave la reacuteduction des risques pour usagers de drogues et modifiant le code de la santeacute publique

5 Pour aller plus loin sur ce sujet Gwenola LE NAOUR Chloeacute HAMANT Nadine CHAMARD Faire accepter les lieux de reacuteduction des risques ndash un enjeu quotidien CERPE DGS mai 2014 100 p

MOT DINTRODUCTION

En guise drsquointroduction ce teacutemoignage illustre la complexiteacute du rapport entre entourage et personne en difficulteacute avec ses conduites addictives Il pointe aussi lrsquoeacutetendue des dommages potentielle-ment induits par les difficulteacutes drsquoune personne avec ses conduites addictives Ce guide a pour vocation dapporter agrave tout professionnel intervenant dans le champ des addictions lrsquooccasion drsquoune prise de recul drsquoun enrichissement de la reacuteflexion sur la place de lrsquoentourage

En preacutevention comme en accompagne-ment et en soins une eacutevolution des repreacutesentations des rocircles de chaque individu autour de lrsquoaddiction a eu lieu notamment une eacutevolution des repreacute-sentations des notions de laquo victimes raquo et de laquo bourreaux raquo deacutesigneacutes agrave tort en matiegravere de probleacutematique addictive

Hier les probleacutematiques addictives en particulier lieacutees agrave lrsquoalcool eacutetaient re-peacutereacutees par lrsquoentourage le but eacutetait la laquo protection raquo de lrsquoentourage contre les laquo meacutefaits raquo de la personne addicte

Puis il srsquoest agi drsquoextraire lrsquousager de son entourage pour traiter le laquo ma-lade raquo

Aujourdrsquohui srsquoopegravere une prise en compte de toutes les parties prenantes la personne en dif f iculteacute avec ses conduites addictives et son entourage sont eacutetroitement lieacutes

Parallegravelement un meacutelange des repreacute-sentations psychiques lieacutees aux addic-tions avec la reacutealiteacute socieacutetale modifie la repreacutesentation de lrsquoentourage lui-mecircme en permanence comme on peut lrsquoob-server agrave travers les nombreuses illustra-tions de lrsquoexposition et de lrsquoouvrage laquo 130 ans de preacutevention de lrsquoalcoolisme 1870-2000 raquo2 Notamment le modegravele preacutevalent drsquoune socieacuteteacute consumeacuteriste confronte lrsquoindivi-du agrave un continuum de potentielles pra-tiques agrave risque addictif degraves son plus jeune acircge De nouvelles addictions nu-meacuteriques etou comportementales font de lrsquoentourage le point neacutevralgique de la preacutevention des risques et dommages lieacutes aux conduites addictives

Les conduites addictives ne sont pas seulement le teacutemoin de conflits intra-psychiques mais aussi une difficulteacute du lien de la relation Elles srsquoinscrivent dans une complexiteacute interrelationnelle ougrave le systegraveme familial et au sens large les rela-tions sociales qui a deacutejagrave en geacuteneacuteral beaucoup œuvreacute ne sait pas ougrave aller chercher lrsquoinformation pertinente au changement Il srsquoagit donc en tant que professionnel du champ de lrsquoaddictolo-gie drsquoopter pour une vision circulaire des interactions avec des formes drsquoaccom-pagnement et de soins incluant les en-tourages Il srsquoagit de prendre en compte toutes les parties prenantes des probleacute-matiques addictives avec leurs fonction-naliteacutes mais surtout leurs ressources potentielles et leur capaciteacute agrave laisser

2 130 ans de preacutevention de lrsquoalcoolisme en France 1870-2000 Eacuteditions CFES 2001 67 p

10 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 11

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Souffrances de voir lrsquoautre souffrir avec ses probleacutematiques addictives et de ne pas parvenir agrave srsquoen deacutefaire

Recherche et expeacuterimentation de toute une gamme de laquo solutions raquo drsquoaide

Sentiment drsquoimpuissance voire de culpabiliteacute avec de nombreuses inter-rogations comment en parler com-ment accompagner la personne com-ment la soutenir pour changer et permettre une reacuteduction des risques et des dommages encourus

Comportements et attitudes qui initient voire facilitent les conduites addictives du proche

Comportements qui accentuent le sentiment de difficulteacutes de la per-sonne addicte injonction controcircle agir agrave la place de lrsquoautre (lrsquoautre eacutetant estimeacute dans le deacuteni ou incapable drsquoagir de lui-mecircme) menace qui achegraveve drsquoalteacute-rer significativement la relation entre la personne addicte et son entourage et lrsquoidentiteacute de chacun

Ces attitudes et comportements sont ponctueacutes drsquoexpeacuterimentations de moda-liteacutes drsquoaide de recherches de solutions et de peacuteriodes de deacutecouragementCeci est la trame drsquoune difficulteacute sous-jacente celle de demander de lrsquoaide alors mecircme que lrsquoinquieacutetude devient permanente En effet la parole ne va pas de soi Crsquoest pourtant cette deacutemarche initiale pour ne pas dire initiatique qui permet-

tra agrave lrsquoentourage de renouer avec son individualiteacute Chaque membre de lrsquoen-tourage srsquoempare alors de sa propre difficulteacute tant physique que psychique pour parvenir agrave voir au-delagrave de lrsquoaddic-tion de lrsquoautre

Agrave RETENIR

Chaque membre de lrsquoentourage est un individu agrave part entiegravere qui neacutecessite une attention distincte de son proche en situation drsquoaddic-tion et un accompagnement pour prendre en compte et participer agrave la reacuteduction de sa souffrance propre

Chaque membre de lrsquoentourage fait partie du laquo systegraveme raquo de la probleacutematique addictive et doit ecirctre pris en compte dans lrsquoaccom-pagnement et les soins de la per-sonne en dif f iculteacute avec ses conduites addictives

Comme on dit que la personne addicte ne se reacuteduit pas agrave son ad-diction la personne qui entoure ne se reacuteduit pas et ne doit pas ecirctre reacuteduite agrave sa place drsquoentourage

La personne de lrsquoentourage laquo se rend malade raquo de la probleacutematique addictive de lrsquoautre et conseacutecutive-ment laquo se rend malade raquo du senti-ment de sa propre incapaciteacute agrave y remeacutedier et agrave aider lrsquoautre

Cette souffrance de lrsquoentourage ne peut pas ecirctre ignoreacutee mecircme si le patient deacutesigneacute laquo malade raquo nrsquoest pas demandeur de soins

1fraslthinsp2 LrsquoENTOURAGE SES DIFFICULTEacuteS ET SES RESSOURCES

1 DES RESSOURCES ET COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave RENFORCER

ABORDER LrsquoENTOURAGELes personnes qui composent lrsquolaquo entou-rage raquo jouent un rocircle essentiel dans la compreacutehension la preacutevention lrsquoaccom-pagnement et les soins en matiegravere de probleacutematique addictive drsquoun proche Les probleacutematiques addictives de tout individu impactent forceacutement les per-sonnes de lrsquoentourage agrave des degreacutes di-vers et de faccedilon variable selon le type de conduite addictive et selon les per-sonnes selon leur identiteacute et leurs liens Et inversement lrsquoentourage a un impact durant le processus de conduites addic-tives et de soins

Peu nombreuses sont les personnes de lrsquoentourage6 qui franchissent le pas de la demande drsquoaide et parfois tregraves voire trop tardivement Lagrave reacuteside toute la dif-ficulteacute drsquoapproche de lrsquoentourage alors que crsquoest souvent sur cet entourage que repose la sortie du deacuteni de la personne addicte et une part de la reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins

QUI EST Lrsquo laquo ENTOURAGE raquo Lrsquoentourage deacutesigne premiegraverement un

6 6 des 78 500 personnes accompagneacutees en CSAPA geacutereacutes par lrsquoANPAA en 2017

laquo ensemble de personnes vivant habi-tuellement aupregraves de quelqursquoun raquo Lrsquoen-tourage peut aussi se deacutefinir comme toute personne confronteacutee ou impli-queacutee dans les probleacutematiques addictives drsquoun tiers De prime abord on y voit les membres de la famille depuis le couple donc le conjointe les enfants jusqursquoaux ascendants et collateacuteraux puis les amis les collegravegues Ainsi pourrait aussi ecirctre impacteacute lrsquointervenant non speacutecialiseacute aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives du laquo meacutedecin de famille raquo (qui fait laquo partie de la fa-mille raquo) en passant par lrsquoentraicircneur sportif le CPE du collegravege le voisin lrsquoaide-soignante ou lrsquoassistante de vie du retraiteacute en prise addictive avec ses meacute-dicaments

LrsquoENTOURAGE UNE PERSONNE FRAGILISEacuteE MAIS EXPEacuteRIMENTEacuteELes personnes de lrsquoentourage sont glo-balement deacutemunies aupregraves drsquoun proche en difficulteacute avec ses conduites addic-tives pouvant passer du deacuteni agrave la pos-ture de laquo sauveur raquo Ces personnes se situent dans des attitudes et comporte-ments qui ne sont geacuteneacuteralement pas univoques

Deacuteni ou minimisation de la percep-tion des risques et des dommages pour la personne elle-mecircme comme pour les tiers qui lrsquoentourent

Souffrances lieacutees aux conseacutequences quotidiennes de la conduite addictive de leur proche instabiliteacute voire inseacute-curiteacute adaptations neacutecessaires pour y faire face

12 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 13

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

DES COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave VALORISER ET Agrave RENFORCER Les conditions de vie lrsquoenvironnement les facteurs biologiques les facteurs socio-culturels et eacuteconomiques pour tout individu entourage ou addict in-fluent sur la capaciteacute de la personne agrave reacutepondre avec efficaciteacute aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne Au-delagrave de sa relation avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addic-tives lrsquoentourage sera plus ou moins apte agrave aider lrsquoautre ou parfois srsquoextraire de la situation pour sa propre sauve-garde

Lrsquoaccumulation de souffrances lieacutees au proche addict peut conduire toute per-sonne de lrsquoentourage agrave un eacutetat de stress qui pourra deacuteborder ses capaciteacutes agrave agir pour lrsquoautre et lui-mecircmeDans le contexte de probleacutematique addictive que connaicirct lrsquoentourage les compeacutetences psychosociales acquises sont tregraves souvent abicircmeacutees en plusieurs endroits Amener lrsquoentourage agrave valori-ser reacutetablir et renforcer ses compeacute-tences crsquoest lui donner les moyens drsquoagir pour son propre mieux-ecirctre et pour le mieux-ecirctre de lrsquoautre plutocirct qursquoagrave pour-suivre une lutte contre lrsquoautre contre lrsquoaddiction de lrsquoautre

ZOOM

Les compeacutetences psychosociales7

Les compeacutetences psychosociales sont deacutefinies par lrsquoOrganisation Mondiale de la Santeacute (OMS) en 1993 comme eacutetant laquo la capaciteacute drsquoune personne agrave mainte-nir un eacutetat de bien-ecirctre subjectif lui permettant de reacutepondre positivement et efficacement aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne raquo Le ren-forcement des CSP est ainsi clairement un eacuteleacutement fondamental de la promo-tion de la santeacute et du bien-ecirctre des personnes particuliegraverement quand ce problegraveme de santeacute est lieacute agrave un comportementCes compeacutetences essentielles et trans- culturelles sont eacutetroitement lieacutees agrave lrsquoestime de soi et aux compeacutetences relationnelles relation agrave soi et relation aux autres

7 laquo Deacutevelopper les compeacutetences psychosociales chez les enfants et les jeunes raquo La Santeacute en action ndeg 431 2015 pp 10-40

LrsquoOMS en identifie dix principales qui srsquoajustent par deux

Savoir reacutesoudre les problegravemes Savoir prendre des deacutecisions

Avoir une penseacutee critique Avoir une penseacutee creacuteative

Savoir communiquer efficacement Ecirctre habile dans les relations interpersonnelles

Avoir conscience de soi Avoir de lrsquoempathie pour les autres

Savoir geacuterer son stress Savoir geacuterer ses eacutemotions

Ces CSP peuvent ecirctre deacutefinies sous un autre angle agrave travers trois prismes

1 LES COMPEacuteTENCES SOCIALES

(ou interpersonnelles ou de com-munication)

Les compeacutetences de communica-tion verbale et non verbale ndash eacutecoute active expression des eacutemotions ca-paciteacute agrave donner et recevoir des re-monteacutees drsquoinformation et des reacuteac-tions

Les capaciteacutes de reacutesistance et de neacutegociation ndash gestion des conf lits capaciteacute drsquoaffirmation reacutesistance agrave la pression drsquoautrui

Lrsquoempathie crsquoest-agrave-dire la capaciteacute agrave eacutecouter et comprendre les besoins et le point de vue drsquoautrui et agrave exprimer cette compreacutehension

Les compeacutetences de coopeacuteration et de collaboration en groupe

Les compeacutetences de plaidoyer qui srsquoappuient sur les compeacutetences de persuasion et drsquoinfluence

2 LES COMPEacuteTENCES COGNITIVES

Les compeacutetences de prise de deacuteci-sions et de reacutesolution de problegravemes

La penseacutee critique et lrsquoauto-eacutevalua-tion qui impliquent de pouvoir analy-ser lrsquoinfluence des meacutedias et des pairs drsquoavoir conscience des valeurs atti-tudes normes croyances et facteurs qui nous affectent de pouvoir identi-fier les (sources) drsquoinformations perti-nentes

3 LES COMPEacuteTENCES

EacuteMOTIONNELLES

(ou drsquoautoreacutegulation)

Les compeacutetences de reacutegulation eacutemotionnelle ndash gestion de la colegravere et de lrsquoanxieacuteteacute capaciteacute agrave faire face agrave la perte agrave lrsquoabus et aux traumatismes

Les compeacutetences de gestion du stress qui impliquent la gestion du temps la penseacutee positive et la maicirc-trise des techniques de relaxation

Les compeacutetences favorisant la confiance et lrsquoestime de soi lrsquoauto-eacutevaluation et lrsquoautoreacutegulation

14 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 15

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

tentes les besoins le parcours de vie les compeacutetences les expeacuteriences de la personne de lrsquoentourage dans sa singu-lariteacute avec en ambulatoire un docu-ment individuel de prise en charge (au terme leacutegal on preacutefegraverera le terme laquo drsquoaccompagnement raquo) ou en reacutesiden-tiel un contrat de seacutejour9 10 11

Un dossier regroupant lrsquoensemble des informations formaliseacutees utiles agrave la qualiteacute de lrsquoaccompagnement et des soins12 directement accessible agrave lrsquousager dans le respect des dispositions leacutegisla-tives et reacuteglementaires

Le respect du secret des informa-tions le concernant avec un partage entre professionnels strictement neacuteces-saires agrave la coordination ou agrave la conti-nuiteacute des soins agrave la preacutevention ou agrave son suivi meacutedico-social et social dans le res-pect des dispositions leacutegislatives et reacute-glementaires13 14

Le droit agrave une information adapteacutee agrave sa capaciteacute de compreacutehension notam-ment sur ses droits et liberteacutes par la

9 L311-4 et D311 du CASF

10 Les attentes de la personne et le projet personna-liseacute ANESM 2008 52 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

11 Projet personnaliseacute document individuel de prise en charge ou contrat de seacutejour en CSAPA CAARUD ACT ANPAA 2016 5 p (Fiche Repegraveres)

12 Qualiteacute du dossier de lrsquousager en eacutetablissement meacutedicosocial relevant de lrsquoaddictologie ANPAA 2016 29 p (Guide Repegraveres)

13 Secret des informations et partage entre profes-sionnels ANPAA actualisation octobre 2016 6 p (Fiche Repegraveres)

14 L1110-4 du CSP

remise systeacutematique et commenteacutee de la charte des droits et liberteacutes et son annexe15 le livret drsquoaccueil16 et le regravegle-ment de fonctionnement17 de lrsquoeacutetablis-sement

Le droit agrave lrsquoexpression et la participa-tion de chaque usager18 19 relativement au fonctionnement de lrsquoeacutetablissement

LE RESPECT DU SECRET DES INFORMATIONS PERSONNELLES DE LrsquoUSAGER PAR RAPPORT Agrave SON ENTOURAGEDans les eacutetablissements meacutedico-sociaux en addictologie de type CSAPA au-cune information ne doit ecirctre com-muniqueacutee agrave un tiers de lrsquoentourage quelle que soit la position de lrsquoentou-rage vis-agrave-vis de lrsquoeacutetablissement Mecircme si les demandes drsquoinformation des personnes de lrsquoentourage sont freacute-quentes elles ne peuvent aboutir agrave ou-trepasser ce droit Par exemple

laquo Est-ce que mon mari est bien venu agrave sa consultation aujourdrsquohui car il nrsquoal-lait pas tregraves bien et srsquoil est venu je ne suis pas certaine qursquoil vous ait tout dit raquo de la part drsquoune eacutepouse soucieuse

15 L311-4 du CASF et arrecircteacute du 8 septembre 2003

16 L311-4 du CASF et circulaire DGASSD ndeg 2004-138 du 24 mars 2004

17 L311-7 du CASF et deacutecret du 14 novembre 2003

18 L311-4 du CASF et deacutecrets du 25 mars 2004 et du 2 novembre 2005

19 La participation des usagers dans les eacutetablissements meacutedico-sociaux relevant de lrsquoaddictologie ANESM 2010 96 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

2 LrsquoENTOURAGE UN USAGER DE LrsquoEacuteTABLISSEMENT COMME UN AUTRE AVEC LES MEcircMES DROITS

LES DROITS DE LrsquoENTOURAGE EN EacuteTABLISSEMENT MEacuteDICO-SOCIAL EN ADDICTOLOGIELes centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) ont ceci de particulier par rap-port aux eacutetablissements de santeacute en addictologie comme un hocircpital par exemple qursquoils ont pour mission de srsquoadresser aux personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives comme agrave leur entourage Leurs droits en tant

qursquousagers drsquoeacutetablissement meacutedico-so-cial sont inscrits dans la loi 2002-28

Le respect de la digniteacute de la vie pri-veacutee de lrsquointimiteacute de la seacutecuriteacute et de lrsquointeacutegriteacute de la personne

Le libre choix parmi les prestations adapteacutees qui lui sont proposeacutees par exemple agrave domicile ou en eacutetablissement

Le droit agrave un projet personnaliseacute drsquoaccompagnement et de soins co-construit prenant en compte les at-

8 Ensemble des droits preacutesenteacutes agrave lrsquoarticle L311-3 du CASF

Agrave RETENIR

Dans le continuum de la promo-tion de la santeacute consideacuterer lrsquoentou-rage crsquoest

Repeacuterer les personnes de lrsquoentou-rage vivant des difficulteacutes lieacutees agrave une personne proche ayant des probleacutema-tiques addictives

Eacutevaluer ou situer leurs difficulteacutes plus ou moins apparentes et graves induites ou supposeacutees induites for-muleacutees ou pas par les conduites ad-dictives du proche

Prendre en compte ces personnes qui font laquo systegraveme raquo avec les probleacute-matiques addictives et srsquoappuyer sur leurs expeacuteriences capaciteacutes et diffi-culteacutes agrave agir dans la situation

Rencontrer les personnes de lrsquoen-tourage le plus rapidement possible dans lrsquoaccompagnement de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites additives pour diminuer leur culpabi-liteacute et le sentiment drsquoimpuissance apregraves en geacuteneacuteral avoir le sentiment drsquolaquo avoir tout essayeacute raquo

Accompagner les personnes de lrsquoentourage pour leur permettre de se mettre en position laquo meacuteta raquo de prise de recul pour prendre conscience de ce qui se passe de ma-niegravere systeacutemique et pas seulement pour lrsquoautre en diff iculteacute avec ses conduites addictives

Accompagner les personnes de lrsquoentourage vise agrave deacutevelopper laquo les solutions qui marchent raquo parmi celles deacutejagrave expeacuterimenteacutees ce qui redonne une estime de soi

16 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 17

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

A contrario un compte-rendu drsquohos-pitalisation ou des reacutesultats biologiques par exemple issus drsquoun eacutetablissement ou professionnel de santeacute verseacutes au dossier de lrsquousager sont transmissibles puisqursquoils sont issus drsquoun tiers interve-nant dans la prise en charge

POUR ALLER PLUS LOIN

La collection Repegraveres ANPAA22

Notamment

Le Guide Repegraveres ANPAA laquo Qualiteacute du dossier de lrsquousager et eacutetablissement meacute-dico-social relevant de lrsquoaddictologie raquo septembre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Secret des informations et partage entre pro-fessionnels raquo ANPAA actualisation octobre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Reacutepondre agrave la demande drsquoaccegraves direct agrave son dossier de lrsquousager raquo feacutevrier 2017

22 Toute la collection Repegraveres de lrsquoANPAA Fiches et Guides teacuteleacutechargeable gratuitement sur httpwwwanpaaassofrsinformercollection-reperes-pour-les-professionnels

laquo LA PERSONNE DE CONFIANCE raquo UN DROIT QUI PEUT EcircTRE UNE AMBIGUIumlTEacute DANS LrsquoACCOMPAGNEMENT ET LES SOINS EN ADDICTOLOGIELes dispositions relatives agrave la laquo personne de confiance raquo institueacutee agrave lrsquoorigine dans le champ sanitaire sont eacutetendues par la loi au champ social et meacutedico-social Ainsi toute personne majeure prise en charge dans un eacutetablissement ou un ser-vice social ou meacutedico-social23 a le droit de deacutesigner une personne de confiance qui si elle le souhaite lrsquoaccompagnera dans ses deacutemarches afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Les missions de la laquo personne de confiance raquo aupregraves de lusager

Accompagner et ecirctre preacutesent au-pregraves de lrsquousager si celui-ci le souhaite agrave lrsquoentretien preacutevu lors de la conclusion du contrat de seacutejour pour rechercher son consentement agrave ecirctre accueillie dans lrsquoeacutetablissement drsquoheacutebergement (en preacute-sence du directeur de lrsquoeacutetablissement ou toute autre personne formellement deacutesigneacutee par lui et chaque fois que neacute-cessaire) La personne de confiance sera la seule personne de lrsquoentourage agrave avoir le droit drsquoecirctre preacutesente agrave cet entretien

23 Deacutecret no 2016-1395 du 18 octobre 2016 fixant les conditions dans lesquelles est donneacutee lrsquoinformation sur le droit de deacutesigner la personne de confiance mention-neacutee agrave lrsquoarticle L 311-5-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles

laquo Avez-vous pu parler agrave mon fils de sa consommation de cannabis car ses reacute-sultats scolaires srsquoeacutecroulent et je suis tregraves inquiegravete de ses freacutequentations raquo de la part drsquoun pegravere inquiet

Les questions de lrsquoentourage qursquoelles soient formuleacutees de faccedilon directe ou indirecte par teacuteleacutephone ou dans le cadre drsquoentretien ne peuvent donner lieu agrave aucun commentaire ou informa-tion concernant la personne usagegravere de produits addictifsEt inversement la personne addicte ne pourra acceacuteder agrave aucune information relevant de son entourage accompagneacute au sein de lrsquoeacutetablissement ou ayant com-muniqueacute avec lrsquoeacutetablissement20Lrsquoeacutetablissement doit tout mettre en œuvre pour que les personnes dia-loguent entre elles

En effet laquo Toute personne prise en charge par un professionnel de santeacute un eacutetablissement ou un des services de santeacute deacutefinis au livre III de la sixiegraveme partie du preacutesent code un professionnel du secteur meacutedico-social ou social ou un eacutetablissement ou service social et meacute-dico-social mentionneacute au I de lrsquoarticle L 312-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles a droit au respect de sa vie priveacutee et du secret des informations le concernant Excepteacute dans les cas de deacuterogation expresseacutement preacutevus par la loi ce secret couvre lrsquoensemble des in-formations concernant la personne venues agrave la connaissance du profession-nel de tout membre du personnel de

20 L1111-7 du CSP

ces eacutetablissements services ou orga-nismes et de toute autre personne en relation de par ses activiteacutes avec ces eacutetablissements ou organismes Il srsquoim-pose agrave tous les professionnels interve-nant dans le systegraveme de santeacute raquo21

LE DROIT DrsquoACCEgraveS DIRECT DE LrsquoUSAGER Agrave SON DOSSIERLrsquousager qursquoil soit laquo patient raquo ou laquo en-tourage raquo a le droit agrave un accegraves direct agrave son dossier Toutefois il est neacutecessaire de bien cerner le type drsquoinformation dont il est question et sa source En matiegravere de droit agrave lrsquoaccegraves direct au dos-sier seules sont accessibles les informa-tions personnelles et non les informa-tions concernant lrsquoentourage

Sont exclues du dossier accessible agrave lrsquousager les informations mentionnant qursquoelles ont eacuteteacute recueillies aupregraves drsquoun tiers nrsquointervenant pas dans la prise en charge theacuterapeutique ou concernant un tel tiers Illustrations - Sont exclues non pas du dossier mais des informations acces-sibles

Lrsquoinformation recueillie aupregraves de lrsquousager mentionnant que son pegravere avait une probleacutematique addictive que son conjoint a des comporte-ments violents Lrsquoinformation communiqueacutee par la conjointe du consultant mentionnant que celui-ci ne peut pas honorer son rendez-vous compte tenu de sa sur-consommation drsquoalcool ce jour

21 L 1110-4 - point I du CSP

18 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 19

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

vous La personne de confiance pourra ecirctre la personne-ressource pour assurer un retour en toute seacutecuriteacute au domicile Dans la pratique professionnelle le do-cument individuel drsquoaccompagnement24 eacutetant un outil ameneacute agrave ecirctre reacuteguliegravere-ment renouveleacute autant que neacutecessaire et a minima annuellement pour ce qui est de son avenant ce peut ecirctre lrsquoocca-sion de parler avec le consultant de la personne de confiance deacutesigneacutee agrave re-nouveler ou pas

24 Deacutecret ndeg 2004-1274 du 26 novembre 2004 relatif au contrat de seacutejour ou document individuel de prise en charge preacutevu par larticle L 311-4 du code de laction sociale et des familles

Agrave RETENIR

Tout consultant en eacutetablisse-ment meacutedico-social a les mecircmes droits personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives ou per-sonnes de lrsquoentourage notamment au regard du secret des informa-tions

Lrsquoobjectif des professionnels est drsquolaquo outiller raquo chacune des parties personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives et son entou-rage afin de

Leur permettre de (re)communi-quer ensemble et retisser si neacute-cessaire les liens de confiance drsquoaffection de coopeacuteration par-fois laquo abimeacutes raquo par la situation

Permettre aussi de fluidifier les enjeux drsquoinformation laquo secregravetes raquo confieacutees aux professionnels ac-compagnant (de la secreacutetaire au meacutedecin en passant les profes-sionnels socio-eacuteducatifs et para-meacutedicaux les psychologues) sous la formule bien souvent entendue laquo vous ne lui direz pas maishellip raquo

Accompagner lrsquousager dans ses deacute-marches lieacutees agrave sa prise en charge so-ciale ou meacutedico-sociale afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Aider lrsquousager agrave la compreacutehension de ses droits La personne de confiance est consulteacutee par lrsquoeacutetablissement au cas ougrave lrsquousager rencontre des difficulteacutes dans la connaissance et la compreacutehension de ses droits Cette consultation nrsquoa pas vocation agrave se substituer aux deacutecisions de lrsquousager

Elle a un devoir de confidentialiteacute concernant les informations meacutedicales qursquoelle a pu recevoir et les directives anticipeacutees de lrsquousager elle nrsquoa pas le droit de les reacuteveacuteler agrave drsquoautres personnes

Qui peut ecirctre personne de confiance Deacutesigner une personne de confiance relegraveve de la seule deacutecision personnelle de lrsquousager Celui-ci peut deacutesigner en tant que laquo personne de confiance raquo toute personne majeure de son entou-rage en qui il a confiance par exemple un membre de sa famille un proche son meacutedecin traitant Il srsquoagit drsquoune deacutemarche reacutefleacutechie agrave deux

Il est important que lrsquousager eacutechange avec la personne qursquoil souhaite deacutesigner avant de remplir le formulaire de deacutesi-gnation et de lui faire part de ses sou-haits par rapport agrave sa future mission Il est impor tant que la personne de confiance ait la possibiliteacute de prendre connaissance de son futur rocircle et drsquoen mesurer sa porteacutee

Attention la personne que lrsquousager souhaite deacutesigner doit donner son ac-

cord agrave cette deacutesignation Elle peut refu-ser drsquoecirctre la personne de conf iance deacutesigneacutee par lrsquousager ou contresigner le formulaire de deacutesignation preacutevu agrave cet effet

Les difficulteacutes de mise en œuvre de ce droitLa place de la personne de confiance dans un accompagnement peut revecirctir une certaine ambiguiumlteacute dans le cadre drsquoun accompagnement en addictologie

Ce droit est fondamental pour tout usager dans le champ meacutedico-social par exemple pour lrsquoentreacutee en eacutetablissement drsquoheacutebergement pour personnes acircgeacutees deacutependantes ou en appartement de coordination theacuterapeutique Toutefois il peut ecirctre deacutelicat dans le contexte drsquoaccompagnement ambulatoire en CSAPA ou en CAARUD En effet dans ce contexte les relations de la personne de confiance avec lrsquousager peuvent eacutevo-luer neacutegativement voire se rompre notamment dans une situation de co-deacutependance

Une vigilance particuliegravere doit donc accompagner lrsquoinformation obligatoire de lrsquousager sur ce droit notamment par la remise drsquoune notice drsquoinformation Il convient de bien srsquoassurer de la liberteacute de choix de lrsquousager sans contrainte implicite ou explicite de son entourage

En pratique malgreacute ses eacuteventuelles

ambiguiumlteacutes agrave lever cette personne de confiance peut ecirctre un relais essentiel en cas drsquoune situation agrave risque ou com-plexe par exemple une consommation massive constateacutee lors drsquoun rendez-

20 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 21

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Scheacutema26 deS facteurS conStitutifS de lrsquoaddic-tion danS le modegravele trivalent de c olievenStein

ADDICTION UNE PROBLEacuteMATIQUE DU LIENLes probleacutematiques addictives ne sont pas reacuteductibles agrave des probleacutematiques neurologiques Elles sont aussi le reflet de la difficulteacute relationnelle de lrsquoindividu aux autres voire au groupe social entier au premier rang desquels lrsquoentourage tient une place complexe avant dans et apregraves le processus addictif

Degraves le premier contact du beacutebeacute et de son ou ses parents la qualiteacute des inte-ractions fonde la capaciteacute ulteacuterieure de lrsquoindividu agrave se construire dans une bonne

26 Charles ROZAIRE et al laquo Quest-ce que laddic-tion raquo Archives de Politique Criminelle ndeg 31 2009 pp 9-23

perception et conscience de soi et agrave ajuster de faccedilon satisfaisante sa relation agrave la reacutealiteacute exteacuterieureSelon la theacuteorie de lrsquoattachement de John Bowlby tout au long de son exis-tence lrsquoindividu cherche agrave satisfaire un besoin fondamental de seacutecuriteacute appeleacute laquo besoin social primaire raquo donneacute par la qualiteacute des inteacuteriorisations construites sur les bases comportementales rassu-rantes de la petite enfance27 Cette seacutecu-riteacute est donneacutee degraves la naissance par la proximiteacute de figures drsquoattachement at-tentives au besoin de protection du beacutebeacute La personne garde en elle le be-soin de figures drsquoattachement auxquelles elle peut avoir recours en preacutesence de certains dangers ou drsquoexpeacuteriences dou-loureuses de son existence Ces figures drsquoattachement inteacuterioriseacutees au cours du

27 John BOWLBY Lrsquoattachement t1 PUF 1969 540 p

1fraslthinsp3 ENTOURAGE ET ADDICTIONS

LA DEacutePENDANCE EN QUESTION

Lrsquousage de produits psychotropes existe de tout temps et se rencontre en toute socieacuteteacute Lrsquoapeacuteritif entre amis le cham-pagne pour fecircter les heureux eacuteveacutene-ments de la vie le joint qui tourne en soireacutee les parties de jeux collectifs en ligne ou lrsquoexcitation drsquoun parieur sur un champ hippique sont des facteurs de socialisation mecircme srsquoils ne sont en rien indispensables Source de plaisir indivi-duel comme collectif ils peuvent prati-queacutes avec excegraves avec perte de controcircle ou dans certaines circonstances ecirctre facteurs de risques voire causes de dommages pour soi ou des tiersAinsi les probleacutematiques addictives re-lient la personne addicte et son entou-rage dans des rapports divers allant de la convivialiteacute aux risques et dommagesComment recouvrer la liberteacute est sans doute la question inconsciente et impli-cite de tout entourageIl srsquoagit drsquoappreacutehender les cleacutes de cette souffrance et de cet isolement pour agir ensuite en preacutevention et en accompa-gnement

1 LrsquoENTOURAGE AU CŒUR DE LA PATHOLOGIE DU LIEN

Travailler pour et avec lrsquoentourage drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives conduit agrave mettre en lumiegravere sa place dans le laquo systegraveme raquo de la pro-bleacutematique addictive du proche

ENTOURAGE PARTIE PRENANTE DE LA TRIVALENCE DE LrsquoADDICTION Trois facteurs dimensionnels inter-viennent dans la vulneacuterabiliteacute aux conduites addictives la personne le contexte socioculturel et lrsquoobjet de la deacutependance comportement ou subs-tance psychoactive Crsquoest le modegravele tri-valent et bio-psycho-social de Claude Olievenstein laquo La toxicomanie surgit agrave un triple carrefour celui drsquoun produit drsquoun moment socioculturel et drsquoune per-sonnaliteacute Ce sont lagrave trois dimensions eacutegalement constitutives raquo25Cette approche tr idimensionnelle confegravere un rocircle deacuteterminant au contexte socioculturel au premier rang duquel se trouvent les personnes de lrsquoentourage

25 Claude OLIEVENSTEIN La drogue ou la vie Ro-bert Laffont 1983 260 p

FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX

FamiliauxAnteacuteceacutedents

FonctionnementEacuteducation

Eacuteveacutenements sociauxInfluence des pairs

Groupe social

FACTEURS LIEacuteS Agrave LA SUBSTANCE

Potentiels de deacutependance

Conseacutequences meacutedicales psychologiques sociales

Statut social de substance

FACTEURS INDIVIDUELS

GeacuteneacutetiquesNeurobiologiques

PsychologiquesPsychiatriques

Eacuteveacutenements de vie

22 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 23

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

PROCESSUS DE DEacutePENDANCELa deacutependance traduit la perte de liber-teacute du sujet qui ne peut srsquoempecirccher de consommer le produit ou de de se livrer agrave sa conduite addictiveLe processus de deacutependance met en jeu trois eacuteleacutements qui srsquoauto-renforcent

Le lien entre la substance ou le comportement expeacuterimenteacute et le plaisir ressenti La premiegravere expeacute-rience de plaisir subjectif ressenti est selon le sujet le produit le moment et le contexte deacuteterminant pour lrsquoentreacutee en conduite reacuteguliegravere voire deacutependance Le plaisir rechercheacute associe sensations stimulations et aussi une forme drsquoanes-theacutesie (physique et psychique) et drsquooubli de soi et des autres de faccedilon variable selon le produit et lrsquoindividu

Le craving pheacutenomegravene de stimula-tion du systegraveme de reacutecompense par la recherche effreacuteneacutee du produit pour obtenir un eacutetat de satisfaction ou pour reacutepondre agrave une sensation interne dou-loureuse

La toleacuterance expression du pheacuteno-megravene drsquoaccoutumance physique et psy-chique au produit Elle neacutecessite pour lrsquousager de recourir agrave de plus fortes doses de produits ou plus freacutequem-ment pour obtenir un plaisir aussi in-tense voire plus intense ou varieacute La toleacuterance implique aussi la notion de sevrage qui pousse le sujet agrave recourir au produit pour ne pas ressentir le manque

Agrave RETENIR

La personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est mar-queacutee par une vulneacuterabiliteacute rela-tionnelle qui preacuteexiste agrave lrsquoaddiction et qui nrsquoen est pas la seule cause

Cette vulneacuterabiliteacute accentueacutee par le processus addictif va geacuteneacute-ralement entrer en reacutesonnance avec les personnes de lrsquoentourage et leurs propres constructions indi-viduelles

deacuteveloppement preacutecoce neacutecessitent drsquoecirctre seacutecurisantes rassurantes stables et diffeacuterencieacutees pour permettre au su-jet de srsquoy reacutefeacuterer au besoin dans les ex-peacuteriences de la vie et en relation avec les autres

Le deacutefaut drsquointeractions srsquoexprime en termes de qualiteacute de permanence et de varieacuteteacutes des figures drsquoattachement au cours du deacuteveloppement preacutecoce de lrsquoenfant grevant eacuteventuellement son capital de seacutecuriteacute et de confiance Lrsquoin-dividu pourra souffrir drsquoun deacutefaut drsquoan-crage affectif seacutecure et stable Les relations agrave lrsquoautre seront rarement satisfaisantes les aleacuteas des rapports humains et du groupe social eacutetant veacutecus comme un abandon Selon le terme de Winnicott lrsquoindividu subit des alteacuterations plus ou moins seacute-vegraveres du laquo sentiment continu drsquoexister raquo Le produit ou le comportement addictif est alors un objet de substitution mo-mentaneacutement eacutequilibrant ou satisfaisant qui comble un vide Lrsquoindividu accegravede agrave une conduite addictive comportemen-tale ou avec produit afin de se procurer un plaisir immeacutediatement neacutecessaire et drsquoabaisser sa tension (homeacuteostasie)

2 PROCESSUS DE DEacutePENDANCE ET PLACE DE LrsquoENTOURAGE

ADDICTIONS DE QUOI PARLE-T-ON laquo Dans le champ de la santeacute une conduite de consommation un com-portement ou une passion jusqursquoalors sans retentissement dommageable de-vient une addiction agrave lrsquoapparition des conseacutequences neacutegatives pour le sujet son entourage ou la socieacuteteacute raquo28 Lrsquoaddiction est un laquo processus par lequel un comportement pouvant agrave la fois per-mettre une production de plaisir et drsquoeacutecarter ou drsquoatteacutenuer une sensation de malaise interne est employeacutee de faccedilon caracteacuteriseacutee par lrsquoimpossibiliteacute reacutepeacuteteacutee de controcircler ce comportement et sa poursuite en deacutepit de la connais-sance de ses conseacutequences neacutega-tives raquo29 Elle srsquoapplique aux conduites avec produits ou comportements

La conduite addictive est une solu-

tion avant de devenir un problegraveme elle est une solution agrave une souffrance agrave la fois individuelle et du systegraveme de vie de la personne crsquoest une solution intrapsy-chique et relationnelle qui va devenir problegraveme

28 Addictionnairecopy Reacuteflexion seacutemantique en addicto-logie ANPAA 2017 37 p

29 Michel REYNAULT Philippe-Jean PARQUET Gilbert LAGRUE Les pratiques addictives usage nocif et deacute-pendances aux substances psychoactives rapport remis au secreacutetaire drsquoEtat agrave la santeacute DGS 1999 p 15 et p 37

GUIDE REPEgraveRES 25

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

24 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Les programmes et actions de preacuteven-tion sur le thegraveme de lrsquoentourage peuvent srsquointeacutegrer dans diffeacuterentes dimensions

Preacutevention universelle en commu-niquant sur les impacts sur lrsquoentourage des conduites addictives et en particu-lier sur la famille mais aussi sur les mo-daliteacutes drsquoaccueil de lrsquoentourage dans les structures speacutecialiseacutees

Preacutevention seacutelective met en jeu une sensibilisation aupregraves drsquoun public direc-tement concerneacute par le renforcement des compeacutetences psychosociales en par-ticulier des jeunes soutien des enfants en dif f iculteacute conseacutecutivement aux

conduites addictives de leurs parents soutien des conjoints soutien agrave la fonc-tion parentale en prenant appui sur

Des supports drsquoinformation deacutedieacutes comme des brochures ou information en ligne

Lrsquoorganisation de confeacuterences-deacutebats groupes de paroles et autres eacutevegravene-ments

Preacutevention cibleacutee par des actions mises en œuvre speacutecifiquement aupregraves de lrsquoentourage des personnes preacutesen-tant une conduite addictive

Un objectif pratique et fondamental la capacitation ou empowerment est

ANNEXES

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

1 LE RISQUE DE CO-DEacutePENDANCE 2 LE RISQUE DE TRANSMISSION

INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE 3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

Il srsquoagit drsquoenvisager deux champs essentiels drsquoactions touchant aux probleacutema-tiques de lrsquoentourage la parentaliteacute et les pairs et un mode drsquoaction mobi-liser des outils et surtout des professionnels autour de lrsquoaction

26 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 27

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp1 thinspLE RISQUE

DE CO-DEacutePENDANCE

1 LA CO-DEacutePENDANCE

La distorsion relationnelle de co-deacutepen-dance srsquoexprime particuliegraverement dans le champ des addictions Il existe une forme singuliegravere de deacutepen-dance la deacutependance relationnelle qui induit aussi une co-deacutependance directe agrave lrsquoautre avec une construction relation-nelle tregraves perturbeacutee Forme de conduite addictive la deacutependance relationnelle au lieu de transiter par un produit ou un comportement srsquoattache directement agrave lrsquoautre

Des deacutefinitions La co-deacutependance est un ensemble

de comportements que la personne de lrsquoentourage drsquoun individu en difficulteacute avec ses conduites addictives adopte presque sans srsquoen rendre compte pour faire face agrave la deacutependance de leur proche et lutter contre ou amoindrir les conseacutequences subies de lrsquoaddiction

La co-deacutependance est une adaptation agrave la situation de deacutependance et ses conseacutequences dans la conviction qursquoau-cune autre solution contre lrsquoaddiction de lrsquoautre nrsquoest possible

FORMES DE CO-DEacutePENDANCECe comportement de co-deacutependance peut prendre plusieurs formes plus ou moins marqueacutees comme31

31 Source httpswwwstop-alcoolch

Sur le registre du controcircle Une perte drsquoidentiteacute tendance agrave

vouloir prendre la place de la personne deacutependante en controcirclant toute sa sphegravere de vie entraicircnant la deacuteresponsa-bilisation voire lrsquoinfantilisation de la per-sonne deacutependante Une tendance agrave lobsession obses-

sion par la substance non pas par envie de consommer mais par inquieacutetude pour la personne deacutependante Une tendance agrave deacuteformer la reacutealiteacute

mentir parfois agrave des tiers (employeur amis famille) pour laquo couvrir raquo les ab-sences colegraveres manquements divers Effacer les traces des conseacutequences neacutegatives lieacutees agrave la consommation (deacute-sordre bouteilles vides etc) Effet in-duit la personne deacutependante ne voit ainsi pas certaines conseacutequences neacutega-tives de sa consommation Un sentiment de honte tentative de

maicirctrise de lrsquoimage donneacutee agrave lrsquoexteacuterieur en niant en cachant en transformant la reacutealiteacute de la vie quotidienne Cela tra-duit une difficulteacute voire incapaciteacute agrave affronter le jugement des tiers agrave lrsquoeacutegard de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives comme agrave lrsquoeacutegard de lrsquoentourage lui-mecircme les conduites ad-dictives eacutetant encore lrsquoobjet de preacutejugeacutes (vice manque de volonteacute perte de controcirclehellip) profondeacutement ancreacutes Une incapaciteacute agrave pouvoir deacuteleacuteguer

une tacircche la personne co-deacutependante a le sentiment de faire mieux plus vite etc En faisant agrave la place de lrsquoautre elle lui nie sa capaciteacute drsquoagir

viseacutee crsquoest-agrave-dire un laquo processus dans lequel des individus et des groupes agissent pour gagner la maicirctrise de leurs vies et donc pour acqueacuterir un plus grand controcircle sur les deacutecisions et les actions affectant leur santeacute dans le contexte de changement de leur environnement social et politique30 raquo Comme pour toutes actions de preacutevention drsquoaccom-pagnement ou de soins celles destineacutees aux personnes de lrsquoentourage srsquoappuient sur des outils de deacuteveloppement de leurs ressources pour accroicirctre leurs capabiliteacutes Et au-delagrave du renforcement des compeacute-tences psychosociales des personnes de lrsquoentourage lrsquoimplication des proches des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives est un facteur de reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins En effet des proches eacutecouteacutes in-formeacutes et sensibiliseacutes peuvent mieux soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche de preacutevention et de soins

On rappellera ici les principes drsquoin-tervention en preacutevention

Une deacutemarche positivant la santeacute comme ressource

Une non-dramatisation des conduites addictives et des produits (alcool tabac cannabis autres drogues) ou addictions sans produit (jeuhellip) la preacutevention srsquoappuie sur une information valideacutee et vise la deacuteconstruction des

30 EHESP laquo Glossaire multilingue de la base de don-neacutees en santeacute publique raquo httpaspbdspehespfrGlos-saire

repreacutesentations et preacutejugeacutes mais ne se limite pas agrave la seule information

Le pragmatisme et non lrsquoideacuteologie Une non-limitation aux seuls objec-

tifs de reacuteduction des conduites ou drsquoabstinence

Une prise en compte des risques et dommages sanitaires et sociaux pour la personne elle-mecircme et son entou-rage mais aussi pour la socieacuteteacute agrave court moyen et long termes

Un appui sur les ressources de lrsquoin-dividu ses expeacuteriences ses compeacute-tences en visant le renforcement de ses compeacutetences psychosociales son auto-nomie et sa qualiteacute de vie

Une deacutemarche drsquoeacuteducation agrave la ci-toyenneteacute et de lien social

28 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 29

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

france vont ecirctre verbaliseacutes et permet-tront ainsi un apaisement de la relation On peut alors ouvrir de nouvelles pers-pectives drsquoeacutevolution et envisager la sor-tie des scheacutemas de reacutepeacutetitions

Repeacuterer la co-deacutependance La non-verbalisation par honte ou ta-bou reacutecurrente en addictologie notam-ment concernant les femmes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives compte-tenu du poids des repreacutesenta-tions sociales constitue aussi pour lrsquoen-tourage un nœud drsquoeacutevitement de la si-tuation addictive et son ancrage puissant dans le corps et le psychisme de la per-sonne de lrsquoentourageIl est essentiel de repeacuterer ce qui est en train de se jouer

2 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CERCLE FAMILIAL

La famille reacutesulte de constructions so-ciales variables selon les eacutepoques et les cultures mais elle reacutepond en premier lieu agrave la neacutecessiteacute qursquoeacuteprouvent les hu-mains drsquoecirctre lieacutes La famille premier groupe drsquoapparte-nance est reacutegie par des liens speacuteci-fiques lien drsquoalliance lien de filiations lien geacuteneacutealogique lien du groupe familial avec lrsquoexteacuterieur Dans cette sphegravere familiale se nouent des liens protecteurs etou difficiles entre les membres dans le preacutesent et le passeacute32 Les conduites addictives puisent en par-tie leurs causes dans le fonctionnement

32 Cf dans ce guide 2fraslthinsp2 LE RISQUE TRANSGEacuteNEacute-RATIONNEL

de cette sphegravere et ont des conseacute-quences sur tous ses membres et selon la composition familiale sur les parents les enfants lela conjointeLa famille premier lieu drsquoexpression des situations de co-deacutependance est un noyau groupal fort capable de faire bar-rage agrave toute aide exteacuterieure par lrsquoinstau-ration drsquoun systegraveme de sauvegarde et drsquoauto-controcircle qui reacutegule le deacuteseacutequi-libre creacuteeacute par lrsquoaddiction du procheEn effet les observations cliniques ont pu montrer33 que les conduites addic-tives peuvent devenir laquo un principe or-ganisateur du systegraveme familial raquo Les probleacutematiques addictives deviennent comme un tiers qui fige la vie quoti-dienne avec des laquo modes de fonction-nements formels rigides preacutedictifs en eacuteloignant les incertitudes34 raquo Il srsquoinstaure un systegraveme qui srsquoautoreacutegule autour des probleacutematiques addictives qui concerne alors chaque membre de la famille en ce sens que chacun va se comporter en regard de la preacutesence ou de lrsquoabsence de conduite addictive et que les interac-tions se placent en fonction du produit psychoactif en question Ainsi le sujet en meacutesusage de ce produit est comme surproteacutegeacute Il nrsquoest plus le bouc eacutemis-saire drsquoune situation potentiellement conflictuelle Crsquoest au contraire lrsquoen-semble de la famille qui assume cette addiction les probleacutematiques addictives deviennent constitutives de lrsquoidentiteacute du couple et de la famille raquo

33 Vangheacutelis ANASTASSIOU Mireille SCHWEITZER Isabelle SOKOLOW laquo Pour le meilleur et pour le pire raquo Alcoologie et Addictologie ndeg 1 2002 pp 53-62

34 Ibid

Sur le registre de la protection La fusion attitude fusionnelle avec la

personne deacutependante preacutesence quasi-permanente agrave outrance reacuteduction de lrsquoautonomie du proche addict dans ses deacutemarches de soins ou dans ses temps de vie personnelle Lrsquohyper-responsabiliteacute lentourage

se sent responsable vis-agrave-vis de lrsquoexteacute-rieur de tous les comportements les faits et gestes (en particulier neacutegatifs) de la personne deacutependante La culpabiliteacute lentourage se met agrave

penser laquo je ne suis pas assezhellip raquo laquo cest de ma faute si je narrive pas agrave laider raquo Lrsquohyper adaptation lrsquoentourage se

rend disponible agrave tout moment aupregraves de la personne deacutependante ce qui en-traine par exemple des modifications de lrsquoemploi du temps de la maniegravere decirctre de fonctionner pour sadapter aux agis-sements de la personne deacutependante

Sur le registre de la reacuteclamation Un ressenti de trahison face aux

eacuteventuels renforcements ou reprises des probleacutematiques addictives du proche en comparaison aux effor ts estimeacutes mis en œuvre pour lrsquoaider Une attitude de plus en plus vindi-

cative voire agressive et exigeante en termes drsquoattendus de comportement de la personne addicte avec pour effet in-duit pour la personne addicte la perte drsquoestime de soi lrsquoincapaciteacute grandissante de reacuteagir et drsquoenvisager un accompagne-ment et des soins une incapaciteacute agrave reacute-pondre aux attentes de la personne de lrsquoentourage Une perte des limites de lrsquoindividua-

liteacute conviction drsquoecirctre lale seule agrave com-

prendre agrave savoir comment faire avec la personne addicte prendre le rocircle de soignant ou la place de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives en reacutepondant agrave sa place par exemple en tout lieu ou obligation exteacuterieure Une incapaciteacute agrave dire non similaire

au manque de limite il est la conseacute-quence dune peur de deacutecevoir de perdre la relation Ainsi la personne de lrsquoentourage existe uniquement au tra-vers de lrsquoaddiction de lrsquoautre

La personne co-deacutependante est dans

la diff iculteacute de tenir compte de ses propres besoins lieacutes au manque de limite agrave lhyper adaptation agrave la fusion et agrave lob-session en jeu dans la co-deacutependance

PREacuteVENTION ET SORTIE DU PROCESSUS DE CO-DEacutePENDANCE

Parler de la co-deacutependance Une communication globale de type laquo Nous sommes tous proches drsquoune personne addicte parlons agissons raquo ou laquo Entourage de personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives par-lons-en raquo et des actions theacutematiques seacutelectives en synergie avec les acteurs drsquoun territoire ouvrent la voie drsquoune sen-sibilisation sur la co-deacutependance Par ailleurs en rendant accessible agrave lrsquoentourage un lieu drsquoeacutecoute un appui contenant et seacutecurisant que ce soit avec ou sans la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives on permet une prise du recul de la situation et du proche addict Les reacutesistances vont se voir atteacutenueacutees les eacuteprouveacutes et la souf-

30 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 31

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Lrsquoameacutelioration des compeacutetences psy-chosociales de lrsquoun ne peut se faire sans lrsquoautre

La co-deacutependance du couple est aussi bien intra psychique qursquointeractionnelle

Les conjoints de personne en diffi-culteacute avec un produit psychoactif mani-festent dans le processus de co-deacutepen-dance certains traits psychologiques lieacutes agrave un mode relationnel construit anteacute-rieurement agrave la relation de couple

Notamment les effets de la co-deacute-pendance se manifestent particuliegravere-ment dans le cadre drsquoune relation de couple surinvestie et ideacutealiseacutee par le conjoint de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives Dans cette projection de couple le conjoint ne laquo voit pas raquo lrsquoautre en tant qursquoindividu tel qursquoil est mais en tant que personne censeacutee jouer un rocircle ideacuteal

Dans le contexte de la co-deacutepen-dance la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives devient le laquo respon-sable raquo de la non-reacutealisation de cette projection pour ne pas avoir autant que le conjoint contribueacute agrave sa reacutealisation

Le conjoint surinvestit une relation de couple ougrave lrsquoautre ne peut aider qursquoen respectant un sceacutenario conccedilu drsquoavance La personne addicte est donc drsquoembleacutee nieacutee dans son alteacuteriteacute et sa singulariteacute toutefois elle est sans doute elle-mecircme en besoin pour combler un manque qursquoelle ne peut trouver dans la relation eacutetablie

Ainsi le co-deacutependant pense avoir le pouvoir de rendre lrsquoautre abstinent pour parvenir agrave reacutealiser ce couple ideacuteal

Le conjoint co-deacutependant peut ainsi montrer

Une implication eacutemotionnelle neacutega-tive eacuteleveacutee et une grande retenue dans lrsquoexpression des sentiments avec un deacuteni du rapport de deacutesir et des relations affectives

Un mode relationnel enchevecirctreacute ou deacutesinteacutegreacute et une tendance agrave former des relations duelles fusionnelles Un rejet drsquoun leadership au sein du couple et drsquoune hieacuterarchie intrafa-miliale

La souffrance du conjoint co-deacutependant peut se manifester par

De lrsquoagressiviteacute et une certaine ob-session devant lrsquoimpuissance agrave changer le par tenaire dans sa deacutependance agressiviteacute laquo justifieacutee raquo comme neacuteces-saire pour motiver lrsquoautre agrave modeacuterer sa consommation et agrave srsquointeacuteresser agrave son conjoint et ses enfants

Lrsquointoleacuterance au manque du conjoint veacutecue comme lrsquoexpression drsquoune rela-tion de couple en eacutechec En fait le conjoint en manque devient reacuteveacutelateur du manque du conjoint co-deacutependant

Lrsquoincapaciteacute agrave changer de posture mecircme si une prise de conscience de lrsquointeraction laquo en miroir raquo du manque dans le couple se manifeste car laquo accep-ter crsquoest capituler raquo

Le non-amour de soi car la restau-ration narcissique reacuteciproque des deux par tenaires rechercheacutee dans tout couple ne se produit pas

Lrsquoabneacutegation et le deacutepassement de soi est lrsquoidentiteacute que se donne le conjoint co-deacutependant ayant une mauvaise image de lui-mecircme Le conjoint addict se trouve deacutepersonnaliseacute au sein de son propre couple

CONDUITES ADDICTIVES ET ORGANISATION FAMILIALE LE laquo SYSTEgraveME raquo35 Un constat tregraves surprenant a eacuteteacute fait concernant lrsquoalcoolo-deacutependance que lrsquoon eacutetendra aux conduites addictives laquo la personne [addicte] stabilise le fonc-tionnement de lrsquoensemble bien qursquoil le deacutesorganise En effet face aux conduites addictives chacun des membres sait preacutevoir ce qursquoil y a lieu de faire devant le deacuteroulement des eacutevegravenements comme dans un rituel connu drsquoavance Il y a une reacuteduction des incertitudes et la conseacute-quence la plus visible est la coheacutesion familiale lrsquoaspect soudeacutes des enfants et de lrsquoautre parent permettant des rap-prochements pour faire face En outre par son symptocircme ses comportements la personne [addicte] creacutee la tension autour de lui et est le reflet de lrsquoeacutetat de stress du systegraveme familialLe pheacutenomegravene drsquohomeacuteostasie du sys-tegraveme conduit agrave srsquointerroger non pas sur le pourquoi des conduites addictives mais sur

Comment le produit aide-t-il agrave maintenir ce systegraveme

Comment la personne deacutependante au produit se place-t-il dans ce systegraveme

Comment contribue-t-il agrave diminuer les incertitudes

35 Antoinette MIALON-FOUILLEUL Psychopatholo-gie familiale des conduites drsquoalcoolisation opcit pp 334-339

Comment maintient-il la coheacutesion du systegraveme

Il srsquoagit de comprendre la fonction adap-tative du comportement addictif pour permettre drsquoaider le patient agrave travers une autre maniegravere de srsquoadapter sans uti-liser le produit

LE CONJOINT CO-DEacutePENDANTLa co-deacutependance aura tendance agrave exa-cerber les nœuds relationnels du couple Il peut ecirctre parfois difficile et deacutelicat drsquoidentifier ce qui relegraveve de la co-deacutepen-dance et de ses effets dommageables sur la relation et ce qui relegraveve de diffi-culteacutes de couple inteacuterioriseacutees et refou-leacutees jusque-lagrave Crsquoest lagrave encore dans le contexte de lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool que les eacutetudes cli-niques sont les plus fournies en ap-proches des pheacutenomegravenes de co-deacutepen-dance dans le couple

La co-deacutependance du conjoint drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives se manifeste par sa difficulteacute agrave se voir en dehors de lrsquoaddiction de lrsquoautre Des observations cliniques en alcoolo-gie transposables agrave toutes probleacutema-tiques addictives montrent que

La difficulteacute de rapport aux conduites addictives est un processus patholo-gique chronique mis en route degraves lrsquoen-fance pour lrsquoun ou les deux membres du couple

Le conjoint joue un rocircle indeacuteniable et complexe propre agrave chaque relation dans lrsquoeacutevolution du processus drsquoaddic-tion de lrsquoautre

32 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 33

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

Conduites addictives et violences

Approche par le psycho trauma-tisme37 on identifie un lien entre violences subies au cours de la vie et conduites addictives avoir subi des violences expose agrave un risque de santeacute plus deacutegradeacutee tant psychique (deacute-pression anxieacuteteacute repli sur soi tenta-tives de suicide) que physique

Explications du lien entre psycho traumatisme et usage de subs-tances psychoactivesLe Dr Sharon Kingston (2009) du deacutepar tement de psychiatr ie du Centre drsquoeacutetude de lrsquoenfance de lrsquouni-

37 Violences subies ou produites et usage de subs-tances psychoactives chez les femmes en Europe et dans la reacutegion meacutediterraneacuteenne Revue de litteacuterature et eacutelaboration de pistes de recherches Groupe Pompidou Conseil de lrsquoEurope 2015 p 50

versiteacute de New York propose trois explications possibles concernant les liens entre la consommation de subs-tances psychoactives et les violences subies au cours de la vie

Le deacuteveloppement de troubles post-traumatiques agrave la suite de cer-tains cas de violences subies dans la vie la consommation de substances est ainsi consideacutereacutee comme une auto-meacutedication pour atteacutenuer les symp-tocircmes post-traumatiques

La consommation de substances creacutee les conditions de risques de vic-timisation ou drsquoautres eacuteveacutenements traumatiques et ces expeacuteriences peuvent conduire au deacuteveloppement de troubles post-traumatiques

Les violences ainsi que la consom-mation de substances surviennent dans des contextes particuliers drsquoen-vironnement familial38

38 Ibid p 14

Lrsquoimpossibiliteacute de communiquer du fait de trop ou pas assez drsquoempathie

La seacuteparation inconcevable et le temps suspendu en deacutepit de beaucoup de frustrations pour les deux parte-naires lrsquoeacuteloignement ne peut avoir lieu il y a confusion entre indeacutependance et seacuteparation

Le couple-sceacutenario est un objet agrave reacuteussir qui ne vit quasiment que dans la tecircte du conjoint co-deacutependant

Une obsession du conjoint laquo ma-lade raquo pour le comprendre ou pour le rejeter

Un veacutecu drsquoaffrontement entre le bien et le mal la co-deacutependance se met en place comme un court-circuit affectif et eacutemotionnel Lrsquoattitude de lrsquoun deacutefinit la posture de lrsquoautre

Lrsquoattachement aux familles drsquoorigine reste actif le manque originel agrave combler par chaque conjoint le rend indisponible agrave lrsquoautre

Le produit ou la conduite addictive devient un tiers dans lrsquoimaginaire de lrsquoun comme de lrsquoautre

Addiction couple et vie sexuelleSur le plan de la relation agrave lrsquoautre le pro-duit ou le comportement laquo problegraveme raquo peut venir infeacuterer dans la vie sexuelle Cette dimension est eacutevoqueacutee et appa-raicirct comme une cause de la consomma-tion ou une conseacutequence des conduites addictives laquo On sait que lrsquoalcool va agir sur trois niveaux les compeacutetences phy-siques les dispositions psychologiques individuelles lrsquoharmonie relationnelle du couple Alors que la consommation eacutepi-sodique de produit peut donner un sen-timent de potentialiteacutes sexuelles ac-crues la consommation massive et chronique peut entraicircner un deacutesinves-tissement de lrsquoindividu pour la sexualiteacute par la diminution progressive de la puis-sance sexuelle Et la consommation croissante drsquoalcool qui tente de compen-ser ce pheacutenomegravene ne fait que lrsquoaccen-tuer La dysfonction sexuelle peut ecirctre agrave la fois cause et conseacutequence de lrsquoabus drsquoalcool agrave lrsquointeacuterieur drsquoune spirale ougrave lrsquoalcool ser t agrave traiter les diff iculteacutes sexuelles mais ougrave il ne fait que les aggra-ver raquo36 Ces constats peuvent srsquoappli-quer agrave toutes les conduites addictives

36 Marie-Catherine ROUILLET-VOLMI Nathalie DUDORET laquo Alcool et sexualiteacute raquo Alcoologie ndeg 2 1995 p 124

Usages de drogues et parcours de vie traumatique chez les femmesLes traumatismes et les violences subis durant lrsquoenfance ou agrave lrsquoacircge adulte ponc-tuent freacutequemment les trajectoires de vie de femmes usagegraveres de drogues Trois constats peuvent srsquoeacutetablir entre dimension de genre et violences subies

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle chez les femmes en population geacuteneacuterale

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle observeacutee chez les hommes usagers de drogues

Un recours aux substances psy-choactives plus important chez les personnes ayant subi des violences au cours de la vie que chez celles nrsquoen ayant pas subi

34 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 35

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

particuliegraverement preacutecaires et mar-queacutees par un cumul de laquo handicaps raquo sociaux et psychologiques (handicap au sens de difficulteacute drsquoadaptation agrave lrsquoenvironnement)

Ineacutegaliteacutes de genre au deacutetriment de femmes et ses ravages en matiegravere de drogues En explorant le contexte de lrsquoinitiation et le profil de lrsquoinitiateur aux usages de drogues les eacutetudes socio-anthropolo-giques deacutemontrent encore une fois une situation nettement deacutefavorable voire discriminantes pour les femmesAlors que rares sont les hommes ini-tieacutes aux drogues par leur partenaire sexuel sauf chez certains hommes homosexuels chez les femmes en revanche lrsquoinitiation aux produits et en particulier agrave lrsquoinjection srsquoeffectue plutocirct dans le cadre de relations avec le partenaire sexuel

Soit il srsquoagit drsquoune opportuniteacute une femme envisage ou accepte des rela-tions sexuelles dans la perspective de se procurer un produit

Soit cela srsquoapparente agrave une manipu-lation en vue drsquoobtenir des faveurs sexuelles plus facilement un homme initie agrave la drogue une femme pour la rendre plus vulneacuterable et soumise sexuellement

Ce mecircme partenaire sexuel initia-teur peut devenir le fournisseur-dea-ler ce qui peut apparaicirctre au deacutepart comme plus simple pour se procurer le produit dans un cadre plus confiant devient une double deacutependance

Cette confusion des rocircles peut alors ecirctre un facteur drsquoescalade dans la consommation puis drsquoun enferme-ment dans la deacutependance

Enfin certains femmes usagegraveres de drogues se livrent agrave la prostitution avec par fois la mecircme personne comme dealer et proxeacutenegravete

Des conditions de consommations agrave risquesLe partage de mateacuteriel drsquoinjection est freacutequent au sein de couples consom-mateurs de drogues En proportion les femmes deacuteclarent partager davantage leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires sexuels qursquoinversement En ef-fet inversement les hommes usagers de drogues partagent majoritairement leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires de consommation de droguesDans la dynamique de couple le conjoint est souvent le deacutetenteur du produit lrsquoinitiateur aux drogues et agrave lrsquo injection Pour une par tie des femmes usagegraveres de drogues la pos-sibiliteacute de consommer est eacutetroitement lieacutee aux occasions qui leurs sont of-fertes par leur compagnon Cette absence de maicirctrise des cir-constances de consommation consti-tue un obstacle pour disposer de conditions confortables et choisies et notamment en disposant de mateacuteriel drsquoinjection steacuterile agrave usage personnel ideacutealement agrave usage unique

Le Guide laquo Femmes et Addictions raquo39 deacutecrit eacutegalement les liens multiples entre les violences subies et les conduites addictives dont les conseacute-quences sont plus freacutequemment ren-contreacutees chez les femmes

Les consommations de produits (al-cool et meacutedicaments principalement) ont une fonction anestheacutesiante de dis-sociation qui permet de supporter lrsquoinsupportable et sont une conseacute-quence freacutequente des violences subies

La consommation de produits illicites impose la freacutequentation drsquoun milieu plus violent ougrave le chantage sexuel et les vio-lences physiques sont nombreux

Lorsque lrsquoun des conjoints du couple est deacutependant agrave lrsquoalcool le niveau de violence conjugale est plus eacuteleveacute

Lrsquoeacutetat de conscience alteacutereacute peut ren-forcer les prises de risques et reacuteduire le controcircle de la situation favorisant no-tamment les violences sexuelles

Lrsquoaddiction chez une femme peut la rendre plus vulneacuterable aux yeux des hommes ce qui favorise les menaces et les violences agrave son encontre

La culpabiliteacute des megraveres associeacutee agrave la consommation de produits peut ecirctre redoubleacutee par les reproches drsquoun conjoint violent (lrsquoargument de laquo mau-vaise megravere raquo est tregraves freacutequemment employeacute par les auteurs de violences)

Lorsqursquoune femme subit des violences conjugales son isolement reacuteduit les chances de reacuteussite de son accompagne-ment et de ses soins en addictologie

39 laquo Les situations de violences raquo in Femmes amp Addic-tions ndash Accompagnement en CSAPA et CAARUD Feacutedeacuteration Addiction 2016 pp 40-50

ZOOM

Marginalisation de femmes en co-usage de drogues40

Une meacuteconnaissance en France sur la situation des femmes en usage probleacutematique de droguesEn France les femmes usagegraveres de drogues ayant un rapport probleacute-matique aux drogues sont mal connues Quand les femmes sont eacutetudieacutees crsquoest essentiellement agrave travers leur rocircle de megravere et des risques lieacutes agrave la prise de toxiques pour le fœtus durant la grossesse Les rares publications franccedilaises sur le sujet montrent que ces femmes sont particuliegraverement vulneacuterables vis-agrave-vis de la preacutecariteacute et sont for-tement exposeacutees agrave des pratiques agrave risque en lien avec lrsquousage des dro-gues et la sexualiteacute

Une meilleure approche dans la litteacuterature internationale deacutedieacutee Dans la litteacuterature internationale en revanche les publications relatives aux femmes usagegraveres de drogues sont nombreuses et concernent souvent la consommation de crack Les femmes y sont deacutecrites comme

40 Mar ie JAUFFRET-ROUSTIDE et a l laquo Femmes usagegraveres de drogues et pratiques agrave risque de transmission du VIH et des heacutepatites Compleacutementariteacute des approches eacutepideacutemiolo-gique et socio-anthropologique Enquecircte Coque-licot 2004-2007 France raquo BEH Theacutematique ndeg 10-11 10 mars 2009 pp 96-99

36 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 37

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les difficulteacutes de verbalisation par peur par pudeur ou par meacuteconnaissance de certains sujets tabous comme les senti-ments la sexualiteacute les prises de risques vont souvent donner lieu agrave une repreacute-sentation erroneacutee des conduites et consommations de leurs enfants sou-vent sous-estimeacutees En effet les parents ne mettent pas forceacutement en place en amont un dialogue sur les consomma-tions et les risques associeacutesUn sondage effectueacute par lrsquoINPES en 2010 montre que

17 des parents ne parlent jamais des risques lieacutes agrave lrsquoalcool avec leurs enfants

19 nrsquoont jamais exprimeacute leur deacute-saccord avec la consommation reacutegu-liegravere etou abusive drsquoalcool 21 ne parlent jamais des dangers lieacutes agrave la consommation de drogues 22 ne rappellent jamais que la consommation de drogues est inter-dite

Investissement sur lrsquoenfant trop ou pas assez Parallegravelement la relation parents-en-fants peut ecirctre lrsquoobjet drsquoun surinvestisse-ment de la part dudes parents dans une projection drsquoenfant ideacuteal ou au contraire drsquoun deacutesinvestissement no-tamment par deacutefaut de construction de lrsquoidentiteacute du parent Cette distorsion initiale agrave lrsquoimage de celle qui peut srsquoins-taller en co-deacutependance dans un couple affectera lrsquoapprentissage du jeune en termes de limites agrave trouver et de com-peacutetences de socialisation agrave acqueacuterir

Distorsions de perception des risques entre jeunes et parentsLes distorsions de perception des risques et des dommages lieacutes aux conduites addictives entre les parents et leurs enfants sont freacutequentes Souvent il y a banalisation inconsciente ou incon-seacutequente par les jeunes dramatisation par les parents mais aussi deacuteni ou aveu-glement du ou des parents sur lrsquoampleur de la probleacutematique addictive

Perception des jeunes de leurs propres conduites addictives

Pheacutenomegravene reacutecurrent et souvent relateacute le jeune va banaliser et minimi-ser sa consommation que ce soit pour le cannabis lrsquoalcool les jeux vi-deacuteo laquo Ccedila me deacutetend raquo laquo Je nrsquoen prends pas beaucoup raquo laquo Tout le monde fait pareil raquo laquo Je ne joue pas autant que ccedila raquo Cela met en jeu

La capaciteacute du jeune agrave se percevoir en difficulteacute donc agrave se connaicirctre Crsquoest justement lrsquoeacuteleacutement-cleacute de cet apprentissage que lrsquoon retrouve eacutegalement dans les problegravemes de scolariteacute et drsquoorientation

La capaciteacute agrave comprendre et affron-ter ses sentiments et ses question-nements reacuteaction agrave un contexte familial ou individuel difficile une sensibiliteacute ou fragiliteacute face agrave lrsquoattrac-tion du groupe Souvent ce sera les deux agrave la fois

PARENTS DrsquoENFANTS EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES Il srsquoagit ici drsquoapprocher ce qui se joue pour les parents en tant qursquoentourage directement impacteacute par les probleacutema-tiques addictives des adolescents

ILLUSTRATION

laquo Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques raquo eacutetude publieacutee en 2014 par lrsquoanpaa danS le nord-paS-de-calaiS

comprenant une eacutetude de litteacutera-ture une enquecircte et des preacuteconisa-tions Les constats suivants en sont pour partie tireacutes

Perturbation de lrsquoadolescence41 Avec lrsquoadolescence peacuteriode de boule-versements multiples les jeunes font lrsquoexpeacuterience de situations nouvelles Les compeacutetences psychosociales des pa-rents plus ou moins bien eacutetablies vont ecirctre interrogeacutees bousculeacutees et mises agrave mal par la question des consommations agrave risques Ces consommations inter-viennent avec une acuiteacute particuliegravere car elles tissent pour le parent la toile drsquoun futur soudainement inattendu dans lrsquoeacutevolution de leurs enfants laquo Jusque-lagrave tout allait bien raquo sera souvent leur pre-miegravere indication comme srsquoil y avait lrsquoenfant drsquoavant et lrsquoenfant drsquoapregraves Une rupture qui peut parfois ecirctre violente

41 Addictions familles et entourage Feacutedeacuteration Ad-diction 2012 72 p

pour le jeune usager comme pour le parentPremiegravere cigarette premiegravere sortie en soireacutee un joint trouveacute dans la chambre de son enfant une ou des ivresses reacutepeacute-teacuteeshellip Les parents ne sont pas (tou-jours) preacutepareacutes agrave ces laquo deacutecouvertes raquo Or la famille est le lieu ougrave se posent les limites drsquoun usage maicirctriseacute permettant une identification claire des risques et dommages la famille doit ecirctre un es-pace accessible pour clarifier les notions de plaisir et de risques dans le cadre drsquoun dialogue bienveillant

Entourage parental en questionne-ment Estime de soi et confiance en soi en

tant que parentPour oser solliciter drsquoautres parents etou des structures pour ecirctre aideacutes pour parvenir agrave produire un eacutechange eacutequili-breacute et de qualiteacute les parents doivent avoir confiance en eux Ce nrsquoest pas tou-jours le cas surtout quand les pratiques du jeune deviennent brusquement pro-bleacutematiquesPar ailleurs certains parents sont aussi en confrontation avec leur propre his-toire de jeunesse et drsquoeacuteducation qui vient se heurter agrave des pratiques expeacute-rientielles quelque part preacutevisibles et normales de la part de leur enfant Le comportement probleacutematique de lrsquoen-fant vient en reacutesonnance avec des diffi-culteacutes non reacutesolues de lrsquoenfance des parents La relation tend agrave se distordre sans que lrsquoenfant comprenne pourquoi cela engendre une telle reacuteactiviteacute ou non-reacuteactiviteacute du parent

38 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 39

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoampleur de la situation En jeu de miroirs drsquoinvestissements

neacutegatifs le jeune devient irraisonnable et nrsquoest pas ou plus en capaciteacute drsquoen-tendre ce que le parent lui dit

Le parent devient alors spectateur impuissant drsquoune deacutegradation du com-portement et du psychisme du jeune avec risques de violences contre soi ou autrui risques suicidaires par exempleUne souffrance parallegravele srsquoinstalle pour le jeune comme pour son entourage Des symptocircmes plus ou moins similaires affleurent conseacutequences de ces distor-sions de perception de la souffrance de lrsquoautre Chacun se persuade que lrsquoun ne doit pas srsquo inquieacuteter pour l rsquoautre laquo puisque crsquoest sa vie raquo

Lrsquoadolescence miroir inverseacute des parents42 Le contexte de lrsquoadolescence est aussi une peacuteriode deacutelicate pour les parents Crsquoest un peu aussi pour eux la confusion des sentiments et des ressentis Tandis que lrsquoenfant srsquoeacutemancipe les parents peuvent avoir le sentiment de perdre leur rocircle drsquoeacuteducateur pour un rocircle laquo su-balterne raquo de gestion des contingences mateacuterielles Parallegravelement tandis que le jeune est en pleine explosion de ces moyens physiques et mentaux eux abordent une seconde moitieacute de vie pas toujours dans la faciliteacute qui annonce un laquo deacuteclin raquo renvoyeacute drsquoailleurs active-ment par les pheacutenomegravenes de jeunisme drsquoune socieacuteteacute en mal de renouveau Les

42 Conduites addictives chez les adolescents ndash Usage preacutevention et accompagnement INSERM 2014 482 p (Expertise collective)

conflits freacutequents et exacerbeacutes entre parents et adolescents dans cette peacute-riode ne seront pas que le fait des deacute-passements de limites du jeune mais aussi parfois le fait drsquoune difficulteacute agrave pas-ser le cap pour le parent

Les tensions du couple parentalPreacuteexistantes ou symptomatiques drsquoune histoire eacuteducative diffeacuterencieacutee les ten-sions du couple peuvent venir compliquer la relation agrave lrsquoadolescent Lrsquoimportance de la composante eacutemotionnelle laquo neacutegative raquo au sein de la famille (critiques hostiliteacute jugement) repreacutesente un eacuteleacutement de vul-neacuterabiliteacutes de lrsquoindividu adolescent aug-mentant ses risques de conduites agrave risques notamment addictives

Place de la preacuteventionLe rocircle des intervenants va ecirctre de sou-tenir de reacuteassurer les uns et les autres selon que le jeune vienne seul ou ac-compagneacute en leur permettant de trou-ver un espace seacutecurisant dans lequel ils pourront reacuteinvestir leurs compeacutetences agrave sortir de cet engrenage et avoir un comportement responsable de leurs consommations Il faut aussi consideacuterer que lrsquoentourage des jeunes consommateurs srsquoeacutetend bien au-delagrave du cercle familial Cet entourage peut ecirctre tregraves concerneacute voire impacteacute par les difficulteacutes addictives du jeune eacutetablissement scolaire club spor tif groupe drsquoamis fratrieshellipLa preacutevention vis-agrave-vis de lrsquoentourage des adolescents pose la question essen-tielle du comment repeacuterer cela ne peut se faire que dans une synergie de plu-sieurs acteurs

Perceptions des conduites addic-tives des jeunes par lrsquoentourage paren-tal proche Les parents entourage immeacutediat du jeune affrontent un double regard

Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par leur enfant Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par le groupe social

Reacutepondre aux sollicitations pleacutethoriques de la socieacuteteacute de consommation comme aux exigences soudaines de liberteacute drsquoun preacute-adolecents qui exprime ses velleacuteiteacutes drsquoindeacutependance et de choix de groupe drsquoamis est un apprentissage permanent qui confronte les parents agrave leurs propres limites et compreacutehension

Le contexte socioculturel va influer sur les perceptions des limites agrave poserAinsi la banalisation des conduites ad-dictives est initieacutee le plus souvent lors de regroupements familiaux et justifieacutee comme moments de convivialiteacute cultu-relle Or ces comportements sont la source drsquoune deacuterive socieacutetale des consommations addictives drsquoalcool no-tamment qui touche les jeunes en plein croissance et en pleine construction ceacutereacutebrale alors mecircme qursquoun position-nement clair doit leur ecirctre donneacute

La banalisation de la crise drsquoadoles-cenceLes parents adossent souvent des com-portements abusifs ou extrecircmes agrave la seule crise drsquoadolescence arguant que cela est passager puisque deacutesormais la crise drsquoadolescence est abordeacutee comme un moment laquo attendu et entendu raquo dans lrsquoeacutevolution de lrsquoenfant Pourtant les

conduites addictives des jeunes preacute-adolescents et adolescents est un pheacute-nomegravene qui va au-delagrave de la crise drsquoado-lescence et peut ecirctre une source de repli sur soi et de deacutecrochage scolaire Ainsi les signes suivants ne sont pas tou-jours appreacutecieacutes agrave la hauteur de leur reacuteelle signification

Isolement dans la chambre Absence ou refus de communication

y compris avec leur groupe de pairs ou sauf si celui-ci est dans le mecircme proces-sus destructeur

Excegraves de violence

Un processus de co-deacutependance peut aussi srsquoinstaurer dans la relation agrave lrsquoenfant en risque ou en difficulteacute avec ses conduites addictives avec

La honte et la culpabiliteacute qui suc-cegravedent au deacuteni laquo Jrsquoai eacuteteacute trop laxiste avec luielle mais je voulais lui donner ce que je nrsquoai pas eu raquo laquo Jrsquoai voulu compen-ser le manque de lrsquoautre parent raquo

La certitude de pouvoir (vouloir) srsquoen sortir seul

Lrsquoisolement croissant avec lrsquoaddic-tion du jeune ecirctre toujours lagrave pour le proteacuteger le surveiller

La remise en jeu de ses propres dif-ficulteacutes drsquoenfance non reacutesolues soit en cherchant des justifications au compor-tement du jeune soit en ne toleacuterant rien et en installant une rigiditeacute extrecircme On peut alors parler de transmission trans-geacuteneacuterationnelle influant sur la relation existante agrave lrsquoautre

La dramatisation suit eacutegalement la neacutegation de la situation drsquoautant plus forte que le jeune la minimise Le parent aimant se sent alors impuissant face agrave

40 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 41

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Dans le contexte familial drsquoune probleacute-matique addictive drsquoun parent ou des deux les risques et dommages sur les enfants sont tregraves variables agrave court moyen ou long terme Les troubles conseacutecutifs agrave lrsquoaddiction du proche deacutependront du fonctionnement plus global de la famille et de son maintien de son organisation systeacutemique des comportements et atti-tudes du conjoint du deacutependant de lrsquoacircge des enfants lors du veacutecu des probleacutema-tiques addictives de leur parent

Troubles potentiels chez les enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesLorsque les parents sont dans lrsquoincapa-citeacute drsquoassurer certaines fonctions paren-tales habituelles courantes ou normales au regard de lrsquoattendu drsquoecirctre parent cela peut engendrer des troubles pour lrsquoenfant

Des troubles du deacuteveloppement lieacutes au deacutefaut de reacuteponses aux besoins psy-chiques etou physiques voire de com-portements de maltraitances

Une inseacutecuriteacute juridique lieacutee aux modaliteacutes deacutelictueuses drsquoaccegraves et de consommation des produits dans le cas de substances illicites

Une inseacutecuriteacute affective en tant que teacutemoin drsquoeacuteventuels conflits conjugaux lieacutes aux conduites addictives de leurmiddots parentmiddots en termes de causes comme de conseacutequences ou ecirctre pris agrave parti dans les conflits entre leurs parents voire sommeacutes de prendre parti

Un risque plus eacuteleveacute drsquoeacutevoluer vers des troubles psychiques et comporte-mentaux des conduites agrave risques des probleacutematiques addictives dans le cadre

drsquoune transmission intergeacuteneacuterationnelle qursquoen population geacuteneacuterale

Agrave court terme un risque reacuteel drsquoins-taller une forme de co-deacutependance propre agrave leur acircge et agrave leur nature drsquoen-fant Conseacutecutivement agrave la deacutefaillance de leurs parents ces enfants agissent dans la volonteacute de proteacuteger leur parent laquo malade raquo

Lrsquoenfant et le parent en difficulteacute avec ses conduites addictives45 46

Lrsquoenfant est un enjeu dans le systegraveme de reacutegulation de la famille

Pour comprendre son fonctionne-ment il faut comprendre son contexte drsquoeacutevolution les interactions entre les membres de sa famille capables drsquoenga-gement les uns envers les autres Ces interactions constituent des attitudes de laquo loyauteacute familiale raquo qui engendre une sorte de laquo comptabiliteacute raquo de ce que cha-cun donne de ce que chacun reccediloit et de ce que lrsquoon srsquoattend agrave recevoir en eacutechange

Dans le processus de parentifica-tion lrsquoenfant devient parent de son propre parent parent de sa fratrie ou conjoint drsquoun de ses parents Le principe de parentification peut permettre de deacutevelopper des compeacutetences agrave condi-tion que ce qui lui est demandeacute en termes de responsabiliteacute soit adapteacute agrave son acircge et qursquoil reccediloive une reconnais-sance de qursquoil peut faire

45 Catherine DUCOMMUN-NAGY laquo Nouvelles fa-milles nouvelle deacutefinition de la loyauteacute familiale raquo in S DrsquoAMORE (dir) Les nouvelles familles Approches cli-niques De Boeck Supeacuterieur pp 261-280

46 Philippe MICHAUD laquo Les enfants de parents al-cooliques raquo Le carnet PSY 20011 (ndeg 61) pp 33-35

PARENTIFICATION DES ENFANTS

ZOOM

La parentification

DeacutefinitionJean-Franccedilois Le Goff deacutefini la parenti-fication comme laquo un processus rela-tionnel interne agrave la vie familiale qui amegravene un enfant ou un adolescent agrave prendre des responsabiliteacutes plus im-portantes que ne le voudraient son acircge et sa maturation dans un contexte socioculturel et historique preacutecis et qui le conduit agrave devenir un parent pour ses (ou son) parents Crsquoest un processus impliquant toujours plusieurs geacuteneacutera-tions qui plonge ses racines dans les geacuteneacuterations des grands-parents et dont les conseacutequences peuvent tou-cher les geacuteneacuterations agrave venir raquo43

43 Jean-Franccedilois LE GOFF Lrsquoenfant parent de ses parents Parentification et theacuterapie familiale LrsquoHar-mattan 2000 256 p

laquo La notion de parentification appa-raicirct [hellip] une notion clinique englo-bante et complexe ayant lrsquointeacuterecirct drsquoapprocher un processus en action dans toutes les relations familiales mais surtout drsquoeacuteviter les descriptions simplistes se contentant de deacutesigner des rocircles ou des caracteacuteristiques indi-viduelles reacuteductrices de la complexiteacute du contexte relationnel Lrsquoenfant pa-rentifieacute nrsquoest pas toujours un laquo enfant adultifieacute raquo et ses (ou son) parents ne sont pas des laquo adultes immatures raquo Se baser sur une conception homo-gegravene de la maturiteacute est une simplifica-tion ne correspondant ni agrave la reacutealiteacute clinique ni agrave la vie quotidienne raquo44

44 Jean-Franccedilois LE GOFF laquo Theacuterapeutique de la parentification une vue densemble raquo Theacuterapie Familiale vol 26 ndeg 3 2005 pp 285-298

VIGILANCE

sur les sources drsquoinformationLe site internet et la chaine YouTube laquo Alcool et parents - comment parler drsquoalcool agrave vos enfants raquo sont proposeacutes par lrsquoassociation laquo Avec modeacuteration raquo (anciennement laquo Entreprise et preacutevention raquo) association qui reacuteunit les princi-pales entreprises franccedilaises du secteur des vins et champagnes biegraveres et spiri-tueux en meacutetropole et agrave La Reacuteunion Son discours de preacutevention est donc influenceacute pour ne pas dire dicteacute par lrsquoactiviteacute agrave but lucratif de ses membresCes informations eacutetant issues des producteurs drsquoalcool eux-mecircmes sont degraves lors orienteacutees Crsquoest lrsquoune des formes multiples de la strateacutegie de lobbying des alcooliers

42 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 43

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

Risque de co-deacutependance amp ParentificationGroupeS de parole agrave deStination drsquoenfantS de familleS en difficulteacute avec leurS conduiteS addictiveS en bretaGne

CONTEXTE LrsquoANPAA en Ille-et-Vilaine co-anime agrave Rennes depuis 2000 avec le CSA-PA un groupe de parole drsquoenfants is-sus de famille agrave dysfonctionnement alcoolique Cette deacutemarche srsquoest deacute-veloppeacutee sur cinq territoires drsquoIlle-et-Vilaine eacutelargie depuis 2014 aux quatre deacutepartements bretonsUne eacutevaluation de la mise en œuvre de ces groupes a eacuteteacute meneacutee en 2014LrsquoANPAA accompagne des acteurs en Bretagne dans la mise en œuvre de ces groupes sur leurs territoires par la formation laquo Enfants de parents deacute-pendants comprendre et intervenir raquo

ORIGINE DU PROJET

Lrsquoinitiative de creacuteer ces groupes de paroles reposait sur un triple constat

Peu de structures etou de dispo-sitifs existaient pour accompagner les enfants issus de ces familles

Le systegraveme familial marqueacute par lrsquoalcool a des conseacutequences sur la vie quotidienne de lrsquoenfant que cela soit en termes de vie quotidienne (vio-lences eacuteventuelles absenceshellip) drsquoatti-tudes vis-agrave-vis de ses parents ou drsquoacquisitions de rocircles lui permettant de maintenir le lien avec ses parents

La non-prise en compte de cette

laquo vie drsquoenfant raquo et de lrsquoeacutequilibre dans les relations au sein du systegraveme fami-lial dans le respect de son identiteacute peut agrave terme entraicircner le deacuteveloppe-ment de conduites agrave risques etou amener la reproduction pour lrsquoenfant lors du passage agrave lrsquoacircge adulte drsquoun modegravele familial marqueacute par lrsquoalcool Forte de ces constats lrsquointervention sous forme de groupes repose sur lrsquoobjectif de laquo rompre lrsquoisolement raquo dans lequel les enfants se trouvent au sein de la cellule familiale De mecircme lrsquoutilisation de la parole comme meacutethode et objet des groupes srsquoinscrit comme une premiegravere eacutetape indispensable agrave la restauration de lrsquoes-time de soi Les objectifs des groupes de paroles sont bien drsquoapporter du soutien ndash sans le jugement sur la famille - et drsquoordre preacuteventif en reacuteduisant les risques de recours aux produits psy-choactifs etou drsquoentrer dans la reacutepeacuteti-tion des conduites de deacutependance agrave lrsquoacircge adulte La forme choisie et les objectifs poursuivis correspondent aux caracteacuteristiques du public

PUBLIC jeunes de 10 agrave 18 ans impacteacutes par les conduites addictives de leurs parents

OBJECTIFS GEacuteNEacuteRAUX

Proposer un lieu drsquoeacutecoute pour li-beacuterer la parole des jeunes

Favoriser les eacutechanges avec et entre les enfants et les adultes

Partager les veacutecus et sentiments personnels

Chez le jeune enfant (avant lrsquoadoles-cence) la parentification instaure un comportement de loyauteacute indeacutefectible qui empecircche lrsquoenfant drsquoexprimer ses dif-ficulteacutes

La deacutefaillance du parent voire la maltraitance porteacutee par le symptocircme addictif amegravene lrsquoenfant agrave se rendre le plus invisible possible pour deacuteranger le moins possible La reacuteaction de surpro-tection de lrsquoenfant est un don jamais suffisant pour compenser ce que le pa-rent ne peut lui appor ter Lrsquoenfant cherche agrave excuser le parent malade plu-tocirct qursquoagrave le rejeter De ce fait lrsquoenfant ne peut verbaliser explicitement une de-mande drsquoaide ni exprimer son eacutetatsa situation par un quelconque symptocircme Mais la difficulteacute des adultes agrave aborder avec lui la question des consommations de substances psychoactives amegravene souvent lrsquoenfant agrave douter de ses percep-tions et agrave se renforcer dans son rocircle deacutefensif

Chez lrsquoadolescent la parentification nrsquoempecircchera pas le jeune de trouver la ressource de srsquoopposer Les formes de ses difficulteacutes seront donc plus souvent laquo symptomatiques raquo mais cela ne signi-fie pas qursquoelles soient pour autant plus faciles agrave aborderIdentifier et preacutevenir les risques de pa-rentification est un enjeu pour la future vie drsquoadulte de lrsquoenfant Crsquoest aussi une eacutetape essentielle pour un meilleur ac-compagnement et soins du parent en difficulteacute avec ses conduites addictives sur le plan de sa fonction parentale

Preacutevention des risques chez lrsquoenfant de parent en difficulteacute avec ses conduites addictivesPlusieurs axes sont essentiels agrave la preacute-vention des risques et agrave la reacuteduction des dommages concernant les enfants en danger de parentification

Le repeacuterage systeacutematique des eacuteven-tuelles probleacutematiques familiales des adultes accompagneacutes en soins en addic-tologie ou conjoint de ses personnes

La formation des intervenants du secteur de lrsquoenfance le repeacuterage des enfants en souffrance passe en premier lieu par un renforcement des capaciteacutes drsquointervention des personnes du secteur de lrsquoenfance La formation en addictolo-gie doit viser une deacuteconstruction des repreacutesentations une capaciteacute de com-preacutehension des probleacutematiques addic-tives de repeacuterage chez les enfants qui en subissent les conseacutequences une ca-paciteacute drsquoorientation vers les dispositifs speacutecialiseacutes si neacutecessaire

Lrsquoeacutecoute lrsquoobjectif premier en ac-tions de preacutevention sur ce sujet est de trouver les ressorts pour favoriser la parole des enfants en collectif ou en individuel Freacutequemment des enfants preacute-adolescents ou adolescents confient leurs difficulteacutes ou soucis face aux pro-bleacutematiques addictives de leurs parents agrave un animateur qui intervient au deacutepart sur leurs propres conduites addictives Cette eacutecoute doit ecirctre active et doit permettre si besoin une orientation vers un accompagnement individuel de lrsquoenfant en structure speacutecialiseacutee ou pas

44 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 45

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Inscrire formellement lrsquoorientation dans le cadre des pratiques profes-sionnelles

Ces aspects sont agrave mettre en rela-tion avec le laquo parcours du jeune raquo

lrsquoayant meneacute agrave la reacuteunion du groupe de paroles et agrave croiser avec les lieux de vie dans lequel le jeune peut ren-contrer le professionnel laquo orienteur raquo

Aider agrave la formulation par les en-fants de solutions favorables agrave leur bien-ecirctre

Garantir un accompagnement par des professionnels de la relation drsquoaide

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider lrsquoenfant agrave Prendre conscience nommer ses besoins propres Repeacuterer nommer ses eacutemotions Nommer les solutions qursquoil adopte pour geacuterer ses eacutemotions Eacutelaborer et nommer des solutions alternatives

PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT

DU GROUPE DE PAROLE

Le recrutement des jeunes peut se faire par les familles par lrsquointermeacute-diaire de professionnels ou drsquoune as-sociation par le jeune lui-mecircme

Chaque jeune est reccedilu preacutealable-ment en entretien individuel drsquoaccueil pour creacuteer la premiegravere relation preacute-senter le fonctionnement du groupe de parole et reacutepondre agrave ses questions

Le groupe fonctionne comme un groupe ouvert chaque jeune a la pos-sibiliteacute drsquoassister au nombre de reacuteu-nions qursquoil choisit il peut quitter le groupe agrave tout moment

Un adulte annote les paroles des jeunes sur un cahier durant la seacuteance qui est mis par la suite agrave leur disposi-tion Objectifs permettre les trans-missions entre adultes reacutefeacuterents et animateurs et permettre aux jeunes

de repeacuterer leur propre eacutevolution Des outils drsquoanimation comme le

geacutenogramme les lunettes drsquoalcooleacute-mie les teacutemoignages les bandes des-sineacuteeshellip peuvent ecirctre utiliseacutes et les jeunes peuvent aussi amener des sup-ports individuels tels que des poeacutesies chansons dessinshellipGroupe reacuteuni tous les 15 jours drsquoune dureacutee drsquoenviron 1 h 30

PREacuteCONISATIONS

Preacuteserver la mixiteacute et la diversiteacute professionnelle des intervenants dans lrsquoanimation du groupe cet aspect implique notamment la prise en compte par les institutions le fait que le temps drsquoanimation et de supervi-sion soient consideacutereacutes comme temps de travail

Renforcer le sentiment drsquoapparte-nance entre les animateurs des groupes de paroles

Renforcer la formation sur lrsquoanimation Expeacuterimenter de nouvelles techno-

logies

ORIENTATION

Informer les professionnels sur ce qursquoest un groupe de parole

Par une diffusion sur les lieux de vie des jeunes (collegravegues lyceacutees maison des adolescents foyer eacuteducatifhellip)

Par des preacutesentations dans les ins-titutions etou services concerneacutes par lrsquoaccueil des jeunes

En associant la preacutesentation des groupes de parole aux programmes de preacutevention meneacutes dans les structures

ZOOM

Preacutevention des risques et des dommagesenfance en danGer informationS preacuteoccupanteS et SiGnalement47

Ce que dit la loi Le fait pour quiconque ayant eu connaissance de privations de mau-vais traitements ou drsquoagressions ou atteintes sexuelles infligeacutes agrave un mineur ou agrave une personne qui nrsquoest pas en mesure de se proteacuteger en raison de son acircge drsquoune maladie drsquoune infir-miteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique ou drsquoun eacutetat de grossesse de ne pas en informer les autoriteacutes judiciaires ou administratives est puni de 3 ans drsquoemprisonnement et de 45 000 euros drsquoamende48

Cateacutegories de publics concerneacutees Personnes en situation de fragiliteacute

les mineurs et les personnes acircgeacutees les personnes malades atteintes drsquoune

47 Pour aller plus loin le site de service public httpswwwservice-publicfrparticuliersvosdroitsF781

48 Article 434-3 du Code Peacutenal modifieacute par la loi ndeg 2016-297 du 14 mars 2016-art46

infirmiteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique et les femmes enceintes

Alors que jusque-lagrave seuls les mi-neurs de 15 ans eacutetaient concerneacutes la loi du 14 mars 2016 relative agrave la pro-tection de lrsquoenfance ne distingue plus entre les diffeacuterents acircges et ouvre agrave tous les mineurs

Deacutefinition de lrsquoenfance en dangerUn enfant est consideacutereacute en danger ou risque de lecirctre si sa santeacute sa seacutecuriteacute sa moraliteacute ou son deacuteveloppement physique affectif intellectuel et social sont compromis

Lorsqursquoil est victime de violences physiques ou psychologiques de neacutegli-gences lourdes ayant des conseacutequences graves sur son deacuteveloppement

Lorsqursquoil est victime drsquoagression sexuelle

Lorsque ses conditions de vie peuvent compromettre sa santeacute sa seacutecuriteacute et son eacuteducation

Signalement Il peut ecirctre adresseacute agrave lrsquoautoriteacute judi-ciaire ou agrave lrsquoautoriteacute administrative En cas drsquourgence ou de crimes ou de deacutelits graves le Parquet doit ecirctre

46 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 47

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CHAMP SOCIAL

On srsquointeacuteressera ici agrave deux situations de co-deacutependance dans le champ social entre adolescents drsquoune part en milieu professionnel drsquoautre part

CO-DEacutePENDANCE ENTRE ADOLESCENTS

Lrsquoadolescence une peacuteriode de recherche des limites et de soi-mecircme

La socialisation deacutebute degraves la nais-sance et se poursuit tout au long de la vie Elle commence dans lrsquointeraction avec les parents et le cercle familial eacutelar-gi et srsquoouvre progressivement en re-cherchant la compagnie des autres

Par ailleurs des instances de sociali-sation qui prennent autant de formes de groupes drsquoappar tenance (modes drsquoaccueil et scolarisation associations reacuteseaux sociaux etc) interfegraverent sur le rocircle eacuteducatif des parents

Agrave lrsquoadolescence les enfants se deacute-tournent du groupe familial avec plus ou moins de soif de liberteacute et drsquoindeacutepen-dance selon les individus et la deacutemarche eacuteducative des parents Dans une re-cherche narcissique drsquoidentification lieacutee agrave une peacuteriode de bouleversements psy-chiques et physiques ils cherchent agrave laquo construire raquo une personnaliteacute mais aussi agrave deacutepasser les limites fixeacutees par leur eacuteducation lrsquoenvironnement social familial ainsi que leurs propres peursmanques

Par ailleurs ces attitudes et compor-tements sont eacutemailleacutes de doute sur soi et sur le monde Certains font preuve drsquoun eacuteloignement drsquoune distance mar-quante que ce soit dans la relation agrave la famille ou aux amis habituels laquo Le jeune est souvent eacutetranger agrave lui-mecircme on pourrait mecircme dire que son corps fait partie de son entourage proche raquo49

Lrsquoidentification au groupeLa co-deacutependance des adolescents au sein drsquoun groupe drsquoamis ou du moins de freacutequentations amicales est en lien eacutetroit avec le contexte de socialisation qui srsquoopegravere agrave cet acircge dans le cercle exteacute-rieur agrave la famille Les adolescents srsquoinsegraverent agrave des groupes particuliers (ou groupes drsquoappartenance) qursquoils soient naturels spontaneacutes ou structureacutes socialement Ces groupes se forment dans le cercle scolaire sportif ou drsquoactiviteacutes culturelles parfois aussi dans le quartier ou la zone reacutesidentielle Lrsquoadolescent est en mesure parfois de srsquoinseacuterer au sein de plusieurs groupes diffeacuterencieacutes par leurs centres drsquointeacuterecirct commun (les amis du collegravege du club de sport du cercle amical de la famille etc) Dans le contexte actuel de famille freacutequemment deacutenucleacuteariseacutee lrsquoado-lescent aura entre ces deux parents de multiples occasions de partir agrave la deacutecou-verte de nouveaux environnements Par ailleurs suivant les liberteacutes prises ou accordeacutees en termes de sortie le champ relationnel des jeunes devient vite ex-ponentiel

49 Veacuteronique GARGUIL laquo Les multiples entourages du jeune consommateur raquo Actal ndeg 3 2007 pp 18-19

saisi prioritairement afin drsquoordonner des mesures de protections de la vic-time et diligenter une enquecircte il convient drsquoinformer en parallegravele les autoriteacutes administratives

Information preacuteoccupanteLrsquoinformation preacuteoccupante est une proceacutedure qui permet de signaler une situation drsquoun enfant en danger ou ris-quant de lrsquoecirctre Cette information preacuteoccupante peut ecirctre faite

Par courrier au Preacutesident du Conseil Deacutepartemental il existe dans chaque Conseil Deacutepartemental une cellule deacutedieacutee au recueil drsquoinfor-mations preacuteoccupantes porteacutee par lrsquoAide Sociale agrave lrsquoEnfance (ASE) lrsquoin-formation peut se faire par courrier par teacuteleacutephone par mail et lors drsquoun accueil physique Tous les signale-ments peuvent ecirctre faits drsquoune ma-niegravere anonyme

Par teacuteleacutephone en contactant le 119 (Service National drsquoAccueil Teacuteleacute-phonique pour lrsquoEnfance en Danger (SNATED) 24h24h et 7 jours sur 7)

Par teacuteleacutephone en contactant le 17 Police ou Gendarmerie (24h24h)

Lorsque la situation de lrsquoenfant est drsquoune extrecircme urgence (par exemple en cas de maltraitance de violences sexuelles) il est possible de saisir di-rectement le Procureur de la reacutepu-blique

Proceacutedure apregraves information Degraves reacuteception des informations

preacuteoccupantes lrsquoASE procegravede agrave une analyse de premier niveau afin drsquoap-preacutecier la suite agrave donner

En cas drsquoinfractions peacutenales (agres-sions sexuelles ou violences aveacutereacutees) la cellule transmet immeacutediatement les informations au Procureur de la Reacutepu-blique

Dans les autres cas la cellule sol-licite une eacutevaluation de la situation aupregraves du service territorial drsquoaction sociale compeacutetent

Lrsquoeacutevaluation solliciteacutee devra per-mettre drsquoappreacutecier si lrsquoenfant signaleacute se trouve en situation de danger et de proposer agrave la famille toutes les mesures drsquoaide permettant de remeacute-dier agrave la situation

Si la famille refuse lrsquointervention du service territorial drsquoaction sociale et que le danger perdure un signale-ment au Procureur de la Reacutepublique est effectueacute par la cellule Le juge des enfants peut ecirctre saisi et deacutecider toute mesure de protection judiciaire approprieacutee

48 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 49

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

car ils sont precircts agrave beaucoup pour ecirctre accepteacutes par leurs pairs et se focalisent sur les reacuteactions perccedilues agrave leur en-contre

Si nombre de jeunes parviennent agrave maicirctriser leurs tentations une partie non-neacutegligeable drsquoentre eux a tregraves tocirct des expeacuteriences de consommation de produits psychotropes et drsquoalcool en groupe agrave un acircge ougrave la toute-puissance supposeacutee du corps pousse en geacuteneacuteral agrave neacutegliger le risque de probleacutematique addictive

PreacuteventionPartant de ce constat lrsquoexpertise IN-SERM relative aux conduites addictives chez les jeunes51 souligne lrsquointeacuterecirct de sensibiliser les jeunes agrave lrsquoinfluence des amis pour preacutevenir les initiations et eacuteventuelles conduites addictives plus tard Les compeacutetences psychosociales qui doivent ecirctre deacuteveloppeacutees sont la gestion de lrsquoinfluence des pairs et la ca-paciteacute drsquoaffirmation de soi

51 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

ZOOM

Srsquoinscrire dans une appartenance lrsquoinfluence du groupe dans les motivations et trajectoires de conduites addictives agrave lrsquoadolescence52

Lrsquoenjeu de sociabiliteacute et la dimension collective deacuteterminent toutes les ini-tiations aux drogues Lrsquoaspect relation-nel domine les reacutecits il srsquoagit agrave la foi drsquoexpeacuterimenter les sentiments per-ceptions et penseacutees drsquoautrui et de former une communauteacute affective immeacutediate laquo Essayer ensemble raquo est souvent preacutesenteacute comme un signe drsquoadheacutesion de confiance drsquoidentifica-

52 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations moti-vations et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo Tendances ndeg 122 Deacutecembre 2017 8 p

tion et de validation mutuelles en particulier chez les filles (agrave lrsquoimage des reacutecits drsquoinitiation tabagique avec laquo une meilleure amie raquo en secret comme pour sceller un engagement intime reacuteciproque) Agrave lrsquoinverse parmi les gar-ccedilons la premiegravere cigarette est eacutegale-ment fumeacutee en groupe souvent avec les aineacutes consideacutereacutes comme des men-tors Le point commun de toutes ces expeacuterimentations (tabac alcool can-nabis) est le renforcement drsquoun lien Il srsquoagit selon les cas de consolider une alliance ou de conjurer le risque de mise agrave lrsquoeacutecart du groupe (agrave lrsquoimage de la justification laquo tout le monde fume alorshellip raquo) Le capital social est parfois expliciteacute laquo Jrsquoavais des problegravemes drsquoacceptation donc je pensais que en fumant ccedila allait plus me socialiser raquo (Thomas 16 ans)

Importance et inf luence du laquo groupe drsquoamis raquo sur les tenta-tives de lrsquoadolescent50

Crsquoest tregraves souvent au cœur des groupes drsquoappartenance que se font les premiegraveres consommations de subs-tances psychoactives

Les jeunes dont les amis consomment des produits psychoactifs preacutesentent des niveaux de consommation plus eacutele-veacutes que ceux dont les amis ne consom-ment pas Ceci reflegravete probablement agrave la fois

La faccedilon dont les adolescents choi-sissent leurs amis Lrsquoinfluence des consommations des pairs sur les populations adoles-centes

Ce constat est eacutegalement valable pour les jeux de hasard et drsquoargent et les jeux videacuteo drsquoautant plus que leur pratique est ressentie comme un loisir agreacuteable excitant et associeacute agrave des valeurs posi-tives

Concernant les tentatives drsquousage de produits psychotropes de nombreuses eacutetudes ont eacuteteacute meneacutees pour mieux appreacutehender les comportements des jeunes et la perception qursquoils ont de leurs cercles amicaux en tant qursquoinfluen-ceurs de prise de risques

Lrsquoinfluence du groupe de pairs sera drsquoautant plus manifeste que les parents ne peuvent assurer une surveillance et garantir un attachement de qualiteacute

Lrsquoidentification au groupe deacuteveloppe une notion drsquoappartenance qui peut

50 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

devenir vitale pour le jeune adolescent notamment srsquoil est peu rassureacute ou mal agrave lrsquoaise avec son individualiteacute

Certains adolescents sont precircts agrave aller tregraves loin pour ecirctre accepteacutes dans un groupe Les pheacutenomegravenes de rejet ou de moqueries de la part de groupes peuvent aussi provoquer une mise en abicircme de lrsquoadolescent

Ambivalence du groupe drsquoapparte-nance Pour les adolescents et les jeunes adultes le groupe drsquoappartenance peut revecirctir plusieurs formes

Le clan facteur de construction iden-titaire est une source drsquoaffection de soutien moral de questionnements et de deacutepassement de soi Il peut aussi ecirctre source drsquoinhibitions parfois bloquantes agrave lrsquoeacutecole ou ailleurs Agrave travers le clan le jeune trouve une limite agrave lrsquoeffet miroir et parvient peu agrave peu agrave srsquoindividualiser et agrave construire sa propre identiteacute

Le clan peut aussi ecirctre facilitateur de prises de risques lrsquoeffet groupe a ten-dance agrave creacuteer une barriegravere agrave lrsquointeacuterieur de laquelle le jeune se sent proteacutegeacute et tout-puissant libre de multiplier les prises de risques

Les expeacuteriences agrave risques constituent pour les membres du clan une eacutechappa-toire dont ils srsquoempareront pour sortir de leur quotidien dans lequel la pression est souvent grande conflits familiaux examens premiers amours permis orientation

Contrairement agrave ce qursquoils pensent les adolescents ne perccediloivent pas et ne maitrisent pas toujours la nature nocive de certains rapports amicaux de groupe

50 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 51

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

THEgraveMES

Ces DVD permettent daborder diffeacuterentes theacutematiques question-neacutees par ladolescence

Ecirctre adolescent Ladolescence Ecirctre en lyceacutee professionnel ecirctre interne Les relations parents-adoles-cents ecirctre parent dadolescent Les conduites addictives tabac cannabis alcool eacutecrans Lrsquoamour et la sexualiteacute Le bonheur

CO-DEacutePENDANCE EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte53 Les probleacutematiques addictives en milieu professionnel sont nommeacutees comme telles car elles concernent des travail-leurs qui font eacutetat de difficulteacutes varieacutees et laissent apparaicirctre les effets drsquoune conduite addictive sur le lieu de travail voire en consommant sur le lieu de travail

Les usages de substances psychoactives en milieu professionnel peuvent ecirctre consideacutereacutes sous deux eacuteclairages compleacute-mentaires drsquoun mecircme pheacutenomegravene qui ne doivent pas ecirctre opposeacutes

Eclairage selon lequel les conduites addictives peuvent faire peser des risques sur la seacutecuriteacute en milieu professionnel et sur les performances des organisations

53 Christophe PALLE Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel OFDT note de synthegravese ndeg 2015-05 8 octobre 2015 13 p

Eclairage selon lequel le travail est consideacutereacute comme deacuteterminant de la santeacute des professionnels santeacute elle-mecircme facteur de seacutecuriteacute et de perfor-mance des organisations il srsquoagit donc drsquoanalyser les liens entre conduites ad-dictives et travail (organisation du travail management culture drsquoentreprise)

Les conduites addictives peuvent impac-ter un large laquo entourage raquo en milieu professionnel du collaborateur au cadre dirigeant voire tout un service de lrsquoen-treprise Ces conduites addictives long-temps passeacutees sous silence sont de plus en plus deacutevoileacutees et eacutetudieacutees du fait

Drsquoune intensification des tacircches et de la reacuteduction des effectifs dans de nom-breux domaines drsquoactiviteacutes De ce fait lrsquoentourage professionnel mecircme srsquoil envisage difficilement et tardivement de faire connaicirctre le comportement addic-tif du collaborateur aura de plus en plus de mal agrave assumer les reports de tacircches et lrsquoambiance deacuteleacutetegravere induits par lrsquoad-diction du collaborateur

Drsquoune leacutegislation plus contraignante pour les employeurs qui sont respon-sables de la santeacute au travail de leurs employeacutes

Drsquoune approche plus efficiente du tabou des addictions en milieu profes-sionnel

Toutefois il est agrave remarquer que nombre drsquousagers de drogues de co-caiumlne notamment demeurent invisibles Leur addiction plus ou moins maicirctriseacutee reste largement masqueacutee par un com-portement dissocieacute entre sphegraveres pri-veacutee et professionnelle Ainsi une grande

ILLUSTRATION

Coffret de deux DVD et livret laquo Adolescences raquo produit par lrsquoanpaa danS lrsquooiSe

Ce coffret de deux DVD permet daborder la question des conduites addictives en srsquointeacuteressant agrave ladoles-cence de maniegravere globale dans une approche positive de la santeacute Dune dureacutee de 3 h 20 il a eacuteteacute reacutealiseacute dans le cadre drsquoun partenariat entre lrsquoANPAA dans lrsquoOise et le lyceacutee professionnel Jules Verne de Grandvilliers gracircce agrave la mobilisation de pregraves de 200 per-sonnes sur 3 anneacutees (de sept 2012 agrave septembre 2015) dans la construction des interviews les teacutemoignages leacutecri-ture et le tournage de sceacutenarios le montage videacuteo la reacutedaction et la lec-ture du livret daccompagnement jusquagrave la composition de la bande originale

PUBLIC DESTINATAIRE

Il srsquoadresse aux adolescents de 12 agrave 20 ans environ aux parents drsquoadolescents aux professionnels travaillant aupregraves drsquoadolescents etou de leurs parents

OBJECTIFS

Amener les adolescents les adultes (professionnels etou parents dadolescents) agrave reacutefleacutechir agrave verbaliser leurs repreacutesentations agrave deacutebattre et reacuteagir suite au visionnage de certaines de ces interviewssceacutenarios

Apporter des repegraveres et des eacuteleacute-

ments theacuteoriques pour mieux cerner les enjeux et comprendre chacune des theacutematiques qui gravitent autour de ladolescence (conduites addictives les eacutecrans lamour et la sexualiteacutehellip)

Faire prendre conscience aux pa-rents aux professionnels et aux ado-lescents que chacun a sa propre re-preacutesent at ion de ce que s t ladolescence et quelle nest pas for-ceacutement synonyme de crise de turbu-lences de violence de problegravemes de conflits malgreacute certains preacutejugeacutes

Montrer aux adolescents et aux parents quecirctre parent nest pas for-cement inneacute acquis facilehellip

Rassurer accompagner les parents dans leurs rocircles et les aider au mieux agrave avoir confiance en eux et en leurs en-fants (dans laffirmation de leurs posi-tionnements les aider agrave faire le tri entre les principes fondamentaux et les conseils divulgueacutes dans les meacutedias)

CONTENU Deux DVD

laquo Surfer entre plaisirs et prises de risques adolescences raquo coreacutealiseacute avec des adolescents laquo Regards croiseacutes sur (ce qui nest pas une maladie) ladolescence raquo coreacutealiseacute avec des professionnels parents et adolescents

Un livret daccompagnement Un site internet deacutedieacute wwwado-lescencesfr sur lequel figure des fiches danimation et des fiches peacutedagogiques en lien avec cinq des 8 theacutematiques

52 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 53

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

et de la restauration Les personnels du secteur de la construction sont plus par-ticuliegraverement en tecircte pour les subs-tances licites alors que pour les subs-tances illicites crsquoest dans le secteur des arts et spectacles puis de lrsquoheacutebergement et de la restauration que les preacutevalences de consommation sont les plus eacuteleveacutees

Le secteur de lrsquoagriculture sylvicul-ture et pecircche se caracteacuterise par des preacutevalences eacuteleveacutees uniquement pour lrsquoalcool surtout pour la consommation quotidienne

Deux autres secteurs figurent aussi parmi les plus fortement consomma-teurs bien que dans une moindre me-sure celui de lrsquoinformation et de la com-munication surtout pour les substances illicites et celui des produits manufactu-reacutes pour les substances licites

Agrave lrsquoautre extrecircme du classement quatre univers de travail se caracteacuterisent par des niveaux plus faibles de consom-mation pour la quasi-totaliteacute des subs-tances lrsquoadministration publique lrsquoensei-gnement le milieu de la santeacute humaine et de lrsquoaction sociale et les activiteacutes de service aux meacutenages

Consommations au cours de la journeacutee de travail58

En-dehors des occasions telles que les laquo pots raquo et les repas 189 des hommes et 103 des femmes soit 164 des actifs occupeacutes ont un usage drsquoalcool au moins occasionnel et ont consommeacute de lrsquoalcool durant leur temps de travail au moins une fois dans lrsquoanneacutee (Beck et al 2013)

58 Ibid

La proportion de ceux qui deacuteclarent consommer pendant leur temps de tra-vail au moins une fois par semaine est beaucoup plus faible mais atteint 35 (parmi les actifs occupeacutes des deux sexes confondus acircgeacutes de 16 agrave 64 ans et qui consomment au moins occasionnelle-ment de lrsquoalcool) Ce pourcentage re-preacutesente 15 de lrsquoensemble des actifs occupeacutes

Addictions comportementalesCes conduites addictives comporte-mentales ont des impacts sur le collectif de travail et pas seulement sur les per-sonnes concerneacutees

La techno-deacutependance59 est une rela-tion aux nouvelles technologies inter-net messageries teacuteleacutephones mobiles reacuteseaux sociaux etc Ces outils sont lar-gement reacutepandus en milieu profession-nel Leur usage abusif peut devenir pro-bleacutematique impactant les collaborateurs maintenus en reacuteseau au-delagrave de leur temps de travail 37 des actifs deacute-clarent utiliser les outils numeacuteriques professionnels hors temps de travail60 Conscient de ces risques dans lentre-prise un droit agrave la deacuteconnexion a eacuteteacute inscrit dans la loi travail de 2016

Les addictions comportementales font reacutefeacuterence agrave des attitudes reacutepeacuteteacutees sur un mode obsessionnel Le workaho-lisme en fait partie

59 Pour aller plus loin Bruno METTLING Transfor-mation numeacuterique et vie au travail septembre 2015 69 p

60 Pratiques numeacuteriques des salarieacutes pendant les congeacutes ELEAS septembre 2017

part de ces consommateurs est tregraves bien inteacutegreacutee ndash eacutetudiants cadres intel-lectuels politiques ndash et parvient agrave reacutegu-ler leurs usages pour mieux eacutechapper en premier lieu agrave la reacuteprobation sociale voir agrave des sanctions professionnelles Leurs addictions si tant est qursquoelles demeurent longtemps non apparentes peuvent un jour conduire suite agrave un effet deacuteclen-cheur agrave des impacts en milieu profes-sionnel parfois gravissimes (accidents du travail burn-out suicides ) Ces conduites addictives sont souvent lieacutees agrave une pression sociale et agrave des pratiques reacutecurrentes de certains milieux sociaux-professionnels

Principales substances psychoac-tives consommeacutees chez les actifs occupeacutes54

Tabac 304 fument quotidienne-ment Alcool 73 en consomment quo-tidiennement 95 ont des ivresses reacutepeacuteteacutees 186 ont une alcoolisa-tion ponctuelle importante dans le mois 73 ont une consommation agrave risque chronique

Cannabis 9 en consomment au moins une fois par an

Cocaiumlne 08 en consomment au moins une fois par an Ecstasyampheacutetamine 05 en consomment au moins une fois par an

54 Baromegravetre santeacute 2014 INPES lt httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2014indexasp gt

Consommations selon les profes-sions et cateacutegories sociales55 Des diffeacuterences genreacutees sont agrave distin-guer en matiegravere de consommation de tabac alcool meacutedicaments psycho-tropes cannabis cocaiumlne et ecstasyampheacutetamines

Chez les hommes Globalement les plus consommateurs sont les employeacutes et les ouvriers Les cadres et les agriculteurs sont globalement les moins consomma-teurs Les artisans commerccedilants et chefs drsquoentreprise et les professions inter-meacutediaires se situent entre les deux

Chez les femmes la diffeacuterenciation est moins grande56

Les agricultrices restent les moins consommatrices Les cadres et les employeacutees sont globalement les plus consomma-trices

Consommations suivant les sec-teurs drsquoactiviteacute57

Trois secteurs se retrouvent presque systeacutematiquement dans le trio de tecircte du classement selon le niveau de preacuteva-lence pour les diffeacuterentes substances qursquoelles soient licites ou illicites la construction le secteur englobant les arts les spectacles et les services reacute-creacuteatifs et le secteur de lrsquoheacutebergement

55 Christophe Palle Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel op cit

56 Attention la faiblesse des effectifs doit inciter agrave la prudence dans lrsquointerpreacutetation des diffeacuterences entre cateacutegories

57 Ibid

54 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 55

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Meacutecanismes drsquoaddiction en milieu professionnel Les conduites addictives en milieu de tra-vail ont une origine mixte lieacutee agrave la sphegravere priveacutee mais aussi agrave certains facteurs lieacutes agrave lrsquoactiviteacute professionnelle Ces derniers relegravevent de deux meacutecanismes65

Lrsquoacquisition consommation agrave lrsquooc-casion des pots en entreprise des repas drsquoaffairehellip ce type drsquousage est souvent inscrit dans les normes et la culture de certains meacutetiers secteur professionnel ou entreprise facilitant notamment lrsquointeacutegration dans le collectif de travail

Lrsquoadaptation consommation consti-tuant une strateacutegie pour laquo tenir raquo au travail Plusieurs situations ont eacuteteacute iden-tifieacutees dont le stress le travail de nuit les mauvaises relations au travail (harcegrave-lement brimades) les postes de seacutecu-riteacute le travail en plein air le port de charges lourdeshellip comme pouvant fa-voriser cette dispositionUne consommation au deacutepart maicirctriseacutee ou non-excessive peut devenir probleacute-matique dans un contexte de difficulteacutes professionnelles ainsi plus du tiers des fumeurs reacuteguliers (362 ) 93 des consommateurs drsquoalcool et 132 des consommateurs de cannabis deacuteclarent avoir augmenteacute leurs consommations du fait de problegravemes lieacutes agrave leur travail ou agrave leur situation professionnelle au cours des 12 derniers mois66

65 Philippe HACHE laquo Pratiques addictives et eacutevalua-tion des risques professionnels comment inscrire ce risque dans le document unique raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 150 2017 pp 113-115

66 Baromegravetre Santeacute 2010 INPES httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2010indexasp

Ceci illustre le rocircle que peuvent jouer les conditions de travail dans lrsquoeacutevolution des conduites addictives

Conseacutequences des conduites ad-dictives en milieu professionnel

Les premiegraveres conseacutequences visibles sont les accidents de travail en emploi ou sur le trajet

Lrsquoabsenteacuteisme pour raison de santeacute Des difficulteacutes professionnelles pour

la personne difficulteacute agrave assurer ses tacircches et missions sanction disciplinaire pouvant aller jusqursquoagrave une perte drsquoem-ploi

Un collectif de travail impacteacute pour lrsquoentourage professionnel avec des effets induits varieacutes selon le poste de travail et le service concerneacutes report de tacircches entre professionnels exposition agrave des risques pour autrui ndash collaborateurs ou clients accidents du travail67 deacutegrada-tion relationnelle avec mise agrave lrsquoeacutecart et focalisation sur la personne en difficulteacute compensation par les collaborateurs etc

Pour lrsquoentreprise eacuteventuelle gestion de tensions et conflits sociaux pertes de production deacutegradation drsquoimage

67 2015 dans 20 agrave 30 des cas la victime drsquoun acci-dent du travail eacutetait sous lrsquoemprise drsquoune substance psychoactive lrsquoalcool eacutetant agrave lui seul responsable de 10 agrave 20 des accidents du travail et en cause dans 40 agrave 45 des accidents du travail mortels Sources - Conditions de travail - Bilan 2015 Ministegravere du travail

de lemploi de la formation professionnelle et du dia-logue social 2017 552 p

- Statistiques de sinistraliteacute 2015 tous CTN et par CTN Etude 2016-137-CTN CNAMTS 2016 62 p

ZOOM

Workaholisme et impact sur lrsquoentourage professionnel

Le workaholisme61 est un comporte-ment preacutesenteacute par une personne qui ressent une pression interne lrsquoobli-geant agrave travailler et qui ressent un mal-ecirctre inteacuterieur et une sensation de culpabiliteacute lors des peacuteriodes drsquoinacti-viteacute Le workaholisme preacutesente les critegraveres drsquoune addiction comporte-mentale mecircme srsquoil nrsquoest pas citeacute comme tel dans le DSM 562 Le workaholisme a des conseacutequences importantes sur la santeacute des travail-leurs conseacutequences somatiques (dou-leurs musculaires ou intestinales risque eacuteleveacute de maladie coronarienne) ni-veaux plus eacuteleveacutes danxieacuteteacute dinsom-nie de dysfonctionnement social et de deacutepression Cest eacutegalement un facteur de risque important de burnout Des co-addictions sont eacutegalement freacute-quemment retrouveacutees troubles du comportement alimentaire tabagisme important meacutesusage dalcoolLes conseacutequences sur lentourage sont notables Sur la famille qui est deacutelaisseacutee au pro-fit du travail Une eacutetude indique que dans les familles ougrave le pegravere souffre de

61 T BURCOVEANU laquo Workaholisme eacutetat des connaissances raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 139 2014 pp 143-151

62 DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux paru aux Etats-Unis en 2013

workaholisme les enfants ont un risque drsquoanxieacuteteacute etou de deacutepression important63Sur les collaborateurs en difficulteacute voire en conflit avec ces workaho-liques perfectionnistes agrave lrsquoextrecircme psychorigides et ne deacuteleacuteguant pas

Les services de santeacute au travail sont en premiegravere ligne pour la preacutevention le repeacuterage et lrsquoorientation vers les services speacutecialiseacutes si besoin Pour le repeacuterage plusieurs questionnaires existent dont le plus pratique est le WART64 qui sont surtout utiliseacutes en cas de signaux drsquoalerte tels que lrsquoexis-tence de plaintes somatiques de troubles psychiques une difficulteacute agrave srsquoeacuteloigner du lieu de travail et une sur-consommation de substances psy-choactives

La prise en charge est celle dune ad-diction cest-agrave-dire pluridisciplinaire prenant en compte les troubles soma-tiques et psychiques les comorbiditeacutes psychiatriques eacuteventuelles la reacuteadap-tation de lrsquoindividu et la preacutevention des rechutes Il existe eacutegalement des groupes de paroles tels ceux des Work Anonymes

63 Bryan ROBINSON Lisa KELLEY laquo Adult child-ren of workaholics Self-concept anxiety depression and locus of control raquo The American Journal of Fa-mily Therapy vol 26 ndeg 3 1998 pp 223-238

64 Bryan ROBINSON laquo The Work Addiction Risk Test Development of a tentative measure of worka-holism raquo Perceptual and Motor Skills ndeg 88 1999 pp 199-210 Disponible en franccedilais httpwwwtest-addictofrtests_pdfquestionnaire-wartpdf

56 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 57

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp2thinspLE RISQUE

DE TRANSMISSION INTER-GEacuteNEacuteRATIONNELLE

Pour mieux saisir la notion de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle en termes drsquoaddiction une phrase drsquoEdgar Morin eacuteclaire la construction de lrsquoidentiteacute de lrsquoindividu en lien avec lrsquoentiegravereteacute de son histoire et de ses liens familiaux laquo Lrsquoau-tonomie est faite drsquoun tissu de deacutepen-dances ainsi lrsquoidentiteacute se constitue au carrefour de plusieurs appartenances raquoDans ce contexte le lien de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle srsquoexprime dans des formes qui touchent notamment aux cycles de vie familiale aux reacutepeacuteti-tions intergeacuteneacuterationnelles (maladie fonctionnement relations) aux formes relationnelles

INDICATEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE DE DIFFICULTEacuteS ADDICTIVES69 Les eacutetudes consacreacutees agrave la transmission intergeacuteneacuterationnelle des addictions montrent une correacutelation entre le contexte addictif familial et le risque de deacutependance chez lrsquoadolescent Particu-liegraverement quand des probleacutematiques addictives et des distorsions de la per-sonnaliteacute etou relationnelles se sont cumuleacutees sur plusieurs geacuteneacuterations lrsquoadolescent est aux prises avec un sys-

69 Agnegraves CADET-TAIumlROU Anne-Claire BRISACIER laquo Addiction et usages probleacutematiques facteurs de risque facteurs de protection raquo in Jeunes et addictions OFDT 2016 pp 83-86 httpsbdocofdtfrdoc_numphpexplnum_id=23806

tegraveme geacuteneacuteralement bien plus fort que lui et sa capaciteacute drsquoindividuation

Concernant lrsquoalcool et le tabac le risque est 2 agrave 3 fois supeacuterieur chez lrsquoado-lescent lorsqursquoil existe des anteacuteceacutedents drsquoabus drsquoalcool dans la famille ou lorsque lrsquoun ou les deux parents sont fumeurs de tabac

Pour le cannabis le risque drsquoune deacute-pendance de lrsquoadolescent serait double lorsque les parents sont consomma-teurs

Les enfants de parents deacutependants agrave drsquoautres drogues illicites ont eux aussi une plus forte probabiliteacute de probleacutema-tiques addictives

FACTEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE70 Des facteurs laquo geacuteneacutetiques ou eacutepigeacuteneacute-tiques raquo sont en partie mis en cause notamment la reconduction sur deux ou plusieurs geacuteneacuterations de difficulteacutes sociales familiales et psychologiques drsquoune plus grande accessibiliteacute des pro-duits consommeacutes par les parents et de facteurs psychologiques tels qursquoun re-gard positif ou normaliseacute vis-agrave-vis de la consommation de drogues raquo Par ail-leurs lrsquoexposition preacutenatale aux pro-duits psychoactifs entraicircne un risque non-neacutegligeable de troubles du compor-tement ou des apprentissages degraves lrsquoenfance qui vont favoriser la survenue de probleacutematique addictive agrave lrsquoadoles-cence

70 Ibid

Quelques eacuteleacutements significatifs Sollicitation des services de santeacute au

travail pour des probleacutematiques addic-tives68 92 des meacutedecins deacuteclarent avoir eacuteteacute contacteacutes par des directeurs de ressources humaines pour un pro-blegraveme drsquoalcool chez un salarieacute 29 pour un salarieacute faisant usage de canna-bis 13 pour un salarieacute faisant usage drsquoune autre drogue

Des demandes de conseils de la part du personnel pour un travailleur en dif-ficulteacute sont eacutegalement noteacutees 40 des meacutedecins du travail ont eacuteteacute contacteacutes pour un problegraveme drsquoalcool 7 pour un usage de cannabis et 4 pour drsquoautres drogues

68 C MENARD et al laquo Actions collectives en entre-prise la place des meacutedecins du travail raquo in C MENARD G DEMORTIERE E DURAND P VERGER F BECK (dir) Meacutedecins du travail Meacutedecins geacuteneacuteralistes re-gards croiseacutes INPES 2011 pp 95-110 (Etudes Santeacute)

Axes de preacuteventionCes constats justifient de deacutevelopper les moyens de repeacuterer les personnes en difficulteacute afin de leur apporter lrsquoaccom-pagnement neacutecessaire mais surtout de deacutevelopper une culture drsquoentreprise de preacutevention et de qualiteacute de vie au travailPour quune deacutemarche daide puisse ecirctre efficace lentreprise quelle qursquoelle soit publique ou priveacutee petite ou grande doit sinscrire dans une deacute-marche de preacutevention de repeacuterage et daccompagnement des personnes en difficulteacute qui relegraveve drsquoailleurs de la loi Dans cette deacutemarche ne sont pas seu-lement concerneacutees les personnes deacute-pendantes mais aussi les personnes ayant une consommation agrave risque ou agrave problegraveme ponctuelle ou reacuteguliegravere

58 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 59

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les eacutetudes drsquoassociation quant agrave elles ont pour but de deacutetecter lrsquoasso-ciation entre un trait de caractegravere (ici lrsquoaddiction) et la structure exacte (polymorphisme) drsquoun gegravene Elles se fondent sur la comparaison entre des cas (ici des sujets addicts) et des teacute-moins (des sujets non-addicts) Ces eacutetudes dites laquo cas-teacutemoins raquo sont les plus nombreuses Dans celles-ci on axe les recherches le plus souvent sur des gegravenes laquo candidats raquo crsquoest-agrave-dire qui pourraient logiquement avoir un rocircle agrave jouer dans la survenue de la pathologie Toutefois lrsquoameacutelioration spectaculaire des techniques de seacute-quenccedilage et drsquoidentification des gegravenes a permis de reacutealiser des eacutetudes dites GWAS72 ougrave plus drsquoun million de mar-queurs geacuteneacutetiques peuvent ecirctre ana-lyseacutes en mecircme temps

De nombreux gegravenes impliqueacutes agrave des degreacutes et sur des fonctions tregraves diverses De tregraves nombreux gegravenes sont identi-fieacutes comme eacutetant probablement im-pliqueacutes dans les addictions aux subs-tances psychoactives sans pour autant pouvoir expliquer lrsquoensemble du pheacute-nomegravene I ls inter viennent par exemple dans lrsquoaction ou le meacutetabo-

72 Genome-Wide Association Study

lisme de la substance la reacutegulation de la consommation la sensibiliteacute aux effets plaisantsreacutecompensants ou encore la seacuteveacuteriteacute de lrsquoaddiction Drsquoautres gegravenes sont impliqueacutes dans des comportements ou des traits de carac-tegravere comme la deacutesinhibition lrsquoatten-tion la reacuteponse au stress la recherche de sensations ou lrsquoimpulsiviteacute

Agrave RETENIR

Aucun gegravene identifieacute agrave ce jour ne possegravede un effet ma-jeur agrave devenir addict aucun drsquoentre eux nrsquoexplique agrave lui seul la survenue de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction parait ecirctre multi-geacutenique crsquoest-agrave-dire reposant sur une combinaison de modifications de plusieurs gegravenes et pas toujours les mecircmes drsquoun sujet agrave lrsquoautre

Enfin ces gegravenes de vulneacute-rabiliteacute sont loin drsquoecirctre tou-jours preacutesents chez les per-sonnes addictes

Cela signifie que lrsquoabsence de ces gegravenes ne protegravege en aucun cas du risque de deve-nir addict

ZOOM

Addiction une maladie geacuteneacutetique 71

Lrsquoaddiction nrsquoest pas une maladie geacuteneacutetique seule est dit geacuteneacutetique une maladie dont la survenue est pro-voqueacutee uniquement par la mutation drsquoun ou plusieurs gegravenes Crsquoest le cas par exemple de la mucoviscidose ce nrsquoest pas le cas de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction est une maladie multi-factorielle qui associe des facteurs geacuteneacutetiques et environnementaux Crsquoest le cas de la plupart des patholo-gies courantes associant dans leur eacutetiologie le terrain heacutereacuteditaire et lrsquohis-toire de vie du sujetOn naicirct donc en portant dans nos gegravenes un risque plus ou moins eacuteleveacute de deacutevelopper une addiction Toute-fois la survenue de lrsquoaddiction deacutepen-dra au moins autant sinon plus de facteurs lieacutes agrave lrsquoenvironnement social et familial que de facteurs geacuteneacutetiques Il nrsquoy a pas de deacuteterminisme agrave devenir laquo addict raquo mais il y a des facteurs de vulneacuterabiliteacute

Quelle part du risque drsquoaddiction est porteacutee par les gegravenes Lrsquoidentification drsquoune part geacuteneacutetique dans la survenue drsquoune addiction pro-

71 Bertrand NALPAS Nicolas RAMOZ Lrsquoaddiction est-elle une maladie geacuteneacutetique lt httpwwwmaad-digitalfrdecryptageladdiction-est-elle-une-maladie-genetique-12 gt 23022017

vient drsquoeacutetudes meneacutees sur des familles ou des paires de jumeaux dans les-quels un membre est toucheacute La syn-thegravese des eacutetudes meneacutees sur les ju-meaux a permis drsquoeacutetablir que la part geacuteneacutetique dans la vulneacuterabiliteacute agrave deve-nir laquo addict raquo serait drsquoenviron 70 pour la deacutependance agrave la nicotine 48-66 pour la deacutependance agrave lrsquoalcool 51-59 pour la deacutependance au can-nabis 42-79 pour la deacutependance agrave la cocaiumlne 23-54 pour la deacutepen-dance aux opiaceacutes Ces taux sont tou-tefois agrave lire avec prudence dans la mesure ougrave la deacutefinition de la laquo deacutepen-dance raquo nrsquoeacutetait pas toujours identique drsquoune eacutetude agrave lrsquoautre Au total si on heacuterite de gegravenes de vulneacuterabiliteacute sur lesquels on ne peut guegravere agir ceux-ci repreacutesenteront environ la moitieacute de la probabiliteacute de devenir laquo addict raquo

Existe-t-il un gegravene de lrsquoaddiction Lrsquoessentiel de la recherche geacuteneacutetique appliqueacutee aux addictions repose sur deux types drsquoeacutetudes les eacutetudes de liaison drsquoune part et les eacutetudes drsquoasso-ciation drsquoautre part

Les eacutetudes geacuteneacutetiques de liaison servent agrave cartographier les diffeacuterents gegravenes ou reacutegions du geacutenome preacutedis-posant agrave un trouble Lrsquoapproche liaison se base sur des familles dans lesquelles au moins un parent et un enfant sont addicts et on recherche si le gegravene sus-pecteacute est preacutesent chez le parent et lrsquoenfant atteints

60 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 61

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

laquo Une affaire de famille raquoproGramme de preacutevention de la tranSmiS-Sion Geacuteneacuterationnelle deS SouffranceS lieacuteeS au fonctionnement familial

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo a eacuteteacute eacutelaboreacute par Line Caron travailleuse sociale titulaire dune Maicirc-trise en service social Il est mis en œuvre au Queacutebec depuis les anneacutees 1996Un travail drsquoadaptation agrave la langue par-leacutee en France a eacuteteacute fait par la docteure Antoinette Fouilleul Psychiatre-Addic-tologue et administratrice de lrsquoANPAA Agrave partir de 2010 Line Caron a donneacute plusieurs confeacuterences et en Norman-die et en Bretagne ougrave le programme est maintenant deacuteployeacute au sein de lrsquoANPAA et expeacuterimenteacute dans diffeacute-rents contextes dont le centre du couple et de la famille de Brest pour des difficulteacutes lieacutees aux violences in-trafamiliales et dans une maison drsquoar-recirct Plus reacutecemment la docteure Antoinette Fouilleul a formeacute des ani-mateurs agrave lrsquoIle de la Reacuteunion ougrave le programme est maintenant expeacuteri-menteacute Une formation a aussi eacuteteacute donneacutee par madame Caron en Nou-velle-Aquitaine aux intervenants de lrsquoANPAA et leurs partenaires du deacute-partement En 2017 une convention a eacuteteacute signeacutee entre lrsquoauteure et lrsquoANPAA donnant agrave cette derniegravere lrsquoexclusiviteacute du deacuteploiement en France et permet-tant la mise en place drsquoun comiteacute de pilotage

UNE APPROCHE NOVATRICE

Lrsquoapproche du programme laquo Une af-faire de famille raquo est preacuteventive Elle vise agrave habiliter le participant agrave deacutecou-vrir eacutemotionnellement le lien entre son veacutecu familial et la souffrance veacute-cue aujourdrsquohui afin de construire lui-mecircme ses propres actions pour briser ce cycle de transmission et se donner plus de liberteacute dans lrsquoeacuteducation don-neacutee agrave ses enfants Il tente drsquoorienter les compeacutetences des familles agrave poser des actions originales pour solution-ner leurs problegravemes plutocirct que de les utiliser pour survivre Comme les par ticipants au pro-gramme sont principalement des po-lytraumatiseacutes familiaux lrsquoapproche se doit de faire preuve drsquoune grande deacutelicatesse mais aussi drsquoune rigueur scientif ique Teinteacutee des nouvelles donneacutees neuroscientifiques elle per-met de diminuer les souffrances asso-cieacutees aux souvenirs traumatiques et aide le participant agrave construire de nouvelles voies neuronales mieux adapteacutees agrave la reacutealiteacute eacutemotionnelle de son histoire pour lui permettre de moins souffrir et de sortir des or-niegraveres de la reacutepeacutetition et de la trans-mission agrave ses enfantsLe programme comprend une seacuterie drsquoateliers sur des thegravemes preacutecis du fonctionnement familial et qui sont gradueacutees en intensiteacute eacutemotive Entre les seacuteances de groupe une tacircche est demandeacutee au participant afin de veacuteri-fier le contenu dans son histoire fami-liale et de soutenir lrsquointeacutegration neu-

PLACE DE LrsquoHISTOIRE FAMILIALE DANS LES REPREacuteSENTATIONS MOTIVATIONS ET TRAJECTOIRES DE CONDUITES ADDICTIVES Agrave LrsquoADOLESCENCE73 Le point drsquoancrage des rapports aux conduites addictives est drsquoabord familial Les reacutecits biographiques spontaneacutes font systeacutematiquement reacutefeacuterence agrave lrsquohisto-rique familial de consommation

Des problegravemes de santeacute voire des deacutecegraves surtout lieacutes au tabagisme (cancers)

Des probleacutematiques addictives en matiegravere drsquoalcoolo-deacutependance un mineur sur dix eacutevoque les laquo problegravemes drsquoalcool raquo drsquoun proche le plus souvent son pegravere

Des troubles de deacutependance agrave une drogue illicite dans une moindre me-sure quelques jeunes jugent que leurs parents laquo fument trop de cannabis raquo

Certains expriment leur reacuteprobation sur les consommations parentales quant aux quantiteacutes agrave la freacutequence ou au changement de comportement induit par lrsquousage

Ces expeacuteriences sont freacutequemment convoqueacutees comme explicitation drsquoun rapport drsquoauto limitation des consomma-tions Agrave lrsquoinverse les rares jeunes dont les parents sont abstinents expriment une forme drsquoanxieacuteteacute sociale face agrave la visibiliteacute des produits dans lrsquoespace public et la reacutecurrence des incitations agrave consommer veacutecue comme une mise en danger de lrsquoeacutethique personnelle74

73 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations motiva-tions et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo op cit

74 Cf facteur religieux dans le rapport aux consom-mations

PREacuteVENTION SEacuteLECTIVE Agir sur ce risque pour proteacuteger lrsquoentou-rage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives vise agrave reacuteduire les difficulteacutes agrave leur source en deacutesamor-ccedilant des logiques inconscientes agrave court moyen et long termes chez les enfants et les jeunes notamment Les scheacutemas deacutejagrave ancreacutes ou en risque drsquoeacutelaboration doivent trouver un lieu et un moment de deacutecryptage de deacuteconstruction dans leurs sources et dans leurs effets Cha-cun y faisant son chemin trouvera ainsi des outils pour sortir de sa co-deacutepen-dance ou de sa deacutependance Deux eacuteleacute-ments interagissent sans aucun doute lrsquohistoire familiale et lrsquohistoire individuelle

Si une information geacuteneacuterique sur ce

qursquoest le risque de transmission intergeacute-neacuterationnelle peut ecirctre utile il semble qursquoagir sur ce risque doive srsquoattacher agrave prendre en compte des populations speacute-cifiques des territoires particuliers des milieux identifieacutes Une preacutevention seacutelec-tive et cibleacutee srsquoimpose sur ce terrain

62 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 63

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

passent drsquoabord par un changement eacutemotionnel pour induire un change-ment dans la maniegravere de penser faire autrement et obtenir autre chose Cette approche expeacuterientielle est renforceacutee par la chaleur et la bienveil-lance du groupe le cocon non-jugeant qui srsquoen deacutegage induisant de nouveaux modes relationnels

Agrave QUI SrsquoADRESSE LE PROGRAMME

Le programme srsquoadresse agrave toute per-sonne adulte qui a souffer t et qui souffre encore des probleacutematiques lieacutees au fonctionnement familial (rela-tions insatisfaisantes probleacutematiques addictives deacutepression deacutependance affective violencehellip) et qui deacutesire en comprendre les reacutepercussions sur sa vie actuelle et sur lrsquoeacuteducation qursquoelle donne agrave ses enfants

OBJECTIFS DU PROGRAMME

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral est drsquohabiliter les membres des familles preacutesentant une difficulteacute ou un problegraveme de fonction-nement geacuteneacuterationnel agrave preacutevenir sa transmission dans la geacuteneacuteration sui-vanteLe but est drsquoutiliser les compeacutetences personnelles et relationnelles pour continuer de se deacutevelopper et deacutevo-luer plutocirct que de survivre

Les objectifs speacutecifiques sont de per-mettre aux participants

De reconnaicirctre le problegraveme de la transmission geacuteneacuterationnelle

De mettre en œuvre des actions speacutecifiques afin de contrer le pro-blegraveme dans sa famille

Le programme deacutecline une suite lo-gique qui amegravene les participants agrave

Comprendre le fonctionnement dune famille

Comprendre les diff iculteacutes du fonctionnement familial

Comprendre le pheacutenomegravene de la transmission geacuteneacuterationnelle

Trouver des actions pour briser le cycle de la transmission

DEacuteROULEMENT DU PROGRAMME

laquo Une affaire de famille raquo est un pro-gramme de preacutevention non-theacutera-peutique qui se propose de reacutefleacutechir en groupe sur les transmissions des conduites de reacutepeacutetitions intergeacuteneacutera-tionnelles Ce programme propose un processus drsquoexploration une connaissance eacutemotionnelle et une compreacutehension de son histoire avec comme but de briser le cercle vicieux de la reacutepeacutetition des comportements alieacutenants pour soi et la geacuteneacuteration suivante Ce programme de preacutevention est mis en œuvre sous la forme dun groupe fermeacute de cinq agrave quinze personnes reacuteuni entre huit et dix rencontres Il se deacuteroule en petit groupe ougrave le cadre seacutecurisant et la convivialiteacute sont mo-teurs pour lrsquoexpression et la reacuteflexion de chacun Il a pour but drsquoamorcer une dynamique de changement chez les participants et leur famille

ronale Au cours du programme le par ticipant est accompagneacute pour construire sa carte familiale (geacuteno-gramme) afin de visualiser la transmis-sion agrave travers les geacuteneacuterations Ce tra-vail amegravene le participant agrave se distancer de ses eacutemotions ce qui lui permet de faire face de faccedilon plus adeacutequate aux situations difficiles laquo Une affaire de famille raquo nrsquoa pas la preacutetention drsquoarrecircter la transmission geacuteneacuterationnelle mais drsquohabiliter les membres des familles aux prises avec des souffrances lieacutees agrave leur fonction-nement familial agrave reconnaicirctre le pheacute-nomegravene de la transmission geacuteneacutera-tionnelle afin qursquoils puissent mettre en œuvre des actions speacutecifiques pour le contrer

Lrsquoapproche peacutedagogique baseacutee sur les diffeacuterentes formes drsquoapprentissage des individus est active et dynamique Lrsquoimplication eacutemotionnelle des per-sonnes participantes bien encadreacutees par un animateur formeacute qui a lui-mecircme veacutecu la deacutemarche auparavant est une des conditions de succegraves du programme Les activiteacutes sont varieacutees et reacuteservent une place constante aux participants et agrave leur expeacuterience au moyen de mises en situation exercices pratiques questionnaires discussion de groupe exposeacutes suivis de peacuteriodes de discussion expeacuterimentation dans le quotidien entre les rencontres

LES ASSISES THEacuteORIQUES

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo repose sur deux assises theacuteo-riques essentielles lrsquoapproche systeacute-mique du fonctionnement familial et la diffeacuterenciation du soi de Murray Bowen Lrsquoapport de lrsquoeacutepigeacuteneacutetique et des neu-rosciences est au cœur de la meacutethode peacutedagogique Les travaux sur lrsquoatta-chement et la reacutegulation affective (Allan Shore75) la neuroscience de la psychotheacuterapie (Louis Cozolino76) et la deacutecouverte des laquo neurones-mi-roirs raquo (Rizzolatti77) eacuteclairent sur la faccedilon dont se construit la reacutegulation affective sur comment se forme le rapport agrave soi et agrave lrsquoAutre et comment se construisent des capaciteacutes de dis-cernement drsquoorganisation et drsquointe-ractions fructueuses Eacutegalement la neuro-plasticiteacute permet de nouveaux apprentissages dans un contexte seacute-curisant et bienveillant Agrave cet effet la posture des animateurs est preacutecieuse car elle va induire un climat drsquoempa-thie et se couplera agrave un cadrage clair et rassurant gracircce agrave la preacutecision des documents fournis aux consignes et au contenu transmis agrave lrsquoanimateur et au participant Il est maintenant connu que les processus de changement

75 Allan N SCHORE La reacutegulation affective et la reacuteparation du Soi Les Eacuteditions du CIG 2008 430 p

76 Louis COZOLINO La neuroscience de la psy-chotheacuterapie Les Eacuteditions du CIG 2012 455 p

77 Giacomo RIZZOLATTI Corrado SINIGAGLIA Les neurones-miroirs Odile Jacob 2008 240 p

64 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 65

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

fants maintenant comparativement avec ce qursquoils vivaient avant le pro-gramme En 2017-2018 le programme a de nou-veau eacuteteacute eacutevalueacute par lrsquoUniversiteacute de lrsquoIle de la Reacuteunion La conclusion est agrave lrsquoeffet que laquo Une affaire de famille raquo permet de libeacuterer et de gueacuterir les maux intrafa-miliaux des familles reacuteunionnaisesLes reacutesultats des eacutevaluations meneacutees aupregraves de groupes de diffeacuterentes na-tionaliteacutes laissent penser que le pro-gramme propose une approche qui est geacuteneacuteralisable et donne des reacutesul-tats positifs aupregraves de familles vivant dans des contextes historiques et socio-eacuteconomiques tregraves diffeacuterents

LES PREacute-REQUIS DE MISE EN ŒUVRE

Pour ecirctre habiliteacute agrave appliquer le pro-gramme aupregraves drsquoun public de poly-traumatiseacutes familiaux il faut que lrsquoani-mateur soit lui-mecircme au clair avec son propre fonctionnement familial Une expeacuterimentation du programme avec un animateur qualifieacute est recom-mandeacuteePar la suite une formation de quatre jours avec lrsquoauteure du programme ou un intervenant habiliteacute est proposeacutee afin drsquoacqueacuterir une bonne compreacute-hension des bases scientifiques et de la meacutethode peacutedagogiqueLa formation a eacuteteacute conccedilue dans une approche dynamique qui fait appel agrave limplication personnelle et profes-sionnelle des participants Elle com-prend deux eacutetapes

Lexpeacuterimentation du programme dans lobjectif dune compreacutehension accrue de son milieu familial et de son influence dans sa pratique profession-nelle aupregraves des familles

Une formation compleacutementaire de 4 jours dans lobjectif de devenir animateur du programme

Les gains pour les personnes accom-pagneacutees lrsquointervenant et lorganisationLes retombeacutees de la formation sur la transmission geacuteneacuterationnelle sont appreacuteciables Drsquoabord cette forma-tion vise un travail agrave lrsquoorigine ou en amont de plusieurs probleacutematiques majeures Encore trop souvent lrsquoin-tervention effleure les problegravemes en ciblant les symptocircmes ce qui a pour effet une reacutecurrence de la demandeCette formation preacutesente aussi la par-ticulariteacute de deacutegager une vision et un langage commun entre les interve-nants au sein drsquoune eacutequipe ou drsquoune institution Elle favorise donc une vi-sion plus globale plus transcendante du deacuteveloppement psychique qui peut relier les diffeacuterents mondes de lrsquoenfance lrsquoadolescence et la vie adulteFinalement bien que cette formation repose sur des bases theacuteoriques so-lides (approche systeacutemique diffeacuteren-ciation du soi approche contextuelle de Boszormenyi-Nagy eacutepigeacuteneacutetique et neurosciences) sa plus grande force reacuteside dans un souci constant drsquointeacutegrer les acquis theacuteoriques au veacutecu personnel et agrave la pratique des intervenants

Les seacuteances ont pour theacutematiques 1 La creacuteation drsquoun climat propice agrave

la communication et aux eacutechanges 2 Selon le type de groupe choix

entre La preacutesentation des concepts de base en addictologie Ou lrsquoidentification drsquoeacuteleacutements de la vie actuelle qui proviennent de notre famille drsquoorigine

3 Les rocircles dans les familles en souf-france

4 Les regravegles qui reacutegissent les familles en souffrance

5 Les comportements de survie (codeacutependance deacutependance affec-tive)

6 Les fonctions familiales et le pheacute-nomegravene des enfants parentaliseacutes

7 La construction du geacutenogramme et les plans daction

8 Labandon et le processus de la transmission geacuteneacuterationnelle

9 Le systegraveme dattachement dans les relations intimes et dans leacuteducation donneacutee aux enfants

10 Lidentification de pistes dactions personnelles pour briser le cycle de la transmission geacuteneacuterationnelle et les obstacles au changement dans ma famille

11 En action

UN PROGRAMME EacuteVALUEacute

Une premiegravere eacutevaluation des effets du programme a eacuteteacute meneacutee en 2000 par lrsquoeacutequipe de recherche de la Reacutegie reacute-gionale de la santeacute et des services sociaux de la Cocircte-Nord (Canada) Les reacutesultats sont tregraves inteacuteressants et deacutemontrent clairement que le pro-gramme geacutenegravere des pr ises de conscience importantes et amegravene les participants agrave proceacuteder agrave une remise en question de certains comporte-ments envers leurs enfants De plus lrsquoeacutevaluation recommandait entre autres drsquoeacutelargir la diffusion du pro-gramme agrave tout public consideacutereacute agrave risque de reproduire ou de trans-mettre des comportements nuisibles au deacuteveloppement de leurs enfants Agrave la suite de cette eacutetude et de lrsquoexpeacuteri-mentation par plusieurs intervenants le programme a eacuteteacute reacuteviseacute et eacutelargi de la toxicomanie agrave lrsquoensemble des diffi-culteacutes du fonctionnement familial Le nouveau programme a lui aussi eacuteteacute eacutevalueacute en 2005 par les animateurs Un questionnaire eacutecrit portant sur les changements concrets dans leur vie et pour leur entourage a eacuteteacute soumis aux participants un an apregraves la dispensa-tion Lrsquoobjectif eacutetait drsquoen valider de nouveau les effets agrave long terme et de veacuterifier si la nouvelle version du pro-gramme correspondait bien agrave leur reacutealiteacute Les reacutesultats sont probants et deacutemontrent clairement les change-ments concrets que les participants ont ameneacutes dans leur vie et dans la faccedilon dont ils agissent avec leurs en-

66 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 67

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

La preacutevention des risques de conduites addictives doit prendre en compte de faccedilon singuliegravere la place et le rocircle de lrsquoen-tourage autour de la personne addicte En preacutevention seacutelective et cibleacutee dans un continuum drsquoactions il faut saisir la posi-tion singuliegravere de lrsquoentourage pour eacutelabo-rer des modes preacuteventifs adapteacutes Les dispositifs de preacutevention doivent remobi-liser lrsquoentourage pour libeacuterer la parole alleacuteger les souffrances reacuteduire les risques et les dommages Pour cela il convient

Drsquoassurer au preacutealable agrave chacun les moyens de comprendre et de maicirctriser une situation potentiellement agrave risque en termes drsquoaddiction

De consideacuterer le contexte socio-eacuteco-nomique du laquo tout tout de suite raquo pour orienter lrsquoaction de preacutevention vers la reacuteduction des facteurs de vulneacuterabiliteacute des personnes en geacuteneacuteral

De changer le regard ambivalent sur les produits ou comportements addic-tifs en travaillant sur les compeacutetences psychosociales pour reacuteduire les risques et dommages Une strateacutegie de preacutevention va interpel-ler agrave la fois le cercle familial et lrsquoenviron-nement social large au travers notam-ment drsquoune guidance de la parentaliteacute et drsquoune eacuteducation par les pairs dans des cercles de lrsquoentourage varieacutes et dans le respect des speacutecificiteacutes de chaque publicIl srsquoagit de sensibiliser au risque et de repeacuterer les difficulteacutes possibles ou en gestation non pas seulement par une

information mais par une forme partici-pative drsquoeacuteducation au risque vers un public cibleacute Lrsquointeraction des acteurs du champ drsquointervention social et meacutedico-social est essentielle pour preacutevenir les risques drsquoaddictions en mettant en jeu des facteurs de protection des per-sonnes en faisant appel agrave des savoir-faire de psychologie communautaire En effet lrsquoeacuteducation preacuteventive est une affaire collective Elle agira drsquoautant mieux qursquoelle pourra mobiliser les speacutecialistes la communauteacute eacuteducative scolaire et extra-scolaire la famille eacutelargie en direc-tion des plus jeunes et des adolescents

1 GUIDER LA PARENTALITEacute

PARENTALITEacute ET VALEURS SOCIEacuteTALESEn perte de repegraveres dans un contexte socieacutetal ougrave comme le souligne Philippe Jeammet78 laquo tout consensus eacuteducatif a disparu et ougrave lrsquoautoriteacute est souvent veacute-cue comme un abus de pouvoir raquo les parents ne savent pas toujours com-ment reacuteagir et peuvent ecirctre en difficulteacute pour assumer leur responsabiliteacute eacuteduca-tive Les questionnements de nos socieacute-teacutes modernes laissent aff leurer trop souvent une deacutevalorisation du rocircle des parents comme du systegraveme eacuteducatif souvent accuseacutes de deacutemission de per-missiviteacute ou drsquoincompreacutehension Pour-tant la socieacuteteacute elle-mecircme place les pa-rents et enfants dans des rapports de force de plus en plus complexes lieacutes agrave des attendus contradictoires en termes

78 Philippe JEAMMET (dir) Adolescences repegraveres pour les parents et les professionnels Syros 1997 212 p

LES GAINS DE CETTE FORMATION

PEUVENT EcircTRE PERCEPTIBLES

Pour les personnes accompagneacutees Une intervention qui respecte les compeacutetences des personnes agrave travers une approche responsa-bilisante

Une approche globale non-culpa-bilisante ni reacuteductible des pro-blegravemes

Une intervention qui colle agrave la reacutealiteacute du public Une dynamique de groupe stimu-lante et bienveillante

La force seacutecurisante du groupe pour appreacutehender une reacutealiteacute dif-ficile

Une intervention qui encourage la motivation agrave srsquoengager dans un changement durable

Pour lrsquointervenant Une meilleure connaissance du fonctionnement familial agrave travers les geacuteneacuterations Des habileteacutes agrave reconnaicirctre lrsquoim-pact drsquoun veacutecu familial difficile agrave travers les problegravemes preacutesenteacutes par le public

Un outil drsquointervention bien constitueacute eacutevalueacute et pratique agrave utiliser Lrsquoacquisition drsquoune vision globale et drsquoun langage commun facilitant le travail avec et entre les eacutequipes Le renforcement de la pratique professionnelle par une deacute-marche personnelle de compreacute-hension de lrsquo impact de son propre fonctionnement familial

Pour lrsquoorganisation Une reacuteduction de la reacutecurrence des problegravemes ou du syndrome de la porte tournante par un tra-vail plus en profondeur avec le public Un meilleur arrimage entre les eacutequipes de travail Des interventions mieux cibleacutees Un programme de groupe ou individuel adaptable agrave diffeacuterents publics (usagers de drogues adultes parents jeunes milieux de travail etc)

68 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 69

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

La promotion de la santeacute permet de renforcer les compeacutetences psy-chosociales utiles des parents pour reacutepondre aux situations agrave risque Parallegravelement les actions de preacute-vention visent agrave repeacuterer et modifier des habitudes et environnements jugeacutes nocifs

Agrave lrsquoadolescence les parents abordent avec plus ou moins drsquoagiliteacute le deacutebut de lrsquoautonomie souhaiteacutee du jeune Dans cette peacuteriode le parent doit forceacutement partager avec le jeune lrsquoanalyse des situa-tions agrave risques Drsquoautres informations drsquoautres aides seront alors neacutecessaires

Si les compeacutetences de base sont transmises le jeune apprendra agrave utiliser ces compeacutetences seul et en situation plus exposeacutee Connaicirctre les strateacutegies pour reacuteduire les risques et les dommages et ajuster la prise drsquoautonomie parti-cipent aux laquo neacutegociations raquo plus ou moins complexes avec les adolescents

Lrsquoentourage eacutetendu de lrsquoenfant (anima-teur professionnel de lrsquoenfance eacuteduca-teur eacutetablissement scolaire ou de for-mationhellip) a un rocircle notable de communication et drsquoinformations Cet entourage intervient pour expliquer alerter sur les dimensions addictives de certains modes de vie et sont aussi une source de repeacuterage drsquoeacuteventuelles diffi-culteacutes ou usages probleacutematiques

RENFORCER LES COMPEacuteTENCES DES PARENTSLes parents sont souvent en manque de reacuteponses en doute voire en crainte et

surtout en difficulteacute pour libeacuterer la pa-role vis-agrave-vis drsquoautres adultes exteacuterieurs au cercle familial ou amical

Drsquoun point de vue individuel le pa-rent doit pouvoir se faire aider pour acqueacuterir la capaciteacute agrave diffeacuterer une reacute-ponse ou avertir lrsquoadolescent des risques agrave vivre trop jeune certaines expeacuteriences trop intenses

Des parents ou groupes de parents peuvent aussi avoir besoin drsquoinforma-tions speacutecifiques dans le cadre drsquoune preacutevention seacutelective Par exemple il peut ecirctre utile drsquoouvrir un espace de discussion autour de la notion drsquoaddiction (produits et compor-tements) en lrsquoappreacuteciant sous lrsquoangle des plaisirs et des risques et dommages Aborder tout ce qui existe sur le laquo mar-cheacute raquo en prendre connaissance et conscience consideacuterer lrsquoubiquiteacute des drogues et informer les parents sur les speacutecificiteacutes de chaque type de produit peut se faire dans une configuration par-ticipative informelle voire ludique Agrave ce titre les groupes de discussion theacutema-tiques sont un outil pratique qui bien construit et animeacute permet de creacuteer du lien du soutien voire de libeacuterer la pa-role sur des difficulteacutes Ainsi on peut agrave la fois guider et laquo for-mer raquo la parentaliteacute par lrsquoappui des pairs ndash parentsDiffeacuterents outils et guides de soutien agrave la parentaliteacute sont eacutediteacutes Ils reprennent diffeacuterents conseils notamment sur lrsquoatti-tude agrave favoriser face aux premiegraveres consommations de son enfant fixer des limites savoir dire non neacutegocier et res-ponsabiliser avec la mise en place du dialogue qui est essentielle

drsquoefficaciteacute drsquoactiviteacutes professionnelles drsquoimage sociale au travers drsquoacquisitions mateacuterielles stimuleacutees mais aussi de bien-ecirctre drsquoeacutequilibre et de place de lrsquoindividu dans la socieacuteteacute En termes de preacutevention les parents sont le premier cercle pour agir Il est primordial de soutenir et valoriser les parents dans leur rocircle eacuteducatif de les accompagner agrave reacutetablir si neacutecessaire une communication avec leur enfant

PARENTALITEacute ET STYLE EacuteDUCATIFDiffeacuterentes eacutetudes mettent en eacutevidence que lrsquoenvironnement familial et le style eacuteducatif ont une veacuteritable influence sur les consommations de substances psy-choactives des enfants Mais le style eacutedu-catif est aussi le fruit drsquoune transmission du mode eacuteducatif des ascendants Cette notion srsquoaccorde avec lrsquoapproche en preacute-vention par le deacuteveloppement et le ren-forcement des compeacutetences psychoso-ciales des jeunes En effet laquo plus la relation parent-enfant est adapteacutee plus la reacutesistance de lrsquoenfant agrave lrsquoinfluence des pairs est forte et moins il deacuteveloppe des conduites agrave risques raquo79

Or une relation parent-enfant adapteacutee se conccediloit degraves le plus jeune acircge avant mecircme la naissance Et crsquoest au travers de cette relation efficiente qui remplit son rocircle de cadrage et de reacute-assurance affec-tive successive agrave chaque eacutetape de lrsquoeacutevo-lution de lrsquoenfant que srsquoexerce la preacuteven-tion la plus approprieacutee bien avant que

79 LrsquoANPAA dans les Hauts-de-France a publieacute en 2014 lrsquoeacutetude Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques comprenant une eacutetude de litteacuterature une en-quecircte et des preacuteconisations En ligne httpwwwanpaa5962org_docsFichier20144-140923104916pdf

les premiegraveres consommations nrsquoappa-raissent En effet la qualiteacute des liens que les parents sauront mettre en place au quotidien avec leurs enfants degraves leur plus jeune acircge est le meilleur des garants face au risque drsquoabus de substances

PARENTS ET APPRENTISSAGE DU RISQUE Crsquoest au sein de la cellule familiale quelle que soit sa forme que lrsquoenfant fera lrsquoex-peacuterience de lrsquoapprentissage des regravegles du sens de la responsabiliteacute et avancera vers une autonomie progressiveLa famille repreacutesente un lieu ougrave les re-pegraveres se construisent et ougrave lrsquoenfant ap-prendra agrave avoir une bonne image de lui-mecircme et agrave srsquoaffirmer face aux pres-sions addictogegravenes de lrsquoenvironnement qursquoelles soient issues de la socieacuteteacute en geacuteneacuteral ou de son groupe drsquoapparte-nance en particulier

Les actions de preacutevention soutiennent les parents dans lrsquoexercice de leurs fonctions drsquoeacuteducateurs de faccedilon diffeacuterencieacutee aux diffeacuterentes eacutetapes drsquoeacutevolution de lrsquoenfant80

Des premiegraveres anneacutees jusqursquoagrave la preacute-adolescence (1112 ans) lrsquoenfant sous le regard du parent deacutecouvre teste expeacute-rimente dans des proportions qui doivent correspondre aux capaciteacutes et aptitudes eacutevolutives de lrsquoenfant Durant ces anneacutees les parents deacutefinissent lrsquoenvironnement de lrsquoenfant et le protegravegent des tendances et tentations parfois inapproprieacutees de la socieacuteteacute Ils posent les regravegles limitant laquo drsquoautoriteacute raquo les situations agrave risque

80 Addictions familles et entourage op cit

70 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 71

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoenfant et de sa protectionZOOM

Femmes enceintes et entourage preacutevention et peacuterinataliteacute85

La laquo culture alcool raquo en France est telle qursquoune femme enceinte sera confronteacutee agrave de multiples circons-tances festives ou conviviales ougrave son entourage consommera des boissons alcooliseacutees et mettra agrave lrsquoeacutepreuve sa deacutetermination [agrave ne pas boire pen-dant sa grossesse]

Il est indispensable drsquoinformer sur ce risque eacutevitable et surtout de res-ponsabiliser eacutegalement lrsquoentourage qui participe agrave cette prise de risque

Pour autant il ne srsquoagit pas non plus de culpabiliser ou drsquoangoisser les

85 Alcool et grossesse Boire un peu ou pas du tout ANPAA 2017 12 p (Deacutecryptages ndeg 26)

femmes qui ont consommeacute de lrsquoalcool Le conjoint les proches et les amis

ne doivent certes pas inciter la femme enceinte agrave boire mais ils peuvent aussi teacutemoigner de leur compreacutehen-sion et de leur soutien en eacutevitant une consommation deacutemonstrative

De mecircme la minoration des risques sous preacutetexte de laquo faible raquo freacutequence affaiblit la capaciteacute des femmes [enceintes] agrave reacutesister aux inci-tations quasi-permanentes agrave consom-mer de lrsquoalcool

Dans cet univers ougrave consommer de lrsquoalcool est souvent la norme on a pu lire ou entendre des critiques sur le caractegravere injonctif ou impeacuterieux de lrsquoabstinence totale pendant la gros-sesse Mais lrsquoinjonction est tout aussi forte sur le tabac ou sur les interdits alimentaires pour eacuteviter la toxoplas-mose sans que qui que ce soit ne srsquoen eacutemeuve

ZOOM

Soutien agrave la parentaliteacute des usagers de drogues

La consommation de substances psychoactives des parents est suscep-tible drsquoaffecter les enfants directement (exposition aux produits pendant la grossesse81) ou accidentellement ou indirectement agrave travers lrsquoimpact sur les relations parent-enfant

Pour autant la consommation de substances psychoactives des parents ne constitue pas en soi un danger pour lrsquoenfant82 excepteacutee en cas de gros-sesse83 Dans ce cas la consommation

81 Anne WHITTAKER Ewen CHARDRONNET (trad) Guide concernant lrsquousage de substances psy-choactives durant la grossesse RESPADD 2013 340 p

82 Laurence SIMMAT-DURAND laquo Les profession-nels de la materniteacute et de lrsquoenfance et le signalement des enfants de megravere toxicomane raquo Psychotropes vol 14 ndeg 3 2008 pp 179-199

83 Suivi et orientation des femmes enceintes en fonction des situations agrave risques identifieacutes Haute Autoriteacute de Santeacute mise agrave jour mai 2016 42 p (Re-commandations professionnelles)

de substances illicites drsquoalcool etou de tabac ainsi que le sevrage et la substi-tution en peacuteriode preacute-conceptuelle ou durant la grossesse sont consideacutereacutees comme des situations agrave risques devant faire lrsquoobjet drsquoun suivi particulier

Les difficulteacutes rencontreacutees par les familles peuvent eacutegalement ecirctre lieacutees aux conditions de vie (ressources fi-nanciegraveres logement etc) agrave la compo-sition familiale (monoparentaliteacute etc) et agrave la santeacute somatique et mentale des parents

Agrave lrsquoinverse la parentaliteacute peut par-fois constituer un eacuteleacutement drsquoeacutetayage ou un ressort de motivation au chan-gement pour les personnes usagegraveres de drogues84

Le soutien agrave la fonction parentale des usagers de drogues repose donc sur une eacutevaluation au cas par cas des ressources et des besoins parentaux tenant compte de cette pluraliteacute de paramegravetres au regard de lrsquointeacuterecirct de

84 Sylvie WIEVIORKA laquo Quand les parents sont toxi-comanes raquo Enfances amp Psy vol 4 ndeg 37 2007 pp 90-100

Agrave RETENIR

Pour permettre lrsquoapprentissage du risque avant lrsquoadolescence les parents doivent ecirctre en mesure de repeacuterer comprendre les speacutecificiteacutes de la socieacuteteacute dans laquelle ils guident leur enfant

Aller vers les parents par une synergie drsquoactions de plusieurs acteurs speacute-cialistes et non speacutecialistes de lrsquoaddiction est indispensable agrave une eacuteducation participative en preacutevention des conduites agrave risques de lrsquoenfant

Les parents pourront ainsi mieux identifier et preacutevenir des conduites a priori anodines mais susceptibles de creacuteer des situations complexes plus tard

72 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 73

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2 SrsquoAPPUYER SUR DES PAIRS BIENVEILLANTS

La preacutevention par les pairs sera ici envi-sageacutee dans deux champs lrsquoadolescence et le milieu professionnel

DEacuteFINITIONS Les pairs deacutesignent des individus

ayant des caracteacuteristiques communes telles que le sexe lacircge les centres din-teacuterecirct les loisirs les aspirations les modes de viehellip Ce concept fait le plus souvent reacutefeacuterence aux groupes dacircge et plus speacutecifiquement aux groupes dado-lescents dont les membres sont eacutetroite-ment lieacutes par une culture de jeunesse Toutefois tout groupe social ainsi carac-teacuteriseacute peut faire laquo pair raquo Leacuteducation par les pairs repose sur

lrsquoideacutee qursquoun message deacutelivreacute agrave un indi-vidu par un autre au sein drsquoun groupe de pairs peut ecirctre plus creacutedible et efficient que celui proposeacute par les figures repreacute-sentant lrsquoautoriteacute Concernant les jeunes elle postule que les groupes de pairs ont une grande influence sur leur eacutevolution et leur deacuteveloppement en tant qursquoinstance fondamentale de la socialisation Leacuteducation par les pairs permet dameacuteliorer les processus parti-cipatifs au sein de la socieacuteteacute

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS AUTOUR DE LrsquoADOLESCENCECertaines actions de preacutevention visent agrave stimuler la reacutef lexion des jeunes consommateurs Elles ont pour objectif de les accompagner agrave partir de leurs expeacuteriences personnelles dans une ana-lyse de leurs propres parcours sous les effets directs ou indirects de groupes drsquoappar tenance reacuteelle ou souhaiteacutee Lrsquoapproche leur donne accegraves agrave une meil-leure compreacutehension de la pression ou influence du groupe pouvant amputer leur deacutesir de liberteacute et drsquoautonomieParmi les actions de renforcement des compeacutetences psychosociales des jeunes certaines ont pour vecteur lrsquoeacuteducation par les pairs86 en tant qursquoapproche drsquoeacutedu-cation agrave la santeacute Elle implique un eacutechange dinformations et dopinions avec dautres personnes qui laquo font raquo pairs afin de questionner des comportements de corriger des informations fausses et de stimuler des attitudes et des aptitudes positives vis-agrave-vis de la santeacute Cette approche repose sur le fait quagrave certains moments de la vie particuliegravere-ment dans la jeunesse linfluence des pairs est plus grande que dautres voies dinfluence Cest une approche alterna-tive ou compleacutementaire aux strateacutegies traditionnelles deacuteducation pour la santeacute en particulier dans la preacutevention au sujet des drogues et du Virus de lImmunodeacute-ficience Humaine87

86 Yaeumllle AMSELLEM-MAINGUY laquo Qursquoentend-on par eacuteducation pour la santeacute par les pairs raquo Cahiers de lrsquoaction ndeg 3 2014 pp 9-16

87 Glossaire des termes de santeacute publique internationaux

ILLUSTRATION

laquo Treacutesor de parents raquo outil drsquoanimation deStineacute aux parentS produit par lrsquoanpaa en hautS-de-france

laquo Treacutesor de parents raquo est un jeu coopeacute-ratif destineacute agrave animer des groupes de parents de preacute-adolescents et adoles-cents Un jeu de penseacutee positive sans moralisation qui srsquoappuie sur les res-sources et les compeacutetences des parents les aider agrave exprimer leurs ressentis leurs points de vue leurs faccedilons de reacuteagirhellip

OBJECTIF GEacuteNEacuteRAL

Aider les parents agrave situer leur place et leur rocircle dans la preacutevention des conduites agrave risques aupregraves de leur adolescent etou preacute-adolescent dans une deacutemarche eacuteducative globale

SES OBJECTIFS OPEacuteRATIONNELS

SONT DAIDER LES PARENTS Agrave

Aborder plus facilement les prises de risques avec leur adolescent

Situer les prises de risques dans le processus de deacuteveloppement de lrsquoadolescent

Faire eacutemerger leurs reacuteussites leurs compeacutetences et celles de leur adolescent

Creacuteer les conditions drsquoun dialogue avec leur adolescent

Trouver un style eacuteducatif adapteacute aux besoins et difficulteacutes de lrsquoadolescent

Reconnaicirctre identifier les prises de risques probleacutematiques et celles qui ne le sont pas

Ecirctre en capaciteacute de solliciter de lrsquoaide en cas de difficulteacute relationnelle ou de prises de risques speacutecifiques

Des situations de jeu ancreacutees dans le veacutecu quotidien auxquelles les parents reacutepondent gracircce agrave des cartes laquo situa-tion raquo des dessins humoristiques des quizz des cartes laquo petites reacuteussites et grandes victoires raquo

LES THEacuteMATIQUES ABORDEacuteES

Lrsquoalcool le tabac le cannabis les eacutecrans les jeux de hasard et drsquoargent les comportements alimentaires les meacutedicaments psychotropes la vie af-fective et sexuelle et les autres prises de risques et polyconsommations les ressources lieacutees agrave la parentaliteacute

CONTEXTE DE MISE EN ŒUVRE

Cet outil peut ecirctre animeacute par tout pro-fessionnel socio-eacuteducatif ou meacutedico-social aupregraves de groupes de parents (qui se connaissent ou non en amont de lrsquoanimation) Les parents peuvent venir par exemple de centres sociaux de maisons de quartier drsquoeacutetablisse-ments scolaires de cafeacutes des parents Maison drsquoenfants agrave caractegravere social (MECS)hellip Il est neacutecessaire de preacutevoir une animation drsquoenviron deux heures

Ce jeu nrsquoest pas adapteacute pour une ani-mation sous forme de laquo stand raquo avec arriveacutee et deacutepart permanent des par-ticipants

74 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 75

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

La notion ambivalente de co-usager

Les comportements potentielle-ment addictogegravenes et les consomma-tions de substances psychotropes ont souvent lieux en preacutesence drsquoun tiers Le plus souvent il srsquoagit de quelqursquoun avec qui lrsquoon partage ce moment cette expeacuterience Ces personnes teacutemoins et actrices des consommations de lrsquoautre comme lrsquoautre peuvent-elles jouer un rocircle dans la preacutevention la reacuteduction des risques et lrsquoaccegraves aux soins dans le groupe

Plusieurs mouvements de preacuteven-tion et drsquoeacuteducation par les pairs en font la thegravese et connaissent un grand engouement Cette approche pose toutefois la question des nombreux travers qursquoelle peut engendrer

Qursquoest-ce qui fait laquo pair raquo Que faut-il eacuteviter pour que le pair soit creacute-dible et agent de changement Com-ment eacuteviter lrsquoeacutecueil drsquoecirctre consideacutereacute comme une copie des acteurs de preacute-vention traditionnels ou des adultes qui reacutegurgiteraient leurs discours bien appris laquo des pairrsquohoquets raquo

Eacuteleacutements de reacuteflexion sur lrsquoaction drsquoeacuteducation par les pairs

Lrsquoeacuteducation pour la santeacute par les pairs demande du temps Elle laquo neacute-cessite drsquoecirctre inscrite dans la dureacutee (hellip) il est essentiel que les autres jeunes srsquohabituent agrave ces jeunes

pairs-eacuteducateurs et appreacutehendent au mieux leurs rocircles raquo88

Quand la consommation de produit fait laquo groupe raquo ou a lieu dans un groupe des pheacutenomegravenes de loyau-teacute de protectionhellip sont agrave estimer Dans le contexte particulier de la famille les risques de placement ou de signalement peuvent renforcer le laquo secret raquo De mecircme la situation peut ecirctre tregraves diffeacuterente en fonc-tion du sexe de lrsquoacircge (diffeacuterents acircges de responsabiliteacute leacutegale) de la personne consommatrice en diffi-culteacute et en fonction de qui est le co-usager pair ou non (adulte ou autre mineur famille (fratrie ascen-dantshellip)) Le contexte de consommation (fecircte scolaire parascolaire club sportif milieu professionnel ou de stage agrave domicile consommation cacheacutee ou nonhellip) rajoute son lot de speacutecificiteacute drsquoapproche avec des inclusions diffeacuterentes drsquoadultes res-sources et de pairs Dans les groupes drsquoappartenance ougrave des comportements addictifs ont lieu de faccedilon reacutecurrente cer-tains co-usagers plus acircgeacutes laquo expeacute-rimenteacutes raquo tiennent de faccedilon ano-nyme le rocircle de pairs dans une forme drsquoapprentissage sur lrsquoinstant et par lrsquoexemple drsquoune consomma-tion laquo agrave moindre risques raquo

88 Ibid

Les appuis psycho-sociaux de lrsquoeacuteduca-tion par les pairs69 sont les suivants

Les jeunes sont les laquo experts de ce qursquoils vivent en tant que jeunes avec une perspective privileacutegieacutee sur ce qursquoils vivent raquo

Ils sont souvent motiveacutes par le chan-gement

Les groupes de pairs peuvent avoir un effet de laquo multiplicateurs raquo lorsque les ressources sont limiteacutees et qursquoun grand nombre de personnes souhaite avancer Par des effets en cascade un changement au sein drsquoune communauteacute locale est susceptible drsquointervenir plus rapidement et plus profondeacutement

Les jeunes sont valoriseacutes en faisant appel agrave leurs propres compeacutetences pour informer ou aider drsquoautres jeunes laquo leurs pairs raquo

laquo Avec des soutiens et encourage-ments les jeunes peuvent parvenir agrave geacuterer le processus eacuteducatif et lrsquoeacutechange drsquoinformations raquo Tout deacutependra de lrsquoenvironnement dans lequel le pro-gramme sera mis en action

Les jeunes sont par ailleurs ameneacutes agrave prendre des responsabiliteacutes vis-agrave-vis des sujets de santeacute de mode de vie et parti-culiegraverement de conduites addictives

Ils deacuteveloppent des compeacutetences de laquo facilitateur raquo de la discussion sou-tiennent le travail des professionnels de lrsquoeacuteducation instaurent un rapport de confiance chez les adultes qui peuvent mieux comprendre leur point de vue

Le focus sur lrsquoacquisition et le deacuteve-loppement des compeacutetences psycho-sociales est lrsquoobjectif essentiel en termes de preacutevention Il srsquoagira de tra-vailler par exemple sur la deacutefinition de

la santeacute de lrsquoinfluence les groupes drsquoap-partenance les eacutemotions la conscience de soi lrsquoempathie Cela doit amener les jeunes agrave se questionner pour et sur eux-mecircmes mais eacutegalement pour et sur leur entourage

76 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 77

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte La responsabiliteacute socieacutetale des entre-prises (RSE) et de la reacuteglementation en matiegravere de preacutevention des risques pro-fessionnels sont des avanceacutees qui aident agrave lever les tabous toujours domma-geables concernant les difficulteacutes au tra-vail et les addictions sur le lieu de travail Lrsquoentourage certes de faccedilon ineacutegale selon les secteurs drsquoactiviteacutes est de moins en moins en prise avec les effets de loi du silence ou de loyauteacute imposeacutee par la structure ou le groupe de colla-borateursDe nombreux outils sont deacuteveloppeacutes en interne avec lrsquoappui drsquointervenants pour mettre en place des attitudes et des capaciteacutes agrave reacuteagir au sein de lrsquoentreprise entre collaborateurs et agrave diffeacuterents ni-veaux hieacuterarchiques

Dans ce cadre la preacutevention des risques lieacutes aux probleacutematiques addictives drsquoun collaborateur aura tout inteacuterecirct agrave se pla-cer dans une dynamique drsquoeacuteducation par les pairs chaque membre de lrsquoen-treprise sera ameneacute agrave deacutevelopper des compeacutetences de pairs en termes de vigilance et drsquoeacutecoute Crsquoest aussi toute une culture de la bienveillance en milieu de travail qui peut srsquoy rattacher

Fondement de lrsquoaction de preacuteven-tion en milieu professionnel

Identifier et faire connaicirctre dans lentreprise quelles sont les personnes ressources instances repreacutesentatives du personnel service de santeacute au travail

preacuteventeurs et pairs personnes for-meacutees agrave piloter une deacutemarche de preacute-vention

Deacutevelopper une deacutemarche inclusive et participative de tous les salarieacutes agrave tous les niveaux hieacuterarchiques

Aider les personnes en difficulteacute dans le cadre du contexte professionnel avec pour but de maintenir ces per-sonnes dans lentreprise et non les ex-clure

Services de santeacute au travail Ils ont pour mission exclusive deacuteviter toute alteacuteration de la santeacute des travail-leurs du fait de leur travail A cette fin notamment ils conseillent les em-ployeurs les travailleurs et leurs repreacute-sentants sur les dispositions et mesures neacutecessaires afin deacuteviter ou de diminuer les risques professionnels dameacuteliorer les conditions de travail de preacutevenir la consommation dalcool et de drogue sur le lieu de travail89

Les actions agrave mener peuvent ecirctre Aider les personnes agrave eacutevaluer les

risques lieacutes agrave leur usage de substances psychoactives agrave sinterroger sur leurs pratiques de consommation et deacutevelop-per des capaciteacutes agrave faire des choix

Pour les personnes en difficulteacute les informer en quoi leur consommation impacte leur travail susciter leur capa-citeacute agrave demander de laide et leur indi-quer comment avec qui et dans quelles structures drsquoaccompagnement et de soins dans le respect de leur vie priveacutee Crsquoest ici que se placera singuliegraverement

89 L4622-2 du code du travail

ZOOM

Preacutevention des risques professionnels lieacutes aux conduites addictivesune deacutemarche Speacutecifique propoSeacutee par lrsquoanpaa

La deacutemarche de lrsquoANPAA est une deacutemarche globale Elle prend en compte tous les professionnels de lrsquoentreprise (publique ou priveacutee) et pas uniquement ceux pour lesquels la consommation est repeacutereacutee par lrsquoem-ployeur ou le service de santeacute au tra-vail comme probleacutematiqueLa deacutemarche globale drsquointervention en milieu professionnel de lrsquoANPAA comporte trois volets

La preacutevention collective sur la base du code de la route du code du tra-vail et du regraveglement inteacuterieur de lrsquoen-treprise

Lrsquoaccompagnement des salarieacutes en difficulteacute comment les orienter vers lrsquoaccompagnement et les soins vers qui avec qui

Le conseil pour la gestion par lrsquoen-treprise de situations difficiles sur le lieu de travail (regraveglement inteacuterieur conduites agrave tenir face agrave un salarieacute en eacutetat drsquoivresse manifeste face agrave un sala-rieacute en difficulteacute chronique etc)

La formation de volontaires relais de preacutevention permettant lrsquoacquisition drsquooutils neacutecessaires pour agir en pairs au sein de lrsquoentreprise dans une pos-ture qui doit avant tout permettre drsquoaider les personnes en difficulteacute

Cette deacutemarche srsquoappuie notamment sur le CHSCTComiteacute social et eacuteco-nomique (CSE) le service de santeacute au travail la direction des ressources humaines les preacuteventeurs au sein de lrsquoentreprise

une eacuteducation par les pairs dans le contexte de compeacutetences psychoso-ciales acquises ou par une formation deacutedieacutee

Pour lentreprise agir sur lenviron-nement qui peut ecirctre incitateur afin de reacuteduire les risques

Faire appel agrave la responsabilisation de

chacun selon son niveau de responsa-biliteacute au sein de lrsquoentreprise tout en consideacuterant la regravegle premiegravere drsquoassis-tance agrave personne en danger le cas eacutecheacuteant

Rappeler et faire respecter le code du travail le regraveglement inteacuterieur et les proceacutedures internes de lentreprise

78 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 79

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 MOBILISER DES ACTEURS ET OUTILS

MOBILISER LES PARTENARIATS La preacutevention des impacts sur lrsquoentou-rage des conduites addictives drsquoun proche srsquoinscrit dans une continuiteacute drsquoactions depuis le repeacuterage en passant par lrsquoalerte et lrsquoaccompagnement sur un territoire donneacuteDans ce contexte des professionnels des secteurs sanitaires sociaux et meacute-dico-sociaux mais pas uniquement non speacutecialiseacutes en addictologie pourront ecirctre mobiliseacutesNotamment concernant la preacutevention des risques de co-deacutependance et de parenti-fication des enfants le cercle de collabo-ration peut srsquoeacutelargir au monde eacuteducatif et socioculturel tel que le service jeunesse clubs sportifs lrsquoEducation Nationale la CAF etc et les lieux de soins ou de suivi meacutedico-social de lrsquoenfanceConcernant le monde professionnel il srsquoagira de se tourner vers les acteurs speacutecialiseacutes de preacutevention en consideacuterant les interactions possibles avec les ser-vices internes agrave lrsquoentreprise ou ex-ternes direction du travail service de santeacute au travail groupements profes-sionnels feacutedeacuterations locales pour des actions seacutelectives et cibleacutees

Non-exhaustive la liste suivante des acteurs-ressources doit srsquoadapter agrave chaque contexte local et de public pour nouer les partenariats utiles au repeacuterage et agrave lrsquoaccompagnement

Secteur de lrsquoenfance et de la jeu-nesse en particulier la Protection Ma-ternelle et Infantile (PMI) lrsquoAide Sociale

agrave lrsquoEnfance (ASE) les centre Meacutedico Psycho Peacutedagogique (CMPP) les Point drsquoAccueil Eacutecoute Jeunes (PAEJ)et mai-sons des adolescents90 Secteur de la parentaliteacute en particu-

lier les Reacuteseaux drsquoEacutecoute Appui et drsquoAc-compagnement des parents (REAPP) les services de meacutediation familiale (agrave la de-mande des parties ou agrave la demande drsquoun juge) les lieux drsquoaccueil enfants-parents (LAEP) les Centre de Planification et drsquoEacuteducation Familiale (CPEF)91 les centres drsquoInformation sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) Milieu professionnel en particulier

les Comiteacutes Sociaux et Economique (CSE)92 Les services de santeacute au travail93

Autres milieux en particulier les services de santeacute scolaire et universi-taire les services drsquoActions Eacuteducatives en Milieu Ouvert (AEMO) la Protection Judiciaire Jeunesse (PJJ) et les services peacutenitentiaires drsquoinsertion et de proba-tion (SPIP)

90 Coordonneacutees des maisons des adolescents et PAEJ sur httpcartosantejeunesorg

91 Coordonneacutees des CPEF httpsivggouvfrles-centres-de-planification-ou-d-education-familialehtml

92 Le CSE est destineacute agrave remplacer lensemble des ins-titutions repreacutesentatives eacutelues du personnel de lentre-prise pour toutes les entreprises dau moins 11 salarieacutes Dici le 1er janvier 2020 il se substituera notamment aux deacuteleacutegueacutes du personnel au comiteacute dentreprise et au comiteacute dhygiegravene de seacutecuriteacute et des conditions de travail (CHSCT) En revanche les repreacutesentants du personnel deacutesigneacutes par exemple les deacuteleacutegueacutes syndicaux restent en place Dans les entreprises drsquoau moins 300 salarieacutes le CSE doit comporter une commission santeacute seacutecuriteacute et conditions de travail (CSSCT) dont les principales missions correspondent pour tout ou partie agrave celles auparavant confieacutees au CHSCT

93 Plus drsquoinformation sur httptravail-emploigouvfremploiinser tion-dans-l-emploiemploi-et-handicapprevention-et-maintien-dans-l-emploiservices-de-sante-au-travail-sst

ZOOM

Violences intrafamiliales et neacutecessaire attention des professionnels

Reconnaicirctre la violence Les violences srsquoinscrivent dans un continuum drsquoattitudes et de compor-tements allant du verbal aux coups du mateacuteriel au symbolique du physique au psychique impactant toute la cel-lule familialeCes violences sont faciliteacutees et insuffi-samment combattues pour plusieurs facteurs notamment Le sexisme des socieacuteteacutes humaines lrsquoanthropologue Franccediloise Heacuteritier94 estime que partout de tout temps et en tout lieu le masculin est consideacutereacute comme supeacuterieur au feacuteminin qursquoelle deacutefinit comme laquo la valence diffeacuteren-tielle des sexes raquo

94 Franccediloise HERITIER Masculin Feacuteminin La pen-seacutee de la diffeacuterence Odile Jacob 1995 332 p

Les liens de parentaliteacutes consideacutereacutes comme relevant de la sphegravere de lrsquoin-time avec notamment pour conseacute-quence la non-peacutenalisation des laquo fes-seacutees raquo parentalesDans leur expression paroxysmique les violences intrafamiliales en France crsquoest une femme qui deacutecegravede tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint95 deux en-fants qui deacutecegravedent chaque jour dans le cadre de maltraitances parentales96 et 80 des mauvais traitements infli-geacutes sur un enfant ayant lieu au sein de la famille

95 Observatoire national des violences faites aux femmes

96 Anne TURSZ Les oublieacutes Enfants maltraiteacutes en France et par la France Le Seuil 2010 432 p

Agrave RETENIR

Les professionnels de lrsquoaddictologie doivent Communiquer sur les ressources existantes en matiegravere de preacutevention repeacute-

rage orientation accompagnement et soins par tout moyen (par teacuteleacutephone en ligne et par les groupes drsquoauto-support) aupregraves de lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Srsquoappuyer sur des partenariats forts avec les acteurs non speacutecialiseacutes engageacutes sur les questions relatives agrave lrsquoentourage

80 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 81

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Reacuteduire les risques et les dommages dans le champ des addictions

Crsquoest porter la plus grande attention aux liens qui peuvent srsquoopeacuterer entre conduites addictives et violences

Du fait des psycho traumas issus de violences subies par le passeacute cer-taines personnes sont confronteacutees agrave des probleacutematiques addictives

Rendues plus vulneacuterables du fait de leurs conduites addictives certaines personnes ont plus de risques drsquoecirctre victimes de violencesLes conduites addictives peuvent ecirctre des facteurs facilitant les passages agrave lrsquoacte violent pour certaines personnes

Les professionnels doivent donc porter une attention particuliegravere agrave ces ques-tions de violences subies ou commises

Questionner systeacutematiquement les personnes sur drsquoeacuteventuelles violences subies par le passeacute ou actuellement

Ne pas craindre une laquo poten-tielle raquo rupture du lien theacuterapeutique avec une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives dont on ap-prend des actes de violences sur des tiers

Opeacuterer des signalements degraves que les circonstances semblent les rendre neacutecessaires

Faire connaicirctre leurs droits aux personnes victimes et mobiliser les ressources existantes sur le territoire

Diffuser largement les numeacuteros de teacuteleacutephonie deacutedieacutes

Enfance en danger 119 Violences femmes Info 39 19

ILLUSTRATION

Violences intrafamiliales dans un contexte de probleacutematique addictive expeacuterience du cSapa anpaa danS le cher en partenariat

ACTION PARTENARIALE

Cette action partenariale a mobiliseacute le CSAPA ANPAA dans le Cher La DGS La preacutefecture du Cher (par la chargeacutee de mission du Droit des Femmes et le substitut du Procureur) la Maison des Adolescents et des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie

HISTORIQUE

Degraves 2008 lrsquoANPAA dans le Cher accentue lrsquoaccueil et lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage en proposant du soutien individuel mais eacutegalement un soutien theacuterapeutique par le biais de la theacuterapie familiale systeacutemique Si les pratiques addictives sont consideacutereacutees comme des conduites principalement individuelles elles ont des reacutepercus-sions eacutevidentes sur le fonctionnement familial et reacuteciproquement

En 2012 suite agrave un appel agrave projets de la DGS lrsquoANPAA obtient un finan-cement de 18 mois pour deacutevelopper un projet de preacutevention drsquoaccegraves aux soins et de soins en direction des femmes sur le deacutepartement du Cher

Au cours de ces 18 mois la vulneacute-rabiliteacute particuliegravere des femmes amegravene lrsquoeacutequipe agrave adapter les moyens drsquoaccompagnement dont la place des

enfants et agrave se rapprocher de parte-naires jusque-lagrave peu solliciteacutes

En 2014 la preacutefecture du Cher en la personne de la chargeacutee de mission au Droit des femmes et du substitut du procureur reacuteunit des profession-nels pour innover et construire une reacuteponse singuliegravere Le substitut sou-ligne alors que dans le Cher lrsquoalcool est preacutesent dans 70 des cas de vio-lences intrafamiliales LrsquoANPAA se saisit de cette opportu-niteacute et constitue un groupe de reacute-flexion interne chargeacute drsquoeacutelaborer et de mettre en œuvre un projet speacutecifique

LrsquoANALYSE EFFECTUEacuteE PAR LrsquoANPAA

DEacuteGAGE TROIS PRIORITEacuteS

1 Lrsquoaccueil des enfants en centre de soin lrsquoouverture de la Maison des Adolescents a favoriseacute cette possibiliteacute 2 Un besoin de formation les pro-fessionnels se sont formeacutes agrave lrsquoeacutevalua-tion du risque traumatique et agrave lrsquoac-compagnement des enfants 3 Des parcours de vie poly-trauma-tiques de femmes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Drsquoun point de vue clinique au-delagrave de la litteacuterature dans le domaine lrsquoeacutequipe observe chez les usagers et en particulier chez les femmes preacutesentant des conduites addictives des probleacute-matiques lieacutees agrave des histoires de vie ponctueacutees de ruptures et de trauma-tismes Souvent des anteacuteceacutedents deacute-pressifs anxieux des conditions de vie peacutenibles et des traumatismes lieacutes agrave des abus sexuels apparaissent dans la vie

82 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 83

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

des femmes victimes La violence est ainsi tregraves preacutesente dans leur parcours

Soit agrave lrsquoorigine de leur probleacutematique Soit dans leur quotidien leurs pro-bleacutematiques les placcedilant en situa-tions de fragiliteacute qui les rendent plus souvent victimes de violences Soit parce que lrsquoaddiction chez une femme est assimileacutee agrave une tare qui entraicircne culpabiliteacute et honte avec des consommations plus souvent cacheacutees Lrsquoimpact de la combinaison conduites

addictives et violence aupregraves des en-fants est incontournable Ce constat srsquoappuie sur les eacuteleacutements judiciaires (dont le devenir drsquoenfants victimes de violences intrafamiliales) sur le reacutecit de vie des usagers du centre de soins et eacutegalement sur les teacutemoignages des jeunes rencontreacutes agrave la Maison des Ado-lescents pour des probleacutematiques ou des questionnements paraissant au deacutepart bien eacuteloigneacutes de cette question

LE PROJET PORTEacute PAR LrsquoANPAA

DANS LE CHER SrsquoADRESSE

DrsquoUNE PART AUX FEMMES DrsquoAUTRE

PART AUX ENFANTS

En direction des femmes contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reacutecidive agrave travers des consultations individuelles et un groupe de parole de femmes

En direction des enfants contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reproduction intergeacuteneacuterationnelle de la violence et

des conduites addictives par des consultations individuelles et familiales et atelier de preacutevention laquo les prsquotits chefs de la preacutevention raquo

LES PrsquoTITS CHEFS

DE LA PREacuteVENTION

Animeacute par un animateur de preacuteven-tion ou eacuteducateur speacutecialiseacute cet ate-lier srsquoadresse agrave des enfants acircgeacutes de 5 agrave 12 ans et a pour objectif la diffusion de connaissances le deacuteveloppement de compeacutetences psychosociales le deacuteveloppement de lrsquoautonomie et de la responsabilisation la preacutevention de la premiegravere consommation lrsquoeacutechange parents-enfants-professionnelsCes modaliteacutes de mise en œuvre sont les suivantes

Le groupe srsquoappuie sur des meacutedia-tions adapteacutees (jeux dessins outils de preacutevention hellip) afin de deacutevelopper etou renforcer les compeacutetences psycho-sociales des enfants

Ce groupe fermeacute de huit enfants se deacutecline en cinq seacuteances de deux heures trente lors de chaque peacuteriode de vacances scolaires

Au cours de chaque seacuteance deux compeacutetences psychosociales sont tra-vailleacutees Ensuite un goucircter est preacute-pareacute par les enfants afin de proposer un temps drsquoeacutechange et de partage entre enfants parents et profession-nel de lrsquoANPAA du Cher

Une eacutevaluation est produite agrave la fin de chaque seacuteance afin drsquoappreacutecier la satisfaction des participants de leurs parents et lrsquoatteinte des objectifs

OUTILS POUR SrsquoINFORMER ORIENTER ET SrsquoORIENTER

Outils agrave destination de lrsquoentourageLes personnes de lrsquoentourage de per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peuvent disposer de pre-miegraveres reacuteponses agrave leurs interrogations de maniegravere anonyme gracircces aux lignes teacuteleacutephoniques du groupement drsquointeacuterecirct public Addictions Drogues Alcool Info Service (ADALIS)

Alcool info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 0 980 980 930 et en ligne httpalcool-info-servicefrAvec une rubrique deacutedieacutee laquo lrsquoalcool et vos proches raquo proposant plusieurs conseils

Lalcool dans la famille Comment savoir si un proche a un problegraveme Mon conjoint boit comment en parler agrave mes enfants Mon ado organise une soireacuteehellip

Aider ecirctre aideacute Comment aider un proche Il a recommenceacute agrave boirehellip Comment me faire aider

Drogue info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel gratuit depuis un poste fixe 0800 23 13 13 et en ligne httpwwwdrogues-info-servicefr

Joueurs info service de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 09 74 75 13 13 Et en ligne httpwwwjoueurs-info-ser-vicefr

Un ensemble de services sont proposeacutes Des conseils en ligne Par laquo chat raquo en ligne sur le site web

deacutedieacute Une eacutecoute et des conseils personna-

liseacutes par teacuteleacutephone En adressant ses questions par formu-

laire sur le web rubrique laquo vos ques-tions nos reacuteponses raquo

Les adresses utiles en preacutevention (conseil consultation documentaire in-tervention de preacutevention) en soins (meacutedico-social sanitaire ambulatoire ou reacutesidentiel) professionnels (formation coordination des soins) Outils agrave destination des professionnels

Travailler en preacutevention pour et avec lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peut prendre de multiples formes et concer-ner de nombreux thegravemes sous-jacents La formation et le conseil des eacutequipes ou des interlocuteurs non speacutecialiseacutes en addictologie notamment de premiegravere ligne susceptibles de repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addic-tives aupregraves des personnes de lrsquoentou-rage ndash (cellule familiale ou en milieu professionnel) ndash doivent ecirctre accompa-gneacutes par les professionnels de lrsquoaddicto-logie agrave travers des actions de conseil et de formation pour leur permettre de

Savoir eacutevoquer et repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addictives

Savoir orienter vers les lieux res-sources notamment en matiegravere drsquoac-compagnement les CSAPA ont aussi pour mission lrsquoaccompagnement des personnes de lrsquoentourage

GUIDE REPEgraveRES 85

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

84 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Des formations agrave envisager notam-ment sur les theacutematiques suivantes

Notions de base en addictologie Entretien de premier accueil accueil

et orientation de lrsquoentourage Questions de parentaliteacute Theacuterapie familiale avec notamment

des outils comme le geacutenogramme la transmission intergeacuteneacuterationnelle

Agrave RETENIR

Les formations proposeacutees par lrsquoANPAA sinscrivent dans les champs de la preacutevention et du conseil en addictologie

Des stages de formation en addictologie sont organiseacutes dans toute la France Pour lessentiel ces stages sont destineacutes agrave des professionnels relais dans les entreprises des services administratifs locaux des associations qui agissent aupregraves des personnes en difficulteacute

Le maillage territorial de lrsquoANPAA permet de deacutevelopper aussi un panel de formations en lien avec les besoins et les ressources des territoires et des pu-blics cible

Certaines formations abordent les questions touchant agrave lrsquoentourage agrave la preacutevention des risques agrave son accueil ou agrave ses souffrances comme la co-deacutepen-dance

Dans le cadre de la preacutevention des conduites addictives en milieu profes-sionnel le plan gouvernemental preacutevoit plusieurs actions dont la formation des professionnels de santeacute des services de santeacute au travail en service autonome ou interentreprises agrave la preacutevention des conduites addictives

3fraslthinsp1PRIMO-DEMANDE

ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

1 ACCOMPAGNER LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

UNE MISSION DES CSAPALrsquoentourage est accueilli en CSAPA au mecircme titre que les personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives et beacuteneacuteficient des mecircmes possibiliteacutes de prise en compte de leurs probleacutema-tiques speacutecifiques agrave travers une eacutecoute et un accompagnement personnaliseacuteAinsi les CSAPA laquo assurent pour les personnes ayant une consommation agrave

risque un usage nocif ou preacutesentant une deacutependance aux substances psychoac-tives ainsi que pour leur entourage laccueil linformation leacutevaluation meacutedi-cale psychologique et sociale et lorien-tation de la personne ou de son entou-rage [hellip] raquo97 De ce fait les professionnels du CSAPA peuvent intervenir aupregraves de lrsquoentou-rage dans une assez grande varieacuteteacute de situations

La personne de lrsquoentourage en diffi-culteacute avec les conduites addictives de lrsquoautre lrsquoautre eacutetant en deacutemarche drsquoac-compagnement ou de soins dans le

97 Deacutecret ndeg 2007-877 du 14 mai 2007 relatif aux mis-sions des centres de soins daccompagnement et de preacutevention en addictologie

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

1 PRIMO-DEMANDE ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

3 ORIENTATIONS PSYCHOTHEacuteRAPEUTIQUES

86 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 87

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

longue peacuteriode de difficulteacutes tues voire un pheacutenomegravene de co-deacutependance ins-talleacutee

Geacuteneacuteralement la personne de lrsquoen-tourage masque son propre besoin drsquoaide ou drsquoaccompagnement qursquoelle nrsquoest pas encore en mesure de formuler par une primo-demande de soutien pour laquo lrsquoautre raquo celui qui a un problegraveme avec ses conduites addictives

Qursquoelle que soit la position de cette personne de lrsquoentourage la deacutemarche qursquoelle accomplit doit ecirctre consideacutereacutee avec la plus grande attention car lrsquoimpli-cation des familles des proches aupregraves des usagers constitue un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sen-sibiliseacutes eacutecouteacutes peuvent soutenir lrsquousa-ger dans sa deacutemarche de reacuteduction des risques et des dommages

IDENTIFIER LES MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGELa demande drsquoaide deacutetourneacutee ou pas du conjoint ou du parent est freacutequem-ment motiveacutee par un moment de crise face agrave un eacutevegravenement laquo grave raquo ou un laquo eacutevegravenement de trop raquo lieacute aux conduites addictives comme

Le deacuteni des consommations Une reprise de consommation apregraves

une peacuteriode drsquoabstinence Des actes de violence conjugale ou

familiale (violences verbales physiques agressions sexuelles ou viol) sous lrsquoeffet drsquoun produit

La personne est souvent la seule agrave solli-citer de lrsquoaide

Elle vient consulter en exprimant tou-cher une limite par rapport agrave ce qursquoelle peut supporter de son proche

Lrsquoexigence de lrsquoarrecirct de la consomma-tion du conjoint en difficulteacute avec ses conduites addictives est un signe de la souffrance du proche et de son eacuteven-tuelle co-deacutependance Crsquoest une forme drsquoappel au secours

Le proche non-deacutependant lorsqursquoil srsquoagit du conjoint veut faire laquo repartir le couple comme avant raquo Cette deacutemarche deacutesigne le partenaire en difficulteacute avec ses conduites addictives comme unique responsable du malaise conjugal et comme laquo malade raquo agrave soigner pour reacuteta-blir lrsquoeacutequilibre du couple

La demande peut aussi porter sur Une aide pour mieux geacuterer les pro-blegravemes lieacutes aux conduites addictives de leur partenaire

Une demande drsquoaccompagnement de leur conjoint afin de leur laquo faire arrecircter raquo les consommations (les problegravemes)

Peu de personnes de lrsquoentourage expriment un besoin drsquoaide pour elles-mecircmes Il srsquoagit tregraves souvent de lrsquoautre et non de soi

Cette demande drsquoaide implique for-ceacutement que les parties srsquointerrogent et se positionnent sur la place que chacun est precirct agrave faire agrave lrsquoautre agrave travers des attentes exprimeacutees vis-agrave-vis de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives mais surtout par rapport au veacutecu du couple et agrave sa faccedilon de se pro-jeter agrave travers un avenir commun

mecircme eacutetablissement ou pas Lrsquoaccompa-gnement est centreacute sur la personne de lrsquoentourage et ses difficulteacutes

Les personnes deacutesireuses de soute-nir leur proche addict dans sa deacutemarche de changement

Les personnes de lrsquoentourage invi-teacutees par un professionnel en accord avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictivesCes personnes de lrsquoentourage peuvent ecirctre reccedilues individuellement ou avec leur proche ou en groupe agrave viseacutee infor-mative ou theacuterapeutique selon ce qui est proposeacute par lrsquoeacutetablissement

Selon les attentes de la personne en premiegravere consultation il sera question drsquoassurer

Une eacutecoute et une eacutevaluation de la demande

Un soutien en tant que personne en souffrance sous lrsquoeffet drsquoune co-deacutepen-dance conscientiseacutee ou pas

Une information pour mieux com-prendre les probleacutematiques addictives et celles de la personne proche en par-ticulier produits contextes de consom-mation effets rechercheacutes risques et dommages meacutecanismes psychiques lieacutes aux addictions dispositifs et modaliteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Des conseils pour pouvoir laquo aider raquo et rester aux cocircteacutes de la personne addict en eacutevitant les situations de reacuteclamations controcircle ou de protection parfois contre-productives et psychiquement usantes

Accompagnement conjoint avec la personne addicte voire agrave plusieurs en famille par exemple sous reacuteserve drsquoad-heacutesion des parties

UNE COMMUNICATION INDISPENSABLE Agrave LrsquoEFFICACITEacute DE LA MISSION DE PREacuteVENTIONIl est absolument neacutecessaire que tous les supports de communication sur les mis-sions et le public accueilli en CSAPA speacutecifient bien que lrsquoentourage de toute personne en difficulteacute avec ses conduites addictives peut ecirctre accueilli et accom-pagneacute

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non ins-crite dans une deacutemarche drsquoaccompagne-ment et de soins dans cet eacutetablissement ou ailleurs par le passeacute ou actuelle-ment

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non in-formeacutee que son proche consulte en CSAPA en tant que laquo personne de lrsquoentourage raquoCette information doit ecirctre largement relayeacutee par le reacuteseau drsquoacteurs interve-nant sur le public et le secteur geacuteogra-phique du CSAPA

2 PRIMO-DEMANDE ET MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGE

PRIMO-DEMANDE DE LrsquoENTOURAGE

Lrsquoentourage drsquoune personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives doit ecirctre reccedilu comme tout usager accueilli en structure drsquoaccueil drsquoaccompagne-ment et de soins

La personne de lrsquoentourage (conjoint famille collegraveguehellip) qui franchit la porte drsquoun eacutetablissement drsquoaccompagnement en addictologie reacutevegravele par fois une

GUIDE REPEgraveRES 89

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

88 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

dez-vous avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives sans infor-mation preacutealable Il srsquoagit en geacuteneacuteral pour la personne de lrsquoentourage

De srsquoassurer que lrsquoaccompagnement se poursuit Drsquoapporter des informations com-pleacutementaires parfois agrave lrsquoinsu du tiers concerneacute Drsquoexprimer ses difficulteacutes voire son deacutecouragement face agrave une situation

qui nrsquoeacutevolue pas comme cela est attendu lrsquoentourage se montre parfois laquo impatient raquo et si le laquo pa-tient raquo laquo ne bouge pas raquo la pression se verra renforcer sur lrsquoeacutequipe drsquoac-compagnement et de soins

Ces deacutemarches de lrsquoentourage intro-duisent une dimension familiale que la situation de la personne concerneacutee srsquoameacuteliore se deacuteteacuteriore ou que drsquoautres problegravemes se posent

ZOOM

Double suivi au sein du mecircme eacutetablissement

Repeacuterer le double suiviLe possible double suivi drsquoun usager et de son entourage (une ou plusieurs personnes) neacutecessite danalyser lrsquoob-jet de la demande et son origine car

Un accompagnement etou des soins en addictologie ne peuvent avoir lieu que si lrsquousager le demande

Mais lorsque cest lentourage qui demande alors les eacuteleacutements de la demande peuvent ecirctre disperseacutes entre plusieurs protagonistes

Pratique repeacuterer le symptocircme la souffrance et la formulation de la demande

Symptocircme qui pose le plus de problegravemes actuellement

Souffrance qui souffre le plus de la situation

Formulation de la demande qui se montre le plus preacuteoccupeacute

Position de lrsquoentourage dans lrsquoeacuteclatement de la demande Lrsquoeacutequipe drsquoaccompagnement et de soins se retrouve alors devant plu-sieurs possibiliteacutes drsquoeacuteclatement de la demande

Les trois eacuteleacutements peuvent ecirctre porteacutes par la mecircme personne elle preacutesente un symptocircme en souffre et est en demande Lentourage nest alors pas en demande

Une personne preacutesente un symp-tocircme mais nrsquoen souffre pas et ne demande rien crsquoest lentourage qui souffre et qui demande de lrsquoaide

Une troisiegraveme possibiliteacute est une personne qui preacutesente un symptocircme et la souffrance mais crsquoest une autre qui demande Cest le cas de lentou-rage qui vient seul au CSAPA

Enfin la situation peut eacutechapper aux reacuteseaux de soin parce que les personnes preacutesentent un problegraveme sans pouvoir lrsquoaborder ou une souf-france sans pouvoir lrsquoidentif ier ni lrsquoexprimer

ILLUSTRATION

Paroles de conjointe

Les services drsquoeacutecoute speacutecialiseacutee ou les premiegraveres consultations en eacutetablis-sement speacutecialiseacute en addictologie re-ccediloivent des personnes venues parler de lrsquolaquo autre raquo elles ne disent pas laquo je raquo mais laquo il raquo ou laquo elle raquo crsquoest-agrave-dire lrsquolaquo autre raquo deacutesigneacute comme la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives raquo laquo malade raquo Il srsquoagit de leur compagnon eacutepouse fils pegraverehellip

Les mots sont laquo Il ne srsquoen rend pas compte raquo laquo Il ne vous dit pas tout moi je vais vous le dire raquohellip

Les craintes sont exprimeacutees laquo Ne lui dites pas que je vous ai appeleacute que je vous ai vu raquohellip

Ces personnes qui srsquoadressent aux services speacutecialiseacutes agrave travers ce qursquoelles disent des diff iculteacutes de lrsquoautre parlent avant tout de leurs propres souffrances de leur deacutenue-ment de leur eacutepuisement de leur colegravere de leur volonteacute drsquoagir tout en ne sachant plus comment faire car souvent ces personnes tregraves impli-queacutees estiment avoir laquo tout essayeacute raquo

Les amener agrave srsquoexprimer agrave la pre-miegravere personne pour formuler leurs propres difficulteacutes est primordial

Lrsquoobjectif ne doit plus ecirctre de reacute-pondre agrave laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour lui raquo mais agrave la question qui les amegravene en tant qursquoindividu qui souffre laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour moi raquo pour aller mieux

TYPOLOGIE DE SITUATIONS METTANT EN JEU LrsquoENTOURAGE Les motivations de lrsquoentourage qui se rend au sein drsquoun eacutetablissement drsquoac-compagnement en addictologie sont varieacutees informative de soutien drsquoordre psychotheacuterapique de groupe ou familial et se manifestent sur des modes diffeacute-rencieacutes qui doivent interroger les eacutequipes

La personne de lrsquoentourage vient seule

Pour trouver des informations rela-tives aux modaliteacutes drsquoaccompagne-ment et de soins possibles et sur les dimensions de la probleacutematique addictive pour mieux comprendre la situation et mieux soutenir lrsquoautre Pour exprimer sa souffrance et son eacutepuisement face agrave la situation

Absence de lrsquoentourage alors il nrsquoy a pas ou peu de liens entre les per-sonnes et les soignants Il convient drsquoin-terroger la personne accompagneacutee pour ses probleacutematiques addictives sur cette absence Dans le respect du souhait des parties il convient de proposer degraves le deacutebut de lrsquoaccompagnement de recevoir lrsquoentou-rage seul ou ensemble afin de sortir du centrage sur la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et aborder la situation dans son ensemble pour eacutela-borer un diagnostic global (individu fa-milial socialhellip) Srsquoappuyer sur toutes ces dimensions pour travailler sur lrsquoeacutechelle motivationnelle

Preacutesence inattendue de lrsquoentourage lrsquoentourage peut intervenir dans le cours de lrsquoaccompagnement par des appels teacuteleacutephoniques par une preacutesence en ren-

90 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 91

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Garde des enfants pendant la consultation du ou des parents

ContexteOutre les cas speacutecifiques drsquoaccompa-gnements qui leurs sont deacutedieacutes avec ou sans leurs parents les enfants sont sus-ceptibles drsquoecirctre preacutesents au sein des eacutetablissements ambulatoires en addic-tologie dans deux types de situations

Parmi les consultants certains ne disposent pas de modaliteacute de garde de leurs enfants durant leur consulta-tion ou un groupe agrave viseacutee theacuterapeu-tique Il srsquoagit majoritairement de femmes avec des enfants en bas acircges non scolariseacutes

Les enfants et les parents sont reccedilus pour un entretien familial mais au cours de la consultation il est pertinent pour les intervenants de permettre agrave un enfant de quitter le bureau

Un consensus peut ecirctre formuleacute sur les points suivants

Tout doit ecirctre mis en œuvre pour faciliter les conditions drsquoaccueil et drsquoaccompagnement des parents nrsquoayant pas de solution de garde pour leurs enfants

Hors entretien familial il est parfois difficile drsquoaccepter la preacutesence drsquoen-fants durant les consultations et groupes agrave viseacutee theacuterapeutique afin de favoriser la liberteacute drsquoexpression du consultant-parent comme du profes-

sionnel ou des tiers preacutesents drsquoune part et dans le respect de ce que doit pou-voir entendre un enfant drsquoautre part

Le professionnel doit srsquoautoriser agrave diffeacuterer un rendez-vous srsquoil considegravere que les conditions drsquoaccueil ne sont pas propices pour le consultant lrsquoen-fant le professionnel

Lrsquoeacutetablissement doit ecirctre en capa-citeacute de proposer des modaliteacutes de garde pour les enfants par exemple par accord de lrsquoeacutetablissement avec une halte-garderie municipale un ser-vice agrave domicile (avec enveloppe bud-geacutetaire deacutedieacutee) professionnel (ou service civique) deacutedieacute agrave une perma-nence drsquoaccueil sans rendez-vous

Ne pas accueillir et assurer la garde des enfants pendant leur temps de consultation crsquoest signifier que la consultation est un temps pour les usagers eux-mecircmes pour prendre soin drsquoeux

Trouver un mode de garde pendant ce court temps crsquoest aussi une forme drsquoengagement dans lrsquoaccompagnement en addictologie du consultant

Organisation de la gardeCette question se preacutesente reacuteguliegravere-ment et doit ecirctre organiseacutee dans le cadre du projet drsquoeacutetablissement et non improviseacutee afin de proposer des conditions seacutecurisantes pour les enfants le consultant comme pour lrsquoeacutequipe Cette question peut ecirctre soumise pour avis aux usagers dans le cadre drsquoinstances de consultationLorsque les enfants sont scolariseacutes les

Ainsi en fonction des besoins expri-meacutes par les parties lentourage pour-ra ecirctre reccedilu lors dentretiens com-muns (theacuterapie familiale ou autre) seacutepareacutement ou seulLe suivi drsquoun usager seacutepareacutement de celui du membre de son entourage ne pourra ecirctre assureacute par le mecircme pro-fessionnel pour une neutraliteacute et in-tervention psychotheacuterapeutique

La position du theacuterapeute dans la gestion du double accompagnement Une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et un membre de lrsquoentourage peuvent souhaiter ecirctre accompagneacutes dans le mecircme eacutetablisse-ment seacutepareacutement Se posent alors plusieurs questions pour lesquelles chaque eacutetablissement doit se fixer des regravegles formaliseacutees dans son projet et clairement eacutenonceacutees aux usagers

Lrsquoun peut souhaiter consulter sans savoir que lrsquoautre y consulte deacutejagrave ou sans que lrsquoautre en soit informeacute aucune information non-personnelle nrsquoa agrave ecirctre porteacutee agrave la connaissance des parties ne fut-ce qursquoinformer mecircme du suivi dans le respect des regravegles de secret professionnel

Deux personnes peuvent consul-ter au sein du mecircme eacutetablissement et ecirctre en conflit majeur par exemple dans le cadre drsquoune seacuteparation ins-tance de divorce conflit sur la garde drsquoenfantshellip Dans cette situation comme dans les preacuteceacutedentes lrsquoeacuteta-blissement doit srsquoefforcer que les deux personnes ne se croisent pas sans toutefois pouvoir le garantir de la mecircme faccedilon que deux individus peuvent toujours se croiser quelque part sans le vouloir Lrsquoeacutetablissement doit rappeler le regraveglement de fonc-tionnement et le respect des per-sonnes Agrave noter qursquoen cas de mesure drsquoeacuteloignement prononceacutee par le juge crsquoest agrave la personne sous cette mesure de prendre ses dispositions et non agrave lrsquoeacutetablissement de garantir les condi-tions de cet eacuteloignement

Deux personnes peuvent souhai-ter consulter une mecircme cateacutegorie de professionnel sans choix du profes-sionnel parce qursquoil nrsquoy en aurait qursquoun au sein de lrsquoeacutetablissement (par exemple meacutedecin psychologue) Si le professionnel ne souhaite pas assurer cet accompagnement pour des ques-tions de positionnement theacuterapeu-tique une orientation doit systeacutemati-quement ecirctre proposeacutee dans un service ou eacutetablissement eacutequivalent le plus proche possible

92 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 93

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

3 LES CONSULTATIONS JEUNES CONSOMMATEURS (CJC) LIEUX-RESSOURCES POUR LA FAMILLE

Les CJC sont une des missions faculta-tives des centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) Au demeurant avec ou sans CJC les CSAPA reccediloivent toutes les per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives quel que soit leur acircge

Public des CJCLes consultations sont destineacutees en prioriteacute aux jeunes consommateurs98 y compris les mineurs qui ressentent des difficulteacutes en lien avec leur consomma-tion de substances psychoactives Les usagers peuvent se preacutesenter seuls spontaneacutement ou adresseacutes par un tiers famille professionnel de santeacute milieu scolaire justice parce qursquoils preacutesentent des diff iculteacutes attribueacutees agrave un usage simple agrave risque ou nocif de substances psychoactives

Probleacutematiques addictives abordeacuteesLes substances psychoactives y compris lrsquoalcool et les addictions comportemen-tales comme le jeu internet etc

Objectifs Agir degraves les premiers stades de la

consommation les CJC disposent de compeacutetences et de savoir-faire afin drsquoen-trer en relation avec le jeune et eacuteventuel-

98 Annexe 4 de la circulaire du 28 feacutevrier 2008 relative aux missions des CSAPA

lement son entourage pour reacutetablir une communication beacuteneacutefique pour lrsquoeacutecoute et la prise de conscience des risques mais aussi pour envisager des probleacutematiques sous-jacentes du jeune

Accueillir lrsquoentourage lrsquoentourage seul souvent agrave lrsquoorigine drsquoune deacutemarche drsquoinformations trouve aupregraves des pro-fessionnels de la consultation une eacutecoute et un soutien dans les difficulteacutes ressenties vis-agrave-vis des consommations ou comportements addictifs de leurs proches

Reacutepondre aux interrogations et preacute-occupations de lrsquoentourage en matiegravere drsquoaddiction informations sur les subs-tances et conduites sans produit leurs effets et leurs risques sur les divers types de recours possibles pour le dia-gnostic et la prise en charge

Soutenir les parents dans leur rocircle eacuteducatif et le dialogue avec leurs enfants sur les consommations de produits illi-cites drsquoalcool et de tabac

Recevoir de faccedilon conjointe le jeune et son entourage

Srsquoadapter aux situations parentsenfantsDans un contexte addictif agrave risque lrsquoaxe de travail essentiel des professionnels de la CJC est de renouer le dialogue entre le jeune et ses parents de laquo deacutedramati-ser raquo la situation la deacutecortiquer tout en maintenant le cadre parental Ceci est rendu possible en confortant le parent dans son rocircle de parent sans le culpabi-liser mais en travaillant sur le dialogue entre eux deux sur la perception de lrsquousage par les uns et les autres sur les risques inheacuterents

rendez-vous doivent ecirctre proposeacutes sur des horaires adapteacutes agrave ces contraintes

En pratique la situation diffegravere selon lrsquoacircge de lrsquoenfant les ressources humaines et la configuration des lo-caux de lrsquoeacutetablissement

Le nourrisson peut ecirctre reccedilu avec son parent

Si le professionnel estime que lrsquoenfant du consultant ne peut pas ecirctre preacutesent durant lrsquoentretien lrsquoeacutetablissement organise alors des modaliteacutes drsquoaccueil des enfants sous la vigilance drsquoun professionnel en proposant par exemple un espace de jeux adapteacute et seacutecuriseacute (des bloque-fenecirctres des jouets qui ne preacutesentent aucun risque drsquoingurgi-tation ou de blessurehellip) Ce temps

peut ecirctre un moyen drsquoobservation du comportement de lrsquoenfant Responsabiliteacutes il est important de

rappeler que les eacutetablissements sont responsables des conseacutequences dom-mageables de leurs actes de preacuteven-tion de diagnostic ou de soins en cas de faute Par conseacutequent ils sont te-nus de souscrire une assurance desti-neacutee agrave les garantir pour leur responsa-biliteacute civile susceptible decirctre engageacutee en raison de dommages subis par des tiers et reacutesultant datteintes agrave la per-sonne survenant dans le cadre de cette activiteacute de preacutevention de dia-gnostic ou de soins Cela concerne bien sucircr avec acuiteacute le mode de gardesurveillance organiseacute pour lrsquoenfant du consultant

Agrave RETENIR

Le professionnel en addictologie vers lequel un membre de lrsquoentourage srsquoadresse doit proposer une eacutecoute bienveillante un soutien et des informations Il srsquoagit

Drsquoaider cette personne agrave identifier ses ressources et ses freins ses difficulteacutes directement et indirectement lieacutees aux probleacutematiques addictives de lrsquoautre

De ne pas consideacuterer lrsquoentourage qursquoagrave travers le prisme de ses difficulteacutes mais de srsquoappuyer aussi sur ses ressources ses expeacuteriences comme allieacute du systegraveme theacuterapeutique

Drsquoaffirmer et reacuteaffirmer que chacun souffre agrave sa maniegravere et a besoin drsquoecirctre entendu compris et aideacute et que la recherche de solution de mieux ecirctre devra srsquoappuyer sur les ressources et expeacuteriences de toutes les parties prenantes

94 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 95

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

rents pour nouer ou renouer le dialogue sur les conduites addic-tives

Les CJC un outil laquo phare de la preacutevention raquo La campagne nationale de communica-tion de 2015 a su toucher justeLes CJC ont beacuteneacuteficieacute drsquoune diversifica-tion des modes drsquoentreacutee101 avec une plus grande visibiliteacute des familles En ef-fet dans lrsquoenquecircte de 2015 on constate la plus grande repreacutesentation des fa-milles dans le dispositif Notamment les constats suivants eacutemergent

Les orientations par la famille pro-gressent de 15 en 2014 agrave 20 en 2015 cette hausse se retrouvant agrave tous les acircges Celles-ci se placent deacutesormais au deuxiegraveme rang des sources de recrute-ment des consultants derriegravere les orientations judiciaires qui restent preacute-dominantes

La preacutesence de la famille en tant qursquoaccompagnateur est eacutegalement plus importante durant les consultations La proportion de consommateurs venus avec leur entourage familial passe de 22 agrave 34 en un an La par t des proches venus sans lrsquousager avoisine toujours les 7 et les consultations laquo venus seuls raquo restent majoritaires

Les consommateurs dirigeacutes par leur famille en CJC sont plus jeunes que les autres et davantage consommateurs de jeux videacuteo En 2015 le jeu videacuteo repreacute-sente

5 des motifs de recours parmi les

101 Caroline PROTAIS et al laquo Evolution du public des CJC (2014-2015) raquo Tendances ndeg 107 2016 4 p

jeunes consultants venus seuls 14 des consultations mettant en preacutesence les jeunes et leur entou-rage

15 des consultations de familles venues seules

Cette forte mobilisation des familles explique une autre eacutevolution marquante en 2015 lrsquoaugmentation de la part des mineurs Agrave lrsquoinverse les familles venues sans la personne concerneacutee se mobi-lisent principalement autour de la consommation drsquoun enfant majeur

Agrave RETENIR

Les probleacutematiques addictives des jeunes se situent tregraves souvent dans un contexte de rupture de dia-logue avec lrsquoentourage familial proche Lrsquoobjectif des CJC est donc de renouer maintenir ou renforcer ses liens avec son entourage

Les CJC doivent travailler en reacute-seau avec toutes les structures en reacutesonnance avec les multiples cercles drsquoentourages des jeunes lieu de consultations meacutedico-so-ciales eacutetablissements scolaires mai-sons des jeunes lieux de vie cultu-rels et sportifs etc

Les CJC doivent communiquer sur leur territoire de rayonnement aupregraves des structures recevant un public jeune et aupregraves des per-sonnes de leur entourage agrave com-mencer par les parents

Dialogue distendu voire peu preacutesent entre le jeune et son parent le parent se sent deacutemuni face agrave son jeune qursquoil juge en difficulteacute De son cocircteacute le jeune se sent incompris impuissant et va ex-primer son mal-ecirctre par diffeacuterentes expeacuterimentations qui lrsquoauront conduit agrave la CJC

Cas du refus ou impossibiliteacute du jeune drsquoecirctre accompagneacute par un membre de sa famille dans ce cas lrsquoen-tourage se compose drsquoun professionnel de santeacute scolairehellip ou drsquoun ami qui de-vra jouer un rocircle de personne morale de reacutefeacuterence et viendra en soutien du travail fait avec les professionnels de la CJC

Cas du refus du jeune de se rendre en CJC le parent a la possibiliteacute de prendre rendez-vous dans le cadre de la CJC avec un professionnel La CJC est un lieu ressources qui dispose des ren-seignements utiles agrave la gestion de la si-tuation et permet drsquoecirctre accompagneacute dans ses difficulteacutes face aux conduites addictives de son jeune Dans ce cas-lagrave le travail se fera avec le parent preacutesent permettant ainsi de lui donner les moyens de laquo faire face raquo de trouver les leviers qui lui permettront de renouer le lien avec son jeune de trouver les mots pour nouer voire maintenir un dialogue Des outils simples comme les sms par exemple moyen de communication privileacutegieacute des jeunes permettent de recreacuteer peu agrave peu du lien Ce premier travail avec le parent peut ainsi permettre agrave celui-ci de se reacuteassurer dans son rocircle de parent Par la suite il pourra venir avec le jeune pour entamer agrave son tour un travail dans les CJC

Les CJC un dispositif de proxi-miteacute confidentiel et gratuit agrave va-loriser

En proportion les jeunes repreacute-sentent une faible part des publics reccedilus en consultations en CSAPA en particu-lier dans le cadre de CJC pour de lrsquoac-compagnement et des soins indivi-duels99

Par conseacutequent les CJC des CSAPA doivent travailler en partenariat avec les structures accueillant les jeunes (eacutetablis-sements scolaires100 culturels sportifs drsquoaccompagnement social judiciaireshellip) pour permettre aux professionnels qui y travaillent de savoir aborder la ques-tion des conduites addictives les repeacute-rer et orienter leur public en difficulteacute

Les CJC ont fait lrsquoobjet drsquoune cam-pagne de communication en 2015 ini-tieacutee par la MILDECA le Ministegravere de la Santeacute et lrsquoINPES Cette campagne de communication multi-supports sur le thegraveme laquo Alcool cannabis cocaiumlne ecs-tasy jeux videacuteo tabachellip Il existe un endroit pour en parler et faire le point raquo soulignait clairement

Les distorsions de perceptions des risques et des dommages selon que lrsquoon est parent ou jeune Lrsquoobjectif des CJC comme lieu-res-sources pour en parler pour les jeunes eux-mecircmes pour les pa-

99 15 de moins de 30 ans en 2014 18 e moins de de 25 ans Cf Christophe PALLE laquo Les personnes ac-cueillies dans les CSAPA raquo Tendances ndeg 110 2016 4 p

100 Guide de preacutesentation des CJC avanceacutees Un inteacute-recirct agrave travailler ensemble ndash Etablissements scolaires lyceacutees geacuteneacuteraux et professionnels centres de formation pour apprentis Deacutepliant eacutelaboreacute dans le cadre de la Coordination des CSAPA assureacutee par lrsquoANPAA ndash Avec le soutien financier de lrsquoARS anneacutee 2016-2017

96 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 97

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ANPAA de Caen lrsquoexpeacuterience montre notamment

La neacutecessiteacute drsquoouvrir des espaces dif-feacuterents en fonction des tranches drsquoacircges les modes drsquoexpressions des enfants et des adolescents eacutetant diffeacuterents

La neacutecessiteacute de soutien des enfants pour construire des reacuteponses adapteacutees agrave des contextes dans lesquels ils se sentent pieacutegeacutes

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination de lrsquoentourage adulteexpeacuterience du cSapa anpaa danS le rhocircne agrave villeurbanne

ORGANISATION

Il srsquoagit drsquoun groupe reacuteuni une fois par mois en soireacutee destineacute agrave lrsquoentourage et permettant drsquoamorcer des consultations individuelles ou des entretiens familiaux 10 agrave 12 personnes constituent en moyenne le groupe (les seacuteances sont mensuelles et les appels quotidiens ren-forcent le nombre de participants) Une psychologue et une intervenante sociale animent la seacuteance pendant que la secreacutetaire assure un accueil perma-nent pour eacuteviter une deacuteperdition

PUBLIC Groupe ouvert agrave toute personne

de lrsquoentourage mecircme si lrsquousager en difficulteacute avec ses pratiques addictives nest pas suivi au CSAPA

Les participants viennent plutocirct en icirclots familiaux par deux ou trois parfois

seuls Les femmes srsquoemparent geacuteneacutera-lement plus de ce dispositif que les hommes repreacutesentant en moyenne 90 des membres du groupe

Toutes les probleacutematiques addic-tives sont discuteacutees avec ou sans pro-duit et toutes les personnes de lrsquoen-tourage sont convieacutees conjointes parents enfants amishellip

Afin deacutevaluer la demande et les eacuteventuelles contre-indications est preacutevu un premier entretien teacuteleacutepho-nique avec une grille drsquoentretien se-mi-directive standardiseacutee eacutelaboreacutee par les intervenants

Cet entretien preacutepare agrave la question du groupe comment lrsquoentourage va pouvoir ecirctre eacutecouteacute Quelle bienveil-lance va-t- i l trouver dans ces eacutechanges

Si lentourage souhaite un suivi in-dividuel en parallegravele ou suite au groupe il est possible de lrsquoorienter vers un premier entretien Les deux accompagnements peuvent se com-pleacuteter Sont inclues aussi les personnes de lrsquoentourage deacutejagrave suivies au centre en individuel et demandeurs Ils sont alors orienteacutes par les intervenants

3fraslthinsp2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE

EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

LES GROUPES Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE102

PrincipesDans le cadre de son parcours de soin au sein de lrsquoeacutetablissement (CSAPA) la per-sonne de lrsquoentourage pourra ecirctre orien-teacutee vers un groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Le groupe agrave viseacutee theacuterapeutique srsquoinscrit agrave la fois dans le projet individualiseacute drsquoac-compagnement et de soins du consul-tant et dans le projet deacutetablissementLe groupe agrave viseacutee theacuterapeutique a pour objectif drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie et lrsquoautonomie des usagers personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives comme personnes de lrsquoentourageCette modaliteacute theacuterapeutique est com-pleacutementaire de lrsquoaccompagnement indi-viduel et repose sur les interactions entre les membres du groupe avec un accompagnement professionnel

Objectifs des groupes agrave viseacutee theacute-rapeutique Objectifs geacuteneacuteraux La capacitation (ou empowerment)

de lrsquoindividu est lrsquoapport principal re-chercheacute pour lrsquousager dans le cadre drsquoun groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Les objectifs geacuteneacuteraux sous-tendus par la deacutemarche en groupe theacuterapeutique sont

102 Les groupes agrave viseacutee theacuterapeutique Addictologie ambulatoire ANPAA 2015 31 p (Guide Repegraveres)

Ameacuteliorer deacutevelopper instaurer ou restaurer

Lrsquoeacutemancipation lrsquoautonomie de lrsquousager Ses capaciteacutes relationnelles phy-siques creacuteatives Son image corporelle et son estime de soi

Reacute-entraicircner et reacuteadapter ses habile-teacutes et accroicirctre ses compeacutetences psy-chosociales

Favoriser la motivation au change-ment

Accroicirctre la compeacutetence drsquoacqueacuterir des reacuteflexes de santeacute positifs

Objectifs speacutecifiques Le deacuteveloppement des compeacutetences

psychosociales Lrsquoaide agrave lrsquoeacutelaboration psychique et agrave

lrsquoameacutelioration des capaciteacutes cognitives La reacuteappropriation corporelle et

sensorielle Lrsquoameacutelioration de la connaissance

des conduites addictives et des moda-liteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Enfants et groupes agrave viseacutee theacutera-peutiqueLes enfants peuvent ecirctre soutenus par de nouveaux contextes drsquoexpeacuteriences favorisant la laquo re raquo connexion agrave leurs besoins et une confiance nouvelle dans leurs capaciteacutes agrave laquo ressentir raquo au travers de groupes agrave viseacutee theacuterapeutique varieacutes

Plusieurs eacutequipes drsquoaccompagnement et de soins ont en ce sens deacuteveloppeacute des groupes drsquoexpression pour enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictives Agrave lrsquoexemple du CSAPA

98 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 99

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Ainsi chacun des protagonistes eacutetablit une confiance et un regard serein sur ce qui va se passer par la suite dans le soin Cela permet aux professionnels de percevoir ce qui se passe agrave la mai-son et eacutegalement de pouvoir donner agrave lentourage des informations qui permettent rapidement dapaiser cer-

tains conflits familiaux En proposant agrave lentourage de ne pas surencheacuterir dans le conflit quand les personnes sont aux prises avec les produits cela permet si la famille y arrive de calmer des tensions voire de diminuer la vio-lence verbale et physique de faccedilon conseacutequente

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination des enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesexpeacuterience du cSapa anpaa danS le calvadoS agrave caen

PUBLIC

Ce groupe srsquoadresse aux jeunes de moins de 17 ans souffrant de lrsquoalcooli-sation ou de la consommation drsquoautres substances drsquoun parent

PREacuteALABLE Lrsquoaccueil est organiseacute par groupe drsquoacircge drsquoougrave la neacutecessiteacute pour les organiser de teacuteleacutephoner avant de venir au CSAPA

OBJECTIFS

Montrer aux jeunes qursquoils ne sont pas tout seuls

Chercher des solutions ensemble face aux difficulteacutes qursquoils rencontrent

Des situations quotidiennes sont envisageacutees monter dans la voiture

quand un parent est sous effet de produit situation de triangulation avec les parents la violence sous effet ou par manquehellip

Il srsquoagit drsquoun groupe drsquoexpression et drsquoeacutechanges avec des possibiliteacutes de des-siner de jouer des mises en situationhellip

ANIMATION DU GROUPE

Le groupe est animeacute par des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie au moins deux par seacuteance dans lrsquoideacuteal femme et homme

Le rocircle des animateurs est de ga-rantir le confort de chacun sans inten-tion theacuterapeutique Ils orientent les adolescents qui auraient besoin drsquoun accompagnement

Le groupe est ouvert le mercredi apregraves-midi de 13h30 agrave 15h

Il est possible drsquoadapter les ho-raires si neacutecessaire

COMMUNICATION

Lrsquoexistence du groupe est commu-niqueacutee dans tous les espaces de for-mation de sensibilisation et dans les eacutetablissements scolaires

OBJECTIFS Objectif principal soutien partage dexpeacuteriences apport dinformations travail sur les repreacutesentationsLe groupe atteste la souffrance de lentourage la repegravere la contient

Ce groupe offre des pistes de reacute-ponses aux questions suivantes

Pourquoi la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives ne re-connait pas la souffrance de lrsquoentou-rage est-ce normal

Comment y reacutepondre Comment rester dans sa famille

tout en se proteacutegeant pour avancer soi-mecircme

Comment faire avec ce que lrsquoon est jusqursquoougrave va le soutien afin de ne pas trop souffrir se respecter se pro-teacuteger srsquoaffirmer prendre soin de soi

LES PROFESSIONNELS APPORTENT

UN AUTRE REGARD QUE CELUI DU

TEacuteMOIGNAGE

Ils expliquent les positionnements de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives mise agrave distance une protection consideacuterer lrsquoautre dans sa souffrance

Ils garantissent le cadre la bienveil-lance le respect de lrsquoeacutecoute de lrsquoautre pour que chacun se positionne et soit impliqueacute ait un temps de parole ga-ranti ce qursquoil vit fait eacutecho agrave lrsquoautre lrsquoentourage peut deacuteposer sa souf-france ses difficulteacutes et voir comment les autres peuvent faire ressource pour lui

Lrsquoaccompagnement amegravene lrsquoentou-rage agrave se rendre compte que le groupe fait soutien

Cet accompagnement relaie la question du travail individuel et celle de lrsquoauto-support de la famille

Le travail des professionnels est drsquoaider lrsquoentourage agrave se positionner agrave trouver sa juste place dans sa relation agrave la personne ayant des conduites addictives (rupture ou omnipotence de lrsquoentourage effet miroir des addic-tions) en fonction du parcours de soins (la place de lrsquoentourage ne sera pas accompagneacutee de la mecircme ma-niegravere si les conduites addictives sont anciennes avec des tabous secret non-dits deacutenis)

Il ne srsquoagit pas forceacutement drsquoun accegraves agrave lrsquoautonomie mais plutocirct drsquoun posi-tionnement face agrave la personne ayant des conduites addictives qui ne doit ecirctre ni trop ni pas assez

PLACE DE LrsquoENTOURAGE DANS LE

PARCOURS DE SOIN

Quelle que soit la probleacutematique ad-dictive lentourage comme allieacute des soins est un gros changement de para-digme et de regard par rapport agrave dautres eacutepoques des soins en addic-tologieLrsquoaccent est mis sur la preacutecociteacute des rencontres sans que lalliance soit mise agrave mal et donc inviter tregraves vite lentourage agrave participer agrave plusieurs rencontres dans les premiers mois si la lecture de la situation que nous avons faite nous semble le neacutecessiter

100 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 101

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

sortir agrave sauver sa vie en lui permet-tant de vivre mieux et longtemps

Il srsquoagit de compleacuteter lrsquoaccompagne-ment et les soins apporteacutes par des profes-sionnels de lrsquoaddictologie les mouvements drsquoentraide peuvent rencontrer des per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives ou leur famille hors structure de soins et agrave des horaires plus larges

Lrsquoapport speacutecifique aux personnes de lrsquoentouragePlusieurs associations proposent des groupes drsquoauto-support ou drsquoentraide speacutecifiquement destineacutes aux personnes de lrsquoentourage de personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives mecircme si le cœur de leur action srsquoadresse avant tout aux usagers eux-mecircmesLes personnes de lrsquoentourage sont reccedilues selon leur propre convenance indivi-duellement en groupe de paroles ou parfois avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives elle-mecircmeCes groupes fonctionnent comme suit

Une organisation reacuteguliegravere et acces-sible

Un appui essentiel sur les pairs pour la compreacutehension de la co-deacutependance crsquoest-agrave-dire

La compreacutehension du processus contre-productif pour lrsquousager deacute-pendant de lrsquointervention reacutepeacuteteacutee de la personne de lrsquoentourage La compreacutehension de lrsquointeacuterecirct agrave vivre mieux se reconstruire et ainsi aider le malade dans son nou-veau parcours vers une meilleure santeacute

Lrsquoentourage preacutesentant une co-deacutepen-dance installeacutee ou pas est souvent en repli sur lui-mecircme honteux culpabiliseacute et en perte drsquoespoir La participation agrave un groupe de parole en auto-support peut lui permettre de

Se poser des questions utiles sur son comportement

Comprendre que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est en souffrance et qursquoil faudra du temps pour une ameacutelioration de la qua-liteacute de vie

Comprendre que tout ne reviendra pas laquo comme avant raquo et qursquoun nouvel eacutequilibre est agrave trouver en se reconstrui-sant chacun et ensemble

Les groupes drsquoentraide sont un appui veacuteritable sur ces points par leur qualiteacute drsquoeacutecoute drsquoidentification drsquoempathie et de confidentialiteacute Ils sont compleacutemen-taires des interventions des profession-nels la palette des acteurs de soutien doit ecirctre porteacutee agrave la connaissance des usagers des eacutetablissements sanitaires et meacutedicosociaux en addictologie et de leur entourage car laquo il faut mettre toutes les chances de son cocircteacute raquo laquo Il nrsquoy a pas de solution miracle chacun doit trouver sa propre voie raquo

Une campagne drsquoaffichage a eacuteteacute reacutealiseacutee suite aux conseils des en-fants qui nous disaient qursquoil valait mieux passer directement par eux que les adultes avaient des difficulteacutes agrave leur communiquer lrsquoinformation

INSCRIPTION

Lrsquoinscription des enfants agrave un groupe est partageacutee avec le responsable leacutegal et ce temps permet le plus souvent drsquoaborder avec le parent la neacutecessiteacute drsquoun espace de parole pour lrsquoenfant qui a agrave vivre avec la deacutependance du parent Si neacutecessaire le trajet est accompa-gneacute par un professionnel afin que ce ne soit pas un obstacle pour lrsquoenfant qui souhaite participer mais nrsquoest pas autonome

LES GROUPES DrsquoAUTO-SUPPORTLes diverses associations qui regroupent soit des usagers laquo actifs raquo soit les groupes drsquoentraide par lrsquoabstinence reacuteunies sous le terme de groupe drsquoauto-support reacute-pondent agrave une double logique celle de lrsquoideacutee de pairs et celle de la responsabilisa-tion et vise agrave agir au niveau des vulneacuterabi-liteacutes et drsquoune reconquecircte de lrsquoautonomie Ainsi ces groupes relegravevent drsquoun double modegravele

Celui du laquo care raquo drsquoune part crsquoest-agrave-dire la mise en action drsquoun principe drsquoattention de sollicitude agrave prendre soin de lrsquoautre et ce faisant de soi en visant un bien-ecirctre un mieux-ecirctre global de lrsquoindividu

Celui de lrsquoapproche par les laquo capa-biliteacutes raquo drsquoautre part crsquoest-agrave-dire lrsquoameacute-lioration des capaciteacutes drsquoun individu agrave effectuer des choix entre des combinai-sons de fonctionnements et agrave en envisa-ger les conseacutequences positives ou neacutega-tives

Lrsquoapport des groupes drsquoentraideLrsquointeacuterecirct des mouvements drsquoentraide ou groupes drsquoauto-support pour les per-sonnes de lrsquoentourage et les personnes en difficulteacute avec leurs conduites addic-tives sont les suivants

Lieu drsquointeacutegration sociale et de lutte contre lrsquoexclusion Valorisation de la personne dans lrsquoeacutecoute le non-jugement de son res-senti de son expeacuterience de la souf-france de la maladie

Lieu drsquoapprentissage drsquoune nouvelle gestion de soi au quotidien Lieu drsquoexpression du laquo care raquo103 comme technique de soin compleacute-mentaire aux systegravemes plus clas-siques de soins du laquo cure raquo

Lieu drsquoinformations varieacutees appro-fondies et fiables

Lieu de grande disponibiliteacute et de grande souplesse de fonctionnement

Rencontres privileacutegieacutees pour les eacutechanges la convivialiteacute lrsquoamitieacute

Existence drsquoune solidariteacute proximale pour eacuteviter une plus grande deacutetresse psychique

Lieu de reacuteel inteacuterecirct pour la personne et son entourage afin de lrsquoaider agrave srsquoen

103 laquo Care raquo est une expression anglo-saxonne signi-fiant bientraitance srsquooccuper de prendre soin porter attention

102 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 103

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

La CAMERUP - Coordination des Associations et Mouvements drsquoEntraide Reconnus drsquoUtiliteacute Publique106

La CAMERUP regroupe les Feacutedeacute-rations Nationales Alcool Assistance Alcool Ecoute Joie et Santeacute amp les Amis de la Santeacute ainsi que les Mouvements de la Croix Bleue amp Addictions Alcool Vie Libre

La CAMERUP nrsquoa pas vocation agrave intervenir directement aupregraves de lrsquoentourage des malades de lrsquoalcool Toutefois le but de la coordination nrsquoeacutetant pas drsquointervenir dans le fonc-tionnement des cinq entiteacutes affilieacutees celles-ci organisent lrsquoaccompagnement des proches selon leurs speacutecificiteacutes fonctionnelles

Les entiteacutes aff ilieacutees ont toutes neacuteanmoins des actions pour lrsquoentou-rage telles que des groupes de parole deacutedieacutes des suivis speacutecifiques dans le cadre de lrsquoaccompagnement et de la reacuteinsertion de la cellule familiale dans la socieacuteteacute entre autres

Certaines sessions de formations peuvent ecirctre dispenseacutees aux per-sonnes de lrsquoentourage par les forma-teurs de la coordination

Certains membres de lrsquoentourage srsquoinvestissent agrave terme dans lrsquoaccompa-gnement voir dans la sensibilisation et

106 Contribution de la CAMERUP

lrsquoinformation apregraves les formations neacutecessaires ou lrsquoanimation de certains groupes de parole Ces personnes de lrsquoentourage srsquoinvestissent eacutegalement dans lrsquoorganisation de certaines mani-festations sorties etc

La CAMERUP joue un rocircle drsquointer-face entre les associations de terrain et les organismes de tutelles ou ins-tances La coordination est ainsi lrsquoin-termeacutediaire privileacutegieacute pour faire re-monter les dysfonctionnements dans le cadre de lrsquoaccompagnement et les besoins de toutes les composantes de la famille et plus largement de lrsquoentou-rage

Lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool maladie fami-liale En effet la CAMERUP reconnait cette pathologie comme une maladie fami-liale car si un individu en est directe-ment victime crsquoest lrsquoensemble de la cellule familiale qui est en souffrance et en subit les conseacutequences directes ou indirectes Au quotidien nos ac-teurs de terrain sont confronteacutes agrave ces eacutetats de fait enfants et conjoints bat-tus enfants deacutescolariseacutes ou en diffi-culteacute nrsquoayant pas les conditions opti-males pour une vie normale drsquoenfant ou drsquoadolescent obligeacutes agrave lrsquoisolement agrave lrsquoautarcie en raison de la honte de lrsquoincompreacutehension et de lrsquoimpuissance que geacutenegravere cette maladie Crsquoest bien au-delagrave de la cellule familiale dans lrsquoentourage scolaire professionnel sportif que fait eacutecho agrave ce mal-ecirctre

ILLUSTRATION

Groupes drsquoentraide ou drsquoauto-support

AL-ANON104

Les groupes familiaux Al-Anon sont neacutes aux Etats-Unis en 1951 et existent en France depuis 1962 Le nom Al-Anon est deacuteriveacute des premiegraveres syl-labes drsquoAlcooliques Anonymes Al-Anon France a pour but drsquoaider la famille et les amis de personnes ayant un problegraveme avec lrsquoalcoolLrsquoassociation compte pregraves de 200 groupes en France Les membres Al-Anon sont des per-sonnes qui ont eacuteteacute affecteacutees par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Il srsquoagit des parents des enfants des eacutepouses des eacutepoux des compagnons ou compagnes de vie des sœurs des fregraveres drsquoautres membres de la famille des amis hellip Peu importe la situation veacutecue les per-sonnes ont un lien commun elles jugent que leur vie a eacuteteacute profondeacutement affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Leurs actions reposent sur le soutien mutuel et le partage de solutions penseacutees actions pour ameacuteliorer leur qualiteacute de vieAu cours des reacuteunions les membres Al-Anon partagent leur expeacuterience leur force et leur espoir dans le but de reacutesoudre leurs problegravemes communs Chaque groupe Al-Anon srsquoauto-reacute-

104 Pour en savoir plus httpal-anon-alateenfr

gule par une grande liber teacute drsquoap-proche aucun engagement aucune adheacutesion Les reacuteunions ne contraignent pas la parole mais la laisse libre drsquoavoir lieu ou pas guideacutee par un modeacuterateur Avec le temps et selon le souhait de chaque individu le groupe propose le parcours en douze eacutetapes issues de la meacutethode des Alcooliques Anonymes

ALATEEN est destineacute aux adolescents dont la vie a eacuteteacute affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Parfois la consommation a cesseacute ou le buveur en phase active peut ne plus vivre avec ses enfants Mecircme si lrsquoalcool a disparu ou si lrsquoalcoolique est parti ou est en reacutetablissement chez AA ils en sont encore affecteacutes

NAR-ANON105 est un programme qui s rsquoadresse aux per sonnes de lrsquoentourage drsquousagers de drogues le parent lrsquoeacutepouse lrsquoenfant le fregravere la sœur ou lrsquoami du consommateur Il offre un support et des ressources aux familles et amis des deacutependants de drogues et propose des rencontres hebdomadaires et de l rsquoeacutecoute personnelle Nar-Anon est un mouvement baseacute sur les douze eacutetapes des Narcotiques Anonymes qui aident les personnes vivant aupregraves des deacutependants agrave deacutevelopper des outils et des moyens pour vivre une vie plus saine et sereine

105 Pour en savoir plus httpsnaranonfrancewordpresscom

104 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 105

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

port agrave lrsquoautre membre du couple laquo Chacun des conjoints rejoue sur la scegravene conjugale des eacuteleacutements drsquoune piegravece qui srsquoest eacutecrite bien avant dans sa famille drsquoorigine raquo109 Ainsi crsquoest par un travail drsquoindividuation et de diffeacuterenciation neacutecessaire drsquoavec le conjoint que la personne addicte peut trouver lrsquoespace indispensable au redeacute-ploiement de sa personnaliteacute

Choix drsquoune orientation theacuterapeutique pour la familleLe choix drsquoun accompagnement familial doit se reacutealiser en ayant peseacute les eacuteleacute-ments de la double probleacutematique

Difficulteacutes de lrsquousager en demande initiale aupregraves de lrsquoeacutetablissement

Difficulteacutes identifieacutees ou deacuteceleacutees par le professionnel dans lrsquoenvironne-ment de la personne en consultation initiale (que ce soit la personne addicte ou son entourage)

Il est utile de mesurer les risques drsquoune orientation theacuterapeutique en deacutecalage avec le besoin reacuteel

Proposer un travail en famille lagrave ougrave il y a une difficulteacute individuelle le risque est drsquoalieacutener le sujet en geacuterant ses questions individuelles en famille Dans ce cas on ne soutient nullement les deacutesirs drsquoautonomie et drsquoindividuation Le sujet peut faire en sorte de deacutemotiver sa famille

Proposer des entretiens familiaux agrave quelqursquoun qui se deacutesigne comme souf-

109 D HERS Jean-Paul ROUSSEAUX Marc DERELY laquo La theacuterapie de lrsquoalcoolisme par le couple raquo in Alcoo-lisme amp toxicomanies De Boeck 1989 p 60

frant cette personne en demande drsquoaide risque de percevoir le message qursquoil nrsquoest pas laquo assez inteacuteressant raquo Il peut eacutegalement le ressentir comme une preuve que le theacuterapeute ne lui fait pas confiance et a besoin du teacutemoignage de lrsquoentourage

Proposer un travail individuel lagrave ougrave il y a une difficulteacute familiale le theacutera-peute pensera quil a respecteacute le sujet et qursquoil lui aura laisseacute lrsquoopportuniteacute drsquoex-primer ce qursquoil ressent Cependant le theacuterapeute se heurtera agrave une difficulteacute theacuterapeutique le sujet porteur du symptocircme est peu demandeur ou nrsquoen souffre pas ceci peut conduire certains theacuterapeutes agrave estimer que la non-de-mande du consultant empecircche lrsquoengage-ment drsquoun travail theacuterapeutique

DES CADRES THEacuteORIQUES DrsquoINTERVENTIONLes psychotheacuterapies abordent le symp-tocircme laquo conduite addictive raquo de faccedilon variable selon les cadres theacuteoriques drsquointervention choisis Parmi les cadres theacuteoriques drsquointervention

Approche comportementale (theacutera-pie cognitivo-comportementale) le symptocircme est lrsquoobjet du travail pour ten-ter de le faire disparaicirctre ou le diminuer

Approche systeacutemique (theacuterapie fa-miliale theacuterapie systeacutemique) la fonction du symptocircme au sein du systegraveme est rechercheacutee afin de modifier les relations au sein du systegraveme et faire disparaicirctre le symptocircme

Approche humaniste (analyse tran-sactionnelle programmation neuro-lin-guistique theacuterapies bregraveves theacuterapies psychocorporelles sophrologie hyp-

3fraslthinsp3 ORIENTATIONS PSYCHO-

THEacuteRAPEUTIQUES

MISE EN ŒUVRE DE LrsquoACCOMPAGNEMENT ET DES SOINSLes laquo proches raquo de personne en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives sont membres du laquo systegraveme avec addic-tion raquo Lorsqursquoils consultent pour une eacutecoute et un soutien apregraves avoir geacuteneacute-ralement exploreacute diverses expeacuteriences drsquoaide de leur proche ils se sentent la plupart du temps deacutemunis se retrou-vant parfois comme coupeacutes de leurs propres eacutemotions et sensations phy-siques pour trouver le ressort neacuteces-saire agrave lrsquoameacutelioration de la situationLrsquoaccompagnement et les soins de la personne de lrsquoentourage en difficulteacute prennent place comme pour lrsquousager addict quand apregraves un premier entre-tien drsquoeacutecoute drsquoeacutevaluation et drsquoorienta-tion la demande est verbaliseacutee et conscientiseacuteeDans une approche systeacutemique lrsquoana-lyse de la personne dans son contexte global doit ecirctre mise en œuvre notam-ment afin drsquoidentifier les ressources dans son environnement proche En termes de theacuterapie quelle qursquoen soit la tendance ou laquo lrsquoeacutecole raquo lrsquoenvironne-ment entier de lrsquoentourant (comme de lrsquoaddict) est agrave un moment donneacute pris en consideacuteration pour aborder la probleacute-matique de lrsquoindividu

OBJECTIF THEacuteRAPEUTIQUElaquo Travailler avec le couple et la famille crsquoest ramener la notion drsquoalteacuteriteacute et per-

mettre un travail de subjectivation de chacun agrave travers le processus de diffeacute-renciation entre les conjoints et les geacute-neacuterations Les interventions theacuterapeu-tiques centreacutees sur les attachements permettent un meilleur partage eacutemo-tionnel une plus grande diffeacuterenciation de chacun et de meilleures capaciteacutes de mentalisation raquo107

COUPLE FAMILLE ET THEacuteRAPIES ADAPTER LrsquoINTERVENTION Agrave CHAQUE SITUATION Reacuteinstauration de la relation de couple Quand le produit est laquo un tiers qui srsquoin-troduit dans le couple raquo108 la consultation va venir reacuteintroduire du tiers par le biais de la parole lagrave ougrave le produit vient remplir cette fonction entre les conjoints Le laquo non-consommateur probleacutema-tique raquo crsquoest-agrave-dire le conjoint en souf-france avec les difficulteacutes drsquoaddiction de lrsquoautre pourra alors exprimer ses reven-dications et son sentiment drsquoimpuissance devant les consommations probleacutema-tiques La consultation lui permet de se deacutecharger de ses craintes et de sa colegravere ailleurs que dans un face-agrave-face sans is-sue autrement que par la reacutepeacutetition des tentatives de controcircle et drsquoemprise La personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives pourra eacutegalement reacuteinteacutegrer une place de laquo conjoint raquo et pas uniquement de laquo malade raquo par rap-

107 Isabelle TAMIAN-KUNEGEL Le conjugal et le familial face agrave la probleacutematique alcoolique Approche centreacutee sur lentourage et lalcoolodeacutependance Chro-nique sociale 2015 174 p (Comprendre la socieacuteteacute)

108 Carmen BERNAND (dir) Deacutesirs drsquoivresse Al-cools rites et deacuterives Autrement 2000 p 51

106 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 107

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Theacuterapie familiale systeacutemique

La theacuterapie systeacutemique et la diversiteacute de ses approches permettent drsquointer-preacuteter les fonctions et le sens du symptocircme utiles pour accompagner lrsquoentourage des personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives

Les concepts de base en theacuterapie familiale systeacutemique

Systegraveme familial symptocircme et solutionDans lrsquoapproche des systegravemes (fami-liaux) se pose la question de la fonc-tion du symptocircme Si le comporte-ment addictif (symptocircme) reste un problegraveme crsquoest qursquoil peut ecirctre une solution dans le systegraveme sinon il au-rait disparu Certaines familles mettent en place des regravegles dysfonctionnelles afin de maintenir le systegraveme en homeacuteostasie Par exemple une femme qui se plaint de son eacutepoux et de ses conduites addictives aux conseacutequences difficiles agrave vivre aurait craint en mecircme temps si elle avait eacuteteacute avec un homme laquo sans problegraveme raquo que celui-ci la quitte Si elle reste avec cet homme qursquoelle deacutevalorise parfois crsquoest qursquoelle en a un beacuteneacutefice

Regravegles familiales dysfonctionnelles Jean-Franccedilois Croissant110 psycho-logue clinicien theacuterapeute familial deacutecrit quatre regravegles familiales dysfonc-tionnelles au sein de la famille

Regravegle du deacuteni minimisation par tous du problegraveme

Regravegle du silence le sujet doit ecirctre tenu cacheacute sous peine de honte ou de repreacutesailles

Regravegle de lrsquoisolement chacun doit se deacutebrouiller avec ses besoins et ses eacutemotions perte de la solidariteacute

Regravegle de la rigiditeacute fermeture du systegraveme sur lui-mecircme les regravegles doivent ecirctre rigides

Systegraveme et communicationLrsquohistoire de la penseacutee systeacutemique est indissociable de celle des theacuteories cyber-neacutetiques sciences de la communication et du controcircle par extension sciences de la signification et de la compreacutehen-sion des pheacutenomegravenes communicants

Pour Von Bertalanffy un systegraveme est laquo un ensemble de parties en interac-tion entre elles et avec leur milieu raquo

Pour De Saussure un systegraveme est laquo une totaliteacute organiseacutee fait drsquoeacuteleacute-ments solidaires ne pouvant ecirctre deacutefinis que les uns par rapport aux autres en fonction de leur place dans cette totaliteacute raquo

110 Jean-Franccedilois Croissant psychologue clinicien theacuterapeute familial formateur et superviseur en al-coologie et en theacuterapie familiale systeacutemique forma-teur en theacuterapie centreacutee sur les solutions et inspireacute par lrsquoanalyse transactionnelle directeur peacutedagogique de Peacutegase Processus Rennes et Saint-Brieuc

nose Eye-Movement Desensitization and Reprocessing - EMDR - Deacutesensibi-lisation et Retraitement par les Mouve-ments Oculaires etc) le sens du symp-tocircme pour lrsquoindividu est rechercheacute pour lrsquoaider agrave deacutevelopper de nouvelles res-sources plus efficaces

Approche inteacutegrative approche qui srsquoinspire de plusieurs approches theacutera-peutiques et le theacuterapeute utilise loutil

le plus efficace pour lrsquousager il peut uti-liser plusieurs outils en fonction des eacutetapes de lrsquoaccompagnement

Approche psychanalytique (psycha-nalyse psychotheacuterapie analytique) les origines du symptocircme pour lrsquoindividu sont rechercheacutees en preacutesupposant que ce processus va faire disparaicirctre le symptocircme

ZOOM

Carte familiale geacutenogramme et geacutenosociogrammeoutilS drsquoanalySe familiale

OrigineCrsquoest parce que lrsquoindividu nrsquoest pas vu comme le seul eacuteleacutement agrave observer que ces instruments drsquoanalyse de la structure familiale ont eacuteteacute creacuteeacutes dans les anneacutees 70 par les pionniers de la theacuterapie familiale

ObjectifDresser une image graphique plus ou moins succincte de lrsquohistoire familiale de la personne en lrsquoinscrivant dans du transgeacuteneacuterationnel non plus seule-ment horizontalement dans le preacute-sent mais verticalement agrave travers ses descendants et ascendants

PreacutesupposeacutesLrsquohistoire de la famille inf luence chaque individu transporte avec elle des valeurs des eacutemotions et des com-

portements transmis depuis des geacute-neacuterations

ApplicationsSelon lrsquoapprofondissement plus ou moins grand qui est rechercheacute ces outils permettent de scheacutematiser plu-sieurs geacuteneacuterations repeacuterer les dates cleacute (mariages naissances deacutecegraves deacutera-cinementhellip) les faits importants de lrsquohistoire de la vie de la famille (niveau drsquoeacutetudes professions seacuteparations remariages maladies probleacutematiques addictives suicide accidents deacutemeacutena-gements traumatismes incendies catastrophes deacutecegraves preacutematureacuteshellip) et les liens affectifs entre personnes

Ces outils offrent agrave la personne et au professionnel qui lrsquoaccompagne une repreacutesentation qui permet de srsquoins-crire dans une approche globale de la famille en identifiant et mesurant des liens entre des problegravemes actuels et des comportements des symptocircmes et interactions des eacuteveacutenements par-fois reacutepeacuteteacutes drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre

108 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 109

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

LE SENS DU SYMPTOcircME

Le symptocircme peut ecirctre le signe que la famille eacuteprouve des difficulteacutes agrave deacutepas-ser leacutetape actuelle de son cycle de vie ou des eacutevegravenements Il peut ecirctre lrsquoex-pression de la souffrance drsquoune famille toute entiegravere etou lrsquoexpression de souffrances passeacutees non-apaiseacutees Il peut correspondre agrave ce qui ne peut ecirctre dit dans lrsquoordinaire et servir de vecteur de parole y compris pour la famille Il peut permettre de sortir des secrets de famille de conflits de loyau-teacute de travailler sur une perception eacutemergeante moins douloureuse drsquoune reacutealiteacute ce qui peut ecirctre un des objectifs et un axe de travail theacuterapeutique importanthellip

POURQUOI COMMENT

Dans une famille srsquoopegravere souvent une confusion entre ce qui pose pro-blegraveme agrave savoir une addiction et lrsquoideacutee que lrsquoaddiction ou la personne pour-rait ecirctre le problegraveme Cette confusion ne facilite pas le changement pour la personne en probleacutematique addictive Lrsquoensemble familial ne peut srsquoentendre et lrsquoescalade symeacutetrique renforce les niveaux de mal-ecirctreEn travaillant la demande les profes-sionnels essaient de valider la souf-france de lrsquoentourage et de la per-sonne qui utilise le produit pour essayer de lrsquoapaiser Lrsquoeacutequipe profes-sionnelle souhaite ainsi faciliter le tra-vail theacuterapeutique sur les raisons de lrsquousage Lrsquoentourage et la famille ont des ressources Ils connaissent mieux que les professionnels leur histoire et leur contexte mecircme srsquoils peuvent faire partie des enjeux de lrsquousage

Les objectifs de la theacuterapie systeacutemique familiale

Tenter de rendre plus flexibles les regravegles de ce systegraveme afin que le laquo pa-tient raquo deacutesigneacute nrsquoait plus agrave jouer ce rocircle de stabilisateur sans qursquoaucun des pro-tagonistes ne se sente trop exposeacute drsquoabandonner ses croyances protec-trices forgeacutees par un veacutecu douloureux

Offrir un contexte de seacutecuriteacute af-fective qui permettra au systegraveme de vivre librement lrsquoexpeacuterience drsquoune autre modaliteacute relationnelle sans se sentir menaceacute

Aider le systegraveme agrave deacutefinir des laquo boucliers amovibles raquo plus adapteacutes et tout aussi opeacuterants que lrsquolaquo armure rigide et lourde raquo qursquoil utilise jusque-lagrave

ILLUSTRATION

Theacuterapie familiale en pratique au cSapa anpaa en vendeacutee

CONTEXTE Le CSAPA propose lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage des personnes ayant une conduite addictive Plu-sieurs types drsquoaccompagnement sont proposeacutes Lrsquoeacutetablissement considegravere que le travail de couple et de famille se pose en compleacutementariteacute de lrsquoen-tretien individuel En effet le systegraveme familial peut rendre difficiles le chemi-nement individuel et ses remanie-ments Crsquoest pourquoi lrsquoeacutequipe a voulu associer agrave lrsquoaccompagnement individuel l rsquoaccompagnement de couple et de famille Degraves 2004 une personne de lrsquoeacutequipe srsquoest formeacutee agrave la theacuterapie familiale et depuis 2015 un deuxiegraveme theacuterapeute familial a eacuteteacute re-cruteacute pour deacutevelopper la co-theacuterapie

OBJECTIFS Il ne srsquoagit pas seulement drsquoaccompa-gner les souffrances issues des addic-tions mais drsquoamener si possible le couple ou la famille agrave reacutefleacutechir au sens de ses symptocircmes Lrsquoapproche familiale peut permettre une autre deacutefinition de la situation de crise en termes interactionnels interperson-nels trans-geacuteneacuterationnels et favoriser une reacuteorganisation des processus rela-tionnels dans le reacuteseau familial Favoriser un autre regard de la famille sur le symptocircme addictif qui souvent a fait lrsquoobjet de la demande

110 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 111

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Conduites addictives et parentaliteacute crainte de la rupture des liens familiaux et impact sur lrsquoaccompagnement et les soins

Dans le contexte de parentaliteacute et de conduites addictives du patient le professionnel est souvent au centre drsquoune probleacutematique de prise de posi-tion ou du moins de reacuteflexion entre drsquoun cocircteacute la preacuteservation de la relation drsquoaccompagnement et de lrsquoautre le comportement de lrsquousager vis-agrave-vis de son conjoint ou ses enfants

Motivation aux soins pour la preacute-servation du lien avec lrsquoenfant pour certaines personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives le maintien de leurs liens parentaux que ce soit le droit de garde ou de visite de leurs enfants peut motiver lrsquoengagement dans les soins En particulier lorsque des mesures eacuteducatives relevant de la protection de lrsquoenfance sont engageacutees cet engagement dans les soins bien plus que motiveacute est parfois mecircme la condition du maintien de ces liens

Perception du risque de violences intrafamiliales hors de tout soin contraint les eacutequipes drsquoaccompagne-ment et de soins apprennent ou com-prennent parfois que des situations de violences existent la personne accompagneacutee est victime de violences ou est elle-mecircme auteure de vio-lence contre son conjoint ou ses en-fants notamment Certains professionnels ne mettront pas toujours en œuvre toutes les mesures adapteacutees de protection des personnes par fois par crainte de rompre la relation de confiance avec la personne et de perdre de vue cette personne engageacutee dans un processus de changement Or crsquoest ainsi que des situations par-fois graves ne font pas lrsquoobjet de signa-lement ou pas assez tocirct pour en reacute-duire les dommages Ces difficulteacutes ne sont pas rares et posent la question de lrsquoobjectif des soins et des conditions drsquoaccompagne-ment

ILLUSTRATION

Familles et incarceacuteration expeacuterimentation au cSapa reacutefeacuterent carceacuteral anpaa en lozegravere

Expeacuterimentation de septembre 2018 agrave juin 2019 agrave la maison drsquoarrecirct de Mende drsquoaccompagnement des fa-milles et des couples dont lrsquoun des membres est incarceacutereacute et en difficulteacute avec ses conduites addictives dans un objectif de diminution des risques de reacutecidive

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider la famillecouple agrave srsquoadapter agrave lrsquoincarceacuteration afin que celle-ci fasse eacutetape

Activer un processus drsquointeacuteriori-sation de la loi chez les famillescouples par la prise de conscience de la responsabiliteacute du condamneacute

Restaurer la communication lorsqursquoelle est conflictuelle ou sur un mode projectif (laquo crsquoest ta faute pas la miennehellip raquo)

Preacuteparer avec la famille la sortie du membre incarceacutereacute

MISE EN ŒUVRE

Les deacutetenus sont orienteacutes vers le CSAPA par le SPIP etou lrsquouniteacute sani-taire en milieu peacutenitentiaire lors de la commission pluridisciplinaire unique

Les deacutetenus sont rencontreacutes en entretien individuel Les profession-nels du CSAPA eacutevaluent la situation familiale ou de couple avec le deacutetenu communication entre les membres exercice des rocircles prise de risque capaciteacute agrave srsquoindividualiser conflit(s) frontiegraveres un besoin de laquo reacuteparer raquo sa faute etc

Si lrsquoentretien familial semble un mode drsquointervention adapteacute agrave la si-tuation le professionnel le propose au deacutetenu Srsquoil est drsquoaccord le deacutetenu informe les membres de la famille invi-teacutes agrave participer agrave lrsquoentretien

La planification et lrsquoorganisation de lrsquoentretien et lrsquoaccueil de la famille sont eacutelaboreacutes avec lrsquoadministration peacutenitentiaire

DEacuteROULEMENT

Entretiens familiaux ou de couple au sein de la maison drsquoarrecirct animeacutes par deux professionnels formeacutes agrave lrsquoapproche systeacutemique (un travailleur social et un psychologue)

Dureacutee par entretien 1h15 environ Rythme entretien tous les 15 jours

selon les contraintes peacutenitentiaires Lieu parloir de la maison drsquoarrecirct

112 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 113

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Par un continuum qui balaie les champs de la preacutevention en passant par la reacute-duction des r isques et dommages jusquaux soins et de la famille agrave len-tourage professionnel ou scolaire lou-vrage offre au lecteur une vision eacutelargie du sujetCe guide na pas vocation agrave deacutevelopper des theacuteories ou des concepts Il pro-pose agrave chaque professionnel des pistes de reacutef lexion avec des illustrations claires et documenteacutees il se veut pra-tique Chacun sera libre dapprofondir le sujet par ses lectures en sappuyant sur les reacutefeacuterences citeacutees Laction une laquo Affaire de famille raquo par sa diffusion

est un des outils de reacutefeacuterence qui pro-pose une formation des professionnels pour accompagner les familles et chaque personne agrave travers le prisme de la question intergeacuteneacuterationnelleLa question de lentourage pose sim-plement la question de lAutre celle de la place qui lui est donneacutee autant que celle quil saccorde lui-mecircme Des in-terrogations qui peuvent trouver reacute-ponse dans un jeu (laquo je raquo) toujours en eacutequilibre quand le processus daddic-tion est enclencheacute en srsquoappuyant sur les ressources de chacun pour trouver un eacutequilibre

MOT DE CONCLUSION

Ce guide a pour objectif daider chacun dans sa pratique et chaque eacutequipe de terrain agrave donner du sens agrave laccueil leacutecoute et laccompagnement qui est proposeacute agrave chaque membre de lentourage

GUIDE REPEgraveRES 115

ANNEXE

114 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

ENVIRONNEMENT FAMILIAL

NGUIMFACK L laquo Jrsquoai mal agrave ma famille raquo ou un enfant se drogue recomposition familiale et distorsion des frontiegraveres intrafamiliales Information Psychiatrique ndeg 93 310-316 (2017)

BELLON-CHAMPEL L VARESCON I Environnement familial et consommation de substances psychoactives agrave lrsquoadoles-cence facteurs de vulneacuterabiliteacute et drsquoadaptation Annales Meacutedico-Psycho-logiques ndeg 175 313-319 (2017)

CAPELIER F MINONZIO J BRODIEZ-DOLINO A Familles et vulneacuterabiliteacutes Dossier INFORMATIONS SOCIALES ndeg 188 1-121 (2015)

Addictions familles et entourage 72 p (Feacutedeacuteration Addiction 2012)

CASSEN M Dynamiques familiales et conduites addictives lrsquoexemple des toxicomanies LE JOURNAL DES PSY-CHOLOGUES ndeg 254 57-60 (2008)

MELIHAN-CHEININ P Familles et deacute-pendances eacuteleacutements de langage PSY-CHOTROPES ndeg 13 217-227 (2007)

CHATELARD C amp FACY F Alcool et familles 172 p (Editions EDK 2007)

KLEIN M Famille et deacutependance DEPENDANCES ndeg 2-3 (2004)

ROUSSAUX JP FAORO-KREIT B HERS D Lrsquoalcoolique en famille dimensions familiales des alcoolismes et implications theacuterapeutiques 312 p (De Boeck Universiteacute 2000 2e eacutedition)

PARENTALITEacute ET ADDICTIONS

Accompagnement agrave la parentaliteacute (dos-sier documentaire) Socieacuteteacute Franccedilaise de Santeacute Publique (2016) httpwwwsfspfrcontent-page111-dossiers-documentaires3097-accompa-gnement-a-la-parentalite-3097

Promouvoir la santeacute degraves la petite en-fance - Accompagner la parentaliteacute 194 p (INPES 2014)

DELAWARDE C BRIFFAULT X USU-BELLI L Aider les parents agrave ecirctre pa-rents Modegraveles et pratiques des pro-grammes lsquoevidence-basedrsquo drsquoaide agrave la parentaliteacute ANNALES MEDICO-PSY-CHOLOGIQUES ndeg 172 273-279 (2014)

ANNEXE BIBLIOGRAPHIE

116 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 117

ANNEXE

UEHLINGER C Quand lrsquoautre boit guide de survie pour les proches de personnes alcooliques 196 p (Editions Anne Carriegravere 2006)

TORDEURS D JANNE P amp KINAPPE A Qursquoest-ce que le coalcoolisme ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 303-310 (2002)

ANASTASSIOU V SCHWEITZER M amp SOKOLOW I Pour le meilleur et pour le pire pratique clinique et reacuteflexions theacuteoriques drsquoune theacuterapie de groupe de conjoints de malades alcooliques ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 53-62 (2002)

ENFANTS JEUNES

LAFAYE G Adolescence et addiction clinique et prise en charge In Traiteacute drsquoaddictologie 2e eacutedition 132-138 (La-voisier Meacutedecine 2016)

MELCHIOR M Psychopathologie et addiction des parents situation sociale et comportement de lrsquoenfant EURO-PEAN PSYCHIATRY ndeg 8 607-608 (2014)

FAORO-KREIT B Les enfants et lrsquoal-coolisme parental 290 p (Editions Eregraves 2011)

DURASTANTE R Adolescence et addictions De la crypte familiale au dispositif en tuilage Approche psycha-nalytique de la famille et du transgeacuteneacute-rationnel 279 p (De Boeck 2011)

ABDERHALDEN I amp GRAF M Entou-rage des enfants vivant dans des familles ayant un problegraveme drsquoaddiction beau-coup drsquoadultes pour quelles actions DEPENDANCES ndeg 40 15-22 (2010)

LUSSIER K amp LAVENTURE M Carac-teacuteristiques familiales associeacutees agrave lrsquoinitia-tion de psychotropes agrave lrsquoadolescence PSYCHOTROPES ndeg 3 49-70 (2009)

HAUTEFEUILLE M Grandir parmi les addictions quelle place pour lrsquoeacuteducation PSYCHOTROPES ndeg 3 5-7 (2009)

VENISSE J -L BRONNEC M amp GUILLOU M Inteacuterecirct de lrsquoapproche systeacutemique dans le soin des addictions du sujet jeune COURRIER DES AD-DICTIONS ndeg 3 77-79 (2007)

ASSAILLY J P Jeunes en danger Les familles face aux conduites agrave risques 248 p (Imago 2007)

ALLAIN-VOVARD J amp DEMARIA D Grandir dans lrsquoombre drsquoun parent alcoo-lique 112 p (Chronique Sociale 2007)

Enfants heacuteros ou boucs eacutemissaires quand les parents boiventhellip des enfants deacutelaisseacutes ADDICTIONS ndeg 9 10-15 (2005)

Comprendre la famille pour aider les adolescents en conduite addictive RE-VUE TOXIBASE ndeg 18 1-17 (2005)

MONGE J La drogue agrave la maison quand parents et enfants consomment laquo en chœur raquo PSYCHOTROPES ndeg 3-4 197-211 (2013)

MICHAUD P A AMBRESIN A E amp SURIS J C Quelle place pour les pa-rents dans la preacutevention du meacutesusage de substances DEPENDANCES ndeg 50 2-5 (2013)

Soutien agrave la parentaliteacute DEPENDANCES ndeg 50 16-30 (2013)

SALIBA-SFEIR C Parentaliteacute addiction et travail social 218 p (LrsquoHarmattan 2013)

SIMMAT-DURAND L GENEST L amp LEJEUNE C Les seacuteparations des megraveres consommatrices de substances psy-choactives de leurs enfants reacutesultats dans une cohorte reacutetrospective fran-ccedilaise PSYCHOTROPES ndeg 3 123-149 (2012)

SIMMAT-DURAND L Parentaliteacute et addiction in Addictologie clinique 169-185 (Presses Universitaires de France 2011)

GAUSSOT L LE MINOR L amp PALIERNE N Les styles eacuteducatifs parentaux et la consommation drsquoalcool des jeunes ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 205-213 (2011)

CHOQUET M Les parents face agrave la consommation de substances psychoac-tives des adolescents ACTUALITE ET DOSSIER EN SANTE PUBLIQUE ndeg 75 5-7 (2011)

MURIEL G Les pegraveres addicteacutes PSY-CHOTROPES ndeg 3-4 47-56 (2010)

MORISSETTE P amp VENNE M Parenta-liteacute alcool et drogues Un deacutefi multidisci-plinaire 272 p (CHU Sainte Justine 2009)

MORISSETTE P DEVAULT A amp BOURQUE S La paterniteacute dans un contexte de consommation maternelle abusive drsquoalcool et de drogues EN-FANCES FAMILLES GENERATIONS ndeg 11 1-24 (2009) httpideruditorgiderudit044119ar

STOCCO P Les femmes toxicomanes et la dimension familiale traitement et questions eacutethiques PSYCHOTROPES ndeg 3-4 251-265 (2007)

KAMMERER E Quand la megravere de famille consulte qursquoen penser que dire que faire COURRIER DES ADDICTIONS suppl au ndeg 1 43-48 (2005)

ANASTASSIOU V Les distorsions de la fonction parentale dans le systegraveme alcoolique ALCOOLOGIE ET ADDIC-TOLOGIE ndeg 3 191-199 (2003)

COUPLE

SIMMAT-DURAND L et al Vies de couple chez des personnes en sortie des addictions ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 1 47-56 (2016)

TAMIAN I Lrsquoaccueil et lrsquoeacutecoute du couple face agrave lrsquoalcoolo-deacutependance ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 33-41 (2013)

118 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 119

ANNEXE

SENEVIRATNE A amp DAEPPEN J B Implication de la famille dans le traite-ment de lrsquoalcoolodeacutependance ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 283-293 (2009)

MONJAUZE M amp DELROCQ C Comprendre et accompagner le patient alcoolique des entretiens individuels et familiaux au travail de groupe 208 p (In Press Editions 2008)

CASSEN M amp DELILE J-M Theacuterapies familiales et addictions nouvelles perspectives PSYCHOTROPES ndeg 3-4 229-249 (2007)

PALAZZOLO J Aidez vos proches agrave surmonter lrsquoalcoolisme 142 p (Hachette 2006)

WALLENHORST T Lrsquoaccompagnement du patient alcoolique et de ses familiers ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 231-236 (2003)

GOMEZ H Lrsquoalcoolique les proches et les soignants pour une autre pratique de lrsquoalcoologie 168 p (Editions Dunod 2003)

ALBUMS JEUNESSE

DUPIN Oamp DEMURO T Des ours dans la maison (Editions drsquoOrbestier agrave paraicirctre novembre 2018)

JUVIGNY H LABBE B amp LATYK O Papa a la maladie de lrsquoalcool 35 p (Milan Jeunesse 2008)

De SAINT MARS D amp BLOCH S Emilie nrsquoaime pas quand sa megravere boit trop 46 p (Calligram 2006)

JOSSET J amp RAPAPORT G Je ne suis pas un super heacuteros 16 p (Circonflexe 2004)

BEDOS L amp POIRIER P Tata boit 22 p (Michel Lafon Jeunesse 1998)

PREacuteVENIR SOUTENIR

BERGERON J Le rocircle des parents dans la preacutevention des conduites automobiles agrave risques des jeunes utilisateurs de can-nabis ADDICTION(S) RECHERCHES ET PRATIQUES ndeg 1 56-58 (2016)

Remettre les parents au cœur de la preacutevention RECHERCHE ET ALCOO-LOGIE ndeg 38 1-2 (2010)

ROMO L AUBRY C amp MARQUEZ S Groupe de parole pour lrsquoentourage de patients alcoolodeacutependants ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 63-66 (2009)

JEAMMET P Les parents premiers acteurs de la preacutevention LA SANTE DE LrsquoHOMME ndeg 398 25-26 (2008)

BESANCON F Drogues alcool en parler en famille 183 p (InterEditions-Dunod 2006)

GUGGENBUumlHL A Theacuterapie de groupe pour les enfants de familles toucheacutees par lrsquoalcool DEPENDANCES ndeg 23 8-10 (2004)

SEKERA E DANIS D GACHE P amp GABRIS G Aider les proches pour motiver les malades alcooliques agrave se soigner ALCOOLOGIE ET ADDICTO-LOGIE ndeg 1 47-49 (2003)

MIALON A Lrsquoaccompagnement de lrsquoentourage ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 2 194-198 (2001)

DUFOUR M-H amp NADEAU L Lrsquoeffi-caciteacute des programmes de preacutevention de la toxicomanie axeacutes sur les familles SANTE MENTALE AU QUEBEC ndeg 2 224-245 (1998) httpideruditorgiderudit032461ar

DOBKIN P L BEAUDOIN D amp BEAUDOIN J Briser le cycle inter-vention familiale pour les enfants de toxicomanes PSYCHOTROPES ndeg 3 53-67 (1997)

CROUZET C MAGGIA B BRINGUIER M BALMES J L Inteacuterecirct drsquoun accueil speacutecifique de lrsquoentourage familial du malade alcoolodeacutependant ALCOOLO-GIE ndeg 3 223-224 (1995)

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN

SHADILI G amp BOWEN J-F Un cas embleacutematique au sein drsquoune consultation jeune consommateur INFORMATION PSYCHIATRIQUE ndeg 93 125-130 (2017)

OBRADOVIC I Dix ans drsquoactiviteacute des laquo consultations jeunes consommateurs raquo TENDANCES ndeg 101 8 p (2015)

ANASTASSIOU V et al Un dispositif drsquoaccueil familial theacuterapeutique en alcoo-logie Historique et modaliteacutes AL-COOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 2 133-140 (2014)

MIERMONT J Pour une theacuterapie avec la famille COURRIER DES ADDIC-TIONS ndeg 4 10-13 (2012)

120 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 121

ANNEXE

OUTILSVideacuteos ndash Films ndash Podcast

Parentaliteacute et addictions (ANPAA 2016 1244)

Alcoolisme la souffrance des proches (Addiction Suisse 2016 829)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=sbjLU8FBn5E

Parents vers qui se tourner (Santeacute Publique France 2015 324)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=IEzufAZ_xf0amplist=PLl00syIAM v7Q l 2 s k s I q W1kYA N 8 I Tc _ 3 -Rampindex=12

Le portail franco-queacutebeacutecois Paren-taliteacute et deacutependances propose des res-sources videacuteos classeacutees par theacutematique httpwwwparentalite-dependancescomressources-accueil

Campagne drsquoinformation de preacute-vention des usages de drogues Parents laquo eacutecoutez dabord raquo (Drogues Info Service 2017 117)

httpwwwdrogues-info-servicefrAc-tualitesPrevention-des-usages-de-dro-gues-Parents-ecoutez-d-abordWs-8jx5c6_cs

Des videacuteos sur le site DROGBOX ht tp wwwdrogboxfr05-drog-a-lecran04-VIDEOS-DIVERSESpagephp

Playlists des campagnes INPES agrave visionner sur httpwwwdailymotioncomInpes

Un bateau ivre (documentaire de Kristell Menez)

httpwwwbalibaricomf ilmsun-ba-teau-ivre

Nos parents alcooliques France-Culture

httpswwwfranceculturefremissionssur-les-docks-14-15nos-parents-alcoo-liques

Sites internet

Forum de discussion pour lrsquoentourage sur

httpwwwalcool-info-servicefrL-al-cool-et-vos-proches

Parler de lrsquoalcoolisme (de son pegravere de sa megravere de son fregraverehellip)

httpwwwquandunparentboitbe

wwwparentsetaddictionch

wwwmamanboitch

httpbobyaddictionsuissech

122 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 123

NOTES

124 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

POUR EN SAVOIR PLUSanpaaassofr

Vos questions vos suggestionscontactanpaaassofr

Suivre lrsquoactualiteacute ANPAA et en addictologie

20 rue Saint-Fiacre 75002 ParisTeacutel 01 42 33 51 04

Guide reacutealiseacute avec la collaboration des membres de la commission des pratiques professionnelles de lrsquoANPAA Steacutephane Baghuelou chef de service dans lrsquoYonne Mireille Carpentier directrice reacutegionale en Basse Normandie Virginie Chauvey animatrice de preacutevention en Haute-Saocircne Annick Dessy psychologue dans la Marne Jamel Housni eacuteducateur speacutecialiseacute dans les Alpes de Haute-Provence Heacutelegravene Lapeyre assistante sociale en Gironde Thierry Larelle meacutedecin en Dordogne Marion Likiby Mbeba secreacutetaire dans le Rhocircne Marion Luxembourger psychologue en Ardegraveche Brice Mallet IDE en Pyreacuteneacutees-Atlantiques Agnegraves Merran secreacutetaire en Vendeacutee Noeacutemie Morlet animatrice de preacutevention dans lrsquoAube Laurence Roger IDE dans lrsquoOrne Marc Rondony meacutedecin coordinateur en Pyreacuteneacutees Orientales Angeacutelique Rozand meacutedecin coordinatrice dans la Drocircme et lrsquoArdegraveche Cathy Simon vice-preacutesidente de lrsquoANPAA Denis Turpin administrateur de lrsquoANPAA

Guide coordonneacute par Delphine Jarraud adjointe agrave la direction nationale des activiteacutes de lrsquoANPAA

Guide reacutealiseacute avec le soutien financier de la Direction Geacuteneacuterale de la Santeacute et de lrsquoAssurance Maladie

POUR PLUS DrsquoINFORMATIONS

Contactez lrsquoANPAA son siegravege ses directions reacutegionales ou ses eacutetablissementsToutes les coordonneacutees sur anpaaassofr

ANPAA20 rue Saint Fiacre75002 PARISTeacutel 01 42 33 51 04contactanpaaassofrGuide en ligne gratuitement sur anpaaassofr C

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Les conduites addictives ne sont pas seulement le teacutemoin de conflits intrapsychiques mais aussi une difficulteacute du lien de la relation Elles srsquoinscrivent dans une complexiteacute interrelationnelle ougrave le systegraveme familial et au sens large les relations sociales qui a deacutejagrave en geacuteneacuteral beaucoup œuvreacute ne sait pas ougrave aller chercher lrsquoinformation pertinente au changement Il srsquoagit donc en tant que professionnel du champ de lrsquoaddictologie drsquoopter pour une vision circulaire des interactions avec des formes drsquoaccompagnement et de soins incluant les entourages Il srsquoagit de prendre en compte toutes les parties prenantes des probleacutematiques addictives avec leurs fonctionnaliteacutes mais surtout leurs ressources potentielles et leur capaciteacute agrave laisser eacutemerger lrsquolaquo auto-solution raquo et leurs compeacutetences Car lrsquoimplication de lrsquoentourage aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sensibiliseacutes peuvent soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche drsquoaccompagnement

Ce guide porte sur lrsquoimportance de lrsquoentourage en preacutevention accompagnement et soins il propose des repegraveres pour les pratiques professionnelles des zooms des illustrations agrave travers des actions de terrain

Deacutecembre 2018

Page 3: Conduites addictives TRAVAILLER POUR ET AVEC LES …2/ conduites addictives, travailler pour et avec les personnes de l’entourage guide repÈres /3 sommaire considÉrer l’entourage

2 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 3

SOMMAIRE

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES P 51 Teacutemoignage laquo Une vie avec une personne addicte raquo P 5

Mot dintroduction2 Lrsquoentourage ses difficulteacutes et ses ressources P 103 Entourage et addictions la deacutependance en question P 20

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE P 251 Le risque de co-deacutependance P 272 Le risque de transmission intergeacuteneacuterationnelle P 573 Preacutevention des risques travailler pour et avec lrsquoentourage P 67

SOMMAIRE

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoENTOURAGE P 851 Primo-demande et approche de lrsquoentourage P 852 Accompagner lrsquoentourage en groupe agrave viseacutee theacuterapeutique P 963 Orientations psychotheacuterapeutiques P 104

MOT DE CONCLUSION P 113

ANNEXE P 115 Bibliographie P 115

GUIDE REPEgraveRES 54 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNE EN DIFFICULTEacute AVEC SES CONDUITES ADDICTIVES

1 TEacuteMOIGNAGE laquo UNE VIE AVEC UNE PERSONNE ADDICTE raquo

2 LrsquoENTOURAGE SES DIFFICULTEacuteS ET SES RESSOURCES

3 ENTOURAGE ET ADDICTIONS LA DEacutePENDANCE EN QUESTION

1fraslthinsp1TEacuteMOIGNAGE laquo UNE VIE

AVEC UNE PERSONNE ADDICTE raquo

laquo Tout a commenceacute comme beaucoup de jeunes une rencontre un soir de deacutecembre et nous voilagrave partis pour une grande et belle histoireLes anneacutees passent le mariage le pre-mier enfant Julie Nous avons alors 21 et 22 ans peut-ecirctre un peu jeunes Crsquoest agrave partir de lagrave que jrsquoai commenceacute agrave remarquer des choses qui nrsquoeacutetaient

pas normales la cave toujours bien garnie les bouteilles drsquoapeacutero qui baissent toutes seules un beacutebeacute qui pleure et toi qui dorshellip Qursquoest-ce que je dishellip qui ronfle Et un soir lrsquoaccident alcool responsa-biliteacutes et au boulot laquo la galegravere raquo sans permisAgrave ce moment-lagrave notre deuxiegraveme enfant est en route et pendant ma grossesse Christophe part pour sa premiegravere cure et moi laquo jrsquoy crois raquo Jrsquoeacutetais naiumlve et je voulais croire que la volonteacute suffisait mais lrsquoenfer ne fait que commencer Thomas est neacute et avec lui lrsquoespoirhellip

6 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 7

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

notre fille les psys nous enfoncent le couteau dans la plaie Qui sont fautifs les parents bien sucircr Thomas lui ne trouve plus sa place entre le beacutebeacute la maison et Julie qui va mal il commence agrave faire des laquo becirctises raquo et se retrouve agrave la gendarmerie Moi jrsquoai lrsquoimpression qursquoon ne sortira jamais de cette spirale infernale et Christophe se sentait fort mais dans la tecircte lrsquoabstinence totale et deacutefinitive nrsquoeacutetait pas concevable Il a toujours penseacute et dit qursquoapregraves dix ans sans boire drsquoalcool il pourrait recommencer agrave ecirctre laquo comme tout le monde raquo Sauf qursquoil nrsquoest pas laquo comme tout le monde raquo Et bien sucircr dix ans ont passeacute on reprend une petite biegravere puis deux Moi jrsquoobserve je preacuteviens laquo Attention tu es sur la mauvaise pente raquo et lui reacutepond laquo mais non je gegraverehellip raquoJrsquoinsiste et jrsquoinsistehellip laquo Si tu retombes dans lrsquoalcool je te quitte raquoJe lrsquoai tellement dit et reacutepeacuteteacute que quand il a eu besoin de moi il nrsquoa pas pu mrsquoen parler de peur que je parte pour de bonLrsquoengrenage est enclencheacute crsquoest la re-chute Avec elle les galegraveres financiegraveres et au boulot il nrsquoassume plus Et fait passer ccedila pour de la deacutepression qui fi-nit par devenir bien reacuteelle Julie qui allait mieux nrsquoaccepte pas la rechute de son pegravere et lui en veut Fra-giliseacutee par sa preacuteceacutedente deacutepression elle va moins bien se referme de plus en plus chez elle et devient agoraphobe Heureusement que son petit ami est lagrave pour la soutenir merci Gaeumltan

Thomas souffre aussi mais il est comme son pegravere et a du mal agrave lrsquoexpri-mer Mais quand Oceacuteane commence agrave souffrir agrave son tour Christophe lui de-mande laquo Ccedila va Oceacuteane raquo Et Oceacuteane lui a reacutepondu laquo Mais papa moi ccedila va quand toi tu vas bien raquoCes paroles-lagrave je crois qursquoelles lrsquoont atteint en plein cœur ccedila voulait dire si je bois je vais mal et ma fille va aller malCrsquoest agrave ce moment-lagrave qursquoil srsquoest deacutecideacute agrave retourner voir les amis de la santeacute laquo Dure deacutemarche raquo apregraves une rechute au bout de dix ans Mais on le sait les amis de la santeacute ne jugent pas ils sont lagrave pour aider et nous ont reacute-ouvert leurs portesDepuis Christophe srsquoinvestit et garde agrave lrsquoesprit que crsquoest facile de replonger et bientocirct nous fecircterons nos 33 ans de mariagehellip pour le meilleur le pire est derriegravere nous enfin jrsquoespegravere raquo

Nadia C1

1 Teacutemoignage recueilli par la CAMERUP ndash Coordina-tion des Associations et Mouvements drsquoEntraide Recon-nus drsquoUtiliteacute Publique

Agrave cette eacutepoque-lagrave nous avons deacutecideacute drsquoacheter une maison Apregraves plusieurs anneacutees chaotiques aussi bien au niveau de lrsquoalcool que financier les galegraveres srsquoaccumulenthellipCrsquoest lagrave que jrsquoai appreacutecieacute lrsquoaide des amis de la santeacute Christophe est dans le deacuteni la discussion nrsquoeacutetait pas possible Un grand MERCI agrave Henri et Yvette qui ont toujours eacuteteacute lagrave pour mrsquoeacutecouter et me reacuteconforterChristophe perd son travail chez son pegravere et lagrave crsquoest la deacutegringolade Il ne fait plus rien agrave la maison devient meacute-chant jrsquoai honte vis-agrave-vis de mes voi-sins je suis obligeacutee drsquoarracher lrsquoherbe devant la maison qui mesure 50 cmhellip et lui il dort il cuve je ne sais pashellipAgrave cette peacuteriode il nrsquoallait plus beaucoup au cafeacute faute de moyens mais buvait tout seul agrave la maison Jrsquoai ducirc fouiller le sous-sol des dizaines de fois et vider des bouteilles je ne pourrais mecircme pas dire combien Quand il rentre dans la mai-son je nrsquoai pas besoin de le voir JE SAISLes enfants souffrent et je deacutecide un jour de partir bagarres engueulades il ne veut pas que je parte et mrsquoem-pecircche de prendre les cleacutes de la voiture Tant pis je pars agrave pied chez ses parents avec mes enfants pensant demander agrave mes beaux-parents de mrsquoemmener chez les miens Mais lagrave ma belle-megravere me reacutepond laquo je ne trsquoemmegravenerai pas ta place est aupregraves de lui raquo Mais je suis partie quand mecircme je ne sais plus comment avec lrsquoideacutee de me trouver un foyer ougrave vivre mais ne pas rentrerMais degraves le surlendemain lrsquoinquieacutetude mrsquoa fait revenir et bien sucircr rien nrsquoa changeacutehellip

Quand vient la derniegravere cure je suis arriveacutee au point de non-retour au reacuteel comme au figureacute laquo Va-trsquoen en cure et surtout nrsquoen reviens pas avant six mois raquo laquo Fais une postcure sinon je ne peux te revoir agrave la maison raquo Ce sont les derniegraveres paroles que je lui ai dites avant son deacutepart Crsquoest Henri qui lrsquoa accompagneacute agrave Cholet En passant agrave la demande de Christophe chez son oncle pour arroser ccedilaTrois jours plus tard il est de retour et moi je nrsquoy crois plus Ces trois jours je les ai passeacutes seule avec mes enfants sans lui rendre visite et surtout sans le poids du souci de lrsquoinquieacutetudeJe pense que pendant ces trois jours il srsquoest rendu compte qursquoil avait eacuteteacute loin qursquoil eacutetait sur le point de tout perdre et qursquoil eacutetait temps de faire quelque chose laquo LE DECLIC raquo ENFINMais lrsquoalcool a fait son œuvre On vend la maison et on redeacutemarrehellipLes anneacutees Bonheur commencent et lagrave crsquoest vrai que jrsquoai retrouveacute celui que jrsquoavais connu aimeacute et avec qui je mrsquoeacutetais marieacutee Le bonheur se concreacutetise avec lrsquoarriveacutee drsquoOceacuteaneOn rachegravete une maison agrave restaurer et les travaux nous prennent tous les soirs les week-ends pas le temps de penser agrave autre choseLagrave je tiens agrave tirer mon chapeau agrave Christophe pour tout le travail abattu dans cette maison et qursquoil nrsquoaurait ja-mais pu faire peu de temps auparavantMais le bonheur est fragile et de courte dureacutee quand Julie commence agrave faire une deacutepression et est hospitaliseacutee plu-sieurs fois pour des ideacutees suicidaires Et lagrave impuissants devant la deacutetresse de

8 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 9

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

eacutemerger lrsquolaquo auto-solution raquo et leurs compeacutetences3 Car lrsquoimplication de lrsquoen-tourage aupregraves de la personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives est un facteur de reacuteussite des proches in-formeacutes et sensibiliseacutes peuvent soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche drsquoaccompa-gnement

Au niveau de lrsquoindividu pour aller de lrsquoentourage en souffrance au proche aideacute puis aidant le regard sur soi et sur lrsquoautre est crucial Le professionnel est agrave la croiseacutee des regards confronteacute agrave de multiples interrogations qui eacutemergent dans le rapport agrave lrsquoentourage accompa-gner agrave la fois la personne deacutependante et son entourage Lrsquoentourage est-il la cause ou la conseacutequence de lrsquoaddiction Lrsquoentourage peut-il ecirctre un appui pour une reacuteduction des risques et des dom-mages Quelle souffrance affecte lrsquoen-tourage et quelle est lrsquoeacutetendue des impacts combien de personnes et les-quelles sont concerneacutees

Du speacutecialiste en neurosciences de lrsquoad-diction agrave lrsquoanimateur de preacutevention cha-cun pourra puiser dans ce guide matiegravere agrave deacuterouler et peut-ecirctre dynamiser ses pratiques en envisageant laquo lrsquoentou-rage raquo dans son spectre le plus complet

3 Antoinette MIALON-FOUILLEUL laquo Psychopatho-logie familiale des conduites drsquoalcoolisation raquo in M REY-NAUD (dir) Traiteacute drsquoaddictologie Flammarion pp 334-339

TOUTEFOIS LE CONTENU DE CE GUIDE NrsquoABORDE PAS LES QUESTIONS RELEVANT SPEacuteCIFIQUEMENT

De la grossesse et des risques pour lrsquoembryon et le fœtus lieacutes aux conduites addictives de la femme enceinte ou du tabagisme de son entourage

Des situations drsquoincarceacuteration du fait de la speacutecif iciteacute de lrsquoespace-temps contraint et de la particulariteacute du milieu carceacuteral

Des missions de meacutediation sociale des CAARUD4 en vue de sassurer une bonne inteacutegration dans le quartier il srsquoagit lagrave de lrsquolaquo entourage raquo au sens de lrsquolaquo environnement raquo de lrsquoeacutetablissement (habitants commerccedilants etc)5

4 Deacutecret ndeg 2005-1606 du 19 deacutecembre 2005 relatif aux missions des centres daccueil et daccompagnement agrave la reacuteduction des risques pour usagers de drogues et modifiant le code de la santeacute publique

5 Pour aller plus loin sur ce sujet Gwenola LE NAOUR Chloeacute HAMANT Nadine CHAMARD Faire accepter les lieux de reacuteduction des risques ndash un enjeu quotidien CERPE DGS mai 2014 100 p

MOT DINTRODUCTION

En guise drsquointroduction ce teacutemoignage illustre la complexiteacute du rapport entre entourage et personne en difficulteacute avec ses conduites addictives Il pointe aussi lrsquoeacutetendue des dommages potentielle-ment induits par les difficulteacutes drsquoune personne avec ses conduites addictives Ce guide a pour vocation dapporter agrave tout professionnel intervenant dans le champ des addictions lrsquooccasion drsquoune prise de recul drsquoun enrichissement de la reacuteflexion sur la place de lrsquoentourage

En preacutevention comme en accompagne-ment et en soins une eacutevolution des repreacutesentations des rocircles de chaque individu autour de lrsquoaddiction a eu lieu notamment une eacutevolution des repreacute-sentations des notions de laquo victimes raquo et de laquo bourreaux raquo deacutesigneacutes agrave tort en matiegravere de probleacutematique addictive

Hier les probleacutematiques addictives en particulier lieacutees agrave lrsquoalcool eacutetaient re-peacutereacutees par lrsquoentourage le but eacutetait la laquo protection raquo de lrsquoentourage contre les laquo meacutefaits raquo de la personne addicte

Puis il srsquoest agi drsquoextraire lrsquousager de son entourage pour traiter le laquo ma-lade raquo

Aujourdrsquohui srsquoopegravere une prise en compte de toutes les parties prenantes la personne en dif f iculteacute avec ses conduites addictives et son entourage sont eacutetroitement lieacutes

Parallegravelement un meacutelange des repreacute-sentations psychiques lieacutees aux addic-tions avec la reacutealiteacute socieacutetale modifie la repreacutesentation de lrsquoentourage lui-mecircme en permanence comme on peut lrsquoob-server agrave travers les nombreuses illustra-tions de lrsquoexposition et de lrsquoouvrage laquo 130 ans de preacutevention de lrsquoalcoolisme 1870-2000 raquo2 Notamment le modegravele preacutevalent drsquoune socieacuteteacute consumeacuteriste confronte lrsquoindivi-du agrave un continuum de potentielles pra-tiques agrave risque addictif degraves son plus jeune acircge De nouvelles addictions nu-meacuteriques etou comportementales font de lrsquoentourage le point neacutevralgique de la preacutevention des risques et dommages lieacutes aux conduites addictives

Les conduites addictives ne sont pas seulement le teacutemoin de conflits intra-psychiques mais aussi une difficulteacute du lien de la relation Elles srsquoinscrivent dans une complexiteacute interrelationnelle ougrave le systegraveme familial et au sens large les rela-tions sociales qui a deacutejagrave en geacuteneacuteral beaucoup œuvreacute ne sait pas ougrave aller chercher lrsquoinformation pertinente au changement Il srsquoagit donc en tant que professionnel du champ de lrsquoaddictolo-gie drsquoopter pour une vision circulaire des interactions avec des formes drsquoaccom-pagnement et de soins incluant les en-tourages Il srsquoagit de prendre en compte toutes les parties prenantes des probleacute-matiques addictives avec leurs fonction-naliteacutes mais surtout leurs ressources potentielles et leur capaciteacute agrave laisser

2 130 ans de preacutevention de lrsquoalcoolisme en France 1870-2000 Eacuteditions CFES 2001 67 p

10 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 11

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Souffrances de voir lrsquoautre souffrir avec ses probleacutematiques addictives et de ne pas parvenir agrave srsquoen deacutefaire

Recherche et expeacuterimentation de toute une gamme de laquo solutions raquo drsquoaide

Sentiment drsquoimpuissance voire de culpabiliteacute avec de nombreuses inter-rogations comment en parler com-ment accompagner la personne com-ment la soutenir pour changer et permettre une reacuteduction des risques et des dommages encourus

Comportements et attitudes qui initient voire facilitent les conduites addictives du proche

Comportements qui accentuent le sentiment de difficulteacutes de la per-sonne addicte injonction controcircle agir agrave la place de lrsquoautre (lrsquoautre eacutetant estimeacute dans le deacuteni ou incapable drsquoagir de lui-mecircme) menace qui achegraveve drsquoalteacute-rer significativement la relation entre la personne addicte et son entourage et lrsquoidentiteacute de chacun

Ces attitudes et comportements sont ponctueacutes drsquoexpeacuterimentations de moda-liteacutes drsquoaide de recherches de solutions et de peacuteriodes de deacutecouragementCeci est la trame drsquoune difficulteacute sous-jacente celle de demander de lrsquoaide alors mecircme que lrsquoinquieacutetude devient permanente En effet la parole ne va pas de soi Crsquoest pourtant cette deacutemarche initiale pour ne pas dire initiatique qui permet-

tra agrave lrsquoentourage de renouer avec son individualiteacute Chaque membre de lrsquoen-tourage srsquoempare alors de sa propre difficulteacute tant physique que psychique pour parvenir agrave voir au-delagrave de lrsquoaddic-tion de lrsquoautre

Agrave RETENIR

Chaque membre de lrsquoentourage est un individu agrave part entiegravere qui neacutecessite une attention distincte de son proche en situation drsquoaddic-tion et un accompagnement pour prendre en compte et participer agrave la reacuteduction de sa souffrance propre

Chaque membre de lrsquoentourage fait partie du laquo systegraveme raquo de la probleacutematique addictive et doit ecirctre pris en compte dans lrsquoaccom-pagnement et les soins de la per-sonne en dif f iculteacute avec ses conduites addictives

Comme on dit que la personne addicte ne se reacuteduit pas agrave son ad-diction la personne qui entoure ne se reacuteduit pas et ne doit pas ecirctre reacuteduite agrave sa place drsquoentourage

La personne de lrsquoentourage laquo se rend malade raquo de la probleacutematique addictive de lrsquoautre et conseacutecutive-ment laquo se rend malade raquo du senti-ment de sa propre incapaciteacute agrave y remeacutedier et agrave aider lrsquoautre

Cette souffrance de lrsquoentourage ne peut pas ecirctre ignoreacutee mecircme si le patient deacutesigneacute laquo malade raquo nrsquoest pas demandeur de soins

1fraslthinsp2 LrsquoENTOURAGE SES DIFFICULTEacuteS ET SES RESSOURCES

1 DES RESSOURCES ET COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave RENFORCER

ABORDER LrsquoENTOURAGELes personnes qui composent lrsquolaquo entou-rage raquo jouent un rocircle essentiel dans la compreacutehension la preacutevention lrsquoaccom-pagnement et les soins en matiegravere de probleacutematique addictive drsquoun proche Les probleacutematiques addictives de tout individu impactent forceacutement les per-sonnes de lrsquoentourage agrave des degreacutes di-vers et de faccedilon variable selon le type de conduite addictive et selon les per-sonnes selon leur identiteacute et leurs liens Et inversement lrsquoentourage a un impact durant le processus de conduites addic-tives et de soins

Peu nombreuses sont les personnes de lrsquoentourage6 qui franchissent le pas de la demande drsquoaide et parfois tregraves voire trop tardivement Lagrave reacuteside toute la dif-ficulteacute drsquoapproche de lrsquoentourage alors que crsquoest souvent sur cet entourage que repose la sortie du deacuteni de la personne addicte et une part de la reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins

QUI EST Lrsquo laquo ENTOURAGE raquo Lrsquoentourage deacutesigne premiegraverement un

6 6 des 78 500 personnes accompagneacutees en CSAPA geacutereacutes par lrsquoANPAA en 2017

laquo ensemble de personnes vivant habi-tuellement aupregraves de quelqursquoun raquo Lrsquoen-tourage peut aussi se deacutefinir comme toute personne confronteacutee ou impli-queacutee dans les probleacutematiques addictives drsquoun tiers De prime abord on y voit les membres de la famille depuis le couple donc le conjointe les enfants jusqursquoaux ascendants et collateacuteraux puis les amis les collegravegues Ainsi pourrait aussi ecirctre impacteacute lrsquointervenant non speacutecialiseacute aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives du laquo meacutedecin de famille raquo (qui fait laquo partie de la fa-mille raquo) en passant par lrsquoentraicircneur sportif le CPE du collegravege le voisin lrsquoaide-soignante ou lrsquoassistante de vie du retraiteacute en prise addictive avec ses meacute-dicaments

LrsquoENTOURAGE UNE PERSONNE FRAGILISEacuteE MAIS EXPEacuteRIMENTEacuteELes personnes de lrsquoentourage sont glo-balement deacutemunies aupregraves drsquoun proche en difficulteacute avec ses conduites addic-tives pouvant passer du deacuteni agrave la pos-ture de laquo sauveur raquo Ces personnes se situent dans des attitudes et comporte-ments qui ne sont geacuteneacuteralement pas univoques

Deacuteni ou minimisation de la percep-tion des risques et des dommages pour la personne elle-mecircme comme pour les tiers qui lrsquoentourent

Souffrances lieacutees aux conseacutequences quotidiennes de la conduite addictive de leur proche instabiliteacute voire inseacute-curiteacute adaptations neacutecessaires pour y faire face

12 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 13

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

DES COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave VALORISER ET Agrave RENFORCER Les conditions de vie lrsquoenvironnement les facteurs biologiques les facteurs socio-culturels et eacuteconomiques pour tout individu entourage ou addict in-fluent sur la capaciteacute de la personne agrave reacutepondre avec efficaciteacute aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne Au-delagrave de sa relation avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addic-tives lrsquoentourage sera plus ou moins apte agrave aider lrsquoautre ou parfois srsquoextraire de la situation pour sa propre sauve-garde

Lrsquoaccumulation de souffrances lieacutees au proche addict peut conduire toute per-sonne de lrsquoentourage agrave un eacutetat de stress qui pourra deacuteborder ses capaciteacutes agrave agir pour lrsquoautre et lui-mecircmeDans le contexte de probleacutematique addictive que connaicirct lrsquoentourage les compeacutetences psychosociales acquises sont tregraves souvent abicircmeacutees en plusieurs endroits Amener lrsquoentourage agrave valori-ser reacutetablir et renforcer ses compeacute-tences crsquoest lui donner les moyens drsquoagir pour son propre mieux-ecirctre et pour le mieux-ecirctre de lrsquoautre plutocirct qursquoagrave pour-suivre une lutte contre lrsquoautre contre lrsquoaddiction de lrsquoautre

ZOOM

Les compeacutetences psychosociales7

Les compeacutetences psychosociales sont deacutefinies par lrsquoOrganisation Mondiale de la Santeacute (OMS) en 1993 comme eacutetant laquo la capaciteacute drsquoune personne agrave mainte-nir un eacutetat de bien-ecirctre subjectif lui permettant de reacutepondre positivement et efficacement aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne raquo Le ren-forcement des CSP est ainsi clairement un eacuteleacutement fondamental de la promo-tion de la santeacute et du bien-ecirctre des personnes particuliegraverement quand ce problegraveme de santeacute est lieacute agrave un comportementCes compeacutetences essentielles et trans- culturelles sont eacutetroitement lieacutees agrave lrsquoestime de soi et aux compeacutetences relationnelles relation agrave soi et relation aux autres

7 laquo Deacutevelopper les compeacutetences psychosociales chez les enfants et les jeunes raquo La Santeacute en action ndeg 431 2015 pp 10-40

LrsquoOMS en identifie dix principales qui srsquoajustent par deux

Savoir reacutesoudre les problegravemes Savoir prendre des deacutecisions

Avoir une penseacutee critique Avoir une penseacutee creacuteative

Savoir communiquer efficacement Ecirctre habile dans les relations interpersonnelles

Avoir conscience de soi Avoir de lrsquoempathie pour les autres

Savoir geacuterer son stress Savoir geacuterer ses eacutemotions

Ces CSP peuvent ecirctre deacutefinies sous un autre angle agrave travers trois prismes

1 LES COMPEacuteTENCES SOCIALES

(ou interpersonnelles ou de com-munication)

Les compeacutetences de communica-tion verbale et non verbale ndash eacutecoute active expression des eacutemotions ca-paciteacute agrave donner et recevoir des re-monteacutees drsquoinformation et des reacuteac-tions

Les capaciteacutes de reacutesistance et de neacutegociation ndash gestion des conf lits capaciteacute drsquoaffirmation reacutesistance agrave la pression drsquoautrui

Lrsquoempathie crsquoest-agrave-dire la capaciteacute agrave eacutecouter et comprendre les besoins et le point de vue drsquoautrui et agrave exprimer cette compreacutehension

Les compeacutetences de coopeacuteration et de collaboration en groupe

Les compeacutetences de plaidoyer qui srsquoappuient sur les compeacutetences de persuasion et drsquoinfluence

2 LES COMPEacuteTENCES COGNITIVES

Les compeacutetences de prise de deacuteci-sions et de reacutesolution de problegravemes

La penseacutee critique et lrsquoauto-eacutevalua-tion qui impliquent de pouvoir analy-ser lrsquoinfluence des meacutedias et des pairs drsquoavoir conscience des valeurs atti-tudes normes croyances et facteurs qui nous affectent de pouvoir identi-fier les (sources) drsquoinformations perti-nentes

3 LES COMPEacuteTENCES

EacuteMOTIONNELLES

(ou drsquoautoreacutegulation)

Les compeacutetences de reacutegulation eacutemotionnelle ndash gestion de la colegravere et de lrsquoanxieacuteteacute capaciteacute agrave faire face agrave la perte agrave lrsquoabus et aux traumatismes

Les compeacutetences de gestion du stress qui impliquent la gestion du temps la penseacutee positive et la maicirc-trise des techniques de relaxation

Les compeacutetences favorisant la confiance et lrsquoestime de soi lrsquoauto-eacutevaluation et lrsquoautoreacutegulation

14 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 15

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

tentes les besoins le parcours de vie les compeacutetences les expeacuteriences de la personne de lrsquoentourage dans sa singu-lariteacute avec en ambulatoire un docu-ment individuel de prise en charge (au terme leacutegal on preacutefegraverera le terme laquo drsquoaccompagnement raquo) ou en reacutesiden-tiel un contrat de seacutejour9 10 11

Un dossier regroupant lrsquoensemble des informations formaliseacutees utiles agrave la qualiteacute de lrsquoaccompagnement et des soins12 directement accessible agrave lrsquousager dans le respect des dispositions leacutegisla-tives et reacuteglementaires

Le respect du secret des informa-tions le concernant avec un partage entre professionnels strictement neacuteces-saires agrave la coordination ou agrave la conti-nuiteacute des soins agrave la preacutevention ou agrave son suivi meacutedico-social et social dans le res-pect des dispositions leacutegislatives et reacute-glementaires13 14

Le droit agrave une information adapteacutee agrave sa capaciteacute de compreacutehension notam-ment sur ses droits et liberteacutes par la

9 L311-4 et D311 du CASF

10 Les attentes de la personne et le projet personna-liseacute ANESM 2008 52 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

11 Projet personnaliseacute document individuel de prise en charge ou contrat de seacutejour en CSAPA CAARUD ACT ANPAA 2016 5 p (Fiche Repegraveres)

12 Qualiteacute du dossier de lrsquousager en eacutetablissement meacutedicosocial relevant de lrsquoaddictologie ANPAA 2016 29 p (Guide Repegraveres)

13 Secret des informations et partage entre profes-sionnels ANPAA actualisation octobre 2016 6 p (Fiche Repegraveres)

14 L1110-4 du CSP

remise systeacutematique et commenteacutee de la charte des droits et liberteacutes et son annexe15 le livret drsquoaccueil16 et le regravegle-ment de fonctionnement17 de lrsquoeacutetablis-sement

Le droit agrave lrsquoexpression et la participa-tion de chaque usager18 19 relativement au fonctionnement de lrsquoeacutetablissement

LE RESPECT DU SECRET DES INFORMATIONS PERSONNELLES DE LrsquoUSAGER PAR RAPPORT Agrave SON ENTOURAGEDans les eacutetablissements meacutedico-sociaux en addictologie de type CSAPA au-cune information ne doit ecirctre com-muniqueacutee agrave un tiers de lrsquoentourage quelle que soit la position de lrsquoentou-rage vis-agrave-vis de lrsquoeacutetablissement Mecircme si les demandes drsquoinformation des personnes de lrsquoentourage sont freacute-quentes elles ne peuvent aboutir agrave ou-trepasser ce droit Par exemple

laquo Est-ce que mon mari est bien venu agrave sa consultation aujourdrsquohui car il nrsquoal-lait pas tregraves bien et srsquoil est venu je ne suis pas certaine qursquoil vous ait tout dit raquo de la part drsquoune eacutepouse soucieuse

15 L311-4 du CASF et arrecircteacute du 8 septembre 2003

16 L311-4 du CASF et circulaire DGASSD ndeg 2004-138 du 24 mars 2004

17 L311-7 du CASF et deacutecret du 14 novembre 2003

18 L311-4 du CASF et deacutecrets du 25 mars 2004 et du 2 novembre 2005

19 La participation des usagers dans les eacutetablissements meacutedico-sociaux relevant de lrsquoaddictologie ANESM 2010 96 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

2 LrsquoENTOURAGE UN USAGER DE LrsquoEacuteTABLISSEMENT COMME UN AUTRE AVEC LES MEcircMES DROITS

LES DROITS DE LrsquoENTOURAGE EN EacuteTABLISSEMENT MEacuteDICO-SOCIAL EN ADDICTOLOGIELes centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) ont ceci de particulier par rap-port aux eacutetablissements de santeacute en addictologie comme un hocircpital par exemple qursquoils ont pour mission de srsquoadresser aux personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives comme agrave leur entourage Leurs droits en tant

qursquousagers drsquoeacutetablissement meacutedico-so-cial sont inscrits dans la loi 2002-28

Le respect de la digniteacute de la vie pri-veacutee de lrsquointimiteacute de la seacutecuriteacute et de lrsquointeacutegriteacute de la personne

Le libre choix parmi les prestations adapteacutees qui lui sont proposeacutees par exemple agrave domicile ou en eacutetablissement

Le droit agrave un projet personnaliseacute drsquoaccompagnement et de soins co-construit prenant en compte les at-

8 Ensemble des droits preacutesenteacutes agrave lrsquoarticle L311-3 du CASF

Agrave RETENIR

Dans le continuum de la promo-tion de la santeacute consideacuterer lrsquoentou-rage crsquoest

Repeacuterer les personnes de lrsquoentou-rage vivant des difficulteacutes lieacutees agrave une personne proche ayant des probleacutema-tiques addictives

Eacutevaluer ou situer leurs difficulteacutes plus ou moins apparentes et graves induites ou supposeacutees induites for-muleacutees ou pas par les conduites ad-dictives du proche

Prendre en compte ces personnes qui font laquo systegraveme raquo avec les probleacute-matiques addictives et srsquoappuyer sur leurs expeacuteriences capaciteacutes et diffi-culteacutes agrave agir dans la situation

Rencontrer les personnes de lrsquoen-tourage le plus rapidement possible dans lrsquoaccompagnement de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites additives pour diminuer leur culpabi-liteacute et le sentiment drsquoimpuissance apregraves en geacuteneacuteral avoir le sentiment drsquolaquo avoir tout essayeacute raquo

Accompagner les personnes de lrsquoentourage pour leur permettre de se mettre en position laquo meacuteta raquo de prise de recul pour prendre conscience de ce qui se passe de ma-niegravere systeacutemique et pas seulement pour lrsquoautre en diff iculteacute avec ses conduites addictives

Accompagner les personnes de lrsquoentourage vise agrave deacutevelopper laquo les solutions qui marchent raquo parmi celles deacutejagrave expeacuterimenteacutees ce qui redonne une estime de soi

16 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 17

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

A contrario un compte-rendu drsquohos-pitalisation ou des reacutesultats biologiques par exemple issus drsquoun eacutetablissement ou professionnel de santeacute verseacutes au dossier de lrsquousager sont transmissibles puisqursquoils sont issus drsquoun tiers interve-nant dans la prise en charge

POUR ALLER PLUS LOIN

La collection Repegraveres ANPAA22

Notamment

Le Guide Repegraveres ANPAA laquo Qualiteacute du dossier de lrsquousager et eacutetablissement meacute-dico-social relevant de lrsquoaddictologie raquo septembre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Secret des informations et partage entre pro-fessionnels raquo ANPAA actualisation octobre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Reacutepondre agrave la demande drsquoaccegraves direct agrave son dossier de lrsquousager raquo feacutevrier 2017

22 Toute la collection Repegraveres de lrsquoANPAA Fiches et Guides teacuteleacutechargeable gratuitement sur httpwwwanpaaassofrsinformercollection-reperes-pour-les-professionnels

laquo LA PERSONNE DE CONFIANCE raquo UN DROIT QUI PEUT EcircTRE UNE AMBIGUIumlTEacute DANS LrsquoACCOMPAGNEMENT ET LES SOINS EN ADDICTOLOGIELes dispositions relatives agrave la laquo personne de confiance raquo institueacutee agrave lrsquoorigine dans le champ sanitaire sont eacutetendues par la loi au champ social et meacutedico-social Ainsi toute personne majeure prise en charge dans un eacutetablissement ou un ser-vice social ou meacutedico-social23 a le droit de deacutesigner une personne de confiance qui si elle le souhaite lrsquoaccompagnera dans ses deacutemarches afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Les missions de la laquo personne de confiance raquo aupregraves de lusager

Accompagner et ecirctre preacutesent au-pregraves de lrsquousager si celui-ci le souhaite agrave lrsquoentretien preacutevu lors de la conclusion du contrat de seacutejour pour rechercher son consentement agrave ecirctre accueillie dans lrsquoeacutetablissement drsquoheacutebergement (en preacute-sence du directeur de lrsquoeacutetablissement ou toute autre personne formellement deacutesigneacutee par lui et chaque fois que neacute-cessaire) La personne de confiance sera la seule personne de lrsquoentourage agrave avoir le droit drsquoecirctre preacutesente agrave cet entretien

23 Deacutecret no 2016-1395 du 18 octobre 2016 fixant les conditions dans lesquelles est donneacutee lrsquoinformation sur le droit de deacutesigner la personne de confiance mention-neacutee agrave lrsquoarticle L 311-5-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles

laquo Avez-vous pu parler agrave mon fils de sa consommation de cannabis car ses reacute-sultats scolaires srsquoeacutecroulent et je suis tregraves inquiegravete de ses freacutequentations raquo de la part drsquoun pegravere inquiet

Les questions de lrsquoentourage qursquoelles soient formuleacutees de faccedilon directe ou indirecte par teacuteleacutephone ou dans le cadre drsquoentretien ne peuvent donner lieu agrave aucun commentaire ou informa-tion concernant la personne usagegravere de produits addictifsEt inversement la personne addicte ne pourra acceacuteder agrave aucune information relevant de son entourage accompagneacute au sein de lrsquoeacutetablissement ou ayant com-muniqueacute avec lrsquoeacutetablissement20Lrsquoeacutetablissement doit tout mettre en œuvre pour que les personnes dia-loguent entre elles

En effet laquo Toute personne prise en charge par un professionnel de santeacute un eacutetablissement ou un des services de santeacute deacutefinis au livre III de la sixiegraveme partie du preacutesent code un professionnel du secteur meacutedico-social ou social ou un eacutetablissement ou service social et meacute-dico-social mentionneacute au I de lrsquoarticle L 312-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles a droit au respect de sa vie priveacutee et du secret des informations le concernant Excepteacute dans les cas de deacuterogation expresseacutement preacutevus par la loi ce secret couvre lrsquoensemble des in-formations concernant la personne venues agrave la connaissance du profession-nel de tout membre du personnel de

20 L1111-7 du CSP

ces eacutetablissements services ou orga-nismes et de toute autre personne en relation de par ses activiteacutes avec ces eacutetablissements ou organismes Il srsquoim-pose agrave tous les professionnels interve-nant dans le systegraveme de santeacute raquo21

LE DROIT DrsquoACCEgraveS DIRECT DE LrsquoUSAGER Agrave SON DOSSIERLrsquousager qursquoil soit laquo patient raquo ou laquo en-tourage raquo a le droit agrave un accegraves direct agrave son dossier Toutefois il est neacutecessaire de bien cerner le type drsquoinformation dont il est question et sa source En matiegravere de droit agrave lrsquoaccegraves direct au dos-sier seules sont accessibles les informa-tions personnelles et non les informa-tions concernant lrsquoentourage

Sont exclues du dossier accessible agrave lrsquousager les informations mentionnant qursquoelles ont eacuteteacute recueillies aupregraves drsquoun tiers nrsquointervenant pas dans la prise en charge theacuterapeutique ou concernant un tel tiers Illustrations - Sont exclues non pas du dossier mais des informations acces-sibles

Lrsquoinformation recueillie aupregraves de lrsquousager mentionnant que son pegravere avait une probleacutematique addictive que son conjoint a des comporte-ments violents Lrsquoinformation communiqueacutee par la conjointe du consultant mentionnant que celui-ci ne peut pas honorer son rendez-vous compte tenu de sa sur-consommation drsquoalcool ce jour

21 L 1110-4 - point I du CSP

18 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 19

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

vous La personne de confiance pourra ecirctre la personne-ressource pour assurer un retour en toute seacutecuriteacute au domicile Dans la pratique professionnelle le do-cument individuel drsquoaccompagnement24 eacutetant un outil ameneacute agrave ecirctre reacuteguliegravere-ment renouveleacute autant que neacutecessaire et a minima annuellement pour ce qui est de son avenant ce peut ecirctre lrsquoocca-sion de parler avec le consultant de la personne de confiance deacutesigneacutee agrave re-nouveler ou pas

24 Deacutecret ndeg 2004-1274 du 26 novembre 2004 relatif au contrat de seacutejour ou document individuel de prise en charge preacutevu par larticle L 311-4 du code de laction sociale et des familles

Agrave RETENIR

Tout consultant en eacutetablisse-ment meacutedico-social a les mecircmes droits personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives ou per-sonnes de lrsquoentourage notamment au regard du secret des informa-tions

Lrsquoobjectif des professionnels est drsquolaquo outiller raquo chacune des parties personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives et son entou-rage afin de

Leur permettre de (re)communi-quer ensemble et retisser si neacute-cessaire les liens de confiance drsquoaffection de coopeacuteration par-fois laquo abimeacutes raquo par la situation

Permettre aussi de fluidifier les enjeux drsquoinformation laquo secregravetes raquo confieacutees aux professionnels ac-compagnant (de la secreacutetaire au meacutedecin en passant les profes-sionnels socio-eacuteducatifs et para-meacutedicaux les psychologues) sous la formule bien souvent entendue laquo vous ne lui direz pas maishellip raquo

Accompagner lrsquousager dans ses deacute-marches lieacutees agrave sa prise en charge so-ciale ou meacutedico-sociale afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Aider lrsquousager agrave la compreacutehension de ses droits La personne de confiance est consulteacutee par lrsquoeacutetablissement au cas ougrave lrsquousager rencontre des difficulteacutes dans la connaissance et la compreacutehension de ses droits Cette consultation nrsquoa pas vocation agrave se substituer aux deacutecisions de lrsquousager

Elle a un devoir de confidentialiteacute concernant les informations meacutedicales qursquoelle a pu recevoir et les directives anticipeacutees de lrsquousager elle nrsquoa pas le droit de les reacuteveacuteler agrave drsquoautres personnes

Qui peut ecirctre personne de confiance Deacutesigner une personne de confiance relegraveve de la seule deacutecision personnelle de lrsquousager Celui-ci peut deacutesigner en tant que laquo personne de confiance raquo toute personne majeure de son entou-rage en qui il a confiance par exemple un membre de sa famille un proche son meacutedecin traitant Il srsquoagit drsquoune deacutemarche reacutefleacutechie agrave deux

Il est important que lrsquousager eacutechange avec la personne qursquoil souhaite deacutesigner avant de remplir le formulaire de deacutesi-gnation et de lui faire part de ses sou-haits par rapport agrave sa future mission Il est impor tant que la personne de confiance ait la possibiliteacute de prendre connaissance de son futur rocircle et drsquoen mesurer sa porteacutee

Attention la personne que lrsquousager souhaite deacutesigner doit donner son ac-

cord agrave cette deacutesignation Elle peut refu-ser drsquoecirctre la personne de conf iance deacutesigneacutee par lrsquousager ou contresigner le formulaire de deacutesignation preacutevu agrave cet effet

Les difficulteacutes de mise en œuvre de ce droitLa place de la personne de confiance dans un accompagnement peut revecirctir une certaine ambiguiumlteacute dans le cadre drsquoun accompagnement en addictologie

Ce droit est fondamental pour tout usager dans le champ meacutedico-social par exemple pour lrsquoentreacutee en eacutetablissement drsquoheacutebergement pour personnes acircgeacutees deacutependantes ou en appartement de coordination theacuterapeutique Toutefois il peut ecirctre deacutelicat dans le contexte drsquoaccompagnement ambulatoire en CSAPA ou en CAARUD En effet dans ce contexte les relations de la personne de confiance avec lrsquousager peuvent eacutevo-luer neacutegativement voire se rompre notamment dans une situation de co-deacutependance

Une vigilance particuliegravere doit donc accompagner lrsquoinformation obligatoire de lrsquousager sur ce droit notamment par la remise drsquoune notice drsquoinformation Il convient de bien srsquoassurer de la liberteacute de choix de lrsquousager sans contrainte implicite ou explicite de son entourage

En pratique malgreacute ses eacuteventuelles

ambiguiumlteacutes agrave lever cette personne de confiance peut ecirctre un relais essentiel en cas drsquoune situation agrave risque ou com-plexe par exemple une consommation massive constateacutee lors drsquoun rendez-

20 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 21

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Scheacutema26 deS facteurS conStitutifS de lrsquoaddic-tion danS le modegravele trivalent de c olievenStein

ADDICTION UNE PROBLEacuteMATIQUE DU LIENLes probleacutematiques addictives ne sont pas reacuteductibles agrave des probleacutematiques neurologiques Elles sont aussi le reflet de la difficulteacute relationnelle de lrsquoindividu aux autres voire au groupe social entier au premier rang desquels lrsquoentourage tient une place complexe avant dans et apregraves le processus addictif

Degraves le premier contact du beacutebeacute et de son ou ses parents la qualiteacute des inte-ractions fonde la capaciteacute ulteacuterieure de lrsquoindividu agrave se construire dans une bonne

26 Charles ROZAIRE et al laquo Quest-ce que laddic-tion raquo Archives de Politique Criminelle ndeg 31 2009 pp 9-23

perception et conscience de soi et agrave ajuster de faccedilon satisfaisante sa relation agrave la reacutealiteacute exteacuterieureSelon la theacuteorie de lrsquoattachement de John Bowlby tout au long de son exis-tence lrsquoindividu cherche agrave satisfaire un besoin fondamental de seacutecuriteacute appeleacute laquo besoin social primaire raquo donneacute par la qualiteacute des inteacuteriorisations construites sur les bases comportementales rassu-rantes de la petite enfance27 Cette seacutecu-riteacute est donneacutee degraves la naissance par la proximiteacute de figures drsquoattachement at-tentives au besoin de protection du beacutebeacute La personne garde en elle le be-soin de figures drsquoattachement auxquelles elle peut avoir recours en preacutesence de certains dangers ou drsquoexpeacuteriences dou-loureuses de son existence Ces figures drsquoattachement inteacuterioriseacutees au cours du

27 John BOWLBY Lrsquoattachement t1 PUF 1969 540 p

1fraslthinsp3 ENTOURAGE ET ADDICTIONS

LA DEacutePENDANCE EN QUESTION

Lrsquousage de produits psychotropes existe de tout temps et se rencontre en toute socieacuteteacute Lrsquoapeacuteritif entre amis le cham-pagne pour fecircter les heureux eacuteveacutene-ments de la vie le joint qui tourne en soireacutee les parties de jeux collectifs en ligne ou lrsquoexcitation drsquoun parieur sur un champ hippique sont des facteurs de socialisation mecircme srsquoils ne sont en rien indispensables Source de plaisir indivi-duel comme collectif ils peuvent prati-queacutes avec excegraves avec perte de controcircle ou dans certaines circonstances ecirctre facteurs de risques voire causes de dommages pour soi ou des tiersAinsi les probleacutematiques addictives re-lient la personne addicte et son entou-rage dans des rapports divers allant de la convivialiteacute aux risques et dommagesComment recouvrer la liberteacute est sans doute la question inconsciente et impli-cite de tout entourageIl srsquoagit drsquoappreacutehender les cleacutes de cette souffrance et de cet isolement pour agir ensuite en preacutevention et en accompa-gnement

1 LrsquoENTOURAGE AU CŒUR DE LA PATHOLOGIE DU LIEN

Travailler pour et avec lrsquoentourage drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives conduit agrave mettre en lumiegravere sa place dans le laquo systegraveme raquo de la pro-bleacutematique addictive du proche

ENTOURAGE PARTIE PRENANTE DE LA TRIVALENCE DE LrsquoADDICTION Trois facteurs dimensionnels inter-viennent dans la vulneacuterabiliteacute aux conduites addictives la personne le contexte socioculturel et lrsquoobjet de la deacutependance comportement ou subs-tance psychoactive Crsquoest le modegravele tri-valent et bio-psycho-social de Claude Olievenstein laquo La toxicomanie surgit agrave un triple carrefour celui drsquoun produit drsquoun moment socioculturel et drsquoune per-sonnaliteacute Ce sont lagrave trois dimensions eacutegalement constitutives raquo25Cette approche tr idimensionnelle confegravere un rocircle deacuteterminant au contexte socioculturel au premier rang duquel se trouvent les personnes de lrsquoentourage

25 Claude OLIEVENSTEIN La drogue ou la vie Ro-bert Laffont 1983 260 p

FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX

FamiliauxAnteacuteceacutedents

FonctionnementEacuteducation

Eacuteveacutenements sociauxInfluence des pairs

Groupe social

FACTEURS LIEacuteS Agrave LA SUBSTANCE

Potentiels de deacutependance

Conseacutequences meacutedicales psychologiques sociales

Statut social de substance

FACTEURS INDIVIDUELS

GeacuteneacutetiquesNeurobiologiques

PsychologiquesPsychiatriques

Eacuteveacutenements de vie

22 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 23

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

PROCESSUS DE DEacutePENDANCELa deacutependance traduit la perte de liber-teacute du sujet qui ne peut srsquoempecirccher de consommer le produit ou de de se livrer agrave sa conduite addictiveLe processus de deacutependance met en jeu trois eacuteleacutements qui srsquoauto-renforcent

Le lien entre la substance ou le comportement expeacuterimenteacute et le plaisir ressenti La premiegravere expeacute-rience de plaisir subjectif ressenti est selon le sujet le produit le moment et le contexte deacuteterminant pour lrsquoentreacutee en conduite reacuteguliegravere voire deacutependance Le plaisir rechercheacute associe sensations stimulations et aussi une forme drsquoanes-theacutesie (physique et psychique) et drsquooubli de soi et des autres de faccedilon variable selon le produit et lrsquoindividu

Le craving pheacutenomegravene de stimula-tion du systegraveme de reacutecompense par la recherche effreacuteneacutee du produit pour obtenir un eacutetat de satisfaction ou pour reacutepondre agrave une sensation interne dou-loureuse

La toleacuterance expression du pheacuteno-megravene drsquoaccoutumance physique et psy-chique au produit Elle neacutecessite pour lrsquousager de recourir agrave de plus fortes doses de produits ou plus freacutequem-ment pour obtenir un plaisir aussi in-tense voire plus intense ou varieacute La toleacuterance implique aussi la notion de sevrage qui pousse le sujet agrave recourir au produit pour ne pas ressentir le manque

Agrave RETENIR

La personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est mar-queacutee par une vulneacuterabiliteacute rela-tionnelle qui preacuteexiste agrave lrsquoaddiction et qui nrsquoen est pas la seule cause

Cette vulneacuterabiliteacute accentueacutee par le processus addictif va geacuteneacute-ralement entrer en reacutesonnance avec les personnes de lrsquoentourage et leurs propres constructions indi-viduelles

deacuteveloppement preacutecoce neacutecessitent drsquoecirctre seacutecurisantes rassurantes stables et diffeacuterencieacutees pour permettre au su-jet de srsquoy reacutefeacuterer au besoin dans les ex-peacuteriences de la vie et en relation avec les autres

Le deacutefaut drsquointeractions srsquoexprime en termes de qualiteacute de permanence et de varieacuteteacutes des figures drsquoattachement au cours du deacuteveloppement preacutecoce de lrsquoenfant grevant eacuteventuellement son capital de seacutecuriteacute et de confiance Lrsquoin-dividu pourra souffrir drsquoun deacutefaut drsquoan-crage affectif seacutecure et stable Les relations agrave lrsquoautre seront rarement satisfaisantes les aleacuteas des rapports humains et du groupe social eacutetant veacutecus comme un abandon Selon le terme de Winnicott lrsquoindividu subit des alteacuterations plus ou moins seacute-vegraveres du laquo sentiment continu drsquoexister raquo Le produit ou le comportement addictif est alors un objet de substitution mo-mentaneacutement eacutequilibrant ou satisfaisant qui comble un vide Lrsquoindividu accegravede agrave une conduite addictive comportemen-tale ou avec produit afin de se procurer un plaisir immeacutediatement neacutecessaire et drsquoabaisser sa tension (homeacuteostasie)

2 PROCESSUS DE DEacutePENDANCE ET PLACE DE LrsquoENTOURAGE

ADDICTIONS DE QUOI PARLE-T-ON laquo Dans le champ de la santeacute une conduite de consommation un com-portement ou une passion jusqursquoalors sans retentissement dommageable de-vient une addiction agrave lrsquoapparition des conseacutequences neacutegatives pour le sujet son entourage ou la socieacuteteacute raquo28 Lrsquoaddiction est un laquo processus par lequel un comportement pouvant agrave la fois per-mettre une production de plaisir et drsquoeacutecarter ou drsquoatteacutenuer une sensation de malaise interne est employeacutee de faccedilon caracteacuteriseacutee par lrsquoimpossibiliteacute reacutepeacuteteacutee de controcircler ce comportement et sa poursuite en deacutepit de la connais-sance de ses conseacutequences neacutega-tives raquo29 Elle srsquoapplique aux conduites avec produits ou comportements

La conduite addictive est une solu-

tion avant de devenir un problegraveme elle est une solution agrave une souffrance agrave la fois individuelle et du systegraveme de vie de la personne crsquoest une solution intrapsy-chique et relationnelle qui va devenir problegraveme

28 Addictionnairecopy Reacuteflexion seacutemantique en addicto-logie ANPAA 2017 37 p

29 Michel REYNAULT Philippe-Jean PARQUET Gilbert LAGRUE Les pratiques addictives usage nocif et deacute-pendances aux substances psychoactives rapport remis au secreacutetaire drsquoEtat agrave la santeacute DGS 1999 p 15 et p 37

GUIDE REPEgraveRES 25

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

24 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Les programmes et actions de preacuteven-tion sur le thegraveme de lrsquoentourage peuvent srsquointeacutegrer dans diffeacuterentes dimensions

Preacutevention universelle en commu-niquant sur les impacts sur lrsquoentourage des conduites addictives et en particu-lier sur la famille mais aussi sur les mo-daliteacutes drsquoaccueil de lrsquoentourage dans les structures speacutecialiseacutees

Preacutevention seacutelective met en jeu une sensibilisation aupregraves drsquoun public direc-tement concerneacute par le renforcement des compeacutetences psychosociales en par-ticulier des jeunes soutien des enfants en dif f iculteacute conseacutecutivement aux

conduites addictives de leurs parents soutien des conjoints soutien agrave la fonc-tion parentale en prenant appui sur

Des supports drsquoinformation deacutedieacutes comme des brochures ou information en ligne

Lrsquoorganisation de confeacuterences-deacutebats groupes de paroles et autres eacutevegravene-ments

Preacutevention cibleacutee par des actions mises en œuvre speacutecifiquement aupregraves de lrsquoentourage des personnes preacutesen-tant une conduite addictive

Un objectif pratique et fondamental la capacitation ou empowerment est

ANNEXES

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

1 LE RISQUE DE CO-DEacutePENDANCE 2 LE RISQUE DE TRANSMISSION

INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE 3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

Il srsquoagit drsquoenvisager deux champs essentiels drsquoactions touchant aux probleacutema-tiques de lrsquoentourage la parentaliteacute et les pairs et un mode drsquoaction mobi-liser des outils et surtout des professionnels autour de lrsquoaction

26 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 27

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp1 thinspLE RISQUE

DE CO-DEacutePENDANCE

1 LA CO-DEacutePENDANCE

La distorsion relationnelle de co-deacutepen-dance srsquoexprime particuliegraverement dans le champ des addictions Il existe une forme singuliegravere de deacutepen-dance la deacutependance relationnelle qui induit aussi une co-deacutependance directe agrave lrsquoautre avec une construction relation-nelle tregraves perturbeacutee Forme de conduite addictive la deacutependance relationnelle au lieu de transiter par un produit ou un comportement srsquoattache directement agrave lrsquoautre

Des deacutefinitions La co-deacutependance est un ensemble

de comportements que la personne de lrsquoentourage drsquoun individu en difficulteacute avec ses conduites addictives adopte presque sans srsquoen rendre compte pour faire face agrave la deacutependance de leur proche et lutter contre ou amoindrir les conseacutequences subies de lrsquoaddiction

La co-deacutependance est une adaptation agrave la situation de deacutependance et ses conseacutequences dans la conviction qursquoau-cune autre solution contre lrsquoaddiction de lrsquoautre nrsquoest possible

FORMES DE CO-DEacutePENDANCECe comportement de co-deacutependance peut prendre plusieurs formes plus ou moins marqueacutees comme31

31 Source httpswwwstop-alcoolch

Sur le registre du controcircle Une perte drsquoidentiteacute tendance agrave

vouloir prendre la place de la personne deacutependante en controcirclant toute sa sphegravere de vie entraicircnant la deacuteresponsa-bilisation voire lrsquoinfantilisation de la per-sonne deacutependante Une tendance agrave lobsession obses-

sion par la substance non pas par envie de consommer mais par inquieacutetude pour la personne deacutependante Une tendance agrave deacuteformer la reacutealiteacute

mentir parfois agrave des tiers (employeur amis famille) pour laquo couvrir raquo les ab-sences colegraveres manquements divers Effacer les traces des conseacutequences neacutegatives lieacutees agrave la consommation (deacute-sordre bouteilles vides etc) Effet in-duit la personne deacutependante ne voit ainsi pas certaines conseacutequences neacutega-tives de sa consommation Un sentiment de honte tentative de

maicirctrise de lrsquoimage donneacutee agrave lrsquoexteacuterieur en niant en cachant en transformant la reacutealiteacute de la vie quotidienne Cela tra-duit une difficulteacute voire incapaciteacute agrave affronter le jugement des tiers agrave lrsquoeacutegard de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives comme agrave lrsquoeacutegard de lrsquoentourage lui-mecircme les conduites ad-dictives eacutetant encore lrsquoobjet de preacutejugeacutes (vice manque de volonteacute perte de controcirclehellip) profondeacutement ancreacutes Une incapaciteacute agrave pouvoir deacuteleacuteguer

une tacircche la personne co-deacutependante a le sentiment de faire mieux plus vite etc En faisant agrave la place de lrsquoautre elle lui nie sa capaciteacute drsquoagir

viseacutee crsquoest-agrave-dire un laquo processus dans lequel des individus et des groupes agissent pour gagner la maicirctrise de leurs vies et donc pour acqueacuterir un plus grand controcircle sur les deacutecisions et les actions affectant leur santeacute dans le contexte de changement de leur environnement social et politique30 raquo Comme pour toutes actions de preacutevention drsquoaccom-pagnement ou de soins celles destineacutees aux personnes de lrsquoentourage srsquoappuient sur des outils de deacuteveloppement de leurs ressources pour accroicirctre leurs capabiliteacutes Et au-delagrave du renforcement des compeacute-tences psychosociales des personnes de lrsquoentourage lrsquoimplication des proches des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives est un facteur de reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins En effet des proches eacutecouteacutes in-formeacutes et sensibiliseacutes peuvent mieux soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche de preacutevention et de soins

On rappellera ici les principes drsquoin-tervention en preacutevention

Une deacutemarche positivant la santeacute comme ressource

Une non-dramatisation des conduites addictives et des produits (alcool tabac cannabis autres drogues) ou addictions sans produit (jeuhellip) la preacutevention srsquoappuie sur une information valideacutee et vise la deacuteconstruction des

30 EHESP laquo Glossaire multilingue de la base de don-neacutees en santeacute publique raquo httpaspbdspehespfrGlos-saire

repreacutesentations et preacutejugeacutes mais ne se limite pas agrave la seule information

Le pragmatisme et non lrsquoideacuteologie Une non-limitation aux seuls objec-

tifs de reacuteduction des conduites ou drsquoabstinence

Une prise en compte des risques et dommages sanitaires et sociaux pour la personne elle-mecircme et son entou-rage mais aussi pour la socieacuteteacute agrave court moyen et long termes

Un appui sur les ressources de lrsquoin-dividu ses expeacuteriences ses compeacute-tences en visant le renforcement de ses compeacutetences psychosociales son auto-nomie et sa qualiteacute de vie

Une deacutemarche drsquoeacuteducation agrave la ci-toyenneteacute et de lien social

28 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 29

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

france vont ecirctre verbaliseacutes et permet-tront ainsi un apaisement de la relation On peut alors ouvrir de nouvelles pers-pectives drsquoeacutevolution et envisager la sor-tie des scheacutemas de reacutepeacutetitions

Repeacuterer la co-deacutependance La non-verbalisation par honte ou ta-bou reacutecurrente en addictologie notam-ment concernant les femmes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives compte-tenu du poids des repreacutesenta-tions sociales constitue aussi pour lrsquoen-tourage un nœud drsquoeacutevitement de la si-tuation addictive et son ancrage puissant dans le corps et le psychisme de la per-sonne de lrsquoentourageIl est essentiel de repeacuterer ce qui est en train de se jouer

2 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CERCLE FAMILIAL

La famille reacutesulte de constructions so-ciales variables selon les eacutepoques et les cultures mais elle reacutepond en premier lieu agrave la neacutecessiteacute qursquoeacuteprouvent les hu-mains drsquoecirctre lieacutes La famille premier groupe drsquoapparte-nance est reacutegie par des liens speacuteci-fiques lien drsquoalliance lien de filiations lien geacuteneacutealogique lien du groupe familial avec lrsquoexteacuterieur Dans cette sphegravere familiale se nouent des liens protecteurs etou difficiles entre les membres dans le preacutesent et le passeacute32 Les conduites addictives puisent en par-tie leurs causes dans le fonctionnement

32 Cf dans ce guide 2fraslthinsp2 LE RISQUE TRANSGEacuteNEacute-RATIONNEL

de cette sphegravere et ont des conseacute-quences sur tous ses membres et selon la composition familiale sur les parents les enfants lela conjointeLa famille premier lieu drsquoexpression des situations de co-deacutependance est un noyau groupal fort capable de faire bar-rage agrave toute aide exteacuterieure par lrsquoinstau-ration drsquoun systegraveme de sauvegarde et drsquoauto-controcircle qui reacutegule le deacuteseacutequi-libre creacuteeacute par lrsquoaddiction du procheEn effet les observations cliniques ont pu montrer33 que les conduites addic-tives peuvent devenir laquo un principe or-ganisateur du systegraveme familial raquo Les probleacutematiques addictives deviennent comme un tiers qui fige la vie quoti-dienne avec des laquo modes de fonction-nements formels rigides preacutedictifs en eacuteloignant les incertitudes34 raquo Il srsquoinstaure un systegraveme qui srsquoautoreacutegule autour des probleacutematiques addictives qui concerne alors chaque membre de la famille en ce sens que chacun va se comporter en regard de la preacutesence ou de lrsquoabsence de conduite addictive et que les interac-tions se placent en fonction du produit psychoactif en question Ainsi le sujet en meacutesusage de ce produit est comme surproteacutegeacute Il nrsquoest plus le bouc eacutemis-saire drsquoune situation potentiellement conflictuelle Crsquoest au contraire lrsquoen-semble de la famille qui assume cette addiction les probleacutematiques addictives deviennent constitutives de lrsquoidentiteacute du couple et de la famille raquo

33 Vangheacutelis ANASTASSIOU Mireille SCHWEITZER Isabelle SOKOLOW laquo Pour le meilleur et pour le pire raquo Alcoologie et Addictologie ndeg 1 2002 pp 53-62

34 Ibid

Sur le registre de la protection La fusion attitude fusionnelle avec la

personne deacutependante preacutesence quasi-permanente agrave outrance reacuteduction de lrsquoautonomie du proche addict dans ses deacutemarches de soins ou dans ses temps de vie personnelle Lrsquohyper-responsabiliteacute lentourage

se sent responsable vis-agrave-vis de lrsquoexteacute-rieur de tous les comportements les faits et gestes (en particulier neacutegatifs) de la personne deacutependante La culpabiliteacute lentourage se met agrave

penser laquo je ne suis pas assezhellip raquo laquo cest de ma faute si je narrive pas agrave laider raquo Lrsquohyper adaptation lrsquoentourage se

rend disponible agrave tout moment aupregraves de la personne deacutependante ce qui en-traine par exemple des modifications de lrsquoemploi du temps de la maniegravere decirctre de fonctionner pour sadapter aux agis-sements de la personne deacutependante

Sur le registre de la reacuteclamation Un ressenti de trahison face aux

eacuteventuels renforcements ou reprises des probleacutematiques addictives du proche en comparaison aux effor ts estimeacutes mis en œuvre pour lrsquoaider Une attitude de plus en plus vindi-

cative voire agressive et exigeante en termes drsquoattendus de comportement de la personne addicte avec pour effet in-duit pour la personne addicte la perte drsquoestime de soi lrsquoincapaciteacute grandissante de reacuteagir et drsquoenvisager un accompagne-ment et des soins une incapaciteacute agrave reacute-pondre aux attentes de la personne de lrsquoentourage Une perte des limites de lrsquoindividua-

liteacute conviction drsquoecirctre lale seule agrave com-

prendre agrave savoir comment faire avec la personne addicte prendre le rocircle de soignant ou la place de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives en reacutepondant agrave sa place par exemple en tout lieu ou obligation exteacuterieure Une incapaciteacute agrave dire non similaire

au manque de limite il est la conseacute-quence dune peur de deacutecevoir de perdre la relation Ainsi la personne de lrsquoentourage existe uniquement au tra-vers de lrsquoaddiction de lrsquoautre

La personne co-deacutependante est dans

la diff iculteacute de tenir compte de ses propres besoins lieacutes au manque de limite agrave lhyper adaptation agrave la fusion et agrave lob-session en jeu dans la co-deacutependance

PREacuteVENTION ET SORTIE DU PROCESSUS DE CO-DEacutePENDANCE

Parler de la co-deacutependance Une communication globale de type laquo Nous sommes tous proches drsquoune personne addicte parlons agissons raquo ou laquo Entourage de personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives par-lons-en raquo et des actions theacutematiques seacutelectives en synergie avec les acteurs drsquoun territoire ouvrent la voie drsquoune sen-sibilisation sur la co-deacutependance Par ailleurs en rendant accessible agrave lrsquoentourage un lieu drsquoeacutecoute un appui contenant et seacutecurisant que ce soit avec ou sans la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives on permet une prise du recul de la situation et du proche addict Les reacutesistances vont se voir atteacutenueacutees les eacuteprouveacutes et la souf-

30 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 31

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Lrsquoameacutelioration des compeacutetences psy-chosociales de lrsquoun ne peut se faire sans lrsquoautre

La co-deacutependance du couple est aussi bien intra psychique qursquointeractionnelle

Les conjoints de personne en diffi-culteacute avec un produit psychoactif mani-festent dans le processus de co-deacutepen-dance certains traits psychologiques lieacutes agrave un mode relationnel construit anteacute-rieurement agrave la relation de couple

Notamment les effets de la co-deacute-pendance se manifestent particuliegravere-ment dans le cadre drsquoune relation de couple surinvestie et ideacutealiseacutee par le conjoint de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives Dans cette projection de couple le conjoint ne laquo voit pas raquo lrsquoautre en tant qursquoindividu tel qursquoil est mais en tant que personne censeacutee jouer un rocircle ideacuteal

Dans le contexte de la co-deacutepen-dance la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives devient le laquo respon-sable raquo de la non-reacutealisation de cette projection pour ne pas avoir autant que le conjoint contribueacute agrave sa reacutealisation

Le conjoint surinvestit une relation de couple ougrave lrsquoautre ne peut aider qursquoen respectant un sceacutenario conccedilu drsquoavance La personne addicte est donc drsquoembleacutee nieacutee dans son alteacuteriteacute et sa singulariteacute toutefois elle est sans doute elle-mecircme en besoin pour combler un manque qursquoelle ne peut trouver dans la relation eacutetablie

Ainsi le co-deacutependant pense avoir le pouvoir de rendre lrsquoautre abstinent pour parvenir agrave reacutealiser ce couple ideacuteal

Le conjoint co-deacutependant peut ainsi montrer

Une implication eacutemotionnelle neacutega-tive eacuteleveacutee et une grande retenue dans lrsquoexpression des sentiments avec un deacuteni du rapport de deacutesir et des relations affectives

Un mode relationnel enchevecirctreacute ou deacutesinteacutegreacute et une tendance agrave former des relations duelles fusionnelles Un rejet drsquoun leadership au sein du couple et drsquoune hieacuterarchie intrafa-miliale

La souffrance du conjoint co-deacutependant peut se manifester par

De lrsquoagressiviteacute et une certaine ob-session devant lrsquoimpuissance agrave changer le par tenaire dans sa deacutependance agressiviteacute laquo justifieacutee raquo comme neacuteces-saire pour motiver lrsquoautre agrave modeacuterer sa consommation et agrave srsquointeacuteresser agrave son conjoint et ses enfants

Lrsquointoleacuterance au manque du conjoint veacutecue comme lrsquoexpression drsquoune rela-tion de couple en eacutechec En fait le conjoint en manque devient reacuteveacutelateur du manque du conjoint co-deacutependant

Lrsquoincapaciteacute agrave changer de posture mecircme si une prise de conscience de lrsquointeraction laquo en miroir raquo du manque dans le couple se manifeste car laquo accep-ter crsquoest capituler raquo

Le non-amour de soi car la restau-ration narcissique reacuteciproque des deux par tenaires rechercheacutee dans tout couple ne se produit pas

Lrsquoabneacutegation et le deacutepassement de soi est lrsquoidentiteacute que se donne le conjoint co-deacutependant ayant une mauvaise image de lui-mecircme Le conjoint addict se trouve deacutepersonnaliseacute au sein de son propre couple

CONDUITES ADDICTIVES ET ORGANISATION FAMILIALE LE laquo SYSTEgraveME raquo35 Un constat tregraves surprenant a eacuteteacute fait concernant lrsquoalcoolo-deacutependance que lrsquoon eacutetendra aux conduites addictives laquo la personne [addicte] stabilise le fonc-tionnement de lrsquoensemble bien qursquoil le deacutesorganise En effet face aux conduites addictives chacun des membres sait preacutevoir ce qursquoil y a lieu de faire devant le deacuteroulement des eacutevegravenements comme dans un rituel connu drsquoavance Il y a une reacuteduction des incertitudes et la conseacute-quence la plus visible est la coheacutesion familiale lrsquoaspect soudeacutes des enfants et de lrsquoautre parent permettant des rap-prochements pour faire face En outre par son symptocircme ses comportements la personne [addicte] creacutee la tension autour de lui et est le reflet de lrsquoeacutetat de stress du systegraveme familialLe pheacutenomegravene drsquohomeacuteostasie du sys-tegraveme conduit agrave srsquointerroger non pas sur le pourquoi des conduites addictives mais sur

Comment le produit aide-t-il agrave maintenir ce systegraveme

Comment la personne deacutependante au produit se place-t-il dans ce systegraveme

Comment contribue-t-il agrave diminuer les incertitudes

35 Antoinette MIALON-FOUILLEUL Psychopatholo-gie familiale des conduites drsquoalcoolisation opcit pp 334-339

Comment maintient-il la coheacutesion du systegraveme

Il srsquoagit de comprendre la fonction adap-tative du comportement addictif pour permettre drsquoaider le patient agrave travers une autre maniegravere de srsquoadapter sans uti-liser le produit

LE CONJOINT CO-DEacutePENDANTLa co-deacutependance aura tendance agrave exa-cerber les nœuds relationnels du couple Il peut ecirctre parfois difficile et deacutelicat drsquoidentifier ce qui relegraveve de la co-deacutepen-dance et de ses effets dommageables sur la relation et ce qui relegraveve de diffi-culteacutes de couple inteacuterioriseacutees et refou-leacutees jusque-lagrave Crsquoest lagrave encore dans le contexte de lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool que les eacutetudes cli-niques sont les plus fournies en ap-proches des pheacutenomegravenes de co-deacutepen-dance dans le couple

La co-deacutependance du conjoint drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives se manifeste par sa difficulteacute agrave se voir en dehors de lrsquoaddiction de lrsquoautre Des observations cliniques en alcoolo-gie transposables agrave toutes probleacutema-tiques addictives montrent que

La difficulteacute de rapport aux conduites addictives est un processus patholo-gique chronique mis en route degraves lrsquoen-fance pour lrsquoun ou les deux membres du couple

Le conjoint joue un rocircle indeacuteniable et complexe propre agrave chaque relation dans lrsquoeacutevolution du processus drsquoaddic-tion de lrsquoautre

32 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 33

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

Conduites addictives et violences

Approche par le psycho trauma-tisme37 on identifie un lien entre violences subies au cours de la vie et conduites addictives avoir subi des violences expose agrave un risque de santeacute plus deacutegradeacutee tant psychique (deacute-pression anxieacuteteacute repli sur soi tenta-tives de suicide) que physique

Explications du lien entre psycho traumatisme et usage de subs-tances psychoactivesLe Dr Sharon Kingston (2009) du deacutepar tement de psychiatr ie du Centre drsquoeacutetude de lrsquoenfance de lrsquouni-

37 Violences subies ou produites et usage de subs-tances psychoactives chez les femmes en Europe et dans la reacutegion meacutediterraneacuteenne Revue de litteacuterature et eacutelaboration de pistes de recherches Groupe Pompidou Conseil de lrsquoEurope 2015 p 50

versiteacute de New York propose trois explications possibles concernant les liens entre la consommation de subs-tances psychoactives et les violences subies au cours de la vie

Le deacuteveloppement de troubles post-traumatiques agrave la suite de cer-tains cas de violences subies dans la vie la consommation de substances est ainsi consideacutereacutee comme une auto-meacutedication pour atteacutenuer les symp-tocircmes post-traumatiques

La consommation de substances creacutee les conditions de risques de vic-timisation ou drsquoautres eacuteveacutenements traumatiques et ces expeacuteriences peuvent conduire au deacuteveloppement de troubles post-traumatiques

Les violences ainsi que la consom-mation de substances surviennent dans des contextes particuliers drsquoen-vironnement familial38

38 Ibid p 14

Lrsquoimpossibiliteacute de communiquer du fait de trop ou pas assez drsquoempathie

La seacuteparation inconcevable et le temps suspendu en deacutepit de beaucoup de frustrations pour les deux parte-naires lrsquoeacuteloignement ne peut avoir lieu il y a confusion entre indeacutependance et seacuteparation

Le couple-sceacutenario est un objet agrave reacuteussir qui ne vit quasiment que dans la tecircte du conjoint co-deacutependant

Une obsession du conjoint laquo ma-lade raquo pour le comprendre ou pour le rejeter

Un veacutecu drsquoaffrontement entre le bien et le mal la co-deacutependance se met en place comme un court-circuit affectif et eacutemotionnel Lrsquoattitude de lrsquoun deacutefinit la posture de lrsquoautre

Lrsquoattachement aux familles drsquoorigine reste actif le manque originel agrave combler par chaque conjoint le rend indisponible agrave lrsquoautre

Le produit ou la conduite addictive devient un tiers dans lrsquoimaginaire de lrsquoun comme de lrsquoautre

Addiction couple et vie sexuelleSur le plan de la relation agrave lrsquoautre le pro-duit ou le comportement laquo problegraveme raquo peut venir infeacuterer dans la vie sexuelle Cette dimension est eacutevoqueacutee et appa-raicirct comme une cause de la consomma-tion ou une conseacutequence des conduites addictives laquo On sait que lrsquoalcool va agir sur trois niveaux les compeacutetences phy-siques les dispositions psychologiques individuelles lrsquoharmonie relationnelle du couple Alors que la consommation eacutepi-sodique de produit peut donner un sen-timent de potentialiteacutes sexuelles ac-crues la consommation massive et chronique peut entraicircner un deacutesinves-tissement de lrsquoindividu pour la sexualiteacute par la diminution progressive de la puis-sance sexuelle Et la consommation croissante drsquoalcool qui tente de compen-ser ce pheacutenomegravene ne fait que lrsquoaccen-tuer La dysfonction sexuelle peut ecirctre agrave la fois cause et conseacutequence de lrsquoabus drsquoalcool agrave lrsquointeacuterieur drsquoune spirale ougrave lrsquoalcool ser t agrave traiter les diff iculteacutes sexuelles mais ougrave il ne fait que les aggra-ver raquo36 Ces constats peuvent srsquoappli-quer agrave toutes les conduites addictives

36 Marie-Catherine ROUILLET-VOLMI Nathalie DUDORET laquo Alcool et sexualiteacute raquo Alcoologie ndeg 2 1995 p 124

Usages de drogues et parcours de vie traumatique chez les femmesLes traumatismes et les violences subis durant lrsquoenfance ou agrave lrsquoacircge adulte ponc-tuent freacutequemment les trajectoires de vie de femmes usagegraveres de drogues Trois constats peuvent srsquoeacutetablir entre dimension de genre et violences subies

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle chez les femmes en population geacuteneacuterale

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle observeacutee chez les hommes usagers de drogues

Un recours aux substances psy-choactives plus important chez les personnes ayant subi des violences au cours de la vie que chez celles nrsquoen ayant pas subi

34 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 35

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

particuliegraverement preacutecaires et mar-queacutees par un cumul de laquo handicaps raquo sociaux et psychologiques (handicap au sens de difficulteacute drsquoadaptation agrave lrsquoenvironnement)

Ineacutegaliteacutes de genre au deacutetriment de femmes et ses ravages en matiegravere de drogues En explorant le contexte de lrsquoinitiation et le profil de lrsquoinitiateur aux usages de drogues les eacutetudes socio-anthropolo-giques deacutemontrent encore une fois une situation nettement deacutefavorable voire discriminantes pour les femmesAlors que rares sont les hommes ini-tieacutes aux drogues par leur partenaire sexuel sauf chez certains hommes homosexuels chez les femmes en revanche lrsquoinitiation aux produits et en particulier agrave lrsquoinjection srsquoeffectue plutocirct dans le cadre de relations avec le partenaire sexuel

Soit il srsquoagit drsquoune opportuniteacute une femme envisage ou accepte des rela-tions sexuelles dans la perspective de se procurer un produit

Soit cela srsquoapparente agrave une manipu-lation en vue drsquoobtenir des faveurs sexuelles plus facilement un homme initie agrave la drogue une femme pour la rendre plus vulneacuterable et soumise sexuellement

Ce mecircme partenaire sexuel initia-teur peut devenir le fournisseur-dea-ler ce qui peut apparaicirctre au deacutepart comme plus simple pour se procurer le produit dans un cadre plus confiant devient une double deacutependance

Cette confusion des rocircles peut alors ecirctre un facteur drsquoescalade dans la consommation puis drsquoun enferme-ment dans la deacutependance

Enfin certains femmes usagegraveres de drogues se livrent agrave la prostitution avec par fois la mecircme personne comme dealer et proxeacutenegravete

Des conditions de consommations agrave risquesLe partage de mateacuteriel drsquoinjection est freacutequent au sein de couples consom-mateurs de drogues En proportion les femmes deacuteclarent partager davantage leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires sexuels qursquoinversement En ef-fet inversement les hommes usagers de drogues partagent majoritairement leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires de consommation de droguesDans la dynamique de couple le conjoint est souvent le deacutetenteur du produit lrsquoinitiateur aux drogues et agrave lrsquo injection Pour une par tie des femmes usagegraveres de drogues la pos-sibiliteacute de consommer est eacutetroitement lieacutee aux occasions qui leurs sont of-fertes par leur compagnon Cette absence de maicirctrise des cir-constances de consommation consti-tue un obstacle pour disposer de conditions confortables et choisies et notamment en disposant de mateacuteriel drsquoinjection steacuterile agrave usage personnel ideacutealement agrave usage unique

Le Guide laquo Femmes et Addictions raquo39 deacutecrit eacutegalement les liens multiples entre les violences subies et les conduites addictives dont les conseacute-quences sont plus freacutequemment ren-contreacutees chez les femmes

Les consommations de produits (al-cool et meacutedicaments principalement) ont une fonction anestheacutesiante de dis-sociation qui permet de supporter lrsquoinsupportable et sont une conseacute-quence freacutequente des violences subies

La consommation de produits illicites impose la freacutequentation drsquoun milieu plus violent ougrave le chantage sexuel et les vio-lences physiques sont nombreux

Lorsque lrsquoun des conjoints du couple est deacutependant agrave lrsquoalcool le niveau de violence conjugale est plus eacuteleveacute

Lrsquoeacutetat de conscience alteacutereacute peut ren-forcer les prises de risques et reacuteduire le controcircle de la situation favorisant no-tamment les violences sexuelles

Lrsquoaddiction chez une femme peut la rendre plus vulneacuterable aux yeux des hommes ce qui favorise les menaces et les violences agrave son encontre

La culpabiliteacute des megraveres associeacutee agrave la consommation de produits peut ecirctre redoubleacutee par les reproches drsquoun conjoint violent (lrsquoargument de laquo mau-vaise megravere raquo est tregraves freacutequemment employeacute par les auteurs de violences)

Lorsqursquoune femme subit des violences conjugales son isolement reacuteduit les chances de reacuteussite de son accompagne-ment et de ses soins en addictologie

39 laquo Les situations de violences raquo in Femmes amp Addic-tions ndash Accompagnement en CSAPA et CAARUD Feacutedeacuteration Addiction 2016 pp 40-50

ZOOM

Marginalisation de femmes en co-usage de drogues40

Une meacuteconnaissance en France sur la situation des femmes en usage probleacutematique de droguesEn France les femmes usagegraveres de drogues ayant un rapport probleacute-matique aux drogues sont mal connues Quand les femmes sont eacutetudieacutees crsquoest essentiellement agrave travers leur rocircle de megravere et des risques lieacutes agrave la prise de toxiques pour le fœtus durant la grossesse Les rares publications franccedilaises sur le sujet montrent que ces femmes sont particuliegraverement vulneacuterables vis-agrave-vis de la preacutecariteacute et sont for-tement exposeacutees agrave des pratiques agrave risque en lien avec lrsquousage des dro-gues et la sexualiteacute

Une meilleure approche dans la litteacuterature internationale deacutedieacutee Dans la litteacuterature internationale en revanche les publications relatives aux femmes usagegraveres de drogues sont nombreuses et concernent souvent la consommation de crack Les femmes y sont deacutecrites comme

40 Mar ie JAUFFRET-ROUSTIDE et a l laquo Femmes usagegraveres de drogues et pratiques agrave risque de transmission du VIH et des heacutepatites Compleacutementariteacute des approches eacutepideacutemiolo-gique et socio-anthropologique Enquecircte Coque-licot 2004-2007 France raquo BEH Theacutematique ndeg 10-11 10 mars 2009 pp 96-99

36 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 37

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les difficulteacutes de verbalisation par peur par pudeur ou par meacuteconnaissance de certains sujets tabous comme les senti-ments la sexualiteacute les prises de risques vont souvent donner lieu agrave une repreacute-sentation erroneacutee des conduites et consommations de leurs enfants sou-vent sous-estimeacutees En effet les parents ne mettent pas forceacutement en place en amont un dialogue sur les consomma-tions et les risques associeacutesUn sondage effectueacute par lrsquoINPES en 2010 montre que

17 des parents ne parlent jamais des risques lieacutes agrave lrsquoalcool avec leurs enfants

19 nrsquoont jamais exprimeacute leur deacute-saccord avec la consommation reacutegu-liegravere etou abusive drsquoalcool 21 ne parlent jamais des dangers lieacutes agrave la consommation de drogues 22 ne rappellent jamais que la consommation de drogues est inter-dite

Investissement sur lrsquoenfant trop ou pas assez Parallegravelement la relation parents-en-fants peut ecirctre lrsquoobjet drsquoun surinvestisse-ment de la part dudes parents dans une projection drsquoenfant ideacuteal ou au contraire drsquoun deacutesinvestissement no-tamment par deacutefaut de construction de lrsquoidentiteacute du parent Cette distorsion initiale agrave lrsquoimage de celle qui peut srsquoins-taller en co-deacutependance dans un couple affectera lrsquoapprentissage du jeune en termes de limites agrave trouver et de com-peacutetences de socialisation agrave acqueacuterir

Distorsions de perception des risques entre jeunes et parentsLes distorsions de perception des risques et des dommages lieacutes aux conduites addictives entre les parents et leurs enfants sont freacutequentes Souvent il y a banalisation inconsciente ou incon-seacutequente par les jeunes dramatisation par les parents mais aussi deacuteni ou aveu-glement du ou des parents sur lrsquoampleur de la probleacutematique addictive

Perception des jeunes de leurs propres conduites addictives

Pheacutenomegravene reacutecurrent et souvent relateacute le jeune va banaliser et minimi-ser sa consommation que ce soit pour le cannabis lrsquoalcool les jeux vi-deacuteo laquo Ccedila me deacutetend raquo laquo Je nrsquoen prends pas beaucoup raquo laquo Tout le monde fait pareil raquo laquo Je ne joue pas autant que ccedila raquo Cela met en jeu

La capaciteacute du jeune agrave se percevoir en difficulteacute donc agrave se connaicirctre Crsquoest justement lrsquoeacuteleacutement-cleacute de cet apprentissage que lrsquoon retrouve eacutegalement dans les problegravemes de scolariteacute et drsquoorientation

La capaciteacute agrave comprendre et affron-ter ses sentiments et ses question-nements reacuteaction agrave un contexte familial ou individuel difficile une sensibiliteacute ou fragiliteacute face agrave lrsquoattrac-tion du groupe Souvent ce sera les deux agrave la fois

PARENTS DrsquoENFANTS EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES Il srsquoagit ici drsquoapprocher ce qui se joue pour les parents en tant qursquoentourage directement impacteacute par les probleacutema-tiques addictives des adolescents

ILLUSTRATION

laquo Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques raquo eacutetude publieacutee en 2014 par lrsquoanpaa danS le nord-paS-de-calaiS

comprenant une eacutetude de litteacutera-ture une enquecircte et des preacuteconisa-tions Les constats suivants en sont pour partie tireacutes

Perturbation de lrsquoadolescence41 Avec lrsquoadolescence peacuteriode de boule-versements multiples les jeunes font lrsquoexpeacuterience de situations nouvelles Les compeacutetences psychosociales des pa-rents plus ou moins bien eacutetablies vont ecirctre interrogeacutees bousculeacutees et mises agrave mal par la question des consommations agrave risques Ces consommations inter-viennent avec une acuiteacute particuliegravere car elles tissent pour le parent la toile drsquoun futur soudainement inattendu dans lrsquoeacutevolution de leurs enfants laquo Jusque-lagrave tout allait bien raquo sera souvent leur pre-miegravere indication comme srsquoil y avait lrsquoenfant drsquoavant et lrsquoenfant drsquoapregraves Une rupture qui peut parfois ecirctre violente

41 Addictions familles et entourage Feacutedeacuteration Ad-diction 2012 72 p

pour le jeune usager comme pour le parentPremiegravere cigarette premiegravere sortie en soireacutee un joint trouveacute dans la chambre de son enfant une ou des ivresses reacutepeacute-teacuteeshellip Les parents ne sont pas (tou-jours) preacutepareacutes agrave ces laquo deacutecouvertes raquo Or la famille est le lieu ougrave se posent les limites drsquoun usage maicirctriseacute permettant une identification claire des risques et dommages la famille doit ecirctre un es-pace accessible pour clarifier les notions de plaisir et de risques dans le cadre drsquoun dialogue bienveillant

Entourage parental en questionne-ment Estime de soi et confiance en soi en

tant que parentPour oser solliciter drsquoautres parents etou des structures pour ecirctre aideacutes pour parvenir agrave produire un eacutechange eacutequili-breacute et de qualiteacute les parents doivent avoir confiance en eux Ce nrsquoest pas tou-jours le cas surtout quand les pratiques du jeune deviennent brusquement pro-bleacutematiquesPar ailleurs certains parents sont aussi en confrontation avec leur propre his-toire de jeunesse et drsquoeacuteducation qui vient se heurter agrave des pratiques expeacute-rientielles quelque part preacutevisibles et normales de la part de leur enfant Le comportement probleacutematique de lrsquoen-fant vient en reacutesonnance avec des diffi-culteacutes non reacutesolues de lrsquoenfance des parents La relation tend agrave se distordre sans que lrsquoenfant comprenne pourquoi cela engendre une telle reacuteactiviteacute ou non-reacuteactiviteacute du parent

38 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 39

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoampleur de la situation En jeu de miroirs drsquoinvestissements

neacutegatifs le jeune devient irraisonnable et nrsquoest pas ou plus en capaciteacute drsquoen-tendre ce que le parent lui dit

Le parent devient alors spectateur impuissant drsquoune deacutegradation du com-portement et du psychisme du jeune avec risques de violences contre soi ou autrui risques suicidaires par exempleUne souffrance parallegravele srsquoinstalle pour le jeune comme pour son entourage Des symptocircmes plus ou moins similaires affleurent conseacutequences de ces distor-sions de perception de la souffrance de lrsquoautre Chacun se persuade que lrsquoun ne doit pas srsquo inquieacuteter pour l rsquoautre laquo puisque crsquoest sa vie raquo

Lrsquoadolescence miroir inverseacute des parents42 Le contexte de lrsquoadolescence est aussi une peacuteriode deacutelicate pour les parents Crsquoest un peu aussi pour eux la confusion des sentiments et des ressentis Tandis que lrsquoenfant srsquoeacutemancipe les parents peuvent avoir le sentiment de perdre leur rocircle drsquoeacuteducateur pour un rocircle laquo su-balterne raquo de gestion des contingences mateacuterielles Parallegravelement tandis que le jeune est en pleine explosion de ces moyens physiques et mentaux eux abordent une seconde moitieacute de vie pas toujours dans la faciliteacute qui annonce un laquo deacuteclin raquo renvoyeacute drsquoailleurs active-ment par les pheacutenomegravenes de jeunisme drsquoune socieacuteteacute en mal de renouveau Les

42 Conduites addictives chez les adolescents ndash Usage preacutevention et accompagnement INSERM 2014 482 p (Expertise collective)

conflits freacutequents et exacerbeacutes entre parents et adolescents dans cette peacute-riode ne seront pas que le fait des deacute-passements de limites du jeune mais aussi parfois le fait drsquoune difficulteacute agrave pas-ser le cap pour le parent

Les tensions du couple parentalPreacuteexistantes ou symptomatiques drsquoune histoire eacuteducative diffeacuterencieacutee les ten-sions du couple peuvent venir compliquer la relation agrave lrsquoadolescent Lrsquoimportance de la composante eacutemotionnelle laquo neacutegative raquo au sein de la famille (critiques hostiliteacute jugement) repreacutesente un eacuteleacutement de vul-neacuterabiliteacutes de lrsquoindividu adolescent aug-mentant ses risques de conduites agrave risques notamment addictives

Place de la preacuteventionLe rocircle des intervenants va ecirctre de sou-tenir de reacuteassurer les uns et les autres selon que le jeune vienne seul ou ac-compagneacute en leur permettant de trou-ver un espace seacutecurisant dans lequel ils pourront reacuteinvestir leurs compeacutetences agrave sortir de cet engrenage et avoir un comportement responsable de leurs consommations Il faut aussi consideacuterer que lrsquoentourage des jeunes consommateurs srsquoeacutetend bien au-delagrave du cercle familial Cet entourage peut ecirctre tregraves concerneacute voire impacteacute par les difficulteacutes addictives du jeune eacutetablissement scolaire club spor tif groupe drsquoamis fratrieshellipLa preacutevention vis-agrave-vis de lrsquoentourage des adolescents pose la question essen-tielle du comment repeacuterer cela ne peut se faire que dans une synergie de plu-sieurs acteurs

Perceptions des conduites addic-tives des jeunes par lrsquoentourage paren-tal proche Les parents entourage immeacutediat du jeune affrontent un double regard

Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par leur enfant Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par le groupe social

Reacutepondre aux sollicitations pleacutethoriques de la socieacuteteacute de consommation comme aux exigences soudaines de liberteacute drsquoun preacute-adolecents qui exprime ses velleacuteiteacutes drsquoindeacutependance et de choix de groupe drsquoamis est un apprentissage permanent qui confronte les parents agrave leurs propres limites et compreacutehension

Le contexte socioculturel va influer sur les perceptions des limites agrave poserAinsi la banalisation des conduites ad-dictives est initieacutee le plus souvent lors de regroupements familiaux et justifieacutee comme moments de convivialiteacute cultu-relle Or ces comportements sont la source drsquoune deacuterive socieacutetale des consommations addictives drsquoalcool no-tamment qui touche les jeunes en plein croissance et en pleine construction ceacutereacutebrale alors mecircme qursquoun position-nement clair doit leur ecirctre donneacute

La banalisation de la crise drsquoadoles-cenceLes parents adossent souvent des com-portements abusifs ou extrecircmes agrave la seule crise drsquoadolescence arguant que cela est passager puisque deacutesormais la crise drsquoadolescence est abordeacutee comme un moment laquo attendu et entendu raquo dans lrsquoeacutevolution de lrsquoenfant Pourtant les

conduites addictives des jeunes preacute-adolescents et adolescents est un pheacute-nomegravene qui va au-delagrave de la crise drsquoado-lescence et peut ecirctre une source de repli sur soi et de deacutecrochage scolaire Ainsi les signes suivants ne sont pas tou-jours appreacutecieacutes agrave la hauteur de leur reacuteelle signification

Isolement dans la chambre Absence ou refus de communication

y compris avec leur groupe de pairs ou sauf si celui-ci est dans le mecircme proces-sus destructeur

Excegraves de violence

Un processus de co-deacutependance peut aussi srsquoinstaurer dans la relation agrave lrsquoenfant en risque ou en difficulteacute avec ses conduites addictives avec

La honte et la culpabiliteacute qui suc-cegravedent au deacuteni laquo Jrsquoai eacuteteacute trop laxiste avec luielle mais je voulais lui donner ce que je nrsquoai pas eu raquo laquo Jrsquoai voulu compen-ser le manque de lrsquoautre parent raquo

La certitude de pouvoir (vouloir) srsquoen sortir seul

Lrsquoisolement croissant avec lrsquoaddic-tion du jeune ecirctre toujours lagrave pour le proteacuteger le surveiller

La remise en jeu de ses propres dif-ficulteacutes drsquoenfance non reacutesolues soit en cherchant des justifications au compor-tement du jeune soit en ne toleacuterant rien et en installant une rigiditeacute extrecircme On peut alors parler de transmission trans-geacuteneacuterationnelle influant sur la relation existante agrave lrsquoautre

La dramatisation suit eacutegalement la neacutegation de la situation drsquoautant plus forte que le jeune la minimise Le parent aimant se sent alors impuissant face agrave

40 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 41

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Dans le contexte familial drsquoune probleacute-matique addictive drsquoun parent ou des deux les risques et dommages sur les enfants sont tregraves variables agrave court moyen ou long terme Les troubles conseacutecutifs agrave lrsquoaddiction du proche deacutependront du fonctionnement plus global de la famille et de son maintien de son organisation systeacutemique des comportements et atti-tudes du conjoint du deacutependant de lrsquoacircge des enfants lors du veacutecu des probleacutema-tiques addictives de leur parent

Troubles potentiels chez les enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesLorsque les parents sont dans lrsquoincapa-citeacute drsquoassurer certaines fonctions paren-tales habituelles courantes ou normales au regard de lrsquoattendu drsquoecirctre parent cela peut engendrer des troubles pour lrsquoenfant

Des troubles du deacuteveloppement lieacutes au deacutefaut de reacuteponses aux besoins psy-chiques etou physiques voire de com-portements de maltraitances

Une inseacutecuriteacute juridique lieacutee aux modaliteacutes deacutelictueuses drsquoaccegraves et de consommation des produits dans le cas de substances illicites

Une inseacutecuriteacute affective en tant que teacutemoin drsquoeacuteventuels conflits conjugaux lieacutes aux conduites addictives de leurmiddots parentmiddots en termes de causes comme de conseacutequences ou ecirctre pris agrave parti dans les conflits entre leurs parents voire sommeacutes de prendre parti

Un risque plus eacuteleveacute drsquoeacutevoluer vers des troubles psychiques et comporte-mentaux des conduites agrave risques des probleacutematiques addictives dans le cadre

drsquoune transmission intergeacuteneacuterationnelle qursquoen population geacuteneacuterale

Agrave court terme un risque reacuteel drsquoins-taller une forme de co-deacutependance propre agrave leur acircge et agrave leur nature drsquoen-fant Conseacutecutivement agrave la deacutefaillance de leurs parents ces enfants agissent dans la volonteacute de proteacuteger leur parent laquo malade raquo

Lrsquoenfant et le parent en difficulteacute avec ses conduites addictives45 46

Lrsquoenfant est un enjeu dans le systegraveme de reacutegulation de la famille

Pour comprendre son fonctionne-ment il faut comprendre son contexte drsquoeacutevolution les interactions entre les membres de sa famille capables drsquoenga-gement les uns envers les autres Ces interactions constituent des attitudes de laquo loyauteacute familiale raquo qui engendre une sorte de laquo comptabiliteacute raquo de ce que cha-cun donne de ce que chacun reccediloit et de ce que lrsquoon srsquoattend agrave recevoir en eacutechange

Dans le processus de parentifica-tion lrsquoenfant devient parent de son propre parent parent de sa fratrie ou conjoint drsquoun de ses parents Le principe de parentification peut permettre de deacutevelopper des compeacutetences agrave condi-tion que ce qui lui est demandeacute en termes de responsabiliteacute soit adapteacute agrave son acircge et qursquoil reccediloive une reconnais-sance de qursquoil peut faire

45 Catherine DUCOMMUN-NAGY laquo Nouvelles fa-milles nouvelle deacutefinition de la loyauteacute familiale raquo in S DrsquoAMORE (dir) Les nouvelles familles Approches cli-niques De Boeck Supeacuterieur pp 261-280

46 Philippe MICHAUD laquo Les enfants de parents al-cooliques raquo Le carnet PSY 20011 (ndeg 61) pp 33-35

PARENTIFICATION DES ENFANTS

ZOOM

La parentification

DeacutefinitionJean-Franccedilois Le Goff deacutefini la parenti-fication comme laquo un processus rela-tionnel interne agrave la vie familiale qui amegravene un enfant ou un adolescent agrave prendre des responsabiliteacutes plus im-portantes que ne le voudraient son acircge et sa maturation dans un contexte socioculturel et historique preacutecis et qui le conduit agrave devenir un parent pour ses (ou son) parents Crsquoest un processus impliquant toujours plusieurs geacuteneacutera-tions qui plonge ses racines dans les geacuteneacuterations des grands-parents et dont les conseacutequences peuvent tou-cher les geacuteneacuterations agrave venir raquo43

43 Jean-Franccedilois LE GOFF Lrsquoenfant parent de ses parents Parentification et theacuterapie familiale LrsquoHar-mattan 2000 256 p

laquo La notion de parentification appa-raicirct [hellip] une notion clinique englo-bante et complexe ayant lrsquointeacuterecirct drsquoapprocher un processus en action dans toutes les relations familiales mais surtout drsquoeacuteviter les descriptions simplistes se contentant de deacutesigner des rocircles ou des caracteacuteristiques indi-viduelles reacuteductrices de la complexiteacute du contexte relationnel Lrsquoenfant pa-rentifieacute nrsquoest pas toujours un laquo enfant adultifieacute raquo et ses (ou son) parents ne sont pas des laquo adultes immatures raquo Se baser sur une conception homo-gegravene de la maturiteacute est une simplifica-tion ne correspondant ni agrave la reacutealiteacute clinique ni agrave la vie quotidienne raquo44

44 Jean-Franccedilois LE GOFF laquo Theacuterapeutique de la parentification une vue densemble raquo Theacuterapie Familiale vol 26 ndeg 3 2005 pp 285-298

VIGILANCE

sur les sources drsquoinformationLe site internet et la chaine YouTube laquo Alcool et parents - comment parler drsquoalcool agrave vos enfants raquo sont proposeacutes par lrsquoassociation laquo Avec modeacuteration raquo (anciennement laquo Entreprise et preacutevention raquo) association qui reacuteunit les princi-pales entreprises franccedilaises du secteur des vins et champagnes biegraveres et spiri-tueux en meacutetropole et agrave La Reacuteunion Son discours de preacutevention est donc influenceacute pour ne pas dire dicteacute par lrsquoactiviteacute agrave but lucratif de ses membresCes informations eacutetant issues des producteurs drsquoalcool eux-mecircmes sont degraves lors orienteacutees Crsquoest lrsquoune des formes multiples de la strateacutegie de lobbying des alcooliers

42 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 43

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

Risque de co-deacutependance amp ParentificationGroupeS de parole agrave deStination drsquoenfantS de familleS en difficulteacute avec leurS conduiteS addictiveS en bretaGne

CONTEXTE LrsquoANPAA en Ille-et-Vilaine co-anime agrave Rennes depuis 2000 avec le CSA-PA un groupe de parole drsquoenfants is-sus de famille agrave dysfonctionnement alcoolique Cette deacutemarche srsquoest deacute-veloppeacutee sur cinq territoires drsquoIlle-et-Vilaine eacutelargie depuis 2014 aux quatre deacutepartements bretonsUne eacutevaluation de la mise en œuvre de ces groupes a eacuteteacute meneacutee en 2014LrsquoANPAA accompagne des acteurs en Bretagne dans la mise en œuvre de ces groupes sur leurs territoires par la formation laquo Enfants de parents deacute-pendants comprendre et intervenir raquo

ORIGINE DU PROJET

Lrsquoinitiative de creacuteer ces groupes de paroles reposait sur un triple constat

Peu de structures etou de dispo-sitifs existaient pour accompagner les enfants issus de ces familles

Le systegraveme familial marqueacute par lrsquoalcool a des conseacutequences sur la vie quotidienne de lrsquoenfant que cela soit en termes de vie quotidienne (vio-lences eacuteventuelles absenceshellip) drsquoatti-tudes vis-agrave-vis de ses parents ou drsquoacquisitions de rocircles lui permettant de maintenir le lien avec ses parents

La non-prise en compte de cette

laquo vie drsquoenfant raquo et de lrsquoeacutequilibre dans les relations au sein du systegraveme fami-lial dans le respect de son identiteacute peut agrave terme entraicircner le deacuteveloppe-ment de conduites agrave risques etou amener la reproduction pour lrsquoenfant lors du passage agrave lrsquoacircge adulte drsquoun modegravele familial marqueacute par lrsquoalcool Forte de ces constats lrsquointervention sous forme de groupes repose sur lrsquoobjectif de laquo rompre lrsquoisolement raquo dans lequel les enfants se trouvent au sein de la cellule familiale De mecircme lrsquoutilisation de la parole comme meacutethode et objet des groupes srsquoinscrit comme une premiegravere eacutetape indispensable agrave la restauration de lrsquoes-time de soi Les objectifs des groupes de paroles sont bien drsquoapporter du soutien ndash sans le jugement sur la famille - et drsquoordre preacuteventif en reacuteduisant les risques de recours aux produits psy-choactifs etou drsquoentrer dans la reacutepeacuteti-tion des conduites de deacutependance agrave lrsquoacircge adulte La forme choisie et les objectifs poursuivis correspondent aux caracteacuteristiques du public

PUBLIC jeunes de 10 agrave 18 ans impacteacutes par les conduites addictives de leurs parents

OBJECTIFS GEacuteNEacuteRAUX

Proposer un lieu drsquoeacutecoute pour li-beacuterer la parole des jeunes

Favoriser les eacutechanges avec et entre les enfants et les adultes

Partager les veacutecus et sentiments personnels

Chez le jeune enfant (avant lrsquoadoles-cence) la parentification instaure un comportement de loyauteacute indeacutefectible qui empecircche lrsquoenfant drsquoexprimer ses dif-ficulteacutes

La deacutefaillance du parent voire la maltraitance porteacutee par le symptocircme addictif amegravene lrsquoenfant agrave se rendre le plus invisible possible pour deacuteranger le moins possible La reacuteaction de surpro-tection de lrsquoenfant est un don jamais suffisant pour compenser ce que le pa-rent ne peut lui appor ter Lrsquoenfant cherche agrave excuser le parent malade plu-tocirct qursquoagrave le rejeter De ce fait lrsquoenfant ne peut verbaliser explicitement une de-mande drsquoaide ni exprimer son eacutetatsa situation par un quelconque symptocircme Mais la difficulteacute des adultes agrave aborder avec lui la question des consommations de substances psychoactives amegravene souvent lrsquoenfant agrave douter de ses percep-tions et agrave se renforcer dans son rocircle deacutefensif

Chez lrsquoadolescent la parentification nrsquoempecircchera pas le jeune de trouver la ressource de srsquoopposer Les formes de ses difficulteacutes seront donc plus souvent laquo symptomatiques raquo mais cela ne signi-fie pas qursquoelles soient pour autant plus faciles agrave aborderIdentifier et preacutevenir les risques de pa-rentification est un enjeu pour la future vie drsquoadulte de lrsquoenfant Crsquoest aussi une eacutetape essentielle pour un meilleur ac-compagnement et soins du parent en difficulteacute avec ses conduites addictives sur le plan de sa fonction parentale

Preacutevention des risques chez lrsquoenfant de parent en difficulteacute avec ses conduites addictivesPlusieurs axes sont essentiels agrave la preacute-vention des risques et agrave la reacuteduction des dommages concernant les enfants en danger de parentification

Le repeacuterage systeacutematique des eacuteven-tuelles probleacutematiques familiales des adultes accompagneacutes en soins en addic-tologie ou conjoint de ses personnes

La formation des intervenants du secteur de lrsquoenfance le repeacuterage des enfants en souffrance passe en premier lieu par un renforcement des capaciteacutes drsquointervention des personnes du secteur de lrsquoenfance La formation en addictolo-gie doit viser une deacuteconstruction des repreacutesentations une capaciteacute de com-preacutehension des probleacutematiques addic-tives de repeacuterage chez les enfants qui en subissent les conseacutequences une ca-paciteacute drsquoorientation vers les dispositifs speacutecialiseacutes si neacutecessaire

Lrsquoeacutecoute lrsquoobjectif premier en ac-tions de preacutevention sur ce sujet est de trouver les ressorts pour favoriser la parole des enfants en collectif ou en individuel Freacutequemment des enfants preacute-adolescents ou adolescents confient leurs difficulteacutes ou soucis face aux pro-bleacutematiques addictives de leurs parents agrave un animateur qui intervient au deacutepart sur leurs propres conduites addictives Cette eacutecoute doit ecirctre active et doit permettre si besoin une orientation vers un accompagnement individuel de lrsquoenfant en structure speacutecialiseacutee ou pas

44 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 45

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Inscrire formellement lrsquoorientation dans le cadre des pratiques profes-sionnelles

Ces aspects sont agrave mettre en rela-tion avec le laquo parcours du jeune raquo

lrsquoayant meneacute agrave la reacuteunion du groupe de paroles et agrave croiser avec les lieux de vie dans lequel le jeune peut ren-contrer le professionnel laquo orienteur raquo

Aider agrave la formulation par les en-fants de solutions favorables agrave leur bien-ecirctre

Garantir un accompagnement par des professionnels de la relation drsquoaide

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider lrsquoenfant agrave Prendre conscience nommer ses besoins propres Repeacuterer nommer ses eacutemotions Nommer les solutions qursquoil adopte pour geacuterer ses eacutemotions Eacutelaborer et nommer des solutions alternatives

PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT

DU GROUPE DE PAROLE

Le recrutement des jeunes peut se faire par les familles par lrsquointermeacute-diaire de professionnels ou drsquoune as-sociation par le jeune lui-mecircme

Chaque jeune est reccedilu preacutealable-ment en entretien individuel drsquoaccueil pour creacuteer la premiegravere relation preacute-senter le fonctionnement du groupe de parole et reacutepondre agrave ses questions

Le groupe fonctionne comme un groupe ouvert chaque jeune a la pos-sibiliteacute drsquoassister au nombre de reacuteu-nions qursquoil choisit il peut quitter le groupe agrave tout moment

Un adulte annote les paroles des jeunes sur un cahier durant la seacuteance qui est mis par la suite agrave leur disposi-tion Objectifs permettre les trans-missions entre adultes reacutefeacuterents et animateurs et permettre aux jeunes

de repeacuterer leur propre eacutevolution Des outils drsquoanimation comme le

geacutenogramme les lunettes drsquoalcooleacute-mie les teacutemoignages les bandes des-sineacuteeshellip peuvent ecirctre utiliseacutes et les jeunes peuvent aussi amener des sup-ports individuels tels que des poeacutesies chansons dessinshellipGroupe reacuteuni tous les 15 jours drsquoune dureacutee drsquoenviron 1 h 30

PREacuteCONISATIONS

Preacuteserver la mixiteacute et la diversiteacute professionnelle des intervenants dans lrsquoanimation du groupe cet aspect implique notamment la prise en compte par les institutions le fait que le temps drsquoanimation et de supervi-sion soient consideacutereacutes comme temps de travail

Renforcer le sentiment drsquoapparte-nance entre les animateurs des groupes de paroles

Renforcer la formation sur lrsquoanimation Expeacuterimenter de nouvelles techno-

logies

ORIENTATION

Informer les professionnels sur ce qursquoest un groupe de parole

Par une diffusion sur les lieux de vie des jeunes (collegravegues lyceacutees maison des adolescents foyer eacuteducatifhellip)

Par des preacutesentations dans les ins-titutions etou services concerneacutes par lrsquoaccueil des jeunes

En associant la preacutesentation des groupes de parole aux programmes de preacutevention meneacutes dans les structures

ZOOM

Preacutevention des risques et des dommagesenfance en danGer informationS preacuteoccupanteS et SiGnalement47

Ce que dit la loi Le fait pour quiconque ayant eu connaissance de privations de mau-vais traitements ou drsquoagressions ou atteintes sexuelles infligeacutes agrave un mineur ou agrave une personne qui nrsquoest pas en mesure de se proteacuteger en raison de son acircge drsquoune maladie drsquoune infir-miteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique ou drsquoun eacutetat de grossesse de ne pas en informer les autoriteacutes judiciaires ou administratives est puni de 3 ans drsquoemprisonnement et de 45 000 euros drsquoamende48

Cateacutegories de publics concerneacutees Personnes en situation de fragiliteacute

les mineurs et les personnes acircgeacutees les personnes malades atteintes drsquoune

47 Pour aller plus loin le site de service public httpswwwservice-publicfrparticuliersvosdroitsF781

48 Article 434-3 du Code Peacutenal modifieacute par la loi ndeg 2016-297 du 14 mars 2016-art46

infirmiteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique et les femmes enceintes

Alors que jusque-lagrave seuls les mi-neurs de 15 ans eacutetaient concerneacutes la loi du 14 mars 2016 relative agrave la pro-tection de lrsquoenfance ne distingue plus entre les diffeacuterents acircges et ouvre agrave tous les mineurs

Deacutefinition de lrsquoenfance en dangerUn enfant est consideacutereacute en danger ou risque de lecirctre si sa santeacute sa seacutecuriteacute sa moraliteacute ou son deacuteveloppement physique affectif intellectuel et social sont compromis

Lorsqursquoil est victime de violences physiques ou psychologiques de neacutegli-gences lourdes ayant des conseacutequences graves sur son deacuteveloppement

Lorsqursquoil est victime drsquoagression sexuelle

Lorsque ses conditions de vie peuvent compromettre sa santeacute sa seacutecuriteacute et son eacuteducation

Signalement Il peut ecirctre adresseacute agrave lrsquoautoriteacute judi-ciaire ou agrave lrsquoautoriteacute administrative En cas drsquourgence ou de crimes ou de deacutelits graves le Parquet doit ecirctre

46 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 47

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CHAMP SOCIAL

On srsquointeacuteressera ici agrave deux situations de co-deacutependance dans le champ social entre adolescents drsquoune part en milieu professionnel drsquoautre part

CO-DEacutePENDANCE ENTRE ADOLESCENTS

Lrsquoadolescence une peacuteriode de recherche des limites et de soi-mecircme

La socialisation deacutebute degraves la nais-sance et se poursuit tout au long de la vie Elle commence dans lrsquointeraction avec les parents et le cercle familial eacutelar-gi et srsquoouvre progressivement en re-cherchant la compagnie des autres

Par ailleurs des instances de sociali-sation qui prennent autant de formes de groupes drsquoappar tenance (modes drsquoaccueil et scolarisation associations reacuteseaux sociaux etc) interfegraverent sur le rocircle eacuteducatif des parents

Agrave lrsquoadolescence les enfants se deacute-tournent du groupe familial avec plus ou moins de soif de liberteacute et drsquoindeacutepen-dance selon les individus et la deacutemarche eacuteducative des parents Dans une re-cherche narcissique drsquoidentification lieacutee agrave une peacuteriode de bouleversements psy-chiques et physiques ils cherchent agrave laquo construire raquo une personnaliteacute mais aussi agrave deacutepasser les limites fixeacutees par leur eacuteducation lrsquoenvironnement social familial ainsi que leurs propres peursmanques

Par ailleurs ces attitudes et compor-tements sont eacutemailleacutes de doute sur soi et sur le monde Certains font preuve drsquoun eacuteloignement drsquoune distance mar-quante que ce soit dans la relation agrave la famille ou aux amis habituels laquo Le jeune est souvent eacutetranger agrave lui-mecircme on pourrait mecircme dire que son corps fait partie de son entourage proche raquo49

Lrsquoidentification au groupeLa co-deacutependance des adolescents au sein drsquoun groupe drsquoamis ou du moins de freacutequentations amicales est en lien eacutetroit avec le contexte de socialisation qui srsquoopegravere agrave cet acircge dans le cercle exteacute-rieur agrave la famille Les adolescents srsquoinsegraverent agrave des groupes particuliers (ou groupes drsquoappartenance) qursquoils soient naturels spontaneacutes ou structureacutes socialement Ces groupes se forment dans le cercle scolaire sportif ou drsquoactiviteacutes culturelles parfois aussi dans le quartier ou la zone reacutesidentielle Lrsquoadolescent est en mesure parfois de srsquoinseacuterer au sein de plusieurs groupes diffeacuterencieacutes par leurs centres drsquointeacuterecirct commun (les amis du collegravege du club de sport du cercle amical de la famille etc) Dans le contexte actuel de famille freacutequemment deacutenucleacuteariseacutee lrsquoado-lescent aura entre ces deux parents de multiples occasions de partir agrave la deacutecou-verte de nouveaux environnements Par ailleurs suivant les liberteacutes prises ou accordeacutees en termes de sortie le champ relationnel des jeunes devient vite ex-ponentiel

49 Veacuteronique GARGUIL laquo Les multiples entourages du jeune consommateur raquo Actal ndeg 3 2007 pp 18-19

saisi prioritairement afin drsquoordonner des mesures de protections de la vic-time et diligenter une enquecircte il convient drsquoinformer en parallegravele les autoriteacutes administratives

Information preacuteoccupanteLrsquoinformation preacuteoccupante est une proceacutedure qui permet de signaler une situation drsquoun enfant en danger ou ris-quant de lrsquoecirctre Cette information preacuteoccupante peut ecirctre faite

Par courrier au Preacutesident du Conseil Deacutepartemental il existe dans chaque Conseil Deacutepartemental une cellule deacutedieacutee au recueil drsquoinfor-mations preacuteoccupantes porteacutee par lrsquoAide Sociale agrave lrsquoEnfance (ASE) lrsquoin-formation peut se faire par courrier par teacuteleacutephone par mail et lors drsquoun accueil physique Tous les signale-ments peuvent ecirctre faits drsquoune ma-niegravere anonyme

Par teacuteleacutephone en contactant le 119 (Service National drsquoAccueil Teacuteleacute-phonique pour lrsquoEnfance en Danger (SNATED) 24h24h et 7 jours sur 7)

Par teacuteleacutephone en contactant le 17 Police ou Gendarmerie (24h24h)

Lorsque la situation de lrsquoenfant est drsquoune extrecircme urgence (par exemple en cas de maltraitance de violences sexuelles) il est possible de saisir di-rectement le Procureur de la reacutepu-blique

Proceacutedure apregraves information Degraves reacuteception des informations

preacuteoccupantes lrsquoASE procegravede agrave une analyse de premier niveau afin drsquoap-preacutecier la suite agrave donner

En cas drsquoinfractions peacutenales (agres-sions sexuelles ou violences aveacutereacutees) la cellule transmet immeacutediatement les informations au Procureur de la Reacutepu-blique

Dans les autres cas la cellule sol-licite une eacutevaluation de la situation aupregraves du service territorial drsquoaction sociale compeacutetent

Lrsquoeacutevaluation solliciteacutee devra per-mettre drsquoappreacutecier si lrsquoenfant signaleacute se trouve en situation de danger et de proposer agrave la famille toutes les mesures drsquoaide permettant de remeacute-dier agrave la situation

Si la famille refuse lrsquointervention du service territorial drsquoaction sociale et que le danger perdure un signale-ment au Procureur de la Reacutepublique est effectueacute par la cellule Le juge des enfants peut ecirctre saisi et deacutecider toute mesure de protection judiciaire approprieacutee

48 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 49

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

car ils sont precircts agrave beaucoup pour ecirctre accepteacutes par leurs pairs et se focalisent sur les reacuteactions perccedilues agrave leur en-contre

Si nombre de jeunes parviennent agrave maicirctriser leurs tentations une partie non-neacutegligeable drsquoentre eux a tregraves tocirct des expeacuteriences de consommation de produits psychotropes et drsquoalcool en groupe agrave un acircge ougrave la toute-puissance supposeacutee du corps pousse en geacuteneacuteral agrave neacutegliger le risque de probleacutematique addictive

PreacuteventionPartant de ce constat lrsquoexpertise IN-SERM relative aux conduites addictives chez les jeunes51 souligne lrsquointeacuterecirct de sensibiliser les jeunes agrave lrsquoinfluence des amis pour preacutevenir les initiations et eacuteventuelles conduites addictives plus tard Les compeacutetences psychosociales qui doivent ecirctre deacuteveloppeacutees sont la gestion de lrsquoinfluence des pairs et la ca-paciteacute drsquoaffirmation de soi

51 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

ZOOM

Srsquoinscrire dans une appartenance lrsquoinfluence du groupe dans les motivations et trajectoires de conduites addictives agrave lrsquoadolescence52

Lrsquoenjeu de sociabiliteacute et la dimension collective deacuteterminent toutes les ini-tiations aux drogues Lrsquoaspect relation-nel domine les reacutecits il srsquoagit agrave la foi drsquoexpeacuterimenter les sentiments per-ceptions et penseacutees drsquoautrui et de former une communauteacute affective immeacutediate laquo Essayer ensemble raquo est souvent preacutesenteacute comme un signe drsquoadheacutesion de confiance drsquoidentifica-

52 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations moti-vations et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo Tendances ndeg 122 Deacutecembre 2017 8 p

tion et de validation mutuelles en particulier chez les filles (agrave lrsquoimage des reacutecits drsquoinitiation tabagique avec laquo une meilleure amie raquo en secret comme pour sceller un engagement intime reacuteciproque) Agrave lrsquoinverse parmi les gar-ccedilons la premiegravere cigarette est eacutegale-ment fumeacutee en groupe souvent avec les aineacutes consideacutereacutes comme des men-tors Le point commun de toutes ces expeacuterimentations (tabac alcool can-nabis) est le renforcement drsquoun lien Il srsquoagit selon les cas de consolider une alliance ou de conjurer le risque de mise agrave lrsquoeacutecart du groupe (agrave lrsquoimage de la justification laquo tout le monde fume alorshellip raquo) Le capital social est parfois expliciteacute laquo Jrsquoavais des problegravemes drsquoacceptation donc je pensais que en fumant ccedila allait plus me socialiser raquo (Thomas 16 ans)

Importance et inf luence du laquo groupe drsquoamis raquo sur les tenta-tives de lrsquoadolescent50

Crsquoest tregraves souvent au cœur des groupes drsquoappartenance que se font les premiegraveres consommations de subs-tances psychoactives

Les jeunes dont les amis consomment des produits psychoactifs preacutesentent des niveaux de consommation plus eacutele-veacutes que ceux dont les amis ne consom-ment pas Ceci reflegravete probablement agrave la fois

La faccedilon dont les adolescents choi-sissent leurs amis Lrsquoinfluence des consommations des pairs sur les populations adoles-centes

Ce constat est eacutegalement valable pour les jeux de hasard et drsquoargent et les jeux videacuteo drsquoautant plus que leur pratique est ressentie comme un loisir agreacuteable excitant et associeacute agrave des valeurs posi-tives

Concernant les tentatives drsquousage de produits psychotropes de nombreuses eacutetudes ont eacuteteacute meneacutees pour mieux appreacutehender les comportements des jeunes et la perception qursquoils ont de leurs cercles amicaux en tant qursquoinfluen-ceurs de prise de risques

Lrsquoinfluence du groupe de pairs sera drsquoautant plus manifeste que les parents ne peuvent assurer une surveillance et garantir un attachement de qualiteacute

Lrsquoidentification au groupe deacuteveloppe une notion drsquoappartenance qui peut

50 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

devenir vitale pour le jeune adolescent notamment srsquoil est peu rassureacute ou mal agrave lrsquoaise avec son individualiteacute

Certains adolescents sont precircts agrave aller tregraves loin pour ecirctre accepteacutes dans un groupe Les pheacutenomegravenes de rejet ou de moqueries de la part de groupes peuvent aussi provoquer une mise en abicircme de lrsquoadolescent

Ambivalence du groupe drsquoapparte-nance Pour les adolescents et les jeunes adultes le groupe drsquoappartenance peut revecirctir plusieurs formes

Le clan facteur de construction iden-titaire est une source drsquoaffection de soutien moral de questionnements et de deacutepassement de soi Il peut aussi ecirctre source drsquoinhibitions parfois bloquantes agrave lrsquoeacutecole ou ailleurs Agrave travers le clan le jeune trouve une limite agrave lrsquoeffet miroir et parvient peu agrave peu agrave srsquoindividualiser et agrave construire sa propre identiteacute

Le clan peut aussi ecirctre facilitateur de prises de risques lrsquoeffet groupe a ten-dance agrave creacuteer une barriegravere agrave lrsquointeacuterieur de laquelle le jeune se sent proteacutegeacute et tout-puissant libre de multiplier les prises de risques

Les expeacuteriences agrave risques constituent pour les membres du clan une eacutechappa-toire dont ils srsquoempareront pour sortir de leur quotidien dans lequel la pression est souvent grande conflits familiaux examens premiers amours permis orientation

Contrairement agrave ce qursquoils pensent les adolescents ne perccediloivent pas et ne maitrisent pas toujours la nature nocive de certains rapports amicaux de groupe

50 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 51

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

THEgraveMES

Ces DVD permettent daborder diffeacuterentes theacutematiques question-neacutees par ladolescence

Ecirctre adolescent Ladolescence Ecirctre en lyceacutee professionnel ecirctre interne Les relations parents-adoles-cents ecirctre parent dadolescent Les conduites addictives tabac cannabis alcool eacutecrans Lrsquoamour et la sexualiteacute Le bonheur

CO-DEacutePENDANCE EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte53 Les probleacutematiques addictives en milieu professionnel sont nommeacutees comme telles car elles concernent des travail-leurs qui font eacutetat de difficulteacutes varieacutees et laissent apparaicirctre les effets drsquoune conduite addictive sur le lieu de travail voire en consommant sur le lieu de travail

Les usages de substances psychoactives en milieu professionnel peuvent ecirctre consideacutereacutes sous deux eacuteclairages compleacute-mentaires drsquoun mecircme pheacutenomegravene qui ne doivent pas ecirctre opposeacutes

Eclairage selon lequel les conduites addictives peuvent faire peser des risques sur la seacutecuriteacute en milieu professionnel et sur les performances des organisations

53 Christophe PALLE Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel OFDT note de synthegravese ndeg 2015-05 8 octobre 2015 13 p

Eclairage selon lequel le travail est consideacutereacute comme deacuteterminant de la santeacute des professionnels santeacute elle-mecircme facteur de seacutecuriteacute et de perfor-mance des organisations il srsquoagit donc drsquoanalyser les liens entre conduites ad-dictives et travail (organisation du travail management culture drsquoentreprise)

Les conduites addictives peuvent impac-ter un large laquo entourage raquo en milieu professionnel du collaborateur au cadre dirigeant voire tout un service de lrsquoen-treprise Ces conduites addictives long-temps passeacutees sous silence sont de plus en plus deacutevoileacutees et eacutetudieacutees du fait

Drsquoune intensification des tacircches et de la reacuteduction des effectifs dans de nom-breux domaines drsquoactiviteacutes De ce fait lrsquoentourage professionnel mecircme srsquoil envisage difficilement et tardivement de faire connaicirctre le comportement addic-tif du collaborateur aura de plus en plus de mal agrave assumer les reports de tacircches et lrsquoambiance deacuteleacutetegravere induits par lrsquoad-diction du collaborateur

Drsquoune leacutegislation plus contraignante pour les employeurs qui sont respon-sables de la santeacute au travail de leurs employeacutes

Drsquoune approche plus efficiente du tabou des addictions en milieu profes-sionnel

Toutefois il est agrave remarquer que nombre drsquousagers de drogues de co-caiumlne notamment demeurent invisibles Leur addiction plus ou moins maicirctriseacutee reste largement masqueacutee par un com-portement dissocieacute entre sphegraveres pri-veacutee et professionnelle Ainsi une grande

ILLUSTRATION

Coffret de deux DVD et livret laquo Adolescences raquo produit par lrsquoanpaa danS lrsquooiSe

Ce coffret de deux DVD permet daborder la question des conduites addictives en srsquointeacuteressant agrave ladoles-cence de maniegravere globale dans une approche positive de la santeacute Dune dureacutee de 3 h 20 il a eacuteteacute reacutealiseacute dans le cadre drsquoun partenariat entre lrsquoANPAA dans lrsquoOise et le lyceacutee professionnel Jules Verne de Grandvilliers gracircce agrave la mobilisation de pregraves de 200 per-sonnes sur 3 anneacutees (de sept 2012 agrave septembre 2015) dans la construction des interviews les teacutemoignages leacutecri-ture et le tournage de sceacutenarios le montage videacuteo la reacutedaction et la lec-ture du livret daccompagnement jusquagrave la composition de la bande originale

PUBLIC DESTINATAIRE

Il srsquoadresse aux adolescents de 12 agrave 20 ans environ aux parents drsquoadolescents aux professionnels travaillant aupregraves drsquoadolescents etou de leurs parents

OBJECTIFS

Amener les adolescents les adultes (professionnels etou parents dadolescents) agrave reacutefleacutechir agrave verbaliser leurs repreacutesentations agrave deacutebattre et reacuteagir suite au visionnage de certaines de ces interviewssceacutenarios

Apporter des repegraveres et des eacuteleacute-

ments theacuteoriques pour mieux cerner les enjeux et comprendre chacune des theacutematiques qui gravitent autour de ladolescence (conduites addictives les eacutecrans lamour et la sexualiteacutehellip)

Faire prendre conscience aux pa-rents aux professionnels et aux ado-lescents que chacun a sa propre re-preacutesent at ion de ce que s t ladolescence et quelle nest pas for-ceacutement synonyme de crise de turbu-lences de violence de problegravemes de conflits malgreacute certains preacutejugeacutes

Montrer aux adolescents et aux parents quecirctre parent nest pas for-cement inneacute acquis facilehellip

Rassurer accompagner les parents dans leurs rocircles et les aider au mieux agrave avoir confiance en eux et en leurs en-fants (dans laffirmation de leurs posi-tionnements les aider agrave faire le tri entre les principes fondamentaux et les conseils divulgueacutes dans les meacutedias)

CONTENU Deux DVD

laquo Surfer entre plaisirs et prises de risques adolescences raquo coreacutealiseacute avec des adolescents laquo Regards croiseacutes sur (ce qui nest pas une maladie) ladolescence raquo coreacutealiseacute avec des professionnels parents et adolescents

Un livret daccompagnement Un site internet deacutedieacute wwwado-lescencesfr sur lequel figure des fiches danimation et des fiches peacutedagogiques en lien avec cinq des 8 theacutematiques

52 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 53

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

et de la restauration Les personnels du secteur de la construction sont plus par-ticuliegraverement en tecircte pour les subs-tances licites alors que pour les subs-tances illicites crsquoest dans le secteur des arts et spectacles puis de lrsquoheacutebergement et de la restauration que les preacutevalences de consommation sont les plus eacuteleveacutees

Le secteur de lrsquoagriculture sylvicul-ture et pecircche se caracteacuterise par des preacutevalences eacuteleveacutees uniquement pour lrsquoalcool surtout pour la consommation quotidienne

Deux autres secteurs figurent aussi parmi les plus fortement consomma-teurs bien que dans une moindre me-sure celui de lrsquoinformation et de la com-munication surtout pour les substances illicites et celui des produits manufactu-reacutes pour les substances licites

Agrave lrsquoautre extrecircme du classement quatre univers de travail se caracteacuterisent par des niveaux plus faibles de consom-mation pour la quasi-totaliteacute des subs-tances lrsquoadministration publique lrsquoensei-gnement le milieu de la santeacute humaine et de lrsquoaction sociale et les activiteacutes de service aux meacutenages

Consommations au cours de la journeacutee de travail58

En-dehors des occasions telles que les laquo pots raquo et les repas 189 des hommes et 103 des femmes soit 164 des actifs occupeacutes ont un usage drsquoalcool au moins occasionnel et ont consommeacute de lrsquoalcool durant leur temps de travail au moins une fois dans lrsquoanneacutee (Beck et al 2013)

58 Ibid

La proportion de ceux qui deacuteclarent consommer pendant leur temps de tra-vail au moins une fois par semaine est beaucoup plus faible mais atteint 35 (parmi les actifs occupeacutes des deux sexes confondus acircgeacutes de 16 agrave 64 ans et qui consomment au moins occasionnelle-ment de lrsquoalcool) Ce pourcentage re-preacutesente 15 de lrsquoensemble des actifs occupeacutes

Addictions comportementalesCes conduites addictives comporte-mentales ont des impacts sur le collectif de travail et pas seulement sur les per-sonnes concerneacutees

La techno-deacutependance59 est une rela-tion aux nouvelles technologies inter-net messageries teacuteleacutephones mobiles reacuteseaux sociaux etc Ces outils sont lar-gement reacutepandus en milieu profession-nel Leur usage abusif peut devenir pro-bleacutematique impactant les collaborateurs maintenus en reacuteseau au-delagrave de leur temps de travail 37 des actifs deacute-clarent utiliser les outils numeacuteriques professionnels hors temps de travail60 Conscient de ces risques dans lentre-prise un droit agrave la deacuteconnexion a eacuteteacute inscrit dans la loi travail de 2016

Les addictions comportementales font reacutefeacuterence agrave des attitudes reacutepeacuteteacutees sur un mode obsessionnel Le workaho-lisme en fait partie

59 Pour aller plus loin Bruno METTLING Transfor-mation numeacuterique et vie au travail septembre 2015 69 p

60 Pratiques numeacuteriques des salarieacutes pendant les congeacutes ELEAS septembre 2017

part de ces consommateurs est tregraves bien inteacutegreacutee ndash eacutetudiants cadres intel-lectuels politiques ndash et parvient agrave reacutegu-ler leurs usages pour mieux eacutechapper en premier lieu agrave la reacuteprobation sociale voir agrave des sanctions professionnelles Leurs addictions si tant est qursquoelles demeurent longtemps non apparentes peuvent un jour conduire suite agrave un effet deacuteclen-cheur agrave des impacts en milieu profes-sionnel parfois gravissimes (accidents du travail burn-out suicides ) Ces conduites addictives sont souvent lieacutees agrave une pression sociale et agrave des pratiques reacutecurrentes de certains milieux sociaux-professionnels

Principales substances psychoac-tives consommeacutees chez les actifs occupeacutes54

Tabac 304 fument quotidienne-ment Alcool 73 en consomment quo-tidiennement 95 ont des ivresses reacutepeacuteteacutees 186 ont une alcoolisa-tion ponctuelle importante dans le mois 73 ont une consommation agrave risque chronique

Cannabis 9 en consomment au moins une fois par an

Cocaiumlne 08 en consomment au moins une fois par an Ecstasyampheacutetamine 05 en consomment au moins une fois par an

54 Baromegravetre santeacute 2014 INPES lt httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2014indexasp gt

Consommations selon les profes-sions et cateacutegories sociales55 Des diffeacuterences genreacutees sont agrave distin-guer en matiegravere de consommation de tabac alcool meacutedicaments psycho-tropes cannabis cocaiumlne et ecstasyampheacutetamines

Chez les hommes Globalement les plus consommateurs sont les employeacutes et les ouvriers Les cadres et les agriculteurs sont globalement les moins consomma-teurs Les artisans commerccedilants et chefs drsquoentreprise et les professions inter-meacutediaires se situent entre les deux

Chez les femmes la diffeacuterenciation est moins grande56

Les agricultrices restent les moins consommatrices Les cadres et les employeacutees sont globalement les plus consomma-trices

Consommations suivant les sec-teurs drsquoactiviteacute57

Trois secteurs se retrouvent presque systeacutematiquement dans le trio de tecircte du classement selon le niveau de preacuteva-lence pour les diffeacuterentes substances qursquoelles soient licites ou illicites la construction le secteur englobant les arts les spectacles et les services reacute-creacuteatifs et le secteur de lrsquoheacutebergement

55 Christophe Palle Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel op cit

56 Attention la faiblesse des effectifs doit inciter agrave la prudence dans lrsquointerpreacutetation des diffeacuterences entre cateacutegories

57 Ibid

54 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 55

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Meacutecanismes drsquoaddiction en milieu professionnel Les conduites addictives en milieu de tra-vail ont une origine mixte lieacutee agrave la sphegravere priveacutee mais aussi agrave certains facteurs lieacutes agrave lrsquoactiviteacute professionnelle Ces derniers relegravevent de deux meacutecanismes65

Lrsquoacquisition consommation agrave lrsquooc-casion des pots en entreprise des repas drsquoaffairehellip ce type drsquousage est souvent inscrit dans les normes et la culture de certains meacutetiers secteur professionnel ou entreprise facilitant notamment lrsquointeacutegration dans le collectif de travail

Lrsquoadaptation consommation consti-tuant une strateacutegie pour laquo tenir raquo au travail Plusieurs situations ont eacuteteacute iden-tifieacutees dont le stress le travail de nuit les mauvaises relations au travail (harcegrave-lement brimades) les postes de seacutecu-riteacute le travail en plein air le port de charges lourdeshellip comme pouvant fa-voriser cette dispositionUne consommation au deacutepart maicirctriseacutee ou non-excessive peut devenir probleacute-matique dans un contexte de difficulteacutes professionnelles ainsi plus du tiers des fumeurs reacuteguliers (362 ) 93 des consommateurs drsquoalcool et 132 des consommateurs de cannabis deacuteclarent avoir augmenteacute leurs consommations du fait de problegravemes lieacutes agrave leur travail ou agrave leur situation professionnelle au cours des 12 derniers mois66

65 Philippe HACHE laquo Pratiques addictives et eacutevalua-tion des risques professionnels comment inscrire ce risque dans le document unique raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 150 2017 pp 113-115

66 Baromegravetre Santeacute 2010 INPES httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2010indexasp

Ceci illustre le rocircle que peuvent jouer les conditions de travail dans lrsquoeacutevolution des conduites addictives

Conseacutequences des conduites ad-dictives en milieu professionnel

Les premiegraveres conseacutequences visibles sont les accidents de travail en emploi ou sur le trajet

Lrsquoabsenteacuteisme pour raison de santeacute Des difficulteacutes professionnelles pour

la personne difficulteacute agrave assurer ses tacircches et missions sanction disciplinaire pouvant aller jusqursquoagrave une perte drsquoem-ploi

Un collectif de travail impacteacute pour lrsquoentourage professionnel avec des effets induits varieacutes selon le poste de travail et le service concerneacutes report de tacircches entre professionnels exposition agrave des risques pour autrui ndash collaborateurs ou clients accidents du travail67 deacutegrada-tion relationnelle avec mise agrave lrsquoeacutecart et focalisation sur la personne en difficulteacute compensation par les collaborateurs etc

Pour lrsquoentreprise eacuteventuelle gestion de tensions et conflits sociaux pertes de production deacutegradation drsquoimage

67 2015 dans 20 agrave 30 des cas la victime drsquoun acci-dent du travail eacutetait sous lrsquoemprise drsquoune substance psychoactive lrsquoalcool eacutetant agrave lui seul responsable de 10 agrave 20 des accidents du travail et en cause dans 40 agrave 45 des accidents du travail mortels Sources - Conditions de travail - Bilan 2015 Ministegravere du travail

de lemploi de la formation professionnelle et du dia-logue social 2017 552 p

- Statistiques de sinistraliteacute 2015 tous CTN et par CTN Etude 2016-137-CTN CNAMTS 2016 62 p

ZOOM

Workaholisme et impact sur lrsquoentourage professionnel

Le workaholisme61 est un comporte-ment preacutesenteacute par une personne qui ressent une pression interne lrsquoobli-geant agrave travailler et qui ressent un mal-ecirctre inteacuterieur et une sensation de culpabiliteacute lors des peacuteriodes drsquoinacti-viteacute Le workaholisme preacutesente les critegraveres drsquoune addiction comporte-mentale mecircme srsquoil nrsquoest pas citeacute comme tel dans le DSM 562 Le workaholisme a des conseacutequences importantes sur la santeacute des travail-leurs conseacutequences somatiques (dou-leurs musculaires ou intestinales risque eacuteleveacute de maladie coronarienne) ni-veaux plus eacuteleveacutes danxieacuteteacute dinsom-nie de dysfonctionnement social et de deacutepression Cest eacutegalement un facteur de risque important de burnout Des co-addictions sont eacutegalement freacute-quemment retrouveacutees troubles du comportement alimentaire tabagisme important meacutesusage dalcoolLes conseacutequences sur lentourage sont notables Sur la famille qui est deacutelaisseacutee au pro-fit du travail Une eacutetude indique que dans les familles ougrave le pegravere souffre de

61 T BURCOVEANU laquo Workaholisme eacutetat des connaissances raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 139 2014 pp 143-151

62 DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux paru aux Etats-Unis en 2013

workaholisme les enfants ont un risque drsquoanxieacuteteacute etou de deacutepression important63Sur les collaborateurs en difficulteacute voire en conflit avec ces workaho-liques perfectionnistes agrave lrsquoextrecircme psychorigides et ne deacuteleacuteguant pas

Les services de santeacute au travail sont en premiegravere ligne pour la preacutevention le repeacuterage et lrsquoorientation vers les services speacutecialiseacutes si besoin Pour le repeacuterage plusieurs questionnaires existent dont le plus pratique est le WART64 qui sont surtout utiliseacutes en cas de signaux drsquoalerte tels que lrsquoexis-tence de plaintes somatiques de troubles psychiques une difficulteacute agrave srsquoeacuteloigner du lieu de travail et une sur-consommation de substances psy-choactives

La prise en charge est celle dune ad-diction cest-agrave-dire pluridisciplinaire prenant en compte les troubles soma-tiques et psychiques les comorbiditeacutes psychiatriques eacuteventuelles la reacuteadap-tation de lrsquoindividu et la preacutevention des rechutes Il existe eacutegalement des groupes de paroles tels ceux des Work Anonymes

63 Bryan ROBINSON Lisa KELLEY laquo Adult child-ren of workaholics Self-concept anxiety depression and locus of control raquo The American Journal of Fa-mily Therapy vol 26 ndeg 3 1998 pp 223-238

64 Bryan ROBINSON laquo The Work Addiction Risk Test Development of a tentative measure of worka-holism raquo Perceptual and Motor Skills ndeg 88 1999 pp 199-210 Disponible en franccedilais httpwwwtest-addictofrtests_pdfquestionnaire-wartpdf

56 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 57

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp2thinspLE RISQUE

DE TRANSMISSION INTER-GEacuteNEacuteRATIONNELLE

Pour mieux saisir la notion de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle en termes drsquoaddiction une phrase drsquoEdgar Morin eacuteclaire la construction de lrsquoidentiteacute de lrsquoindividu en lien avec lrsquoentiegravereteacute de son histoire et de ses liens familiaux laquo Lrsquoau-tonomie est faite drsquoun tissu de deacutepen-dances ainsi lrsquoidentiteacute se constitue au carrefour de plusieurs appartenances raquoDans ce contexte le lien de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle srsquoexprime dans des formes qui touchent notamment aux cycles de vie familiale aux reacutepeacuteti-tions intergeacuteneacuterationnelles (maladie fonctionnement relations) aux formes relationnelles

INDICATEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE DE DIFFICULTEacuteS ADDICTIVES69 Les eacutetudes consacreacutees agrave la transmission intergeacuteneacuterationnelle des addictions montrent une correacutelation entre le contexte addictif familial et le risque de deacutependance chez lrsquoadolescent Particu-liegraverement quand des probleacutematiques addictives et des distorsions de la per-sonnaliteacute etou relationnelles se sont cumuleacutees sur plusieurs geacuteneacuterations lrsquoadolescent est aux prises avec un sys-

69 Agnegraves CADET-TAIumlROU Anne-Claire BRISACIER laquo Addiction et usages probleacutematiques facteurs de risque facteurs de protection raquo in Jeunes et addictions OFDT 2016 pp 83-86 httpsbdocofdtfrdoc_numphpexplnum_id=23806

tegraveme geacuteneacuteralement bien plus fort que lui et sa capaciteacute drsquoindividuation

Concernant lrsquoalcool et le tabac le risque est 2 agrave 3 fois supeacuterieur chez lrsquoado-lescent lorsqursquoil existe des anteacuteceacutedents drsquoabus drsquoalcool dans la famille ou lorsque lrsquoun ou les deux parents sont fumeurs de tabac

Pour le cannabis le risque drsquoune deacute-pendance de lrsquoadolescent serait double lorsque les parents sont consomma-teurs

Les enfants de parents deacutependants agrave drsquoautres drogues illicites ont eux aussi une plus forte probabiliteacute de probleacutema-tiques addictives

FACTEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE70 Des facteurs laquo geacuteneacutetiques ou eacutepigeacuteneacute-tiques raquo sont en partie mis en cause notamment la reconduction sur deux ou plusieurs geacuteneacuterations de difficulteacutes sociales familiales et psychologiques drsquoune plus grande accessibiliteacute des pro-duits consommeacutes par les parents et de facteurs psychologiques tels qursquoun re-gard positif ou normaliseacute vis-agrave-vis de la consommation de drogues raquo Par ail-leurs lrsquoexposition preacutenatale aux pro-duits psychoactifs entraicircne un risque non-neacutegligeable de troubles du compor-tement ou des apprentissages degraves lrsquoenfance qui vont favoriser la survenue de probleacutematique addictive agrave lrsquoadoles-cence

70 Ibid

Quelques eacuteleacutements significatifs Sollicitation des services de santeacute au

travail pour des probleacutematiques addic-tives68 92 des meacutedecins deacuteclarent avoir eacuteteacute contacteacutes par des directeurs de ressources humaines pour un pro-blegraveme drsquoalcool chez un salarieacute 29 pour un salarieacute faisant usage de canna-bis 13 pour un salarieacute faisant usage drsquoune autre drogue

Des demandes de conseils de la part du personnel pour un travailleur en dif-ficulteacute sont eacutegalement noteacutees 40 des meacutedecins du travail ont eacuteteacute contacteacutes pour un problegraveme drsquoalcool 7 pour un usage de cannabis et 4 pour drsquoautres drogues

68 C MENARD et al laquo Actions collectives en entre-prise la place des meacutedecins du travail raquo in C MENARD G DEMORTIERE E DURAND P VERGER F BECK (dir) Meacutedecins du travail Meacutedecins geacuteneacuteralistes re-gards croiseacutes INPES 2011 pp 95-110 (Etudes Santeacute)

Axes de preacuteventionCes constats justifient de deacutevelopper les moyens de repeacuterer les personnes en difficulteacute afin de leur apporter lrsquoaccom-pagnement neacutecessaire mais surtout de deacutevelopper une culture drsquoentreprise de preacutevention et de qualiteacute de vie au travailPour quune deacutemarche daide puisse ecirctre efficace lentreprise quelle qursquoelle soit publique ou priveacutee petite ou grande doit sinscrire dans une deacute-marche de preacutevention de repeacuterage et daccompagnement des personnes en difficulteacute qui relegraveve drsquoailleurs de la loi Dans cette deacutemarche ne sont pas seu-lement concerneacutees les personnes deacute-pendantes mais aussi les personnes ayant une consommation agrave risque ou agrave problegraveme ponctuelle ou reacuteguliegravere

58 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 59

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les eacutetudes drsquoassociation quant agrave elles ont pour but de deacutetecter lrsquoasso-ciation entre un trait de caractegravere (ici lrsquoaddiction) et la structure exacte (polymorphisme) drsquoun gegravene Elles se fondent sur la comparaison entre des cas (ici des sujets addicts) et des teacute-moins (des sujets non-addicts) Ces eacutetudes dites laquo cas-teacutemoins raquo sont les plus nombreuses Dans celles-ci on axe les recherches le plus souvent sur des gegravenes laquo candidats raquo crsquoest-agrave-dire qui pourraient logiquement avoir un rocircle agrave jouer dans la survenue de la pathologie Toutefois lrsquoameacutelioration spectaculaire des techniques de seacute-quenccedilage et drsquoidentification des gegravenes a permis de reacutealiser des eacutetudes dites GWAS72 ougrave plus drsquoun million de mar-queurs geacuteneacutetiques peuvent ecirctre ana-lyseacutes en mecircme temps

De nombreux gegravenes impliqueacutes agrave des degreacutes et sur des fonctions tregraves diverses De tregraves nombreux gegravenes sont identi-fieacutes comme eacutetant probablement im-pliqueacutes dans les addictions aux subs-tances psychoactives sans pour autant pouvoir expliquer lrsquoensemble du pheacute-nomegravene I ls inter viennent par exemple dans lrsquoaction ou le meacutetabo-

72 Genome-Wide Association Study

lisme de la substance la reacutegulation de la consommation la sensibiliteacute aux effets plaisantsreacutecompensants ou encore la seacuteveacuteriteacute de lrsquoaddiction Drsquoautres gegravenes sont impliqueacutes dans des comportements ou des traits de carac-tegravere comme la deacutesinhibition lrsquoatten-tion la reacuteponse au stress la recherche de sensations ou lrsquoimpulsiviteacute

Agrave RETENIR

Aucun gegravene identifieacute agrave ce jour ne possegravede un effet ma-jeur agrave devenir addict aucun drsquoentre eux nrsquoexplique agrave lui seul la survenue de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction parait ecirctre multi-geacutenique crsquoest-agrave-dire reposant sur une combinaison de modifications de plusieurs gegravenes et pas toujours les mecircmes drsquoun sujet agrave lrsquoautre

Enfin ces gegravenes de vulneacute-rabiliteacute sont loin drsquoecirctre tou-jours preacutesents chez les per-sonnes addictes

Cela signifie que lrsquoabsence de ces gegravenes ne protegravege en aucun cas du risque de deve-nir addict

ZOOM

Addiction une maladie geacuteneacutetique 71

Lrsquoaddiction nrsquoest pas une maladie geacuteneacutetique seule est dit geacuteneacutetique une maladie dont la survenue est pro-voqueacutee uniquement par la mutation drsquoun ou plusieurs gegravenes Crsquoest le cas par exemple de la mucoviscidose ce nrsquoest pas le cas de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction est une maladie multi-factorielle qui associe des facteurs geacuteneacutetiques et environnementaux Crsquoest le cas de la plupart des patholo-gies courantes associant dans leur eacutetiologie le terrain heacutereacuteditaire et lrsquohis-toire de vie du sujetOn naicirct donc en portant dans nos gegravenes un risque plus ou moins eacuteleveacute de deacutevelopper une addiction Toute-fois la survenue de lrsquoaddiction deacutepen-dra au moins autant sinon plus de facteurs lieacutes agrave lrsquoenvironnement social et familial que de facteurs geacuteneacutetiques Il nrsquoy a pas de deacuteterminisme agrave devenir laquo addict raquo mais il y a des facteurs de vulneacuterabiliteacute

Quelle part du risque drsquoaddiction est porteacutee par les gegravenes Lrsquoidentification drsquoune part geacuteneacutetique dans la survenue drsquoune addiction pro-

71 Bertrand NALPAS Nicolas RAMOZ Lrsquoaddiction est-elle une maladie geacuteneacutetique lt httpwwwmaad-digitalfrdecryptageladdiction-est-elle-une-maladie-genetique-12 gt 23022017

vient drsquoeacutetudes meneacutees sur des familles ou des paires de jumeaux dans les-quels un membre est toucheacute La syn-thegravese des eacutetudes meneacutees sur les ju-meaux a permis drsquoeacutetablir que la part geacuteneacutetique dans la vulneacuterabiliteacute agrave deve-nir laquo addict raquo serait drsquoenviron 70 pour la deacutependance agrave la nicotine 48-66 pour la deacutependance agrave lrsquoalcool 51-59 pour la deacutependance au can-nabis 42-79 pour la deacutependance agrave la cocaiumlne 23-54 pour la deacutepen-dance aux opiaceacutes Ces taux sont tou-tefois agrave lire avec prudence dans la mesure ougrave la deacutefinition de la laquo deacutepen-dance raquo nrsquoeacutetait pas toujours identique drsquoune eacutetude agrave lrsquoautre Au total si on heacuterite de gegravenes de vulneacuterabiliteacute sur lesquels on ne peut guegravere agir ceux-ci repreacutesenteront environ la moitieacute de la probabiliteacute de devenir laquo addict raquo

Existe-t-il un gegravene de lrsquoaddiction Lrsquoessentiel de la recherche geacuteneacutetique appliqueacutee aux addictions repose sur deux types drsquoeacutetudes les eacutetudes de liaison drsquoune part et les eacutetudes drsquoasso-ciation drsquoautre part

Les eacutetudes geacuteneacutetiques de liaison servent agrave cartographier les diffeacuterents gegravenes ou reacutegions du geacutenome preacutedis-posant agrave un trouble Lrsquoapproche liaison se base sur des familles dans lesquelles au moins un parent et un enfant sont addicts et on recherche si le gegravene sus-pecteacute est preacutesent chez le parent et lrsquoenfant atteints

60 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 61

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

laquo Une affaire de famille raquoproGramme de preacutevention de la tranSmiS-Sion Geacuteneacuterationnelle deS SouffranceS lieacuteeS au fonctionnement familial

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo a eacuteteacute eacutelaboreacute par Line Caron travailleuse sociale titulaire dune Maicirc-trise en service social Il est mis en œuvre au Queacutebec depuis les anneacutees 1996Un travail drsquoadaptation agrave la langue par-leacutee en France a eacuteteacute fait par la docteure Antoinette Fouilleul Psychiatre-Addic-tologue et administratrice de lrsquoANPAA Agrave partir de 2010 Line Caron a donneacute plusieurs confeacuterences et en Norman-die et en Bretagne ougrave le programme est maintenant deacuteployeacute au sein de lrsquoANPAA et expeacuterimenteacute dans diffeacute-rents contextes dont le centre du couple et de la famille de Brest pour des difficulteacutes lieacutees aux violences in-trafamiliales et dans une maison drsquoar-recirct Plus reacutecemment la docteure Antoinette Fouilleul a formeacute des ani-mateurs agrave lrsquoIle de la Reacuteunion ougrave le programme est maintenant expeacuteri-menteacute Une formation a aussi eacuteteacute donneacutee par madame Caron en Nou-velle-Aquitaine aux intervenants de lrsquoANPAA et leurs partenaires du deacute-partement En 2017 une convention a eacuteteacute signeacutee entre lrsquoauteure et lrsquoANPAA donnant agrave cette derniegravere lrsquoexclusiviteacute du deacuteploiement en France et permet-tant la mise en place drsquoun comiteacute de pilotage

UNE APPROCHE NOVATRICE

Lrsquoapproche du programme laquo Une af-faire de famille raquo est preacuteventive Elle vise agrave habiliter le participant agrave deacutecou-vrir eacutemotionnellement le lien entre son veacutecu familial et la souffrance veacute-cue aujourdrsquohui afin de construire lui-mecircme ses propres actions pour briser ce cycle de transmission et se donner plus de liberteacute dans lrsquoeacuteducation don-neacutee agrave ses enfants Il tente drsquoorienter les compeacutetences des familles agrave poser des actions originales pour solution-ner leurs problegravemes plutocirct que de les utiliser pour survivre Comme les par ticipants au pro-gramme sont principalement des po-lytraumatiseacutes familiaux lrsquoapproche se doit de faire preuve drsquoune grande deacutelicatesse mais aussi drsquoune rigueur scientif ique Teinteacutee des nouvelles donneacutees neuroscientifiques elle per-met de diminuer les souffrances asso-cieacutees aux souvenirs traumatiques et aide le participant agrave construire de nouvelles voies neuronales mieux adapteacutees agrave la reacutealiteacute eacutemotionnelle de son histoire pour lui permettre de moins souffrir et de sortir des or-niegraveres de la reacutepeacutetition et de la trans-mission agrave ses enfantsLe programme comprend une seacuterie drsquoateliers sur des thegravemes preacutecis du fonctionnement familial et qui sont gradueacutees en intensiteacute eacutemotive Entre les seacuteances de groupe une tacircche est demandeacutee au participant afin de veacuteri-fier le contenu dans son histoire fami-liale et de soutenir lrsquointeacutegration neu-

PLACE DE LrsquoHISTOIRE FAMILIALE DANS LES REPREacuteSENTATIONS MOTIVATIONS ET TRAJECTOIRES DE CONDUITES ADDICTIVES Agrave LrsquoADOLESCENCE73 Le point drsquoancrage des rapports aux conduites addictives est drsquoabord familial Les reacutecits biographiques spontaneacutes font systeacutematiquement reacutefeacuterence agrave lrsquohisto-rique familial de consommation

Des problegravemes de santeacute voire des deacutecegraves surtout lieacutes au tabagisme (cancers)

Des probleacutematiques addictives en matiegravere drsquoalcoolo-deacutependance un mineur sur dix eacutevoque les laquo problegravemes drsquoalcool raquo drsquoun proche le plus souvent son pegravere

Des troubles de deacutependance agrave une drogue illicite dans une moindre me-sure quelques jeunes jugent que leurs parents laquo fument trop de cannabis raquo

Certains expriment leur reacuteprobation sur les consommations parentales quant aux quantiteacutes agrave la freacutequence ou au changement de comportement induit par lrsquousage

Ces expeacuteriences sont freacutequemment convoqueacutees comme explicitation drsquoun rapport drsquoauto limitation des consomma-tions Agrave lrsquoinverse les rares jeunes dont les parents sont abstinents expriment une forme drsquoanxieacuteteacute sociale face agrave la visibiliteacute des produits dans lrsquoespace public et la reacutecurrence des incitations agrave consommer veacutecue comme une mise en danger de lrsquoeacutethique personnelle74

73 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations motiva-tions et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo op cit

74 Cf facteur religieux dans le rapport aux consom-mations

PREacuteVENTION SEacuteLECTIVE Agir sur ce risque pour proteacuteger lrsquoentou-rage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives vise agrave reacuteduire les difficulteacutes agrave leur source en deacutesamor-ccedilant des logiques inconscientes agrave court moyen et long termes chez les enfants et les jeunes notamment Les scheacutemas deacutejagrave ancreacutes ou en risque drsquoeacutelaboration doivent trouver un lieu et un moment de deacutecryptage de deacuteconstruction dans leurs sources et dans leurs effets Cha-cun y faisant son chemin trouvera ainsi des outils pour sortir de sa co-deacutepen-dance ou de sa deacutependance Deux eacuteleacute-ments interagissent sans aucun doute lrsquohistoire familiale et lrsquohistoire individuelle

Si une information geacuteneacuterique sur ce

qursquoest le risque de transmission intergeacute-neacuterationnelle peut ecirctre utile il semble qursquoagir sur ce risque doive srsquoattacher agrave prendre en compte des populations speacute-cifiques des territoires particuliers des milieux identifieacutes Une preacutevention seacutelec-tive et cibleacutee srsquoimpose sur ce terrain

62 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 63

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

passent drsquoabord par un changement eacutemotionnel pour induire un change-ment dans la maniegravere de penser faire autrement et obtenir autre chose Cette approche expeacuterientielle est renforceacutee par la chaleur et la bienveil-lance du groupe le cocon non-jugeant qui srsquoen deacutegage induisant de nouveaux modes relationnels

Agrave QUI SrsquoADRESSE LE PROGRAMME

Le programme srsquoadresse agrave toute per-sonne adulte qui a souffer t et qui souffre encore des probleacutematiques lieacutees au fonctionnement familial (rela-tions insatisfaisantes probleacutematiques addictives deacutepression deacutependance affective violencehellip) et qui deacutesire en comprendre les reacutepercussions sur sa vie actuelle et sur lrsquoeacuteducation qursquoelle donne agrave ses enfants

OBJECTIFS DU PROGRAMME

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral est drsquohabiliter les membres des familles preacutesentant une difficulteacute ou un problegraveme de fonction-nement geacuteneacuterationnel agrave preacutevenir sa transmission dans la geacuteneacuteration sui-vanteLe but est drsquoutiliser les compeacutetences personnelles et relationnelles pour continuer de se deacutevelopper et deacutevo-luer plutocirct que de survivre

Les objectifs speacutecifiques sont de per-mettre aux participants

De reconnaicirctre le problegraveme de la transmission geacuteneacuterationnelle

De mettre en œuvre des actions speacutecifiques afin de contrer le pro-blegraveme dans sa famille

Le programme deacutecline une suite lo-gique qui amegravene les participants agrave

Comprendre le fonctionnement dune famille

Comprendre les diff iculteacutes du fonctionnement familial

Comprendre le pheacutenomegravene de la transmission geacuteneacuterationnelle

Trouver des actions pour briser le cycle de la transmission

DEacuteROULEMENT DU PROGRAMME

laquo Une affaire de famille raquo est un pro-gramme de preacutevention non-theacutera-peutique qui se propose de reacutefleacutechir en groupe sur les transmissions des conduites de reacutepeacutetitions intergeacuteneacutera-tionnelles Ce programme propose un processus drsquoexploration une connaissance eacutemotionnelle et une compreacutehension de son histoire avec comme but de briser le cercle vicieux de la reacutepeacutetition des comportements alieacutenants pour soi et la geacuteneacuteration suivante Ce programme de preacutevention est mis en œuvre sous la forme dun groupe fermeacute de cinq agrave quinze personnes reacuteuni entre huit et dix rencontres Il se deacuteroule en petit groupe ougrave le cadre seacutecurisant et la convivialiteacute sont mo-teurs pour lrsquoexpression et la reacuteflexion de chacun Il a pour but drsquoamorcer une dynamique de changement chez les participants et leur famille

ronale Au cours du programme le par ticipant est accompagneacute pour construire sa carte familiale (geacuteno-gramme) afin de visualiser la transmis-sion agrave travers les geacuteneacuterations Ce tra-vail amegravene le participant agrave se distancer de ses eacutemotions ce qui lui permet de faire face de faccedilon plus adeacutequate aux situations difficiles laquo Une affaire de famille raquo nrsquoa pas la preacutetention drsquoarrecircter la transmission geacuteneacuterationnelle mais drsquohabiliter les membres des familles aux prises avec des souffrances lieacutees agrave leur fonction-nement familial agrave reconnaicirctre le pheacute-nomegravene de la transmission geacuteneacutera-tionnelle afin qursquoils puissent mettre en œuvre des actions speacutecifiques pour le contrer

Lrsquoapproche peacutedagogique baseacutee sur les diffeacuterentes formes drsquoapprentissage des individus est active et dynamique Lrsquoimplication eacutemotionnelle des per-sonnes participantes bien encadreacutees par un animateur formeacute qui a lui-mecircme veacutecu la deacutemarche auparavant est une des conditions de succegraves du programme Les activiteacutes sont varieacutees et reacuteservent une place constante aux participants et agrave leur expeacuterience au moyen de mises en situation exercices pratiques questionnaires discussion de groupe exposeacutes suivis de peacuteriodes de discussion expeacuterimentation dans le quotidien entre les rencontres

LES ASSISES THEacuteORIQUES

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo repose sur deux assises theacuteo-riques essentielles lrsquoapproche systeacute-mique du fonctionnement familial et la diffeacuterenciation du soi de Murray Bowen Lrsquoapport de lrsquoeacutepigeacuteneacutetique et des neu-rosciences est au cœur de la meacutethode peacutedagogique Les travaux sur lrsquoatta-chement et la reacutegulation affective (Allan Shore75) la neuroscience de la psychotheacuterapie (Louis Cozolino76) et la deacutecouverte des laquo neurones-mi-roirs raquo (Rizzolatti77) eacuteclairent sur la faccedilon dont se construit la reacutegulation affective sur comment se forme le rapport agrave soi et agrave lrsquoAutre et comment se construisent des capaciteacutes de dis-cernement drsquoorganisation et drsquointe-ractions fructueuses Eacutegalement la neuro-plasticiteacute permet de nouveaux apprentissages dans un contexte seacute-curisant et bienveillant Agrave cet effet la posture des animateurs est preacutecieuse car elle va induire un climat drsquoempa-thie et se couplera agrave un cadrage clair et rassurant gracircce agrave la preacutecision des documents fournis aux consignes et au contenu transmis agrave lrsquoanimateur et au participant Il est maintenant connu que les processus de changement

75 Allan N SCHORE La reacutegulation affective et la reacuteparation du Soi Les Eacuteditions du CIG 2008 430 p

76 Louis COZOLINO La neuroscience de la psy-chotheacuterapie Les Eacuteditions du CIG 2012 455 p

77 Giacomo RIZZOLATTI Corrado SINIGAGLIA Les neurones-miroirs Odile Jacob 2008 240 p

64 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 65

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

fants maintenant comparativement avec ce qursquoils vivaient avant le pro-gramme En 2017-2018 le programme a de nou-veau eacuteteacute eacutevalueacute par lrsquoUniversiteacute de lrsquoIle de la Reacuteunion La conclusion est agrave lrsquoeffet que laquo Une affaire de famille raquo permet de libeacuterer et de gueacuterir les maux intrafa-miliaux des familles reacuteunionnaisesLes reacutesultats des eacutevaluations meneacutees aupregraves de groupes de diffeacuterentes na-tionaliteacutes laissent penser que le pro-gramme propose une approche qui est geacuteneacuteralisable et donne des reacutesul-tats positifs aupregraves de familles vivant dans des contextes historiques et socio-eacuteconomiques tregraves diffeacuterents

LES PREacute-REQUIS DE MISE EN ŒUVRE

Pour ecirctre habiliteacute agrave appliquer le pro-gramme aupregraves drsquoun public de poly-traumatiseacutes familiaux il faut que lrsquoani-mateur soit lui-mecircme au clair avec son propre fonctionnement familial Une expeacuterimentation du programme avec un animateur qualifieacute est recom-mandeacuteePar la suite une formation de quatre jours avec lrsquoauteure du programme ou un intervenant habiliteacute est proposeacutee afin drsquoacqueacuterir une bonne compreacute-hension des bases scientifiques et de la meacutethode peacutedagogiqueLa formation a eacuteteacute conccedilue dans une approche dynamique qui fait appel agrave limplication personnelle et profes-sionnelle des participants Elle com-prend deux eacutetapes

Lexpeacuterimentation du programme dans lobjectif dune compreacutehension accrue de son milieu familial et de son influence dans sa pratique profession-nelle aupregraves des familles

Une formation compleacutementaire de 4 jours dans lobjectif de devenir animateur du programme

Les gains pour les personnes accom-pagneacutees lrsquointervenant et lorganisationLes retombeacutees de la formation sur la transmission geacuteneacuterationnelle sont appreacuteciables Drsquoabord cette forma-tion vise un travail agrave lrsquoorigine ou en amont de plusieurs probleacutematiques majeures Encore trop souvent lrsquoin-tervention effleure les problegravemes en ciblant les symptocircmes ce qui a pour effet une reacutecurrence de la demandeCette formation preacutesente aussi la par-ticulariteacute de deacutegager une vision et un langage commun entre les interve-nants au sein drsquoune eacutequipe ou drsquoune institution Elle favorise donc une vi-sion plus globale plus transcendante du deacuteveloppement psychique qui peut relier les diffeacuterents mondes de lrsquoenfance lrsquoadolescence et la vie adulteFinalement bien que cette formation repose sur des bases theacuteoriques so-lides (approche systeacutemique diffeacuteren-ciation du soi approche contextuelle de Boszormenyi-Nagy eacutepigeacuteneacutetique et neurosciences) sa plus grande force reacuteside dans un souci constant drsquointeacutegrer les acquis theacuteoriques au veacutecu personnel et agrave la pratique des intervenants

Les seacuteances ont pour theacutematiques 1 La creacuteation drsquoun climat propice agrave

la communication et aux eacutechanges 2 Selon le type de groupe choix

entre La preacutesentation des concepts de base en addictologie Ou lrsquoidentification drsquoeacuteleacutements de la vie actuelle qui proviennent de notre famille drsquoorigine

3 Les rocircles dans les familles en souf-france

4 Les regravegles qui reacutegissent les familles en souffrance

5 Les comportements de survie (codeacutependance deacutependance affec-tive)

6 Les fonctions familiales et le pheacute-nomegravene des enfants parentaliseacutes

7 La construction du geacutenogramme et les plans daction

8 Labandon et le processus de la transmission geacuteneacuterationnelle

9 Le systegraveme dattachement dans les relations intimes et dans leacuteducation donneacutee aux enfants

10 Lidentification de pistes dactions personnelles pour briser le cycle de la transmission geacuteneacuterationnelle et les obstacles au changement dans ma famille

11 En action

UN PROGRAMME EacuteVALUEacute

Une premiegravere eacutevaluation des effets du programme a eacuteteacute meneacutee en 2000 par lrsquoeacutequipe de recherche de la Reacutegie reacute-gionale de la santeacute et des services sociaux de la Cocircte-Nord (Canada) Les reacutesultats sont tregraves inteacuteressants et deacutemontrent clairement que le pro-gramme geacutenegravere des pr ises de conscience importantes et amegravene les participants agrave proceacuteder agrave une remise en question de certains comporte-ments envers leurs enfants De plus lrsquoeacutevaluation recommandait entre autres drsquoeacutelargir la diffusion du pro-gramme agrave tout public consideacutereacute agrave risque de reproduire ou de trans-mettre des comportements nuisibles au deacuteveloppement de leurs enfants Agrave la suite de cette eacutetude et de lrsquoexpeacuteri-mentation par plusieurs intervenants le programme a eacuteteacute reacuteviseacute et eacutelargi de la toxicomanie agrave lrsquoensemble des diffi-culteacutes du fonctionnement familial Le nouveau programme a lui aussi eacuteteacute eacutevalueacute en 2005 par les animateurs Un questionnaire eacutecrit portant sur les changements concrets dans leur vie et pour leur entourage a eacuteteacute soumis aux participants un an apregraves la dispensa-tion Lrsquoobjectif eacutetait drsquoen valider de nouveau les effets agrave long terme et de veacuterifier si la nouvelle version du pro-gramme correspondait bien agrave leur reacutealiteacute Les reacutesultats sont probants et deacutemontrent clairement les change-ments concrets que les participants ont ameneacutes dans leur vie et dans la faccedilon dont ils agissent avec leurs en-

66 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 67

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

La preacutevention des risques de conduites addictives doit prendre en compte de faccedilon singuliegravere la place et le rocircle de lrsquoen-tourage autour de la personne addicte En preacutevention seacutelective et cibleacutee dans un continuum drsquoactions il faut saisir la posi-tion singuliegravere de lrsquoentourage pour eacutelabo-rer des modes preacuteventifs adapteacutes Les dispositifs de preacutevention doivent remobi-liser lrsquoentourage pour libeacuterer la parole alleacuteger les souffrances reacuteduire les risques et les dommages Pour cela il convient

Drsquoassurer au preacutealable agrave chacun les moyens de comprendre et de maicirctriser une situation potentiellement agrave risque en termes drsquoaddiction

De consideacuterer le contexte socio-eacuteco-nomique du laquo tout tout de suite raquo pour orienter lrsquoaction de preacutevention vers la reacuteduction des facteurs de vulneacuterabiliteacute des personnes en geacuteneacuteral

De changer le regard ambivalent sur les produits ou comportements addic-tifs en travaillant sur les compeacutetences psychosociales pour reacuteduire les risques et dommages Une strateacutegie de preacutevention va interpel-ler agrave la fois le cercle familial et lrsquoenviron-nement social large au travers notam-ment drsquoune guidance de la parentaliteacute et drsquoune eacuteducation par les pairs dans des cercles de lrsquoentourage varieacutes et dans le respect des speacutecificiteacutes de chaque publicIl srsquoagit de sensibiliser au risque et de repeacuterer les difficulteacutes possibles ou en gestation non pas seulement par une

information mais par une forme partici-pative drsquoeacuteducation au risque vers un public cibleacute Lrsquointeraction des acteurs du champ drsquointervention social et meacutedico-social est essentielle pour preacutevenir les risques drsquoaddictions en mettant en jeu des facteurs de protection des per-sonnes en faisant appel agrave des savoir-faire de psychologie communautaire En effet lrsquoeacuteducation preacuteventive est une affaire collective Elle agira drsquoautant mieux qursquoelle pourra mobiliser les speacutecialistes la communauteacute eacuteducative scolaire et extra-scolaire la famille eacutelargie en direc-tion des plus jeunes et des adolescents

1 GUIDER LA PARENTALITEacute

PARENTALITEacute ET VALEURS SOCIEacuteTALESEn perte de repegraveres dans un contexte socieacutetal ougrave comme le souligne Philippe Jeammet78 laquo tout consensus eacuteducatif a disparu et ougrave lrsquoautoriteacute est souvent veacute-cue comme un abus de pouvoir raquo les parents ne savent pas toujours com-ment reacuteagir et peuvent ecirctre en difficulteacute pour assumer leur responsabiliteacute eacuteduca-tive Les questionnements de nos socieacute-teacutes modernes laissent aff leurer trop souvent une deacutevalorisation du rocircle des parents comme du systegraveme eacuteducatif souvent accuseacutes de deacutemission de per-missiviteacute ou drsquoincompreacutehension Pour-tant la socieacuteteacute elle-mecircme place les pa-rents et enfants dans des rapports de force de plus en plus complexes lieacutes agrave des attendus contradictoires en termes

78 Philippe JEAMMET (dir) Adolescences repegraveres pour les parents et les professionnels Syros 1997 212 p

LES GAINS DE CETTE FORMATION

PEUVENT EcircTRE PERCEPTIBLES

Pour les personnes accompagneacutees Une intervention qui respecte les compeacutetences des personnes agrave travers une approche responsa-bilisante

Une approche globale non-culpa-bilisante ni reacuteductible des pro-blegravemes

Une intervention qui colle agrave la reacutealiteacute du public Une dynamique de groupe stimu-lante et bienveillante

La force seacutecurisante du groupe pour appreacutehender une reacutealiteacute dif-ficile

Une intervention qui encourage la motivation agrave srsquoengager dans un changement durable

Pour lrsquointervenant Une meilleure connaissance du fonctionnement familial agrave travers les geacuteneacuterations Des habileteacutes agrave reconnaicirctre lrsquoim-pact drsquoun veacutecu familial difficile agrave travers les problegravemes preacutesenteacutes par le public

Un outil drsquointervention bien constitueacute eacutevalueacute et pratique agrave utiliser Lrsquoacquisition drsquoune vision globale et drsquoun langage commun facilitant le travail avec et entre les eacutequipes Le renforcement de la pratique professionnelle par une deacute-marche personnelle de compreacute-hension de lrsquo impact de son propre fonctionnement familial

Pour lrsquoorganisation Une reacuteduction de la reacutecurrence des problegravemes ou du syndrome de la porte tournante par un tra-vail plus en profondeur avec le public Un meilleur arrimage entre les eacutequipes de travail Des interventions mieux cibleacutees Un programme de groupe ou individuel adaptable agrave diffeacuterents publics (usagers de drogues adultes parents jeunes milieux de travail etc)

68 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 69

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

La promotion de la santeacute permet de renforcer les compeacutetences psy-chosociales utiles des parents pour reacutepondre aux situations agrave risque Parallegravelement les actions de preacute-vention visent agrave repeacuterer et modifier des habitudes et environnements jugeacutes nocifs

Agrave lrsquoadolescence les parents abordent avec plus ou moins drsquoagiliteacute le deacutebut de lrsquoautonomie souhaiteacutee du jeune Dans cette peacuteriode le parent doit forceacutement partager avec le jeune lrsquoanalyse des situa-tions agrave risques Drsquoautres informations drsquoautres aides seront alors neacutecessaires

Si les compeacutetences de base sont transmises le jeune apprendra agrave utiliser ces compeacutetences seul et en situation plus exposeacutee Connaicirctre les strateacutegies pour reacuteduire les risques et les dommages et ajuster la prise drsquoautonomie parti-cipent aux laquo neacutegociations raquo plus ou moins complexes avec les adolescents

Lrsquoentourage eacutetendu de lrsquoenfant (anima-teur professionnel de lrsquoenfance eacuteduca-teur eacutetablissement scolaire ou de for-mationhellip) a un rocircle notable de communication et drsquoinformations Cet entourage intervient pour expliquer alerter sur les dimensions addictives de certains modes de vie et sont aussi une source de repeacuterage drsquoeacuteventuelles diffi-culteacutes ou usages probleacutematiques

RENFORCER LES COMPEacuteTENCES DES PARENTSLes parents sont souvent en manque de reacuteponses en doute voire en crainte et

surtout en difficulteacute pour libeacuterer la pa-role vis-agrave-vis drsquoautres adultes exteacuterieurs au cercle familial ou amical

Drsquoun point de vue individuel le pa-rent doit pouvoir se faire aider pour acqueacuterir la capaciteacute agrave diffeacuterer une reacute-ponse ou avertir lrsquoadolescent des risques agrave vivre trop jeune certaines expeacuteriences trop intenses

Des parents ou groupes de parents peuvent aussi avoir besoin drsquoinforma-tions speacutecifiques dans le cadre drsquoune preacutevention seacutelective Par exemple il peut ecirctre utile drsquoouvrir un espace de discussion autour de la notion drsquoaddiction (produits et compor-tements) en lrsquoappreacuteciant sous lrsquoangle des plaisirs et des risques et dommages Aborder tout ce qui existe sur le laquo mar-cheacute raquo en prendre connaissance et conscience consideacuterer lrsquoubiquiteacute des drogues et informer les parents sur les speacutecificiteacutes de chaque type de produit peut se faire dans une configuration par-ticipative informelle voire ludique Agrave ce titre les groupes de discussion theacutema-tiques sont un outil pratique qui bien construit et animeacute permet de creacuteer du lien du soutien voire de libeacuterer la pa-role sur des difficulteacutes Ainsi on peut agrave la fois guider et laquo for-mer raquo la parentaliteacute par lrsquoappui des pairs ndash parentsDiffeacuterents outils et guides de soutien agrave la parentaliteacute sont eacutediteacutes Ils reprennent diffeacuterents conseils notamment sur lrsquoatti-tude agrave favoriser face aux premiegraveres consommations de son enfant fixer des limites savoir dire non neacutegocier et res-ponsabiliser avec la mise en place du dialogue qui est essentielle

drsquoefficaciteacute drsquoactiviteacutes professionnelles drsquoimage sociale au travers drsquoacquisitions mateacuterielles stimuleacutees mais aussi de bien-ecirctre drsquoeacutequilibre et de place de lrsquoindividu dans la socieacuteteacute En termes de preacutevention les parents sont le premier cercle pour agir Il est primordial de soutenir et valoriser les parents dans leur rocircle eacuteducatif de les accompagner agrave reacutetablir si neacutecessaire une communication avec leur enfant

PARENTALITEacute ET STYLE EacuteDUCATIFDiffeacuterentes eacutetudes mettent en eacutevidence que lrsquoenvironnement familial et le style eacuteducatif ont une veacuteritable influence sur les consommations de substances psy-choactives des enfants Mais le style eacutedu-catif est aussi le fruit drsquoune transmission du mode eacuteducatif des ascendants Cette notion srsquoaccorde avec lrsquoapproche en preacute-vention par le deacuteveloppement et le ren-forcement des compeacutetences psychoso-ciales des jeunes En effet laquo plus la relation parent-enfant est adapteacutee plus la reacutesistance de lrsquoenfant agrave lrsquoinfluence des pairs est forte et moins il deacuteveloppe des conduites agrave risques raquo79

Or une relation parent-enfant adapteacutee se conccediloit degraves le plus jeune acircge avant mecircme la naissance Et crsquoest au travers de cette relation efficiente qui remplit son rocircle de cadrage et de reacute-assurance affec-tive successive agrave chaque eacutetape de lrsquoeacutevo-lution de lrsquoenfant que srsquoexerce la preacuteven-tion la plus approprieacutee bien avant que

79 LrsquoANPAA dans les Hauts-de-France a publieacute en 2014 lrsquoeacutetude Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques comprenant une eacutetude de litteacuterature une en-quecircte et des preacuteconisations En ligne httpwwwanpaa5962org_docsFichier20144-140923104916pdf

les premiegraveres consommations nrsquoappa-raissent En effet la qualiteacute des liens que les parents sauront mettre en place au quotidien avec leurs enfants degraves leur plus jeune acircge est le meilleur des garants face au risque drsquoabus de substances

PARENTS ET APPRENTISSAGE DU RISQUE Crsquoest au sein de la cellule familiale quelle que soit sa forme que lrsquoenfant fera lrsquoex-peacuterience de lrsquoapprentissage des regravegles du sens de la responsabiliteacute et avancera vers une autonomie progressiveLa famille repreacutesente un lieu ougrave les re-pegraveres se construisent et ougrave lrsquoenfant ap-prendra agrave avoir une bonne image de lui-mecircme et agrave srsquoaffirmer face aux pres-sions addictogegravenes de lrsquoenvironnement qursquoelles soient issues de la socieacuteteacute en geacuteneacuteral ou de son groupe drsquoapparte-nance en particulier

Les actions de preacutevention soutiennent les parents dans lrsquoexercice de leurs fonctions drsquoeacuteducateurs de faccedilon diffeacuterencieacutee aux diffeacuterentes eacutetapes drsquoeacutevolution de lrsquoenfant80

Des premiegraveres anneacutees jusqursquoagrave la preacute-adolescence (1112 ans) lrsquoenfant sous le regard du parent deacutecouvre teste expeacute-rimente dans des proportions qui doivent correspondre aux capaciteacutes et aptitudes eacutevolutives de lrsquoenfant Durant ces anneacutees les parents deacutefinissent lrsquoenvironnement de lrsquoenfant et le protegravegent des tendances et tentations parfois inapproprieacutees de la socieacuteteacute Ils posent les regravegles limitant laquo drsquoautoriteacute raquo les situations agrave risque

80 Addictions familles et entourage op cit

70 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 71

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoenfant et de sa protectionZOOM

Femmes enceintes et entourage preacutevention et peacuterinataliteacute85

La laquo culture alcool raquo en France est telle qursquoune femme enceinte sera confronteacutee agrave de multiples circons-tances festives ou conviviales ougrave son entourage consommera des boissons alcooliseacutees et mettra agrave lrsquoeacutepreuve sa deacutetermination [agrave ne pas boire pen-dant sa grossesse]

Il est indispensable drsquoinformer sur ce risque eacutevitable et surtout de res-ponsabiliser eacutegalement lrsquoentourage qui participe agrave cette prise de risque

Pour autant il ne srsquoagit pas non plus de culpabiliser ou drsquoangoisser les

85 Alcool et grossesse Boire un peu ou pas du tout ANPAA 2017 12 p (Deacutecryptages ndeg 26)

femmes qui ont consommeacute de lrsquoalcool Le conjoint les proches et les amis

ne doivent certes pas inciter la femme enceinte agrave boire mais ils peuvent aussi teacutemoigner de leur compreacutehen-sion et de leur soutien en eacutevitant une consommation deacutemonstrative

De mecircme la minoration des risques sous preacutetexte de laquo faible raquo freacutequence affaiblit la capaciteacute des femmes [enceintes] agrave reacutesister aux inci-tations quasi-permanentes agrave consom-mer de lrsquoalcool

Dans cet univers ougrave consommer de lrsquoalcool est souvent la norme on a pu lire ou entendre des critiques sur le caractegravere injonctif ou impeacuterieux de lrsquoabstinence totale pendant la gros-sesse Mais lrsquoinjonction est tout aussi forte sur le tabac ou sur les interdits alimentaires pour eacuteviter la toxoplas-mose sans que qui que ce soit ne srsquoen eacutemeuve

ZOOM

Soutien agrave la parentaliteacute des usagers de drogues

La consommation de substances psychoactives des parents est suscep-tible drsquoaffecter les enfants directement (exposition aux produits pendant la grossesse81) ou accidentellement ou indirectement agrave travers lrsquoimpact sur les relations parent-enfant

Pour autant la consommation de substances psychoactives des parents ne constitue pas en soi un danger pour lrsquoenfant82 excepteacutee en cas de gros-sesse83 Dans ce cas la consommation

81 Anne WHITTAKER Ewen CHARDRONNET (trad) Guide concernant lrsquousage de substances psy-choactives durant la grossesse RESPADD 2013 340 p

82 Laurence SIMMAT-DURAND laquo Les profession-nels de la materniteacute et de lrsquoenfance et le signalement des enfants de megravere toxicomane raquo Psychotropes vol 14 ndeg 3 2008 pp 179-199

83 Suivi et orientation des femmes enceintes en fonction des situations agrave risques identifieacutes Haute Autoriteacute de Santeacute mise agrave jour mai 2016 42 p (Re-commandations professionnelles)

de substances illicites drsquoalcool etou de tabac ainsi que le sevrage et la substi-tution en peacuteriode preacute-conceptuelle ou durant la grossesse sont consideacutereacutees comme des situations agrave risques devant faire lrsquoobjet drsquoun suivi particulier

Les difficulteacutes rencontreacutees par les familles peuvent eacutegalement ecirctre lieacutees aux conditions de vie (ressources fi-nanciegraveres logement etc) agrave la compo-sition familiale (monoparentaliteacute etc) et agrave la santeacute somatique et mentale des parents

Agrave lrsquoinverse la parentaliteacute peut par-fois constituer un eacuteleacutement drsquoeacutetayage ou un ressort de motivation au chan-gement pour les personnes usagegraveres de drogues84

Le soutien agrave la fonction parentale des usagers de drogues repose donc sur une eacutevaluation au cas par cas des ressources et des besoins parentaux tenant compte de cette pluraliteacute de paramegravetres au regard de lrsquointeacuterecirct de

84 Sylvie WIEVIORKA laquo Quand les parents sont toxi-comanes raquo Enfances amp Psy vol 4 ndeg 37 2007 pp 90-100

Agrave RETENIR

Pour permettre lrsquoapprentissage du risque avant lrsquoadolescence les parents doivent ecirctre en mesure de repeacuterer comprendre les speacutecificiteacutes de la socieacuteteacute dans laquelle ils guident leur enfant

Aller vers les parents par une synergie drsquoactions de plusieurs acteurs speacute-cialistes et non speacutecialistes de lrsquoaddiction est indispensable agrave une eacuteducation participative en preacutevention des conduites agrave risques de lrsquoenfant

Les parents pourront ainsi mieux identifier et preacutevenir des conduites a priori anodines mais susceptibles de creacuteer des situations complexes plus tard

72 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 73

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2 SrsquoAPPUYER SUR DES PAIRS BIENVEILLANTS

La preacutevention par les pairs sera ici envi-sageacutee dans deux champs lrsquoadolescence et le milieu professionnel

DEacuteFINITIONS Les pairs deacutesignent des individus

ayant des caracteacuteristiques communes telles que le sexe lacircge les centres din-teacuterecirct les loisirs les aspirations les modes de viehellip Ce concept fait le plus souvent reacutefeacuterence aux groupes dacircge et plus speacutecifiquement aux groupes dado-lescents dont les membres sont eacutetroite-ment lieacutes par une culture de jeunesse Toutefois tout groupe social ainsi carac-teacuteriseacute peut faire laquo pair raquo Leacuteducation par les pairs repose sur

lrsquoideacutee qursquoun message deacutelivreacute agrave un indi-vidu par un autre au sein drsquoun groupe de pairs peut ecirctre plus creacutedible et efficient que celui proposeacute par les figures repreacute-sentant lrsquoautoriteacute Concernant les jeunes elle postule que les groupes de pairs ont une grande influence sur leur eacutevolution et leur deacuteveloppement en tant qursquoinstance fondamentale de la socialisation Leacuteducation par les pairs permet dameacuteliorer les processus parti-cipatifs au sein de la socieacuteteacute

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS AUTOUR DE LrsquoADOLESCENCECertaines actions de preacutevention visent agrave stimuler la reacutef lexion des jeunes consommateurs Elles ont pour objectif de les accompagner agrave partir de leurs expeacuteriences personnelles dans une ana-lyse de leurs propres parcours sous les effets directs ou indirects de groupes drsquoappar tenance reacuteelle ou souhaiteacutee Lrsquoapproche leur donne accegraves agrave une meil-leure compreacutehension de la pression ou influence du groupe pouvant amputer leur deacutesir de liberteacute et drsquoautonomieParmi les actions de renforcement des compeacutetences psychosociales des jeunes certaines ont pour vecteur lrsquoeacuteducation par les pairs86 en tant qursquoapproche drsquoeacutedu-cation agrave la santeacute Elle implique un eacutechange dinformations et dopinions avec dautres personnes qui laquo font raquo pairs afin de questionner des comportements de corriger des informations fausses et de stimuler des attitudes et des aptitudes positives vis-agrave-vis de la santeacute Cette approche repose sur le fait quagrave certains moments de la vie particuliegravere-ment dans la jeunesse linfluence des pairs est plus grande que dautres voies dinfluence Cest une approche alterna-tive ou compleacutementaire aux strateacutegies traditionnelles deacuteducation pour la santeacute en particulier dans la preacutevention au sujet des drogues et du Virus de lImmunodeacute-ficience Humaine87

86 Yaeumllle AMSELLEM-MAINGUY laquo Qursquoentend-on par eacuteducation pour la santeacute par les pairs raquo Cahiers de lrsquoaction ndeg 3 2014 pp 9-16

87 Glossaire des termes de santeacute publique internationaux

ILLUSTRATION

laquo Treacutesor de parents raquo outil drsquoanimation deStineacute aux parentS produit par lrsquoanpaa en hautS-de-france

laquo Treacutesor de parents raquo est un jeu coopeacute-ratif destineacute agrave animer des groupes de parents de preacute-adolescents et adoles-cents Un jeu de penseacutee positive sans moralisation qui srsquoappuie sur les res-sources et les compeacutetences des parents les aider agrave exprimer leurs ressentis leurs points de vue leurs faccedilons de reacuteagirhellip

OBJECTIF GEacuteNEacuteRAL

Aider les parents agrave situer leur place et leur rocircle dans la preacutevention des conduites agrave risques aupregraves de leur adolescent etou preacute-adolescent dans une deacutemarche eacuteducative globale

SES OBJECTIFS OPEacuteRATIONNELS

SONT DAIDER LES PARENTS Agrave

Aborder plus facilement les prises de risques avec leur adolescent

Situer les prises de risques dans le processus de deacuteveloppement de lrsquoadolescent

Faire eacutemerger leurs reacuteussites leurs compeacutetences et celles de leur adolescent

Creacuteer les conditions drsquoun dialogue avec leur adolescent

Trouver un style eacuteducatif adapteacute aux besoins et difficulteacutes de lrsquoadolescent

Reconnaicirctre identifier les prises de risques probleacutematiques et celles qui ne le sont pas

Ecirctre en capaciteacute de solliciter de lrsquoaide en cas de difficulteacute relationnelle ou de prises de risques speacutecifiques

Des situations de jeu ancreacutees dans le veacutecu quotidien auxquelles les parents reacutepondent gracircce agrave des cartes laquo situa-tion raquo des dessins humoristiques des quizz des cartes laquo petites reacuteussites et grandes victoires raquo

LES THEacuteMATIQUES ABORDEacuteES

Lrsquoalcool le tabac le cannabis les eacutecrans les jeux de hasard et drsquoargent les comportements alimentaires les meacutedicaments psychotropes la vie af-fective et sexuelle et les autres prises de risques et polyconsommations les ressources lieacutees agrave la parentaliteacute

CONTEXTE DE MISE EN ŒUVRE

Cet outil peut ecirctre animeacute par tout pro-fessionnel socio-eacuteducatif ou meacutedico-social aupregraves de groupes de parents (qui se connaissent ou non en amont de lrsquoanimation) Les parents peuvent venir par exemple de centres sociaux de maisons de quartier drsquoeacutetablisse-ments scolaires de cafeacutes des parents Maison drsquoenfants agrave caractegravere social (MECS)hellip Il est neacutecessaire de preacutevoir une animation drsquoenviron deux heures

Ce jeu nrsquoest pas adapteacute pour une ani-mation sous forme de laquo stand raquo avec arriveacutee et deacutepart permanent des par-ticipants

74 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 75

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

La notion ambivalente de co-usager

Les comportements potentielle-ment addictogegravenes et les consomma-tions de substances psychotropes ont souvent lieux en preacutesence drsquoun tiers Le plus souvent il srsquoagit de quelqursquoun avec qui lrsquoon partage ce moment cette expeacuterience Ces personnes teacutemoins et actrices des consommations de lrsquoautre comme lrsquoautre peuvent-elles jouer un rocircle dans la preacutevention la reacuteduction des risques et lrsquoaccegraves aux soins dans le groupe

Plusieurs mouvements de preacuteven-tion et drsquoeacuteducation par les pairs en font la thegravese et connaissent un grand engouement Cette approche pose toutefois la question des nombreux travers qursquoelle peut engendrer

Qursquoest-ce qui fait laquo pair raquo Que faut-il eacuteviter pour que le pair soit creacute-dible et agent de changement Com-ment eacuteviter lrsquoeacutecueil drsquoecirctre consideacutereacute comme une copie des acteurs de preacute-vention traditionnels ou des adultes qui reacutegurgiteraient leurs discours bien appris laquo des pairrsquohoquets raquo

Eacuteleacutements de reacuteflexion sur lrsquoaction drsquoeacuteducation par les pairs

Lrsquoeacuteducation pour la santeacute par les pairs demande du temps Elle laquo neacute-cessite drsquoecirctre inscrite dans la dureacutee (hellip) il est essentiel que les autres jeunes srsquohabituent agrave ces jeunes

pairs-eacuteducateurs et appreacutehendent au mieux leurs rocircles raquo88

Quand la consommation de produit fait laquo groupe raquo ou a lieu dans un groupe des pheacutenomegravenes de loyau-teacute de protectionhellip sont agrave estimer Dans le contexte particulier de la famille les risques de placement ou de signalement peuvent renforcer le laquo secret raquo De mecircme la situation peut ecirctre tregraves diffeacuterente en fonc-tion du sexe de lrsquoacircge (diffeacuterents acircges de responsabiliteacute leacutegale) de la personne consommatrice en diffi-culteacute et en fonction de qui est le co-usager pair ou non (adulte ou autre mineur famille (fratrie ascen-dantshellip)) Le contexte de consommation (fecircte scolaire parascolaire club sportif milieu professionnel ou de stage agrave domicile consommation cacheacutee ou nonhellip) rajoute son lot de speacutecificiteacute drsquoapproche avec des inclusions diffeacuterentes drsquoadultes res-sources et de pairs Dans les groupes drsquoappartenance ougrave des comportements addictifs ont lieu de faccedilon reacutecurrente cer-tains co-usagers plus acircgeacutes laquo expeacute-rimenteacutes raquo tiennent de faccedilon ano-nyme le rocircle de pairs dans une forme drsquoapprentissage sur lrsquoinstant et par lrsquoexemple drsquoune consomma-tion laquo agrave moindre risques raquo

88 Ibid

Les appuis psycho-sociaux de lrsquoeacuteduca-tion par les pairs69 sont les suivants

Les jeunes sont les laquo experts de ce qursquoils vivent en tant que jeunes avec une perspective privileacutegieacutee sur ce qursquoils vivent raquo

Ils sont souvent motiveacutes par le chan-gement

Les groupes de pairs peuvent avoir un effet de laquo multiplicateurs raquo lorsque les ressources sont limiteacutees et qursquoun grand nombre de personnes souhaite avancer Par des effets en cascade un changement au sein drsquoune communauteacute locale est susceptible drsquointervenir plus rapidement et plus profondeacutement

Les jeunes sont valoriseacutes en faisant appel agrave leurs propres compeacutetences pour informer ou aider drsquoautres jeunes laquo leurs pairs raquo

laquo Avec des soutiens et encourage-ments les jeunes peuvent parvenir agrave geacuterer le processus eacuteducatif et lrsquoeacutechange drsquoinformations raquo Tout deacutependra de lrsquoenvironnement dans lequel le pro-gramme sera mis en action

Les jeunes sont par ailleurs ameneacutes agrave prendre des responsabiliteacutes vis-agrave-vis des sujets de santeacute de mode de vie et parti-culiegraverement de conduites addictives

Ils deacuteveloppent des compeacutetences de laquo facilitateur raquo de la discussion sou-tiennent le travail des professionnels de lrsquoeacuteducation instaurent un rapport de confiance chez les adultes qui peuvent mieux comprendre leur point de vue

Le focus sur lrsquoacquisition et le deacuteve-loppement des compeacutetences psycho-sociales est lrsquoobjectif essentiel en termes de preacutevention Il srsquoagira de tra-vailler par exemple sur la deacutefinition de

la santeacute de lrsquoinfluence les groupes drsquoap-partenance les eacutemotions la conscience de soi lrsquoempathie Cela doit amener les jeunes agrave se questionner pour et sur eux-mecircmes mais eacutegalement pour et sur leur entourage

76 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 77

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte La responsabiliteacute socieacutetale des entre-prises (RSE) et de la reacuteglementation en matiegravere de preacutevention des risques pro-fessionnels sont des avanceacutees qui aident agrave lever les tabous toujours domma-geables concernant les difficulteacutes au tra-vail et les addictions sur le lieu de travail Lrsquoentourage certes de faccedilon ineacutegale selon les secteurs drsquoactiviteacutes est de moins en moins en prise avec les effets de loi du silence ou de loyauteacute imposeacutee par la structure ou le groupe de colla-borateursDe nombreux outils sont deacuteveloppeacutes en interne avec lrsquoappui drsquointervenants pour mettre en place des attitudes et des capaciteacutes agrave reacuteagir au sein de lrsquoentreprise entre collaborateurs et agrave diffeacuterents ni-veaux hieacuterarchiques

Dans ce cadre la preacutevention des risques lieacutes aux probleacutematiques addictives drsquoun collaborateur aura tout inteacuterecirct agrave se pla-cer dans une dynamique drsquoeacuteducation par les pairs chaque membre de lrsquoen-treprise sera ameneacute agrave deacutevelopper des compeacutetences de pairs en termes de vigilance et drsquoeacutecoute Crsquoest aussi toute une culture de la bienveillance en milieu de travail qui peut srsquoy rattacher

Fondement de lrsquoaction de preacuteven-tion en milieu professionnel

Identifier et faire connaicirctre dans lentreprise quelles sont les personnes ressources instances repreacutesentatives du personnel service de santeacute au travail

preacuteventeurs et pairs personnes for-meacutees agrave piloter une deacutemarche de preacute-vention

Deacutevelopper une deacutemarche inclusive et participative de tous les salarieacutes agrave tous les niveaux hieacuterarchiques

Aider les personnes en difficulteacute dans le cadre du contexte professionnel avec pour but de maintenir ces per-sonnes dans lentreprise et non les ex-clure

Services de santeacute au travail Ils ont pour mission exclusive deacuteviter toute alteacuteration de la santeacute des travail-leurs du fait de leur travail A cette fin notamment ils conseillent les em-ployeurs les travailleurs et leurs repreacute-sentants sur les dispositions et mesures neacutecessaires afin deacuteviter ou de diminuer les risques professionnels dameacuteliorer les conditions de travail de preacutevenir la consommation dalcool et de drogue sur le lieu de travail89

Les actions agrave mener peuvent ecirctre Aider les personnes agrave eacutevaluer les

risques lieacutes agrave leur usage de substances psychoactives agrave sinterroger sur leurs pratiques de consommation et deacutevelop-per des capaciteacutes agrave faire des choix

Pour les personnes en difficulteacute les informer en quoi leur consommation impacte leur travail susciter leur capa-citeacute agrave demander de laide et leur indi-quer comment avec qui et dans quelles structures drsquoaccompagnement et de soins dans le respect de leur vie priveacutee Crsquoest ici que se placera singuliegraverement

89 L4622-2 du code du travail

ZOOM

Preacutevention des risques professionnels lieacutes aux conduites addictivesune deacutemarche Speacutecifique propoSeacutee par lrsquoanpaa

La deacutemarche de lrsquoANPAA est une deacutemarche globale Elle prend en compte tous les professionnels de lrsquoentreprise (publique ou priveacutee) et pas uniquement ceux pour lesquels la consommation est repeacutereacutee par lrsquoem-ployeur ou le service de santeacute au tra-vail comme probleacutematiqueLa deacutemarche globale drsquointervention en milieu professionnel de lrsquoANPAA comporte trois volets

La preacutevention collective sur la base du code de la route du code du tra-vail et du regraveglement inteacuterieur de lrsquoen-treprise

Lrsquoaccompagnement des salarieacutes en difficulteacute comment les orienter vers lrsquoaccompagnement et les soins vers qui avec qui

Le conseil pour la gestion par lrsquoen-treprise de situations difficiles sur le lieu de travail (regraveglement inteacuterieur conduites agrave tenir face agrave un salarieacute en eacutetat drsquoivresse manifeste face agrave un sala-rieacute en difficulteacute chronique etc)

La formation de volontaires relais de preacutevention permettant lrsquoacquisition drsquooutils neacutecessaires pour agir en pairs au sein de lrsquoentreprise dans une pos-ture qui doit avant tout permettre drsquoaider les personnes en difficulteacute

Cette deacutemarche srsquoappuie notamment sur le CHSCTComiteacute social et eacuteco-nomique (CSE) le service de santeacute au travail la direction des ressources humaines les preacuteventeurs au sein de lrsquoentreprise

une eacuteducation par les pairs dans le contexte de compeacutetences psychoso-ciales acquises ou par une formation deacutedieacutee

Pour lentreprise agir sur lenviron-nement qui peut ecirctre incitateur afin de reacuteduire les risques

Faire appel agrave la responsabilisation de

chacun selon son niveau de responsa-biliteacute au sein de lrsquoentreprise tout en consideacuterant la regravegle premiegravere drsquoassis-tance agrave personne en danger le cas eacutecheacuteant

Rappeler et faire respecter le code du travail le regraveglement inteacuterieur et les proceacutedures internes de lentreprise

78 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 79

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 MOBILISER DES ACTEURS ET OUTILS

MOBILISER LES PARTENARIATS La preacutevention des impacts sur lrsquoentou-rage des conduites addictives drsquoun proche srsquoinscrit dans une continuiteacute drsquoactions depuis le repeacuterage en passant par lrsquoalerte et lrsquoaccompagnement sur un territoire donneacuteDans ce contexte des professionnels des secteurs sanitaires sociaux et meacute-dico-sociaux mais pas uniquement non speacutecialiseacutes en addictologie pourront ecirctre mobiliseacutesNotamment concernant la preacutevention des risques de co-deacutependance et de parenti-fication des enfants le cercle de collabo-ration peut srsquoeacutelargir au monde eacuteducatif et socioculturel tel que le service jeunesse clubs sportifs lrsquoEducation Nationale la CAF etc et les lieux de soins ou de suivi meacutedico-social de lrsquoenfanceConcernant le monde professionnel il srsquoagira de se tourner vers les acteurs speacutecialiseacutes de preacutevention en consideacuterant les interactions possibles avec les ser-vices internes agrave lrsquoentreprise ou ex-ternes direction du travail service de santeacute au travail groupements profes-sionnels feacutedeacuterations locales pour des actions seacutelectives et cibleacutees

Non-exhaustive la liste suivante des acteurs-ressources doit srsquoadapter agrave chaque contexte local et de public pour nouer les partenariats utiles au repeacuterage et agrave lrsquoaccompagnement

Secteur de lrsquoenfance et de la jeu-nesse en particulier la Protection Ma-ternelle et Infantile (PMI) lrsquoAide Sociale

agrave lrsquoEnfance (ASE) les centre Meacutedico Psycho Peacutedagogique (CMPP) les Point drsquoAccueil Eacutecoute Jeunes (PAEJ)et mai-sons des adolescents90 Secteur de la parentaliteacute en particu-

lier les Reacuteseaux drsquoEacutecoute Appui et drsquoAc-compagnement des parents (REAPP) les services de meacutediation familiale (agrave la de-mande des parties ou agrave la demande drsquoun juge) les lieux drsquoaccueil enfants-parents (LAEP) les Centre de Planification et drsquoEacuteducation Familiale (CPEF)91 les centres drsquoInformation sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) Milieu professionnel en particulier

les Comiteacutes Sociaux et Economique (CSE)92 Les services de santeacute au travail93

Autres milieux en particulier les services de santeacute scolaire et universi-taire les services drsquoActions Eacuteducatives en Milieu Ouvert (AEMO) la Protection Judiciaire Jeunesse (PJJ) et les services peacutenitentiaires drsquoinsertion et de proba-tion (SPIP)

90 Coordonneacutees des maisons des adolescents et PAEJ sur httpcartosantejeunesorg

91 Coordonneacutees des CPEF httpsivggouvfrles-centres-de-planification-ou-d-education-familialehtml

92 Le CSE est destineacute agrave remplacer lensemble des ins-titutions repreacutesentatives eacutelues du personnel de lentre-prise pour toutes les entreprises dau moins 11 salarieacutes Dici le 1er janvier 2020 il se substituera notamment aux deacuteleacutegueacutes du personnel au comiteacute dentreprise et au comiteacute dhygiegravene de seacutecuriteacute et des conditions de travail (CHSCT) En revanche les repreacutesentants du personnel deacutesigneacutes par exemple les deacuteleacutegueacutes syndicaux restent en place Dans les entreprises drsquoau moins 300 salarieacutes le CSE doit comporter une commission santeacute seacutecuriteacute et conditions de travail (CSSCT) dont les principales missions correspondent pour tout ou partie agrave celles auparavant confieacutees au CHSCT

93 Plus drsquoinformation sur httptravail-emploigouvfremploiinser tion-dans-l-emploiemploi-et-handicapprevention-et-maintien-dans-l-emploiservices-de-sante-au-travail-sst

ZOOM

Violences intrafamiliales et neacutecessaire attention des professionnels

Reconnaicirctre la violence Les violences srsquoinscrivent dans un continuum drsquoattitudes et de compor-tements allant du verbal aux coups du mateacuteriel au symbolique du physique au psychique impactant toute la cel-lule familialeCes violences sont faciliteacutees et insuffi-samment combattues pour plusieurs facteurs notamment Le sexisme des socieacuteteacutes humaines lrsquoanthropologue Franccediloise Heacuteritier94 estime que partout de tout temps et en tout lieu le masculin est consideacutereacute comme supeacuterieur au feacuteminin qursquoelle deacutefinit comme laquo la valence diffeacuteren-tielle des sexes raquo

94 Franccediloise HERITIER Masculin Feacuteminin La pen-seacutee de la diffeacuterence Odile Jacob 1995 332 p

Les liens de parentaliteacutes consideacutereacutes comme relevant de la sphegravere de lrsquoin-time avec notamment pour conseacute-quence la non-peacutenalisation des laquo fes-seacutees raquo parentalesDans leur expression paroxysmique les violences intrafamiliales en France crsquoest une femme qui deacutecegravede tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint95 deux en-fants qui deacutecegravedent chaque jour dans le cadre de maltraitances parentales96 et 80 des mauvais traitements infli-geacutes sur un enfant ayant lieu au sein de la famille

95 Observatoire national des violences faites aux femmes

96 Anne TURSZ Les oublieacutes Enfants maltraiteacutes en France et par la France Le Seuil 2010 432 p

Agrave RETENIR

Les professionnels de lrsquoaddictologie doivent Communiquer sur les ressources existantes en matiegravere de preacutevention repeacute-

rage orientation accompagnement et soins par tout moyen (par teacuteleacutephone en ligne et par les groupes drsquoauto-support) aupregraves de lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Srsquoappuyer sur des partenariats forts avec les acteurs non speacutecialiseacutes engageacutes sur les questions relatives agrave lrsquoentourage

80 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 81

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Reacuteduire les risques et les dommages dans le champ des addictions

Crsquoest porter la plus grande attention aux liens qui peuvent srsquoopeacuterer entre conduites addictives et violences

Du fait des psycho traumas issus de violences subies par le passeacute cer-taines personnes sont confronteacutees agrave des probleacutematiques addictives

Rendues plus vulneacuterables du fait de leurs conduites addictives certaines personnes ont plus de risques drsquoecirctre victimes de violencesLes conduites addictives peuvent ecirctre des facteurs facilitant les passages agrave lrsquoacte violent pour certaines personnes

Les professionnels doivent donc porter une attention particuliegravere agrave ces ques-tions de violences subies ou commises

Questionner systeacutematiquement les personnes sur drsquoeacuteventuelles violences subies par le passeacute ou actuellement

Ne pas craindre une laquo poten-tielle raquo rupture du lien theacuterapeutique avec une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives dont on ap-prend des actes de violences sur des tiers

Opeacuterer des signalements degraves que les circonstances semblent les rendre neacutecessaires

Faire connaicirctre leurs droits aux personnes victimes et mobiliser les ressources existantes sur le territoire

Diffuser largement les numeacuteros de teacuteleacutephonie deacutedieacutes

Enfance en danger 119 Violences femmes Info 39 19

ILLUSTRATION

Violences intrafamiliales dans un contexte de probleacutematique addictive expeacuterience du cSapa anpaa danS le cher en partenariat

ACTION PARTENARIALE

Cette action partenariale a mobiliseacute le CSAPA ANPAA dans le Cher La DGS La preacutefecture du Cher (par la chargeacutee de mission du Droit des Femmes et le substitut du Procureur) la Maison des Adolescents et des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie

HISTORIQUE

Degraves 2008 lrsquoANPAA dans le Cher accentue lrsquoaccueil et lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage en proposant du soutien individuel mais eacutegalement un soutien theacuterapeutique par le biais de la theacuterapie familiale systeacutemique Si les pratiques addictives sont consideacutereacutees comme des conduites principalement individuelles elles ont des reacutepercus-sions eacutevidentes sur le fonctionnement familial et reacuteciproquement

En 2012 suite agrave un appel agrave projets de la DGS lrsquoANPAA obtient un finan-cement de 18 mois pour deacutevelopper un projet de preacutevention drsquoaccegraves aux soins et de soins en direction des femmes sur le deacutepartement du Cher

Au cours de ces 18 mois la vulneacute-rabiliteacute particuliegravere des femmes amegravene lrsquoeacutequipe agrave adapter les moyens drsquoaccompagnement dont la place des

enfants et agrave se rapprocher de parte-naires jusque-lagrave peu solliciteacutes

En 2014 la preacutefecture du Cher en la personne de la chargeacutee de mission au Droit des femmes et du substitut du procureur reacuteunit des profession-nels pour innover et construire une reacuteponse singuliegravere Le substitut sou-ligne alors que dans le Cher lrsquoalcool est preacutesent dans 70 des cas de vio-lences intrafamiliales LrsquoANPAA se saisit de cette opportu-niteacute et constitue un groupe de reacute-flexion interne chargeacute drsquoeacutelaborer et de mettre en œuvre un projet speacutecifique

LrsquoANALYSE EFFECTUEacuteE PAR LrsquoANPAA

DEacuteGAGE TROIS PRIORITEacuteS

1 Lrsquoaccueil des enfants en centre de soin lrsquoouverture de la Maison des Adolescents a favoriseacute cette possibiliteacute 2 Un besoin de formation les pro-fessionnels se sont formeacutes agrave lrsquoeacutevalua-tion du risque traumatique et agrave lrsquoac-compagnement des enfants 3 Des parcours de vie poly-trauma-tiques de femmes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Drsquoun point de vue clinique au-delagrave de la litteacuterature dans le domaine lrsquoeacutequipe observe chez les usagers et en particulier chez les femmes preacutesentant des conduites addictives des probleacute-matiques lieacutees agrave des histoires de vie ponctueacutees de ruptures et de trauma-tismes Souvent des anteacuteceacutedents deacute-pressifs anxieux des conditions de vie peacutenibles et des traumatismes lieacutes agrave des abus sexuels apparaissent dans la vie

82 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 83

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

des femmes victimes La violence est ainsi tregraves preacutesente dans leur parcours

Soit agrave lrsquoorigine de leur probleacutematique Soit dans leur quotidien leurs pro-bleacutematiques les placcedilant en situa-tions de fragiliteacute qui les rendent plus souvent victimes de violences Soit parce que lrsquoaddiction chez une femme est assimileacutee agrave une tare qui entraicircne culpabiliteacute et honte avec des consommations plus souvent cacheacutees Lrsquoimpact de la combinaison conduites

addictives et violence aupregraves des en-fants est incontournable Ce constat srsquoappuie sur les eacuteleacutements judiciaires (dont le devenir drsquoenfants victimes de violences intrafamiliales) sur le reacutecit de vie des usagers du centre de soins et eacutegalement sur les teacutemoignages des jeunes rencontreacutes agrave la Maison des Ado-lescents pour des probleacutematiques ou des questionnements paraissant au deacutepart bien eacuteloigneacutes de cette question

LE PROJET PORTEacute PAR LrsquoANPAA

DANS LE CHER SrsquoADRESSE

DrsquoUNE PART AUX FEMMES DrsquoAUTRE

PART AUX ENFANTS

En direction des femmes contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reacutecidive agrave travers des consultations individuelles et un groupe de parole de femmes

En direction des enfants contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reproduction intergeacuteneacuterationnelle de la violence et

des conduites addictives par des consultations individuelles et familiales et atelier de preacutevention laquo les prsquotits chefs de la preacutevention raquo

LES PrsquoTITS CHEFS

DE LA PREacuteVENTION

Animeacute par un animateur de preacuteven-tion ou eacuteducateur speacutecialiseacute cet ate-lier srsquoadresse agrave des enfants acircgeacutes de 5 agrave 12 ans et a pour objectif la diffusion de connaissances le deacuteveloppement de compeacutetences psychosociales le deacuteveloppement de lrsquoautonomie et de la responsabilisation la preacutevention de la premiegravere consommation lrsquoeacutechange parents-enfants-professionnelsCes modaliteacutes de mise en œuvre sont les suivantes

Le groupe srsquoappuie sur des meacutedia-tions adapteacutees (jeux dessins outils de preacutevention hellip) afin de deacutevelopper etou renforcer les compeacutetences psycho-sociales des enfants

Ce groupe fermeacute de huit enfants se deacutecline en cinq seacuteances de deux heures trente lors de chaque peacuteriode de vacances scolaires

Au cours de chaque seacuteance deux compeacutetences psychosociales sont tra-vailleacutees Ensuite un goucircter est preacute-pareacute par les enfants afin de proposer un temps drsquoeacutechange et de partage entre enfants parents et profession-nel de lrsquoANPAA du Cher

Une eacutevaluation est produite agrave la fin de chaque seacuteance afin drsquoappreacutecier la satisfaction des participants de leurs parents et lrsquoatteinte des objectifs

OUTILS POUR SrsquoINFORMER ORIENTER ET SrsquoORIENTER

Outils agrave destination de lrsquoentourageLes personnes de lrsquoentourage de per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peuvent disposer de pre-miegraveres reacuteponses agrave leurs interrogations de maniegravere anonyme gracircces aux lignes teacuteleacutephoniques du groupement drsquointeacuterecirct public Addictions Drogues Alcool Info Service (ADALIS)

Alcool info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 0 980 980 930 et en ligne httpalcool-info-servicefrAvec une rubrique deacutedieacutee laquo lrsquoalcool et vos proches raquo proposant plusieurs conseils

Lalcool dans la famille Comment savoir si un proche a un problegraveme Mon conjoint boit comment en parler agrave mes enfants Mon ado organise une soireacuteehellip

Aider ecirctre aideacute Comment aider un proche Il a recommenceacute agrave boirehellip Comment me faire aider

Drogue info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel gratuit depuis un poste fixe 0800 23 13 13 et en ligne httpwwwdrogues-info-servicefr

Joueurs info service de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 09 74 75 13 13 Et en ligne httpwwwjoueurs-info-ser-vicefr

Un ensemble de services sont proposeacutes Des conseils en ligne Par laquo chat raquo en ligne sur le site web

deacutedieacute Une eacutecoute et des conseils personna-

liseacutes par teacuteleacutephone En adressant ses questions par formu-

laire sur le web rubrique laquo vos ques-tions nos reacuteponses raquo

Les adresses utiles en preacutevention (conseil consultation documentaire in-tervention de preacutevention) en soins (meacutedico-social sanitaire ambulatoire ou reacutesidentiel) professionnels (formation coordination des soins) Outils agrave destination des professionnels

Travailler en preacutevention pour et avec lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peut prendre de multiples formes et concer-ner de nombreux thegravemes sous-jacents La formation et le conseil des eacutequipes ou des interlocuteurs non speacutecialiseacutes en addictologie notamment de premiegravere ligne susceptibles de repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addic-tives aupregraves des personnes de lrsquoentou-rage ndash (cellule familiale ou en milieu professionnel) ndash doivent ecirctre accompa-gneacutes par les professionnels de lrsquoaddicto-logie agrave travers des actions de conseil et de formation pour leur permettre de

Savoir eacutevoquer et repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addictives

Savoir orienter vers les lieux res-sources notamment en matiegravere drsquoac-compagnement les CSAPA ont aussi pour mission lrsquoaccompagnement des personnes de lrsquoentourage

GUIDE REPEgraveRES 85

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

84 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Des formations agrave envisager notam-ment sur les theacutematiques suivantes

Notions de base en addictologie Entretien de premier accueil accueil

et orientation de lrsquoentourage Questions de parentaliteacute Theacuterapie familiale avec notamment

des outils comme le geacutenogramme la transmission intergeacuteneacuterationnelle

Agrave RETENIR

Les formations proposeacutees par lrsquoANPAA sinscrivent dans les champs de la preacutevention et du conseil en addictologie

Des stages de formation en addictologie sont organiseacutes dans toute la France Pour lessentiel ces stages sont destineacutes agrave des professionnels relais dans les entreprises des services administratifs locaux des associations qui agissent aupregraves des personnes en difficulteacute

Le maillage territorial de lrsquoANPAA permet de deacutevelopper aussi un panel de formations en lien avec les besoins et les ressources des territoires et des pu-blics cible

Certaines formations abordent les questions touchant agrave lrsquoentourage agrave la preacutevention des risques agrave son accueil ou agrave ses souffrances comme la co-deacutepen-dance

Dans le cadre de la preacutevention des conduites addictives en milieu profes-sionnel le plan gouvernemental preacutevoit plusieurs actions dont la formation des professionnels de santeacute des services de santeacute au travail en service autonome ou interentreprises agrave la preacutevention des conduites addictives

3fraslthinsp1PRIMO-DEMANDE

ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

1 ACCOMPAGNER LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

UNE MISSION DES CSAPALrsquoentourage est accueilli en CSAPA au mecircme titre que les personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives et beacuteneacuteficient des mecircmes possibiliteacutes de prise en compte de leurs probleacutema-tiques speacutecifiques agrave travers une eacutecoute et un accompagnement personnaliseacuteAinsi les CSAPA laquo assurent pour les personnes ayant une consommation agrave

risque un usage nocif ou preacutesentant une deacutependance aux substances psychoac-tives ainsi que pour leur entourage laccueil linformation leacutevaluation meacutedi-cale psychologique et sociale et lorien-tation de la personne ou de son entou-rage [hellip] raquo97 De ce fait les professionnels du CSAPA peuvent intervenir aupregraves de lrsquoentou-rage dans une assez grande varieacuteteacute de situations

La personne de lrsquoentourage en diffi-culteacute avec les conduites addictives de lrsquoautre lrsquoautre eacutetant en deacutemarche drsquoac-compagnement ou de soins dans le

97 Deacutecret ndeg 2007-877 du 14 mai 2007 relatif aux mis-sions des centres de soins daccompagnement et de preacutevention en addictologie

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

1 PRIMO-DEMANDE ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

3 ORIENTATIONS PSYCHOTHEacuteRAPEUTIQUES

86 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 87

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

longue peacuteriode de difficulteacutes tues voire un pheacutenomegravene de co-deacutependance ins-talleacutee

Geacuteneacuteralement la personne de lrsquoen-tourage masque son propre besoin drsquoaide ou drsquoaccompagnement qursquoelle nrsquoest pas encore en mesure de formuler par une primo-demande de soutien pour laquo lrsquoautre raquo celui qui a un problegraveme avec ses conduites addictives

Qursquoelle que soit la position de cette personne de lrsquoentourage la deacutemarche qursquoelle accomplit doit ecirctre consideacutereacutee avec la plus grande attention car lrsquoimpli-cation des familles des proches aupregraves des usagers constitue un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sen-sibiliseacutes eacutecouteacutes peuvent soutenir lrsquousa-ger dans sa deacutemarche de reacuteduction des risques et des dommages

IDENTIFIER LES MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGELa demande drsquoaide deacutetourneacutee ou pas du conjoint ou du parent est freacutequem-ment motiveacutee par un moment de crise face agrave un eacutevegravenement laquo grave raquo ou un laquo eacutevegravenement de trop raquo lieacute aux conduites addictives comme

Le deacuteni des consommations Une reprise de consommation apregraves

une peacuteriode drsquoabstinence Des actes de violence conjugale ou

familiale (violences verbales physiques agressions sexuelles ou viol) sous lrsquoeffet drsquoun produit

La personne est souvent la seule agrave solli-citer de lrsquoaide

Elle vient consulter en exprimant tou-cher une limite par rapport agrave ce qursquoelle peut supporter de son proche

Lrsquoexigence de lrsquoarrecirct de la consomma-tion du conjoint en difficulteacute avec ses conduites addictives est un signe de la souffrance du proche et de son eacuteven-tuelle co-deacutependance Crsquoest une forme drsquoappel au secours

Le proche non-deacutependant lorsqursquoil srsquoagit du conjoint veut faire laquo repartir le couple comme avant raquo Cette deacutemarche deacutesigne le partenaire en difficulteacute avec ses conduites addictives comme unique responsable du malaise conjugal et comme laquo malade raquo agrave soigner pour reacuteta-blir lrsquoeacutequilibre du couple

La demande peut aussi porter sur Une aide pour mieux geacuterer les pro-blegravemes lieacutes aux conduites addictives de leur partenaire

Une demande drsquoaccompagnement de leur conjoint afin de leur laquo faire arrecircter raquo les consommations (les problegravemes)

Peu de personnes de lrsquoentourage expriment un besoin drsquoaide pour elles-mecircmes Il srsquoagit tregraves souvent de lrsquoautre et non de soi

Cette demande drsquoaide implique for-ceacutement que les parties srsquointerrogent et se positionnent sur la place que chacun est precirct agrave faire agrave lrsquoautre agrave travers des attentes exprimeacutees vis-agrave-vis de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives mais surtout par rapport au veacutecu du couple et agrave sa faccedilon de se pro-jeter agrave travers un avenir commun

mecircme eacutetablissement ou pas Lrsquoaccompa-gnement est centreacute sur la personne de lrsquoentourage et ses difficulteacutes

Les personnes deacutesireuses de soute-nir leur proche addict dans sa deacutemarche de changement

Les personnes de lrsquoentourage invi-teacutees par un professionnel en accord avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictivesCes personnes de lrsquoentourage peuvent ecirctre reccedilues individuellement ou avec leur proche ou en groupe agrave viseacutee infor-mative ou theacuterapeutique selon ce qui est proposeacute par lrsquoeacutetablissement

Selon les attentes de la personne en premiegravere consultation il sera question drsquoassurer

Une eacutecoute et une eacutevaluation de la demande

Un soutien en tant que personne en souffrance sous lrsquoeffet drsquoune co-deacutepen-dance conscientiseacutee ou pas

Une information pour mieux com-prendre les probleacutematiques addictives et celles de la personne proche en par-ticulier produits contextes de consom-mation effets rechercheacutes risques et dommages meacutecanismes psychiques lieacutes aux addictions dispositifs et modaliteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Des conseils pour pouvoir laquo aider raquo et rester aux cocircteacutes de la personne addict en eacutevitant les situations de reacuteclamations controcircle ou de protection parfois contre-productives et psychiquement usantes

Accompagnement conjoint avec la personne addicte voire agrave plusieurs en famille par exemple sous reacuteserve drsquoad-heacutesion des parties

UNE COMMUNICATION INDISPENSABLE Agrave LrsquoEFFICACITEacute DE LA MISSION DE PREacuteVENTIONIl est absolument neacutecessaire que tous les supports de communication sur les mis-sions et le public accueilli en CSAPA speacutecifient bien que lrsquoentourage de toute personne en difficulteacute avec ses conduites addictives peut ecirctre accueilli et accom-pagneacute

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non ins-crite dans une deacutemarche drsquoaccompagne-ment et de soins dans cet eacutetablissement ou ailleurs par le passeacute ou actuelle-ment

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non in-formeacutee que son proche consulte en CSAPA en tant que laquo personne de lrsquoentourage raquoCette information doit ecirctre largement relayeacutee par le reacuteseau drsquoacteurs interve-nant sur le public et le secteur geacuteogra-phique du CSAPA

2 PRIMO-DEMANDE ET MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGE

PRIMO-DEMANDE DE LrsquoENTOURAGE

Lrsquoentourage drsquoune personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives doit ecirctre reccedilu comme tout usager accueilli en structure drsquoaccueil drsquoaccompagne-ment et de soins

La personne de lrsquoentourage (conjoint famille collegraveguehellip) qui franchit la porte drsquoun eacutetablissement drsquoaccompagnement en addictologie reacutevegravele par fois une

GUIDE REPEgraveRES 89

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

88 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

dez-vous avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives sans infor-mation preacutealable Il srsquoagit en geacuteneacuteral pour la personne de lrsquoentourage

De srsquoassurer que lrsquoaccompagnement se poursuit Drsquoapporter des informations com-pleacutementaires parfois agrave lrsquoinsu du tiers concerneacute Drsquoexprimer ses difficulteacutes voire son deacutecouragement face agrave une situation

qui nrsquoeacutevolue pas comme cela est attendu lrsquoentourage se montre parfois laquo impatient raquo et si le laquo pa-tient raquo laquo ne bouge pas raquo la pression se verra renforcer sur lrsquoeacutequipe drsquoac-compagnement et de soins

Ces deacutemarches de lrsquoentourage intro-duisent une dimension familiale que la situation de la personne concerneacutee srsquoameacuteliore se deacuteteacuteriore ou que drsquoautres problegravemes se posent

ZOOM

Double suivi au sein du mecircme eacutetablissement

Repeacuterer le double suiviLe possible double suivi drsquoun usager et de son entourage (une ou plusieurs personnes) neacutecessite danalyser lrsquoob-jet de la demande et son origine car

Un accompagnement etou des soins en addictologie ne peuvent avoir lieu que si lrsquousager le demande

Mais lorsque cest lentourage qui demande alors les eacuteleacutements de la demande peuvent ecirctre disperseacutes entre plusieurs protagonistes

Pratique repeacuterer le symptocircme la souffrance et la formulation de la demande

Symptocircme qui pose le plus de problegravemes actuellement

Souffrance qui souffre le plus de la situation

Formulation de la demande qui se montre le plus preacuteoccupeacute

Position de lrsquoentourage dans lrsquoeacuteclatement de la demande Lrsquoeacutequipe drsquoaccompagnement et de soins se retrouve alors devant plu-sieurs possibiliteacutes drsquoeacuteclatement de la demande

Les trois eacuteleacutements peuvent ecirctre porteacutes par la mecircme personne elle preacutesente un symptocircme en souffre et est en demande Lentourage nest alors pas en demande

Une personne preacutesente un symp-tocircme mais nrsquoen souffre pas et ne demande rien crsquoest lentourage qui souffre et qui demande de lrsquoaide

Une troisiegraveme possibiliteacute est une personne qui preacutesente un symptocircme et la souffrance mais crsquoest une autre qui demande Cest le cas de lentou-rage qui vient seul au CSAPA

Enfin la situation peut eacutechapper aux reacuteseaux de soin parce que les personnes preacutesentent un problegraveme sans pouvoir lrsquoaborder ou une souf-france sans pouvoir lrsquoidentif ier ni lrsquoexprimer

ILLUSTRATION

Paroles de conjointe

Les services drsquoeacutecoute speacutecialiseacutee ou les premiegraveres consultations en eacutetablis-sement speacutecialiseacute en addictologie re-ccediloivent des personnes venues parler de lrsquolaquo autre raquo elles ne disent pas laquo je raquo mais laquo il raquo ou laquo elle raquo crsquoest-agrave-dire lrsquolaquo autre raquo deacutesigneacute comme la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives raquo laquo malade raquo Il srsquoagit de leur compagnon eacutepouse fils pegraverehellip

Les mots sont laquo Il ne srsquoen rend pas compte raquo laquo Il ne vous dit pas tout moi je vais vous le dire raquohellip

Les craintes sont exprimeacutees laquo Ne lui dites pas que je vous ai appeleacute que je vous ai vu raquohellip

Ces personnes qui srsquoadressent aux services speacutecialiseacutes agrave travers ce qursquoelles disent des diff iculteacutes de lrsquoautre parlent avant tout de leurs propres souffrances de leur deacutenue-ment de leur eacutepuisement de leur colegravere de leur volonteacute drsquoagir tout en ne sachant plus comment faire car souvent ces personnes tregraves impli-queacutees estiment avoir laquo tout essayeacute raquo

Les amener agrave srsquoexprimer agrave la pre-miegravere personne pour formuler leurs propres difficulteacutes est primordial

Lrsquoobjectif ne doit plus ecirctre de reacute-pondre agrave laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour lui raquo mais agrave la question qui les amegravene en tant qursquoindividu qui souffre laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour moi raquo pour aller mieux

TYPOLOGIE DE SITUATIONS METTANT EN JEU LrsquoENTOURAGE Les motivations de lrsquoentourage qui se rend au sein drsquoun eacutetablissement drsquoac-compagnement en addictologie sont varieacutees informative de soutien drsquoordre psychotheacuterapique de groupe ou familial et se manifestent sur des modes diffeacute-rencieacutes qui doivent interroger les eacutequipes

La personne de lrsquoentourage vient seule

Pour trouver des informations rela-tives aux modaliteacutes drsquoaccompagne-ment et de soins possibles et sur les dimensions de la probleacutematique addictive pour mieux comprendre la situation et mieux soutenir lrsquoautre Pour exprimer sa souffrance et son eacutepuisement face agrave la situation

Absence de lrsquoentourage alors il nrsquoy a pas ou peu de liens entre les per-sonnes et les soignants Il convient drsquoin-terroger la personne accompagneacutee pour ses probleacutematiques addictives sur cette absence Dans le respect du souhait des parties il convient de proposer degraves le deacutebut de lrsquoaccompagnement de recevoir lrsquoentou-rage seul ou ensemble afin de sortir du centrage sur la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et aborder la situation dans son ensemble pour eacutela-borer un diagnostic global (individu fa-milial socialhellip) Srsquoappuyer sur toutes ces dimensions pour travailler sur lrsquoeacutechelle motivationnelle

Preacutesence inattendue de lrsquoentourage lrsquoentourage peut intervenir dans le cours de lrsquoaccompagnement par des appels teacuteleacutephoniques par une preacutesence en ren-

90 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 91

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Garde des enfants pendant la consultation du ou des parents

ContexteOutre les cas speacutecifiques drsquoaccompa-gnements qui leurs sont deacutedieacutes avec ou sans leurs parents les enfants sont sus-ceptibles drsquoecirctre preacutesents au sein des eacutetablissements ambulatoires en addic-tologie dans deux types de situations

Parmi les consultants certains ne disposent pas de modaliteacute de garde de leurs enfants durant leur consulta-tion ou un groupe agrave viseacutee theacuterapeu-tique Il srsquoagit majoritairement de femmes avec des enfants en bas acircges non scolariseacutes

Les enfants et les parents sont reccedilus pour un entretien familial mais au cours de la consultation il est pertinent pour les intervenants de permettre agrave un enfant de quitter le bureau

Un consensus peut ecirctre formuleacute sur les points suivants

Tout doit ecirctre mis en œuvre pour faciliter les conditions drsquoaccueil et drsquoaccompagnement des parents nrsquoayant pas de solution de garde pour leurs enfants

Hors entretien familial il est parfois difficile drsquoaccepter la preacutesence drsquoen-fants durant les consultations et groupes agrave viseacutee theacuterapeutique afin de favoriser la liberteacute drsquoexpression du consultant-parent comme du profes-

sionnel ou des tiers preacutesents drsquoune part et dans le respect de ce que doit pou-voir entendre un enfant drsquoautre part

Le professionnel doit srsquoautoriser agrave diffeacuterer un rendez-vous srsquoil considegravere que les conditions drsquoaccueil ne sont pas propices pour le consultant lrsquoen-fant le professionnel

Lrsquoeacutetablissement doit ecirctre en capa-citeacute de proposer des modaliteacutes de garde pour les enfants par exemple par accord de lrsquoeacutetablissement avec une halte-garderie municipale un ser-vice agrave domicile (avec enveloppe bud-geacutetaire deacutedieacutee) professionnel (ou service civique) deacutedieacute agrave une perma-nence drsquoaccueil sans rendez-vous

Ne pas accueillir et assurer la garde des enfants pendant leur temps de consultation crsquoest signifier que la consultation est un temps pour les usagers eux-mecircmes pour prendre soin drsquoeux

Trouver un mode de garde pendant ce court temps crsquoest aussi une forme drsquoengagement dans lrsquoaccompagnement en addictologie du consultant

Organisation de la gardeCette question se preacutesente reacuteguliegravere-ment et doit ecirctre organiseacutee dans le cadre du projet drsquoeacutetablissement et non improviseacutee afin de proposer des conditions seacutecurisantes pour les enfants le consultant comme pour lrsquoeacutequipe Cette question peut ecirctre soumise pour avis aux usagers dans le cadre drsquoinstances de consultationLorsque les enfants sont scolariseacutes les

Ainsi en fonction des besoins expri-meacutes par les parties lentourage pour-ra ecirctre reccedilu lors dentretiens com-muns (theacuterapie familiale ou autre) seacutepareacutement ou seulLe suivi drsquoun usager seacutepareacutement de celui du membre de son entourage ne pourra ecirctre assureacute par le mecircme pro-fessionnel pour une neutraliteacute et in-tervention psychotheacuterapeutique

La position du theacuterapeute dans la gestion du double accompagnement Une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et un membre de lrsquoentourage peuvent souhaiter ecirctre accompagneacutes dans le mecircme eacutetablisse-ment seacutepareacutement Se posent alors plusieurs questions pour lesquelles chaque eacutetablissement doit se fixer des regravegles formaliseacutees dans son projet et clairement eacutenonceacutees aux usagers

Lrsquoun peut souhaiter consulter sans savoir que lrsquoautre y consulte deacutejagrave ou sans que lrsquoautre en soit informeacute aucune information non-personnelle nrsquoa agrave ecirctre porteacutee agrave la connaissance des parties ne fut-ce qursquoinformer mecircme du suivi dans le respect des regravegles de secret professionnel

Deux personnes peuvent consul-ter au sein du mecircme eacutetablissement et ecirctre en conflit majeur par exemple dans le cadre drsquoune seacuteparation ins-tance de divorce conflit sur la garde drsquoenfantshellip Dans cette situation comme dans les preacuteceacutedentes lrsquoeacuteta-blissement doit srsquoefforcer que les deux personnes ne se croisent pas sans toutefois pouvoir le garantir de la mecircme faccedilon que deux individus peuvent toujours se croiser quelque part sans le vouloir Lrsquoeacutetablissement doit rappeler le regraveglement de fonc-tionnement et le respect des per-sonnes Agrave noter qursquoen cas de mesure drsquoeacuteloignement prononceacutee par le juge crsquoest agrave la personne sous cette mesure de prendre ses dispositions et non agrave lrsquoeacutetablissement de garantir les condi-tions de cet eacuteloignement

Deux personnes peuvent souhai-ter consulter une mecircme cateacutegorie de professionnel sans choix du profes-sionnel parce qursquoil nrsquoy en aurait qursquoun au sein de lrsquoeacutetablissement (par exemple meacutedecin psychologue) Si le professionnel ne souhaite pas assurer cet accompagnement pour des ques-tions de positionnement theacuterapeu-tique une orientation doit systeacutemati-quement ecirctre proposeacutee dans un service ou eacutetablissement eacutequivalent le plus proche possible

92 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 93

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

3 LES CONSULTATIONS JEUNES CONSOMMATEURS (CJC) LIEUX-RESSOURCES POUR LA FAMILLE

Les CJC sont une des missions faculta-tives des centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) Au demeurant avec ou sans CJC les CSAPA reccediloivent toutes les per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives quel que soit leur acircge

Public des CJCLes consultations sont destineacutees en prioriteacute aux jeunes consommateurs98 y compris les mineurs qui ressentent des difficulteacutes en lien avec leur consomma-tion de substances psychoactives Les usagers peuvent se preacutesenter seuls spontaneacutement ou adresseacutes par un tiers famille professionnel de santeacute milieu scolaire justice parce qursquoils preacutesentent des diff iculteacutes attribueacutees agrave un usage simple agrave risque ou nocif de substances psychoactives

Probleacutematiques addictives abordeacuteesLes substances psychoactives y compris lrsquoalcool et les addictions comportemen-tales comme le jeu internet etc

Objectifs Agir degraves les premiers stades de la

consommation les CJC disposent de compeacutetences et de savoir-faire afin drsquoen-trer en relation avec le jeune et eacuteventuel-

98 Annexe 4 de la circulaire du 28 feacutevrier 2008 relative aux missions des CSAPA

lement son entourage pour reacutetablir une communication beacuteneacutefique pour lrsquoeacutecoute et la prise de conscience des risques mais aussi pour envisager des probleacutematiques sous-jacentes du jeune

Accueillir lrsquoentourage lrsquoentourage seul souvent agrave lrsquoorigine drsquoune deacutemarche drsquoinformations trouve aupregraves des pro-fessionnels de la consultation une eacutecoute et un soutien dans les difficulteacutes ressenties vis-agrave-vis des consommations ou comportements addictifs de leurs proches

Reacutepondre aux interrogations et preacute-occupations de lrsquoentourage en matiegravere drsquoaddiction informations sur les subs-tances et conduites sans produit leurs effets et leurs risques sur les divers types de recours possibles pour le dia-gnostic et la prise en charge

Soutenir les parents dans leur rocircle eacuteducatif et le dialogue avec leurs enfants sur les consommations de produits illi-cites drsquoalcool et de tabac

Recevoir de faccedilon conjointe le jeune et son entourage

Srsquoadapter aux situations parentsenfantsDans un contexte addictif agrave risque lrsquoaxe de travail essentiel des professionnels de la CJC est de renouer le dialogue entre le jeune et ses parents de laquo deacutedramati-ser raquo la situation la deacutecortiquer tout en maintenant le cadre parental Ceci est rendu possible en confortant le parent dans son rocircle de parent sans le culpabi-liser mais en travaillant sur le dialogue entre eux deux sur la perception de lrsquousage par les uns et les autres sur les risques inheacuterents

rendez-vous doivent ecirctre proposeacutes sur des horaires adapteacutes agrave ces contraintes

En pratique la situation diffegravere selon lrsquoacircge de lrsquoenfant les ressources humaines et la configuration des lo-caux de lrsquoeacutetablissement

Le nourrisson peut ecirctre reccedilu avec son parent

Si le professionnel estime que lrsquoenfant du consultant ne peut pas ecirctre preacutesent durant lrsquoentretien lrsquoeacutetablissement organise alors des modaliteacutes drsquoaccueil des enfants sous la vigilance drsquoun professionnel en proposant par exemple un espace de jeux adapteacute et seacutecuriseacute (des bloque-fenecirctres des jouets qui ne preacutesentent aucun risque drsquoingurgi-tation ou de blessurehellip) Ce temps

peut ecirctre un moyen drsquoobservation du comportement de lrsquoenfant Responsabiliteacutes il est important de

rappeler que les eacutetablissements sont responsables des conseacutequences dom-mageables de leurs actes de preacuteven-tion de diagnostic ou de soins en cas de faute Par conseacutequent ils sont te-nus de souscrire une assurance desti-neacutee agrave les garantir pour leur responsa-biliteacute civile susceptible decirctre engageacutee en raison de dommages subis par des tiers et reacutesultant datteintes agrave la per-sonne survenant dans le cadre de cette activiteacute de preacutevention de dia-gnostic ou de soins Cela concerne bien sucircr avec acuiteacute le mode de gardesurveillance organiseacute pour lrsquoenfant du consultant

Agrave RETENIR

Le professionnel en addictologie vers lequel un membre de lrsquoentourage srsquoadresse doit proposer une eacutecoute bienveillante un soutien et des informations Il srsquoagit

Drsquoaider cette personne agrave identifier ses ressources et ses freins ses difficulteacutes directement et indirectement lieacutees aux probleacutematiques addictives de lrsquoautre

De ne pas consideacuterer lrsquoentourage qursquoagrave travers le prisme de ses difficulteacutes mais de srsquoappuyer aussi sur ses ressources ses expeacuteriences comme allieacute du systegraveme theacuterapeutique

Drsquoaffirmer et reacuteaffirmer que chacun souffre agrave sa maniegravere et a besoin drsquoecirctre entendu compris et aideacute et que la recherche de solution de mieux ecirctre devra srsquoappuyer sur les ressources et expeacuteriences de toutes les parties prenantes

94 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 95

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

rents pour nouer ou renouer le dialogue sur les conduites addic-tives

Les CJC un outil laquo phare de la preacutevention raquo La campagne nationale de communica-tion de 2015 a su toucher justeLes CJC ont beacuteneacuteficieacute drsquoune diversifica-tion des modes drsquoentreacutee101 avec une plus grande visibiliteacute des familles En ef-fet dans lrsquoenquecircte de 2015 on constate la plus grande repreacutesentation des fa-milles dans le dispositif Notamment les constats suivants eacutemergent

Les orientations par la famille pro-gressent de 15 en 2014 agrave 20 en 2015 cette hausse se retrouvant agrave tous les acircges Celles-ci se placent deacutesormais au deuxiegraveme rang des sources de recrute-ment des consultants derriegravere les orientations judiciaires qui restent preacute-dominantes

La preacutesence de la famille en tant qursquoaccompagnateur est eacutegalement plus importante durant les consultations La proportion de consommateurs venus avec leur entourage familial passe de 22 agrave 34 en un an La par t des proches venus sans lrsquousager avoisine toujours les 7 et les consultations laquo venus seuls raquo restent majoritaires

Les consommateurs dirigeacutes par leur famille en CJC sont plus jeunes que les autres et davantage consommateurs de jeux videacuteo En 2015 le jeu videacuteo repreacute-sente

5 des motifs de recours parmi les

101 Caroline PROTAIS et al laquo Evolution du public des CJC (2014-2015) raquo Tendances ndeg 107 2016 4 p

jeunes consultants venus seuls 14 des consultations mettant en preacutesence les jeunes et leur entou-rage

15 des consultations de familles venues seules

Cette forte mobilisation des familles explique une autre eacutevolution marquante en 2015 lrsquoaugmentation de la part des mineurs Agrave lrsquoinverse les familles venues sans la personne concerneacutee se mobi-lisent principalement autour de la consommation drsquoun enfant majeur

Agrave RETENIR

Les probleacutematiques addictives des jeunes se situent tregraves souvent dans un contexte de rupture de dia-logue avec lrsquoentourage familial proche Lrsquoobjectif des CJC est donc de renouer maintenir ou renforcer ses liens avec son entourage

Les CJC doivent travailler en reacute-seau avec toutes les structures en reacutesonnance avec les multiples cercles drsquoentourages des jeunes lieu de consultations meacutedico-so-ciales eacutetablissements scolaires mai-sons des jeunes lieux de vie cultu-rels et sportifs etc

Les CJC doivent communiquer sur leur territoire de rayonnement aupregraves des structures recevant un public jeune et aupregraves des per-sonnes de leur entourage agrave com-mencer par les parents

Dialogue distendu voire peu preacutesent entre le jeune et son parent le parent se sent deacutemuni face agrave son jeune qursquoil juge en difficulteacute De son cocircteacute le jeune se sent incompris impuissant et va ex-primer son mal-ecirctre par diffeacuterentes expeacuterimentations qui lrsquoauront conduit agrave la CJC

Cas du refus ou impossibiliteacute du jeune drsquoecirctre accompagneacute par un membre de sa famille dans ce cas lrsquoen-tourage se compose drsquoun professionnel de santeacute scolairehellip ou drsquoun ami qui de-vra jouer un rocircle de personne morale de reacutefeacuterence et viendra en soutien du travail fait avec les professionnels de la CJC

Cas du refus du jeune de se rendre en CJC le parent a la possibiliteacute de prendre rendez-vous dans le cadre de la CJC avec un professionnel La CJC est un lieu ressources qui dispose des ren-seignements utiles agrave la gestion de la si-tuation et permet drsquoecirctre accompagneacute dans ses difficulteacutes face aux conduites addictives de son jeune Dans ce cas-lagrave le travail se fera avec le parent preacutesent permettant ainsi de lui donner les moyens de laquo faire face raquo de trouver les leviers qui lui permettront de renouer le lien avec son jeune de trouver les mots pour nouer voire maintenir un dialogue Des outils simples comme les sms par exemple moyen de communication privileacutegieacute des jeunes permettent de recreacuteer peu agrave peu du lien Ce premier travail avec le parent peut ainsi permettre agrave celui-ci de se reacuteassurer dans son rocircle de parent Par la suite il pourra venir avec le jeune pour entamer agrave son tour un travail dans les CJC

Les CJC un dispositif de proxi-miteacute confidentiel et gratuit agrave va-loriser

En proportion les jeunes repreacute-sentent une faible part des publics reccedilus en consultations en CSAPA en particu-lier dans le cadre de CJC pour de lrsquoac-compagnement et des soins indivi-duels99

Par conseacutequent les CJC des CSAPA doivent travailler en partenariat avec les structures accueillant les jeunes (eacutetablis-sements scolaires100 culturels sportifs drsquoaccompagnement social judiciaireshellip) pour permettre aux professionnels qui y travaillent de savoir aborder la ques-tion des conduites addictives les repeacute-rer et orienter leur public en difficulteacute

Les CJC ont fait lrsquoobjet drsquoune cam-pagne de communication en 2015 ini-tieacutee par la MILDECA le Ministegravere de la Santeacute et lrsquoINPES Cette campagne de communication multi-supports sur le thegraveme laquo Alcool cannabis cocaiumlne ecs-tasy jeux videacuteo tabachellip Il existe un endroit pour en parler et faire le point raquo soulignait clairement

Les distorsions de perceptions des risques et des dommages selon que lrsquoon est parent ou jeune Lrsquoobjectif des CJC comme lieu-res-sources pour en parler pour les jeunes eux-mecircmes pour les pa-

99 15 de moins de 30 ans en 2014 18 e moins de de 25 ans Cf Christophe PALLE laquo Les personnes ac-cueillies dans les CSAPA raquo Tendances ndeg 110 2016 4 p

100 Guide de preacutesentation des CJC avanceacutees Un inteacute-recirct agrave travailler ensemble ndash Etablissements scolaires lyceacutees geacuteneacuteraux et professionnels centres de formation pour apprentis Deacutepliant eacutelaboreacute dans le cadre de la Coordination des CSAPA assureacutee par lrsquoANPAA ndash Avec le soutien financier de lrsquoARS anneacutee 2016-2017

96 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 97

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ANPAA de Caen lrsquoexpeacuterience montre notamment

La neacutecessiteacute drsquoouvrir des espaces dif-feacuterents en fonction des tranches drsquoacircges les modes drsquoexpressions des enfants et des adolescents eacutetant diffeacuterents

La neacutecessiteacute de soutien des enfants pour construire des reacuteponses adapteacutees agrave des contextes dans lesquels ils se sentent pieacutegeacutes

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination de lrsquoentourage adulteexpeacuterience du cSapa anpaa danS le rhocircne agrave villeurbanne

ORGANISATION

Il srsquoagit drsquoun groupe reacuteuni une fois par mois en soireacutee destineacute agrave lrsquoentourage et permettant drsquoamorcer des consultations individuelles ou des entretiens familiaux 10 agrave 12 personnes constituent en moyenne le groupe (les seacuteances sont mensuelles et les appels quotidiens ren-forcent le nombre de participants) Une psychologue et une intervenante sociale animent la seacuteance pendant que la secreacutetaire assure un accueil perma-nent pour eacuteviter une deacuteperdition

PUBLIC Groupe ouvert agrave toute personne

de lrsquoentourage mecircme si lrsquousager en difficulteacute avec ses pratiques addictives nest pas suivi au CSAPA

Les participants viennent plutocirct en icirclots familiaux par deux ou trois parfois

seuls Les femmes srsquoemparent geacuteneacutera-lement plus de ce dispositif que les hommes repreacutesentant en moyenne 90 des membres du groupe

Toutes les probleacutematiques addic-tives sont discuteacutees avec ou sans pro-duit et toutes les personnes de lrsquoen-tourage sont convieacutees conjointes parents enfants amishellip

Afin deacutevaluer la demande et les eacuteventuelles contre-indications est preacutevu un premier entretien teacuteleacutepho-nique avec une grille drsquoentretien se-mi-directive standardiseacutee eacutelaboreacutee par les intervenants

Cet entretien preacutepare agrave la question du groupe comment lrsquoentourage va pouvoir ecirctre eacutecouteacute Quelle bienveil-lance va-t- i l trouver dans ces eacutechanges

Si lentourage souhaite un suivi in-dividuel en parallegravele ou suite au groupe il est possible de lrsquoorienter vers un premier entretien Les deux accompagnements peuvent se com-pleacuteter Sont inclues aussi les personnes de lrsquoentourage deacutejagrave suivies au centre en individuel et demandeurs Ils sont alors orienteacutes par les intervenants

3fraslthinsp2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE

EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

LES GROUPES Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE102

PrincipesDans le cadre de son parcours de soin au sein de lrsquoeacutetablissement (CSAPA) la per-sonne de lrsquoentourage pourra ecirctre orien-teacutee vers un groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Le groupe agrave viseacutee theacuterapeutique srsquoinscrit agrave la fois dans le projet individualiseacute drsquoac-compagnement et de soins du consul-tant et dans le projet deacutetablissementLe groupe agrave viseacutee theacuterapeutique a pour objectif drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie et lrsquoautonomie des usagers personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives comme personnes de lrsquoentourageCette modaliteacute theacuterapeutique est com-pleacutementaire de lrsquoaccompagnement indi-viduel et repose sur les interactions entre les membres du groupe avec un accompagnement professionnel

Objectifs des groupes agrave viseacutee theacute-rapeutique Objectifs geacuteneacuteraux La capacitation (ou empowerment)

de lrsquoindividu est lrsquoapport principal re-chercheacute pour lrsquousager dans le cadre drsquoun groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Les objectifs geacuteneacuteraux sous-tendus par la deacutemarche en groupe theacuterapeutique sont

102 Les groupes agrave viseacutee theacuterapeutique Addictologie ambulatoire ANPAA 2015 31 p (Guide Repegraveres)

Ameacuteliorer deacutevelopper instaurer ou restaurer

Lrsquoeacutemancipation lrsquoautonomie de lrsquousager Ses capaciteacutes relationnelles phy-siques creacuteatives Son image corporelle et son estime de soi

Reacute-entraicircner et reacuteadapter ses habile-teacutes et accroicirctre ses compeacutetences psy-chosociales

Favoriser la motivation au change-ment

Accroicirctre la compeacutetence drsquoacqueacuterir des reacuteflexes de santeacute positifs

Objectifs speacutecifiques Le deacuteveloppement des compeacutetences

psychosociales Lrsquoaide agrave lrsquoeacutelaboration psychique et agrave

lrsquoameacutelioration des capaciteacutes cognitives La reacuteappropriation corporelle et

sensorielle Lrsquoameacutelioration de la connaissance

des conduites addictives et des moda-liteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Enfants et groupes agrave viseacutee theacutera-peutiqueLes enfants peuvent ecirctre soutenus par de nouveaux contextes drsquoexpeacuteriences favorisant la laquo re raquo connexion agrave leurs besoins et une confiance nouvelle dans leurs capaciteacutes agrave laquo ressentir raquo au travers de groupes agrave viseacutee theacuterapeutique varieacutes

Plusieurs eacutequipes drsquoaccompagnement et de soins ont en ce sens deacuteveloppeacute des groupes drsquoexpression pour enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictives Agrave lrsquoexemple du CSAPA

98 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 99

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Ainsi chacun des protagonistes eacutetablit une confiance et un regard serein sur ce qui va se passer par la suite dans le soin Cela permet aux professionnels de percevoir ce qui se passe agrave la mai-son et eacutegalement de pouvoir donner agrave lentourage des informations qui permettent rapidement dapaiser cer-

tains conflits familiaux En proposant agrave lentourage de ne pas surencheacuterir dans le conflit quand les personnes sont aux prises avec les produits cela permet si la famille y arrive de calmer des tensions voire de diminuer la vio-lence verbale et physique de faccedilon conseacutequente

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination des enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesexpeacuterience du cSapa anpaa danS le calvadoS agrave caen

PUBLIC

Ce groupe srsquoadresse aux jeunes de moins de 17 ans souffrant de lrsquoalcooli-sation ou de la consommation drsquoautres substances drsquoun parent

PREacuteALABLE Lrsquoaccueil est organiseacute par groupe drsquoacircge drsquoougrave la neacutecessiteacute pour les organiser de teacuteleacutephoner avant de venir au CSAPA

OBJECTIFS

Montrer aux jeunes qursquoils ne sont pas tout seuls

Chercher des solutions ensemble face aux difficulteacutes qursquoils rencontrent

Des situations quotidiennes sont envisageacutees monter dans la voiture

quand un parent est sous effet de produit situation de triangulation avec les parents la violence sous effet ou par manquehellip

Il srsquoagit drsquoun groupe drsquoexpression et drsquoeacutechanges avec des possibiliteacutes de des-siner de jouer des mises en situationhellip

ANIMATION DU GROUPE

Le groupe est animeacute par des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie au moins deux par seacuteance dans lrsquoideacuteal femme et homme

Le rocircle des animateurs est de ga-rantir le confort de chacun sans inten-tion theacuterapeutique Ils orientent les adolescents qui auraient besoin drsquoun accompagnement

Le groupe est ouvert le mercredi apregraves-midi de 13h30 agrave 15h

Il est possible drsquoadapter les ho-raires si neacutecessaire

COMMUNICATION

Lrsquoexistence du groupe est commu-niqueacutee dans tous les espaces de for-mation de sensibilisation et dans les eacutetablissements scolaires

OBJECTIFS Objectif principal soutien partage dexpeacuteriences apport dinformations travail sur les repreacutesentationsLe groupe atteste la souffrance de lentourage la repegravere la contient

Ce groupe offre des pistes de reacute-ponses aux questions suivantes

Pourquoi la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives ne re-connait pas la souffrance de lrsquoentou-rage est-ce normal

Comment y reacutepondre Comment rester dans sa famille

tout en se proteacutegeant pour avancer soi-mecircme

Comment faire avec ce que lrsquoon est jusqursquoougrave va le soutien afin de ne pas trop souffrir se respecter se pro-teacuteger srsquoaffirmer prendre soin de soi

LES PROFESSIONNELS APPORTENT

UN AUTRE REGARD QUE CELUI DU

TEacuteMOIGNAGE

Ils expliquent les positionnements de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives mise agrave distance une protection consideacuterer lrsquoautre dans sa souffrance

Ils garantissent le cadre la bienveil-lance le respect de lrsquoeacutecoute de lrsquoautre pour que chacun se positionne et soit impliqueacute ait un temps de parole ga-ranti ce qursquoil vit fait eacutecho agrave lrsquoautre lrsquoentourage peut deacuteposer sa souf-france ses difficulteacutes et voir comment les autres peuvent faire ressource pour lui

Lrsquoaccompagnement amegravene lrsquoentou-rage agrave se rendre compte que le groupe fait soutien

Cet accompagnement relaie la question du travail individuel et celle de lrsquoauto-support de la famille

Le travail des professionnels est drsquoaider lrsquoentourage agrave se positionner agrave trouver sa juste place dans sa relation agrave la personne ayant des conduites addictives (rupture ou omnipotence de lrsquoentourage effet miroir des addic-tions) en fonction du parcours de soins (la place de lrsquoentourage ne sera pas accompagneacutee de la mecircme ma-niegravere si les conduites addictives sont anciennes avec des tabous secret non-dits deacutenis)

Il ne srsquoagit pas forceacutement drsquoun accegraves agrave lrsquoautonomie mais plutocirct drsquoun posi-tionnement face agrave la personne ayant des conduites addictives qui ne doit ecirctre ni trop ni pas assez

PLACE DE LrsquoENTOURAGE DANS LE

PARCOURS DE SOIN

Quelle que soit la probleacutematique ad-dictive lentourage comme allieacute des soins est un gros changement de para-digme et de regard par rapport agrave dautres eacutepoques des soins en addic-tologieLrsquoaccent est mis sur la preacutecociteacute des rencontres sans que lalliance soit mise agrave mal et donc inviter tregraves vite lentourage agrave participer agrave plusieurs rencontres dans les premiers mois si la lecture de la situation que nous avons faite nous semble le neacutecessiter

100 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 101

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

sortir agrave sauver sa vie en lui permet-tant de vivre mieux et longtemps

Il srsquoagit de compleacuteter lrsquoaccompagne-ment et les soins apporteacutes par des profes-sionnels de lrsquoaddictologie les mouvements drsquoentraide peuvent rencontrer des per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives ou leur famille hors structure de soins et agrave des horaires plus larges

Lrsquoapport speacutecifique aux personnes de lrsquoentouragePlusieurs associations proposent des groupes drsquoauto-support ou drsquoentraide speacutecifiquement destineacutes aux personnes de lrsquoentourage de personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives mecircme si le cœur de leur action srsquoadresse avant tout aux usagers eux-mecircmesLes personnes de lrsquoentourage sont reccedilues selon leur propre convenance indivi-duellement en groupe de paroles ou parfois avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives elle-mecircmeCes groupes fonctionnent comme suit

Une organisation reacuteguliegravere et acces-sible

Un appui essentiel sur les pairs pour la compreacutehension de la co-deacutependance crsquoest-agrave-dire

La compreacutehension du processus contre-productif pour lrsquousager deacute-pendant de lrsquointervention reacutepeacuteteacutee de la personne de lrsquoentourage La compreacutehension de lrsquointeacuterecirct agrave vivre mieux se reconstruire et ainsi aider le malade dans son nou-veau parcours vers une meilleure santeacute

Lrsquoentourage preacutesentant une co-deacutepen-dance installeacutee ou pas est souvent en repli sur lui-mecircme honteux culpabiliseacute et en perte drsquoespoir La participation agrave un groupe de parole en auto-support peut lui permettre de

Se poser des questions utiles sur son comportement

Comprendre que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est en souffrance et qursquoil faudra du temps pour une ameacutelioration de la qua-liteacute de vie

Comprendre que tout ne reviendra pas laquo comme avant raquo et qursquoun nouvel eacutequilibre est agrave trouver en se reconstrui-sant chacun et ensemble

Les groupes drsquoentraide sont un appui veacuteritable sur ces points par leur qualiteacute drsquoeacutecoute drsquoidentification drsquoempathie et de confidentialiteacute Ils sont compleacutemen-taires des interventions des profession-nels la palette des acteurs de soutien doit ecirctre porteacutee agrave la connaissance des usagers des eacutetablissements sanitaires et meacutedicosociaux en addictologie et de leur entourage car laquo il faut mettre toutes les chances de son cocircteacute raquo laquo Il nrsquoy a pas de solution miracle chacun doit trouver sa propre voie raquo

Une campagne drsquoaffichage a eacuteteacute reacutealiseacutee suite aux conseils des en-fants qui nous disaient qursquoil valait mieux passer directement par eux que les adultes avaient des difficulteacutes agrave leur communiquer lrsquoinformation

INSCRIPTION

Lrsquoinscription des enfants agrave un groupe est partageacutee avec le responsable leacutegal et ce temps permet le plus souvent drsquoaborder avec le parent la neacutecessiteacute drsquoun espace de parole pour lrsquoenfant qui a agrave vivre avec la deacutependance du parent Si neacutecessaire le trajet est accompa-gneacute par un professionnel afin que ce ne soit pas un obstacle pour lrsquoenfant qui souhaite participer mais nrsquoest pas autonome

LES GROUPES DrsquoAUTO-SUPPORTLes diverses associations qui regroupent soit des usagers laquo actifs raquo soit les groupes drsquoentraide par lrsquoabstinence reacuteunies sous le terme de groupe drsquoauto-support reacute-pondent agrave une double logique celle de lrsquoideacutee de pairs et celle de la responsabilisa-tion et vise agrave agir au niveau des vulneacuterabi-liteacutes et drsquoune reconquecircte de lrsquoautonomie Ainsi ces groupes relegravevent drsquoun double modegravele

Celui du laquo care raquo drsquoune part crsquoest-agrave-dire la mise en action drsquoun principe drsquoattention de sollicitude agrave prendre soin de lrsquoautre et ce faisant de soi en visant un bien-ecirctre un mieux-ecirctre global de lrsquoindividu

Celui de lrsquoapproche par les laquo capa-biliteacutes raquo drsquoautre part crsquoest-agrave-dire lrsquoameacute-lioration des capaciteacutes drsquoun individu agrave effectuer des choix entre des combinai-sons de fonctionnements et agrave en envisa-ger les conseacutequences positives ou neacutega-tives

Lrsquoapport des groupes drsquoentraideLrsquointeacuterecirct des mouvements drsquoentraide ou groupes drsquoauto-support pour les per-sonnes de lrsquoentourage et les personnes en difficulteacute avec leurs conduites addic-tives sont les suivants

Lieu drsquointeacutegration sociale et de lutte contre lrsquoexclusion Valorisation de la personne dans lrsquoeacutecoute le non-jugement de son res-senti de son expeacuterience de la souf-france de la maladie

Lieu drsquoapprentissage drsquoune nouvelle gestion de soi au quotidien Lieu drsquoexpression du laquo care raquo103 comme technique de soin compleacute-mentaire aux systegravemes plus clas-siques de soins du laquo cure raquo

Lieu drsquoinformations varieacutees appro-fondies et fiables

Lieu de grande disponibiliteacute et de grande souplesse de fonctionnement

Rencontres privileacutegieacutees pour les eacutechanges la convivialiteacute lrsquoamitieacute

Existence drsquoune solidariteacute proximale pour eacuteviter une plus grande deacutetresse psychique

Lieu de reacuteel inteacuterecirct pour la personne et son entourage afin de lrsquoaider agrave srsquoen

103 laquo Care raquo est une expression anglo-saxonne signi-fiant bientraitance srsquooccuper de prendre soin porter attention

102 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 103

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

La CAMERUP - Coordination des Associations et Mouvements drsquoEntraide Reconnus drsquoUtiliteacute Publique106

La CAMERUP regroupe les Feacutedeacute-rations Nationales Alcool Assistance Alcool Ecoute Joie et Santeacute amp les Amis de la Santeacute ainsi que les Mouvements de la Croix Bleue amp Addictions Alcool Vie Libre

La CAMERUP nrsquoa pas vocation agrave intervenir directement aupregraves de lrsquoentourage des malades de lrsquoalcool Toutefois le but de la coordination nrsquoeacutetant pas drsquointervenir dans le fonc-tionnement des cinq entiteacutes affilieacutees celles-ci organisent lrsquoaccompagnement des proches selon leurs speacutecificiteacutes fonctionnelles

Les entiteacutes aff ilieacutees ont toutes neacuteanmoins des actions pour lrsquoentou-rage telles que des groupes de parole deacutedieacutes des suivis speacutecifiques dans le cadre de lrsquoaccompagnement et de la reacuteinsertion de la cellule familiale dans la socieacuteteacute entre autres

Certaines sessions de formations peuvent ecirctre dispenseacutees aux per-sonnes de lrsquoentourage par les forma-teurs de la coordination

Certains membres de lrsquoentourage srsquoinvestissent agrave terme dans lrsquoaccompa-gnement voir dans la sensibilisation et

106 Contribution de la CAMERUP

lrsquoinformation apregraves les formations neacutecessaires ou lrsquoanimation de certains groupes de parole Ces personnes de lrsquoentourage srsquoinvestissent eacutegalement dans lrsquoorganisation de certaines mani-festations sorties etc

La CAMERUP joue un rocircle drsquointer-face entre les associations de terrain et les organismes de tutelles ou ins-tances La coordination est ainsi lrsquoin-termeacutediaire privileacutegieacute pour faire re-monter les dysfonctionnements dans le cadre de lrsquoaccompagnement et les besoins de toutes les composantes de la famille et plus largement de lrsquoentou-rage

Lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool maladie fami-liale En effet la CAMERUP reconnait cette pathologie comme une maladie fami-liale car si un individu en est directe-ment victime crsquoest lrsquoensemble de la cellule familiale qui est en souffrance et en subit les conseacutequences directes ou indirectes Au quotidien nos ac-teurs de terrain sont confronteacutes agrave ces eacutetats de fait enfants et conjoints bat-tus enfants deacutescolariseacutes ou en diffi-culteacute nrsquoayant pas les conditions opti-males pour une vie normale drsquoenfant ou drsquoadolescent obligeacutes agrave lrsquoisolement agrave lrsquoautarcie en raison de la honte de lrsquoincompreacutehension et de lrsquoimpuissance que geacutenegravere cette maladie Crsquoest bien au-delagrave de la cellule familiale dans lrsquoentourage scolaire professionnel sportif que fait eacutecho agrave ce mal-ecirctre

ILLUSTRATION

Groupes drsquoentraide ou drsquoauto-support

AL-ANON104

Les groupes familiaux Al-Anon sont neacutes aux Etats-Unis en 1951 et existent en France depuis 1962 Le nom Al-Anon est deacuteriveacute des premiegraveres syl-labes drsquoAlcooliques Anonymes Al-Anon France a pour but drsquoaider la famille et les amis de personnes ayant un problegraveme avec lrsquoalcoolLrsquoassociation compte pregraves de 200 groupes en France Les membres Al-Anon sont des per-sonnes qui ont eacuteteacute affecteacutees par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Il srsquoagit des parents des enfants des eacutepouses des eacutepoux des compagnons ou compagnes de vie des sœurs des fregraveres drsquoautres membres de la famille des amis hellip Peu importe la situation veacutecue les per-sonnes ont un lien commun elles jugent que leur vie a eacuteteacute profondeacutement affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Leurs actions reposent sur le soutien mutuel et le partage de solutions penseacutees actions pour ameacuteliorer leur qualiteacute de vieAu cours des reacuteunions les membres Al-Anon partagent leur expeacuterience leur force et leur espoir dans le but de reacutesoudre leurs problegravemes communs Chaque groupe Al-Anon srsquoauto-reacute-

104 Pour en savoir plus httpal-anon-alateenfr

gule par une grande liber teacute drsquoap-proche aucun engagement aucune adheacutesion Les reacuteunions ne contraignent pas la parole mais la laisse libre drsquoavoir lieu ou pas guideacutee par un modeacuterateur Avec le temps et selon le souhait de chaque individu le groupe propose le parcours en douze eacutetapes issues de la meacutethode des Alcooliques Anonymes

ALATEEN est destineacute aux adolescents dont la vie a eacuteteacute affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Parfois la consommation a cesseacute ou le buveur en phase active peut ne plus vivre avec ses enfants Mecircme si lrsquoalcool a disparu ou si lrsquoalcoolique est parti ou est en reacutetablissement chez AA ils en sont encore affecteacutes

NAR-ANON105 est un programme qui s rsquoadresse aux per sonnes de lrsquoentourage drsquousagers de drogues le parent lrsquoeacutepouse lrsquoenfant le fregravere la sœur ou lrsquoami du consommateur Il offre un support et des ressources aux familles et amis des deacutependants de drogues et propose des rencontres hebdomadaires et de l rsquoeacutecoute personnelle Nar-Anon est un mouvement baseacute sur les douze eacutetapes des Narcotiques Anonymes qui aident les personnes vivant aupregraves des deacutependants agrave deacutevelopper des outils et des moyens pour vivre une vie plus saine et sereine

105 Pour en savoir plus httpsnaranonfrancewordpresscom

104 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 105

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

port agrave lrsquoautre membre du couple laquo Chacun des conjoints rejoue sur la scegravene conjugale des eacuteleacutements drsquoune piegravece qui srsquoest eacutecrite bien avant dans sa famille drsquoorigine raquo109 Ainsi crsquoest par un travail drsquoindividuation et de diffeacuterenciation neacutecessaire drsquoavec le conjoint que la personne addicte peut trouver lrsquoespace indispensable au redeacute-ploiement de sa personnaliteacute

Choix drsquoune orientation theacuterapeutique pour la familleLe choix drsquoun accompagnement familial doit se reacutealiser en ayant peseacute les eacuteleacute-ments de la double probleacutematique

Difficulteacutes de lrsquousager en demande initiale aupregraves de lrsquoeacutetablissement

Difficulteacutes identifieacutees ou deacuteceleacutees par le professionnel dans lrsquoenvironne-ment de la personne en consultation initiale (que ce soit la personne addicte ou son entourage)

Il est utile de mesurer les risques drsquoune orientation theacuterapeutique en deacutecalage avec le besoin reacuteel

Proposer un travail en famille lagrave ougrave il y a une difficulteacute individuelle le risque est drsquoalieacutener le sujet en geacuterant ses questions individuelles en famille Dans ce cas on ne soutient nullement les deacutesirs drsquoautonomie et drsquoindividuation Le sujet peut faire en sorte de deacutemotiver sa famille

Proposer des entretiens familiaux agrave quelqursquoun qui se deacutesigne comme souf-

109 D HERS Jean-Paul ROUSSEAUX Marc DERELY laquo La theacuterapie de lrsquoalcoolisme par le couple raquo in Alcoo-lisme amp toxicomanies De Boeck 1989 p 60

frant cette personne en demande drsquoaide risque de percevoir le message qursquoil nrsquoest pas laquo assez inteacuteressant raquo Il peut eacutegalement le ressentir comme une preuve que le theacuterapeute ne lui fait pas confiance et a besoin du teacutemoignage de lrsquoentourage

Proposer un travail individuel lagrave ougrave il y a une difficulteacute familiale le theacutera-peute pensera quil a respecteacute le sujet et qursquoil lui aura laisseacute lrsquoopportuniteacute drsquoex-primer ce qursquoil ressent Cependant le theacuterapeute se heurtera agrave une difficulteacute theacuterapeutique le sujet porteur du symptocircme est peu demandeur ou nrsquoen souffre pas ceci peut conduire certains theacuterapeutes agrave estimer que la non-de-mande du consultant empecircche lrsquoengage-ment drsquoun travail theacuterapeutique

DES CADRES THEacuteORIQUES DrsquoINTERVENTIONLes psychotheacuterapies abordent le symp-tocircme laquo conduite addictive raquo de faccedilon variable selon les cadres theacuteoriques drsquointervention choisis Parmi les cadres theacuteoriques drsquointervention

Approche comportementale (theacutera-pie cognitivo-comportementale) le symptocircme est lrsquoobjet du travail pour ten-ter de le faire disparaicirctre ou le diminuer

Approche systeacutemique (theacuterapie fa-miliale theacuterapie systeacutemique) la fonction du symptocircme au sein du systegraveme est rechercheacutee afin de modifier les relations au sein du systegraveme et faire disparaicirctre le symptocircme

Approche humaniste (analyse tran-sactionnelle programmation neuro-lin-guistique theacuterapies bregraveves theacuterapies psychocorporelles sophrologie hyp-

3fraslthinsp3 ORIENTATIONS PSYCHO-

THEacuteRAPEUTIQUES

MISE EN ŒUVRE DE LrsquoACCOMPAGNEMENT ET DES SOINSLes laquo proches raquo de personne en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives sont membres du laquo systegraveme avec addic-tion raquo Lorsqursquoils consultent pour une eacutecoute et un soutien apregraves avoir geacuteneacute-ralement exploreacute diverses expeacuteriences drsquoaide de leur proche ils se sentent la plupart du temps deacutemunis se retrou-vant parfois comme coupeacutes de leurs propres eacutemotions et sensations phy-siques pour trouver le ressort neacuteces-saire agrave lrsquoameacutelioration de la situationLrsquoaccompagnement et les soins de la personne de lrsquoentourage en difficulteacute prennent place comme pour lrsquousager addict quand apregraves un premier entre-tien drsquoeacutecoute drsquoeacutevaluation et drsquoorienta-tion la demande est verbaliseacutee et conscientiseacuteeDans une approche systeacutemique lrsquoana-lyse de la personne dans son contexte global doit ecirctre mise en œuvre notam-ment afin drsquoidentifier les ressources dans son environnement proche En termes de theacuterapie quelle qursquoen soit la tendance ou laquo lrsquoeacutecole raquo lrsquoenvironne-ment entier de lrsquoentourant (comme de lrsquoaddict) est agrave un moment donneacute pris en consideacuteration pour aborder la probleacute-matique de lrsquoindividu

OBJECTIF THEacuteRAPEUTIQUElaquo Travailler avec le couple et la famille crsquoest ramener la notion drsquoalteacuteriteacute et per-

mettre un travail de subjectivation de chacun agrave travers le processus de diffeacute-renciation entre les conjoints et les geacute-neacuterations Les interventions theacuterapeu-tiques centreacutees sur les attachements permettent un meilleur partage eacutemo-tionnel une plus grande diffeacuterenciation de chacun et de meilleures capaciteacutes de mentalisation raquo107

COUPLE FAMILLE ET THEacuteRAPIES ADAPTER LrsquoINTERVENTION Agrave CHAQUE SITUATION Reacuteinstauration de la relation de couple Quand le produit est laquo un tiers qui srsquoin-troduit dans le couple raquo108 la consultation va venir reacuteintroduire du tiers par le biais de la parole lagrave ougrave le produit vient remplir cette fonction entre les conjoints Le laquo non-consommateur probleacutema-tique raquo crsquoest-agrave-dire le conjoint en souf-france avec les difficulteacutes drsquoaddiction de lrsquoautre pourra alors exprimer ses reven-dications et son sentiment drsquoimpuissance devant les consommations probleacutema-tiques La consultation lui permet de se deacutecharger de ses craintes et de sa colegravere ailleurs que dans un face-agrave-face sans is-sue autrement que par la reacutepeacutetition des tentatives de controcircle et drsquoemprise La personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives pourra eacutegalement reacuteinteacutegrer une place de laquo conjoint raquo et pas uniquement de laquo malade raquo par rap-

107 Isabelle TAMIAN-KUNEGEL Le conjugal et le familial face agrave la probleacutematique alcoolique Approche centreacutee sur lentourage et lalcoolodeacutependance Chro-nique sociale 2015 174 p (Comprendre la socieacuteteacute)

108 Carmen BERNAND (dir) Deacutesirs drsquoivresse Al-cools rites et deacuterives Autrement 2000 p 51

106 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 107

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Theacuterapie familiale systeacutemique

La theacuterapie systeacutemique et la diversiteacute de ses approches permettent drsquointer-preacuteter les fonctions et le sens du symptocircme utiles pour accompagner lrsquoentourage des personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives

Les concepts de base en theacuterapie familiale systeacutemique

Systegraveme familial symptocircme et solutionDans lrsquoapproche des systegravemes (fami-liaux) se pose la question de la fonc-tion du symptocircme Si le comporte-ment addictif (symptocircme) reste un problegraveme crsquoest qursquoil peut ecirctre une solution dans le systegraveme sinon il au-rait disparu Certaines familles mettent en place des regravegles dysfonctionnelles afin de maintenir le systegraveme en homeacuteostasie Par exemple une femme qui se plaint de son eacutepoux et de ses conduites addictives aux conseacutequences difficiles agrave vivre aurait craint en mecircme temps si elle avait eacuteteacute avec un homme laquo sans problegraveme raquo que celui-ci la quitte Si elle reste avec cet homme qursquoelle deacutevalorise parfois crsquoest qursquoelle en a un beacuteneacutefice

Regravegles familiales dysfonctionnelles Jean-Franccedilois Croissant110 psycho-logue clinicien theacuterapeute familial deacutecrit quatre regravegles familiales dysfonc-tionnelles au sein de la famille

Regravegle du deacuteni minimisation par tous du problegraveme

Regravegle du silence le sujet doit ecirctre tenu cacheacute sous peine de honte ou de repreacutesailles

Regravegle de lrsquoisolement chacun doit se deacutebrouiller avec ses besoins et ses eacutemotions perte de la solidariteacute

Regravegle de la rigiditeacute fermeture du systegraveme sur lui-mecircme les regravegles doivent ecirctre rigides

Systegraveme et communicationLrsquohistoire de la penseacutee systeacutemique est indissociable de celle des theacuteories cyber-neacutetiques sciences de la communication et du controcircle par extension sciences de la signification et de la compreacutehen-sion des pheacutenomegravenes communicants

Pour Von Bertalanffy un systegraveme est laquo un ensemble de parties en interac-tion entre elles et avec leur milieu raquo

Pour De Saussure un systegraveme est laquo une totaliteacute organiseacutee fait drsquoeacuteleacute-ments solidaires ne pouvant ecirctre deacutefinis que les uns par rapport aux autres en fonction de leur place dans cette totaliteacute raquo

110 Jean-Franccedilois Croissant psychologue clinicien theacuterapeute familial formateur et superviseur en al-coologie et en theacuterapie familiale systeacutemique forma-teur en theacuterapie centreacutee sur les solutions et inspireacute par lrsquoanalyse transactionnelle directeur peacutedagogique de Peacutegase Processus Rennes et Saint-Brieuc

nose Eye-Movement Desensitization and Reprocessing - EMDR - Deacutesensibi-lisation et Retraitement par les Mouve-ments Oculaires etc) le sens du symp-tocircme pour lrsquoindividu est rechercheacute pour lrsquoaider agrave deacutevelopper de nouvelles res-sources plus efficaces

Approche inteacutegrative approche qui srsquoinspire de plusieurs approches theacutera-peutiques et le theacuterapeute utilise loutil

le plus efficace pour lrsquousager il peut uti-liser plusieurs outils en fonction des eacutetapes de lrsquoaccompagnement

Approche psychanalytique (psycha-nalyse psychotheacuterapie analytique) les origines du symptocircme pour lrsquoindividu sont rechercheacutees en preacutesupposant que ce processus va faire disparaicirctre le symptocircme

ZOOM

Carte familiale geacutenogramme et geacutenosociogrammeoutilS drsquoanalySe familiale

OrigineCrsquoest parce que lrsquoindividu nrsquoest pas vu comme le seul eacuteleacutement agrave observer que ces instruments drsquoanalyse de la structure familiale ont eacuteteacute creacuteeacutes dans les anneacutees 70 par les pionniers de la theacuterapie familiale

ObjectifDresser une image graphique plus ou moins succincte de lrsquohistoire familiale de la personne en lrsquoinscrivant dans du transgeacuteneacuterationnel non plus seule-ment horizontalement dans le preacute-sent mais verticalement agrave travers ses descendants et ascendants

PreacutesupposeacutesLrsquohistoire de la famille inf luence chaque individu transporte avec elle des valeurs des eacutemotions et des com-

portements transmis depuis des geacute-neacuterations

ApplicationsSelon lrsquoapprofondissement plus ou moins grand qui est rechercheacute ces outils permettent de scheacutematiser plu-sieurs geacuteneacuterations repeacuterer les dates cleacute (mariages naissances deacutecegraves deacutera-cinementhellip) les faits importants de lrsquohistoire de la vie de la famille (niveau drsquoeacutetudes professions seacuteparations remariages maladies probleacutematiques addictives suicide accidents deacutemeacutena-gements traumatismes incendies catastrophes deacutecegraves preacutematureacuteshellip) et les liens affectifs entre personnes

Ces outils offrent agrave la personne et au professionnel qui lrsquoaccompagne une repreacutesentation qui permet de srsquoins-crire dans une approche globale de la famille en identifiant et mesurant des liens entre des problegravemes actuels et des comportements des symptocircmes et interactions des eacuteveacutenements par-fois reacutepeacuteteacutes drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre

108 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 109

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

LE SENS DU SYMPTOcircME

Le symptocircme peut ecirctre le signe que la famille eacuteprouve des difficulteacutes agrave deacutepas-ser leacutetape actuelle de son cycle de vie ou des eacutevegravenements Il peut ecirctre lrsquoex-pression de la souffrance drsquoune famille toute entiegravere etou lrsquoexpression de souffrances passeacutees non-apaiseacutees Il peut correspondre agrave ce qui ne peut ecirctre dit dans lrsquoordinaire et servir de vecteur de parole y compris pour la famille Il peut permettre de sortir des secrets de famille de conflits de loyau-teacute de travailler sur une perception eacutemergeante moins douloureuse drsquoune reacutealiteacute ce qui peut ecirctre un des objectifs et un axe de travail theacuterapeutique importanthellip

POURQUOI COMMENT

Dans une famille srsquoopegravere souvent une confusion entre ce qui pose pro-blegraveme agrave savoir une addiction et lrsquoideacutee que lrsquoaddiction ou la personne pour-rait ecirctre le problegraveme Cette confusion ne facilite pas le changement pour la personne en probleacutematique addictive Lrsquoensemble familial ne peut srsquoentendre et lrsquoescalade symeacutetrique renforce les niveaux de mal-ecirctreEn travaillant la demande les profes-sionnels essaient de valider la souf-france de lrsquoentourage et de la per-sonne qui utilise le produit pour essayer de lrsquoapaiser Lrsquoeacutequipe profes-sionnelle souhaite ainsi faciliter le tra-vail theacuterapeutique sur les raisons de lrsquousage Lrsquoentourage et la famille ont des ressources Ils connaissent mieux que les professionnels leur histoire et leur contexte mecircme srsquoils peuvent faire partie des enjeux de lrsquousage

Les objectifs de la theacuterapie systeacutemique familiale

Tenter de rendre plus flexibles les regravegles de ce systegraveme afin que le laquo pa-tient raquo deacutesigneacute nrsquoait plus agrave jouer ce rocircle de stabilisateur sans qursquoaucun des pro-tagonistes ne se sente trop exposeacute drsquoabandonner ses croyances protec-trices forgeacutees par un veacutecu douloureux

Offrir un contexte de seacutecuriteacute af-fective qui permettra au systegraveme de vivre librement lrsquoexpeacuterience drsquoune autre modaliteacute relationnelle sans se sentir menaceacute

Aider le systegraveme agrave deacutefinir des laquo boucliers amovibles raquo plus adapteacutes et tout aussi opeacuterants que lrsquolaquo armure rigide et lourde raquo qursquoil utilise jusque-lagrave

ILLUSTRATION

Theacuterapie familiale en pratique au cSapa anpaa en vendeacutee

CONTEXTE Le CSAPA propose lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage des personnes ayant une conduite addictive Plu-sieurs types drsquoaccompagnement sont proposeacutes Lrsquoeacutetablissement considegravere que le travail de couple et de famille se pose en compleacutementariteacute de lrsquoen-tretien individuel En effet le systegraveme familial peut rendre difficiles le chemi-nement individuel et ses remanie-ments Crsquoest pourquoi lrsquoeacutequipe a voulu associer agrave lrsquoaccompagnement individuel l rsquoaccompagnement de couple et de famille Degraves 2004 une personne de lrsquoeacutequipe srsquoest formeacutee agrave la theacuterapie familiale et depuis 2015 un deuxiegraveme theacuterapeute familial a eacuteteacute re-cruteacute pour deacutevelopper la co-theacuterapie

OBJECTIFS Il ne srsquoagit pas seulement drsquoaccompa-gner les souffrances issues des addic-tions mais drsquoamener si possible le couple ou la famille agrave reacutefleacutechir au sens de ses symptocircmes Lrsquoapproche familiale peut permettre une autre deacutefinition de la situation de crise en termes interactionnels interperson-nels trans-geacuteneacuterationnels et favoriser une reacuteorganisation des processus rela-tionnels dans le reacuteseau familial Favoriser un autre regard de la famille sur le symptocircme addictif qui souvent a fait lrsquoobjet de la demande

110 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 111

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Conduites addictives et parentaliteacute crainte de la rupture des liens familiaux et impact sur lrsquoaccompagnement et les soins

Dans le contexte de parentaliteacute et de conduites addictives du patient le professionnel est souvent au centre drsquoune probleacutematique de prise de posi-tion ou du moins de reacuteflexion entre drsquoun cocircteacute la preacuteservation de la relation drsquoaccompagnement et de lrsquoautre le comportement de lrsquousager vis-agrave-vis de son conjoint ou ses enfants

Motivation aux soins pour la preacute-servation du lien avec lrsquoenfant pour certaines personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives le maintien de leurs liens parentaux que ce soit le droit de garde ou de visite de leurs enfants peut motiver lrsquoengagement dans les soins En particulier lorsque des mesures eacuteducatives relevant de la protection de lrsquoenfance sont engageacutees cet engagement dans les soins bien plus que motiveacute est parfois mecircme la condition du maintien de ces liens

Perception du risque de violences intrafamiliales hors de tout soin contraint les eacutequipes drsquoaccompagne-ment et de soins apprennent ou com-prennent parfois que des situations de violences existent la personne accompagneacutee est victime de violences ou est elle-mecircme auteure de vio-lence contre son conjoint ou ses en-fants notamment Certains professionnels ne mettront pas toujours en œuvre toutes les mesures adapteacutees de protection des personnes par fois par crainte de rompre la relation de confiance avec la personne et de perdre de vue cette personne engageacutee dans un processus de changement Or crsquoest ainsi que des situations par-fois graves ne font pas lrsquoobjet de signa-lement ou pas assez tocirct pour en reacute-duire les dommages Ces difficulteacutes ne sont pas rares et posent la question de lrsquoobjectif des soins et des conditions drsquoaccompagne-ment

ILLUSTRATION

Familles et incarceacuteration expeacuterimentation au cSapa reacutefeacuterent carceacuteral anpaa en lozegravere

Expeacuterimentation de septembre 2018 agrave juin 2019 agrave la maison drsquoarrecirct de Mende drsquoaccompagnement des fa-milles et des couples dont lrsquoun des membres est incarceacutereacute et en difficulteacute avec ses conduites addictives dans un objectif de diminution des risques de reacutecidive

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider la famillecouple agrave srsquoadapter agrave lrsquoincarceacuteration afin que celle-ci fasse eacutetape

Activer un processus drsquointeacuteriori-sation de la loi chez les famillescouples par la prise de conscience de la responsabiliteacute du condamneacute

Restaurer la communication lorsqursquoelle est conflictuelle ou sur un mode projectif (laquo crsquoest ta faute pas la miennehellip raquo)

Preacuteparer avec la famille la sortie du membre incarceacutereacute

MISE EN ŒUVRE

Les deacutetenus sont orienteacutes vers le CSAPA par le SPIP etou lrsquouniteacute sani-taire en milieu peacutenitentiaire lors de la commission pluridisciplinaire unique

Les deacutetenus sont rencontreacutes en entretien individuel Les profession-nels du CSAPA eacutevaluent la situation familiale ou de couple avec le deacutetenu communication entre les membres exercice des rocircles prise de risque capaciteacute agrave srsquoindividualiser conflit(s) frontiegraveres un besoin de laquo reacuteparer raquo sa faute etc

Si lrsquoentretien familial semble un mode drsquointervention adapteacute agrave la si-tuation le professionnel le propose au deacutetenu Srsquoil est drsquoaccord le deacutetenu informe les membres de la famille invi-teacutes agrave participer agrave lrsquoentretien

La planification et lrsquoorganisation de lrsquoentretien et lrsquoaccueil de la famille sont eacutelaboreacutes avec lrsquoadministration peacutenitentiaire

DEacuteROULEMENT

Entretiens familiaux ou de couple au sein de la maison drsquoarrecirct animeacutes par deux professionnels formeacutes agrave lrsquoapproche systeacutemique (un travailleur social et un psychologue)

Dureacutee par entretien 1h15 environ Rythme entretien tous les 15 jours

selon les contraintes peacutenitentiaires Lieu parloir de la maison drsquoarrecirct

112 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 113

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Par un continuum qui balaie les champs de la preacutevention en passant par la reacute-duction des r isques et dommages jusquaux soins et de la famille agrave len-tourage professionnel ou scolaire lou-vrage offre au lecteur une vision eacutelargie du sujetCe guide na pas vocation agrave deacutevelopper des theacuteories ou des concepts Il pro-pose agrave chaque professionnel des pistes de reacutef lexion avec des illustrations claires et documenteacutees il se veut pra-tique Chacun sera libre dapprofondir le sujet par ses lectures en sappuyant sur les reacutefeacuterences citeacutees Laction une laquo Affaire de famille raquo par sa diffusion

est un des outils de reacutefeacuterence qui pro-pose une formation des professionnels pour accompagner les familles et chaque personne agrave travers le prisme de la question intergeacuteneacuterationnelleLa question de lentourage pose sim-plement la question de lAutre celle de la place qui lui est donneacutee autant que celle quil saccorde lui-mecircme Des in-terrogations qui peuvent trouver reacute-ponse dans un jeu (laquo je raquo) toujours en eacutequilibre quand le processus daddic-tion est enclencheacute en srsquoappuyant sur les ressources de chacun pour trouver un eacutequilibre

MOT DE CONCLUSION

Ce guide a pour objectif daider chacun dans sa pratique et chaque eacutequipe de terrain agrave donner du sens agrave laccueil leacutecoute et laccompagnement qui est proposeacute agrave chaque membre de lentourage

GUIDE REPEgraveRES 115

ANNEXE

114 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

ENVIRONNEMENT FAMILIAL

NGUIMFACK L laquo Jrsquoai mal agrave ma famille raquo ou un enfant se drogue recomposition familiale et distorsion des frontiegraveres intrafamiliales Information Psychiatrique ndeg 93 310-316 (2017)

BELLON-CHAMPEL L VARESCON I Environnement familial et consommation de substances psychoactives agrave lrsquoadoles-cence facteurs de vulneacuterabiliteacute et drsquoadaptation Annales Meacutedico-Psycho-logiques ndeg 175 313-319 (2017)

CAPELIER F MINONZIO J BRODIEZ-DOLINO A Familles et vulneacuterabiliteacutes Dossier INFORMATIONS SOCIALES ndeg 188 1-121 (2015)

Addictions familles et entourage 72 p (Feacutedeacuteration Addiction 2012)

CASSEN M Dynamiques familiales et conduites addictives lrsquoexemple des toxicomanies LE JOURNAL DES PSY-CHOLOGUES ndeg 254 57-60 (2008)

MELIHAN-CHEININ P Familles et deacute-pendances eacuteleacutements de langage PSY-CHOTROPES ndeg 13 217-227 (2007)

CHATELARD C amp FACY F Alcool et familles 172 p (Editions EDK 2007)

KLEIN M Famille et deacutependance DEPENDANCES ndeg 2-3 (2004)

ROUSSAUX JP FAORO-KREIT B HERS D Lrsquoalcoolique en famille dimensions familiales des alcoolismes et implications theacuterapeutiques 312 p (De Boeck Universiteacute 2000 2e eacutedition)

PARENTALITEacute ET ADDICTIONS

Accompagnement agrave la parentaliteacute (dos-sier documentaire) Socieacuteteacute Franccedilaise de Santeacute Publique (2016) httpwwwsfspfrcontent-page111-dossiers-documentaires3097-accompa-gnement-a-la-parentalite-3097

Promouvoir la santeacute degraves la petite en-fance - Accompagner la parentaliteacute 194 p (INPES 2014)

DELAWARDE C BRIFFAULT X USU-BELLI L Aider les parents agrave ecirctre pa-rents Modegraveles et pratiques des pro-grammes lsquoevidence-basedrsquo drsquoaide agrave la parentaliteacute ANNALES MEDICO-PSY-CHOLOGIQUES ndeg 172 273-279 (2014)

ANNEXE BIBLIOGRAPHIE

116 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 117

ANNEXE

UEHLINGER C Quand lrsquoautre boit guide de survie pour les proches de personnes alcooliques 196 p (Editions Anne Carriegravere 2006)

TORDEURS D JANNE P amp KINAPPE A Qursquoest-ce que le coalcoolisme ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 303-310 (2002)

ANASTASSIOU V SCHWEITZER M amp SOKOLOW I Pour le meilleur et pour le pire pratique clinique et reacuteflexions theacuteoriques drsquoune theacuterapie de groupe de conjoints de malades alcooliques ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 53-62 (2002)

ENFANTS JEUNES

LAFAYE G Adolescence et addiction clinique et prise en charge In Traiteacute drsquoaddictologie 2e eacutedition 132-138 (La-voisier Meacutedecine 2016)

MELCHIOR M Psychopathologie et addiction des parents situation sociale et comportement de lrsquoenfant EURO-PEAN PSYCHIATRY ndeg 8 607-608 (2014)

FAORO-KREIT B Les enfants et lrsquoal-coolisme parental 290 p (Editions Eregraves 2011)

DURASTANTE R Adolescence et addictions De la crypte familiale au dispositif en tuilage Approche psycha-nalytique de la famille et du transgeacuteneacute-rationnel 279 p (De Boeck 2011)

ABDERHALDEN I amp GRAF M Entou-rage des enfants vivant dans des familles ayant un problegraveme drsquoaddiction beau-coup drsquoadultes pour quelles actions DEPENDANCES ndeg 40 15-22 (2010)

LUSSIER K amp LAVENTURE M Carac-teacuteristiques familiales associeacutees agrave lrsquoinitia-tion de psychotropes agrave lrsquoadolescence PSYCHOTROPES ndeg 3 49-70 (2009)

HAUTEFEUILLE M Grandir parmi les addictions quelle place pour lrsquoeacuteducation PSYCHOTROPES ndeg 3 5-7 (2009)

VENISSE J -L BRONNEC M amp GUILLOU M Inteacuterecirct de lrsquoapproche systeacutemique dans le soin des addictions du sujet jeune COURRIER DES AD-DICTIONS ndeg 3 77-79 (2007)

ASSAILLY J P Jeunes en danger Les familles face aux conduites agrave risques 248 p (Imago 2007)

ALLAIN-VOVARD J amp DEMARIA D Grandir dans lrsquoombre drsquoun parent alcoo-lique 112 p (Chronique Sociale 2007)

Enfants heacuteros ou boucs eacutemissaires quand les parents boiventhellip des enfants deacutelaisseacutes ADDICTIONS ndeg 9 10-15 (2005)

Comprendre la famille pour aider les adolescents en conduite addictive RE-VUE TOXIBASE ndeg 18 1-17 (2005)

MONGE J La drogue agrave la maison quand parents et enfants consomment laquo en chœur raquo PSYCHOTROPES ndeg 3-4 197-211 (2013)

MICHAUD P A AMBRESIN A E amp SURIS J C Quelle place pour les pa-rents dans la preacutevention du meacutesusage de substances DEPENDANCES ndeg 50 2-5 (2013)

Soutien agrave la parentaliteacute DEPENDANCES ndeg 50 16-30 (2013)

SALIBA-SFEIR C Parentaliteacute addiction et travail social 218 p (LrsquoHarmattan 2013)

SIMMAT-DURAND L GENEST L amp LEJEUNE C Les seacuteparations des megraveres consommatrices de substances psy-choactives de leurs enfants reacutesultats dans une cohorte reacutetrospective fran-ccedilaise PSYCHOTROPES ndeg 3 123-149 (2012)

SIMMAT-DURAND L Parentaliteacute et addiction in Addictologie clinique 169-185 (Presses Universitaires de France 2011)

GAUSSOT L LE MINOR L amp PALIERNE N Les styles eacuteducatifs parentaux et la consommation drsquoalcool des jeunes ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 205-213 (2011)

CHOQUET M Les parents face agrave la consommation de substances psychoac-tives des adolescents ACTUALITE ET DOSSIER EN SANTE PUBLIQUE ndeg 75 5-7 (2011)

MURIEL G Les pegraveres addicteacutes PSY-CHOTROPES ndeg 3-4 47-56 (2010)

MORISSETTE P amp VENNE M Parenta-liteacute alcool et drogues Un deacutefi multidisci-plinaire 272 p (CHU Sainte Justine 2009)

MORISSETTE P DEVAULT A amp BOURQUE S La paterniteacute dans un contexte de consommation maternelle abusive drsquoalcool et de drogues EN-FANCES FAMILLES GENERATIONS ndeg 11 1-24 (2009) httpideruditorgiderudit044119ar

STOCCO P Les femmes toxicomanes et la dimension familiale traitement et questions eacutethiques PSYCHOTROPES ndeg 3-4 251-265 (2007)

KAMMERER E Quand la megravere de famille consulte qursquoen penser que dire que faire COURRIER DES ADDICTIONS suppl au ndeg 1 43-48 (2005)

ANASTASSIOU V Les distorsions de la fonction parentale dans le systegraveme alcoolique ALCOOLOGIE ET ADDIC-TOLOGIE ndeg 3 191-199 (2003)

COUPLE

SIMMAT-DURAND L et al Vies de couple chez des personnes en sortie des addictions ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 1 47-56 (2016)

TAMIAN I Lrsquoaccueil et lrsquoeacutecoute du couple face agrave lrsquoalcoolo-deacutependance ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 33-41 (2013)

118 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 119

ANNEXE

SENEVIRATNE A amp DAEPPEN J B Implication de la famille dans le traite-ment de lrsquoalcoolodeacutependance ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 283-293 (2009)

MONJAUZE M amp DELROCQ C Comprendre et accompagner le patient alcoolique des entretiens individuels et familiaux au travail de groupe 208 p (In Press Editions 2008)

CASSEN M amp DELILE J-M Theacuterapies familiales et addictions nouvelles perspectives PSYCHOTROPES ndeg 3-4 229-249 (2007)

PALAZZOLO J Aidez vos proches agrave surmonter lrsquoalcoolisme 142 p (Hachette 2006)

WALLENHORST T Lrsquoaccompagnement du patient alcoolique et de ses familiers ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 231-236 (2003)

GOMEZ H Lrsquoalcoolique les proches et les soignants pour une autre pratique de lrsquoalcoologie 168 p (Editions Dunod 2003)

ALBUMS JEUNESSE

DUPIN Oamp DEMURO T Des ours dans la maison (Editions drsquoOrbestier agrave paraicirctre novembre 2018)

JUVIGNY H LABBE B amp LATYK O Papa a la maladie de lrsquoalcool 35 p (Milan Jeunesse 2008)

De SAINT MARS D amp BLOCH S Emilie nrsquoaime pas quand sa megravere boit trop 46 p (Calligram 2006)

JOSSET J amp RAPAPORT G Je ne suis pas un super heacuteros 16 p (Circonflexe 2004)

BEDOS L amp POIRIER P Tata boit 22 p (Michel Lafon Jeunesse 1998)

PREacuteVENIR SOUTENIR

BERGERON J Le rocircle des parents dans la preacutevention des conduites automobiles agrave risques des jeunes utilisateurs de can-nabis ADDICTION(S) RECHERCHES ET PRATIQUES ndeg 1 56-58 (2016)

Remettre les parents au cœur de la preacutevention RECHERCHE ET ALCOO-LOGIE ndeg 38 1-2 (2010)

ROMO L AUBRY C amp MARQUEZ S Groupe de parole pour lrsquoentourage de patients alcoolodeacutependants ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 63-66 (2009)

JEAMMET P Les parents premiers acteurs de la preacutevention LA SANTE DE LrsquoHOMME ndeg 398 25-26 (2008)

BESANCON F Drogues alcool en parler en famille 183 p (InterEditions-Dunod 2006)

GUGGENBUumlHL A Theacuterapie de groupe pour les enfants de familles toucheacutees par lrsquoalcool DEPENDANCES ndeg 23 8-10 (2004)

SEKERA E DANIS D GACHE P amp GABRIS G Aider les proches pour motiver les malades alcooliques agrave se soigner ALCOOLOGIE ET ADDICTO-LOGIE ndeg 1 47-49 (2003)

MIALON A Lrsquoaccompagnement de lrsquoentourage ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 2 194-198 (2001)

DUFOUR M-H amp NADEAU L Lrsquoeffi-caciteacute des programmes de preacutevention de la toxicomanie axeacutes sur les familles SANTE MENTALE AU QUEBEC ndeg 2 224-245 (1998) httpideruditorgiderudit032461ar

DOBKIN P L BEAUDOIN D amp BEAUDOIN J Briser le cycle inter-vention familiale pour les enfants de toxicomanes PSYCHOTROPES ndeg 3 53-67 (1997)

CROUZET C MAGGIA B BRINGUIER M BALMES J L Inteacuterecirct drsquoun accueil speacutecifique de lrsquoentourage familial du malade alcoolodeacutependant ALCOOLO-GIE ndeg 3 223-224 (1995)

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN

SHADILI G amp BOWEN J-F Un cas embleacutematique au sein drsquoune consultation jeune consommateur INFORMATION PSYCHIATRIQUE ndeg 93 125-130 (2017)

OBRADOVIC I Dix ans drsquoactiviteacute des laquo consultations jeunes consommateurs raquo TENDANCES ndeg 101 8 p (2015)

ANASTASSIOU V et al Un dispositif drsquoaccueil familial theacuterapeutique en alcoo-logie Historique et modaliteacutes AL-COOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 2 133-140 (2014)

MIERMONT J Pour une theacuterapie avec la famille COURRIER DES ADDIC-TIONS ndeg 4 10-13 (2012)

120 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 121

ANNEXE

OUTILSVideacuteos ndash Films ndash Podcast

Parentaliteacute et addictions (ANPAA 2016 1244)

Alcoolisme la souffrance des proches (Addiction Suisse 2016 829)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=sbjLU8FBn5E

Parents vers qui se tourner (Santeacute Publique France 2015 324)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=IEzufAZ_xf0amplist=PLl00syIAM v7Q l 2 s k s I q W1kYA N 8 I Tc _ 3 -Rampindex=12

Le portail franco-queacutebeacutecois Paren-taliteacute et deacutependances propose des res-sources videacuteos classeacutees par theacutematique httpwwwparentalite-dependancescomressources-accueil

Campagne drsquoinformation de preacute-vention des usages de drogues Parents laquo eacutecoutez dabord raquo (Drogues Info Service 2017 117)

httpwwwdrogues-info-servicefrAc-tualitesPrevention-des-usages-de-dro-gues-Parents-ecoutez-d-abordWs-8jx5c6_cs

Des videacuteos sur le site DROGBOX ht tp wwwdrogboxfr05-drog-a-lecran04-VIDEOS-DIVERSESpagephp

Playlists des campagnes INPES agrave visionner sur httpwwwdailymotioncomInpes

Un bateau ivre (documentaire de Kristell Menez)

httpwwwbalibaricomf ilmsun-ba-teau-ivre

Nos parents alcooliques France-Culture

httpswwwfranceculturefremissionssur-les-docks-14-15nos-parents-alcoo-liques

Sites internet

Forum de discussion pour lrsquoentourage sur

httpwwwalcool-info-servicefrL-al-cool-et-vos-proches

Parler de lrsquoalcoolisme (de son pegravere de sa megravere de son fregraverehellip)

httpwwwquandunparentboitbe

wwwparentsetaddictionch

wwwmamanboitch

httpbobyaddictionsuissech

122 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 123

NOTES

124 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

POUR EN SAVOIR PLUSanpaaassofr

Vos questions vos suggestionscontactanpaaassofr

Suivre lrsquoactualiteacute ANPAA et en addictologie

20 rue Saint-Fiacre 75002 ParisTeacutel 01 42 33 51 04

Guide reacutealiseacute avec la collaboration des membres de la commission des pratiques professionnelles de lrsquoANPAA Steacutephane Baghuelou chef de service dans lrsquoYonne Mireille Carpentier directrice reacutegionale en Basse Normandie Virginie Chauvey animatrice de preacutevention en Haute-Saocircne Annick Dessy psychologue dans la Marne Jamel Housni eacuteducateur speacutecialiseacute dans les Alpes de Haute-Provence Heacutelegravene Lapeyre assistante sociale en Gironde Thierry Larelle meacutedecin en Dordogne Marion Likiby Mbeba secreacutetaire dans le Rhocircne Marion Luxembourger psychologue en Ardegraveche Brice Mallet IDE en Pyreacuteneacutees-Atlantiques Agnegraves Merran secreacutetaire en Vendeacutee Noeacutemie Morlet animatrice de preacutevention dans lrsquoAube Laurence Roger IDE dans lrsquoOrne Marc Rondony meacutedecin coordinateur en Pyreacuteneacutees Orientales Angeacutelique Rozand meacutedecin coordinatrice dans la Drocircme et lrsquoArdegraveche Cathy Simon vice-preacutesidente de lrsquoANPAA Denis Turpin administrateur de lrsquoANPAA

Guide coordonneacute par Delphine Jarraud adjointe agrave la direction nationale des activiteacutes de lrsquoANPAA

Guide reacutealiseacute avec le soutien financier de la Direction Geacuteneacuterale de la Santeacute et de lrsquoAssurance Maladie

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Les conduites addictives ne sont pas seulement le teacutemoin de conflits intrapsychiques mais aussi une difficulteacute du lien de la relation Elles srsquoinscrivent dans une complexiteacute interrelationnelle ougrave le systegraveme familial et au sens large les relations sociales qui a deacutejagrave en geacuteneacuteral beaucoup œuvreacute ne sait pas ougrave aller chercher lrsquoinformation pertinente au changement Il srsquoagit donc en tant que professionnel du champ de lrsquoaddictologie drsquoopter pour une vision circulaire des interactions avec des formes drsquoaccompagnement et de soins incluant les entourages Il srsquoagit de prendre en compte toutes les parties prenantes des probleacutematiques addictives avec leurs fonctionnaliteacutes mais surtout leurs ressources potentielles et leur capaciteacute agrave laisser eacutemerger lrsquolaquo auto-solution raquo et leurs compeacutetences Car lrsquoimplication de lrsquoentourage aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sensibiliseacutes peuvent soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche drsquoaccompagnement

Ce guide porte sur lrsquoimportance de lrsquoentourage en preacutevention accompagnement et soins il propose des repegraveres pour les pratiques professionnelles des zooms des illustrations agrave travers des actions de terrain

Deacutecembre 2018

Page 4: Conduites addictives TRAVAILLER POUR ET AVEC LES …2/ conduites addictives, travailler pour et avec les personnes de l’entourage guide repÈres /3 sommaire considÉrer l’entourage

GUIDE REPEgraveRES 54 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNE EN DIFFICULTEacute AVEC SES CONDUITES ADDICTIVES

1 TEacuteMOIGNAGE laquo UNE VIE AVEC UNE PERSONNE ADDICTE raquo

2 LrsquoENTOURAGE SES DIFFICULTEacuteS ET SES RESSOURCES

3 ENTOURAGE ET ADDICTIONS LA DEacutePENDANCE EN QUESTION

1fraslthinsp1TEacuteMOIGNAGE laquo UNE VIE

AVEC UNE PERSONNE ADDICTE raquo

laquo Tout a commenceacute comme beaucoup de jeunes une rencontre un soir de deacutecembre et nous voilagrave partis pour une grande et belle histoireLes anneacutees passent le mariage le pre-mier enfant Julie Nous avons alors 21 et 22 ans peut-ecirctre un peu jeunes Crsquoest agrave partir de lagrave que jrsquoai commenceacute agrave remarquer des choses qui nrsquoeacutetaient

pas normales la cave toujours bien garnie les bouteilles drsquoapeacutero qui baissent toutes seules un beacutebeacute qui pleure et toi qui dorshellip Qursquoest-ce que je dishellip qui ronfle Et un soir lrsquoaccident alcool responsa-biliteacutes et au boulot laquo la galegravere raquo sans permisAgrave ce moment-lagrave notre deuxiegraveme enfant est en route et pendant ma grossesse Christophe part pour sa premiegravere cure et moi laquo jrsquoy crois raquo Jrsquoeacutetais naiumlve et je voulais croire que la volonteacute suffisait mais lrsquoenfer ne fait que commencer Thomas est neacute et avec lui lrsquoespoirhellip

6 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 7

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

notre fille les psys nous enfoncent le couteau dans la plaie Qui sont fautifs les parents bien sucircr Thomas lui ne trouve plus sa place entre le beacutebeacute la maison et Julie qui va mal il commence agrave faire des laquo becirctises raquo et se retrouve agrave la gendarmerie Moi jrsquoai lrsquoimpression qursquoon ne sortira jamais de cette spirale infernale et Christophe se sentait fort mais dans la tecircte lrsquoabstinence totale et deacutefinitive nrsquoeacutetait pas concevable Il a toujours penseacute et dit qursquoapregraves dix ans sans boire drsquoalcool il pourrait recommencer agrave ecirctre laquo comme tout le monde raquo Sauf qursquoil nrsquoest pas laquo comme tout le monde raquo Et bien sucircr dix ans ont passeacute on reprend une petite biegravere puis deux Moi jrsquoobserve je preacuteviens laquo Attention tu es sur la mauvaise pente raquo et lui reacutepond laquo mais non je gegraverehellip raquoJrsquoinsiste et jrsquoinsistehellip laquo Si tu retombes dans lrsquoalcool je te quitte raquoJe lrsquoai tellement dit et reacutepeacuteteacute que quand il a eu besoin de moi il nrsquoa pas pu mrsquoen parler de peur que je parte pour de bonLrsquoengrenage est enclencheacute crsquoest la re-chute Avec elle les galegraveres financiegraveres et au boulot il nrsquoassume plus Et fait passer ccedila pour de la deacutepression qui fi-nit par devenir bien reacuteelle Julie qui allait mieux nrsquoaccepte pas la rechute de son pegravere et lui en veut Fra-giliseacutee par sa preacuteceacutedente deacutepression elle va moins bien se referme de plus en plus chez elle et devient agoraphobe Heureusement que son petit ami est lagrave pour la soutenir merci Gaeumltan

Thomas souffre aussi mais il est comme son pegravere et a du mal agrave lrsquoexpri-mer Mais quand Oceacuteane commence agrave souffrir agrave son tour Christophe lui de-mande laquo Ccedila va Oceacuteane raquo Et Oceacuteane lui a reacutepondu laquo Mais papa moi ccedila va quand toi tu vas bien raquoCes paroles-lagrave je crois qursquoelles lrsquoont atteint en plein cœur ccedila voulait dire si je bois je vais mal et ma fille va aller malCrsquoest agrave ce moment-lagrave qursquoil srsquoest deacutecideacute agrave retourner voir les amis de la santeacute laquo Dure deacutemarche raquo apregraves une rechute au bout de dix ans Mais on le sait les amis de la santeacute ne jugent pas ils sont lagrave pour aider et nous ont reacute-ouvert leurs portesDepuis Christophe srsquoinvestit et garde agrave lrsquoesprit que crsquoest facile de replonger et bientocirct nous fecircterons nos 33 ans de mariagehellip pour le meilleur le pire est derriegravere nous enfin jrsquoespegravere raquo

Nadia C1

1 Teacutemoignage recueilli par la CAMERUP ndash Coordina-tion des Associations et Mouvements drsquoEntraide Recon-nus drsquoUtiliteacute Publique

Agrave cette eacutepoque-lagrave nous avons deacutecideacute drsquoacheter une maison Apregraves plusieurs anneacutees chaotiques aussi bien au niveau de lrsquoalcool que financier les galegraveres srsquoaccumulenthellipCrsquoest lagrave que jrsquoai appreacutecieacute lrsquoaide des amis de la santeacute Christophe est dans le deacuteni la discussion nrsquoeacutetait pas possible Un grand MERCI agrave Henri et Yvette qui ont toujours eacuteteacute lagrave pour mrsquoeacutecouter et me reacuteconforterChristophe perd son travail chez son pegravere et lagrave crsquoest la deacutegringolade Il ne fait plus rien agrave la maison devient meacute-chant jrsquoai honte vis-agrave-vis de mes voi-sins je suis obligeacutee drsquoarracher lrsquoherbe devant la maison qui mesure 50 cmhellip et lui il dort il cuve je ne sais pashellipAgrave cette peacuteriode il nrsquoallait plus beaucoup au cafeacute faute de moyens mais buvait tout seul agrave la maison Jrsquoai ducirc fouiller le sous-sol des dizaines de fois et vider des bouteilles je ne pourrais mecircme pas dire combien Quand il rentre dans la mai-son je nrsquoai pas besoin de le voir JE SAISLes enfants souffrent et je deacutecide un jour de partir bagarres engueulades il ne veut pas que je parte et mrsquoem-pecircche de prendre les cleacutes de la voiture Tant pis je pars agrave pied chez ses parents avec mes enfants pensant demander agrave mes beaux-parents de mrsquoemmener chez les miens Mais lagrave ma belle-megravere me reacutepond laquo je ne trsquoemmegravenerai pas ta place est aupregraves de lui raquo Mais je suis partie quand mecircme je ne sais plus comment avec lrsquoideacutee de me trouver un foyer ougrave vivre mais ne pas rentrerMais degraves le surlendemain lrsquoinquieacutetude mrsquoa fait revenir et bien sucircr rien nrsquoa changeacutehellip

Quand vient la derniegravere cure je suis arriveacutee au point de non-retour au reacuteel comme au figureacute laquo Va-trsquoen en cure et surtout nrsquoen reviens pas avant six mois raquo laquo Fais une postcure sinon je ne peux te revoir agrave la maison raquo Ce sont les derniegraveres paroles que je lui ai dites avant son deacutepart Crsquoest Henri qui lrsquoa accompagneacute agrave Cholet En passant agrave la demande de Christophe chez son oncle pour arroser ccedilaTrois jours plus tard il est de retour et moi je nrsquoy crois plus Ces trois jours je les ai passeacutes seule avec mes enfants sans lui rendre visite et surtout sans le poids du souci de lrsquoinquieacutetudeJe pense que pendant ces trois jours il srsquoest rendu compte qursquoil avait eacuteteacute loin qursquoil eacutetait sur le point de tout perdre et qursquoil eacutetait temps de faire quelque chose laquo LE DECLIC raquo ENFINMais lrsquoalcool a fait son œuvre On vend la maison et on redeacutemarrehellipLes anneacutees Bonheur commencent et lagrave crsquoest vrai que jrsquoai retrouveacute celui que jrsquoavais connu aimeacute et avec qui je mrsquoeacutetais marieacutee Le bonheur se concreacutetise avec lrsquoarriveacutee drsquoOceacuteaneOn rachegravete une maison agrave restaurer et les travaux nous prennent tous les soirs les week-ends pas le temps de penser agrave autre choseLagrave je tiens agrave tirer mon chapeau agrave Christophe pour tout le travail abattu dans cette maison et qursquoil nrsquoaurait ja-mais pu faire peu de temps auparavantMais le bonheur est fragile et de courte dureacutee quand Julie commence agrave faire une deacutepression et est hospitaliseacutee plu-sieurs fois pour des ideacutees suicidaires Et lagrave impuissants devant la deacutetresse de

8 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 9

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

eacutemerger lrsquolaquo auto-solution raquo et leurs compeacutetences3 Car lrsquoimplication de lrsquoen-tourage aupregraves de la personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives est un facteur de reacuteussite des proches in-formeacutes et sensibiliseacutes peuvent soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche drsquoaccompa-gnement

Au niveau de lrsquoindividu pour aller de lrsquoentourage en souffrance au proche aideacute puis aidant le regard sur soi et sur lrsquoautre est crucial Le professionnel est agrave la croiseacutee des regards confronteacute agrave de multiples interrogations qui eacutemergent dans le rapport agrave lrsquoentourage accompa-gner agrave la fois la personne deacutependante et son entourage Lrsquoentourage est-il la cause ou la conseacutequence de lrsquoaddiction Lrsquoentourage peut-il ecirctre un appui pour une reacuteduction des risques et des dom-mages Quelle souffrance affecte lrsquoen-tourage et quelle est lrsquoeacutetendue des impacts combien de personnes et les-quelles sont concerneacutees

Du speacutecialiste en neurosciences de lrsquoad-diction agrave lrsquoanimateur de preacutevention cha-cun pourra puiser dans ce guide matiegravere agrave deacuterouler et peut-ecirctre dynamiser ses pratiques en envisageant laquo lrsquoentou-rage raquo dans son spectre le plus complet

3 Antoinette MIALON-FOUILLEUL laquo Psychopatho-logie familiale des conduites drsquoalcoolisation raquo in M REY-NAUD (dir) Traiteacute drsquoaddictologie Flammarion pp 334-339

TOUTEFOIS LE CONTENU DE CE GUIDE NrsquoABORDE PAS LES QUESTIONS RELEVANT SPEacuteCIFIQUEMENT

De la grossesse et des risques pour lrsquoembryon et le fœtus lieacutes aux conduites addictives de la femme enceinte ou du tabagisme de son entourage

Des situations drsquoincarceacuteration du fait de la speacutecif iciteacute de lrsquoespace-temps contraint et de la particulariteacute du milieu carceacuteral

Des missions de meacutediation sociale des CAARUD4 en vue de sassurer une bonne inteacutegration dans le quartier il srsquoagit lagrave de lrsquolaquo entourage raquo au sens de lrsquolaquo environnement raquo de lrsquoeacutetablissement (habitants commerccedilants etc)5

4 Deacutecret ndeg 2005-1606 du 19 deacutecembre 2005 relatif aux missions des centres daccueil et daccompagnement agrave la reacuteduction des risques pour usagers de drogues et modifiant le code de la santeacute publique

5 Pour aller plus loin sur ce sujet Gwenola LE NAOUR Chloeacute HAMANT Nadine CHAMARD Faire accepter les lieux de reacuteduction des risques ndash un enjeu quotidien CERPE DGS mai 2014 100 p

MOT DINTRODUCTION

En guise drsquointroduction ce teacutemoignage illustre la complexiteacute du rapport entre entourage et personne en difficulteacute avec ses conduites addictives Il pointe aussi lrsquoeacutetendue des dommages potentielle-ment induits par les difficulteacutes drsquoune personne avec ses conduites addictives Ce guide a pour vocation dapporter agrave tout professionnel intervenant dans le champ des addictions lrsquooccasion drsquoune prise de recul drsquoun enrichissement de la reacuteflexion sur la place de lrsquoentourage

En preacutevention comme en accompagne-ment et en soins une eacutevolution des repreacutesentations des rocircles de chaque individu autour de lrsquoaddiction a eu lieu notamment une eacutevolution des repreacute-sentations des notions de laquo victimes raquo et de laquo bourreaux raquo deacutesigneacutes agrave tort en matiegravere de probleacutematique addictive

Hier les probleacutematiques addictives en particulier lieacutees agrave lrsquoalcool eacutetaient re-peacutereacutees par lrsquoentourage le but eacutetait la laquo protection raquo de lrsquoentourage contre les laquo meacutefaits raquo de la personne addicte

Puis il srsquoest agi drsquoextraire lrsquousager de son entourage pour traiter le laquo ma-lade raquo

Aujourdrsquohui srsquoopegravere une prise en compte de toutes les parties prenantes la personne en dif f iculteacute avec ses conduites addictives et son entourage sont eacutetroitement lieacutes

Parallegravelement un meacutelange des repreacute-sentations psychiques lieacutees aux addic-tions avec la reacutealiteacute socieacutetale modifie la repreacutesentation de lrsquoentourage lui-mecircme en permanence comme on peut lrsquoob-server agrave travers les nombreuses illustra-tions de lrsquoexposition et de lrsquoouvrage laquo 130 ans de preacutevention de lrsquoalcoolisme 1870-2000 raquo2 Notamment le modegravele preacutevalent drsquoune socieacuteteacute consumeacuteriste confronte lrsquoindivi-du agrave un continuum de potentielles pra-tiques agrave risque addictif degraves son plus jeune acircge De nouvelles addictions nu-meacuteriques etou comportementales font de lrsquoentourage le point neacutevralgique de la preacutevention des risques et dommages lieacutes aux conduites addictives

Les conduites addictives ne sont pas seulement le teacutemoin de conflits intra-psychiques mais aussi une difficulteacute du lien de la relation Elles srsquoinscrivent dans une complexiteacute interrelationnelle ougrave le systegraveme familial et au sens large les rela-tions sociales qui a deacutejagrave en geacuteneacuteral beaucoup œuvreacute ne sait pas ougrave aller chercher lrsquoinformation pertinente au changement Il srsquoagit donc en tant que professionnel du champ de lrsquoaddictolo-gie drsquoopter pour une vision circulaire des interactions avec des formes drsquoaccom-pagnement et de soins incluant les en-tourages Il srsquoagit de prendre en compte toutes les parties prenantes des probleacute-matiques addictives avec leurs fonction-naliteacutes mais surtout leurs ressources potentielles et leur capaciteacute agrave laisser

2 130 ans de preacutevention de lrsquoalcoolisme en France 1870-2000 Eacuteditions CFES 2001 67 p

10 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 11

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Souffrances de voir lrsquoautre souffrir avec ses probleacutematiques addictives et de ne pas parvenir agrave srsquoen deacutefaire

Recherche et expeacuterimentation de toute une gamme de laquo solutions raquo drsquoaide

Sentiment drsquoimpuissance voire de culpabiliteacute avec de nombreuses inter-rogations comment en parler com-ment accompagner la personne com-ment la soutenir pour changer et permettre une reacuteduction des risques et des dommages encourus

Comportements et attitudes qui initient voire facilitent les conduites addictives du proche

Comportements qui accentuent le sentiment de difficulteacutes de la per-sonne addicte injonction controcircle agir agrave la place de lrsquoautre (lrsquoautre eacutetant estimeacute dans le deacuteni ou incapable drsquoagir de lui-mecircme) menace qui achegraveve drsquoalteacute-rer significativement la relation entre la personne addicte et son entourage et lrsquoidentiteacute de chacun

Ces attitudes et comportements sont ponctueacutes drsquoexpeacuterimentations de moda-liteacutes drsquoaide de recherches de solutions et de peacuteriodes de deacutecouragementCeci est la trame drsquoune difficulteacute sous-jacente celle de demander de lrsquoaide alors mecircme que lrsquoinquieacutetude devient permanente En effet la parole ne va pas de soi Crsquoest pourtant cette deacutemarche initiale pour ne pas dire initiatique qui permet-

tra agrave lrsquoentourage de renouer avec son individualiteacute Chaque membre de lrsquoen-tourage srsquoempare alors de sa propre difficulteacute tant physique que psychique pour parvenir agrave voir au-delagrave de lrsquoaddic-tion de lrsquoautre

Agrave RETENIR

Chaque membre de lrsquoentourage est un individu agrave part entiegravere qui neacutecessite une attention distincte de son proche en situation drsquoaddic-tion et un accompagnement pour prendre en compte et participer agrave la reacuteduction de sa souffrance propre

Chaque membre de lrsquoentourage fait partie du laquo systegraveme raquo de la probleacutematique addictive et doit ecirctre pris en compte dans lrsquoaccom-pagnement et les soins de la per-sonne en dif f iculteacute avec ses conduites addictives

Comme on dit que la personne addicte ne se reacuteduit pas agrave son ad-diction la personne qui entoure ne se reacuteduit pas et ne doit pas ecirctre reacuteduite agrave sa place drsquoentourage

La personne de lrsquoentourage laquo se rend malade raquo de la probleacutematique addictive de lrsquoautre et conseacutecutive-ment laquo se rend malade raquo du senti-ment de sa propre incapaciteacute agrave y remeacutedier et agrave aider lrsquoautre

Cette souffrance de lrsquoentourage ne peut pas ecirctre ignoreacutee mecircme si le patient deacutesigneacute laquo malade raquo nrsquoest pas demandeur de soins

1fraslthinsp2 LrsquoENTOURAGE SES DIFFICULTEacuteS ET SES RESSOURCES

1 DES RESSOURCES ET COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave RENFORCER

ABORDER LrsquoENTOURAGELes personnes qui composent lrsquolaquo entou-rage raquo jouent un rocircle essentiel dans la compreacutehension la preacutevention lrsquoaccom-pagnement et les soins en matiegravere de probleacutematique addictive drsquoun proche Les probleacutematiques addictives de tout individu impactent forceacutement les per-sonnes de lrsquoentourage agrave des degreacutes di-vers et de faccedilon variable selon le type de conduite addictive et selon les per-sonnes selon leur identiteacute et leurs liens Et inversement lrsquoentourage a un impact durant le processus de conduites addic-tives et de soins

Peu nombreuses sont les personnes de lrsquoentourage6 qui franchissent le pas de la demande drsquoaide et parfois tregraves voire trop tardivement Lagrave reacuteside toute la dif-ficulteacute drsquoapproche de lrsquoentourage alors que crsquoest souvent sur cet entourage que repose la sortie du deacuteni de la personne addicte et une part de la reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins

QUI EST Lrsquo laquo ENTOURAGE raquo Lrsquoentourage deacutesigne premiegraverement un

6 6 des 78 500 personnes accompagneacutees en CSAPA geacutereacutes par lrsquoANPAA en 2017

laquo ensemble de personnes vivant habi-tuellement aupregraves de quelqursquoun raquo Lrsquoen-tourage peut aussi se deacutefinir comme toute personne confronteacutee ou impli-queacutee dans les probleacutematiques addictives drsquoun tiers De prime abord on y voit les membres de la famille depuis le couple donc le conjointe les enfants jusqursquoaux ascendants et collateacuteraux puis les amis les collegravegues Ainsi pourrait aussi ecirctre impacteacute lrsquointervenant non speacutecialiseacute aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives du laquo meacutedecin de famille raquo (qui fait laquo partie de la fa-mille raquo) en passant par lrsquoentraicircneur sportif le CPE du collegravege le voisin lrsquoaide-soignante ou lrsquoassistante de vie du retraiteacute en prise addictive avec ses meacute-dicaments

LrsquoENTOURAGE UNE PERSONNE FRAGILISEacuteE MAIS EXPEacuteRIMENTEacuteELes personnes de lrsquoentourage sont glo-balement deacutemunies aupregraves drsquoun proche en difficulteacute avec ses conduites addic-tives pouvant passer du deacuteni agrave la pos-ture de laquo sauveur raquo Ces personnes se situent dans des attitudes et comporte-ments qui ne sont geacuteneacuteralement pas univoques

Deacuteni ou minimisation de la percep-tion des risques et des dommages pour la personne elle-mecircme comme pour les tiers qui lrsquoentourent

Souffrances lieacutees aux conseacutequences quotidiennes de la conduite addictive de leur proche instabiliteacute voire inseacute-curiteacute adaptations neacutecessaires pour y faire face

12 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 13

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

DES COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave VALORISER ET Agrave RENFORCER Les conditions de vie lrsquoenvironnement les facteurs biologiques les facteurs socio-culturels et eacuteconomiques pour tout individu entourage ou addict in-fluent sur la capaciteacute de la personne agrave reacutepondre avec efficaciteacute aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne Au-delagrave de sa relation avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addic-tives lrsquoentourage sera plus ou moins apte agrave aider lrsquoautre ou parfois srsquoextraire de la situation pour sa propre sauve-garde

Lrsquoaccumulation de souffrances lieacutees au proche addict peut conduire toute per-sonne de lrsquoentourage agrave un eacutetat de stress qui pourra deacuteborder ses capaciteacutes agrave agir pour lrsquoautre et lui-mecircmeDans le contexte de probleacutematique addictive que connaicirct lrsquoentourage les compeacutetences psychosociales acquises sont tregraves souvent abicircmeacutees en plusieurs endroits Amener lrsquoentourage agrave valori-ser reacutetablir et renforcer ses compeacute-tences crsquoest lui donner les moyens drsquoagir pour son propre mieux-ecirctre et pour le mieux-ecirctre de lrsquoautre plutocirct qursquoagrave pour-suivre une lutte contre lrsquoautre contre lrsquoaddiction de lrsquoautre

ZOOM

Les compeacutetences psychosociales7

Les compeacutetences psychosociales sont deacutefinies par lrsquoOrganisation Mondiale de la Santeacute (OMS) en 1993 comme eacutetant laquo la capaciteacute drsquoune personne agrave mainte-nir un eacutetat de bien-ecirctre subjectif lui permettant de reacutepondre positivement et efficacement aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne raquo Le ren-forcement des CSP est ainsi clairement un eacuteleacutement fondamental de la promo-tion de la santeacute et du bien-ecirctre des personnes particuliegraverement quand ce problegraveme de santeacute est lieacute agrave un comportementCes compeacutetences essentielles et trans- culturelles sont eacutetroitement lieacutees agrave lrsquoestime de soi et aux compeacutetences relationnelles relation agrave soi et relation aux autres

7 laquo Deacutevelopper les compeacutetences psychosociales chez les enfants et les jeunes raquo La Santeacute en action ndeg 431 2015 pp 10-40

LrsquoOMS en identifie dix principales qui srsquoajustent par deux

Savoir reacutesoudre les problegravemes Savoir prendre des deacutecisions

Avoir une penseacutee critique Avoir une penseacutee creacuteative

Savoir communiquer efficacement Ecirctre habile dans les relations interpersonnelles

Avoir conscience de soi Avoir de lrsquoempathie pour les autres

Savoir geacuterer son stress Savoir geacuterer ses eacutemotions

Ces CSP peuvent ecirctre deacutefinies sous un autre angle agrave travers trois prismes

1 LES COMPEacuteTENCES SOCIALES

(ou interpersonnelles ou de com-munication)

Les compeacutetences de communica-tion verbale et non verbale ndash eacutecoute active expression des eacutemotions ca-paciteacute agrave donner et recevoir des re-monteacutees drsquoinformation et des reacuteac-tions

Les capaciteacutes de reacutesistance et de neacutegociation ndash gestion des conf lits capaciteacute drsquoaffirmation reacutesistance agrave la pression drsquoautrui

Lrsquoempathie crsquoest-agrave-dire la capaciteacute agrave eacutecouter et comprendre les besoins et le point de vue drsquoautrui et agrave exprimer cette compreacutehension

Les compeacutetences de coopeacuteration et de collaboration en groupe

Les compeacutetences de plaidoyer qui srsquoappuient sur les compeacutetences de persuasion et drsquoinfluence

2 LES COMPEacuteTENCES COGNITIVES

Les compeacutetences de prise de deacuteci-sions et de reacutesolution de problegravemes

La penseacutee critique et lrsquoauto-eacutevalua-tion qui impliquent de pouvoir analy-ser lrsquoinfluence des meacutedias et des pairs drsquoavoir conscience des valeurs atti-tudes normes croyances et facteurs qui nous affectent de pouvoir identi-fier les (sources) drsquoinformations perti-nentes

3 LES COMPEacuteTENCES

EacuteMOTIONNELLES

(ou drsquoautoreacutegulation)

Les compeacutetences de reacutegulation eacutemotionnelle ndash gestion de la colegravere et de lrsquoanxieacuteteacute capaciteacute agrave faire face agrave la perte agrave lrsquoabus et aux traumatismes

Les compeacutetences de gestion du stress qui impliquent la gestion du temps la penseacutee positive et la maicirc-trise des techniques de relaxation

Les compeacutetences favorisant la confiance et lrsquoestime de soi lrsquoauto-eacutevaluation et lrsquoautoreacutegulation

14 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 15

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

tentes les besoins le parcours de vie les compeacutetences les expeacuteriences de la personne de lrsquoentourage dans sa singu-lariteacute avec en ambulatoire un docu-ment individuel de prise en charge (au terme leacutegal on preacutefegraverera le terme laquo drsquoaccompagnement raquo) ou en reacutesiden-tiel un contrat de seacutejour9 10 11

Un dossier regroupant lrsquoensemble des informations formaliseacutees utiles agrave la qualiteacute de lrsquoaccompagnement et des soins12 directement accessible agrave lrsquousager dans le respect des dispositions leacutegisla-tives et reacuteglementaires

Le respect du secret des informa-tions le concernant avec un partage entre professionnels strictement neacuteces-saires agrave la coordination ou agrave la conti-nuiteacute des soins agrave la preacutevention ou agrave son suivi meacutedico-social et social dans le res-pect des dispositions leacutegislatives et reacute-glementaires13 14

Le droit agrave une information adapteacutee agrave sa capaciteacute de compreacutehension notam-ment sur ses droits et liberteacutes par la

9 L311-4 et D311 du CASF

10 Les attentes de la personne et le projet personna-liseacute ANESM 2008 52 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

11 Projet personnaliseacute document individuel de prise en charge ou contrat de seacutejour en CSAPA CAARUD ACT ANPAA 2016 5 p (Fiche Repegraveres)

12 Qualiteacute du dossier de lrsquousager en eacutetablissement meacutedicosocial relevant de lrsquoaddictologie ANPAA 2016 29 p (Guide Repegraveres)

13 Secret des informations et partage entre profes-sionnels ANPAA actualisation octobre 2016 6 p (Fiche Repegraveres)

14 L1110-4 du CSP

remise systeacutematique et commenteacutee de la charte des droits et liberteacutes et son annexe15 le livret drsquoaccueil16 et le regravegle-ment de fonctionnement17 de lrsquoeacutetablis-sement

Le droit agrave lrsquoexpression et la participa-tion de chaque usager18 19 relativement au fonctionnement de lrsquoeacutetablissement

LE RESPECT DU SECRET DES INFORMATIONS PERSONNELLES DE LrsquoUSAGER PAR RAPPORT Agrave SON ENTOURAGEDans les eacutetablissements meacutedico-sociaux en addictologie de type CSAPA au-cune information ne doit ecirctre com-muniqueacutee agrave un tiers de lrsquoentourage quelle que soit la position de lrsquoentou-rage vis-agrave-vis de lrsquoeacutetablissement Mecircme si les demandes drsquoinformation des personnes de lrsquoentourage sont freacute-quentes elles ne peuvent aboutir agrave ou-trepasser ce droit Par exemple

laquo Est-ce que mon mari est bien venu agrave sa consultation aujourdrsquohui car il nrsquoal-lait pas tregraves bien et srsquoil est venu je ne suis pas certaine qursquoil vous ait tout dit raquo de la part drsquoune eacutepouse soucieuse

15 L311-4 du CASF et arrecircteacute du 8 septembre 2003

16 L311-4 du CASF et circulaire DGASSD ndeg 2004-138 du 24 mars 2004

17 L311-7 du CASF et deacutecret du 14 novembre 2003

18 L311-4 du CASF et deacutecrets du 25 mars 2004 et du 2 novembre 2005

19 La participation des usagers dans les eacutetablissements meacutedico-sociaux relevant de lrsquoaddictologie ANESM 2010 96 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

2 LrsquoENTOURAGE UN USAGER DE LrsquoEacuteTABLISSEMENT COMME UN AUTRE AVEC LES MEcircMES DROITS

LES DROITS DE LrsquoENTOURAGE EN EacuteTABLISSEMENT MEacuteDICO-SOCIAL EN ADDICTOLOGIELes centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) ont ceci de particulier par rap-port aux eacutetablissements de santeacute en addictologie comme un hocircpital par exemple qursquoils ont pour mission de srsquoadresser aux personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives comme agrave leur entourage Leurs droits en tant

qursquousagers drsquoeacutetablissement meacutedico-so-cial sont inscrits dans la loi 2002-28

Le respect de la digniteacute de la vie pri-veacutee de lrsquointimiteacute de la seacutecuriteacute et de lrsquointeacutegriteacute de la personne

Le libre choix parmi les prestations adapteacutees qui lui sont proposeacutees par exemple agrave domicile ou en eacutetablissement

Le droit agrave un projet personnaliseacute drsquoaccompagnement et de soins co-construit prenant en compte les at-

8 Ensemble des droits preacutesenteacutes agrave lrsquoarticle L311-3 du CASF

Agrave RETENIR

Dans le continuum de la promo-tion de la santeacute consideacuterer lrsquoentou-rage crsquoest

Repeacuterer les personnes de lrsquoentou-rage vivant des difficulteacutes lieacutees agrave une personne proche ayant des probleacutema-tiques addictives

Eacutevaluer ou situer leurs difficulteacutes plus ou moins apparentes et graves induites ou supposeacutees induites for-muleacutees ou pas par les conduites ad-dictives du proche

Prendre en compte ces personnes qui font laquo systegraveme raquo avec les probleacute-matiques addictives et srsquoappuyer sur leurs expeacuteriences capaciteacutes et diffi-culteacutes agrave agir dans la situation

Rencontrer les personnes de lrsquoen-tourage le plus rapidement possible dans lrsquoaccompagnement de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites additives pour diminuer leur culpabi-liteacute et le sentiment drsquoimpuissance apregraves en geacuteneacuteral avoir le sentiment drsquolaquo avoir tout essayeacute raquo

Accompagner les personnes de lrsquoentourage pour leur permettre de se mettre en position laquo meacuteta raquo de prise de recul pour prendre conscience de ce qui se passe de ma-niegravere systeacutemique et pas seulement pour lrsquoautre en diff iculteacute avec ses conduites addictives

Accompagner les personnes de lrsquoentourage vise agrave deacutevelopper laquo les solutions qui marchent raquo parmi celles deacutejagrave expeacuterimenteacutees ce qui redonne une estime de soi

16 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 17

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

A contrario un compte-rendu drsquohos-pitalisation ou des reacutesultats biologiques par exemple issus drsquoun eacutetablissement ou professionnel de santeacute verseacutes au dossier de lrsquousager sont transmissibles puisqursquoils sont issus drsquoun tiers interve-nant dans la prise en charge

POUR ALLER PLUS LOIN

La collection Repegraveres ANPAA22

Notamment

Le Guide Repegraveres ANPAA laquo Qualiteacute du dossier de lrsquousager et eacutetablissement meacute-dico-social relevant de lrsquoaddictologie raquo septembre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Secret des informations et partage entre pro-fessionnels raquo ANPAA actualisation octobre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Reacutepondre agrave la demande drsquoaccegraves direct agrave son dossier de lrsquousager raquo feacutevrier 2017

22 Toute la collection Repegraveres de lrsquoANPAA Fiches et Guides teacuteleacutechargeable gratuitement sur httpwwwanpaaassofrsinformercollection-reperes-pour-les-professionnels

laquo LA PERSONNE DE CONFIANCE raquo UN DROIT QUI PEUT EcircTRE UNE AMBIGUIumlTEacute DANS LrsquoACCOMPAGNEMENT ET LES SOINS EN ADDICTOLOGIELes dispositions relatives agrave la laquo personne de confiance raquo institueacutee agrave lrsquoorigine dans le champ sanitaire sont eacutetendues par la loi au champ social et meacutedico-social Ainsi toute personne majeure prise en charge dans un eacutetablissement ou un ser-vice social ou meacutedico-social23 a le droit de deacutesigner une personne de confiance qui si elle le souhaite lrsquoaccompagnera dans ses deacutemarches afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Les missions de la laquo personne de confiance raquo aupregraves de lusager

Accompagner et ecirctre preacutesent au-pregraves de lrsquousager si celui-ci le souhaite agrave lrsquoentretien preacutevu lors de la conclusion du contrat de seacutejour pour rechercher son consentement agrave ecirctre accueillie dans lrsquoeacutetablissement drsquoheacutebergement (en preacute-sence du directeur de lrsquoeacutetablissement ou toute autre personne formellement deacutesigneacutee par lui et chaque fois que neacute-cessaire) La personne de confiance sera la seule personne de lrsquoentourage agrave avoir le droit drsquoecirctre preacutesente agrave cet entretien

23 Deacutecret no 2016-1395 du 18 octobre 2016 fixant les conditions dans lesquelles est donneacutee lrsquoinformation sur le droit de deacutesigner la personne de confiance mention-neacutee agrave lrsquoarticle L 311-5-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles

laquo Avez-vous pu parler agrave mon fils de sa consommation de cannabis car ses reacute-sultats scolaires srsquoeacutecroulent et je suis tregraves inquiegravete de ses freacutequentations raquo de la part drsquoun pegravere inquiet

Les questions de lrsquoentourage qursquoelles soient formuleacutees de faccedilon directe ou indirecte par teacuteleacutephone ou dans le cadre drsquoentretien ne peuvent donner lieu agrave aucun commentaire ou informa-tion concernant la personne usagegravere de produits addictifsEt inversement la personne addicte ne pourra acceacuteder agrave aucune information relevant de son entourage accompagneacute au sein de lrsquoeacutetablissement ou ayant com-muniqueacute avec lrsquoeacutetablissement20Lrsquoeacutetablissement doit tout mettre en œuvre pour que les personnes dia-loguent entre elles

En effet laquo Toute personne prise en charge par un professionnel de santeacute un eacutetablissement ou un des services de santeacute deacutefinis au livre III de la sixiegraveme partie du preacutesent code un professionnel du secteur meacutedico-social ou social ou un eacutetablissement ou service social et meacute-dico-social mentionneacute au I de lrsquoarticle L 312-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles a droit au respect de sa vie priveacutee et du secret des informations le concernant Excepteacute dans les cas de deacuterogation expresseacutement preacutevus par la loi ce secret couvre lrsquoensemble des in-formations concernant la personne venues agrave la connaissance du profession-nel de tout membre du personnel de

20 L1111-7 du CSP

ces eacutetablissements services ou orga-nismes et de toute autre personne en relation de par ses activiteacutes avec ces eacutetablissements ou organismes Il srsquoim-pose agrave tous les professionnels interve-nant dans le systegraveme de santeacute raquo21

LE DROIT DrsquoACCEgraveS DIRECT DE LrsquoUSAGER Agrave SON DOSSIERLrsquousager qursquoil soit laquo patient raquo ou laquo en-tourage raquo a le droit agrave un accegraves direct agrave son dossier Toutefois il est neacutecessaire de bien cerner le type drsquoinformation dont il est question et sa source En matiegravere de droit agrave lrsquoaccegraves direct au dos-sier seules sont accessibles les informa-tions personnelles et non les informa-tions concernant lrsquoentourage

Sont exclues du dossier accessible agrave lrsquousager les informations mentionnant qursquoelles ont eacuteteacute recueillies aupregraves drsquoun tiers nrsquointervenant pas dans la prise en charge theacuterapeutique ou concernant un tel tiers Illustrations - Sont exclues non pas du dossier mais des informations acces-sibles

Lrsquoinformation recueillie aupregraves de lrsquousager mentionnant que son pegravere avait une probleacutematique addictive que son conjoint a des comporte-ments violents Lrsquoinformation communiqueacutee par la conjointe du consultant mentionnant que celui-ci ne peut pas honorer son rendez-vous compte tenu de sa sur-consommation drsquoalcool ce jour

21 L 1110-4 - point I du CSP

18 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 19

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

vous La personne de confiance pourra ecirctre la personne-ressource pour assurer un retour en toute seacutecuriteacute au domicile Dans la pratique professionnelle le do-cument individuel drsquoaccompagnement24 eacutetant un outil ameneacute agrave ecirctre reacuteguliegravere-ment renouveleacute autant que neacutecessaire et a minima annuellement pour ce qui est de son avenant ce peut ecirctre lrsquoocca-sion de parler avec le consultant de la personne de confiance deacutesigneacutee agrave re-nouveler ou pas

24 Deacutecret ndeg 2004-1274 du 26 novembre 2004 relatif au contrat de seacutejour ou document individuel de prise en charge preacutevu par larticle L 311-4 du code de laction sociale et des familles

Agrave RETENIR

Tout consultant en eacutetablisse-ment meacutedico-social a les mecircmes droits personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives ou per-sonnes de lrsquoentourage notamment au regard du secret des informa-tions

Lrsquoobjectif des professionnels est drsquolaquo outiller raquo chacune des parties personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives et son entou-rage afin de

Leur permettre de (re)communi-quer ensemble et retisser si neacute-cessaire les liens de confiance drsquoaffection de coopeacuteration par-fois laquo abimeacutes raquo par la situation

Permettre aussi de fluidifier les enjeux drsquoinformation laquo secregravetes raquo confieacutees aux professionnels ac-compagnant (de la secreacutetaire au meacutedecin en passant les profes-sionnels socio-eacuteducatifs et para-meacutedicaux les psychologues) sous la formule bien souvent entendue laquo vous ne lui direz pas maishellip raquo

Accompagner lrsquousager dans ses deacute-marches lieacutees agrave sa prise en charge so-ciale ou meacutedico-sociale afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Aider lrsquousager agrave la compreacutehension de ses droits La personne de confiance est consulteacutee par lrsquoeacutetablissement au cas ougrave lrsquousager rencontre des difficulteacutes dans la connaissance et la compreacutehension de ses droits Cette consultation nrsquoa pas vocation agrave se substituer aux deacutecisions de lrsquousager

Elle a un devoir de confidentialiteacute concernant les informations meacutedicales qursquoelle a pu recevoir et les directives anticipeacutees de lrsquousager elle nrsquoa pas le droit de les reacuteveacuteler agrave drsquoautres personnes

Qui peut ecirctre personne de confiance Deacutesigner une personne de confiance relegraveve de la seule deacutecision personnelle de lrsquousager Celui-ci peut deacutesigner en tant que laquo personne de confiance raquo toute personne majeure de son entou-rage en qui il a confiance par exemple un membre de sa famille un proche son meacutedecin traitant Il srsquoagit drsquoune deacutemarche reacutefleacutechie agrave deux

Il est important que lrsquousager eacutechange avec la personne qursquoil souhaite deacutesigner avant de remplir le formulaire de deacutesi-gnation et de lui faire part de ses sou-haits par rapport agrave sa future mission Il est impor tant que la personne de confiance ait la possibiliteacute de prendre connaissance de son futur rocircle et drsquoen mesurer sa porteacutee

Attention la personne que lrsquousager souhaite deacutesigner doit donner son ac-

cord agrave cette deacutesignation Elle peut refu-ser drsquoecirctre la personne de conf iance deacutesigneacutee par lrsquousager ou contresigner le formulaire de deacutesignation preacutevu agrave cet effet

Les difficulteacutes de mise en œuvre de ce droitLa place de la personne de confiance dans un accompagnement peut revecirctir une certaine ambiguiumlteacute dans le cadre drsquoun accompagnement en addictologie

Ce droit est fondamental pour tout usager dans le champ meacutedico-social par exemple pour lrsquoentreacutee en eacutetablissement drsquoheacutebergement pour personnes acircgeacutees deacutependantes ou en appartement de coordination theacuterapeutique Toutefois il peut ecirctre deacutelicat dans le contexte drsquoaccompagnement ambulatoire en CSAPA ou en CAARUD En effet dans ce contexte les relations de la personne de confiance avec lrsquousager peuvent eacutevo-luer neacutegativement voire se rompre notamment dans une situation de co-deacutependance

Une vigilance particuliegravere doit donc accompagner lrsquoinformation obligatoire de lrsquousager sur ce droit notamment par la remise drsquoune notice drsquoinformation Il convient de bien srsquoassurer de la liberteacute de choix de lrsquousager sans contrainte implicite ou explicite de son entourage

En pratique malgreacute ses eacuteventuelles

ambiguiumlteacutes agrave lever cette personne de confiance peut ecirctre un relais essentiel en cas drsquoune situation agrave risque ou com-plexe par exemple une consommation massive constateacutee lors drsquoun rendez-

20 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 21

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Scheacutema26 deS facteurS conStitutifS de lrsquoaddic-tion danS le modegravele trivalent de c olievenStein

ADDICTION UNE PROBLEacuteMATIQUE DU LIENLes probleacutematiques addictives ne sont pas reacuteductibles agrave des probleacutematiques neurologiques Elles sont aussi le reflet de la difficulteacute relationnelle de lrsquoindividu aux autres voire au groupe social entier au premier rang desquels lrsquoentourage tient une place complexe avant dans et apregraves le processus addictif

Degraves le premier contact du beacutebeacute et de son ou ses parents la qualiteacute des inte-ractions fonde la capaciteacute ulteacuterieure de lrsquoindividu agrave se construire dans une bonne

26 Charles ROZAIRE et al laquo Quest-ce que laddic-tion raquo Archives de Politique Criminelle ndeg 31 2009 pp 9-23

perception et conscience de soi et agrave ajuster de faccedilon satisfaisante sa relation agrave la reacutealiteacute exteacuterieureSelon la theacuteorie de lrsquoattachement de John Bowlby tout au long de son exis-tence lrsquoindividu cherche agrave satisfaire un besoin fondamental de seacutecuriteacute appeleacute laquo besoin social primaire raquo donneacute par la qualiteacute des inteacuteriorisations construites sur les bases comportementales rassu-rantes de la petite enfance27 Cette seacutecu-riteacute est donneacutee degraves la naissance par la proximiteacute de figures drsquoattachement at-tentives au besoin de protection du beacutebeacute La personne garde en elle le be-soin de figures drsquoattachement auxquelles elle peut avoir recours en preacutesence de certains dangers ou drsquoexpeacuteriences dou-loureuses de son existence Ces figures drsquoattachement inteacuterioriseacutees au cours du

27 John BOWLBY Lrsquoattachement t1 PUF 1969 540 p

1fraslthinsp3 ENTOURAGE ET ADDICTIONS

LA DEacutePENDANCE EN QUESTION

Lrsquousage de produits psychotropes existe de tout temps et se rencontre en toute socieacuteteacute Lrsquoapeacuteritif entre amis le cham-pagne pour fecircter les heureux eacuteveacutene-ments de la vie le joint qui tourne en soireacutee les parties de jeux collectifs en ligne ou lrsquoexcitation drsquoun parieur sur un champ hippique sont des facteurs de socialisation mecircme srsquoils ne sont en rien indispensables Source de plaisir indivi-duel comme collectif ils peuvent prati-queacutes avec excegraves avec perte de controcircle ou dans certaines circonstances ecirctre facteurs de risques voire causes de dommages pour soi ou des tiersAinsi les probleacutematiques addictives re-lient la personne addicte et son entou-rage dans des rapports divers allant de la convivialiteacute aux risques et dommagesComment recouvrer la liberteacute est sans doute la question inconsciente et impli-cite de tout entourageIl srsquoagit drsquoappreacutehender les cleacutes de cette souffrance et de cet isolement pour agir ensuite en preacutevention et en accompa-gnement

1 LrsquoENTOURAGE AU CŒUR DE LA PATHOLOGIE DU LIEN

Travailler pour et avec lrsquoentourage drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives conduit agrave mettre en lumiegravere sa place dans le laquo systegraveme raquo de la pro-bleacutematique addictive du proche

ENTOURAGE PARTIE PRENANTE DE LA TRIVALENCE DE LrsquoADDICTION Trois facteurs dimensionnels inter-viennent dans la vulneacuterabiliteacute aux conduites addictives la personne le contexte socioculturel et lrsquoobjet de la deacutependance comportement ou subs-tance psychoactive Crsquoest le modegravele tri-valent et bio-psycho-social de Claude Olievenstein laquo La toxicomanie surgit agrave un triple carrefour celui drsquoun produit drsquoun moment socioculturel et drsquoune per-sonnaliteacute Ce sont lagrave trois dimensions eacutegalement constitutives raquo25Cette approche tr idimensionnelle confegravere un rocircle deacuteterminant au contexte socioculturel au premier rang duquel se trouvent les personnes de lrsquoentourage

25 Claude OLIEVENSTEIN La drogue ou la vie Ro-bert Laffont 1983 260 p

FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX

FamiliauxAnteacuteceacutedents

FonctionnementEacuteducation

Eacuteveacutenements sociauxInfluence des pairs

Groupe social

FACTEURS LIEacuteS Agrave LA SUBSTANCE

Potentiels de deacutependance

Conseacutequences meacutedicales psychologiques sociales

Statut social de substance

FACTEURS INDIVIDUELS

GeacuteneacutetiquesNeurobiologiques

PsychologiquesPsychiatriques

Eacuteveacutenements de vie

22 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 23

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

PROCESSUS DE DEacutePENDANCELa deacutependance traduit la perte de liber-teacute du sujet qui ne peut srsquoempecirccher de consommer le produit ou de de se livrer agrave sa conduite addictiveLe processus de deacutependance met en jeu trois eacuteleacutements qui srsquoauto-renforcent

Le lien entre la substance ou le comportement expeacuterimenteacute et le plaisir ressenti La premiegravere expeacute-rience de plaisir subjectif ressenti est selon le sujet le produit le moment et le contexte deacuteterminant pour lrsquoentreacutee en conduite reacuteguliegravere voire deacutependance Le plaisir rechercheacute associe sensations stimulations et aussi une forme drsquoanes-theacutesie (physique et psychique) et drsquooubli de soi et des autres de faccedilon variable selon le produit et lrsquoindividu

Le craving pheacutenomegravene de stimula-tion du systegraveme de reacutecompense par la recherche effreacuteneacutee du produit pour obtenir un eacutetat de satisfaction ou pour reacutepondre agrave une sensation interne dou-loureuse

La toleacuterance expression du pheacuteno-megravene drsquoaccoutumance physique et psy-chique au produit Elle neacutecessite pour lrsquousager de recourir agrave de plus fortes doses de produits ou plus freacutequem-ment pour obtenir un plaisir aussi in-tense voire plus intense ou varieacute La toleacuterance implique aussi la notion de sevrage qui pousse le sujet agrave recourir au produit pour ne pas ressentir le manque

Agrave RETENIR

La personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est mar-queacutee par une vulneacuterabiliteacute rela-tionnelle qui preacuteexiste agrave lrsquoaddiction et qui nrsquoen est pas la seule cause

Cette vulneacuterabiliteacute accentueacutee par le processus addictif va geacuteneacute-ralement entrer en reacutesonnance avec les personnes de lrsquoentourage et leurs propres constructions indi-viduelles

deacuteveloppement preacutecoce neacutecessitent drsquoecirctre seacutecurisantes rassurantes stables et diffeacuterencieacutees pour permettre au su-jet de srsquoy reacutefeacuterer au besoin dans les ex-peacuteriences de la vie et en relation avec les autres

Le deacutefaut drsquointeractions srsquoexprime en termes de qualiteacute de permanence et de varieacuteteacutes des figures drsquoattachement au cours du deacuteveloppement preacutecoce de lrsquoenfant grevant eacuteventuellement son capital de seacutecuriteacute et de confiance Lrsquoin-dividu pourra souffrir drsquoun deacutefaut drsquoan-crage affectif seacutecure et stable Les relations agrave lrsquoautre seront rarement satisfaisantes les aleacuteas des rapports humains et du groupe social eacutetant veacutecus comme un abandon Selon le terme de Winnicott lrsquoindividu subit des alteacuterations plus ou moins seacute-vegraveres du laquo sentiment continu drsquoexister raquo Le produit ou le comportement addictif est alors un objet de substitution mo-mentaneacutement eacutequilibrant ou satisfaisant qui comble un vide Lrsquoindividu accegravede agrave une conduite addictive comportemen-tale ou avec produit afin de se procurer un plaisir immeacutediatement neacutecessaire et drsquoabaisser sa tension (homeacuteostasie)

2 PROCESSUS DE DEacutePENDANCE ET PLACE DE LrsquoENTOURAGE

ADDICTIONS DE QUOI PARLE-T-ON laquo Dans le champ de la santeacute une conduite de consommation un com-portement ou une passion jusqursquoalors sans retentissement dommageable de-vient une addiction agrave lrsquoapparition des conseacutequences neacutegatives pour le sujet son entourage ou la socieacuteteacute raquo28 Lrsquoaddiction est un laquo processus par lequel un comportement pouvant agrave la fois per-mettre une production de plaisir et drsquoeacutecarter ou drsquoatteacutenuer une sensation de malaise interne est employeacutee de faccedilon caracteacuteriseacutee par lrsquoimpossibiliteacute reacutepeacuteteacutee de controcircler ce comportement et sa poursuite en deacutepit de la connais-sance de ses conseacutequences neacutega-tives raquo29 Elle srsquoapplique aux conduites avec produits ou comportements

La conduite addictive est une solu-

tion avant de devenir un problegraveme elle est une solution agrave une souffrance agrave la fois individuelle et du systegraveme de vie de la personne crsquoest une solution intrapsy-chique et relationnelle qui va devenir problegraveme

28 Addictionnairecopy Reacuteflexion seacutemantique en addicto-logie ANPAA 2017 37 p

29 Michel REYNAULT Philippe-Jean PARQUET Gilbert LAGRUE Les pratiques addictives usage nocif et deacute-pendances aux substances psychoactives rapport remis au secreacutetaire drsquoEtat agrave la santeacute DGS 1999 p 15 et p 37

GUIDE REPEgraveRES 25

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

24 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Les programmes et actions de preacuteven-tion sur le thegraveme de lrsquoentourage peuvent srsquointeacutegrer dans diffeacuterentes dimensions

Preacutevention universelle en commu-niquant sur les impacts sur lrsquoentourage des conduites addictives et en particu-lier sur la famille mais aussi sur les mo-daliteacutes drsquoaccueil de lrsquoentourage dans les structures speacutecialiseacutees

Preacutevention seacutelective met en jeu une sensibilisation aupregraves drsquoun public direc-tement concerneacute par le renforcement des compeacutetences psychosociales en par-ticulier des jeunes soutien des enfants en dif f iculteacute conseacutecutivement aux

conduites addictives de leurs parents soutien des conjoints soutien agrave la fonc-tion parentale en prenant appui sur

Des supports drsquoinformation deacutedieacutes comme des brochures ou information en ligne

Lrsquoorganisation de confeacuterences-deacutebats groupes de paroles et autres eacutevegravene-ments

Preacutevention cibleacutee par des actions mises en œuvre speacutecifiquement aupregraves de lrsquoentourage des personnes preacutesen-tant une conduite addictive

Un objectif pratique et fondamental la capacitation ou empowerment est

ANNEXES

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

1 LE RISQUE DE CO-DEacutePENDANCE 2 LE RISQUE DE TRANSMISSION

INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE 3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

Il srsquoagit drsquoenvisager deux champs essentiels drsquoactions touchant aux probleacutema-tiques de lrsquoentourage la parentaliteacute et les pairs et un mode drsquoaction mobi-liser des outils et surtout des professionnels autour de lrsquoaction

26 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 27

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp1 thinspLE RISQUE

DE CO-DEacutePENDANCE

1 LA CO-DEacutePENDANCE

La distorsion relationnelle de co-deacutepen-dance srsquoexprime particuliegraverement dans le champ des addictions Il existe une forme singuliegravere de deacutepen-dance la deacutependance relationnelle qui induit aussi une co-deacutependance directe agrave lrsquoautre avec une construction relation-nelle tregraves perturbeacutee Forme de conduite addictive la deacutependance relationnelle au lieu de transiter par un produit ou un comportement srsquoattache directement agrave lrsquoautre

Des deacutefinitions La co-deacutependance est un ensemble

de comportements que la personne de lrsquoentourage drsquoun individu en difficulteacute avec ses conduites addictives adopte presque sans srsquoen rendre compte pour faire face agrave la deacutependance de leur proche et lutter contre ou amoindrir les conseacutequences subies de lrsquoaddiction

La co-deacutependance est une adaptation agrave la situation de deacutependance et ses conseacutequences dans la conviction qursquoau-cune autre solution contre lrsquoaddiction de lrsquoautre nrsquoest possible

FORMES DE CO-DEacutePENDANCECe comportement de co-deacutependance peut prendre plusieurs formes plus ou moins marqueacutees comme31

31 Source httpswwwstop-alcoolch

Sur le registre du controcircle Une perte drsquoidentiteacute tendance agrave

vouloir prendre la place de la personne deacutependante en controcirclant toute sa sphegravere de vie entraicircnant la deacuteresponsa-bilisation voire lrsquoinfantilisation de la per-sonne deacutependante Une tendance agrave lobsession obses-

sion par la substance non pas par envie de consommer mais par inquieacutetude pour la personne deacutependante Une tendance agrave deacuteformer la reacutealiteacute

mentir parfois agrave des tiers (employeur amis famille) pour laquo couvrir raquo les ab-sences colegraveres manquements divers Effacer les traces des conseacutequences neacutegatives lieacutees agrave la consommation (deacute-sordre bouteilles vides etc) Effet in-duit la personne deacutependante ne voit ainsi pas certaines conseacutequences neacutega-tives de sa consommation Un sentiment de honte tentative de

maicirctrise de lrsquoimage donneacutee agrave lrsquoexteacuterieur en niant en cachant en transformant la reacutealiteacute de la vie quotidienne Cela tra-duit une difficulteacute voire incapaciteacute agrave affronter le jugement des tiers agrave lrsquoeacutegard de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives comme agrave lrsquoeacutegard de lrsquoentourage lui-mecircme les conduites ad-dictives eacutetant encore lrsquoobjet de preacutejugeacutes (vice manque de volonteacute perte de controcirclehellip) profondeacutement ancreacutes Une incapaciteacute agrave pouvoir deacuteleacuteguer

une tacircche la personne co-deacutependante a le sentiment de faire mieux plus vite etc En faisant agrave la place de lrsquoautre elle lui nie sa capaciteacute drsquoagir

viseacutee crsquoest-agrave-dire un laquo processus dans lequel des individus et des groupes agissent pour gagner la maicirctrise de leurs vies et donc pour acqueacuterir un plus grand controcircle sur les deacutecisions et les actions affectant leur santeacute dans le contexte de changement de leur environnement social et politique30 raquo Comme pour toutes actions de preacutevention drsquoaccom-pagnement ou de soins celles destineacutees aux personnes de lrsquoentourage srsquoappuient sur des outils de deacuteveloppement de leurs ressources pour accroicirctre leurs capabiliteacutes Et au-delagrave du renforcement des compeacute-tences psychosociales des personnes de lrsquoentourage lrsquoimplication des proches des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives est un facteur de reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins En effet des proches eacutecouteacutes in-formeacutes et sensibiliseacutes peuvent mieux soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche de preacutevention et de soins

On rappellera ici les principes drsquoin-tervention en preacutevention

Une deacutemarche positivant la santeacute comme ressource

Une non-dramatisation des conduites addictives et des produits (alcool tabac cannabis autres drogues) ou addictions sans produit (jeuhellip) la preacutevention srsquoappuie sur une information valideacutee et vise la deacuteconstruction des

30 EHESP laquo Glossaire multilingue de la base de don-neacutees en santeacute publique raquo httpaspbdspehespfrGlos-saire

repreacutesentations et preacutejugeacutes mais ne se limite pas agrave la seule information

Le pragmatisme et non lrsquoideacuteologie Une non-limitation aux seuls objec-

tifs de reacuteduction des conduites ou drsquoabstinence

Une prise en compte des risques et dommages sanitaires et sociaux pour la personne elle-mecircme et son entou-rage mais aussi pour la socieacuteteacute agrave court moyen et long termes

Un appui sur les ressources de lrsquoin-dividu ses expeacuteriences ses compeacute-tences en visant le renforcement de ses compeacutetences psychosociales son auto-nomie et sa qualiteacute de vie

Une deacutemarche drsquoeacuteducation agrave la ci-toyenneteacute et de lien social

28 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 29

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

france vont ecirctre verbaliseacutes et permet-tront ainsi un apaisement de la relation On peut alors ouvrir de nouvelles pers-pectives drsquoeacutevolution et envisager la sor-tie des scheacutemas de reacutepeacutetitions

Repeacuterer la co-deacutependance La non-verbalisation par honte ou ta-bou reacutecurrente en addictologie notam-ment concernant les femmes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives compte-tenu du poids des repreacutesenta-tions sociales constitue aussi pour lrsquoen-tourage un nœud drsquoeacutevitement de la si-tuation addictive et son ancrage puissant dans le corps et le psychisme de la per-sonne de lrsquoentourageIl est essentiel de repeacuterer ce qui est en train de se jouer

2 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CERCLE FAMILIAL

La famille reacutesulte de constructions so-ciales variables selon les eacutepoques et les cultures mais elle reacutepond en premier lieu agrave la neacutecessiteacute qursquoeacuteprouvent les hu-mains drsquoecirctre lieacutes La famille premier groupe drsquoapparte-nance est reacutegie par des liens speacuteci-fiques lien drsquoalliance lien de filiations lien geacuteneacutealogique lien du groupe familial avec lrsquoexteacuterieur Dans cette sphegravere familiale se nouent des liens protecteurs etou difficiles entre les membres dans le preacutesent et le passeacute32 Les conduites addictives puisent en par-tie leurs causes dans le fonctionnement

32 Cf dans ce guide 2fraslthinsp2 LE RISQUE TRANSGEacuteNEacute-RATIONNEL

de cette sphegravere et ont des conseacute-quences sur tous ses membres et selon la composition familiale sur les parents les enfants lela conjointeLa famille premier lieu drsquoexpression des situations de co-deacutependance est un noyau groupal fort capable de faire bar-rage agrave toute aide exteacuterieure par lrsquoinstau-ration drsquoun systegraveme de sauvegarde et drsquoauto-controcircle qui reacutegule le deacuteseacutequi-libre creacuteeacute par lrsquoaddiction du procheEn effet les observations cliniques ont pu montrer33 que les conduites addic-tives peuvent devenir laquo un principe or-ganisateur du systegraveme familial raquo Les probleacutematiques addictives deviennent comme un tiers qui fige la vie quoti-dienne avec des laquo modes de fonction-nements formels rigides preacutedictifs en eacuteloignant les incertitudes34 raquo Il srsquoinstaure un systegraveme qui srsquoautoreacutegule autour des probleacutematiques addictives qui concerne alors chaque membre de la famille en ce sens que chacun va se comporter en regard de la preacutesence ou de lrsquoabsence de conduite addictive et que les interac-tions se placent en fonction du produit psychoactif en question Ainsi le sujet en meacutesusage de ce produit est comme surproteacutegeacute Il nrsquoest plus le bouc eacutemis-saire drsquoune situation potentiellement conflictuelle Crsquoest au contraire lrsquoen-semble de la famille qui assume cette addiction les probleacutematiques addictives deviennent constitutives de lrsquoidentiteacute du couple et de la famille raquo

33 Vangheacutelis ANASTASSIOU Mireille SCHWEITZER Isabelle SOKOLOW laquo Pour le meilleur et pour le pire raquo Alcoologie et Addictologie ndeg 1 2002 pp 53-62

34 Ibid

Sur le registre de la protection La fusion attitude fusionnelle avec la

personne deacutependante preacutesence quasi-permanente agrave outrance reacuteduction de lrsquoautonomie du proche addict dans ses deacutemarches de soins ou dans ses temps de vie personnelle Lrsquohyper-responsabiliteacute lentourage

se sent responsable vis-agrave-vis de lrsquoexteacute-rieur de tous les comportements les faits et gestes (en particulier neacutegatifs) de la personne deacutependante La culpabiliteacute lentourage se met agrave

penser laquo je ne suis pas assezhellip raquo laquo cest de ma faute si je narrive pas agrave laider raquo Lrsquohyper adaptation lrsquoentourage se

rend disponible agrave tout moment aupregraves de la personne deacutependante ce qui en-traine par exemple des modifications de lrsquoemploi du temps de la maniegravere decirctre de fonctionner pour sadapter aux agis-sements de la personne deacutependante

Sur le registre de la reacuteclamation Un ressenti de trahison face aux

eacuteventuels renforcements ou reprises des probleacutematiques addictives du proche en comparaison aux effor ts estimeacutes mis en œuvre pour lrsquoaider Une attitude de plus en plus vindi-

cative voire agressive et exigeante en termes drsquoattendus de comportement de la personne addicte avec pour effet in-duit pour la personne addicte la perte drsquoestime de soi lrsquoincapaciteacute grandissante de reacuteagir et drsquoenvisager un accompagne-ment et des soins une incapaciteacute agrave reacute-pondre aux attentes de la personne de lrsquoentourage Une perte des limites de lrsquoindividua-

liteacute conviction drsquoecirctre lale seule agrave com-

prendre agrave savoir comment faire avec la personne addicte prendre le rocircle de soignant ou la place de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives en reacutepondant agrave sa place par exemple en tout lieu ou obligation exteacuterieure Une incapaciteacute agrave dire non similaire

au manque de limite il est la conseacute-quence dune peur de deacutecevoir de perdre la relation Ainsi la personne de lrsquoentourage existe uniquement au tra-vers de lrsquoaddiction de lrsquoautre

La personne co-deacutependante est dans

la diff iculteacute de tenir compte de ses propres besoins lieacutes au manque de limite agrave lhyper adaptation agrave la fusion et agrave lob-session en jeu dans la co-deacutependance

PREacuteVENTION ET SORTIE DU PROCESSUS DE CO-DEacutePENDANCE

Parler de la co-deacutependance Une communication globale de type laquo Nous sommes tous proches drsquoune personne addicte parlons agissons raquo ou laquo Entourage de personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives par-lons-en raquo et des actions theacutematiques seacutelectives en synergie avec les acteurs drsquoun territoire ouvrent la voie drsquoune sen-sibilisation sur la co-deacutependance Par ailleurs en rendant accessible agrave lrsquoentourage un lieu drsquoeacutecoute un appui contenant et seacutecurisant que ce soit avec ou sans la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives on permet une prise du recul de la situation et du proche addict Les reacutesistances vont se voir atteacutenueacutees les eacuteprouveacutes et la souf-

30 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 31

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Lrsquoameacutelioration des compeacutetences psy-chosociales de lrsquoun ne peut se faire sans lrsquoautre

La co-deacutependance du couple est aussi bien intra psychique qursquointeractionnelle

Les conjoints de personne en diffi-culteacute avec un produit psychoactif mani-festent dans le processus de co-deacutepen-dance certains traits psychologiques lieacutes agrave un mode relationnel construit anteacute-rieurement agrave la relation de couple

Notamment les effets de la co-deacute-pendance se manifestent particuliegravere-ment dans le cadre drsquoune relation de couple surinvestie et ideacutealiseacutee par le conjoint de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives Dans cette projection de couple le conjoint ne laquo voit pas raquo lrsquoautre en tant qursquoindividu tel qursquoil est mais en tant que personne censeacutee jouer un rocircle ideacuteal

Dans le contexte de la co-deacutepen-dance la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives devient le laquo respon-sable raquo de la non-reacutealisation de cette projection pour ne pas avoir autant que le conjoint contribueacute agrave sa reacutealisation

Le conjoint surinvestit une relation de couple ougrave lrsquoautre ne peut aider qursquoen respectant un sceacutenario conccedilu drsquoavance La personne addicte est donc drsquoembleacutee nieacutee dans son alteacuteriteacute et sa singulariteacute toutefois elle est sans doute elle-mecircme en besoin pour combler un manque qursquoelle ne peut trouver dans la relation eacutetablie

Ainsi le co-deacutependant pense avoir le pouvoir de rendre lrsquoautre abstinent pour parvenir agrave reacutealiser ce couple ideacuteal

Le conjoint co-deacutependant peut ainsi montrer

Une implication eacutemotionnelle neacutega-tive eacuteleveacutee et une grande retenue dans lrsquoexpression des sentiments avec un deacuteni du rapport de deacutesir et des relations affectives

Un mode relationnel enchevecirctreacute ou deacutesinteacutegreacute et une tendance agrave former des relations duelles fusionnelles Un rejet drsquoun leadership au sein du couple et drsquoune hieacuterarchie intrafa-miliale

La souffrance du conjoint co-deacutependant peut se manifester par

De lrsquoagressiviteacute et une certaine ob-session devant lrsquoimpuissance agrave changer le par tenaire dans sa deacutependance agressiviteacute laquo justifieacutee raquo comme neacuteces-saire pour motiver lrsquoautre agrave modeacuterer sa consommation et agrave srsquointeacuteresser agrave son conjoint et ses enfants

Lrsquointoleacuterance au manque du conjoint veacutecue comme lrsquoexpression drsquoune rela-tion de couple en eacutechec En fait le conjoint en manque devient reacuteveacutelateur du manque du conjoint co-deacutependant

Lrsquoincapaciteacute agrave changer de posture mecircme si une prise de conscience de lrsquointeraction laquo en miroir raquo du manque dans le couple se manifeste car laquo accep-ter crsquoest capituler raquo

Le non-amour de soi car la restau-ration narcissique reacuteciproque des deux par tenaires rechercheacutee dans tout couple ne se produit pas

Lrsquoabneacutegation et le deacutepassement de soi est lrsquoidentiteacute que se donne le conjoint co-deacutependant ayant une mauvaise image de lui-mecircme Le conjoint addict se trouve deacutepersonnaliseacute au sein de son propre couple

CONDUITES ADDICTIVES ET ORGANISATION FAMILIALE LE laquo SYSTEgraveME raquo35 Un constat tregraves surprenant a eacuteteacute fait concernant lrsquoalcoolo-deacutependance que lrsquoon eacutetendra aux conduites addictives laquo la personne [addicte] stabilise le fonc-tionnement de lrsquoensemble bien qursquoil le deacutesorganise En effet face aux conduites addictives chacun des membres sait preacutevoir ce qursquoil y a lieu de faire devant le deacuteroulement des eacutevegravenements comme dans un rituel connu drsquoavance Il y a une reacuteduction des incertitudes et la conseacute-quence la plus visible est la coheacutesion familiale lrsquoaspect soudeacutes des enfants et de lrsquoautre parent permettant des rap-prochements pour faire face En outre par son symptocircme ses comportements la personne [addicte] creacutee la tension autour de lui et est le reflet de lrsquoeacutetat de stress du systegraveme familialLe pheacutenomegravene drsquohomeacuteostasie du sys-tegraveme conduit agrave srsquointerroger non pas sur le pourquoi des conduites addictives mais sur

Comment le produit aide-t-il agrave maintenir ce systegraveme

Comment la personne deacutependante au produit se place-t-il dans ce systegraveme

Comment contribue-t-il agrave diminuer les incertitudes

35 Antoinette MIALON-FOUILLEUL Psychopatholo-gie familiale des conduites drsquoalcoolisation opcit pp 334-339

Comment maintient-il la coheacutesion du systegraveme

Il srsquoagit de comprendre la fonction adap-tative du comportement addictif pour permettre drsquoaider le patient agrave travers une autre maniegravere de srsquoadapter sans uti-liser le produit

LE CONJOINT CO-DEacutePENDANTLa co-deacutependance aura tendance agrave exa-cerber les nœuds relationnels du couple Il peut ecirctre parfois difficile et deacutelicat drsquoidentifier ce qui relegraveve de la co-deacutepen-dance et de ses effets dommageables sur la relation et ce qui relegraveve de diffi-culteacutes de couple inteacuterioriseacutees et refou-leacutees jusque-lagrave Crsquoest lagrave encore dans le contexte de lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool que les eacutetudes cli-niques sont les plus fournies en ap-proches des pheacutenomegravenes de co-deacutepen-dance dans le couple

La co-deacutependance du conjoint drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives se manifeste par sa difficulteacute agrave se voir en dehors de lrsquoaddiction de lrsquoautre Des observations cliniques en alcoolo-gie transposables agrave toutes probleacutema-tiques addictives montrent que

La difficulteacute de rapport aux conduites addictives est un processus patholo-gique chronique mis en route degraves lrsquoen-fance pour lrsquoun ou les deux membres du couple

Le conjoint joue un rocircle indeacuteniable et complexe propre agrave chaque relation dans lrsquoeacutevolution du processus drsquoaddic-tion de lrsquoautre

32 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 33

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

Conduites addictives et violences

Approche par le psycho trauma-tisme37 on identifie un lien entre violences subies au cours de la vie et conduites addictives avoir subi des violences expose agrave un risque de santeacute plus deacutegradeacutee tant psychique (deacute-pression anxieacuteteacute repli sur soi tenta-tives de suicide) que physique

Explications du lien entre psycho traumatisme et usage de subs-tances psychoactivesLe Dr Sharon Kingston (2009) du deacutepar tement de psychiatr ie du Centre drsquoeacutetude de lrsquoenfance de lrsquouni-

37 Violences subies ou produites et usage de subs-tances psychoactives chez les femmes en Europe et dans la reacutegion meacutediterraneacuteenne Revue de litteacuterature et eacutelaboration de pistes de recherches Groupe Pompidou Conseil de lrsquoEurope 2015 p 50

versiteacute de New York propose trois explications possibles concernant les liens entre la consommation de subs-tances psychoactives et les violences subies au cours de la vie

Le deacuteveloppement de troubles post-traumatiques agrave la suite de cer-tains cas de violences subies dans la vie la consommation de substances est ainsi consideacutereacutee comme une auto-meacutedication pour atteacutenuer les symp-tocircmes post-traumatiques

La consommation de substances creacutee les conditions de risques de vic-timisation ou drsquoautres eacuteveacutenements traumatiques et ces expeacuteriences peuvent conduire au deacuteveloppement de troubles post-traumatiques

Les violences ainsi que la consom-mation de substances surviennent dans des contextes particuliers drsquoen-vironnement familial38

38 Ibid p 14

Lrsquoimpossibiliteacute de communiquer du fait de trop ou pas assez drsquoempathie

La seacuteparation inconcevable et le temps suspendu en deacutepit de beaucoup de frustrations pour les deux parte-naires lrsquoeacuteloignement ne peut avoir lieu il y a confusion entre indeacutependance et seacuteparation

Le couple-sceacutenario est un objet agrave reacuteussir qui ne vit quasiment que dans la tecircte du conjoint co-deacutependant

Une obsession du conjoint laquo ma-lade raquo pour le comprendre ou pour le rejeter

Un veacutecu drsquoaffrontement entre le bien et le mal la co-deacutependance se met en place comme un court-circuit affectif et eacutemotionnel Lrsquoattitude de lrsquoun deacutefinit la posture de lrsquoautre

Lrsquoattachement aux familles drsquoorigine reste actif le manque originel agrave combler par chaque conjoint le rend indisponible agrave lrsquoautre

Le produit ou la conduite addictive devient un tiers dans lrsquoimaginaire de lrsquoun comme de lrsquoautre

Addiction couple et vie sexuelleSur le plan de la relation agrave lrsquoautre le pro-duit ou le comportement laquo problegraveme raquo peut venir infeacuterer dans la vie sexuelle Cette dimension est eacutevoqueacutee et appa-raicirct comme une cause de la consomma-tion ou une conseacutequence des conduites addictives laquo On sait que lrsquoalcool va agir sur trois niveaux les compeacutetences phy-siques les dispositions psychologiques individuelles lrsquoharmonie relationnelle du couple Alors que la consommation eacutepi-sodique de produit peut donner un sen-timent de potentialiteacutes sexuelles ac-crues la consommation massive et chronique peut entraicircner un deacutesinves-tissement de lrsquoindividu pour la sexualiteacute par la diminution progressive de la puis-sance sexuelle Et la consommation croissante drsquoalcool qui tente de compen-ser ce pheacutenomegravene ne fait que lrsquoaccen-tuer La dysfonction sexuelle peut ecirctre agrave la fois cause et conseacutequence de lrsquoabus drsquoalcool agrave lrsquointeacuterieur drsquoune spirale ougrave lrsquoalcool ser t agrave traiter les diff iculteacutes sexuelles mais ougrave il ne fait que les aggra-ver raquo36 Ces constats peuvent srsquoappli-quer agrave toutes les conduites addictives

36 Marie-Catherine ROUILLET-VOLMI Nathalie DUDORET laquo Alcool et sexualiteacute raquo Alcoologie ndeg 2 1995 p 124

Usages de drogues et parcours de vie traumatique chez les femmesLes traumatismes et les violences subis durant lrsquoenfance ou agrave lrsquoacircge adulte ponc-tuent freacutequemment les trajectoires de vie de femmes usagegraveres de drogues Trois constats peuvent srsquoeacutetablir entre dimension de genre et violences subies

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle chez les femmes en population geacuteneacuterale

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle observeacutee chez les hommes usagers de drogues

Un recours aux substances psy-choactives plus important chez les personnes ayant subi des violences au cours de la vie que chez celles nrsquoen ayant pas subi

34 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 35

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

particuliegraverement preacutecaires et mar-queacutees par un cumul de laquo handicaps raquo sociaux et psychologiques (handicap au sens de difficulteacute drsquoadaptation agrave lrsquoenvironnement)

Ineacutegaliteacutes de genre au deacutetriment de femmes et ses ravages en matiegravere de drogues En explorant le contexte de lrsquoinitiation et le profil de lrsquoinitiateur aux usages de drogues les eacutetudes socio-anthropolo-giques deacutemontrent encore une fois une situation nettement deacutefavorable voire discriminantes pour les femmesAlors que rares sont les hommes ini-tieacutes aux drogues par leur partenaire sexuel sauf chez certains hommes homosexuels chez les femmes en revanche lrsquoinitiation aux produits et en particulier agrave lrsquoinjection srsquoeffectue plutocirct dans le cadre de relations avec le partenaire sexuel

Soit il srsquoagit drsquoune opportuniteacute une femme envisage ou accepte des rela-tions sexuelles dans la perspective de se procurer un produit

Soit cela srsquoapparente agrave une manipu-lation en vue drsquoobtenir des faveurs sexuelles plus facilement un homme initie agrave la drogue une femme pour la rendre plus vulneacuterable et soumise sexuellement

Ce mecircme partenaire sexuel initia-teur peut devenir le fournisseur-dea-ler ce qui peut apparaicirctre au deacutepart comme plus simple pour se procurer le produit dans un cadre plus confiant devient une double deacutependance

Cette confusion des rocircles peut alors ecirctre un facteur drsquoescalade dans la consommation puis drsquoun enferme-ment dans la deacutependance

Enfin certains femmes usagegraveres de drogues se livrent agrave la prostitution avec par fois la mecircme personne comme dealer et proxeacutenegravete

Des conditions de consommations agrave risquesLe partage de mateacuteriel drsquoinjection est freacutequent au sein de couples consom-mateurs de drogues En proportion les femmes deacuteclarent partager davantage leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires sexuels qursquoinversement En ef-fet inversement les hommes usagers de drogues partagent majoritairement leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires de consommation de droguesDans la dynamique de couple le conjoint est souvent le deacutetenteur du produit lrsquoinitiateur aux drogues et agrave lrsquo injection Pour une par tie des femmes usagegraveres de drogues la pos-sibiliteacute de consommer est eacutetroitement lieacutee aux occasions qui leurs sont of-fertes par leur compagnon Cette absence de maicirctrise des cir-constances de consommation consti-tue un obstacle pour disposer de conditions confortables et choisies et notamment en disposant de mateacuteriel drsquoinjection steacuterile agrave usage personnel ideacutealement agrave usage unique

Le Guide laquo Femmes et Addictions raquo39 deacutecrit eacutegalement les liens multiples entre les violences subies et les conduites addictives dont les conseacute-quences sont plus freacutequemment ren-contreacutees chez les femmes

Les consommations de produits (al-cool et meacutedicaments principalement) ont une fonction anestheacutesiante de dis-sociation qui permet de supporter lrsquoinsupportable et sont une conseacute-quence freacutequente des violences subies

La consommation de produits illicites impose la freacutequentation drsquoun milieu plus violent ougrave le chantage sexuel et les vio-lences physiques sont nombreux

Lorsque lrsquoun des conjoints du couple est deacutependant agrave lrsquoalcool le niveau de violence conjugale est plus eacuteleveacute

Lrsquoeacutetat de conscience alteacutereacute peut ren-forcer les prises de risques et reacuteduire le controcircle de la situation favorisant no-tamment les violences sexuelles

Lrsquoaddiction chez une femme peut la rendre plus vulneacuterable aux yeux des hommes ce qui favorise les menaces et les violences agrave son encontre

La culpabiliteacute des megraveres associeacutee agrave la consommation de produits peut ecirctre redoubleacutee par les reproches drsquoun conjoint violent (lrsquoargument de laquo mau-vaise megravere raquo est tregraves freacutequemment employeacute par les auteurs de violences)

Lorsqursquoune femme subit des violences conjugales son isolement reacuteduit les chances de reacuteussite de son accompagne-ment et de ses soins en addictologie

39 laquo Les situations de violences raquo in Femmes amp Addic-tions ndash Accompagnement en CSAPA et CAARUD Feacutedeacuteration Addiction 2016 pp 40-50

ZOOM

Marginalisation de femmes en co-usage de drogues40

Une meacuteconnaissance en France sur la situation des femmes en usage probleacutematique de droguesEn France les femmes usagegraveres de drogues ayant un rapport probleacute-matique aux drogues sont mal connues Quand les femmes sont eacutetudieacutees crsquoest essentiellement agrave travers leur rocircle de megravere et des risques lieacutes agrave la prise de toxiques pour le fœtus durant la grossesse Les rares publications franccedilaises sur le sujet montrent que ces femmes sont particuliegraverement vulneacuterables vis-agrave-vis de la preacutecariteacute et sont for-tement exposeacutees agrave des pratiques agrave risque en lien avec lrsquousage des dro-gues et la sexualiteacute

Une meilleure approche dans la litteacuterature internationale deacutedieacutee Dans la litteacuterature internationale en revanche les publications relatives aux femmes usagegraveres de drogues sont nombreuses et concernent souvent la consommation de crack Les femmes y sont deacutecrites comme

40 Mar ie JAUFFRET-ROUSTIDE et a l laquo Femmes usagegraveres de drogues et pratiques agrave risque de transmission du VIH et des heacutepatites Compleacutementariteacute des approches eacutepideacutemiolo-gique et socio-anthropologique Enquecircte Coque-licot 2004-2007 France raquo BEH Theacutematique ndeg 10-11 10 mars 2009 pp 96-99

36 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 37

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les difficulteacutes de verbalisation par peur par pudeur ou par meacuteconnaissance de certains sujets tabous comme les senti-ments la sexualiteacute les prises de risques vont souvent donner lieu agrave une repreacute-sentation erroneacutee des conduites et consommations de leurs enfants sou-vent sous-estimeacutees En effet les parents ne mettent pas forceacutement en place en amont un dialogue sur les consomma-tions et les risques associeacutesUn sondage effectueacute par lrsquoINPES en 2010 montre que

17 des parents ne parlent jamais des risques lieacutes agrave lrsquoalcool avec leurs enfants

19 nrsquoont jamais exprimeacute leur deacute-saccord avec la consommation reacutegu-liegravere etou abusive drsquoalcool 21 ne parlent jamais des dangers lieacutes agrave la consommation de drogues 22 ne rappellent jamais que la consommation de drogues est inter-dite

Investissement sur lrsquoenfant trop ou pas assez Parallegravelement la relation parents-en-fants peut ecirctre lrsquoobjet drsquoun surinvestisse-ment de la part dudes parents dans une projection drsquoenfant ideacuteal ou au contraire drsquoun deacutesinvestissement no-tamment par deacutefaut de construction de lrsquoidentiteacute du parent Cette distorsion initiale agrave lrsquoimage de celle qui peut srsquoins-taller en co-deacutependance dans un couple affectera lrsquoapprentissage du jeune en termes de limites agrave trouver et de com-peacutetences de socialisation agrave acqueacuterir

Distorsions de perception des risques entre jeunes et parentsLes distorsions de perception des risques et des dommages lieacutes aux conduites addictives entre les parents et leurs enfants sont freacutequentes Souvent il y a banalisation inconsciente ou incon-seacutequente par les jeunes dramatisation par les parents mais aussi deacuteni ou aveu-glement du ou des parents sur lrsquoampleur de la probleacutematique addictive

Perception des jeunes de leurs propres conduites addictives

Pheacutenomegravene reacutecurrent et souvent relateacute le jeune va banaliser et minimi-ser sa consommation que ce soit pour le cannabis lrsquoalcool les jeux vi-deacuteo laquo Ccedila me deacutetend raquo laquo Je nrsquoen prends pas beaucoup raquo laquo Tout le monde fait pareil raquo laquo Je ne joue pas autant que ccedila raquo Cela met en jeu

La capaciteacute du jeune agrave se percevoir en difficulteacute donc agrave se connaicirctre Crsquoest justement lrsquoeacuteleacutement-cleacute de cet apprentissage que lrsquoon retrouve eacutegalement dans les problegravemes de scolariteacute et drsquoorientation

La capaciteacute agrave comprendre et affron-ter ses sentiments et ses question-nements reacuteaction agrave un contexte familial ou individuel difficile une sensibiliteacute ou fragiliteacute face agrave lrsquoattrac-tion du groupe Souvent ce sera les deux agrave la fois

PARENTS DrsquoENFANTS EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES Il srsquoagit ici drsquoapprocher ce qui se joue pour les parents en tant qursquoentourage directement impacteacute par les probleacutema-tiques addictives des adolescents

ILLUSTRATION

laquo Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques raquo eacutetude publieacutee en 2014 par lrsquoanpaa danS le nord-paS-de-calaiS

comprenant une eacutetude de litteacutera-ture une enquecircte et des preacuteconisa-tions Les constats suivants en sont pour partie tireacutes

Perturbation de lrsquoadolescence41 Avec lrsquoadolescence peacuteriode de boule-versements multiples les jeunes font lrsquoexpeacuterience de situations nouvelles Les compeacutetences psychosociales des pa-rents plus ou moins bien eacutetablies vont ecirctre interrogeacutees bousculeacutees et mises agrave mal par la question des consommations agrave risques Ces consommations inter-viennent avec une acuiteacute particuliegravere car elles tissent pour le parent la toile drsquoun futur soudainement inattendu dans lrsquoeacutevolution de leurs enfants laquo Jusque-lagrave tout allait bien raquo sera souvent leur pre-miegravere indication comme srsquoil y avait lrsquoenfant drsquoavant et lrsquoenfant drsquoapregraves Une rupture qui peut parfois ecirctre violente

41 Addictions familles et entourage Feacutedeacuteration Ad-diction 2012 72 p

pour le jeune usager comme pour le parentPremiegravere cigarette premiegravere sortie en soireacutee un joint trouveacute dans la chambre de son enfant une ou des ivresses reacutepeacute-teacuteeshellip Les parents ne sont pas (tou-jours) preacutepareacutes agrave ces laquo deacutecouvertes raquo Or la famille est le lieu ougrave se posent les limites drsquoun usage maicirctriseacute permettant une identification claire des risques et dommages la famille doit ecirctre un es-pace accessible pour clarifier les notions de plaisir et de risques dans le cadre drsquoun dialogue bienveillant

Entourage parental en questionne-ment Estime de soi et confiance en soi en

tant que parentPour oser solliciter drsquoautres parents etou des structures pour ecirctre aideacutes pour parvenir agrave produire un eacutechange eacutequili-breacute et de qualiteacute les parents doivent avoir confiance en eux Ce nrsquoest pas tou-jours le cas surtout quand les pratiques du jeune deviennent brusquement pro-bleacutematiquesPar ailleurs certains parents sont aussi en confrontation avec leur propre his-toire de jeunesse et drsquoeacuteducation qui vient se heurter agrave des pratiques expeacute-rientielles quelque part preacutevisibles et normales de la part de leur enfant Le comportement probleacutematique de lrsquoen-fant vient en reacutesonnance avec des diffi-culteacutes non reacutesolues de lrsquoenfance des parents La relation tend agrave se distordre sans que lrsquoenfant comprenne pourquoi cela engendre une telle reacuteactiviteacute ou non-reacuteactiviteacute du parent

38 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 39

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoampleur de la situation En jeu de miroirs drsquoinvestissements

neacutegatifs le jeune devient irraisonnable et nrsquoest pas ou plus en capaciteacute drsquoen-tendre ce que le parent lui dit

Le parent devient alors spectateur impuissant drsquoune deacutegradation du com-portement et du psychisme du jeune avec risques de violences contre soi ou autrui risques suicidaires par exempleUne souffrance parallegravele srsquoinstalle pour le jeune comme pour son entourage Des symptocircmes plus ou moins similaires affleurent conseacutequences de ces distor-sions de perception de la souffrance de lrsquoautre Chacun se persuade que lrsquoun ne doit pas srsquo inquieacuteter pour l rsquoautre laquo puisque crsquoest sa vie raquo

Lrsquoadolescence miroir inverseacute des parents42 Le contexte de lrsquoadolescence est aussi une peacuteriode deacutelicate pour les parents Crsquoest un peu aussi pour eux la confusion des sentiments et des ressentis Tandis que lrsquoenfant srsquoeacutemancipe les parents peuvent avoir le sentiment de perdre leur rocircle drsquoeacuteducateur pour un rocircle laquo su-balterne raquo de gestion des contingences mateacuterielles Parallegravelement tandis que le jeune est en pleine explosion de ces moyens physiques et mentaux eux abordent une seconde moitieacute de vie pas toujours dans la faciliteacute qui annonce un laquo deacuteclin raquo renvoyeacute drsquoailleurs active-ment par les pheacutenomegravenes de jeunisme drsquoune socieacuteteacute en mal de renouveau Les

42 Conduites addictives chez les adolescents ndash Usage preacutevention et accompagnement INSERM 2014 482 p (Expertise collective)

conflits freacutequents et exacerbeacutes entre parents et adolescents dans cette peacute-riode ne seront pas que le fait des deacute-passements de limites du jeune mais aussi parfois le fait drsquoune difficulteacute agrave pas-ser le cap pour le parent

Les tensions du couple parentalPreacuteexistantes ou symptomatiques drsquoune histoire eacuteducative diffeacuterencieacutee les ten-sions du couple peuvent venir compliquer la relation agrave lrsquoadolescent Lrsquoimportance de la composante eacutemotionnelle laquo neacutegative raquo au sein de la famille (critiques hostiliteacute jugement) repreacutesente un eacuteleacutement de vul-neacuterabiliteacutes de lrsquoindividu adolescent aug-mentant ses risques de conduites agrave risques notamment addictives

Place de la preacuteventionLe rocircle des intervenants va ecirctre de sou-tenir de reacuteassurer les uns et les autres selon que le jeune vienne seul ou ac-compagneacute en leur permettant de trou-ver un espace seacutecurisant dans lequel ils pourront reacuteinvestir leurs compeacutetences agrave sortir de cet engrenage et avoir un comportement responsable de leurs consommations Il faut aussi consideacuterer que lrsquoentourage des jeunes consommateurs srsquoeacutetend bien au-delagrave du cercle familial Cet entourage peut ecirctre tregraves concerneacute voire impacteacute par les difficulteacutes addictives du jeune eacutetablissement scolaire club spor tif groupe drsquoamis fratrieshellipLa preacutevention vis-agrave-vis de lrsquoentourage des adolescents pose la question essen-tielle du comment repeacuterer cela ne peut se faire que dans une synergie de plu-sieurs acteurs

Perceptions des conduites addic-tives des jeunes par lrsquoentourage paren-tal proche Les parents entourage immeacutediat du jeune affrontent un double regard

Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par leur enfant Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par le groupe social

Reacutepondre aux sollicitations pleacutethoriques de la socieacuteteacute de consommation comme aux exigences soudaines de liberteacute drsquoun preacute-adolecents qui exprime ses velleacuteiteacutes drsquoindeacutependance et de choix de groupe drsquoamis est un apprentissage permanent qui confronte les parents agrave leurs propres limites et compreacutehension

Le contexte socioculturel va influer sur les perceptions des limites agrave poserAinsi la banalisation des conduites ad-dictives est initieacutee le plus souvent lors de regroupements familiaux et justifieacutee comme moments de convivialiteacute cultu-relle Or ces comportements sont la source drsquoune deacuterive socieacutetale des consommations addictives drsquoalcool no-tamment qui touche les jeunes en plein croissance et en pleine construction ceacutereacutebrale alors mecircme qursquoun position-nement clair doit leur ecirctre donneacute

La banalisation de la crise drsquoadoles-cenceLes parents adossent souvent des com-portements abusifs ou extrecircmes agrave la seule crise drsquoadolescence arguant que cela est passager puisque deacutesormais la crise drsquoadolescence est abordeacutee comme un moment laquo attendu et entendu raquo dans lrsquoeacutevolution de lrsquoenfant Pourtant les

conduites addictives des jeunes preacute-adolescents et adolescents est un pheacute-nomegravene qui va au-delagrave de la crise drsquoado-lescence et peut ecirctre une source de repli sur soi et de deacutecrochage scolaire Ainsi les signes suivants ne sont pas tou-jours appreacutecieacutes agrave la hauteur de leur reacuteelle signification

Isolement dans la chambre Absence ou refus de communication

y compris avec leur groupe de pairs ou sauf si celui-ci est dans le mecircme proces-sus destructeur

Excegraves de violence

Un processus de co-deacutependance peut aussi srsquoinstaurer dans la relation agrave lrsquoenfant en risque ou en difficulteacute avec ses conduites addictives avec

La honte et la culpabiliteacute qui suc-cegravedent au deacuteni laquo Jrsquoai eacuteteacute trop laxiste avec luielle mais je voulais lui donner ce que je nrsquoai pas eu raquo laquo Jrsquoai voulu compen-ser le manque de lrsquoautre parent raquo

La certitude de pouvoir (vouloir) srsquoen sortir seul

Lrsquoisolement croissant avec lrsquoaddic-tion du jeune ecirctre toujours lagrave pour le proteacuteger le surveiller

La remise en jeu de ses propres dif-ficulteacutes drsquoenfance non reacutesolues soit en cherchant des justifications au compor-tement du jeune soit en ne toleacuterant rien et en installant une rigiditeacute extrecircme On peut alors parler de transmission trans-geacuteneacuterationnelle influant sur la relation existante agrave lrsquoautre

La dramatisation suit eacutegalement la neacutegation de la situation drsquoautant plus forte que le jeune la minimise Le parent aimant se sent alors impuissant face agrave

40 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 41

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Dans le contexte familial drsquoune probleacute-matique addictive drsquoun parent ou des deux les risques et dommages sur les enfants sont tregraves variables agrave court moyen ou long terme Les troubles conseacutecutifs agrave lrsquoaddiction du proche deacutependront du fonctionnement plus global de la famille et de son maintien de son organisation systeacutemique des comportements et atti-tudes du conjoint du deacutependant de lrsquoacircge des enfants lors du veacutecu des probleacutema-tiques addictives de leur parent

Troubles potentiels chez les enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesLorsque les parents sont dans lrsquoincapa-citeacute drsquoassurer certaines fonctions paren-tales habituelles courantes ou normales au regard de lrsquoattendu drsquoecirctre parent cela peut engendrer des troubles pour lrsquoenfant

Des troubles du deacuteveloppement lieacutes au deacutefaut de reacuteponses aux besoins psy-chiques etou physiques voire de com-portements de maltraitances

Une inseacutecuriteacute juridique lieacutee aux modaliteacutes deacutelictueuses drsquoaccegraves et de consommation des produits dans le cas de substances illicites

Une inseacutecuriteacute affective en tant que teacutemoin drsquoeacuteventuels conflits conjugaux lieacutes aux conduites addictives de leurmiddots parentmiddots en termes de causes comme de conseacutequences ou ecirctre pris agrave parti dans les conflits entre leurs parents voire sommeacutes de prendre parti

Un risque plus eacuteleveacute drsquoeacutevoluer vers des troubles psychiques et comporte-mentaux des conduites agrave risques des probleacutematiques addictives dans le cadre

drsquoune transmission intergeacuteneacuterationnelle qursquoen population geacuteneacuterale

Agrave court terme un risque reacuteel drsquoins-taller une forme de co-deacutependance propre agrave leur acircge et agrave leur nature drsquoen-fant Conseacutecutivement agrave la deacutefaillance de leurs parents ces enfants agissent dans la volonteacute de proteacuteger leur parent laquo malade raquo

Lrsquoenfant et le parent en difficulteacute avec ses conduites addictives45 46

Lrsquoenfant est un enjeu dans le systegraveme de reacutegulation de la famille

Pour comprendre son fonctionne-ment il faut comprendre son contexte drsquoeacutevolution les interactions entre les membres de sa famille capables drsquoenga-gement les uns envers les autres Ces interactions constituent des attitudes de laquo loyauteacute familiale raquo qui engendre une sorte de laquo comptabiliteacute raquo de ce que cha-cun donne de ce que chacun reccediloit et de ce que lrsquoon srsquoattend agrave recevoir en eacutechange

Dans le processus de parentifica-tion lrsquoenfant devient parent de son propre parent parent de sa fratrie ou conjoint drsquoun de ses parents Le principe de parentification peut permettre de deacutevelopper des compeacutetences agrave condi-tion que ce qui lui est demandeacute en termes de responsabiliteacute soit adapteacute agrave son acircge et qursquoil reccediloive une reconnais-sance de qursquoil peut faire

45 Catherine DUCOMMUN-NAGY laquo Nouvelles fa-milles nouvelle deacutefinition de la loyauteacute familiale raquo in S DrsquoAMORE (dir) Les nouvelles familles Approches cli-niques De Boeck Supeacuterieur pp 261-280

46 Philippe MICHAUD laquo Les enfants de parents al-cooliques raquo Le carnet PSY 20011 (ndeg 61) pp 33-35

PARENTIFICATION DES ENFANTS

ZOOM

La parentification

DeacutefinitionJean-Franccedilois Le Goff deacutefini la parenti-fication comme laquo un processus rela-tionnel interne agrave la vie familiale qui amegravene un enfant ou un adolescent agrave prendre des responsabiliteacutes plus im-portantes que ne le voudraient son acircge et sa maturation dans un contexte socioculturel et historique preacutecis et qui le conduit agrave devenir un parent pour ses (ou son) parents Crsquoest un processus impliquant toujours plusieurs geacuteneacutera-tions qui plonge ses racines dans les geacuteneacuterations des grands-parents et dont les conseacutequences peuvent tou-cher les geacuteneacuterations agrave venir raquo43

43 Jean-Franccedilois LE GOFF Lrsquoenfant parent de ses parents Parentification et theacuterapie familiale LrsquoHar-mattan 2000 256 p

laquo La notion de parentification appa-raicirct [hellip] une notion clinique englo-bante et complexe ayant lrsquointeacuterecirct drsquoapprocher un processus en action dans toutes les relations familiales mais surtout drsquoeacuteviter les descriptions simplistes se contentant de deacutesigner des rocircles ou des caracteacuteristiques indi-viduelles reacuteductrices de la complexiteacute du contexte relationnel Lrsquoenfant pa-rentifieacute nrsquoest pas toujours un laquo enfant adultifieacute raquo et ses (ou son) parents ne sont pas des laquo adultes immatures raquo Se baser sur une conception homo-gegravene de la maturiteacute est une simplifica-tion ne correspondant ni agrave la reacutealiteacute clinique ni agrave la vie quotidienne raquo44

44 Jean-Franccedilois LE GOFF laquo Theacuterapeutique de la parentification une vue densemble raquo Theacuterapie Familiale vol 26 ndeg 3 2005 pp 285-298

VIGILANCE

sur les sources drsquoinformationLe site internet et la chaine YouTube laquo Alcool et parents - comment parler drsquoalcool agrave vos enfants raquo sont proposeacutes par lrsquoassociation laquo Avec modeacuteration raquo (anciennement laquo Entreprise et preacutevention raquo) association qui reacuteunit les princi-pales entreprises franccedilaises du secteur des vins et champagnes biegraveres et spiri-tueux en meacutetropole et agrave La Reacuteunion Son discours de preacutevention est donc influenceacute pour ne pas dire dicteacute par lrsquoactiviteacute agrave but lucratif de ses membresCes informations eacutetant issues des producteurs drsquoalcool eux-mecircmes sont degraves lors orienteacutees Crsquoest lrsquoune des formes multiples de la strateacutegie de lobbying des alcooliers

42 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 43

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

Risque de co-deacutependance amp ParentificationGroupeS de parole agrave deStination drsquoenfantS de familleS en difficulteacute avec leurS conduiteS addictiveS en bretaGne

CONTEXTE LrsquoANPAA en Ille-et-Vilaine co-anime agrave Rennes depuis 2000 avec le CSA-PA un groupe de parole drsquoenfants is-sus de famille agrave dysfonctionnement alcoolique Cette deacutemarche srsquoest deacute-veloppeacutee sur cinq territoires drsquoIlle-et-Vilaine eacutelargie depuis 2014 aux quatre deacutepartements bretonsUne eacutevaluation de la mise en œuvre de ces groupes a eacuteteacute meneacutee en 2014LrsquoANPAA accompagne des acteurs en Bretagne dans la mise en œuvre de ces groupes sur leurs territoires par la formation laquo Enfants de parents deacute-pendants comprendre et intervenir raquo

ORIGINE DU PROJET

Lrsquoinitiative de creacuteer ces groupes de paroles reposait sur un triple constat

Peu de structures etou de dispo-sitifs existaient pour accompagner les enfants issus de ces familles

Le systegraveme familial marqueacute par lrsquoalcool a des conseacutequences sur la vie quotidienne de lrsquoenfant que cela soit en termes de vie quotidienne (vio-lences eacuteventuelles absenceshellip) drsquoatti-tudes vis-agrave-vis de ses parents ou drsquoacquisitions de rocircles lui permettant de maintenir le lien avec ses parents

La non-prise en compte de cette

laquo vie drsquoenfant raquo et de lrsquoeacutequilibre dans les relations au sein du systegraveme fami-lial dans le respect de son identiteacute peut agrave terme entraicircner le deacuteveloppe-ment de conduites agrave risques etou amener la reproduction pour lrsquoenfant lors du passage agrave lrsquoacircge adulte drsquoun modegravele familial marqueacute par lrsquoalcool Forte de ces constats lrsquointervention sous forme de groupes repose sur lrsquoobjectif de laquo rompre lrsquoisolement raquo dans lequel les enfants se trouvent au sein de la cellule familiale De mecircme lrsquoutilisation de la parole comme meacutethode et objet des groupes srsquoinscrit comme une premiegravere eacutetape indispensable agrave la restauration de lrsquoes-time de soi Les objectifs des groupes de paroles sont bien drsquoapporter du soutien ndash sans le jugement sur la famille - et drsquoordre preacuteventif en reacuteduisant les risques de recours aux produits psy-choactifs etou drsquoentrer dans la reacutepeacuteti-tion des conduites de deacutependance agrave lrsquoacircge adulte La forme choisie et les objectifs poursuivis correspondent aux caracteacuteristiques du public

PUBLIC jeunes de 10 agrave 18 ans impacteacutes par les conduites addictives de leurs parents

OBJECTIFS GEacuteNEacuteRAUX

Proposer un lieu drsquoeacutecoute pour li-beacuterer la parole des jeunes

Favoriser les eacutechanges avec et entre les enfants et les adultes

Partager les veacutecus et sentiments personnels

Chez le jeune enfant (avant lrsquoadoles-cence) la parentification instaure un comportement de loyauteacute indeacutefectible qui empecircche lrsquoenfant drsquoexprimer ses dif-ficulteacutes

La deacutefaillance du parent voire la maltraitance porteacutee par le symptocircme addictif amegravene lrsquoenfant agrave se rendre le plus invisible possible pour deacuteranger le moins possible La reacuteaction de surpro-tection de lrsquoenfant est un don jamais suffisant pour compenser ce que le pa-rent ne peut lui appor ter Lrsquoenfant cherche agrave excuser le parent malade plu-tocirct qursquoagrave le rejeter De ce fait lrsquoenfant ne peut verbaliser explicitement une de-mande drsquoaide ni exprimer son eacutetatsa situation par un quelconque symptocircme Mais la difficulteacute des adultes agrave aborder avec lui la question des consommations de substances psychoactives amegravene souvent lrsquoenfant agrave douter de ses percep-tions et agrave se renforcer dans son rocircle deacutefensif

Chez lrsquoadolescent la parentification nrsquoempecircchera pas le jeune de trouver la ressource de srsquoopposer Les formes de ses difficulteacutes seront donc plus souvent laquo symptomatiques raquo mais cela ne signi-fie pas qursquoelles soient pour autant plus faciles agrave aborderIdentifier et preacutevenir les risques de pa-rentification est un enjeu pour la future vie drsquoadulte de lrsquoenfant Crsquoest aussi une eacutetape essentielle pour un meilleur ac-compagnement et soins du parent en difficulteacute avec ses conduites addictives sur le plan de sa fonction parentale

Preacutevention des risques chez lrsquoenfant de parent en difficulteacute avec ses conduites addictivesPlusieurs axes sont essentiels agrave la preacute-vention des risques et agrave la reacuteduction des dommages concernant les enfants en danger de parentification

Le repeacuterage systeacutematique des eacuteven-tuelles probleacutematiques familiales des adultes accompagneacutes en soins en addic-tologie ou conjoint de ses personnes

La formation des intervenants du secteur de lrsquoenfance le repeacuterage des enfants en souffrance passe en premier lieu par un renforcement des capaciteacutes drsquointervention des personnes du secteur de lrsquoenfance La formation en addictolo-gie doit viser une deacuteconstruction des repreacutesentations une capaciteacute de com-preacutehension des probleacutematiques addic-tives de repeacuterage chez les enfants qui en subissent les conseacutequences une ca-paciteacute drsquoorientation vers les dispositifs speacutecialiseacutes si neacutecessaire

Lrsquoeacutecoute lrsquoobjectif premier en ac-tions de preacutevention sur ce sujet est de trouver les ressorts pour favoriser la parole des enfants en collectif ou en individuel Freacutequemment des enfants preacute-adolescents ou adolescents confient leurs difficulteacutes ou soucis face aux pro-bleacutematiques addictives de leurs parents agrave un animateur qui intervient au deacutepart sur leurs propres conduites addictives Cette eacutecoute doit ecirctre active et doit permettre si besoin une orientation vers un accompagnement individuel de lrsquoenfant en structure speacutecialiseacutee ou pas

44 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 45

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Inscrire formellement lrsquoorientation dans le cadre des pratiques profes-sionnelles

Ces aspects sont agrave mettre en rela-tion avec le laquo parcours du jeune raquo

lrsquoayant meneacute agrave la reacuteunion du groupe de paroles et agrave croiser avec les lieux de vie dans lequel le jeune peut ren-contrer le professionnel laquo orienteur raquo

Aider agrave la formulation par les en-fants de solutions favorables agrave leur bien-ecirctre

Garantir un accompagnement par des professionnels de la relation drsquoaide

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider lrsquoenfant agrave Prendre conscience nommer ses besoins propres Repeacuterer nommer ses eacutemotions Nommer les solutions qursquoil adopte pour geacuterer ses eacutemotions Eacutelaborer et nommer des solutions alternatives

PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT

DU GROUPE DE PAROLE

Le recrutement des jeunes peut se faire par les familles par lrsquointermeacute-diaire de professionnels ou drsquoune as-sociation par le jeune lui-mecircme

Chaque jeune est reccedilu preacutealable-ment en entretien individuel drsquoaccueil pour creacuteer la premiegravere relation preacute-senter le fonctionnement du groupe de parole et reacutepondre agrave ses questions

Le groupe fonctionne comme un groupe ouvert chaque jeune a la pos-sibiliteacute drsquoassister au nombre de reacuteu-nions qursquoil choisit il peut quitter le groupe agrave tout moment

Un adulte annote les paroles des jeunes sur un cahier durant la seacuteance qui est mis par la suite agrave leur disposi-tion Objectifs permettre les trans-missions entre adultes reacutefeacuterents et animateurs et permettre aux jeunes

de repeacuterer leur propre eacutevolution Des outils drsquoanimation comme le

geacutenogramme les lunettes drsquoalcooleacute-mie les teacutemoignages les bandes des-sineacuteeshellip peuvent ecirctre utiliseacutes et les jeunes peuvent aussi amener des sup-ports individuels tels que des poeacutesies chansons dessinshellipGroupe reacuteuni tous les 15 jours drsquoune dureacutee drsquoenviron 1 h 30

PREacuteCONISATIONS

Preacuteserver la mixiteacute et la diversiteacute professionnelle des intervenants dans lrsquoanimation du groupe cet aspect implique notamment la prise en compte par les institutions le fait que le temps drsquoanimation et de supervi-sion soient consideacutereacutes comme temps de travail

Renforcer le sentiment drsquoapparte-nance entre les animateurs des groupes de paroles

Renforcer la formation sur lrsquoanimation Expeacuterimenter de nouvelles techno-

logies

ORIENTATION

Informer les professionnels sur ce qursquoest un groupe de parole

Par une diffusion sur les lieux de vie des jeunes (collegravegues lyceacutees maison des adolescents foyer eacuteducatifhellip)

Par des preacutesentations dans les ins-titutions etou services concerneacutes par lrsquoaccueil des jeunes

En associant la preacutesentation des groupes de parole aux programmes de preacutevention meneacutes dans les structures

ZOOM

Preacutevention des risques et des dommagesenfance en danGer informationS preacuteoccupanteS et SiGnalement47

Ce que dit la loi Le fait pour quiconque ayant eu connaissance de privations de mau-vais traitements ou drsquoagressions ou atteintes sexuelles infligeacutes agrave un mineur ou agrave une personne qui nrsquoest pas en mesure de se proteacuteger en raison de son acircge drsquoune maladie drsquoune infir-miteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique ou drsquoun eacutetat de grossesse de ne pas en informer les autoriteacutes judiciaires ou administratives est puni de 3 ans drsquoemprisonnement et de 45 000 euros drsquoamende48

Cateacutegories de publics concerneacutees Personnes en situation de fragiliteacute

les mineurs et les personnes acircgeacutees les personnes malades atteintes drsquoune

47 Pour aller plus loin le site de service public httpswwwservice-publicfrparticuliersvosdroitsF781

48 Article 434-3 du Code Peacutenal modifieacute par la loi ndeg 2016-297 du 14 mars 2016-art46

infirmiteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique et les femmes enceintes

Alors que jusque-lagrave seuls les mi-neurs de 15 ans eacutetaient concerneacutes la loi du 14 mars 2016 relative agrave la pro-tection de lrsquoenfance ne distingue plus entre les diffeacuterents acircges et ouvre agrave tous les mineurs

Deacutefinition de lrsquoenfance en dangerUn enfant est consideacutereacute en danger ou risque de lecirctre si sa santeacute sa seacutecuriteacute sa moraliteacute ou son deacuteveloppement physique affectif intellectuel et social sont compromis

Lorsqursquoil est victime de violences physiques ou psychologiques de neacutegli-gences lourdes ayant des conseacutequences graves sur son deacuteveloppement

Lorsqursquoil est victime drsquoagression sexuelle

Lorsque ses conditions de vie peuvent compromettre sa santeacute sa seacutecuriteacute et son eacuteducation

Signalement Il peut ecirctre adresseacute agrave lrsquoautoriteacute judi-ciaire ou agrave lrsquoautoriteacute administrative En cas drsquourgence ou de crimes ou de deacutelits graves le Parquet doit ecirctre

46 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 47

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CHAMP SOCIAL

On srsquointeacuteressera ici agrave deux situations de co-deacutependance dans le champ social entre adolescents drsquoune part en milieu professionnel drsquoautre part

CO-DEacutePENDANCE ENTRE ADOLESCENTS

Lrsquoadolescence une peacuteriode de recherche des limites et de soi-mecircme

La socialisation deacutebute degraves la nais-sance et se poursuit tout au long de la vie Elle commence dans lrsquointeraction avec les parents et le cercle familial eacutelar-gi et srsquoouvre progressivement en re-cherchant la compagnie des autres

Par ailleurs des instances de sociali-sation qui prennent autant de formes de groupes drsquoappar tenance (modes drsquoaccueil et scolarisation associations reacuteseaux sociaux etc) interfegraverent sur le rocircle eacuteducatif des parents

Agrave lrsquoadolescence les enfants se deacute-tournent du groupe familial avec plus ou moins de soif de liberteacute et drsquoindeacutepen-dance selon les individus et la deacutemarche eacuteducative des parents Dans une re-cherche narcissique drsquoidentification lieacutee agrave une peacuteriode de bouleversements psy-chiques et physiques ils cherchent agrave laquo construire raquo une personnaliteacute mais aussi agrave deacutepasser les limites fixeacutees par leur eacuteducation lrsquoenvironnement social familial ainsi que leurs propres peursmanques

Par ailleurs ces attitudes et compor-tements sont eacutemailleacutes de doute sur soi et sur le monde Certains font preuve drsquoun eacuteloignement drsquoune distance mar-quante que ce soit dans la relation agrave la famille ou aux amis habituels laquo Le jeune est souvent eacutetranger agrave lui-mecircme on pourrait mecircme dire que son corps fait partie de son entourage proche raquo49

Lrsquoidentification au groupeLa co-deacutependance des adolescents au sein drsquoun groupe drsquoamis ou du moins de freacutequentations amicales est en lien eacutetroit avec le contexte de socialisation qui srsquoopegravere agrave cet acircge dans le cercle exteacute-rieur agrave la famille Les adolescents srsquoinsegraverent agrave des groupes particuliers (ou groupes drsquoappartenance) qursquoils soient naturels spontaneacutes ou structureacutes socialement Ces groupes se forment dans le cercle scolaire sportif ou drsquoactiviteacutes culturelles parfois aussi dans le quartier ou la zone reacutesidentielle Lrsquoadolescent est en mesure parfois de srsquoinseacuterer au sein de plusieurs groupes diffeacuterencieacutes par leurs centres drsquointeacuterecirct commun (les amis du collegravege du club de sport du cercle amical de la famille etc) Dans le contexte actuel de famille freacutequemment deacutenucleacuteariseacutee lrsquoado-lescent aura entre ces deux parents de multiples occasions de partir agrave la deacutecou-verte de nouveaux environnements Par ailleurs suivant les liberteacutes prises ou accordeacutees en termes de sortie le champ relationnel des jeunes devient vite ex-ponentiel

49 Veacuteronique GARGUIL laquo Les multiples entourages du jeune consommateur raquo Actal ndeg 3 2007 pp 18-19

saisi prioritairement afin drsquoordonner des mesures de protections de la vic-time et diligenter une enquecircte il convient drsquoinformer en parallegravele les autoriteacutes administratives

Information preacuteoccupanteLrsquoinformation preacuteoccupante est une proceacutedure qui permet de signaler une situation drsquoun enfant en danger ou ris-quant de lrsquoecirctre Cette information preacuteoccupante peut ecirctre faite

Par courrier au Preacutesident du Conseil Deacutepartemental il existe dans chaque Conseil Deacutepartemental une cellule deacutedieacutee au recueil drsquoinfor-mations preacuteoccupantes porteacutee par lrsquoAide Sociale agrave lrsquoEnfance (ASE) lrsquoin-formation peut se faire par courrier par teacuteleacutephone par mail et lors drsquoun accueil physique Tous les signale-ments peuvent ecirctre faits drsquoune ma-niegravere anonyme

Par teacuteleacutephone en contactant le 119 (Service National drsquoAccueil Teacuteleacute-phonique pour lrsquoEnfance en Danger (SNATED) 24h24h et 7 jours sur 7)

Par teacuteleacutephone en contactant le 17 Police ou Gendarmerie (24h24h)

Lorsque la situation de lrsquoenfant est drsquoune extrecircme urgence (par exemple en cas de maltraitance de violences sexuelles) il est possible de saisir di-rectement le Procureur de la reacutepu-blique

Proceacutedure apregraves information Degraves reacuteception des informations

preacuteoccupantes lrsquoASE procegravede agrave une analyse de premier niveau afin drsquoap-preacutecier la suite agrave donner

En cas drsquoinfractions peacutenales (agres-sions sexuelles ou violences aveacutereacutees) la cellule transmet immeacutediatement les informations au Procureur de la Reacutepu-blique

Dans les autres cas la cellule sol-licite une eacutevaluation de la situation aupregraves du service territorial drsquoaction sociale compeacutetent

Lrsquoeacutevaluation solliciteacutee devra per-mettre drsquoappreacutecier si lrsquoenfant signaleacute se trouve en situation de danger et de proposer agrave la famille toutes les mesures drsquoaide permettant de remeacute-dier agrave la situation

Si la famille refuse lrsquointervention du service territorial drsquoaction sociale et que le danger perdure un signale-ment au Procureur de la Reacutepublique est effectueacute par la cellule Le juge des enfants peut ecirctre saisi et deacutecider toute mesure de protection judiciaire approprieacutee

48 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 49

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

car ils sont precircts agrave beaucoup pour ecirctre accepteacutes par leurs pairs et se focalisent sur les reacuteactions perccedilues agrave leur en-contre

Si nombre de jeunes parviennent agrave maicirctriser leurs tentations une partie non-neacutegligeable drsquoentre eux a tregraves tocirct des expeacuteriences de consommation de produits psychotropes et drsquoalcool en groupe agrave un acircge ougrave la toute-puissance supposeacutee du corps pousse en geacuteneacuteral agrave neacutegliger le risque de probleacutematique addictive

PreacuteventionPartant de ce constat lrsquoexpertise IN-SERM relative aux conduites addictives chez les jeunes51 souligne lrsquointeacuterecirct de sensibiliser les jeunes agrave lrsquoinfluence des amis pour preacutevenir les initiations et eacuteventuelles conduites addictives plus tard Les compeacutetences psychosociales qui doivent ecirctre deacuteveloppeacutees sont la gestion de lrsquoinfluence des pairs et la ca-paciteacute drsquoaffirmation de soi

51 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

ZOOM

Srsquoinscrire dans une appartenance lrsquoinfluence du groupe dans les motivations et trajectoires de conduites addictives agrave lrsquoadolescence52

Lrsquoenjeu de sociabiliteacute et la dimension collective deacuteterminent toutes les ini-tiations aux drogues Lrsquoaspect relation-nel domine les reacutecits il srsquoagit agrave la foi drsquoexpeacuterimenter les sentiments per-ceptions et penseacutees drsquoautrui et de former une communauteacute affective immeacutediate laquo Essayer ensemble raquo est souvent preacutesenteacute comme un signe drsquoadheacutesion de confiance drsquoidentifica-

52 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations moti-vations et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo Tendances ndeg 122 Deacutecembre 2017 8 p

tion et de validation mutuelles en particulier chez les filles (agrave lrsquoimage des reacutecits drsquoinitiation tabagique avec laquo une meilleure amie raquo en secret comme pour sceller un engagement intime reacuteciproque) Agrave lrsquoinverse parmi les gar-ccedilons la premiegravere cigarette est eacutegale-ment fumeacutee en groupe souvent avec les aineacutes consideacutereacutes comme des men-tors Le point commun de toutes ces expeacuterimentations (tabac alcool can-nabis) est le renforcement drsquoun lien Il srsquoagit selon les cas de consolider une alliance ou de conjurer le risque de mise agrave lrsquoeacutecart du groupe (agrave lrsquoimage de la justification laquo tout le monde fume alorshellip raquo) Le capital social est parfois expliciteacute laquo Jrsquoavais des problegravemes drsquoacceptation donc je pensais que en fumant ccedila allait plus me socialiser raquo (Thomas 16 ans)

Importance et inf luence du laquo groupe drsquoamis raquo sur les tenta-tives de lrsquoadolescent50

Crsquoest tregraves souvent au cœur des groupes drsquoappartenance que se font les premiegraveres consommations de subs-tances psychoactives

Les jeunes dont les amis consomment des produits psychoactifs preacutesentent des niveaux de consommation plus eacutele-veacutes que ceux dont les amis ne consom-ment pas Ceci reflegravete probablement agrave la fois

La faccedilon dont les adolescents choi-sissent leurs amis Lrsquoinfluence des consommations des pairs sur les populations adoles-centes

Ce constat est eacutegalement valable pour les jeux de hasard et drsquoargent et les jeux videacuteo drsquoautant plus que leur pratique est ressentie comme un loisir agreacuteable excitant et associeacute agrave des valeurs posi-tives

Concernant les tentatives drsquousage de produits psychotropes de nombreuses eacutetudes ont eacuteteacute meneacutees pour mieux appreacutehender les comportements des jeunes et la perception qursquoils ont de leurs cercles amicaux en tant qursquoinfluen-ceurs de prise de risques

Lrsquoinfluence du groupe de pairs sera drsquoautant plus manifeste que les parents ne peuvent assurer une surveillance et garantir un attachement de qualiteacute

Lrsquoidentification au groupe deacuteveloppe une notion drsquoappartenance qui peut

50 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

devenir vitale pour le jeune adolescent notamment srsquoil est peu rassureacute ou mal agrave lrsquoaise avec son individualiteacute

Certains adolescents sont precircts agrave aller tregraves loin pour ecirctre accepteacutes dans un groupe Les pheacutenomegravenes de rejet ou de moqueries de la part de groupes peuvent aussi provoquer une mise en abicircme de lrsquoadolescent

Ambivalence du groupe drsquoapparte-nance Pour les adolescents et les jeunes adultes le groupe drsquoappartenance peut revecirctir plusieurs formes

Le clan facteur de construction iden-titaire est une source drsquoaffection de soutien moral de questionnements et de deacutepassement de soi Il peut aussi ecirctre source drsquoinhibitions parfois bloquantes agrave lrsquoeacutecole ou ailleurs Agrave travers le clan le jeune trouve une limite agrave lrsquoeffet miroir et parvient peu agrave peu agrave srsquoindividualiser et agrave construire sa propre identiteacute

Le clan peut aussi ecirctre facilitateur de prises de risques lrsquoeffet groupe a ten-dance agrave creacuteer une barriegravere agrave lrsquointeacuterieur de laquelle le jeune se sent proteacutegeacute et tout-puissant libre de multiplier les prises de risques

Les expeacuteriences agrave risques constituent pour les membres du clan une eacutechappa-toire dont ils srsquoempareront pour sortir de leur quotidien dans lequel la pression est souvent grande conflits familiaux examens premiers amours permis orientation

Contrairement agrave ce qursquoils pensent les adolescents ne perccediloivent pas et ne maitrisent pas toujours la nature nocive de certains rapports amicaux de groupe

50 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 51

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

THEgraveMES

Ces DVD permettent daborder diffeacuterentes theacutematiques question-neacutees par ladolescence

Ecirctre adolescent Ladolescence Ecirctre en lyceacutee professionnel ecirctre interne Les relations parents-adoles-cents ecirctre parent dadolescent Les conduites addictives tabac cannabis alcool eacutecrans Lrsquoamour et la sexualiteacute Le bonheur

CO-DEacutePENDANCE EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte53 Les probleacutematiques addictives en milieu professionnel sont nommeacutees comme telles car elles concernent des travail-leurs qui font eacutetat de difficulteacutes varieacutees et laissent apparaicirctre les effets drsquoune conduite addictive sur le lieu de travail voire en consommant sur le lieu de travail

Les usages de substances psychoactives en milieu professionnel peuvent ecirctre consideacutereacutes sous deux eacuteclairages compleacute-mentaires drsquoun mecircme pheacutenomegravene qui ne doivent pas ecirctre opposeacutes

Eclairage selon lequel les conduites addictives peuvent faire peser des risques sur la seacutecuriteacute en milieu professionnel et sur les performances des organisations

53 Christophe PALLE Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel OFDT note de synthegravese ndeg 2015-05 8 octobre 2015 13 p

Eclairage selon lequel le travail est consideacutereacute comme deacuteterminant de la santeacute des professionnels santeacute elle-mecircme facteur de seacutecuriteacute et de perfor-mance des organisations il srsquoagit donc drsquoanalyser les liens entre conduites ad-dictives et travail (organisation du travail management culture drsquoentreprise)

Les conduites addictives peuvent impac-ter un large laquo entourage raquo en milieu professionnel du collaborateur au cadre dirigeant voire tout un service de lrsquoen-treprise Ces conduites addictives long-temps passeacutees sous silence sont de plus en plus deacutevoileacutees et eacutetudieacutees du fait

Drsquoune intensification des tacircches et de la reacuteduction des effectifs dans de nom-breux domaines drsquoactiviteacutes De ce fait lrsquoentourage professionnel mecircme srsquoil envisage difficilement et tardivement de faire connaicirctre le comportement addic-tif du collaborateur aura de plus en plus de mal agrave assumer les reports de tacircches et lrsquoambiance deacuteleacutetegravere induits par lrsquoad-diction du collaborateur

Drsquoune leacutegislation plus contraignante pour les employeurs qui sont respon-sables de la santeacute au travail de leurs employeacutes

Drsquoune approche plus efficiente du tabou des addictions en milieu profes-sionnel

Toutefois il est agrave remarquer que nombre drsquousagers de drogues de co-caiumlne notamment demeurent invisibles Leur addiction plus ou moins maicirctriseacutee reste largement masqueacutee par un com-portement dissocieacute entre sphegraveres pri-veacutee et professionnelle Ainsi une grande

ILLUSTRATION

Coffret de deux DVD et livret laquo Adolescences raquo produit par lrsquoanpaa danS lrsquooiSe

Ce coffret de deux DVD permet daborder la question des conduites addictives en srsquointeacuteressant agrave ladoles-cence de maniegravere globale dans une approche positive de la santeacute Dune dureacutee de 3 h 20 il a eacuteteacute reacutealiseacute dans le cadre drsquoun partenariat entre lrsquoANPAA dans lrsquoOise et le lyceacutee professionnel Jules Verne de Grandvilliers gracircce agrave la mobilisation de pregraves de 200 per-sonnes sur 3 anneacutees (de sept 2012 agrave septembre 2015) dans la construction des interviews les teacutemoignages leacutecri-ture et le tournage de sceacutenarios le montage videacuteo la reacutedaction et la lec-ture du livret daccompagnement jusquagrave la composition de la bande originale

PUBLIC DESTINATAIRE

Il srsquoadresse aux adolescents de 12 agrave 20 ans environ aux parents drsquoadolescents aux professionnels travaillant aupregraves drsquoadolescents etou de leurs parents

OBJECTIFS

Amener les adolescents les adultes (professionnels etou parents dadolescents) agrave reacutefleacutechir agrave verbaliser leurs repreacutesentations agrave deacutebattre et reacuteagir suite au visionnage de certaines de ces interviewssceacutenarios

Apporter des repegraveres et des eacuteleacute-

ments theacuteoriques pour mieux cerner les enjeux et comprendre chacune des theacutematiques qui gravitent autour de ladolescence (conduites addictives les eacutecrans lamour et la sexualiteacutehellip)

Faire prendre conscience aux pa-rents aux professionnels et aux ado-lescents que chacun a sa propre re-preacutesent at ion de ce que s t ladolescence et quelle nest pas for-ceacutement synonyme de crise de turbu-lences de violence de problegravemes de conflits malgreacute certains preacutejugeacutes

Montrer aux adolescents et aux parents quecirctre parent nest pas for-cement inneacute acquis facilehellip

Rassurer accompagner les parents dans leurs rocircles et les aider au mieux agrave avoir confiance en eux et en leurs en-fants (dans laffirmation de leurs posi-tionnements les aider agrave faire le tri entre les principes fondamentaux et les conseils divulgueacutes dans les meacutedias)

CONTENU Deux DVD

laquo Surfer entre plaisirs et prises de risques adolescences raquo coreacutealiseacute avec des adolescents laquo Regards croiseacutes sur (ce qui nest pas une maladie) ladolescence raquo coreacutealiseacute avec des professionnels parents et adolescents

Un livret daccompagnement Un site internet deacutedieacute wwwado-lescencesfr sur lequel figure des fiches danimation et des fiches peacutedagogiques en lien avec cinq des 8 theacutematiques

52 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 53

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

et de la restauration Les personnels du secteur de la construction sont plus par-ticuliegraverement en tecircte pour les subs-tances licites alors que pour les subs-tances illicites crsquoest dans le secteur des arts et spectacles puis de lrsquoheacutebergement et de la restauration que les preacutevalences de consommation sont les plus eacuteleveacutees

Le secteur de lrsquoagriculture sylvicul-ture et pecircche se caracteacuterise par des preacutevalences eacuteleveacutees uniquement pour lrsquoalcool surtout pour la consommation quotidienne

Deux autres secteurs figurent aussi parmi les plus fortement consomma-teurs bien que dans une moindre me-sure celui de lrsquoinformation et de la com-munication surtout pour les substances illicites et celui des produits manufactu-reacutes pour les substances licites

Agrave lrsquoautre extrecircme du classement quatre univers de travail se caracteacuterisent par des niveaux plus faibles de consom-mation pour la quasi-totaliteacute des subs-tances lrsquoadministration publique lrsquoensei-gnement le milieu de la santeacute humaine et de lrsquoaction sociale et les activiteacutes de service aux meacutenages

Consommations au cours de la journeacutee de travail58

En-dehors des occasions telles que les laquo pots raquo et les repas 189 des hommes et 103 des femmes soit 164 des actifs occupeacutes ont un usage drsquoalcool au moins occasionnel et ont consommeacute de lrsquoalcool durant leur temps de travail au moins une fois dans lrsquoanneacutee (Beck et al 2013)

58 Ibid

La proportion de ceux qui deacuteclarent consommer pendant leur temps de tra-vail au moins une fois par semaine est beaucoup plus faible mais atteint 35 (parmi les actifs occupeacutes des deux sexes confondus acircgeacutes de 16 agrave 64 ans et qui consomment au moins occasionnelle-ment de lrsquoalcool) Ce pourcentage re-preacutesente 15 de lrsquoensemble des actifs occupeacutes

Addictions comportementalesCes conduites addictives comporte-mentales ont des impacts sur le collectif de travail et pas seulement sur les per-sonnes concerneacutees

La techno-deacutependance59 est une rela-tion aux nouvelles technologies inter-net messageries teacuteleacutephones mobiles reacuteseaux sociaux etc Ces outils sont lar-gement reacutepandus en milieu profession-nel Leur usage abusif peut devenir pro-bleacutematique impactant les collaborateurs maintenus en reacuteseau au-delagrave de leur temps de travail 37 des actifs deacute-clarent utiliser les outils numeacuteriques professionnels hors temps de travail60 Conscient de ces risques dans lentre-prise un droit agrave la deacuteconnexion a eacuteteacute inscrit dans la loi travail de 2016

Les addictions comportementales font reacutefeacuterence agrave des attitudes reacutepeacuteteacutees sur un mode obsessionnel Le workaho-lisme en fait partie

59 Pour aller plus loin Bruno METTLING Transfor-mation numeacuterique et vie au travail septembre 2015 69 p

60 Pratiques numeacuteriques des salarieacutes pendant les congeacutes ELEAS septembre 2017

part de ces consommateurs est tregraves bien inteacutegreacutee ndash eacutetudiants cadres intel-lectuels politiques ndash et parvient agrave reacutegu-ler leurs usages pour mieux eacutechapper en premier lieu agrave la reacuteprobation sociale voir agrave des sanctions professionnelles Leurs addictions si tant est qursquoelles demeurent longtemps non apparentes peuvent un jour conduire suite agrave un effet deacuteclen-cheur agrave des impacts en milieu profes-sionnel parfois gravissimes (accidents du travail burn-out suicides ) Ces conduites addictives sont souvent lieacutees agrave une pression sociale et agrave des pratiques reacutecurrentes de certains milieux sociaux-professionnels

Principales substances psychoac-tives consommeacutees chez les actifs occupeacutes54

Tabac 304 fument quotidienne-ment Alcool 73 en consomment quo-tidiennement 95 ont des ivresses reacutepeacuteteacutees 186 ont une alcoolisa-tion ponctuelle importante dans le mois 73 ont une consommation agrave risque chronique

Cannabis 9 en consomment au moins une fois par an

Cocaiumlne 08 en consomment au moins une fois par an Ecstasyampheacutetamine 05 en consomment au moins une fois par an

54 Baromegravetre santeacute 2014 INPES lt httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2014indexasp gt

Consommations selon les profes-sions et cateacutegories sociales55 Des diffeacuterences genreacutees sont agrave distin-guer en matiegravere de consommation de tabac alcool meacutedicaments psycho-tropes cannabis cocaiumlne et ecstasyampheacutetamines

Chez les hommes Globalement les plus consommateurs sont les employeacutes et les ouvriers Les cadres et les agriculteurs sont globalement les moins consomma-teurs Les artisans commerccedilants et chefs drsquoentreprise et les professions inter-meacutediaires se situent entre les deux

Chez les femmes la diffeacuterenciation est moins grande56

Les agricultrices restent les moins consommatrices Les cadres et les employeacutees sont globalement les plus consomma-trices

Consommations suivant les sec-teurs drsquoactiviteacute57

Trois secteurs se retrouvent presque systeacutematiquement dans le trio de tecircte du classement selon le niveau de preacuteva-lence pour les diffeacuterentes substances qursquoelles soient licites ou illicites la construction le secteur englobant les arts les spectacles et les services reacute-creacuteatifs et le secteur de lrsquoheacutebergement

55 Christophe Palle Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel op cit

56 Attention la faiblesse des effectifs doit inciter agrave la prudence dans lrsquointerpreacutetation des diffeacuterences entre cateacutegories

57 Ibid

54 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 55

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Meacutecanismes drsquoaddiction en milieu professionnel Les conduites addictives en milieu de tra-vail ont une origine mixte lieacutee agrave la sphegravere priveacutee mais aussi agrave certains facteurs lieacutes agrave lrsquoactiviteacute professionnelle Ces derniers relegravevent de deux meacutecanismes65

Lrsquoacquisition consommation agrave lrsquooc-casion des pots en entreprise des repas drsquoaffairehellip ce type drsquousage est souvent inscrit dans les normes et la culture de certains meacutetiers secteur professionnel ou entreprise facilitant notamment lrsquointeacutegration dans le collectif de travail

Lrsquoadaptation consommation consti-tuant une strateacutegie pour laquo tenir raquo au travail Plusieurs situations ont eacuteteacute iden-tifieacutees dont le stress le travail de nuit les mauvaises relations au travail (harcegrave-lement brimades) les postes de seacutecu-riteacute le travail en plein air le port de charges lourdeshellip comme pouvant fa-voriser cette dispositionUne consommation au deacutepart maicirctriseacutee ou non-excessive peut devenir probleacute-matique dans un contexte de difficulteacutes professionnelles ainsi plus du tiers des fumeurs reacuteguliers (362 ) 93 des consommateurs drsquoalcool et 132 des consommateurs de cannabis deacuteclarent avoir augmenteacute leurs consommations du fait de problegravemes lieacutes agrave leur travail ou agrave leur situation professionnelle au cours des 12 derniers mois66

65 Philippe HACHE laquo Pratiques addictives et eacutevalua-tion des risques professionnels comment inscrire ce risque dans le document unique raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 150 2017 pp 113-115

66 Baromegravetre Santeacute 2010 INPES httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2010indexasp

Ceci illustre le rocircle que peuvent jouer les conditions de travail dans lrsquoeacutevolution des conduites addictives

Conseacutequences des conduites ad-dictives en milieu professionnel

Les premiegraveres conseacutequences visibles sont les accidents de travail en emploi ou sur le trajet

Lrsquoabsenteacuteisme pour raison de santeacute Des difficulteacutes professionnelles pour

la personne difficulteacute agrave assurer ses tacircches et missions sanction disciplinaire pouvant aller jusqursquoagrave une perte drsquoem-ploi

Un collectif de travail impacteacute pour lrsquoentourage professionnel avec des effets induits varieacutes selon le poste de travail et le service concerneacutes report de tacircches entre professionnels exposition agrave des risques pour autrui ndash collaborateurs ou clients accidents du travail67 deacutegrada-tion relationnelle avec mise agrave lrsquoeacutecart et focalisation sur la personne en difficulteacute compensation par les collaborateurs etc

Pour lrsquoentreprise eacuteventuelle gestion de tensions et conflits sociaux pertes de production deacutegradation drsquoimage

67 2015 dans 20 agrave 30 des cas la victime drsquoun acci-dent du travail eacutetait sous lrsquoemprise drsquoune substance psychoactive lrsquoalcool eacutetant agrave lui seul responsable de 10 agrave 20 des accidents du travail et en cause dans 40 agrave 45 des accidents du travail mortels Sources - Conditions de travail - Bilan 2015 Ministegravere du travail

de lemploi de la formation professionnelle et du dia-logue social 2017 552 p

- Statistiques de sinistraliteacute 2015 tous CTN et par CTN Etude 2016-137-CTN CNAMTS 2016 62 p

ZOOM

Workaholisme et impact sur lrsquoentourage professionnel

Le workaholisme61 est un comporte-ment preacutesenteacute par une personne qui ressent une pression interne lrsquoobli-geant agrave travailler et qui ressent un mal-ecirctre inteacuterieur et une sensation de culpabiliteacute lors des peacuteriodes drsquoinacti-viteacute Le workaholisme preacutesente les critegraveres drsquoune addiction comporte-mentale mecircme srsquoil nrsquoest pas citeacute comme tel dans le DSM 562 Le workaholisme a des conseacutequences importantes sur la santeacute des travail-leurs conseacutequences somatiques (dou-leurs musculaires ou intestinales risque eacuteleveacute de maladie coronarienne) ni-veaux plus eacuteleveacutes danxieacuteteacute dinsom-nie de dysfonctionnement social et de deacutepression Cest eacutegalement un facteur de risque important de burnout Des co-addictions sont eacutegalement freacute-quemment retrouveacutees troubles du comportement alimentaire tabagisme important meacutesusage dalcoolLes conseacutequences sur lentourage sont notables Sur la famille qui est deacutelaisseacutee au pro-fit du travail Une eacutetude indique que dans les familles ougrave le pegravere souffre de

61 T BURCOVEANU laquo Workaholisme eacutetat des connaissances raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 139 2014 pp 143-151

62 DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux paru aux Etats-Unis en 2013

workaholisme les enfants ont un risque drsquoanxieacuteteacute etou de deacutepression important63Sur les collaborateurs en difficulteacute voire en conflit avec ces workaho-liques perfectionnistes agrave lrsquoextrecircme psychorigides et ne deacuteleacuteguant pas

Les services de santeacute au travail sont en premiegravere ligne pour la preacutevention le repeacuterage et lrsquoorientation vers les services speacutecialiseacutes si besoin Pour le repeacuterage plusieurs questionnaires existent dont le plus pratique est le WART64 qui sont surtout utiliseacutes en cas de signaux drsquoalerte tels que lrsquoexis-tence de plaintes somatiques de troubles psychiques une difficulteacute agrave srsquoeacuteloigner du lieu de travail et une sur-consommation de substances psy-choactives

La prise en charge est celle dune ad-diction cest-agrave-dire pluridisciplinaire prenant en compte les troubles soma-tiques et psychiques les comorbiditeacutes psychiatriques eacuteventuelles la reacuteadap-tation de lrsquoindividu et la preacutevention des rechutes Il existe eacutegalement des groupes de paroles tels ceux des Work Anonymes

63 Bryan ROBINSON Lisa KELLEY laquo Adult child-ren of workaholics Self-concept anxiety depression and locus of control raquo The American Journal of Fa-mily Therapy vol 26 ndeg 3 1998 pp 223-238

64 Bryan ROBINSON laquo The Work Addiction Risk Test Development of a tentative measure of worka-holism raquo Perceptual and Motor Skills ndeg 88 1999 pp 199-210 Disponible en franccedilais httpwwwtest-addictofrtests_pdfquestionnaire-wartpdf

56 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 57

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp2thinspLE RISQUE

DE TRANSMISSION INTER-GEacuteNEacuteRATIONNELLE

Pour mieux saisir la notion de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle en termes drsquoaddiction une phrase drsquoEdgar Morin eacuteclaire la construction de lrsquoidentiteacute de lrsquoindividu en lien avec lrsquoentiegravereteacute de son histoire et de ses liens familiaux laquo Lrsquoau-tonomie est faite drsquoun tissu de deacutepen-dances ainsi lrsquoidentiteacute se constitue au carrefour de plusieurs appartenances raquoDans ce contexte le lien de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle srsquoexprime dans des formes qui touchent notamment aux cycles de vie familiale aux reacutepeacuteti-tions intergeacuteneacuterationnelles (maladie fonctionnement relations) aux formes relationnelles

INDICATEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE DE DIFFICULTEacuteS ADDICTIVES69 Les eacutetudes consacreacutees agrave la transmission intergeacuteneacuterationnelle des addictions montrent une correacutelation entre le contexte addictif familial et le risque de deacutependance chez lrsquoadolescent Particu-liegraverement quand des probleacutematiques addictives et des distorsions de la per-sonnaliteacute etou relationnelles se sont cumuleacutees sur plusieurs geacuteneacuterations lrsquoadolescent est aux prises avec un sys-

69 Agnegraves CADET-TAIumlROU Anne-Claire BRISACIER laquo Addiction et usages probleacutematiques facteurs de risque facteurs de protection raquo in Jeunes et addictions OFDT 2016 pp 83-86 httpsbdocofdtfrdoc_numphpexplnum_id=23806

tegraveme geacuteneacuteralement bien plus fort que lui et sa capaciteacute drsquoindividuation

Concernant lrsquoalcool et le tabac le risque est 2 agrave 3 fois supeacuterieur chez lrsquoado-lescent lorsqursquoil existe des anteacuteceacutedents drsquoabus drsquoalcool dans la famille ou lorsque lrsquoun ou les deux parents sont fumeurs de tabac

Pour le cannabis le risque drsquoune deacute-pendance de lrsquoadolescent serait double lorsque les parents sont consomma-teurs

Les enfants de parents deacutependants agrave drsquoautres drogues illicites ont eux aussi une plus forte probabiliteacute de probleacutema-tiques addictives

FACTEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE70 Des facteurs laquo geacuteneacutetiques ou eacutepigeacuteneacute-tiques raquo sont en partie mis en cause notamment la reconduction sur deux ou plusieurs geacuteneacuterations de difficulteacutes sociales familiales et psychologiques drsquoune plus grande accessibiliteacute des pro-duits consommeacutes par les parents et de facteurs psychologiques tels qursquoun re-gard positif ou normaliseacute vis-agrave-vis de la consommation de drogues raquo Par ail-leurs lrsquoexposition preacutenatale aux pro-duits psychoactifs entraicircne un risque non-neacutegligeable de troubles du compor-tement ou des apprentissages degraves lrsquoenfance qui vont favoriser la survenue de probleacutematique addictive agrave lrsquoadoles-cence

70 Ibid

Quelques eacuteleacutements significatifs Sollicitation des services de santeacute au

travail pour des probleacutematiques addic-tives68 92 des meacutedecins deacuteclarent avoir eacuteteacute contacteacutes par des directeurs de ressources humaines pour un pro-blegraveme drsquoalcool chez un salarieacute 29 pour un salarieacute faisant usage de canna-bis 13 pour un salarieacute faisant usage drsquoune autre drogue

Des demandes de conseils de la part du personnel pour un travailleur en dif-ficulteacute sont eacutegalement noteacutees 40 des meacutedecins du travail ont eacuteteacute contacteacutes pour un problegraveme drsquoalcool 7 pour un usage de cannabis et 4 pour drsquoautres drogues

68 C MENARD et al laquo Actions collectives en entre-prise la place des meacutedecins du travail raquo in C MENARD G DEMORTIERE E DURAND P VERGER F BECK (dir) Meacutedecins du travail Meacutedecins geacuteneacuteralistes re-gards croiseacutes INPES 2011 pp 95-110 (Etudes Santeacute)

Axes de preacuteventionCes constats justifient de deacutevelopper les moyens de repeacuterer les personnes en difficulteacute afin de leur apporter lrsquoaccom-pagnement neacutecessaire mais surtout de deacutevelopper une culture drsquoentreprise de preacutevention et de qualiteacute de vie au travailPour quune deacutemarche daide puisse ecirctre efficace lentreprise quelle qursquoelle soit publique ou priveacutee petite ou grande doit sinscrire dans une deacute-marche de preacutevention de repeacuterage et daccompagnement des personnes en difficulteacute qui relegraveve drsquoailleurs de la loi Dans cette deacutemarche ne sont pas seu-lement concerneacutees les personnes deacute-pendantes mais aussi les personnes ayant une consommation agrave risque ou agrave problegraveme ponctuelle ou reacuteguliegravere

58 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 59

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les eacutetudes drsquoassociation quant agrave elles ont pour but de deacutetecter lrsquoasso-ciation entre un trait de caractegravere (ici lrsquoaddiction) et la structure exacte (polymorphisme) drsquoun gegravene Elles se fondent sur la comparaison entre des cas (ici des sujets addicts) et des teacute-moins (des sujets non-addicts) Ces eacutetudes dites laquo cas-teacutemoins raquo sont les plus nombreuses Dans celles-ci on axe les recherches le plus souvent sur des gegravenes laquo candidats raquo crsquoest-agrave-dire qui pourraient logiquement avoir un rocircle agrave jouer dans la survenue de la pathologie Toutefois lrsquoameacutelioration spectaculaire des techniques de seacute-quenccedilage et drsquoidentification des gegravenes a permis de reacutealiser des eacutetudes dites GWAS72 ougrave plus drsquoun million de mar-queurs geacuteneacutetiques peuvent ecirctre ana-lyseacutes en mecircme temps

De nombreux gegravenes impliqueacutes agrave des degreacutes et sur des fonctions tregraves diverses De tregraves nombreux gegravenes sont identi-fieacutes comme eacutetant probablement im-pliqueacutes dans les addictions aux subs-tances psychoactives sans pour autant pouvoir expliquer lrsquoensemble du pheacute-nomegravene I ls inter viennent par exemple dans lrsquoaction ou le meacutetabo-

72 Genome-Wide Association Study

lisme de la substance la reacutegulation de la consommation la sensibiliteacute aux effets plaisantsreacutecompensants ou encore la seacuteveacuteriteacute de lrsquoaddiction Drsquoautres gegravenes sont impliqueacutes dans des comportements ou des traits de carac-tegravere comme la deacutesinhibition lrsquoatten-tion la reacuteponse au stress la recherche de sensations ou lrsquoimpulsiviteacute

Agrave RETENIR

Aucun gegravene identifieacute agrave ce jour ne possegravede un effet ma-jeur agrave devenir addict aucun drsquoentre eux nrsquoexplique agrave lui seul la survenue de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction parait ecirctre multi-geacutenique crsquoest-agrave-dire reposant sur une combinaison de modifications de plusieurs gegravenes et pas toujours les mecircmes drsquoun sujet agrave lrsquoautre

Enfin ces gegravenes de vulneacute-rabiliteacute sont loin drsquoecirctre tou-jours preacutesents chez les per-sonnes addictes

Cela signifie que lrsquoabsence de ces gegravenes ne protegravege en aucun cas du risque de deve-nir addict

ZOOM

Addiction une maladie geacuteneacutetique 71

Lrsquoaddiction nrsquoest pas une maladie geacuteneacutetique seule est dit geacuteneacutetique une maladie dont la survenue est pro-voqueacutee uniquement par la mutation drsquoun ou plusieurs gegravenes Crsquoest le cas par exemple de la mucoviscidose ce nrsquoest pas le cas de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction est une maladie multi-factorielle qui associe des facteurs geacuteneacutetiques et environnementaux Crsquoest le cas de la plupart des patholo-gies courantes associant dans leur eacutetiologie le terrain heacutereacuteditaire et lrsquohis-toire de vie du sujetOn naicirct donc en portant dans nos gegravenes un risque plus ou moins eacuteleveacute de deacutevelopper une addiction Toute-fois la survenue de lrsquoaddiction deacutepen-dra au moins autant sinon plus de facteurs lieacutes agrave lrsquoenvironnement social et familial que de facteurs geacuteneacutetiques Il nrsquoy a pas de deacuteterminisme agrave devenir laquo addict raquo mais il y a des facteurs de vulneacuterabiliteacute

Quelle part du risque drsquoaddiction est porteacutee par les gegravenes Lrsquoidentification drsquoune part geacuteneacutetique dans la survenue drsquoune addiction pro-

71 Bertrand NALPAS Nicolas RAMOZ Lrsquoaddiction est-elle une maladie geacuteneacutetique lt httpwwwmaad-digitalfrdecryptageladdiction-est-elle-une-maladie-genetique-12 gt 23022017

vient drsquoeacutetudes meneacutees sur des familles ou des paires de jumeaux dans les-quels un membre est toucheacute La syn-thegravese des eacutetudes meneacutees sur les ju-meaux a permis drsquoeacutetablir que la part geacuteneacutetique dans la vulneacuterabiliteacute agrave deve-nir laquo addict raquo serait drsquoenviron 70 pour la deacutependance agrave la nicotine 48-66 pour la deacutependance agrave lrsquoalcool 51-59 pour la deacutependance au can-nabis 42-79 pour la deacutependance agrave la cocaiumlne 23-54 pour la deacutepen-dance aux opiaceacutes Ces taux sont tou-tefois agrave lire avec prudence dans la mesure ougrave la deacutefinition de la laquo deacutepen-dance raquo nrsquoeacutetait pas toujours identique drsquoune eacutetude agrave lrsquoautre Au total si on heacuterite de gegravenes de vulneacuterabiliteacute sur lesquels on ne peut guegravere agir ceux-ci repreacutesenteront environ la moitieacute de la probabiliteacute de devenir laquo addict raquo

Existe-t-il un gegravene de lrsquoaddiction Lrsquoessentiel de la recherche geacuteneacutetique appliqueacutee aux addictions repose sur deux types drsquoeacutetudes les eacutetudes de liaison drsquoune part et les eacutetudes drsquoasso-ciation drsquoautre part

Les eacutetudes geacuteneacutetiques de liaison servent agrave cartographier les diffeacuterents gegravenes ou reacutegions du geacutenome preacutedis-posant agrave un trouble Lrsquoapproche liaison se base sur des familles dans lesquelles au moins un parent et un enfant sont addicts et on recherche si le gegravene sus-pecteacute est preacutesent chez le parent et lrsquoenfant atteints

60 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 61

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

laquo Une affaire de famille raquoproGramme de preacutevention de la tranSmiS-Sion Geacuteneacuterationnelle deS SouffranceS lieacuteeS au fonctionnement familial

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo a eacuteteacute eacutelaboreacute par Line Caron travailleuse sociale titulaire dune Maicirc-trise en service social Il est mis en œuvre au Queacutebec depuis les anneacutees 1996Un travail drsquoadaptation agrave la langue par-leacutee en France a eacuteteacute fait par la docteure Antoinette Fouilleul Psychiatre-Addic-tologue et administratrice de lrsquoANPAA Agrave partir de 2010 Line Caron a donneacute plusieurs confeacuterences et en Norman-die et en Bretagne ougrave le programme est maintenant deacuteployeacute au sein de lrsquoANPAA et expeacuterimenteacute dans diffeacute-rents contextes dont le centre du couple et de la famille de Brest pour des difficulteacutes lieacutees aux violences in-trafamiliales et dans une maison drsquoar-recirct Plus reacutecemment la docteure Antoinette Fouilleul a formeacute des ani-mateurs agrave lrsquoIle de la Reacuteunion ougrave le programme est maintenant expeacuteri-menteacute Une formation a aussi eacuteteacute donneacutee par madame Caron en Nou-velle-Aquitaine aux intervenants de lrsquoANPAA et leurs partenaires du deacute-partement En 2017 une convention a eacuteteacute signeacutee entre lrsquoauteure et lrsquoANPAA donnant agrave cette derniegravere lrsquoexclusiviteacute du deacuteploiement en France et permet-tant la mise en place drsquoun comiteacute de pilotage

UNE APPROCHE NOVATRICE

Lrsquoapproche du programme laquo Une af-faire de famille raquo est preacuteventive Elle vise agrave habiliter le participant agrave deacutecou-vrir eacutemotionnellement le lien entre son veacutecu familial et la souffrance veacute-cue aujourdrsquohui afin de construire lui-mecircme ses propres actions pour briser ce cycle de transmission et se donner plus de liberteacute dans lrsquoeacuteducation don-neacutee agrave ses enfants Il tente drsquoorienter les compeacutetences des familles agrave poser des actions originales pour solution-ner leurs problegravemes plutocirct que de les utiliser pour survivre Comme les par ticipants au pro-gramme sont principalement des po-lytraumatiseacutes familiaux lrsquoapproche se doit de faire preuve drsquoune grande deacutelicatesse mais aussi drsquoune rigueur scientif ique Teinteacutee des nouvelles donneacutees neuroscientifiques elle per-met de diminuer les souffrances asso-cieacutees aux souvenirs traumatiques et aide le participant agrave construire de nouvelles voies neuronales mieux adapteacutees agrave la reacutealiteacute eacutemotionnelle de son histoire pour lui permettre de moins souffrir et de sortir des or-niegraveres de la reacutepeacutetition et de la trans-mission agrave ses enfantsLe programme comprend une seacuterie drsquoateliers sur des thegravemes preacutecis du fonctionnement familial et qui sont gradueacutees en intensiteacute eacutemotive Entre les seacuteances de groupe une tacircche est demandeacutee au participant afin de veacuteri-fier le contenu dans son histoire fami-liale et de soutenir lrsquointeacutegration neu-

PLACE DE LrsquoHISTOIRE FAMILIALE DANS LES REPREacuteSENTATIONS MOTIVATIONS ET TRAJECTOIRES DE CONDUITES ADDICTIVES Agrave LrsquoADOLESCENCE73 Le point drsquoancrage des rapports aux conduites addictives est drsquoabord familial Les reacutecits biographiques spontaneacutes font systeacutematiquement reacutefeacuterence agrave lrsquohisto-rique familial de consommation

Des problegravemes de santeacute voire des deacutecegraves surtout lieacutes au tabagisme (cancers)

Des probleacutematiques addictives en matiegravere drsquoalcoolo-deacutependance un mineur sur dix eacutevoque les laquo problegravemes drsquoalcool raquo drsquoun proche le plus souvent son pegravere

Des troubles de deacutependance agrave une drogue illicite dans une moindre me-sure quelques jeunes jugent que leurs parents laquo fument trop de cannabis raquo

Certains expriment leur reacuteprobation sur les consommations parentales quant aux quantiteacutes agrave la freacutequence ou au changement de comportement induit par lrsquousage

Ces expeacuteriences sont freacutequemment convoqueacutees comme explicitation drsquoun rapport drsquoauto limitation des consomma-tions Agrave lrsquoinverse les rares jeunes dont les parents sont abstinents expriment une forme drsquoanxieacuteteacute sociale face agrave la visibiliteacute des produits dans lrsquoespace public et la reacutecurrence des incitations agrave consommer veacutecue comme une mise en danger de lrsquoeacutethique personnelle74

73 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations motiva-tions et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo op cit

74 Cf facteur religieux dans le rapport aux consom-mations

PREacuteVENTION SEacuteLECTIVE Agir sur ce risque pour proteacuteger lrsquoentou-rage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives vise agrave reacuteduire les difficulteacutes agrave leur source en deacutesamor-ccedilant des logiques inconscientes agrave court moyen et long termes chez les enfants et les jeunes notamment Les scheacutemas deacutejagrave ancreacutes ou en risque drsquoeacutelaboration doivent trouver un lieu et un moment de deacutecryptage de deacuteconstruction dans leurs sources et dans leurs effets Cha-cun y faisant son chemin trouvera ainsi des outils pour sortir de sa co-deacutepen-dance ou de sa deacutependance Deux eacuteleacute-ments interagissent sans aucun doute lrsquohistoire familiale et lrsquohistoire individuelle

Si une information geacuteneacuterique sur ce

qursquoest le risque de transmission intergeacute-neacuterationnelle peut ecirctre utile il semble qursquoagir sur ce risque doive srsquoattacher agrave prendre en compte des populations speacute-cifiques des territoires particuliers des milieux identifieacutes Une preacutevention seacutelec-tive et cibleacutee srsquoimpose sur ce terrain

62 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 63

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

passent drsquoabord par un changement eacutemotionnel pour induire un change-ment dans la maniegravere de penser faire autrement et obtenir autre chose Cette approche expeacuterientielle est renforceacutee par la chaleur et la bienveil-lance du groupe le cocon non-jugeant qui srsquoen deacutegage induisant de nouveaux modes relationnels

Agrave QUI SrsquoADRESSE LE PROGRAMME

Le programme srsquoadresse agrave toute per-sonne adulte qui a souffer t et qui souffre encore des probleacutematiques lieacutees au fonctionnement familial (rela-tions insatisfaisantes probleacutematiques addictives deacutepression deacutependance affective violencehellip) et qui deacutesire en comprendre les reacutepercussions sur sa vie actuelle et sur lrsquoeacuteducation qursquoelle donne agrave ses enfants

OBJECTIFS DU PROGRAMME

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral est drsquohabiliter les membres des familles preacutesentant une difficulteacute ou un problegraveme de fonction-nement geacuteneacuterationnel agrave preacutevenir sa transmission dans la geacuteneacuteration sui-vanteLe but est drsquoutiliser les compeacutetences personnelles et relationnelles pour continuer de se deacutevelopper et deacutevo-luer plutocirct que de survivre

Les objectifs speacutecifiques sont de per-mettre aux participants

De reconnaicirctre le problegraveme de la transmission geacuteneacuterationnelle

De mettre en œuvre des actions speacutecifiques afin de contrer le pro-blegraveme dans sa famille

Le programme deacutecline une suite lo-gique qui amegravene les participants agrave

Comprendre le fonctionnement dune famille

Comprendre les diff iculteacutes du fonctionnement familial

Comprendre le pheacutenomegravene de la transmission geacuteneacuterationnelle

Trouver des actions pour briser le cycle de la transmission

DEacuteROULEMENT DU PROGRAMME

laquo Une affaire de famille raquo est un pro-gramme de preacutevention non-theacutera-peutique qui se propose de reacutefleacutechir en groupe sur les transmissions des conduites de reacutepeacutetitions intergeacuteneacutera-tionnelles Ce programme propose un processus drsquoexploration une connaissance eacutemotionnelle et une compreacutehension de son histoire avec comme but de briser le cercle vicieux de la reacutepeacutetition des comportements alieacutenants pour soi et la geacuteneacuteration suivante Ce programme de preacutevention est mis en œuvre sous la forme dun groupe fermeacute de cinq agrave quinze personnes reacuteuni entre huit et dix rencontres Il se deacuteroule en petit groupe ougrave le cadre seacutecurisant et la convivialiteacute sont mo-teurs pour lrsquoexpression et la reacuteflexion de chacun Il a pour but drsquoamorcer une dynamique de changement chez les participants et leur famille

ronale Au cours du programme le par ticipant est accompagneacute pour construire sa carte familiale (geacuteno-gramme) afin de visualiser la transmis-sion agrave travers les geacuteneacuterations Ce tra-vail amegravene le participant agrave se distancer de ses eacutemotions ce qui lui permet de faire face de faccedilon plus adeacutequate aux situations difficiles laquo Une affaire de famille raquo nrsquoa pas la preacutetention drsquoarrecircter la transmission geacuteneacuterationnelle mais drsquohabiliter les membres des familles aux prises avec des souffrances lieacutees agrave leur fonction-nement familial agrave reconnaicirctre le pheacute-nomegravene de la transmission geacuteneacutera-tionnelle afin qursquoils puissent mettre en œuvre des actions speacutecifiques pour le contrer

Lrsquoapproche peacutedagogique baseacutee sur les diffeacuterentes formes drsquoapprentissage des individus est active et dynamique Lrsquoimplication eacutemotionnelle des per-sonnes participantes bien encadreacutees par un animateur formeacute qui a lui-mecircme veacutecu la deacutemarche auparavant est une des conditions de succegraves du programme Les activiteacutes sont varieacutees et reacuteservent une place constante aux participants et agrave leur expeacuterience au moyen de mises en situation exercices pratiques questionnaires discussion de groupe exposeacutes suivis de peacuteriodes de discussion expeacuterimentation dans le quotidien entre les rencontres

LES ASSISES THEacuteORIQUES

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo repose sur deux assises theacuteo-riques essentielles lrsquoapproche systeacute-mique du fonctionnement familial et la diffeacuterenciation du soi de Murray Bowen Lrsquoapport de lrsquoeacutepigeacuteneacutetique et des neu-rosciences est au cœur de la meacutethode peacutedagogique Les travaux sur lrsquoatta-chement et la reacutegulation affective (Allan Shore75) la neuroscience de la psychotheacuterapie (Louis Cozolino76) et la deacutecouverte des laquo neurones-mi-roirs raquo (Rizzolatti77) eacuteclairent sur la faccedilon dont se construit la reacutegulation affective sur comment se forme le rapport agrave soi et agrave lrsquoAutre et comment se construisent des capaciteacutes de dis-cernement drsquoorganisation et drsquointe-ractions fructueuses Eacutegalement la neuro-plasticiteacute permet de nouveaux apprentissages dans un contexte seacute-curisant et bienveillant Agrave cet effet la posture des animateurs est preacutecieuse car elle va induire un climat drsquoempa-thie et se couplera agrave un cadrage clair et rassurant gracircce agrave la preacutecision des documents fournis aux consignes et au contenu transmis agrave lrsquoanimateur et au participant Il est maintenant connu que les processus de changement

75 Allan N SCHORE La reacutegulation affective et la reacuteparation du Soi Les Eacuteditions du CIG 2008 430 p

76 Louis COZOLINO La neuroscience de la psy-chotheacuterapie Les Eacuteditions du CIG 2012 455 p

77 Giacomo RIZZOLATTI Corrado SINIGAGLIA Les neurones-miroirs Odile Jacob 2008 240 p

64 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 65

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

fants maintenant comparativement avec ce qursquoils vivaient avant le pro-gramme En 2017-2018 le programme a de nou-veau eacuteteacute eacutevalueacute par lrsquoUniversiteacute de lrsquoIle de la Reacuteunion La conclusion est agrave lrsquoeffet que laquo Une affaire de famille raquo permet de libeacuterer et de gueacuterir les maux intrafa-miliaux des familles reacuteunionnaisesLes reacutesultats des eacutevaluations meneacutees aupregraves de groupes de diffeacuterentes na-tionaliteacutes laissent penser que le pro-gramme propose une approche qui est geacuteneacuteralisable et donne des reacutesul-tats positifs aupregraves de familles vivant dans des contextes historiques et socio-eacuteconomiques tregraves diffeacuterents

LES PREacute-REQUIS DE MISE EN ŒUVRE

Pour ecirctre habiliteacute agrave appliquer le pro-gramme aupregraves drsquoun public de poly-traumatiseacutes familiaux il faut que lrsquoani-mateur soit lui-mecircme au clair avec son propre fonctionnement familial Une expeacuterimentation du programme avec un animateur qualifieacute est recom-mandeacuteePar la suite une formation de quatre jours avec lrsquoauteure du programme ou un intervenant habiliteacute est proposeacutee afin drsquoacqueacuterir une bonne compreacute-hension des bases scientifiques et de la meacutethode peacutedagogiqueLa formation a eacuteteacute conccedilue dans une approche dynamique qui fait appel agrave limplication personnelle et profes-sionnelle des participants Elle com-prend deux eacutetapes

Lexpeacuterimentation du programme dans lobjectif dune compreacutehension accrue de son milieu familial et de son influence dans sa pratique profession-nelle aupregraves des familles

Une formation compleacutementaire de 4 jours dans lobjectif de devenir animateur du programme

Les gains pour les personnes accom-pagneacutees lrsquointervenant et lorganisationLes retombeacutees de la formation sur la transmission geacuteneacuterationnelle sont appreacuteciables Drsquoabord cette forma-tion vise un travail agrave lrsquoorigine ou en amont de plusieurs probleacutematiques majeures Encore trop souvent lrsquoin-tervention effleure les problegravemes en ciblant les symptocircmes ce qui a pour effet une reacutecurrence de la demandeCette formation preacutesente aussi la par-ticulariteacute de deacutegager une vision et un langage commun entre les interve-nants au sein drsquoune eacutequipe ou drsquoune institution Elle favorise donc une vi-sion plus globale plus transcendante du deacuteveloppement psychique qui peut relier les diffeacuterents mondes de lrsquoenfance lrsquoadolescence et la vie adulteFinalement bien que cette formation repose sur des bases theacuteoriques so-lides (approche systeacutemique diffeacuteren-ciation du soi approche contextuelle de Boszormenyi-Nagy eacutepigeacuteneacutetique et neurosciences) sa plus grande force reacuteside dans un souci constant drsquointeacutegrer les acquis theacuteoriques au veacutecu personnel et agrave la pratique des intervenants

Les seacuteances ont pour theacutematiques 1 La creacuteation drsquoun climat propice agrave

la communication et aux eacutechanges 2 Selon le type de groupe choix

entre La preacutesentation des concepts de base en addictologie Ou lrsquoidentification drsquoeacuteleacutements de la vie actuelle qui proviennent de notre famille drsquoorigine

3 Les rocircles dans les familles en souf-france

4 Les regravegles qui reacutegissent les familles en souffrance

5 Les comportements de survie (codeacutependance deacutependance affec-tive)

6 Les fonctions familiales et le pheacute-nomegravene des enfants parentaliseacutes

7 La construction du geacutenogramme et les plans daction

8 Labandon et le processus de la transmission geacuteneacuterationnelle

9 Le systegraveme dattachement dans les relations intimes et dans leacuteducation donneacutee aux enfants

10 Lidentification de pistes dactions personnelles pour briser le cycle de la transmission geacuteneacuterationnelle et les obstacles au changement dans ma famille

11 En action

UN PROGRAMME EacuteVALUEacute

Une premiegravere eacutevaluation des effets du programme a eacuteteacute meneacutee en 2000 par lrsquoeacutequipe de recherche de la Reacutegie reacute-gionale de la santeacute et des services sociaux de la Cocircte-Nord (Canada) Les reacutesultats sont tregraves inteacuteressants et deacutemontrent clairement que le pro-gramme geacutenegravere des pr ises de conscience importantes et amegravene les participants agrave proceacuteder agrave une remise en question de certains comporte-ments envers leurs enfants De plus lrsquoeacutevaluation recommandait entre autres drsquoeacutelargir la diffusion du pro-gramme agrave tout public consideacutereacute agrave risque de reproduire ou de trans-mettre des comportements nuisibles au deacuteveloppement de leurs enfants Agrave la suite de cette eacutetude et de lrsquoexpeacuteri-mentation par plusieurs intervenants le programme a eacuteteacute reacuteviseacute et eacutelargi de la toxicomanie agrave lrsquoensemble des diffi-culteacutes du fonctionnement familial Le nouveau programme a lui aussi eacuteteacute eacutevalueacute en 2005 par les animateurs Un questionnaire eacutecrit portant sur les changements concrets dans leur vie et pour leur entourage a eacuteteacute soumis aux participants un an apregraves la dispensa-tion Lrsquoobjectif eacutetait drsquoen valider de nouveau les effets agrave long terme et de veacuterifier si la nouvelle version du pro-gramme correspondait bien agrave leur reacutealiteacute Les reacutesultats sont probants et deacutemontrent clairement les change-ments concrets que les participants ont ameneacutes dans leur vie et dans la faccedilon dont ils agissent avec leurs en-

66 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 67

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

La preacutevention des risques de conduites addictives doit prendre en compte de faccedilon singuliegravere la place et le rocircle de lrsquoen-tourage autour de la personne addicte En preacutevention seacutelective et cibleacutee dans un continuum drsquoactions il faut saisir la posi-tion singuliegravere de lrsquoentourage pour eacutelabo-rer des modes preacuteventifs adapteacutes Les dispositifs de preacutevention doivent remobi-liser lrsquoentourage pour libeacuterer la parole alleacuteger les souffrances reacuteduire les risques et les dommages Pour cela il convient

Drsquoassurer au preacutealable agrave chacun les moyens de comprendre et de maicirctriser une situation potentiellement agrave risque en termes drsquoaddiction

De consideacuterer le contexte socio-eacuteco-nomique du laquo tout tout de suite raquo pour orienter lrsquoaction de preacutevention vers la reacuteduction des facteurs de vulneacuterabiliteacute des personnes en geacuteneacuteral

De changer le regard ambivalent sur les produits ou comportements addic-tifs en travaillant sur les compeacutetences psychosociales pour reacuteduire les risques et dommages Une strateacutegie de preacutevention va interpel-ler agrave la fois le cercle familial et lrsquoenviron-nement social large au travers notam-ment drsquoune guidance de la parentaliteacute et drsquoune eacuteducation par les pairs dans des cercles de lrsquoentourage varieacutes et dans le respect des speacutecificiteacutes de chaque publicIl srsquoagit de sensibiliser au risque et de repeacuterer les difficulteacutes possibles ou en gestation non pas seulement par une

information mais par une forme partici-pative drsquoeacuteducation au risque vers un public cibleacute Lrsquointeraction des acteurs du champ drsquointervention social et meacutedico-social est essentielle pour preacutevenir les risques drsquoaddictions en mettant en jeu des facteurs de protection des per-sonnes en faisant appel agrave des savoir-faire de psychologie communautaire En effet lrsquoeacuteducation preacuteventive est une affaire collective Elle agira drsquoautant mieux qursquoelle pourra mobiliser les speacutecialistes la communauteacute eacuteducative scolaire et extra-scolaire la famille eacutelargie en direc-tion des plus jeunes et des adolescents

1 GUIDER LA PARENTALITEacute

PARENTALITEacute ET VALEURS SOCIEacuteTALESEn perte de repegraveres dans un contexte socieacutetal ougrave comme le souligne Philippe Jeammet78 laquo tout consensus eacuteducatif a disparu et ougrave lrsquoautoriteacute est souvent veacute-cue comme un abus de pouvoir raquo les parents ne savent pas toujours com-ment reacuteagir et peuvent ecirctre en difficulteacute pour assumer leur responsabiliteacute eacuteduca-tive Les questionnements de nos socieacute-teacutes modernes laissent aff leurer trop souvent une deacutevalorisation du rocircle des parents comme du systegraveme eacuteducatif souvent accuseacutes de deacutemission de per-missiviteacute ou drsquoincompreacutehension Pour-tant la socieacuteteacute elle-mecircme place les pa-rents et enfants dans des rapports de force de plus en plus complexes lieacutes agrave des attendus contradictoires en termes

78 Philippe JEAMMET (dir) Adolescences repegraveres pour les parents et les professionnels Syros 1997 212 p

LES GAINS DE CETTE FORMATION

PEUVENT EcircTRE PERCEPTIBLES

Pour les personnes accompagneacutees Une intervention qui respecte les compeacutetences des personnes agrave travers une approche responsa-bilisante

Une approche globale non-culpa-bilisante ni reacuteductible des pro-blegravemes

Une intervention qui colle agrave la reacutealiteacute du public Une dynamique de groupe stimu-lante et bienveillante

La force seacutecurisante du groupe pour appreacutehender une reacutealiteacute dif-ficile

Une intervention qui encourage la motivation agrave srsquoengager dans un changement durable

Pour lrsquointervenant Une meilleure connaissance du fonctionnement familial agrave travers les geacuteneacuterations Des habileteacutes agrave reconnaicirctre lrsquoim-pact drsquoun veacutecu familial difficile agrave travers les problegravemes preacutesenteacutes par le public

Un outil drsquointervention bien constitueacute eacutevalueacute et pratique agrave utiliser Lrsquoacquisition drsquoune vision globale et drsquoun langage commun facilitant le travail avec et entre les eacutequipes Le renforcement de la pratique professionnelle par une deacute-marche personnelle de compreacute-hension de lrsquo impact de son propre fonctionnement familial

Pour lrsquoorganisation Une reacuteduction de la reacutecurrence des problegravemes ou du syndrome de la porte tournante par un tra-vail plus en profondeur avec le public Un meilleur arrimage entre les eacutequipes de travail Des interventions mieux cibleacutees Un programme de groupe ou individuel adaptable agrave diffeacuterents publics (usagers de drogues adultes parents jeunes milieux de travail etc)

68 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 69

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

La promotion de la santeacute permet de renforcer les compeacutetences psy-chosociales utiles des parents pour reacutepondre aux situations agrave risque Parallegravelement les actions de preacute-vention visent agrave repeacuterer et modifier des habitudes et environnements jugeacutes nocifs

Agrave lrsquoadolescence les parents abordent avec plus ou moins drsquoagiliteacute le deacutebut de lrsquoautonomie souhaiteacutee du jeune Dans cette peacuteriode le parent doit forceacutement partager avec le jeune lrsquoanalyse des situa-tions agrave risques Drsquoautres informations drsquoautres aides seront alors neacutecessaires

Si les compeacutetences de base sont transmises le jeune apprendra agrave utiliser ces compeacutetences seul et en situation plus exposeacutee Connaicirctre les strateacutegies pour reacuteduire les risques et les dommages et ajuster la prise drsquoautonomie parti-cipent aux laquo neacutegociations raquo plus ou moins complexes avec les adolescents

Lrsquoentourage eacutetendu de lrsquoenfant (anima-teur professionnel de lrsquoenfance eacuteduca-teur eacutetablissement scolaire ou de for-mationhellip) a un rocircle notable de communication et drsquoinformations Cet entourage intervient pour expliquer alerter sur les dimensions addictives de certains modes de vie et sont aussi une source de repeacuterage drsquoeacuteventuelles diffi-culteacutes ou usages probleacutematiques

RENFORCER LES COMPEacuteTENCES DES PARENTSLes parents sont souvent en manque de reacuteponses en doute voire en crainte et

surtout en difficulteacute pour libeacuterer la pa-role vis-agrave-vis drsquoautres adultes exteacuterieurs au cercle familial ou amical

Drsquoun point de vue individuel le pa-rent doit pouvoir se faire aider pour acqueacuterir la capaciteacute agrave diffeacuterer une reacute-ponse ou avertir lrsquoadolescent des risques agrave vivre trop jeune certaines expeacuteriences trop intenses

Des parents ou groupes de parents peuvent aussi avoir besoin drsquoinforma-tions speacutecifiques dans le cadre drsquoune preacutevention seacutelective Par exemple il peut ecirctre utile drsquoouvrir un espace de discussion autour de la notion drsquoaddiction (produits et compor-tements) en lrsquoappreacuteciant sous lrsquoangle des plaisirs et des risques et dommages Aborder tout ce qui existe sur le laquo mar-cheacute raquo en prendre connaissance et conscience consideacuterer lrsquoubiquiteacute des drogues et informer les parents sur les speacutecificiteacutes de chaque type de produit peut se faire dans une configuration par-ticipative informelle voire ludique Agrave ce titre les groupes de discussion theacutema-tiques sont un outil pratique qui bien construit et animeacute permet de creacuteer du lien du soutien voire de libeacuterer la pa-role sur des difficulteacutes Ainsi on peut agrave la fois guider et laquo for-mer raquo la parentaliteacute par lrsquoappui des pairs ndash parentsDiffeacuterents outils et guides de soutien agrave la parentaliteacute sont eacutediteacutes Ils reprennent diffeacuterents conseils notamment sur lrsquoatti-tude agrave favoriser face aux premiegraveres consommations de son enfant fixer des limites savoir dire non neacutegocier et res-ponsabiliser avec la mise en place du dialogue qui est essentielle

drsquoefficaciteacute drsquoactiviteacutes professionnelles drsquoimage sociale au travers drsquoacquisitions mateacuterielles stimuleacutees mais aussi de bien-ecirctre drsquoeacutequilibre et de place de lrsquoindividu dans la socieacuteteacute En termes de preacutevention les parents sont le premier cercle pour agir Il est primordial de soutenir et valoriser les parents dans leur rocircle eacuteducatif de les accompagner agrave reacutetablir si neacutecessaire une communication avec leur enfant

PARENTALITEacute ET STYLE EacuteDUCATIFDiffeacuterentes eacutetudes mettent en eacutevidence que lrsquoenvironnement familial et le style eacuteducatif ont une veacuteritable influence sur les consommations de substances psy-choactives des enfants Mais le style eacutedu-catif est aussi le fruit drsquoune transmission du mode eacuteducatif des ascendants Cette notion srsquoaccorde avec lrsquoapproche en preacute-vention par le deacuteveloppement et le ren-forcement des compeacutetences psychoso-ciales des jeunes En effet laquo plus la relation parent-enfant est adapteacutee plus la reacutesistance de lrsquoenfant agrave lrsquoinfluence des pairs est forte et moins il deacuteveloppe des conduites agrave risques raquo79

Or une relation parent-enfant adapteacutee se conccediloit degraves le plus jeune acircge avant mecircme la naissance Et crsquoest au travers de cette relation efficiente qui remplit son rocircle de cadrage et de reacute-assurance affec-tive successive agrave chaque eacutetape de lrsquoeacutevo-lution de lrsquoenfant que srsquoexerce la preacuteven-tion la plus approprieacutee bien avant que

79 LrsquoANPAA dans les Hauts-de-France a publieacute en 2014 lrsquoeacutetude Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques comprenant une eacutetude de litteacuterature une en-quecircte et des preacuteconisations En ligne httpwwwanpaa5962org_docsFichier20144-140923104916pdf

les premiegraveres consommations nrsquoappa-raissent En effet la qualiteacute des liens que les parents sauront mettre en place au quotidien avec leurs enfants degraves leur plus jeune acircge est le meilleur des garants face au risque drsquoabus de substances

PARENTS ET APPRENTISSAGE DU RISQUE Crsquoest au sein de la cellule familiale quelle que soit sa forme que lrsquoenfant fera lrsquoex-peacuterience de lrsquoapprentissage des regravegles du sens de la responsabiliteacute et avancera vers une autonomie progressiveLa famille repreacutesente un lieu ougrave les re-pegraveres se construisent et ougrave lrsquoenfant ap-prendra agrave avoir une bonne image de lui-mecircme et agrave srsquoaffirmer face aux pres-sions addictogegravenes de lrsquoenvironnement qursquoelles soient issues de la socieacuteteacute en geacuteneacuteral ou de son groupe drsquoapparte-nance en particulier

Les actions de preacutevention soutiennent les parents dans lrsquoexercice de leurs fonctions drsquoeacuteducateurs de faccedilon diffeacuterencieacutee aux diffeacuterentes eacutetapes drsquoeacutevolution de lrsquoenfant80

Des premiegraveres anneacutees jusqursquoagrave la preacute-adolescence (1112 ans) lrsquoenfant sous le regard du parent deacutecouvre teste expeacute-rimente dans des proportions qui doivent correspondre aux capaciteacutes et aptitudes eacutevolutives de lrsquoenfant Durant ces anneacutees les parents deacutefinissent lrsquoenvironnement de lrsquoenfant et le protegravegent des tendances et tentations parfois inapproprieacutees de la socieacuteteacute Ils posent les regravegles limitant laquo drsquoautoriteacute raquo les situations agrave risque

80 Addictions familles et entourage op cit

70 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 71

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoenfant et de sa protectionZOOM

Femmes enceintes et entourage preacutevention et peacuterinataliteacute85

La laquo culture alcool raquo en France est telle qursquoune femme enceinte sera confronteacutee agrave de multiples circons-tances festives ou conviviales ougrave son entourage consommera des boissons alcooliseacutees et mettra agrave lrsquoeacutepreuve sa deacutetermination [agrave ne pas boire pen-dant sa grossesse]

Il est indispensable drsquoinformer sur ce risque eacutevitable et surtout de res-ponsabiliser eacutegalement lrsquoentourage qui participe agrave cette prise de risque

Pour autant il ne srsquoagit pas non plus de culpabiliser ou drsquoangoisser les

85 Alcool et grossesse Boire un peu ou pas du tout ANPAA 2017 12 p (Deacutecryptages ndeg 26)

femmes qui ont consommeacute de lrsquoalcool Le conjoint les proches et les amis

ne doivent certes pas inciter la femme enceinte agrave boire mais ils peuvent aussi teacutemoigner de leur compreacutehen-sion et de leur soutien en eacutevitant une consommation deacutemonstrative

De mecircme la minoration des risques sous preacutetexte de laquo faible raquo freacutequence affaiblit la capaciteacute des femmes [enceintes] agrave reacutesister aux inci-tations quasi-permanentes agrave consom-mer de lrsquoalcool

Dans cet univers ougrave consommer de lrsquoalcool est souvent la norme on a pu lire ou entendre des critiques sur le caractegravere injonctif ou impeacuterieux de lrsquoabstinence totale pendant la gros-sesse Mais lrsquoinjonction est tout aussi forte sur le tabac ou sur les interdits alimentaires pour eacuteviter la toxoplas-mose sans que qui que ce soit ne srsquoen eacutemeuve

ZOOM

Soutien agrave la parentaliteacute des usagers de drogues

La consommation de substances psychoactives des parents est suscep-tible drsquoaffecter les enfants directement (exposition aux produits pendant la grossesse81) ou accidentellement ou indirectement agrave travers lrsquoimpact sur les relations parent-enfant

Pour autant la consommation de substances psychoactives des parents ne constitue pas en soi un danger pour lrsquoenfant82 excepteacutee en cas de gros-sesse83 Dans ce cas la consommation

81 Anne WHITTAKER Ewen CHARDRONNET (trad) Guide concernant lrsquousage de substances psy-choactives durant la grossesse RESPADD 2013 340 p

82 Laurence SIMMAT-DURAND laquo Les profession-nels de la materniteacute et de lrsquoenfance et le signalement des enfants de megravere toxicomane raquo Psychotropes vol 14 ndeg 3 2008 pp 179-199

83 Suivi et orientation des femmes enceintes en fonction des situations agrave risques identifieacutes Haute Autoriteacute de Santeacute mise agrave jour mai 2016 42 p (Re-commandations professionnelles)

de substances illicites drsquoalcool etou de tabac ainsi que le sevrage et la substi-tution en peacuteriode preacute-conceptuelle ou durant la grossesse sont consideacutereacutees comme des situations agrave risques devant faire lrsquoobjet drsquoun suivi particulier

Les difficulteacutes rencontreacutees par les familles peuvent eacutegalement ecirctre lieacutees aux conditions de vie (ressources fi-nanciegraveres logement etc) agrave la compo-sition familiale (monoparentaliteacute etc) et agrave la santeacute somatique et mentale des parents

Agrave lrsquoinverse la parentaliteacute peut par-fois constituer un eacuteleacutement drsquoeacutetayage ou un ressort de motivation au chan-gement pour les personnes usagegraveres de drogues84

Le soutien agrave la fonction parentale des usagers de drogues repose donc sur une eacutevaluation au cas par cas des ressources et des besoins parentaux tenant compte de cette pluraliteacute de paramegravetres au regard de lrsquointeacuterecirct de

84 Sylvie WIEVIORKA laquo Quand les parents sont toxi-comanes raquo Enfances amp Psy vol 4 ndeg 37 2007 pp 90-100

Agrave RETENIR

Pour permettre lrsquoapprentissage du risque avant lrsquoadolescence les parents doivent ecirctre en mesure de repeacuterer comprendre les speacutecificiteacutes de la socieacuteteacute dans laquelle ils guident leur enfant

Aller vers les parents par une synergie drsquoactions de plusieurs acteurs speacute-cialistes et non speacutecialistes de lrsquoaddiction est indispensable agrave une eacuteducation participative en preacutevention des conduites agrave risques de lrsquoenfant

Les parents pourront ainsi mieux identifier et preacutevenir des conduites a priori anodines mais susceptibles de creacuteer des situations complexes plus tard

72 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 73

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2 SrsquoAPPUYER SUR DES PAIRS BIENVEILLANTS

La preacutevention par les pairs sera ici envi-sageacutee dans deux champs lrsquoadolescence et le milieu professionnel

DEacuteFINITIONS Les pairs deacutesignent des individus

ayant des caracteacuteristiques communes telles que le sexe lacircge les centres din-teacuterecirct les loisirs les aspirations les modes de viehellip Ce concept fait le plus souvent reacutefeacuterence aux groupes dacircge et plus speacutecifiquement aux groupes dado-lescents dont les membres sont eacutetroite-ment lieacutes par une culture de jeunesse Toutefois tout groupe social ainsi carac-teacuteriseacute peut faire laquo pair raquo Leacuteducation par les pairs repose sur

lrsquoideacutee qursquoun message deacutelivreacute agrave un indi-vidu par un autre au sein drsquoun groupe de pairs peut ecirctre plus creacutedible et efficient que celui proposeacute par les figures repreacute-sentant lrsquoautoriteacute Concernant les jeunes elle postule que les groupes de pairs ont une grande influence sur leur eacutevolution et leur deacuteveloppement en tant qursquoinstance fondamentale de la socialisation Leacuteducation par les pairs permet dameacuteliorer les processus parti-cipatifs au sein de la socieacuteteacute

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS AUTOUR DE LrsquoADOLESCENCECertaines actions de preacutevention visent agrave stimuler la reacutef lexion des jeunes consommateurs Elles ont pour objectif de les accompagner agrave partir de leurs expeacuteriences personnelles dans une ana-lyse de leurs propres parcours sous les effets directs ou indirects de groupes drsquoappar tenance reacuteelle ou souhaiteacutee Lrsquoapproche leur donne accegraves agrave une meil-leure compreacutehension de la pression ou influence du groupe pouvant amputer leur deacutesir de liberteacute et drsquoautonomieParmi les actions de renforcement des compeacutetences psychosociales des jeunes certaines ont pour vecteur lrsquoeacuteducation par les pairs86 en tant qursquoapproche drsquoeacutedu-cation agrave la santeacute Elle implique un eacutechange dinformations et dopinions avec dautres personnes qui laquo font raquo pairs afin de questionner des comportements de corriger des informations fausses et de stimuler des attitudes et des aptitudes positives vis-agrave-vis de la santeacute Cette approche repose sur le fait quagrave certains moments de la vie particuliegravere-ment dans la jeunesse linfluence des pairs est plus grande que dautres voies dinfluence Cest une approche alterna-tive ou compleacutementaire aux strateacutegies traditionnelles deacuteducation pour la santeacute en particulier dans la preacutevention au sujet des drogues et du Virus de lImmunodeacute-ficience Humaine87

86 Yaeumllle AMSELLEM-MAINGUY laquo Qursquoentend-on par eacuteducation pour la santeacute par les pairs raquo Cahiers de lrsquoaction ndeg 3 2014 pp 9-16

87 Glossaire des termes de santeacute publique internationaux

ILLUSTRATION

laquo Treacutesor de parents raquo outil drsquoanimation deStineacute aux parentS produit par lrsquoanpaa en hautS-de-france

laquo Treacutesor de parents raquo est un jeu coopeacute-ratif destineacute agrave animer des groupes de parents de preacute-adolescents et adoles-cents Un jeu de penseacutee positive sans moralisation qui srsquoappuie sur les res-sources et les compeacutetences des parents les aider agrave exprimer leurs ressentis leurs points de vue leurs faccedilons de reacuteagirhellip

OBJECTIF GEacuteNEacuteRAL

Aider les parents agrave situer leur place et leur rocircle dans la preacutevention des conduites agrave risques aupregraves de leur adolescent etou preacute-adolescent dans une deacutemarche eacuteducative globale

SES OBJECTIFS OPEacuteRATIONNELS

SONT DAIDER LES PARENTS Agrave

Aborder plus facilement les prises de risques avec leur adolescent

Situer les prises de risques dans le processus de deacuteveloppement de lrsquoadolescent

Faire eacutemerger leurs reacuteussites leurs compeacutetences et celles de leur adolescent

Creacuteer les conditions drsquoun dialogue avec leur adolescent

Trouver un style eacuteducatif adapteacute aux besoins et difficulteacutes de lrsquoadolescent

Reconnaicirctre identifier les prises de risques probleacutematiques et celles qui ne le sont pas

Ecirctre en capaciteacute de solliciter de lrsquoaide en cas de difficulteacute relationnelle ou de prises de risques speacutecifiques

Des situations de jeu ancreacutees dans le veacutecu quotidien auxquelles les parents reacutepondent gracircce agrave des cartes laquo situa-tion raquo des dessins humoristiques des quizz des cartes laquo petites reacuteussites et grandes victoires raquo

LES THEacuteMATIQUES ABORDEacuteES

Lrsquoalcool le tabac le cannabis les eacutecrans les jeux de hasard et drsquoargent les comportements alimentaires les meacutedicaments psychotropes la vie af-fective et sexuelle et les autres prises de risques et polyconsommations les ressources lieacutees agrave la parentaliteacute

CONTEXTE DE MISE EN ŒUVRE

Cet outil peut ecirctre animeacute par tout pro-fessionnel socio-eacuteducatif ou meacutedico-social aupregraves de groupes de parents (qui se connaissent ou non en amont de lrsquoanimation) Les parents peuvent venir par exemple de centres sociaux de maisons de quartier drsquoeacutetablisse-ments scolaires de cafeacutes des parents Maison drsquoenfants agrave caractegravere social (MECS)hellip Il est neacutecessaire de preacutevoir une animation drsquoenviron deux heures

Ce jeu nrsquoest pas adapteacute pour une ani-mation sous forme de laquo stand raquo avec arriveacutee et deacutepart permanent des par-ticipants

74 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 75

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

La notion ambivalente de co-usager

Les comportements potentielle-ment addictogegravenes et les consomma-tions de substances psychotropes ont souvent lieux en preacutesence drsquoun tiers Le plus souvent il srsquoagit de quelqursquoun avec qui lrsquoon partage ce moment cette expeacuterience Ces personnes teacutemoins et actrices des consommations de lrsquoautre comme lrsquoautre peuvent-elles jouer un rocircle dans la preacutevention la reacuteduction des risques et lrsquoaccegraves aux soins dans le groupe

Plusieurs mouvements de preacuteven-tion et drsquoeacuteducation par les pairs en font la thegravese et connaissent un grand engouement Cette approche pose toutefois la question des nombreux travers qursquoelle peut engendrer

Qursquoest-ce qui fait laquo pair raquo Que faut-il eacuteviter pour que le pair soit creacute-dible et agent de changement Com-ment eacuteviter lrsquoeacutecueil drsquoecirctre consideacutereacute comme une copie des acteurs de preacute-vention traditionnels ou des adultes qui reacutegurgiteraient leurs discours bien appris laquo des pairrsquohoquets raquo

Eacuteleacutements de reacuteflexion sur lrsquoaction drsquoeacuteducation par les pairs

Lrsquoeacuteducation pour la santeacute par les pairs demande du temps Elle laquo neacute-cessite drsquoecirctre inscrite dans la dureacutee (hellip) il est essentiel que les autres jeunes srsquohabituent agrave ces jeunes

pairs-eacuteducateurs et appreacutehendent au mieux leurs rocircles raquo88

Quand la consommation de produit fait laquo groupe raquo ou a lieu dans un groupe des pheacutenomegravenes de loyau-teacute de protectionhellip sont agrave estimer Dans le contexte particulier de la famille les risques de placement ou de signalement peuvent renforcer le laquo secret raquo De mecircme la situation peut ecirctre tregraves diffeacuterente en fonc-tion du sexe de lrsquoacircge (diffeacuterents acircges de responsabiliteacute leacutegale) de la personne consommatrice en diffi-culteacute et en fonction de qui est le co-usager pair ou non (adulte ou autre mineur famille (fratrie ascen-dantshellip)) Le contexte de consommation (fecircte scolaire parascolaire club sportif milieu professionnel ou de stage agrave domicile consommation cacheacutee ou nonhellip) rajoute son lot de speacutecificiteacute drsquoapproche avec des inclusions diffeacuterentes drsquoadultes res-sources et de pairs Dans les groupes drsquoappartenance ougrave des comportements addictifs ont lieu de faccedilon reacutecurrente cer-tains co-usagers plus acircgeacutes laquo expeacute-rimenteacutes raquo tiennent de faccedilon ano-nyme le rocircle de pairs dans une forme drsquoapprentissage sur lrsquoinstant et par lrsquoexemple drsquoune consomma-tion laquo agrave moindre risques raquo

88 Ibid

Les appuis psycho-sociaux de lrsquoeacuteduca-tion par les pairs69 sont les suivants

Les jeunes sont les laquo experts de ce qursquoils vivent en tant que jeunes avec une perspective privileacutegieacutee sur ce qursquoils vivent raquo

Ils sont souvent motiveacutes par le chan-gement

Les groupes de pairs peuvent avoir un effet de laquo multiplicateurs raquo lorsque les ressources sont limiteacutees et qursquoun grand nombre de personnes souhaite avancer Par des effets en cascade un changement au sein drsquoune communauteacute locale est susceptible drsquointervenir plus rapidement et plus profondeacutement

Les jeunes sont valoriseacutes en faisant appel agrave leurs propres compeacutetences pour informer ou aider drsquoautres jeunes laquo leurs pairs raquo

laquo Avec des soutiens et encourage-ments les jeunes peuvent parvenir agrave geacuterer le processus eacuteducatif et lrsquoeacutechange drsquoinformations raquo Tout deacutependra de lrsquoenvironnement dans lequel le pro-gramme sera mis en action

Les jeunes sont par ailleurs ameneacutes agrave prendre des responsabiliteacutes vis-agrave-vis des sujets de santeacute de mode de vie et parti-culiegraverement de conduites addictives

Ils deacuteveloppent des compeacutetences de laquo facilitateur raquo de la discussion sou-tiennent le travail des professionnels de lrsquoeacuteducation instaurent un rapport de confiance chez les adultes qui peuvent mieux comprendre leur point de vue

Le focus sur lrsquoacquisition et le deacuteve-loppement des compeacutetences psycho-sociales est lrsquoobjectif essentiel en termes de preacutevention Il srsquoagira de tra-vailler par exemple sur la deacutefinition de

la santeacute de lrsquoinfluence les groupes drsquoap-partenance les eacutemotions la conscience de soi lrsquoempathie Cela doit amener les jeunes agrave se questionner pour et sur eux-mecircmes mais eacutegalement pour et sur leur entourage

76 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 77

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte La responsabiliteacute socieacutetale des entre-prises (RSE) et de la reacuteglementation en matiegravere de preacutevention des risques pro-fessionnels sont des avanceacutees qui aident agrave lever les tabous toujours domma-geables concernant les difficulteacutes au tra-vail et les addictions sur le lieu de travail Lrsquoentourage certes de faccedilon ineacutegale selon les secteurs drsquoactiviteacutes est de moins en moins en prise avec les effets de loi du silence ou de loyauteacute imposeacutee par la structure ou le groupe de colla-borateursDe nombreux outils sont deacuteveloppeacutes en interne avec lrsquoappui drsquointervenants pour mettre en place des attitudes et des capaciteacutes agrave reacuteagir au sein de lrsquoentreprise entre collaborateurs et agrave diffeacuterents ni-veaux hieacuterarchiques

Dans ce cadre la preacutevention des risques lieacutes aux probleacutematiques addictives drsquoun collaborateur aura tout inteacuterecirct agrave se pla-cer dans une dynamique drsquoeacuteducation par les pairs chaque membre de lrsquoen-treprise sera ameneacute agrave deacutevelopper des compeacutetences de pairs en termes de vigilance et drsquoeacutecoute Crsquoest aussi toute une culture de la bienveillance en milieu de travail qui peut srsquoy rattacher

Fondement de lrsquoaction de preacuteven-tion en milieu professionnel

Identifier et faire connaicirctre dans lentreprise quelles sont les personnes ressources instances repreacutesentatives du personnel service de santeacute au travail

preacuteventeurs et pairs personnes for-meacutees agrave piloter une deacutemarche de preacute-vention

Deacutevelopper une deacutemarche inclusive et participative de tous les salarieacutes agrave tous les niveaux hieacuterarchiques

Aider les personnes en difficulteacute dans le cadre du contexte professionnel avec pour but de maintenir ces per-sonnes dans lentreprise et non les ex-clure

Services de santeacute au travail Ils ont pour mission exclusive deacuteviter toute alteacuteration de la santeacute des travail-leurs du fait de leur travail A cette fin notamment ils conseillent les em-ployeurs les travailleurs et leurs repreacute-sentants sur les dispositions et mesures neacutecessaires afin deacuteviter ou de diminuer les risques professionnels dameacuteliorer les conditions de travail de preacutevenir la consommation dalcool et de drogue sur le lieu de travail89

Les actions agrave mener peuvent ecirctre Aider les personnes agrave eacutevaluer les

risques lieacutes agrave leur usage de substances psychoactives agrave sinterroger sur leurs pratiques de consommation et deacutevelop-per des capaciteacutes agrave faire des choix

Pour les personnes en difficulteacute les informer en quoi leur consommation impacte leur travail susciter leur capa-citeacute agrave demander de laide et leur indi-quer comment avec qui et dans quelles structures drsquoaccompagnement et de soins dans le respect de leur vie priveacutee Crsquoest ici que se placera singuliegraverement

89 L4622-2 du code du travail

ZOOM

Preacutevention des risques professionnels lieacutes aux conduites addictivesune deacutemarche Speacutecifique propoSeacutee par lrsquoanpaa

La deacutemarche de lrsquoANPAA est une deacutemarche globale Elle prend en compte tous les professionnels de lrsquoentreprise (publique ou priveacutee) et pas uniquement ceux pour lesquels la consommation est repeacutereacutee par lrsquoem-ployeur ou le service de santeacute au tra-vail comme probleacutematiqueLa deacutemarche globale drsquointervention en milieu professionnel de lrsquoANPAA comporte trois volets

La preacutevention collective sur la base du code de la route du code du tra-vail et du regraveglement inteacuterieur de lrsquoen-treprise

Lrsquoaccompagnement des salarieacutes en difficulteacute comment les orienter vers lrsquoaccompagnement et les soins vers qui avec qui

Le conseil pour la gestion par lrsquoen-treprise de situations difficiles sur le lieu de travail (regraveglement inteacuterieur conduites agrave tenir face agrave un salarieacute en eacutetat drsquoivresse manifeste face agrave un sala-rieacute en difficulteacute chronique etc)

La formation de volontaires relais de preacutevention permettant lrsquoacquisition drsquooutils neacutecessaires pour agir en pairs au sein de lrsquoentreprise dans une pos-ture qui doit avant tout permettre drsquoaider les personnes en difficulteacute

Cette deacutemarche srsquoappuie notamment sur le CHSCTComiteacute social et eacuteco-nomique (CSE) le service de santeacute au travail la direction des ressources humaines les preacuteventeurs au sein de lrsquoentreprise

une eacuteducation par les pairs dans le contexte de compeacutetences psychoso-ciales acquises ou par une formation deacutedieacutee

Pour lentreprise agir sur lenviron-nement qui peut ecirctre incitateur afin de reacuteduire les risques

Faire appel agrave la responsabilisation de

chacun selon son niveau de responsa-biliteacute au sein de lrsquoentreprise tout en consideacuterant la regravegle premiegravere drsquoassis-tance agrave personne en danger le cas eacutecheacuteant

Rappeler et faire respecter le code du travail le regraveglement inteacuterieur et les proceacutedures internes de lentreprise

78 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 79

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 MOBILISER DES ACTEURS ET OUTILS

MOBILISER LES PARTENARIATS La preacutevention des impacts sur lrsquoentou-rage des conduites addictives drsquoun proche srsquoinscrit dans une continuiteacute drsquoactions depuis le repeacuterage en passant par lrsquoalerte et lrsquoaccompagnement sur un territoire donneacuteDans ce contexte des professionnels des secteurs sanitaires sociaux et meacute-dico-sociaux mais pas uniquement non speacutecialiseacutes en addictologie pourront ecirctre mobiliseacutesNotamment concernant la preacutevention des risques de co-deacutependance et de parenti-fication des enfants le cercle de collabo-ration peut srsquoeacutelargir au monde eacuteducatif et socioculturel tel que le service jeunesse clubs sportifs lrsquoEducation Nationale la CAF etc et les lieux de soins ou de suivi meacutedico-social de lrsquoenfanceConcernant le monde professionnel il srsquoagira de se tourner vers les acteurs speacutecialiseacutes de preacutevention en consideacuterant les interactions possibles avec les ser-vices internes agrave lrsquoentreprise ou ex-ternes direction du travail service de santeacute au travail groupements profes-sionnels feacutedeacuterations locales pour des actions seacutelectives et cibleacutees

Non-exhaustive la liste suivante des acteurs-ressources doit srsquoadapter agrave chaque contexte local et de public pour nouer les partenariats utiles au repeacuterage et agrave lrsquoaccompagnement

Secteur de lrsquoenfance et de la jeu-nesse en particulier la Protection Ma-ternelle et Infantile (PMI) lrsquoAide Sociale

agrave lrsquoEnfance (ASE) les centre Meacutedico Psycho Peacutedagogique (CMPP) les Point drsquoAccueil Eacutecoute Jeunes (PAEJ)et mai-sons des adolescents90 Secteur de la parentaliteacute en particu-

lier les Reacuteseaux drsquoEacutecoute Appui et drsquoAc-compagnement des parents (REAPP) les services de meacutediation familiale (agrave la de-mande des parties ou agrave la demande drsquoun juge) les lieux drsquoaccueil enfants-parents (LAEP) les Centre de Planification et drsquoEacuteducation Familiale (CPEF)91 les centres drsquoInformation sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) Milieu professionnel en particulier

les Comiteacutes Sociaux et Economique (CSE)92 Les services de santeacute au travail93

Autres milieux en particulier les services de santeacute scolaire et universi-taire les services drsquoActions Eacuteducatives en Milieu Ouvert (AEMO) la Protection Judiciaire Jeunesse (PJJ) et les services peacutenitentiaires drsquoinsertion et de proba-tion (SPIP)

90 Coordonneacutees des maisons des adolescents et PAEJ sur httpcartosantejeunesorg

91 Coordonneacutees des CPEF httpsivggouvfrles-centres-de-planification-ou-d-education-familialehtml

92 Le CSE est destineacute agrave remplacer lensemble des ins-titutions repreacutesentatives eacutelues du personnel de lentre-prise pour toutes les entreprises dau moins 11 salarieacutes Dici le 1er janvier 2020 il se substituera notamment aux deacuteleacutegueacutes du personnel au comiteacute dentreprise et au comiteacute dhygiegravene de seacutecuriteacute et des conditions de travail (CHSCT) En revanche les repreacutesentants du personnel deacutesigneacutes par exemple les deacuteleacutegueacutes syndicaux restent en place Dans les entreprises drsquoau moins 300 salarieacutes le CSE doit comporter une commission santeacute seacutecuriteacute et conditions de travail (CSSCT) dont les principales missions correspondent pour tout ou partie agrave celles auparavant confieacutees au CHSCT

93 Plus drsquoinformation sur httptravail-emploigouvfremploiinser tion-dans-l-emploiemploi-et-handicapprevention-et-maintien-dans-l-emploiservices-de-sante-au-travail-sst

ZOOM

Violences intrafamiliales et neacutecessaire attention des professionnels

Reconnaicirctre la violence Les violences srsquoinscrivent dans un continuum drsquoattitudes et de compor-tements allant du verbal aux coups du mateacuteriel au symbolique du physique au psychique impactant toute la cel-lule familialeCes violences sont faciliteacutees et insuffi-samment combattues pour plusieurs facteurs notamment Le sexisme des socieacuteteacutes humaines lrsquoanthropologue Franccediloise Heacuteritier94 estime que partout de tout temps et en tout lieu le masculin est consideacutereacute comme supeacuterieur au feacuteminin qursquoelle deacutefinit comme laquo la valence diffeacuteren-tielle des sexes raquo

94 Franccediloise HERITIER Masculin Feacuteminin La pen-seacutee de la diffeacuterence Odile Jacob 1995 332 p

Les liens de parentaliteacutes consideacutereacutes comme relevant de la sphegravere de lrsquoin-time avec notamment pour conseacute-quence la non-peacutenalisation des laquo fes-seacutees raquo parentalesDans leur expression paroxysmique les violences intrafamiliales en France crsquoest une femme qui deacutecegravede tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint95 deux en-fants qui deacutecegravedent chaque jour dans le cadre de maltraitances parentales96 et 80 des mauvais traitements infli-geacutes sur un enfant ayant lieu au sein de la famille

95 Observatoire national des violences faites aux femmes

96 Anne TURSZ Les oublieacutes Enfants maltraiteacutes en France et par la France Le Seuil 2010 432 p

Agrave RETENIR

Les professionnels de lrsquoaddictologie doivent Communiquer sur les ressources existantes en matiegravere de preacutevention repeacute-

rage orientation accompagnement et soins par tout moyen (par teacuteleacutephone en ligne et par les groupes drsquoauto-support) aupregraves de lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Srsquoappuyer sur des partenariats forts avec les acteurs non speacutecialiseacutes engageacutes sur les questions relatives agrave lrsquoentourage

80 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 81

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Reacuteduire les risques et les dommages dans le champ des addictions

Crsquoest porter la plus grande attention aux liens qui peuvent srsquoopeacuterer entre conduites addictives et violences

Du fait des psycho traumas issus de violences subies par le passeacute cer-taines personnes sont confronteacutees agrave des probleacutematiques addictives

Rendues plus vulneacuterables du fait de leurs conduites addictives certaines personnes ont plus de risques drsquoecirctre victimes de violencesLes conduites addictives peuvent ecirctre des facteurs facilitant les passages agrave lrsquoacte violent pour certaines personnes

Les professionnels doivent donc porter une attention particuliegravere agrave ces ques-tions de violences subies ou commises

Questionner systeacutematiquement les personnes sur drsquoeacuteventuelles violences subies par le passeacute ou actuellement

Ne pas craindre une laquo poten-tielle raquo rupture du lien theacuterapeutique avec une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives dont on ap-prend des actes de violences sur des tiers

Opeacuterer des signalements degraves que les circonstances semblent les rendre neacutecessaires

Faire connaicirctre leurs droits aux personnes victimes et mobiliser les ressources existantes sur le territoire

Diffuser largement les numeacuteros de teacuteleacutephonie deacutedieacutes

Enfance en danger 119 Violences femmes Info 39 19

ILLUSTRATION

Violences intrafamiliales dans un contexte de probleacutematique addictive expeacuterience du cSapa anpaa danS le cher en partenariat

ACTION PARTENARIALE

Cette action partenariale a mobiliseacute le CSAPA ANPAA dans le Cher La DGS La preacutefecture du Cher (par la chargeacutee de mission du Droit des Femmes et le substitut du Procureur) la Maison des Adolescents et des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie

HISTORIQUE

Degraves 2008 lrsquoANPAA dans le Cher accentue lrsquoaccueil et lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage en proposant du soutien individuel mais eacutegalement un soutien theacuterapeutique par le biais de la theacuterapie familiale systeacutemique Si les pratiques addictives sont consideacutereacutees comme des conduites principalement individuelles elles ont des reacutepercus-sions eacutevidentes sur le fonctionnement familial et reacuteciproquement

En 2012 suite agrave un appel agrave projets de la DGS lrsquoANPAA obtient un finan-cement de 18 mois pour deacutevelopper un projet de preacutevention drsquoaccegraves aux soins et de soins en direction des femmes sur le deacutepartement du Cher

Au cours de ces 18 mois la vulneacute-rabiliteacute particuliegravere des femmes amegravene lrsquoeacutequipe agrave adapter les moyens drsquoaccompagnement dont la place des

enfants et agrave se rapprocher de parte-naires jusque-lagrave peu solliciteacutes

En 2014 la preacutefecture du Cher en la personne de la chargeacutee de mission au Droit des femmes et du substitut du procureur reacuteunit des profession-nels pour innover et construire une reacuteponse singuliegravere Le substitut sou-ligne alors que dans le Cher lrsquoalcool est preacutesent dans 70 des cas de vio-lences intrafamiliales LrsquoANPAA se saisit de cette opportu-niteacute et constitue un groupe de reacute-flexion interne chargeacute drsquoeacutelaborer et de mettre en œuvre un projet speacutecifique

LrsquoANALYSE EFFECTUEacuteE PAR LrsquoANPAA

DEacuteGAGE TROIS PRIORITEacuteS

1 Lrsquoaccueil des enfants en centre de soin lrsquoouverture de la Maison des Adolescents a favoriseacute cette possibiliteacute 2 Un besoin de formation les pro-fessionnels se sont formeacutes agrave lrsquoeacutevalua-tion du risque traumatique et agrave lrsquoac-compagnement des enfants 3 Des parcours de vie poly-trauma-tiques de femmes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Drsquoun point de vue clinique au-delagrave de la litteacuterature dans le domaine lrsquoeacutequipe observe chez les usagers et en particulier chez les femmes preacutesentant des conduites addictives des probleacute-matiques lieacutees agrave des histoires de vie ponctueacutees de ruptures et de trauma-tismes Souvent des anteacuteceacutedents deacute-pressifs anxieux des conditions de vie peacutenibles et des traumatismes lieacutes agrave des abus sexuels apparaissent dans la vie

82 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 83

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

des femmes victimes La violence est ainsi tregraves preacutesente dans leur parcours

Soit agrave lrsquoorigine de leur probleacutematique Soit dans leur quotidien leurs pro-bleacutematiques les placcedilant en situa-tions de fragiliteacute qui les rendent plus souvent victimes de violences Soit parce que lrsquoaddiction chez une femme est assimileacutee agrave une tare qui entraicircne culpabiliteacute et honte avec des consommations plus souvent cacheacutees Lrsquoimpact de la combinaison conduites

addictives et violence aupregraves des en-fants est incontournable Ce constat srsquoappuie sur les eacuteleacutements judiciaires (dont le devenir drsquoenfants victimes de violences intrafamiliales) sur le reacutecit de vie des usagers du centre de soins et eacutegalement sur les teacutemoignages des jeunes rencontreacutes agrave la Maison des Ado-lescents pour des probleacutematiques ou des questionnements paraissant au deacutepart bien eacuteloigneacutes de cette question

LE PROJET PORTEacute PAR LrsquoANPAA

DANS LE CHER SrsquoADRESSE

DrsquoUNE PART AUX FEMMES DrsquoAUTRE

PART AUX ENFANTS

En direction des femmes contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reacutecidive agrave travers des consultations individuelles et un groupe de parole de femmes

En direction des enfants contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reproduction intergeacuteneacuterationnelle de la violence et

des conduites addictives par des consultations individuelles et familiales et atelier de preacutevention laquo les prsquotits chefs de la preacutevention raquo

LES PrsquoTITS CHEFS

DE LA PREacuteVENTION

Animeacute par un animateur de preacuteven-tion ou eacuteducateur speacutecialiseacute cet ate-lier srsquoadresse agrave des enfants acircgeacutes de 5 agrave 12 ans et a pour objectif la diffusion de connaissances le deacuteveloppement de compeacutetences psychosociales le deacuteveloppement de lrsquoautonomie et de la responsabilisation la preacutevention de la premiegravere consommation lrsquoeacutechange parents-enfants-professionnelsCes modaliteacutes de mise en œuvre sont les suivantes

Le groupe srsquoappuie sur des meacutedia-tions adapteacutees (jeux dessins outils de preacutevention hellip) afin de deacutevelopper etou renforcer les compeacutetences psycho-sociales des enfants

Ce groupe fermeacute de huit enfants se deacutecline en cinq seacuteances de deux heures trente lors de chaque peacuteriode de vacances scolaires

Au cours de chaque seacuteance deux compeacutetences psychosociales sont tra-vailleacutees Ensuite un goucircter est preacute-pareacute par les enfants afin de proposer un temps drsquoeacutechange et de partage entre enfants parents et profession-nel de lrsquoANPAA du Cher

Une eacutevaluation est produite agrave la fin de chaque seacuteance afin drsquoappreacutecier la satisfaction des participants de leurs parents et lrsquoatteinte des objectifs

OUTILS POUR SrsquoINFORMER ORIENTER ET SrsquoORIENTER

Outils agrave destination de lrsquoentourageLes personnes de lrsquoentourage de per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peuvent disposer de pre-miegraveres reacuteponses agrave leurs interrogations de maniegravere anonyme gracircces aux lignes teacuteleacutephoniques du groupement drsquointeacuterecirct public Addictions Drogues Alcool Info Service (ADALIS)

Alcool info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 0 980 980 930 et en ligne httpalcool-info-servicefrAvec une rubrique deacutedieacutee laquo lrsquoalcool et vos proches raquo proposant plusieurs conseils

Lalcool dans la famille Comment savoir si un proche a un problegraveme Mon conjoint boit comment en parler agrave mes enfants Mon ado organise une soireacuteehellip

Aider ecirctre aideacute Comment aider un proche Il a recommenceacute agrave boirehellip Comment me faire aider

Drogue info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel gratuit depuis un poste fixe 0800 23 13 13 et en ligne httpwwwdrogues-info-servicefr

Joueurs info service de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 09 74 75 13 13 Et en ligne httpwwwjoueurs-info-ser-vicefr

Un ensemble de services sont proposeacutes Des conseils en ligne Par laquo chat raquo en ligne sur le site web

deacutedieacute Une eacutecoute et des conseils personna-

liseacutes par teacuteleacutephone En adressant ses questions par formu-

laire sur le web rubrique laquo vos ques-tions nos reacuteponses raquo

Les adresses utiles en preacutevention (conseil consultation documentaire in-tervention de preacutevention) en soins (meacutedico-social sanitaire ambulatoire ou reacutesidentiel) professionnels (formation coordination des soins) Outils agrave destination des professionnels

Travailler en preacutevention pour et avec lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peut prendre de multiples formes et concer-ner de nombreux thegravemes sous-jacents La formation et le conseil des eacutequipes ou des interlocuteurs non speacutecialiseacutes en addictologie notamment de premiegravere ligne susceptibles de repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addic-tives aupregraves des personnes de lrsquoentou-rage ndash (cellule familiale ou en milieu professionnel) ndash doivent ecirctre accompa-gneacutes par les professionnels de lrsquoaddicto-logie agrave travers des actions de conseil et de formation pour leur permettre de

Savoir eacutevoquer et repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addictives

Savoir orienter vers les lieux res-sources notamment en matiegravere drsquoac-compagnement les CSAPA ont aussi pour mission lrsquoaccompagnement des personnes de lrsquoentourage

GUIDE REPEgraveRES 85

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

84 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Des formations agrave envisager notam-ment sur les theacutematiques suivantes

Notions de base en addictologie Entretien de premier accueil accueil

et orientation de lrsquoentourage Questions de parentaliteacute Theacuterapie familiale avec notamment

des outils comme le geacutenogramme la transmission intergeacuteneacuterationnelle

Agrave RETENIR

Les formations proposeacutees par lrsquoANPAA sinscrivent dans les champs de la preacutevention et du conseil en addictologie

Des stages de formation en addictologie sont organiseacutes dans toute la France Pour lessentiel ces stages sont destineacutes agrave des professionnels relais dans les entreprises des services administratifs locaux des associations qui agissent aupregraves des personnes en difficulteacute

Le maillage territorial de lrsquoANPAA permet de deacutevelopper aussi un panel de formations en lien avec les besoins et les ressources des territoires et des pu-blics cible

Certaines formations abordent les questions touchant agrave lrsquoentourage agrave la preacutevention des risques agrave son accueil ou agrave ses souffrances comme la co-deacutepen-dance

Dans le cadre de la preacutevention des conduites addictives en milieu profes-sionnel le plan gouvernemental preacutevoit plusieurs actions dont la formation des professionnels de santeacute des services de santeacute au travail en service autonome ou interentreprises agrave la preacutevention des conduites addictives

3fraslthinsp1PRIMO-DEMANDE

ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

1 ACCOMPAGNER LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

UNE MISSION DES CSAPALrsquoentourage est accueilli en CSAPA au mecircme titre que les personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives et beacuteneacuteficient des mecircmes possibiliteacutes de prise en compte de leurs probleacutema-tiques speacutecifiques agrave travers une eacutecoute et un accompagnement personnaliseacuteAinsi les CSAPA laquo assurent pour les personnes ayant une consommation agrave

risque un usage nocif ou preacutesentant une deacutependance aux substances psychoac-tives ainsi que pour leur entourage laccueil linformation leacutevaluation meacutedi-cale psychologique et sociale et lorien-tation de la personne ou de son entou-rage [hellip] raquo97 De ce fait les professionnels du CSAPA peuvent intervenir aupregraves de lrsquoentou-rage dans une assez grande varieacuteteacute de situations

La personne de lrsquoentourage en diffi-culteacute avec les conduites addictives de lrsquoautre lrsquoautre eacutetant en deacutemarche drsquoac-compagnement ou de soins dans le

97 Deacutecret ndeg 2007-877 du 14 mai 2007 relatif aux mis-sions des centres de soins daccompagnement et de preacutevention en addictologie

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

1 PRIMO-DEMANDE ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

3 ORIENTATIONS PSYCHOTHEacuteRAPEUTIQUES

86 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 87

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

longue peacuteriode de difficulteacutes tues voire un pheacutenomegravene de co-deacutependance ins-talleacutee

Geacuteneacuteralement la personne de lrsquoen-tourage masque son propre besoin drsquoaide ou drsquoaccompagnement qursquoelle nrsquoest pas encore en mesure de formuler par une primo-demande de soutien pour laquo lrsquoautre raquo celui qui a un problegraveme avec ses conduites addictives

Qursquoelle que soit la position de cette personne de lrsquoentourage la deacutemarche qursquoelle accomplit doit ecirctre consideacutereacutee avec la plus grande attention car lrsquoimpli-cation des familles des proches aupregraves des usagers constitue un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sen-sibiliseacutes eacutecouteacutes peuvent soutenir lrsquousa-ger dans sa deacutemarche de reacuteduction des risques et des dommages

IDENTIFIER LES MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGELa demande drsquoaide deacutetourneacutee ou pas du conjoint ou du parent est freacutequem-ment motiveacutee par un moment de crise face agrave un eacutevegravenement laquo grave raquo ou un laquo eacutevegravenement de trop raquo lieacute aux conduites addictives comme

Le deacuteni des consommations Une reprise de consommation apregraves

une peacuteriode drsquoabstinence Des actes de violence conjugale ou

familiale (violences verbales physiques agressions sexuelles ou viol) sous lrsquoeffet drsquoun produit

La personne est souvent la seule agrave solli-citer de lrsquoaide

Elle vient consulter en exprimant tou-cher une limite par rapport agrave ce qursquoelle peut supporter de son proche

Lrsquoexigence de lrsquoarrecirct de la consomma-tion du conjoint en difficulteacute avec ses conduites addictives est un signe de la souffrance du proche et de son eacuteven-tuelle co-deacutependance Crsquoest une forme drsquoappel au secours

Le proche non-deacutependant lorsqursquoil srsquoagit du conjoint veut faire laquo repartir le couple comme avant raquo Cette deacutemarche deacutesigne le partenaire en difficulteacute avec ses conduites addictives comme unique responsable du malaise conjugal et comme laquo malade raquo agrave soigner pour reacuteta-blir lrsquoeacutequilibre du couple

La demande peut aussi porter sur Une aide pour mieux geacuterer les pro-blegravemes lieacutes aux conduites addictives de leur partenaire

Une demande drsquoaccompagnement de leur conjoint afin de leur laquo faire arrecircter raquo les consommations (les problegravemes)

Peu de personnes de lrsquoentourage expriment un besoin drsquoaide pour elles-mecircmes Il srsquoagit tregraves souvent de lrsquoautre et non de soi

Cette demande drsquoaide implique for-ceacutement que les parties srsquointerrogent et se positionnent sur la place que chacun est precirct agrave faire agrave lrsquoautre agrave travers des attentes exprimeacutees vis-agrave-vis de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives mais surtout par rapport au veacutecu du couple et agrave sa faccedilon de se pro-jeter agrave travers un avenir commun

mecircme eacutetablissement ou pas Lrsquoaccompa-gnement est centreacute sur la personne de lrsquoentourage et ses difficulteacutes

Les personnes deacutesireuses de soute-nir leur proche addict dans sa deacutemarche de changement

Les personnes de lrsquoentourage invi-teacutees par un professionnel en accord avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictivesCes personnes de lrsquoentourage peuvent ecirctre reccedilues individuellement ou avec leur proche ou en groupe agrave viseacutee infor-mative ou theacuterapeutique selon ce qui est proposeacute par lrsquoeacutetablissement

Selon les attentes de la personne en premiegravere consultation il sera question drsquoassurer

Une eacutecoute et une eacutevaluation de la demande

Un soutien en tant que personne en souffrance sous lrsquoeffet drsquoune co-deacutepen-dance conscientiseacutee ou pas

Une information pour mieux com-prendre les probleacutematiques addictives et celles de la personne proche en par-ticulier produits contextes de consom-mation effets rechercheacutes risques et dommages meacutecanismes psychiques lieacutes aux addictions dispositifs et modaliteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Des conseils pour pouvoir laquo aider raquo et rester aux cocircteacutes de la personne addict en eacutevitant les situations de reacuteclamations controcircle ou de protection parfois contre-productives et psychiquement usantes

Accompagnement conjoint avec la personne addicte voire agrave plusieurs en famille par exemple sous reacuteserve drsquoad-heacutesion des parties

UNE COMMUNICATION INDISPENSABLE Agrave LrsquoEFFICACITEacute DE LA MISSION DE PREacuteVENTIONIl est absolument neacutecessaire que tous les supports de communication sur les mis-sions et le public accueilli en CSAPA speacutecifient bien que lrsquoentourage de toute personne en difficulteacute avec ses conduites addictives peut ecirctre accueilli et accom-pagneacute

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non ins-crite dans une deacutemarche drsquoaccompagne-ment et de soins dans cet eacutetablissement ou ailleurs par le passeacute ou actuelle-ment

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non in-formeacutee que son proche consulte en CSAPA en tant que laquo personne de lrsquoentourage raquoCette information doit ecirctre largement relayeacutee par le reacuteseau drsquoacteurs interve-nant sur le public et le secteur geacuteogra-phique du CSAPA

2 PRIMO-DEMANDE ET MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGE

PRIMO-DEMANDE DE LrsquoENTOURAGE

Lrsquoentourage drsquoune personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives doit ecirctre reccedilu comme tout usager accueilli en structure drsquoaccueil drsquoaccompagne-ment et de soins

La personne de lrsquoentourage (conjoint famille collegraveguehellip) qui franchit la porte drsquoun eacutetablissement drsquoaccompagnement en addictologie reacutevegravele par fois une

GUIDE REPEgraveRES 89

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

88 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

dez-vous avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives sans infor-mation preacutealable Il srsquoagit en geacuteneacuteral pour la personne de lrsquoentourage

De srsquoassurer que lrsquoaccompagnement se poursuit Drsquoapporter des informations com-pleacutementaires parfois agrave lrsquoinsu du tiers concerneacute Drsquoexprimer ses difficulteacutes voire son deacutecouragement face agrave une situation

qui nrsquoeacutevolue pas comme cela est attendu lrsquoentourage se montre parfois laquo impatient raquo et si le laquo pa-tient raquo laquo ne bouge pas raquo la pression se verra renforcer sur lrsquoeacutequipe drsquoac-compagnement et de soins

Ces deacutemarches de lrsquoentourage intro-duisent une dimension familiale que la situation de la personne concerneacutee srsquoameacuteliore se deacuteteacuteriore ou que drsquoautres problegravemes se posent

ZOOM

Double suivi au sein du mecircme eacutetablissement

Repeacuterer le double suiviLe possible double suivi drsquoun usager et de son entourage (une ou plusieurs personnes) neacutecessite danalyser lrsquoob-jet de la demande et son origine car

Un accompagnement etou des soins en addictologie ne peuvent avoir lieu que si lrsquousager le demande

Mais lorsque cest lentourage qui demande alors les eacuteleacutements de la demande peuvent ecirctre disperseacutes entre plusieurs protagonistes

Pratique repeacuterer le symptocircme la souffrance et la formulation de la demande

Symptocircme qui pose le plus de problegravemes actuellement

Souffrance qui souffre le plus de la situation

Formulation de la demande qui se montre le plus preacuteoccupeacute

Position de lrsquoentourage dans lrsquoeacuteclatement de la demande Lrsquoeacutequipe drsquoaccompagnement et de soins se retrouve alors devant plu-sieurs possibiliteacutes drsquoeacuteclatement de la demande

Les trois eacuteleacutements peuvent ecirctre porteacutes par la mecircme personne elle preacutesente un symptocircme en souffre et est en demande Lentourage nest alors pas en demande

Une personne preacutesente un symp-tocircme mais nrsquoen souffre pas et ne demande rien crsquoest lentourage qui souffre et qui demande de lrsquoaide

Une troisiegraveme possibiliteacute est une personne qui preacutesente un symptocircme et la souffrance mais crsquoest une autre qui demande Cest le cas de lentou-rage qui vient seul au CSAPA

Enfin la situation peut eacutechapper aux reacuteseaux de soin parce que les personnes preacutesentent un problegraveme sans pouvoir lrsquoaborder ou une souf-france sans pouvoir lrsquoidentif ier ni lrsquoexprimer

ILLUSTRATION

Paroles de conjointe

Les services drsquoeacutecoute speacutecialiseacutee ou les premiegraveres consultations en eacutetablis-sement speacutecialiseacute en addictologie re-ccediloivent des personnes venues parler de lrsquolaquo autre raquo elles ne disent pas laquo je raquo mais laquo il raquo ou laquo elle raquo crsquoest-agrave-dire lrsquolaquo autre raquo deacutesigneacute comme la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives raquo laquo malade raquo Il srsquoagit de leur compagnon eacutepouse fils pegraverehellip

Les mots sont laquo Il ne srsquoen rend pas compte raquo laquo Il ne vous dit pas tout moi je vais vous le dire raquohellip

Les craintes sont exprimeacutees laquo Ne lui dites pas que je vous ai appeleacute que je vous ai vu raquohellip

Ces personnes qui srsquoadressent aux services speacutecialiseacutes agrave travers ce qursquoelles disent des diff iculteacutes de lrsquoautre parlent avant tout de leurs propres souffrances de leur deacutenue-ment de leur eacutepuisement de leur colegravere de leur volonteacute drsquoagir tout en ne sachant plus comment faire car souvent ces personnes tregraves impli-queacutees estiment avoir laquo tout essayeacute raquo

Les amener agrave srsquoexprimer agrave la pre-miegravere personne pour formuler leurs propres difficulteacutes est primordial

Lrsquoobjectif ne doit plus ecirctre de reacute-pondre agrave laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour lui raquo mais agrave la question qui les amegravene en tant qursquoindividu qui souffre laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour moi raquo pour aller mieux

TYPOLOGIE DE SITUATIONS METTANT EN JEU LrsquoENTOURAGE Les motivations de lrsquoentourage qui se rend au sein drsquoun eacutetablissement drsquoac-compagnement en addictologie sont varieacutees informative de soutien drsquoordre psychotheacuterapique de groupe ou familial et se manifestent sur des modes diffeacute-rencieacutes qui doivent interroger les eacutequipes

La personne de lrsquoentourage vient seule

Pour trouver des informations rela-tives aux modaliteacutes drsquoaccompagne-ment et de soins possibles et sur les dimensions de la probleacutematique addictive pour mieux comprendre la situation et mieux soutenir lrsquoautre Pour exprimer sa souffrance et son eacutepuisement face agrave la situation

Absence de lrsquoentourage alors il nrsquoy a pas ou peu de liens entre les per-sonnes et les soignants Il convient drsquoin-terroger la personne accompagneacutee pour ses probleacutematiques addictives sur cette absence Dans le respect du souhait des parties il convient de proposer degraves le deacutebut de lrsquoaccompagnement de recevoir lrsquoentou-rage seul ou ensemble afin de sortir du centrage sur la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et aborder la situation dans son ensemble pour eacutela-borer un diagnostic global (individu fa-milial socialhellip) Srsquoappuyer sur toutes ces dimensions pour travailler sur lrsquoeacutechelle motivationnelle

Preacutesence inattendue de lrsquoentourage lrsquoentourage peut intervenir dans le cours de lrsquoaccompagnement par des appels teacuteleacutephoniques par une preacutesence en ren-

90 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 91

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Garde des enfants pendant la consultation du ou des parents

ContexteOutre les cas speacutecifiques drsquoaccompa-gnements qui leurs sont deacutedieacutes avec ou sans leurs parents les enfants sont sus-ceptibles drsquoecirctre preacutesents au sein des eacutetablissements ambulatoires en addic-tologie dans deux types de situations

Parmi les consultants certains ne disposent pas de modaliteacute de garde de leurs enfants durant leur consulta-tion ou un groupe agrave viseacutee theacuterapeu-tique Il srsquoagit majoritairement de femmes avec des enfants en bas acircges non scolariseacutes

Les enfants et les parents sont reccedilus pour un entretien familial mais au cours de la consultation il est pertinent pour les intervenants de permettre agrave un enfant de quitter le bureau

Un consensus peut ecirctre formuleacute sur les points suivants

Tout doit ecirctre mis en œuvre pour faciliter les conditions drsquoaccueil et drsquoaccompagnement des parents nrsquoayant pas de solution de garde pour leurs enfants

Hors entretien familial il est parfois difficile drsquoaccepter la preacutesence drsquoen-fants durant les consultations et groupes agrave viseacutee theacuterapeutique afin de favoriser la liberteacute drsquoexpression du consultant-parent comme du profes-

sionnel ou des tiers preacutesents drsquoune part et dans le respect de ce que doit pou-voir entendre un enfant drsquoautre part

Le professionnel doit srsquoautoriser agrave diffeacuterer un rendez-vous srsquoil considegravere que les conditions drsquoaccueil ne sont pas propices pour le consultant lrsquoen-fant le professionnel

Lrsquoeacutetablissement doit ecirctre en capa-citeacute de proposer des modaliteacutes de garde pour les enfants par exemple par accord de lrsquoeacutetablissement avec une halte-garderie municipale un ser-vice agrave domicile (avec enveloppe bud-geacutetaire deacutedieacutee) professionnel (ou service civique) deacutedieacute agrave une perma-nence drsquoaccueil sans rendez-vous

Ne pas accueillir et assurer la garde des enfants pendant leur temps de consultation crsquoest signifier que la consultation est un temps pour les usagers eux-mecircmes pour prendre soin drsquoeux

Trouver un mode de garde pendant ce court temps crsquoest aussi une forme drsquoengagement dans lrsquoaccompagnement en addictologie du consultant

Organisation de la gardeCette question se preacutesente reacuteguliegravere-ment et doit ecirctre organiseacutee dans le cadre du projet drsquoeacutetablissement et non improviseacutee afin de proposer des conditions seacutecurisantes pour les enfants le consultant comme pour lrsquoeacutequipe Cette question peut ecirctre soumise pour avis aux usagers dans le cadre drsquoinstances de consultationLorsque les enfants sont scolariseacutes les

Ainsi en fonction des besoins expri-meacutes par les parties lentourage pour-ra ecirctre reccedilu lors dentretiens com-muns (theacuterapie familiale ou autre) seacutepareacutement ou seulLe suivi drsquoun usager seacutepareacutement de celui du membre de son entourage ne pourra ecirctre assureacute par le mecircme pro-fessionnel pour une neutraliteacute et in-tervention psychotheacuterapeutique

La position du theacuterapeute dans la gestion du double accompagnement Une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et un membre de lrsquoentourage peuvent souhaiter ecirctre accompagneacutes dans le mecircme eacutetablisse-ment seacutepareacutement Se posent alors plusieurs questions pour lesquelles chaque eacutetablissement doit se fixer des regravegles formaliseacutees dans son projet et clairement eacutenonceacutees aux usagers

Lrsquoun peut souhaiter consulter sans savoir que lrsquoautre y consulte deacutejagrave ou sans que lrsquoautre en soit informeacute aucune information non-personnelle nrsquoa agrave ecirctre porteacutee agrave la connaissance des parties ne fut-ce qursquoinformer mecircme du suivi dans le respect des regravegles de secret professionnel

Deux personnes peuvent consul-ter au sein du mecircme eacutetablissement et ecirctre en conflit majeur par exemple dans le cadre drsquoune seacuteparation ins-tance de divorce conflit sur la garde drsquoenfantshellip Dans cette situation comme dans les preacuteceacutedentes lrsquoeacuteta-blissement doit srsquoefforcer que les deux personnes ne se croisent pas sans toutefois pouvoir le garantir de la mecircme faccedilon que deux individus peuvent toujours se croiser quelque part sans le vouloir Lrsquoeacutetablissement doit rappeler le regraveglement de fonc-tionnement et le respect des per-sonnes Agrave noter qursquoen cas de mesure drsquoeacuteloignement prononceacutee par le juge crsquoest agrave la personne sous cette mesure de prendre ses dispositions et non agrave lrsquoeacutetablissement de garantir les condi-tions de cet eacuteloignement

Deux personnes peuvent souhai-ter consulter une mecircme cateacutegorie de professionnel sans choix du profes-sionnel parce qursquoil nrsquoy en aurait qursquoun au sein de lrsquoeacutetablissement (par exemple meacutedecin psychologue) Si le professionnel ne souhaite pas assurer cet accompagnement pour des ques-tions de positionnement theacuterapeu-tique une orientation doit systeacutemati-quement ecirctre proposeacutee dans un service ou eacutetablissement eacutequivalent le plus proche possible

92 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 93

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

3 LES CONSULTATIONS JEUNES CONSOMMATEURS (CJC) LIEUX-RESSOURCES POUR LA FAMILLE

Les CJC sont une des missions faculta-tives des centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) Au demeurant avec ou sans CJC les CSAPA reccediloivent toutes les per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives quel que soit leur acircge

Public des CJCLes consultations sont destineacutees en prioriteacute aux jeunes consommateurs98 y compris les mineurs qui ressentent des difficulteacutes en lien avec leur consomma-tion de substances psychoactives Les usagers peuvent se preacutesenter seuls spontaneacutement ou adresseacutes par un tiers famille professionnel de santeacute milieu scolaire justice parce qursquoils preacutesentent des diff iculteacutes attribueacutees agrave un usage simple agrave risque ou nocif de substances psychoactives

Probleacutematiques addictives abordeacuteesLes substances psychoactives y compris lrsquoalcool et les addictions comportemen-tales comme le jeu internet etc

Objectifs Agir degraves les premiers stades de la

consommation les CJC disposent de compeacutetences et de savoir-faire afin drsquoen-trer en relation avec le jeune et eacuteventuel-

98 Annexe 4 de la circulaire du 28 feacutevrier 2008 relative aux missions des CSAPA

lement son entourage pour reacutetablir une communication beacuteneacutefique pour lrsquoeacutecoute et la prise de conscience des risques mais aussi pour envisager des probleacutematiques sous-jacentes du jeune

Accueillir lrsquoentourage lrsquoentourage seul souvent agrave lrsquoorigine drsquoune deacutemarche drsquoinformations trouve aupregraves des pro-fessionnels de la consultation une eacutecoute et un soutien dans les difficulteacutes ressenties vis-agrave-vis des consommations ou comportements addictifs de leurs proches

Reacutepondre aux interrogations et preacute-occupations de lrsquoentourage en matiegravere drsquoaddiction informations sur les subs-tances et conduites sans produit leurs effets et leurs risques sur les divers types de recours possibles pour le dia-gnostic et la prise en charge

Soutenir les parents dans leur rocircle eacuteducatif et le dialogue avec leurs enfants sur les consommations de produits illi-cites drsquoalcool et de tabac

Recevoir de faccedilon conjointe le jeune et son entourage

Srsquoadapter aux situations parentsenfantsDans un contexte addictif agrave risque lrsquoaxe de travail essentiel des professionnels de la CJC est de renouer le dialogue entre le jeune et ses parents de laquo deacutedramati-ser raquo la situation la deacutecortiquer tout en maintenant le cadre parental Ceci est rendu possible en confortant le parent dans son rocircle de parent sans le culpabi-liser mais en travaillant sur le dialogue entre eux deux sur la perception de lrsquousage par les uns et les autres sur les risques inheacuterents

rendez-vous doivent ecirctre proposeacutes sur des horaires adapteacutes agrave ces contraintes

En pratique la situation diffegravere selon lrsquoacircge de lrsquoenfant les ressources humaines et la configuration des lo-caux de lrsquoeacutetablissement

Le nourrisson peut ecirctre reccedilu avec son parent

Si le professionnel estime que lrsquoenfant du consultant ne peut pas ecirctre preacutesent durant lrsquoentretien lrsquoeacutetablissement organise alors des modaliteacutes drsquoaccueil des enfants sous la vigilance drsquoun professionnel en proposant par exemple un espace de jeux adapteacute et seacutecuriseacute (des bloque-fenecirctres des jouets qui ne preacutesentent aucun risque drsquoingurgi-tation ou de blessurehellip) Ce temps

peut ecirctre un moyen drsquoobservation du comportement de lrsquoenfant Responsabiliteacutes il est important de

rappeler que les eacutetablissements sont responsables des conseacutequences dom-mageables de leurs actes de preacuteven-tion de diagnostic ou de soins en cas de faute Par conseacutequent ils sont te-nus de souscrire une assurance desti-neacutee agrave les garantir pour leur responsa-biliteacute civile susceptible decirctre engageacutee en raison de dommages subis par des tiers et reacutesultant datteintes agrave la per-sonne survenant dans le cadre de cette activiteacute de preacutevention de dia-gnostic ou de soins Cela concerne bien sucircr avec acuiteacute le mode de gardesurveillance organiseacute pour lrsquoenfant du consultant

Agrave RETENIR

Le professionnel en addictologie vers lequel un membre de lrsquoentourage srsquoadresse doit proposer une eacutecoute bienveillante un soutien et des informations Il srsquoagit

Drsquoaider cette personne agrave identifier ses ressources et ses freins ses difficulteacutes directement et indirectement lieacutees aux probleacutematiques addictives de lrsquoautre

De ne pas consideacuterer lrsquoentourage qursquoagrave travers le prisme de ses difficulteacutes mais de srsquoappuyer aussi sur ses ressources ses expeacuteriences comme allieacute du systegraveme theacuterapeutique

Drsquoaffirmer et reacuteaffirmer que chacun souffre agrave sa maniegravere et a besoin drsquoecirctre entendu compris et aideacute et que la recherche de solution de mieux ecirctre devra srsquoappuyer sur les ressources et expeacuteriences de toutes les parties prenantes

94 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 95

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

rents pour nouer ou renouer le dialogue sur les conduites addic-tives

Les CJC un outil laquo phare de la preacutevention raquo La campagne nationale de communica-tion de 2015 a su toucher justeLes CJC ont beacuteneacuteficieacute drsquoune diversifica-tion des modes drsquoentreacutee101 avec une plus grande visibiliteacute des familles En ef-fet dans lrsquoenquecircte de 2015 on constate la plus grande repreacutesentation des fa-milles dans le dispositif Notamment les constats suivants eacutemergent

Les orientations par la famille pro-gressent de 15 en 2014 agrave 20 en 2015 cette hausse se retrouvant agrave tous les acircges Celles-ci se placent deacutesormais au deuxiegraveme rang des sources de recrute-ment des consultants derriegravere les orientations judiciaires qui restent preacute-dominantes

La preacutesence de la famille en tant qursquoaccompagnateur est eacutegalement plus importante durant les consultations La proportion de consommateurs venus avec leur entourage familial passe de 22 agrave 34 en un an La par t des proches venus sans lrsquousager avoisine toujours les 7 et les consultations laquo venus seuls raquo restent majoritaires

Les consommateurs dirigeacutes par leur famille en CJC sont plus jeunes que les autres et davantage consommateurs de jeux videacuteo En 2015 le jeu videacuteo repreacute-sente

5 des motifs de recours parmi les

101 Caroline PROTAIS et al laquo Evolution du public des CJC (2014-2015) raquo Tendances ndeg 107 2016 4 p

jeunes consultants venus seuls 14 des consultations mettant en preacutesence les jeunes et leur entou-rage

15 des consultations de familles venues seules

Cette forte mobilisation des familles explique une autre eacutevolution marquante en 2015 lrsquoaugmentation de la part des mineurs Agrave lrsquoinverse les familles venues sans la personne concerneacutee se mobi-lisent principalement autour de la consommation drsquoun enfant majeur

Agrave RETENIR

Les probleacutematiques addictives des jeunes se situent tregraves souvent dans un contexte de rupture de dia-logue avec lrsquoentourage familial proche Lrsquoobjectif des CJC est donc de renouer maintenir ou renforcer ses liens avec son entourage

Les CJC doivent travailler en reacute-seau avec toutes les structures en reacutesonnance avec les multiples cercles drsquoentourages des jeunes lieu de consultations meacutedico-so-ciales eacutetablissements scolaires mai-sons des jeunes lieux de vie cultu-rels et sportifs etc

Les CJC doivent communiquer sur leur territoire de rayonnement aupregraves des structures recevant un public jeune et aupregraves des per-sonnes de leur entourage agrave com-mencer par les parents

Dialogue distendu voire peu preacutesent entre le jeune et son parent le parent se sent deacutemuni face agrave son jeune qursquoil juge en difficulteacute De son cocircteacute le jeune se sent incompris impuissant et va ex-primer son mal-ecirctre par diffeacuterentes expeacuterimentations qui lrsquoauront conduit agrave la CJC

Cas du refus ou impossibiliteacute du jeune drsquoecirctre accompagneacute par un membre de sa famille dans ce cas lrsquoen-tourage se compose drsquoun professionnel de santeacute scolairehellip ou drsquoun ami qui de-vra jouer un rocircle de personne morale de reacutefeacuterence et viendra en soutien du travail fait avec les professionnels de la CJC

Cas du refus du jeune de se rendre en CJC le parent a la possibiliteacute de prendre rendez-vous dans le cadre de la CJC avec un professionnel La CJC est un lieu ressources qui dispose des ren-seignements utiles agrave la gestion de la si-tuation et permet drsquoecirctre accompagneacute dans ses difficulteacutes face aux conduites addictives de son jeune Dans ce cas-lagrave le travail se fera avec le parent preacutesent permettant ainsi de lui donner les moyens de laquo faire face raquo de trouver les leviers qui lui permettront de renouer le lien avec son jeune de trouver les mots pour nouer voire maintenir un dialogue Des outils simples comme les sms par exemple moyen de communication privileacutegieacute des jeunes permettent de recreacuteer peu agrave peu du lien Ce premier travail avec le parent peut ainsi permettre agrave celui-ci de se reacuteassurer dans son rocircle de parent Par la suite il pourra venir avec le jeune pour entamer agrave son tour un travail dans les CJC

Les CJC un dispositif de proxi-miteacute confidentiel et gratuit agrave va-loriser

En proportion les jeunes repreacute-sentent une faible part des publics reccedilus en consultations en CSAPA en particu-lier dans le cadre de CJC pour de lrsquoac-compagnement et des soins indivi-duels99

Par conseacutequent les CJC des CSAPA doivent travailler en partenariat avec les structures accueillant les jeunes (eacutetablis-sements scolaires100 culturels sportifs drsquoaccompagnement social judiciaireshellip) pour permettre aux professionnels qui y travaillent de savoir aborder la ques-tion des conduites addictives les repeacute-rer et orienter leur public en difficulteacute

Les CJC ont fait lrsquoobjet drsquoune cam-pagne de communication en 2015 ini-tieacutee par la MILDECA le Ministegravere de la Santeacute et lrsquoINPES Cette campagne de communication multi-supports sur le thegraveme laquo Alcool cannabis cocaiumlne ecs-tasy jeux videacuteo tabachellip Il existe un endroit pour en parler et faire le point raquo soulignait clairement

Les distorsions de perceptions des risques et des dommages selon que lrsquoon est parent ou jeune Lrsquoobjectif des CJC comme lieu-res-sources pour en parler pour les jeunes eux-mecircmes pour les pa-

99 15 de moins de 30 ans en 2014 18 e moins de de 25 ans Cf Christophe PALLE laquo Les personnes ac-cueillies dans les CSAPA raquo Tendances ndeg 110 2016 4 p

100 Guide de preacutesentation des CJC avanceacutees Un inteacute-recirct agrave travailler ensemble ndash Etablissements scolaires lyceacutees geacuteneacuteraux et professionnels centres de formation pour apprentis Deacutepliant eacutelaboreacute dans le cadre de la Coordination des CSAPA assureacutee par lrsquoANPAA ndash Avec le soutien financier de lrsquoARS anneacutee 2016-2017

96 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 97

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ANPAA de Caen lrsquoexpeacuterience montre notamment

La neacutecessiteacute drsquoouvrir des espaces dif-feacuterents en fonction des tranches drsquoacircges les modes drsquoexpressions des enfants et des adolescents eacutetant diffeacuterents

La neacutecessiteacute de soutien des enfants pour construire des reacuteponses adapteacutees agrave des contextes dans lesquels ils se sentent pieacutegeacutes

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination de lrsquoentourage adulteexpeacuterience du cSapa anpaa danS le rhocircne agrave villeurbanne

ORGANISATION

Il srsquoagit drsquoun groupe reacuteuni une fois par mois en soireacutee destineacute agrave lrsquoentourage et permettant drsquoamorcer des consultations individuelles ou des entretiens familiaux 10 agrave 12 personnes constituent en moyenne le groupe (les seacuteances sont mensuelles et les appels quotidiens ren-forcent le nombre de participants) Une psychologue et une intervenante sociale animent la seacuteance pendant que la secreacutetaire assure un accueil perma-nent pour eacuteviter une deacuteperdition

PUBLIC Groupe ouvert agrave toute personne

de lrsquoentourage mecircme si lrsquousager en difficulteacute avec ses pratiques addictives nest pas suivi au CSAPA

Les participants viennent plutocirct en icirclots familiaux par deux ou trois parfois

seuls Les femmes srsquoemparent geacuteneacutera-lement plus de ce dispositif que les hommes repreacutesentant en moyenne 90 des membres du groupe

Toutes les probleacutematiques addic-tives sont discuteacutees avec ou sans pro-duit et toutes les personnes de lrsquoen-tourage sont convieacutees conjointes parents enfants amishellip

Afin deacutevaluer la demande et les eacuteventuelles contre-indications est preacutevu un premier entretien teacuteleacutepho-nique avec une grille drsquoentretien se-mi-directive standardiseacutee eacutelaboreacutee par les intervenants

Cet entretien preacutepare agrave la question du groupe comment lrsquoentourage va pouvoir ecirctre eacutecouteacute Quelle bienveil-lance va-t- i l trouver dans ces eacutechanges

Si lentourage souhaite un suivi in-dividuel en parallegravele ou suite au groupe il est possible de lrsquoorienter vers un premier entretien Les deux accompagnements peuvent se com-pleacuteter Sont inclues aussi les personnes de lrsquoentourage deacutejagrave suivies au centre en individuel et demandeurs Ils sont alors orienteacutes par les intervenants

3fraslthinsp2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE

EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

LES GROUPES Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE102

PrincipesDans le cadre de son parcours de soin au sein de lrsquoeacutetablissement (CSAPA) la per-sonne de lrsquoentourage pourra ecirctre orien-teacutee vers un groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Le groupe agrave viseacutee theacuterapeutique srsquoinscrit agrave la fois dans le projet individualiseacute drsquoac-compagnement et de soins du consul-tant et dans le projet deacutetablissementLe groupe agrave viseacutee theacuterapeutique a pour objectif drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie et lrsquoautonomie des usagers personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives comme personnes de lrsquoentourageCette modaliteacute theacuterapeutique est com-pleacutementaire de lrsquoaccompagnement indi-viduel et repose sur les interactions entre les membres du groupe avec un accompagnement professionnel

Objectifs des groupes agrave viseacutee theacute-rapeutique Objectifs geacuteneacuteraux La capacitation (ou empowerment)

de lrsquoindividu est lrsquoapport principal re-chercheacute pour lrsquousager dans le cadre drsquoun groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Les objectifs geacuteneacuteraux sous-tendus par la deacutemarche en groupe theacuterapeutique sont

102 Les groupes agrave viseacutee theacuterapeutique Addictologie ambulatoire ANPAA 2015 31 p (Guide Repegraveres)

Ameacuteliorer deacutevelopper instaurer ou restaurer

Lrsquoeacutemancipation lrsquoautonomie de lrsquousager Ses capaciteacutes relationnelles phy-siques creacuteatives Son image corporelle et son estime de soi

Reacute-entraicircner et reacuteadapter ses habile-teacutes et accroicirctre ses compeacutetences psy-chosociales

Favoriser la motivation au change-ment

Accroicirctre la compeacutetence drsquoacqueacuterir des reacuteflexes de santeacute positifs

Objectifs speacutecifiques Le deacuteveloppement des compeacutetences

psychosociales Lrsquoaide agrave lrsquoeacutelaboration psychique et agrave

lrsquoameacutelioration des capaciteacutes cognitives La reacuteappropriation corporelle et

sensorielle Lrsquoameacutelioration de la connaissance

des conduites addictives et des moda-liteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Enfants et groupes agrave viseacutee theacutera-peutiqueLes enfants peuvent ecirctre soutenus par de nouveaux contextes drsquoexpeacuteriences favorisant la laquo re raquo connexion agrave leurs besoins et une confiance nouvelle dans leurs capaciteacutes agrave laquo ressentir raquo au travers de groupes agrave viseacutee theacuterapeutique varieacutes

Plusieurs eacutequipes drsquoaccompagnement et de soins ont en ce sens deacuteveloppeacute des groupes drsquoexpression pour enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictives Agrave lrsquoexemple du CSAPA

98 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 99

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Ainsi chacun des protagonistes eacutetablit une confiance et un regard serein sur ce qui va se passer par la suite dans le soin Cela permet aux professionnels de percevoir ce qui se passe agrave la mai-son et eacutegalement de pouvoir donner agrave lentourage des informations qui permettent rapidement dapaiser cer-

tains conflits familiaux En proposant agrave lentourage de ne pas surencheacuterir dans le conflit quand les personnes sont aux prises avec les produits cela permet si la famille y arrive de calmer des tensions voire de diminuer la vio-lence verbale et physique de faccedilon conseacutequente

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination des enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesexpeacuterience du cSapa anpaa danS le calvadoS agrave caen

PUBLIC

Ce groupe srsquoadresse aux jeunes de moins de 17 ans souffrant de lrsquoalcooli-sation ou de la consommation drsquoautres substances drsquoun parent

PREacuteALABLE Lrsquoaccueil est organiseacute par groupe drsquoacircge drsquoougrave la neacutecessiteacute pour les organiser de teacuteleacutephoner avant de venir au CSAPA

OBJECTIFS

Montrer aux jeunes qursquoils ne sont pas tout seuls

Chercher des solutions ensemble face aux difficulteacutes qursquoils rencontrent

Des situations quotidiennes sont envisageacutees monter dans la voiture

quand un parent est sous effet de produit situation de triangulation avec les parents la violence sous effet ou par manquehellip

Il srsquoagit drsquoun groupe drsquoexpression et drsquoeacutechanges avec des possibiliteacutes de des-siner de jouer des mises en situationhellip

ANIMATION DU GROUPE

Le groupe est animeacute par des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie au moins deux par seacuteance dans lrsquoideacuteal femme et homme

Le rocircle des animateurs est de ga-rantir le confort de chacun sans inten-tion theacuterapeutique Ils orientent les adolescents qui auraient besoin drsquoun accompagnement

Le groupe est ouvert le mercredi apregraves-midi de 13h30 agrave 15h

Il est possible drsquoadapter les ho-raires si neacutecessaire

COMMUNICATION

Lrsquoexistence du groupe est commu-niqueacutee dans tous les espaces de for-mation de sensibilisation et dans les eacutetablissements scolaires

OBJECTIFS Objectif principal soutien partage dexpeacuteriences apport dinformations travail sur les repreacutesentationsLe groupe atteste la souffrance de lentourage la repegravere la contient

Ce groupe offre des pistes de reacute-ponses aux questions suivantes

Pourquoi la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives ne re-connait pas la souffrance de lrsquoentou-rage est-ce normal

Comment y reacutepondre Comment rester dans sa famille

tout en se proteacutegeant pour avancer soi-mecircme

Comment faire avec ce que lrsquoon est jusqursquoougrave va le soutien afin de ne pas trop souffrir se respecter se pro-teacuteger srsquoaffirmer prendre soin de soi

LES PROFESSIONNELS APPORTENT

UN AUTRE REGARD QUE CELUI DU

TEacuteMOIGNAGE

Ils expliquent les positionnements de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives mise agrave distance une protection consideacuterer lrsquoautre dans sa souffrance

Ils garantissent le cadre la bienveil-lance le respect de lrsquoeacutecoute de lrsquoautre pour que chacun se positionne et soit impliqueacute ait un temps de parole ga-ranti ce qursquoil vit fait eacutecho agrave lrsquoautre lrsquoentourage peut deacuteposer sa souf-france ses difficulteacutes et voir comment les autres peuvent faire ressource pour lui

Lrsquoaccompagnement amegravene lrsquoentou-rage agrave se rendre compte que le groupe fait soutien

Cet accompagnement relaie la question du travail individuel et celle de lrsquoauto-support de la famille

Le travail des professionnels est drsquoaider lrsquoentourage agrave se positionner agrave trouver sa juste place dans sa relation agrave la personne ayant des conduites addictives (rupture ou omnipotence de lrsquoentourage effet miroir des addic-tions) en fonction du parcours de soins (la place de lrsquoentourage ne sera pas accompagneacutee de la mecircme ma-niegravere si les conduites addictives sont anciennes avec des tabous secret non-dits deacutenis)

Il ne srsquoagit pas forceacutement drsquoun accegraves agrave lrsquoautonomie mais plutocirct drsquoun posi-tionnement face agrave la personne ayant des conduites addictives qui ne doit ecirctre ni trop ni pas assez

PLACE DE LrsquoENTOURAGE DANS LE

PARCOURS DE SOIN

Quelle que soit la probleacutematique ad-dictive lentourage comme allieacute des soins est un gros changement de para-digme et de regard par rapport agrave dautres eacutepoques des soins en addic-tologieLrsquoaccent est mis sur la preacutecociteacute des rencontres sans que lalliance soit mise agrave mal et donc inviter tregraves vite lentourage agrave participer agrave plusieurs rencontres dans les premiers mois si la lecture de la situation que nous avons faite nous semble le neacutecessiter

100 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 101

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

sortir agrave sauver sa vie en lui permet-tant de vivre mieux et longtemps

Il srsquoagit de compleacuteter lrsquoaccompagne-ment et les soins apporteacutes par des profes-sionnels de lrsquoaddictologie les mouvements drsquoentraide peuvent rencontrer des per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives ou leur famille hors structure de soins et agrave des horaires plus larges

Lrsquoapport speacutecifique aux personnes de lrsquoentouragePlusieurs associations proposent des groupes drsquoauto-support ou drsquoentraide speacutecifiquement destineacutes aux personnes de lrsquoentourage de personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives mecircme si le cœur de leur action srsquoadresse avant tout aux usagers eux-mecircmesLes personnes de lrsquoentourage sont reccedilues selon leur propre convenance indivi-duellement en groupe de paroles ou parfois avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives elle-mecircmeCes groupes fonctionnent comme suit

Une organisation reacuteguliegravere et acces-sible

Un appui essentiel sur les pairs pour la compreacutehension de la co-deacutependance crsquoest-agrave-dire

La compreacutehension du processus contre-productif pour lrsquousager deacute-pendant de lrsquointervention reacutepeacuteteacutee de la personne de lrsquoentourage La compreacutehension de lrsquointeacuterecirct agrave vivre mieux se reconstruire et ainsi aider le malade dans son nou-veau parcours vers une meilleure santeacute

Lrsquoentourage preacutesentant une co-deacutepen-dance installeacutee ou pas est souvent en repli sur lui-mecircme honteux culpabiliseacute et en perte drsquoespoir La participation agrave un groupe de parole en auto-support peut lui permettre de

Se poser des questions utiles sur son comportement

Comprendre que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est en souffrance et qursquoil faudra du temps pour une ameacutelioration de la qua-liteacute de vie

Comprendre que tout ne reviendra pas laquo comme avant raquo et qursquoun nouvel eacutequilibre est agrave trouver en se reconstrui-sant chacun et ensemble

Les groupes drsquoentraide sont un appui veacuteritable sur ces points par leur qualiteacute drsquoeacutecoute drsquoidentification drsquoempathie et de confidentialiteacute Ils sont compleacutemen-taires des interventions des profession-nels la palette des acteurs de soutien doit ecirctre porteacutee agrave la connaissance des usagers des eacutetablissements sanitaires et meacutedicosociaux en addictologie et de leur entourage car laquo il faut mettre toutes les chances de son cocircteacute raquo laquo Il nrsquoy a pas de solution miracle chacun doit trouver sa propre voie raquo

Une campagne drsquoaffichage a eacuteteacute reacutealiseacutee suite aux conseils des en-fants qui nous disaient qursquoil valait mieux passer directement par eux que les adultes avaient des difficulteacutes agrave leur communiquer lrsquoinformation

INSCRIPTION

Lrsquoinscription des enfants agrave un groupe est partageacutee avec le responsable leacutegal et ce temps permet le plus souvent drsquoaborder avec le parent la neacutecessiteacute drsquoun espace de parole pour lrsquoenfant qui a agrave vivre avec la deacutependance du parent Si neacutecessaire le trajet est accompa-gneacute par un professionnel afin que ce ne soit pas un obstacle pour lrsquoenfant qui souhaite participer mais nrsquoest pas autonome

LES GROUPES DrsquoAUTO-SUPPORTLes diverses associations qui regroupent soit des usagers laquo actifs raquo soit les groupes drsquoentraide par lrsquoabstinence reacuteunies sous le terme de groupe drsquoauto-support reacute-pondent agrave une double logique celle de lrsquoideacutee de pairs et celle de la responsabilisa-tion et vise agrave agir au niveau des vulneacuterabi-liteacutes et drsquoune reconquecircte de lrsquoautonomie Ainsi ces groupes relegravevent drsquoun double modegravele

Celui du laquo care raquo drsquoune part crsquoest-agrave-dire la mise en action drsquoun principe drsquoattention de sollicitude agrave prendre soin de lrsquoautre et ce faisant de soi en visant un bien-ecirctre un mieux-ecirctre global de lrsquoindividu

Celui de lrsquoapproche par les laquo capa-biliteacutes raquo drsquoautre part crsquoest-agrave-dire lrsquoameacute-lioration des capaciteacutes drsquoun individu agrave effectuer des choix entre des combinai-sons de fonctionnements et agrave en envisa-ger les conseacutequences positives ou neacutega-tives

Lrsquoapport des groupes drsquoentraideLrsquointeacuterecirct des mouvements drsquoentraide ou groupes drsquoauto-support pour les per-sonnes de lrsquoentourage et les personnes en difficulteacute avec leurs conduites addic-tives sont les suivants

Lieu drsquointeacutegration sociale et de lutte contre lrsquoexclusion Valorisation de la personne dans lrsquoeacutecoute le non-jugement de son res-senti de son expeacuterience de la souf-france de la maladie

Lieu drsquoapprentissage drsquoune nouvelle gestion de soi au quotidien Lieu drsquoexpression du laquo care raquo103 comme technique de soin compleacute-mentaire aux systegravemes plus clas-siques de soins du laquo cure raquo

Lieu drsquoinformations varieacutees appro-fondies et fiables

Lieu de grande disponibiliteacute et de grande souplesse de fonctionnement

Rencontres privileacutegieacutees pour les eacutechanges la convivialiteacute lrsquoamitieacute

Existence drsquoune solidariteacute proximale pour eacuteviter une plus grande deacutetresse psychique

Lieu de reacuteel inteacuterecirct pour la personne et son entourage afin de lrsquoaider agrave srsquoen

103 laquo Care raquo est une expression anglo-saxonne signi-fiant bientraitance srsquooccuper de prendre soin porter attention

102 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 103

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

La CAMERUP - Coordination des Associations et Mouvements drsquoEntraide Reconnus drsquoUtiliteacute Publique106

La CAMERUP regroupe les Feacutedeacute-rations Nationales Alcool Assistance Alcool Ecoute Joie et Santeacute amp les Amis de la Santeacute ainsi que les Mouvements de la Croix Bleue amp Addictions Alcool Vie Libre

La CAMERUP nrsquoa pas vocation agrave intervenir directement aupregraves de lrsquoentourage des malades de lrsquoalcool Toutefois le but de la coordination nrsquoeacutetant pas drsquointervenir dans le fonc-tionnement des cinq entiteacutes affilieacutees celles-ci organisent lrsquoaccompagnement des proches selon leurs speacutecificiteacutes fonctionnelles

Les entiteacutes aff ilieacutees ont toutes neacuteanmoins des actions pour lrsquoentou-rage telles que des groupes de parole deacutedieacutes des suivis speacutecifiques dans le cadre de lrsquoaccompagnement et de la reacuteinsertion de la cellule familiale dans la socieacuteteacute entre autres

Certaines sessions de formations peuvent ecirctre dispenseacutees aux per-sonnes de lrsquoentourage par les forma-teurs de la coordination

Certains membres de lrsquoentourage srsquoinvestissent agrave terme dans lrsquoaccompa-gnement voir dans la sensibilisation et

106 Contribution de la CAMERUP

lrsquoinformation apregraves les formations neacutecessaires ou lrsquoanimation de certains groupes de parole Ces personnes de lrsquoentourage srsquoinvestissent eacutegalement dans lrsquoorganisation de certaines mani-festations sorties etc

La CAMERUP joue un rocircle drsquointer-face entre les associations de terrain et les organismes de tutelles ou ins-tances La coordination est ainsi lrsquoin-termeacutediaire privileacutegieacute pour faire re-monter les dysfonctionnements dans le cadre de lrsquoaccompagnement et les besoins de toutes les composantes de la famille et plus largement de lrsquoentou-rage

Lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool maladie fami-liale En effet la CAMERUP reconnait cette pathologie comme une maladie fami-liale car si un individu en est directe-ment victime crsquoest lrsquoensemble de la cellule familiale qui est en souffrance et en subit les conseacutequences directes ou indirectes Au quotidien nos ac-teurs de terrain sont confronteacutes agrave ces eacutetats de fait enfants et conjoints bat-tus enfants deacutescolariseacutes ou en diffi-culteacute nrsquoayant pas les conditions opti-males pour une vie normale drsquoenfant ou drsquoadolescent obligeacutes agrave lrsquoisolement agrave lrsquoautarcie en raison de la honte de lrsquoincompreacutehension et de lrsquoimpuissance que geacutenegravere cette maladie Crsquoest bien au-delagrave de la cellule familiale dans lrsquoentourage scolaire professionnel sportif que fait eacutecho agrave ce mal-ecirctre

ILLUSTRATION

Groupes drsquoentraide ou drsquoauto-support

AL-ANON104

Les groupes familiaux Al-Anon sont neacutes aux Etats-Unis en 1951 et existent en France depuis 1962 Le nom Al-Anon est deacuteriveacute des premiegraveres syl-labes drsquoAlcooliques Anonymes Al-Anon France a pour but drsquoaider la famille et les amis de personnes ayant un problegraveme avec lrsquoalcoolLrsquoassociation compte pregraves de 200 groupes en France Les membres Al-Anon sont des per-sonnes qui ont eacuteteacute affecteacutees par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Il srsquoagit des parents des enfants des eacutepouses des eacutepoux des compagnons ou compagnes de vie des sœurs des fregraveres drsquoautres membres de la famille des amis hellip Peu importe la situation veacutecue les per-sonnes ont un lien commun elles jugent que leur vie a eacuteteacute profondeacutement affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Leurs actions reposent sur le soutien mutuel et le partage de solutions penseacutees actions pour ameacuteliorer leur qualiteacute de vieAu cours des reacuteunions les membres Al-Anon partagent leur expeacuterience leur force et leur espoir dans le but de reacutesoudre leurs problegravemes communs Chaque groupe Al-Anon srsquoauto-reacute-

104 Pour en savoir plus httpal-anon-alateenfr

gule par une grande liber teacute drsquoap-proche aucun engagement aucune adheacutesion Les reacuteunions ne contraignent pas la parole mais la laisse libre drsquoavoir lieu ou pas guideacutee par un modeacuterateur Avec le temps et selon le souhait de chaque individu le groupe propose le parcours en douze eacutetapes issues de la meacutethode des Alcooliques Anonymes

ALATEEN est destineacute aux adolescents dont la vie a eacuteteacute affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Parfois la consommation a cesseacute ou le buveur en phase active peut ne plus vivre avec ses enfants Mecircme si lrsquoalcool a disparu ou si lrsquoalcoolique est parti ou est en reacutetablissement chez AA ils en sont encore affecteacutes

NAR-ANON105 est un programme qui s rsquoadresse aux per sonnes de lrsquoentourage drsquousagers de drogues le parent lrsquoeacutepouse lrsquoenfant le fregravere la sœur ou lrsquoami du consommateur Il offre un support et des ressources aux familles et amis des deacutependants de drogues et propose des rencontres hebdomadaires et de l rsquoeacutecoute personnelle Nar-Anon est un mouvement baseacute sur les douze eacutetapes des Narcotiques Anonymes qui aident les personnes vivant aupregraves des deacutependants agrave deacutevelopper des outils et des moyens pour vivre une vie plus saine et sereine

105 Pour en savoir plus httpsnaranonfrancewordpresscom

104 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 105

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

port agrave lrsquoautre membre du couple laquo Chacun des conjoints rejoue sur la scegravene conjugale des eacuteleacutements drsquoune piegravece qui srsquoest eacutecrite bien avant dans sa famille drsquoorigine raquo109 Ainsi crsquoest par un travail drsquoindividuation et de diffeacuterenciation neacutecessaire drsquoavec le conjoint que la personne addicte peut trouver lrsquoespace indispensable au redeacute-ploiement de sa personnaliteacute

Choix drsquoune orientation theacuterapeutique pour la familleLe choix drsquoun accompagnement familial doit se reacutealiser en ayant peseacute les eacuteleacute-ments de la double probleacutematique

Difficulteacutes de lrsquousager en demande initiale aupregraves de lrsquoeacutetablissement

Difficulteacutes identifieacutees ou deacuteceleacutees par le professionnel dans lrsquoenvironne-ment de la personne en consultation initiale (que ce soit la personne addicte ou son entourage)

Il est utile de mesurer les risques drsquoune orientation theacuterapeutique en deacutecalage avec le besoin reacuteel

Proposer un travail en famille lagrave ougrave il y a une difficulteacute individuelle le risque est drsquoalieacutener le sujet en geacuterant ses questions individuelles en famille Dans ce cas on ne soutient nullement les deacutesirs drsquoautonomie et drsquoindividuation Le sujet peut faire en sorte de deacutemotiver sa famille

Proposer des entretiens familiaux agrave quelqursquoun qui se deacutesigne comme souf-

109 D HERS Jean-Paul ROUSSEAUX Marc DERELY laquo La theacuterapie de lrsquoalcoolisme par le couple raquo in Alcoo-lisme amp toxicomanies De Boeck 1989 p 60

frant cette personne en demande drsquoaide risque de percevoir le message qursquoil nrsquoest pas laquo assez inteacuteressant raquo Il peut eacutegalement le ressentir comme une preuve que le theacuterapeute ne lui fait pas confiance et a besoin du teacutemoignage de lrsquoentourage

Proposer un travail individuel lagrave ougrave il y a une difficulteacute familiale le theacutera-peute pensera quil a respecteacute le sujet et qursquoil lui aura laisseacute lrsquoopportuniteacute drsquoex-primer ce qursquoil ressent Cependant le theacuterapeute se heurtera agrave une difficulteacute theacuterapeutique le sujet porteur du symptocircme est peu demandeur ou nrsquoen souffre pas ceci peut conduire certains theacuterapeutes agrave estimer que la non-de-mande du consultant empecircche lrsquoengage-ment drsquoun travail theacuterapeutique

DES CADRES THEacuteORIQUES DrsquoINTERVENTIONLes psychotheacuterapies abordent le symp-tocircme laquo conduite addictive raquo de faccedilon variable selon les cadres theacuteoriques drsquointervention choisis Parmi les cadres theacuteoriques drsquointervention

Approche comportementale (theacutera-pie cognitivo-comportementale) le symptocircme est lrsquoobjet du travail pour ten-ter de le faire disparaicirctre ou le diminuer

Approche systeacutemique (theacuterapie fa-miliale theacuterapie systeacutemique) la fonction du symptocircme au sein du systegraveme est rechercheacutee afin de modifier les relations au sein du systegraveme et faire disparaicirctre le symptocircme

Approche humaniste (analyse tran-sactionnelle programmation neuro-lin-guistique theacuterapies bregraveves theacuterapies psychocorporelles sophrologie hyp-

3fraslthinsp3 ORIENTATIONS PSYCHO-

THEacuteRAPEUTIQUES

MISE EN ŒUVRE DE LrsquoACCOMPAGNEMENT ET DES SOINSLes laquo proches raquo de personne en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives sont membres du laquo systegraveme avec addic-tion raquo Lorsqursquoils consultent pour une eacutecoute et un soutien apregraves avoir geacuteneacute-ralement exploreacute diverses expeacuteriences drsquoaide de leur proche ils se sentent la plupart du temps deacutemunis se retrou-vant parfois comme coupeacutes de leurs propres eacutemotions et sensations phy-siques pour trouver le ressort neacuteces-saire agrave lrsquoameacutelioration de la situationLrsquoaccompagnement et les soins de la personne de lrsquoentourage en difficulteacute prennent place comme pour lrsquousager addict quand apregraves un premier entre-tien drsquoeacutecoute drsquoeacutevaluation et drsquoorienta-tion la demande est verbaliseacutee et conscientiseacuteeDans une approche systeacutemique lrsquoana-lyse de la personne dans son contexte global doit ecirctre mise en œuvre notam-ment afin drsquoidentifier les ressources dans son environnement proche En termes de theacuterapie quelle qursquoen soit la tendance ou laquo lrsquoeacutecole raquo lrsquoenvironne-ment entier de lrsquoentourant (comme de lrsquoaddict) est agrave un moment donneacute pris en consideacuteration pour aborder la probleacute-matique de lrsquoindividu

OBJECTIF THEacuteRAPEUTIQUElaquo Travailler avec le couple et la famille crsquoest ramener la notion drsquoalteacuteriteacute et per-

mettre un travail de subjectivation de chacun agrave travers le processus de diffeacute-renciation entre les conjoints et les geacute-neacuterations Les interventions theacuterapeu-tiques centreacutees sur les attachements permettent un meilleur partage eacutemo-tionnel une plus grande diffeacuterenciation de chacun et de meilleures capaciteacutes de mentalisation raquo107

COUPLE FAMILLE ET THEacuteRAPIES ADAPTER LrsquoINTERVENTION Agrave CHAQUE SITUATION Reacuteinstauration de la relation de couple Quand le produit est laquo un tiers qui srsquoin-troduit dans le couple raquo108 la consultation va venir reacuteintroduire du tiers par le biais de la parole lagrave ougrave le produit vient remplir cette fonction entre les conjoints Le laquo non-consommateur probleacutema-tique raquo crsquoest-agrave-dire le conjoint en souf-france avec les difficulteacutes drsquoaddiction de lrsquoautre pourra alors exprimer ses reven-dications et son sentiment drsquoimpuissance devant les consommations probleacutema-tiques La consultation lui permet de se deacutecharger de ses craintes et de sa colegravere ailleurs que dans un face-agrave-face sans is-sue autrement que par la reacutepeacutetition des tentatives de controcircle et drsquoemprise La personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives pourra eacutegalement reacuteinteacutegrer une place de laquo conjoint raquo et pas uniquement de laquo malade raquo par rap-

107 Isabelle TAMIAN-KUNEGEL Le conjugal et le familial face agrave la probleacutematique alcoolique Approche centreacutee sur lentourage et lalcoolodeacutependance Chro-nique sociale 2015 174 p (Comprendre la socieacuteteacute)

108 Carmen BERNAND (dir) Deacutesirs drsquoivresse Al-cools rites et deacuterives Autrement 2000 p 51

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ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Theacuterapie familiale systeacutemique

La theacuterapie systeacutemique et la diversiteacute de ses approches permettent drsquointer-preacuteter les fonctions et le sens du symptocircme utiles pour accompagner lrsquoentourage des personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives

Les concepts de base en theacuterapie familiale systeacutemique

Systegraveme familial symptocircme et solutionDans lrsquoapproche des systegravemes (fami-liaux) se pose la question de la fonc-tion du symptocircme Si le comporte-ment addictif (symptocircme) reste un problegraveme crsquoest qursquoil peut ecirctre une solution dans le systegraveme sinon il au-rait disparu Certaines familles mettent en place des regravegles dysfonctionnelles afin de maintenir le systegraveme en homeacuteostasie Par exemple une femme qui se plaint de son eacutepoux et de ses conduites addictives aux conseacutequences difficiles agrave vivre aurait craint en mecircme temps si elle avait eacuteteacute avec un homme laquo sans problegraveme raquo que celui-ci la quitte Si elle reste avec cet homme qursquoelle deacutevalorise parfois crsquoest qursquoelle en a un beacuteneacutefice

Regravegles familiales dysfonctionnelles Jean-Franccedilois Croissant110 psycho-logue clinicien theacuterapeute familial deacutecrit quatre regravegles familiales dysfonc-tionnelles au sein de la famille

Regravegle du deacuteni minimisation par tous du problegraveme

Regravegle du silence le sujet doit ecirctre tenu cacheacute sous peine de honte ou de repreacutesailles

Regravegle de lrsquoisolement chacun doit se deacutebrouiller avec ses besoins et ses eacutemotions perte de la solidariteacute

Regravegle de la rigiditeacute fermeture du systegraveme sur lui-mecircme les regravegles doivent ecirctre rigides

Systegraveme et communicationLrsquohistoire de la penseacutee systeacutemique est indissociable de celle des theacuteories cyber-neacutetiques sciences de la communication et du controcircle par extension sciences de la signification et de la compreacutehen-sion des pheacutenomegravenes communicants

Pour Von Bertalanffy un systegraveme est laquo un ensemble de parties en interac-tion entre elles et avec leur milieu raquo

Pour De Saussure un systegraveme est laquo une totaliteacute organiseacutee fait drsquoeacuteleacute-ments solidaires ne pouvant ecirctre deacutefinis que les uns par rapport aux autres en fonction de leur place dans cette totaliteacute raquo

110 Jean-Franccedilois Croissant psychologue clinicien theacuterapeute familial formateur et superviseur en al-coologie et en theacuterapie familiale systeacutemique forma-teur en theacuterapie centreacutee sur les solutions et inspireacute par lrsquoanalyse transactionnelle directeur peacutedagogique de Peacutegase Processus Rennes et Saint-Brieuc

nose Eye-Movement Desensitization and Reprocessing - EMDR - Deacutesensibi-lisation et Retraitement par les Mouve-ments Oculaires etc) le sens du symp-tocircme pour lrsquoindividu est rechercheacute pour lrsquoaider agrave deacutevelopper de nouvelles res-sources plus efficaces

Approche inteacutegrative approche qui srsquoinspire de plusieurs approches theacutera-peutiques et le theacuterapeute utilise loutil

le plus efficace pour lrsquousager il peut uti-liser plusieurs outils en fonction des eacutetapes de lrsquoaccompagnement

Approche psychanalytique (psycha-nalyse psychotheacuterapie analytique) les origines du symptocircme pour lrsquoindividu sont rechercheacutees en preacutesupposant que ce processus va faire disparaicirctre le symptocircme

ZOOM

Carte familiale geacutenogramme et geacutenosociogrammeoutilS drsquoanalySe familiale

OrigineCrsquoest parce que lrsquoindividu nrsquoest pas vu comme le seul eacuteleacutement agrave observer que ces instruments drsquoanalyse de la structure familiale ont eacuteteacute creacuteeacutes dans les anneacutees 70 par les pionniers de la theacuterapie familiale

ObjectifDresser une image graphique plus ou moins succincte de lrsquohistoire familiale de la personne en lrsquoinscrivant dans du transgeacuteneacuterationnel non plus seule-ment horizontalement dans le preacute-sent mais verticalement agrave travers ses descendants et ascendants

PreacutesupposeacutesLrsquohistoire de la famille inf luence chaque individu transporte avec elle des valeurs des eacutemotions et des com-

portements transmis depuis des geacute-neacuterations

ApplicationsSelon lrsquoapprofondissement plus ou moins grand qui est rechercheacute ces outils permettent de scheacutematiser plu-sieurs geacuteneacuterations repeacuterer les dates cleacute (mariages naissances deacutecegraves deacutera-cinementhellip) les faits importants de lrsquohistoire de la vie de la famille (niveau drsquoeacutetudes professions seacuteparations remariages maladies probleacutematiques addictives suicide accidents deacutemeacutena-gements traumatismes incendies catastrophes deacutecegraves preacutematureacuteshellip) et les liens affectifs entre personnes

Ces outils offrent agrave la personne et au professionnel qui lrsquoaccompagne une repreacutesentation qui permet de srsquoins-crire dans une approche globale de la famille en identifiant et mesurant des liens entre des problegravemes actuels et des comportements des symptocircmes et interactions des eacuteveacutenements par-fois reacutepeacuteteacutes drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre

108 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 109

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

LE SENS DU SYMPTOcircME

Le symptocircme peut ecirctre le signe que la famille eacuteprouve des difficulteacutes agrave deacutepas-ser leacutetape actuelle de son cycle de vie ou des eacutevegravenements Il peut ecirctre lrsquoex-pression de la souffrance drsquoune famille toute entiegravere etou lrsquoexpression de souffrances passeacutees non-apaiseacutees Il peut correspondre agrave ce qui ne peut ecirctre dit dans lrsquoordinaire et servir de vecteur de parole y compris pour la famille Il peut permettre de sortir des secrets de famille de conflits de loyau-teacute de travailler sur une perception eacutemergeante moins douloureuse drsquoune reacutealiteacute ce qui peut ecirctre un des objectifs et un axe de travail theacuterapeutique importanthellip

POURQUOI COMMENT

Dans une famille srsquoopegravere souvent une confusion entre ce qui pose pro-blegraveme agrave savoir une addiction et lrsquoideacutee que lrsquoaddiction ou la personne pour-rait ecirctre le problegraveme Cette confusion ne facilite pas le changement pour la personne en probleacutematique addictive Lrsquoensemble familial ne peut srsquoentendre et lrsquoescalade symeacutetrique renforce les niveaux de mal-ecirctreEn travaillant la demande les profes-sionnels essaient de valider la souf-france de lrsquoentourage et de la per-sonne qui utilise le produit pour essayer de lrsquoapaiser Lrsquoeacutequipe profes-sionnelle souhaite ainsi faciliter le tra-vail theacuterapeutique sur les raisons de lrsquousage Lrsquoentourage et la famille ont des ressources Ils connaissent mieux que les professionnels leur histoire et leur contexte mecircme srsquoils peuvent faire partie des enjeux de lrsquousage

Les objectifs de la theacuterapie systeacutemique familiale

Tenter de rendre plus flexibles les regravegles de ce systegraveme afin que le laquo pa-tient raquo deacutesigneacute nrsquoait plus agrave jouer ce rocircle de stabilisateur sans qursquoaucun des pro-tagonistes ne se sente trop exposeacute drsquoabandonner ses croyances protec-trices forgeacutees par un veacutecu douloureux

Offrir un contexte de seacutecuriteacute af-fective qui permettra au systegraveme de vivre librement lrsquoexpeacuterience drsquoune autre modaliteacute relationnelle sans se sentir menaceacute

Aider le systegraveme agrave deacutefinir des laquo boucliers amovibles raquo plus adapteacutes et tout aussi opeacuterants que lrsquolaquo armure rigide et lourde raquo qursquoil utilise jusque-lagrave

ILLUSTRATION

Theacuterapie familiale en pratique au cSapa anpaa en vendeacutee

CONTEXTE Le CSAPA propose lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage des personnes ayant une conduite addictive Plu-sieurs types drsquoaccompagnement sont proposeacutes Lrsquoeacutetablissement considegravere que le travail de couple et de famille se pose en compleacutementariteacute de lrsquoen-tretien individuel En effet le systegraveme familial peut rendre difficiles le chemi-nement individuel et ses remanie-ments Crsquoest pourquoi lrsquoeacutequipe a voulu associer agrave lrsquoaccompagnement individuel l rsquoaccompagnement de couple et de famille Degraves 2004 une personne de lrsquoeacutequipe srsquoest formeacutee agrave la theacuterapie familiale et depuis 2015 un deuxiegraveme theacuterapeute familial a eacuteteacute re-cruteacute pour deacutevelopper la co-theacuterapie

OBJECTIFS Il ne srsquoagit pas seulement drsquoaccompa-gner les souffrances issues des addic-tions mais drsquoamener si possible le couple ou la famille agrave reacutefleacutechir au sens de ses symptocircmes Lrsquoapproche familiale peut permettre une autre deacutefinition de la situation de crise en termes interactionnels interperson-nels trans-geacuteneacuterationnels et favoriser une reacuteorganisation des processus rela-tionnels dans le reacuteseau familial Favoriser un autre regard de la famille sur le symptocircme addictif qui souvent a fait lrsquoobjet de la demande

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ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Conduites addictives et parentaliteacute crainte de la rupture des liens familiaux et impact sur lrsquoaccompagnement et les soins

Dans le contexte de parentaliteacute et de conduites addictives du patient le professionnel est souvent au centre drsquoune probleacutematique de prise de posi-tion ou du moins de reacuteflexion entre drsquoun cocircteacute la preacuteservation de la relation drsquoaccompagnement et de lrsquoautre le comportement de lrsquousager vis-agrave-vis de son conjoint ou ses enfants

Motivation aux soins pour la preacute-servation du lien avec lrsquoenfant pour certaines personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives le maintien de leurs liens parentaux que ce soit le droit de garde ou de visite de leurs enfants peut motiver lrsquoengagement dans les soins En particulier lorsque des mesures eacuteducatives relevant de la protection de lrsquoenfance sont engageacutees cet engagement dans les soins bien plus que motiveacute est parfois mecircme la condition du maintien de ces liens

Perception du risque de violences intrafamiliales hors de tout soin contraint les eacutequipes drsquoaccompagne-ment et de soins apprennent ou com-prennent parfois que des situations de violences existent la personne accompagneacutee est victime de violences ou est elle-mecircme auteure de vio-lence contre son conjoint ou ses en-fants notamment Certains professionnels ne mettront pas toujours en œuvre toutes les mesures adapteacutees de protection des personnes par fois par crainte de rompre la relation de confiance avec la personne et de perdre de vue cette personne engageacutee dans un processus de changement Or crsquoest ainsi que des situations par-fois graves ne font pas lrsquoobjet de signa-lement ou pas assez tocirct pour en reacute-duire les dommages Ces difficulteacutes ne sont pas rares et posent la question de lrsquoobjectif des soins et des conditions drsquoaccompagne-ment

ILLUSTRATION

Familles et incarceacuteration expeacuterimentation au cSapa reacutefeacuterent carceacuteral anpaa en lozegravere

Expeacuterimentation de septembre 2018 agrave juin 2019 agrave la maison drsquoarrecirct de Mende drsquoaccompagnement des fa-milles et des couples dont lrsquoun des membres est incarceacutereacute et en difficulteacute avec ses conduites addictives dans un objectif de diminution des risques de reacutecidive

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider la famillecouple agrave srsquoadapter agrave lrsquoincarceacuteration afin que celle-ci fasse eacutetape

Activer un processus drsquointeacuteriori-sation de la loi chez les famillescouples par la prise de conscience de la responsabiliteacute du condamneacute

Restaurer la communication lorsqursquoelle est conflictuelle ou sur un mode projectif (laquo crsquoest ta faute pas la miennehellip raquo)

Preacuteparer avec la famille la sortie du membre incarceacutereacute

MISE EN ŒUVRE

Les deacutetenus sont orienteacutes vers le CSAPA par le SPIP etou lrsquouniteacute sani-taire en milieu peacutenitentiaire lors de la commission pluridisciplinaire unique

Les deacutetenus sont rencontreacutes en entretien individuel Les profession-nels du CSAPA eacutevaluent la situation familiale ou de couple avec le deacutetenu communication entre les membres exercice des rocircles prise de risque capaciteacute agrave srsquoindividualiser conflit(s) frontiegraveres un besoin de laquo reacuteparer raquo sa faute etc

Si lrsquoentretien familial semble un mode drsquointervention adapteacute agrave la si-tuation le professionnel le propose au deacutetenu Srsquoil est drsquoaccord le deacutetenu informe les membres de la famille invi-teacutes agrave participer agrave lrsquoentretien

La planification et lrsquoorganisation de lrsquoentretien et lrsquoaccueil de la famille sont eacutelaboreacutes avec lrsquoadministration peacutenitentiaire

DEacuteROULEMENT

Entretiens familiaux ou de couple au sein de la maison drsquoarrecirct animeacutes par deux professionnels formeacutes agrave lrsquoapproche systeacutemique (un travailleur social et un psychologue)

Dureacutee par entretien 1h15 environ Rythme entretien tous les 15 jours

selon les contraintes peacutenitentiaires Lieu parloir de la maison drsquoarrecirct

112 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 113

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Par un continuum qui balaie les champs de la preacutevention en passant par la reacute-duction des r isques et dommages jusquaux soins et de la famille agrave len-tourage professionnel ou scolaire lou-vrage offre au lecteur une vision eacutelargie du sujetCe guide na pas vocation agrave deacutevelopper des theacuteories ou des concepts Il pro-pose agrave chaque professionnel des pistes de reacutef lexion avec des illustrations claires et documenteacutees il se veut pra-tique Chacun sera libre dapprofondir le sujet par ses lectures en sappuyant sur les reacutefeacuterences citeacutees Laction une laquo Affaire de famille raquo par sa diffusion

est un des outils de reacutefeacuterence qui pro-pose une formation des professionnels pour accompagner les familles et chaque personne agrave travers le prisme de la question intergeacuteneacuterationnelleLa question de lentourage pose sim-plement la question de lAutre celle de la place qui lui est donneacutee autant que celle quil saccorde lui-mecircme Des in-terrogations qui peuvent trouver reacute-ponse dans un jeu (laquo je raquo) toujours en eacutequilibre quand le processus daddic-tion est enclencheacute en srsquoappuyant sur les ressources de chacun pour trouver un eacutequilibre

MOT DE CONCLUSION

Ce guide a pour objectif daider chacun dans sa pratique et chaque eacutequipe de terrain agrave donner du sens agrave laccueil leacutecoute et laccompagnement qui est proposeacute agrave chaque membre de lentourage

GUIDE REPEgraveRES 115

ANNEXE

114 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

ENVIRONNEMENT FAMILIAL

NGUIMFACK L laquo Jrsquoai mal agrave ma famille raquo ou un enfant se drogue recomposition familiale et distorsion des frontiegraveres intrafamiliales Information Psychiatrique ndeg 93 310-316 (2017)

BELLON-CHAMPEL L VARESCON I Environnement familial et consommation de substances psychoactives agrave lrsquoadoles-cence facteurs de vulneacuterabiliteacute et drsquoadaptation Annales Meacutedico-Psycho-logiques ndeg 175 313-319 (2017)

CAPELIER F MINONZIO J BRODIEZ-DOLINO A Familles et vulneacuterabiliteacutes Dossier INFORMATIONS SOCIALES ndeg 188 1-121 (2015)

Addictions familles et entourage 72 p (Feacutedeacuteration Addiction 2012)

CASSEN M Dynamiques familiales et conduites addictives lrsquoexemple des toxicomanies LE JOURNAL DES PSY-CHOLOGUES ndeg 254 57-60 (2008)

MELIHAN-CHEININ P Familles et deacute-pendances eacuteleacutements de langage PSY-CHOTROPES ndeg 13 217-227 (2007)

CHATELARD C amp FACY F Alcool et familles 172 p (Editions EDK 2007)

KLEIN M Famille et deacutependance DEPENDANCES ndeg 2-3 (2004)

ROUSSAUX JP FAORO-KREIT B HERS D Lrsquoalcoolique en famille dimensions familiales des alcoolismes et implications theacuterapeutiques 312 p (De Boeck Universiteacute 2000 2e eacutedition)

PARENTALITEacute ET ADDICTIONS

Accompagnement agrave la parentaliteacute (dos-sier documentaire) Socieacuteteacute Franccedilaise de Santeacute Publique (2016) httpwwwsfspfrcontent-page111-dossiers-documentaires3097-accompa-gnement-a-la-parentalite-3097

Promouvoir la santeacute degraves la petite en-fance - Accompagner la parentaliteacute 194 p (INPES 2014)

DELAWARDE C BRIFFAULT X USU-BELLI L Aider les parents agrave ecirctre pa-rents Modegraveles et pratiques des pro-grammes lsquoevidence-basedrsquo drsquoaide agrave la parentaliteacute ANNALES MEDICO-PSY-CHOLOGIQUES ndeg 172 273-279 (2014)

ANNEXE BIBLIOGRAPHIE

116 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 117

ANNEXE

UEHLINGER C Quand lrsquoautre boit guide de survie pour les proches de personnes alcooliques 196 p (Editions Anne Carriegravere 2006)

TORDEURS D JANNE P amp KINAPPE A Qursquoest-ce que le coalcoolisme ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 303-310 (2002)

ANASTASSIOU V SCHWEITZER M amp SOKOLOW I Pour le meilleur et pour le pire pratique clinique et reacuteflexions theacuteoriques drsquoune theacuterapie de groupe de conjoints de malades alcooliques ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 53-62 (2002)

ENFANTS JEUNES

LAFAYE G Adolescence et addiction clinique et prise en charge In Traiteacute drsquoaddictologie 2e eacutedition 132-138 (La-voisier Meacutedecine 2016)

MELCHIOR M Psychopathologie et addiction des parents situation sociale et comportement de lrsquoenfant EURO-PEAN PSYCHIATRY ndeg 8 607-608 (2014)

FAORO-KREIT B Les enfants et lrsquoal-coolisme parental 290 p (Editions Eregraves 2011)

DURASTANTE R Adolescence et addictions De la crypte familiale au dispositif en tuilage Approche psycha-nalytique de la famille et du transgeacuteneacute-rationnel 279 p (De Boeck 2011)

ABDERHALDEN I amp GRAF M Entou-rage des enfants vivant dans des familles ayant un problegraveme drsquoaddiction beau-coup drsquoadultes pour quelles actions DEPENDANCES ndeg 40 15-22 (2010)

LUSSIER K amp LAVENTURE M Carac-teacuteristiques familiales associeacutees agrave lrsquoinitia-tion de psychotropes agrave lrsquoadolescence PSYCHOTROPES ndeg 3 49-70 (2009)

HAUTEFEUILLE M Grandir parmi les addictions quelle place pour lrsquoeacuteducation PSYCHOTROPES ndeg 3 5-7 (2009)

VENISSE J -L BRONNEC M amp GUILLOU M Inteacuterecirct de lrsquoapproche systeacutemique dans le soin des addictions du sujet jeune COURRIER DES AD-DICTIONS ndeg 3 77-79 (2007)

ASSAILLY J P Jeunes en danger Les familles face aux conduites agrave risques 248 p (Imago 2007)

ALLAIN-VOVARD J amp DEMARIA D Grandir dans lrsquoombre drsquoun parent alcoo-lique 112 p (Chronique Sociale 2007)

Enfants heacuteros ou boucs eacutemissaires quand les parents boiventhellip des enfants deacutelaisseacutes ADDICTIONS ndeg 9 10-15 (2005)

Comprendre la famille pour aider les adolescents en conduite addictive RE-VUE TOXIBASE ndeg 18 1-17 (2005)

MONGE J La drogue agrave la maison quand parents et enfants consomment laquo en chœur raquo PSYCHOTROPES ndeg 3-4 197-211 (2013)

MICHAUD P A AMBRESIN A E amp SURIS J C Quelle place pour les pa-rents dans la preacutevention du meacutesusage de substances DEPENDANCES ndeg 50 2-5 (2013)

Soutien agrave la parentaliteacute DEPENDANCES ndeg 50 16-30 (2013)

SALIBA-SFEIR C Parentaliteacute addiction et travail social 218 p (LrsquoHarmattan 2013)

SIMMAT-DURAND L GENEST L amp LEJEUNE C Les seacuteparations des megraveres consommatrices de substances psy-choactives de leurs enfants reacutesultats dans une cohorte reacutetrospective fran-ccedilaise PSYCHOTROPES ndeg 3 123-149 (2012)

SIMMAT-DURAND L Parentaliteacute et addiction in Addictologie clinique 169-185 (Presses Universitaires de France 2011)

GAUSSOT L LE MINOR L amp PALIERNE N Les styles eacuteducatifs parentaux et la consommation drsquoalcool des jeunes ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 205-213 (2011)

CHOQUET M Les parents face agrave la consommation de substances psychoac-tives des adolescents ACTUALITE ET DOSSIER EN SANTE PUBLIQUE ndeg 75 5-7 (2011)

MURIEL G Les pegraveres addicteacutes PSY-CHOTROPES ndeg 3-4 47-56 (2010)

MORISSETTE P amp VENNE M Parenta-liteacute alcool et drogues Un deacutefi multidisci-plinaire 272 p (CHU Sainte Justine 2009)

MORISSETTE P DEVAULT A amp BOURQUE S La paterniteacute dans un contexte de consommation maternelle abusive drsquoalcool et de drogues EN-FANCES FAMILLES GENERATIONS ndeg 11 1-24 (2009) httpideruditorgiderudit044119ar

STOCCO P Les femmes toxicomanes et la dimension familiale traitement et questions eacutethiques PSYCHOTROPES ndeg 3-4 251-265 (2007)

KAMMERER E Quand la megravere de famille consulte qursquoen penser que dire que faire COURRIER DES ADDICTIONS suppl au ndeg 1 43-48 (2005)

ANASTASSIOU V Les distorsions de la fonction parentale dans le systegraveme alcoolique ALCOOLOGIE ET ADDIC-TOLOGIE ndeg 3 191-199 (2003)

COUPLE

SIMMAT-DURAND L et al Vies de couple chez des personnes en sortie des addictions ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 1 47-56 (2016)

TAMIAN I Lrsquoaccueil et lrsquoeacutecoute du couple face agrave lrsquoalcoolo-deacutependance ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 33-41 (2013)

118 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 119

ANNEXE

SENEVIRATNE A amp DAEPPEN J B Implication de la famille dans le traite-ment de lrsquoalcoolodeacutependance ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 283-293 (2009)

MONJAUZE M amp DELROCQ C Comprendre et accompagner le patient alcoolique des entretiens individuels et familiaux au travail de groupe 208 p (In Press Editions 2008)

CASSEN M amp DELILE J-M Theacuterapies familiales et addictions nouvelles perspectives PSYCHOTROPES ndeg 3-4 229-249 (2007)

PALAZZOLO J Aidez vos proches agrave surmonter lrsquoalcoolisme 142 p (Hachette 2006)

WALLENHORST T Lrsquoaccompagnement du patient alcoolique et de ses familiers ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 231-236 (2003)

GOMEZ H Lrsquoalcoolique les proches et les soignants pour une autre pratique de lrsquoalcoologie 168 p (Editions Dunod 2003)

ALBUMS JEUNESSE

DUPIN Oamp DEMURO T Des ours dans la maison (Editions drsquoOrbestier agrave paraicirctre novembre 2018)

JUVIGNY H LABBE B amp LATYK O Papa a la maladie de lrsquoalcool 35 p (Milan Jeunesse 2008)

De SAINT MARS D amp BLOCH S Emilie nrsquoaime pas quand sa megravere boit trop 46 p (Calligram 2006)

JOSSET J amp RAPAPORT G Je ne suis pas un super heacuteros 16 p (Circonflexe 2004)

BEDOS L amp POIRIER P Tata boit 22 p (Michel Lafon Jeunesse 1998)

PREacuteVENIR SOUTENIR

BERGERON J Le rocircle des parents dans la preacutevention des conduites automobiles agrave risques des jeunes utilisateurs de can-nabis ADDICTION(S) RECHERCHES ET PRATIQUES ndeg 1 56-58 (2016)

Remettre les parents au cœur de la preacutevention RECHERCHE ET ALCOO-LOGIE ndeg 38 1-2 (2010)

ROMO L AUBRY C amp MARQUEZ S Groupe de parole pour lrsquoentourage de patients alcoolodeacutependants ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 63-66 (2009)

JEAMMET P Les parents premiers acteurs de la preacutevention LA SANTE DE LrsquoHOMME ndeg 398 25-26 (2008)

BESANCON F Drogues alcool en parler en famille 183 p (InterEditions-Dunod 2006)

GUGGENBUumlHL A Theacuterapie de groupe pour les enfants de familles toucheacutees par lrsquoalcool DEPENDANCES ndeg 23 8-10 (2004)

SEKERA E DANIS D GACHE P amp GABRIS G Aider les proches pour motiver les malades alcooliques agrave se soigner ALCOOLOGIE ET ADDICTO-LOGIE ndeg 1 47-49 (2003)

MIALON A Lrsquoaccompagnement de lrsquoentourage ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 2 194-198 (2001)

DUFOUR M-H amp NADEAU L Lrsquoeffi-caciteacute des programmes de preacutevention de la toxicomanie axeacutes sur les familles SANTE MENTALE AU QUEBEC ndeg 2 224-245 (1998) httpideruditorgiderudit032461ar

DOBKIN P L BEAUDOIN D amp BEAUDOIN J Briser le cycle inter-vention familiale pour les enfants de toxicomanes PSYCHOTROPES ndeg 3 53-67 (1997)

CROUZET C MAGGIA B BRINGUIER M BALMES J L Inteacuterecirct drsquoun accueil speacutecifique de lrsquoentourage familial du malade alcoolodeacutependant ALCOOLO-GIE ndeg 3 223-224 (1995)

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN

SHADILI G amp BOWEN J-F Un cas embleacutematique au sein drsquoune consultation jeune consommateur INFORMATION PSYCHIATRIQUE ndeg 93 125-130 (2017)

OBRADOVIC I Dix ans drsquoactiviteacute des laquo consultations jeunes consommateurs raquo TENDANCES ndeg 101 8 p (2015)

ANASTASSIOU V et al Un dispositif drsquoaccueil familial theacuterapeutique en alcoo-logie Historique et modaliteacutes AL-COOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 2 133-140 (2014)

MIERMONT J Pour une theacuterapie avec la famille COURRIER DES ADDIC-TIONS ndeg 4 10-13 (2012)

120 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 121

ANNEXE

OUTILSVideacuteos ndash Films ndash Podcast

Parentaliteacute et addictions (ANPAA 2016 1244)

Alcoolisme la souffrance des proches (Addiction Suisse 2016 829)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=sbjLU8FBn5E

Parents vers qui se tourner (Santeacute Publique France 2015 324)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=IEzufAZ_xf0amplist=PLl00syIAM v7Q l 2 s k s I q W1kYA N 8 I Tc _ 3 -Rampindex=12

Le portail franco-queacutebeacutecois Paren-taliteacute et deacutependances propose des res-sources videacuteos classeacutees par theacutematique httpwwwparentalite-dependancescomressources-accueil

Campagne drsquoinformation de preacute-vention des usages de drogues Parents laquo eacutecoutez dabord raquo (Drogues Info Service 2017 117)

httpwwwdrogues-info-servicefrAc-tualitesPrevention-des-usages-de-dro-gues-Parents-ecoutez-d-abordWs-8jx5c6_cs

Des videacuteos sur le site DROGBOX ht tp wwwdrogboxfr05-drog-a-lecran04-VIDEOS-DIVERSESpagephp

Playlists des campagnes INPES agrave visionner sur httpwwwdailymotioncomInpes

Un bateau ivre (documentaire de Kristell Menez)

httpwwwbalibaricomf ilmsun-ba-teau-ivre

Nos parents alcooliques France-Culture

httpswwwfranceculturefremissionssur-les-docks-14-15nos-parents-alcoo-liques

Sites internet

Forum de discussion pour lrsquoentourage sur

httpwwwalcool-info-servicefrL-al-cool-et-vos-proches

Parler de lrsquoalcoolisme (de son pegravere de sa megravere de son fregraverehellip)

httpwwwquandunparentboitbe

wwwparentsetaddictionch

wwwmamanboitch

httpbobyaddictionsuissech

122 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 123

NOTES

124 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

POUR EN SAVOIR PLUSanpaaassofr

Vos questions vos suggestionscontactanpaaassofr

Suivre lrsquoactualiteacute ANPAA et en addictologie

20 rue Saint-Fiacre 75002 ParisTeacutel 01 42 33 51 04

Guide reacutealiseacute avec la collaboration des membres de la commission des pratiques professionnelles de lrsquoANPAA Steacutephane Baghuelou chef de service dans lrsquoYonne Mireille Carpentier directrice reacutegionale en Basse Normandie Virginie Chauvey animatrice de preacutevention en Haute-Saocircne Annick Dessy psychologue dans la Marne Jamel Housni eacuteducateur speacutecialiseacute dans les Alpes de Haute-Provence Heacutelegravene Lapeyre assistante sociale en Gironde Thierry Larelle meacutedecin en Dordogne Marion Likiby Mbeba secreacutetaire dans le Rhocircne Marion Luxembourger psychologue en Ardegraveche Brice Mallet IDE en Pyreacuteneacutees-Atlantiques Agnegraves Merran secreacutetaire en Vendeacutee Noeacutemie Morlet animatrice de preacutevention dans lrsquoAube Laurence Roger IDE dans lrsquoOrne Marc Rondony meacutedecin coordinateur en Pyreacuteneacutees Orientales Angeacutelique Rozand meacutedecin coordinatrice dans la Drocircme et lrsquoArdegraveche Cathy Simon vice-preacutesidente de lrsquoANPAA Denis Turpin administrateur de lrsquoANPAA

Guide coordonneacute par Delphine Jarraud adjointe agrave la direction nationale des activiteacutes de lrsquoANPAA

Guide reacutealiseacute avec le soutien financier de la Direction Geacuteneacuterale de la Santeacute et de lrsquoAssurance Maladie

POUR PLUS DrsquoINFORMATIONS

Contactez lrsquoANPAA son siegravege ses directions reacutegionales ou ses eacutetablissementsToutes les coordonneacutees sur anpaaassofr

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Les conduites addictives ne sont pas seulement le teacutemoin de conflits intrapsychiques mais aussi une difficulteacute du lien de la relation Elles srsquoinscrivent dans une complexiteacute interrelationnelle ougrave le systegraveme familial et au sens large les relations sociales qui a deacutejagrave en geacuteneacuteral beaucoup œuvreacute ne sait pas ougrave aller chercher lrsquoinformation pertinente au changement Il srsquoagit donc en tant que professionnel du champ de lrsquoaddictologie drsquoopter pour une vision circulaire des interactions avec des formes drsquoaccompagnement et de soins incluant les entourages Il srsquoagit de prendre en compte toutes les parties prenantes des probleacutematiques addictives avec leurs fonctionnaliteacutes mais surtout leurs ressources potentielles et leur capaciteacute agrave laisser eacutemerger lrsquolaquo auto-solution raquo et leurs compeacutetences Car lrsquoimplication de lrsquoentourage aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sensibiliseacutes peuvent soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche drsquoaccompagnement

Ce guide porte sur lrsquoimportance de lrsquoentourage en preacutevention accompagnement et soins il propose des repegraveres pour les pratiques professionnelles des zooms des illustrations agrave travers des actions de terrain

Deacutecembre 2018

Page 5: Conduites addictives TRAVAILLER POUR ET AVEC LES …2/ conduites addictives, travailler pour et avec les personnes de l’entourage guide repÈres /3 sommaire considÉrer l’entourage

6 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 7

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

notre fille les psys nous enfoncent le couteau dans la plaie Qui sont fautifs les parents bien sucircr Thomas lui ne trouve plus sa place entre le beacutebeacute la maison et Julie qui va mal il commence agrave faire des laquo becirctises raquo et se retrouve agrave la gendarmerie Moi jrsquoai lrsquoimpression qursquoon ne sortira jamais de cette spirale infernale et Christophe se sentait fort mais dans la tecircte lrsquoabstinence totale et deacutefinitive nrsquoeacutetait pas concevable Il a toujours penseacute et dit qursquoapregraves dix ans sans boire drsquoalcool il pourrait recommencer agrave ecirctre laquo comme tout le monde raquo Sauf qursquoil nrsquoest pas laquo comme tout le monde raquo Et bien sucircr dix ans ont passeacute on reprend une petite biegravere puis deux Moi jrsquoobserve je preacuteviens laquo Attention tu es sur la mauvaise pente raquo et lui reacutepond laquo mais non je gegraverehellip raquoJrsquoinsiste et jrsquoinsistehellip laquo Si tu retombes dans lrsquoalcool je te quitte raquoJe lrsquoai tellement dit et reacutepeacuteteacute que quand il a eu besoin de moi il nrsquoa pas pu mrsquoen parler de peur que je parte pour de bonLrsquoengrenage est enclencheacute crsquoest la re-chute Avec elle les galegraveres financiegraveres et au boulot il nrsquoassume plus Et fait passer ccedila pour de la deacutepression qui fi-nit par devenir bien reacuteelle Julie qui allait mieux nrsquoaccepte pas la rechute de son pegravere et lui en veut Fra-giliseacutee par sa preacuteceacutedente deacutepression elle va moins bien se referme de plus en plus chez elle et devient agoraphobe Heureusement que son petit ami est lagrave pour la soutenir merci Gaeumltan

Thomas souffre aussi mais il est comme son pegravere et a du mal agrave lrsquoexpri-mer Mais quand Oceacuteane commence agrave souffrir agrave son tour Christophe lui de-mande laquo Ccedila va Oceacuteane raquo Et Oceacuteane lui a reacutepondu laquo Mais papa moi ccedila va quand toi tu vas bien raquoCes paroles-lagrave je crois qursquoelles lrsquoont atteint en plein cœur ccedila voulait dire si je bois je vais mal et ma fille va aller malCrsquoest agrave ce moment-lagrave qursquoil srsquoest deacutecideacute agrave retourner voir les amis de la santeacute laquo Dure deacutemarche raquo apregraves une rechute au bout de dix ans Mais on le sait les amis de la santeacute ne jugent pas ils sont lagrave pour aider et nous ont reacute-ouvert leurs portesDepuis Christophe srsquoinvestit et garde agrave lrsquoesprit que crsquoest facile de replonger et bientocirct nous fecircterons nos 33 ans de mariagehellip pour le meilleur le pire est derriegravere nous enfin jrsquoespegravere raquo

Nadia C1

1 Teacutemoignage recueilli par la CAMERUP ndash Coordina-tion des Associations et Mouvements drsquoEntraide Recon-nus drsquoUtiliteacute Publique

Agrave cette eacutepoque-lagrave nous avons deacutecideacute drsquoacheter une maison Apregraves plusieurs anneacutees chaotiques aussi bien au niveau de lrsquoalcool que financier les galegraveres srsquoaccumulenthellipCrsquoest lagrave que jrsquoai appreacutecieacute lrsquoaide des amis de la santeacute Christophe est dans le deacuteni la discussion nrsquoeacutetait pas possible Un grand MERCI agrave Henri et Yvette qui ont toujours eacuteteacute lagrave pour mrsquoeacutecouter et me reacuteconforterChristophe perd son travail chez son pegravere et lagrave crsquoest la deacutegringolade Il ne fait plus rien agrave la maison devient meacute-chant jrsquoai honte vis-agrave-vis de mes voi-sins je suis obligeacutee drsquoarracher lrsquoherbe devant la maison qui mesure 50 cmhellip et lui il dort il cuve je ne sais pashellipAgrave cette peacuteriode il nrsquoallait plus beaucoup au cafeacute faute de moyens mais buvait tout seul agrave la maison Jrsquoai ducirc fouiller le sous-sol des dizaines de fois et vider des bouteilles je ne pourrais mecircme pas dire combien Quand il rentre dans la mai-son je nrsquoai pas besoin de le voir JE SAISLes enfants souffrent et je deacutecide un jour de partir bagarres engueulades il ne veut pas que je parte et mrsquoem-pecircche de prendre les cleacutes de la voiture Tant pis je pars agrave pied chez ses parents avec mes enfants pensant demander agrave mes beaux-parents de mrsquoemmener chez les miens Mais lagrave ma belle-megravere me reacutepond laquo je ne trsquoemmegravenerai pas ta place est aupregraves de lui raquo Mais je suis partie quand mecircme je ne sais plus comment avec lrsquoideacutee de me trouver un foyer ougrave vivre mais ne pas rentrerMais degraves le surlendemain lrsquoinquieacutetude mrsquoa fait revenir et bien sucircr rien nrsquoa changeacutehellip

Quand vient la derniegravere cure je suis arriveacutee au point de non-retour au reacuteel comme au figureacute laquo Va-trsquoen en cure et surtout nrsquoen reviens pas avant six mois raquo laquo Fais une postcure sinon je ne peux te revoir agrave la maison raquo Ce sont les derniegraveres paroles que je lui ai dites avant son deacutepart Crsquoest Henri qui lrsquoa accompagneacute agrave Cholet En passant agrave la demande de Christophe chez son oncle pour arroser ccedilaTrois jours plus tard il est de retour et moi je nrsquoy crois plus Ces trois jours je les ai passeacutes seule avec mes enfants sans lui rendre visite et surtout sans le poids du souci de lrsquoinquieacutetudeJe pense que pendant ces trois jours il srsquoest rendu compte qursquoil avait eacuteteacute loin qursquoil eacutetait sur le point de tout perdre et qursquoil eacutetait temps de faire quelque chose laquo LE DECLIC raquo ENFINMais lrsquoalcool a fait son œuvre On vend la maison et on redeacutemarrehellipLes anneacutees Bonheur commencent et lagrave crsquoest vrai que jrsquoai retrouveacute celui que jrsquoavais connu aimeacute et avec qui je mrsquoeacutetais marieacutee Le bonheur se concreacutetise avec lrsquoarriveacutee drsquoOceacuteaneOn rachegravete une maison agrave restaurer et les travaux nous prennent tous les soirs les week-ends pas le temps de penser agrave autre choseLagrave je tiens agrave tirer mon chapeau agrave Christophe pour tout le travail abattu dans cette maison et qursquoil nrsquoaurait ja-mais pu faire peu de temps auparavantMais le bonheur est fragile et de courte dureacutee quand Julie commence agrave faire une deacutepression et est hospitaliseacutee plu-sieurs fois pour des ideacutees suicidaires Et lagrave impuissants devant la deacutetresse de

8 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 9

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

eacutemerger lrsquolaquo auto-solution raquo et leurs compeacutetences3 Car lrsquoimplication de lrsquoen-tourage aupregraves de la personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives est un facteur de reacuteussite des proches in-formeacutes et sensibiliseacutes peuvent soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche drsquoaccompa-gnement

Au niveau de lrsquoindividu pour aller de lrsquoentourage en souffrance au proche aideacute puis aidant le regard sur soi et sur lrsquoautre est crucial Le professionnel est agrave la croiseacutee des regards confronteacute agrave de multiples interrogations qui eacutemergent dans le rapport agrave lrsquoentourage accompa-gner agrave la fois la personne deacutependante et son entourage Lrsquoentourage est-il la cause ou la conseacutequence de lrsquoaddiction Lrsquoentourage peut-il ecirctre un appui pour une reacuteduction des risques et des dom-mages Quelle souffrance affecte lrsquoen-tourage et quelle est lrsquoeacutetendue des impacts combien de personnes et les-quelles sont concerneacutees

Du speacutecialiste en neurosciences de lrsquoad-diction agrave lrsquoanimateur de preacutevention cha-cun pourra puiser dans ce guide matiegravere agrave deacuterouler et peut-ecirctre dynamiser ses pratiques en envisageant laquo lrsquoentou-rage raquo dans son spectre le plus complet

3 Antoinette MIALON-FOUILLEUL laquo Psychopatho-logie familiale des conduites drsquoalcoolisation raquo in M REY-NAUD (dir) Traiteacute drsquoaddictologie Flammarion pp 334-339

TOUTEFOIS LE CONTENU DE CE GUIDE NrsquoABORDE PAS LES QUESTIONS RELEVANT SPEacuteCIFIQUEMENT

De la grossesse et des risques pour lrsquoembryon et le fœtus lieacutes aux conduites addictives de la femme enceinte ou du tabagisme de son entourage

Des situations drsquoincarceacuteration du fait de la speacutecif iciteacute de lrsquoespace-temps contraint et de la particulariteacute du milieu carceacuteral

Des missions de meacutediation sociale des CAARUD4 en vue de sassurer une bonne inteacutegration dans le quartier il srsquoagit lagrave de lrsquolaquo entourage raquo au sens de lrsquolaquo environnement raquo de lrsquoeacutetablissement (habitants commerccedilants etc)5

4 Deacutecret ndeg 2005-1606 du 19 deacutecembre 2005 relatif aux missions des centres daccueil et daccompagnement agrave la reacuteduction des risques pour usagers de drogues et modifiant le code de la santeacute publique

5 Pour aller plus loin sur ce sujet Gwenola LE NAOUR Chloeacute HAMANT Nadine CHAMARD Faire accepter les lieux de reacuteduction des risques ndash un enjeu quotidien CERPE DGS mai 2014 100 p

MOT DINTRODUCTION

En guise drsquointroduction ce teacutemoignage illustre la complexiteacute du rapport entre entourage et personne en difficulteacute avec ses conduites addictives Il pointe aussi lrsquoeacutetendue des dommages potentielle-ment induits par les difficulteacutes drsquoune personne avec ses conduites addictives Ce guide a pour vocation dapporter agrave tout professionnel intervenant dans le champ des addictions lrsquooccasion drsquoune prise de recul drsquoun enrichissement de la reacuteflexion sur la place de lrsquoentourage

En preacutevention comme en accompagne-ment et en soins une eacutevolution des repreacutesentations des rocircles de chaque individu autour de lrsquoaddiction a eu lieu notamment une eacutevolution des repreacute-sentations des notions de laquo victimes raquo et de laquo bourreaux raquo deacutesigneacutes agrave tort en matiegravere de probleacutematique addictive

Hier les probleacutematiques addictives en particulier lieacutees agrave lrsquoalcool eacutetaient re-peacutereacutees par lrsquoentourage le but eacutetait la laquo protection raquo de lrsquoentourage contre les laquo meacutefaits raquo de la personne addicte

Puis il srsquoest agi drsquoextraire lrsquousager de son entourage pour traiter le laquo ma-lade raquo

Aujourdrsquohui srsquoopegravere une prise en compte de toutes les parties prenantes la personne en dif f iculteacute avec ses conduites addictives et son entourage sont eacutetroitement lieacutes

Parallegravelement un meacutelange des repreacute-sentations psychiques lieacutees aux addic-tions avec la reacutealiteacute socieacutetale modifie la repreacutesentation de lrsquoentourage lui-mecircme en permanence comme on peut lrsquoob-server agrave travers les nombreuses illustra-tions de lrsquoexposition et de lrsquoouvrage laquo 130 ans de preacutevention de lrsquoalcoolisme 1870-2000 raquo2 Notamment le modegravele preacutevalent drsquoune socieacuteteacute consumeacuteriste confronte lrsquoindivi-du agrave un continuum de potentielles pra-tiques agrave risque addictif degraves son plus jeune acircge De nouvelles addictions nu-meacuteriques etou comportementales font de lrsquoentourage le point neacutevralgique de la preacutevention des risques et dommages lieacutes aux conduites addictives

Les conduites addictives ne sont pas seulement le teacutemoin de conflits intra-psychiques mais aussi une difficulteacute du lien de la relation Elles srsquoinscrivent dans une complexiteacute interrelationnelle ougrave le systegraveme familial et au sens large les rela-tions sociales qui a deacutejagrave en geacuteneacuteral beaucoup œuvreacute ne sait pas ougrave aller chercher lrsquoinformation pertinente au changement Il srsquoagit donc en tant que professionnel du champ de lrsquoaddictolo-gie drsquoopter pour une vision circulaire des interactions avec des formes drsquoaccom-pagnement et de soins incluant les en-tourages Il srsquoagit de prendre en compte toutes les parties prenantes des probleacute-matiques addictives avec leurs fonction-naliteacutes mais surtout leurs ressources potentielles et leur capaciteacute agrave laisser

2 130 ans de preacutevention de lrsquoalcoolisme en France 1870-2000 Eacuteditions CFES 2001 67 p

10 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 11

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Souffrances de voir lrsquoautre souffrir avec ses probleacutematiques addictives et de ne pas parvenir agrave srsquoen deacutefaire

Recherche et expeacuterimentation de toute une gamme de laquo solutions raquo drsquoaide

Sentiment drsquoimpuissance voire de culpabiliteacute avec de nombreuses inter-rogations comment en parler com-ment accompagner la personne com-ment la soutenir pour changer et permettre une reacuteduction des risques et des dommages encourus

Comportements et attitudes qui initient voire facilitent les conduites addictives du proche

Comportements qui accentuent le sentiment de difficulteacutes de la per-sonne addicte injonction controcircle agir agrave la place de lrsquoautre (lrsquoautre eacutetant estimeacute dans le deacuteni ou incapable drsquoagir de lui-mecircme) menace qui achegraveve drsquoalteacute-rer significativement la relation entre la personne addicte et son entourage et lrsquoidentiteacute de chacun

Ces attitudes et comportements sont ponctueacutes drsquoexpeacuterimentations de moda-liteacutes drsquoaide de recherches de solutions et de peacuteriodes de deacutecouragementCeci est la trame drsquoune difficulteacute sous-jacente celle de demander de lrsquoaide alors mecircme que lrsquoinquieacutetude devient permanente En effet la parole ne va pas de soi Crsquoest pourtant cette deacutemarche initiale pour ne pas dire initiatique qui permet-

tra agrave lrsquoentourage de renouer avec son individualiteacute Chaque membre de lrsquoen-tourage srsquoempare alors de sa propre difficulteacute tant physique que psychique pour parvenir agrave voir au-delagrave de lrsquoaddic-tion de lrsquoautre

Agrave RETENIR

Chaque membre de lrsquoentourage est un individu agrave part entiegravere qui neacutecessite une attention distincte de son proche en situation drsquoaddic-tion et un accompagnement pour prendre en compte et participer agrave la reacuteduction de sa souffrance propre

Chaque membre de lrsquoentourage fait partie du laquo systegraveme raquo de la probleacutematique addictive et doit ecirctre pris en compte dans lrsquoaccom-pagnement et les soins de la per-sonne en dif f iculteacute avec ses conduites addictives

Comme on dit que la personne addicte ne se reacuteduit pas agrave son ad-diction la personne qui entoure ne se reacuteduit pas et ne doit pas ecirctre reacuteduite agrave sa place drsquoentourage

La personne de lrsquoentourage laquo se rend malade raquo de la probleacutematique addictive de lrsquoautre et conseacutecutive-ment laquo se rend malade raquo du senti-ment de sa propre incapaciteacute agrave y remeacutedier et agrave aider lrsquoautre

Cette souffrance de lrsquoentourage ne peut pas ecirctre ignoreacutee mecircme si le patient deacutesigneacute laquo malade raquo nrsquoest pas demandeur de soins

1fraslthinsp2 LrsquoENTOURAGE SES DIFFICULTEacuteS ET SES RESSOURCES

1 DES RESSOURCES ET COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave RENFORCER

ABORDER LrsquoENTOURAGELes personnes qui composent lrsquolaquo entou-rage raquo jouent un rocircle essentiel dans la compreacutehension la preacutevention lrsquoaccom-pagnement et les soins en matiegravere de probleacutematique addictive drsquoun proche Les probleacutematiques addictives de tout individu impactent forceacutement les per-sonnes de lrsquoentourage agrave des degreacutes di-vers et de faccedilon variable selon le type de conduite addictive et selon les per-sonnes selon leur identiteacute et leurs liens Et inversement lrsquoentourage a un impact durant le processus de conduites addic-tives et de soins

Peu nombreuses sont les personnes de lrsquoentourage6 qui franchissent le pas de la demande drsquoaide et parfois tregraves voire trop tardivement Lagrave reacuteside toute la dif-ficulteacute drsquoapproche de lrsquoentourage alors que crsquoest souvent sur cet entourage que repose la sortie du deacuteni de la personne addicte et une part de la reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins

QUI EST Lrsquo laquo ENTOURAGE raquo Lrsquoentourage deacutesigne premiegraverement un

6 6 des 78 500 personnes accompagneacutees en CSAPA geacutereacutes par lrsquoANPAA en 2017

laquo ensemble de personnes vivant habi-tuellement aupregraves de quelqursquoun raquo Lrsquoen-tourage peut aussi se deacutefinir comme toute personne confronteacutee ou impli-queacutee dans les probleacutematiques addictives drsquoun tiers De prime abord on y voit les membres de la famille depuis le couple donc le conjointe les enfants jusqursquoaux ascendants et collateacuteraux puis les amis les collegravegues Ainsi pourrait aussi ecirctre impacteacute lrsquointervenant non speacutecialiseacute aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives du laquo meacutedecin de famille raquo (qui fait laquo partie de la fa-mille raquo) en passant par lrsquoentraicircneur sportif le CPE du collegravege le voisin lrsquoaide-soignante ou lrsquoassistante de vie du retraiteacute en prise addictive avec ses meacute-dicaments

LrsquoENTOURAGE UNE PERSONNE FRAGILISEacuteE MAIS EXPEacuteRIMENTEacuteELes personnes de lrsquoentourage sont glo-balement deacutemunies aupregraves drsquoun proche en difficulteacute avec ses conduites addic-tives pouvant passer du deacuteni agrave la pos-ture de laquo sauveur raquo Ces personnes se situent dans des attitudes et comporte-ments qui ne sont geacuteneacuteralement pas univoques

Deacuteni ou minimisation de la percep-tion des risques et des dommages pour la personne elle-mecircme comme pour les tiers qui lrsquoentourent

Souffrances lieacutees aux conseacutequences quotidiennes de la conduite addictive de leur proche instabiliteacute voire inseacute-curiteacute adaptations neacutecessaires pour y faire face

12 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 13

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

DES COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave VALORISER ET Agrave RENFORCER Les conditions de vie lrsquoenvironnement les facteurs biologiques les facteurs socio-culturels et eacuteconomiques pour tout individu entourage ou addict in-fluent sur la capaciteacute de la personne agrave reacutepondre avec efficaciteacute aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne Au-delagrave de sa relation avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addic-tives lrsquoentourage sera plus ou moins apte agrave aider lrsquoautre ou parfois srsquoextraire de la situation pour sa propre sauve-garde

Lrsquoaccumulation de souffrances lieacutees au proche addict peut conduire toute per-sonne de lrsquoentourage agrave un eacutetat de stress qui pourra deacuteborder ses capaciteacutes agrave agir pour lrsquoautre et lui-mecircmeDans le contexte de probleacutematique addictive que connaicirct lrsquoentourage les compeacutetences psychosociales acquises sont tregraves souvent abicircmeacutees en plusieurs endroits Amener lrsquoentourage agrave valori-ser reacutetablir et renforcer ses compeacute-tences crsquoest lui donner les moyens drsquoagir pour son propre mieux-ecirctre et pour le mieux-ecirctre de lrsquoautre plutocirct qursquoagrave pour-suivre une lutte contre lrsquoautre contre lrsquoaddiction de lrsquoautre

ZOOM

Les compeacutetences psychosociales7

Les compeacutetences psychosociales sont deacutefinies par lrsquoOrganisation Mondiale de la Santeacute (OMS) en 1993 comme eacutetant laquo la capaciteacute drsquoune personne agrave mainte-nir un eacutetat de bien-ecirctre subjectif lui permettant de reacutepondre positivement et efficacement aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne raquo Le ren-forcement des CSP est ainsi clairement un eacuteleacutement fondamental de la promo-tion de la santeacute et du bien-ecirctre des personnes particuliegraverement quand ce problegraveme de santeacute est lieacute agrave un comportementCes compeacutetences essentielles et trans- culturelles sont eacutetroitement lieacutees agrave lrsquoestime de soi et aux compeacutetences relationnelles relation agrave soi et relation aux autres

7 laquo Deacutevelopper les compeacutetences psychosociales chez les enfants et les jeunes raquo La Santeacute en action ndeg 431 2015 pp 10-40

LrsquoOMS en identifie dix principales qui srsquoajustent par deux

Savoir reacutesoudre les problegravemes Savoir prendre des deacutecisions

Avoir une penseacutee critique Avoir une penseacutee creacuteative

Savoir communiquer efficacement Ecirctre habile dans les relations interpersonnelles

Avoir conscience de soi Avoir de lrsquoempathie pour les autres

Savoir geacuterer son stress Savoir geacuterer ses eacutemotions

Ces CSP peuvent ecirctre deacutefinies sous un autre angle agrave travers trois prismes

1 LES COMPEacuteTENCES SOCIALES

(ou interpersonnelles ou de com-munication)

Les compeacutetences de communica-tion verbale et non verbale ndash eacutecoute active expression des eacutemotions ca-paciteacute agrave donner et recevoir des re-monteacutees drsquoinformation et des reacuteac-tions

Les capaciteacutes de reacutesistance et de neacutegociation ndash gestion des conf lits capaciteacute drsquoaffirmation reacutesistance agrave la pression drsquoautrui

Lrsquoempathie crsquoest-agrave-dire la capaciteacute agrave eacutecouter et comprendre les besoins et le point de vue drsquoautrui et agrave exprimer cette compreacutehension

Les compeacutetences de coopeacuteration et de collaboration en groupe

Les compeacutetences de plaidoyer qui srsquoappuient sur les compeacutetences de persuasion et drsquoinfluence

2 LES COMPEacuteTENCES COGNITIVES

Les compeacutetences de prise de deacuteci-sions et de reacutesolution de problegravemes

La penseacutee critique et lrsquoauto-eacutevalua-tion qui impliquent de pouvoir analy-ser lrsquoinfluence des meacutedias et des pairs drsquoavoir conscience des valeurs atti-tudes normes croyances et facteurs qui nous affectent de pouvoir identi-fier les (sources) drsquoinformations perti-nentes

3 LES COMPEacuteTENCES

EacuteMOTIONNELLES

(ou drsquoautoreacutegulation)

Les compeacutetences de reacutegulation eacutemotionnelle ndash gestion de la colegravere et de lrsquoanxieacuteteacute capaciteacute agrave faire face agrave la perte agrave lrsquoabus et aux traumatismes

Les compeacutetences de gestion du stress qui impliquent la gestion du temps la penseacutee positive et la maicirc-trise des techniques de relaxation

Les compeacutetences favorisant la confiance et lrsquoestime de soi lrsquoauto-eacutevaluation et lrsquoautoreacutegulation

14 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 15

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

tentes les besoins le parcours de vie les compeacutetences les expeacuteriences de la personne de lrsquoentourage dans sa singu-lariteacute avec en ambulatoire un docu-ment individuel de prise en charge (au terme leacutegal on preacutefegraverera le terme laquo drsquoaccompagnement raquo) ou en reacutesiden-tiel un contrat de seacutejour9 10 11

Un dossier regroupant lrsquoensemble des informations formaliseacutees utiles agrave la qualiteacute de lrsquoaccompagnement et des soins12 directement accessible agrave lrsquousager dans le respect des dispositions leacutegisla-tives et reacuteglementaires

Le respect du secret des informa-tions le concernant avec un partage entre professionnels strictement neacuteces-saires agrave la coordination ou agrave la conti-nuiteacute des soins agrave la preacutevention ou agrave son suivi meacutedico-social et social dans le res-pect des dispositions leacutegislatives et reacute-glementaires13 14

Le droit agrave une information adapteacutee agrave sa capaciteacute de compreacutehension notam-ment sur ses droits et liberteacutes par la

9 L311-4 et D311 du CASF

10 Les attentes de la personne et le projet personna-liseacute ANESM 2008 52 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

11 Projet personnaliseacute document individuel de prise en charge ou contrat de seacutejour en CSAPA CAARUD ACT ANPAA 2016 5 p (Fiche Repegraveres)

12 Qualiteacute du dossier de lrsquousager en eacutetablissement meacutedicosocial relevant de lrsquoaddictologie ANPAA 2016 29 p (Guide Repegraveres)

13 Secret des informations et partage entre profes-sionnels ANPAA actualisation octobre 2016 6 p (Fiche Repegraveres)

14 L1110-4 du CSP

remise systeacutematique et commenteacutee de la charte des droits et liberteacutes et son annexe15 le livret drsquoaccueil16 et le regravegle-ment de fonctionnement17 de lrsquoeacutetablis-sement

Le droit agrave lrsquoexpression et la participa-tion de chaque usager18 19 relativement au fonctionnement de lrsquoeacutetablissement

LE RESPECT DU SECRET DES INFORMATIONS PERSONNELLES DE LrsquoUSAGER PAR RAPPORT Agrave SON ENTOURAGEDans les eacutetablissements meacutedico-sociaux en addictologie de type CSAPA au-cune information ne doit ecirctre com-muniqueacutee agrave un tiers de lrsquoentourage quelle que soit la position de lrsquoentou-rage vis-agrave-vis de lrsquoeacutetablissement Mecircme si les demandes drsquoinformation des personnes de lrsquoentourage sont freacute-quentes elles ne peuvent aboutir agrave ou-trepasser ce droit Par exemple

laquo Est-ce que mon mari est bien venu agrave sa consultation aujourdrsquohui car il nrsquoal-lait pas tregraves bien et srsquoil est venu je ne suis pas certaine qursquoil vous ait tout dit raquo de la part drsquoune eacutepouse soucieuse

15 L311-4 du CASF et arrecircteacute du 8 septembre 2003

16 L311-4 du CASF et circulaire DGASSD ndeg 2004-138 du 24 mars 2004

17 L311-7 du CASF et deacutecret du 14 novembre 2003

18 L311-4 du CASF et deacutecrets du 25 mars 2004 et du 2 novembre 2005

19 La participation des usagers dans les eacutetablissements meacutedico-sociaux relevant de lrsquoaddictologie ANESM 2010 96 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

2 LrsquoENTOURAGE UN USAGER DE LrsquoEacuteTABLISSEMENT COMME UN AUTRE AVEC LES MEcircMES DROITS

LES DROITS DE LrsquoENTOURAGE EN EacuteTABLISSEMENT MEacuteDICO-SOCIAL EN ADDICTOLOGIELes centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) ont ceci de particulier par rap-port aux eacutetablissements de santeacute en addictologie comme un hocircpital par exemple qursquoils ont pour mission de srsquoadresser aux personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives comme agrave leur entourage Leurs droits en tant

qursquousagers drsquoeacutetablissement meacutedico-so-cial sont inscrits dans la loi 2002-28

Le respect de la digniteacute de la vie pri-veacutee de lrsquointimiteacute de la seacutecuriteacute et de lrsquointeacutegriteacute de la personne

Le libre choix parmi les prestations adapteacutees qui lui sont proposeacutees par exemple agrave domicile ou en eacutetablissement

Le droit agrave un projet personnaliseacute drsquoaccompagnement et de soins co-construit prenant en compte les at-

8 Ensemble des droits preacutesenteacutes agrave lrsquoarticle L311-3 du CASF

Agrave RETENIR

Dans le continuum de la promo-tion de la santeacute consideacuterer lrsquoentou-rage crsquoest

Repeacuterer les personnes de lrsquoentou-rage vivant des difficulteacutes lieacutees agrave une personne proche ayant des probleacutema-tiques addictives

Eacutevaluer ou situer leurs difficulteacutes plus ou moins apparentes et graves induites ou supposeacutees induites for-muleacutees ou pas par les conduites ad-dictives du proche

Prendre en compte ces personnes qui font laquo systegraveme raquo avec les probleacute-matiques addictives et srsquoappuyer sur leurs expeacuteriences capaciteacutes et diffi-culteacutes agrave agir dans la situation

Rencontrer les personnes de lrsquoen-tourage le plus rapidement possible dans lrsquoaccompagnement de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites additives pour diminuer leur culpabi-liteacute et le sentiment drsquoimpuissance apregraves en geacuteneacuteral avoir le sentiment drsquolaquo avoir tout essayeacute raquo

Accompagner les personnes de lrsquoentourage pour leur permettre de se mettre en position laquo meacuteta raquo de prise de recul pour prendre conscience de ce qui se passe de ma-niegravere systeacutemique et pas seulement pour lrsquoautre en diff iculteacute avec ses conduites addictives

Accompagner les personnes de lrsquoentourage vise agrave deacutevelopper laquo les solutions qui marchent raquo parmi celles deacutejagrave expeacuterimenteacutees ce qui redonne une estime de soi

16 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 17

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

A contrario un compte-rendu drsquohos-pitalisation ou des reacutesultats biologiques par exemple issus drsquoun eacutetablissement ou professionnel de santeacute verseacutes au dossier de lrsquousager sont transmissibles puisqursquoils sont issus drsquoun tiers interve-nant dans la prise en charge

POUR ALLER PLUS LOIN

La collection Repegraveres ANPAA22

Notamment

Le Guide Repegraveres ANPAA laquo Qualiteacute du dossier de lrsquousager et eacutetablissement meacute-dico-social relevant de lrsquoaddictologie raquo septembre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Secret des informations et partage entre pro-fessionnels raquo ANPAA actualisation octobre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Reacutepondre agrave la demande drsquoaccegraves direct agrave son dossier de lrsquousager raquo feacutevrier 2017

22 Toute la collection Repegraveres de lrsquoANPAA Fiches et Guides teacuteleacutechargeable gratuitement sur httpwwwanpaaassofrsinformercollection-reperes-pour-les-professionnels

laquo LA PERSONNE DE CONFIANCE raquo UN DROIT QUI PEUT EcircTRE UNE AMBIGUIumlTEacute DANS LrsquoACCOMPAGNEMENT ET LES SOINS EN ADDICTOLOGIELes dispositions relatives agrave la laquo personne de confiance raquo institueacutee agrave lrsquoorigine dans le champ sanitaire sont eacutetendues par la loi au champ social et meacutedico-social Ainsi toute personne majeure prise en charge dans un eacutetablissement ou un ser-vice social ou meacutedico-social23 a le droit de deacutesigner une personne de confiance qui si elle le souhaite lrsquoaccompagnera dans ses deacutemarches afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Les missions de la laquo personne de confiance raquo aupregraves de lusager

Accompagner et ecirctre preacutesent au-pregraves de lrsquousager si celui-ci le souhaite agrave lrsquoentretien preacutevu lors de la conclusion du contrat de seacutejour pour rechercher son consentement agrave ecirctre accueillie dans lrsquoeacutetablissement drsquoheacutebergement (en preacute-sence du directeur de lrsquoeacutetablissement ou toute autre personne formellement deacutesigneacutee par lui et chaque fois que neacute-cessaire) La personne de confiance sera la seule personne de lrsquoentourage agrave avoir le droit drsquoecirctre preacutesente agrave cet entretien

23 Deacutecret no 2016-1395 du 18 octobre 2016 fixant les conditions dans lesquelles est donneacutee lrsquoinformation sur le droit de deacutesigner la personne de confiance mention-neacutee agrave lrsquoarticle L 311-5-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles

laquo Avez-vous pu parler agrave mon fils de sa consommation de cannabis car ses reacute-sultats scolaires srsquoeacutecroulent et je suis tregraves inquiegravete de ses freacutequentations raquo de la part drsquoun pegravere inquiet

Les questions de lrsquoentourage qursquoelles soient formuleacutees de faccedilon directe ou indirecte par teacuteleacutephone ou dans le cadre drsquoentretien ne peuvent donner lieu agrave aucun commentaire ou informa-tion concernant la personne usagegravere de produits addictifsEt inversement la personne addicte ne pourra acceacuteder agrave aucune information relevant de son entourage accompagneacute au sein de lrsquoeacutetablissement ou ayant com-muniqueacute avec lrsquoeacutetablissement20Lrsquoeacutetablissement doit tout mettre en œuvre pour que les personnes dia-loguent entre elles

En effet laquo Toute personne prise en charge par un professionnel de santeacute un eacutetablissement ou un des services de santeacute deacutefinis au livre III de la sixiegraveme partie du preacutesent code un professionnel du secteur meacutedico-social ou social ou un eacutetablissement ou service social et meacute-dico-social mentionneacute au I de lrsquoarticle L 312-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles a droit au respect de sa vie priveacutee et du secret des informations le concernant Excepteacute dans les cas de deacuterogation expresseacutement preacutevus par la loi ce secret couvre lrsquoensemble des in-formations concernant la personne venues agrave la connaissance du profession-nel de tout membre du personnel de

20 L1111-7 du CSP

ces eacutetablissements services ou orga-nismes et de toute autre personne en relation de par ses activiteacutes avec ces eacutetablissements ou organismes Il srsquoim-pose agrave tous les professionnels interve-nant dans le systegraveme de santeacute raquo21

LE DROIT DrsquoACCEgraveS DIRECT DE LrsquoUSAGER Agrave SON DOSSIERLrsquousager qursquoil soit laquo patient raquo ou laquo en-tourage raquo a le droit agrave un accegraves direct agrave son dossier Toutefois il est neacutecessaire de bien cerner le type drsquoinformation dont il est question et sa source En matiegravere de droit agrave lrsquoaccegraves direct au dos-sier seules sont accessibles les informa-tions personnelles et non les informa-tions concernant lrsquoentourage

Sont exclues du dossier accessible agrave lrsquousager les informations mentionnant qursquoelles ont eacuteteacute recueillies aupregraves drsquoun tiers nrsquointervenant pas dans la prise en charge theacuterapeutique ou concernant un tel tiers Illustrations - Sont exclues non pas du dossier mais des informations acces-sibles

Lrsquoinformation recueillie aupregraves de lrsquousager mentionnant que son pegravere avait une probleacutematique addictive que son conjoint a des comporte-ments violents Lrsquoinformation communiqueacutee par la conjointe du consultant mentionnant que celui-ci ne peut pas honorer son rendez-vous compte tenu de sa sur-consommation drsquoalcool ce jour

21 L 1110-4 - point I du CSP

18 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 19

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

vous La personne de confiance pourra ecirctre la personne-ressource pour assurer un retour en toute seacutecuriteacute au domicile Dans la pratique professionnelle le do-cument individuel drsquoaccompagnement24 eacutetant un outil ameneacute agrave ecirctre reacuteguliegravere-ment renouveleacute autant que neacutecessaire et a minima annuellement pour ce qui est de son avenant ce peut ecirctre lrsquoocca-sion de parler avec le consultant de la personne de confiance deacutesigneacutee agrave re-nouveler ou pas

24 Deacutecret ndeg 2004-1274 du 26 novembre 2004 relatif au contrat de seacutejour ou document individuel de prise en charge preacutevu par larticle L 311-4 du code de laction sociale et des familles

Agrave RETENIR

Tout consultant en eacutetablisse-ment meacutedico-social a les mecircmes droits personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives ou per-sonnes de lrsquoentourage notamment au regard du secret des informa-tions

Lrsquoobjectif des professionnels est drsquolaquo outiller raquo chacune des parties personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives et son entou-rage afin de

Leur permettre de (re)communi-quer ensemble et retisser si neacute-cessaire les liens de confiance drsquoaffection de coopeacuteration par-fois laquo abimeacutes raquo par la situation

Permettre aussi de fluidifier les enjeux drsquoinformation laquo secregravetes raquo confieacutees aux professionnels ac-compagnant (de la secreacutetaire au meacutedecin en passant les profes-sionnels socio-eacuteducatifs et para-meacutedicaux les psychologues) sous la formule bien souvent entendue laquo vous ne lui direz pas maishellip raquo

Accompagner lrsquousager dans ses deacute-marches lieacutees agrave sa prise en charge so-ciale ou meacutedico-sociale afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Aider lrsquousager agrave la compreacutehension de ses droits La personne de confiance est consulteacutee par lrsquoeacutetablissement au cas ougrave lrsquousager rencontre des difficulteacutes dans la connaissance et la compreacutehension de ses droits Cette consultation nrsquoa pas vocation agrave se substituer aux deacutecisions de lrsquousager

Elle a un devoir de confidentialiteacute concernant les informations meacutedicales qursquoelle a pu recevoir et les directives anticipeacutees de lrsquousager elle nrsquoa pas le droit de les reacuteveacuteler agrave drsquoautres personnes

Qui peut ecirctre personne de confiance Deacutesigner une personne de confiance relegraveve de la seule deacutecision personnelle de lrsquousager Celui-ci peut deacutesigner en tant que laquo personne de confiance raquo toute personne majeure de son entou-rage en qui il a confiance par exemple un membre de sa famille un proche son meacutedecin traitant Il srsquoagit drsquoune deacutemarche reacutefleacutechie agrave deux

Il est important que lrsquousager eacutechange avec la personne qursquoil souhaite deacutesigner avant de remplir le formulaire de deacutesi-gnation et de lui faire part de ses sou-haits par rapport agrave sa future mission Il est impor tant que la personne de confiance ait la possibiliteacute de prendre connaissance de son futur rocircle et drsquoen mesurer sa porteacutee

Attention la personne que lrsquousager souhaite deacutesigner doit donner son ac-

cord agrave cette deacutesignation Elle peut refu-ser drsquoecirctre la personne de conf iance deacutesigneacutee par lrsquousager ou contresigner le formulaire de deacutesignation preacutevu agrave cet effet

Les difficulteacutes de mise en œuvre de ce droitLa place de la personne de confiance dans un accompagnement peut revecirctir une certaine ambiguiumlteacute dans le cadre drsquoun accompagnement en addictologie

Ce droit est fondamental pour tout usager dans le champ meacutedico-social par exemple pour lrsquoentreacutee en eacutetablissement drsquoheacutebergement pour personnes acircgeacutees deacutependantes ou en appartement de coordination theacuterapeutique Toutefois il peut ecirctre deacutelicat dans le contexte drsquoaccompagnement ambulatoire en CSAPA ou en CAARUD En effet dans ce contexte les relations de la personne de confiance avec lrsquousager peuvent eacutevo-luer neacutegativement voire se rompre notamment dans une situation de co-deacutependance

Une vigilance particuliegravere doit donc accompagner lrsquoinformation obligatoire de lrsquousager sur ce droit notamment par la remise drsquoune notice drsquoinformation Il convient de bien srsquoassurer de la liberteacute de choix de lrsquousager sans contrainte implicite ou explicite de son entourage

En pratique malgreacute ses eacuteventuelles

ambiguiumlteacutes agrave lever cette personne de confiance peut ecirctre un relais essentiel en cas drsquoune situation agrave risque ou com-plexe par exemple une consommation massive constateacutee lors drsquoun rendez-

20 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 21

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Scheacutema26 deS facteurS conStitutifS de lrsquoaddic-tion danS le modegravele trivalent de c olievenStein

ADDICTION UNE PROBLEacuteMATIQUE DU LIENLes probleacutematiques addictives ne sont pas reacuteductibles agrave des probleacutematiques neurologiques Elles sont aussi le reflet de la difficulteacute relationnelle de lrsquoindividu aux autres voire au groupe social entier au premier rang desquels lrsquoentourage tient une place complexe avant dans et apregraves le processus addictif

Degraves le premier contact du beacutebeacute et de son ou ses parents la qualiteacute des inte-ractions fonde la capaciteacute ulteacuterieure de lrsquoindividu agrave se construire dans une bonne

26 Charles ROZAIRE et al laquo Quest-ce que laddic-tion raquo Archives de Politique Criminelle ndeg 31 2009 pp 9-23

perception et conscience de soi et agrave ajuster de faccedilon satisfaisante sa relation agrave la reacutealiteacute exteacuterieureSelon la theacuteorie de lrsquoattachement de John Bowlby tout au long de son exis-tence lrsquoindividu cherche agrave satisfaire un besoin fondamental de seacutecuriteacute appeleacute laquo besoin social primaire raquo donneacute par la qualiteacute des inteacuteriorisations construites sur les bases comportementales rassu-rantes de la petite enfance27 Cette seacutecu-riteacute est donneacutee degraves la naissance par la proximiteacute de figures drsquoattachement at-tentives au besoin de protection du beacutebeacute La personne garde en elle le be-soin de figures drsquoattachement auxquelles elle peut avoir recours en preacutesence de certains dangers ou drsquoexpeacuteriences dou-loureuses de son existence Ces figures drsquoattachement inteacuterioriseacutees au cours du

27 John BOWLBY Lrsquoattachement t1 PUF 1969 540 p

1fraslthinsp3 ENTOURAGE ET ADDICTIONS

LA DEacutePENDANCE EN QUESTION

Lrsquousage de produits psychotropes existe de tout temps et se rencontre en toute socieacuteteacute Lrsquoapeacuteritif entre amis le cham-pagne pour fecircter les heureux eacuteveacutene-ments de la vie le joint qui tourne en soireacutee les parties de jeux collectifs en ligne ou lrsquoexcitation drsquoun parieur sur un champ hippique sont des facteurs de socialisation mecircme srsquoils ne sont en rien indispensables Source de plaisir indivi-duel comme collectif ils peuvent prati-queacutes avec excegraves avec perte de controcircle ou dans certaines circonstances ecirctre facteurs de risques voire causes de dommages pour soi ou des tiersAinsi les probleacutematiques addictives re-lient la personne addicte et son entou-rage dans des rapports divers allant de la convivialiteacute aux risques et dommagesComment recouvrer la liberteacute est sans doute la question inconsciente et impli-cite de tout entourageIl srsquoagit drsquoappreacutehender les cleacutes de cette souffrance et de cet isolement pour agir ensuite en preacutevention et en accompa-gnement

1 LrsquoENTOURAGE AU CŒUR DE LA PATHOLOGIE DU LIEN

Travailler pour et avec lrsquoentourage drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives conduit agrave mettre en lumiegravere sa place dans le laquo systegraveme raquo de la pro-bleacutematique addictive du proche

ENTOURAGE PARTIE PRENANTE DE LA TRIVALENCE DE LrsquoADDICTION Trois facteurs dimensionnels inter-viennent dans la vulneacuterabiliteacute aux conduites addictives la personne le contexte socioculturel et lrsquoobjet de la deacutependance comportement ou subs-tance psychoactive Crsquoest le modegravele tri-valent et bio-psycho-social de Claude Olievenstein laquo La toxicomanie surgit agrave un triple carrefour celui drsquoun produit drsquoun moment socioculturel et drsquoune per-sonnaliteacute Ce sont lagrave trois dimensions eacutegalement constitutives raquo25Cette approche tr idimensionnelle confegravere un rocircle deacuteterminant au contexte socioculturel au premier rang duquel se trouvent les personnes de lrsquoentourage

25 Claude OLIEVENSTEIN La drogue ou la vie Ro-bert Laffont 1983 260 p

FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX

FamiliauxAnteacuteceacutedents

FonctionnementEacuteducation

Eacuteveacutenements sociauxInfluence des pairs

Groupe social

FACTEURS LIEacuteS Agrave LA SUBSTANCE

Potentiels de deacutependance

Conseacutequences meacutedicales psychologiques sociales

Statut social de substance

FACTEURS INDIVIDUELS

GeacuteneacutetiquesNeurobiologiques

PsychologiquesPsychiatriques

Eacuteveacutenements de vie

22 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 23

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

PROCESSUS DE DEacutePENDANCELa deacutependance traduit la perte de liber-teacute du sujet qui ne peut srsquoempecirccher de consommer le produit ou de de se livrer agrave sa conduite addictiveLe processus de deacutependance met en jeu trois eacuteleacutements qui srsquoauto-renforcent

Le lien entre la substance ou le comportement expeacuterimenteacute et le plaisir ressenti La premiegravere expeacute-rience de plaisir subjectif ressenti est selon le sujet le produit le moment et le contexte deacuteterminant pour lrsquoentreacutee en conduite reacuteguliegravere voire deacutependance Le plaisir rechercheacute associe sensations stimulations et aussi une forme drsquoanes-theacutesie (physique et psychique) et drsquooubli de soi et des autres de faccedilon variable selon le produit et lrsquoindividu

Le craving pheacutenomegravene de stimula-tion du systegraveme de reacutecompense par la recherche effreacuteneacutee du produit pour obtenir un eacutetat de satisfaction ou pour reacutepondre agrave une sensation interne dou-loureuse

La toleacuterance expression du pheacuteno-megravene drsquoaccoutumance physique et psy-chique au produit Elle neacutecessite pour lrsquousager de recourir agrave de plus fortes doses de produits ou plus freacutequem-ment pour obtenir un plaisir aussi in-tense voire plus intense ou varieacute La toleacuterance implique aussi la notion de sevrage qui pousse le sujet agrave recourir au produit pour ne pas ressentir le manque

Agrave RETENIR

La personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est mar-queacutee par une vulneacuterabiliteacute rela-tionnelle qui preacuteexiste agrave lrsquoaddiction et qui nrsquoen est pas la seule cause

Cette vulneacuterabiliteacute accentueacutee par le processus addictif va geacuteneacute-ralement entrer en reacutesonnance avec les personnes de lrsquoentourage et leurs propres constructions indi-viduelles

deacuteveloppement preacutecoce neacutecessitent drsquoecirctre seacutecurisantes rassurantes stables et diffeacuterencieacutees pour permettre au su-jet de srsquoy reacutefeacuterer au besoin dans les ex-peacuteriences de la vie et en relation avec les autres

Le deacutefaut drsquointeractions srsquoexprime en termes de qualiteacute de permanence et de varieacuteteacutes des figures drsquoattachement au cours du deacuteveloppement preacutecoce de lrsquoenfant grevant eacuteventuellement son capital de seacutecuriteacute et de confiance Lrsquoin-dividu pourra souffrir drsquoun deacutefaut drsquoan-crage affectif seacutecure et stable Les relations agrave lrsquoautre seront rarement satisfaisantes les aleacuteas des rapports humains et du groupe social eacutetant veacutecus comme un abandon Selon le terme de Winnicott lrsquoindividu subit des alteacuterations plus ou moins seacute-vegraveres du laquo sentiment continu drsquoexister raquo Le produit ou le comportement addictif est alors un objet de substitution mo-mentaneacutement eacutequilibrant ou satisfaisant qui comble un vide Lrsquoindividu accegravede agrave une conduite addictive comportemen-tale ou avec produit afin de se procurer un plaisir immeacutediatement neacutecessaire et drsquoabaisser sa tension (homeacuteostasie)

2 PROCESSUS DE DEacutePENDANCE ET PLACE DE LrsquoENTOURAGE

ADDICTIONS DE QUOI PARLE-T-ON laquo Dans le champ de la santeacute une conduite de consommation un com-portement ou une passion jusqursquoalors sans retentissement dommageable de-vient une addiction agrave lrsquoapparition des conseacutequences neacutegatives pour le sujet son entourage ou la socieacuteteacute raquo28 Lrsquoaddiction est un laquo processus par lequel un comportement pouvant agrave la fois per-mettre une production de plaisir et drsquoeacutecarter ou drsquoatteacutenuer une sensation de malaise interne est employeacutee de faccedilon caracteacuteriseacutee par lrsquoimpossibiliteacute reacutepeacuteteacutee de controcircler ce comportement et sa poursuite en deacutepit de la connais-sance de ses conseacutequences neacutega-tives raquo29 Elle srsquoapplique aux conduites avec produits ou comportements

La conduite addictive est une solu-

tion avant de devenir un problegraveme elle est une solution agrave une souffrance agrave la fois individuelle et du systegraveme de vie de la personne crsquoest une solution intrapsy-chique et relationnelle qui va devenir problegraveme

28 Addictionnairecopy Reacuteflexion seacutemantique en addicto-logie ANPAA 2017 37 p

29 Michel REYNAULT Philippe-Jean PARQUET Gilbert LAGRUE Les pratiques addictives usage nocif et deacute-pendances aux substances psychoactives rapport remis au secreacutetaire drsquoEtat agrave la santeacute DGS 1999 p 15 et p 37

GUIDE REPEgraveRES 25

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

24 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Les programmes et actions de preacuteven-tion sur le thegraveme de lrsquoentourage peuvent srsquointeacutegrer dans diffeacuterentes dimensions

Preacutevention universelle en commu-niquant sur les impacts sur lrsquoentourage des conduites addictives et en particu-lier sur la famille mais aussi sur les mo-daliteacutes drsquoaccueil de lrsquoentourage dans les structures speacutecialiseacutees

Preacutevention seacutelective met en jeu une sensibilisation aupregraves drsquoun public direc-tement concerneacute par le renforcement des compeacutetences psychosociales en par-ticulier des jeunes soutien des enfants en dif f iculteacute conseacutecutivement aux

conduites addictives de leurs parents soutien des conjoints soutien agrave la fonc-tion parentale en prenant appui sur

Des supports drsquoinformation deacutedieacutes comme des brochures ou information en ligne

Lrsquoorganisation de confeacuterences-deacutebats groupes de paroles et autres eacutevegravene-ments

Preacutevention cibleacutee par des actions mises en œuvre speacutecifiquement aupregraves de lrsquoentourage des personnes preacutesen-tant une conduite addictive

Un objectif pratique et fondamental la capacitation ou empowerment est

ANNEXES

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

1 LE RISQUE DE CO-DEacutePENDANCE 2 LE RISQUE DE TRANSMISSION

INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE 3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

Il srsquoagit drsquoenvisager deux champs essentiels drsquoactions touchant aux probleacutema-tiques de lrsquoentourage la parentaliteacute et les pairs et un mode drsquoaction mobi-liser des outils et surtout des professionnels autour de lrsquoaction

26 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 27

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp1 thinspLE RISQUE

DE CO-DEacutePENDANCE

1 LA CO-DEacutePENDANCE

La distorsion relationnelle de co-deacutepen-dance srsquoexprime particuliegraverement dans le champ des addictions Il existe une forme singuliegravere de deacutepen-dance la deacutependance relationnelle qui induit aussi une co-deacutependance directe agrave lrsquoautre avec une construction relation-nelle tregraves perturbeacutee Forme de conduite addictive la deacutependance relationnelle au lieu de transiter par un produit ou un comportement srsquoattache directement agrave lrsquoautre

Des deacutefinitions La co-deacutependance est un ensemble

de comportements que la personne de lrsquoentourage drsquoun individu en difficulteacute avec ses conduites addictives adopte presque sans srsquoen rendre compte pour faire face agrave la deacutependance de leur proche et lutter contre ou amoindrir les conseacutequences subies de lrsquoaddiction

La co-deacutependance est une adaptation agrave la situation de deacutependance et ses conseacutequences dans la conviction qursquoau-cune autre solution contre lrsquoaddiction de lrsquoautre nrsquoest possible

FORMES DE CO-DEacutePENDANCECe comportement de co-deacutependance peut prendre plusieurs formes plus ou moins marqueacutees comme31

31 Source httpswwwstop-alcoolch

Sur le registre du controcircle Une perte drsquoidentiteacute tendance agrave

vouloir prendre la place de la personne deacutependante en controcirclant toute sa sphegravere de vie entraicircnant la deacuteresponsa-bilisation voire lrsquoinfantilisation de la per-sonne deacutependante Une tendance agrave lobsession obses-

sion par la substance non pas par envie de consommer mais par inquieacutetude pour la personne deacutependante Une tendance agrave deacuteformer la reacutealiteacute

mentir parfois agrave des tiers (employeur amis famille) pour laquo couvrir raquo les ab-sences colegraveres manquements divers Effacer les traces des conseacutequences neacutegatives lieacutees agrave la consommation (deacute-sordre bouteilles vides etc) Effet in-duit la personne deacutependante ne voit ainsi pas certaines conseacutequences neacutega-tives de sa consommation Un sentiment de honte tentative de

maicirctrise de lrsquoimage donneacutee agrave lrsquoexteacuterieur en niant en cachant en transformant la reacutealiteacute de la vie quotidienne Cela tra-duit une difficulteacute voire incapaciteacute agrave affronter le jugement des tiers agrave lrsquoeacutegard de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives comme agrave lrsquoeacutegard de lrsquoentourage lui-mecircme les conduites ad-dictives eacutetant encore lrsquoobjet de preacutejugeacutes (vice manque de volonteacute perte de controcirclehellip) profondeacutement ancreacutes Une incapaciteacute agrave pouvoir deacuteleacuteguer

une tacircche la personne co-deacutependante a le sentiment de faire mieux plus vite etc En faisant agrave la place de lrsquoautre elle lui nie sa capaciteacute drsquoagir

viseacutee crsquoest-agrave-dire un laquo processus dans lequel des individus et des groupes agissent pour gagner la maicirctrise de leurs vies et donc pour acqueacuterir un plus grand controcircle sur les deacutecisions et les actions affectant leur santeacute dans le contexte de changement de leur environnement social et politique30 raquo Comme pour toutes actions de preacutevention drsquoaccom-pagnement ou de soins celles destineacutees aux personnes de lrsquoentourage srsquoappuient sur des outils de deacuteveloppement de leurs ressources pour accroicirctre leurs capabiliteacutes Et au-delagrave du renforcement des compeacute-tences psychosociales des personnes de lrsquoentourage lrsquoimplication des proches des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives est un facteur de reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins En effet des proches eacutecouteacutes in-formeacutes et sensibiliseacutes peuvent mieux soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche de preacutevention et de soins

On rappellera ici les principes drsquoin-tervention en preacutevention

Une deacutemarche positivant la santeacute comme ressource

Une non-dramatisation des conduites addictives et des produits (alcool tabac cannabis autres drogues) ou addictions sans produit (jeuhellip) la preacutevention srsquoappuie sur une information valideacutee et vise la deacuteconstruction des

30 EHESP laquo Glossaire multilingue de la base de don-neacutees en santeacute publique raquo httpaspbdspehespfrGlos-saire

repreacutesentations et preacutejugeacutes mais ne se limite pas agrave la seule information

Le pragmatisme et non lrsquoideacuteologie Une non-limitation aux seuls objec-

tifs de reacuteduction des conduites ou drsquoabstinence

Une prise en compte des risques et dommages sanitaires et sociaux pour la personne elle-mecircme et son entou-rage mais aussi pour la socieacuteteacute agrave court moyen et long termes

Un appui sur les ressources de lrsquoin-dividu ses expeacuteriences ses compeacute-tences en visant le renforcement de ses compeacutetences psychosociales son auto-nomie et sa qualiteacute de vie

Une deacutemarche drsquoeacuteducation agrave la ci-toyenneteacute et de lien social

28 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 29

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

france vont ecirctre verbaliseacutes et permet-tront ainsi un apaisement de la relation On peut alors ouvrir de nouvelles pers-pectives drsquoeacutevolution et envisager la sor-tie des scheacutemas de reacutepeacutetitions

Repeacuterer la co-deacutependance La non-verbalisation par honte ou ta-bou reacutecurrente en addictologie notam-ment concernant les femmes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives compte-tenu du poids des repreacutesenta-tions sociales constitue aussi pour lrsquoen-tourage un nœud drsquoeacutevitement de la si-tuation addictive et son ancrage puissant dans le corps et le psychisme de la per-sonne de lrsquoentourageIl est essentiel de repeacuterer ce qui est en train de se jouer

2 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CERCLE FAMILIAL

La famille reacutesulte de constructions so-ciales variables selon les eacutepoques et les cultures mais elle reacutepond en premier lieu agrave la neacutecessiteacute qursquoeacuteprouvent les hu-mains drsquoecirctre lieacutes La famille premier groupe drsquoapparte-nance est reacutegie par des liens speacuteci-fiques lien drsquoalliance lien de filiations lien geacuteneacutealogique lien du groupe familial avec lrsquoexteacuterieur Dans cette sphegravere familiale se nouent des liens protecteurs etou difficiles entre les membres dans le preacutesent et le passeacute32 Les conduites addictives puisent en par-tie leurs causes dans le fonctionnement

32 Cf dans ce guide 2fraslthinsp2 LE RISQUE TRANSGEacuteNEacute-RATIONNEL

de cette sphegravere et ont des conseacute-quences sur tous ses membres et selon la composition familiale sur les parents les enfants lela conjointeLa famille premier lieu drsquoexpression des situations de co-deacutependance est un noyau groupal fort capable de faire bar-rage agrave toute aide exteacuterieure par lrsquoinstau-ration drsquoun systegraveme de sauvegarde et drsquoauto-controcircle qui reacutegule le deacuteseacutequi-libre creacuteeacute par lrsquoaddiction du procheEn effet les observations cliniques ont pu montrer33 que les conduites addic-tives peuvent devenir laquo un principe or-ganisateur du systegraveme familial raquo Les probleacutematiques addictives deviennent comme un tiers qui fige la vie quoti-dienne avec des laquo modes de fonction-nements formels rigides preacutedictifs en eacuteloignant les incertitudes34 raquo Il srsquoinstaure un systegraveme qui srsquoautoreacutegule autour des probleacutematiques addictives qui concerne alors chaque membre de la famille en ce sens que chacun va se comporter en regard de la preacutesence ou de lrsquoabsence de conduite addictive et que les interac-tions se placent en fonction du produit psychoactif en question Ainsi le sujet en meacutesusage de ce produit est comme surproteacutegeacute Il nrsquoest plus le bouc eacutemis-saire drsquoune situation potentiellement conflictuelle Crsquoest au contraire lrsquoen-semble de la famille qui assume cette addiction les probleacutematiques addictives deviennent constitutives de lrsquoidentiteacute du couple et de la famille raquo

33 Vangheacutelis ANASTASSIOU Mireille SCHWEITZER Isabelle SOKOLOW laquo Pour le meilleur et pour le pire raquo Alcoologie et Addictologie ndeg 1 2002 pp 53-62

34 Ibid

Sur le registre de la protection La fusion attitude fusionnelle avec la

personne deacutependante preacutesence quasi-permanente agrave outrance reacuteduction de lrsquoautonomie du proche addict dans ses deacutemarches de soins ou dans ses temps de vie personnelle Lrsquohyper-responsabiliteacute lentourage

se sent responsable vis-agrave-vis de lrsquoexteacute-rieur de tous les comportements les faits et gestes (en particulier neacutegatifs) de la personne deacutependante La culpabiliteacute lentourage se met agrave

penser laquo je ne suis pas assezhellip raquo laquo cest de ma faute si je narrive pas agrave laider raquo Lrsquohyper adaptation lrsquoentourage se

rend disponible agrave tout moment aupregraves de la personne deacutependante ce qui en-traine par exemple des modifications de lrsquoemploi du temps de la maniegravere decirctre de fonctionner pour sadapter aux agis-sements de la personne deacutependante

Sur le registre de la reacuteclamation Un ressenti de trahison face aux

eacuteventuels renforcements ou reprises des probleacutematiques addictives du proche en comparaison aux effor ts estimeacutes mis en œuvre pour lrsquoaider Une attitude de plus en plus vindi-

cative voire agressive et exigeante en termes drsquoattendus de comportement de la personne addicte avec pour effet in-duit pour la personne addicte la perte drsquoestime de soi lrsquoincapaciteacute grandissante de reacuteagir et drsquoenvisager un accompagne-ment et des soins une incapaciteacute agrave reacute-pondre aux attentes de la personne de lrsquoentourage Une perte des limites de lrsquoindividua-

liteacute conviction drsquoecirctre lale seule agrave com-

prendre agrave savoir comment faire avec la personne addicte prendre le rocircle de soignant ou la place de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives en reacutepondant agrave sa place par exemple en tout lieu ou obligation exteacuterieure Une incapaciteacute agrave dire non similaire

au manque de limite il est la conseacute-quence dune peur de deacutecevoir de perdre la relation Ainsi la personne de lrsquoentourage existe uniquement au tra-vers de lrsquoaddiction de lrsquoautre

La personne co-deacutependante est dans

la diff iculteacute de tenir compte de ses propres besoins lieacutes au manque de limite agrave lhyper adaptation agrave la fusion et agrave lob-session en jeu dans la co-deacutependance

PREacuteVENTION ET SORTIE DU PROCESSUS DE CO-DEacutePENDANCE

Parler de la co-deacutependance Une communication globale de type laquo Nous sommes tous proches drsquoune personne addicte parlons agissons raquo ou laquo Entourage de personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives par-lons-en raquo et des actions theacutematiques seacutelectives en synergie avec les acteurs drsquoun territoire ouvrent la voie drsquoune sen-sibilisation sur la co-deacutependance Par ailleurs en rendant accessible agrave lrsquoentourage un lieu drsquoeacutecoute un appui contenant et seacutecurisant que ce soit avec ou sans la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives on permet une prise du recul de la situation et du proche addict Les reacutesistances vont se voir atteacutenueacutees les eacuteprouveacutes et la souf-

30 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 31

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Lrsquoameacutelioration des compeacutetences psy-chosociales de lrsquoun ne peut se faire sans lrsquoautre

La co-deacutependance du couple est aussi bien intra psychique qursquointeractionnelle

Les conjoints de personne en diffi-culteacute avec un produit psychoactif mani-festent dans le processus de co-deacutepen-dance certains traits psychologiques lieacutes agrave un mode relationnel construit anteacute-rieurement agrave la relation de couple

Notamment les effets de la co-deacute-pendance se manifestent particuliegravere-ment dans le cadre drsquoune relation de couple surinvestie et ideacutealiseacutee par le conjoint de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives Dans cette projection de couple le conjoint ne laquo voit pas raquo lrsquoautre en tant qursquoindividu tel qursquoil est mais en tant que personne censeacutee jouer un rocircle ideacuteal

Dans le contexte de la co-deacutepen-dance la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives devient le laquo respon-sable raquo de la non-reacutealisation de cette projection pour ne pas avoir autant que le conjoint contribueacute agrave sa reacutealisation

Le conjoint surinvestit une relation de couple ougrave lrsquoautre ne peut aider qursquoen respectant un sceacutenario conccedilu drsquoavance La personne addicte est donc drsquoembleacutee nieacutee dans son alteacuteriteacute et sa singulariteacute toutefois elle est sans doute elle-mecircme en besoin pour combler un manque qursquoelle ne peut trouver dans la relation eacutetablie

Ainsi le co-deacutependant pense avoir le pouvoir de rendre lrsquoautre abstinent pour parvenir agrave reacutealiser ce couple ideacuteal

Le conjoint co-deacutependant peut ainsi montrer

Une implication eacutemotionnelle neacutega-tive eacuteleveacutee et une grande retenue dans lrsquoexpression des sentiments avec un deacuteni du rapport de deacutesir et des relations affectives

Un mode relationnel enchevecirctreacute ou deacutesinteacutegreacute et une tendance agrave former des relations duelles fusionnelles Un rejet drsquoun leadership au sein du couple et drsquoune hieacuterarchie intrafa-miliale

La souffrance du conjoint co-deacutependant peut se manifester par

De lrsquoagressiviteacute et une certaine ob-session devant lrsquoimpuissance agrave changer le par tenaire dans sa deacutependance agressiviteacute laquo justifieacutee raquo comme neacuteces-saire pour motiver lrsquoautre agrave modeacuterer sa consommation et agrave srsquointeacuteresser agrave son conjoint et ses enfants

Lrsquointoleacuterance au manque du conjoint veacutecue comme lrsquoexpression drsquoune rela-tion de couple en eacutechec En fait le conjoint en manque devient reacuteveacutelateur du manque du conjoint co-deacutependant

Lrsquoincapaciteacute agrave changer de posture mecircme si une prise de conscience de lrsquointeraction laquo en miroir raquo du manque dans le couple se manifeste car laquo accep-ter crsquoest capituler raquo

Le non-amour de soi car la restau-ration narcissique reacuteciproque des deux par tenaires rechercheacutee dans tout couple ne se produit pas

Lrsquoabneacutegation et le deacutepassement de soi est lrsquoidentiteacute que se donne le conjoint co-deacutependant ayant une mauvaise image de lui-mecircme Le conjoint addict se trouve deacutepersonnaliseacute au sein de son propre couple

CONDUITES ADDICTIVES ET ORGANISATION FAMILIALE LE laquo SYSTEgraveME raquo35 Un constat tregraves surprenant a eacuteteacute fait concernant lrsquoalcoolo-deacutependance que lrsquoon eacutetendra aux conduites addictives laquo la personne [addicte] stabilise le fonc-tionnement de lrsquoensemble bien qursquoil le deacutesorganise En effet face aux conduites addictives chacun des membres sait preacutevoir ce qursquoil y a lieu de faire devant le deacuteroulement des eacutevegravenements comme dans un rituel connu drsquoavance Il y a une reacuteduction des incertitudes et la conseacute-quence la plus visible est la coheacutesion familiale lrsquoaspect soudeacutes des enfants et de lrsquoautre parent permettant des rap-prochements pour faire face En outre par son symptocircme ses comportements la personne [addicte] creacutee la tension autour de lui et est le reflet de lrsquoeacutetat de stress du systegraveme familialLe pheacutenomegravene drsquohomeacuteostasie du sys-tegraveme conduit agrave srsquointerroger non pas sur le pourquoi des conduites addictives mais sur

Comment le produit aide-t-il agrave maintenir ce systegraveme

Comment la personne deacutependante au produit se place-t-il dans ce systegraveme

Comment contribue-t-il agrave diminuer les incertitudes

35 Antoinette MIALON-FOUILLEUL Psychopatholo-gie familiale des conduites drsquoalcoolisation opcit pp 334-339

Comment maintient-il la coheacutesion du systegraveme

Il srsquoagit de comprendre la fonction adap-tative du comportement addictif pour permettre drsquoaider le patient agrave travers une autre maniegravere de srsquoadapter sans uti-liser le produit

LE CONJOINT CO-DEacutePENDANTLa co-deacutependance aura tendance agrave exa-cerber les nœuds relationnels du couple Il peut ecirctre parfois difficile et deacutelicat drsquoidentifier ce qui relegraveve de la co-deacutepen-dance et de ses effets dommageables sur la relation et ce qui relegraveve de diffi-culteacutes de couple inteacuterioriseacutees et refou-leacutees jusque-lagrave Crsquoest lagrave encore dans le contexte de lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool que les eacutetudes cli-niques sont les plus fournies en ap-proches des pheacutenomegravenes de co-deacutepen-dance dans le couple

La co-deacutependance du conjoint drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives se manifeste par sa difficulteacute agrave se voir en dehors de lrsquoaddiction de lrsquoautre Des observations cliniques en alcoolo-gie transposables agrave toutes probleacutema-tiques addictives montrent que

La difficulteacute de rapport aux conduites addictives est un processus patholo-gique chronique mis en route degraves lrsquoen-fance pour lrsquoun ou les deux membres du couple

Le conjoint joue un rocircle indeacuteniable et complexe propre agrave chaque relation dans lrsquoeacutevolution du processus drsquoaddic-tion de lrsquoautre

32 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 33

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

Conduites addictives et violences

Approche par le psycho trauma-tisme37 on identifie un lien entre violences subies au cours de la vie et conduites addictives avoir subi des violences expose agrave un risque de santeacute plus deacutegradeacutee tant psychique (deacute-pression anxieacuteteacute repli sur soi tenta-tives de suicide) que physique

Explications du lien entre psycho traumatisme et usage de subs-tances psychoactivesLe Dr Sharon Kingston (2009) du deacutepar tement de psychiatr ie du Centre drsquoeacutetude de lrsquoenfance de lrsquouni-

37 Violences subies ou produites et usage de subs-tances psychoactives chez les femmes en Europe et dans la reacutegion meacutediterraneacuteenne Revue de litteacuterature et eacutelaboration de pistes de recherches Groupe Pompidou Conseil de lrsquoEurope 2015 p 50

versiteacute de New York propose trois explications possibles concernant les liens entre la consommation de subs-tances psychoactives et les violences subies au cours de la vie

Le deacuteveloppement de troubles post-traumatiques agrave la suite de cer-tains cas de violences subies dans la vie la consommation de substances est ainsi consideacutereacutee comme une auto-meacutedication pour atteacutenuer les symp-tocircmes post-traumatiques

La consommation de substances creacutee les conditions de risques de vic-timisation ou drsquoautres eacuteveacutenements traumatiques et ces expeacuteriences peuvent conduire au deacuteveloppement de troubles post-traumatiques

Les violences ainsi que la consom-mation de substances surviennent dans des contextes particuliers drsquoen-vironnement familial38

38 Ibid p 14

Lrsquoimpossibiliteacute de communiquer du fait de trop ou pas assez drsquoempathie

La seacuteparation inconcevable et le temps suspendu en deacutepit de beaucoup de frustrations pour les deux parte-naires lrsquoeacuteloignement ne peut avoir lieu il y a confusion entre indeacutependance et seacuteparation

Le couple-sceacutenario est un objet agrave reacuteussir qui ne vit quasiment que dans la tecircte du conjoint co-deacutependant

Une obsession du conjoint laquo ma-lade raquo pour le comprendre ou pour le rejeter

Un veacutecu drsquoaffrontement entre le bien et le mal la co-deacutependance se met en place comme un court-circuit affectif et eacutemotionnel Lrsquoattitude de lrsquoun deacutefinit la posture de lrsquoautre

Lrsquoattachement aux familles drsquoorigine reste actif le manque originel agrave combler par chaque conjoint le rend indisponible agrave lrsquoautre

Le produit ou la conduite addictive devient un tiers dans lrsquoimaginaire de lrsquoun comme de lrsquoautre

Addiction couple et vie sexuelleSur le plan de la relation agrave lrsquoautre le pro-duit ou le comportement laquo problegraveme raquo peut venir infeacuterer dans la vie sexuelle Cette dimension est eacutevoqueacutee et appa-raicirct comme une cause de la consomma-tion ou une conseacutequence des conduites addictives laquo On sait que lrsquoalcool va agir sur trois niveaux les compeacutetences phy-siques les dispositions psychologiques individuelles lrsquoharmonie relationnelle du couple Alors que la consommation eacutepi-sodique de produit peut donner un sen-timent de potentialiteacutes sexuelles ac-crues la consommation massive et chronique peut entraicircner un deacutesinves-tissement de lrsquoindividu pour la sexualiteacute par la diminution progressive de la puis-sance sexuelle Et la consommation croissante drsquoalcool qui tente de compen-ser ce pheacutenomegravene ne fait que lrsquoaccen-tuer La dysfonction sexuelle peut ecirctre agrave la fois cause et conseacutequence de lrsquoabus drsquoalcool agrave lrsquointeacuterieur drsquoune spirale ougrave lrsquoalcool ser t agrave traiter les diff iculteacutes sexuelles mais ougrave il ne fait que les aggra-ver raquo36 Ces constats peuvent srsquoappli-quer agrave toutes les conduites addictives

36 Marie-Catherine ROUILLET-VOLMI Nathalie DUDORET laquo Alcool et sexualiteacute raquo Alcoologie ndeg 2 1995 p 124

Usages de drogues et parcours de vie traumatique chez les femmesLes traumatismes et les violences subis durant lrsquoenfance ou agrave lrsquoacircge adulte ponc-tuent freacutequemment les trajectoires de vie de femmes usagegraveres de drogues Trois constats peuvent srsquoeacutetablir entre dimension de genre et violences subies

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle chez les femmes en population geacuteneacuterale

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle observeacutee chez les hommes usagers de drogues

Un recours aux substances psy-choactives plus important chez les personnes ayant subi des violences au cours de la vie que chez celles nrsquoen ayant pas subi

34 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 35

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

particuliegraverement preacutecaires et mar-queacutees par un cumul de laquo handicaps raquo sociaux et psychologiques (handicap au sens de difficulteacute drsquoadaptation agrave lrsquoenvironnement)

Ineacutegaliteacutes de genre au deacutetriment de femmes et ses ravages en matiegravere de drogues En explorant le contexte de lrsquoinitiation et le profil de lrsquoinitiateur aux usages de drogues les eacutetudes socio-anthropolo-giques deacutemontrent encore une fois une situation nettement deacutefavorable voire discriminantes pour les femmesAlors que rares sont les hommes ini-tieacutes aux drogues par leur partenaire sexuel sauf chez certains hommes homosexuels chez les femmes en revanche lrsquoinitiation aux produits et en particulier agrave lrsquoinjection srsquoeffectue plutocirct dans le cadre de relations avec le partenaire sexuel

Soit il srsquoagit drsquoune opportuniteacute une femme envisage ou accepte des rela-tions sexuelles dans la perspective de se procurer un produit

Soit cela srsquoapparente agrave une manipu-lation en vue drsquoobtenir des faveurs sexuelles plus facilement un homme initie agrave la drogue une femme pour la rendre plus vulneacuterable et soumise sexuellement

Ce mecircme partenaire sexuel initia-teur peut devenir le fournisseur-dea-ler ce qui peut apparaicirctre au deacutepart comme plus simple pour se procurer le produit dans un cadre plus confiant devient une double deacutependance

Cette confusion des rocircles peut alors ecirctre un facteur drsquoescalade dans la consommation puis drsquoun enferme-ment dans la deacutependance

Enfin certains femmes usagegraveres de drogues se livrent agrave la prostitution avec par fois la mecircme personne comme dealer et proxeacutenegravete

Des conditions de consommations agrave risquesLe partage de mateacuteriel drsquoinjection est freacutequent au sein de couples consom-mateurs de drogues En proportion les femmes deacuteclarent partager davantage leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires sexuels qursquoinversement En ef-fet inversement les hommes usagers de drogues partagent majoritairement leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires de consommation de droguesDans la dynamique de couple le conjoint est souvent le deacutetenteur du produit lrsquoinitiateur aux drogues et agrave lrsquo injection Pour une par tie des femmes usagegraveres de drogues la pos-sibiliteacute de consommer est eacutetroitement lieacutee aux occasions qui leurs sont of-fertes par leur compagnon Cette absence de maicirctrise des cir-constances de consommation consti-tue un obstacle pour disposer de conditions confortables et choisies et notamment en disposant de mateacuteriel drsquoinjection steacuterile agrave usage personnel ideacutealement agrave usage unique

Le Guide laquo Femmes et Addictions raquo39 deacutecrit eacutegalement les liens multiples entre les violences subies et les conduites addictives dont les conseacute-quences sont plus freacutequemment ren-contreacutees chez les femmes

Les consommations de produits (al-cool et meacutedicaments principalement) ont une fonction anestheacutesiante de dis-sociation qui permet de supporter lrsquoinsupportable et sont une conseacute-quence freacutequente des violences subies

La consommation de produits illicites impose la freacutequentation drsquoun milieu plus violent ougrave le chantage sexuel et les vio-lences physiques sont nombreux

Lorsque lrsquoun des conjoints du couple est deacutependant agrave lrsquoalcool le niveau de violence conjugale est plus eacuteleveacute

Lrsquoeacutetat de conscience alteacutereacute peut ren-forcer les prises de risques et reacuteduire le controcircle de la situation favorisant no-tamment les violences sexuelles

Lrsquoaddiction chez une femme peut la rendre plus vulneacuterable aux yeux des hommes ce qui favorise les menaces et les violences agrave son encontre

La culpabiliteacute des megraveres associeacutee agrave la consommation de produits peut ecirctre redoubleacutee par les reproches drsquoun conjoint violent (lrsquoargument de laquo mau-vaise megravere raquo est tregraves freacutequemment employeacute par les auteurs de violences)

Lorsqursquoune femme subit des violences conjugales son isolement reacuteduit les chances de reacuteussite de son accompagne-ment et de ses soins en addictologie

39 laquo Les situations de violences raquo in Femmes amp Addic-tions ndash Accompagnement en CSAPA et CAARUD Feacutedeacuteration Addiction 2016 pp 40-50

ZOOM

Marginalisation de femmes en co-usage de drogues40

Une meacuteconnaissance en France sur la situation des femmes en usage probleacutematique de droguesEn France les femmes usagegraveres de drogues ayant un rapport probleacute-matique aux drogues sont mal connues Quand les femmes sont eacutetudieacutees crsquoest essentiellement agrave travers leur rocircle de megravere et des risques lieacutes agrave la prise de toxiques pour le fœtus durant la grossesse Les rares publications franccedilaises sur le sujet montrent que ces femmes sont particuliegraverement vulneacuterables vis-agrave-vis de la preacutecariteacute et sont for-tement exposeacutees agrave des pratiques agrave risque en lien avec lrsquousage des dro-gues et la sexualiteacute

Une meilleure approche dans la litteacuterature internationale deacutedieacutee Dans la litteacuterature internationale en revanche les publications relatives aux femmes usagegraveres de drogues sont nombreuses et concernent souvent la consommation de crack Les femmes y sont deacutecrites comme

40 Mar ie JAUFFRET-ROUSTIDE et a l laquo Femmes usagegraveres de drogues et pratiques agrave risque de transmission du VIH et des heacutepatites Compleacutementariteacute des approches eacutepideacutemiolo-gique et socio-anthropologique Enquecircte Coque-licot 2004-2007 France raquo BEH Theacutematique ndeg 10-11 10 mars 2009 pp 96-99

36 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 37

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les difficulteacutes de verbalisation par peur par pudeur ou par meacuteconnaissance de certains sujets tabous comme les senti-ments la sexualiteacute les prises de risques vont souvent donner lieu agrave une repreacute-sentation erroneacutee des conduites et consommations de leurs enfants sou-vent sous-estimeacutees En effet les parents ne mettent pas forceacutement en place en amont un dialogue sur les consomma-tions et les risques associeacutesUn sondage effectueacute par lrsquoINPES en 2010 montre que

17 des parents ne parlent jamais des risques lieacutes agrave lrsquoalcool avec leurs enfants

19 nrsquoont jamais exprimeacute leur deacute-saccord avec la consommation reacutegu-liegravere etou abusive drsquoalcool 21 ne parlent jamais des dangers lieacutes agrave la consommation de drogues 22 ne rappellent jamais que la consommation de drogues est inter-dite

Investissement sur lrsquoenfant trop ou pas assez Parallegravelement la relation parents-en-fants peut ecirctre lrsquoobjet drsquoun surinvestisse-ment de la part dudes parents dans une projection drsquoenfant ideacuteal ou au contraire drsquoun deacutesinvestissement no-tamment par deacutefaut de construction de lrsquoidentiteacute du parent Cette distorsion initiale agrave lrsquoimage de celle qui peut srsquoins-taller en co-deacutependance dans un couple affectera lrsquoapprentissage du jeune en termes de limites agrave trouver et de com-peacutetences de socialisation agrave acqueacuterir

Distorsions de perception des risques entre jeunes et parentsLes distorsions de perception des risques et des dommages lieacutes aux conduites addictives entre les parents et leurs enfants sont freacutequentes Souvent il y a banalisation inconsciente ou incon-seacutequente par les jeunes dramatisation par les parents mais aussi deacuteni ou aveu-glement du ou des parents sur lrsquoampleur de la probleacutematique addictive

Perception des jeunes de leurs propres conduites addictives

Pheacutenomegravene reacutecurrent et souvent relateacute le jeune va banaliser et minimi-ser sa consommation que ce soit pour le cannabis lrsquoalcool les jeux vi-deacuteo laquo Ccedila me deacutetend raquo laquo Je nrsquoen prends pas beaucoup raquo laquo Tout le monde fait pareil raquo laquo Je ne joue pas autant que ccedila raquo Cela met en jeu

La capaciteacute du jeune agrave se percevoir en difficulteacute donc agrave se connaicirctre Crsquoest justement lrsquoeacuteleacutement-cleacute de cet apprentissage que lrsquoon retrouve eacutegalement dans les problegravemes de scolariteacute et drsquoorientation

La capaciteacute agrave comprendre et affron-ter ses sentiments et ses question-nements reacuteaction agrave un contexte familial ou individuel difficile une sensibiliteacute ou fragiliteacute face agrave lrsquoattrac-tion du groupe Souvent ce sera les deux agrave la fois

PARENTS DrsquoENFANTS EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES Il srsquoagit ici drsquoapprocher ce qui se joue pour les parents en tant qursquoentourage directement impacteacute par les probleacutema-tiques addictives des adolescents

ILLUSTRATION

laquo Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques raquo eacutetude publieacutee en 2014 par lrsquoanpaa danS le nord-paS-de-calaiS

comprenant une eacutetude de litteacutera-ture une enquecircte et des preacuteconisa-tions Les constats suivants en sont pour partie tireacutes

Perturbation de lrsquoadolescence41 Avec lrsquoadolescence peacuteriode de boule-versements multiples les jeunes font lrsquoexpeacuterience de situations nouvelles Les compeacutetences psychosociales des pa-rents plus ou moins bien eacutetablies vont ecirctre interrogeacutees bousculeacutees et mises agrave mal par la question des consommations agrave risques Ces consommations inter-viennent avec une acuiteacute particuliegravere car elles tissent pour le parent la toile drsquoun futur soudainement inattendu dans lrsquoeacutevolution de leurs enfants laquo Jusque-lagrave tout allait bien raquo sera souvent leur pre-miegravere indication comme srsquoil y avait lrsquoenfant drsquoavant et lrsquoenfant drsquoapregraves Une rupture qui peut parfois ecirctre violente

41 Addictions familles et entourage Feacutedeacuteration Ad-diction 2012 72 p

pour le jeune usager comme pour le parentPremiegravere cigarette premiegravere sortie en soireacutee un joint trouveacute dans la chambre de son enfant une ou des ivresses reacutepeacute-teacuteeshellip Les parents ne sont pas (tou-jours) preacutepareacutes agrave ces laquo deacutecouvertes raquo Or la famille est le lieu ougrave se posent les limites drsquoun usage maicirctriseacute permettant une identification claire des risques et dommages la famille doit ecirctre un es-pace accessible pour clarifier les notions de plaisir et de risques dans le cadre drsquoun dialogue bienveillant

Entourage parental en questionne-ment Estime de soi et confiance en soi en

tant que parentPour oser solliciter drsquoautres parents etou des structures pour ecirctre aideacutes pour parvenir agrave produire un eacutechange eacutequili-breacute et de qualiteacute les parents doivent avoir confiance en eux Ce nrsquoest pas tou-jours le cas surtout quand les pratiques du jeune deviennent brusquement pro-bleacutematiquesPar ailleurs certains parents sont aussi en confrontation avec leur propre his-toire de jeunesse et drsquoeacuteducation qui vient se heurter agrave des pratiques expeacute-rientielles quelque part preacutevisibles et normales de la part de leur enfant Le comportement probleacutematique de lrsquoen-fant vient en reacutesonnance avec des diffi-culteacutes non reacutesolues de lrsquoenfance des parents La relation tend agrave se distordre sans que lrsquoenfant comprenne pourquoi cela engendre une telle reacuteactiviteacute ou non-reacuteactiviteacute du parent

38 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 39

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoampleur de la situation En jeu de miroirs drsquoinvestissements

neacutegatifs le jeune devient irraisonnable et nrsquoest pas ou plus en capaciteacute drsquoen-tendre ce que le parent lui dit

Le parent devient alors spectateur impuissant drsquoune deacutegradation du com-portement et du psychisme du jeune avec risques de violences contre soi ou autrui risques suicidaires par exempleUne souffrance parallegravele srsquoinstalle pour le jeune comme pour son entourage Des symptocircmes plus ou moins similaires affleurent conseacutequences de ces distor-sions de perception de la souffrance de lrsquoautre Chacun se persuade que lrsquoun ne doit pas srsquo inquieacuteter pour l rsquoautre laquo puisque crsquoest sa vie raquo

Lrsquoadolescence miroir inverseacute des parents42 Le contexte de lrsquoadolescence est aussi une peacuteriode deacutelicate pour les parents Crsquoest un peu aussi pour eux la confusion des sentiments et des ressentis Tandis que lrsquoenfant srsquoeacutemancipe les parents peuvent avoir le sentiment de perdre leur rocircle drsquoeacuteducateur pour un rocircle laquo su-balterne raquo de gestion des contingences mateacuterielles Parallegravelement tandis que le jeune est en pleine explosion de ces moyens physiques et mentaux eux abordent une seconde moitieacute de vie pas toujours dans la faciliteacute qui annonce un laquo deacuteclin raquo renvoyeacute drsquoailleurs active-ment par les pheacutenomegravenes de jeunisme drsquoune socieacuteteacute en mal de renouveau Les

42 Conduites addictives chez les adolescents ndash Usage preacutevention et accompagnement INSERM 2014 482 p (Expertise collective)

conflits freacutequents et exacerbeacutes entre parents et adolescents dans cette peacute-riode ne seront pas que le fait des deacute-passements de limites du jeune mais aussi parfois le fait drsquoune difficulteacute agrave pas-ser le cap pour le parent

Les tensions du couple parentalPreacuteexistantes ou symptomatiques drsquoune histoire eacuteducative diffeacuterencieacutee les ten-sions du couple peuvent venir compliquer la relation agrave lrsquoadolescent Lrsquoimportance de la composante eacutemotionnelle laquo neacutegative raquo au sein de la famille (critiques hostiliteacute jugement) repreacutesente un eacuteleacutement de vul-neacuterabiliteacutes de lrsquoindividu adolescent aug-mentant ses risques de conduites agrave risques notamment addictives

Place de la preacuteventionLe rocircle des intervenants va ecirctre de sou-tenir de reacuteassurer les uns et les autres selon que le jeune vienne seul ou ac-compagneacute en leur permettant de trou-ver un espace seacutecurisant dans lequel ils pourront reacuteinvestir leurs compeacutetences agrave sortir de cet engrenage et avoir un comportement responsable de leurs consommations Il faut aussi consideacuterer que lrsquoentourage des jeunes consommateurs srsquoeacutetend bien au-delagrave du cercle familial Cet entourage peut ecirctre tregraves concerneacute voire impacteacute par les difficulteacutes addictives du jeune eacutetablissement scolaire club spor tif groupe drsquoamis fratrieshellipLa preacutevention vis-agrave-vis de lrsquoentourage des adolescents pose la question essen-tielle du comment repeacuterer cela ne peut se faire que dans une synergie de plu-sieurs acteurs

Perceptions des conduites addic-tives des jeunes par lrsquoentourage paren-tal proche Les parents entourage immeacutediat du jeune affrontent un double regard

Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par leur enfant Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par le groupe social

Reacutepondre aux sollicitations pleacutethoriques de la socieacuteteacute de consommation comme aux exigences soudaines de liberteacute drsquoun preacute-adolecents qui exprime ses velleacuteiteacutes drsquoindeacutependance et de choix de groupe drsquoamis est un apprentissage permanent qui confronte les parents agrave leurs propres limites et compreacutehension

Le contexte socioculturel va influer sur les perceptions des limites agrave poserAinsi la banalisation des conduites ad-dictives est initieacutee le plus souvent lors de regroupements familiaux et justifieacutee comme moments de convivialiteacute cultu-relle Or ces comportements sont la source drsquoune deacuterive socieacutetale des consommations addictives drsquoalcool no-tamment qui touche les jeunes en plein croissance et en pleine construction ceacutereacutebrale alors mecircme qursquoun position-nement clair doit leur ecirctre donneacute

La banalisation de la crise drsquoadoles-cenceLes parents adossent souvent des com-portements abusifs ou extrecircmes agrave la seule crise drsquoadolescence arguant que cela est passager puisque deacutesormais la crise drsquoadolescence est abordeacutee comme un moment laquo attendu et entendu raquo dans lrsquoeacutevolution de lrsquoenfant Pourtant les

conduites addictives des jeunes preacute-adolescents et adolescents est un pheacute-nomegravene qui va au-delagrave de la crise drsquoado-lescence et peut ecirctre une source de repli sur soi et de deacutecrochage scolaire Ainsi les signes suivants ne sont pas tou-jours appreacutecieacutes agrave la hauteur de leur reacuteelle signification

Isolement dans la chambre Absence ou refus de communication

y compris avec leur groupe de pairs ou sauf si celui-ci est dans le mecircme proces-sus destructeur

Excegraves de violence

Un processus de co-deacutependance peut aussi srsquoinstaurer dans la relation agrave lrsquoenfant en risque ou en difficulteacute avec ses conduites addictives avec

La honte et la culpabiliteacute qui suc-cegravedent au deacuteni laquo Jrsquoai eacuteteacute trop laxiste avec luielle mais je voulais lui donner ce que je nrsquoai pas eu raquo laquo Jrsquoai voulu compen-ser le manque de lrsquoautre parent raquo

La certitude de pouvoir (vouloir) srsquoen sortir seul

Lrsquoisolement croissant avec lrsquoaddic-tion du jeune ecirctre toujours lagrave pour le proteacuteger le surveiller

La remise en jeu de ses propres dif-ficulteacutes drsquoenfance non reacutesolues soit en cherchant des justifications au compor-tement du jeune soit en ne toleacuterant rien et en installant une rigiditeacute extrecircme On peut alors parler de transmission trans-geacuteneacuterationnelle influant sur la relation existante agrave lrsquoautre

La dramatisation suit eacutegalement la neacutegation de la situation drsquoautant plus forte que le jeune la minimise Le parent aimant se sent alors impuissant face agrave

40 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 41

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Dans le contexte familial drsquoune probleacute-matique addictive drsquoun parent ou des deux les risques et dommages sur les enfants sont tregraves variables agrave court moyen ou long terme Les troubles conseacutecutifs agrave lrsquoaddiction du proche deacutependront du fonctionnement plus global de la famille et de son maintien de son organisation systeacutemique des comportements et atti-tudes du conjoint du deacutependant de lrsquoacircge des enfants lors du veacutecu des probleacutema-tiques addictives de leur parent

Troubles potentiels chez les enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesLorsque les parents sont dans lrsquoincapa-citeacute drsquoassurer certaines fonctions paren-tales habituelles courantes ou normales au regard de lrsquoattendu drsquoecirctre parent cela peut engendrer des troubles pour lrsquoenfant

Des troubles du deacuteveloppement lieacutes au deacutefaut de reacuteponses aux besoins psy-chiques etou physiques voire de com-portements de maltraitances

Une inseacutecuriteacute juridique lieacutee aux modaliteacutes deacutelictueuses drsquoaccegraves et de consommation des produits dans le cas de substances illicites

Une inseacutecuriteacute affective en tant que teacutemoin drsquoeacuteventuels conflits conjugaux lieacutes aux conduites addictives de leurmiddots parentmiddots en termes de causes comme de conseacutequences ou ecirctre pris agrave parti dans les conflits entre leurs parents voire sommeacutes de prendre parti

Un risque plus eacuteleveacute drsquoeacutevoluer vers des troubles psychiques et comporte-mentaux des conduites agrave risques des probleacutematiques addictives dans le cadre

drsquoune transmission intergeacuteneacuterationnelle qursquoen population geacuteneacuterale

Agrave court terme un risque reacuteel drsquoins-taller une forme de co-deacutependance propre agrave leur acircge et agrave leur nature drsquoen-fant Conseacutecutivement agrave la deacutefaillance de leurs parents ces enfants agissent dans la volonteacute de proteacuteger leur parent laquo malade raquo

Lrsquoenfant et le parent en difficulteacute avec ses conduites addictives45 46

Lrsquoenfant est un enjeu dans le systegraveme de reacutegulation de la famille

Pour comprendre son fonctionne-ment il faut comprendre son contexte drsquoeacutevolution les interactions entre les membres de sa famille capables drsquoenga-gement les uns envers les autres Ces interactions constituent des attitudes de laquo loyauteacute familiale raquo qui engendre une sorte de laquo comptabiliteacute raquo de ce que cha-cun donne de ce que chacun reccediloit et de ce que lrsquoon srsquoattend agrave recevoir en eacutechange

Dans le processus de parentifica-tion lrsquoenfant devient parent de son propre parent parent de sa fratrie ou conjoint drsquoun de ses parents Le principe de parentification peut permettre de deacutevelopper des compeacutetences agrave condi-tion que ce qui lui est demandeacute en termes de responsabiliteacute soit adapteacute agrave son acircge et qursquoil reccediloive une reconnais-sance de qursquoil peut faire

45 Catherine DUCOMMUN-NAGY laquo Nouvelles fa-milles nouvelle deacutefinition de la loyauteacute familiale raquo in S DrsquoAMORE (dir) Les nouvelles familles Approches cli-niques De Boeck Supeacuterieur pp 261-280

46 Philippe MICHAUD laquo Les enfants de parents al-cooliques raquo Le carnet PSY 20011 (ndeg 61) pp 33-35

PARENTIFICATION DES ENFANTS

ZOOM

La parentification

DeacutefinitionJean-Franccedilois Le Goff deacutefini la parenti-fication comme laquo un processus rela-tionnel interne agrave la vie familiale qui amegravene un enfant ou un adolescent agrave prendre des responsabiliteacutes plus im-portantes que ne le voudraient son acircge et sa maturation dans un contexte socioculturel et historique preacutecis et qui le conduit agrave devenir un parent pour ses (ou son) parents Crsquoest un processus impliquant toujours plusieurs geacuteneacutera-tions qui plonge ses racines dans les geacuteneacuterations des grands-parents et dont les conseacutequences peuvent tou-cher les geacuteneacuterations agrave venir raquo43

43 Jean-Franccedilois LE GOFF Lrsquoenfant parent de ses parents Parentification et theacuterapie familiale LrsquoHar-mattan 2000 256 p

laquo La notion de parentification appa-raicirct [hellip] une notion clinique englo-bante et complexe ayant lrsquointeacuterecirct drsquoapprocher un processus en action dans toutes les relations familiales mais surtout drsquoeacuteviter les descriptions simplistes se contentant de deacutesigner des rocircles ou des caracteacuteristiques indi-viduelles reacuteductrices de la complexiteacute du contexte relationnel Lrsquoenfant pa-rentifieacute nrsquoest pas toujours un laquo enfant adultifieacute raquo et ses (ou son) parents ne sont pas des laquo adultes immatures raquo Se baser sur une conception homo-gegravene de la maturiteacute est une simplifica-tion ne correspondant ni agrave la reacutealiteacute clinique ni agrave la vie quotidienne raquo44

44 Jean-Franccedilois LE GOFF laquo Theacuterapeutique de la parentification une vue densemble raquo Theacuterapie Familiale vol 26 ndeg 3 2005 pp 285-298

VIGILANCE

sur les sources drsquoinformationLe site internet et la chaine YouTube laquo Alcool et parents - comment parler drsquoalcool agrave vos enfants raquo sont proposeacutes par lrsquoassociation laquo Avec modeacuteration raquo (anciennement laquo Entreprise et preacutevention raquo) association qui reacuteunit les princi-pales entreprises franccedilaises du secteur des vins et champagnes biegraveres et spiri-tueux en meacutetropole et agrave La Reacuteunion Son discours de preacutevention est donc influenceacute pour ne pas dire dicteacute par lrsquoactiviteacute agrave but lucratif de ses membresCes informations eacutetant issues des producteurs drsquoalcool eux-mecircmes sont degraves lors orienteacutees Crsquoest lrsquoune des formes multiples de la strateacutegie de lobbying des alcooliers

42 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 43

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

Risque de co-deacutependance amp ParentificationGroupeS de parole agrave deStination drsquoenfantS de familleS en difficulteacute avec leurS conduiteS addictiveS en bretaGne

CONTEXTE LrsquoANPAA en Ille-et-Vilaine co-anime agrave Rennes depuis 2000 avec le CSA-PA un groupe de parole drsquoenfants is-sus de famille agrave dysfonctionnement alcoolique Cette deacutemarche srsquoest deacute-veloppeacutee sur cinq territoires drsquoIlle-et-Vilaine eacutelargie depuis 2014 aux quatre deacutepartements bretonsUne eacutevaluation de la mise en œuvre de ces groupes a eacuteteacute meneacutee en 2014LrsquoANPAA accompagne des acteurs en Bretagne dans la mise en œuvre de ces groupes sur leurs territoires par la formation laquo Enfants de parents deacute-pendants comprendre et intervenir raquo

ORIGINE DU PROJET

Lrsquoinitiative de creacuteer ces groupes de paroles reposait sur un triple constat

Peu de structures etou de dispo-sitifs existaient pour accompagner les enfants issus de ces familles

Le systegraveme familial marqueacute par lrsquoalcool a des conseacutequences sur la vie quotidienne de lrsquoenfant que cela soit en termes de vie quotidienne (vio-lences eacuteventuelles absenceshellip) drsquoatti-tudes vis-agrave-vis de ses parents ou drsquoacquisitions de rocircles lui permettant de maintenir le lien avec ses parents

La non-prise en compte de cette

laquo vie drsquoenfant raquo et de lrsquoeacutequilibre dans les relations au sein du systegraveme fami-lial dans le respect de son identiteacute peut agrave terme entraicircner le deacuteveloppe-ment de conduites agrave risques etou amener la reproduction pour lrsquoenfant lors du passage agrave lrsquoacircge adulte drsquoun modegravele familial marqueacute par lrsquoalcool Forte de ces constats lrsquointervention sous forme de groupes repose sur lrsquoobjectif de laquo rompre lrsquoisolement raquo dans lequel les enfants se trouvent au sein de la cellule familiale De mecircme lrsquoutilisation de la parole comme meacutethode et objet des groupes srsquoinscrit comme une premiegravere eacutetape indispensable agrave la restauration de lrsquoes-time de soi Les objectifs des groupes de paroles sont bien drsquoapporter du soutien ndash sans le jugement sur la famille - et drsquoordre preacuteventif en reacuteduisant les risques de recours aux produits psy-choactifs etou drsquoentrer dans la reacutepeacuteti-tion des conduites de deacutependance agrave lrsquoacircge adulte La forme choisie et les objectifs poursuivis correspondent aux caracteacuteristiques du public

PUBLIC jeunes de 10 agrave 18 ans impacteacutes par les conduites addictives de leurs parents

OBJECTIFS GEacuteNEacuteRAUX

Proposer un lieu drsquoeacutecoute pour li-beacuterer la parole des jeunes

Favoriser les eacutechanges avec et entre les enfants et les adultes

Partager les veacutecus et sentiments personnels

Chez le jeune enfant (avant lrsquoadoles-cence) la parentification instaure un comportement de loyauteacute indeacutefectible qui empecircche lrsquoenfant drsquoexprimer ses dif-ficulteacutes

La deacutefaillance du parent voire la maltraitance porteacutee par le symptocircme addictif amegravene lrsquoenfant agrave se rendre le plus invisible possible pour deacuteranger le moins possible La reacuteaction de surpro-tection de lrsquoenfant est un don jamais suffisant pour compenser ce que le pa-rent ne peut lui appor ter Lrsquoenfant cherche agrave excuser le parent malade plu-tocirct qursquoagrave le rejeter De ce fait lrsquoenfant ne peut verbaliser explicitement une de-mande drsquoaide ni exprimer son eacutetatsa situation par un quelconque symptocircme Mais la difficulteacute des adultes agrave aborder avec lui la question des consommations de substances psychoactives amegravene souvent lrsquoenfant agrave douter de ses percep-tions et agrave se renforcer dans son rocircle deacutefensif

Chez lrsquoadolescent la parentification nrsquoempecircchera pas le jeune de trouver la ressource de srsquoopposer Les formes de ses difficulteacutes seront donc plus souvent laquo symptomatiques raquo mais cela ne signi-fie pas qursquoelles soient pour autant plus faciles agrave aborderIdentifier et preacutevenir les risques de pa-rentification est un enjeu pour la future vie drsquoadulte de lrsquoenfant Crsquoest aussi une eacutetape essentielle pour un meilleur ac-compagnement et soins du parent en difficulteacute avec ses conduites addictives sur le plan de sa fonction parentale

Preacutevention des risques chez lrsquoenfant de parent en difficulteacute avec ses conduites addictivesPlusieurs axes sont essentiels agrave la preacute-vention des risques et agrave la reacuteduction des dommages concernant les enfants en danger de parentification

Le repeacuterage systeacutematique des eacuteven-tuelles probleacutematiques familiales des adultes accompagneacutes en soins en addic-tologie ou conjoint de ses personnes

La formation des intervenants du secteur de lrsquoenfance le repeacuterage des enfants en souffrance passe en premier lieu par un renforcement des capaciteacutes drsquointervention des personnes du secteur de lrsquoenfance La formation en addictolo-gie doit viser une deacuteconstruction des repreacutesentations une capaciteacute de com-preacutehension des probleacutematiques addic-tives de repeacuterage chez les enfants qui en subissent les conseacutequences une ca-paciteacute drsquoorientation vers les dispositifs speacutecialiseacutes si neacutecessaire

Lrsquoeacutecoute lrsquoobjectif premier en ac-tions de preacutevention sur ce sujet est de trouver les ressorts pour favoriser la parole des enfants en collectif ou en individuel Freacutequemment des enfants preacute-adolescents ou adolescents confient leurs difficulteacutes ou soucis face aux pro-bleacutematiques addictives de leurs parents agrave un animateur qui intervient au deacutepart sur leurs propres conduites addictives Cette eacutecoute doit ecirctre active et doit permettre si besoin une orientation vers un accompagnement individuel de lrsquoenfant en structure speacutecialiseacutee ou pas

44 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 45

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Inscrire formellement lrsquoorientation dans le cadre des pratiques profes-sionnelles

Ces aspects sont agrave mettre en rela-tion avec le laquo parcours du jeune raquo

lrsquoayant meneacute agrave la reacuteunion du groupe de paroles et agrave croiser avec les lieux de vie dans lequel le jeune peut ren-contrer le professionnel laquo orienteur raquo

Aider agrave la formulation par les en-fants de solutions favorables agrave leur bien-ecirctre

Garantir un accompagnement par des professionnels de la relation drsquoaide

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider lrsquoenfant agrave Prendre conscience nommer ses besoins propres Repeacuterer nommer ses eacutemotions Nommer les solutions qursquoil adopte pour geacuterer ses eacutemotions Eacutelaborer et nommer des solutions alternatives

PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT

DU GROUPE DE PAROLE

Le recrutement des jeunes peut se faire par les familles par lrsquointermeacute-diaire de professionnels ou drsquoune as-sociation par le jeune lui-mecircme

Chaque jeune est reccedilu preacutealable-ment en entretien individuel drsquoaccueil pour creacuteer la premiegravere relation preacute-senter le fonctionnement du groupe de parole et reacutepondre agrave ses questions

Le groupe fonctionne comme un groupe ouvert chaque jeune a la pos-sibiliteacute drsquoassister au nombre de reacuteu-nions qursquoil choisit il peut quitter le groupe agrave tout moment

Un adulte annote les paroles des jeunes sur un cahier durant la seacuteance qui est mis par la suite agrave leur disposi-tion Objectifs permettre les trans-missions entre adultes reacutefeacuterents et animateurs et permettre aux jeunes

de repeacuterer leur propre eacutevolution Des outils drsquoanimation comme le

geacutenogramme les lunettes drsquoalcooleacute-mie les teacutemoignages les bandes des-sineacuteeshellip peuvent ecirctre utiliseacutes et les jeunes peuvent aussi amener des sup-ports individuels tels que des poeacutesies chansons dessinshellipGroupe reacuteuni tous les 15 jours drsquoune dureacutee drsquoenviron 1 h 30

PREacuteCONISATIONS

Preacuteserver la mixiteacute et la diversiteacute professionnelle des intervenants dans lrsquoanimation du groupe cet aspect implique notamment la prise en compte par les institutions le fait que le temps drsquoanimation et de supervi-sion soient consideacutereacutes comme temps de travail

Renforcer le sentiment drsquoapparte-nance entre les animateurs des groupes de paroles

Renforcer la formation sur lrsquoanimation Expeacuterimenter de nouvelles techno-

logies

ORIENTATION

Informer les professionnels sur ce qursquoest un groupe de parole

Par une diffusion sur les lieux de vie des jeunes (collegravegues lyceacutees maison des adolescents foyer eacuteducatifhellip)

Par des preacutesentations dans les ins-titutions etou services concerneacutes par lrsquoaccueil des jeunes

En associant la preacutesentation des groupes de parole aux programmes de preacutevention meneacutes dans les structures

ZOOM

Preacutevention des risques et des dommagesenfance en danGer informationS preacuteoccupanteS et SiGnalement47

Ce que dit la loi Le fait pour quiconque ayant eu connaissance de privations de mau-vais traitements ou drsquoagressions ou atteintes sexuelles infligeacutes agrave un mineur ou agrave une personne qui nrsquoest pas en mesure de se proteacuteger en raison de son acircge drsquoune maladie drsquoune infir-miteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique ou drsquoun eacutetat de grossesse de ne pas en informer les autoriteacutes judiciaires ou administratives est puni de 3 ans drsquoemprisonnement et de 45 000 euros drsquoamende48

Cateacutegories de publics concerneacutees Personnes en situation de fragiliteacute

les mineurs et les personnes acircgeacutees les personnes malades atteintes drsquoune

47 Pour aller plus loin le site de service public httpswwwservice-publicfrparticuliersvosdroitsF781

48 Article 434-3 du Code Peacutenal modifieacute par la loi ndeg 2016-297 du 14 mars 2016-art46

infirmiteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique et les femmes enceintes

Alors que jusque-lagrave seuls les mi-neurs de 15 ans eacutetaient concerneacutes la loi du 14 mars 2016 relative agrave la pro-tection de lrsquoenfance ne distingue plus entre les diffeacuterents acircges et ouvre agrave tous les mineurs

Deacutefinition de lrsquoenfance en dangerUn enfant est consideacutereacute en danger ou risque de lecirctre si sa santeacute sa seacutecuriteacute sa moraliteacute ou son deacuteveloppement physique affectif intellectuel et social sont compromis

Lorsqursquoil est victime de violences physiques ou psychologiques de neacutegli-gences lourdes ayant des conseacutequences graves sur son deacuteveloppement

Lorsqursquoil est victime drsquoagression sexuelle

Lorsque ses conditions de vie peuvent compromettre sa santeacute sa seacutecuriteacute et son eacuteducation

Signalement Il peut ecirctre adresseacute agrave lrsquoautoriteacute judi-ciaire ou agrave lrsquoautoriteacute administrative En cas drsquourgence ou de crimes ou de deacutelits graves le Parquet doit ecirctre

46 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 47

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CHAMP SOCIAL

On srsquointeacuteressera ici agrave deux situations de co-deacutependance dans le champ social entre adolescents drsquoune part en milieu professionnel drsquoautre part

CO-DEacutePENDANCE ENTRE ADOLESCENTS

Lrsquoadolescence une peacuteriode de recherche des limites et de soi-mecircme

La socialisation deacutebute degraves la nais-sance et se poursuit tout au long de la vie Elle commence dans lrsquointeraction avec les parents et le cercle familial eacutelar-gi et srsquoouvre progressivement en re-cherchant la compagnie des autres

Par ailleurs des instances de sociali-sation qui prennent autant de formes de groupes drsquoappar tenance (modes drsquoaccueil et scolarisation associations reacuteseaux sociaux etc) interfegraverent sur le rocircle eacuteducatif des parents

Agrave lrsquoadolescence les enfants se deacute-tournent du groupe familial avec plus ou moins de soif de liberteacute et drsquoindeacutepen-dance selon les individus et la deacutemarche eacuteducative des parents Dans une re-cherche narcissique drsquoidentification lieacutee agrave une peacuteriode de bouleversements psy-chiques et physiques ils cherchent agrave laquo construire raquo une personnaliteacute mais aussi agrave deacutepasser les limites fixeacutees par leur eacuteducation lrsquoenvironnement social familial ainsi que leurs propres peursmanques

Par ailleurs ces attitudes et compor-tements sont eacutemailleacutes de doute sur soi et sur le monde Certains font preuve drsquoun eacuteloignement drsquoune distance mar-quante que ce soit dans la relation agrave la famille ou aux amis habituels laquo Le jeune est souvent eacutetranger agrave lui-mecircme on pourrait mecircme dire que son corps fait partie de son entourage proche raquo49

Lrsquoidentification au groupeLa co-deacutependance des adolescents au sein drsquoun groupe drsquoamis ou du moins de freacutequentations amicales est en lien eacutetroit avec le contexte de socialisation qui srsquoopegravere agrave cet acircge dans le cercle exteacute-rieur agrave la famille Les adolescents srsquoinsegraverent agrave des groupes particuliers (ou groupes drsquoappartenance) qursquoils soient naturels spontaneacutes ou structureacutes socialement Ces groupes se forment dans le cercle scolaire sportif ou drsquoactiviteacutes culturelles parfois aussi dans le quartier ou la zone reacutesidentielle Lrsquoadolescent est en mesure parfois de srsquoinseacuterer au sein de plusieurs groupes diffeacuterencieacutes par leurs centres drsquointeacuterecirct commun (les amis du collegravege du club de sport du cercle amical de la famille etc) Dans le contexte actuel de famille freacutequemment deacutenucleacuteariseacutee lrsquoado-lescent aura entre ces deux parents de multiples occasions de partir agrave la deacutecou-verte de nouveaux environnements Par ailleurs suivant les liberteacutes prises ou accordeacutees en termes de sortie le champ relationnel des jeunes devient vite ex-ponentiel

49 Veacuteronique GARGUIL laquo Les multiples entourages du jeune consommateur raquo Actal ndeg 3 2007 pp 18-19

saisi prioritairement afin drsquoordonner des mesures de protections de la vic-time et diligenter une enquecircte il convient drsquoinformer en parallegravele les autoriteacutes administratives

Information preacuteoccupanteLrsquoinformation preacuteoccupante est une proceacutedure qui permet de signaler une situation drsquoun enfant en danger ou ris-quant de lrsquoecirctre Cette information preacuteoccupante peut ecirctre faite

Par courrier au Preacutesident du Conseil Deacutepartemental il existe dans chaque Conseil Deacutepartemental une cellule deacutedieacutee au recueil drsquoinfor-mations preacuteoccupantes porteacutee par lrsquoAide Sociale agrave lrsquoEnfance (ASE) lrsquoin-formation peut se faire par courrier par teacuteleacutephone par mail et lors drsquoun accueil physique Tous les signale-ments peuvent ecirctre faits drsquoune ma-niegravere anonyme

Par teacuteleacutephone en contactant le 119 (Service National drsquoAccueil Teacuteleacute-phonique pour lrsquoEnfance en Danger (SNATED) 24h24h et 7 jours sur 7)

Par teacuteleacutephone en contactant le 17 Police ou Gendarmerie (24h24h)

Lorsque la situation de lrsquoenfant est drsquoune extrecircme urgence (par exemple en cas de maltraitance de violences sexuelles) il est possible de saisir di-rectement le Procureur de la reacutepu-blique

Proceacutedure apregraves information Degraves reacuteception des informations

preacuteoccupantes lrsquoASE procegravede agrave une analyse de premier niveau afin drsquoap-preacutecier la suite agrave donner

En cas drsquoinfractions peacutenales (agres-sions sexuelles ou violences aveacutereacutees) la cellule transmet immeacutediatement les informations au Procureur de la Reacutepu-blique

Dans les autres cas la cellule sol-licite une eacutevaluation de la situation aupregraves du service territorial drsquoaction sociale compeacutetent

Lrsquoeacutevaluation solliciteacutee devra per-mettre drsquoappreacutecier si lrsquoenfant signaleacute se trouve en situation de danger et de proposer agrave la famille toutes les mesures drsquoaide permettant de remeacute-dier agrave la situation

Si la famille refuse lrsquointervention du service territorial drsquoaction sociale et que le danger perdure un signale-ment au Procureur de la Reacutepublique est effectueacute par la cellule Le juge des enfants peut ecirctre saisi et deacutecider toute mesure de protection judiciaire approprieacutee

48 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 49

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

car ils sont precircts agrave beaucoup pour ecirctre accepteacutes par leurs pairs et se focalisent sur les reacuteactions perccedilues agrave leur en-contre

Si nombre de jeunes parviennent agrave maicirctriser leurs tentations une partie non-neacutegligeable drsquoentre eux a tregraves tocirct des expeacuteriences de consommation de produits psychotropes et drsquoalcool en groupe agrave un acircge ougrave la toute-puissance supposeacutee du corps pousse en geacuteneacuteral agrave neacutegliger le risque de probleacutematique addictive

PreacuteventionPartant de ce constat lrsquoexpertise IN-SERM relative aux conduites addictives chez les jeunes51 souligne lrsquointeacuterecirct de sensibiliser les jeunes agrave lrsquoinfluence des amis pour preacutevenir les initiations et eacuteventuelles conduites addictives plus tard Les compeacutetences psychosociales qui doivent ecirctre deacuteveloppeacutees sont la gestion de lrsquoinfluence des pairs et la ca-paciteacute drsquoaffirmation de soi

51 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

ZOOM

Srsquoinscrire dans une appartenance lrsquoinfluence du groupe dans les motivations et trajectoires de conduites addictives agrave lrsquoadolescence52

Lrsquoenjeu de sociabiliteacute et la dimension collective deacuteterminent toutes les ini-tiations aux drogues Lrsquoaspect relation-nel domine les reacutecits il srsquoagit agrave la foi drsquoexpeacuterimenter les sentiments per-ceptions et penseacutees drsquoautrui et de former une communauteacute affective immeacutediate laquo Essayer ensemble raquo est souvent preacutesenteacute comme un signe drsquoadheacutesion de confiance drsquoidentifica-

52 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations moti-vations et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo Tendances ndeg 122 Deacutecembre 2017 8 p

tion et de validation mutuelles en particulier chez les filles (agrave lrsquoimage des reacutecits drsquoinitiation tabagique avec laquo une meilleure amie raquo en secret comme pour sceller un engagement intime reacuteciproque) Agrave lrsquoinverse parmi les gar-ccedilons la premiegravere cigarette est eacutegale-ment fumeacutee en groupe souvent avec les aineacutes consideacutereacutes comme des men-tors Le point commun de toutes ces expeacuterimentations (tabac alcool can-nabis) est le renforcement drsquoun lien Il srsquoagit selon les cas de consolider une alliance ou de conjurer le risque de mise agrave lrsquoeacutecart du groupe (agrave lrsquoimage de la justification laquo tout le monde fume alorshellip raquo) Le capital social est parfois expliciteacute laquo Jrsquoavais des problegravemes drsquoacceptation donc je pensais que en fumant ccedila allait plus me socialiser raquo (Thomas 16 ans)

Importance et inf luence du laquo groupe drsquoamis raquo sur les tenta-tives de lrsquoadolescent50

Crsquoest tregraves souvent au cœur des groupes drsquoappartenance que se font les premiegraveres consommations de subs-tances psychoactives

Les jeunes dont les amis consomment des produits psychoactifs preacutesentent des niveaux de consommation plus eacutele-veacutes que ceux dont les amis ne consom-ment pas Ceci reflegravete probablement agrave la fois

La faccedilon dont les adolescents choi-sissent leurs amis Lrsquoinfluence des consommations des pairs sur les populations adoles-centes

Ce constat est eacutegalement valable pour les jeux de hasard et drsquoargent et les jeux videacuteo drsquoautant plus que leur pratique est ressentie comme un loisir agreacuteable excitant et associeacute agrave des valeurs posi-tives

Concernant les tentatives drsquousage de produits psychotropes de nombreuses eacutetudes ont eacuteteacute meneacutees pour mieux appreacutehender les comportements des jeunes et la perception qursquoils ont de leurs cercles amicaux en tant qursquoinfluen-ceurs de prise de risques

Lrsquoinfluence du groupe de pairs sera drsquoautant plus manifeste que les parents ne peuvent assurer une surveillance et garantir un attachement de qualiteacute

Lrsquoidentification au groupe deacuteveloppe une notion drsquoappartenance qui peut

50 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

devenir vitale pour le jeune adolescent notamment srsquoil est peu rassureacute ou mal agrave lrsquoaise avec son individualiteacute

Certains adolescents sont precircts agrave aller tregraves loin pour ecirctre accepteacutes dans un groupe Les pheacutenomegravenes de rejet ou de moqueries de la part de groupes peuvent aussi provoquer une mise en abicircme de lrsquoadolescent

Ambivalence du groupe drsquoapparte-nance Pour les adolescents et les jeunes adultes le groupe drsquoappartenance peut revecirctir plusieurs formes

Le clan facteur de construction iden-titaire est une source drsquoaffection de soutien moral de questionnements et de deacutepassement de soi Il peut aussi ecirctre source drsquoinhibitions parfois bloquantes agrave lrsquoeacutecole ou ailleurs Agrave travers le clan le jeune trouve une limite agrave lrsquoeffet miroir et parvient peu agrave peu agrave srsquoindividualiser et agrave construire sa propre identiteacute

Le clan peut aussi ecirctre facilitateur de prises de risques lrsquoeffet groupe a ten-dance agrave creacuteer une barriegravere agrave lrsquointeacuterieur de laquelle le jeune se sent proteacutegeacute et tout-puissant libre de multiplier les prises de risques

Les expeacuteriences agrave risques constituent pour les membres du clan une eacutechappa-toire dont ils srsquoempareront pour sortir de leur quotidien dans lequel la pression est souvent grande conflits familiaux examens premiers amours permis orientation

Contrairement agrave ce qursquoils pensent les adolescents ne perccediloivent pas et ne maitrisent pas toujours la nature nocive de certains rapports amicaux de groupe

50 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 51

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

THEgraveMES

Ces DVD permettent daborder diffeacuterentes theacutematiques question-neacutees par ladolescence

Ecirctre adolescent Ladolescence Ecirctre en lyceacutee professionnel ecirctre interne Les relations parents-adoles-cents ecirctre parent dadolescent Les conduites addictives tabac cannabis alcool eacutecrans Lrsquoamour et la sexualiteacute Le bonheur

CO-DEacutePENDANCE EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte53 Les probleacutematiques addictives en milieu professionnel sont nommeacutees comme telles car elles concernent des travail-leurs qui font eacutetat de difficulteacutes varieacutees et laissent apparaicirctre les effets drsquoune conduite addictive sur le lieu de travail voire en consommant sur le lieu de travail

Les usages de substances psychoactives en milieu professionnel peuvent ecirctre consideacutereacutes sous deux eacuteclairages compleacute-mentaires drsquoun mecircme pheacutenomegravene qui ne doivent pas ecirctre opposeacutes

Eclairage selon lequel les conduites addictives peuvent faire peser des risques sur la seacutecuriteacute en milieu professionnel et sur les performances des organisations

53 Christophe PALLE Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel OFDT note de synthegravese ndeg 2015-05 8 octobre 2015 13 p

Eclairage selon lequel le travail est consideacutereacute comme deacuteterminant de la santeacute des professionnels santeacute elle-mecircme facteur de seacutecuriteacute et de perfor-mance des organisations il srsquoagit donc drsquoanalyser les liens entre conduites ad-dictives et travail (organisation du travail management culture drsquoentreprise)

Les conduites addictives peuvent impac-ter un large laquo entourage raquo en milieu professionnel du collaborateur au cadre dirigeant voire tout un service de lrsquoen-treprise Ces conduites addictives long-temps passeacutees sous silence sont de plus en plus deacutevoileacutees et eacutetudieacutees du fait

Drsquoune intensification des tacircches et de la reacuteduction des effectifs dans de nom-breux domaines drsquoactiviteacutes De ce fait lrsquoentourage professionnel mecircme srsquoil envisage difficilement et tardivement de faire connaicirctre le comportement addic-tif du collaborateur aura de plus en plus de mal agrave assumer les reports de tacircches et lrsquoambiance deacuteleacutetegravere induits par lrsquoad-diction du collaborateur

Drsquoune leacutegislation plus contraignante pour les employeurs qui sont respon-sables de la santeacute au travail de leurs employeacutes

Drsquoune approche plus efficiente du tabou des addictions en milieu profes-sionnel

Toutefois il est agrave remarquer que nombre drsquousagers de drogues de co-caiumlne notamment demeurent invisibles Leur addiction plus ou moins maicirctriseacutee reste largement masqueacutee par un com-portement dissocieacute entre sphegraveres pri-veacutee et professionnelle Ainsi une grande

ILLUSTRATION

Coffret de deux DVD et livret laquo Adolescences raquo produit par lrsquoanpaa danS lrsquooiSe

Ce coffret de deux DVD permet daborder la question des conduites addictives en srsquointeacuteressant agrave ladoles-cence de maniegravere globale dans une approche positive de la santeacute Dune dureacutee de 3 h 20 il a eacuteteacute reacutealiseacute dans le cadre drsquoun partenariat entre lrsquoANPAA dans lrsquoOise et le lyceacutee professionnel Jules Verne de Grandvilliers gracircce agrave la mobilisation de pregraves de 200 per-sonnes sur 3 anneacutees (de sept 2012 agrave septembre 2015) dans la construction des interviews les teacutemoignages leacutecri-ture et le tournage de sceacutenarios le montage videacuteo la reacutedaction et la lec-ture du livret daccompagnement jusquagrave la composition de la bande originale

PUBLIC DESTINATAIRE

Il srsquoadresse aux adolescents de 12 agrave 20 ans environ aux parents drsquoadolescents aux professionnels travaillant aupregraves drsquoadolescents etou de leurs parents

OBJECTIFS

Amener les adolescents les adultes (professionnels etou parents dadolescents) agrave reacutefleacutechir agrave verbaliser leurs repreacutesentations agrave deacutebattre et reacuteagir suite au visionnage de certaines de ces interviewssceacutenarios

Apporter des repegraveres et des eacuteleacute-

ments theacuteoriques pour mieux cerner les enjeux et comprendre chacune des theacutematiques qui gravitent autour de ladolescence (conduites addictives les eacutecrans lamour et la sexualiteacutehellip)

Faire prendre conscience aux pa-rents aux professionnels et aux ado-lescents que chacun a sa propre re-preacutesent at ion de ce que s t ladolescence et quelle nest pas for-ceacutement synonyme de crise de turbu-lences de violence de problegravemes de conflits malgreacute certains preacutejugeacutes

Montrer aux adolescents et aux parents quecirctre parent nest pas for-cement inneacute acquis facilehellip

Rassurer accompagner les parents dans leurs rocircles et les aider au mieux agrave avoir confiance en eux et en leurs en-fants (dans laffirmation de leurs posi-tionnements les aider agrave faire le tri entre les principes fondamentaux et les conseils divulgueacutes dans les meacutedias)

CONTENU Deux DVD

laquo Surfer entre plaisirs et prises de risques adolescences raquo coreacutealiseacute avec des adolescents laquo Regards croiseacutes sur (ce qui nest pas une maladie) ladolescence raquo coreacutealiseacute avec des professionnels parents et adolescents

Un livret daccompagnement Un site internet deacutedieacute wwwado-lescencesfr sur lequel figure des fiches danimation et des fiches peacutedagogiques en lien avec cinq des 8 theacutematiques

52 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 53

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

et de la restauration Les personnels du secteur de la construction sont plus par-ticuliegraverement en tecircte pour les subs-tances licites alors que pour les subs-tances illicites crsquoest dans le secteur des arts et spectacles puis de lrsquoheacutebergement et de la restauration que les preacutevalences de consommation sont les plus eacuteleveacutees

Le secteur de lrsquoagriculture sylvicul-ture et pecircche se caracteacuterise par des preacutevalences eacuteleveacutees uniquement pour lrsquoalcool surtout pour la consommation quotidienne

Deux autres secteurs figurent aussi parmi les plus fortement consomma-teurs bien que dans une moindre me-sure celui de lrsquoinformation et de la com-munication surtout pour les substances illicites et celui des produits manufactu-reacutes pour les substances licites

Agrave lrsquoautre extrecircme du classement quatre univers de travail se caracteacuterisent par des niveaux plus faibles de consom-mation pour la quasi-totaliteacute des subs-tances lrsquoadministration publique lrsquoensei-gnement le milieu de la santeacute humaine et de lrsquoaction sociale et les activiteacutes de service aux meacutenages

Consommations au cours de la journeacutee de travail58

En-dehors des occasions telles que les laquo pots raquo et les repas 189 des hommes et 103 des femmes soit 164 des actifs occupeacutes ont un usage drsquoalcool au moins occasionnel et ont consommeacute de lrsquoalcool durant leur temps de travail au moins une fois dans lrsquoanneacutee (Beck et al 2013)

58 Ibid

La proportion de ceux qui deacuteclarent consommer pendant leur temps de tra-vail au moins une fois par semaine est beaucoup plus faible mais atteint 35 (parmi les actifs occupeacutes des deux sexes confondus acircgeacutes de 16 agrave 64 ans et qui consomment au moins occasionnelle-ment de lrsquoalcool) Ce pourcentage re-preacutesente 15 de lrsquoensemble des actifs occupeacutes

Addictions comportementalesCes conduites addictives comporte-mentales ont des impacts sur le collectif de travail et pas seulement sur les per-sonnes concerneacutees

La techno-deacutependance59 est une rela-tion aux nouvelles technologies inter-net messageries teacuteleacutephones mobiles reacuteseaux sociaux etc Ces outils sont lar-gement reacutepandus en milieu profession-nel Leur usage abusif peut devenir pro-bleacutematique impactant les collaborateurs maintenus en reacuteseau au-delagrave de leur temps de travail 37 des actifs deacute-clarent utiliser les outils numeacuteriques professionnels hors temps de travail60 Conscient de ces risques dans lentre-prise un droit agrave la deacuteconnexion a eacuteteacute inscrit dans la loi travail de 2016

Les addictions comportementales font reacutefeacuterence agrave des attitudes reacutepeacuteteacutees sur un mode obsessionnel Le workaho-lisme en fait partie

59 Pour aller plus loin Bruno METTLING Transfor-mation numeacuterique et vie au travail septembre 2015 69 p

60 Pratiques numeacuteriques des salarieacutes pendant les congeacutes ELEAS septembre 2017

part de ces consommateurs est tregraves bien inteacutegreacutee ndash eacutetudiants cadres intel-lectuels politiques ndash et parvient agrave reacutegu-ler leurs usages pour mieux eacutechapper en premier lieu agrave la reacuteprobation sociale voir agrave des sanctions professionnelles Leurs addictions si tant est qursquoelles demeurent longtemps non apparentes peuvent un jour conduire suite agrave un effet deacuteclen-cheur agrave des impacts en milieu profes-sionnel parfois gravissimes (accidents du travail burn-out suicides ) Ces conduites addictives sont souvent lieacutees agrave une pression sociale et agrave des pratiques reacutecurrentes de certains milieux sociaux-professionnels

Principales substances psychoac-tives consommeacutees chez les actifs occupeacutes54

Tabac 304 fument quotidienne-ment Alcool 73 en consomment quo-tidiennement 95 ont des ivresses reacutepeacuteteacutees 186 ont une alcoolisa-tion ponctuelle importante dans le mois 73 ont une consommation agrave risque chronique

Cannabis 9 en consomment au moins une fois par an

Cocaiumlne 08 en consomment au moins une fois par an Ecstasyampheacutetamine 05 en consomment au moins une fois par an

54 Baromegravetre santeacute 2014 INPES lt httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2014indexasp gt

Consommations selon les profes-sions et cateacutegories sociales55 Des diffeacuterences genreacutees sont agrave distin-guer en matiegravere de consommation de tabac alcool meacutedicaments psycho-tropes cannabis cocaiumlne et ecstasyampheacutetamines

Chez les hommes Globalement les plus consommateurs sont les employeacutes et les ouvriers Les cadres et les agriculteurs sont globalement les moins consomma-teurs Les artisans commerccedilants et chefs drsquoentreprise et les professions inter-meacutediaires se situent entre les deux

Chez les femmes la diffeacuterenciation est moins grande56

Les agricultrices restent les moins consommatrices Les cadres et les employeacutees sont globalement les plus consomma-trices

Consommations suivant les sec-teurs drsquoactiviteacute57

Trois secteurs se retrouvent presque systeacutematiquement dans le trio de tecircte du classement selon le niveau de preacuteva-lence pour les diffeacuterentes substances qursquoelles soient licites ou illicites la construction le secteur englobant les arts les spectacles et les services reacute-creacuteatifs et le secteur de lrsquoheacutebergement

55 Christophe Palle Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel op cit

56 Attention la faiblesse des effectifs doit inciter agrave la prudence dans lrsquointerpreacutetation des diffeacuterences entre cateacutegories

57 Ibid

54 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 55

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Meacutecanismes drsquoaddiction en milieu professionnel Les conduites addictives en milieu de tra-vail ont une origine mixte lieacutee agrave la sphegravere priveacutee mais aussi agrave certains facteurs lieacutes agrave lrsquoactiviteacute professionnelle Ces derniers relegravevent de deux meacutecanismes65

Lrsquoacquisition consommation agrave lrsquooc-casion des pots en entreprise des repas drsquoaffairehellip ce type drsquousage est souvent inscrit dans les normes et la culture de certains meacutetiers secteur professionnel ou entreprise facilitant notamment lrsquointeacutegration dans le collectif de travail

Lrsquoadaptation consommation consti-tuant une strateacutegie pour laquo tenir raquo au travail Plusieurs situations ont eacuteteacute iden-tifieacutees dont le stress le travail de nuit les mauvaises relations au travail (harcegrave-lement brimades) les postes de seacutecu-riteacute le travail en plein air le port de charges lourdeshellip comme pouvant fa-voriser cette dispositionUne consommation au deacutepart maicirctriseacutee ou non-excessive peut devenir probleacute-matique dans un contexte de difficulteacutes professionnelles ainsi plus du tiers des fumeurs reacuteguliers (362 ) 93 des consommateurs drsquoalcool et 132 des consommateurs de cannabis deacuteclarent avoir augmenteacute leurs consommations du fait de problegravemes lieacutes agrave leur travail ou agrave leur situation professionnelle au cours des 12 derniers mois66

65 Philippe HACHE laquo Pratiques addictives et eacutevalua-tion des risques professionnels comment inscrire ce risque dans le document unique raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 150 2017 pp 113-115

66 Baromegravetre Santeacute 2010 INPES httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2010indexasp

Ceci illustre le rocircle que peuvent jouer les conditions de travail dans lrsquoeacutevolution des conduites addictives

Conseacutequences des conduites ad-dictives en milieu professionnel

Les premiegraveres conseacutequences visibles sont les accidents de travail en emploi ou sur le trajet

Lrsquoabsenteacuteisme pour raison de santeacute Des difficulteacutes professionnelles pour

la personne difficulteacute agrave assurer ses tacircches et missions sanction disciplinaire pouvant aller jusqursquoagrave une perte drsquoem-ploi

Un collectif de travail impacteacute pour lrsquoentourage professionnel avec des effets induits varieacutes selon le poste de travail et le service concerneacutes report de tacircches entre professionnels exposition agrave des risques pour autrui ndash collaborateurs ou clients accidents du travail67 deacutegrada-tion relationnelle avec mise agrave lrsquoeacutecart et focalisation sur la personne en difficulteacute compensation par les collaborateurs etc

Pour lrsquoentreprise eacuteventuelle gestion de tensions et conflits sociaux pertes de production deacutegradation drsquoimage

67 2015 dans 20 agrave 30 des cas la victime drsquoun acci-dent du travail eacutetait sous lrsquoemprise drsquoune substance psychoactive lrsquoalcool eacutetant agrave lui seul responsable de 10 agrave 20 des accidents du travail et en cause dans 40 agrave 45 des accidents du travail mortels Sources - Conditions de travail - Bilan 2015 Ministegravere du travail

de lemploi de la formation professionnelle et du dia-logue social 2017 552 p

- Statistiques de sinistraliteacute 2015 tous CTN et par CTN Etude 2016-137-CTN CNAMTS 2016 62 p

ZOOM

Workaholisme et impact sur lrsquoentourage professionnel

Le workaholisme61 est un comporte-ment preacutesenteacute par une personne qui ressent une pression interne lrsquoobli-geant agrave travailler et qui ressent un mal-ecirctre inteacuterieur et une sensation de culpabiliteacute lors des peacuteriodes drsquoinacti-viteacute Le workaholisme preacutesente les critegraveres drsquoune addiction comporte-mentale mecircme srsquoil nrsquoest pas citeacute comme tel dans le DSM 562 Le workaholisme a des conseacutequences importantes sur la santeacute des travail-leurs conseacutequences somatiques (dou-leurs musculaires ou intestinales risque eacuteleveacute de maladie coronarienne) ni-veaux plus eacuteleveacutes danxieacuteteacute dinsom-nie de dysfonctionnement social et de deacutepression Cest eacutegalement un facteur de risque important de burnout Des co-addictions sont eacutegalement freacute-quemment retrouveacutees troubles du comportement alimentaire tabagisme important meacutesusage dalcoolLes conseacutequences sur lentourage sont notables Sur la famille qui est deacutelaisseacutee au pro-fit du travail Une eacutetude indique que dans les familles ougrave le pegravere souffre de

61 T BURCOVEANU laquo Workaholisme eacutetat des connaissances raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 139 2014 pp 143-151

62 DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux paru aux Etats-Unis en 2013

workaholisme les enfants ont un risque drsquoanxieacuteteacute etou de deacutepression important63Sur les collaborateurs en difficulteacute voire en conflit avec ces workaho-liques perfectionnistes agrave lrsquoextrecircme psychorigides et ne deacuteleacuteguant pas

Les services de santeacute au travail sont en premiegravere ligne pour la preacutevention le repeacuterage et lrsquoorientation vers les services speacutecialiseacutes si besoin Pour le repeacuterage plusieurs questionnaires existent dont le plus pratique est le WART64 qui sont surtout utiliseacutes en cas de signaux drsquoalerte tels que lrsquoexis-tence de plaintes somatiques de troubles psychiques une difficulteacute agrave srsquoeacuteloigner du lieu de travail et une sur-consommation de substances psy-choactives

La prise en charge est celle dune ad-diction cest-agrave-dire pluridisciplinaire prenant en compte les troubles soma-tiques et psychiques les comorbiditeacutes psychiatriques eacuteventuelles la reacuteadap-tation de lrsquoindividu et la preacutevention des rechutes Il existe eacutegalement des groupes de paroles tels ceux des Work Anonymes

63 Bryan ROBINSON Lisa KELLEY laquo Adult child-ren of workaholics Self-concept anxiety depression and locus of control raquo The American Journal of Fa-mily Therapy vol 26 ndeg 3 1998 pp 223-238

64 Bryan ROBINSON laquo The Work Addiction Risk Test Development of a tentative measure of worka-holism raquo Perceptual and Motor Skills ndeg 88 1999 pp 199-210 Disponible en franccedilais httpwwwtest-addictofrtests_pdfquestionnaire-wartpdf

56 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 57

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp2thinspLE RISQUE

DE TRANSMISSION INTER-GEacuteNEacuteRATIONNELLE

Pour mieux saisir la notion de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle en termes drsquoaddiction une phrase drsquoEdgar Morin eacuteclaire la construction de lrsquoidentiteacute de lrsquoindividu en lien avec lrsquoentiegravereteacute de son histoire et de ses liens familiaux laquo Lrsquoau-tonomie est faite drsquoun tissu de deacutepen-dances ainsi lrsquoidentiteacute se constitue au carrefour de plusieurs appartenances raquoDans ce contexte le lien de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle srsquoexprime dans des formes qui touchent notamment aux cycles de vie familiale aux reacutepeacuteti-tions intergeacuteneacuterationnelles (maladie fonctionnement relations) aux formes relationnelles

INDICATEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE DE DIFFICULTEacuteS ADDICTIVES69 Les eacutetudes consacreacutees agrave la transmission intergeacuteneacuterationnelle des addictions montrent une correacutelation entre le contexte addictif familial et le risque de deacutependance chez lrsquoadolescent Particu-liegraverement quand des probleacutematiques addictives et des distorsions de la per-sonnaliteacute etou relationnelles se sont cumuleacutees sur plusieurs geacuteneacuterations lrsquoadolescent est aux prises avec un sys-

69 Agnegraves CADET-TAIumlROU Anne-Claire BRISACIER laquo Addiction et usages probleacutematiques facteurs de risque facteurs de protection raquo in Jeunes et addictions OFDT 2016 pp 83-86 httpsbdocofdtfrdoc_numphpexplnum_id=23806

tegraveme geacuteneacuteralement bien plus fort que lui et sa capaciteacute drsquoindividuation

Concernant lrsquoalcool et le tabac le risque est 2 agrave 3 fois supeacuterieur chez lrsquoado-lescent lorsqursquoil existe des anteacuteceacutedents drsquoabus drsquoalcool dans la famille ou lorsque lrsquoun ou les deux parents sont fumeurs de tabac

Pour le cannabis le risque drsquoune deacute-pendance de lrsquoadolescent serait double lorsque les parents sont consomma-teurs

Les enfants de parents deacutependants agrave drsquoautres drogues illicites ont eux aussi une plus forte probabiliteacute de probleacutema-tiques addictives

FACTEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE70 Des facteurs laquo geacuteneacutetiques ou eacutepigeacuteneacute-tiques raquo sont en partie mis en cause notamment la reconduction sur deux ou plusieurs geacuteneacuterations de difficulteacutes sociales familiales et psychologiques drsquoune plus grande accessibiliteacute des pro-duits consommeacutes par les parents et de facteurs psychologiques tels qursquoun re-gard positif ou normaliseacute vis-agrave-vis de la consommation de drogues raquo Par ail-leurs lrsquoexposition preacutenatale aux pro-duits psychoactifs entraicircne un risque non-neacutegligeable de troubles du compor-tement ou des apprentissages degraves lrsquoenfance qui vont favoriser la survenue de probleacutematique addictive agrave lrsquoadoles-cence

70 Ibid

Quelques eacuteleacutements significatifs Sollicitation des services de santeacute au

travail pour des probleacutematiques addic-tives68 92 des meacutedecins deacuteclarent avoir eacuteteacute contacteacutes par des directeurs de ressources humaines pour un pro-blegraveme drsquoalcool chez un salarieacute 29 pour un salarieacute faisant usage de canna-bis 13 pour un salarieacute faisant usage drsquoune autre drogue

Des demandes de conseils de la part du personnel pour un travailleur en dif-ficulteacute sont eacutegalement noteacutees 40 des meacutedecins du travail ont eacuteteacute contacteacutes pour un problegraveme drsquoalcool 7 pour un usage de cannabis et 4 pour drsquoautres drogues

68 C MENARD et al laquo Actions collectives en entre-prise la place des meacutedecins du travail raquo in C MENARD G DEMORTIERE E DURAND P VERGER F BECK (dir) Meacutedecins du travail Meacutedecins geacuteneacuteralistes re-gards croiseacutes INPES 2011 pp 95-110 (Etudes Santeacute)

Axes de preacuteventionCes constats justifient de deacutevelopper les moyens de repeacuterer les personnes en difficulteacute afin de leur apporter lrsquoaccom-pagnement neacutecessaire mais surtout de deacutevelopper une culture drsquoentreprise de preacutevention et de qualiteacute de vie au travailPour quune deacutemarche daide puisse ecirctre efficace lentreprise quelle qursquoelle soit publique ou priveacutee petite ou grande doit sinscrire dans une deacute-marche de preacutevention de repeacuterage et daccompagnement des personnes en difficulteacute qui relegraveve drsquoailleurs de la loi Dans cette deacutemarche ne sont pas seu-lement concerneacutees les personnes deacute-pendantes mais aussi les personnes ayant une consommation agrave risque ou agrave problegraveme ponctuelle ou reacuteguliegravere

58 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 59

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les eacutetudes drsquoassociation quant agrave elles ont pour but de deacutetecter lrsquoasso-ciation entre un trait de caractegravere (ici lrsquoaddiction) et la structure exacte (polymorphisme) drsquoun gegravene Elles se fondent sur la comparaison entre des cas (ici des sujets addicts) et des teacute-moins (des sujets non-addicts) Ces eacutetudes dites laquo cas-teacutemoins raquo sont les plus nombreuses Dans celles-ci on axe les recherches le plus souvent sur des gegravenes laquo candidats raquo crsquoest-agrave-dire qui pourraient logiquement avoir un rocircle agrave jouer dans la survenue de la pathologie Toutefois lrsquoameacutelioration spectaculaire des techniques de seacute-quenccedilage et drsquoidentification des gegravenes a permis de reacutealiser des eacutetudes dites GWAS72 ougrave plus drsquoun million de mar-queurs geacuteneacutetiques peuvent ecirctre ana-lyseacutes en mecircme temps

De nombreux gegravenes impliqueacutes agrave des degreacutes et sur des fonctions tregraves diverses De tregraves nombreux gegravenes sont identi-fieacutes comme eacutetant probablement im-pliqueacutes dans les addictions aux subs-tances psychoactives sans pour autant pouvoir expliquer lrsquoensemble du pheacute-nomegravene I ls inter viennent par exemple dans lrsquoaction ou le meacutetabo-

72 Genome-Wide Association Study

lisme de la substance la reacutegulation de la consommation la sensibiliteacute aux effets plaisantsreacutecompensants ou encore la seacuteveacuteriteacute de lrsquoaddiction Drsquoautres gegravenes sont impliqueacutes dans des comportements ou des traits de carac-tegravere comme la deacutesinhibition lrsquoatten-tion la reacuteponse au stress la recherche de sensations ou lrsquoimpulsiviteacute

Agrave RETENIR

Aucun gegravene identifieacute agrave ce jour ne possegravede un effet ma-jeur agrave devenir addict aucun drsquoentre eux nrsquoexplique agrave lui seul la survenue de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction parait ecirctre multi-geacutenique crsquoest-agrave-dire reposant sur une combinaison de modifications de plusieurs gegravenes et pas toujours les mecircmes drsquoun sujet agrave lrsquoautre

Enfin ces gegravenes de vulneacute-rabiliteacute sont loin drsquoecirctre tou-jours preacutesents chez les per-sonnes addictes

Cela signifie que lrsquoabsence de ces gegravenes ne protegravege en aucun cas du risque de deve-nir addict

ZOOM

Addiction une maladie geacuteneacutetique 71

Lrsquoaddiction nrsquoest pas une maladie geacuteneacutetique seule est dit geacuteneacutetique une maladie dont la survenue est pro-voqueacutee uniquement par la mutation drsquoun ou plusieurs gegravenes Crsquoest le cas par exemple de la mucoviscidose ce nrsquoest pas le cas de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction est une maladie multi-factorielle qui associe des facteurs geacuteneacutetiques et environnementaux Crsquoest le cas de la plupart des patholo-gies courantes associant dans leur eacutetiologie le terrain heacutereacuteditaire et lrsquohis-toire de vie du sujetOn naicirct donc en portant dans nos gegravenes un risque plus ou moins eacuteleveacute de deacutevelopper une addiction Toute-fois la survenue de lrsquoaddiction deacutepen-dra au moins autant sinon plus de facteurs lieacutes agrave lrsquoenvironnement social et familial que de facteurs geacuteneacutetiques Il nrsquoy a pas de deacuteterminisme agrave devenir laquo addict raquo mais il y a des facteurs de vulneacuterabiliteacute

Quelle part du risque drsquoaddiction est porteacutee par les gegravenes Lrsquoidentification drsquoune part geacuteneacutetique dans la survenue drsquoune addiction pro-

71 Bertrand NALPAS Nicolas RAMOZ Lrsquoaddiction est-elle une maladie geacuteneacutetique lt httpwwwmaad-digitalfrdecryptageladdiction-est-elle-une-maladie-genetique-12 gt 23022017

vient drsquoeacutetudes meneacutees sur des familles ou des paires de jumeaux dans les-quels un membre est toucheacute La syn-thegravese des eacutetudes meneacutees sur les ju-meaux a permis drsquoeacutetablir que la part geacuteneacutetique dans la vulneacuterabiliteacute agrave deve-nir laquo addict raquo serait drsquoenviron 70 pour la deacutependance agrave la nicotine 48-66 pour la deacutependance agrave lrsquoalcool 51-59 pour la deacutependance au can-nabis 42-79 pour la deacutependance agrave la cocaiumlne 23-54 pour la deacutepen-dance aux opiaceacutes Ces taux sont tou-tefois agrave lire avec prudence dans la mesure ougrave la deacutefinition de la laquo deacutepen-dance raquo nrsquoeacutetait pas toujours identique drsquoune eacutetude agrave lrsquoautre Au total si on heacuterite de gegravenes de vulneacuterabiliteacute sur lesquels on ne peut guegravere agir ceux-ci repreacutesenteront environ la moitieacute de la probabiliteacute de devenir laquo addict raquo

Existe-t-il un gegravene de lrsquoaddiction Lrsquoessentiel de la recherche geacuteneacutetique appliqueacutee aux addictions repose sur deux types drsquoeacutetudes les eacutetudes de liaison drsquoune part et les eacutetudes drsquoasso-ciation drsquoautre part

Les eacutetudes geacuteneacutetiques de liaison servent agrave cartographier les diffeacuterents gegravenes ou reacutegions du geacutenome preacutedis-posant agrave un trouble Lrsquoapproche liaison se base sur des familles dans lesquelles au moins un parent et un enfant sont addicts et on recherche si le gegravene sus-pecteacute est preacutesent chez le parent et lrsquoenfant atteints

60 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 61

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

laquo Une affaire de famille raquoproGramme de preacutevention de la tranSmiS-Sion Geacuteneacuterationnelle deS SouffranceS lieacuteeS au fonctionnement familial

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo a eacuteteacute eacutelaboreacute par Line Caron travailleuse sociale titulaire dune Maicirc-trise en service social Il est mis en œuvre au Queacutebec depuis les anneacutees 1996Un travail drsquoadaptation agrave la langue par-leacutee en France a eacuteteacute fait par la docteure Antoinette Fouilleul Psychiatre-Addic-tologue et administratrice de lrsquoANPAA Agrave partir de 2010 Line Caron a donneacute plusieurs confeacuterences et en Norman-die et en Bretagne ougrave le programme est maintenant deacuteployeacute au sein de lrsquoANPAA et expeacuterimenteacute dans diffeacute-rents contextes dont le centre du couple et de la famille de Brest pour des difficulteacutes lieacutees aux violences in-trafamiliales et dans une maison drsquoar-recirct Plus reacutecemment la docteure Antoinette Fouilleul a formeacute des ani-mateurs agrave lrsquoIle de la Reacuteunion ougrave le programme est maintenant expeacuteri-menteacute Une formation a aussi eacuteteacute donneacutee par madame Caron en Nou-velle-Aquitaine aux intervenants de lrsquoANPAA et leurs partenaires du deacute-partement En 2017 une convention a eacuteteacute signeacutee entre lrsquoauteure et lrsquoANPAA donnant agrave cette derniegravere lrsquoexclusiviteacute du deacuteploiement en France et permet-tant la mise en place drsquoun comiteacute de pilotage

UNE APPROCHE NOVATRICE

Lrsquoapproche du programme laquo Une af-faire de famille raquo est preacuteventive Elle vise agrave habiliter le participant agrave deacutecou-vrir eacutemotionnellement le lien entre son veacutecu familial et la souffrance veacute-cue aujourdrsquohui afin de construire lui-mecircme ses propres actions pour briser ce cycle de transmission et se donner plus de liberteacute dans lrsquoeacuteducation don-neacutee agrave ses enfants Il tente drsquoorienter les compeacutetences des familles agrave poser des actions originales pour solution-ner leurs problegravemes plutocirct que de les utiliser pour survivre Comme les par ticipants au pro-gramme sont principalement des po-lytraumatiseacutes familiaux lrsquoapproche se doit de faire preuve drsquoune grande deacutelicatesse mais aussi drsquoune rigueur scientif ique Teinteacutee des nouvelles donneacutees neuroscientifiques elle per-met de diminuer les souffrances asso-cieacutees aux souvenirs traumatiques et aide le participant agrave construire de nouvelles voies neuronales mieux adapteacutees agrave la reacutealiteacute eacutemotionnelle de son histoire pour lui permettre de moins souffrir et de sortir des or-niegraveres de la reacutepeacutetition et de la trans-mission agrave ses enfantsLe programme comprend une seacuterie drsquoateliers sur des thegravemes preacutecis du fonctionnement familial et qui sont gradueacutees en intensiteacute eacutemotive Entre les seacuteances de groupe une tacircche est demandeacutee au participant afin de veacuteri-fier le contenu dans son histoire fami-liale et de soutenir lrsquointeacutegration neu-

PLACE DE LrsquoHISTOIRE FAMILIALE DANS LES REPREacuteSENTATIONS MOTIVATIONS ET TRAJECTOIRES DE CONDUITES ADDICTIVES Agrave LrsquoADOLESCENCE73 Le point drsquoancrage des rapports aux conduites addictives est drsquoabord familial Les reacutecits biographiques spontaneacutes font systeacutematiquement reacutefeacuterence agrave lrsquohisto-rique familial de consommation

Des problegravemes de santeacute voire des deacutecegraves surtout lieacutes au tabagisme (cancers)

Des probleacutematiques addictives en matiegravere drsquoalcoolo-deacutependance un mineur sur dix eacutevoque les laquo problegravemes drsquoalcool raquo drsquoun proche le plus souvent son pegravere

Des troubles de deacutependance agrave une drogue illicite dans une moindre me-sure quelques jeunes jugent que leurs parents laquo fument trop de cannabis raquo

Certains expriment leur reacuteprobation sur les consommations parentales quant aux quantiteacutes agrave la freacutequence ou au changement de comportement induit par lrsquousage

Ces expeacuteriences sont freacutequemment convoqueacutees comme explicitation drsquoun rapport drsquoauto limitation des consomma-tions Agrave lrsquoinverse les rares jeunes dont les parents sont abstinents expriment une forme drsquoanxieacuteteacute sociale face agrave la visibiliteacute des produits dans lrsquoespace public et la reacutecurrence des incitations agrave consommer veacutecue comme une mise en danger de lrsquoeacutethique personnelle74

73 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations motiva-tions et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo op cit

74 Cf facteur religieux dans le rapport aux consom-mations

PREacuteVENTION SEacuteLECTIVE Agir sur ce risque pour proteacuteger lrsquoentou-rage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives vise agrave reacuteduire les difficulteacutes agrave leur source en deacutesamor-ccedilant des logiques inconscientes agrave court moyen et long termes chez les enfants et les jeunes notamment Les scheacutemas deacutejagrave ancreacutes ou en risque drsquoeacutelaboration doivent trouver un lieu et un moment de deacutecryptage de deacuteconstruction dans leurs sources et dans leurs effets Cha-cun y faisant son chemin trouvera ainsi des outils pour sortir de sa co-deacutepen-dance ou de sa deacutependance Deux eacuteleacute-ments interagissent sans aucun doute lrsquohistoire familiale et lrsquohistoire individuelle

Si une information geacuteneacuterique sur ce

qursquoest le risque de transmission intergeacute-neacuterationnelle peut ecirctre utile il semble qursquoagir sur ce risque doive srsquoattacher agrave prendre en compte des populations speacute-cifiques des territoires particuliers des milieux identifieacutes Une preacutevention seacutelec-tive et cibleacutee srsquoimpose sur ce terrain

62 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 63

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

passent drsquoabord par un changement eacutemotionnel pour induire un change-ment dans la maniegravere de penser faire autrement et obtenir autre chose Cette approche expeacuterientielle est renforceacutee par la chaleur et la bienveil-lance du groupe le cocon non-jugeant qui srsquoen deacutegage induisant de nouveaux modes relationnels

Agrave QUI SrsquoADRESSE LE PROGRAMME

Le programme srsquoadresse agrave toute per-sonne adulte qui a souffer t et qui souffre encore des probleacutematiques lieacutees au fonctionnement familial (rela-tions insatisfaisantes probleacutematiques addictives deacutepression deacutependance affective violencehellip) et qui deacutesire en comprendre les reacutepercussions sur sa vie actuelle et sur lrsquoeacuteducation qursquoelle donne agrave ses enfants

OBJECTIFS DU PROGRAMME

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral est drsquohabiliter les membres des familles preacutesentant une difficulteacute ou un problegraveme de fonction-nement geacuteneacuterationnel agrave preacutevenir sa transmission dans la geacuteneacuteration sui-vanteLe but est drsquoutiliser les compeacutetences personnelles et relationnelles pour continuer de se deacutevelopper et deacutevo-luer plutocirct que de survivre

Les objectifs speacutecifiques sont de per-mettre aux participants

De reconnaicirctre le problegraveme de la transmission geacuteneacuterationnelle

De mettre en œuvre des actions speacutecifiques afin de contrer le pro-blegraveme dans sa famille

Le programme deacutecline une suite lo-gique qui amegravene les participants agrave

Comprendre le fonctionnement dune famille

Comprendre les diff iculteacutes du fonctionnement familial

Comprendre le pheacutenomegravene de la transmission geacuteneacuterationnelle

Trouver des actions pour briser le cycle de la transmission

DEacuteROULEMENT DU PROGRAMME

laquo Une affaire de famille raquo est un pro-gramme de preacutevention non-theacutera-peutique qui se propose de reacutefleacutechir en groupe sur les transmissions des conduites de reacutepeacutetitions intergeacuteneacutera-tionnelles Ce programme propose un processus drsquoexploration une connaissance eacutemotionnelle et une compreacutehension de son histoire avec comme but de briser le cercle vicieux de la reacutepeacutetition des comportements alieacutenants pour soi et la geacuteneacuteration suivante Ce programme de preacutevention est mis en œuvre sous la forme dun groupe fermeacute de cinq agrave quinze personnes reacuteuni entre huit et dix rencontres Il se deacuteroule en petit groupe ougrave le cadre seacutecurisant et la convivialiteacute sont mo-teurs pour lrsquoexpression et la reacuteflexion de chacun Il a pour but drsquoamorcer une dynamique de changement chez les participants et leur famille

ronale Au cours du programme le par ticipant est accompagneacute pour construire sa carte familiale (geacuteno-gramme) afin de visualiser la transmis-sion agrave travers les geacuteneacuterations Ce tra-vail amegravene le participant agrave se distancer de ses eacutemotions ce qui lui permet de faire face de faccedilon plus adeacutequate aux situations difficiles laquo Une affaire de famille raquo nrsquoa pas la preacutetention drsquoarrecircter la transmission geacuteneacuterationnelle mais drsquohabiliter les membres des familles aux prises avec des souffrances lieacutees agrave leur fonction-nement familial agrave reconnaicirctre le pheacute-nomegravene de la transmission geacuteneacutera-tionnelle afin qursquoils puissent mettre en œuvre des actions speacutecifiques pour le contrer

Lrsquoapproche peacutedagogique baseacutee sur les diffeacuterentes formes drsquoapprentissage des individus est active et dynamique Lrsquoimplication eacutemotionnelle des per-sonnes participantes bien encadreacutees par un animateur formeacute qui a lui-mecircme veacutecu la deacutemarche auparavant est une des conditions de succegraves du programme Les activiteacutes sont varieacutees et reacuteservent une place constante aux participants et agrave leur expeacuterience au moyen de mises en situation exercices pratiques questionnaires discussion de groupe exposeacutes suivis de peacuteriodes de discussion expeacuterimentation dans le quotidien entre les rencontres

LES ASSISES THEacuteORIQUES

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo repose sur deux assises theacuteo-riques essentielles lrsquoapproche systeacute-mique du fonctionnement familial et la diffeacuterenciation du soi de Murray Bowen Lrsquoapport de lrsquoeacutepigeacuteneacutetique et des neu-rosciences est au cœur de la meacutethode peacutedagogique Les travaux sur lrsquoatta-chement et la reacutegulation affective (Allan Shore75) la neuroscience de la psychotheacuterapie (Louis Cozolino76) et la deacutecouverte des laquo neurones-mi-roirs raquo (Rizzolatti77) eacuteclairent sur la faccedilon dont se construit la reacutegulation affective sur comment se forme le rapport agrave soi et agrave lrsquoAutre et comment se construisent des capaciteacutes de dis-cernement drsquoorganisation et drsquointe-ractions fructueuses Eacutegalement la neuro-plasticiteacute permet de nouveaux apprentissages dans un contexte seacute-curisant et bienveillant Agrave cet effet la posture des animateurs est preacutecieuse car elle va induire un climat drsquoempa-thie et se couplera agrave un cadrage clair et rassurant gracircce agrave la preacutecision des documents fournis aux consignes et au contenu transmis agrave lrsquoanimateur et au participant Il est maintenant connu que les processus de changement

75 Allan N SCHORE La reacutegulation affective et la reacuteparation du Soi Les Eacuteditions du CIG 2008 430 p

76 Louis COZOLINO La neuroscience de la psy-chotheacuterapie Les Eacuteditions du CIG 2012 455 p

77 Giacomo RIZZOLATTI Corrado SINIGAGLIA Les neurones-miroirs Odile Jacob 2008 240 p

64 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 65

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

fants maintenant comparativement avec ce qursquoils vivaient avant le pro-gramme En 2017-2018 le programme a de nou-veau eacuteteacute eacutevalueacute par lrsquoUniversiteacute de lrsquoIle de la Reacuteunion La conclusion est agrave lrsquoeffet que laquo Une affaire de famille raquo permet de libeacuterer et de gueacuterir les maux intrafa-miliaux des familles reacuteunionnaisesLes reacutesultats des eacutevaluations meneacutees aupregraves de groupes de diffeacuterentes na-tionaliteacutes laissent penser que le pro-gramme propose une approche qui est geacuteneacuteralisable et donne des reacutesul-tats positifs aupregraves de familles vivant dans des contextes historiques et socio-eacuteconomiques tregraves diffeacuterents

LES PREacute-REQUIS DE MISE EN ŒUVRE

Pour ecirctre habiliteacute agrave appliquer le pro-gramme aupregraves drsquoun public de poly-traumatiseacutes familiaux il faut que lrsquoani-mateur soit lui-mecircme au clair avec son propre fonctionnement familial Une expeacuterimentation du programme avec un animateur qualifieacute est recom-mandeacuteePar la suite une formation de quatre jours avec lrsquoauteure du programme ou un intervenant habiliteacute est proposeacutee afin drsquoacqueacuterir une bonne compreacute-hension des bases scientifiques et de la meacutethode peacutedagogiqueLa formation a eacuteteacute conccedilue dans une approche dynamique qui fait appel agrave limplication personnelle et profes-sionnelle des participants Elle com-prend deux eacutetapes

Lexpeacuterimentation du programme dans lobjectif dune compreacutehension accrue de son milieu familial et de son influence dans sa pratique profession-nelle aupregraves des familles

Une formation compleacutementaire de 4 jours dans lobjectif de devenir animateur du programme

Les gains pour les personnes accom-pagneacutees lrsquointervenant et lorganisationLes retombeacutees de la formation sur la transmission geacuteneacuterationnelle sont appreacuteciables Drsquoabord cette forma-tion vise un travail agrave lrsquoorigine ou en amont de plusieurs probleacutematiques majeures Encore trop souvent lrsquoin-tervention effleure les problegravemes en ciblant les symptocircmes ce qui a pour effet une reacutecurrence de la demandeCette formation preacutesente aussi la par-ticulariteacute de deacutegager une vision et un langage commun entre les interve-nants au sein drsquoune eacutequipe ou drsquoune institution Elle favorise donc une vi-sion plus globale plus transcendante du deacuteveloppement psychique qui peut relier les diffeacuterents mondes de lrsquoenfance lrsquoadolescence et la vie adulteFinalement bien que cette formation repose sur des bases theacuteoriques so-lides (approche systeacutemique diffeacuteren-ciation du soi approche contextuelle de Boszormenyi-Nagy eacutepigeacuteneacutetique et neurosciences) sa plus grande force reacuteside dans un souci constant drsquointeacutegrer les acquis theacuteoriques au veacutecu personnel et agrave la pratique des intervenants

Les seacuteances ont pour theacutematiques 1 La creacuteation drsquoun climat propice agrave

la communication et aux eacutechanges 2 Selon le type de groupe choix

entre La preacutesentation des concepts de base en addictologie Ou lrsquoidentification drsquoeacuteleacutements de la vie actuelle qui proviennent de notre famille drsquoorigine

3 Les rocircles dans les familles en souf-france

4 Les regravegles qui reacutegissent les familles en souffrance

5 Les comportements de survie (codeacutependance deacutependance affec-tive)

6 Les fonctions familiales et le pheacute-nomegravene des enfants parentaliseacutes

7 La construction du geacutenogramme et les plans daction

8 Labandon et le processus de la transmission geacuteneacuterationnelle

9 Le systegraveme dattachement dans les relations intimes et dans leacuteducation donneacutee aux enfants

10 Lidentification de pistes dactions personnelles pour briser le cycle de la transmission geacuteneacuterationnelle et les obstacles au changement dans ma famille

11 En action

UN PROGRAMME EacuteVALUEacute

Une premiegravere eacutevaluation des effets du programme a eacuteteacute meneacutee en 2000 par lrsquoeacutequipe de recherche de la Reacutegie reacute-gionale de la santeacute et des services sociaux de la Cocircte-Nord (Canada) Les reacutesultats sont tregraves inteacuteressants et deacutemontrent clairement que le pro-gramme geacutenegravere des pr ises de conscience importantes et amegravene les participants agrave proceacuteder agrave une remise en question de certains comporte-ments envers leurs enfants De plus lrsquoeacutevaluation recommandait entre autres drsquoeacutelargir la diffusion du pro-gramme agrave tout public consideacutereacute agrave risque de reproduire ou de trans-mettre des comportements nuisibles au deacuteveloppement de leurs enfants Agrave la suite de cette eacutetude et de lrsquoexpeacuteri-mentation par plusieurs intervenants le programme a eacuteteacute reacuteviseacute et eacutelargi de la toxicomanie agrave lrsquoensemble des diffi-culteacutes du fonctionnement familial Le nouveau programme a lui aussi eacuteteacute eacutevalueacute en 2005 par les animateurs Un questionnaire eacutecrit portant sur les changements concrets dans leur vie et pour leur entourage a eacuteteacute soumis aux participants un an apregraves la dispensa-tion Lrsquoobjectif eacutetait drsquoen valider de nouveau les effets agrave long terme et de veacuterifier si la nouvelle version du pro-gramme correspondait bien agrave leur reacutealiteacute Les reacutesultats sont probants et deacutemontrent clairement les change-ments concrets que les participants ont ameneacutes dans leur vie et dans la faccedilon dont ils agissent avec leurs en-

66 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 67

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

La preacutevention des risques de conduites addictives doit prendre en compte de faccedilon singuliegravere la place et le rocircle de lrsquoen-tourage autour de la personne addicte En preacutevention seacutelective et cibleacutee dans un continuum drsquoactions il faut saisir la posi-tion singuliegravere de lrsquoentourage pour eacutelabo-rer des modes preacuteventifs adapteacutes Les dispositifs de preacutevention doivent remobi-liser lrsquoentourage pour libeacuterer la parole alleacuteger les souffrances reacuteduire les risques et les dommages Pour cela il convient

Drsquoassurer au preacutealable agrave chacun les moyens de comprendre et de maicirctriser une situation potentiellement agrave risque en termes drsquoaddiction

De consideacuterer le contexte socio-eacuteco-nomique du laquo tout tout de suite raquo pour orienter lrsquoaction de preacutevention vers la reacuteduction des facteurs de vulneacuterabiliteacute des personnes en geacuteneacuteral

De changer le regard ambivalent sur les produits ou comportements addic-tifs en travaillant sur les compeacutetences psychosociales pour reacuteduire les risques et dommages Une strateacutegie de preacutevention va interpel-ler agrave la fois le cercle familial et lrsquoenviron-nement social large au travers notam-ment drsquoune guidance de la parentaliteacute et drsquoune eacuteducation par les pairs dans des cercles de lrsquoentourage varieacutes et dans le respect des speacutecificiteacutes de chaque publicIl srsquoagit de sensibiliser au risque et de repeacuterer les difficulteacutes possibles ou en gestation non pas seulement par une

information mais par une forme partici-pative drsquoeacuteducation au risque vers un public cibleacute Lrsquointeraction des acteurs du champ drsquointervention social et meacutedico-social est essentielle pour preacutevenir les risques drsquoaddictions en mettant en jeu des facteurs de protection des per-sonnes en faisant appel agrave des savoir-faire de psychologie communautaire En effet lrsquoeacuteducation preacuteventive est une affaire collective Elle agira drsquoautant mieux qursquoelle pourra mobiliser les speacutecialistes la communauteacute eacuteducative scolaire et extra-scolaire la famille eacutelargie en direc-tion des plus jeunes et des adolescents

1 GUIDER LA PARENTALITEacute

PARENTALITEacute ET VALEURS SOCIEacuteTALESEn perte de repegraveres dans un contexte socieacutetal ougrave comme le souligne Philippe Jeammet78 laquo tout consensus eacuteducatif a disparu et ougrave lrsquoautoriteacute est souvent veacute-cue comme un abus de pouvoir raquo les parents ne savent pas toujours com-ment reacuteagir et peuvent ecirctre en difficulteacute pour assumer leur responsabiliteacute eacuteduca-tive Les questionnements de nos socieacute-teacutes modernes laissent aff leurer trop souvent une deacutevalorisation du rocircle des parents comme du systegraveme eacuteducatif souvent accuseacutes de deacutemission de per-missiviteacute ou drsquoincompreacutehension Pour-tant la socieacuteteacute elle-mecircme place les pa-rents et enfants dans des rapports de force de plus en plus complexes lieacutes agrave des attendus contradictoires en termes

78 Philippe JEAMMET (dir) Adolescences repegraveres pour les parents et les professionnels Syros 1997 212 p

LES GAINS DE CETTE FORMATION

PEUVENT EcircTRE PERCEPTIBLES

Pour les personnes accompagneacutees Une intervention qui respecte les compeacutetences des personnes agrave travers une approche responsa-bilisante

Une approche globale non-culpa-bilisante ni reacuteductible des pro-blegravemes

Une intervention qui colle agrave la reacutealiteacute du public Une dynamique de groupe stimu-lante et bienveillante

La force seacutecurisante du groupe pour appreacutehender une reacutealiteacute dif-ficile

Une intervention qui encourage la motivation agrave srsquoengager dans un changement durable

Pour lrsquointervenant Une meilleure connaissance du fonctionnement familial agrave travers les geacuteneacuterations Des habileteacutes agrave reconnaicirctre lrsquoim-pact drsquoun veacutecu familial difficile agrave travers les problegravemes preacutesenteacutes par le public

Un outil drsquointervention bien constitueacute eacutevalueacute et pratique agrave utiliser Lrsquoacquisition drsquoune vision globale et drsquoun langage commun facilitant le travail avec et entre les eacutequipes Le renforcement de la pratique professionnelle par une deacute-marche personnelle de compreacute-hension de lrsquo impact de son propre fonctionnement familial

Pour lrsquoorganisation Une reacuteduction de la reacutecurrence des problegravemes ou du syndrome de la porte tournante par un tra-vail plus en profondeur avec le public Un meilleur arrimage entre les eacutequipes de travail Des interventions mieux cibleacutees Un programme de groupe ou individuel adaptable agrave diffeacuterents publics (usagers de drogues adultes parents jeunes milieux de travail etc)

68 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 69

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

La promotion de la santeacute permet de renforcer les compeacutetences psy-chosociales utiles des parents pour reacutepondre aux situations agrave risque Parallegravelement les actions de preacute-vention visent agrave repeacuterer et modifier des habitudes et environnements jugeacutes nocifs

Agrave lrsquoadolescence les parents abordent avec plus ou moins drsquoagiliteacute le deacutebut de lrsquoautonomie souhaiteacutee du jeune Dans cette peacuteriode le parent doit forceacutement partager avec le jeune lrsquoanalyse des situa-tions agrave risques Drsquoautres informations drsquoautres aides seront alors neacutecessaires

Si les compeacutetences de base sont transmises le jeune apprendra agrave utiliser ces compeacutetences seul et en situation plus exposeacutee Connaicirctre les strateacutegies pour reacuteduire les risques et les dommages et ajuster la prise drsquoautonomie parti-cipent aux laquo neacutegociations raquo plus ou moins complexes avec les adolescents

Lrsquoentourage eacutetendu de lrsquoenfant (anima-teur professionnel de lrsquoenfance eacuteduca-teur eacutetablissement scolaire ou de for-mationhellip) a un rocircle notable de communication et drsquoinformations Cet entourage intervient pour expliquer alerter sur les dimensions addictives de certains modes de vie et sont aussi une source de repeacuterage drsquoeacuteventuelles diffi-culteacutes ou usages probleacutematiques

RENFORCER LES COMPEacuteTENCES DES PARENTSLes parents sont souvent en manque de reacuteponses en doute voire en crainte et

surtout en difficulteacute pour libeacuterer la pa-role vis-agrave-vis drsquoautres adultes exteacuterieurs au cercle familial ou amical

Drsquoun point de vue individuel le pa-rent doit pouvoir se faire aider pour acqueacuterir la capaciteacute agrave diffeacuterer une reacute-ponse ou avertir lrsquoadolescent des risques agrave vivre trop jeune certaines expeacuteriences trop intenses

Des parents ou groupes de parents peuvent aussi avoir besoin drsquoinforma-tions speacutecifiques dans le cadre drsquoune preacutevention seacutelective Par exemple il peut ecirctre utile drsquoouvrir un espace de discussion autour de la notion drsquoaddiction (produits et compor-tements) en lrsquoappreacuteciant sous lrsquoangle des plaisirs et des risques et dommages Aborder tout ce qui existe sur le laquo mar-cheacute raquo en prendre connaissance et conscience consideacuterer lrsquoubiquiteacute des drogues et informer les parents sur les speacutecificiteacutes de chaque type de produit peut se faire dans une configuration par-ticipative informelle voire ludique Agrave ce titre les groupes de discussion theacutema-tiques sont un outil pratique qui bien construit et animeacute permet de creacuteer du lien du soutien voire de libeacuterer la pa-role sur des difficulteacutes Ainsi on peut agrave la fois guider et laquo for-mer raquo la parentaliteacute par lrsquoappui des pairs ndash parentsDiffeacuterents outils et guides de soutien agrave la parentaliteacute sont eacutediteacutes Ils reprennent diffeacuterents conseils notamment sur lrsquoatti-tude agrave favoriser face aux premiegraveres consommations de son enfant fixer des limites savoir dire non neacutegocier et res-ponsabiliser avec la mise en place du dialogue qui est essentielle

drsquoefficaciteacute drsquoactiviteacutes professionnelles drsquoimage sociale au travers drsquoacquisitions mateacuterielles stimuleacutees mais aussi de bien-ecirctre drsquoeacutequilibre et de place de lrsquoindividu dans la socieacuteteacute En termes de preacutevention les parents sont le premier cercle pour agir Il est primordial de soutenir et valoriser les parents dans leur rocircle eacuteducatif de les accompagner agrave reacutetablir si neacutecessaire une communication avec leur enfant

PARENTALITEacute ET STYLE EacuteDUCATIFDiffeacuterentes eacutetudes mettent en eacutevidence que lrsquoenvironnement familial et le style eacuteducatif ont une veacuteritable influence sur les consommations de substances psy-choactives des enfants Mais le style eacutedu-catif est aussi le fruit drsquoune transmission du mode eacuteducatif des ascendants Cette notion srsquoaccorde avec lrsquoapproche en preacute-vention par le deacuteveloppement et le ren-forcement des compeacutetences psychoso-ciales des jeunes En effet laquo plus la relation parent-enfant est adapteacutee plus la reacutesistance de lrsquoenfant agrave lrsquoinfluence des pairs est forte et moins il deacuteveloppe des conduites agrave risques raquo79

Or une relation parent-enfant adapteacutee se conccediloit degraves le plus jeune acircge avant mecircme la naissance Et crsquoest au travers de cette relation efficiente qui remplit son rocircle de cadrage et de reacute-assurance affec-tive successive agrave chaque eacutetape de lrsquoeacutevo-lution de lrsquoenfant que srsquoexerce la preacuteven-tion la plus approprieacutee bien avant que

79 LrsquoANPAA dans les Hauts-de-France a publieacute en 2014 lrsquoeacutetude Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques comprenant une eacutetude de litteacuterature une en-quecircte et des preacuteconisations En ligne httpwwwanpaa5962org_docsFichier20144-140923104916pdf

les premiegraveres consommations nrsquoappa-raissent En effet la qualiteacute des liens que les parents sauront mettre en place au quotidien avec leurs enfants degraves leur plus jeune acircge est le meilleur des garants face au risque drsquoabus de substances

PARENTS ET APPRENTISSAGE DU RISQUE Crsquoest au sein de la cellule familiale quelle que soit sa forme que lrsquoenfant fera lrsquoex-peacuterience de lrsquoapprentissage des regravegles du sens de la responsabiliteacute et avancera vers une autonomie progressiveLa famille repreacutesente un lieu ougrave les re-pegraveres se construisent et ougrave lrsquoenfant ap-prendra agrave avoir une bonne image de lui-mecircme et agrave srsquoaffirmer face aux pres-sions addictogegravenes de lrsquoenvironnement qursquoelles soient issues de la socieacuteteacute en geacuteneacuteral ou de son groupe drsquoapparte-nance en particulier

Les actions de preacutevention soutiennent les parents dans lrsquoexercice de leurs fonctions drsquoeacuteducateurs de faccedilon diffeacuterencieacutee aux diffeacuterentes eacutetapes drsquoeacutevolution de lrsquoenfant80

Des premiegraveres anneacutees jusqursquoagrave la preacute-adolescence (1112 ans) lrsquoenfant sous le regard du parent deacutecouvre teste expeacute-rimente dans des proportions qui doivent correspondre aux capaciteacutes et aptitudes eacutevolutives de lrsquoenfant Durant ces anneacutees les parents deacutefinissent lrsquoenvironnement de lrsquoenfant et le protegravegent des tendances et tentations parfois inapproprieacutees de la socieacuteteacute Ils posent les regravegles limitant laquo drsquoautoriteacute raquo les situations agrave risque

80 Addictions familles et entourage op cit

70 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 71

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoenfant et de sa protectionZOOM

Femmes enceintes et entourage preacutevention et peacuterinataliteacute85

La laquo culture alcool raquo en France est telle qursquoune femme enceinte sera confronteacutee agrave de multiples circons-tances festives ou conviviales ougrave son entourage consommera des boissons alcooliseacutees et mettra agrave lrsquoeacutepreuve sa deacutetermination [agrave ne pas boire pen-dant sa grossesse]

Il est indispensable drsquoinformer sur ce risque eacutevitable et surtout de res-ponsabiliser eacutegalement lrsquoentourage qui participe agrave cette prise de risque

Pour autant il ne srsquoagit pas non plus de culpabiliser ou drsquoangoisser les

85 Alcool et grossesse Boire un peu ou pas du tout ANPAA 2017 12 p (Deacutecryptages ndeg 26)

femmes qui ont consommeacute de lrsquoalcool Le conjoint les proches et les amis

ne doivent certes pas inciter la femme enceinte agrave boire mais ils peuvent aussi teacutemoigner de leur compreacutehen-sion et de leur soutien en eacutevitant une consommation deacutemonstrative

De mecircme la minoration des risques sous preacutetexte de laquo faible raquo freacutequence affaiblit la capaciteacute des femmes [enceintes] agrave reacutesister aux inci-tations quasi-permanentes agrave consom-mer de lrsquoalcool

Dans cet univers ougrave consommer de lrsquoalcool est souvent la norme on a pu lire ou entendre des critiques sur le caractegravere injonctif ou impeacuterieux de lrsquoabstinence totale pendant la gros-sesse Mais lrsquoinjonction est tout aussi forte sur le tabac ou sur les interdits alimentaires pour eacuteviter la toxoplas-mose sans que qui que ce soit ne srsquoen eacutemeuve

ZOOM

Soutien agrave la parentaliteacute des usagers de drogues

La consommation de substances psychoactives des parents est suscep-tible drsquoaffecter les enfants directement (exposition aux produits pendant la grossesse81) ou accidentellement ou indirectement agrave travers lrsquoimpact sur les relations parent-enfant

Pour autant la consommation de substances psychoactives des parents ne constitue pas en soi un danger pour lrsquoenfant82 excepteacutee en cas de gros-sesse83 Dans ce cas la consommation

81 Anne WHITTAKER Ewen CHARDRONNET (trad) Guide concernant lrsquousage de substances psy-choactives durant la grossesse RESPADD 2013 340 p

82 Laurence SIMMAT-DURAND laquo Les profession-nels de la materniteacute et de lrsquoenfance et le signalement des enfants de megravere toxicomane raquo Psychotropes vol 14 ndeg 3 2008 pp 179-199

83 Suivi et orientation des femmes enceintes en fonction des situations agrave risques identifieacutes Haute Autoriteacute de Santeacute mise agrave jour mai 2016 42 p (Re-commandations professionnelles)

de substances illicites drsquoalcool etou de tabac ainsi que le sevrage et la substi-tution en peacuteriode preacute-conceptuelle ou durant la grossesse sont consideacutereacutees comme des situations agrave risques devant faire lrsquoobjet drsquoun suivi particulier

Les difficulteacutes rencontreacutees par les familles peuvent eacutegalement ecirctre lieacutees aux conditions de vie (ressources fi-nanciegraveres logement etc) agrave la compo-sition familiale (monoparentaliteacute etc) et agrave la santeacute somatique et mentale des parents

Agrave lrsquoinverse la parentaliteacute peut par-fois constituer un eacuteleacutement drsquoeacutetayage ou un ressort de motivation au chan-gement pour les personnes usagegraveres de drogues84

Le soutien agrave la fonction parentale des usagers de drogues repose donc sur une eacutevaluation au cas par cas des ressources et des besoins parentaux tenant compte de cette pluraliteacute de paramegravetres au regard de lrsquointeacuterecirct de

84 Sylvie WIEVIORKA laquo Quand les parents sont toxi-comanes raquo Enfances amp Psy vol 4 ndeg 37 2007 pp 90-100

Agrave RETENIR

Pour permettre lrsquoapprentissage du risque avant lrsquoadolescence les parents doivent ecirctre en mesure de repeacuterer comprendre les speacutecificiteacutes de la socieacuteteacute dans laquelle ils guident leur enfant

Aller vers les parents par une synergie drsquoactions de plusieurs acteurs speacute-cialistes et non speacutecialistes de lrsquoaddiction est indispensable agrave une eacuteducation participative en preacutevention des conduites agrave risques de lrsquoenfant

Les parents pourront ainsi mieux identifier et preacutevenir des conduites a priori anodines mais susceptibles de creacuteer des situations complexes plus tard

72 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 73

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2 SrsquoAPPUYER SUR DES PAIRS BIENVEILLANTS

La preacutevention par les pairs sera ici envi-sageacutee dans deux champs lrsquoadolescence et le milieu professionnel

DEacuteFINITIONS Les pairs deacutesignent des individus

ayant des caracteacuteristiques communes telles que le sexe lacircge les centres din-teacuterecirct les loisirs les aspirations les modes de viehellip Ce concept fait le plus souvent reacutefeacuterence aux groupes dacircge et plus speacutecifiquement aux groupes dado-lescents dont les membres sont eacutetroite-ment lieacutes par une culture de jeunesse Toutefois tout groupe social ainsi carac-teacuteriseacute peut faire laquo pair raquo Leacuteducation par les pairs repose sur

lrsquoideacutee qursquoun message deacutelivreacute agrave un indi-vidu par un autre au sein drsquoun groupe de pairs peut ecirctre plus creacutedible et efficient que celui proposeacute par les figures repreacute-sentant lrsquoautoriteacute Concernant les jeunes elle postule que les groupes de pairs ont une grande influence sur leur eacutevolution et leur deacuteveloppement en tant qursquoinstance fondamentale de la socialisation Leacuteducation par les pairs permet dameacuteliorer les processus parti-cipatifs au sein de la socieacuteteacute

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS AUTOUR DE LrsquoADOLESCENCECertaines actions de preacutevention visent agrave stimuler la reacutef lexion des jeunes consommateurs Elles ont pour objectif de les accompagner agrave partir de leurs expeacuteriences personnelles dans une ana-lyse de leurs propres parcours sous les effets directs ou indirects de groupes drsquoappar tenance reacuteelle ou souhaiteacutee Lrsquoapproche leur donne accegraves agrave une meil-leure compreacutehension de la pression ou influence du groupe pouvant amputer leur deacutesir de liberteacute et drsquoautonomieParmi les actions de renforcement des compeacutetences psychosociales des jeunes certaines ont pour vecteur lrsquoeacuteducation par les pairs86 en tant qursquoapproche drsquoeacutedu-cation agrave la santeacute Elle implique un eacutechange dinformations et dopinions avec dautres personnes qui laquo font raquo pairs afin de questionner des comportements de corriger des informations fausses et de stimuler des attitudes et des aptitudes positives vis-agrave-vis de la santeacute Cette approche repose sur le fait quagrave certains moments de la vie particuliegravere-ment dans la jeunesse linfluence des pairs est plus grande que dautres voies dinfluence Cest une approche alterna-tive ou compleacutementaire aux strateacutegies traditionnelles deacuteducation pour la santeacute en particulier dans la preacutevention au sujet des drogues et du Virus de lImmunodeacute-ficience Humaine87

86 Yaeumllle AMSELLEM-MAINGUY laquo Qursquoentend-on par eacuteducation pour la santeacute par les pairs raquo Cahiers de lrsquoaction ndeg 3 2014 pp 9-16

87 Glossaire des termes de santeacute publique internationaux

ILLUSTRATION

laquo Treacutesor de parents raquo outil drsquoanimation deStineacute aux parentS produit par lrsquoanpaa en hautS-de-france

laquo Treacutesor de parents raquo est un jeu coopeacute-ratif destineacute agrave animer des groupes de parents de preacute-adolescents et adoles-cents Un jeu de penseacutee positive sans moralisation qui srsquoappuie sur les res-sources et les compeacutetences des parents les aider agrave exprimer leurs ressentis leurs points de vue leurs faccedilons de reacuteagirhellip

OBJECTIF GEacuteNEacuteRAL

Aider les parents agrave situer leur place et leur rocircle dans la preacutevention des conduites agrave risques aupregraves de leur adolescent etou preacute-adolescent dans une deacutemarche eacuteducative globale

SES OBJECTIFS OPEacuteRATIONNELS

SONT DAIDER LES PARENTS Agrave

Aborder plus facilement les prises de risques avec leur adolescent

Situer les prises de risques dans le processus de deacuteveloppement de lrsquoadolescent

Faire eacutemerger leurs reacuteussites leurs compeacutetences et celles de leur adolescent

Creacuteer les conditions drsquoun dialogue avec leur adolescent

Trouver un style eacuteducatif adapteacute aux besoins et difficulteacutes de lrsquoadolescent

Reconnaicirctre identifier les prises de risques probleacutematiques et celles qui ne le sont pas

Ecirctre en capaciteacute de solliciter de lrsquoaide en cas de difficulteacute relationnelle ou de prises de risques speacutecifiques

Des situations de jeu ancreacutees dans le veacutecu quotidien auxquelles les parents reacutepondent gracircce agrave des cartes laquo situa-tion raquo des dessins humoristiques des quizz des cartes laquo petites reacuteussites et grandes victoires raquo

LES THEacuteMATIQUES ABORDEacuteES

Lrsquoalcool le tabac le cannabis les eacutecrans les jeux de hasard et drsquoargent les comportements alimentaires les meacutedicaments psychotropes la vie af-fective et sexuelle et les autres prises de risques et polyconsommations les ressources lieacutees agrave la parentaliteacute

CONTEXTE DE MISE EN ŒUVRE

Cet outil peut ecirctre animeacute par tout pro-fessionnel socio-eacuteducatif ou meacutedico-social aupregraves de groupes de parents (qui se connaissent ou non en amont de lrsquoanimation) Les parents peuvent venir par exemple de centres sociaux de maisons de quartier drsquoeacutetablisse-ments scolaires de cafeacutes des parents Maison drsquoenfants agrave caractegravere social (MECS)hellip Il est neacutecessaire de preacutevoir une animation drsquoenviron deux heures

Ce jeu nrsquoest pas adapteacute pour une ani-mation sous forme de laquo stand raquo avec arriveacutee et deacutepart permanent des par-ticipants

74 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 75

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

La notion ambivalente de co-usager

Les comportements potentielle-ment addictogegravenes et les consomma-tions de substances psychotropes ont souvent lieux en preacutesence drsquoun tiers Le plus souvent il srsquoagit de quelqursquoun avec qui lrsquoon partage ce moment cette expeacuterience Ces personnes teacutemoins et actrices des consommations de lrsquoautre comme lrsquoautre peuvent-elles jouer un rocircle dans la preacutevention la reacuteduction des risques et lrsquoaccegraves aux soins dans le groupe

Plusieurs mouvements de preacuteven-tion et drsquoeacuteducation par les pairs en font la thegravese et connaissent un grand engouement Cette approche pose toutefois la question des nombreux travers qursquoelle peut engendrer

Qursquoest-ce qui fait laquo pair raquo Que faut-il eacuteviter pour que le pair soit creacute-dible et agent de changement Com-ment eacuteviter lrsquoeacutecueil drsquoecirctre consideacutereacute comme une copie des acteurs de preacute-vention traditionnels ou des adultes qui reacutegurgiteraient leurs discours bien appris laquo des pairrsquohoquets raquo

Eacuteleacutements de reacuteflexion sur lrsquoaction drsquoeacuteducation par les pairs

Lrsquoeacuteducation pour la santeacute par les pairs demande du temps Elle laquo neacute-cessite drsquoecirctre inscrite dans la dureacutee (hellip) il est essentiel que les autres jeunes srsquohabituent agrave ces jeunes

pairs-eacuteducateurs et appreacutehendent au mieux leurs rocircles raquo88

Quand la consommation de produit fait laquo groupe raquo ou a lieu dans un groupe des pheacutenomegravenes de loyau-teacute de protectionhellip sont agrave estimer Dans le contexte particulier de la famille les risques de placement ou de signalement peuvent renforcer le laquo secret raquo De mecircme la situation peut ecirctre tregraves diffeacuterente en fonc-tion du sexe de lrsquoacircge (diffeacuterents acircges de responsabiliteacute leacutegale) de la personne consommatrice en diffi-culteacute et en fonction de qui est le co-usager pair ou non (adulte ou autre mineur famille (fratrie ascen-dantshellip)) Le contexte de consommation (fecircte scolaire parascolaire club sportif milieu professionnel ou de stage agrave domicile consommation cacheacutee ou nonhellip) rajoute son lot de speacutecificiteacute drsquoapproche avec des inclusions diffeacuterentes drsquoadultes res-sources et de pairs Dans les groupes drsquoappartenance ougrave des comportements addictifs ont lieu de faccedilon reacutecurrente cer-tains co-usagers plus acircgeacutes laquo expeacute-rimenteacutes raquo tiennent de faccedilon ano-nyme le rocircle de pairs dans une forme drsquoapprentissage sur lrsquoinstant et par lrsquoexemple drsquoune consomma-tion laquo agrave moindre risques raquo

88 Ibid

Les appuis psycho-sociaux de lrsquoeacuteduca-tion par les pairs69 sont les suivants

Les jeunes sont les laquo experts de ce qursquoils vivent en tant que jeunes avec une perspective privileacutegieacutee sur ce qursquoils vivent raquo

Ils sont souvent motiveacutes par le chan-gement

Les groupes de pairs peuvent avoir un effet de laquo multiplicateurs raquo lorsque les ressources sont limiteacutees et qursquoun grand nombre de personnes souhaite avancer Par des effets en cascade un changement au sein drsquoune communauteacute locale est susceptible drsquointervenir plus rapidement et plus profondeacutement

Les jeunes sont valoriseacutes en faisant appel agrave leurs propres compeacutetences pour informer ou aider drsquoautres jeunes laquo leurs pairs raquo

laquo Avec des soutiens et encourage-ments les jeunes peuvent parvenir agrave geacuterer le processus eacuteducatif et lrsquoeacutechange drsquoinformations raquo Tout deacutependra de lrsquoenvironnement dans lequel le pro-gramme sera mis en action

Les jeunes sont par ailleurs ameneacutes agrave prendre des responsabiliteacutes vis-agrave-vis des sujets de santeacute de mode de vie et parti-culiegraverement de conduites addictives

Ils deacuteveloppent des compeacutetences de laquo facilitateur raquo de la discussion sou-tiennent le travail des professionnels de lrsquoeacuteducation instaurent un rapport de confiance chez les adultes qui peuvent mieux comprendre leur point de vue

Le focus sur lrsquoacquisition et le deacuteve-loppement des compeacutetences psycho-sociales est lrsquoobjectif essentiel en termes de preacutevention Il srsquoagira de tra-vailler par exemple sur la deacutefinition de

la santeacute de lrsquoinfluence les groupes drsquoap-partenance les eacutemotions la conscience de soi lrsquoempathie Cela doit amener les jeunes agrave se questionner pour et sur eux-mecircmes mais eacutegalement pour et sur leur entourage

76 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 77

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte La responsabiliteacute socieacutetale des entre-prises (RSE) et de la reacuteglementation en matiegravere de preacutevention des risques pro-fessionnels sont des avanceacutees qui aident agrave lever les tabous toujours domma-geables concernant les difficulteacutes au tra-vail et les addictions sur le lieu de travail Lrsquoentourage certes de faccedilon ineacutegale selon les secteurs drsquoactiviteacutes est de moins en moins en prise avec les effets de loi du silence ou de loyauteacute imposeacutee par la structure ou le groupe de colla-borateursDe nombreux outils sont deacuteveloppeacutes en interne avec lrsquoappui drsquointervenants pour mettre en place des attitudes et des capaciteacutes agrave reacuteagir au sein de lrsquoentreprise entre collaborateurs et agrave diffeacuterents ni-veaux hieacuterarchiques

Dans ce cadre la preacutevention des risques lieacutes aux probleacutematiques addictives drsquoun collaborateur aura tout inteacuterecirct agrave se pla-cer dans une dynamique drsquoeacuteducation par les pairs chaque membre de lrsquoen-treprise sera ameneacute agrave deacutevelopper des compeacutetences de pairs en termes de vigilance et drsquoeacutecoute Crsquoest aussi toute une culture de la bienveillance en milieu de travail qui peut srsquoy rattacher

Fondement de lrsquoaction de preacuteven-tion en milieu professionnel

Identifier et faire connaicirctre dans lentreprise quelles sont les personnes ressources instances repreacutesentatives du personnel service de santeacute au travail

preacuteventeurs et pairs personnes for-meacutees agrave piloter une deacutemarche de preacute-vention

Deacutevelopper une deacutemarche inclusive et participative de tous les salarieacutes agrave tous les niveaux hieacuterarchiques

Aider les personnes en difficulteacute dans le cadre du contexte professionnel avec pour but de maintenir ces per-sonnes dans lentreprise et non les ex-clure

Services de santeacute au travail Ils ont pour mission exclusive deacuteviter toute alteacuteration de la santeacute des travail-leurs du fait de leur travail A cette fin notamment ils conseillent les em-ployeurs les travailleurs et leurs repreacute-sentants sur les dispositions et mesures neacutecessaires afin deacuteviter ou de diminuer les risques professionnels dameacuteliorer les conditions de travail de preacutevenir la consommation dalcool et de drogue sur le lieu de travail89

Les actions agrave mener peuvent ecirctre Aider les personnes agrave eacutevaluer les

risques lieacutes agrave leur usage de substances psychoactives agrave sinterroger sur leurs pratiques de consommation et deacutevelop-per des capaciteacutes agrave faire des choix

Pour les personnes en difficulteacute les informer en quoi leur consommation impacte leur travail susciter leur capa-citeacute agrave demander de laide et leur indi-quer comment avec qui et dans quelles structures drsquoaccompagnement et de soins dans le respect de leur vie priveacutee Crsquoest ici que se placera singuliegraverement

89 L4622-2 du code du travail

ZOOM

Preacutevention des risques professionnels lieacutes aux conduites addictivesune deacutemarche Speacutecifique propoSeacutee par lrsquoanpaa

La deacutemarche de lrsquoANPAA est une deacutemarche globale Elle prend en compte tous les professionnels de lrsquoentreprise (publique ou priveacutee) et pas uniquement ceux pour lesquels la consommation est repeacutereacutee par lrsquoem-ployeur ou le service de santeacute au tra-vail comme probleacutematiqueLa deacutemarche globale drsquointervention en milieu professionnel de lrsquoANPAA comporte trois volets

La preacutevention collective sur la base du code de la route du code du tra-vail et du regraveglement inteacuterieur de lrsquoen-treprise

Lrsquoaccompagnement des salarieacutes en difficulteacute comment les orienter vers lrsquoaccompagnement et les soins vers qui avec qui

Le conseil pour la gestion par lrsquoen-treprise de situations difficiles sur le lieu de travail (regraveglement inteacuterieur conduites agrave tenir face agrave un salarieacute en eacutetat drsquoivresse manifeste face agrave un sala-rieacute en difficulteacute chronique etc)

La formation de volontaires relais de preacutevention permettant lrsquoacquisition drsquooutils neacutecessaires pour agir en pairs au sein de lrsquoentreprise dans une pos-ture qui doit avant tout permettre drsquoaider les personnes en difficulteacute

Cette deacutemarche srsquoappuie notamment sur le CHSCTComiteacute social et eacuteco-nomique (CSE) le service de santeacute au travail la direction des ressources humaines les preacuteventeurs au sein de lrsquoentreprise

une eacuteducation par les pairs dans le contexte de compeacutetences psychoso-ciales acquises ou par une formation deacutedieacutee

Pour lentreprise agir sur lenviron-nement qui peut ecirctre incitateur afin de reacuteduire les risques

Faire appel agrave la responsabilisation de

chacun selon son niveau de responsa-biliteacute au sein de lrsquoentreprise tout en consideacuterant la regravegle premiegravere drsquoassis-tance agrave personne en danger le cas eacutecheacuteant

Rappeler et faire respecter le code du travail le regraveglement inteacuterieur et les proceacutedures internes de lentreprise

78 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 79

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 MOBILISER DES ACTEURS ET OUTILS

MOBILISER LES PARTENARIATS La preacutevention des impacts sur lrsquoentou-rage des conduites addictives drsquoun proche srsquoinscrit dans une continuiteacute drsquoactions depuis le repeacuterage en passant par lrsquoalerte et lrsquoaccompagnement sur un territoire donneacuteDans ce contexte des professionnels des secteurs sanitaires sociaux et meacute-dico-sociaux mais pas uniquement non speacutecialiseacutes en addictologie pourront ecirctre mobiliseacutesNotamment concernant la preacutevention des risques de co-deacutependance et de parenti-fication des enfants le cercle de collabo-ration peut srsquoeacutelargir au monde eacuteducatif et socioculturel tel que le service jeunesse clubs sportifs lrsquoEducation Nationale la CAF etc et les lieux de soins ou de suivi meacutedico-social de lrsquoenfanceConcernant le monde professionnel il srsquoagira de se tourner vers les acteurs speacutecialiseacutes de preacutevention en consideacuterant les interactions possibles avec les ser-vices internes agrave lrsquoentreprise ou ex-ternes direction du travail service de santeacute au travail groupements profes-sionnels feacutedeacuterations locales pour des actions seacutelectives et cibleacutees

Non-exhaustive la liste suivante des acteurs-ressources doit srsquoadapter agrave chaque contexte local et de public pour nouer les partenariats utiles au repeacuterage et agrave lrsquoaccompagnement

Secteur de lrsquoenfance et de la jeu-nesse en particulier la Protection Ma-ternelle et Infantile (PMI) lrsquoAide Sociale

agrave lrsquoEnfance (ASE) les centre Meacutedico Psycho Peacutedagogique (CMPP) les Point drsquoAccueil Eacutecoute Jeunes (PAEJ)et mai-sons des adolescents90 Secteur de la parentaliteacute en particu-

lier les Reacuteseaux drsquoEacutecoute Appui et drsquoAc-compagnement des parents (REAPP) les services de meacutediation familiale (agrave la de-mande des parties ou agrave la demande drsquoun juge) les lieux drsquoaccueil enfants-parents (LAEP) les Centre de Planification et drsquoEacuteducation Familiale (CPEF)91 les centres drsquoInformation sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) Milieu professionnel en particulier

les Comiteacutes Sociaux et Economique (CSE)92 Les services de santeacute au travail93

Autres milieux en particulier les services de santeacute scolaire et universi-taire les services drsquoActions Eacuteducatives en Milieu Ouvert (AEMO) la Protection Judiciaire Jeunesse (PJJ) et les services peacutenitentiaires drsquoinsertion et de proba-tion (SPIP)

90 Coordonneacutees des maisons des adolescents et PAEJ sur httpcartosantejeunesorg

91 Coordonneacutees des CPEF httpsivggouvfrles-centres-de-planification-ou-d-education-familialehtml

92 Le CSE est destineacute agrave remplacer lensemble des ins-titutions repreacutesentatives eacutelues du personnel de lentre-prise pour toutes les entreprises dau moins 11 salarieacutes Dici le 1er janvier 2020 il se substituera notamment aux deacuteleacutegueacutes du personnel au comiteacute dentreprise et au comiteacute dhygiegravene de seacutecuriteacute et des conditions de travail (CHSCT) En revanche les repreacutesentants du personnel deacutesigneacutes par exemple les deacuteleacutegueacutes syndicaux restent en place Dans les entreprises drsquoau moins 300 salarieacutes le CSE doit comporter une commission santeacute seacutecuriteacute et conditions de travail (CSSCT) dont les principales missions correspondent pour tout ou partie agrave celles auparavant confieacutees au CHSCT

93 Plus drsquoinformation sur httptravail-emploigouvfremploiinser tion-dans-l-emploiemploi-et-handicapprevention-et-maintien-dans-l-emploiservices-de-sante-au-travail-sst

ZOOM

Violences intrafamiliales et neacutecessaire attention des professionnels

Reconnaicirctre la violence Les violences srsquoinscrivent dans un continuum drsquoattitudes et de compor-tements allant du verbal aux coups du mateacuteriel au symbolique du physique au psychique impactant toute la cel-lule familialeCes violences sont faciliteacutees et insuffi-samment combattues pour plusieurs facteurs notamment Le sexisme des socieacuteteacutes humaines lrsquoanthropologue Franccediloise Heacuteritier94 estime que partout de tout temps et en tout lieu le masculin est consideacutereacute comme supeacuterieur au feacuteminin qursquoelle deacutefinit comme laquo la valence diffeacuteren-tielle des sexes raquo

94 Franccediloise HERITIER Masculin Feacuteminin La pen-seacutee de la diffeacuterence Odile Jacob 1995 332 p

Les liens de parentaliteacutes consideacutereacutes comme relevant de la sphegravere de lrsquoin-time avec notamment pour conseacute-quence la non-peacutenalisation des laquo fes-seacutees raquo parentalesDans leur expression paroxysmique les violences intrafamiliales en France crsquoest une femme qui deacutecegravede tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint95 deux en-fants qui deacutecegravedent chaque jour dans le cadre de maltraitances parentales96 et 80 des mauvais traitements infli-geacutes sur un enfant ayant lieu au sein de la famille

95 Observatoire national des violences faites aux femmes

96 Anne TURSZ Les oublieacutes Enfants maltraiteacutes en France et par la France Le Seuil 2010 432 p

Agrave RETENIR

Les professionnels de lrsquoaddictologie doivent Communiquer sur les ressources existantes en matiegravere de preacutevention repeacute-

rage orientation accompagnement et soins par tout moyen (par teacuteleacutephone en ligne et par les groupes drsquoauto-support) aupregraves de lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Srsquoappuyer sur des partenariats forts avec les acteurs non speacutecialiseacutes engageacutes sur les questions relatives agrave lrsquoentourage

80 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 81

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Reacuteduire les risques et les dommages dans le champ des addictions

Crsquoest porter la plus grande attention aux liens qui peuvent srsquoopeacuterer entre conduites addictives et violences

Du fait des psycho traumas issus de violences subies par le passeacute cer-taines personnes sont confronteacutees agrave des probleacutematiques addictives

Rendues plus vulneacuterables du fait de leurs conduites addictives certaines personnes ont plus de risques drsquoecirctre victimes de violencesLes conduites addictives peuvent ecirctre des facteurs facilitant les passages agrave lrsquoacte violent pour certaines personnes

Les professionnels doivent donc porter une attention particuliegravere agrave ces ques-tions de violences subies ou commises

Questionner systeacutematiquement les personnes sur drsquoeacuteventuelles violences subies par le passeacute ou actuellement

Ne pas craindre une laquo poten-tielle raquo rupture du lien theacuterapeutique avec une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives dont on ap-prend des actes de violences sur des tiers

Opeacuterer des signalements degraves que les circonstances semblent les rendre neacutecessaires

Faire connaicirctre leurs droits aux personnes victimes et mobiliser les ressources existantes sur le territoire

Diffuser largement les numeacuteros de teacuteleacutephonie deacutedieacutes

Enfance en danger 119 Violences femmes Info 39 19

ILLUSTRATION

Violences intrafamiliales dans un contexte de probleacutematique addictive expeacuterience du cSapa anpaa danS le cher en partenariat

ACTION PARTENARIALE

Cette action partenariale a mobiliseacute le CSAPA ANPAA dans le Cher La DGS La preacutefecture du Cher (par la chargeacutee de mission du Droit des Femmes et le substitut du Procureur) la Maison des Adolescents et des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie

HISTORIQUE

Degraves 2008 lrsquoANPAA dans le Cher accentue lrsquoaccueil et lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage en proposant du soutien individuel mais eacutegalement un soutien theacuterapeutique par le biais de la theacuterapie familiale systeacutemique Si les pratiques addictives sont consideacutereacutees comme des conduites principalement individuelles elles ont des reacutepercus-sions eacutevidentes sur le fonctionnement familial et reacuteciproquement

En 2012 suite agrave un appel agrave projets de la DGS lrsquoANPAA obtient un finan-cement de 18 mois pour deacutevelopper un projet de preacutevention drsquoaccegraves aux soins et de soins en direction des femmes sur le deacutepartement du Cher

Au cours de ces 18 mois la vulneacute-rabiliteacute particuliegravere des femmes amegravene lrsquoeacutequipe agrave adapter les moyens drsquoaccompagnement dont la place des

enfants et agrave se rapprocher de parte-naires jusque-lagrave peu solliciteacutes

En 2014 la preacutefecture du Cher en la personne de la chargeacutee de mission au Droit des femmes et du substitut du procureur reacuteunit des profession-nels pour innover et construire une reacuteponse singuliegravere Le substitut sou-ligne alors que dans le Cher lrsquoalcool est preacutesent dans 70 des cas de vio-lences intrafamiliales LrsquoANPAA se saisit de cette opportu-niteacute et constitue un groupe de reacute-flexion interne chargeacute drsquoeacutelaborer et de mettre en œuvre un projet speacutecifique

LrsquoANALYSE EFFECTUEacuteE PAR LrsquoANPAA

DEacuteGAGE TROIS PRIORITEacuteS

1 Lrsquoaccueil des enfants en centre de soin lrsquoouverture de la Maison des Adolescents a favoriseacute cette possibiliteacute 2 Un besoin de formation les pro-fessionnels se sont formeacutes agrave lrsquoeacutevalua-tion du risque traumatique et agrave lrsquoac-compagnement des enfants 3 Des parcours de vie poly-trauma-tiques de femmes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Drsquoun point de vue clinique au-delagrave de la litteacuterature dans le domaine lrsquoeacutequipe observe chez les usagers et en particulier chez les femmes preacutesentant des conduites addictives des probleacute-matiques lieacutees agrave des histoires de vie ponctueacutees de ruptures et de trauma-tismes Souvent des anteacuteceacutedents deacute-pressifs anxieux des conditions de vie peacutenibles et des traumatismes lieacutes agrave des abus sexuels apparaissent dans la vie

82 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 83

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

des femmes victimes La violence est ainsi tregraves preacutesente dans leur parcours

Soit agrave lrsquoorigine de leur probleacutematique Soit dans leur quotidien leurs pro-bleacutematiques les placcedilant en situa-tions de fragiliteacute qui les rendent plus souvent victimes de violences Soit parce que lrsquoaddiction chez une femme est assimileacutee agrave une tare qui entraicircne culpabiliteacute et honte avec des consommations plus souvent cacheacutees Lrsquoimpact de la combinaison conduites

addictives et violence aupregraves des en-fants est incontournable Ce constat srsquoappuie sur les eacuteleacutements judiciaires (dont le devenir drsquoenfants victimes de violences intrafamiliales) sur le reacutecit de vie des usagers du centre de soins et eacutegalement sur les teacutemoignages des jeunes rencontreacutes agrave la Maison des Ado-lescents pour des probleacutematiques ou des questionnements paraissant au deacutepart bien eacuteloigneacutes de cette question

LE PROJET PORTEacute PAR LrsquoANPAA

DANS LE CHER SrsquoADRESSE

DrsquoUNE PART AUX FEMMES DrsquoAUTRE

PART AUX ENFANTS

En direction des femmes contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reacutecidive agrave travers des consultations individuelles et un groupe de parole de femmes

En direction des enfants contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reproduction intergeacuteneacuterationnelle de la violence et

des conduites addictives par des consultations individuelles et familiales et atelier de preacutevention laquo les prsquotits chefs de la preacutevention raquo

LES PrsquoTITS CHEFS

DE LA PREacuteVENTION

Animeacute par un animateur de preacuteven-tion ou eacuteducateur speacutecialiseacute cet ate-lier srsquoadresse agrave des enfants acircgeacutes de 5 agrave 12 ans et a pour objectif la diffusion de connaissances le deacuteveloppement de compeacutetences psychosociales le deacuteveloppement de lrsquoautonomie et de la responsabilisation la preacutevention de la premiegravere consommation lrsquoeacutechange parents-enfants-professionnelsCes modaliteacutes de mise en œuvre sont les suivantes

Le groupe srsquoappuie sur des meacutedia-tions adapteacutees (jeux dessins outils de preacutevention hellip) afin de deacutevelopper etou renforcer les compeacutetences psycho-sociales des enfants

Ce groupe fermeacute de huit enfants se deacutecline en cinq seacuteances de deux heures trente lors de chaque peacuteriode de vacances scolaires

Au cours de chaque seacuteance deux compeacutetences psychosociales sont tra-vailleacutees Ensuite un goucircter est preacute-pareacute par les enfants afin de proposer un temps drsquoeacutechange et de partage entre enfants parents et profession-nel de lrsquoANPAA du Cher

Une eacutevaluation est produite agrave la fin de chaque seacuteance afin drsquoappreacutecier la satisfaction des participants de leurs parents et lrsquoatteinte des objectifs

OUTILS POUR SrsquoINFORMER ORIENTER ET SrsquoORIENTER

Outils agrave destination de lrsquoentourageLes personnes de lrsquoentourage de per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peuvent disposer de pre-miegraveres reacuteponses agrave leurs interrogations de maniegravere anonyme gracircces aux lignes teacuteleacutephoniques du groupement drsquointeacuterecirct public Addictions Drogues Alcool Info Service (ADALIS)

Alcool info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 0 980 980 930 et en ligne httpalcool-info-servicefrAvec une rubrique deacutedieacutee laquo lrsquoalcool et vos proches raquo proposant plusieurs conseils

Lalcool dans la famille Comment savoir si un proche a un problegraveme Mon conjoint boit comment en parler agrave mes enfants Mon ado organise une soireacuteehellip

Aider ecirctre aideacute Comment aider un proche Il a recommenceacute agrave boirehellip Comment me faire aider

Drogue info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel gratuit depuis un poste fixe 0800 23 13 13 et en ligne httpwwwdrogues-info-servicefr

Joueurs info service de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 09 74 75 13 13 Et en ligne httpwwwjoueurs-info-ser-vicefr

Un ensemble de services sont proposeacutes Des conseils en ligne Par laquo chat raquo en ligne sur le site web

deacutedieacute Une eacutecoute et des conseils personna-

liseacutes par teacuteleacutephone En adressant ses questions par formu-

laire sur le web rubrique laquo vos ques-tions nos reacuteponses raquo

Les adresses utiles en preacutevention (conseil consultation documentaire in-tervention de preacutevention) en soins (meacutedico-social sanitaire ambulatoire ou reacutesidentiel) professionnels (formation coordination des soins) Outils agrave destination des professionnels

Travailler en preacutevention pour et avec lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peut prendre de multiples formes et concer-ner de nombreux thegravemes sous-jacents La formation et le conseil des eacutequipes ou des interlocuteurs non speacutecialiseacutes en addictologie notamment de premiegravere ligne susceptibles de repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addic-tives aupregraves des personnes de lrsquoentou-rage ndash (cellule familiale ou en milieu professionnel) ndash doivent ecirctre accompa-gneacutes par les professionnels de lrsquoaddicto-logie agrave travers des actions de conseil et de formation pour leur permettre de

Savoir eacutevoquer et repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addictives

Savoir orienter vers les lieux res-sources notamment en matiegravere drsquoac-compagnement les CSAPA ont aussi pour mission lrsquoaccompagnement des personnes de lrsquoentourage

GUIDE REPEgraveRES 85

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

84 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Des formations agrave envisager notam-ment sur les theacutematiques suivantes

Notions de base en addictologie Entretien de premier accueil accueil

et orientation de lrsquoentourage Questions de parentaliteacute Theacuterapie familiale avec notamment

des outils comme le geacutenogramme la transmission intergeacuteneacuterationnelle

Agrave RETENIR

Les formations proposeacutees par lrsquoANPAA sinscrivent dans les champs de la preacutevention et du conseil en addictologie

Des stages de formation en addictologie sont organiseacutes dans toute la France Pour lessentiel ces stages sont destineacutes agrave des professionnels relais dans les entreprises des services administratifs locaux des associations qui agissent aupregraves des personnes en difficulteacute

Le maillage territorial de lrsquoANPAA permet de deacutevelopper aussi un panel de formations en lien avec les besoins et les ressources des territoires et des pu-blics cible

Certaines formations abordent les questions touchant agrave lrsquoentourage agrave la preacutevention des risques agrave son accueil ou agrave ses souffrances comme la co-deacutepen-dance

Dans le cadre de la preacutevention des conduites addictives en milieu profes-sionnel le plan gouvernemental preacutevoit plusieurs actions dont la formation des professionnels de santeacute des services de santeacute au travail en service autonome ou interentreprises agrave la preacutevention des conduites addictives

3fraslthinsp1PRIMO-DEMANDE

ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

1 ACCOMPAGNER LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

UNE MISSION DES CSAPALrsquoentourage est accueilli en CSAPA au mecircme titre que les personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives et beacuteneacuteficient des mecircmes possibiliteacutes de prise en compte de leurs probleacutema-tiques speacutecifiques agrave travers une eacutecoute et un accompagnement personnaliseacuteAinsi les CSAPA laquo assurent pour les personnes ayant une consommation agrave

risque un usage nocif ou preacutesentant une deacutependance aux substances psychoac-tives ainsi que pour leur entourage laccueil linformation leacutevaluation meacutedi-cale psychologique et sociale et lorien-tation de la personne ou de son entou-rage [hellip] raquo97 De ce fait les professionnels du CSAPA peuvent intervenir aupregraves de lrsquoentou-rage dans une assez grande varieacuteteacute de situations

La personne de lrsquoentourage en diffi-culteacute avec les conduites addictives de lrsquoautre lrsquoautre eacutetant en deacutemarche drsquoac-compagnement ou de soins dans le

97 Deacutecret ndeg 2007-877 du 14 mai 2007 relatif aux mis-sions des centres de soins daccompagnement et de preacutevention en addictologie

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

1 PRIMO-DEMANDE ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

3 ORIENTATIONS PSYCHOTHEacuteRAPEUTIQUES

86 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 87

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

longue peacuteriode de difficulteacutes tues voire un pheacutenomegravene de co-deacutependance ins-talleacutee

Geacuteneacuteralement la personne de lrsquoen-tourage masque son propre besoin drsquoaide ou drsquoaccompagnement qursquoelle nrsquoest pas encore en mesure de formuler par une primo-demande de soutien pour laquo lrsquoautre raquo celui qui a un problegraveme avec ses conduites addictives

Qursquoelle que soit la position de cette personne de lrsquoentourage la deacutemarche qursquoelle accomplit doit ecirctre consideacutereacutee avec la plus grande attention car lrsquoimpli-cation des familles des proches aupregraves des usagers constitue un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sen-sibiliseacutes eacutecouteacutes peuvent soutenir lrsquousa-ger dans sa deacutemarche de reacuteduction des risques et des dommages

IDENTIFIER LES MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGELa demande drsquoaide deacutetourneacutee ou pas du conjoint ou du parent est freacutequem-ment motiveacutee par un moment de crise face agrave un eacutevegravenement laquo grave raquo ou un laquo eacutevegravenement de trop raquo lieacute aux conduites addictives comme

Le deacuteni des consommations Une reprise de consommation apregraves

une peacuteriode drsquoabstinence Des actes de violence conjugale ou

familiale (violences verbales physiques agressions sexuelles ou viol) sous lrsquoeffet drsquoun produit

La personne est souvent la seule agrave solli-citer de lrsquoaide

Elle vient consulter en exprimant tou-cher une limite par rapport agrave ce qursquoelle peut supporter de son proche

Lrsquoexigence de lrsquoarrecirct de la consomma-tion du conjoint en difficulteacute avec ses conduites addictives est un signe de la souffrance du proche et de son eacuteven-tuelle co-deacutependance Crsquoest une forme drsquoappel au secours

Le proche non-deacutependant lorsqursquoil srsquoagit du conjoint veut faire laquo repartir le couple comme avant raquo Cette deacutemarche deacutesigne le partenaire en difficulteacute avec ses conduites addictives comme unique responsable du malaise conjugal et comme laquo malade raquo agrave soigner pour reacuteta-blir lrsquoeacutequilibre du couple

La demande peut aussi porter sur Une aide pour mieux geacuterer les pro-blegravemes lieacutes aux conduites addictives de leur partenaire

Une demande drsquoaccompagnement de leur conjoint afin de leur laquo faire arrecircter raquo les consommations (les problegravemes)

Peu de personnes de lrsquoentourage expriment un besoin drsquoaide pour elles-mecircmes Il srsquoagit tregraves souvent de lrsquoautre et non de soi

Cette demande drsquoaide implique for-ceacutement que les parties srsquointerrogent et se positionnent sur la place que chacun est precirct agrave faire agrave lrsquoautre agrave travers des attentes exprimeacutees vis-agrave-vis de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives mais surtout par rapport au veacutecu du couple et agrave sa faccedilon de se pro-jeter agrave travers un avenir commun

mecircme eacutetablissement ou pas Lrsquoaccompa-gnement est centreacute sur la personne de lrsquoentourage et ses difficulteacutes

Les personnes deacutesireuses de soute-nir leur proche addict dans sa deacutemarche de changement

Les personnes de lrsquoentourage invi-teacutees par un professionnel en accord avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictivesCes personnes de lrsquoentourage peuvent ecirctre reccedilues individuellement ou avec leur proche ou en groupe agrave viseacutee infor-mative ou theacuterapeutique selon ce qui est proposeacute par lrsquoeacutetablissement

Selon les attentes de la personne en premiegravere consultation il sera question drsquoassurer

Une eacutecoute et une eacutevaluation de la demande

Un soutien en tant que personne en souffrance sous lrsquoeffet drsquoune co-deacutepen-dance conscientiseacutee ou pas

Une information pour mieux com-prendre les probleacutematiques addictives et celles de la personne proche en par-ticulier produits contextes de consom-mation effets rechercheacutes risques et dommages meacutecanismes psychiques lieacutes aux addictions dispositifs et modaliteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Des conseils pour pouvoir laquo aider raquo et rester aux cocircteacutes de la personne addict en eacutevitant les situations de reacuteclamations controcircle ou de protection parfois contre-productives et psychiquement usantes

Accompagnement conjoint avec la personne addicte voire agrave plusieurs en famille par exemple sous reacuteserve drsquoad-heacutesion des parties

UNE COMMUNICATION INDISPENSABLE Agrave LrsquoEFFICACITEacute DE LA MISSION DE PREacuteVENTIONIl est absolument neacutecessaire que tous les supports de communication sur les mis-sions et le public accueilli en CSAPA speacutecifient bien que lrsquoentourage de toute personne en difficulteacute avec ses conduites addictives peut ecirctre accueilli et accom-pagneacute

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non ins-crite dans une deacutemarche drsquoaccompagne-ment et de soins dans cet eacutetablissement ou ailleurs par le passeacute ou actuelle-ment

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non in-formeacutee que son proche consulte en CSAPA en tant que laquo personne de lrsquoentourage raquoCette information doit ecirctre largement relayeacutee par le reacuteseau drsquoacteurs interve-nant sur le public et le secteur geacuteogra-phique du CSAPA

2 PRIMO-DEMANDE ET MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGE

PRIMO-DEMANDE DE LrsquoENTOURAGE

Lrsquoentourage drsquoune personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives doit ecirctre reccedilu comme tout usager accueilli en structure drsquoaccueil drsquoaccompagne-ment et de soins

La personne de lrsquoentourage (conjoint famille collegraveguehellip) qui franchit la porte drsquoun eacutetablissement drsquoaccompagnement en addictologie reacutevegravele par fois une

GUIDE REPEgraveRES 89

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

88 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

dez-vous avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives sans infor-mation preacutealable Il srsquoagit en geacuteneacuteral pour la personne de lrsquoentourage

De srsquoassurer que lrsquoaccompagnement se poursuit Drsquoapporter des informations com-pleacutementaires parfois agrave lrsquoinsu du tiers concerneacute Drsquoexprimer ses difficulteacutes voire son deacutecouragement face agrave une situation

qui nrsquoeacutevolue pas comme cela est attendu lrsquoentourage se montre parfois laquo impatient raquo et si le laquo pa-tient raquo laquo ne bouge pas raquo la pression se verra renforcer sur lrsquoeacutequipe drsquoac-compagnement et de soins

Ces deacutemarches de lrsquoentourage intro-duisent une dimension familiale que la situation de la personne concerneacutee srsquoameacuteliore se deacuteteacuteriore ou que drsquoautres problegravemes se posent

ZOOM

Double suivi au sein du mecircme eacutetablissement

Repeacuterer le double suiviLe possible double suivi drsquoun usager et de son entourage (une ou plusieurs personnes) neacutecessite danalyser lrsquoob-jet de la demande et son origine car

Un accompagnement etou des soins en addictologie ne peuvent avoir lieu que si lrsquousager le demande

Mais lorsque cest lentourage qui demande alors les eacuteleacutements de la demande peuvent ecirctre disperseacutes entre plusieurs protagonistes

Pratique repeacuterer le symptocircme la souffrance et la formulation de la demande

Symptocircme qui pose le plus de problegravemes actuellement

Souffrance qui souffre le plus de la situation

Formulation de la demande qui se montre le plus preacuteoccupeacute

Position de lrsquoentourage dans lrsquoeacuteclatement de la demande Lrsquoeacutequipe drsquoaccompagnement et de soins se retrouve alors devant plu-sieurs possibiliteacutes drsquoeacuteclatement de la demande

Les trois eacuteleacutements peuvent ecirctre porteacutes par la mecircme personne elle preacutesente un symptocircme en souffre et est en demande Lentourage nest alors pas en demande

Une personne preacutesente un symp-tocircme mais nrsquoen souffre pas et ne demande rien crsquoest lentourage qui souffre et qui demande de lrsquoaide

Une troisiegraveme possibiliteacute est une personne qui preacutesente un symptocircme et la souffrance mais crsquoest une autre qui demande Cest le cas de lentou-rage qui vient seul au CSAPA

Enfin la situation peut eacutechapper aux reacuteseaux de soin parce que les personnes preacutesentent un problegraveme sans pouvoir lrsquoaborder ou une souf-france sans pouvoir lrsquoidentif ier ni lrsquoexprimer

ILLUSTRATION

Paroles de conjointe

Les services drsquoeacutecoute speacutecialiseacutee ou les premiegraveres consultations en eacutetablis-sement speacutecialiseacute en addictologie re-ccediloivent des personnes venues parler de lrsquolaquo autre raquo elles ne disent pas laquo je raquo mais laquo il raquo ou laquo elle raquo crsquoest-agrave-dire lrsquolaquo autre raquo deacutesigneacute comme la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives raquo laquo malade raquo Il srsquoagit de leur compagnon eacutepouse fils pegraverehellip

Les mots sont laquo Il ne srsquoen rend pas compte raquo laquo Il ne vous dit pas tout moi je vais vous le dire raquohellip

Les craintes sont exprimeacutees laquo Ne lui dites pas que je vous ai appeleacute que je vous ai vu raquohellip

Ces personnes qui srsquoadressent aux services speacutecialiseacutes agrave travers ce qursquoelles disent des diff iculteacutes de lrsquoautre parlent avant tout de leurs propres souffrances de leur deacutenue-ment de leur eacutepuisement de leur colegravere de leur volonteacute drsquoagir tout en ne sachant plus comment faire car souvent ces personnes tregraves impli-queacutees estiment avoir laquo tout essayeacute raquo

Les amener agrave srsquoexprimer agrave la pre-miegravere personne pour formuler leurs propres difficulteacutes est primordial

Lrsquoobjectif ne doit plus ecirctre de reacute-pondre agrave laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour lui raquo mais agrave la question qui les amegravene en tant qursquoindividu qui souffre laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour moi raquo pour aller mieux

TYPOLOGIE DE SITUATIONS METTANT EN JEU LrsquoENTOURAGE Les motivations de lrsquoentourage qui se rend au sein drsquoun eacutetablissement drsquoac-compagnement en addictologie sont varieacutees informative de soutien drsquoordre psychotheacuterapique de groupe ou familial et se manifestent sur des modes diffeacute-rencieacutes qui doivent interroger les eacutequipes

La personne de lrsquoentourage vient seule

Pour trouver des informations rela-tives aux modaliteacutes drsquoaccompagne-ment et de soins possibles et sur les dimensions de la probleacutematique addictive pour mieux comprendre la situation et mieux soutenir lrsquoautre Pour exprimer sa souffrance et son eacutepuisement face agrave la situation

Absence de lrsquoentourage alors il nrsquoy a pas ou peu de liens entre les per-sonnes et les soignants Il convient drsquoin-terroger la personne accompagneacutee pour ses probleacutematiques addictives sur cette absence Dans le respect du souhait des parties il convient de proposer degraves le deacutebut de lrsquoaccompagnement de recevoir lrsquoentou-rage seul ou ensemble afin de sortir du centrage sur la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et aborder la situation dans son ensemble pour eacutela-borer un diagnostic global (individu fa-milial socialhellip) Srsquoappuyer sur toutes ces dimensions pour travailler sur lrsquoeacutechelle motivationnelle

Preacutesence inattendue de lrsquoentourage lrsquoentourage peut intervenir dans le cours de lrsquoaccompagnement par des appels teacuteleacutephoniques par une preacutesence en ren-

90 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 91

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Garde des enfants pendant la consultation du ou des parents

ContexteOutre les cas speacutecifiques drsquoaccompa-gnements qui leurs sont deacutedieacutes avec ou sans leurs parents les enfants sont sus-ceptibles drsquoecirctre preacutesents au sein des eacutetablissements ambulatoires en addic-tologie dans deux types de situations

Parmi les consultants certains ne disposent pas de modaliteacute de garde de leurs enfants durant leur consulta-tion ou un groupe agrave viseacutee theacuterapeu-tique Il srsquoagit majoritairement de femmes avec des enfants en bas acircges non scolariseacutes

Les enfants et les parents sont reccedilus pour un entretien familial mais au cours de la consultation il est pertinent pour les intervenants de permettre agrave un enfant de quitter le bureau

Un consensus peut ecirctre formuleacute sur les points suivants

Tout doit ecirctre mis en œuvre pour faciliter les conditions drsquoaccueil et drsquoaccompagnement des parents nrsquoayant pas de solution de garde pour leurs enfants

Hors entretien familial il est parfois difficile drsquoaccepter la preacutesence drsquoen-fants durant les consultations et groupes agrave viseacutee theacuterapeutique afin de favoriser la liberteacute drsquoexpression du consultant-parent comme du profes-

sionnel ou des tiers preacutesents drsquoune part et dans le respect de ce que doit pou-voir entendre un enfant drsquoautre part

Le professionnel doit srsquoautoriser agrave diffeacuterer un rendez-vous srsquoil considegravere que les conditions drsquoaccueil ne sont pas propices pour le consultant lrsquoen-fant le professionnel

Lrsquoeacutetablissement doit ecirctre en capa-citeacute de proposer des modaliteacutes de garde pour les enfants par exemple par accord de lrsquoeacutetablissement avec une halte-garderie municipale un ser-vice agrave domicile (avec enveloppe bud-geacutetaire deacutedieacutee) professionnel (ou service civique) deacutedieacute agrave une perma-nence drsquoaccueil sans rendez-vous

Ne pas accueillir et assurer la garde des enfants pendant leur temps de consultation crsquoest signifier que la consultation est un temps pour les usagers eux-mecircmes pour prendre soin drsquoeux

Trouver un mode de garde pendant ce court temps crsquoest aussi une forme drsquoengagement dans lrsquoaccompagnement en addictologie du consultant

Organisation de la gardeCette question se preacutesente reacuteguliegravere-ment et doit ecirctre organiseacutee dans le cadre du projet drsquoeacutetablissement et non improviseacutee afin de proposer des conditions seacutecurisantes pour les enfants le consultant comme pour lrsquoeacutequipe Cette question peut ecirctre soumise pour avis aux usagers dans le cadre drsquoinstances de consultationLorsque les enfants sont scolariseacutes les

Ainsi en fonction des besoins expri-meacutes par les parties lentourage pour-ra ecirctre reccedilu lors dentretiens com-muns (theacuterapie familiale ou autre) seacutepareacutement ou seulLe suivi drsquoun usager seacutepareacutement de celui du membre de son entourage ne pourra ecirctre assureacute par le mecircme pro-fessionnel pour une neutraliteacute et in-tervention psychotheacuterapeutique

La position du theacuterapeute dans la gestion du double accompagnement Une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et un membre de lrsquoentourage peuvent souhaiter ecirctre accompagneacutes dans le mecircme eacutetablisse-ment seacutepareacutement Se posent alors plusieurs questions pour lesquelles chaque eacutetablissement doit se fixer des regravegles formaliseacutees dans son projet et clairement eacutenonceacutees aux usagers

Lrsquoun peut souhaiter consulter sans savoir que lrsquoautre y consulte deacutejagrave ou sans que lrsquoautre en soit informeacute aucune information non-personnelle nrsquoa agrave ecirctre porteacutee agrave la connaissance des parties ne fut-ce qursquoinformer mecircme du suivi dans le respect des regravegles de secret professionnel

Deux personnes peuvent consul-ter au sein du mecircme eacutetablissement et ecirctre en conflit majeur par exemple dans le cadre drsquoune seacuteparation ins-tance de divorce conflit sur la garde drsquoenfantshellip Dans cette situation comme dans les preacuteceacutedentes lrsquoeacuteta-blissement doit srsquoefforcer que les deux personnes ne se croisent pas sans toutefois pouvoir le garantir de la mecircme faccedilon que deux individus peuvent toujours se croiser quelque part sans le vouloir Lrsquoeacutetablissement doit rappeler le regraveglement de fonc-tionnement et le respect des per-sonnes Agrave noter qursquoen cas de mesure drsquoeacuteloignement prononceacutee par le juge crsquoest agrave la personne sous cette mesure de prendre ses dispositions et non agrave lrsquoeacutetablissement de garantir les condi-tions de cet eacuteloignement

Deux personnes peuvent souhai-ter consulter une mecircme cateacutegorie de professionnel sans choix du profes-sionnel parce qursquoil nrsquoy en aurait qursquoun au sein de lrsquoeacutetablissement (par exemple meacutedecin psychologue) Si le professionnel ne souhaite pas assurer cet accompagnement pour des ques-tions de positionnement theacuterapeu-tique une orientation doit systeacutemati-quement ecirctre proposeacutee dans un service ou eacutetablissement eacutequivalent le plus proche possible

92 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 93

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

3 LES CONSULTATIONS JEUNES CONSOMMATEURS (CJC) LIEUX-RESSOURCES POUR LA FAMILLE

Les CJC sont une des missions faculta-tives des centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) Au demeurant avec ou sans CJC les CSAPA reccediloivent toutes les per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives quel que soit leur acircge

Public des CJCLes consultations sont destineacutees en prioriteacute aux jeunes consommateurs98 y compris les mineurs qui ressentent des difficulteacutes en lien avec leur consomma-tion de substances psychoactives Les usagers peuvent se preacutesenter seuls spontaneacutement ou adresseacutes par un tiers famille professionnel de santeacute milieu scolaire justice parce qursquoils preacutesentent des diff iculteacutes attribueacutees agrave un usage simple agrave risque ou nocif de substances psychoactives

Probleacutematiques addictives abordeacuteesLes substances psychoactives y compris lrsquoalcool et les addictions comportemen-tales comme le jeu internet etc

Objectifs Agir degraves les premiers stades de la

consommation les CJC disposent de compeacutetences et de savoir-faire afin drsquoen-trer en relation avec le jeune et eacuteventuel-

98 Annexe 4 de la circulaire du 28 feacutevrier 2008 relative aux missions des CSAPA

lement son entourage pour reacutetablir une communication beacuteneacutefique pour lrsquoeacutecoute et la prise de conscience des risques mais aussi pour envisager des probleacutematiques sous-jacentes du jeune

Accueillir lrsquoentourage lrsquoentourage seul souvent agrave lrsquoorigine drsquoune deacutemarche drsquoinformations trouve aupregraves des pro-fessionnels de la consultation une eacutecoute et un soutien dans les difficulteacutes ressenties vis-agrave-vis des consommations ou comportements addictifs de leurs proches

Reacutepondre aux interrogations et preacute-occupations de lrsquoentourage en matiegravere drsquoaddiction informations sur les subs-tances et conduites sans produit leurs effets et leurs risques sur les divers types de recours possibles pour le dia-gnostic et la prise en charge

Soutenir les parents dans leur rocircle eacuteducatif et le dialogue avec leurs enfants sur les consommations de produits illi-cites drsquoalcool et de tabac

Recevoir de faccedilon conjointe le jeune et son entourage

Srsquoadapter aux situations parentsenfantsDans un contexte addictif agrave risque lrsquoaxe de travail essentiel des professionnels de la CJC est de renouer le dialogue entre le jeune et ses parents de laquo deacutedramati-ser raquo la situation la deacutecortiquer tout en maintenant le cadre parental Ceci est rendu possible en confortant le parent dans son rocircle de parent sans le culpabi-liser mais en travaillant sur le dialogue entre eux deux sur la perception de lrsquousage par les uns et les autres sur les risques inheacuterents

rendez-vous doivent ecirctre proposeacutes sur des horaires adapteacutes agrave ces contraintes

En pratique la situation diffegravere selon lrsquoacircge de lrsquoenfant les ressources humaines et la configuration des lo-caux de lrsquoeacutetablissement

Le nourrisson peut ecirctre reccedilu avec son parent

Si le professionnel estime que lrsquoenfant du consultant ne peut pas ecirctre preacutesent durant lrsquoentretien lrsquoeacutetablissement organise alors des modaliteacutes drsquoaccueil des enfants sous la vigilance drsquoun professionnel en proposant par exemple un espace de jeux adapteacute et seacutecuriseacute (des bloque-fenecirctres des jouets qui ne preacutesentent aucun risque drsquoingurgi-tation ou de blessurehellip) Ce temps

peut ecirctre un moyen drsquoobservation du comportement de lrsquoenfant Responsabiliteacutes il est important de

rappeler que les eacutetablissements sont responsables des conseacutequences dom-mageables de leurs actes de preacuteven-tion de diagnostic ou de soins en cas de faute Par conseacutequent ils sont te-nus de souscrire une assurance desti-neacutee agrave les garantir pour leur responsa-biliteacute civile susceptible decirctre engageacutee en raison de dommages subis par des tiers et reacutesultant datteintes agrave la per-sonne survenant dans le cadre de cette activiteacute de preacutevention de dia-gnostic ou de soins Cela concerne bien sucircr avec acuiteacute le mode de gardesurveillance organiseacute pour lrsquoenfant du consultant

Agrave RETENIR

Le professionnel en addictologie vers lequel un membre de lrsquoentourage srsquoadresse doit proposer une eacutecoute bienveillante un soutien et des informations Il srsquoagit

Drsquoaider cette personne agrave identifier ses ressources et ses freins ses difficulteacutes directement et indirectement lieacutees aux probleacutematiques addictives de lrsquoautre

De ne pas consideacuterer lrsquoentourage qursquoagrave travers le prisme de ses difficulteacutes mais de srsquoappuyer aussi sur ses ressources ses expeacuteriences comme allieacute du systegraveme theacuterapeutique

Drsquoaffirmer et reacuteaffirmer que chacun souffre agrave sa maniegravere et a besoin drsquoecirctre entendu compris et aideacute et que la recherche de solution de mieux ecirctre devra srsquoappuyer sur les ressources et expeacuteriences de toutes les parties prenantes

94 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 95

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

rents pour nouer ou renouer le dialogue sur les conduites addic-tives

Les CJC un outil laquo phare de la preacutevention raquo La campagne nationale de communica-tion de 2015 a su toucher justeLes CJC ont beacuteneacuteficieacute drsquoune diversifica-tion des modes drsquoentreacutee101 avec une plus grande visibiliteacute des familles En ef-fet dans lrsquoenquecircte de 2015 on constate la plus grande repreacutesentation des fa-milles dans le dispositif Notamment les constats suivants eacutemergent

Les orientations par la famille pro-gressent de 15 en 2014 agrave 20 en 2015 cette hausse se retrouvant agrave tous les acircges Celles-ci se placent deacutesormais au deuxiegraveme rang des sources de recrute-ment des consultants derriegravere les orientations judiciaires qui restent preacute-dominantes

La preacutesence de la famille en tant qursquoaccompagnateur est eacutegalement plus importante durant les consultations La proportion de consommateurs venus avec leur entourage familial passe de 22 agrave 34 en un an La par t des proches venus sans lrsquousager avoisine toujours les 7 et les consultations laquo venus seuls raquo restent majoritaires

Les consommateurs dirigeacutes par leur famille en CJC sont plus jeunes que les autres et davantage consommateurs de jeux videacuteo En 2015 le jeu videacuteo repreacute-sente

5 des motifs de recours parmi les

101 Caroline PROTAIS et al laquo Evolution du public des CJC (2014-2015) raquo Tendances ndeg 107 2016 4 p

jeunes consultants venus seuls 14 des consultations mettant en preacutesence les jeunes et leur entou-rage

15 des consultations de familles venues seules

Cette forte mobilisation des familles explique une autre eacutevolution marquante en 2015 lrsquoaugmentation de la part des mineurs Agrave lrsquoinverse les familles venues sans la personne concerneacutee se mobi-lisent principalement autour de la consommation drsquoun enfant majeur

Agrave RETENIR

Les probleacutematiques addictives des jeunes se situent tregraves souvent dans un contexte de rupture de dia-logue avec lrsquoentourage familial proche Lrsquoobjectif des CJC est donc de renouer maintenir ou renforcer ses liens avec son entourage

Les CJC doivent travailler en reacute-seau avec toutes les structures en reacutesonnance avec les multiples cercles drsquoentourages des jeunes lieu de consultations meacutedico-so-ciales eacutetablissements scolaires mai-sons des jeunes lieux de vie cultu-rels et sportifs etc

Les CJC doivent communiquer sur leur territoire de rayonnement aupregraves des structures recevant un public jeune et aupregraves des per-sonnes de leur entourage agrave com-mencer par les parents

Dialogue distendu voire peu preacutesent entre le jeune et son parent le parent se sent deacutemuni face agrave son jeune qursquoil juge en difficulteacute De son cocircteacute le jeune se sent incompris impuissant et va ex-primer son mal-ecirctre par diffeacuterentes expeacuterimentations qui lrsquoauront conduit agrave la CJC

Cas du refus ou impossibiliteacute du jeune drsquoecirctre accompagneacute par un membre de sa famille dans ce cas lrsquoen-tourage se compose drsquoun professionnel de santeacute scolairehellip ou drsquoun ami qui de-vra jouer un rocircle de personne morale de reacutefeacuterence et viendra en soutien du travail fait avec les professionnels de la CJC

Cas du refus du jeune de se rendre en CJC le parent a la possibiliteacute de prendre rendez-vous dans le cadre de la CJC avec un professionnel La CJC est un lieu ressources qui dispose des ren-seignements utiles agrave la gestion de la si-tuation et permet drsquoecirctre accompagneacute dans ses difficulteacutes face aux conduites addictives de son jeune Dans ce cas-lagrave le travail se fera avec le parent preacutesent permettant ainsi de lui donner les moyens de laquo faire face raquo de trouver les leviers qui lui permettront de renouer le lien avec son jeune de trouver les mots pour nouer voire maintenir un dialogue Des outils simples comme les sms par exemple moyen de communication privileacutegieacute des jeunes permettent de recreacuteer peu agrave peu du lien Ce premier travail avec le parent peut ainsi permettre agrave celui-ci de se reacuteassurer dans son rocircle de parent Par la suite il pourra venir avec le jeune pour entamer agrave son tour un travail dans les CJC

Les CJC un dispositif de proxi-miteacute confidentiel et gratuit agrave va-loriser

En proportion les jeunes repreacute-sentent une faible part des publics reccedilus en consultations en CSAPA en particu-lier dans le cadre de CJC pour de lrsquoac-compagnement et des soins indivi-duels99

Par conseacutequent les CJC des CSAPA doivent travailler en partenariat avec les structures accueillant les jeunes (eacutetablis-sements scolaires100 culturels sportifs drsquoaccompagnement social judiciaireshellip) pour permettre aux professionnels qui y travaillent de savoir aborder la ques-tion des conduites addictives les repeacute-rer et orienter leur public en difficulteacute

Les CJC ont fait lrsquoobjet drsquoune cam-pagne de communication en 2015 ini-tieacutee par la MILDECA le Ministegravere de la Santeacute et lrsquoINPES Cette campagne de communication multi-supports sur le thegraveme laquo Alcool cannabis cocaiumlne ecs-tasy jeux videacuteo tabachellip Il existe un endroit pour en parler et faire le point raquo soulignait clairement

Les distorsions de perceptions des risques et des dommages selon que lrsquoon est parent ou jeune Lrsquoobjectif des CJC comme lieu-res-sources pour en parler pour les jeunes eux-mecircmes pour les pa-

99 15 de moins de 30 ans en 2014 18 e moins de de 25 ans Cf Christophe PALLE laquo Les personnes ac-cueillies dans les CSAPA raquo Tendances ndeg 110 2016 4 p

100 Guide de preacutesentation des CJC avanceacutees Un inteacute-recirct agrave travailler ensemble ndash Etablissements scolaires lyceacutees geacuteneacuteraux et professionnels centres de formation pour apprentis Deacutepliant eacutelaboreacute dans le cadre de la Coordination des CSAPA assureacutee par lrsquoANPAA ndash Avec le soutien financier de lrsquoARS anneacutee 2016-2017

96 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 97

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ANPAA de Caen lrsquoexpeacuterience montre notamment

La neacutecessiteacute drsquoouvrir des espaces dif-feacuterents en fonction des tranches drsquoacircges les modes drsquoexpressions des enfants et des adolescents eacutetant diffeacuterents

La neacutecessiteacute de soutien des enfants pour construire des reacuteponses adapteacutees agrave des contextes dans lesquels ils se sentent pieacutegeacutes

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination de lrsquoentourage adulteexpeacuterience du cSapa anpaa danS le rhocircne agrave villeurbanne

ORGANISATION

Il srsquoagit drsquoun groupe reacuteuni une fois par mois en soireacutee destineacute agrave lrsquoentourage et permettant drsquoamorcer des consultations individuelles ou des entretiens familiaux 10 agrave 12 personnes constituent en moyenne le groupe (les seacuteances sont mensuelles et les appels quotidiens ren-forcent le nombre de participants) Une psychologue et une intervenante sociale animent la seacuteance pendant que la secreacutetaire assure un accueil perma-nent pour eacuteviter une deacuteperdition

PUBLIC Groupe ouvert agrave toute personne

de lrsquoentourage mecircme si lrsquousager en difficulteacute avec ses pratiques addictives nest pas suivi au CSAPA

Les participants viennent plutocirct en icirclots familiaux par deux ou trois parfois

seuls Les femmes srsquoemparent geacuteneacutera-lement plus de ce dispositif que les hommes repreacutesentant en moyenne 90 des membres du groupe

Toutes les probleacutematiques addic-tives sont discuteacutees avec ou sans pro-duit et toutes les personnes de lrsquoen-tourage sont convieacutees conjointes parents enfants amishellip

Afin deacutevaluer la demande et les eacuteventuelles contre-indications est preacutevu un premier entretien teacuteleacutepho-nique avec une grille drsquoentretien se-mi-directive standardiseacutee eacutelaboreacutee par les intervenants

Cet entretien preacutepare agrave la question du groupe comment lrsquoentourage va pouvoir ecirctre eacutecouteacute Quelle bienveil-lance va-t- i l trouver dans ces eacutechanges

Si lentourage souhaite un suivi in-dividuel en parallegravele ou suite au groupe il est possible de lrsquoorienter vers un premier entretien Les deux accompagnements peuvent se com-pleacuteter Sont inclues aussi les personnes de lrsquoentourage deacutejagrave suivies au centre en individuel et demandeurs Ils sont alors orienteacutes par les intervenants

3fraslthinsp2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE

EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

LES GROUPES Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE102

PrincipesDans le cadre de son parcours de soin au sein de lrsquoeacutetablissement (CSAPA) la per-sonne de lrsquoentourage pourra ecirctre orien-teacutee vers un groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Le groupe agrave viseacutee theacuterapeutique srsquoinscrit agrave la fois dans le projet individualiseacute drsquoac-compagnement et de soins du consul-tant et dans le projet deacutetablissementLe groupe agrave viseacutee theacuterapeutique a pour objectif drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie et lrsquoautonomie des usagers personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives comme personnes de lrsquoentourageCette modaliteacute theacuterapeutique est com-pleacutementaire de lrsquoaccompagnement indi-viduel et repose sur les interactions entre les membres du groupe avec un accompagnement professionnel

Objectifs des groupes agrave viseacutee theacute-rapeutique Objectifs geacuteneacuteraux La capacitation (ou empowerment)

de lrsquoindividu est lrsquoapport principal re-chercheacute pour lrsquousager dans le cadre drsquoun groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Les objectifs geacuteneacuteraux sous-tendus par la deacutemarche en groupe theacuterapeutique sont

102 Les groupes agrave viseacutee theacuterapeutique Addictologie ambulatoire ANPAA 2015 31 p (Guide Repegraveres)

Ameacuteliorer deacutevelopper instaurer ou restaurer

Lrsquoeacutemancipation lrsquoautonomie de lrsquousager Ses capaciteacutes relationnelles phy-siques creacuteatives Son image corporelle et son estime de soi

Reacute-entraicircner et reacuteadapter ses habile-teacutes et accroicirctre ses compeacutetences psy-chosociales

Favoriser la motivation au change-ment

Accroicirctre la compeacutetence drsquoacqueacuterir des reacuteflexes de santeacute positifs

Objectifs speacutecifiques Le deacuteveloppement des compeacutetences

psychosociales Lrsquoaide agrave lrsquoeacutelaboration psychique et agrave

lrsquoameacutelioration des capaciteacutes cognitives La reacuteappropriation corporelle et

sensorielle Lrsquoameacutelioration de la connaissance

des conduites addictives et des moda-liteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Enfants et groupes agrave viseacutee theacutera-peutiqueLes enfants peuvent ecirctre soutenus par de nouveaux contextes drsquoexpeacuteriences favorisant la laquo re raquo connexion agrave leurs besoins et une confiance nouvelle dans leurs capaciteacutes agrave laquo ressentir raquo au travers de groupes agrave viseacutee theacuterapeutique varieacutes

Plusieurs eacutequipes drsquoaccompagnement et de soins ont en ce sens deacuteveloppeacute des groupes drsquoexpression pour enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictives Agrave lrsquoexemple du CSAPA

98 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 99

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Ainsi chacun des protagonistes eacutetablit une confiance et un regard serein sur ce qui va se passer par la suite dans le soin Cela permet aux professionnels de percevoir ce qui se passe agrave la mai-son et eacutegalement de pouvoir donner agrave lentourage des informations qui permettent rapidement dapaiser cer-

tains conflits familiaux En proposant agrave lentourage de ne pas surencheacuterir dans le conflit quand les personnes sont aux prises avec les produits cela permet si la famille y arrive de calmer des tensions voire de diminuer la vio-lence verbale et physique de faccedilon conseacutequente

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination des enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesexpeacuterience du cSapa anpaa danS le calvadoS agrave caen

PUBLIC

Ce groupe srsquoadresse aux jeunes de moins de 17 ans souffrant de lrsquoalcooli-sation ou de la consommation drsquoautres substances drsquoun parent

PREacuteALABLE Lrsquoaccueil est organiseacute par groupe drsquoacircge drsquoougrave la neacutecessiteacute pour les organiser de teacuteleacutephoner avant de venir au CSAPA

OBJECTIFS

Montrer aux jeunes qursquoils ne sont pas tout seuls

Chercher des solutions ensemble face aux difficulteacutes qursquoils rencontrent

Des situations quotidiennes sont envisageacutees monter dans la voiture

quand un parent est sous effet de produit situation de triangulation avec les parents la violence sous effet ou par manquehellip

Il srsquoagit drsquoun groupe drsquoexpression et drsquoeacutechanges avec des possibiliteacutes de des-siner de jouer des mises en situationhellip

ANIMATION DU GROUPE

Le groupe est animeacute par des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie au moins deux par seacuteance dans lrsquoideacuteal femme et homme

Le rocircle des animateurs est de ga-rantir le confort de chacun sans inten-tion theacuterapeutique Ils orientent les adolescents qui auraient besoin drsquoun accompagnement

Le groupe est ouvert le mercredi apregraves-midi de 13h30 agrave 15h

Il est possible drsquoadapter les ho-raires si neacutecessaire

COMMUNICATION

Lrsquoexistence du groupe est commu-niqueacutee dans tous les espaces de for-mation de sensibilisation et dans les eacutetablissements scolaires

OBJECTIFS Objectif principal soutien partage dexpeacuteriences apport dinformations travail sur les repreacutesentationsLe groupe atteste la souffrance de lentourage la repegravere la contient

Ce groupe offre des pistes de reacute-ponses aux questions suivantes

Pourquoi la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives ne re-connait pas la souffrance de lrsquoentou-rage est-ce normal

Comment y reacutepondre Comment rester dans sa famille

tout en se proteacutegeant pour avancer soi-mecircme

Comment faire avec ce que lrsquoon est jusqursquoougrave va le soutien afin de ne pas trop souffrir se respecter se pro-teacuteger srsquoaffirmer prendre soin de soi

LES PROFESSIONNELS APPORTENT

UN AUTRE REGARD QUE CELUI DU

TEacuteMOIGNAGE

Ils expliquent les positionnements de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives mise agrave distance une protection consideacuterer lrsquoautre dans sa souffrance

Ils garantissent le cadre la bienveil-lance le respect de lrsquoeacutecoute de lrsquoautre pour que chacun se positionne et soit impliqueacute ait un temps de parole ga-ranti ce qursquoil vit fait eacutecho agrave lrsquoautre lrsquoentourage peut deacuteposer sa souf-france ses difficulteacutes et voir comment les autres peuvent faire ressource pour lui

Lrsquoaccompagnement amegravene lrsquoentou-rage agrave se rendre compte que le groupe fait soutien

Cet accompagnement relaie la question du travail individuel et celle de lrsquoauto-support de la famille

Le travail des professionnels est drsquoaider lrsquoentourage agrave se positionner agrave trouver sa juste place dans sa relation agrave la personne ayant des conduites addictives (rupture ou omnipotence de lrsquoentourage effet miroir des addic-tions) en fonction du parcours de soins (la place de lrsquoentourage ne sera pas accompagneacutee de la mecircme ma-niegravere si les conduites addictives sont anciennes avec des tabous secret non-dits deacutenis)

Il ne srsquoagit pas forceacutement drsquoun accegraves agrave lrsquoautonomie mais plutocirct drsquoun posi-tionnement face agrave la personne ayant des conduites addictives qui ne doit ecirctre ni trop ni pas assez

PLACE DE LrsquoENTOURAGE DANS LE

PARCOURS DE SOIN

Quelle que soit la probleacutematique ad-dictive lentourage comme allieacute des soins est un gros changement de para-digme et de regard par rapport agrave dautres eacutepoques des soins en addic-tologieLrsquoaccent est mis sur la preacutecociteacute des rencontres sans que lalliance soit mise agrave mal et donc inviter tregraves vite lentourage agrave participer agrave plusieurs rencontres dans les premiers mois si la lecture de la situation que nous avons faite nous semble le neacutecessiter

100 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 101

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

sortir agrave sauver sa vie en lui permet-tant de vivre mieux et longtemps

Il srsquoagit de compleacuteter lrsquoaccompagne-ment et les soins apporteacutes par des profes-sionnels de lrsquoaddictologie les mouvements drsquoentraide peuvent rencontrer des per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives ou leur famille hors structure de soins et agrave des horaires plus larges

Lrsquoapport speacutecifique aux personnes de lrsquoentouragePlusieurs associations proposent des groupes drsquoauto-support ou drsquoentraide speacutecifiquement destineacutes aux personnes de lrsquoentourage de personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives mecircme si le cœur de leur action srsquoadresse avant tout aux usagers eux-mecircmesLes personnes de lrsquoentourage sont reccedilues selon leur propre convenance indivi-duellement en groupe de paroles ou parfois avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives elle-mecircmeCes groupes fonctionnent comme suit

Une organisation reacuteguliegravere et acces-sible

Un appui essentiel sur les pairs pour la compreacutehension de la co-deacutependance crsquoest-agrave-dire

La compreacutehension du processus contre-productif pour lrsquousager deacute-pendant de lrsquointervention reacutepeacuteteacutee de la personne de lrsquoentourage La compreacutehension de lrsquointeacuterecirct agrave vivre mieux se reconstruire et ainsi aider le malade dans son nou-veau parcours vers une meilleure santeacute

Lrsquoentourage preacutesentant une co-deacutepen-dance installeacutee ou pas est souvent en repli sur lui-mecircme honteux culpabiliseacute et en perte drsquoespoir La participation agrave un groupe de parole en auto-support peut lui permettre de

Se poser des questions utiles sur son comportement

Comprendre que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est en souffrance et qursquoil faudra du temps pour une ameacutelioration de la qua-liteacute de vie

Comprendre que tout ne reviendra pas laquo comme avant raquo et qursquoun nouvel eacutequilibre est agrave trouver en se reconstrui-sant chacun et ensemble

Les groupes drsquoentraide sont un appui veacuteritable sur ces points par leur qualiteacute drsquoeacutecoute drsquoidentification drsquoempathie et de confidentialiteacute Ils sont compleacutemen-taires des interventions des profession-nels la palette des acteurs de soutien doit ecirctre porteacutee agrave la connaissance des usagers des eacutetablissements sanitaires et meacutedicosociaux en addictologie et de leur entourage car laquo il faut mettre toutes les chances de son cocircteacute raquo laquo Il nrsquoy a pas de solution miracle chacun doit trouver sa propre voie raquo

Une campagne drsquoaffichage a eacuteteacute reacutealiseacutee suite aux conseils des en-fants qui nous disaient qursquoil valait mieux passer directement par eux que les adultes avaient des difficulteacutes agrave leur communiquer lrsquoinformation

INSCRIPTION

Lrsquoinscription des enfants agrave un groupe est partageacutee avec le responsable leacutegal et ce temps permet le plus souvent drsquoaborder avec le parent la neacutecessiteacute drsquoun espace de parole pour lrsquoenfant qui a agrave vivre avec la deacutependance du parent Si neacutecessaire le trajet est accompa-gneacute par un professionnel afin que ce ne soit pas un obstacle pour lrsquoenfant qui souhaite participer mais nrsquoest pas autonome

LES GROUPES DrsquoAUTO-SUPPORTLes diverses associations qui regroupent soit des usagers laquo actifs raquo soit les groupes drsquoentraide par lrsquoabstinence reacuteunies sous le terme de groupe drsquoauto-support reacute-pondent agrave une double logique celle de lrsquoideacutee de pairs et celle de la responsabilisa-tion et vise agrave agir au niveau des vulneacuterabi-liteacutes et drsquoune reconquecircte de lrsquoautonomie Ainsi ces groupes relegravevent drsquoun double modegravele

Celui du laquo care raquo drsquoune part crsquoest-agrave-dire la mise en action drsquoun principe drsquoattention de sollicitude agrave prendre soin de lrsquoautre et ce faisant de soi en visant un bien-ecirctre un mieux-ecirctre global de lrsquoindividu

Celui de lrsquoapproche par les laquo capa-biliteacutes raquo drsquoautre part crsquoest-agrave-dire lrsquoameacute-lioration des capaciteacutes drsquoun individu agrave effectuer des choix entre des combinai-sons de fonctionnements et agrave en envisa-ger les conseacutequences positives ou neacutega-tives

Lrsquoapport des groupes drsquoentraideLrsquointeacuterecirct des mouvements drsquoentraide ou groupes drsquoauto-support pour les per-sonnes de lrsquoentourage et les personnes en difficulteacute avec leurs conduites addic-tives sont les suivants

Lieu drsquointeacutegration sociale et de lutte contre lrsquoexclusion Valorisation de la personne dans lrsquoeacutecoute le non-jugement de son res-senti de son expeacuterience de la souf-france de la maladie

Lieu drsquoapprentissage drsquoune nouvelle gestion de soi au quotidien Lieu drsquoexpression du laquo care raquo103 comme technique de soin compleacute-mentaire aux systegravemes plus clas-siques de soins du laquo cure raquo

Lieu drsquoinformations varieacutees appro-fondies et fiables

Lieu de grande disponibiliteacute et de grande souplesse de fonctionnement

Rencontres privileacutegieacutees pour les eacutechanges la convivialiteacute lrsquoamitieacute

Existence drsquoune solidariteacute proximale pour eacuteviter une plus grande deacutetresse psychique

Lieu de reacuteel inteacuterecirct pour la personne et son entourage afin de lrsquoaider agrave srsquoen

103 laquo Care raquo est une expression anglo-saxonne signi-fiant bientraitance srsquooccuper de prendre soin porter attention

102 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 103

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

La CAMERUP - Coordination des Associations et Mouvements drsquoEntraide Reconnus drsquoUtiliteacute Publique106

La CAMERUP regroupe les Feacutedeacute-rations Nationales Alcool Assistance Alcool Ecoute Joie et Santeacute amp les Amis de la Santeacute ainsi que les Mouvements de la Croix Bleue amp Addictions Alcool Vie Libre

La CAMERUP nrsquoa pas vocation agrave intervenir directement aupregraves de lrsquoentourage des malades de lrsquoalcool Toutefois le but de la coordination nrsquoeacutetant pas drsquointervenir dans le fonc-tionnement des cinq entiteacutes affilieacutees celles-ci organisent lrsquoaccompagnement des proches selon leurs speacutecificiteacutes fonctionnelles

Les entiteacutes aff ilieacutees ont toutes neacuteanmoins des actions pour lrsquoentou-rage telles que des groupes de parole deacutedieacutes des suivis speacutecifiques dans le cadre de lrsquoaccompagnement et de la reacuteinsertion de la cellule familiale dans la socieacuteteacute entre autres

Certaines sessions de formations peuvent ecirctre dispenseacutees aux per-sonnes de lrsquoentourage par les forma-teurs de la coordination

Certains membres de lrsquoentourage srsquoinvestissent agrave terme dans lrsquoaccompa-gnement voir dans la sensibilisation et

106 Contribution de la CAMERUP

lrsquoinformation apregraves les formations neacutecessaires ou lrsquoanimation de certains groupes de parole Ces personnes de lrsquoentourage srsquoinvestissent eacutegalement dans lrsquoorganisation de certaines mani-festations sorties etc

La CAMERUP joue un rocircle drsquointer-face entre les associations de terrain et les organismes de tutelles ou ins-tances La coordination est ainsi lrsquoin-termeacutediaire privileacutegieacute pour faire re-monter les dysfonctionnements dans le cadre de lrsquoaccompagnement et les besoins de toutes les composantes de la famille et plus largement de lrsquoentou-rage

Lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool maladie fami-liale En effet la CAMERUP reconnait cette pathologie comme une maladie fami-liale car si un individu en est directe-ment victime crsquoest lrsquoensemble de la cellule familiale qui est en souffrance et en subit les conseacutequences directes ou indirectes Au quotidien nos ac-teurs de terrain sont confronteacutes agrave ces eacutetats de fait enfants et conjoints bat-tus enfants deacutescolariseacutes ou en diffi-culteacute nrsquoayant pas les conditions opti-males pour une vie normale drsquoenfant ou drsquoadolescent obligeacutes agrave lrsquoisolement agrave lrsquoautarcie en raison de la honte de lrsquoincompreacutehension et de lrsquoimpuissance que geacutenegravere cette maladie Crsquoest bien au-delagrave de la cellule familiale dans lrsquoentourage scolaire professionnel sportif que fait eacutecho agrave ce mal-ecirctre

ILLUSTRATION

Groupes drsquoentraide ou drsquoauto-support

AL-ANON104

Les groupes familiaux Al-Anon sont neacutes aux Etats-Unis en 1951 et existent en France depuis 1962 Le nom Al-Anon est deacuteriveacute des premiegraveres syl-labes drsquoAlcooliques Anonymes Al-Anon France a pour but drsquoaider la famille et les amis de personnes ayant un problegraveme avec lrsquoalcoolLrsquoassociation compte pregraves de 200 groupes en France Les membres Al-Anon sont des per-sonnes qui ont eacuteteacute affecteacutees par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Il srsquoagit des parents des enfants des eacutepouses des eacutepoux des compagnons ou compagnes de vie des sœurs des fregraveres drsquoautres membres de la famille des amis hellip Peu importe la situation veacutecue les per-sonnes ont un lien commun elles jugent que leur vie a eacuteteacute profondeacutement affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Leurs actions reposent sur le soutien mutuel et le partage de solutions penseacutees actions pour ameacuteliorer leur qualiteacute de vieAu cours des reacuteunions les membres Al-Anon partagent leur expeacuterience leur force et leur espoir dans le but de reacutesoudre leurs problegravemes communs Chaque groupe Al-Anon srsquoauto-reacute-

104 Pour en savoir plus httpal-anon-alateenfr

gule par une grande liber teacute drsquoap-proche aucun engagement aucune adheacutesion Les reacuteunions ne contraignent pas la parole mais la laisse libre drsquoavoir lieu ou pas guideacutee par un modeacuterateur Avec le temps et selon le souhait de chaque individu le groupe propose le parcours en douze eacutetapes issues de la meacutethode des Alcooliques Anonymes

ALATEEN est destineacute aux adolescents dont la vie a eacuteteacute affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Parfois la consommation a cesseacute ou le buveur en phase active peut ne plus vivre avec ses enfants Mecircme si lrsquoalcool a disparu ou si lrsquoalcoolique est parti ou est en reacutetablissement chez AA ils en sont encore affecteacutes

NAR-ANON105 est un programme qui s rsquoadresse aux per sonnes de lrsquoentourage drsquousagers de drogues le parent lrsquoeacutepouse lrsquoenfant le fregravere la sœur ou lrsquoami du consommateur Il offre un support et des ressources aux familles et amis des deacutependants de drogues et propose des rencontres hebdomadaires et de l rsquoeacutecoute personnelle Nar-Anon est un mouvement baseacute sur les douze eacutetapes des Narcotiques Anonymes qui aident les personnes vivant aupregraves des deacutependants agrave deacutevelopper des outils et des moyens pour vivre une vie plus saine et sereine

105 Pour en savoir plus httpsnaranonfrancewordpresscom

104 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 105

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

port agrave lrsquoautre membre du couple laquo Chacun des conjoints rejoue sur la scegravene conjugale des eacuteleacutements drsquoune piegravece qui srsquoest eacutecrite bien avant dans sa famille drsquoorigine raquo109 Ainsi crsquoest par un travail drsquoindividuation et de diffeacuterenciation neacutecessaire drsquoavec le conjoint que la personne addicte peut trouver lrsquoespace indispensable au redeacute-ploiement de sa personnaliteacute

Choix drsquoune orientation theacuterapeutique pour la familleLe choix drsquoun accompagnement familial doit se reacutealiser en ayant peseacute les eacuteleacute-ments de la double probleacutematique

Difficulteacutes de lrsquousager en demande initiale aupregraves de lrsquoeacutetablissement

Difficulteacutes identifieacutees ou deacuteceleacutees par le professionnel dans lrsquoenvironne-ment de la personne en consultation initiale (que ce soit la personne addicte ou son entourage)

Il est utile de mesurer les risques drsquoune orientation theacuterapeutique en deacutecalage avec le besoin reacuteel

Proposer un travail en famille lagrave ougrave il y a une difficulteacute individuelle le risque est drsquoalieacutener le sujet en geacuterant ses questions individuelles en famille Dans ce cas on ne soutient nullement les deacutesirs drsquoautonomie et drsquoindividuation Le sujet peut faire en sorte de deacutemotiver sa famille

Proposer des entretiens familiaux agrave quelqursquoun qui se deacutesigne comme souf-

109 D HERS Jean-Paul ROUSSEAUX Marc DERELY laquo La theacuterapie de lrsquoalcoolisme par le couple raquo in Alcoo-lisme amp toxicomanies De Boeck 1989 p 60

frant cette personne en demande drsquoaide risque de percevoir le message qursquoil nrsquoest pas laquo assez inteacuteressant raquo Il peut eacutegalement le ressentir comme une preuve que le theacuterapeute ne lui fait pas confiance et a besoin du teacutemoignage de lrsquoentourage

Proposer un travail individuel lagrave ougrave il y a une difficulteacute familiale le theacutera-peute pensera quil a respecteacute le sujet et qursquoil lui aura laisseacute lrsquoopportuniteacute drsquoex-primer ce qursquoil ressent Cependant le theacuterapeute se heurtera agrave une difficulteacute theacuterapeutique le sujet porteur du symptocircme est peu demandeur ou nrsquoen souffre pas ceci peut conduire certains theacuterapeutes agrave estimer que la non-de-mande du consultant empecircche lrsquoengage-ment drsquoun travail theacuterapeutique

DES CADRES THEacuteORIQUES DrsquoINTERVENTIONLes psychotheacuterapies abordent le symp-tocircme laquo conduite addictive raquo de faccedilon variable selon les cadres theacuteoriques drsquointervention choisis Parmi les cadres theacuteoriques drsquointervention

Approche comportementale (theacutera-pie cognitivo-comportementale) le symptocircme est lrsquoobjet du travail pour ten-ter de le faire disparaicirctre ou le diminuer

Approche systeacutemique (theacuterapie fa-miliale theacuterapie systeacutemique) la fonction du symptocircme au sein du systegraveme est rechercheacutee afin de modifier les relations au sein du systegraveme et faire disparaicirctre le symptocircme

Approche humaniste (analyse tran-sactionnelle programmation neuro-lin-guistique theacuterapies bregraveves theacuterapies psychocorporelles sophrologie hyp-

3fraslthinsp3 ORIENTATIONS PSYCHO-

THEacuteRAPEUTIQUES

MISE EN ŒUVRE DE LrsquoACCOMPAGNEMENT ET DES SOINSLes laquo proches raquo de personne en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives sont membres du laquo systegraveme avec addic-tion raquo Lorsqursquoils consultent pour une eacutecoute et un soutien apregraves avoir geacuteneacute-ralement exploreacute diverses expeacuteriences drsquoaide de leur proche ils se sentent la plupart du temps deacutemunis se retrou-vant parfois comme coupeacutes de leurs propres eacutemotions et sensations phy-siques pour trouver le ressort neacuteces-saire agrave lrsquoameacutelioration de la situationLrsquoaccompagnement et les soins de la personne de lrsquoentourage en difficulteacute prennent place comme pour lrsquousager addict quand apregraves un premier entre-tien drsquoeacutecoute drsquoeacutevaluation et drsquoorienta-tion la demande est verbaliseacutee et conscientiseacuteeDans une approche systeacutemique lrsquoana-lyse de la personne dans son contexte global doit ecirctre mise en œuvre notam-ment afin drsquoidentifier les ressources dans son environnement proche En termes de theacuterapie quelle qursquoen soit la tendance ou laquo lrsquoeacutecole raquo lrsquoenvironne-ment entier de lrsquoentourant (comme de lrsquoaddict) est agrave un moment donneacute pris en consideacuteration pour aborder la probleacute-matique de lrsquoindividu

OBJECTIF THEacuteRAPEUTIQUElaquo Travailler avec le couple et la famille crsquoest ramener la notion drsquoalteacuteriteacute et per-

mettre un travail de subjectivation de chacun agrave travers le processus de diffeacute-renciation entre les conjoints et les geacute-neacuterations Les interventions theacuterapeu-tiques centreacutees sur les attachements permettent un meilleur partage eacutemo-tionnel une plus grande diffeacuterenciation de chacun et de meilleures capaciteacutes de mentalisation raquo107

COUPLE FAMILLE ET THEacuteRAPIES ADAPTER LrsquoINTERVENTION Agrave CHAQUE SITUATION Reacuteinstauration de la relation de couple Quand le produit est laquo un tiers qui srsquoin-troduit dans le couple raquo108 la consultation va venir reacuteintroduire du tiers par le biais de la parole lagrave ougrave le produit vient remplir cette fonction entre les conjoints Le laquo non-consommateur probleacutema-tique raquo crsquoest-agrave-dire le conjoint en souf-france avec les difficulteacutes drsquoaddiction de lrsquoautre pourra alors exprimer ses reven-dications et son sentiment drsquoimpuissance devant les consommations probleacutema-tiques La consultation lui permet de se deacutecharger de ses craintes et de sa colegravere ailleurs que dans un face-agrave-face sans is-sue autrement que par la reacutepeacutetition des tentatives de controcircle et drsquoemprise La personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives pourra eacutegalement reacuteinteacutegrer une place de laquo conjoint raquo et pas uniquement de laquo malade raquo par rap-

107 Isabelle TAMIAN-KUNEGEL Le conjugal et le familial face agrave la probleacutematique alcoolique Approche centreacutee sur lentourage et lalcoolodeacutependance Chro-nique sociale 2015 174 p (Comprendre la socieacuteteacute)

108 Carmen BERNAND (dir) Deacutesirs drsquoivresse Al-cools rites et deacuterives Autrement 2000 p 51

106 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 107

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Theacuterapie familiale systeacutemique

La theacuterapie systeacutemique et la diversiteacute de ses approches permettent drsquointer-preacuteter les fonctions et le sens du symptocircme utiles pour accompagner lrsquoentourage des personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives

Les concepts de base en theacuterapie familiale systeacutemique

Systegraveme familial symptocircme et solutionDans lrsquoapproche des systegravemes (fami-liaux) se pose la question de la fonc-tion du symptocircme Si le comporte-ment addictif (symptocircme) reste un problegraveme crsquoest qursquoil peut ecirctre une solution dans le systegraveme sinon il au-rait disparu Certaines familles mettent en place des regravegles dysfonctionnelles afin de maintenir le systegraveme en homeacuteostasie Par exemple une femme qui se plaint de son eacutepoux et de ses conduites addictives aux conseacutequences difficiles agrave vivre aurait craint en mecircme temps si elle avait eacuteteacute avec un homme laquo sans problegraveme raquo que celui-ci la quitte Si elle reste avec cet homme qursquoelle deacutevalorise parfois crsquoest qursquoelle en a un beacuteneacutefice

Regravegles familiales dysfonctionnelles Jean-Franccedilois Croissant110 psycho-logue clinicien theacuterapeute familial deacutecrit quatre regravegles familiales dysfonc-tionnelles au sein de la famille

Regravegle du deacuteni minimisation par tous du problegraveme

Regravegle du silence le sujet doit ecirctre tenu cacheacute sous peine de honte ou de repreacutesailles

Regravegle de lrsquoisolement chacun doit se deacutebrouiller avec ses besoins et ses eacutemotions perte de la solidariteacute

Regravegle de la rigiditeacute fermeture du systegraveme sur lui-mecircme les regravegles doivent ecirctre rigides

Systegraveme et communicationLrsquohistoire de la penseacutee systeacutemique est indissociable de celle des theacuteories cyber-neacutetiques sciences de la communication et du controcircle par extension sciences de la signification et de la compreacutehen-sion des pheacutenomegravenes communicants

Pour Von Bertalanffy un systegraveme est laquo un ensemble de parties en interac-tion entre elles et avec leur milieu raquo

Pour De Saussure un systegraveme est laquo une totaliteacute organiseacutee fait drsquoeacuteleacute-ments solidaires ne pouvant ecirctre deacutefinis que les uns par rapport aux autres en fonction de leur place dans cette totaliteacute raquo

110 Jean-Franccedilois Croissant psychologue clinicien theacuterapeute familial formateur et superviseur en al-coologie et en theacuterapie familiale systeacutemique forma-teur en theacuterapie centreacutee sur les solutions et inspireacute par lrsquoanalyse transactionnelle directeur peacutedagogique de Peacutegase Processus Rennes et Saint-Brieuc

nose Eye-Movement Desensitization and Reprocessing - EMDR - Deacutesensibi-lisation et Retraitement par les Mouve-ments Oculaires etc) le sens du symp-tocircme pour lrsquoindividu est rechercheacute pour lrsquoaider agrave deacutevelopper de nouvelles res-sources plus efficaces

Approche inteacutegrative approche qui srsquoinspire de plusieurs approches theacutera-peutiques et le theacuterapeute utilise loutil

le plus efficace pour lrsquousager il peut uti-liser plusieurs outils en fonction des eacutetapes de lrsquoaccompagnement

Approche psychanalytique (psycha-nalyse psychotheacuterapie analytique) les origines du symptocircme pour lrsquoindividu sont rechercheacutees en preacutesupposant que ce processus va faire disparaicirctre le symptocircme

ZOOM

Carte familiale geacutenogramme et geacutenosociogrammeoutilS drsquoanalySe familiale

OrigineCrsquoest parce que lrsquoindividu nrsquoest pas vu comme le seul eacuteleacutement agrave observer que ces instruments drsquoanalyse de la structure familiale ont eacuteteacute creacuteeacutes dans les anneacutees 70 par les pionniers de la theacuterapie familiale

ObjectifDresser une image graphique plus ou moins succincte de lrsquohistoire familiale de la personne en lrsquoinscrivant dans du transgeacuteneacuterationnel non plus seule-ment horizontalement dans le preacute-sent mais verticalement agrave travers ses descendants et ascendants

PreacutesupposeacutesLrsquohistoire de la famille inf luence chaque individu transporte avec elle des valeurs des eacutemotions et des com-

portements transmis depuis des geacute-neacuterations

ApplicationsSelon lrsquoapprofondissement plus ou moins grand qui est rechercheacute ces outils permettent de scheacutematiser plu-sieurs geacuteneacuterations repeacuterer les dates cleacute (mariages naissances deacutecegraves deacutera-cinementhellip) les faits importants de lrsquohistoire de la vie de la famille (niveau drsquoeacutetudes professions seacuteparations remariages maladies probleacutematiques addictives suicide accidents deacutemeacutena-gements traumatismes incendies catastrophes deacutecegraves preacutematureacuteshellip) et les liens affectifs entre personnes

Ces outils offrent agrave la personne et au professionnel qui lrsquoaccompagne une repreacutesentation qui permet de srsquoins-crire dans une approche globale de la famille en identifiant et mesurant des liens entre des problegravemes actuels et des comportements des symptocircmes et interactions des eacuteveacutenements par-fois reacutepeacuteteacutes drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre

108 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 109

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

LE SENS DU SYMPTOcircME

Le symptocircme peut ecirctre le signe que la famille eacuteprouve des difficulteacutes agrave deacutepas-ser leacutetape actuelle de son cycle de vie ou des eacutevegravenements Il peut ecirctre lrsquoex-pression de la souffrance drsquoune famille toute entiegravere etou lrsquoexpression de souffrances passeacutees non-apaiseacutees Il peut correspondre agrave ce qui ne peut ecirctre dit dans lrsquoordinaire et servir de vecteur de parole y compris pour la famille Il peut permettre de sortir des secrets de famille de conflits de loyau-teacute de travailler sur une perception eacutemergeante moins douloureuse drsquoune reacutealiteacute ce qui peut ecirctre un des objectifs et un axe de travail theacuterapeutique importanthellip

POURQUOI COMMENT

Dans une famille srsquoopegravere souvent une confusion entre ce qui pose pro-blegraveme agrave savoir une addiction et lrsquoideacutee que lrsquoaddiction ou la personne pour-rait ecirctre le problegraveme Cette confusion ne facilite pas le changement pour la personne en probleacutematique addictive Lrsquoensemble familial ne peut srsquoentendre et lrsquoescalade symeacutetrique renforce les niveaux de mal-ecirctreEn travaillant la demande les profes-sionnels essaient de valider la souf-france de lrsquoentourage et de la per-sonne qui utilise le produit pour essayer de lrsquoapaiser Lrsquoeacutequipe profes-sionnelle souhaite ainsi faciliter le tra-vail theacuterapeutique sur les raisons de lrsquousage Lrsquoentourage et la famille ont des ressources Ils connaissent mieux que les professionnels leur histoire et leur contexte mecircme srsquoils peuvent faire partie des enjeux de lrsquousage

Les objectifs de la theacuterapie systeacutemique familiale

Tenter de rendre plus flexibles les regravegles de ce systegraveme afin que le laquo pa-tient raquo deacutesigneacute nrsquoait plus agrave jouer ce rocircle de stabilisateur sans qursquoaucun des pro-tagonistes ne se sente trop exposeacute drsquoabandonner ses croyances protec-trices forgeacutees par un veacutecu douloureux

Offrir un contexte de seacutecuriteacute af-fective qui permettra au systegraveme de vivre librement lrsquoexpeacuterience drsquoune autre modaliteacute relationnelle sans se sentir menaceacute

Aider le systegraveme agrave deacutefinir des laquo boucliers amovibles raquo plus adapteacutes et tout aussi opeacuterants que lrsquolaquo armure rigide et lourde raquo qursquoil utilise jusque-lagrave

ILLUSTRATION

Theacuterapie familiale en pratique au cSapa anpaa en vendeacutee

CONTEXTE Le CSAPA propose lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage des personnes ayant une conduite addictive Plu-sieurs types drsquoaccompagnement sont proposeacutes Lrsquoeacutetablissement considegravere que le travail de couple et de famille se pose en compleacutementariteacute de lrsquoen-tretien individuel En effet le systegraveme familial peut rendre difficiles le chemi-nement individuel et ses remanie-ments Crsquoest pourquoi lrsquoeacutequipe a voulu associer agrave lrsquoaccompagnement individuel l rsquoaccompagnement de couple et de famille Degraves 2004 une personne de lrsquoeacutequipe srsquoest formeacutee agrave la theacuterapie familiale et depuis 2015 un deuxiegraveme theacuterapeute familial a eacuteteacute re-cruteacute pour deacutevelopper la co-theacuterapie

OBJECTIFS Il ne srsquoagit pas seulement drsquoaccompa-gner les souffrances issues des addic-tions mais drsquoamener si possible le couple ou la famille agrave reacutefleacutechir au sens de ses symptocircmes Lrsquoapproche familiale peut permettre une autre deacutefinition de la situation de crise en termes interactionnels interperson-nels trans-geacuteneacuterationnels et favoriser une reacuteorganisation des processus rela-tionnels dans le reacuteseau familial Favoriser un autre regard de la famille sur le symptocircme addictif qui souvent a fait lrsquoobjet de la demande

110 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 111

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Conduites addictives et parentaliteacute crainte de la rupture des liens familiaux et impact sur lrsquoaccompagnement et les soins

Dans le contexte de parentaliteacute et de conduites addictives du patient le professionnel est souvent au centre drsquoune probleacutematique de prise de posi-tion ou du moins de reacuteflexion entre drsquoun cocircteacute la preacuteservation de la relation drsquoaccompagnement et de lrsquoautre le comportement de lrsquousager vis-agrave-vis de son conjoint ou ses enfants

Motivation aux soins pour la preacute-servation du lien avec lrsquoenfant pour certaines personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives le maintien de leurs liens parentaux que ce soit le droit de garde ou de visite de leurs enfants peut motiver lrsquoengagement dans les soins En particulier lorsque des mesures eacuteducatives relevant de la protection de lrsquoenfance sont engageacutees cet engagement dans les soins bien plus que motiveacute est parfois mecircme la condition du maintien de ces liens

Perception du risque de violences intrafamiliales hors de tout soin contraint les eacutequipes drsquoaccompagne-ment et de soins apprennent ou com-prennent parfois que des situations de violences existent la personne accompagneacutee est victime de violences ou est elle-mecircme auteure de vio-lence contre son conjoint ou ses en-fants notamment Certains professionnels ne mettront pas toujours en œuvre toutes les mesures adapteacutees de protection des personnes par fois par crainte de rompre la relation de confiance avec la personne et de perdre de vue cette personne engageacutee dans un processus de changement Or crsquoest ainsi que des situations par-fois graves ne font pas lrsquoobjet de signa-lement ou pas assez tocirct pour en reacute-duire les dommages Ces difficulteacutes ne sont pas rares et posent la question de lrsquoobjectif des soins et des conditions drsquoaccompagne-ment

ILLUSTRATION

Familles et incarceacuteration expeacuterimentation au cSapa reacutefeacuterent carceacuteral anpaa en lozegravere

Expeacuterimentation de septembre 2018 agrave juin 2019 agrave la maison drsquoarrecirct de Mende drsquoaccompagnement des fa-milles et des couples dont lrsquoun des membres est incarceacutereacute et en difficulteacute avec ses conduites addictives dans un objectif de diminution des risques de reacutecidive

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider la famillecouple agrave srsquoadapter agrave lrsquoincarceacuteration afin que celle-ci fasse eacutetape

Activer un processus drsquointeacuteriori-sation de la loi chez les famillescouples par la prise de conscience de la responsabiliteacute du condamneacute

Restaurer la communication lorsqursquoelle est conflictuelle ou sur un mode projectif (laquo crsquoest ta faute pas la miennehellip raquo)

Preacuteparer avec la famille la sortie du membre incarceacutereacute

MISE EN ŒUVRE

Les deacutetenus sont orienteacutes vers le CSAPA par le SPIP etou lrsquouniteacute sani-taire en milieu peacutenitentiaire lors de la commission pluridisciplinaire unique

Les deacutetenus sont rencontreacutes en entretien individuel Les profession-nels du CSAPA eacutevaluent la situation familiale ou de couple avec le deacutetenu communication entre les membres exercice des rocircles prise de risque capaciteacute agrave srsquoindividualiser conflit(s) frontiegraveres un besoin de laquo reacuteparer raquo sa faute etc

Si lrsquoentretien familial semble un mode drsquointervention adapteacute agrave la si-tuation le professionnel le propose au deacutetenu Srsquoil est drsquoaccord le deacutetenu informe les membres de la famille invi-teacutes agrave participer agrave lrsquoentretien

La planification et lrsquoorganisation de lrsquoentretien et lrsquoaccueil de la famille sont eacutelaboreacutes avec lrsquoadministration peacutenitentiaire

DEacuteROULEMENT

Entretiens familiaux ou de couple au sein de la maison drsquoarrecirct animeacutes par deux professionnels formeacutes agrave lrsquoapproche systeacutemique (un travailleur social et un psychologue)

Dureacutee par entretien 1h15 environ Rythme entretien tous les 15 jours

selon les contraintes peacutenitentiaires Lieu parloir de la maison drsquoarrecirct

112 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 113

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Par un continuum qui balaie les champs de la preacutevention en passant par la reacute-duction des r isques et dommages jusquaux soins et de la famille agrave len-tourage professionnel ou scolaire lou-vrage offre au lecteur une vision eacutelargie du sujetCe guide na pas vocation agrave deacutevelopper des theacuteories ou des concepts Il pro-pose agrave chaque professionnel des pistes de reacutef lexion avec des illustrations claires et documenteacutees il se veut pra-tique Chacun sera libre dapprofondir le sujet par ses lectures en sappuyant sur les reacutefeacuterences citeacutees Laction une laquo Affaire de famille raquo par sa diffusion

est un des outils de reacutefeacuterence qui pro-pose une formation des professionnels pour accompagner les familles et chaque personne agrave travers le prisme de la question intergeacuteneacuterationnelleLa question de lentourage pose sim-plement la question de lAutre celle de la place qui lui est donneacutee autant que celle quil saccorde lui-mecircme Des in-terrogations qui peuvent trouver reacute-ponse dans un jeu (laquo je raquo) toujours en eacutequilibre quand le processus daddic-tion est enclencheacute en srsquoappuyant sur les ressources de chacun pour trouver un eacutequilibre

MOT DE CONCLUSION

Ce guide a pour objectif daider chacun dans sa pratique et chaque eacutequipe de terrain agrave donner du sens agrave laccueil leacutecoute et laccompagnement qui est proposeacute agrave chaque membre de lentourage

GUIDE REPEgraveRES 115

ANNEXE

114 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

ENVIRONNEMENT FAMILIAL

NGUIMFACK L laquo Jrsquoai mal agrave ma famille raquo ou un enfant se drogue recomposition familiale et distorsion des frontiegraveres intrafamiliales Information Psychiatrique ndeg 93 310-316 (2017)

BELLON-CHAMPEL L VARESCON I Environnement familial et consommation de substances psychoactives agrave lrsquoadoles-cence facteurs de vulneacuterabiliteacute et drsquoadaptation Annales Meacutedico-Psycho-logiques ndeg 175 313-319 (2017)

CAPELIER F MINONZIO J BRODIEZ-DOLINO A Familles et vulneacuterabiliteacutes Dossier INFORMATIONS SOCIALES ndeg 188 1-121 (2015)

Addictions familles et entourage 72 p (Feacutedeacuteration Addiction 2012)

CASSEN M Dynamiques familiales et conduites addictives lrsquoexemple des toxicomanies LE JOURNAL DES PSY-CHOLOGUES ndeg 254 57-60 (2008)

MELIHAN-CHEININ P Familles et deacute-pendances eacuteleacutements de langage PSY-CHOTROPES ndeg 13 217-227 (2007)

CHATELARD C amp FACY F Alcool et familles 172 p (Editions EDK 2007)

KLEIN M Famille et deacutependance DEPENDANCES ndeg 2-3 (2004)

ROUSSAUX JP FAORO-KREIT B HERS D Lrsquoalcoolique en famille dimensions familiales des alcoolismes et implications theacuterapeutiques 312 p (De Boeck Universiteacute 2000 2e eacutedition)

PARENTALITEacute ET ADDICTIONS

Accompagnement agrave la parentaliteacute (dos-sier documentaire) Socieacuteteacute Franccedilaise de Santeacute Publique (2016) httpwwwsfspfrcontent-page111-dossiers-documentaires3097-accompa-gnement-a-la-parentalite-3097

Promouvoir la santeacute degraves la petite en-fance - Accompagner la parentaliteacute 194 p (INPES 2014)

DELAWARDE C BRIFFAULT X USU-BELLI L Aider les parents agrave ecirctre pa-rents Modegraveles et pratiques des pro-grammes lsquoevidence-basedrsquo drsquoaide agrave la parentaliteacute ANNALES MEDICO-PSY-CHOLOGIQUES ndeg 172 273-279 (2014)

ANNEXE BIBLIOGRAPHIE

116 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 117

ANNEXE

UEHLINGER C Quand lrsquoautre boit guide de survie pour les proches de personnes alcooliques 196 p (Editions Anne Carriegravere 2006)

TORDEURS D JANNE P amp KINAPPE A Qursquoest-ce que le coalcoolisme ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 303-310 (2002)

ANASTASSIOU V SCHWEITZER M amp SOKOLOW I Pour le meilleur et pour le pire pratique clinique et reacuteflexions theacuteoriques drsquoune theacuterapie de groupe de conjoints de malades alcooliques ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 53-62 (2002)

ENFANTS JEUNES

LAFAYE G Adolescence et addiction clinique et prise en charge In Traiteacute drsquoaddictologie 2e eacutedition 132-138 (La-voisier Meacutedecine 2016)

MELCHIOR M Psychopathologie et addiction des parents situation sociale et comportement de lrsquoenfant EURO-PEAN PSYCHIATRY ndeg 8 607-608 (2014)

FAORO-KREIT B Les enfants et lrsquoal-coolisme parental 290 p (Editions Eregraves 2011)

DURASTANTE R Adolescence et addictions De la crypte familiale au dispositif en tuilage Approche psycha-nalytique de la famille et du transgeacuteneacute-rationnel 279 p (De Boeck 2011)

ABDERHALDEN I amp GRAF M Entou-rage des enfants vivant dans des familles ayant un problegraveme drsquoaddiction beau-coup drsquoadultes pour quelles actions DEPENDANCES ndeg 40 15-22 (2010)

LUSSIER K amp LAVENTURE M Carac-teacuteristiques familiales associeacutees agrave lrsquoinitia-tion de psychotropes agrave lrsquoadolescence PSYCHOTROPES ndeg 3 49-70 (2009)

HAUTEFEUILLE M Grandir parmi les addictions quelle place pour lrsquoeacuteducation PSYCHOTROPES ndeg 3 5-7 (2009)

VENISSE J -L BRONNEC M amp GUILLOU M Inteacuterecirct de lrsquoapproche systeacutemique dans le soin des addictions du sujet jeune COURRIER DES AD-DICTIONS ndeg 3 77-79 (2007)

ASSAILLY J P Jeunes en danger Les familles face aux conduites agrave risques 248 p (Imago 2007)

ALLAIN-VOVARD J amp DEMARIA D Grandir dans lrsquoombre drsquoun parent alcoo-lique 112 p (Chronique Sociale 2007)

Enfants heacuteros ou boucs eacutemissaires quand les parents boiventhellip des enfants deacutelaisseacutes ADDICTIONS ndeg 9 10-15 (2005)

Comprendre la famille pour aider les adolescents en conduite addictive RE-VUE TOXIBASE ndeg 18 1-17 (2005)

MONGE J La drogue agrave la maison quand parents et enfants consomment laquo en chœur raquo PSYCHOTROPES ndeg 3-4 197-211 (2013)

MICHAUD P A AMBRESIN A E amp SURIS J C Quelle place pour les pa-rents dans la preacutevention du meacutesusage de substances DEPENDANCES ndeg 50 2-5 (2013)

Soutien agrave la parentaliteacute DEPENDANCES ndeg 50 16-30 (2013)

SALIBA-SFEIR C Parentaliteacute addiction et travail social 218 p (LrsquoHarmattan 2013)

SIMMAT-DURAND L GENEST L amp LEJEUNE C Les seacuteparations des megraveres consommatrices de substances psy-choactives de leurs enfants reacutesultats dans une cohorte reacutetrospective fran-ccedilaise PSYCHOTROPES ndeg 3 123-149 (2012)

SIMMAT-DURAND L Parentaliteacute et addiction in Addictologie clinique 169-185 (Presses Universitaires de France 2011)

GAUSSOT L LE MINOR L amp PALIERNE N Les styles eacuteducatifs parentaux et la consommation drsquoalcool des jeunes ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 205-213 (2011)

CHOQUET M Les parents face agrave la consommation de substances psychoac-tives des adolescents ACTUALITE ET DOSSIER EN SANTE PUBLIQUE ndeg 75 5-7 (2011)

MURIEL G Les pegraveres addicteacutes PSY-CHOTROPES ndeg 3-4 47-56 (2010)

MORISSETTE P amp VENNE M Parenta-liteacute alcool et drogues Un deacutefi multidisci-plinaire 272 p (CHU Sainte Justine 2009)

MORISSETTE P DEVAULT A amp BOURQUE S La paterniteacute dans un contexte de consommation maternelle abusive drsquoalcool et de drogues EN-FANCES FAMILLES GENERATIONS ndeg 11 1-24 (2009) httpideruditorgiderudit044119ar

STOCCO P Les femmes toxicomanes et la dimension familiale traitement et questions eacutethiques PSYCHOTROPES ndeg 3-4 251-265 (2007)

KAMMERER E Quand la megravere de famille consulte qursquoen penser que dire que faire COURRIER DES ADDICTIONS suppl au ndeg 1 43-48 (2005)

ANASTASSIOU V Les distorsions de la fonction parentale dans le systegraveme alcoolique ALCOOLOGIE ET ADDIC-TOLOGIE ndeg 3 191-199 (2003)

COUPLE

SIMMAT-DURAND L et al Vies de couple chez des personnes en sortie des addictions ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 1 47-56 (2016)

TAMIAN I Lrsquoaccueil et lrsquoeacutecoute du couple face agrave lrsquoalcoolo-deacutependance ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 33-41 (2013)

118 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 119

ANNEXE

SENEVIRATNE A amp DAEPPEN J B Implication de la famille dans le traite-ment de lrsquoalcoolodeacutependance ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 283-293 (2009)

MONJAUZE M amp DELROCQ C Comprendre et accompagner le patient alcoolique des entretiens individuels et familiaux au travail de groupe 208 p (In Press Editions 2008)

CASSEN M amp DELILE J-M Theacuterapies familiales et addictions nouvelles perspectives PSYCHOTROPES ndeg 3-4 229-249 (2007)

PALAZZOLO J Aidez vos proches agrave surmonter lrsquoalcoolisme 142 p (Hachette 2006)

WALLENHORST T Lrsquoaccompagnement du patient alcoolique et de ses familiers ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 231-236 (2003)

GOMEZ H Lrsquoalcoolique les proches et les soignants pour une autre pratique de lrsquoalcoologie 168 p (Editions Dunod 2003)

ALBUMS JEUNESSE

DUPIN Oamp DEMURO T Des ours dans la maison (Editions drsquoOrbestier agrave paraicirctre novembre 2018)

JUVIGNY H LABBE B amp LATYK O Papa a la maladie de lrsquoalcool 35 p (Milan Jeunesse 2008)

De SAINT MARS D amp BLOCH S Emilie nrsquoaime pas quand sa megravere boit trop 46 p (Calligram 2006)

JOSSET J amp RAPAPORT G Je ne suis pas un super heacuteros 16 p (Circonflexe 2004)

BEDOS L amp POIRIER P Tata boit 22 p (Michel Lafon Jeunesse 1998)

PREacuteVENIR SOUTENIR

BERGERON J Le rocircle des parents dans la preacutevention des conduites automobiles agrave risques des jeunes utilisateurs de can-nabis ADDICTION(S) RECHERCHES ET PRATIQUES ndeg 1 56-58 (2016)

Remettre les parents au cœur de la preacutevention RECHERCHE ET ALCOO-LOGIE ndeg 38 1-2 (2010)

ROMO L AUBRY C amp MARQUEZ S Groupe de parole pour lrsquoentourage de patients alcoolodeacutependants ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 63-66 (2009)

JEAMMET P Les parents premiers acteurs de la preacutevention LA SANTE DE LrsquoHOMME ndeg 398 25-26 (2008)

BESANCON F Drogues alcool en parler en famille 183 p (InterEditions-Dunod 2006)

GUGGENBUumlHL A Theacuterapie de groupe pour les enfants de familles toucheacutees par lrsquoalcool DEPENDANCES ndeg 23 8-10 (2004)

SEKERA E DANIS D GACHE P amp GABRIS G Aider les proches pour motiver les malades alcooliques agrave se soigner ALCOOLOGIE ET ADDICTO-LOGIE ndeg 1 47-49 (2003)

MIALON A Lrsquoaccompagnement de lrsquoentourage ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 2 194-198 (2001)

DUFOUR M-H amp NADEAU L Lrsquoeffi-caciteacute des programmes de preacutevention de la toxicomanie axeacutes sur les familles SANTE MENTALE AU QUEBEC ndeg 2 224-245 (1998) httpideruditorgiderudit032461ar

DOBKIN P L BEAUDOIN D amp BEAUDOIN J Briser le cycle inter-vention familiale pour les enfants de toxicomanes PSYCHOTROPES ndeg 3 53-67 (1997)

CROUZET C MAGGIA B BRINGUIER M BALMES J L Inteacuterecirct drsquoun accueil speacutecifique de lrsquoentourage familial du malade alcoolodeacutependant ALCOOLO-GIE ndeg 3 223-224 (1995)

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN

SHADILI G amp BOWEN J-F Un cas embleacutematique au sein drsquoune consultation jeune consommateur INFORMATION PSYCHIATRIQUE ndeg 93 125-130 (2017)

OBRADOVIC I Dix ans drsquoactiviteacute des laquo consultations jeunes consommateurs raquo TENDANCES ndeg 101 8 p (2015)

ANASTASSIOU V et al Un dispositif drsquoaccueil familial theacuterapeutique en alcoo-logie Historique et modaliteacutes AL-COOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 2 133-140 (2014)

MIERMONT J Pour une theacuterapie avec la famille COURRIER DES ADDIC-TIONS ndeg 4 10-13 (2012)

120 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 121

ANNEXE

OUTILSVideacuteos ndash Films ndash Podcast

Parentaliteacute et addictions (ANPAA 2016 1244)

Alcoolisme la souffrance des proches (Addiction Suisse 2016 829)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=sbjLU8FBn5E

Parents vers qui se tourner (Santeacute Publique France 2015 324)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=IEzufAZ_xf0amplist=PLl00syIAM v7Q l 2 s k s I q W1kYA N 8 I Tc _ 3 -Rampindex=12

Le portail franco-queacutebeacutecois Paren-taliteacute et deacutependances propose des res-sources videacuteos classeacutees par theacutematique httpwwwparentalite-dependancescomressources-accueil

Campagne drsquoinformation de preacute-vention des usages de drogues Parents laquo eacutecoutez dabord raquo (Drogues Info Service 2017 117)

httpwwwdrogues-info-servicefrAc-tualitesPrevention-des-usages-de-dro-gues-Parents-ecoutez-d-abordWs-8jx5c6_cs

Des videacuteos sur le site DROGBOX ht tp wwwdrogboxfr05-drog-a-lecran04-VIDEOS-DIVERSESpagephp

Playlists des campagnes INPES agrave visionner sur httpwwwdailymotioncomInpes

Un bateau ivre (documentaire de Kristell Menez)

httpwwwbalibaricomf ilmsun-ba-teau-ivre

Nos parents alcooliques France-Culture

httpswwwfranceculturefremissionssur-les-docks-14-15nos-parents-alcoo-liques

Sites internet

Forum de discussion pour lrsquoentourage sur

httpwwwalcool-info-servicefrL-al-cool-et-vos-proches

Parler de lrsquoalcoolisme (de son pegravere de sa megravere de son fregraverehellip)

httpwwwquandunparentboitbe

wwwparentsetaddictionch

wwwmamanboitch

httpbobyaddictionsuissech

122 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 123

NOTES

124 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

POUR EN SAVOIR PLUSanpaaassofr

Vos questions vos suggestionscontactanpaaassofr

Suivre lrsquoactualiteacute ANPAA et en addictologie

20 rue Saint-Fiacre 75002 ParisTeacutel 01 42 33 51 04

Guide reacutealiseacute avec la collaboration des membres de la commission des pratiques professionnelles de lrsquoANPAA Steacutephane Baghuelou chef de service dans lrsquoYonne Mireille Carpentier directrice reacutegionale en Basse Normandie Virginie Chauvey animatrice de preacutevention en Haute-Saocircne Annick Dessy psychologue dans la Marne Jamel Housni eacuteducateur speacutecialiseacute dans les Alpes de Haute-Provence Heacutelegravene Lapeyre assistante sociale en Gironde Thierry Larelle meacutedecin en Dordogne Marion Likiby Mbeba secreacutetaire dans le Rhocircne Marion Luxembourger psychologue en Ardegraveche Brice Mallet IDE en Pyreacuteneacutees-Atlantiques Agnegraves Merran secreacutetaire en Vendeacutee Noeacutemie Morlet animatrice de preacutevention dans lrsquoAube Laurence Roger IDE dans lrsquoOrne Marc Rondony meacutedecin coordinateur en Pyreacuteneacutees Orientales Angeacutelique Rozand meacutedecin coordinatrice dans la Drocircme et lrsquoArdegraveche Cathy Simon vice-preacutesidente de lrsquoANPAA Denis Turpin administrateur de lrsquoANPAA

Guide coordonneacute par Delphine Jarraud adjointe agrave la direction nationale des activiteacutes de lrsquoANPAA

Guide reacutealiseacute avec le soutien financier de la Direction Geacuteneacuterale de la Santeacute et de lrsquoAssurance Maladie

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18

Les conduites addictives ne sont pas seulement le teacutemoin de conflits intrapsychiques mais aussi une difficulteacute du lien de la relation Elles srsquoinscrivent dans une complexiteacute interrelationnelle ougrave le systegraveme familial et au sens large les relations sociales qui a deacutejagrave en geacuteneacuteral beaucoup œuvreacute ne sait pas ougrave aller chercher lrsquoinformation pertinente au changement Il srsquoagit donc en tant que professionnel du champ de lrsquoaddictologie drsquoopter pour une vision circulaire des interactions avec des formes drsquoaccompagnement et de soins incluant les entourages Il srsquoagit de prendre en compte toutes les parties prenantes des probleacutematiques addictives avec leurs fonctionnaliteacutes mais surtout leurs ressources potentielles et leur capaciteacute agrave laisser eacutemerger lrsquolaquo auto-solution raquo et leurs compeacutetences Car lrsquoimplication de lrsquoentourage aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sensibiliseacutes peuvent soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche drsquoaccompagnement

Ce guide porte sur lrsquoimportance de lrsquoentourage en preacutevention accompagnement et soins il propose des repegraveres pour les pratiques professionnelles des zooms des illustrations agrave travers des actions de terrain

Deacutecembre 2018

Page 6: Conduites addictives TRAVAILLER POUR ET AVEC LES …2/ conduites addictives, travailler pour et avec les personnes de l’entourage guide repÈres /3 sommaire considÉrer l’entourage

8 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 9

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

eacutemerger lrsquolaquo auto-solution raquo et leurs compeacutetences3 Car lrsquoimplication de lrsquoen-tourage aupregraves de la personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives est un facteur de reacuteussite des proches in-formeacutes et sensibiliseacutes peuvent soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche drsquoaccompa-gnement

Au niveau de lrsquoindividu pour aller de lrsquoentourage en souffrance au proche aideacute puis aidant le regard sur soi et sur lrsquoautre est crucial Le professionnel est agrave la croiseacutee des regards confronteacute agrave de multiples interrogations qui eacutemergent dans le rapport agrave lrsquoentourage accompa-gner agrave la fois la personne deacutependante et son entourage Lrsquoentourage est-il la cause ou la conseacutequence de lrsquoaddiction Lrsquoentourage peut-il ecirctre un appui pour une reacuteduction des risques et des dom-mages Quelle souffrance affecte lrsquoen-tourage et quelle est lrsquoeacutetendue des impacts combien de personnes et les-quelles sont concerneacutees

Du speacutecialiste en neurosciences de lrsquoad-diction agrave lrsquoanimateur de preacutevention cha-cun pourra puiser dans ce guide matiegravere agrave deacuterouler et peut-ecirctre dynamiser ses pratiques en envisageant laquo lrsquoentou-rage raquo dans son spectre le plus complet

3 Antoinette MIALON-FOUILLEUL laquo Psychopatho-logie familiale des conduites drsquoalcoolisation raquo in M REY-NAUD (dir) Traiteacute drsquoaddictologie Flammarion pp 334-339

TOUTEFOIS LE CONTENU DE CE GUIDE NrsquoABORDE PAS LES QUESTIONS RELEVANT SPEacuteCIFIQUEMENT

De la grossesse et des risques pour lrsquoembryon et le fœtus lieacutes aux conduites addictives de la femme enceinte ou du tabagisme de son entourage

Des situations drsquoincarceacuteration du fait de la speacutecif iciteacute de lrsquoespace-temps contraint et de la particulariteacute du milieu carceacuteral

Des missions de meacutediation sociale des CAARUD4 en vue de sassurer une bonne inteacutegration dans le quartier il srsquoagit lagrave de lrsquolaquo entourage raquo au sens de lrsquolaquo environnement raquo de lrsquoeacutetablissement (habitants commerccedilants etc)5

4 Deacutecret ndeg 2005-1606 du 19 deacutecembre 2005 relatif aux missions des centres daccueil et daccompagnement agrave la reacuteduction des risques pour usagers de drogues et modifiant le code de la santeacute publique

5 Pour aller plus loin sur ce sujet Gwenola LE NAOUR Chloeacute HAMANT Nadine CHAMARD Faire accepter les lieux de reacuteduction des risques ndash un enjeu quotidien CERPE DGS mai 2014 100 p

MOT DINTRODUCTION

En guise drsquointroduction ce teacutemoignage illustre la complexiteacute du rapport entre entourage et personne en difficulteacute avec ses conduites addictives Il pointe aussi lrsquoeacutetendue des dommages potentielle-ment induits par les difficulteacutes drsquoune personne avec ses conduites addictives Ce guide a pour vocation dapporter agrave tout professionnel intervenant dans le champ des addictions lrsquooccasion drsquoune prise de recul drsquoun enrichissement de la reacuteflexion sur la place de lrsquoentourage

En preacutevention comme en accompagne-ment et en soins une eacutevolution des repreacutesentations des rocircles de chaque individu autour de lrsquoaddiction a eu lieu notamment une eacutevolution des repreacute-sentations des notions de laquo victimes raquo et de laquo bourreaux raquo deacutesigneacutes agrave tort en matiegravere de probleacutematique addictive

Hier les probleacutematiques addictives en particulier lieacutees agrave lrsquoalcool eacutetaient re-peacutereacutees par lrsquoentourage le but eacutetait la laquo protection raquo de lrsquoentourage contre les laquo meacutefaits raquo de la personne addicte

Puis il srsquoest agi drsquoextraire lrsquousager de son entourage pour traiter le laquo ma-lade raquo

Aujourdrsquohui srsquoopegravere une prise en compte de toutes les parties prenantes la personne en dif f iculteacute avec ses conduites addictives et son entourage sont eacutetroitement lieacutes

Parallegravelement un meacutelange des repreacute-sentations psychiques lieacutees aux addic-tions avec la reacutealiteacute socieacutetale modifie la repreacutesentation de lrsquoentourage lui-mecircme en permanence comme on peut lrsquoob-server agrave travers les nombreuses illustra-tions de lrsquoexposition et de lrsquoouvrage laquo 130 ans de preacutevention de lrsquoalcoolisme 1870-2000 raquo2 Notamment le modegravele preacutevalent drsquoune socieacuteteacute consumeacuteriste confronte lrsquoindivi-du agrave un continuum de potentielles pra-tiques agrave risque addictif degraves son plus jeune acircge De nouvelles addictions nu-meacuteriques etou comportementales font de lrsquoentourage le point neacutevralgique de la preacutevention des risques et dommages lieacutes aux conduites addictives

Les conduites addictives ne sont pas seulement le teacutemoin de conflits intra-psychiques mais aussi une difficulteacute du lien de la relation Elles srsquoinscrivent dans une complexiteacute interrelationnelle ougrave le systegraveme familial et au sens large les rela-tions sociales qui a deacutejagrave en geacuteneacuteral beaucoup œuvreacute ne sait pas ougrave aller chercher lrsquoinformation pertinente au changement Il srsquoagit donc en tant que professionnel du champ de lrsquoaddictolo-gie drsquoopter pour une vision circulaire des interactions avec des formes drsquoaccom-pagnement et de soins incluant les en-tourages Il srsquoagit de prendre en compte toutes les parties prenantes des probleacute-matiques addictives avec leurs fonction-naliteacutes mais surtout leurs ressources potentielles et leur capaciteacute agrave laisser

2 130 ans de preacutevention de lrsquoalcoolisme en France 1870-2000 Eacuteditions CFES 2001 67 p

10 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 11

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Souffrances de voir lrsquoautre souffrir avec ses probleacutematiques addictives et de ne pas parvenir agrave srsquoen deacutefaire

Recherche et expeacuterimentation de toute une gamme de laquo solutions raquo drsquoaide

Sentiment drsquoimpuissance voire de culpabiliteacute avec de nombreuses inter-rogations comment en parler com-ment accompagner la personne com-ment la soutenir pour changer et permettre une reacuteduction des risques et des dommages encourus

Comportements et attitudes qui initient voire facilitent les conduites addictives du proche

Comportements qui accentuent le sentiment de difficulteacutes de la per-sonne addicte injonction controcircle agir agrave la place de lrsquoautre (lrsquoautre eacutetant estimeacute dans le deacuteni ou incapable drsquoagir de lui-mecircme) menace qui achegraveve drsquoalteacute-rer significativement la relation entre la personne addicte et son entourage et lrsquoidentiteacute de chacun

Ces attitudes et comportements sont ponctueacutes drsquoexpeacuterimentations de moda-liteacutes drsquoaide de recherches de solutions et de peacuteriodes de deacutecouragementCeci est la trame drsquoune difficulteacute sous-jacente celle de demander de lrsquoaide alors mecircme que lrsquoinquieacutetude devient permanente En effet la parole ne va pas de soi Crsquoest pourtant cette deacutemarche initiale pour ne pas dire initiatique qui permet-

tra agrave lrsquoentourage de renouer avec son individualiteacute Chaque membre de lrsquoen-tourage srsquoempare alors de sa propre difficulteacute tant physique que psychique pour parvenir agrave voir au-delagrave de lrsquoaddic-tion de lrsquoautre

Agrave RETENIR

Chaque membre de lrsquoentourage est un individu agrave part entiegravere qui neacutecessite une attention distincte de son proche en situation drsquoaddic-tion et un accompagnement pour prendre en compte et participer agrave la reacuteduction de sa souffrance propre

Chaque membre de lrsquoentourage fait partie du laquo systegraveme raquo de la probleacutematique addictive et doit ecirctre pris en compte dans lrsquoaccom-pagnement et les soins de la per-sonne en dif f iculteacute avec ses conduites addictives

Comme on dit que la personne addicte ne se reacuteduit pas agrave son ad-diction la personne qui entoure ne se reacuteduit pas et ne doit pas ecirctre reacuteduite agrave sa place drsquoentourage

La personne de lrsquoentourage laquo se rend malade raquo de la probleacutematique addictive de lrsquoautre et conseacutecutive-ment laquo se rend malade raquo du senti-ment de sa propre incapaciteacute agrave y remeacutedier et agrave aider lrsquoautre

Cette souffrance de lrsquoentourage ne peut pas ecirctre ignoreacutee mecircme si le patient deacutesigneacute laquo malade raquo nrsquoest pas demandeur de soins

1fraslthinsp2 LrsquoENTOURAGE SES DIFFICULTEacuteS ET SES RESSOURCES

1 DES RESSOURCES ET COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave RENFORCER

ABORDER LrsquoENTOURAGELes personnes qui composent lrsquolaquo entou-rage raquo jouent un rocircle essentiel dans la compreacutehension la preacutevention lrsquoaccom-pagnement et les soins en matiegravere de probleacutematique addictive drsquoun proche Les probleacutematiques addictives de tout individu impactent forceacutement les per-sonnes de lrsquoentourage agrave des degreacutes di-vers et de faccedilon variable selon le type de conduite addictive et selon les per-sonnes selon leur identiteacute et leurs liens Et inversement lrsquoentourage a un impact durant le processus de conduites addic-tives et de soins

Peu nombreuses sont les personnes de lrsquoentourage6 qui franchissent le pas de la demande drsquoaide et parfois tregraves voire trop tardivement Lagrave reacuteside toute la dif-ficulteacute drsquoapproche de lrsquoentourage alors que crsquoest souvent sur cet entourage que repose la sortie du deacuteni de la personne addicte et une part de la reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins

QUI EST Lrsquo laquo ENTOURAGE raquo Lrsquoentourage deacutesigne premiegraverement un

6 6 des 78 500 personnes accompagneacutees en CSAPA geacutereacutes par lrsquoANPAA en 2017

laquo ensemble de personnes vivant habi-tuellement aupregraves de quelqursquoun raquo Lrsquoen-tourage peut aussi se deacutefinir comme toute personne confronteacutee ou impli-queacutee dans les probleacutematiques addictives drsquoun tiers De prime abord on y voit les membres de la famille depuis le couple donc le conjointe les enfants jusqursquoaux ascendants et collateacuteraux puis les amis les collegravegues Ainsi pourrait aussi ecirctre impacteacute lrsquointervenant non speacutecialiseacute aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives du laquo meacutedecin de famille raquo (qui fait laquo partie de la fa-mille raquo) en passant par lrsquoentraicircneur sportif le CPE du collegravege le voisin lrsquoaide-soignante ou lrsquoassistante de vie du retraiteacute en prise addictive avec ses meacute-dicaments

LrsquoENTOURAGE UNE PERSONNE FRAGILISEacuteE MAIS EXPEacuteRIMENTEacuteELes personnes de lrsquoentourage sont glo-balement deacutemunies aupregraves drsquoun proche en difficulteacute avec ses conduites addic-tives pouvant passer du deacuteni agrave la pos-ture de laquo sauveur raquo Ces personnes se situent dans des attitudes et comporte-ments qui ne sont geacuteneacuteralement pas univoques

Deacuteni ou minimisation de la percep-tion des risques et des dommages pour la personne elle-mecircme comme pour les tiers qui lrsquoentourent

Souffrances lieacutees aux conseacutequences quotidiennes de la conduite addictive de leur proche instabiliteacute voire inseacute-curiteacute adaptations neacutecessaires pour y faire face

12 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 13

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

DES COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave VALORISER ET Agrave RENFORCER Les conditions de vie lrsquoenvironnement les facteurs biologiques les facteurs socio-culturels et eacuteconomiques pour tout individu entourage ou addict in-fluent sur la capaciteacute de la personne agrave reacutepondre avec efficaciteacute aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne Au-delagrave de sa relation avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addic-tives lrsquoentourage sera plus ou moins apte agrave aider lrsquoautre ou parfois srsquoextraire de la situation pour sa propre sauve-garde

Lrsquoaccumulation de souffrances lieacutees au proche addict peut conduire toute per-sonne de lrsquoentourage agrave un eacutetat de stress qui pourra deacuteborder ses capaciteacutes agrave agir pour lrsquoautre et lui-mecircmeDans le contexte de probleacutematique addictive que connaicirct lrsquoentourage les compeacutetences psychosociales acquises sont tregraves souvent abicircmeacutees en plusieurs endroits Amener lrsquoentourage agrave valori-ser reacutetablir et renforcer ses compeacute-tences crsquoest lui donner les moyens drsquoagir pour son propre mieux-ecirctre et pour le mieux-ecirctre de lrsquoautre plutocirct qursquoagrave pour-suivre une lutte contre lrsquoautre contre lrsquoaddiction de lrsquoautre

ZOOM

Les compeacutetences psychosociales7

Les compeacutetences psychosociales sont deacutefinies par lrsquoOrganisation Mondiale de la Santeacute (OMS) en 1993 comme eacutetant laquo la capaciteacute drsquoune personne agrave mainte-nir un eacutetat de bien-ecirctre subjectif lui permettant de reacutepondre positivement et efficacement aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne raquo Le ren-forcement des CSP est ainsi clairement un eacuteleacutement fondamental de la promo-tion de la santeacute et du bien-ecirctre des personnes particuliegraverement quand ce problegraveme de santeacute est lieacute agrave un comportementCes compeacutetences essentielles et trans- culturelles sont eacutetroitement lieacutees agrave lrsquoestime de soi et aux compeacutetences relationnelles relation agrave soi et relation aux autres

7 laquo Deacutevelopper les compeacutetences psychosociales chez les enfants et les jeunes raquo La Santeacute en action ndeg 431 2015 pp 10-40

LrsquoOMS en identifie dix principales qui srsquoajustent par deux

Savoir reacutesoudre les problegravemes Savoir prendre des deacutecisions

Avoir une penseacutee critique Avoir une penseacutee creacuteative

Savoir communiquer efficacement Ecirctre habile dans les relations interpersonnelles

Avoir conscience de soi Avoir de lrsquoempathie pour les autres

Savoir geacuterer son stress Savoir geacuterer ses eacutemotions

Ces CSP peuvent ecirctre deacutefinies sous un autre angle agrave travers trois prismes

1 LES COMPEacuteTENCES SOCIALES

(ou interpersonnelles ou de com-munication)

Les compeacutetences de communica-tion verbale et non verbale ndash eacutecoute active expression des eacutemotions ca-paciteacute agrave donner et recevoir des re-monteacutees drsquoinformation et des reacuteac-tions

Les capaciteacutes de reacutesistance et de neacutegociation ndash gestion des conf lits capaciteacute drsquoaffirmation reacutesistance agrave la pression drsquoautrui

Lrsquoempathie crsquoest-agrave-dire la capaciteacute agrave eacutecouter et comprendre les besoins et le point de vue drsquoautrui et agrave exprimer cette compreacutehension

Les compeacutetences de coopeacuteration et de collaboration en groupe

Les compeacutetences de plaidoyer qui srsquoappuient sur les compeacutetences de persuasion et drsquoinfluence

2 LES COMPEacuteTENCES COGNITIVES

Les compeacutetences de prise de deacuteci-sions et de reacutesolution de problegravemes

La penseacutee critique et lrsquoauto-eacutevalua-tion qui impliquent de pouvoir analy-ser lrsquoinfluence des meacutedias et des pairs drsquoavoir conscience des valeurs atti-tudes normes croyances et facteurs qui nous affectent de pouvoir identi-fier les (sources) drsquoinformations perti-nentes

3 LES COMPEacuteTENCES

EacuteMOTIONNELLES

(ou drsquoautoreacutegulation)

Les compeacutetences de reacutegulation eacutemotionnelle ndash gestion de la colegravere et de lrsquoanxieacuteteacute capaciteacute agrave faire face agrave la perte agrave lrsquoabus et aux traumatismes

Les compeacutetences de gestion du stress qui impliquent la gestion du temps la penseacutee positive et la maicirc-trise des techniques de relaxation

Les compeacutetences favorisant la confiance et lrsquoestime de soi lrsquoauto-eacutevaluation et lrsquoautoreacutegulation

14 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 15

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

tentes les besoins le parcours de vie les compeacutetences les expeacuteriences de la personne de lrsquoentourage dans sa singu-lariteacute avec en ambulatoire un docu-ment individuel de prise en charge (au terme leacutegal on preacutefegraverera le terme laquo drsquoaccompagnement raquo) ou en reacutesiden-tiel un contrat de seacutejour9 10 11

Un dossier regroupant lrsquoensemble des informations formaliseacutees utiles agrave la qualiteacute de lrsquoaccompagnement et des soins12 directement accessible agrave lrsquousager dans le respect des dispositions leacutegisla-tives et reacuteglementaires

Le respect du secret des informa-tions le concernant avec un partage entre professionnels strictement neacuteces-saires agrave la coordination ou agrave la conti-nuiteacute des soins agrave la preacutevention ou agrave son suivi meacutedico-social et social dans le res-pect des dispositions leacutegislatives et reacute-glementaires13 14

Le droit agrave une information adapteacutee agrave sa capaciteacute de compreacutehension notam-ment sur ses droits et liberteacutes par la

9 L311-4 et D311 du CASF

10 Les attentes de la personne et le projet personna-liseacute ANESM 2008 52 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

11 Projet personnaliseacute document individuel de prise en charge ou contrat de seacutejour en CSAPA CAARUD ACT ANPAA 2016 5 p (Fiche Repegraveres)

12 Qualiteacute du dossier de lrsquousager en eacutetablissement meacutedicosocial relevant de lrsquoaddictologie ANPAA 2016 29 p (Guide Repegraveres)

13 Secret des informations et partage entre profes-sionnels ANPAA actualisation octobre 2016 6 p (Fiche Repegraveres)

14 L1110-4 du CSP

remise systeacutematique et commenteacutee de la charte des droits et liberteacutes et son annexe15 le livret drsquoaccueil16 et le regravegle-ment de fonctionnement17 de lrsquoeacutetablis-sement

Le droit agrave lrsquoexpression et la participa-tion de chaque usager18 19 relativement au fonctionnement de lrsquoeacutetablissement

LE RESPECT DU SECRET DES INFORMATIONS PERSONNELLES DE LrsquoUSAGER PAR RAPPORT Agrave SON ENTOURAGEDans les eacutetablissements meacutedico-sociaux en addictologie de type CSAPA au-cune information ne doit ecirctre com-muniqueacutee agrave un tiers de lrsquoentourage quelle que soit la position de lrsquoentou-rage vis-agrave-vis de lrsquoeacutetablissement Mecircme si les demandes drsquoinformation des personnes de lrsquoentourage sont freacute-quentes elles ne peuvent aboutir agrave ou-trepasser ce droit Par exemple

laquo Est-ce que mon mari est bien venu agrave sa consultation aujourdrsquohui car il nrsquoal-lait pas tregraves bien et srsquoil est venu je ne suis pas certaine qursquoil vous ait tout dit raquo de la part drsquoune eacutepouse soucieuse

15 L311-4 du CASF et arrecircteacute du 8 septembre 2003

16 L311-4 du CASF et circulaire DGASSD ndeg 2004-138 du 24 mars 2004

17 L311-7 du CASF et deacutecret du 14 novembre 2003

18 L311-4 du CASF et deacutecrets du 25 mars 2004 et du 2 novembre 2005

19 La participation des usagers dans les eacutetablissements meacutedico-sociaux relevant de lrsquoaddictologie ANESM 2010 96 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

2 LrsquoENTOURAGE UN USAGER DE LrsquoEacuteTABLISSEMENT COMME UN AUTRE AVEC LES MEcircMES DROITS

LES DROITS DE LrsquoENTOURAGE EN EacuteTABLISSEMENT MEacuteDICO-SOCIAL EN ADDICTOLOGIELes centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) ont ceci de particulier par rap-port aux eacutetablissements de santeacute en addictologie comme un hocircpital par exemple qursquoils ont pour mission de srsquoadresser aux personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives comme agrave leur entourage Leurs droits en tant

qursquousagers drsquoeacutetablissement meacutedico-so-cial sont inscrits dans la loi 2002-28

Le respect de la digniteacute de la vie pri-veacutee de lrsquointimiteacute de la seacutecuriteacute et de lrsquointeacutegriteacute de la personne

Le libre choix parmi les prestations adapteacutees qui lui sont proposeacutees par exemple agrave domicile ou en eacutetablissement

Le droit agrave un projet personnaliseacute drsquoaccompagnement et de soins co-construit prenant en compte les at-

8 Ensemble des droits preacutesenteacutes agrave lrsquoarticle L311-3 du CASF

Agrave RETENIR

Dans le continuum de la promo-tion de la santeacute consideacuterer lrsquoentou-rage crsquoest

Repeacuterer les personnes de lrsquoentou-rage vivant des difficulteacutes lieacutees agrave une personne proche ayant des probleacutema-tiques addictives

Eacutevaluer ou situer leurs difficulteacutes plus ou moins apparentes et graves induites ou supposeacutees induites for-muleacutees ou pas par les conduites ad-dictives du proche

Prendre en compte ces personnes qui font laquo systegraveme raquo avec les probleacute-matiques addictives et srsquoappuyer sur leurs expeacuteriences capaciteacutes et diffi-culteacutes agrave agir dans la situation

Rencontrer les personnes de lrsquoen-tourage le plus rapidement possible dans lrsquoaccompagnement de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites additives pour diminuer leur culpabi-liteacute et le sentiment drsquoimpuissance apregraves en geacuteneacuteral avoir le sentiment drsquolaquo avoir tout essayeacute raquo

Accompagner les personnes de lrsquoentourage pour leur permettre de se mettre en position laquo meacuteta raquo de prise de recul pour prendre conscience de ce qui se passe de ma-niegravere systeacutemique et pas seulement pour lrsquoautre en diff iculteacute avec ses conduites addictives

Accompagner les personnes de lrsquoentourage vise agrave deacutevelopper laquo les solutions qui marchent raquo parmi celles deacutejagrave expeacuterimenteacutees ce qui redonne une estime de soi

16 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 17

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

A contrario un compte-rendu drsquohos-pitalisation ou des reacutesultats biologiques par exemple issus drsquoun eacutetablissement ou professionnel de santeacute verseacutes au dossier de lrsquousager sont transmissibles puisqursquoils sont issus drsquoun tiers interve-nant dans la prise en charge

POUR ALLER PLUS LOIN

La collection Repegraveres ANPAA22

Notamment

Le Guide Repegraveres ANPAA laquo Qualiteacute du dossier de lrsquousager et eacutetablissement meacute-dico-social relevant de lrsquoaddictologie raquo septembre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Secret des informations et partage entre pro-fessionnels raquo ANPAA actualisation octobre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Reacutepondre agrave la demande drsquoaccegraves direct agrave son dossier de lrsquousager raquo feacutevrier 2017

22 Toute la collection Repegraveres de lrsquoANPAA Fiches et Guides teacuteleacutechargeable gratuitement sur httpwwwanpaaassofrsinformercollection-reperes-pour-les-professionnels

laquo LA PERSONNE DE CONFIANCE raquo UN DROIT QUI PEUT EcircTRE UNE AMBIGUIumlTEacute DANS LrsquoACCOMPAGNEMENT ET LES SOINS EN ADDICTOLOGIELes dispositions relatives agrave la laquo personne de confiance raquo institueacutee agrave lrsquoorigine dans le champ sanitaire sont eacutetendues par la loi au champ social et meacutedico-social Ainsi toute personne majeure prise en charge dans un eacutetablissement ou un ser-vice social ou meacutedico-social23 a le droit de deacutesigner une personne de confiance qui si elle le souhaite lrsquoaccompagnera dans ses deacutemarches afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Les missions de la laquo personne de confiance raquo aupregraves de lusager

Accompagner et ecirctre preacutesent au-pregraves de lrsquousager si celui-ci le souhaite agrave lrsquoentretien preacutevu lors de la conclusion du contrat de seacutejour pour rechercher son consentement agrave ecirctre accueillie dans lrsquoeacutetablissement drsquoheacutebergement (en preacute-sence du directeur de lrsquoeacutetablissement ou toute autre personne formellement deacutesigneacutee par lui et chaque fois que neacute-cessaire) La personne de confiance sera la seule personne de lrsquoentourage agrave avoir le droit drsquoecirctre preacutesente agrave cet entretien

23 Deacutecret no 2016-1395 du 18 octobre 2016 fixant les conditions dans lesquelles est donneacutee lrsquoinformation sur le droit de deacutesigner la personne de confiance mention-neacutee agrave lrsquoarticle L 311-5-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles

laquo Avez-vous pu parler agrave mon fils de sa consommation de cannabis car ses reacute-sultats scolaires srsquoeacutecroulent et je suis tregraves inquiegravete de ses freacutequentations raquo de la part drsquoun pegravere inquiet

Les questions de lrsquoentourage qursquoelles soient formuleacutees de faccedilon directe ou indirecte par teacuteleacutephone ou dans le cadre drsquoentretien ne peuvent donner lieu agrave aucun commentaire ou informa-tion concernant la personne usagegravere de produits addictifsEt inversement la personne addicte ne pourra acceacuteder agrave aucune information relevant de son entourage accompagneacute au sein de lrsquoeacutetablissement ou ayant com-muniqueacute avec lrsquoeacutetablissement20Lrsquoeacutetablissement doit tout mettre en œuvre pour que les personnes dia-loguent entre elles

En effet laquo Toute personne prise en charge par un professionnel de santeacute un eacutetablissement ou un des services de santeacute deacutefinis au livre III de la sixiegraveme partie du preacutesent code un professionnel du secteur meacutedico-social ou social ou un eacutetablissement ou service social et meacute-dico-social mentionneacute au I de lrsquoarticle L 312-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles a droit au respect de sa vie priveacutee et du secret des informations le concernant Excepteacute dans les cas de deacuterogation expresseacutement preacutevus par la loi ce secret couvre lrsquoensemble des in-formations concernant la personne venues agrave la connaissance du profession-nel de tout membre du personnel de

20 L1111-7 du CSP

ces eacutetablissements services ou orga-nismes et de toute autre personne en relation de par ses activiteacutes avec ces eacutetablissements ou organismes Il srsquoim-pose agrave tous les professionnels interve-nant dans le systegraveme de santeacute raquo21

LE DROIT DrsquoACCEgraveS DIRECT DE LrsquoUSAGER Agrave SON DOSSIERLrsquousager qursquoil soit laquo patient raquo ou laquo en-tourage raquo a le droit agrave un accegraves direct agrave son dossier Toutefois il est neacutecessaire de bien cerner le type drsquoinformation dont il est question et sa source En matiegravere de droit agrave lrsquoaccegraves direct au dos-sier seules sont accessibles les informa-tions personnelles et non les informa-tions concernant lrsquoentourage

Sont exclues du dossier accessible agrave lrsquousager les informations mentionnant qursquoelles ont eacuteteacute recueillies aupregraves drsquoun tiers nrsquointervenant pas dans la prise en charge theacuterapeutique ou concernant un tel tiers Illustrations - Sont exclues non pas du dossier mais des informations acces-sibles

Lrsquoinformation recueillie aupregraves de lrsquousager mentionnant que son pegravere avait une probleacutematique addictive que son conjoint a des comporte-ments violents Lrsquoinformation communiqueacutee par la conjointe du consultant mentionnant que celui-ci ne peut pas honorer son rendez-vous compte tenu de sa sur-consommation drsquoalcool ce jour

21 L 1110-4 - point I du CSP

18 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 19

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

vous La personne de confiance pourra ecirctre la personne-ressource pour assurer un retour en toute seacutecuriteacute au domicile Dans la pratique professionnelle le do-cument individuel drsquoaccompagnement24 eacutetant un outil ameneacute agrave ecirctre reacuteguliegravere-ment renouveleacute autant que neacutecessaire et a minima annuellement pour ce qui est de son avenant ce peut ecirctre lrsquoocca-sion de parler avec le consultant de la personne de confiance deacutesigneacutee agrave re-nouveler ou pas

24 Deacutecret ndeg 2004-1274 du 26 novembre 2004 relatif au contrat de seacutejour ou document individuel de prise en charge preacutevu par larticle L 311-4 du code de laction sociale et des familles

Agrave RETENIR

Tout consultant en eacutetablisse-ment meacutedico-social a les mecircmes droits personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives ou per-sonnes de lrsquoentourage notamment au regard du secret des informa-tions

Lrsquoobjectif des professionnels est drsquolaquo outiller raquo chacune des parties personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives et son entou-rage afin de

Leur permettre de (re)communi-quer ensemble et retisser si neacute-cessaire les liens de confiance drsquoaffection de coopeacuteration par-fois laquo abimeacutes raquo par la situation

Permettre aussi de fluidifier les enjeux drsquoinformation laquo secregravetes raquo confieacutees aux professionnels ac-compagnant (de la secreacutetaire au meacutedecin en passant les profes-sionnels socio-eacuteducatifs et para-meacutedicaux les psychologues) sous la formule bien souvent entendue laquo vous ne lui direz pas maishellip raquo

Accompagner lrsquousager dans ses deacute-marches lieacutees agrave sa prise en charge so-ciale ou meacutedico-sociale afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Aider lrsquousager agrave la compreacutehension de ses droits La personne de confiance est consulteacutee par lrsquoeacutetablissement au cas ougrave lrsquousager rencontre des difficulteacutes dans la connaissance et la compreacutehension de ses droits Cette consultation nrsquoa pas vocation agrave se substituer aux deacutecisions de lrsquousager

Elle a un devoir de confidentialiteacute concernant les informations meacutedicales qursquoelle a pu recevoir et les directives anticipeacutees de lrsquousager elle nrsquoa pas le droit de les reacuteveacuteler agrave drsquoautres personnes

Qui peut ecirctre personne de confiance Deacutesigner une personne de confiance relegraveve de la seule deacutecision personnelle de lrsquousager Celui-ci peut deacutesigner en tant que laquo personne de confiance raquo toute personne majeure de son entou-rage en qui il a confiance par exemple un membre de sa famille un proche son meacutedecin traitant Il srsquoagit drsquoune deacutemarche reacutefleacutechie agrave deux

Il est important que lrsquousager eacutechange avec la personne qursquoil souhaite deacutesigner avant de remplir le formulaire de deacutesi-gnation et de lui faire part de ses sou-haits par rapport agrave sa future mission Il est impor tant que la personne de confiance ait la possibiliteacute de prendre connaissance de son futur rocircle et drsquoen mesurer sa porteacutee

Attention la personne que lrsquousager souhaite deacutesigner doit donner son ac-

cord agrave cette deacutesignation Elle peut refu-ser drsquoecirctre la personne de conf iance deacutesigneacutee par lrsquousager ou contresigner le formulaire de deacutesignation preacutevu agrave cet effet

Les difficulteacutes de mise en œuvre de ce droitLa place de la personne de confiance dans un accompagnement peut revecirctir une certaine ambiguiumlteacute dans le cadre drsquoun accompagnement en addictologie

Ce droit est fondamental pour tout usager dans le champ meacutedico-social par exemple pour lrsquoentreacutee en eacutetablissement drsquoheacutebergement pour personnes acircgeacutees deacutependantes ou en appartement de coordination theacuterapeutique Toutefois il peut ecirctre deacutelicat dans le contexte drsquoaccompagnement ambulatoire en CSAPA ou en CAARUD En effet dans ce contexte les relations de la personne de confiance avec lrsquousager peuvent eacutevo-luer neacutegativement voire se rompre notamment dans une situation de co-deacutependance

Une vigilance particuliegravere doit donc accompagner lrsquoinformation obligatoire de lrsquousager sur ce droit notamment par la remise drsquoune notice drsquoinformation Il convient de bien srsquoassurer de la liberteacute de choix de lrsquousager sans contrainte implicite ou explicite de son entourage

En pratique malgreacute ses eacuteventuelles

ambiguiumlteacutes agrave lever cette personne de confiance peut ecirctre un relais essentiel en cas drsquoune situation agrave risque ou com-plexe par exemple une consommation massive constateacutee lors drsquoun rendez-

20 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 21

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Scheacutema26 deS facteurS conStitutifS de lrsquoaddic-tion danS le modegravele trivalent de c olievenStein

ADDICTION UNE PROBLEacuteMATIQUE DU LIENLes probleacutematiques addictives ne sont pas reacuteductibles agrave des probleacutematiques neurologiques Elles sont aussi le reflet de la difficulteacute relationnelle de lrsquoindividu aux autres voire au groupe social entier au premier rang desquels lrsquoentourage tient une place complexe avant dans et apregraves le processus addictif

Degraves le premier contact du beacutebeacute et de son ou ses parents la qualiteacute des inte-ractions fonde la capaciteacute ulteacuterieure de lrsquoindividu agrave se construire dans une bonne

26 Charles ROZAIRE et al laquo Quest-ce que laddic-tion raquo Archives de Politique Criminelle ndeg 31 2009 pp 9-23

perception et conscience de soi et agrave ajuster de faccedilon satisfaisante sa relation agrave la reacutealiteacute exteacuterieureSelon la theacuteorie de lrsquoattachement de John Bowlby tout au long de son exis-tence lrsquoindividu cherche agrave satisfaire un besoin fondamental de seacutecuriteacute appeleacute laquo besoin social primaire raquo donneacute par la qualiteacute des inteacuteriorisations construites sur les bases comportementales rassu-rantes de la petite enfance27 Cette seacutecu-riteacute est donneacutee degraves la naissance par la proximiteacute de figures drsquoattachement at-tentives au besoin de protection du beacutebeacute La personne garde en elle le be-soin de figures drsquoattachement auxquelles elle peut avoir recours en preacutesence de certains dangers ou drsquoexpeacuteriences dou-loureuses de son existence Ces figures drsquoattachement inteacuterioriseacutees au cours du

27 John BOWLBY Lrsquoattachement t1 PUF 1969 540 p

1fraslthinsp3 ENTOURAGE ET ADDICTIONS

LA DEacutePENDANCE EN QUESTION

Lrsquousage de produits psychotropes existe de tout temps et se rencontre en toute socieacuteteacute Lrsquoapeacuteritif entre amis le cham-pagne pour fecircter les heureux eacuteveacutene-ments de la vie le joint qui tourne en soireacutee les parties de jeux collectifs en ligne ou lrsquoexcitation drsquoun parieur sur un champ hippique sont des facteurs de socialisation mecircme srsquoils ne sont en rien indispensables Source de plaisir indivi-duel comme collectif ils peuvent prati-queacutes avec excegraves avec perte de controcircle ou dans certaines circonstances ecirctre facteurs de risques voire causes de dommages pour soi ou des tiersAinsi les probleacutematiques addictives re-lient la personne addicte et son entou-rage dans des rapports divers allant de la convivialiteacute aux risques et dommagesComment recouvrer la liberteacute est sans doute la question inconsciente et impli-cite de tout entourageIl srsquoagit drsquoappreacutehender les cleacutes de cette souffrance et de cet isolement pour agir ensuite en preacutevention et en accompa-gnement

1 LrsquoENTOURAGE AU CŒUR DE LA PATHOLOGIE DU LIEN

Travailler pour et avec lrsquoentourage drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives conduit agrave mettre en lumiegravere sa place dans le laquo systegraveme raquo de la pro-bleacutematique addictive du proche

ENTOURAGE PARTIE PRENANTE DE LA TRIVALENCE DE LrsquoADDICTION Trois facteurs dimensionnels inter-viennent dans la vulneacuterabiliteacute aux conduites addictives la personne le contexte socioculturel et lrsquoobjet de la deacutependance comportement ou subs-tance psychoactive Crsquoest le modegravele tri-valent et bio-psycho-social de Claude Olievenstein laquo La toxicomanie surgit agrave un triple carrefour celui drsquoun produit drsquoun moment socioculturel et drsquoune per-sonnaliteacute Ce sont lagrave trois dimensions eacutegalement constitutives raquo25Cette approche tr idimensionnelle confegravere un rocircle deacuteterminant au contexte socioculturel au premier rang duquel se trouvent les personnes de lrsquoentourage

25 Claude OLIEVENSTEIN La drogue ou la vie Ro-bert Laffont 1983 260 p

FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX

FamiliauxAnteacuteceacutedents

FonctionnementEacuteducation

Eacuteveacutenements sociauxInfluence des pairs

Groupe social

FACTEURS LIEacuteS Agrave LA SUBSTANCE

Potentiels de deacutependance

Conseacutequences meacutedicales psychologiques sociales

Statut social de substance

FACTEURS INDIVIDUELS

GeacuteneacutetiquesNeurobiologiques

PsychologiquesPsychiatriques

Eacuteveacutenements de vie

22 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 23

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

PROCESSUS DE DEacutePENDANCELa deacutependance traduit la perte de liber-teacute du sujet qui ne peut srsquoempecirccher de consommer le produit ou de de se livrer agrave sa conduite addictiveLe processus de deacutependance met en jeu trois eacuteleacutements qui srsquoauto-renforcent

Le lien entre la substance ou le comportement expeacuterimenteacute et le plaisir ressenti La premiegravere expeacute-rience de plaisir subjectif ressenti est selon le sujet le produit le moment et le contexte deacuteterminant pour lrsquoentreacutee en conduite reacuteguliegravere voire deacutependance Le plaisir rechercheacute associe sensations stimulations et aussi une forme drsquoanes-theacutesie (physique et psychique) et drsquooubli de soi et des autres de faccedilon variable selon le produit et lrsquoindividu

Le craving pheacutenomegravene de stimula-tion du systegraveme de reacutecompense par la recherche effreacuteneacutee du produit pour obtenir un eacutetat de satisfaction ou pour reacutepondre agrave une sensation interne dou-loureuse

La toleacuterance expression du pheacuteno-megravene drsquoaccoutumance physique et psy-chique au produit Elle neacutecessite pour lrsquousager de recourir agrave de plus fortes doses de produits ou plus freacutequem-ment pour obtenir un plaisir aussi in-tense voire plus intense ou varieacute La toleacuterance implique aussi la notion de sevrage qui pousse le sujet agrave recourir au produit pour ne pas ressentir le manque

Agrave RETENIR

La personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est mar-queacutee par une vulneacuterabiliteacute rela-tionnelle qui preacuteexiste agrave lrsquoaddiction et qui nrsquoen est pas la seule cause

Cette vulneacuterabiliteacute accentueacutee par le processus addictif va geacuteneacute-ralement entrer en reacutesonnance avec les personnes de lrsquoentourage et leurs propres constructions indi-viduelles

deacuteveloppement preacutecoce neacutecessitent drsquoecirctre seacutecurisantes rassurantes stables et diffeacuterencieacutees pour permettre au su-jet de srsquoy reacutefeacuterer au besoin dans les ex-peacuteriences de la vie et en relation avec les autres

Le deacutefaut drsquointeractions srsquoexprime en termes de qualiteacute de permanence et de varieacuteteacutes des figures drsquoattachement au cours du deacuteveloppement preacutecoce de lrsquoenfant grevant eacuteventuellement son capital de seacutecuriteacute et de confiance Lrsquoin-dividu pourra souffrir drsquoun deacutefaut drsquoan-crage affectif seacutecure et stable Les relations agrave lrsquoautre seront rarement satisfaisantes les aleacuteas des rapports humains et du groupe social eacutetant veacutecus comme un abandon Selon le terme de Winnicott lrsquoindividu subit des alteacuterations plus ou moins seacute-vegraveres du laquo sentiment continu drsquoexister raquo Le produit ou le comportement addictif est alors un objet de substitution mo-mentaneacutement eacutequilibrant ou satisfaisant qui comble un vide Lrsquoindividu accegravede agrave une conduite addictive comportemen-tale ou avec produit afin de se procurer un plaisir immeacutediatement neacutecessaire et drsquoabaisser sa tension (homeacuteostasie)

2 PROCESSUS DE DEacutePENDANCE ET PLACE DE LrsquoENTOURAGE

ADDICTIONS DE QUOI PARLE-T-ON laquo Dans le champ de la santeacute une conduite de consommation un com-portement ou une passion jusqursquoalors sans retentissement dommageable de-vient une addiction agrave lrsquoapparition des conseacutequences neacutegatives pour le sujet son entourage ou la socieacuteteacute raquo28 Lrsquoaddiction est un laquo processus par lequel un comportement pouvant agrave la fois per-mettre une production de plaisir et drsquoeacutecarter ou drsquoatteacutenuer une sensation de malaise interne est employeacutee de faccedilon caracteacuteriseacutee par lrsquoimpossibiliteacute reacutepeacuteteacutee de controcircler ce comportement et sa poursuite en deacutepit de la connais-sance de ses conseacutequences neacutega-tives raquo29 Elle srsquoapplique aux conduites avec produits ou comportements

La conduite addictive est une solu-

tion avant de devenir un problegraveme elle est une solution agrave une souffrance agrave la fois individuelle et du systegraveme de vie de la personne crsquoest une solution intrapsy-chique et relationnelle qui va devenir problegraveme

28 Addictionnairecopy Reacuteflexion seacutemantique en addicto-logie ANPAA 2017 37 p

29 Michel REYNAULT Philippe-Jean PARQUET Gilbert LAGRUE Les pratiques addictives usage nocif et deacute-pendances aux substances psychoactives rapport remis au secreacutetaire drsquoEtat agrave la santeacute DGS 1999 p 15 et p 37

GUIDE REPEgraveRES 25

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

24 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Les programmes et actions de preacuteven-tion sur le thegraveme de lrsquoentourage peuvent srsquointeacutegrer dans diffeacuterentes dimensions

Preacutevention universelle en commu-niquant sur les impacts sur lrsquoentourage des conduites addictives et en particu-lier sur la famille mais aussi sur les mo-daliteacutes drsquoaccueil de lrsquoentourage dans les structures speacutecialiseacutees

Preacutevention seacutelective met en jeu une sensibilisation aupregraves drsquoun public direc-tement concerneacute par le renforcement des compeacutetences psychosociales en par-ticulier des jeunes soutien des enfants en dif f iculteacute conseacutecutivement aux

conduites addictives de leurs parents soutien des conjoints soutien agrave la fonc-tion parentale en prenant appui sur

Des supports drsquoinformation deacutedieacutes comme des brochures ou information en ligne

Lrsquoorganisation de confeacuterences-deacutebats groupes de paroles et autres eacutevegravene-ments

Preacutevention cibleacutee par des actions mises en œuvre speacutecifiquement aupregraves de lrsquoentourage des personnes preacutesen-tant une conduite addictive

Un objectif pratique et fondamental la capacitation ou empowerment est

ANNEXES

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

1 LE RISQUE DE CO-DEacutePENDANCE 2 LE RISQUE DE TRANSMISSION

INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE 3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

Il srsquoagit drsquoenvisager deux champs essentiels drsquoactions touchant aux probleacutema-tiques de lrsquoentourage la parentaliteacute et les pairs et un mode drsquoaction mobi-liser des outils et surtout des professionnels autour de lrsquoaction

26 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 27

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp1 thinspLE RISQUE

DE CO-DEacutePENDANCE

1 LA CO-DEacutePENDANCE

La distorsion relationnelle de co-deacutepen-dance srsquoexprime particuliegraverement dans le champ des addictions Il existe une forme singuliegravere de deacutepen-dance la deacutependance relationnelle qui induit aussi une co-deacutependance directe agrave lrsquoautre avec une construction relation-nelle tregraves perturbeacutee Forme de conduite addictive la deacutependance relationnelle au lieu de transiter par un produit ou un comportement srsquoattache directement agrave lrsquoautre

Des deacutefinitions La co-deacutependance est un ensemble

de comportements que la personne de lrsquoentourage drsquoun individu en difficulteacute avec ses conduites addictives adopte presque sans srsquoen rendre compte pour faire face agrave la deacutependance de leur proche et lutter contre ou amoindrir les conseacutequences subies de lrsquoaddiction

La co-deacutependance est une adaptation agrave la situation de deacutependance et ses conseacutequences dans la conviction qursquoau-cune autre solution contre lrsquoaddiction de lrsquoautre nrsquoest possible

FORMES DE CO-DEacutePENDANCECe comportement de co-deacutependance peut prendre plusieurs formes plus ou moins marqueacutees comme31

31 Source httpswwwstop-alcoolch

Sur le registre du controcircle Une perte drsquoidentiteacute tendance agrave

vouloir prendre la place de la personne deacutependante en controcirclant toute sa sphegravere de vie entraicircnant la deacuteresponsa-bilisation voire lrsquoinfantilisation de la per-sonne deacutependante Une tendance agrave lobsession obses-

sion par la substance non pas par envie de consommer mais par inquieacutetude pour la personne deacutependante Une tendance agrave deacuteformer la reacutealiteacute

mentir parfois agrave des tiers (employeur amis famille) pour laquo couvrir raquo les ab-sences colegraveres manquements divers Effacer les traces des conseacutequences neacutegatives lieacutees agrave la consommation (deacute-sordre bouteilles vides etc) Effet in-duit la personne deacutependante ne voit ainsi pas certaines conseacutequences neacutega-tives de sa consommation Un sentiment de honte tentative de

maicirctrise de lrsquoimage donneacutee agrave lrsquoexteacuterieur en niant en cachant en transformant la reacutealiteacute de la vie quotidienne Cela tra-duit une difficulteacute voire incapaciteacute agrave affronter le jugement des tiers agrave lrsquoeacutegard de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives comme agrave lrsquoeacutegard de lrsquoentourage lui-mecircme les conduites ad-dictives eacutetant encore lrsquoobjet de preacutejugeacutes (vice manque de volonteacute perte de controcirclehellip) profondeacutement ancreacutes Une incapaciteacute agrave pouvoir deacuteleacuteguer

une tacircche la personne co-deacutependante a le sentiment de faire mieux plus vite etc En faisant agrave la place de lrsquoautre elle lui nie sa capaciteacute drsquoagir

viseacutee crsquoest-agrave-dire un laquo processus dans lequel des individus et des groupes agissent pour gagner la maicirctrise de leurs vies et donc pour acqueacuterir un plus grand controcircle sur les deacutecisions et les actions affectant leur santeacute dans le contexte de changement de leur environnement social et politique30 raquo Comme pour toutes actions de preacutevention drsquoaccom-pagnement ou de soins celles destineacutees aux personnes de lrsquoentourage srsquoappuient sur des outils de deacuteveloppement de leurs ressources pour accroicirctre leurs capabiliteacutes Et au-delagrave du renforcement des compeacute-tences psychosociales des personnes de lrsquoentourage lrsquoimplication des proches des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives est un facteur de reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins En effet des proches eacutecouteacutes in-formeacutes et sensibiliseacutes peuvent mieux soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche de preacutevention et de soins

On rappellera ici les principes drsquoin-tervention en preacutevention

Une deacutemarche positivant la santeacute comme ressource

Une non-dramatisation des conduites addictives et des produits (alcool tabac cannabis autres drogues) ou addictions sans produit (jeuhellip) la preacutevention srsquoappuie sur une information valideacutee et vise la deacuteconstruction des

30 EHESP laquo Glossaire multilingue de la base de don-neacutees en santeacute publique raquo httpaspbdspehespfrGlos-saire

repreacutesentations et preacutejugeacutes mais ne se limite pas agrave la seule information

Le pragmatisme et non lrsquoideacuteologie Une non-limitation aux seuls objec-

tifs de reacuteduction des conduites ou drsquoabstinence

Une prise en compte des risques et dommages sanitaires et sociaux pour la personne elle-mecircme et son entou-rage mais aussi pour la socieacuteteacute agrave court moyen et long termes

Un appui sur les ressources de lrsquoin-dividu ses expeacuteriences ses compeacute-tences en visant le renforcement de ses compeacutetences psychosociales son auto-nomie et sa qualiteacute de vie

Une deacutemarche drsquoeacuteducation agrave la ci-toyenneteacute et de lien social

28 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 29

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

france vont ecirctre verbaliseacutes et permet-tront ainsi un apaisement de la relation On peut alors ouvrir de nouvelles pers-pectives drsquoeacutevolution et envisager la sor-tie des scheacutemas de reacutepeacutetitions

Repeacuterer la co-deacutependance La non-verbalisation par honte ou ta-bou reacutecurrente en addictologie notam-ment concernant les femmes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives compte-tenu du poids des repreacutesenta-tions sociales constitue aussi pour lrsquoen-tourage un nœud drsquoeacutevitement de la si-tuation addictive et son ancrage puissant dans le corps et le psychisme de la per-sonne de lrsquoentourageIl est essentiel de repeacuterer ce qui est en train de se jouer

2 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CERCLE FAMILIAL

La famille reacutesulte de constructions so-ciales variables selon les eacutepoques et les cultures mais elle reacutepond en premier lieu agrave la neacutecessiteacute qursquoeacuteprouvent les hu-mains drsquoecirctre lieacutes La famille premier groupe drsquoapparte-nance est reacutegie par des liens speacuteci-fiques lien drsquoalliance lien de filiations lien geacuteneacutealogique lien du groupe familial avec lrsquoexteacuterieur Dans cette sphegravere familiale se nouent des liens protecteurs etou difficiles entre les membres dans le preacutesent et le passeacute32 Les conduites addictives puisent en par-tie leurs causes dans le fonctionnement

32 Cf dans ce guide 2fraslthinsp2 LE RISQUE TRANSGEacuteNEacute-RATIONNEL

de cette sphegravere et ont des conseacute-quences sur tous ses membres et selon la composition familiale sur les parents les enfants lela conjointeLa famille premier lieu drsquoexpression des situations de co-deacutependance est un noyau groupal fort capable de faire bar-rage agrave toute aide exteacuterieure par lrsquoinstau-ration drsquoun systegraveme de sauvegarde et drsquoauto-controcircle qui reacutegule le deacuteseacutequi-libre creacuteeacute par lrsquoaddiction du procheEn effet les observations cliniques ont pu montrer33 que les conduites addic-tives peuvent devenir laquo un principe or-ganisateur du systegraveme familial raquo Les probleacutematiques addictives deviennent comme un tiers qui fige la vie quoti-dienne avec des laquo modes de fonction-nements formels rigides preacutedictifs en eacuteloignant les incertitudes34 raquo Il srsquoinstaure un systegraveme qui srsquoautoreacutegule autour des probleacutematiques addictives qui concerne alors chaque membre de la famille en ce sens que chacun va se comporter en regard de la preacutesence ou de lrsquoabsence de conduite addictive et que les interac-tions se placent en fonction du produit psychoactif en question Ainsi le sujet en meacutesusage de ce produit est comme surproteacutegeacute Il nrsquoest plus le bouc eacutemis-saire drsquoune situation potentiellement conflictuelle Crsquoest au contraire lrsquoen-semble de la famille qui assume cette addiction les probleacutematiques addictives deviennent constitutives de lrsquoidentiteacute du couple et de la famille raquo

33 Vangheacutelis ANASTASSIOU Mireille SCHWEITZER Isabelle SOKOLOW laquo Pour le meilleur et pour le pire raquo Alcoologie et Addictologie ndeg 1 2002 pp 53-62

34 Ibid

Sur le registre de la protection La fusion attitude fusionnelle avec la

personne deacutependante preacutesence quasi-permanente agrave outrance reacuteduction de lrsquoautonomie du proche addict dans ses deacutemarches de soins ou dans ses temps de vie personnelle Lrsquohyper-responsabiliteacute lentourage

se sent responsable vis-agrave-vis de lrsquoexteacute-rieur de tous les comportements les faits et gestes (en particulier neacutegatifs) de la personne deacutependante La culpabiliteacute lentourage se met agrave

penser laquo je ne suis pas assezhellip raquo laquo cest de ma faute si je narrive pas agrave laider raquo Lrsquohyper adaptation lrsquoentourage se

rend disponible agrave tout moment aupregraves de la personne deacutependante ce qui en-traine par exemple des modifications de lrsquoemploi du temps de la maniegravere decirctre de fonctionner pour sadapter aux agis-sements de la personne deacutependante

Sur le registre de la reacuteclamation Un ressenti de trahison face aux

eacuteventuels renforcements ou reprises des probleacutematiques addictives du proche en comparaison aux effor ts estimeacutes mis en œuvre pour lrsquoaider Une attitude de plus en plus vindi-

cative voire agressive et exigeante en termes drsquoattendus de comportement de la personne addicte avec pour effet in-duit pour la personne addicte la perte drsquoestime de soi lrsquoincapaciteacute grandissante de reacuteagir et drsquoenvisager un accompagne-ment et des soins une incapaciteacute agrave reacute-pondre aux attentes de la personne de lrsquoentourage Une perte des limites de lrsquoindividua-

liteacute conviction drsquoecirctre lale seule agrave com-

prendre agrave savoir comment faire avec la personne addicte prendre le rocircle de soignant ou la place de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives en reacutepondant agrave sa place par exemple en tout lieu ou obligation exteacuterieure Une incapaciteacute agrave dire non similaire

au manque de limite il est la conseacute-quence dune peur de deacutecevoir de perdre la relation Ainsi la personne de lrsquoentourage existe uniquement au tra-vers de lrsquoaddiction de lrsquoautre

La personne co-deacutependante est dans

la diff iculteacute de tenir compte de ses propres besoins lieacutes au manque de limite agrave lhyper adaptation agrave la fusion et agrave lob-session en jeu dans la co-deacutependance

PREacuteVENTION ET SORTIE DU PROCESSUS DE CO-DEacutePENDANCE

Parler de la co-deacutependance Une communication globale de type laquo Nous sommes tous proches drsquoune personne addicte parlons agissons raquo ou laquo Entourage de personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives par-lons-en raquo et des actions theacutematiques seacutelectives en synergie avec les acteurs drsquoun territoire ouvrent la voie drsquoune sen-sibilisation sur la co-deacutependance Par ailleurs en rendant accessible agrave lrsquoentourage un lieu drsquoeacutecoute un appui contenant et seacutecurisant que ce soit avec ou sans la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives on permet une prise du recul de la situation et du proche addict Les reacutesistances vont se voir atteacutenueacutees les eacuteprouveacutes et la souf-

30 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 31

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Lrsquoameacutelioration des compeacutetences psy-chosociales de lrsquoun ne peut se faire sans lrsquoautre

La co-deacutependance du couple est aussi bien intra psychique qursquointeractionnelle

Les conjoints de personne en diffi-culteacute avec un produit psychoactif mani-festent dans le processus de co-deacutepen-dance certains traits psychologiques lieacutes agrave un mode relationnel construit anteacute-rieurement agrave la relation de couple

Notamment les effets de la co-deacute-pendance se manifestent particuliegravere-ment dans le cadre drsquoune relation de couple surinvestie et ideacutealiseacutee par le conjoint de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives Dans cette projection de couple le conjoint ne laquo voit pas raquo lrsquoautre en tant qursquoindividu tel qursquoil est mais en tant que personne censeacutee jouer un rocircle ideacuteal

Dans le contexte de la co-deacutepen-dance la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives devient le laquo respon-sable raquo de la non-reacutealisation de cette projection pour ne pas avoir autant que le conjoint contribueacute agrave sa reacutealisation

Le conjoint surinvestit une relation de couple ougrave lrsquoautre ne peut aider qursquoen respectant un sceacutenario conccedilu drsquoavance La personne addicte est donc drsquoembleacutee nieacutee dans son alteacuteriteacute et sa singulariteacute toutefois elle est sans doute elle-mecircme en besoin pour combler un manque qursquoelle ne peut trouver dans la relation eacutetablie

Ainsi le co-deacutependant pense avoir le pouvoir de rendre lrsquoautre abstinent pour parvenir agrave reacutealiser ce couple ideacuteal

Le conjoint co-deacutependant peut ainsi montrer

Une implication eacutemotionnelle neacutega-tive eacuteleveacutee et une grande retenue dans lrsquoexpression des sentiments avec un deacuteni du rapport de deacutesir et des relations affectives

Un mode relationnel enchevecirctreacute ou deacutesinteacutegreacute et une tendance agrave former des relations duelles fusionnelles Un rejet drsquoun leadership au sein du couple et drsquoune hieacuterarchie intrafa-miliale

La souffrance du conjoint co-deacutependant peut se manifester par

De lrsquoagressiviteacute et une certaine ob-session devant lrsquoimpuissance agrave changer le par tenaire dans sa deacutependance agressiviteacute laquo justifieacutee raquo comme neacuteces-saire pour motiver lrsquoautre agrave modeacuterer sa consommation et agrave srsquointeacuteresser agrave son conjoint et ses enfants

Lrsquointoleacuterance au manque du conjoint veacutecue comme lrsquoexpression drsquoune rela-tion de couple en eacutechec En fait le conjoint en manque devient reacuteveacutelateur du manque du conjoint co-deacutependant

Lrsquoincapaciteacute agrave changer de posture mecircme si une prise de conscience de lrsquointeraction laquo en miroir raquo du manque dans le couple se manifeste car laquo accep-ter crsquoest capituler raquo

Le non-amour de soi car la restau-ration narcissique reacuteciproque des deux par tenaires rechercheacutee dans tout couple ne se produit pas

Lrsquoabneacutegation et le deacutepassement de soi est lrsquoidentiteacute que se donne le conjoint co-deacutependant ayant une mauvaise image de lui-mecircme Le conjoint addict se trouve deacutepersonnaliseacute au sein de son propre couple

CONDUITES ADDICTIVES ET ORGANISATION FAMILIALE LE laquo SYSTEgraveME raquo35 Un constat tregraves surprenant a eacuteteacute fait concernant lrsquoalcoolo-deacutependance que lrsquoon eacutetendra aux conduites addictives laquo la personne [addicte] stabilise le fonc-tionnement de lrsquoensemble bien qursquoil le deacutesorganise En effet face aux conduites addictives chacun des membres sait preacutevoir ce qursquoil y a lieu de faire devant le deacuteroulement des eacutevegravenements comme dans un rituel connu drsquoavance Il y a une reacuteduction des incertitudes et la conseacute-quence la plus visible est la coheacutesion familiale lrsquoaspect soudeacutes des enfants et de lrsquoautre parent permettant des rap-prochements pour faire face En outre par son symptocircme ses comportements la personne [addicte] creacutee la tension autour de lui et est le reflet de lrsquoeacutetat de stress du systegraveme familialLe pheacutenomegravene drsquohomeacuteostasie du sys-tegraveme conduit agrave srsquointerroger non pas sur le pourquoi des conduites addictives mais sur

Comment le produit aide-t-il agrave maintenir ce systegraveme

Comment la personne deacutependante au produit se place-t-il dans ce systegraveme

Comment contribue-t-il agrave diminuer les incertitudes

35 Antoinette MIALON-FOUILLEUL Psychopatholo-gie familiale des conduites drsquoalcoolisation opcit pp 334-339

Comment maintient-il la coheacutesion du systegraveme

Il srsquoagit de comprendre la fonction adap-tative du comportement addictif pour permettre drsquoaider le patient agrave travers une autre maniegravere de srsquoadapter sans uti-liser le produit

LE CONJOINT CO-DEacutePENDANTLa co-deacutependance aura tendance agrave exa-cerber les nœuds relationnels du couple Il peut ecirctre parfois difficile et deacutelicat drsquoidentifier ce qui relegraveve de la co-deacutepen-dance et de ses effets dommageables sur la relation et ce qui relegraveve de diffi-culteacutes de couple inteacuterioriseacutees et refou-leacutees jusque-lagrave Crsquoest lagrave encore dans le contexte de lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool que les eacutetudes cli-niques sont les plus fournies en ap-proches des pheacutenomegravenes de co-deacutepen-dance dans le couple

La co-deacutependance du conjoint drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives se manifeste par sa difficulteacute agrave se voir en dehors de lrsquoaddiction de lrsquoautre Des observations cliniques en alcoolo-gie transposables agrave toutes probleacutema-tiques addictives montrent que

La difficulteacute de rapport aux conduites addictives est un processus patholo-gique chronique mis en route degraves lrsquoen-fance pour lrsquoun ou les deux membres du couple

Le conjoint joue un rocircle indeacuteniable et complexe propre agrave chaque relation dans lrsquoeacutevolution du processus drsquoaddic-tion de lrsquoautre

32 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 33

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

Conduites addictives et violences

Approche par le psycho trauma-tisme37 on identifie un lien entre violences subies au cours de la vie et conduites addictives avoir subi des violences expose agrave un risque de santeacute plus deacutegradeacutee tant psychique (deacute-pression anxieacuteteacute repli sur soi tenta-tives de suicide) que physique

Explications du lien entre psycho traumatisme et usage de subs-tances psychoactivesLe Dr Sharon Kingston (2009) du deacutepar tement de psychiatr ie du Centre drsquoeacutetude de lrsquoenfance de lrsquouni-

37 Violences subies ou produites et usage de subs-tances psychoactives chez les femmes en Europe et dans la reacutegion meacutediterraneacuteenne Revue de litteacuterature et eacutelaboration de pistes de recherches Groupe Pompidou Conseil de lrsquoEurope 2015 p 50

versiteacute de New York propose trois explications possibles concernant les liens entre la consommation de subs-tances psychoactives et les violences subies au cours de la vie

Le deacuteveloppement de troubles post-traumatiques agrave la suite de cer-tains cas de violences subies dans la vie la consommation de substances est ainsi consideacutereacutee comme une auto-meacutedication pour atteacutenuer les symp-tocircmes post-traumatiques

La consommation de substances creacutee les conditions de risques de vic-timisation ou drsquoautres eacuteveacutenements traumatiques et ces expeacuteriences peuvent conduire au deacuteveloppement de troubles post-traumatiques

Les violences ainsi que la consom-mation de substances surviennent dans des contextes particuliers drsquoen-vironnement familial38

38 Ibid p 14

Lrsquoimpossibiliteacute de communiquer du fait de trop ou pas assez drsquoempathie

La seacuteparation inconcevable et le temps suspendu en deacutepit de beaucoup de frustrations pour les deux parte-naires lrsquoeacuteloignement ne peut avoir lieu il y a confusion entre indeacutependance et seacuteparation

Le couple-sceacutenario est un objet agrave reacuteussir qui ne vit quasiment que dans la tecircte du conjoint co-deacutependant

Une obsession du conjoint laquo ma-lade raquo pour le comprendre ou pour le rejeter

Un veacutecu drsquoaffrontement entre le bien et le mal la co-deacutependance se met en place comme un court-circuit affectif et eacutemotionnel Lrsquoattitude de lrsquoun deacutefinit la posture de lrsquoautre

Lrsquoattachement aux familles drsquoorigine reste actif le manque originel agrave combler par chaque conjoint le rend indisponible agrave lrsquoautre

Le produit ou la conduite addictive devient un tiers dans lrsquoimaginaire de lrsquoun comme de lrsquoautre

Addiction couple et vie sexuelleSur le plan de la relation agrave lrsquoautre le pro-duit ou le comportement laquo problegraveme raquo peut venir infeacuterer dans la vie sexuelle Cette dimension est eacutevoqueacutee et appa-raicirct comme une cause de la consomma-tion ou une conseacutequence des conduites addictives laquo On sait que lrsquoalcool va agir sur trois niveaux les compeacutetences phy-siques les dispositions psychologiques individuelles lrsquoharmonie relationnelle du couple Alors que la consommation eacutepi-sodique de produit peut donner un sen-timent de potentialiteacutes sexuelles ac-crues la consommation massive et chronique peut entraicircner un deacutesinves-tissement de lrsquoindividu pour la sexualiteacute par la diminution progressive de la puis-sance sexuelle Et la consommation croissante drsquoalcool qui tente de compen-ser ce pheacutenomegravene ne fait que lrsquoaccen-tuer La dysfonction sexuelle peut ecirctre agrave la fois cause et conseacutequence de lrsquoabus drsquoalcool agrave lrsquointeacuterieur drsquoune spirale ougrave lrsquoalcool ser t agrave traiter les diff iculteacutes sexuelles mais ougrave il ne fait que les aggra-ver raquo36 Ces constats peuvent srsquoappli-quer agrave toutes les conduites addictives

36 Marie-Catherine ROUILLET-VOLMI Nathalie DUDORET laquo Alcool et sexualiteacute raquo Alcoologie ndeg 2 1995 p 124

Usages de drogues et parcours de vie traumatique chez les femmesLes traumatismes et les violences subis durant lrsquoenfance ou agrave lrsquoacircge adulte ponc-tuent freacutequemment les trajectoires de vie de femmes usagegraveres de drogues Trois constats peuvent srsquoeacutetablir entre dimension de genre et violences subies

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle chez les femmes en population geacuteneacuterale

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle observeacutee chez les hommes usagers de drogues

Un recours aux substances psy-choactives plus important chez les personnes ayant subi des violences au cours de la vie que chez celles nrsquoen ayant pas subi

34 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 35

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

particuliegraverement preacutecaires et mar-queacutees par un cumul de laquo handicaps raquo sociaux et psychologiques (handicap au sens de difficulteacute drsquoadaptation agrave lrsquoenvironnement)

Ineacutegaliteacutes de genre au deacutetriment de femmes et ses ravages en matiegravere de drogues En explorant le contexte de lrsquoinitiation et le profil de lrsquoinitiateur aux usages de drogues les eacutetudes socio-anthropolo-giques deacutemontrent encore une fois une situation nettement deacutefavorable voire discriminantes pour les femmesAlors que rares sont les hommes ini-tieacutes aux drogues par leur partenaire sexuel sauf chez certains hommes homosexuels chez les femmes en revanche lrsquoinitiation aux produits et en particulier agrave lrsquoinjection srsquoeffectue plutocirct dans le cadre de relations avec le partenaire sexuel

Soit il srsquoagit drsquoune opportuniteacute une femme envisage ou accepte des rela-tions sexuelles dans la perspective de se procurer un produit

Soit cela srsquoapparente agrave une manipu-lation en vue drsquoobtenir des faveurs sexuelles plus facilement un homme initie agrave la drogue une femme pour la rendre plus vulneacuterable et soumise sexuellement

Ce mecircme partenaire sexuel initia-teur peut devenir le fournisseur-dea-ler ce qui peut apparaicirctre au deacutepart comme plus simple pour se procurer le produit dans un cadre plus confiant devient une double deacutependance

Cette confusion des rocircles peut alors ecirctre un facteur drsquoescalade dans la consommation puis drsquoun enferme-ment dans la deacutependance

Enfin certains femmes usagegraveres de drogues se livrent agrave la prostitution avec par fois la mecircme personne comme dealer et proxeacutenegravete

Des conditions de consommations agrave risquesLe partage de mateacuteriel drsquoinjection est freacutequent au sein de couples consom-mateurs de drogues En proportion les femmes deacuteclarent partager davantage leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires sexuels qursquoinversement En ef-fet inversement les hommes usagers de drogues partagent majoritairement leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires de consommation de droguesDans la dynamique de couple le conjoint est souvent le deacutetenteur du produit lrsquoinitiateur aux drogues et agrave lrsquo injection Pour une par tie des femmes usagegraveres de drogues la pos-sibiliteacute de consommer est eacutetroitement lieacutee aux occasions qui leurs sont of-fertes par leur compagnon Cette absence de maicirctrise des cir-constances de consommation consti-tue un obstacle pour disposer de conditions confortables et choisies et notamment en disposant de mateacuteriel drsquoinjection steacuterile agrave usage personnel ideacutealement agrave usage unique

Le Guide laquo Femmes et Addictions raquo39 deacutecrit eacutegalement les liens multiples entre les violences subies et les conduites addictives dont les conseacute-quences sont plus freacutequemment ren-contreacutees chez les femmes

Les consommations de produits (al-cool et meacutedicaments principalement) ont une fonction anestheacutesiante de dis-sociation qui permet de supporter lrsquoinsupportable et sont une conseacute-quence freacutequente des violences subies

La consommation de produits illicites impose la freacutequentation drsquoun milieu plus violent ougrave le chantage sexuel et les vio-lences physiques sont nombreux

Lorsque lrsquoun des conjoints du couple est deacutependant agrave lrsquoalcool le niveau de violence conjugale est plus eacuteleveacute

Lrsquoeacutetat de conscience alteacutereacute peut ren-forcer les prises de risques et reacuteduire le controcircle de la situation favorisant no-tamment les violences sexuelles

Lrsquoaddiction chez une femme peut la rendre plus vulneacuterable aux yeux des hommes ce qui favorise les menaces et les violences agrave son encontre

La culpabiliteacute des megraveres associeacutee agrave la consommation de produits peut ecirctre redoubleacutee par les reproches drsquoun conjoint violent (lrsquoargument de laquo mau-vaise megravere raquo est tregraves freacutequemment employeacute par les auteurs de violences)

Lorsqursquoune femme subit des violences conjugales son isolement reacuteduit les chances de reacuteussite de son accompagne-ment et de ses soins en addictologie

39 laquo Les situations de violences raquo in Femmes amp Addic-tions ndash Accompagnement en CSAPA et CAARUD Feacutedeacuteration Addiction 2016 pp 40-50

ZOOM

Marginalisation de femmes en co-usage de drogues40

Une meacuteconnaissance en France sur la situation des femmes en usage probleacutematique de droguesEn France les femmes usagegraveres de drogues ayant un rapport probleacute-matique aux drogues sont mal connues Quand les femmes sont eacutetudieacutees crsquoest essentiellement agrave travers leur rocircle de megravere et des risques lieacutes agrave la prise de toxiques pour le fœtus durant la grossesse Les rares publications franccedilaises sur le sujet montrent que ces femmes sont particuliegraverement vulneacuterables vis-agrave-vis de la preacutecariteacute et sont for-tement exposeacutees agrave des pratiques agrave risque en lien avec lrsquousage des dro-gues et la sexualiteacute

Une meilleure approche dans la litteacuterature internationale deacutedieacutee Dans la litteacuterature internationale en revanche les publications relatives aux femmes usagegraveres de drogues sont nombreuses et concernent souvent la consommation de crack Les femmes y sont deacutecrites comme

40 Mar ie JAUFFRET-ROUSTIDE et a l laquo Femmes usagegraveres de drogues et pratiques agrave risque de transmission du VIH et des heacutepatites Compleacutementariteacute des approches eacutepideacutemiolo-gique et socio-anthropologique Enquecircte Coque-licot 2004-2007 France raquo BEH Theacutematique ndeg 10-11 10 mars 2009 pp 96-99

36 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 37

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les difficulteacutes de verbalisation par peur par pudeur ou par meacuteconnaissance de certains sujets tabous comme les senti-ments la sexualiteacute les prises de risques vont souvent donner lieu agrave une repreacute-sentation erroneacutee des conduites et consommations de leurs enfants sou-vent sous-estimeacutees En effet les parents ne mettent pas forceacutement en place en amont un dialogue sur les consomma-tions et les risques associeacutesUn sondage effectueacute par lrsquoINPES en 2010 montre que

17 des parents ne parlent jamais des risques lieacutes agrave lrsquoalcool avec leurs enfants

19 nrsquoont jamais exprimeacute leur deacute-saccord avec la consommation reacutegu-liegravere etou abusive drsquoalcool 21 ne parlent jamais des dangers lieacutes agrave la consommation de drogues 22 ne rappellent jamais que la consommation de drogues est inter-dite

Investissement sur lrsquoenfant trop ou pas assez Parallegravelement la relation parents-en-fants peut ecirctre lrsquoobjet drsquoun surinvestisse-ment de la part dudes parents dans une projection drsquoenfant ideacuteal ou au contraire drsquoun deacutesinvestissement no-tamment par deacutefaut de construction de lrsquoidentiteacute du parent Cette distorsion initiale agrave lrsquoimage de celle qui peut srsquoins-taller en co-deacutependance dans un couple affectera lrsquoapprentissage du jeune en termes de limites agrave trouver et de com-peacutetences de socialisation agrave acqueacuterir

Distorsions de perception des risques entre jeunes et parentsLes distorsions de perception des risques et des dommages lieacutes aux conduites addictives entre les parents et leurs enfants sont freacutequentes Souvent il y a banalisation inconsciente ou incon-seacutequente par les jeunes dramatisation par les parents mais aussi deacuteni ou aveu-glement du ou des parents sur lrsquoampleur de la probleacutematique addictive

Perception des jeunes de leurs propres conduites addictives

Pheacutenomegravene reacutecurrent et souvent relateacute le jeune va banaliser et minimi-ser sa consommation que ce soit pour le cannabis lrsquoalcool les jeux vi-deacuteo laquo Ccedila me deacutetend raquo laquo Je nrsquoen prends pas beaucoup raquo laquo Tout le monde fait pareil raquo laquo Je ne joue pas autant que ccedila raquo Cela met en jeu

La capaciteacute du jeune agrave se percevoir en difficulteacute donc agrave se connaicirctre Crsquoest justement lrsquoeacuteleacutement-cleacute de cet apprentissage que lrsquoon retrouve eacutegalement dans les problegravemes de scolariteacute et drsquoorientation

La capaciteacute agrave comprendre et affron-ter ses sentiments et ses question-nements reacuteaction agrave un contexte familial ou individuel difficile une sensibiliteacute ou fragiliteacute face agrave lrsquoattrac-tion du groupe Souvent ce sera les deux agrave la fois

PARENTS DrsquoENFANTS EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES Il srsquoagit ici drsquoapprocher ce qui se joue pour les parents en tant qursquoentourage directement impacteacute par les probleacutema-tiques addictives des adolescents

ILLUSTRATION

laquo Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques raquo eacutetude publieacutee en 2014 par lrsquoanpaa danS le nord-paS-de-calaiS

comprenant une eacutetude de litteacutera-ture une enquecircte et des preacuteconisa-tions Les constats suivants en sont pour partie tireacutes

Perturbation de lrsquoadolescence41 Avec lrsquoadolescence peacuteriode de boule-versements multiples les jeunes font lrsquoexpeacuterience de situations nouvelles Les compeacutetences psychosociales des pa-rents plus ou moins bien eacutetablies vont ecirctre interrogeacutees bousculeacutees et mises agrave mal par la question des consommations agrave risques Ces consommations inter-viennent avec une acuiteacute particuliegravere car elles tissent pour le parent la toile drsquoun futur soudainement inattendu dans lrsquoeacutevolution de leurs enfants laquo Jusque-lagrave tout allait bien raquo sera souvent leur pre-miegravere indication comme srsquoil y avait lrsquoenfant drsquoavant et lrsquoenfant drsquoapregraves Une rupture qui peut parfois ecirctre violente

41 Addictions familles et entourage Feacutedeacuteration Ad-diction 2012 72 p

pour le jeune usager comme pour le parentPremiegravere cigarette premiegravere sortie en soireacutee un joint trouveacute dans la chambre de son enfant une ou des ivresses reacutepeacute-teacuteeshellip Les parents ne sont pas (tou-jours) preacutepareacutes agrave ces laquo deacutecouvertes raquo Or la famille est le lieu ougrave se posent les limites drsquoun usage maicirctriseacute permettant une identification claire des risques et dommages la famille doit ecirctre un es-pace accessible pour clarifier les notions de plaisir et de risques dans le cadre drsquoun dialogue bienveillant

Entourage parental en questionne-ment Estime de soi et confiance en soi en

tant que parentPour oser solliciter drsquoautres parents etou des structures pour ecirctre aideacutes pour parvenir agrave produire un eacutechange eacutequili-breacute et de qualiteacute les parents doivent avoir confiance en eux Ce nrsquoest pas tou-jours le cas surtout quand les pratiques du jeune deviennent brusquement pro-bleacutematiquesPar ailleurs certains parents sont aussi en confrontation avec leur propre his-toire de jeunesse et drsquoeacuteducation qui vient se heurter agrave des pratiques expeacute-rientielles quelque part preacutevisibles et normales de la part de leur enfant Le comportement probleacutematique de lrsquoen-fant vient en reacutesonnance avec des diffi-culteacutes non reacutesolues de lrsquoenfance des parents La relation tend agrave se distordre sans que lrsquoenfant comprenne pourquoi cela engendre une telle reacuteactiviteacute ou non-reacuteactiviteacute du parent

38 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 39

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoampleur de la situation En jeu de miroirs drsquoinvestissements

neacutegatifs le jeune devient irraisonnable et nrsquoest pas ou plus en capaciteacute drsquoen-tendre ce que le parent lui dit

Le parent devient alors spectateur impuissant drsquoune deacutegradation du com-portement et du psychisme du jeune avec risques de violences contre soi ou autrui risques suicidaires par exempleUne souffrance parallegravele srsquoinstalle pour le jeune comme pour son entourage Des symptocircmes plus ou moins similaires affleurent conseacutequences de ces distor-sions de perception de la souffrance de lrsquoautre Chacun se persuade que lrsquoun ne doit pas srsquo inquieacuteter pour l rsquoautre laquo puisque crsquoest sa vie raquo

Lrsquoadolescence miroir inverseacute des parents42 Le contexte de lrsquoadolescence est aussi une peacuteriode deacutelicate pour les parents Crsquoest un peu aussi pour eux la confusion des sentiments et des ressentis Tandis que lrsquoenfant srsquoeacutemancipe les parents peuvent avoir le sentiment de perdre leur rocircle drsquoeacuteducateur pour un rocircle laquo su-balterne raquo de gestion des contingences mateacuterielles Parallegravelement tandis que le jeune est en pleine explosion de ces moyens physiques et mentaux eux abordent une seconde moitieacute de vie pas toujours dans la faciliteacute qui annonce un laquo deacuteclin raquo renvoyeacute drsquoailleurs active-ment par les pheacutenomegravenes de jeunisme drsquoune socieacuteteacute en mal de renouveau Les

42 Conduites addictives chez les adolescents ndash Usage preacutevention et accompagnement INSERM 2014 482 p (Expertise collective)

conflits freacutequents et exacerbeacutes entre parents et adolescents dans cette peacute-riode ne seront pas que le fait des deacute-passements de limites du jeune mais aussi parfois le fait drsquoune difficulteacute agrave pas-ser le cap pour le parent

Les tensions du couple parentalPreacuteexistantes ou symptomatiques drsquoune histoire eacuteducative diffeacuterencieacutee les ten-sions du couple peuvent venir compliquer la relation agrave lrsquoadolescent Lrsquoimportance de la composante eacutemotionnelle laquo neacutegative raquo au sein de la famille (critiques hostiliteacute jugement) repreacutesente un eacuteleacutement de vul-neacuterabiliteacutes de lrsquoindividu adolescent aug-mentant ses risques de conduites agrave risques notamment addictives

Place de la preacuteventionLe rocircle des intervenants va ecirctre de sou-tenir de reacuteassurer les uns et les autres selon que le jeune vienne seul ou ac-compagneacute en leur permettant de trou-ver un espace seacutecurisant dans lequel ils pourront reacuteinvestir leurs compeacutetences agrave sortir de cet engrenage et avoir un comportement responsable de leurs consommations Il faut aussi consideacuterer que lrsquoentourage des jeunes consommateurs srsquoeacutetend bien au-delagrave du cercle familial Cet entourage peut ecirctre tregraves concerneacute voire impacteacute par les difficulteacutes addictives du jeune eacutetablissement scolaire club spor tif groupe drsquoamis fratrieshellipLa preacutevention vis-agrave-vis de lrsquoentourage des adolescents pose la question essen-tielle du comment repeacuterer cela ne peut se faire que dans une synergie de plu-sieurs acteurs

Perceptions des conduites addic-tives des jeunes par lrsquoentourage paren-tal proche Les parents entourage immeacutediat du jeune affrontent un double regard

Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par leur enfant Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par le groupe social

Reacutepondre aux sollicitations pleacutethoriques de la socieacuteteacute de consommation comme aux exigences soudaines de liberteacute drsquoun preacute-adolecents qui exprime ses velleacuteiteacutes drsquoindeacutependance et de choix de groupe drsquoamis est un apprentissage permanent qui confronte les parents agrave leurs propres limites et compreacutehension

Le contexte socioculturel va influer sur les perceptions des limites agrave poserAinsi la banalisation des conduites ad-dictives est initieacutee le plus souvent lors de regroupements familiaux et justifieacutee comme moments de convivialiteacute cultu-relle Or ces comportements sont la source drsquoune deacuterive socieacutetale des consommations addictives drsquoalcool no-tamment qui touche les jeunes en plein croissance et en pleine construction ceacutereacutebrale alors mecircme qursquoun position-nement clair doit leur ecirctre donneacute

La banalisation de la crise drsquoadoles-cenceLes parents adossent souvent des com-portements abusifs ou extrecircmes agrave la seule crise drsquoadolescence arguant que cela est passager puisque deacutesormais la crise drsquoadolescence est abordeacutee comme un moment laquo attendu et entendu raquo dans lrsquoeacutevolution de lrsquoenfant Pourtant les

conduites addictives des jeunes preacute-adolescents et adolescents est un pheacute-nomegravene qui va au-delagrave de la crise drsquoado-lescence et peut ecirctre une source de repli sur soi et de deacutecrochage scolaire Ainsi les signes suivants ne sont pas tou-jours appreacutecieacutes agrave la hauteur de leur reacuteelle signification

Isolement dans la chambre Absence ou refus de communication

y compris avec leur groupe de pairs ou sauf si celui-ci est dans le mecircme proces-sus destructeur

Excegraves de violence

Un processus de co-deacutependance peut aussi srsquoinstaurer dans la relation agrave lrsquoenfant en risque ou en difficulteacute avec ses conduites addictives avec

La honte et la culpabiliteacute qui suc-cegravedent au deacuteni laquo Jrsquoai eacuteteacute trop laxiste avec luielle mais je voulais lui donner ce que je nrsquoai pas eu raquo laquo Jrsquoai voulu compen-ser le manque de lrsquoautre parent raquo

La certitude de pouvoir (vouloir) srsquoen sortir seul

Lrsquoisolement croissant avec lrsquoaddic-tion du jeune ecirctre toujours lagrave pour le proteacuteger le surveiller

La remise en jeu de ses propres dif-ficulteacutes drsquoenfance non reacutesolues soit en cherchant des justifications au compor-tement du jeune soit en ne toleacuterant rien et en installant une rigiditeacute extrecircme On peut alors parler de transmission trans-geacuteneacuterationnelle influant sur la relation existante agrave lrsquoautre

La dramatisation suit eacutegalement la neacutegation de la situation drsquoautant plus forte que le jeune la minimise Le parent aimant se sent alors impuissant face agrave

40 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 41

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Dans le contexte familial drsquoune probleacute-matique addictive drsquoun parent ou des deux les risques et dommages sur les enfants sont tregraves variables agrave court moyen ou long terme Les troubles conseacutecutifs agrave lrsquoaddiction du proche deacutependront du fonctionnement plus global de la famille et de son maintien de son organisation systeacutemique des comportements et atti-tudes du conjoint du deacutependant de lrsquoacircge des enfants lors du veacutecu des probleacutema-tiques addictives de leur parent

Troubles potentiels chez les enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesLorsque les parents sont dans lrsquoincapa-citeacute drsquoassurer certaines fonctions paren-tales habituelles courantes ou normales au regard de lrsquoattendu drsquoecirctre parent cela peut engendrer des troubles pour lrsquoenfant

Des troubles du deacuteveloppement lieacutes au deacutefaut de reacuteponses aux besoins psy-chiques etou physiques voire de com-portements de maltraitances

Une inseacutecuriteacute juridique lieacutee aux modaliteacutes deacutelictueuses drsquoaccegraves et de consommation des produits dans le cas de substances illicites

Une inseacutecuriteacute affective en tant que teacutemoin drsquoeacuteventuels conflits conjugaux lieacutes aux conduites addictives de leurmiddots parentmiddots en termes de causes comme de conseacutequences ou ecirctre pris agrave parti dans les conflits entre leurs parents voire sommeacutes de prendre parti

Un risque plus eacuteleveacute drsquoeacutevoluer vers des troubles psychiques et comporte-mentaux des conduites agrave risques des probleacutematiques addictives dans le cadre

drsquoune transmission intergeacuteneacuterationnelle qursquoen population geacuteneacuterale

Agrave court terme un risque reacuteel drsquoins-taller une forme de co-deacutependance propre agrave leur acircge et agrave leur nature drsquoen-fant Conseacutecutivement agrave la deacutefaillance de leurs parents ces enfants agissent dans la volonteacute de proteacuteger leur parent laquo malade raquo

Lrsquoenfant et le parent en difficulteacute avec ses conduites addictives45 46

Lrsquoenfant est un enjeu dans le systegraveme de reacutegulation de la famille

Pour comprendre son fonctionne-ment il faut comprendre son contexte drsquoeacutevolution les interactions entre les membres de sa famille capables drsquoenga-gement les uns envers les autres Ces interactions constituent des attitudes de laquo loyauteacute familiale raquo qui engendre une sorte de laquo comptabiliteacute raquo de ce que cha-cun donne de ce que chacun reccediloit et de ce que lrsquoon srsquoattend agrave recevoir en eacutechange

Dans le processus de parentifica-tion lrsquoenfant devient parent de son propre parent parent de sa fratrie ou conjoint drsquoun de ses parents Le principe de parentification peut permettre de deacutevelopper des compeacutetences agrave condi-tion que ce qui lui est demandeacute en termes de responsabiliteacute soit adapteacute agrave son acircge et qursquoil reccediloive une reconnais-sance de qursquoil peut faire

45 Catherine DUCOMMUN-NAGY laquo Nouvelles fa-milles nouvelle deacutefinition de la loyauteacute familiale raquo in S DrsquoAMORE (dir) Les nouvelles familles Approches cli-niques De Boeck Supeacuterieur pp 261-280

46 Philippe MICHAUD laquo Les enfants de parents al-cooliques raquo Le carnet PSY 20011 (ndeg 61) pp 33-35

PARENTIFICATION DES ENFANTS

ZOOM

La parentification

DeacutefinitionJean-Franccedilois Le Goff deacutefini la parenti-fication comme laquo un processus rela-tionnel interne agrave la vie familiale qui amegravene un enfant ou un adolescent agrave prendre des responsabiliteacutes plus im-portantes que ne le voudraient son acircge et sa maturation dans un contexte socioculturel et historique preacutecis et qui le conduit agrave devenir un parent pour ses (ou son) parents Crsquoest un processus impliquant toujours plusieurs geacuteneacutera-tions qui plonge ses racines dans les geacuteneacuterations des grands-parents et dont les conseacutequences peuvent tou-cher les geacuteneacuterations agrave venir raquo43

43 Jean-Franccedilois LE GOFF Lrsquoenfant parent de ses parents Parentification et theacuterapie familiale LrsquoHar-mattan 2000 256 p

laquo La notion de parentification appa-raicirct [hellip] une notion clinique englo-bante et complexe ayant lrsquointeacuterecirct drsquoapprocher un processus en action dans toutes les relations familiales mais surtout drsquoeacuteviter les descriptions simplistes se contentant de deacutesigner des rocircles ou des caracteacuteristiques indi-viduelles reacuteductrices de la complexiteacute du contexte relationnel Lrsquoenfant pa-rentifieacute nrsquoest pas toujours un laquo enfant adultifieacute raquo et ses (ou son) parents ne sont pas des laquo adultes immatures raquo Se baser sur une conception homo-gegravene de la maturiteacute est une simplifica-tion ne correspondant ni agrave la reacutealiteacute clinique ni agrave la vie quotidienne raquo44

44 Jean-Franccedilois LE GOFF laquo Theacuterapeutique de la parentification une vue densemble raquo Theacuterapie Familiale vol 26 ndeg 3 2005 pp 285-298

VIGILANCE

sur les sources drsquoinformationLe site internet et la chaine YouTube laquo Alcool et parents - comment parler drsquoalcool agrave vos enfants raquo sont proposeacutes par lrsquoassociation laquo Avec modeacuteration raquo (anciennement laquo Entreprise et preacutevention raquo) association qui reacuteunit les princi-pales entreprises franccedilaises du secteur des vins et champagnes biegraveres et spiri-tueux en meacutetropole et agrave La Reacuteunion Son discours de preacutevention est donc influenceacute pour ne pas dire dicteacute par lrsquoactiviteacute agrave but lucratif de ses membresCes informations eacutetant issues des producteurs drsquoalcool eux-mecircmes sont degraves lors orienteacutees Crsquoest lrsquoune des formes multiples de la strateacutegie de lobbying des alcooliers

42 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 43

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

Risque de co-deacutependance amp ParentificationGroupeS de parole agrave deStination drsquoenfantS de familleS en difficulteacute avec leurS conduiteS addictiveS en bretaGne

CONTEXTE LrsquoANPAA en Ille-et-Vilaine co-anime agrave Rennes depuis 2000 avec le CSA-PA un groupe de parole drsquoenfants is-sus de famille agrave dysfonctionnement alcoolique Cette deacutemarche srsquoest deacute-veloppeacutee sur cinq territoires drsquoIlle-et-Vilaine eacutelargie depuis 2014 aux quatre deacutepartements bretonsUne eacutevaluation de la mise en œuvre de ces groupes a eacuteteacute meneacutee en 2014LrsquoANPAA accompagne des acteurs en Bretagne dans la mise en œuvre de ces groupes sur leurs territoires par la formation laquo Enfants de parents deacute-pendants comprendre et intervenir raquo

ORIGINE DU PROJET

Lrsquoinitiative de creacuteer ces groupes de paroles reposait sur un triple constat

Peu de structures etou de dispo-sitifs existaient pour accompagner les enfants issus de ces familles

Le systegraveme familial marqueacute par lrsquoalcool a des conseacutequences sur la vie quotidienne de lrsquoenfant que cela soit en termes de vie quotidienne (vio-lences eacuteventuelles absenceshellip) drsquoatti-tudes vis-agrave-vis de ses parents ou drsquoacquisitions de rocircles lui permettant de maintenir le lien avec ses parents

La non-prise en compte de cette

laquo vie drsquoenfant raquo et de lrsquoeacutequilibre dans les relations au sein du systegraveme fami-lial dans le respect de son identiteacute peut agrave terme entraicircner le deacuteveloppe-ment de conduites agrave risques etou amener la reproduction pour lrsquoenfant lors du passage agrave lrsquoacircge adulte drsquoun modegravele familial marqueacute par lrsquoalcool Forte de ces constats lrsquointervention sous forme de groupes repose sur lrsquoobjectif de laquo rompre lrsquoisolement raquo dans lequel les enfants se trouvent au sein de la cellule familiale De mecircme lrsquoutilisation de la parole comme meacutethode et objet des groupes srsquoinscrit comme une premiegravere eacutetape indispensable agrave la restauration de lrsquoes-time de soi Les objectifs des groupes de paroles sont bien drsquoapporter du soutien ndash sans le jugement sur la famille - et drsquoordre preacuteventif en reacuteduisant les risques de recours aux produits psy-choactifs etou drsquoentrer dans la reacutepeacuteti-tion des conduites de deacutependance agrave lrsquoacircge adulte La forme choisie et les objectifs poursuivis correspondent aux caracteacuteristiques du public

PUBLIC jeunes de 10 agrave 18 ans impacteacutes par les conduites addictives de leurs parents

OBJECTIFS GEacuteNEacuteRAUX

Proposer un lieu drsquoeacutecoute pour li-beacuterer la parole des jeunes

Favoriser les eacutechanges avec et entre les enfants et les adultes

Partager les veacutecus et sentiments personnels

Chez le jeune enfant (avant lrsquoadoles-cence) la parentification instaure un comportement de loyauteacute indeacutefectible qui empecircche lrsquoenfant drsquoexprimer ses dif-ficulteacutes

La deacutefaillance du parent voire la maltraitance porteacutee par le symptocircme addictif amegravene lrsquoenfant agrave se rendre le plus invisible possible pour deacuteranger le moins possible La reacuteaction de surpro-tection de lrsquoenfant est un don jamais suffisant pour compenser ce que le pa-rent ne peut lui appor ter Lrsquoenfant cherche agrave excuser le parent malade plu-tocirct qursquoagrave le rejeter De ce fait lrsquoenfant ne peut verbaliser explicitement une de-mande drsquoaide ni exprimer son eacutetatsa situation par un quelconque symptocircme Mais la difficulteacute des adultes agrave aborder avec lui la question des consommations de substances psychoactives amegravene souvent lrsquoenfant agrave douter de ses percep-tions et agrave se renforcer dans son rocircle deacutefensif

Chez lrsquoadolescent la parentification nrsquoempecircchera pas le jeune de trouver la ressource de srsquoopposer Les formes de ses difficulteacutes seront donc plus souvent laquo symptomatiques raquo mais cela ne signi-fie pas qursquoelles soient pour autant plus faciles agrave aborderIdentifier et preacutevenir les risques de pa-rentification est un enjeu pour la future vie drsquoadulte de lrsquoenfant Crsquoest aussi une eacutetape essentielle pour un meilleur ac-compagnement et soins du parent en difficulteacute avec ses conduites addictives sur le plan de sa fonction parentale

Preacutevention des risques chez lrsquoenfant de parent en difficulteacute avec ses conduites addictivesPlusieurs axes sont essentiels agrave la preacute-vention des risques et agrave la reacuteduction des dommages concernant les enfants en danger de parentification

Le repeacuterage systeacutematique des eacuteven-tuelles probleacutematiques familiales des adultes accompagneacutes en soins en addic-tologie ou conjoint de ses personnes

La formation des intervenants du secteur de lrsquoenfance le repeacuterage des enfants en souffrance passe en premier lieu par un renforcement des capaciteacutes drsquointervention des personnes du secteur de lrsquoenfance La formation en addictolo-gie doit viser une deacuteconstruction des repreacutesentations une capaciteacute de com-preacutehension des probleacutematiques addic-tives de repeacuterage chez les enfants qui en subissent les conseacutequences une ca-paciteacute drsquoorientation vers les dispositifs speacutecialiseacutes si neacutecessaire

Lrsquoeacutecoute lrsquoobjectif premier en ac-tions de preacutevention sur ce sujet est de trouver les ressorts pour favoriser la parole des enfants en collectif ou en individuel Freacutequemment des enfants preacute-adolescents ou adolescents confient leurs difficulteacutes ou soucis face aux pro-bleacutematiques addictives de leurs parents agrave un animateur qui intervient au deacutepart sur leurs propres conduites addictives Cette eacutecoute doit ecirctre active et doit permettre si besoin une orientation vers un accompagnement individuel de lrsquoenfant en structure speacutecialiseacutee ou pas

44 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 45

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Inscrire formellement lrsquoorientation dans le cadre des pratiques profes-sionnelles

Ces aspects sont agrave mettre en rela-tion avec le laquo parcours du jeune raquo

lrsquoayant meneacute agrave la reacuteunion du groupe de paroles et agrave croiser avec les lieux de vie dans lequel le jeune peut ren-contrer le professionnel laquo orienteur raquo

Aider agrave la formulation par les en-fants de solutions favorables agrave leur bien-ecirctre

Garantir un accompagnement par des professionnels de la relation drsquoaide

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider lrsquoenfant agrave Prendre conscience nommer ses besoins propres Repeacuterer nommer ses eacutemotions Nommer les solutions qursquoil adopte pour geacuterer ses eacutemotions Eacutelaborer et nommer des solutions alternatives

PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT

DU GROUPE DE PAROLE

Le recrutement des jeunes peut se faire par les familles par lrsquointermeacute-diaire de professionnels ou drsquoune as-sociation par le jeune lui-mecircme

Chaque jeune est reccedilu preacutealable-ment en entretien individuel drsquoaccueil pour creacuteer la premiegravere relation preacute-senter le fonctionnement du groupe de parole et reacutepondre agrave ses questions

Le groupe fonctionne comme un groupe ouvert chaque jeune a la pos-sibiliteacute drsquoassister au nombre de reacuteu-nions qursquoil choisit il peut quitter le groupe agrave tout moment

Un adulte annote les paroles des jeunes sur un cahier durant la seacuteance qui est mis par la suite agrave leur disposi-tion Objectifs permettre les trans-missions entre adultes reacutefeacuterents et animateurs et permettre aux jeunes

de repeacuterer leur propre eacutevolution Des outils drsquoanimation comme le

geacutenogramme les lunettes drsquoalcooleacute-mie les teacutemoignages les bandes des-sineacuteeshellip peuvent ecirctre utiliseacutes et les jeunes peuvent aussi amener des sup-ports individuels tels que des poeacutesies chansons dessinshellipGroupe reacuteuni tous les 15 jours drsquoune dureacutee drsquoenviron 1 h 30

PREacuteCONISATIONS

Preacuteserver la mixiteacute et la diversiteacute professionnelle des intervenants dans lrsquoanimation du groupe cet aspect implique notamment la prise en compte par les institutions le fait que le temps drsquoanimation et de supervi-sion soient consideacutereacutes comme temps de travail

Renforcer le sentiment drsquoapparte-nance entre les animateurs des groupes de paroles

Renforcer la formation sur lrsquoanimation Expeacuterimenter de nouvelles techno-

logies

ORIENTATION

Informer les professionnels sur ce qursquoest un groupe de parole

Par une diffusion sur les lieux de vie des jeunes (collegravegues lyceacutees maison des adolescents foyer eacuteducatifhellip)

Par des preacutesentations dans les ins-titutions etou services concerneacutes par lrsquoaccueil des jeunes

En associant la preacutesentation des groupes de parole aux programmes de preacutevention meneacutes dans les structures

ZOOM

Preacutevention des risques et des dommagesenfance en danGer informationS preacuteoccupanteS et SiGnalement47

Ce que dit la loi Le fait pour quiconque ayant eu connaissance de privations de mau-vais traitements ou drsquoagressions ou atteintes sexuelles infligeacutes agrave un mineur ou agrave une personne qui nrsquoest pas en mesure de se proteacuteger en raison de son acircge drsquoune maladie drsquoune infir-miteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique ou drsquoun eacutetat de grossesse de ne pas en informer les autoriteacutes judiciaires ou administratives est puni de 3 ans drsquoemprisonnement et de 45 000 euros drsquoamende48

Cateacutegories de publics concerneacutees Personnes en situation de fragiliteacute

les mineurs et les personnes acircgeacutees les personnes malades atteintes drsquoune

47 Pour aller plus loin le site de service public httpswwwservice-publicfrparticuliersvosdroitsF781

48 Article 434-3 du Code Peacutenal modifieacute par la loi ndeg 2016-297 du 14 mars 2016-art46

infirmiteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique et les femmes enceintes

Alors que jusque-lagrave seuls les mi-neurs de 15 ans eacutetaient concerneacutes la loi du 14 mars 2016 relative agrave la pro-tection de lrsquoenfance ne distingue plus entre les diffeacuterents acircges et ouvre agrave tous les mineurs

Deacutefinition de lrsquoenfance en dangerUn enfant est consideacutereacute en danger ou risque de lecirctre si sa santeacute sa seacutecuriteacute sa moraliteacute ou son deacuteveloppement physique affectif intellectuel et social sont compromis

Lorsqursquoil est victime de violences physiques ou psychologiques de neacutegli-gences lourdes ayant des conseacutequences graves sur son deacuteveloppement

Lorsqursquoil est victime drsquoagression sexuelle

Lorsque ses conditions de vie peuvent compromettre sa santeacute sa seacutecuriteacute et son eacuteducation

Signalement Il peut ecirctre adresseacute agrave lrsquoautoriteacute judi-ciaire ou agrave lrsquoautoriteacute administrative En cas drsquourgence ou de crimes ou de deacutelits graves le Parquet doit ecirctre

46 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 47

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CHAMP SOCIAL

On srsquointeacuteressera ici agrave deux situations de co-deacutependance dans le champ social entre adolescents drsquoune part en milieu professionnel drsquoautre part

CO-DEacutePENDANCE ENTRE ADOLESCENTS

Lrsquoadolescence une peacuteriode de recherche des limites et de soi-mecircme

La socialisation deacutebute degraves la nais-sance et se poursuit tout au long de la vie Elle commence dans lrsquointeraction avec les parents et le cercle familial eacutelar-gi et srsquoouvre progressivement en re-cherchant la compagnie des autres

Par ailleurs des instances de sociali-sation qui prennent autant de formes de groupes drsquoappar tenance (modes drsquoaccueil et scolarisation associations reacuteseaux sociaux etc) interfegraverent sur le rocircle eacuteducatif des parents

Agrave lrsquoadolescence les enfants se deacute-tournent du groupe familial avec plus ou moins de soif de liberteacute et drsquoindeacutepen-dance selon les individus et la deacutemarche eacuteducative des parents Dans une re-cherche narcissique drsquoidentification lieacutee agrave une peacuteriode de bouleversements psy-chiques et physiques ils cherchent agrave laquo construire raquo une personnaliteacute mais aussi agrave deacutepasser les limites fixeacutees par leur eacuteducation lrsquoenvironnement social familial ainsi que leurs propres peursmanques

Par ailleurs ces attitudes et compor-tements sont eacutemailleacutes de doute sur soi et sur le monde Certains font preuve drsquoun eacuteloignement drsquoune distance mar-quante que ce soit dans la relation agrave la famille ou aux amis habituels laquo Le jeune est souvent eacutetranger agrave lui-mecircme on pourrait mecircme dire que son corps fait partie de son entourage proche raquo49

Lrsquoidentification au groupeLa co-deacutependance des adolescents au sein drsquoun groupe drsquoamis ou du moins de freacutequentations amicales est en lien eacutetroit avec le contexte de socialisation qui srsquoopegravere agrave cet acircge dans le cercle exteacute-rieur agrave la famille Les adolescents srsquoinsegraverent agrave des groupes particuliers (ou groupes drsquoappartenance) qursquoils soient naturels spontaneacutes ou structureacutes socialement Ces groupes se forment dans le cercle scolaire sportif ou drsquoactiviteacutes culturelles parfois aussi dans le quartier ou la zone reacutesidentielle Lrsquoadolescent est en mesure parfois de srsquoinseacuterer au sein de plusieurs groupes diffeacuterencieacutes par leurs centres drsquointeacuterecirct commun (les amis du collegravege du club de sport du cercle amical de la famille etc) Dans le contexte actuel de famille freacutequemment deacutenucleacuteariseacutee lrsquoado-lescent aura entre ces deux parents de multiples occasions de partir agrave la deacutecou-verte de nouveaux environnements Par ailleurs suivant les liberteacutes prises ou accordeacutees en termes de sortie le champ relationnel des jeunes devient vite ex-ponentiel

49 Veacuteronique GARGUIL laquo Les multiples entourages du jeune consommateur raquo Actal ndeg 3 2007 pp 18-19

saisi prioritairement afin drsquoordonner des mesures de protections de la vic-time et diligenter une enquecircte il convient drsquoinformer en parallegravele les autoriteacutes administratives

Information preacuteoccupanteLrsquoinformation preacuteoccupante est une proceacutedure qui permet de signaler une situation drsquoun enfant en danger ou ris-quant de lrsquoecirctre Cette information preacuteoccupante peut ecirctre faite

Par courrier au Preacutesident du Conseil Deacutepartemental il existe dans chaque Conseil Deacutepartemental une cellule deacutedieacutee au recueil drsquoinfor-mations preacuteoccupantes porteacutee par lrsquoAide Sociale agrave lrsquoEnfance (ASE) lrsquoin-formation peut se faire par courrier par teacuteleacutephone par mail et lors drsquoun accueil physique Tous les signale-ments peuvent ecirctre faits drsquoune ma-niegravere anonyme

Par teacuteleacutephone en contactant le 119 (Service National drsquoAccueil Teacuteleacute-phonique pour lrsquoEnfance en Danger (SNATED) 24h24h et 7 jours sur 7)

Par teacuteleacutephone en contactant le 17 Police ou Gendarmerie (24h24h)

Lorsque la situation de lrsquoenfant est drsquoune extrecircme urgence (par exemple en cas de maltraitance de violences sexuelles) il est possible de saisir di-rectement le Procureur de la reacutepu-blique

Proceacutedure apregraves information Degraves reacuteception des informations

preacuteoccupantes lrsquoASE procegravede agrave une analyse de premier niveau afin drsquoap-preacutecier la suite agrave donner

En cas drsquoinfractions peacutenales (agres-sions sexuelles ou violences aveacutereacutees) la cellule transmet immeacutediatement les informations au Procureur de la Reacutepu-blique

Dans les autres cas la cellule sol-licite une eacutevaluation de la situation aupregraves du service territorial drsquoaction sociale compeacutetent

Lrsquoeacutevaluation solliciteacutee devra per-mettre drsquoappreacutecier si lrsquoenfant signaleacute se trouve en situation de danger et de proposer agrave la famille toutes les mesures drsquoaide permettant de remeacute-dier agrave la situation

Si la famille refuse lrsquointervention du service territorial drsquoaction sociale et que le danger perdure un signale-ment au Procureur de la Reacutepublique est effectueacute par la cellule Le juge des enfants peut ecirctre saisi et deacutecider toute mesure de protection judiciaire approprieacutee

48 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 49

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

car ils sont precircts agrave beaucoup pour ecirctre accepteacutes par leurs pairs et se focalisent sur les reacuteactions perccedilues agrave leur en-contre

Si nombre de jeunes parviennent agrave maicirctriser leurs tentations une partie non-neacutegligeable drsquoentre eux a tregraves tocirct des expeacuteriences de consommation de produits psychotropes et drsquoalcool en groupe agrave un acircge ougrave la toute-puissance supposeacutee du corps pousse en geacuteneacuteral agrave neacutegliger le risque de probleacutematique addictive

PreacuteventionPartant de ce constat lrsquoexpertise IN-SERM relative aux conduites addictives chez les jeunes51 souligne lrsquointeacuterecirct de sensibiliser les jeunes agrave lrsquoinfluence des amis pour preacutevenir les initiations et eacuteventuelles conduites addictives plus tard Les compeacutetences psychosociales qui doivent ecirctre deacuteveloppeacutees sont la gestion de lrsquoinfluence des pairs et la ca-paciteacute drsquoaffirmation de soi

51 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

ZOOM

Srsquoinscrire dans une appartenance lrsquoinfluence du groupe dans les motivations et trajectoires de conduites addictives agrave lrsquoadolescence52

Lrsquoenjeu de sociabiliteacute et la dimension collective deacuteterminent toutes les ini-tiations aux drogues Lrsquoaspect relation-nel domine les reacutecits il srsquoagit agrave la foi drsquoexpeacuterimenter les sentiments per-ceptions et penseacutees drsquoautrui et de former une communauteacute affective immeacutediate laquo Essayer ensemble raquo est souvent preacutesenteacute comme un signe drsquoadheacutesion de confiance drsquoidentifica-

52 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations moti-vations et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo Tendances ndeg 122 Deacutecembre 2017 8 p

tion et de validation mutuelles en particulier chez les filles (agrave lrsquoimage des reacutecits drsquoinitiation tabagique avec laquo une meilleure amie raquo en secret comme pour sceller un engagement intime reacuteciproque) Agrave lrsquoinverse parmi les gar-ccedilons la premiegravere cigarette est eacutegale-ment fumeacutee en groupe souvent avec les aineacutes consideacutereacutes comme des men-tors Le point commun de toutes ces expeacuterimentations (tabac alcool can-nabis) est le renforcement drsquoun lien Il srsquoagit selon les cas de consolider une alliance ou de conjurer le risque de mise agrave lrsquoeacutecart du groupe (agrave lrsquoimage de la justification laquo tout le monde fume alorshellip raquo) Le capital social est parfois expliciteacute laquo Jrsquoavais des problegravemes drsquoacceptation donc je pensais que en fumant ccedila allait plus me socialiser raquo (Thomas 16 ans)

Importance et inf luence du laquo groupe drsquoamis raquo sur les tenta-tives de lrsquoadolescent50

Crsquoest tregraves souvent au cœur des groupes drsquoappartenance que se font les premiegraveres consommations de subs-tances psychoactives

Les jeunes dont les amis consomment des produits psychoactifs preacutesentent des niveaux de consommation plus eacutele-veacutes que ceux dont les amis ne consom-ment pas Ceci reflegravete probablement agrave la fois

La faccedilon dont les adolescents choi-sissent leurs amis Lrsquoinfluence des consommations des pairs sur les populations adoles-centes

Ce constat est eacutegalement valable pour les jeux de hasard et drsquoargent et les jeux videacuteo drsquoautant plus que leur pratique est ressentie comme un loisir agreacuteable excitant et associeacute agrave des valeurs posi-tives

Concernant les tentatives drsquousage de produits psychotropes de nombreuses eacutetudes ont eacuteteacute meneacutees pour mieux appreacutehender les comportements des jeunes et la perception qursquoils ont de leurs cercles amicaux en tant qursquoinfluen-ceurs de prise de risques

Lrsquoinfluence du groupe de pairs sera drsquoautant plus manifeste que les parents ne peuvent assurer une surveillance et garantir un attachement de qualiteacute

Lrsquoidentification au groupe deacuteveloppe une notion drsquoappartenance qui peut

50 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

devenir vitale pour le jeune adolescent notamment srsquoil est peu rassureacute ou mal agrave lrsquoaise avec son individualiteacute

Certains adolescents sont precircts agrave aller tregraves loin pour ecirctre accepteacutes dans un groupe Les pheacutenomegravenes de rejet ou de moqueries de la part de groupes peuvent aussi provoquer une mise en abicircme de lrsquoadolescent

Ambivalence du groupe drsquoapparte-nance Pour les adolescents et les jeunes adultes le groupe drsquoappartenance peut revecirctir plusieurs formes

Le clan facteur de construction iden-titaire est une source drsquoaffection de soutien moral de questionnements et de deacutepassement de soi Il peut aussi ecirctre source drsquoinhibitions parfois bloquantes agrave lrsquoeacutecole ou ailleurs Agrave travers le clan le jeune trouve une limite agrave lrsquoeffet miroir et parvient peu agrave peu agrave srsquoindividualiser et agrave construire sa propre identiteacute

Le clan peut aussi ecirctre facilitateur de prises de risques lrsquoeffet groupe a ten-dance agrave creacuteer une barriegravere agrave lrsquointeacuterieur de laquelle le jeune se sent proteacutegeacute et tout-puissant libre de multiplier les prises de risques

Les expeacuteriences agrave risques constituent pour les membres du clan une eacutechappa-toire dont ils srsquoempareront pour sortir de leur quotidien dans lequel la pression est souvent grande conflits familiaux examens premiers amours permis orientation

Contrairement agrave ce qursquoils pensent les adolescents ne perccediloivent pas et ne maitrisent pas toujours la nature nocive de certains rapports amicaux de groupe

50 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 51

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

THEgraveMES

Ces DVD permettent daborder diffeacuterentes theacutematiques question-neacutees par ladolescence

Ecirctre adolescent Ladolescence Ecirctre en lyceacutee professionnel ecirctre interne Les relations parents-adoles-cents ecirctre parent dadolescent Les conduites addictives tabac cannabis alcool eacutecrans Lrsquoamour et la sexualiteacute Le bonheur

CO-DEacutePENDANCE EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte53 Les probleacutematiques addictives en milieu professionnel sont nommeacutees comme telles car elles concernent des travail-leurs qui font eacutetat de difficulteacutes varieacutees et laissent apparaicirctre les effets drsquoune conduite addictive sur le lieu de travail voire en consommant sur le lieu de travail

Les usages de substances psychoactives en milieu professionnel peuvent ecirctre consideacutereacutes sous deux eacuteclairages compleacute-mentaires drsquoun mecircme pheacutenomegravene qui ne doivent pas ecirctre opposeacutes

Eclairage selon lequel les conduites addictives peuvent faire peser des risques sur la seacutecuriteacute en milieu professionnel et sur les performances des organisations

53 Christophe PALLE Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel OFDT note de synthegravese ndeg 2015-05 8 octobre 2015 13 p

Eclairage selon lequel le travail est consideacutereacute comme deacuteterminant de la santeacute des professionnels santeacute elle-mecircme facteur de seacutecuriteacute et de perfor-mance des organisations il srsquoagit donc drsquoanalyser les liens entre conduites ad-dictives et travail (organisation du travail management culture drsquoentreprise)

Les conduites addictives peuvent impac-ter un large laquo entourage raquo en milieu professionnel du collaborateur au cadre dirigeant voire tout un service de lrsquoen-treprise Ces conduites addictives long-temps passeacutees sous silence sont de plus en plus deacutevoileacutees et eacutetudieacutees du fait

Drsquoune intensification des tacircches et de la reacuteduction des effectifs dans de nom-breux domaines drsquoactiviteacutes De ce fait lrsquoentourage professionnel mecircme srsquoil envisage difficilement et tardivement de faire connaicirctre le comportement addic-tif du collaborateur aura de plus en plus de mal agrave assumer les reports de tacircches et lrsquoambiance deacuteleacutetegravere induits par lrsquoad-diction du collaborateur

Drsquoune leacutegislation plus contraignante pour les employeurs qui sont respon-sables de la santeacute au travail de leurs employeacutes

Drsquoune approche plus efficiente du tabou des addictions en milieu profes-sionnel

Toutefois il est agrave remarquer que nombre drsquousagers de drogues de co-caiumlne notamment demeurent invisibles Leur addiction plus ou moins maicirctriseacutee reste largement masqueacutee par un com-portement dissocieacute entre sphegraveres pri-veacutee et professionnelle Ainsi une grande

ILLUSTRATION

Coffret de deux DVD et livret laquo Adolescences raquo produit par lrsquoanpaa danS lrsquooiSe

Ce coffret de deux DVD permet daborder la question des conduites addictives en srsquointeacuteressant agrave ladoles-cence de maniegravere globale dans une approche positive de la santeacute Dune dureacutee de 3 h 20 il a eacuteteacute reacutealiseacute dans le cadre drsquoun partenariat entre lrsquoANPAA dans lrsquoOise et le lyceacutee professionnel Jules Verne de Grandvilliers gracircce agrave la mobilisation de pregraves de 200 per-sonnes sur 3 anneacutees (de sept 2012 agrave septembre 2015) dans la construction des interviews les teacutemoignages leacutecri-ture et le tournage de sceacutenarios le montage videacuteo la reacutedaction et la lec-ture du livret daccompagnement jusquagrave la composition de la bande originale

PUBLIC DESTINATAIRE

Il srsquoadresse aux adolescents de 12 agrave 20 ans environ aux parents drsquoadolescents aux professionnels travaillant aupregraves drsquoadolescents etou de leurs parents

OBJECTIFS

Amener les adolescents les adultes (professionnels etou parents dadolescents) agrave reacutefleacutechir agrave verbaliser leurs repreacutesentations agrave deacutebattre et reacuteagir suite au visionnage de certaines de ces interviewssceacutenarios

Apporter des repegraveres et des eacuteleacute-

ments theacuteoriques pour mieux cerner les enjeux et comprendre chacune des theacutematiques qui gravitent autour de ladolescence (conduites addictives les eacutecrans lamour et la sexualiteacutehellip)

Faire prendre conscience aux pa-rents aux professionnels et aux ado-lescents que chacun a sa propre re-preacutesent at ion de ce que s t ladolescence et quelle nest pas for-ceacutement synonyme de crise de turbu-lences de violence de problegravemes de conflits malgreacute certains preacutejugeacutes

Montrer aux adolescents et aux parents quecirctre parent nest pas for-cement inneacute acquis facilehellip

Rassurer accompagner les parents dans leurs rocircles et les aider au mieux agrave avoir confiance en eux et en leurs en-fants (dans laffirmation de leurs posi-tionnements les aider agrave faire le tri entre les principes fondamentaux et les conseils divulgueacutes dans les meacutedias)

CONTENU Deux DVD

laquo Surfer entre plaisirs et prises de risques adolescences raquo coreacutealiseacute avec des adolescents laquo Regards croiseacutes sur (ce qui nest pas une maladie) ladolescence raquo coreacutealiseacute avec des professionnels parents et adolescents

Un livret daccompagnement Un site internet deacutedieacute wwwado-lescencesfr sur lequel figure des fiches danimation et des fiches peacutedagogiques en lien avec cinq des 8 theacutematiques

52 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 53

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

et de la restauration Les personnels du secteur de la construction sont plus par-ticuliegraverement en tecircte pour les subs-tances licites alors que pour les subs-tances illicites crsquoest dans le secteur des arts et spectacles puis de lrsquoheacutebergement et de la restauration que les preacutevalences de consommation sont les plus eacuteleveacutees

Le secteur de lrsquoagriculture sylvicul-ture et pecircche se caracteacuterise par des preacutevalences eacuteleveacutees uniquement pour lrsquoalcool surtout pour la consommation quotidienne

Deux autres secteurs figurent aussi parmi les plus fortement consomma-teurs bien que dans une moindre me-sure celui de lrsquoinformation et de la com-munication surtout pour les substances illicites et celui des produits manufactu-reacutes pour les substances licites

Agrave lrsquoautre extrecircme du classement quatre univers de travail se caracteacuterisent par des niveaux plus faibles de consom-mation pour la quasi-totaliteacute des subs-tances lrsquoadministration publique lrsquoensei-gnement le milieu de la santeacute humaine et de lrsquoaction sociale et les activiteacutes de service aux meacutenages

Consommations au cours de la journeacutee de travail58

En-dehors des occasions telles que les laquo pots raquo et les repas 189 des hommes et 103 des femmes soit 164 des actifs occupeacutes ont un usage drsquoalcool au moins occasionnel et ont consommeacute de lrsquoalcool durant leur temps de travail au moins une fois dans lrsquoanneacutee (Beck et al 2013)

58 Ibid

La proportion de ceux qui deacuteclarent consommer pendant leur temps de tra-vail au moins une fois par semaine est beaucoup plus faible mais atteint 35 (parmi les actifs occupeacutes des deux sexes confondus acircgeacutes de 16 agrave 64 ans et qui consomment au moins occasionnelle-ment de lrsquoalcool) Ce pourcentage re-preacutesente 15 de lrsquoensemble des actifs occupeacutes

Addictions comportementalesCes conduites addictives comporte-mentales ont des impacts sur le collectif de travail et pas seulement sur les per-sonnes concerneacutees

La techno-deacutependance59 est une rela-tion aux nouvelles technologies inter-net messageries teacuteleacutephones mobiles reacuteseaux sociaux etc Ces outils sont lar-gement reacutepandus en milieu profession-nel Leur usage abusif peut devenir pro-bleacutematique impactant les collaborateurs maintenus en reacuteseau au-delagrave de leur temps de travail 37 des actifs deacute-clarent utiliser les outils numeacuteriques professionnels hors temps de travail60 Conscient de ces risques dans lentre-prise un droit agrave la deacuteconnexion a eacuteteacute inscrit dans la loi travail de 2016

Les addictions comportementales font reacutefeacuterence agrave des attitudes reacutepeacuteteacutees sur un mode obsessionnel Le workaho-lisme en fait partie

59 Pour aller plus loin Bruno METTLING Transfor-mation numeacuterique et vie au travail septembre 2015 69 p

60 Pratiques numeacuteriques des salarieacutes pendant les congeacutes ELEAS septembre 2017

part de ces consommateurs est tregraves bien inteacutegreacutee ndash eacutetudiants cadres intel-lectuels politiques ndash et parvient agrave reacutegu-ler leurs usages pour mieux eacutechapper en premier lieu agrave la reacuteprobation sociale voir agrave des sanctions professionnelles Leurs addictions si tant est qursquoelles demeurent longtemps non apparentes peuvent un jour conduire suite agrave un effet deacuteclen-cheur agrave des impacts en milieu profes-sionnel parfois gravissimes (accidents du travail burn-out suicides ) Ces conduites addictives sont souvent lieacutees agrave une pression sociale et agrave des pratiques reacutecurrentes de certains milieux sociaux-professionnels

Principales substances psychoac-tives consommeacutees chez les actifs occupeacutes54

Tabac 304 fument quotidienne-ment Alcool 73 en consomment quo-tidiennement 95 ont des ivresses reacutepeacuteteacutees 186 ont une alcoolisa-tion ponctuelle importante dans le mois 73 ont une consommation agrave risque chronique

Cannabis 9 en consomment au moins une fois par an

Cocaiumlne 08 en consomment au moins une fois par an Ecstasyampheacutetamine 05 en consomment au moins une fois par an

54 Baromegravetre santeacute 2014 INPES lt httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2014indexasp gt

Consommations selon les profes-sions et cateacutegories sociales55 Des diffeacuterences genreacutees sont agrave distin-guer en matiegravere de consommation de tabac alcool meacutedicaments psycho-tropes cannabis cocaiumlne et ecstasyampheacutetamines

Chez les hommes Globalement les plus consommateurs sont les employeacutes et les ouvriers Les cadres et les agriculteurs sont globalement les moins consomma-teurs Les artisans commerccedilants et chefs drsquoentreprise et les professions inter-meacutediaires se situent entre les deux

Chez les femmes la diffeacuterenciation est moins grande56

Les agricultrices restent les moins consommatrices Les cadres et les employeacutees sont globalement les plus consomma-trices

Consommations suivant les sec-teurs drsquoactiviteacute57

Trois secteurs se retrouvent presque systeacutematiquement dans le trio de tecircte du classement selon le niveau de preacuteva-lence pour les diffeacuterentes substances qursquoelles soient licites ou illicites la construction le secteur englobant les arts les spectacles et les services reacute-creacuteatifs et le secteur de lrsquoheacutebergement

55 Christophe Palle Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel op cit

56 Attention la faiblesse des effectifs doit inciter agrave la prudence dans lrsquointerpreacutetation des diffeacuterences entre cateacutegories

57 Ibid

54 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 55

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Meacutecanismes drsquoaddiction en milieu professionnel Les conduites addictives en milieu de tra-vail ont une origine mixte lieacutee agrave la sphegravere priveacutee mais aussi agrave certains facteurs lieacutes agrave lrsquoactiviteacute professionnelle Ces derniers relegravevent de deux meacutecanismes65

Lrsquoacquisition consommation agrave lrsquooc-casion des pots en entreprise des repas drsquoaffairehellip ce type drsquousage est souvent inscrit dans les normes et la culture de certains meacutetiers secteur professionnel ou entreprise facilitant notamment lrsquointeacutegration dans le collectif de travail

Lrsquoadaptation consommation consti-tuant une strateacutegie pour laquo tenir raquo au travail Plusieurs situations ont eacuteteacute iden-tifieacutees dont le stress le travail de nuit les mauvaises relations au travail (harcegrave-lement brimades) les postes de seacutecu-riteacute le travail en plein air le port de charges lourdeshellip comme pouvant fa-voriser cette dispositionUne consommation au deacutepart maicirctriseacutee ou non-excessive peut devenir probleacute-matique dans un contexte de difficulteacutes professionnelles ainsi plus du tiers des fumeurs reacuteguliers (362 ) 93 des consommateurs drsquoalcool et 132 des consommateurs de cannabis deacuteclarent avoir augmenteacute leurs consommations du fait de problegravemes lieacutes agrave leur travail ou agrave leur situation professionnelle au cours des 12 derniers mois66

65 Philippe HACHE laquo Pratiques addictives et eacutevalua-tion des risques professionnels comment inscrire ce risque dans le document unique raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 150 2017 pp 113-115

66 Baromegravetre Santeacute 2010 INPES httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2010indexasp

Ceci illustre le rocircle que peuvent jouer les conditions de travail dans lrsquoeacutevolution des conduites addictives

Conseacutequences des conduites ad-dictives en milieu professionnel

Les premiegraveres conseacutequences visibles sont les accidents de travail en emploi ou sur le trajet

Lrsquoabsenteacuteisme pour raison de santeacute Des difficulteacutes professionnelles pour

la personne difficulteacute agrave assurer ses tacircches et missions sanction disciplinaire pouvant aller jusqursquoagrave une perte drsquoem-ploi

Un collectif de travail impacteacute pour lrsquoentourage professionnel avec des effets induits varieacutes selon le poste de travail et le service concerneacutes report de tacircches entre professionnels exposition agrave des risques pour autrui ndash collaborateurs ou clients accidents du travail67 deacutegrada-tion relationnelle avec mise agrave lrsquoeacutecart et focalisation sur la personne en difficulteacute compensation par les collaborateurs etc

Pour lrsquoentreprise eacuteventuelle gestion de tensions et conflits sociaux pertes de production deacutegradation drsquoimage

67 2015 dans 20 agrave 30 des cas la victime drsquoun acci-dent du travail eacutetait sous lrsquoemprise drsquoune substance psychoactive lrsquoalcool eacutetant agrave lui seul responsable de 10 agrave 20 des accidents du travail et en cause dans 40 agrave 45 des accidents du travail mortels Sources - Conditions de travail - Bilan 2015 Ministegravere du travail

de lemploi de la formation professionnelle et du dia-logue social 2017 552 p

- Statistiques de sinistraliteacute 2015 tous CTN et par CTN Etude 2016-137-CTN CNAMTS 2016 62 p

ZOOM

Workaholisme et impact sur lrsquoentourage professionnel

Le workaholisme61 est un comporte-ment preacutesenteacute par une personne qui ressent une pression interne lrsquoobli-geant agrave travailler et qui ressent un mal-ecirctre inteacuterieur et une sensation de culpabiliteacute lors des peacuteriodes drsquoinacti-viteacute Le workaholisme preacutesente les critegraveres drsquoune addiction comporte-mentale mecircme srsquoil nrsquoest pas citeacute comme tel dans le DSM 562 Le workaholisme a des conseacutequences importantes sur la santeacute des travail-leurs conseacutequences somatiques (dou-leurs musculaires ou intestinales risque eacuteleveacute de maladie coronarienne) ni-veaux plus eacuteleveacutes danxieacuteteacute dinsom-nie de dysfonctionnement social et de deacutepression Cest eacutegalement un facteur de risque important de burnout Des co-addictions sont eacutegalement freacute-quemment retrouveacutees troubles du comportement alimentaire tabagisme important meacutesusage dalcoolLes conseacutequences sur lentourage sont notables Sur la famille qui est deacutelaisseacutee au pro-fit du travail Une eacutetude indique que dans les familles ougrave le pegravere souffre de

61 T BURCOVEANU laquo Workaholisme eacutetat des connaissances raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 139 2014 pp 143-151

62 DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux paru aux Etats-Unis en 2013

workaholisme les enfants ont un risque drsquoanxieacuteteacute etou de deacutepression important63Sur les collaborateurs en difficulteacute voire en conflit avec ces workaho-liques perfectionnistes agrave lrsquoextrecircme psychorigides et ne deacuteleacuteguant pas

Les services de santeacute au travail sont en premiegravere ligne pour la preacutevention le repeacuterage et lrsquoorientation vers les services speacutecialiseacutes si besoin Pour le repeacuterage plusieurs questionnaires existent dont le plus pratique est le WART64 qui sont surtout utiliseacutes en cas de signaux drsquoalerte tels que lrsquoexis-tence de plaintes somatiques de troubles psychiques une difficulteacute agrave srsquoeacuteloigner du lieu de travail et une sur-consommation de substances psy-choactives

La prise en charge est celle dune ad-diction cest-agrave-dire pluridisciplinaire prenant en compte les troubles soma-tiques et psychiques les comorbiditeacutes psychiatriques eacuteventuelles la reacuteadap-tation de lrsquoindividu et la preacutevention des rechutes Il existe eacutegalement des groupes de paroles tels ceux des Work Anonymes

63 Bryan ROBINSON Lisa KELLEY laquo Adult child-ren of workaholics Self-concept anxiety depression and locus of control raquo The American Journal of Fa-mily Therapy vol 26 ndeg 3 1998 pp 223-238

64 Bryan ROBINSON laquo The Work Addiction Risk Test Development of a tentative measure of worka-holism raquo Perceptual and Motor Skills ndeg 88 1999 pp 199-210 Disponible en franccedilais httpwwwtest-addictofrtests_pdfquestionnaire-wartpdf

56 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 57

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp2thinspLE RISQUE

DE TRANSMISSION INTER-GEacuteNEacuteRATIONNELLE

Pour mieux saisir la notion de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle en termes drsquoaddiction une phrase drsquoEdgar Morin eacuteclaire la construction de lrsquoidentiteacute de lrsquoindividu en lien avec lrsquoentiegravereteacute de son histoire et de ses liens familiaux laquo Lrsquoau-tonomie est faite drsquoun tissu de deacutepen-dances ainsi lrsquoidentiteacute se constitue au carrefour de plusieurs appartenances raquoDans ce contexte le lien de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle srsquoexprime dans des formes qui touchent notamment aux cycles de vie familiale aux reacutepeacuteti-tions intergeacuteneacuterationnelles (maladie fonctionnement relations) aux formes relationnelles

INDICATEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE DE DIFFICULTEacuteS ADDICTIVES69 Les eacutetudes consacreacutees agrave la transmission intergeacuteneacuterationnelle des addictions montrent une correacutelation entre le contexte addictif familial et le risque de deacutependance chez lrsquoadolescent Particu-liegraverement quand des probleacutematiques addictives et des distorsions de la per-sonnaliteacute etou relationnelles se sont cumuleacutees sur plusieurs geacuteneacuterations lrsquoadolescent est aux prises avec un sys-

69 Agnegraves CADET-TAIumlROU Anne-Claire BRISACIER laquo Addiction et usages probleacutematiques facteurs de risque facteurs de protection raquo in Jeunes et addictions OFDT 2016 pp 83-86 httpsbdocofdtfrdoc_numphpexplnum_id=23806

tegraveme geacuteneacuteralement bien plus fort que lui et sa capaciteacute drsquoindividuation

Concernant lrsquoalcool et le tabac le risque est 2 agrave 3 fois supeacuterieur chez lrsquoado-lescent lorsqursquoil existe des anteacuteceacutedents drsquoabus drsquoalcool dans la famille ou lorsque lrsquoun ou les deux parents sont fumeurs de tabac

Pour le cannabis le risque drsquoune deacute-pendance de lrsquoadolescent serait double lorsque les parents sont consomma-teurs

Les enfants de parents deacutependants agrave drsquoautres drogues illicites ont eux aussi une plus forte probabiliteacute de probleacutema-tiques addictives

FACTEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE70 Des facteurs laquo geacuteneacutetiques ou eacutepigeacuteneacute-tiques raquo sont en partie mis en cause notamment la reconduction sur deux ou plusieurs geacuteneacuterations de difficulteacutes sociales familiales et psychologiques drsquoune plus grande accessibiliteacute des pro-duits consommeacutes par les parents et de facteurs psychologiques tels qursquoun re-gard positif ou normaliseacute vis-agrave-vis de la consommation de drogues raquo Par ail-leurs lrsquoexposition preacutenatale aux pro-duits psychoactifs entraicircne un risque non-neacutegligeable de troubles du compor-tement ou des apprentissages degraves lrsquoenfance qui vont favoriser la survenue de probleacutematique addictive agrave lrsquoadoles-cence

70 Ibid

Quelques eacuteleacutements significatifs Sollicitation des services de santeacute au

travail pour des probleacutematiques addic-tives68 92 des meacutedecins deacuteclarent avoir eacuteteacute contacteacutes par des directeurs de ressources humaines pour un pro-blegraveme drsquoalcool chez un salarieacute 29 pour un salarieacute faisant usage de canna-bis 13 pour un salarieacute faisant usage drsquoune autre drogue

Des demandes de conseils de la part du personnel pour un travailleur en dif-ficulteacute sont eacutegalement noteacutees 40 des meacutedecins du travail ont eacuteteacute contacteacutes pour un problegraveme drsquoalcool 7 pour un usage de cannabis et 4 pour drsquoautres drogues

68 C MENARD et al laquo Actions collectives en entre-prise la place des meacutedecins du travail raquo in C MENARD G DEMORTIERE E DURAND P VERGER F BECK (dir) Meacutedecins du travail Meacutedecins geacuteneacuteralistes re-gards croiseacutes INPES 2011 pp 95-110 (Etudes Santeacute)

Axes de preacuteventionCes constats justifient de deacutevelopper les moyens de repeacuterer les personnes en difficulteacute afin de leur apporter lrsquoaccom-pagnement neacutecessaire mais surtout de deacutevelopper une culture drsquoentreprise de preacutevention et de qualiteacute de vie au travailPour quune deacutemarche daide puisse ecirctre efficace lentreprise quelle qursquoelle soit publique ou priveacutee petite ou grande doit sinscrire dans une deacute-marche de preacutevention de repeacuterage et daccompagnement des personnes en difficulteacute qui relegraveve drsquoailleurs de la loi Dans cette deacutemarche ne sont pas seu-lement concerneacutees les personnes deacute-pendantes mais aussi les personnes ayant une consommation agrave risque ou agrave problegraveme ponctuelle ou reacuteguliegravere

58 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 59

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les eacutetudes drsquoassociation quant agrave elles ont pour but de deacutetecter lrsquoasso-ciation entre un trait de caractegravere (ici lrsquoaddiction) et la structure exacte (polymorphisme) drsquoun gegravene Elles se fondent sur la comparaison entre des cas (ici des sujets addicts) et des teacute-moins (des sujets non-addicts) Ces eacutetudes dites laquo cas-teacutemoins raquo sont les plus nombreuses Dans celles-ci on axe les recherches le plus souvent sur des gegravenes laquo candidats raquo crsquoest-agrave-dire qui pourraient logiquement avoir un rocircle agrave jouer dans la survenue de la pathologie Toutefois lrsquoameacutelioration spectaculaire des techniques de seacute-quenccedilage et drsquoidentification des gegravenes a permis de reacutealiser des eacutetudes dites GWAS72 ougrave plus drsquoun million de mar-queurs geacuteneacutetiques peuvent ecirctre ana-lyseacutes en mecircme temps

De nombreux gegravenes impliqueacutes agrave des degreacutes et sur des fonctions tregraves diverses De tregraves nombreux gegravenes sont identi-fieacutes comme eacutetant probablement im-pliqueacutes dans les addictions aux subs-tances psychoactives sans pour autant pouvoir expliquer lrsquoensemble du pheacute-nomegravene I ls inter viennent par exemple dans lrsquoaction ou le meacutetabo-

72 Genome-Wide Association Study

lisme de la substance la reacutegulation de la consommation la sensibiliteacute aux effets plaisantsreacutecompensants ou encore la seacuteveacuteriteacute de lrsquoaddiction Drsquoautres gegravenes sont impliqueacutes dans des comportements ou des traits de carac-tegravere comme la deacutesinhibition lrsquoatten-tion la reacuteponse au stress la recherche de sensations ou lrsquoimpulsiviteacute

Agrave RETENIR

Aucun gegravene identifieacute agrave ce jour ne possegravede un effet ma-jeur agrave devenir addict aucun drsquoentre eux nrsquoexplique agrave lui seul la survenue de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction parait ecirctre multi-geacutenique crsquoest-agrave-dire reposant sur une combinaison de modifications de plusieurs gegravenes et pas toujours les mecircmes drsquoun sujet agrave lrsquoautre

Enfin ces gegravenes de vulneacute-rabiliteacute sont loin drsquoecirctre tou-jours preacutesents chez les per-sonnes addictes

Cela signifie que lrsquoabsence de ces gegravenes ne protegravege en aucun cas du risque de deve-nir addict

ZOOM

Addiction une maladie geacuteneacutetique 71

Lrsquoaddiction nrsquoest pas une maladie geacuteneacutetique seule est dit geacuteneacutetique une maladie dont la survenue est pro-voqueacutee uniquement par la mutation drsquoun ou plusieurs gegravenes Crsquoest le cas par exemple de la mucoviscidose ce nrsquoest pas le cas de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction est une maladie multi-factorielle qui associe des facteurs geacuteneacutetiques et environnementaux Crsquoest le cas de la plupart des patholo-gies courantes associant dans leur eacutetiologie le terrain heacutereacuteditaire et lrsquohis-toire de vie du sujetOn naicirct donc en portant dans nos gegravenes un risque plus ou moins eacuteleveacute de deacutevelopper une addiction Toute-fois la survenue de lrsquoaddiction deacutepen-dra au moins autant sinon plus de facteurs lieacutes agrave lrsquoenvironnement social et familial que de facteurs geacuteneacutetiques Il nrsquoy a pas de deacuteterminisme agrave devenir laquo addict raquo mais il y a des facteurs de vulneacuterabiliteacute

Quelle part du risque drsquoaddiction est porteacutee par les gegravenes Lrsquoidentification drsquoune part geacuteneacutetique dans la survenue drsquoune addiction pro-

71 Bertrand NALPAS Nicolas RAMOZ Lrsquoaddiction est-elle une maladie geacuteneacutetique lt httpwwwmaad-digitalfrdecryptageladdiction-est-elle-une-maladie-genetique-12 gt 23022017

vient drsquoeacutetudes meneacutees sur des familles ou des paires de jumeaux dans les-quels un membre est toucheacute La syn-thegravese des eacutetudes meneacutees sur les ju-meaux a permis drsquoeacutetablir que la part geacuteneacutetique dans la vulneacuterabiliteacute agrave deve-nir laquo addict raquo serait drsquoenviron 70 pour la deacutependance agrave la nicotine 48-66 pour la deacutependance agrave lrsquoalcool 51-59 pour la deacutependance au can-nabis 42-79 pour la deacutependance agrave la cocaiumlne 23-54 pour la deacutepen-dance aux opiaceacutes Ces taux sont tou-tefois agrave lire avec prudence dans la mesure ougrave la deacutefinition de la laquo deacutepen-dance raquo nrsquoeacutetait pas toujours identique drsquoune eacutetude agrave lrsquoautre Au total si on heacuterite de gegravenes de vulneacuterabiliteacute sur lesquels on ne peut guegravere agir ceux-ci repreacutesenteront environ la moitieacute de la probabiliteacute de devenir laquo addict raquo

Existe-t-il un gegravene de lrsquoaddiction Lrsquoessentiel de la recherche geacuteneacutetique appliqueacutee aux addictions repose sur deux types drsquoeacutetudes les eacutetudes de liaison drsquoune part et les eacutetudes drsquoasso-ciation drsquoautre part

Les eacutetudes geacuteneacutetiques de liaison servent agrave cartographier les diffeacuterents gegravenes ou reacutegions du geacutenome preacutedis-posant agrave un trouble Lrsquoapproche liaison se base sur des familles dans lesquelles au moins un parent et un enfant sont addicts et on recherche si le gegravene sus-pecteacute est preacutesent chez le parent et lrsquoenfant atteints

60 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 61

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

laquo Une affaire de famille raquoproGramme de preacutevention de la tranSmiS-Sion Geacuteneacuterationnelle deS SouffranceS lieacuteeS au fonctionnement familial

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo a eacuteteacute eacutelaboreacute par Line Caron travailleuse sociale titulaire dune Maicirc-trise en service social Il est mis en œuvre au Queacutebec depuis les anneacutees 1996Un travail drsquoadaptation agrave la langue par-leacutee en France a eacuteteacute fait par la docteure Antoinette Fouilleul Psychiatre-Addic-tologue et administratrice de lrsquoANPAA Agrave partir de 2010 Line Caron a donneacute plusieurs confeacuterences et en Norman-die et en Bretagne ougrave le programme est maintenant deacuteployeacute au sein de lrsquoANPAA et expeacuterimenteacute dans diffeacute-rents contextes dont le centre du couple et de la famille de Brest pour des difficulteacutes lieacutees aux violences in-trafamiliales et dans une maison drsquoar-recirct Plus reacutecemment la docteure Antoinette Fouilleul a formeacute des ani-mateurs agrave lrsquoIle de la Reacuteunion ougrave le programme est maintenant expeacuteri-menteacute Une formation a aussi eacuteteacute donneacutee par madame Caron en Nou-velle-Aquitaine aux intervenants de lrsquoANPAA et leurs partenaires du deacute-partement En 2017 une convention a eacuteteacute signeacutee entre lrsquoauteure et lrsquoANPAA donnant agrave cette derniegravere lrsquoexclusiviteacute du deacuteploiement en France et permet-tant la mise en place drsquoun comiteacute de pilotage

UNE APPROCHE NOVATRICE

Lrsquoapproche du programme laquo Une af-faire de famille raquo est preacuteventive Elle vise agrave habiliter le participant agrave deacutecou-vrir eacutemotionnellement le lien entre son veacutecu familial et la souffrance veacute-cue aujourdrsquohui afin de construire lui-mecircme ses propres actions pour briser ce cycle de transmission et se donner plus de liberteacute dans lrsquoeacuteducation don-neacutee agrave ses enfants Il tente drsquoorienter les compeacutetences des familles agrave poser des actions originales pour solution-ner leurs problegravemes plutocirct que de les utiliser pour survivre Comme les par ticipants au pro-gramme sont principalement des po-lytraumatiseacutes familiaux lrsquoapproche se doit de faire preuve drsquoune grande deacutelicatesse mais aussi drsquoune rigueur scientif ique Teinteacutee des nouvelles donneacutees neuroscientifiques elle per-met de diminuer les souffrances asso-cieacutees aux souvenirs traumatiques et aide le participant agrave construire de nouvelles voies neuronales mieux adapteacutees agrave la reacutealiteacute eacutemotionnelle de son histoire pour lui permettre de moins souffrir et de sortir des or-niegraveres de la reacutepeacutetition et de la trans-mission agrave ses enfantsLe programme comprend une seacuterie drsquoateliers sur des thegravemes preacutecis du fonctionnement familial et qui sont gradueacutees en intensiteacute eacutemotive Entre les seacuteances de groupe une tacircche est demandeacutee au participant afin de veacuteri-fier le contenu dans son histoire fami-liale et de soutenir lrsquointeacutegration neu-

PLACE DE LrsquoHISTOIRE FAMILIALE DANS LES REPREacuteSENTATIONS MOTIVATIONS ET TRAJECTOIRES DE CONDUITES ADDICTIVES Agrave LrsquoADOLESCENCE73 Le point drsquoancrage des rapports aux conduites addictives est drsquoabord familial Les reacutecits biographiques spontaneacutes font systeacutematiquement reacutefeacuterence agrave lrsquohisto-rique familial de consommation

Des problegravemes de santeacute voire des deacutecegraves surtout lieacutes au tabagisme (cancers)

Des probleacutematiques addictives en matiegravere drsquoalcoolo-deacutependance un mineur sur dix eacutevoque les laquo problegravemes drsquoalcool raquo drsquoun proche le plus souvent son pegravere

Des troubles de deacutependance agrave une drogue illicite dans une moindre me-sure quelques jeunes jugent que leurs parents laquo fument trop de cannabis raquo

Certains expriment leur reacuteprobation sur les consommations parentales quant aux quantiteacutes agrave la freacutequence ou au changement de comportement induit par lrsquousage

Ces expeacuteriences sont freacutequemment convoqueacutees comme explicitation drsquoun rapport drsquoauto limitation des consomma-tions Agrave lrsquoinverse les rares jeunes dont les parents sont abstinents expriment une forme drsquoanxieacuteteacute sociale face agrave la visibiliteacute des produits dans lrsquoespace public et la reacutecurrence des incitations agrave consommer veacutecue comme une mise en danger de lrsquoeacutethique personnelle74

73 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations motiva-tions et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo op cit

74 Cf facteur religieux dans le rapport aux consom-mations

PREacuteVENTION SEacuteLECTIVE Agir sur ce risque pour proteacuteger lrsquoentou-rage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives vise agrave reacuteduire les difficulteacutes agrave leur source en deacutesamor-ccedilant des logiques inconscientes agrave court moyen et long termes chez les enfants et les jeunes notamment Les scheacutemas deacutejagrave ancreacutes ou en risque drsquoeacutelaboration doivent trouver un lieu et un moment de deacutecryptage de deacuteconstruction dans leurs sources et dans leurs effets Cha-cun y faisant son chemin trouvera ainsi des outils pour sortir de sa co-deacutepen-dance ou de sa deacutependance Deux eacuteleacute-ments interagissent sans aucun doute lrsquohistoire familiale et lrsquohistoire individuelle

Si une information geacuteneacuterique sur ce

qursquoest le risque de transmission intergeacute-neacuterationnelle peut ecirctre utile il semble qursquoagir sur ce risque doive srsquoattacher agrave prendre en compte des populations speacute-cifiques des territoires particuliers des milieux identifieacutes Une preacutevention seacutelec-tive et cibleacutee srsquoimpose sur ce terrain

62 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 63

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

passent drsquoabord par un changement eacutemotionnel pour induire un change-ment dans la maniegravere de penser faire autrement et obtenir autre chose Cette approche expeacuterientielle est renforceacutee par la chaleur et la bienveil-lance du groupe le cocon non-jugeant qui srsquoen deacutegage induisant de nouveaux modes relationnels

Agrave QUI SrsquoADRESSE LE PROGRAMME

Le programme srsquoadresse agrave toute per-sonne adulte qui a souffer t et qui souffre encore des probleacutematiques lieacutees au fonctionnement familial (rela-tions insatisfaisantes probleacutematiques addictives deacutepression deacutependance affective violencehellip) et qui deacutesire en comprendre les reacutepercussions sur sa vie actuelle et sur lrsquoeacuteducation qursquoelle donne agrave ses enfants

OBJECTIFS DU PROGRAMME

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral est drsquohabiliter les membres des familles preacutesentant une difficulteacute ou un problegraveme de fonction-nement geacuteneacuterationnel agrave preacutevenir sa transmission dans la geacuteneacuteration sui-vanteLe but est drsquoutiliser les compeacutetences personnelles et relationnelles pour continuer de se deacutevelopper et deacutevo-luer plutocirct que de survivre

Les objectifs speacutecifiques sont de per-mettre aux participants

De reconnaicirctre le problegraveme de la transmission geacuteneacuterationnelle

De mettre en œuvre des actions speacutecifiques afin de contrer le pro-blegraveme dans sa famille

Le programme deacutecline une suite lo-gique qui amegravene les participants agrave

Comprendre le fonctionnement dune famille

Comprendre les diff iculteacutes du fonctionnement familial

Comprendre le pheacutenomegravene de la transmission geacuteneacuterationnelle

Trouver des actions pour briser le cycle de la transmission

DEacuteROULEMENT DU PROGRAMME

laquo Une affaire de famille raquo est un pro-gramme de preacutevention non-theacutera-peutique qui se propose de reacutefleacutechir en groupe sur les transmissions des conduites de reacutepeacutetitions intergeacuteneacutera-tionnelles Ce programme propose un processus drsquoexploration une connaissance eacutemotionnelle et une compreacutehension de son histoire avec comme but de briser le cercle vicieux de la reacutepeacutetition des comportements alieacutenants pour soi et la geacuteneacuteration suivante Ce programme de preacutevention est mis en œuvre sous la forme dun groupe fermeacute de cinq agrave quinze personnes reacuteuni entre huit et dix rencontres Il se deacuteroule en petit groupe ougrave le cadre seacutecurisant et la convivialiteacute sont mo-teurs pour lrsquoexpression et la reacuteflexion de chacun Il a pour but drsquoamorcer une dynamique de changement chez les participants et leur famille

ronale Au cours du programme le par ticipant est accompagneacute pour construire sa carte familiale (geacuteno-gramme) afin de visualiser la transmis-sion agrave travers les geacuteneacuterations Ce tra-vail amegravene le participant agrave se distancer de ses eacutemotions ce qui lui permet de faire face de faccedilon plus adeacutequate aux situations difficiles laquo Une affaire de famille raquo nrsquoa pas la preacutetention drsquoarrecircter la transmission geacuteneacuterationnelle mais drsquohabiliter les membres des familles aux prises avec des souffrances lieacutees agrave leur fonction-nement familial agrave reconnaicirctre le pheacute-nomegravene de la transmission geacuteneacutera-tionnelle afin qursquoils puissent mettre en œuvre des actions speacutecifiques pour le contrer

Lrsquoapproche peacutedagogique baseacutee sur les diffeacuterentes formes drsquoapprentissage des individus est active et dynamique Lrsquoimplication eacutemotionnelle des per-sonnes participantes bien encadreacutees par un animateur formeacute qui a lui-mecircme veacutecu la deacutemarche auparavant est une des conditions de succegraves du programme Les activiteacutes sont varieacutees et reacuteservent une place constante aux participants et agrave leur expeacuterience au moyen de mises en situation exercices pratiques questionnaires discussion de groupe exposeacutes suivis de peacuteriodes de discussion expeacuterimentation dans le quotidien entre les rencontres

LES ASSISES THEacuteORIQUES

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo repose sur deux assises theacuteo-riques essentielles lrsquoapproche systeacute-mique du fonctionnement familial et la diffeacuterenciation du soi de Murray Bowen Lrsquoapport de lrsquoeacutepigeacuteneacutetique et des neu-rosciences est au cœur de la meacutethode peacutedagogique Les travaux sur lrsquoatta-chement et la reacutegulation affective (Allan Shore75) la neuroscience de la psychotheacuterapie (Louis Cozolino76) et la deacutecouverte des laquo neurones-mi-roirs raquo (Rizzolatti77) eacuteclairent sur la faccedilon dont se construit la reacutegulation affective sur comment se forme le rapport agrave soi et agrave lrsquoAutre et comment se construisent des capaciteacutes de dis-cernement drsquoorganisation et drsquointe-ractions fructueuses Eacutegalement la neuro-plasticiteacute permet de nouveaux apprentissages dans un contexte seacute-curisant et bienveillant Agrave cet effet la posture des animateurs est preacutecieuse car elle va induire un climat drsquoempa-thie et se couplera agrave un cadrage clair et rassurant gracircce agrave la preacutecision des documents fournis aux consignes et au contenu transmis agrave lrsquoanimateur et au participant Il est maintenant connu que les processus de changement

75 Allan N SCHORE La reacutegulation affective et la reacuteparation du Soi Les Eacuteditions du CIG 2008 430 p

76 Louis COZOLINO La neuroscience de la psy-chotheacuterapie Les Eacuteditions du CIG 2012 455 p

77 Giacomo RIZZOLATTI Corrado SINIGAGLIA Les neurones-miroirs Odile Jacob 2008 240 p

64 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 65

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

fants maintenant comparativement avec ce qursquoils vivaient avant le pro-gramme En 2017-2018 le programme a de nou-veau eacuteteacute eacutevalueacute par lrsquoUniversiteacute de lrsquoIle de la Reacuteunion La conclusion est agrave lrsquoeffet que laquo Une affaire de famille raquo permet de libeacuterer et de gueacuterir les maux intrafa-miliaux des familles reacuteunionnaisesLes reacutesultats des eacutevaluations meneacutees aupregraves de groupes de diffeacuterentes na-tionaliteacutes laissent penser que le pro-gramme propose une approche qui est geacuteneacuteralisable et donne des reacutesul-tats positifs aupregraves de familles vivant dans des contextes historiques et socio-eacuteconomiques tregraves diffeacuterents

LES PREacute-REQUIS DE MISE EN ŒUVRE

Pour ecirctre habiliteacute agrave appliquer le pro-gramme aupregraves drsquoun public de poly-traumatiseacutes familiaux il faut que lrsquoani-mateur soit lui-mecircme au clair avec son propre fonctionnement familial Une expeacuterimentation du programme avec un animateur qualifieacute est recom-mandeacuteePar la suite une formation de quatre jours avec lrsquoauteure du programme ou un intervenant habiliteacute est proposeacutee afin drsquoacqueacuterir une bonne compreacute-hension des bases scientifiques et de la meacutethode peacutedagogiqueLa formation a eacuteteacute conccedilue dans une approche dynamique qui fait appel agrave limplication personnelle et profes-sionnelle des participants Elle com-prend deux eacutetapes

Lexpeacuterimentation du programme dans lobjectif dune compreacutehension accrue de son milieu familial et de son influence dans sa pratique profession-nelle aupregraves des familles

Une formation compleacutementaire de 4 jours dans lobjectif de devenir animateur du programme

Les gains pour les personnes accom-pagneacutees lrsquointervenant et lorganisationLes retombeacutees de la formation sur la transmission geacuteneacuterationnelle sont appreacuteciables Drsquoabord cette forma-tion vise un travail agrave lrsquoorigine ou en amont de plusieurs probleacutematiques majeures Encore trop souvent lrsquoin-tervention effleure les problegravemes en ciblant les symptocircmes ce qui a pour effet une reacutecurrence de la demandeCette formation preacutesente aussi la par-ticulariteacute de deacutegager une vision et un langage commun entre les interve-nants au sein drsquoune eacutequipe ou drsquoune institution Elle favorise donc une vi-sion plus globale plus transcendante du deacuteveloppement psychique qui peut relier les diffeacuterents mondes de lrsquoenfance lrsquoadolescence et la vie adulteFinalement bien que cette formation repose sur des bases theacuteoriques so-lides (approche systeacutemique diffeacuteren-ciation du soi approche contextuelle de Boszormenyi-Nagy eacutepigeacuteneacutetique et neurosciences) sa plus grande force reacuteside dans un souci constant drsquointeacutegrer les acquis theacuteoriques au veacutecu personnel et agrave la pratique des intervenants

Les seacuteances ont pour theacutematiques 1 La creacuteation drsquoun climat propice agrave

la communication et aux eacutechanges 2 Selon le type de groupe choix

entre La preacutesentation des concepts de base en addictologie Ou lrsquoidentification drsquoeacuteleacutements de la vie actuelle qui proviennent de notre famille drsquoorigine

3 Les rocircles dans les familles en souf-france

4 Les regravegles qui reacutegissent les familles en souffrance

5 Les comportements de survie (codeacutependance deacutependance affec-tive)

6 Les fonctions familiales et le pheacute-nomegravene des enfants parentaliseacutes

7 La construction du geacutenogramme et les plans daction

8 Labandon et le processus de la transmission geacuteneacuterationnelle

9 Le systegraveme dattachement dans les relations intimes et dans leacuteducation donneacutee aux enfants

10 Lidentification de pistes dactions personnelles pour briser le cycle de la transmission geacuteneacuterationnelle et les obstacles au changement dans ma famille

11 En action

UN PROGRAMME EacuteVALUEacute

Une premiegravere eacutevaluation des effets du programme a eacuteteacute meneacutee en 2000 par lrsquoeacutequipe de recherche de la Reacutegie reacute-gionale de la santeacute et des services sociaux de la Cocircte-Nord (Canada) Les reacutesultats sont tregraves inteacuteressants et deacutemontrent clairement que le pro-gramme geacutenegravere des pr ises de conscience importantes et amegravene les participants agrave proceacuteder agrave une remise en question de certains comporte-ments envers leurs enfants De plus lrsquoeacutevaluation recommandait entre autres drsquoeacutelargir la diffusion du pro-gramme agrave tout public consideacutereacute agrave risque de reproduire ou de trans-mettre des comportements nuisibles au deacuteveloppement de leurs enfants Agrave la suite de cette eacutetude et de lrsquoexpeacuteri-mentation par plusieurs intervenants le programme a eacuteteacute reacuteviseacute et eacutelargi de la toxicomanie agrave lrsquoensemble des diffi-culteacutes du fonctionnement familial Le nouveau programme a lui aussi eacuteteacute eacutevalueacute en 2005 par les animateurs Un questionnaire eacutecrit portant sur les changements concrets dans leur vie et pour leur entourage a eacuteteacute soumis aux participants un an apregraves la dispensa-tion Lrsquoobjectif eacutetait drsquoen valider de nouveau les effets agrave long terme et de veacuterifier si la nouvelle version du pro-gramme correspondait bien agrave leur reacutealiteacute Les reacutesultats sont probants et deacutemontrent clairement les change-ments concrets que les participants ont ameneacutes dans leur vie et dans la faccedilon dont ils agissent avec leurs en-

66 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 67

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

La preacutevention des risques de conduites addictives doit prendre en compte de faccedilon singuliegravere la place et le rocircle de lrsquoen-tourage autour de la personne addicte En preacutevention seacutelective et cibleacutee dans un continuum drsquoactions il faut saisir la posi-tion singuliegravere de lrsquoentourage pour eacutelabo-rer des modes preacuteventifs adapteacutes Les dispositifs de preacutevention doivent remobi-liser lrsquoentourage pour libeacuterer la parole alleacuteger les souffrances reacuteduire les risques et les dommages Pour cela il convient

Drsquoassurer au preacutealable agrave chacun les moyens de comprendre et de maicirctriser une situation potentiellement agrave risque en termes drsquoaddiction

De consideacuterer le contexte socio-eacuteco-nomique du laquo tout tout de suite raquo pour orienter lrsquoaction de preacutevention vers la reacuteduction des facteurs de vulneacuterabiliteacute des personnes en geacuteneacuteral

De changer le regard ambivalent sur les produits ou comportements addic-tifs en travaillant sur les compeacutetences psychosociales pour reacuteduire les risques et dommages Une strateacutegie de preacutevention va interpel-ler agrave la fois le cercle familial et lrsquoenviron-nement social large au travers notam-ment drsquoune guidance de la parentaliteacute et drsquoune eacuteducation par les pairs dans des cercles de lrsquoentourage varieacutes et dans le respect des speacutecificiteacutes de chaque publicIl srsquoagit de sensibiliser au risque et de repeacuterer les difficulteacutes possibles ou en gestation non pas seulement par une

information mais par une forme partici-pative drsquoeacuteducation au risque vers un public cibleacute Lrsquointeraction des acteurs du champ drsquointervention social et meacutedico-social est essentielle pour preacutevenir les risques drsquoaddictions en mettant en jeu des facteurs de protection des per-sonnes en faisant appel agrave des savoir-faire de psychologie communautaire En effet lrsquoeacuteducation preacuteventive est une affaire collective Elle agira drsquoautant mieux qursquoelle pourra mobiliser les speacutecialistes la communauteacute eacuteducative scolaire et extra-scolaire la famille eacutelargie en direc-tion des plus jeunes et des adolescents

1 GUIDER LA PARENTALITEacute

PARENTALITEacute ET VALEURS SOCIEacuteTALESEn perte de repegraveres dans un contexte socieacutetal ougrave comme le souligne Philippe Jeammet78 laquo tout consensus eacuteducatif a disparu et ougrave lrsquoautoriteacute est souvent veacute-cue comme un abus de pouvoir raquo les parents ne savent pas toujours com-ment reacuteagir et peuvent ecirctre en difficulteacute pour assumer leur responsabiliteacute eacuteduca-tive Les questionnements de nos socieacute-teacutes modernes laissent aff leurer trop souvent une deacutevalorisation du rocircle des parents comme du systegraveme eacuteducatif souvent accuseacutes de deacutemission de per-missiviteacute ou drsquoincompreacutehension Pour-tant la socieacuteteacute elle-mecircme place les pa-rents et enfants dans des rapports de force de plus en plus complexes lieacutes agrave des attendus contradictoires en termes

78 Philippe JEAMMET (dir) Adolescences repegraveres pour les parents et les professionnels Syros 1997 212 p

LES GAINS DE CETTE FORMATION

PEUVENT EcircTRE PERCEPTIBLES

Pour les personnes accompagneacutees Une intervention qui respecte les compeacutetences des personnes agrave travers une approche responsa-bilisante

Une approche globale non-culpa-bilisante ni reacuteductible des pro-blegravemes

Une intervention qui colle agrave la reacutealiteacute du public Une dynamique de groupe stimu-lante et bienveillante

La force seacutecurisante du groupe pour appreacutehender une reacutealiteacute dif-ficile

Une intervention qui encourage la motivation agrave srsquoengager dans un changement durable

Pour lrsquointervenant Une meilleure connaissance du fonctionnement familial agrave travers les geacuteneacuterations Des habileteacutes agrave reconnaicirctre lrsquoim-pact drsquoun veacutecu familial difficile agrave travers les problegravemes preacutesenteacutes par le public

Un outil drsquointervention bien constitueacute eacutevalueacute et pratique agrave utiliser Lrsquoacquisition drsquoune vision globale et drsquoun langage commun facilitant le travail avec et entre les eacutequipes Le renforcement de la pratique professionnelle par une deacute-marche personnelle de compreacute-hension de lrsquo impact de son propre fonctionnement familial

Pour lrsquoorganisation Une reacuteduction de la reacutecurrence des problegravemes ou du syndrome de la porte tournante par un tra-vail plus en profondeur avec le public Un meilleur arrimage entre les eacutequipes de travail Des interventions mieux cibleacutees Un programme de groupe ou individuel adaptable agrave diffeacuterents publics (usagers de drogues adultes parents jeunes milieux de travail etc)

68 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 69

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

La promotion de la santeacute permet de renforcer les compeacutetences psy-chosociales utiles des parents pour reacutepondre aux situations agrave risque Parallegravelement les actions de preacute-vention visent agrave repeacuterer et modifier des habitudes et environnements jugeacutes nocifs

Agrave lrsquoadolescence les parents abordent avec plus ou moins drsquoagiliteacute le deacutebut de lrsquoautonomie souhaiteacutee du jeune Dans cette peacuteriode le parent doit forceacutement partager avec le jeune lrsquoanalyse des situa-tions agrave risques Drsquoautres informations drsquoautres aides seront alors neacutecessaires

Si les compeacutetences de base sont transmises le jeune apprendra agrave utiliser ces compeacutetences seul et en situation plus exposeacutee Connaicirctre les strateacutegies pour reacuteduire les risques et les dommages et ajuster la prise drsquoautonomie parti-cipent aux laquo neacutegociations raquo plus ou moins complexes avec les adolescents

Lrsquoentourage eacutetendu de lrsquoenfant (anima-teur professionnel de lrsquoenfance eacuteduca-teur eacutetablissement scolaire ou de for-mationhellip) a un rocircle notable de communication et drsquoinformations Cet entourage intervient pour expliquer alerter sur les dimensions addictives de certains modes de vie et sont aussi une source de repeacuterage drsquoeacuteventuelles diffi-culteacutes ou usages probleacutematiques

RENFORCER LES COMPEacuteTENCES DES PARENTSLes parents sont souvent en manque de reacuteponses en doute voire en crainte et

surtout en difficulteacute pour libeacuterer la pa-role vis-agrave-vis drsquoautres adultes exteacuterieurs au cercle familial ou amical

Drsquoun point de vue individuel le pa-rent doit pouvoir se faire aider pour acqueacuterir la capaciteacute agrave diffeacuterer une reacute-ponse ou avertir lrsquoadolescent des risques agrave vivre trop jeune certaines expeacuteriences trop intenses

Des parents ou groupes de parents peuvent aussi avoir besoin drsquoinforma-tions speacutecifiques dans le cadre drsquoune preacutevention seacutelective Par exemple il peut ecirctre utile drsquoouvrir un espace de discussion autour de la notion drsquoaddiction (produits et compor-tements) en lrsquoappreacuteciant sous lrsquoangle des plaisirs et des risques et dommages Aborder tout ce qui existe sur le laquo mar-cheacute raquo en prendre connaissance et conscience consideacuterer lrsquoubiquiteacute des drogues et informer les parents sur les speacutecificiteacutes de chaque type de produit peut se faire dans une configuration par-ticipative informelle voire ludique Agrave ce titre les groupes de discussion theacutema-tiques sont un outil pratique qui bien construit et animeacute permet de creacuteer du lien du soutien voire de libeacuterer la pa-role sur des difficulteacutes Ainsi on peut agrave la fois guider et laquo for-mer raquo la parentaliteacute par lrsquoappui des pairs ndash parentsDiffeacuterents outils et guides de soutien agrave la parentaliteacute sont eacutediteacutes Ils reprennent diffeacuterents conseils notamment sur lrsquoatti-tude agrave favoriser face aux premiegraveres consommations de son enfant fixer des limites savoir dire non neacutegocier et res-ponsabiliser avec la mise en place du dialogue qui est essentielle

drsquoefficaciteacute drsquoactiviteacutes professionnelles drsquoimage sociale au travers drsquoacquisitions mateacuterielles stimuleacutees mais aussi de bien-ecirctre drsquoeacutequilibre et de place de lrsquoindividu dans la socieacuteteacute En termes de preacutevention les parents sont le premier cercle pour agir Il est primordial de soutenir et valoriser les parents dans leur rocircle eacuteducatif de les accompagner agrave reacutetablir si neacutecessaire une communication avec leur enfant

PARENTALITEacute ET STYLE EacuteDUCATIFDiffeacuterentes eacutetudes mettent en eacutevidence que lrsquoenvironnement familial et le style eacuteducatif ont une veacuteritable influence sur les consommations de substances psy-choactives des enfants Mais le style eacutedu-catif est aussi le fruit drsquoune transmission du mode eacuteducatif des ascendants Cette notion srsquoaccorde avec lrsquoapproche en preacute-vention par le deacuteveloppement et le ren-forcement des compeacutetences psychoso-ciales des jeunes En effet laquo plus la relation parent-enfant est adapteacutee plus la reacutesistance de lrsquoenfant agrave lrsquoinfluence des pairs est forte et moins il deacuteveloppe des conduites agrave risques raquo79

Or une relation parent-enfant adapteacutee se conccediloit degraves le plus jeune acircge avant mecircme la naissance Et crsquoest au travers de cette relation efficiente qui remplit son rocircle de cadrage et de reacute-assurance affec-tive successive agrave chaque eacutetape de lrsquoeacutevo-lution de lrsquoenfant que srsquoexerce la preacuteven-tion la plus approprieacutee bien avant que

79 LrsquoANPAA dans les Hauts-de-France a publieacute en 2014 lrsquoeacutetude Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques comprenant une eacutetude de litteacuterature une en-quecircte et des preacuteconisations En ligne httpwwwanpaa5962org_docsFichier20144-140923104916pdf

les premiegraveres consommations nrsquoappa-raissent En effet la qualiteacute des liens que les parents sauront mettre en place au quotidien avec leurs enfants degraves leur plus jeune acircge est le meilleur des garants face au risque drsquoabus de substances

PARENTS ET APPRENTISSAGE DU RISQUE Crsquoest au sein de la cellule familiale quelle que soit sa forme que lrsquoenfant fera lrsquoex-peacuterience de lrsquoapprentissage des regravegles du sens de la responsabiliteacute et avancera vers une autonomie progressiveLa famille repreacutesente un lieu ougrave les re-pegraveres se construisent et ougrave lrsquoenfant ap-prendra agrave avoir une bonne image de lui-mecircme et agrave srsquoaffirmer face aux pres-sions addictogegravenes de lrsquoenvironnement qursquoelles soient issues de la socieacuteteacute en geacuteneacuteral ou de son groupe drsquoapparte-nance en particulier

Les actions de preacutevention soutiennent les parents dans lrsquoexercice de leurs fonctions drsquoeacuteducateurs de faccedilon diffeacuterencieacutee aux diffeacuterentes eacutetapes drsquoeacutevolution de lrsquoenfant80

Des premiegraveres anneacutees jusqursquoagrave la preacute-adolescence (1112 ans) lrsquoenfant sous le regard du parent deacutecouvre teste expeacute-rimente dans des proportions qui doivent correspondre aux capaciteacutes et aptitudes eacutevolutives de lrsquoenfant Durant ces anneacutees les parents deacutefinissent lrsquoenvironnement de lrsquoenfant et le protegravegent des tendances et tentations parfois inapproprieacutees de la socieacuteteacute Ils posent les regravegles limitant laquo drsquoautoriteacute raquo les situations agrave risque

80 Addictions familles et entourage op cit

70 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 71

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoenfant et de sa protectionZOOM

Femmes enceintes et entourage preacutevention et peacuterinataliteacute85

La laquo culture alcool raquo en France est telle qursquoune femme enceinte sera confronteacutee agrave de multiples circons-tances festives ou conviviales ougrave son entourage consommera des boissons alcooliseacutees et mettra agrave lrsquoeacutepreuve sa deacutetermination [agrave ne pas boire pen-dant sa grossesse]

Il est indispensable drsquoinformer sur ce risque eacutevitable et surtout de res-ponsabiliser eacutegalement lrsquoentourage qui participe agrave cette prise de risque

Pour autant il ne srsquoagit pas non plus de culpabiliser ou drsquoangoisser les

85 Alcool et grossesse Boire un peu ou pas du tout ANPAA 2017 12 p (Deacutecryptages ndeg 26)

femmes qui ont consommeacute de lrsquoalcool Le conjoint les proches et les amis

ne doivent certes pas inciter la femme enceinte agrave boire mais ils peuvent aussi teacutemoigner de leur compreacutehen-sion et de leur soutien en eacutevitant une consommation deacutemonstrative

De mecircme la minoration des risques sous preacutetexte de laquo faible raquo freacutequence affaiblit la capaciteacute des femmes [enceintes] agrave reacutesister aux inci-tations quasi-permanentes agrave consom-mer de lrsquoalcool

Dans cet univers ougrave consommer de lrsquoalcool est souvent la norme on a pu lire ou entendre des critiques sur le caractegravere injonctif ou impeacuterieux de lrsquoabstinence totale pendant la gros-sesse Mais lrsquoinjonction est tout aussi forte sur le tabac ou sur les interdits alimentaires pour eacuteviter la toxoplas-mose sans que qui que ce soit ne srsquoen eacutemeuve

ZOOM

Soutien agrave la parentaliteacute des usagers de drogues

La consommation de substances psychoactives des parents est suscep-tible drsquoaffecter les enfants directement (exposition aux produits pendant la grossesse81) ou accidentellement ou indirectement agrave travers lrsquoimpact sur les relations parent-enfant

Pour autant la consommation de substances psychoactives des parents ne constitue pas en soi un danger pour lrsquoenfant82 excepteacutee en cas de gros-sesse83 Dans ce cas la consommation

81 Anne WHITTAKER Ewen CHARDRONNET (trad) Guide concernant lrsquousage de substances psy-choactives durant la grossesse RESPADD 2013 340 p

82 Laurence SIMMAT-DURAND laquo Les profession-nels de la materniteacute et de lrsquoenfance et le signalement des enfants de megravere toxicomane raquo Psychotropes vol 14 ndeg 3 2008 pp 179-199

83 Suivi et orientation des femmes enceintes en fonction des situations agrave risques identifieacutes Haute Autoriteacute de Santeacute mise agrave jour mai 2016 42 p (Re-commandations professionnelles)

de substances illicites drsquoalcool etou de tabac ainsi que le sevrage et la substi-tution en peacuteriode preacute-conceptuelle ou durant la grossesse sont consideacutereacutees comme des situations agrave risques devant faire lrsquoobjet drsquoun suivi particulier

Les difficulteacutes rencontreacutees par les familles peuvent eacutegalement ecirctre lieacutees aux conditions de vie (ressources fi-nanciegraveres logement etc) agrave la compo-sition familiale (monoparentaliteacute etc) et agrave la santeacute somatique et mentale des parents

Agrave lrsquoinverse la parentaliteacute peut par-fois constituer un eacuteleacutement drsquoeacutetayage ou un ressort de motivation au chan-gement pour les personnes usagegraveres de drogues84

Le soutien agrave la fonction parentale des usagers de drogues repose donc sur une eacutevaluation au cas par cas des ressources et des besoins parentaux tenant compte de cette pluraliteacute de paramegravetres au regard de lrsquointeacuterecirct de

84 Sylvie WIEVIORKA laquo Quand les parents sont toxi-comanes raquo Enfances amp Psy vol 4 ndeg 37 2007 pp 90-100

Agrave RETENIR

Pour permettre lrsquoapprentissage du risque avant lrsquoadolescence les parents doivent ecirctre en mesure de repeacuterer comprendre les speacutecificiteacutes de la socieacuteteacute dans laquelle ils guident leur enfant

Aller vers les parents par une synergie drsquoactions de plusieurs acteurs speacute-cialistes et non speacutecialistes de lrsquoaddiction est indispensable agrave une eacuteducation participative en preacutevention des conduites agrave risques de lrsquoenfant

Les parents pourront ainsi mieux identifier et preacutevenir des conduites a priori anodines mais susceptibles de creacuteer des situations complexes plus tard

72 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 73

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2 SrsquoAPPUYER SUR DES PAIRS BIENVEILLANTS

La preacutevention par les pairs sera ici envi-sageacutee dans deux champs lrsquoadolescence et le milieu professionnel

DEacuteFINITIONS Les pairs deacutesignent des individus

ayant des caracteacuteristiques communes telles que le sexe lacircge les centres din-teacuterecirct les loisirs les aspirations les modes de viehellip Ce concept fait le plus souvent reacutefeacuterence aux groupes dacircge et plus speacutecifiquement aux groupes dado-lescents dont les membres sont eacutetroite-ment lieacutes par une culture de jeunesse Toutefois tout groupe social ainsi carac-teacuteriseacute peut faire laquo pair raquo Leacuteducation par les pairs repose sur

lrsquoideacutee qursquoun message deacutelivreacute agrave un indi-vidu par un autre au sein drsquoun groupe de pairs peut ecirctre plus creacutedible et efficient que celui proposeacute par les figures repreacute-sentant lrsquoautoriteacute Concernant les jeunes elle postule que les groupes de pairs ont une grande influence sur leur eacutevolution et leur deacuteveloppement en tant qursquoinstance fondamentale de la socialisation Leacuteducation par les pairs permet dameacuteliorer les processus parti-cipatifs au sein de la socieacuteteacute

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS AUTOUR DE LrsquoADOLESCENCECertaines actions de preacutevention visent agrave stimuler la reacutef lexion des jeunes consommateurs Elles ont pour objectif de les accompagner agrave partir de leurs expeacuteriences personnelles dans une ana-lyse de leurs propres parcours sous les effets directs ou indirects de groupes drsquoappar tenance reacuteelle ou souhaiteacutee Lrsquoapproche leur donne accegraves agrave une meil-leure compreacutehension de la pression ou influence du groupe pouvant amputer leur deacutesir de liberteacute et drsquoautonomieParmi les actions de renforcement des compeacutetences psychosociales des jeunes certaines ont pour vecteur lrsquoeacuteducation par les pairs86 en tant qursquoapproche drsquoeacutedu-cation agrave la santeacute Elle implique un eacutechange dinformations et dopinions avec dautres personnes qui laquo font raquo pairs afin de questionner des comportements de corriger des informations fausses et de stimuler des attitudes et des aptitudes positives vis-agrave-vis de la santeacute Cette approche repose sur le fait quagrave certains moments de la vie particuliegravere-ment dans la jeunesse linfluence des pairs est plus grande que dautres voies dinfluence Cest une approche alterna-tive ou compleacutementaire aux strateacutegies traditionnelles deacuteducation pour la santeacute en particulier dans la preacutevention au sujet des drogues et du Virus de lImmunodeacute-ficience Humaine87

86 Yaeumllle AMSELLEM-MAINGUY laquo Qursquoentend-on par eacuteducation pour la santeacute par les pairs raquo Cahiers de lrsquoaction ndeg 3 2014 pp 9-16

87 Glossaire des termes de santeacute publique internationaux

ILLUSTRATION

laquo Treacutesor de parents raquo outil drsquoanimation deStineacute aux parentS produit par lrsquoanpaa en hautS-de-france

laquo Treacutesor de parents raquo est un jeu coopeacute-ratif destineacute agrave animer des groupes de parents de preacute-adolescents et adoles-cents Un jeu de penseacutee positive sans moralisation qui srsquoappuie sur les res-sources et les compeacutetences des parents les aider agrave exprimer leurs ressentis leurs points de vue leurs faccedilons de reacuteagirhellip

OBJECTIF GEacuteNEacuteRAL

Aider les parents agrave situer leur place et leur rocircle dans la preacutevention des conduites agrave risques aupregraves de leur adolescent etou preacute-adolescent dans une deacutemarche eacuteducative globale

SES OBJECTIFS OPEacuteRATIONNELS

SONT DAIDER LES PARENTS Agrave

Aborder plus facilement les prises de risques avec leur adolescent

Situer les prises de risques dans le processus de deacuteveloppement de lrsquoadolescent

Faire eacutemerger leurs reacuteussites leurs compeacutetences et celles de leur adolescent

Creacuteer les conditions drsquoun dialogue avec leur adolescent

Trouver un style eacuteducatif adapteacute aux besoins et difficulteacutes de lrsquoadolescent

Reconnaicirctre identifier les prises de risques probleacutematiques et celles qui ne le sont pas

Ecirctre en capaciteacute de solliciter de lrsquoaide en cas de difficulteacute relationnelle ou de prises de risques speacutecifiques

Des situations de jeu ancreacutees dans le veacutecu quotidien auxquelles les parents reacutepondent gracircce agrave des cartes laquo situa-tion raquo des dessins humoristiques des quizz des cartes laquo petites reacuteussites et grandes victoires raquo

LES THEacuteMATIQUES ABORDEacuteES

Lrsquoalcool le tabac le cannabis les eacutecrans les jeux de hasard et drsquoargent les comportements alimentaires les meacutedicaments psychotropes la vie af-fective et sexuelle et les autres prises de risques et polyconsommations les ressources lieacutees agrave la parentaliteacute

CONTEXTE DE MISE EN ŒUVRE

Cet outil peut ecirctre animeacute par tout pro-fessionnel socio-eacuteducatif ou meacutedico-social aupregraves de groupes de parents (qui se connaissent ou non en amont de lrsquoanimation) Les parents peuvent venir par exemple de centres sociaux de maisons de quartier drsquoeacutetablisse-ments scolaires de cafeacutes des parents Maison drsquoenfants agrave caractegravere social (MECS)hellip Il est neacutecessaire de preacutevoir une animation drsquoenviron deux heures

Ce jeu nrsquoest pas adapteacute pour une ani-mation sous forme de laquo stand raquo avec arriveacutee et deacutepart permanent des par-ticipants

74 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 75

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

La notion ambivalente de co-usager

Les comportements potentielle-ment addictogegravenes et les consomma-tions de substances psychotropes ont souvent lieux en preacutesence drsquoun tiers Le plus souvent il srsquoagit de quelqursquoun avec qui lrsquoon partage ce moment cette expeacuterience Ces personnes teacutemoins et actrices des consommations de lrsquoautre comme lrsquoautre peuvent-elles jouer un rocircle dans la preacutevention la reacuteduction des risques et lrsquoaccegraves aux soins dans le groupe

Plusieurs mouvements de preacuteven-tion et drsquoeacuteducation par les pairs en font la thegravese et connaissent un grand engouement Cette approche pose toutefois la question des nombreux travers qursquoelle peut engendrer

Qursquoest-ce qui fait laquo pair raquo Que faut-il eacuteviter pour que le pair soit creacute-dible et agent de changement Com-ment eacuteviter lrsquoeacutecueil drsquoecirctre consideacutereacute comme une copie des acteurs de preacute-vention traditionnels ou des adultes qui reacutegurgiteraient leurs discours bien appris laquo des pairrsquohoquets raquo

Eacuteleacutements de reacuteflexion sur lrsquoaction drsquoeacuteducation par les pairs

Lrsquoeacuteducation pour la santeacute par les pairs demande du temps Elle laquo neacute-cessite drsquoecirctre inscrite dans la dureacutee (hellip) il est essentiel que les autres jeunes srsquohabituent agrave ces jeunes

pairs-eacuteducateurs et appreacutehendent au mieux leurs rocircles raquo88

Quand la consommation de produit fait laquo groupe raquo ou a lieu dans un groupe des pheacutenomegravenes de loyau-teacute de protectionhellip sont agrave estimer Dans le contexte particulier de la famille les risques de placement ou de signalement peuvent renforcer le laquo secret raquo De mecircme la situation peut ecirctre tregraves diffeacuterente en fonc-tion du sexe de lrsquoacircge (diffeacuterents acircges de responsabiliteacute leacutegale) de la personne consommatrice en diffi-culteacute et en fonction de qui est le co-usager pair ou non (adulte ou autre mineur famille (fratrie ascen-dantshellip)) Le contexte de consommation (fecircte scolaire parascolaire club sportif milieu professionnel ou de stage agrave domicile consommation cacheacutee ou nonhellip) rajoute son lot de speacutecificiteacute drsquoapproche avec des inclusions diffeacuterentes drsquoadultes res-sources et de pairs Dans les groupes drsquoappartenance ougrave des comportements addictifs ont lieu de faccedilon reacutecurrente cer-tains co-usagers plus acircgeacutes laquo expeacute-rimenteacutes raquo tiennent de faccedilon ano-nyme le rocircle de pairs dans une forme drsquoapprentissage sur lrsquoinstant et par lrsquoexemple drsquoune consomma-tion laquo agrave moindre risques raquo

88 Ibid

Les appuis psycho-sociaux de lrsquoeacuteduca-tion par les pairs69 sont les suivants

Les jeunes sont les laquo experts de ce qursquoils vivent en tant que jeunes avec une perspective privileacutegieacutee sur ce qursquoils vivent raquo

Ils sont souvent motiveacutes par le chan-gement

Les groupes de pairs peuvent avoir un effet de laquo multiplicateurs raquo lorsque les ressources sont limiteacutees et qursquoun grand nombre de personnes souhaite avancer Par des effets en cascade un changement au sein drsquoune communauteacute locale est susceptible drsquointervenir plus rapidement et plus profondeacutement

Les jeunes sont valoriseacutes en faisant appel agrave leurs propres compeacutetences pour informer ou aider drsquoautres jeunes laquo leurs pairs raquo

laquo Avec des soutiens et encourage-ments les jeunes peuvent parvenir agrave geacuterer le processus eacuteducatif et lrsquoeacutechange drsquoinformations raquo Tout deacutependra de lrsquoenvironnement dans lequel le pro-gramme sera mis en action

Les jeunes sont par ailleurs ameneacutes agrave prendre des responsabiliteacutes vis-agrave-vis des sujets de santeacute de mode de vie et parti-culiegraverement de conduites addictives

Ils deacuteveloppent des compeacutetences de laquo facilitateur raquo de la discussion sou-tiennent le travail des professionnels de lrsquoeacuteducation instaurent un rapport de confiance chez les adultes qui peuvent mieux comprendre leur point de vue

Le focus sur lrsquoacquisition et le deacuteve-loppement des compeacutetences psycho-sociales est lrsquoobjectif essentiel en termes de preacutevention Il srsquoagira de tra-vailler par exemple sur la deacutefinition de

la santeacute de lrsquoinfluence les groupes drsquoap-partenance les eacutemotions la conscience de soi lrsquoempathie Cela doit amener les jeunes agrave se questionner pour et sur eux-mecircmes mais eacutegalement pour et sur leur entourage

76 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 77

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte La responsabiliteacute socieacutetale des entre-prises (RSE) et de la reacuteglementation en matiegravere de preacutevention des risques pro-fessionnels sont des avanceacutees qui aident agrave lever les tabous toujours domma-geables concernant les difficulteacutes au tra-vail et les addictions sur le lieu de travail Lrsquoentourage certes de faccedilon ineacutegale selon les secteurs drsquoactiviteacutes est de moins en moins en prise avec les effets de loi du silence ou de loyauteacute imposeacutee par la structure ou le groupe de colla-borateursDe nombreux outils sont deacuteveloppeacutes en interne avec lrsquoappui drsquointervenants pour mettre en place des attitudes et des capaciteacutes agrave reacuteagir au sein de lrsquoentreprise entre collaborateurs et agrave diffeacuterents ni-veaux hieacuterarchiques

Dans ce cadre la preacutevention des risques lieacutes aux probleacutematiques addictives drsquoun collaborateur aura tout inteacuterecirct agrave se pla-cer dans une dynamique drsquoeacuteducation par les pairs chaque membre de lrsquoen-treprise sera ameneacute agrave deacutevelopper des compeacutetences de pairs en termes de vigilance et drsquoeacutecoute Crsquoest aussi toute une culture de la bienveillance en milieu de travail qui peut srsquoy rattacher

Fondement de lrsquoaction de preacuteven-tion en milieu professionnel

Identifier et faire connaicirctre dans lentreprise quelles sont les personnes ressources instances repreacutesentatives du personnel service de santeacute au travail

preacuteventeurs et pairs personnes for-meacutees agrave piloter une deacutemarche de preacute-vention

Deacutevelopper une deacutemarche inclusive et participative de tous les salarieacutes agrave tous les niveaux hieacuterarchiques

Aider les personnes en difficulteacute dans le cadre du contexte professionnel avec pour but de maintenir ces per-sonnes dans lentreprise et non les ex-clure

Services de santeacute au travail Ils ont pour mission exclusive deacuteviter toute alteacuteration de la santeacute des travail-leurs du fait de leur travail A cette fin notamment ils conseillent les em-ployeurs les travailleurs et leurs repreacute-sentants sur les dispositions et mesures neacutecessaires afin deacuteviter ou de diminuer les risques professionnels dameacuteliorer les conditions de travail de preacutevenir la consommation dalcool et de drogue sur le lieu de travail89

Les actions agrave mener peuvent ecirctre Aider les personnes agrave eacutevaluer les

risques lieacutes agrave leur usage de substances psychoactives agrave sinterroger sur leurs pratiques de consommation et deacutevelop-per des capaciteacutes agrave faire des choix

Pour les personnes en difficulteacute les informer en quoi leur consommation impacte leur travail susciter leur capa-citeacute agrave demander de laide et leur indi-quer comment avec qui et dans quelles structures drsquoaccompagnement et de soins dans le respect de leur vie priveacutee Crsquoest ici que se placera singuliegraverement

89 L4622-2 du code du travail

ZOOM

Preacutevention des risques professionnels lieacutes aux conduites addictivesune deacutemarche Speacutecifique propoSeacutee par lrsquoanpaa

La deacutemarche de lrsquoANPAA est une deacutemarche globale Elle prend en compte tous les professionnels de lrsquoentreprise (publique ou priveacutee) et pas uniquement ceux pour lesquels la consommation est repeacutereacutee par lrsquoem-ployeur ou le service de santeacute au tra-vail comme probleacutematiqueLa deacutemarche globale drsquointervention en milieu professionnel de lrsquoANPAA comporte trois volets

La preacutevention collective sur la base du code de la route du code du tra-vail et du regraveglement inteacuterieur de lrsquoen-treprise

Lrsquoaccompagnement des salarieacutes en difficulteacute comment les orienter vers lrsquoaccompagnement et les soins vers qui avec qui

Le conseil pour la gestion par lrsquoen-treprise de situations difficiles sur le lieu de travail (regraveglement inteacuterieur conduites agrave tenir face agrave un salarieacute en eacutetat drsquoivresse manifeste face agrave un sala-rieacute en difficulteacute chronique etc)

La formation de volontaires relais de preacutevention permettant lrsquoacquisition drsquooutils neacutecessaires pour agir en pairs au sein de lrsquoentreprise dans une pos-ture qui doit avant tout permettre drsquoaider les personnes en difficulteacute

Cette deacutemarche srsquoappuie notamment sur le CHSCTComiteacute social et eacuteco-nomique (CSE) le service de santeacute au travail la direction des ressources humaines les preacuteventeurs au sein de lrsquoentreprise

une eacuteducation par les pairs dans le contexte de compeacutetences psychoso-ciales acquises ou par une formation deacutedieacutee

Pour lentreprise agir sur lenviron-nement qui peut ecirctre incitateur afin de reacuteduire les risques

Faire appel agrave la responsabilisation de

chacun selon son niveau de responsa-biliteacute au sein de lrsquoentreprise tout en consideacuterant la regravegle premiegravere drsquoassis-tance agrave personne en danger le cas eacutecheacuteant

Rappeler et faire respecter le code du travail le regraveglement inteacuterieur et les proceacutedures internes de lentreprise

78 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 79

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 MOBILISER DES ACTEURS ET OUTILS

MOBILISER LES PARTENARIATS La preacutevention des impacts sur lrsquoentou-rage des conduites addictives drsquoun proche srsquoinscrit dans une continuiteacute drsquoactions depuis le repeacuterage en passant par lrsquoalerte et lrsquoaccompagnement sur un territoire donneacuteDans ce contexte des professionnels des secteurs sanitaires sociaux et meacute-dico-sociaux mais pas uniquement non speacutecialiseacutes en addictologie pourront ecirctre mobiliseacutesNotamment concernant la preacutevention des risques de co-deacutependance et de parenti-fication des enfants le cercle de collabo-ration peut srsquoeacutelargir au monde eacuteducatif et socioculturel tel que le service jeunesse clubs sportifs lrsquoEducation Nationale la CAF etc et les lieux de soins ou de suivi meacutedico-social de lrsquoenfanceConcernant le monde professionnel il srsquoagira de se tourner vers les acteurs speacutecialiseacutes de preacutevention en consideacuterant les interactions possibles avec les ser-vices internes agrave lrsquoentreprise ou ex-ternes direction du travail service de santeacute au travail groupements profes-sionnels feacutedeacuterations locales pour des actions seacutelectives et cibleacutees

Non-exhaustive la liste suivante des acteurs-ressources doit srsquoadapter agrave chaque contexte local et de public pour nouer les partenariats utiles au repeacuterage et agrave lrsquoaccompagnement

Secteur de lrsquoenfance et de la jeu-nesse en particulier la Protection Ma-ternelle et Infantile (PMI) lrsquoAide Sociale

agrave lrsquoEnfance (ASE) les centre Meacutedico Psycho Peacutedagogique (CMPP) les Point drsquoAccueil Eacutecoute Jeunes (PAEJ)et mai-sons des adolescents90 Secteur de la parentaliteacute en particu-

lier les Reacuteseaux drsquoEacutecoute Appui et drsquoAc-compagnement des parents (REAPP) les services de meacutediation familiale (agrave la de-mande des parties ou agrave la demande drsquoun juge) les lieux drsquoaccueil enfants-parents (LAEP) les Centre de Planification et drsquoEacuteducation Familiale (CPEF)91 les centres drsquoInformation sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) Milieu professionnel en particulier

les Comiteacutes Sociaux et Economique (CSE)92 Les services de santeacute au travail93

Autres milieux en particulier les services de santeacute scolaire et universi-taire les services drsquoActions Eacuteducatives en Milieu Ouvert (AEMO) la Protection Judiciaire Jeunesse (PJJ) et les services peacutenitentiaires drsquoinsertion et de proba-tion (SPIP)

90 Coordonneacutees des maisons des adolescents et PAEJ sur httpcartosantejeunesorg

91 Coordonneacutees des CPEF httpsivggouvfrles-centres-de-planification-ou-d-education-familialehtml

92 Le CSE est destineacute agrave remplacer lensemble des ins-titutions repreacutesentatives eacutelues du personnel de lentre-prise pour toutes les entreprises dau moins 11 salarieacutes Dici le 1er janvier 2020 il se substituera notamment aux deacuteleacutegueacutes du personnel au comiteacute dentreprise et au comiteacute dhygiegravene de seacutecuriteacute et des conditions de travail (CHSCT) En revanche les repreacutesentants du personnel deacutesigneacutes par exemple les deacuteleacutegueacutes syndicaux restent en place Dans les entreprises drsquoau moins 300 salarieacutes le CSE doit comporter une commission santeacute seacutecuriteacute et conditions de travail (CSSCT) dont les principales missions correspondent pour tout ou partie agrave celles auparavant confieacutees au CHSCT

93 Plus drsquoinformation sur httptravail-emploigouvfremploiinser tion-dans-l-emploiemploi-et-handicapprevention-et-maintien-dans-l-emploiservices-de-sante-au-travail-sst

ZOOM

Violences intrafamiliales et neacutecessaire attention des professionnels

Reconnaicirctre la violence Les violences srsquoinscrivent dans un continuum drsquoattitudes et de compor-tements allant du verbal aux coups du mateacuteriel au symbolique du physique au psychique impactant toute la cel-lule familialeCes violences sont faciliteacutees et insuffi-samment combattues pour plusieurs facteurs notamment Le sexisme des socieacuteteacutes humaines lrsquoanthropologue Franccediloise Heacuteritier94 estime que partout de tout temps et en tout lieu le masculin est consideacutereacute comme supeacuterieur au feacuteminin qursquoelle deacutefinit comme laquo la valence diffeacuteren-tielle des sexes raquo

94 Franccediloise HERITIER Masculin Feacuteminin La pen-seacutee de la diffeacuterence Odile Jacob 1995 332 p

Les liens de parentaliteacutes consideacutereacutes comme relevant de la sphegravere de lrsquoin-time avec notamment pour conseacute-quence la non-peacutenalisation des laquo fes-seacutees raquo parentalesDans leur expression paroxysmique les violences intrafamiliales en France crsquoest une femme qui deacutecegravede tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint95 deux en-fants qui deacutecegravedent chaque jour dans le cadre de maltraitances parentales96 et 80 des mauvais traitements infli-geacutes sur un enfant ayant lieu au sein de la famille

95 Observatoire national des violences faites aux femmes

96 Anne TURSZ Les oublieacutes Enfants maltraiteacutes en France et par la France Le Seuil 2010 432 p

Agrave RETENIR

Les professionnels de lrsquoaddictologie doivent Communiquer sur les ressources existantes en matiegravere de preacutevention repeacute-

rage orientation accompagnement et soins par tout moyen (par teacuteleacutephone en ligne et par les groupes drsquoauto-support) aupregraves de lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Srsquoappuyer sur des partenariats forts avec les acteurs non speacutecialiseacutes engageacutes sur les questions relatives agrave lrsquoentourage

80 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 81

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Reacuteduire les risques et les dommages dans le champ des addictions

Crsquoest porter la plus grande attention aux liens qui peuvent srsquoopeacuterer entre conduites addictives et violences

Du fait des psycho traumas issus de violences subies par le passeacute cer-taines personnes sont confronteacutees agrave des probleacutematiques addictives

Rendues plus vulneacuterables du fait de leurs conduites addictives certaines personnes ont plus de risques drsquoecirctre victimes de violencesLes conduites addictives peuvent ecirctre des facteurs facilitant les passages agrave lrsquoacte violent pour certaines personnes

Les professionnels doivent donc porter une attention particuliegravere agrave ces ques-tions de violences subies ou commises

Questionner systeacutematiquement les personnes sur drsquoeacuteventuelles violences subies par le passeacute ou actuellement

Ne pas craindre une laquo poten-tielle raquo rupture du lien theacuterapeutique avec une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives dont on ap-prend des actes de violences sur des tiers

Opeacuterer des signalements degraves que les circonstances semblent les rendre neacutecessaires

Faire connaicirctre leurs droits aux personnes victimes et mobiliser les ressources existantes sur le territoire

Diffuser largement les numeacuteros de teacuteleacutephonie deacutedieacutes

Enfance en danger 119 Violences femmes Info 39 19

ILLUSTRATION

Violences intrafamiliales dans un contexte de probleacutematique addictive expeacuterience du cSapa anpaa danS le cher en partenariat

ACTION PARTENARIALE

Cette action partenariale a mobiliseacute le CSAPA ANPAA dans le Cher La DGS La preacutefecture du Cher (par la chargeacutee de mission du Droit des Femmes et le substitut du Procureur) la Maison des Adolescents et des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie

HISTORIQUE

Degraves 2008 lrsquoANPAA dans le Cher accentue lrsquoaccueil et lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage en proposant du soutien individuel mais eacutegalement un soutien theacuterapeutique par le biais de la theacuterapie familiale systeacutemique Si les pratiques addictives sont consideacutereacutees comme des conduites principalement individuelles elles ont des reacutepercus-sions eacutevidentes sur le fonctionnement familial et reacuteciproquement

En 2012 suite agrave un appel agrave projets de la DGS lrsquoANPAA obtient un finan-cement de 18 mois pour deacutevelopper un projet de preacutevention drsquoaccegraves aux soins et de soins en direction des femmes sur le deacutepartement du Cher

Au cours de ces 18 mois la vulneacute-rabiliteacute particuliegravere des femmes amegravene lrsquoeacutequipe agrave adapter les moyens drsquoaccompagnement dont la place des

enfants et agrave se rapprocher de parte-naires jusque-lagrave peu solliciteacutes

En 2014 la preacutefecture du Cher en la personne de la chargeacutee de mission au Droit des femmes et du substitut du procureur reacuteunit des profession-nels pour innover et construire une reacuteponse singuliegravere Le substitut sou-ligne alors que dans le Cher lrsquoalcool est preacutesent dans 70 des cas de vio-lences intrafamiliales LrsquoANPAA se saisit de cette opportu-niteacute et constitue un groupe de reacute-flexion interne chargeacute drsquoeacutelaborer et de mettre en œuvre un projet speacutecifique

LrsquoANALYSE EFFECTUEacuteE PAR LrsquoANPAA

DEacuteGAGE TROIS PRIORITEacuteS

1 Lrsquoaccueil des enfants en centre de soin lrsquoouverture de la Maison des Adolescents a favoriseacute cette possibiliteacute 2 Un besoin de formation les pro-fessionnels se sont formeacutes agrave lrsquoeacutevalua-tion du risque traumatique et agrave lrsquoac-compagnement des enfants 3 Des parcours de vie poly-trauma-tiques de femmes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Drsquoun point de vue clinique au-delagrave de la litteacuterature dans le domaine lrsquoeacutequipe observe chez les usagers et en particulier chez les femmes preacutesentant des conduites addictives des probleacute-matiques lieacutees agrave des histoires de vie ponctueacutees de ruptures et de trauma-tismes Souvent des anteacuteceacutedents deacute-pressifs anxieux des conditions de vie peacutenibles et des traumatismes lieacutes agrave des abus sexuels apparaissent dans la vie

82 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 83

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

des femmes victimes La violence est ainsi tregraves preacutesente dans leur parcours

Soit agrave lrsquoorigine de leur probleacutematique Soit dans leur quotidien leurs pro-bleacutematiques les placcedilant en situa-tions de fragiliteacute qui les rendent plus souvent victimes de violences Soit parce que lrsquoaddiction chez une femme est assimileacutee agrave une tare qui entraicircne culpabiliteacute et honte avec des consommations plus souvent cacheacutees Lrsquoimpact de la combinaison conduites

addictives et violence aupregraves des en-fants est incontournable Ce constat srsquoappuie sur les eacuteleacutements judiciaires (dont le devenir drsquoenfants victimes de violences intrafamiliales) sur le reacutecit de vie des usagers du centre de soins et eacutegalement sur les teacutemoignages des jeunes rencontreacutes agrave la Maison des Ado-lescents pour des probleacutematiques ou des questionnements paraissant au deacutepart bien eacuteloigneacutes de cette question

LE PROJET PORTEacute PAR LrsquoANPAA

DANS LE CHER SrsquoADRESSE

DrsquoUNE PART AUX FEMMES DrsquoAUTRE

PART AUX ENFANTS

En direction des femmes contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reacutecidive agrave travers des consultations individuelles et un groupe de parole de femmes

En direction des enfants contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reproduction intergeacuteneacuterationnelle de la violence et

des conduites addictives par des consultations individuelles et familiales et atelier de preacutevention laquo les prsquotits chefs de la preacutevention raquo

LES PrsquoTITS CHEFS

DE LA PREacuteVENTION

Animeacute par un animateur de preacuteven-tion ou eacuteducateur speacutecialiseacute cet ate-lier srsquoadresse agrave des enfants acircgeacutes de 5 agrave 12 ans et a pour objectif la diffusion de connaissances le deacuteveloppement de compeacutetences psychosociales le deacuteveloppement de lrsquoautonomie et de la responsabilisation la preacutevention de la premiegravere consommation lrsquoeacutechange parents-enfants-professionnelsCes modaliteacutes de mise en œuvre sont les suivantes

Le groupe srsquoappuie sur des meacutedia-tions adapteacutees (jeux dessins outils de preacutevention hellip) afin de deacutevelopper etou renforcer les compeacutetences psycho-sociales des enfants

Ce groupe fermeacute de huit enfants se deacutecline en cinq seacuteances de deux heures trente lors de chaque peacuteriode de vacances scolaires

Au cours de chaque seacuteance deux compeacutetences psychosociales sont tra-vailleacutees Ensuite un goucircter est preacute-pareacute par les enfants afin de proposer un temps drsquoeacutechange et de partage entre enfants parents et profession-nel de lrsquoANPAA du Cher

Une eacutevaluation est produite agrave la fin de chaque seacuteance afin drsquoappreacutecier la satisfaction des participants de leurs parents et lrsquoatteinte des objectifs

OUTILS POUR SrsquoINFORMER ORIENTER ET SrsquoORIENTER

Outils agrave destination de lrsquoentourageLes personnes de lrsquoentourage de per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peuvent disposer de pre-miegraveres reacuteponses agrave leurs interrogations de maniegravere anonyme gracircces aux lignes teacuteleacutephoniques du groupement drsquointeacuterecirct public Addictions Drogues Alcool Info Service (ADALIS)

Alcool info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 0 980 980 930 et en ligne httpalcool-info-servicefrAvec une rubrique deacutedieacutee laquo lrsquoalcool et vos proches raquo proposant plusieurs conseils

Lalcool dans la famille Comment savoir si un proche a un problegraveme Mon conjoint boit comment en parler agrave mes enfants Mon ado organise une soireacuteehellip

Aider ecirctre aideacute Comment aider un proche Il a recommenceacute agrave boirehellip Comment me faire aider

Drogue info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel gratuit depuis un poste fixe 0800 23 13 13 et en ligne httpwwwdrogues-info-servicefr

Joueurs info service de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 09 74 75 13 13 Et en ligne httpwwwjoueurs-info-ser-vicefr

Un ensemble de services sont proposeacutes Des conseils en ligne Par laquo chat raquo en ligne sur le site web

deacutedieacute Une eacutecoute et des conseils personna-

liseacutes par teacuteleacutephone En adressant ses questions par formu-

laire sur le web rubrique laquo vos ques-tions nos reacuteponses raquo

Les adresses utiles en preacutevention (conseil consultation documentaire in-tervention de preacutevention) en soins (meacutedico-social sanitaire ambulatoire ou reacutesidentiel) professionnels (formation coordination des soins) Outils agrave destination des professionnels

Travailler en preacutevention pour et avec lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peut prendre de multiples formes et concer-ner de nombreux thegravemes sous-jacents La formation et le conseil des eacutequipes ou des interlocuteurs non speacutecialiseacutes en addictologie notamment de premiegravere ligne susceptibles de repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addic-tives aupregraves des personnes de lrsquoentou-rage ndash (cellule familiale ou en milieu professionnel) ndash doivent ecirctre accompa-gneacutes par les professionnels de lrsquoaddicto-logie agrave travers des actions de conseil et de formation pour leur permettre de

Savoir eacutevoquer et repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addictives

Savoir orienter vers les lieux res-sources notamment en matiegravere drsquoac-compagnement les CSAPA ont aussi pour mission lrsquoaccompagnement des personnes de lrsquoentourage

GUIDE REPEgraveRES 85

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

84 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Des formations agrave envisager notam-ment sur les theacutematiques suivantes

Notions de base en addictologie Entretien de premier accueil accueil

et orientation de lrsquoentourage Questions de parentaliteacute Theacuterapie familiale avec notamment

des outils comme le geacutenogramme la transmission intergeacuteneacuterationnelle

Agrave RETENIR

Les formations proposeacutees par lrsquoANPAA sinscrivent dans les champs de la preacutevention et du conseil en addictologie

Des stages de formation en addictologie sont organiseacutes dans toute la France Pour lessentiel ces stages sont destineacutes agrave des professionnels relais dans les entreprises des services administratifs locaux des associations qui agissent aupregraves des personnes en difficulteacute

Le maillage territorial de lrsquoANPAA permet de deacutevelopper aussi un panel de formations en lien avec les besoins et les ressources des territoires et des pu-blics cible

Certaines formations abordent les questions touchant agrave lrsquoentourage agrave la preacutevention des risques agrave son accueil ou agrave ses souffrances comme la co-deacutepen-dance

Dans le cadre de la preacutevention des conduites addictives en milieu profes-sionnel le plan gouvernemental preacutevoit plusieurs actions dont la formation des professionnels de santeacute des services de santeacute au travail en service autonome ou interentreprises agrave la preacutevention des conduites addictives

3fraslthinsp1PRIMO-DEMANDE

ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

1 ACCOMPAGNER LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

UNE MISSION DES CSAPALrsquoentourage est accueilli en CSAPA au mecircme titre que les personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives et beacuteneacuteficient des mecircmes possibiliteacutes de prise en compte de leurs probleacutema-tiques speacutecifiques agrave travers une eacutecoute et un accompagnement personnaliseacuteAinsi les CSAPA laquo assurent pour les personnes ayant une consommation agrave

risque un usage nocif ou preacutesentant une deacutependance aux substances psychoac-tives ainsi que pour leur entourage laccueil linformation leacutevaluation meacutedi-cale psychologique et sociale et lorien-tation de la personne ou de son entou-rage [hellip] raquo97 De ce fait les professionnels du CSAPA peuvent intervenir aupregraves de lrsquoentou-rage dans une assez grande varieacuteteacute de situations

La personne de lrsquoentourage en diffi-culteacute avec les conduites addictives de lrsquoautre lrsquoautre eacutetant en deacutemarche drsquoac-compagnement ou de soins dans le

97 Deacutecret ndeg 2007-877 du 14 mai 2007 relatif aux mis-sions des centres de soins daccompagnement et de preacutevention en addictologie

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

1 PRIMO-DEMANDE ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

3 ORIENTATIONS PSYCHOTHEacuteRAPEUTIQUES

86 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 87

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

longue peacuteriode de difficulteacutes tues voire un pheacutenomegravene de co-deacutependance ins-talleacutee

Geacuteneacuteralement la personne de lrsquoen-tourage masque son propre besoin drsquoaide ou drsquoaccompagnement qursquoelle nrsquoest pas encore en mesure de formuler par une primo-demande de soutien pour laquo lrsquoautre raquo celui qui a un problegraveme avec ses conduites addictives

Qursquoelle que soit la position de cette personne de lrsquoentourage la deacutemarche qursquoelle accomplit doit ecirctre consideacutereacutee avec la plus grande attention car lrsquoimpli-cation des familles des proches aupregraves des usagers constitue un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sen-sibiliseacutes eacutecouteacutes peuvent soutenir lrsquousa-ger dans sa deacutemarche de reacuteduction des risques et des dommages

IDENTIFIER LES MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGELa demande drsquoaide deacutetourneacutee ou pas du conjoint ou du parent est freacutequem-ment motiveacutee par un moment de crise face agrave un eacutevegravenement laquo grave raquo ou un laquo eacutevegravenement de trop raquo lieacute aux conduites addictives comme

Le deacuteni des consommations Une reprise de consommation apregraves

une peacuteriode drsquoabstinence Des actes de violence conjugale ou

familiale (violences verbales physiques agressions sexuelles ou viol) sous lrsquoeffet drsquoun produit

La personne est souvent la seule agrave solli-citer de lrsquoaide

Elle vient consulter en exprimant tou-cher une limite par rapport agrave ce qursquoelle peut supporter de son proche

Lrsquoexigence de lrsquoarrecirct de la consomma-tion du conjoint en difficulteacute avec ses conduites addictives est un signe de la souffrance du proche et de son eacuteven-tuelle co-deacutependance Crsquoest une forme drsquoappel au secours

Le proche non-deacutependant lorsqursquoil srsquoagit du conjoint veut faire laquo repartir le couple comme avant raquo Cette deacutemarche deacutesigne le partenaire en difficulteacute avec ses conduites addictives comme unique responsable du malaise conjugal et comme laquo malade raquo agrave soigner pour reacuteta-blir lrsquoeacutequilibre du couple

La demande peut aussi porter sur Une aide pour mieux geacuterer les pro-blegravemes lieacutes aux conduites addictives de leur partenaire

Une demande drsquoaccompagnement de leur conjoint afin de leur laquo faire arrecircter raquo les consommations (les problegravemes)

Peu de personnes de lrsquoentourage expriment un besoin drsquoaide pour elles-mecircmes Il srsquoagit tregraves souvent de lrsquoautre et non de soi

Cette demande drsquoaide implique for-ceacutement que les parties srsquointerrogent et se positionnent sur la place que chacun est precirct agrave faire agrave lrsquoautre agrave travers des attentes exprimeacutees vis-agrave-vis de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives mais surtout par rapport au veacutecu du couple et agrave sa faccedilon de se pro-jeter agrave travers un avenir commun

mecircme eacutetablissement ou pas Lrsquoaccompa-gnement est centreacute sur la personne de lrsquoentourage et ses difficulteacutes

Les personnes deacutesireuses de soute-nir leur proche addict dans sa deacutemarche de changement

Les personnes de lrsquoentourage invi-teacutees par un professionnel en accord avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictivesCes personnes de lrsquoentourage peuvent ecirctre reccedilues individuellement ou avec leur proche ou en groupe agrave viseacutee infor-mative ou theacuterapeutique selon ce qui est proposeacute par lrsquoeacutetablissement

Selon les attentes de la personne en premiegravere consultation il sera question drsquoassurer

Une eacutecoute et une eacutevaluation de la demande

Un soutien en tant que personne en souffrance sous lrsquoeffet drsquoune co-deacutepen-dance conscientiseacutee ou pas

Une information pour mieux com-prendre les probleacutematiques addictives et celles de la personne proche en par-ticulier produits contextes de consom-mation effets rechercheacutes risques et dommages meacutecanismes psychiques lieacutes aux addictions dispositifs et modaliteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Des conseils pour pouvoir laquo aider raquo et rester aux cocircteacutes de la personne addict en eacutevitant les situations de reacuteclamations controcircle ou de protection parfois contre-productives et psychiquement usantes

Accompagnement conjoint avec la personne addicte voire agrave plusieurs en famille par exemple sous reacuteserve drsquoad-heacutesion des parties

UNE COMMUNICATION INDISPENSABLE Agrave LrsquoEFFICACITEacute DE LA MISSION DE PREacuteVENTIONIl est absolument neacutecessaire que tous les supports de communication sur les mis-sions et le public accueilli en CSAPA speacutecifient bien que lrsquoentourage de toute personne en difficulteacute avec ses conduites addictives peut ecirctre accueilli et accom-pagneacute

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non ins-crite dans une deacutemarche drsquoaccompagne-ment et de soins dans cet eacutetablissement ou ailleurs par le passeacute ou actuelle-ment

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non in-formeacutee que son proche consulte en CSAPA en tant que laquo personne de lrsquoentourage raquoCette information doit ecirctre largement relayeacutee par le reacuteseau drsquoacteurs interve-nant sur le public et le secteur geacuteogra-phique du CSAPA

2 PRIMO-DEMANDE ET MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGE

PRIMO-DEMANDE DE LrsquoENTOURAGE

Lrsquoentourage drsquoune personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives doit ecirctre reccedilu comme tout usager accueilli en structure drsquoaccueil drsquoaccompagne-ment et de soins

La personne de lrsquoentourage (conjoint famille collegraveguehellip) qui franchit la porte drsquoun eacutetablissement drsquoaccompagnement en addictologie reacutevegravele par fois une

GUIDE REPEgraveRES 89

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

88 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

dez-vous avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives sans infor-mation preacutealable Il srsquoagit en geacuteneacuteral pour la personne de lrsquoentourage

De srsquoassurer que lrsquoaccompagnement se poursuit Drsquoapporter des informations com-pleacutementaires parfois agrave lrsquoinsu du tiers concerneacute Drsquoexprimer ses difficulteacutes voire son deacutecouragement face agrave une situation

qui nrsquoeacutevolue pas comme cela est attendu lrsquoentourage se montre parfois laquo impatient raquo et si le laquo pa-tient raquo laquo ne bouge pas raquo la pression se verra renforcer sur lrsquoeacutequipe drsquoac-compagnement et de soins

Ces deacutemarches de lrsquoentourage intro-duisent une dimension familiale que la situation de la personne concerneacutee srsquoameacuteliore se deacuteteacuteriore ou que drsquoautres problegravemes se posent

ZOOM

Double suivi au sein du mecircme eacutetablissement

Repeacuterer le double suiviLe possible double suivi drsquoun usager et de son entourage (une ou plusieurs personnes) neacutecessite danalyser lrsquoob-jet de la demande et son origine car

Un accompagnement etou des soins en addictologie ne peuvent avoir lieu que si lrsquousager le demande

Mais lorsque cest lentourage qui demande alors les eacuteleacutements de la demande peuvent ecirctre disperseacutes entre plusieurs protagonistes

Pratique repeacuterer le symptocircme la souffrance et la formulation de la demande

Symptocircme qui pose le plus de problegravemes actuellement

Souffrance qui souffre le plus de la situation

Formulation de la demande qui se montre le plus preacuteoccupeacute

Position de lrsquoentourage dans lrsquoeacuteclatement de la demande Lrsquoeacutequipe drsquoaccompagnement et de soins se retrouve alors devant plu-sieurs possibiliteacutes drsquoeacuteclatement de la demande

Les trois eacuteleacutements peuvent ecirctre porteacutes par la mecircme personne elle preacutesente un symptocircme en souffre et est en demande Lentourage nest alors pas en demande

Une personne preacutesente un symp-tocircme mais nrsquoen souffre pas et ne demande rien crsquoest lentourage qui souffre et qui demande de lrsquoaide

Une troisiegraveme possibiliteacute est une personne qui preacutesente un symptocircme et la souffrance mais crsquoest une autre qui demande Cest le cas de lentou-rage qui vient seul au CSAPA

Enfin la situation peut eacutechapper aux reacuteseaux de soin parce que les personnes preacutesentent un problegraveme sans pouvoir lrsquoaborder ou une souf-france sans pouvoir lrsquoidentif ier ni lrsquoexprimer

ILLUSTRATION

Paroles de conjointe

Les services drsquoeacutecoute speacutecialiseacutee ou les premiegraveres consultations en eacutetablis-sement speacutecialiseacute en addictologie re-ccediloivent des personnes venues parler de lrsquolaquo autre raquo elles ne disent pas laquo je raquo mais laquo il raquo ou laquo elle raquo crsquoest-agrave-dire lrsquolaquo autre raquo deacutesigneacute comme la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives raquo laquo malade raquo Il srsquoagit de leur compagnon eacutepouse fils pegraverehellip

Les mots sont laquo Il ne srsquoen rend pas compte raquo laquo Il ne vous dit pas tout moi je vais vous le dire raquohellip

Les craintes sont exprimeacutees laquo Ne lui dites pas que je vous ai appeleacute que je vous ai vu raquohellip

Ces personnes qui srsquoadressent aux services speacutecialiseacutes agrave travers ce qursquoelles disent des diff iculteacutes de lrsquoautre parlent avant tout de leurs propres souffrances de leur deacutenue-ment de leur eacutepuisement de leur colegravere de leur volonteacute drsquoagir tout en ne sachant plus comment faire car souvent ces personnes tregraves impli-queacutees estiment avoir laquo tout essayeacute raquo

Les amener agrave srsquoexprimer agrave la pre-miegravere personne pour formuler leurs propres difficulteacutes est primordial

Lrsquoobjectif ne doit plus ecirctre de reacute-pondre agrave laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour lui raquo mais agrave la question qui les amegravene en tant qursquoindividu qui souffre laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour moi raquo pour aller mieux

TYPOLOGIE DE SITUATIONS METTANT EN JEU LrsquoENTOURAGE Les motivations de lrsquoentourage qui se rend au sein drsquoun eacutetablissement drsquoac-compagnement en addictologie sont varieacutees informative de soutien drsquoordre psychotheacuterapique de groupe ou familial et se manifestent sur des modes diffeacute-rencieacutes qui doivent interroger les eacutequipes

La personne de lrsquoentourage vient seule

Pour trouver des informations rela-tives aux modaliteacutes drsquoaccompagne-ment et de soins possibles et sur les dimensions de la probleacutematique addictive pour mieux comprendre la situation et mieux soutenir lrsquoautre Pour exprimer sa souffrance et son eacutepuisement face agrave la situation

Absence de lrsquoentourage alors il nrsquoy a pas ou peu de liens entre les per-sonnes et les soignants Il convient drsquoin-terroger la personne accompagneacutee pour ses probleacutematiques addictives sur cette absence Dans le respect du souhait des parties il convient de proposer degraves le deacutebut de lrsquoaccompagnement de recevoir lrsquoentou-rage seul ou ensemble afin de sortir du centrage sur la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et aborder la situation dans son ensemble pour eacutela-borer un diagnostic global (individu fa-milial socialhellip) Srsquoappuyer sur toutes ces dimensions pour travailler sur lrsquoeacutechelle motivationnelle

Preacutesence inattendue de lrsquoentourage lrsquoentourage peut intervenir dans le cours de lrsquoaccompagnement par des appels teacuteleacutephoniques par une preacutesence en ren-

90 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 91

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Garde des enfants pendant la consultation du ou des parents

ContexteOutre les cas speacutecifiques drsquoaccompa-gnements qui leurs sont deacutedieacutes avec ou sans leurs parents les enfants sont sus-ceptibles drsquoecirctre preacutesents au sein des eacutetablissements ambulatoires en addic-tologie dans deux types de situations

Parmi les consultants certains ne disposent pas de modaliteacute de garde de leurs enfants durant leur consulta-tion ou un groupe agrave viseacutee theacuterapeu-tique Il srsquoagit majoritairement de femmes avec des enfants en bas acircges non scolariseacutes

Les enfants et les parents sont reccedilus pour un entretien familial mais au cours de la consultation il est pertinent pour les intervenants de permettre agrave un enfant de quitter le bureau

Un consensus peut ecirctre formuleacute sur les points suivants

Tout doit ecirctre mis en œuvre pour faciliter les conditions drsquoaccueil et drsquoaccompagnement des parents nrsquoayant pas de solution de garde pour leurs enfants

Hors entretien familial il est parfois difficile drsquoaccepter la preacutesence drsquoen-fants durant les consultations et groupes agrave viseacutee theacuterapeutique afin de favoriser la liberteacute drsquoexpression du consultant-parent comme du profes-

sionnel ou des tiers preacutesents drsquoune part et dans le respect de ce que doit pou-voir entendre un enfant drsquoautre part

Le professionnel doit srsquoautoriser agrave diffeacuterer un rendez-vous srsquoil considegravere que les conditions drsquoaccueil ne sont pas propices pour le consultant lrsquoen-fant le professionnel

Lrsquoeacutetablissement doit ecirctre en capa-citeacute de proposer des modaliteacutes de garde pour les enfants par exemple par accord de lrsquoeacutetablissement avec une halte-garderie municipale un ser-vice agrave domicile (avec enveloppe bud-geacutetaire deacutedieacutee) professionnel (ou service civique) deacutedieacute agrave une perma-nence drsquoaccueil sans rendez-vous

Ne pas accueillir et assurer la garde des enfants pendant leur temps de consultation crsquoest signifier que la consultation est un temps pour les usagers eux-mecircmes pour prendre soin drsquoeux

Trouver un mode de garde pendant ce court temps crsquoest aussi une forme drsquoengagement dans lrsquoaccompagnement en addictologie du consultant

Organisation de la gardeCette question se preacutesente reacuteguliegravere-ment et doit ecirctre organiseacutee dans le cadre du projet drsquoeacutetablissement et non improviseacutee afin de proposer des conditions seacutecurisantes pour les enfants le consultant comme pour lrsquoeacutequipe Cette question peut ecirctre soumise pour avis aux usagers dans le cadre drsquoinstances de consultationLorsque les enfants sont scolariseacutes les

Ainsi en fonction des besoins expri-meacutes par les parties lentourage pour-ra ecirctre reccedilu lors dentretiens com-muns (theacuterapie familiale ou autre) seacutepareacutement ou seulLe suivi drsquoun usager seacutepareacutement de celui du membre de son entourage ne pourra ecirctre assureacute par le mecircme pro-fessionnel pour une neutraliteacute et in-tervention psychotheacuterapeutique

La position du theacuterapeute dans la gestion du double accompagnement Une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et un membre de lrsquoentourage peuvent souhaiter ecirctre accompagneacutes dans le mecircme eacutetablisse-ment seacutepareacutement Se posent alors plusieurs questions pour lesquelles chaque eacutetablissement doit se fixer des regravegles formaliseacutees dans son projet et clairement eacutenonceacutees aux usagers

Lrsquoun peut souhaiter consulter sans savoir que lrsquoautre y consulte deacutejagrave ou sans que lrsquoautre en soit informeacute aucune information non-personnelle nrsquoa agrave ecirctre porteacutee agrave la connaissance des parties ne fut-ce qursquoinformer mecircme du suivi dans le respect des regravegles de secret professionnel

Deux personnes peuvent consul-ter au sein du mecircme eacutetablissement et ecirctre en conflit majeur par exemple dans le cadre drsquoune seacuteparation ins-tance de divorce conflit sur la garde drsquoenfantshellip Dans cette situation comme dans les preacuteceacutedentes lrsquoeacuteta-blissement doit srsquoefforcer que les deux personnes ne se croisent pas sans toutefois pouvoir le garantir de la mecircme faccedilon que deux individus peuvent toujours se croiser quelque part sans le vouloir Lrsquoeacutetablissement doit rappeler le regraveglement de fonc-tionnement et le respect des per-sonnes Agrave noter qursquoen cas de mesure drsquoeacuteloignement prononceacutee par le juge crsquoest agrave la personne sous cette mesure de prendre ses dispositions et non agrave lrsquoeacutetablissement de garantir les condi-tions de cet eacuteloignement

Deux personnes peuvent souhai-ter consulter une mecircme cateacutegorie de professionnel sans choix du profes-sionnel parce qursquoil nrsquoy en aurait qursquoun au sein de lrsquoeacutetablissement (par exemple meacutedecin psychologue) Si le professionnel ne souhaite pas assurer cet accompagnement pour des ques-tions de positionnement theacuterapeu-tique une orientation doit systeacutemati-quement ecirctre proposeacutee dans un service ou eacutetablissement eacutequivalent le plus proche possible

92 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 93

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

3 LES CONSULTATIONS JEUNES CONSOMMATEURS (CJC) LIEUX-RESSOURCES POUR LA FAMILLE

Les CJC sont une des missions faculta-tives des centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) Au demeurant avec ou sans CJC les CSAPA reccediloivent toutes les per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives quel que soit leur acircge

Public des CJCLes consultations sont destineacutees en prioriteacute aux jeunes consommateurs98 y compris les mineurs qui ressentent des difficulteacutes en lien avec leur consomma-tion de substances psychoactives Les usagers peuvent se preacutesenter seuls spontaneacutement ou adresseacutes par un tiers famille professionnel de santeacute milieu scolaire justice parce qursquoils preacutesentent des diff iculteacutes attribueacutees agrave un usage simple agrave risque ou nocif de substances psychoactives

Probleacutematiques addictives abordeacuteesLes substances psychoactives y compris lrsquoalcool et les addictions comportemen-tales comme le jeu internet etc

Objectifs Agir degraves les premiers stades de la

consommation les CJC disposent de compeacutetences et de savoir-faire afin drsquoen-trer en relation avec le jeune et eacuteventuel-

98 Annexe 4 de la circulaire du 28 feacutevrier 2008 relative aux missions des CSAPA

lement son entourage pour reacutetablir une communication beacuteneacutefique pour lrsquoeacutecoute et la prise de conscience des risques mais aussi pour envisager des probleacutematiques sous-jacentes du jeune

Accueillir lrsquoentourage lrsquoentourage seul souvent agrave lrsquoorigine drsquoune deacutemarche drsquoinformations trouve aupregraves des pro-fessionnels de la consultation une eacutecoute et un soutien dans les difficulteacutes ressenties vis-agrave-vis des consommations ou comportements addictifs de leurs proches

Reacutepondre aux interrogations et preacute-occupations de lrsquoentourage en matiegravere drsquoaddiction informations sur les subs-tances et conduites sans produit leurs effets et leurs risques sur les divers types de recours possibles pour le dia-gnostic et la prise en charge

Soutenir les parents dans leur rocircle eacuteducatif et le dialogue avec leurs enfants sur les consommations de produits illi-cites drsquoalcool et de tabac

Recevoir de faccedilon conjointe le jeune et son entourage

Srsquoadapter aux situations parentsenfantsDans un contexte addictif agrave risque lrsquoaxe de travail essentiel des professionnels de la CJC est de renouer le dialogue entre le jeune et ses parents de laquo deacutedramati-ser raquo la situation la deacutecortiquer tout en maintenant le cadre parental Ceci est rendu possible en confortant le parent dans son rocircle de parent sans le culpabi-liser mais en travaillant sur le dialogue entre eux deux sur la perception de lrsquousage par les uns et les autres sur les risques inheacuterents

rendez-vous doivent ecirctre proposeacutes sur des horaires adapteacutes agrave ces contraintes

En pratique la situation diffegravere selon lrsquoacircge de lrsquoenfant les ressources humaines et la configuration des lo-caux de lrsquoeacutetablissement

Le nourrisson peut ecirctre reccedilu avec son parent

Si le professionnel estime que lrsquoenfant du consultant ne peut pas ecirctre preacutesent durant lrsquoentretien lrsquoeacutetablissement organise alors des modaliteacutes drsquoaccueil des enfants sous la vigilance drsquoun professionnel en proposant par exemple un espace de jeux adapteacute et seacutecuriseacute (des bloque-fenecirctres des jouets qui ne preacutesentent aucun risque drsquoingurgi-tation ou de blessurehellip) Ce temps

peut ecirctre un moyen drsquoobservation du comportement de lrsquoenfant Responsabiliteacutes il est important de

rappeler que les eacutetablissements sont responsables des conseacutequences dom-mageables de leurs actes de preacuteven-tion de diagnostic ou de soins en cas de faute Par conseacutequent ils sont te-nus de souscrire une assurance desti-neacutee agrave les garantir pour leur responsa-biliteacute civile susceptible decirctre engageacutee en raison de dommages subis par des tiers et reacutesultant datteintes agrave la per-sonne survenant dans le cadre de cette activiteacute de preacutevention de dia-gnostic ou de soins Cela concerne bien sucircr avec acuiteacute le mode de gardesurveillance organiseacute pour lrsquoenfant du consultant

Agrave RETENIR

Le professionnel en addictologie vers lequel un membre de lrsquoentourage srsquoadresse doit proposer une eacutecoute bienveillante un soutien et des informations Il srsquoagit

Drsquoaider cette personne agrave identifier ses ressources et ses freins ses difficulteacutes directement et indirectement lieacutees aux probleacutematiques addictives de lrsquoautre

De ne pas consideacuterer lrsquoentourage qursquoagrave travers le prisme de ses difficulteacutes mais de srsquoappuyer aussi sur ses ressources ses expeacuteriences comme allieacute du systegraveme theacuterapeutique

Drsquoaffirmer et reacuteaffirmer que chacun souffre agrave sa maniegravere et a besoin drsquoecirctre entendu compris et aideacute et que la recherche de solution de mieux ecirctre devra srsquoappuyer sur les ressources et expeacuteriences de toutes les parties prenantes

94 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 95

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

rents pour nouer ou renouer le dialogue sur les conduites addic-tives

Les CJC un outil laquo phare de la preacutevention raquo La campagne nationale de communica-tion de 2015 a su toucher justeLes CJC ont beacuteneacuteficieacute drsquoune diversifica-tion des modes drsquoentreacutee101 avec une plus grande visibiliteacute des familles En ef-fet dans lrsquoenquecircte de 2015 on constate la plus grande repreacutesentation des fa-milles dans le dispositif Notamment les constats suivants eacutemergent

Les orientations par la famille pro-gressent de 15 en 2014 agrave 20 en 2015 cette hausse se retrouvant agrave tous les acircges Celles-ci se placent deacutesormais au deuxiegraveme rang des sources de recrute-ment des consultants derriegravere les orientations judiciaires qui restent preacute-dominantes

La preacutesence de la famille en tant qursquoaccompagnateur est eacutegalement plus importante durant les consultations La proportion de consommateurs venus avec leur entourage familial passe de 22 agrave 34 en un an La par t des proches venus sans lrsquousager avoisine toujours les 7 et les consultations laquo venus seuls raquo restent majoritaires

Les consommateurs dirigeacutes par leur famille en CJC sont plus jeunes que les autres et davantage consommateurs de jeux videacuteo En 2015 le jeu videacuteo repreacute-sente

5 des motifs de recours parmi les

101 Caroline PROTAIS et al laquo Evolution du public des CJC (2014-2015) raquo Tendances ndeg 107 2016 4 p

jeunes consultants venus seuls 14 des consultations mettant en preacutesence les jeunes et leur entou-rage

15 des consultations de familles venues seules

Cette forte mobilisation des familles explique une autre eacutevolution marquante en 2015 lrsquoaugmentation de la part des mineurs Agrave lrsquoinverse les familles venues sans la personne concerneacutee se mobi-lisent principalement autour de la consommation drsquoun enfant majeur

Agrave RETENIR

Les probleacutematiques addictives des jeunes se situent tregraves souvent dans un contexte de rupture de dia-logue avec lrsquoentourage familial proche Lrsquoobjectif des CJC est donc de renouer maintenir ou renforcer ses liens avec son entourage

Les CJC doivent travailler en reacute-seau avec toutes les structures en reacutesonnance avec les multiples cercles drsquoentourages des jeunes lieu de consultations meacutedico-so-ciales eacutetablissements scolaires mai-sons des jeunes lieux de vie cultu-rels et sportifs etc

Les CJC doivent communiquer sur leur territoire de rayonnement aupregraves des structures recevant un public jeune et aupregraves des per-sonnes de leur entourage agrave com-mencer par les parents

Dialogue distendu voire peu preacutesent entre le jeune et son parent le parent se sent deacutemuni face agrave son jeune qursquoil juge en difficulteacute De son cocircteacute le jeune se sent incompris impuissant et va ex-primer son mal-ecirctre par diffeacuterentes expeacuterimentations qui lrsquoauront conduit agrave la CJC

Cas du refus ou impossibiliteacute du jeune drsquoecirctre accompagneacute par un membre de sa famille dans ce cas lrsquoen-tourage se compose drsquoun professionnel de santeacute scolairehellip ou drsquoun ami qui de-vra jouer un rocircle de personne morale de reacutefeacuterence et viendra en soutien du travail fait avec les professionnels de la CJC

Cas du refus du jeune de se rendre en CJC le parent a la possibiliteacute de prendre rendez-vous dans le cadre de la CJC avec un professionnel La CJC est un lieu ressources qui dispose des ren-seignements utiles agrave la gestion de la si-tuation et permet drsquoecirctre accompagneacute dans ses difficulteacutes face aux conduites addictives de son jeune Dans ce cas-lagrave le travail se fera avec le parent preacutesent permettant ainsi de lui donner les moyens de laquo faire face raquo de trouver les leviers qui lui permettront de renouer le lien avec son jeune de trouver les mots pour nouer voire maintenir un dialogue Des outils simples comme les sms par exemple moyen de communication privileacutegieacute des jeunes permettent de recreacuteer peu agrave peu du lien Ce premier travail avec le parent peut ainsi permettre agrave celui-ci de se reacuteassurer dans son rocircle de parent Par la suite il pourra venir avec le jeune pour entamer agrave son tour un travail dans les CJC

Les CJC un dispositif de proxi-miteacute confidentiel et gratuit agrave va-loriser

En proportion les jeunes repreacute-sentent une faible part des publics reccedilus en consultations en CSAPA en particu-lier dans le cadre de CJC pour de lrsquoac-compagnement et des soins indivi-duels99

Par conseacutequent les CJC des CSAPA doivent travailler en partenariat avec les structures accueillant les jeunes (eacutetablis-sements scolaires100 culturels sportifs drsquoaccompagnement social judiciaireshellip) pour permettre aux professionnels qui y travaillent de savoir aborder la ques-tion des conduites addictives les repeacute-rer et orienter leur public en difficulteacute

Les CJC ont fait lrsquoobjet drsquoune cam-pagne de communication en 2015 ini-tieacutee par la MILDECA le Ministegravere de la Santeacute et lrsquoINPES Cette campagne de communication multi-supports sur le thegraveme laquo Alcool cannabis cocaiumlne ecs-tasy jeux videacuteo tabachellip Il existe un endroit pour en parler et faire le point raquo soulignait clairement

Les distorsions de perceptions des risques et des dommages selon que lrsquoon est parent ou jeune Lrsquoobjectif des CJC comme lieu-res-sources pour en parler pour les jeunes eux-mecircmes pour les pa-

99 15 de moins de 30 ans en 2014 18 e moins de de 25 ans Cf Christophe PALLE laquo Les personnes ac-cueillies dans les CSAPA raquo Tendances ndeg 110 2016 4 p

100 Guide de preacutesentation des CJC avanceacutees Un inteacute-recirct agrave travailler ensemble ndash Etablissements scolaires lyceacutees geacuteneacuteraux et professionnels centres de formation pour apprentis Deacutepliant eacutelaboreacute dans le cadre de la Coordination des CSAPA assureacutee par lrsquoANPAA ndash Avec le soutien financier de lrsquoARS anneacutee 2016-2017

96 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 97

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ANPAA de Caen lrsquoexpeacuterience montre notamment

La neacutecessiteacute drsquoouvrir des espaces dif-feacuterents en fonction des tranches drsquoacircges les modes drsquoexpressions des enfants et des adolescents eacutetant diffeacuterents

La neacutecessiteacute de soutien des enfants pour construire des reacuteponses adapteacutees agrave des contextes dans lesquels ils se sentent pieacutegeacutes

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination de lrsquoentourage adulteexpeacuterience du cSapa anpaa danS le rhocircne agrave villeurbanne

ORGANISATION

Il srsquoagit drsquoun groupe reacuteuni une fois par mois en soireacutee destineacute agrave lrsquoentourage et permettant drsquoamorcer des consultations individuelles ou des entretiens familiaux 10 agrave 12 personnes constituent en moyenne le groupe (les seacuteances sont mensuelles et les appels quotidiens ren-forcent le nombre de participants) Une psychologue et une intervenante sociale animent la seacuteance pendant que la secreacutetaire assure un accueil perma-nent pour eacuteviter une deacuteperdition

PUBLIC Groupe ouvert agrave toute personne

de lrsquoentourage mecircme si lrsquousager en difficulteacute avec ses pratiques addictives nest pas suivi au CSAPA

Les participants viennent plutocirct en icirclots familiaux par deux ou trois parfois

seuls Les femmes srsquoemparent geacuteneacutera-lement plus de ce dispositif que les hommes repreacutesentant en moyenne 90 des membres du groupe

Toutes les probleacutematiques addic-tives sont discuteacutees avec ou sans pro-duit et toutes les personnes de lrsquoen-tourage sont convieacutees conjointes parents enfants amishellip

Afin deacutevaluer la demande et les eacuteventuelles contre-indications est preacutevu un premier entretien teacuteleacutepho-nique avec une grille drsquoentretien se-mi-directive standardiseacutee eacutelaboreacutee par les intervenants

Cet entretien preacutepare agrave la question du groupe comment lrsquoentourage va pouvoir ecirctre eacutecouteacute Quelle bienveil-lance va-t- i l trouver dans ces eacutechanges

Si lentourage souhaite un suivi in-dividuel en parallegravele ou suite au groupe il est possible de lrsquoorienter vers un premier entretien Les deux accompagnements peuvent se com-pleacuteter Sont inclues aussi les personnes de lrsquoentourage deacutejagrave suivies au centre en individuel et demandeurs Ils sont alors orienteacutes par les intervenants

3fraslthinsp2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE

EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

LES GROUPES Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE102

PrincipesDans le cadre de son parcours de soin au sein de lrsquoeacutetablissement (CSAPA) la per-sonne de lrsquoentourage pourra ecirctre orien-teacutee vers un groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Le groupe agrave viseacutee theacuterapeutique srsquoinscrit agrave la fois dans le projet individualiseacute drsquoac-compagnement et de soins du consul-tant et dans le projet deacutetablissementLe groupe agrave viseacutee theacuterapeutique a pour objectif drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie et lrsquoautonomie des usagers personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives comme personnes de lrsquoentourageCette modaliteacute theacuterapeutique est com-pleacutementaire de lrsquoaccompagnement indi-viduel et repose sur les interactions entre les membres du groupe avec un accompagnement professionnel

Objectifs des groupes agrave viseacutee theacute-rapeutique Objectifs geacuteneacuteraux La capacitation (ou empowerment)

de lrsquoindividu est lrsquoapport principal re-chercheacute pour lrsquousager dans le cadre drsquoun groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Les objectifs geacuteneacuteraux sous-tendus par la deacutemarche en groupe theacuterapeutique sont

102 Les groupes agrave viseacutee theacuterapeutique Addictologie ambulatoire ANPAA 2015 31 p (Guide Repegraveres)

Ameacuteliorer deacutevelopper instaurer ou restaurer

Lrsquoeacutemancipation lrsquoautonomie de lrsquousager Ses capaciteacutes relationnelles phy-siques creacuteatives Son image corporelle et son estime de soi

Reacute-entraicircner et reacuteadapter ses habile-teacutes et accroicirctre ses compeacutetences psy-chosociales

Favoriser la motivation au change-ment

Accroicirctre la compeacutetence drsquoacqueacuterir des reacuteflexes de santeacute positifs

Objectifs speacutecifiques Le deacuteveloppement des compeacutetences

psychosociales Lrsquoaide agrave lrsquoeacutelaboration psychique et agrave

lrsquoameacutelioration des capaciteacutes cognitives La reacuteappropriation corporelle et

sensorielle Lrsquoameacutelioration de la connaissance

des conduites addictives et des moda-liteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Enfants et groupes agrave viseacutee theacutera-peutiqueLes enfants peuvent ecirctre soutenus par de nouveaux contextes drsquoexpeacuteriences favorisant la laquo re raquo connexion agrave leurs besoins et une confiance nouvelle dans leurs capaciteacutes agrave laquo ressentir raquo au travers de groupes agrave viseacutee theacuterapeutique varieacutes

Plusieurs eacutequipes drsquoaccompagnement et de soins ont en ce sens deacuteveloppeacute des groupes drsquoexpression pour enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictives Agrave lrsquoexemple du CSAPA

98 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 99

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Ainsi chacun des protagonistes eacutetablit une confiance et un regard serein sur ce qui va se passer par la suite dans le soin Cela permet aux professionnels de percevoir ce qui se passe agrave la mai-son et eacutegalement de pouvoir donner agrave lentourage des informations qui permettent rapidement dapaiser cer-

tains conflits familiaux En proposant agrave lentourage de ne pas surencheacuterir dans le conflit quand les personnes sont aux prises avec les produits cela permet si la famille y arrive de calmer des tensions voire de diminuer la vio-lence verbale et physique de faccedilon conseacutequente

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination des enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesexpeacuterience du cSapa anpaa danS le calvadoS agrave caen

PUBLIC

Ce groupe srsquoadresse aux jeunes de moins de 17 ans souffrant de lrsquoalcooli-sation ou de la consommation drsquoautres substances drsquoun parent

PREacuteALABLE Lrsquoaccueil est organiseacute par groupe drsquoacircge drsquoougrave la neacutecessiteacute pour les organiser de teacuteleacutephoner avant de venir au CSAPA

OBJECTIFS

Montrer aux jeunes qursquoils ne sont pas tout seuls

Chercher des solutions ensemble face aux difficulteacutes qursquoils rencontrent

Des situations quotidiennes sont envisageacutees monter dans la voiture

quand un parent est sous effet de produit situation de triangulation avec les parents la violence sous effet ou par manquehellip

Il srsquoagit drsquoun groupe drsquoexpression et drsquoeacutechanges avec des possibiliteacutes de des-siner de jouer des mises en situationhellip

ANIMATION DU GROUPE

Le groupe est animeacute par des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie au moins deux par seacuteance dans lrsquoideacuteal femme et homme

Le rocircle des animateurs est de ga-rantir le confort de chacun sans inten-tion theacuterapeutique Ils orientent les adolescents qui auraient besoin drsquoun accompagnement

Le groupe est ouvert le mercredi apregraves-midi de 13h30 agrave 15h

Il est possible drsquoadapter les ho-raires si neacutecessaire

COMMUNICATION

Lrsquoexistence du groupe est commu-niqueacutee dans tous les espaces de for-mation de sensibilisation et dans les eacutetablissements scolaires

OBJECTIFS Objectif principal soutien partage dexpeacuteriences apport dinformations travail sur les repreacutesentationsLe groupe atteste la souffrance de lentourage la repegravere la contient

Ce groupe offre des pistes de reacute-ponses aux questions suivantes

Pourquoi la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives ne re-connait pas la souffrance de lrsquoentou-rage est-ce normal

Comment y reacutepondre Comment rester dans sa famille

tout en se proteacutegeant pour avancer soi-mecircme

Comment faire avec ce que lrsquoon est jusqursquoougrave va le soutien afin de ne pas trop souffrir se respecter se pro-teacuteger srsquoaffirmer prendre soin de soi

LES PROFESSIONNELS APPORTENT

UN AUTRE REGARD QUE CELUI DU

TEacuteMOIGNAGE

Ils expliquent les positionnements de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives mise agrave distance une protection consideacuterer lrsquoautre dans sa souffrance

Ils garantissent le cadre la bienveil-lance le respect de lrsquoeacutecoute de lrsquoautre pour que chacun se positionne et soit impliqueacute ait un temps de parole ga-ranti ce qursquoil vit fait eacutecho agrave lrsquoautre lrsquoentourage peut deacuteposer sa souf-france ses difficulteacutes et voir comment les autres peuvent faire ressource pour lui

Lrsquoaccompagnement amegravene lrsquoentou-rage agrave se rendre compte que le groupe fait soutien

Cet accompagnement relaie la question du travail individuel et celle de lrsquoauto-support de la famille

Le travail des professionnels est drsquoaider lrsquoentourage agrave se positionner agrave trouver sa juste place dans sa relation agrave la personne ayant des conduites addictives (rupture ou omnipotence de lrsquoentourage effet miroir des addic-tions) en fonction du parcours de soins (la place de lrsquoentourage ne sera pas accompagneacutee de la mecircme ma-niegravere si les conduites addictives sont anciennes avec des tabous secret non-dits deacutenis)

Il ne srsquoagit pas forceacutement drsquoun accegraves agrave lrsquoautonomie mais plutocirct drsquoun posi-tionnement face agrave la personne ayant des conduites addictives qui ne doit ecirctre ni trop ni pas assez

PLACE DE LrsquoENTOURAGE DANS LE

PARCOURS DE SOIN

Quelle que soit la probleacutematique ad-dictive lentourage comme allieacute des soins est un gros changement de para-digme et de regard par rapport agrave dautres eacutepoques des soins en addic-tologieLrsquoaccent est mis sur la preacutecociteacute des rencontres sans que lalliance soit mise agrave mal et donc inviter tregraves vite lentourage agrave participer agrave plusieurs rencontres dans les premiers mois si la lecture de la situation que nous avons faite nous semble le neacutecessiter

100 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 101

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

sortir agrave sauver sa vie en lui permet-tant de vivre mieux et longtemps

Il srsquoagit de compleacuteter lrsquoaccompagne-ment et les soins apporteacutes par des profes-sionnels de lrsquoaddictologie les mouvements drsquoentraide peuvent rencontrer des per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives ou leur famille hors structure de soins et agrave des horaires plus larges

Lrsquoapport speacutecifique aux personnes de lrsquoentouragePlusieurs associations proposent des groupes drsquoauto-support ou drsquoentraide speacutecifiquement destineacutes aux personnes de lrsquoentourage de personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives mecircme si le cœur de leur action srsquoadresse avant tout aux usagers eux-mecircmesLes personnes de lrsquoentourage sont reccedilues selon leur propre convenance indivi-duellement en groupe de paroles ou parfois avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives elle-mecircmeCes groupes fonctionnent comme suit

Une organisation reacuteguliegravere et acces-sible

Un appui essentiel sur les pairs pour la compreacutehension de la co-deacutependance crsquoest-agrave-dire

La compreacutehension du processus contre-productif pour lrsquousager deacute-pendant de lrsquointervention reacutepeacuteteacutee de la personne de lrsquoentourage La compreacutehension de lrsquointeacuterecirct agrave vivre mieux se reconstruire et ainsi aider le malade dans son nou-veau parcours vers une meilleure santeacute

Lrsquoentourage preacutesentant une co-deacutepen-dance installeacutee ou pas est souvent en repli sur lui-mecircme honteux culpabiliseacute et en perte drsquoespoir La participation agrave un groupe de parole en auto-support peut lui permettre de

Se poser des questions utiles sur son comportement

Comprendre que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est en souffrance et qursquoil faudra du temps pour une ameacutelioration de la qua-liteacute de vie

Comprendre que tout ne reviendra pas laquo comme avant raquo et qursquoun nouvel eacutequilibre est agrave trouver en se reconstrui-sant chacun et ensemble

Les groupes drsquoentraide sont un appui veacuteritable sur ces points par leur qualiteacute drsquoeacutecoute drsquoidentification drsquoempathie et de confidentialiteacute Ils sont compleacutemen-taires des interventions des profession-nels la palette des acteurs de soutien doit ecirctre porteacutee agrave la connaissance des usagers des eacutetablissements sanitaires et meacutedicosociaux en addictologie et de leur entourage car laquo il faut mettre toutes les chances de son cocircteacute raquo laquo Il nrsquoy a pas de solution miracle chacun doit trouver sa propre voie raquo

Une campagne drsquoaffichage a eacuteteacute reacutealiseacutee suite aux conseils des en-fants qui nous disaient qursquoil valait mieux passer directement par eux que les adultes avaient des difficulteacutes agrave leur communiquer lrsquoinformation

INSCRIPTION

Lrsquoinscription des enfants agrave un groupe est partageacutee avec le responsable leacutegal et ce temps permet le plus souvent drsquoaborder avec le parent la neacutecessiteacute drsquoun espace de parole pour lrsquoenfant qui a agrave vivre avec la deacutependance du parent Si neacutecessaire le trajet est accompa-gneacute par un professionnel afin que ce ne soit pas un obstacle pour lrsquoenfant qui souhaite participer mais nrsquoest pas autonome

LES GROUPES DrsquoAUTO-SUPPORTLes diverses associations qui regroupent soit des usagers laquo actifs raquo soit les groupes drsquoentraide par lrsquoabstinence reacuteunies sous le terme de groupe drsquoauto-support reacute-pondent agrave une double logique celle de lrsquoideacutee de pairs et celle de la responsabilisa-tion et vise agrave agir au niveau des vulneacuterabi-liteacutes et drsquoune reconquecircte de lrsquoautonomie Ainsi ces groupes relegravevent drsquoun double modegravele

Celui du laquo care raquo drsquoune part crsquoest-agrave-dire la mise en action drsquoun principe drsquoattention de sollicitude agrave prendre soin de lrsquoautre et ce faisant de soi en visant un bien-ecirctre un mieux-ecirctre global de lrsquoindividu

Celui de lrsquoapproche par les laquo capa-biliteacutes raquo drsquoautre part crsquoest-agrave-dire lrsquoameacute-lioration des capaciteacutes drsquoun individu agrave effectuer des choix entre des combinai-sons de fonctionnements et agrave en envisa-ger les conseacutequences positives ou neacutega-tives

Lrsquoapport des groupes drsquoentraideLrsquointeacuterecirct des mouvements drsquoentraide ou groupes drsquoauto-support pour les per-sonnes de lrsquoentourage et les personnes en difficulteacute avec leurs conduites addic-tives sont les suivants

Lieu drsquointeacutegration sociale et de lutte contre lrsquoexclusion Valorisation de la personne dans lrsquoeacutecoute le non-jugement de son res-senti de son expeacuterience de la souf-france de la maladie

Lieu drsquoapprentissage drsquoune nouvelle gestion de soi au quotidien Lieu drsquoexpression du laquo care raquo103 comme technique de soin compleacute-mentaire aux systegravemes plus clas-siques de soins du laquo cure raquo

Lieu drsquoinformations varieacutees appro-fondies et fiables

Lieu de grande disponibiliteacute et de grande souplesse de fonctionnement

Rencontres privileacutegieacutees pour les eacutechanges la convivialiteacute lrsquoamitieacute

Existence drsquoune solidariteacute proximale pour eacuteviter une plus grande deacutetresse psychique

Lieu de reacuteel inteacuterecirct pour la personne et son entourage afin de lrsquoaider agrave srsquoen

103 laquo Care raquo est une expression anglo-saxonne signi-fiant bientraitance srsquooccuper de prendre soin porter attention

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ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

La CAMERUP - Coordination des Associations et Mouvements drsquoEntraide Reconnus drsquoUtiliteacute Publique106

La CAMERUP regroupe les Feacutedeacute-rations Nationales Alcool Assistance Alcool Ecoute Joie et Santeacute amp les Amis de la Santeacute ainsi que les Mouvements de la Croix Bleue amp Addictions Alcool Vie Libre

La CAMERUP nrsquoa pas vocation agrave intervenir directement aupregraves de lrsquoentourage des malades de lrsquoalcool Toutefois le but de la coordination nrsquoeacutetant pas drsquointervenir dans le fonc-tionnement des cinq entiteacutes affilieacutees celles-ci organisent lrsquoaccompagnement des proches selon leurs speacutecificiteacutes fonctionnelles

Les entiteacutes aff ilieacutees ont toutes neacuteanmoins des actions pour lrsquoentou-rage telles que des groupes de parole deacutedieacutes des suivis speacutecifiques dans le cadre de lrsquoaccompagnement et de la reacuteinsertion de la cellule familiale dans la socieacuteteacute entre autres

Certaines sessions de formations peuvent ecirctre dispenseacutees aux per-sonnes de lrsquoentourage par les forma-teurs de la coordination

Certains membres de lrsquoentourage srsquoinvestissent agrave terme dans lrsquoaccompa-gnement voir dans la sensibilisation et

106 Contribution de la CAMERUP

lrsquoinformation apregraves les formations neacutecessaires ou lrsquoanimation de certains groupes de parole Ces personnes de lrsquoentourage srsquoinvestissent eacutegalement dans lrsquoorganisation de certaines mani-festations sorties etc

La CAMERUP joue un rocircle drsquointer-face entre les associations de terrain et les organismes de tutelles ou ins-tances La coordination est ainsi lrsquoin-termeacutediaire privileacutegieacute pour faire re-monter les dysfonctionnements dans le cadre de lrsquoaccompagnement et les besoins de toutes les composantes de la famille et plus largement de lrsquoentou-rage

Lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool maladie fami-liale En effet la CAMERUP reconnait cette pathologie comme une maladie fami-liale car si un individu en est directe-ment victime crsquoest lrsquoensemble de la cellule familiale qui est en souffrance et en subit les conseacutequences directes ou indirectes Au quotidien nos ac-teurs de terrain sont confronteacutes agrave ces eacutetats de fait enfants et conjoints bat-tus enfants deacutescolariseacutes ou en diffi-culteacute nrsquoayant pas les conditions opti-males pour une vie normale drsquoenfant ou drsquoadolescent obligeacutes agrave lrsquoisolement agrave lrsquoautarcie en raison de la honte de lrsquoincompreacutehension et de lrsquoimpuissance que geacutenegravere cette maladie Crsquoest bien au-delagrave de la cellule familiale dans lrsquoentourage scolaire professionnel sportif que fait eacutecho agrave ce mal-ecirctre

ILLUSTRATION

Groupes drsquoentraide ou drsquoauto-support

AL-ANON104

Les groupes familiaux Al-Anon sont neacutes aux Etats-Unis en 1951 et existent en France depuis 1962 Le nom Al-Anon est deacuteriveacute des premiegraveres syl-labes drsquoAlcooliques Anonymes Al-Anon France a pour but drsquoaider la famille et les amis de personnes ayant un problegraveme avec lrsquoalcoolLrsquoassociation compte pregraves de 200 groupes en France Les membres Al-Anon sont des per-sonnes qui ont eacuteteacute affecteacutees par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Il srsquoagit des parents des enfants des eacutepouses des eacutepoux des compagnons ou compagnes de vie des sœurs des fregraveres drsquoautres membres de la famille des amis hellip Peu importe la situation veacutecue les per-sonnes ont un lien commun elles jugent que leur vie a eacuteteacute profondeacutement affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Leurs actions reposent sur le soutien mutuel et le partage de solutions penseacutees actions pour ameacuteliorer leur qualiteacute de vieAu cours des reacuteunions les membres Al-Anon partagent leur expeacuterience leur force et leur espoir dans le but de reacutesoudre leurs problegravemes communs Chaque groupe Al-Anon srsquoauto-reacute-

104 Pour en savoir plus httpal-anon-alateenfr

gule par une grande liber teacute drsquoap-proche aucun engagement aucune adheacutesion Les reacuteunions ne contraignent pas la parole mais la laisse libre drsquoavoir lieu ou pas guideacutee par un modeacuterateur Avec le temps et selon le souhait de chaque individu le groupe propose le parcours en douze eacutetapes issues de la meacutethode des Alcooliques Anonymes

ALATEEN est destineacute aux adolescents dont la vie a eacuteteacute affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Parfois la consommation a cesseacute ou le buveur en phase active peut ne plus vivre avec ses enfants Mecircme si lrsquoalcool a disparu ou si lrsquoalcoolique est parti ou est en reacutetablissement chez AA ils en sont encore affecteacutes

NAR-ANON105 est un programme qui s rsquoadresse aux per sonnes de lrsquoentourage drsquousagers de drogues le parent lrsquoeacutepouse lrsquoenfant le fregravere la sœur ou lrsquoami du consommateur Il offre un support et des ressources aux familles et amis des deacutependants de drogues et propose des rencontres hebdomadaires et de l rsquoeacutecoute personnelle Nar-Anon est un mouvement baseacute sur les douze eacutetapes des Narcotiques Anonymes qui aident les personnes vivant aupregraves des deacutependants agrave deacutevelopper des outils et des moyens pour vivre une vie plus saine et sereine

105 Pour en savoir plus httpsnaranonfrancewordpresscom

104 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 105

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

port agrave lrsquoautre membre du couple laquo Chacun des conjoints rejoue sur la scegravene conjugale des eacuteleacutements drsquoune piegravece qui srsquoest eacutecrite bien avant dans sa famille drsquoorigine raquo109 Ainsi crsquoest par un travail drsquoindividuation et de diffeacuterenciation neacutecessaire drsquoavec le conjoint que la personne addicte peut trouver lrsquoespace indispensable au redeacute-ploiement de sa personnaliteacute

Choix drsquoune orientation theacuterapeutique pour la familleLe choix drsquoun accompagnement familial doit se reacutealiser en ayant peseacute les eacuteleacute-ments de la double probleacutematique

Difficulteacutes de lrsquousager en demande initiale aupregraves de lrsquoeacutetablissement

Difficulteacutes identifieacutees ou deacuteceleacutees par le professionnel dans lrsquoenvironne-ment de la personne en consultation initiale (que ce soit la personne addicte ou son entourage)

Il est utile de mesurer les risques drsquoune orientation theacuterapeutique en deacutecalage avec le besoin reacuteel

Proposer un travail en famille lagrave ougrave il y a une difficulteacute individuelle le risque est drsquoalieacutener le sujet en geacuterant ses questions individuelles en famille Dans ce cas on ne soutient nullement les deacutesirs drsquoautonomie et drsquoindividuation Le sujet peut faire en sorte de deacutemotiver sa famille

Proposer des entretiens familiaux agrave quelqursquoun qui se deacutesigne comme souf-

109 D HERS Jean-Paul ROUSSEAUX Marc DERELY laquo La theacuterapie de lrsquoalcoolisme par le couple raquo in Alcoo-lisme amp toxicomanies De Boeck 1989 p 60

frant cette personne en demande drsquoaide risque de percevoir le message qursquoil nrsquoest pas laquo assez inteacuteressant raquo Il peut eacutegalement le ressentir comme une preuve que le theacuterapeute ne lui fait pas confiance et a besoin du teacutemoignage de lrsquoentourage

Proposer un travail individuel lagrave ougrave il y a une difficulteacute familiale le theacutera-peute pensera quil a respecteacute le sujet et qursquoil lui aura laisseacute lrsquoopportuniteacute drsquoex-primer ce qursquoil ressent Cependant le theacuterapeute se heurtera agrave une difficulteacute theacuterapeutique le sujet porteur du symptocircme est peu demandeur ou nrsquoen souffre pas ceci peut conduire certains theacuterapeutes agrave estimer que la non-de-mande du consultant empecircche lrsquoengage-ment drsquoun travail theacuterapeutique

DES CADRES THEacuteORIQUES DrsquoINTERVENTIONLes psychotheacuterapies abordent le symp-tocircme laquo conduite addictive raquo de faccedilon variable selon les cadres theacuteoriques drsquointervention choisis Parmi les cadres theacuteoriques drsquointervention

Approche comportementale (theacutera-pie cognitivo-comportementale) le symptocircme est lrsquoobjet du travail pour ten-ter de le faire disparaicirctre ou le diminuer

Approche systeacutemique (theacuterapie fa-miliale theacuterapie systeacutemique) la fonction du symptocircme au sein du systegraveme est rechercheacutee afin de modifier les relations au sein du systegraveme et faire disparaicirctre le symptocircme

Approche humaniste (analyse tran-sactionnelle programmation neuro-lin-guistique theacuterapies bregraveves theacuterapies psychocorporelles sophrologie hyp-

3fraslthinsp3 ORIENTATIONS PSYCHO-

THEacuteRAPEUTIQUES

MISE EN ŒUVRE DE LrsquoACCOMPAGNEMENT ET DES SOINSLes laquo proches raquo de personne en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives sont membres du laquo systegraveme avec addic-tion raquo Lorsqursquoils consultent pour une eacutecoute et un soutien apregraves avoir geacuteneacute-ralement exploreacute diverses expeacuteriences drsquoaide de leur proche ils se sentent la plupart du temps deacutemunis se retrou-vant parfois comme coupeacutes de leurs propres eacutemotions et sensations phy-siques pour trouver le ressort neacuteces-saire agrave lrsquoameacutelioration de la situationLrsquoaccompagnement et les soins de la personne de lrsquoentourage en difficulteacute prennent place comme pour lrsquousager addict quand apregraves un premier entre-tien drsquoeacutecoute drsquoeacutevaluation et drsquoorienta-tion la demande est verbaliseacutee et conscientiseacuteeDans une approche systeacutemique lrsquoana-lyse de la personne dans son contexte global doit ecirctre mise en œuvre notam-ment afin drsquoidentifier les ressources dans son environnement proche En termes de theacuterapie quelle qursquoen soit la tendance ou laquo lrsquoeacutecole raquo lrsquoenvironne-ment entier de lrsquoentourant (comme de lrsquoaddict) est agrave un moment donneacute pris en consideacuteration pour aborder la probleacute-matique de lrsquoindividu

OBJECTIF THEacuteRAPEUTIQUElaquo Travailler avec le couple et la famille crsquoest ramener la notion drsquoalteacuteriteacute et per-

mettre un travail de subjectivation de chacun agrave travers le processus de diffeacute-renciation entre les conjoints et les geacute-neacuterations Les interventions theacuterapeu-tiques centreacutees sur les attachements permettent un meilleur partage eacutemo-tionnel une plus grande diffeacuterenciation de chacun et de meilleures capaciteacutes de mentalisation raquo107

COUPLE FAMILLE ET THEacuteRAPIES ADAPTER LrsquoINTERVENTION Agrave CHAQUE SITUATION Reacuteinstauration de la relation de couple Quand le produit est laquo un tiers qui srsquoin-troduit dans le couple raquo108 la consultation va venir reacuteintroduire du tiers par le biais de la parole lagrave ougrave le produit vient remplir cette fonction entre les conjoints Le laquo non-consommateur probleacutema-tique raquo crsquoest-agrave-dire le conjoint en souf-france avec les difficulteacutes drsquoaddiction de lrsquoautre pourra alors exprimer ses reven-dications et son sentiment drsquoimpuissance devant les consommations probleacutema-tiques La consultation lui permet de se deacutecharger de ses craintes et de sa colegravere ailleurs que dans un face-agrave-face sans is-sue autrement que par la reacutepeacutetition des tentatives de controcircle et drsquoemprise La personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives pourra eacutegalement reacuteinteacutegrer une place de laquo conjoint raquo et pas uniquement de laquo malade raquo par rap-

107 Isabelle TAMIAN-KUNEGEL Le conjugal et le familial face agrave la probleacutematique alcoolique Approche centreacutee sur lentourage et lalcoolodeacutependance Chro-nique sociale 2015 174 p (Comprendre la socieacuteteacute)

108 Carmen BERNAND (dir) Deacutesirs drsquoivresse Al-cools rites et deacuterives Autrement 2000 p 51

106 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 107

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Theacuterapie familiale systeacutemique

La theacuterapie systeacutemique et la diversiteacute de ses approches permettent drsquointer-preacuteter les fonctions et le sens du symptocircme utiles pour accompagner lrsquoentourage des personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives

Les concepts de base en theacuterapie familiale systeacutemique

Systegraveme familial symptocircme et solutionDans lrsquoapproche des systegravemes (fami-liaux) se pose la question de la fonc-tion du symptocircme Si le comporte-ment addictif (symptocircme) reste un problegraveme crsquoest qursquoil peut ecirctre une solution dans le systegraveme sinon il au-rait disparu Certaines familles mettent en place des regravegles dysfonctionnelles afin de maintenir le systegraveme en homeacuteostasie Par exemple une femme qui se plaint de son eacutepoux et de ses conduites addictives aux conseacutequences difficiles agrave vivre aurait craint en mecircme temps si elle avait eacuteteacute avec un homme laquo sans problegraveme raquo que celui-ci la quitte Si elle reste avec cet homme qursquoelle deacutevalorise parfois crsquoest qursquoelle en a un beacuteneacutefice

Regravegles familiales dysfonctionnelles Jean-Franccedilois Croissant110 psycho-logue clinicien theacuterapeute familial deacutecrit quatre regravegles familiales dysfonc-tionnelles au sein de la famille

Regravegle du deacuteni minimisation par tous du problegraveme

Regravegle du silence le sujet doit ecirctre tenu cacheacute sous peine de honte ou de repreacutesailles

Regravegle de lrsquoisolement chacun doit se deacutebrouiller avec ses besoins et ses eacutemotions perte de la solidariteacute

Regravegle de la rigiditeacute fermeture du systegraveme sur lui-mecircme les regravegles doivent ecirctre rigides

Systegraveme et communicationLrsquohistoire de la penseacutee systeacutemique est indissociable de celle des theacuteories cyber-neacutetiques sciences de la communication et du controcircle par extension sciences de la signification et de la compreacutehen-sion des pheacutenomegravenes communicants

Pour Von Bertalanffy un systegraveme est laquo un ensemble de parties en interac-tion entre elles et avec leur milieu raquo

Pour De Saussure un systegraveme est laquo une totaliteacute organiseacutee fait drsquoeacuteleacute-ments solidaires ne pouvant ecirctre deacutefinis que les uns par rapport aux autres en fonction de leur place dans cette totaliteacute raquo

110 Jean-Franccedilois Croissant psychologue clinicien theacuterapeute familial formateur et superviseur en al-coologie et en theacuterapie familiale systeacutemique forma-teur en theacuterapie centreacutee sur les solutions et inspireacute par lrsquoanalyse transactionnelle directeur peacutedagogique de Peacutegase Processus Rennes et Saint-Brieuc

nose Eye-Movement Desensitization and Reprocessing - EMDR - Deacutesensibi-lisation et Retraitement par les Mouve-ments Oculaires etc) le sens du symp-tocircme pour lrsquoindividu est rechercheacute pour lrsquoaider agrave deacutevelopper de nouvelles res-sources plus efficaces

Approche inteacutegrative approche qui srsquoinspire de plusieurs approches theacutera-peutiques et le theacuterapeute utilise loutil

le plus efficace pour lrsquousager il peut uti-liser plusieurs outils en fonction des eacutetapes de lrsquoaccompagnement

Approche psychanalytique (psycha-nalyse psychotheacuterapie analytique) les origines du symptocircme pour lrsquoindividu sont rechercheacutees en preacutesupposant que ce processus va faire disparaicirctre le symptocircme

ZOOM

Carte familiale geacutenogramme et geacutenosociogrammeoutilS drsquoanalySe familiale

OrigineCrsquoest parce que lrsquoindividu nrsquoest pas vu comme le seul eacuteleacutement agrave observer que ces instruments drsquoanalyse de la structure familiale ont eacuteteacute creacuteeacutes dans les anneacutees 70 par les pionniers de la theacuterapie familiale

ObjectifDresser une image graphique plus ou moins succincte de lrsquohistoire familiale de la personne en lrsquoinscrivant dans du transgeacuteneacuterationnel non plus seule-ment horizontalement dans le preacute-sent mais verticalement agrave travers ses descendants et ascendants

PreacutesupposeacutesLrsquohistoire de la famille inf luence chaque individu transporte avec elle des valeurs des eacutemotions et des com-

portements transmis depuis des geacute-neacuterations

ApplicationsSelon lrsquoapprofondissement plus ou moins grand qui est rechercheacute ces outils permettent de scheacutematiser plu-sieurs geacuteneacuterations repeacuterer les dates cleacute (mariages naissances deacutecegraves deacutera-cinementhellip) les faits importants de lrsquohistoire de la vie de la famille (niveau drsquoeacutetudes professions seacuteparations remariages maladies probleacutematiques addictives suicide accidents deacutemeacutena-gements traumatismes incendies catastrophes deacutecegraves preacutematureacuteshellip) et les liens affectifs entre personnes

Ces outils offrent agrave la personne et au professionnel qui lrsquoaccompagne une repreacutesentation qui permet de srsquoins-crire dans une approche globale de la famille en identifiant et mesurant des liens entre des problegravemes actuels et des comportements des symptocircmes et interactions des eacuteveacutenements par-fois reacutepeacuteteacutes drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre

108 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 109

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

LE SENS DU SYMPTOcircME

Le symptocircme peut ecirctre le signe que la famille eacuteprouve des difficulteacutes agrave deacutepas-ser leacutetape actuelle de son cycle de vie ou des eacutevegravenements Il peut ecirctre lrsquoex-pression de la souffrance drsquoune famille toute entiegravere etou lrsquoexpression de souffrances passeacutees non-apaiseacutees Il peut correspondre agrave ce qui ne peut ecirctre dit dans lrsquoordinaire et servir de vecteur de parole y compris pour la famille Il peut permettre de sortir des secrets de famille de conflits de loyau-teacute de travailler sur une perception eacutemergeante moins douloureuse drsquoune reacutealiteacute ce qui peut ecirctre un des objectifs et un axe de travail theacuterapeutique importanthellip

POURQUOI COMMENT

Dans une famille srsquoopegravere souvent une confusion entre ce qui pose pro-blegraveme agrave savoir une addiction et lrsquoideacutee que lrsquoaddiction ou la personne pour-rait ecirctre le problegraveme Cette confusion ne facilite pas le changement pour la personne en probleacutematique addictive Lrsquoensemble familial ne peut srsquoentendre et lrsquoescalade symeacutetrique renforce les niveaux de mal-ecirctreEn travaillant la demande les profes-sionnels essaient de valider la souf-france de lrsquoentourage et de la per-sonne qui utilise le produit pour essayer de lrsquoapaiser Lrsquoeacutequipe profes-sionnelle souhaite ainsi faciliter le tra-vail theacuterapeutique sur les raisons de lrsquousage Lrsquoentourage et la famille ont des ressources Ils connaissent mieux que les professionnels leur histoire et leur contexte mecircme srsquoils peuvent faire partie des enjeux de lrsquousage

Les objectifs de la theacuterapie systeacutemique familiale

Tenter de rendre plus flexibles les regravegles de ce systegraveme afin que le laquo pa-tient raquo deacutesigneacute nrsquoait plus agrave jouer ce rocircle de stabilisateur sans qursquoaucun des pro-tagonistes ne se sente trop exposeacute drsquoabandonner ses croyances protec-trices forgeacutees par un veacutecu douloureux

Offrir un contexte de seacutecuriteacute af-fective qui permettra au systegraveme de vivre librement lrsquoexpeacuterience drsquoune autre modaliteacute relationnelle sans se sentir menaceacute

Aider le systegraveme agrave deacutefinir des laquo boucliers amovibles raquo plus adapteacutes et tout aussi opeacuterants que lrsquolaquo armure rigide et lourde raquo qursquoil utilise jusque-lagrave

ILLUSTRATION

Theacuterapie familiale en pratique au cSapa anpaa en vendeacutee

CONTEXTE Le CSAPA propose lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage des personnes ayant une conduite addictive Plu-sieurs types drsquoaccompagnement sont proposeacutes Lrsquoeacutetablissement considegravere que le travail de couple et de famille se pose en compleacutementariteacute de lrsquoen-tretien individuel En effet le systegraveme familial peut rendre difficiles le chemi-nement individuel et ses remanie-ments Crsquoest pourquoi lrsquoeacutequipe a voulu associer agrave lrsquoaccompagnement individuel l rsquoaccompagnement de couple et de famille Degraves 2004 une personne de lrsquoeacutequipe srsquoest formeacutee agrave la theacuterapie familiale et depuis 2015 un deuxiegraveme theacuterapeute familial a eacuteteacute re-cruteacute pour deacutevelopper la co-theacuterapie

OBJECTIFS Il ne srsquoagit pas seulement drsquoaccompa-gner les souffrances issues des addic-tions mais drsquoamener si possible le couple ou la famille agrave reacutefleacutechir au sens de ses symptocircmes Lrsquoapproche familiale peut permettre une autre deacutefinition de la situation de crise en termes interactionnels interperson-nels trans-geacuteneacuterationnels et favoriser une reacuteorganisation des processus rela-tionnels dans le reacuteseau familial Favoriser un autre regard de la famille sur le symptocircme addictif qui souvent a fait lrsquoobjet de la demande

110 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 111

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Conduites addictives et parentaliteacute crainte de la rupture des liens familiaux et impact sur lrsquoaccompagnement et les soins

Dans le contexte de parentaliteacute et de conduites addictives du patient le professionnel est souvent au centre drsquoune probleacutematique de prise de posi-tion ou du moins de reacuteflexion entre drsquoun cocircteacute la preacuteservation de la relation drsquoaccompagnement et de lrsquoautre le comportement de lrsquousager vis-agrave-vis de son conjoint ou ses enfants

Motivation aux soins pour la preacute-servation du lien avec lrsquoenfant pour certaines personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives le maintien de leurs liens parentaux que ce soit le droit de garde ou de visite de leurs enfants peut motiver lrsquoengagement dans les soins En particulier lorsque des mesures eacuteducatives relevant de la protection de lrsquoenfance sont engageacutees cet engagement dans les soins bien plus que motiveacute est parfois mecircme la condition du maintien de ces liens

Perception du risque de violences intrafamiliales hors de tout soin contraint les eacutequipes drsquoaccompagne-ment et de soins apprennent ou com-prennent parfois que des situations de violences existent la personne accompagneacutee est victime de violences ou est elle-mecircme auteure de vio-lence contre son conjoint ou ses en-fants notamment Certains professionnels ne mettront pas toujours en œuvre toutes les mesures adapteacutees de protection des personnes par fois par crainte de rompre la relation de confiance avec la personne et de perdre de vue cette personne engageacutee dans un processus de changement Or crsquoest ainsi que des situations par-fois graves ne font pas lrsquoobjet de signa-lement ou pas assez tocirct pour en reacute-duire les dommages Ces difficulteacutes ne sont pas rares et posent la question de lrsquoobjectif des soins et des conditions drsquoaccompagne-ment

ILLUSTRATION

Familles et incarceacuteration expeacuterimentation au cSapa reacutefeacuterent carceacuteral anpaa en lozegravere

Expeacuterimentation de septembre 2018 agrave juin 2019 agrave la maison drsquoarrecirct de Mende drsquoaccompagnement des fa-milles et des couples dont lrsquoun des membres est incarceacutereacute et en difficulteacute avec ses conduites addictives dans un objectif de diminution des risques de reacutecidive

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider la famillecouple agrave srsquoadapter agrave lrsquoincarceacuteration afin que celle-ci fasse eacutetape

Activer un processus drsquointeacuteriori-sation de la loi chez les famillescouples par la prise de conscience de la responsabiliteacute du condamneacute

Restaurer la communication lorsqursquoelle est conflictuelle ou sur un mode projectif (laquo crsquoest ta faute pas la miennehellip raquo)

Preacuteparer avec la famille la sortie du membre incarceacutereacute

MISE EN ŒUVRE

Les deacutetenus sont orienteacutes vers le CSAPA par le SPIP etou lrsquouniteacute sani-taire en milieu peacutenitentiaire lors de la commission pluridisciplinaire unique

Les deacutetenus sont rencontreacutes en entretien individuel Les profession-nels du CSAPA eacutevaluent la situation familiale ou de couple avec le deacutetenu communication entre les membres exercice des rocircles prise de risque capaciteacute agrave srsquoindividualiser conflit(s) frontiegraveres un besoin de laquo reacuteparer raquo sa faute etc

Si lrsquoentretien familial semble un mode drsquointervention adapteacute agrave la si-tuation le professionnel le propose au deacutetenu Srsquoil est drsquoaccord le deacutetenu informe les membres de la famille invi-teacutes agrave participer agrave lrsquoentretien

La planification et lrsquoorganisation de lrsquoentretien et lrsquoaccueil de la famille sont eacutelaboreacutes avec lrsquoadministration peacutenitentiaire

DEacuteROULEMENT

Entretiens familiaux ou de couple au sein de la maison drsquoarrecirct animeacutes par deux professionnels formeacutes agrave lrsquoapproche systeacutemique (un travailleur social et un psychologue)

Dureacutee par entretien 1h15 environ Rythme entretien tous les 15 jours

selon les contraintes peacutenitentiaires Lieu parloir de la maison drsquoarrecirct

112 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 113

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Par un continuum qui balaie les champs de la preacutevention en passant par la reacute-duction des r isques et dommages jusquaux soins et de la famille agrave len-tourage professionnel ou scolaire lou-vrage offre au lecteur une vision eacutelargie du sujetCe guide na pas vocation agrave deacutevelopper des theacuteories ou des concepts Il pro-pose agrave chaque professionnel des pistes de reacutef lexion avec des illustrations claires et documenteacutees il se veut pra-tique Chacun sera libre dapprofondir le sujet par ses lectures en sappuyant sur les reacutefeacuterences citeacutees Laction une laquo Affaire de famille raquo par sa diffusion

est un des outils de reacutefeacuterence qui pro-pose une formation des professionnels pour accompagner les familles et chaque personne agrave travers le prisme de la question intergeacuteneacuterationnelleLa question de lentourage pose sim-plement la question de lAutre celle de la place qui lui est donneacutee autant que celle quil saccorde lui-mecircme Des in-terrogations qui peuvent trouver reacute-ponse dans un jeu (laquo je raquo) toujours en eacutequilibre quand le processus daddic-tion est enclencheacute en srsquoappuyant sur les ressources de chacun pour trouver un eacutequilibre

MOT DE CONCLUSION

Ce guide a pour objectif daider chacun dans sa pratique et chaque eacutequipe de terrain agrave donner du sens agrave laccueil leacutecoute et laccompagnement qui est proposeacute agrave chaque membre de lentourage

GUIDE REPEgraveRES 115

ANNEXE

114 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

ENVIRONNEMENT FAMILIAL

NGUIMFACK L laquo Jrsquoai mal agrave ma famille raquo ou un enfant se drogue recomposition familiale et distorsion des frontiegraveres intrafamiliales Information Psychiatrique ndeg 93 310-316 (2017)

BELLON-CHAMPEL L VARESCON I Environnement familial et consommation de substances psychoactives agrave lrsquoadoles-cence facteurs de vulneacuterabiliteacute et drsquoadaptation Annales Meacutedico-Psycho-logiques ndeg 175 313-319 (2017)

CAPELIER F MINONZIO J BRODIEZ-DOLINO A Familles et vulneacuterabiliteacutes Dossier INFORMATIONS SOCIALES ndeg 188 1-121 (2015)

Addictions familles et entourage 72 p (Feacutedeacuteration Addiction 2012)

CASSEN M Dynamiques familiales et conduites addictives lrsquoexemple des toxicomanies LE JOURNAL DES PSY-CHOLOGUES ndeg 254 57-60 (2008)

MELIHAN-CHEININ P Familles et deacute-pendances eacuteleacutements de langage PSY-CHOTROPES ndeg 13 217-227 (2007)

CHATELARD C amp FACY F Alcool et familles 172 p (Editions EDK 2007)

KLEIN M Famille et deacutependance DEPENDANCES ndeg 2-3 (2004)

ROUSSAUX JP FAORO-KREIT B HERS D Lrsquoalcoolique en famille dimensions familiales des alcoolismes et implications theacuterapeutiques 312 p (De Boeck Universiteacute 2000 2e eacutedition)

PARENTALITEacute ET ADDICTIONS

Accompagnement agrave la parentaliteacute (dos-sier documentaire) Socieacuteteacute Franccedilaise de Santeacute Publique (2016) httpwwwsfspfrcontent-page111-dossiers-documentaires3097-accompa-gnement-a-la-parentalite-3097

Promouvoir la santeacute degraves la petite en-fance - Accompagner la parentaliteacute 194 p (INPES 2014)

DELAWARDE C BRIFFAULT X USU-BELLI L Aider les parents agrave ecirctre pa-rents Modegraveles et pratiques des pro-grammes lsquoevidence-basedrsquo drsquoaide agrave la parentaliteacute ANNALES MEDICO-PSY-CHOLOGIQUES ndeg 172 273-279 (2014)

ANNEXE BIBLIOGRAPHIE

116 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 117

ANNEXE

UEHLINGER C Quand lrsquoautre boit guide de survie pour les proches de personnes alcooliques 196 p (Editions Anne Carriegravere 2006)

TORDEURS D JANNE P amp KINAPPE A Qursquoest-ce que le coalcoolisme ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 303-310 (2002)

ANASTASSIOU V SCHWEITZER M amp SOKOLOW I Pour le meilleur et pour le pire pratique clinique et reacuteflexions theacuteoriques drsquoune theacuterapie de groupe de conjoints de malades alcooliques ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 53-62 (2002)

ENFANTS JEUNES

LAFAYE G Adolescence et addiction clinique et prise en charge In Traiteacute drsquoaddictologie 2e eacutedition 132-138 (La-voisier Meacutedecine 2016)

MELCHIOR M Psychopathologie et addiction des parents situation sociale et comportement de lrsquoenfant EURO-PEAN PSYCHIATRY ndeg 8 607-608 (2014)

FAORO-KREIT B Les enfants et lrsquoal-coolisme parental 290 p (Editions Eregraves 2011)

DURASTANTE R Adolescence et addictions De la crypte familiale au dispositif en tuilage Approche psycha-nalytique de la famille et du transgeacuteneacute-rationnel 279 p (De Boeck 2011)

ABDERHALDEN I amp GRAF M Entou-rage des enfants vivant dans des familles ayant un problegraveme drsquoaddiction beau-coup drsquoadultes pour quelles actions DEPENDANCES ndeg 40 15-22 (2010)

LUSSIER K amp LAVENTURE M Carac-teacuteristiques familiales associeacutees agrave lrsquoinitia-tion de psychotropes agrave lrsquoadolescence PSYCHOTROPES ndeg 3 49-70 (2009)

HAUTEFEUILLE M Grandir parmi les addictions quelle place pour lrsquoeacuteducation PSYCHOTROPES ndeg 3 5-7 (2009)

VENISSE J -L BRONNEC M amp GUILLOU M Inteacuterecirct de lrsquoapproche systeacutemique dans le soin des addictions du sujet jeune COURRIER DES AD-DICTIONS ndeg 3 77-79 (2007)

ASSAILLY J P Jeunes en danger Les familles face aux conduites agrave risques 248 p (Imago 2007)

ALLAIN-VOVARD J amp DEMARIA D Grandir dans lrsquoombre drsquoun parent alcoo-lique 112 p (Chronique Sociale 2007)

Enfants heacuteros ou boucs eacutemissaires quand les parents boiventhellip des enfants deacutelaisseacutes ADDICTIONS ndeg 9 10-15 (2005)

Comprendre la famille pour aider les adolescents en conduite addictive RE-VUE TOXIBASE ndeg 18 1-17 (2005)

MONGE J La drogue agrave la maison quand parents et enfants consomment laquo en chœur raquo PSYCHOTROPES ndeg 3-4 197-211 (2013)

MICHAUD P A AMBRESIN A E amp SURIS J C Quelle place pour les pa-rents dans la preacutevention du meacutesusage de substances DEPENDANCES ndeg 50 2-5 (2013)

Soutien agrave la parentaliteacute DEPENDANCES ndeg 50 16-30 (2013)

SALIBA-SFEIR C Parentaliteacute addiction et travail social 218 p (LrsquoHarmattan 2013)

SIMMAT-DURAND L GENEST L amp LEJEUNE C Les seacuteparations des megraveres consommatrices de substances psy-choactives de leurs enfants reacutesultats dans une cohorte reacutetrospective fran-ccedilaise PSYCHOTROPES ndeg 3 123-149 (2012)

SIMMAT-DURAND L Parentaliteacute et addiction in Addictologie clinique 169-185 (Presses Universitaires de France 2011)

GAUSSOT L LE MINOR L amp PALIERNE N Les styles eacuteducatifs parentaux et la consommation drsquoalcool des jeunes ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 205-213 (2011)

CHOQUET M Les parents face agrave la consommation de substances psychoac-tives des adolescents ACTUALITE ET DOSSIER EN SANTE PUBLIQUE ndeg 75 5-7 (2011)

MURIEL G Les pegraveres addicteacutes PSY-CHOTROPES ndeg 3-4 47-56 (2010)

MORISSETTE P amp VENNE M Parenta-liteacute alcool et drogues Un deacutefi multidisci-plinaire 272 p (CHU Sainte Justine 2009)

MORISSETTE P DEVAULT A amp BOURQUE S La paterniteacute dans un contexte de consommation maternelle abusive drsquoalcool et de drogues EN-FANCES FAMILLES GENERATIONS ndeg 11 1-24 (2009) httpideruditorgiderudit044119ar

STOCCO P Les femmes toxicomanes et la dimension familiale traitement et questions eacutethiques PSYCHOTROPES ndeg 3-4 251-265 (2007)

KAMMERER E Quand la megravere de famille consulte qursquoen penser que dire que faire COURRIER DES ADDICTIONS suppl au ndeg 1 43-48 (2005)

ANASTASSIOU V Les distorsions de la fonction parentale dans le systegraveme alcoolique ALCOOLOGIE ET ADDIC-TOLOGIE ndeg 3 191-199 (2003)

COUPLE

SIMMAT-DURAND L et al Vies de couple chez des personnes en sortie des addictions ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 1 47-56 (2016)

TAMIAN I Lrsquoaccueil et lrsquoeacutecoute du couple face agrave lrsquoalcoolo-deacutependance ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 33-41 (2013)

118 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 119

ANNEXE

SENEVIRATNE A amp DAEPPEN J B Implication de la famille dans le traite-ment de lrsquoalcoolodeacutependance ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 283-293 (2009)

MONJAUZE M amp DELROCQ C Comprendre et accompagner le patient alcoolique des entretiens individuels et familiaux au travail de groupe 208 p (In Press Editions 2008)

CASSEN M amp DELILE J-M Theacuterapies familiales et addictions nouvelles perspectives PSYCHOTROPES ndeg 3-4 229-249 (2007)

PALAZZOLO J Aidez vos proches agrave surmonter lrsquoalcoolisme 142 p (Hachette 2006)

WALLENHORST T Lrsquoaccompagnement du patient alcoolique et de ses familiers ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 231-236 (2003)

GOMEZ H Lrsquoalcoolique les proches et les soignants pour une autre pratique de lrsquoalcoologie 168 p (Editions Dunod 2003)

ALBUMS JEUNESSE

DUPIN Oamp DEMURO T Des ours dans la maison (Editions drsquoOrbestier agrave paraicirctre novembre 2018)

JUVIGNY H LABBE B amp LATYK O Papa a la maladie de lrsquoalcool 35 p (Milan Jeunesse 2008)

De SAINT MARS D amp BLOCH S Emilie nrsquoaime pas quand sa megravere boit trop 46 p (Calligram 2006)

JOSSET J amp RAPAPORT G Je ne suis pas un super heacuteros 16 p (Circonflexe 2004)

BEDOS L amp POIRIER P Tata boit 22 p (Michel Lafon Jeunesse 1998)

PREacuteVENIR SOUTENIR

BERGERON J Le rocircle des parents dans la preacutevention des conduites automobiles agrave risques des jeunes utilisateurs de can-nabis ADDICTION(S) RECHERCHES ET PRATIQUES ndeg 1 56-58 (2016)

Remettre les parents au cœur de la preacutevention RECHERCHE ET ALCOO-LOGIE ndeg 38 1-2 (2010)

ROMO L AUBRY C amp MARQUEZ S Groupe de parole pour lrsquoentourage de patients alcoolodeacutependants ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 63-66 (2009)

JEAMMET P Les parents premiers acteurs de la preacutevention LA SANTE DE LrsquoHOMME ndeg 398 25-26 (2008)

BESANCON F Drogues alcool en parler en famille 183 p (InterEditions-Dunod 2006)

GUGGENBUumlHL A Theacuterapie de groupe pour les enfants de familles toucheacutees par lrsquoalcool DEPENDANCES ndeg 23 8-10 (2004)

SEKERA E DANIS D GACHE P amp GABRIS G Aider les proches pour motiver les malades alcooliques agrave se soigner ALCOOLOGIE ET ADDICTO-LOGIE ndeg 1 47-49 (2003)

MIALON A Lrsquoaccompagnement de lrsquoentourage ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 2 194-198 (2001)

DUFOUR M-H amp NADEAU L Lrsquoeffi-caciteacute des programmes de preacutevention de la toxicomanie axeacutes sur les familles SANTE MENTALE AU QUEBEC ndeg 2 224-245 (1998) httpideruditorgiderudit032461ar

DOBKIN P L BEAUDOIN D amp BEAUDOIN J Briser le cycle inter-vention familiale pour les enfants de toxicomanes PSYCHOTROPES ndeg 3 53-67 (1997)

CROUZET C MAGGIA B BRINGUIER M BALMES J L Inteacuterecirct drsquoun accueil speacutecifique de lrsquoentourage familial du malade alcoolodeacutependant ALCOOLO-GIE ndeg 3 223-224 (1995)

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN

SHADILI G amp BOWEN J-F Un cas embleacutematique au sein drsquoune consultation jeune consommateur INFORMATION PSYCHIATRIQUE ndeg 93 125-130 (2017)

OBRADOVIC I Dix ans drsquoactiviteacute des laquo consultations jeunes consommateurs raquo TENDANCES ndeg 101 8 p (2015)

ANASTASSIOU V et al Un dispositif drsquoaccueil familial theacuterapeutique en alcoo-logie Historique et modaliteacutes AL-COOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 2 133-140 (2014)

MIERMONT J Pour une theacuterapie avec la famille COURRIER DES ADDIC-TIONS ndeg 4 10-13 (2012)

120 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 121

ANNEXE

OUTILSVideacuteos ndash Films ndash Podcast

Parentaliteacute et addictions (ANPAA 2016 1244)

Alcoolisme la souffrance des proches (Addiction Suisse 2016 829)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=sbjLU8FBn5E

Parents vers qui se tourner (Santeacute Publique France 2015 324)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=IEzufAZ_xf0amplist=PLl00syIAM v7Q l 2 s k s I q W1kYA N 8 I Tc _ 3 -Rampindex=12

Le portail franco-queacutebeacutecois Paren-taliteacute et deacutependances propose des res-sources videacuteos classeacutees par theacutematique httpwwwparentalite-dependancescomressources-accueil

Campagne drsquoinformation de preacute-vention des usages de drogues Parents laquo eacutecoutez dabord raquo (Drogues Info Service 2017 117)

httpwwwdrogues-info-servicefrAc-tualitesPrevention-des-usages-de-dro-gues-Parents-ecoutez-d-abordWs-8jx5c6_cs

Des videacuteos sur le site DROGBOX ht tp wwwdrogboxfr05-drog-a-lecran04-VIDEOS-DIVERSESpagephp

Playlists des campagnes INPES agrave visionner sur httpwwwdailymotioncomInpes

Un bateau ivre (documentaire de Kristell Menez)

httpwwwbalibaricomf ilmsun-ba-teau-ivre

Nos parents alcooliques France-Culture

httpswwwfranceculturefremissionssur-les-docks-14-15nos-parents-alcoo-liques

Sites internet

Forum de discussion pour lrsquoentourage sur

httpwwwalcool-info-servicefrL-al-cool-et-vos-proches

Parler de lrsquoalcoolisme (de son pegravere de sa megravere de son fregraverehellip)

httpwwwquandunparentboitbe

wwwparentsetaddictionch

wwwmamanboitch

httpbobyaddictionsuissech

122 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 123

NOTES

124 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

POUR EN SAVOIR PLUSanpaaassofr

Vos questions vos suggestionscontactanpaaassofr

Suivre lrsquoactualiteacute ANPAA et en addictologie

20 rue Saint-Fiacre 75002 ParisTeacutel 01 42 33 51 04

Guide reacutealiseacute avec la collaboration des membres de la commission des pratiques professionnelles de lrsquoANPAA Steacutephane Baghuelou chef de service dans lrsquoYonne Mireille Carpentier directrice reacutegionale en Basse Normandie Virginie Chauvey animatrice de preacutevention en Haute-Saocircne Annick Dessy psychologue dans la Marne Jamel Housni eacuteducateur speacutecialiseacute dans les Alpes de Haute-Provence Heacutelegravene Lapeyre assistante sociale en Gironde Thierry Larelle meacutedecin en Dordogne Marion Likiby Mbeba secreacutetaire dans le Rhocircne Marion Luxembourger psychologue en Ardegraveche Brice Mallet IDE en Pyreacuteneacutees-Atlantiques Agnegraves Merran secreacutetaire en Vendeacutee Noeacutemie Morlet animatrice de preacutevention dans lrsquoAube Laurence Roger IDE dans lrsquoOrne Marc Rondony meacutedecin coordinateur en Pyreacuteneacutees Orientales Angeacutelique Rozand meacutedecin coordinatrice dans la Drocircme et lrsquoArdegraveche Cathy Simon vice-preacutesidente de lrsquoANPAA Denis Turpin administrateur de lrsquoANPAA

Guide coordonneacute par Delphine Jarraud adjointe agrave la direction nationale des activiteacutes de lrsquoANPAA

Guide reacutealiseacute avec le soutien financier de la Direction Geacuteneacuterale de la Santeacute et de lrsquoAssurance Maladie

POUR PLUS DrsquoINFORMATIONS

Contactez lrsquoANPAA son siegravege ses directions reacutegionales ou ses eacutetablissementsToutes les coordonneacutees sur anpaaassofr

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Les conduites addictives ne sont pas seulement le teacutemoin de conflits intrapsychiques mais aussi une difficulteacute du lien de la relation Elles srsquoinscrivent dans une complexiteacute interrelationnelle ougrave le systegraveme familial et au sens large les relations sociales qui a deacutejagrave en geacuteneacuteral beaucoup œuvreacute ne sait pas ougrave aller chercher lrsquoinformation pertinente au changement Il srsquoagit donc en tant que professionnel du champ de lrsquoaddictologie drsquoopter pour une vision circulaire des interactions avec des formes drsquoaccompagnement et de soins incluant les entourages Il srsquoagit de prendre en compte toutes les parties prenantes des probleacutematiques addictives avec leurs fonctionnaliteacutes mais surtout leurs ressources potentielles et leur capaciteacute agrave laisser eacutemerger lrsquolaquo auto-solution raquo et leurs compeacutetences Car lrsquoimplication de lrsquoentourage aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sensibiliseacutes peuvent soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche drsquoaccompagnement

Ce guide porte sur lrsquoimportance de lrsquoentourage en preacutevention accompagnement et soins il propose des repegraveres pour les pratiques professionnelles des zooms des illustrations agrave travers des actions de terrain

Deacutecembre 2018

Page 7: Conduites addictives TRAVAILLER POUR ET AVEC LES …2/ conduites addictives, travailler pour et avec les personnes de l’entourage guide repÈres /3 sommaire considÉrer l’entourage

10 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 11

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Souffrances de voir lrsquoautre souffrir avec ses probleacutematiques addictives et de ne pas parvenir agrave srsquoen deacutefaire

Recherche et expeacuterimentation de toute une gamme de laquo solutions raquo drsquoaide

Sentiment drsquoimpuissance voire de culpabiliteacute avec de nombreuses inter-rogations comment en parler com-ment accompagner la personne com-ment la soutenir pour changer et permettre une reacuteduction des risques et des dommages encourus

Comportements et attitudes qui initient voire facilitent les conduites addictives du proche

Comportements qui accentuent le sentiment de difficulteacutes de la per-sonne addicte injonction controcircle agir agrave la place de lrsquoautre (lrsquoautre eacutetant estimeacute dans le deacuteni ou incapable drsquoagir de lui-mecircme) menace qui achegraveve drsquoalteacute-rer significativement la relation entre la personne addicte et son entourage et lrsquoidentiteacute de chacun

Ces attitudes et comportements sont ponctueacutes drsquoexpeacuterimentations de moda-liteacutes drsquoaide de recherches de solutions et de peacuteriodes de deacutecouragementCeci est la trame drsquoune difficulteacute sous-jacente celle de demander de lrsquoaide alors mecircme que lrsquoinquieacutetude devient permanente En effet la parole ne va pas de soi Crsquoest pourtant cette deacutemarche initiale pour ne pas dire initiatique qui permet-

tra agrave lrsquoentourage de renouer avec son individualiteacute Chaque membre de lrsquoen-tourage srsquoempare alors de sa propre difficulteacute tant physique que psychique pour parvenir agrave voir au-delagrave de lrsquoaddic-tion de lrsquoautre

Agrave RETENIR

Chaque membre de lrsquoentourage est un individu agrave part entiegravere qui neacutecessite une attention distincte de son proche en situation drsquoaddic-tion et un accompagnement pour prendre en compte et participer agrave la reacuteduction de sa souffrance propre

Chaque membre de lrsquoentourage fait partie du laquo systegraveme raquo de la probleacutematique addictive et doit ecirctre pris en compte dans lrsquoaccom-pagnement et les soins de la per-sonne en dif f iculteacute avec ses conduites addictives

Comme on dit que la personne addicte ne se reacuteduit pas agrave son ad-diction la personne qui entoure ne se reacuteduit pas et ne doit pas ecirctre reacuteduite agrave sa place drsquoentourage

La personne de lrsquoentourage laquo se rend malade raquo de la probleacutematique addictive de lrsquoautre et conseacutecutive-ment laquo se rend malade raquo du senti-ment de sa propre incapaciteacute agrave y remeacutedier et agrave aider lrsquoautre

Cette souffrance de lrsquoentourage ne peut pas ecirctre ignoreacutee mecircme si le patient deacutesigneacute laquo malade raquo nrsquoest pas demandeur de soins

1fraslthinsp2 LrsquoENTOURAGE SES DIFFICULTEacuteS ET SES RESSOURCES

1 DES RESSOURCES ET COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave RENFORCER

ABORDER LrsquoENTOURAGELes personnes qui composent lrsquolaquo entou-rage raquo jouent un rocircle essentiel dans la compreacutehension la preacutevention lrsquoaccom-pagnement et les soins en matiegravere de probleacutematique addictive drsquoun proche Les probleacutematiques addictives de tout individu impactent forceacutement les per-sonnes de lrsquoentourage agrave des degreacutes di-vers et de faccedilon variable selon le type de conduite addictive et selon les per-sonnes selon leur identiteacute et leurs liens Et inversement lrsquoentourage a un impact durant le processus de conduites addic-tives et de soins

Peu nombreuses sont les personnes de lrsquoentourage6 qui franchissent le pas de la demande drsquoaide et parfois tregraves voire trop tardivement Lagrave reacuteside toute la dif-ficulteacute drsquoapproche de lrsquoentourage alors que crsquoest souvent sur cet entourage que repose la sortie du deacuteni de la personne addicte et une part de la reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins

QUI EST Lrsquo laquo ENTOURAGE raquo Lrsquoentourage deacutesigne premiegraverement un

6 6 des 78 500 personnes accompagneacutees en CSAPA geacutereacutes par lrsquoANPAA en 2017

laquo ensemble de personnes vivant habi-tuellement aupregraves de quelqursquoun raquo Lrsquoen-tourage peut aussi se deacutefinir comme toute personne confronteacutee ou impli-queacutee dans les probleacutematiques addictives drsquoun tiers De prime abord on y voit les membres de la famille depuis le couple donc le conjointe les enfants jusqursquoaux ascendants et collateacuteraux puis les amis les collegravegues Ainsi pourrait aussi ecirctre impacteacute lrsquointervenant non speacutecialiseacute aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives du laquo meacutedecin de famille raquo (qui fait laquo partie de la fa-mille raquo) en passant par lrsquoentraicircneur sportif le CPE du collegravege le voisin lrsquoaide-soignante ou lrsquoassistante de vie du retraiteacute en prise addictive avec ses meacute-dicaments

LrsquoENTOURAGE UNE PERSONNE FRAGILISEacuteE MAIS EXPEacuteRIMENTEacuteELes personnes de lrsquoentourage sont glo-balement deacutemunies aupregraves drsquoun proche en difficulteacute avec ses conduites addic-tives pouvant passer du deacuteni agrave la pos-ture de laquo sauveur raquo Ces personnes se situent dans des attitudes et comporte-ments qui ne sont geacuteneacuteralement pas univoques

Deacuteni ou minimisation de la percep-tion des risques et des dommages pour la personne elle-mecircme comme pour les tiers qui lrsquoentourent

Souffrances lieacutees aux conseacutequences quotidiennes de la conduite addictive de leur proche instabiliteacute voire inseacute-curiteacute adaptations neacutecessaires pour y faire face

12 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 13

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

DES COMPEacuteTENCES PSYCHOSOCIALES Agrave VALORISER ET Agrave RENFORCER Les conditions de vie lrsquoenvironnement les facteurs biologiques les facteurs socio-culturels et eacuteconomiques pour tout individu entourage ou addict in-fluent sur la capaciteacute de la personne agrave reacutepondre avec efficaciteacute aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne Au-delagrave de sa relation avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addic-tives lrsquoentourage sera plus ou moins apte agrave aider lrsquoautre ou parfois srsquoextraire de la situation pour sa propre sauve-garde

Lrsquoaccumulation de souffrances lieacutees au proche addict peut conduire toute per-sonne de lrsquoentourage agrave un eacutetat de stress qui pourra deacuteborder ses capaciteacutes agrave agir pour lrsquoautre et lui-mecircmeDans le contexte de probleacutematique addictive que connaicirct lrsquoentourage les compeacutetences psychosociales acquises sont tregraves souvent abicircmeacutees en plusieurs endroits Amener lrsquoentourage agrave valori-ser reacutetablir et renforcer ses compeacute-tences crsquoest lui donner les moyens drsquoagir pour son propre mieux-ecirctre et pour le mieux-ecirctre de lrsquoautre plutocirct qursquoagrave pour-suivre une lutte contre lrsquoautre contre lrsquoaddiction de lrsquoautre

ZOOM

Les compeacutetences psychosociales7

Les compeacutetences psychosociales sont deacutefinies par lrsquoOrganisation Mondiale de la Santeacute (OMS) en 1993 comme eacutetant laquo la capaciteacute drsquoune personne agrave mainte-nir un eacutetat de bien-ecirctre subjectif lui permettant de reacutepondre positivement et efficacement aux exigences et aux eacutepreuves de la vie quotidienne raquo Le ren-forcement des CSP est ainsi clairement un eacuteleacutement fondamental de la promo-tion de la santeacute et du bien-ecirctre des personnes particuliegraverement quand ce problegraveme de santeacute est lieacute agrave un comportementCes compeacutetences essentielles et trans- culturelles sont eacutetroitement lieacutees agrave lrsquoestime de soi et aux compeacutetences relationnelles relation agrave soi et relation aux autres

7 laquo Deacutevelopper les compeacutetences psychosociales chez les enfants et les jeunes raquo La Santeacute en action ndeg 431 2015 pp 10-40

LrsquoOMS en identifie dix principales qui srsquoajustent par deux

Savoir reacutesoudre les problegravemes Savoir prendre des deacutecisions

Avoir une penseacutee critique Avoir une penseacutee creacuteative

Savoir communiquer efficacement Ecirctre habile dans les relations interpersonnelles

Avoir conscience de soi Avoir de lrsquoempathie pour les autres

Savoir geacuterer son stress Savoir geacuterer ses eacutemotions

Ces CSP peuvent ecirctre deacutefinies sous un autre angle agrave travers trois prismes

1 LES COMPEacuteTENCES SOCIALES

(ou interpersonnelles ou de com-munication)

Les compeacutetences de communica-tion verbale et non verbale ndash eacutecoute active expression des eacutemotions ca-paciteacute agrave donner et recevoir des re-monteacutees drsquoinformation et des reacuteac-tions

Les capaciteacutes de reacutesistance et de neacutegociation ndash gestion des conf lits capaciteacute drsquoaffirmation reacutesistance agrave la pression drsquoautrui

Lrsquoempathie crsquoest-agrave-dire la capaciteacute agrave eacutecouter et comprendre les besoins et le point de vue drsquoautrui et agrave exprimer cette compreacutehension

Les compeacutetences de coopeacuteration et de collaboration en groupe

Les compeacutetences de plaidoyer qui srsquoappuient sur les compeacutetences de persuasion et drsquoinfluence

2 LES COMPEacuteTENCES COGNITIVES

Les compeacutetences de prise de deacuteci-sions et de reacutesolution de problegravemes

La penseacutee critique et lrsquoauto-eacutevalua-tion qui impliquent de pouvoir analy-ser lrsquoinfluence des meacutedias et des pairs drsquoavoir conscience des valeurs atti-tudes normes croyances et facteurs qui nous affectent de pouvoir identi-fier les (sources) drsquoinformations perti-nentes

3 LES COMPEacuteTENCES

EacuteMOTIONNELLES

(ou drsquoautoreacutegulation)

Les compeacutetences de reacutegulation eacutemotionnelle ndash gestion de la colegravere et de lrsquoanxieacuteteacute capaciteacute agrave faire face agrave la perte agrave lrsquoabus et aux traumatismes

Les compeacutetences de gestion du stress qui impliquent la gestion du temps la penseacutee positive et la maicirc-trise des techniques de relaxation

Les compeacutetences favorisant la confiance et lrsquoestime de soi lrsquoauto-eacutevaluation et lrsquoautoreacutegulation

14 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 15

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

tentes les besoins le parcours de vie les compeacutetences les expeacuteriences de la personne de lrsquoentourage dans sa singu-lariteacute avec en ambulatoire un docu-ment individuel de prise en charge (au terme leacutegal on preacutefegraverera le terme laquo drsquoaccompagnement raquo) ou en reacutesiden-tiel un contrat de seacutejour9 10 11

Un dossier regroupant lrsquoensemble des informations formaliseacutees utiles agrave la qualiteacute de lrsquoaccompagnement et des soins12 directement accessible agrave lrsquousager dans le respect des dispositions leacutegisla-tives et reacuteglementaires

Le respect du secret des informa-tions le concernant avec un partage entre professionnels strictement neacuteces-saires agrave la coordination ou agrave la conti-nuiteacute des soins agrave la preacutevention ou agrave son suivi meacutedico-social et social dans le res-pect des dispositions leacutegislatives et reacute-glementaires13 14

Le droit agrave une information adapteacutee agrave sa capaciteacute de compreacutehension notam-ment sur ses droits et liberteacutes par la

9 L311-4 et D311 du CASF

10 Les attentes de la personne et le projet personna-liseacute ANESM 2008 52 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

11 Projet personnaliseacute document individuel de prise en charge ou contrat de seacutejour en CSAPA CAARUD ACT ANPAA 2016 5 p (Fiche Repegraveres)

12 Qualiteacute du dossier de lrsquousager en eacutetablissement meacutedicosocial relevant de lrsquoaddictologie ANPAA 2016 29 p (Guide Repegraveres)

13 Secret des informations et partage entre profes-sionnels ANPAA actualisation octobre 2016 6 p (Fiche Repegraveres)

14 L1110-4 du CSP

remise systeacutematique et commenteacutee de la charte des droits et liberteacutes et son annexe15 le livret drsquoaccueil16 et le regravegle-ment de fonctionnement17 de lrsquoeacutetablis-sement

Le droit agrave lrsquoexpression et la participa-tion de chaque usager18 19 relativement au fonctionnement de lrsquoeacutetablissement

LE RESPECT DU SECRET DES INFORMATIONS PERSONNELLES DE LrsquoUSAGER PAR RAPPORT Agrave SON ENTOURAGEDans les eacutetablissements meacutedico-sociaux en addictologie de type CSAPA au-cune information ne doit ecirctre com-muniqueacutee agrave un tiers de lrsquoentourage quelle que soit la position de lrsquoentou-rage vis-agrave-vis de lrsquoeacutetablissement Mecircme si les demandes drsquoinformation des personnes de lrsquoentourage sont freacute-quentes elles ne peuvent aboutir agrave ou-trepasser ce droit Par exemple

laquo Est-ce que mon mari est bien venu agrave sa consultation aujourdrsquohui car il nrsquoal-lait pas tregraves bien et srsquoil est venu je ne suis pas certaine qursquoil vous ait tout dit raquo de la part drsquoune eacutepouse soucieuse

15 L311-4 du CASF et arrecircteacute du 8 septembre 2003

16 L311-4 du CASF et circulaire DGASSD ndeg 2004-138 du 24 mars 2004

17 L311-7 du CASF et deacutecret du 14 novembre 2003

18 L311-4 du CASF et deacutecrets du 25 mars 2004 et du 2 novembre 2005

19 La participation des usagers dans les eacutetablissements meacutedico-sociaux relevant de lrsquoaddictologie ANESM 2010 96 p (Recommandations de bonnes pratiques professionnelles)

2 LrsquoENTOURAGE UN USAGER DE LrsquoEacuteTABLISSEMENT COMME UN AUTRE AVEC LES MEcircMES DROITS

LES DROITS DE LrsquoENTOURAGE EN EacuteTABLISSEMENT MEacuteDICO-SOCIAL EN ADDICTOLOGIELes centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) ont ceci de particulier par rap-port aux eacutetablissements de santeacute en addictologie comme un hocircpital par exemple qursquoils ont pour mission de srsquoadresser aux personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives comme agrave leur entourage Leurs droits en tant

qursquousagers drsquoeacutetablissement meacutedico-so-cial sont inscrits dans la loi 2002-28

Le respect de la digniteacute de la vie pri-veacutee de lrsquointimiteacute de la seacutecuriteacute et de lrsquointeacutegriteacute de la personne

Le libre choix parmi les prestations adapteacutees qui lui sont proposeacutees par exemple agrave domicile ou en eacutetablissement

Le droit agrave un projet personnaliseacute drsquoaccompagnement et de soins co-construit prenant en compte les at-

8 Ensemble des droits preacutesenteacutes agrave lrsquoarticle L311-3 du CASF

Agrave RETENIR

Dans le continuum de la promo-tion de la santeacute consideacuterer lrsquoentou-rage crsquoest

Repeacuterer les personnes de lrsquoentou-rage vivant des difficulteacutes lieacutees agrave une personne proche ayant des probleacutema-tiques addictives

Eacutevaluer ou situer leurs difficulteacutes plus ou moins apparentes et graves induites ou supposeacutees induites for-muleacutees ou pas par les conduites ad-dictives du proche

Prendre en compte ces personnes qui font laquo systegraveme raquo avec les probleacute-matiques addictives et srsquoappuyer sur leurs expeacuteriences capaciteacutes et diffi-culteacutes agrave agir dans la situation

Rencontrer les personnes de lrsquoen-tourage le plus rapidement possible dans lrsquoaccompagnement de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites additives pour diminuer leur culpabi-liteacute et le sentiment drsquoimpuissance apregraves en geacuteneacuteral avoir le sentiment drsquolaquo avoir tout essayeacute raquo

Accompagner les personnes de lrsquoentourage pour leur permettre de se mettre en position laquo meacuteta raquo de prise de recul pour prendre conscience de ce qui se passe de ma-niegravere systeacutemique et pas seulement pour lrsquoautre en diff iculteacute avec ses conduites addictives

Accompagner les personnes de lrsquoentourage vise agrave deacutevelopper laquo les solutions qui marchent raquo parmi celles deacutejagrave expeacuterimenteacutees ce qui redonne une estime de soi

16 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 17

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

A contrario un compte-rendu drsquohos-pitalisation ou des reacutesultats biologiques par exemple issus drsquoun eacutetablissement ou professionnel de santeacute verseacutes au dossier de lrsquousager sont transmissibles puisqursquoils sont issus drsquoun tiers interve-nant dans la prise en charge

POUR ALLER PLUS LOIN

La collection Repegraveres ANPAA22

Notamment

Le Guide Repegraveres ANPAA laquo Qualiteacute du dossier de lrsquousager et eacutetablissement meacute-dico-social relevant de lrsquoaddictologie raquo septembre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Secret des informations et partage entre pro-fessionnels raquo ANPAA actualisation octobre 2016

La Fiche Repegraveres laquo Reacutepondre agrave la demande drsquoaccegraves direct agrave son dossier de lrsquousager raquo feacutevrier 2017

22 Toute la collection Repegraveres de lrsquoANPAA Fiches et Guides teacuteleacutechargeable gratuitement sur httpwwwanpaaassofrsinformercollection-reperes-pour-les-professionnels

laquo LA PERSONNE DE CONFIANCE raquo UN DROIT QUI PEUT EcircTRE UNE AMBIGUIumlTEacute DANS LrsquoACCOMPAGNEMENT ET LES SOINS EN ADDICTOLOGIELes dispositions relatives agrave la laquo personne de confiance raquo institueacutee agrave lrsquoorigine dans le champ sanitaire sont eacutetendues par la loi au champ social et meacutedico-social Ainsi toute personne majeure prise en charge dans un eacutetablissement ou un ser-vice social ou meacutedico-social23 a le droit de deacutesigner une personne de confiance qui si elle le souhaite lrsquoaccompagnera dans ses deacutemarches afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Les missions de la laquo personne de confiance raquo aupregraves de lusager

Accompagner et ecirctre preacutesent au-pregraves de lrsquousager si celui-ci le souhaite agrave lrsquoentretien preacutevu lors de la conclusion du contrat de seacutejour pour rechercher son consentement agrave ecirctre accueillie dans lrsquoeacutetablissement drsquoheacutebergement (en preacute-sence du directeur de lrsquoeacutetablissement ou toute autre personne formellement deacutesigneacutee par lui et chaque fois que neacute-cessaire) La personne de confiance sera la seule personne de lrsquoentourage agrave avoir le droit drsquoecirctre preacutesente agrave cet entretien

23 Deacutecret no 2016-1395 du 18 octobre 2016 fixant les conditions dans lesquelles est donneacutee lrsquoinformation sur le droit de deacutesigner la personne de confiance mention-neacutee agrave lrsquoarticle L 311-5-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles

laquo Avez-vous pu parler agrave mon fils de sa consommation de cannabis car ses reacute-sultats scolaires srsquoeacutecroulent et je suis tregraves inquiegravete de ses freacutequentations raquo de la part drsquoun pegravere inquiet

Les questions de lrsquoentourage qursquoelles soient formuleacutees de faccedilon directe ou indirecte par teacuteleacutephone ou dans le cadre drsquoentretien ne peuvent donner lieu agrave aucun commentaire ou informa-tion concernant la personne usagegravere de produits addictifsEt inversement la personne addicte ne pourra acceacuteder agrave aucune information relevant de son entourage accompagneacute au sein de lrsquoeacutetablissement ou ayant com-muniqueacute avec lrsquoeacutetablissement20Lrsquoeacutetablissement doit tout mettre en œuvre pour que les personnes dia-loguent entre elles

En effet laquo Toute personne prise en charge par un professionnel de santeacute un eacutetablissement ou un des services de santeacute deacutefinis au livre III de la sixiegraveme partie du preacutesent code un professionnel du secteur meacutedico-social ou social ou un eacutetablissement ou service social et meacute-dico-social mentionneacute au I de lrsquoarticle L 312-1 du code de lrsquoaction sociale et des familles a droit au respect de sa vie priveacutee et du secret des informations le concernant Excepteacute dans les cas de deacuterogation expresseacutement preacutevus par la loi ce secret couvre lrsquoensemble des in-formations concernant la personne venues agrave la connaissance du profession-nel de tout membre du personnel de

20 L1111-7 du CSP

ces eacutetablissements services ou orga-nismes et de toute autre personne en relation de par ses activiteacutes avec ces eacutetablissements ou organismes Il srsquoim-pose agrave tous les professionnels interve-nant dans le systegraveme de santeacute raquo21

LE DROIT DrsquoACCEgraveS DIRECT DE LrsquoUSAGER Agrave SON DOSSIERLrsquousager qursquoil soit laquo patient raquo ou laquo en-tourage raquo a le droit agrave un accegraves direct agrave son dossier Toutefois il est neacutecessaire de bien cerner le type drsquoinformation dont il est question et sa source En matiegravere de droit agrave lrsquoaccegraves direct au dos-sier seules sont accessibles les informa-tions personnelles et non les informa-tions concernant lrsquoentourage

Sont exclues du dossier accessible agrave lrsquousager les informations mentionnant qursquoelles ont eacuteteacute recueillies aupregraves drsquoun tiers nrsquointervenant pas dans la prise en charge theacuterapeutique ou concernant un tel tiers Illustrations - Sont exclues non pas du dossier mais des informations acces-sibles

Lrsquoinformation recueillie aupregraves de lrsquousager mentionnant que son pegravere avait une probleacutematique addictive que son conjoint a des comporte-ments violents Lrsquoinformation communiqueacutee par la conjointe du consultant mentionnant que celui-ci ne peut pas honorer son rendez-vous compte tenu de sa sur-consommation drsquoalcool ce jour

21 L 1110-4 - point I du CSP

18 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 19

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

vous La personne de confiance pourra ecirctre la personne-ressource pour assurer un retour en toute seacutecuriteacute au domicile Dans la pratique professionnelle le do-cument individuel drsquoaccompagnement24 eacutetant un outil ameneacute agrave ecirctre reacuteguliegravere-ment renouveleacute autant que neacutecessaire et a minima annuellement pour ce qui est de son avenant ce peut ecirctre lrsquoocca-sion de parler avec le consultant de la personne de confiance deacutesigneacutee agrave re-nouveler ou pas

24 Deacutecret ndeg 2004-1274 du 26 novembre 2004 relatif au contrat de seacutejour ou document individuel de prise en charge preacutevu par larticle L 311-4 du code de laction sociale et des familles

Agrave RETENIR

Tout consultant en eacutetablisse-ment meacutedico-social a les mecircmes droits personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives ou per-sonnes de lrsquoentourage notamment au regard du secret des informa-tions

Lrsquoobjectif des professionnels est drsquolaquo outiller raquo chacune des parties personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives et son entou-rage afin de

Leur permettre de (re)communi-quer ensemble et retisser si neacute-cessaire les liens de confiance drsquoaffection de coopeacuteration par-fois laquo abimeacutes raquo par la situation

Permettre aussi de fluidifier les enjeux drsquoinformation laquo secregravetes raquo confieacutees aux professionnels ac-compagnant (de la secreacutetaire au meacutedecin en passant les profes-sionnels socio-eacuteducatifs et para-meacutedicaux les psychologues) sous la formule bien souvent entendue laquo vous ne lui direz pas maishellip raquo

Accompagner lrsquousager dans ses deacute-marches lieacutees agrave sa prise en charge so-ciale ou meacutedico-sociale afin de lrsquoaider dans ses deacutecisions

Aider lrsquousager agrave la compreacutehension de ses droits La personne de confiance est consulteacutee par lrsquoeacutetablissement au cas ougrave lrsquousager rencontre des difficulteacutes dans la connaissance et la compreacutehension de ses droits Cette consultation nrsquoa pas vocation agrave se substituer aux deacutecisions de lrsquousager

Elle a un devoir de confidentialiteacute concernant les informations meacutedicales qursquoelle a pu recevoir et les directives anticipeacutees de lrsquousager elle nrsquoa pas le droit de les reacuteveacuteler agrave drsquoautres personnes

Qui peut ecirctre personne de confiance Deacutesigner une personne de confiance relegraveve de la seule deacutecision personnelle de lrsquousager Celui-ci peut deacutesigner en tant que laquo personne de confiance raquo toute personne majeure de son entou-rage en qui il a confiance par exemple un membre de sa famille un proche son meacutedecin traitant Il srsquoagit drsquoune deacutemarche reacutefleacutechie agrave deux

Il est important que lrsquousager eacutechange avec la personne qursquoil souhaite deacutesigner avant de remplir le formulaire de deacutesi-gnation et de lui faire part de ses sou-haits par rapport agrave sa future mission Il est impor tant que la personne de confiance ait la possibiliteacute de prendre connaissance de son futur rocircle et drsquoen mesurer sa porteacutee

Attention la personne que lrsquousager souhaite deacutesigner doit donner son ac-

cord agrave cette deacutesignation Elle peut refu-ser drsquoecirctre la personne de conf iance deacutesigneacutee par lrsquousager ou contresigner le formulaire de deacutesignation preacutevu agrave cet effet

Les difficulteacutes de mise en œuvre de ce droitLa place de la personne de confiance dans un accompagnement peut revecirctir une certaine ambiguiumlteacute dans le cadre drsquoun accompagnement en addictologie

Ce droit est fondamental pour tout usager dans le champ meacutedico-social par exemple pour lrsquoentreacutee en eacutetablissement drsquoheacutebergement pour personnes acircgeacutees deacutependantes ou en appartement de coordination theacuterapeutique Toutefois il peut ecirctre deacutelicat dans le contexte drsquoaccompagnement ambulatoire en CSAPA ou en CAARUD En effet dans ce contexte les relations de la personne de confiance avec lrsquousager peuvent eacutevo-luer neacutegativement voire se rompre notamment dans une situation de co-deacutependance

Une vigilance particuliegravere doit donc accompagner lrsquoinformation obligatoire de lrsquousager sur ce droit notamment par la remise drsquoune notice drsquoinformation Il convient de bien srsquoassurer de la liberteacute de choix de lrsquousager sans contrainte implicite ou explicite de son entourage

En pratique malgreacute ses eacuteventuelles

ambiguiumlteacutes agrave lever cette personne de confiance peut ecirctre un relais essentiel en cas drsquoune situation agrave risque ou com-plexe par exemple une consommation massive constateacutee lors drsquoun rendez-

20 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 21

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

Scheacutema26 deS facteurS conStitutifS de lrsquoaddic-tion danS le modegravele trivalent de c olievenStein

ADDICTION UNE PROBLEacuteMATIQUE DU LIENLes probleacutematiques addictives ne sont pas reacuteductibles agrave des probleacutematiques neurologiques Elles sont aussi le reflet de la difficulteacute relationnelle de lrsquoindividu aux autres voire au groupe social entier au premier rang desquels lrsquoentourage tient une place complexe avant dans et apregraves le processus addictif

Degraves le premier contact du beacutebeacute et de son ou ses parents la qualiteacute des inte-ractions fonde la capaciteacute ulteacuterieure de lrsquoindividu agrave se construire dans une bonne

26 Charles ROZAIRE et al laquo Quest-ce que laddic-tion raquo Archives de Politique Criminelle ndeg 31 2009 pp 9-23

perception et conscience de soi et agrave ajuster de faccedilon satisfaisante sa relation agrave la reacutealiteacute exteacuterieureSelon la theacuteorie de lrsquoattachement de John Bowlby tout au long de son exis-tence lrsquoindividu cherche agrave satisfaire un besoin fondamental de seacutecuriteacute appeleacute laquo besoin social primaire raquo donneacute par la qualiteacute des inteacuteriorisations construites sur les bases comportementales rassu-rantes de la petite enfance27 Cette seacutecu-riteacute est donneacutee degraves la naissance par la proximiteacute de figures drsquoattachement at-tentives au besoin de protection du beacutebeacute La personne garde en elle le be-soin de figures drsquoattachement auxquelles elle peut avoir recours en preacutesence de certains dangers ou drsquoexpeacuteriences dou-loureuses de son existence Ces figures drsquoattachement inteacuterioriseacutees au cours du

27 John BOWLBY Lrsquoattachement t1 PUF 1969 540 p

1fraslthinsp3 ENTOURAGE ET ADDICTIONS

LA DEacutePENDANCE EN QUESTION

Lrsquousage de produits psychotropes existe de tout temps et se rencontre en toute socieacuteteacute Lrsquoapeacuteritif entre amis le cham-pagne pour fecircter les heureux eacuteveacutene-ments de la vie le joint qui tourne en soireacutee les parties de jeux collectifs en ligne ou lrsquoexcitation drsquoun parieur sur un champ hippique sont des facteurs de socialisation mecircme srsquoils ne sont en rien indispensables Source de plaisir indivi-duel comme collectif ils peuvent prati-queacutes avec excegraves avec perte de controcircle ou dans certaines circonstances ecirctre facteurs de risques voire causes de dommages pour soi ou des tiersAinsi les probleacutematiques addictives re-lient la personne addicte et son entou-rage dans des rapports divers allant de la convivialiteacute aux risques et dommagesComment recouvrer la liberteacute est sans doute la question inconsciente et impli-cite de tout entourageIl srsquoagit drsquoappreacutehender les cleacutes de cette souffrance et de cet isolement pour agir ensuite en preacutevention et en accompa-gnement

1 LrsquoENTOURAGE AU CŒUR DE LA PATHOLOGIE DU LIEN

Travailler pour et avec lrsquoentourage drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives conduit agrave mettre en lumiegravere sa place dans le laquo systegraveme raquo de la pro-bleacutematique addictive du proche

ENTOURAGE PARTIE PRENANTE DE LA TRIVALENCE DE LrsquoADDICTION Trois facteurs dimensionnels inter-viennent dans la vulneacuterabiliteacute aux conduites addictives la personne le contexte socioculturel et lrsquoobjet de la deacutependance comportement ou subs-tance psychoactive Crsquoest le modegravele tri-valent et bio-psycho-social de Claude Olievenstein laquo La toxicomanie surgit agrave un triple carrefour celui drsquoun produit drsquoun moment socioculturel et drsquoune per-sonnaliteacute Ce sont lagrave trois dimensions eacutegalement constitutives raquo25Cette approche tr idimensionnelle confegravere un rocircle deacuteterminant au contexte socioculturel au premier rang duquel se trouvent les personnes de lrsquoentourage

25 Claude OLIEVENSTEIN La drogue ou la vie Ro-bert Laffont 1983 260 p

FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX

FamiliauxAnteacuteceacutedents

FonctionnementEacuteducation

Eacuteveacutenements sociauxInfluence des pairs

Groupe social

FACTEURS LIEacuteS Agrave LA SUBSTANCE

Potentiels de deacutependance

Conseacutequences meacutedicales psychologiques sociales

Statut social de substance

FACTEURS INDIVIDUELS

GeacuteneacutetiquesNeurobiologiques

PsychologiquesPsychiatriques

Eacuteveacutenements de vie

22 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 23

CONSIDEacuteRER LrsquoENTOURAGE DE PERSONNES EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES

PROCESSUS DE DEacutePENDANCELa deacutependance traduit la perte de liber-teacute du sujet qui ne peut srsquoempecirccher de consommer le produit ou de de se livrer agrave sa conduite addictiveLe processus de deacutependance met en jeu trois eacuteleacutements qui srsquoauto-renforcent

Le lien entre la substance ou le comportement expeacuterimenteacute et le plaisir ressenti La premiegravere expeacute-rience de plaisir subjectif ressenti est selon le sujet le produit le moment et le contexte deacuteterminant pour lrsquoentreacutee en conduite reacuteguliegravere voire deacutependance Le plaisir rechercheacute associe sensations stimulations et aussi une forme drsquoanes-theacutesie (physique et psychique) et drsquooubli de soi et des autres de faccedilon variable selon le produit et lrsquoindividu

Le craving pheacutenomegravene de stimula-tion du systegraveme de reacutecompense par la recherche effreacuteneacutee du produit pour obtenir un eacutetat de satisfaction ou pour reacutepondre agrave une sensation interne dou-loureuse

La toleacuterance expression du pheacuteno-megravene drsquoaccoutumance physique et psy-chique au produit Elle neacutecessite pour lrsquousager de recourir agrave de plus fortes doses de produits ou plus freacutequem-ment pour obtenir un plaisir aussi in-tense voire plus intense ou varieacute La toleacuterance implique aussi la notion de sevrage qui pousse le sujet agrave recourir au produit pour ne pas ressentir le manque

Agrave RETENIR

La personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est mar-queacutee par une vulneacuterabiliteacute rela-tionnelle qui preacuteexiste agrave lrsquoaddiction et qui nrsquoen est pas la seule cause

Cette vulneacuterabiliteacute accentueacutee par le processus addictif va geacuteneacute-ralement entrer en reacutesonnance avec les personnes de lrsquoentourage et leurs propres constructions indi-viduelles

deacuteveloppement preacutecoce neacutecessitent drsquoecirctre seacutecurisantes rassurantes stables et diffeacuterencieacutees pour permettre au su-jet de srsquoy reacutefeacuterer au besoin dans les ex-peacuteriences de la vie et en relation avec les autres

Le deacutefaut drsquointeractions srsquoexprime en termes de qualiteacute de permanence et de varieacuteteacutes des figures drsquoattachement au cours du deacuteveloppement preacutecoce de lrsquoenfant grevant eacuteventuellement son capital de seacutecuriteacute et de confiance Lrsquoin-dividu pourra souffrir drsquoun deacutefaut drsquoan-crage affectif seacutecure et stable Les relations agrave lrsquoautre seront rarement satisfaisantes les aleacuteas des rapports humains et du groupe social eacutetant veacutecus comme un abandon Selon le terme de Winnicott lrsquoindividu subit des alteacuterations plus ou moins seacute-vegraveres du laquo sentiment continu drsquoexister raquo Le produit ou le comportement addictif est alors un objet de substitution mo-mentaneacutement eacutequilibrant ou satisfaisant qui comble un vide Lrsquoindividu accegravede agrave une conduite addictive comportemen-tale ou avec produit afin de se procurer un plaisir immeacutediatement neacutecessaire et drsquoabaisser sa tension (homeacuteostasie)

2 PROCESSUS DE DEacutePENDANCE ET PLACE DE LrsquoENTOURAGE

ADDICTIONS DE QUOI PARLE-T-ON laquo Dans le champ de la santeacute une conduite de consommation un com-portement ou une passion jusqursquoalors sans retentissement dommageable de-vient une addiction agrave lrsquoapparition des conseacutequences neacutegatives pour le sujet son entourage ou la socieacuteteacute raquo28 Lrsquoaddiction est un laquo processus par lequel un comportement pouvant agrave la fois per-mettre une production de plaisir et drsquoeacutecarter ou drsquoatteacutenuer une sensation de malaise interne est employeacutee de faccedilon caracteacuteriseacutee par lrsquoimpossibiliteacute reacutepeacuteteacutee de controcircler ce comportement et sa poursuite en deacutepit de la connais-sance de ses conseacutequences neacutega-tives raquo29 Elle srsquoapplique aux conduites avec produits ou comportements

La conduite addictive est une solu-

tion avant de devenir un problegraveme elle est une solution agrave une souffrance agrave la fois individuelle et du systegraveme de vie de la personne crsquoest une solution intrapsy-chique et relationnelle qui va devenir problegraveme

28 Addictionnairecopy Reacuteflexion seacutemantique en addicto-logie ANPAA 2017 37 p

29 Michel REYNAULT Philippe-Jean PARQUET Gilbert LAGRUE Les pratiques addictives usage nocif et deacute-pendances aux substances psychoactives rapport remis au secreacutetaire drsquoEtat agrave la santeacute DGS 1999 p 15 et p 37

GUIDE REPEgraveRES 25

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

24 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Les programmes et actions de preacuteven-tion sur le thegraveme de lrsquoentourage peuvent srsquointeacutegrer dans diffeacuterentes dimensions

Preacutevention universelle en commu-niquant sur les impacts sur lrsquoentourage des conduites addictives et en particu-lier sur la famille mais aussi sur les mo-daliteacutes drsquoaccueil de lrsquoentourage dans les structures speacutecialiseacutees

Preacutevention seacutelective met en jeu une sensibilisation aupregraves drsquoun public direc-tement concerneacute par le renforcement des compeacutetences psychosociales en par-ticulier des jeunes soutien des enfants en dif f iculteacute conseacutecutivement aux

conduites addictives de leurs parents soutien des conjoints soutien agrave la fonc-tion parentale en prenant appui sur

Des supports drsquoinformation deacutedieacutes comme des brochures ou information en ligne

Lrsquoorganisation de confeacuterences-deacutebats groupes de paroles et autres eacutevegravene-ments

Preacutevention cibleacutee par des actions mises en œuvre speacutecifiquement aupregraves de lrsquoentourage des personnes preacutesen-tant une conduite addictive

Un objectif pratique et fondamental la capacitation ou empowerment est

ANNEXES

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

1 LE RISQUE DE CO-DEacutePENDANCE 2 LE RISQUE DE TRANSMISSION

INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE 3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

Il srsquoagit drsquoenvisager deux champs essentiels drsquoactions touchant aux probleacutema-tiques de lrsquoentourage la parentaliteacute et les pairs et un mode drsquoaction mobi-liser des outils et surtout des professionnels autour de lrsquoaction

26 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 27

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp1 thinspLE RISQUE

DE CO-DEacutePENDANCE

1 LA CO-DEacutePENDANCE

La distorsion relationnelle de co-deacutepen-dance srsquoexprime particuliegraverement dans le champ des addictions Il existe une forme singuliegravere de deacutepen-dance la deacutependance relationnelle qui induit aussi une co-deacutependance directe agrave lrsquoautre avec une construction relation-nelle tregraves perturbeacutee Forme de conduite addictive la deacutependance relationnelle au lieu de transiter par un produit ou un comportement srsquoattache directement agrave lrsquoautre

Des deacutefinitions La co-deacutependance est un ensemble

de comportements que la personne de lrsquoentourage drsquoun individu en difficulteacute avec ses conduites addictives adopte presque sans srsquoen rendre compte pour faire face agrave la deacutependance de leur proche et lutter contre ou amoindrir les conseacutequences subies de lrsquoaddiction

La co-deacutependance est une adaptation agrave la situation de deacutependance et ses conseacutequences dans la conviction qursquoau-cune autre solution contre lrsquoaddiction de lrsquoautre nrsquoest possible

FORMES DE CO-DEacutePENDANCECe comportement de co-deacutependance peut prendre plusieurs formes plus ou moins marqueacutees comme31

31 Source httpswwwstop-alcoolch

Sur le registre du controcircle Une perte drsquoidentiteacute tendance agrave

vouloir prendre la place de la personne deacutependante en controcirclant toute sa sphegravere de vie entraicircnant la deacuteresponsa-bilisation voire lrsquoinfantilisation de la per-sonne deacutependante Une tendance agrave lobsession obses-

sion par la substance non pas par envie de consommer mais par inquieacutetude pour la personne deacutependante Une tendance agrave deacuteformer la reacutealiteacute

mentir parfois agrave des tiers (employeur amis famille) pour laquo couvrir raquo les ab-sences colegraveres manquements divers Effacer les traces des conseacutequences neacutegatives lieacutees agrave la consommation (deacute-sordre bouteilles vides etc) Effet in-duit la personne deacutependante ne voit ainsi pas certaines conseacutequences neacutega-tives de sa consommation Un sentiment de honte tentative de

maicirctrise de lrsquoimage donneacutee agrave lrsquoexteacuterieur en niant en cachant en transformant la reacutealiteacute de la vie quotidienne Cela tra-duit une difficulteacute voire incapaciteacute agrave affronter le jugement des tiers agrave lrsquoeacutegard de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives comme agrave lrsquoeacutegard de lrsquoentourage lui-mecircme les conduites ad-dictives eacutetant encore lrsquoobjet de preacutejugeacutes (vice manque de volonteacute perte de controcirclehellip) profondeacutement ancreacutes Une incapaciteacute agrave pouvoir deacuteleacuteguer

une tacircche la personne co-deacutependante a le sentiment de faire mieux plus vite etc En faisant agrave la place de lrsquoautre elle lui nie sa capaciteacute drsquoagir

viseacutee crsquoest-agrave-dire un laquo processus dans lequel des individus et des groupes agissent pour gagner la maicirctrise de leurs vies et donc pour acqueacuterir un plus grand controcircle sur les deacutecisions et les actions affectant leur santeacute dans le contexte de changement de leur environnement social et politique30 raquo Comme pour toutes actions de preacutevention drsquoaccom-pagnement ou de soins celles destineacutees aux personnes de lrsquoentourage srsquoappuient sur des outils de deacuteveloppement de leurs ressources pour accroicirctre leurs capabiliteacutes Et au-delagrave du renforcement des compeacute-tences psychosociales des personnes de lrsquoentourage lrsquoimplication des proches des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives est un facteur de reacuteussite de lrsquoaccompagnement et des soins En effet des proches eacutecouteacutes in-formeacutes et sensibiliseacutes peuvent mieux soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche de preacutevention et de soins

On rappellera ici les principes drsquoin-tervention en preacutevention

Une deacutemarche positivant la santeacute comme ressource

Une non-dramatisation des conduites addictives et des produits (alcool tabac cannabis autres drogues) ou addictions sans produit (jeuhellip) la preacutevention srsquoappuie sur une information valideacutee et vise la deacuteconstruction des

30 EHESP laquo Glossaire multilingue de la base de don-neacutees en santeacute publique raquo httpaspbdspehespfrGlos-saire

repreacutesentations et preacutejugeacutes mais ne se limite pas agrave la seule information

Le pragmatisme et non lrsquoideacuteologie Une non-limitation aux seuls objec-

tifs de reacuteduction des conduites ou drsquoabstinence

Une prise en compte des risques et dommages sanitaires et sociaux pour la personne elle-mecircme et son entou-rage mais aussi pour la socieacuteteacute agrave court moyen et long termes

Un appui sur les ressources de lrsquoin-dividu ses expeacuteriences ses compeacute-tences en visant le renforcement de ses compeacutetences psychosociales son auto-nomie et sa qualiteacute de vie

Une deacutemarche drsquoeacuteducation agrave la ci-toyenneteacute et de lien social

28 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 29

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

france vont ecirctre verbaliseacutes et permet-tront ainsi un apaisement de la relation On peut alors ouvrir de nouvelles pers-pectives drsquoeacutevolution et envisager la sor-tie des scheacutemas de reacutepeacutetitions

Repeacuterer la co-deacutependance La non-verbalisation par honte ou ta-bou reacutecurrente en addictologie notam-ment concernant les femmes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives compte-tenu du poids des repreacutesenta-tions sociales constitue aussi pour lrsquoen-tourage un nœud drsquoeacutevitement de la si-tuation addictive et son ancrage puissant dans le corps et le psychisme de la per-sonne de lrsquoentourageIl est essentiel de repeacuterer ce qui est en train de se jouer

2 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CERCLE FAMILIAL

La famille reacutesulte de constructions so-ciales variables selon les eacutepoques et les cultures mais elle reacutepond en premier lieu agrave la neacutecessiteacute qursquoeacuteprouvent les hu-mains drsquoecirctre lieacutes La famille premier groupe drsquoapparte-nance est reacutegie par des liens speacuteci-fiques lien drsquoalliance lien de filiations lien geacuteneacutealogique lien du groupe familial avec lrsquoexteacuterieur Dans cette sphegravere familiale se nouent des liens protecteurs etou difficiles entre les membres dans le preacutesent et le passeacute32 Les conduites addictives puisent en par-tie leurs causes dans le fonctionnement

32 Cf dans ce guide 2fraslthinsp2 LE RISQUE TRANSGEacuteNEacute-RATIONNEL

de cette sphegravere et ont des conseacute-quences sur tous ses membres et selon la composition familiale sur les parents les enfants lela conjointeLa famille premier lieu drsquoexpression des situations de co-deacutependance est un noyau groupal fort capable de faire bar-rage agrave toute aide exteacuterieure par lrsquoinstau-ration drsquoun systegraveme de sauvegarde et drsquoauto-controcircle qui reacutegule le deacuteseacutequi-libre creacuteeacute par lrsquoaddiction du procheEn effet les observations cliniques ont pu montrer33 que les conduites addic-tives peuvent devenir laquo un principe or-ganisateur du systegraveme familial raquo Les probleacutematiques addictives deviennent comme un tiers qui fige la vie quoti-dienne avec des laquo modes de fonction-nements formels rigides preacutedictifs en eacuteloignant les incertitudes34 raquo Il srsquoinstaure un systegraveme qui srsquoautoreacutegule autour des probleacutematiques addictives qui concerne alors chaque membre de la famille en ce sens que chacun va se comporter en regard de la preacutesence ou de lrsquoabsence de conduite addictive et que les interac-tions se placent en fonction du produit psychoactif en question Ainsi le sujet en meacutesusage de ce produit est comme surproteacutegeacute Il nrsquoest plus le bouc eacutemis-saire drsquoune situation potentiellement conflictuelle Crsquoest au contraire lrsquoen-semble de la famille qui assume cette addiction les probleacutematiques addictives deviennent constitutives de lrsquoidentiteacute du couple et de la famille raquo

33 Vangheacutelis ANASTASSIOU Mireille SCHWEITZER Isabelle SOKOLOW laquo Pour le meilleur et pour le pire raquo Alcoologie et Addictologie ndeg 1 2002 pp 53-62

34 Ibid

Sur le registre de la protection La fusion attitude fusionnelle avec la

personne deacutependante preacutesence quasi-permanente agrave outrance reacuteduction de lrsquoautonomie du proche addict dans ses deacutemarches de soins ou dans ses temps de vie personnelle Lrsquohyper-responsabiliteacute lentourage

se sent responsable vis-agrave-vis de lrsquoexteacute-rieur de tous les comportements les faits et gestes (en particulier neacutegatifs) de la personne deacutependante La culpabiliteacute lentourage se met agrave

penser laquo je ne suis pas assezhellip raquo laquo cest de ma faute si je narrive pas agrave laider raquo Lrsquohyper adaptation lrsquoentourage se

rend disponible agrave tout moment aupregraves de la personne deacutependante ce qui en-traine par exemple des modifications de lrsquoemploi du temps de la maniegravere decirctre de fonctionner pour sadapter aux agis-sements de la personne deacutependante

Sur le registre de la reacuteclamation Un ressenti de trahison face aux

eacuteventuels renforcements ou reprises des probleacutematiques addictives du proche en comparaison aux effor ts estimeacutes mis en œuvre pour lrsquoaider Une attitude de plus en plus vindi-

cative voire agressive et exigeante en termes drsquoattendus de comportement de la personne addicte avec pour effet in-duit pour la personne addicte la perte drsquoestime de soi lrsquoincapaciteacute grandissante de reacuteagir et drsquoenvisager un accompagne-ment et des soins une incapaciteacute agrave reacute-pondre aux attentes de la personne de lrsquoentourage Une perte des limites de lrsquoindividua-

liteacute conviction drsquoecirctre lale seule agrave com-

prendre agrave savoir comment faire avec la personne addicte prendre le rocircle de soignant ou la place de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives en reacutepondant agrave sa place par exemple en tout lieu ou obligation exteacuterieure Une incapaciteacute agrave dire non similaire

au manque de limite il est la conseacute-quence dune peur de deacutecevoir de perdre la relation Ainsi la personne de lrsquoentourage existe uniquement au tra-vers de lrsquoaddiction de lrsquoautre

La personne co-deacutependante est dans

la diff iculteacute de tenir compte de ses propres besoins lieacutes au manque de limite agrave lhyper adaptation agrave la fusion et agrave lob-session en jeu dans la co-deacutependance

PREacuteVENTION ET SORTIE DU PROCESSUS DE CO-DEacutePENDANCE

Parler de la co-deacutependance Une communication globale de type laquo Nous sommes tous proches drsquoune personne addicte parlons agissons raquo ou laquo Entourage de personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives par-lons-en raquo et des actions theacutematiques seacutelectives en synergie avec les acteurs drsquoun territoire ouvrent la voie drsquoune sen-sibilisation sur la co-deacutependance Par ailleurs en rendant accessible agrave lrsquoentourage un lieu drsquoeacutecoute un appui contenant et seacutecurisant que ce soit avec ou sans la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives on permet une prise du recul de la situation et du proche addict Les reacutesistances vont se voir atteacutenueacutees les eacuteprouveacutes et la souf-

30 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 31

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Lrsquoameacutelioration des compeacutetences psy-chosociales de lrsquoun ne peut se faire sans lrsquoautre

La co-deacutependance du couple est aussi bien intra psychique qursquointeractionnelle

Les conjoints de personne en diffi-culteacute avec un produit psychoactif mani-festent dans le processus de co-deacutepen-dance certains traits psychologiques lieacutes agrave un mode relationnel construit anteacute-rieurement agrave la relation de couple

Notamment les effets de la co-deacute-pendance se manifestent particuliegravere-ment dans le cadre drsquoune relation de couple surinvestie et ideacutealiseacutee par le conjoint de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives Dans cette projection de couple le conjoint ne laquo voit pas raquo lrsquoautre en tant qursquoindividu tel qursquoil est mais en tant que personne censeacutee jouer un rocircle ideacuteal

Dans le contexte de la co-deacutepen-dance la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives devient le laquo respon-sable raquo de la non-reacutealisation de cette projection pour ne pas avoir autant que le conjoint contribueacute agrave sa reacutealisation

Le conjoint surinvestit une relation de couple ougrave lrsquoautre ne peut aider qursquoen respectant un sceacutenario conccedilu drsquoavance La personne addicte est donc drsquoembleacutee nieacutee dans son alteacuteriteacute et sa singulariteacute toutefois elle est sans doute elle-mecircme en besoin pour combler un manque qursquoelle ne peut trouver dans la relation eacutetablie

Ainsi le co-deacutependant pense avoir le pouvoir de rendre lrsquoautre abstinent pour parvenir agrave reacutealiser ce couple ideacuteal

Le conjoint co-deacutependant peut ainsi montrer

Une implication eacutemotionnelle neacutega-tive eacuteleveacutee et une grande retenue dans lrsquoexpression des sentiments avec un deacuteni du rapport de deacutesir et des relations affectives

Un mode relationnel enchevecirctreacute ou deacutesinteacutegreacute et une tendance agrave former des relations duelles fusionnelles Un rejet drsquoun leadership au sein du couple et drsquoune hieacuterarchie intrafa-miliale

La souffrance du conjoint co-deacutependant peut se manifester par

De lrsquoagressiviteacute et une certaine ob-session devant lrsquoimpuissance agrave changer le par tenaire dans sa deacutependance agressiviteacute laquo justifieacutee raquo comme neacuteces-saire pour motiver lrsquoautre agrave modeacuterer sa consommation et agrave srsquointeacuteresser agrave son conjoint et ses enfants

Lrsquointoleacuterance au manque du conjoint veacutecue comme lrsquoexpression drsquoune rela-tion de couple en eacutechec En fait le conjoint en manque devient reacuteveacutelateur du manque du conjoint co-deacutependant

Lrsquoincapaciteacute agrave changer de posture mecircme si une prise de conscience de lrsquointeraction laquo en miroir raquo du manque dans le couple se manifeste car laquo accep-ter crsquoest capituler raquo

Le non-amour de soi car la restau-ration narcissique reacuteciproque des deux par tenaires rechercheacutee dans tout couple ne se produit pas

Lrsquoabneacutegation et le deacutepassement de soi est lrsquoidentiteacute que se donne le conjoint co-deacutependant ayant une mauvaise image de lui-mecircme Le conjoint addict se trouve deacutepersonnaliseacute au sein de son propre couple

CONDUITES ADDICTIVES ET ORGANISATION FAMILIALE LE laquo SYSTEgraveME raquo35 Un constat tregraves surprenant a eacuteteacute fait concernant lrsquoalcoolo-deacutependance que lrsquoon eacutetendra aux conduites addictives laquo la personne [addicte] stabilise le fonc-tionnement de lrsquoensemble bien qursquoil le deacutesorganise En effet face aux conduites addictives chacun des membres sait preacutevoir ce qursquoil y a lieu de faire devant le deacuteroulement des eacutevegravenements comme dans un rituel connu drsquoavance Il y a une reacuteduction des incertitudes et la conseacute-quence la plus visible est la coheacutesion familiale lrsquoaspect soudeacutes des enfants et de lrsquoautre parent permettant des rap-prochements pour faire face En outre par son symptocircme ses comportements la personne [addicte] creacutee la tension autour de lui et est le reflet de lrsquoeacutetat de stress du systegraveme familialLe pheacutenomegravene drsquohomeacuteostasie du sys-tegraveme conduit agrave srsquointerroger non pas sur le pourquoi des conduites addictives mais sur

Comment le produit aide-t-il agrave maintenir ce systegraveme

Comment la personne deacutependante au produit se place-t-il dans ce systegraveme

Comment contribue-t-il agrave diminuer les incertitudes

35 Antoinette MIALON-FOUILLEUL Psychopatholo-gie familiale des conduites drsquoalcoolisation opcit pp 334-339

Comment maintient-il la coheacutesion du systegraveme

Il srsquoagit de comprendre la fonction adap-tative du comportement addictif pour permettre drsquoaider le patient agrave travers une autre maniegravere de srsquoadapter sans uti-liser le produit

LE CONJOINT CO-DEacutePENDANTLa co-deacutependance aura tendance agrave exa-cerber les nœuds relationnels du couple Il peut ecirctre parfois difficile et deacutelicat drsquoidentifier ce qui relegraveve de la co-deacutepen-dance et de ses effets dommageables sur la relation et ce qui relegraveve de diffi-culteacutes de couple inteacuterioriseacutees et refou-leacutees jusque-lagrave Crsquoest lagrave encore dans le contexte de lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool que les eacutetudes cli-niques sont les plus fournies en ap-proches des pheacutenomegravenes de co-deacutepen-dance dans le couple

La co-deacutependance du conjoint drsquoune personne en difficulteacute avec ses conduites addictives se manifeste par sa difficulteacute agrave se voir en dehors de lrsquoaddiction de lrsquoautre Des observations cliniques en alcoolo-gie transposables agrave toutes probleacutema-tiques addictives montrent que

La difficulteacute de rapport aux conduites addictives est un processus patholo-gique chronique mis en route degraves lrsquoen-fance pour lrsquoun ou les deux membres du couple

Le conjoint joue un rocircle indeacuteniable et complexe propre agrave chaque relation dans lrsquoeacutevolution du processus drsquoaddic-tion de lrsquoautre

32 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 33

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

Conduites addictives et violences

Approche par le psycho trauma-tisme37 on identifie un lien entre violences subies au cours de la vie et conduites addictives avoir subi des violences expose agrave un risque de santeacute plus deacutegradeacutee tant psychique (deacute-pression anxieacuteteacute repli sur soi tenta-tives de suicide) que physique

Explications du lien entre psycho traumatisme et usage de subs-tances psychoactivesLe Dr Sharon Kingston (2009) du deacutepar tement de psychiatr ie du Centre drsquoeacutetude de lrsquoenfance de lrsquouni-

37 Violences subies ou produites et usage de subs-tances psychoactives chez les femmes en Europe et dans la reacutegion meacutediterraneacuteenne Revue de litteacuterature et eacutelaboration de pistes de recherches Groupe Pompidou Conseil de lrsquoEurope 2015 p 50

versiteacute de New York propose trois explications possibles concernant les liens entre la consommation de subs-tances psychoactives et les violences subies au cours de la vie

Le deacuteveloppement de troubles post-traumatiques agrave la suite de cer-tains cas de violences subies dans la vie la consommation de substances est ainsi consideacutereacutee comme une auto-meacutedication pour atteacutenuer les symp-tocircmes post-traumatiques

La consommation de substances creacutee les conditions de risques de vic-timisation ou drsquoautres eacuteveacutenements traumatiques et ces expeacuteriences peuvent conduire au deacuteveloppement de troubles post-traumatiques

Les violences ainsi que la consom-mation de substances surviennent dans des contextes particuliers drsquoen-vironnement familial38

38 Ibid p 14

Lrsquoimpossibiliteacute de communiquer du fait de trop ou pas assez drsquoempathie

La seacuteparation inconcevable et le temps suspendu en deacutepit de beaucoup de frustrations pour les deux parte-naires lrsquoeacuteloignement ne peut avoir lieu il y a confusion entre indeacutependance et seacuteparation

Le couple-sceacutenario est un objet agrave reacuteussir qui ne vit quasiment que dans la tecircte du conjoint co-deacutependant

Une obsession du conjoint laquo ma-lade raquo pour le comprendre ou pour le rejeter

Un veacutecu drsquoaffrontement entre le bien et le mal la co-deacutependance se met en place comme un court-circuit affectif et eacutemotionnel Lrsquoattitude de lrsquoun deacutefinit la posture de lrsquoautre

Lrsquoattachement aux familles drsquoorigine reste actif le manque originel agrave combler par chaque conjoint le rend indisponible agrave lrsquoautre

Le produit ou la conduite addictive devient un tiers dans lrsquoimaginaire de lrsquoun comme de lrsquoautre

Addiction couple et vie sexuelleSur le plan de la relation agrave lrsquoautre le pro-duit ou le comportement laquo problegraveme raquo peut venir infeacuterer dans la vie sexuelle Cette dimension est eacutevoqueacutee et appa-raicirct comme une cause de la consomma-tion ou une conseacutequence des conduites addictives laquo On sait que lrsquoalcool va agir sur trois niveaux les compeacutetences phy-siques les dispositions psychologiques individuelles lrsquoharmonie relationnelle du couple Alors que la consommation eacutepi-sodique de produit peut donner un sen-timent de potentialiteacutes sexuelles ac-crues la consommation massive et chronique peut entraicircner un deacutesinves-tissement de lrsquoindividu pour la sexualiteacute par la diminution progressive de la puis-sance sexuelle Et la consommation croissante drsquoalcool qui tente de compen-ser ce pheacutenomegravene ne fait que lrsquoaccen-tuer La dysfonction sexuelle peut ecirctre agrave la fois cause et conseacutequence de lrsquoabus drsquoalcool agrave lrsquointeacuterieur drsquoune spirale ougrave lrsquoalcool ser t agrave traiter les diff iculteacutes sexuelles mais ougrave il ne fait que les aggra-ver raquo36 Ces constats peuvent srsquoappli-quer agrave toutes les conduites addictives

36 Marie-Catherine ROUILLET-VOLMI Nathalie DUDORET laquo Alcool et sexualiteacute raquo Alcoologie ndeg 2 1995 p 124

Usages de drogues et parcours de vie traumatique chez les femmesLes traumatismes et les violences subis durant lrsquoenfance ou agrave lrsquoacircge adulte ponc-tuent freacutequemment les trajectoires de vie de femmes usagegraveres de drogues Trois constats peuvent srsquoeacutetablir entre dimension de genre et violences subies

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle chez les femmes en population geacuteneacuterale

Une preacutevalence des violences su-bies chez les femmes usagegraveres de drogues supeacuterieure agrave celle observeacutee chez les hommes usagers de drogues

Un recours aux substances psy-choactives plus important chez les personnes ayant subi des violences au cours de la vie que chez celles nrsquoen ayant pas subi

34 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 35

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

particuliegraverement preacutecaires et mar-queacutees par un cumul de laquo handicaps raquo sociaux et psychologiques (handicap au sens de difficulteacute drsquoadaptation agrave lrsquoenvironnement)

Ineacutegaliteacutes de genre au deacutetriment de femmes et ses ravages en matiegravere de drogues En explorant le contexte de lrsquoinitiation et le profil de lrsquoinitiateur aux usages de drogues les eacutetudes socio-anthropolo-giques deacutemontrent encore une fois une situation nettement deacutefavorable voire discriminantes pour les femmesAlors que rares sont les hommes ini-tieacutes aux drogues par leur partenaire sexuel sauf chez certains hommes homosexuels chez les femmes en revanche lrsquoinitiation aux produits et en particulier agrave lrsquoinjection srsquoeffectue plutocirct dans le cadre de relations avec le partenaire sexuel

Soit il srsquoagit drsquoune opportuniteacute une femme envisage ou accepte des rela-tions sexuelles dans la perspective de se procurer un produit

Soit cela srsquoapparente agrave une manipu-lation en vue drsquoobtenir des faveurs sexuelles plus facilement un homme initie agrave la drogue une femme pour la rendre plus vulneacuterable et soumise sexuellement

Ce mecircme partenaire sexuel initia-teur peut devenir le fournisseur-dea-ler ce qui peut apparaicirctre au deacutepart comme plus simple pour se procurer le produit dans un cadre plus confiant devient une double deacutependance

Cette confusion des rocircles peut alors ecirctre un facteur drsquoescalade dans la consommation puis drsquoun enferme-ment dans la deacutependance

Enfin certains femmes usagegraveres de drogues se livrent agrave la prostitution avec par fois la mecircme personne comme dealer et proxeacutenegravete

Des conditions de consommations agrave risquesLe partage de mateacuteriel drsquoinjection est freacutequent au sein de couples consom-mateurs de drogues En proportion les femmes deacuteclarent partager davantage leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires sexuels qursquoinversement En ef-fet inversement les hommes usagers de drogues partagent majoritairement leur mateacuteriel avec des hommes parte-naires de consommation de droguesDans la dynamique de couple le conjoint est souvent le deacutetenteur du produit lrsquoinitiateur aux drogues et agrave lrsquo injection Pour une par tie des femmes usagegraveres de drogues la pos-sibiliteacute de consommer est eacutetroitement lieacutee aux occasions qui leurs sont of-fertes par leur compagnon Cette absence de maicirctrise des cir-constances de consommation consti-tue un obstacle pour disposer de conditions confortables et choisies et notamment en disposant de mateacuteriel drsquoinjection steacuterile agrave usage personnel ideacutealement agrave usage unique

Le Guide laquo Femmes et Addictions raquo39 deacutecrit eacutegalement les liens multiples entre les violences subies et les conduites addictives dont les conseacute-quences sont plus freacutequemment ren-contreacutees chez les femmes

Les consommations de produits (al-cool et meacutedicaments principalement) ont une fonction anestheacutesiante de dis-sociation qui permet de supporter lrsquoinsupportable et sont une conseacute-quence freacutequente des violences subies

La consommation de produits illicites impose la freacutequentation drsquoun milieu plus violent ougrave le chantage sexuel et les vio-lences physiques sont nombreux

Lorsque lrsquoun des conjoints du couple est deacutependant agrave lrsquoalcool le niveau de violence conjugale est plus eacuteleveacute

Lrsquoeacutetat de conscience alteacutereacute peut ren-forcer les prises de risques et reacuteduire le controcircle de la situation favorisant no-tamment les violences sexuelles

Lrsquoaddiction chez une femme peut la rendre plus vulneacuterable aux yeux des hommes ce qui favorise les menaces et les violences agrave son encontre

La culpabiliteacute des megraveres associeacutee agrave la consommation de produits peut ecirctre redoubleacutee par les reproches drsquoun conjoint violent (lrsquoargument de laquo mau-vaise megravere raquo est tregraves freacutequemment employeacute par les auteurs de violences)

Lorsqursquoune femme subit des violences conjugales son isolement reacuteduit les chances de reacuteussite de son accompagne-ment et de ses soins en addictologie

39 laquo Les situations de violences raquo in Femmes amp Addic-tions ndash Accompagnement en CSAPA et CAARUD Feacutedeacuteration Addiction 2016 pp 40-50

ZOOM

Marginalisation de femmes en co-usage de drogues40

Une meacuteconnaissance en France sur la situation des femmes en usage probleacutematique de droguesEn France les femmes usagegraveres de drogues ayant un rapport probleacute-matique aux drogues sont mal connues Quand les femmes sont eacutetudieacutees crsquoest essentiellement agrave travers leur rocircle de megravere et des risques lieacutes agrave la prise de toxiques pour le fœtus durant la grossesse Les rares publications franccedilaises sur le sujet montrent que ces femmes sont particuliegraverement vulneacuterables vis-agrave-vis de la preacutecariteacute et sont for-tement exposeacutees agrave des pratiques agrave risque en lien avec lrsquousage des dro-gues et la sexualiteacute

Une meilleure approche dans la litteacuterature internationale deacutedieacutee Dans la litteacuterature internationale en revanche les publications relatives aux femmes usagegraveres de drogues sont nombreuses et concernent souvent la consommation de crack Les femmes y sont deacutecrites comme

40 Mar ie JAUFFRET-ROUSTIDE et a l laquo Femmes usagegraveres de drogues et pratiques agrave risque de transmission du VIH et des heacutepatites Compleacutementariteacute des approches eacutepideacutemiolo-gique et socio-anthropologique Enquecircte Coque-licot 2004-2007 France raquo BEH Theacutematique ndeg 10-11 10 mars 2009 pp 96-99

36 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 37

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les difficulteacutes de verbalisation par peur par pudeur ou par meacuteconnaissance de certains sujets tabous comme les senti-ments la sexualiteacute les prises de risques vont souvent donner lieu agrave une repreacute-sentation erroneacutee des conduites et consommations de leurs enfants sou-vent sous-estimeacutees En effet les parents ne mettent pas forceacutement en place en amont un dialogue sur les consomma-tions et les risques associeacutesUn sondage effectueacute par lrsquoINPES en 2010 montre que

17 des parents ne parlent jamais des risques lieacutes agrave lrsquoalcool avec leurs enfants

19 nrsquoont jamais exprimeacute leur deacute-saccord avec la consommation reacutegu-liegravere etou abusive drsquoalcool 21 ne parlent jamais des dangers lieacutes agrave la consommation de drogues 22 ne rappellent jamais que la consommation de drogues est inter-dite

Investissement sur lrsquoenfant trop ou pas assez Parallegravelement la relation parents-en-fants peut ecirctre lrsquoobjet drsquoun surinvestisse-ment de la part dudes parents dans une projection drsquoenfant ideacuteal ou au contraire drsquoun deacutesinvestissement no-tamment par deacutefaut de construction de lrsquoidentiteacute du parent Cette distorsion initiale agrave lrsquoimage de celle qui peut srsquoins-taller en co-deacutependance dans un couple affectera lrsquoapprentissage du jeune en termes de limites agrave trouver et de com-peacutetences de socialisation agrave acqueacuterir

Distorsions de perception des risques entre jeunes et parentsLes distorsions de perception des risques et des dommages lieacutes aux conduites addictives entre les parents et leurs enfants sont freacutequentes Souvent il y a banalisation inconsciente ou incon-seacutequente par les jeunes dramatisation par les parents mais aussi deacuteni ou aveu-glement du ou des parents sur lrsquoampleur de la probleacutematique addictive

Perception des jeunes de leurs propres conduites addictives

Pheacutenomegravene reacutecurrent et souvent relateacute le jeune va banaliser et minimi-ser sa consommation que ce soit pour le cannabis lrsquoalcool les jeux vi-deacuteo laquo Ccedila me deacutetend raquo laquo Je nrsquoen prends pas beaucoup raquo laquo Tout le monde fait pareil raquo laquo Je ne joue pas autant que ccedila raquo Cela met en jeu

La capaciteacute du jeune agrave se percevoir en difficulteacute donc agrave se connaicirctre Crsquoest justement lrsquoeacuteleacutement-cleacute de cet apprentissage que lrsquoon retrouve eacutegalement dans les problegravemes de scolariteacute et drsquoorientation

La capaciteacute agrave comprendre et affron-ter ses sentiments et ses question-nements reacuteaction agrave un contexte familial ou individuel difficile une sensibiliteacute ou fragiliteacute face agrave lrsquoattrac-tion du groupe Souvent ce sera les deux agrave la fois

PARENTS DrsquoENFANTS EN DIFFICULTEacute AVEC LEURS CONDUITES ADDICTIVES Il srsquoagit ici drsquoapprocher ce qui se joue pour les parents en tant qursquoentourage directement impacteacute par les probleacutema-tiques addictives des adolescents

ILLUSTRATION

laquo Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques raquo eacutetude publieacutee en 2014 par lrsquoanpaa danS le nord-paS-de-calaiS

comprenant une eacutetude de litteacutera-ture une enquecircte et des preacuteconisa-tions Les constats suivants en sont pour partie tireacutes

Perturbation de lrsquoadolescence41 Avec lrsquoadolescence peacuteriode de boule-versements multiples les jeunes font lrsquoexpeacuterience de situations nouvelles Les compeacutetences psychosociales des pa-rents plus ou moins bien eacutetablies vont ecirctre interrogeacutees bousculeacutees et mises agrave mal par la question des consommations agrave risques Ces consommations inter-viennent avec une acuiteacute particuliegravere car elles tissent pour le parent la toile drsquoun futur soudainement inattendu dans lrsquoeacutevolution de leurs enfants laquo Jusque-lagrave tout allait bien raquo sera souvent leur pre-miegravere indication comme srsquoil y avait lrsquoenfant drsquoavant et lrsquoenfant drsquoapregraves Une rupture qui peut parfois ecirctre violente

41 Addictions familles et entourage Feacutedeacuteration Ad-diction 2012 72 p

pour le jeune usager comme pour le parentPremiegravere cigarette premiegravere sortie en soireacutee un joint trouveacute dans la chambre de son enfant une ou des ivresses reacutepeacute-teacuteeshellip Les parents ne sont pas (tou-jours) preacutepareacutes agrave ces laquo deacutecouvertes raquo Or la famille est le lieu ougrave se posent les limites drsquoun usage maicirctriseacute permettant une identification claire des risques et dommages la famille doit ecirctre un es-pace accessible pour clarifier les notions de plaisir et de risques dans le cadre drsquoun dialogue bienveillant

Entourage parental en questionne-ment Estime de soi et confiance en soi en

tant que parentPour oser solliciter drsquoautres parents etou des structures pour ecirctre aideacutes pour parvenir agrave produire un eacutechange eacutequili-breacute et de qualiteacute les parents doivent avoir confiance en eux Ce nrsquoest pas tou-jours le cas surtout quand les pratiques du jeune deviennent brusquement pro-bleacutematiquesPar ailleurs certains parents sont aussi en confrontation avec leur propre his-toire de jeunesse et drsquoeacuteducation qui vient se heurter agrave des pratiques expeacute-rientielles quelque part preacutevisibles et normales de la part de leur enfant Le comportement probleacutematique de lrsquoen-fant vient en reacutesonnance avec des diffi-culteacutes non reacutesolues de lrsquoenfance des parents La relation tend agrave se distordre sans que lrsquoenfant comprenne pourquoi cela engendre une telle reacuteactiviteacute ou non-reacuteactiviteacute du parent

38 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 39

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoampleur de la situation En jeu de miroirs drsquoinvestissements

neacutegatifs le jeune devient irraisonnable et nrsquoest pas ou plus en capaciteacute drsquoen-tendre ce que le parent lui dit

Le parent devient alors spectateur impuissant drsquoune deacutegradation du com-portement et du psychisme du jeune avec risques de violences contre soi ou autrui risques suicidaires par exempleUne souffrance parallegravele srsquoinstalle pour le jeune comme pour son entourage Des symptocircmes plus ou moins similaires affleurent conseacutequences de ces distor-sions de perception de la souffrance de lrsquoautre Chacun se persuade que lrsquoun ne doit pas srsquo inquieacuteter pour l rsquoautre laquo puisque crsquoest sa vie raquo

Lrsquoadolescence miroir inverseacute des parents42 Le contexte de lrsquoadolescence est aussi une peacuteriode deacutelicate pour les parents Crsquoest un peu aussi pour eux la confusion des sentiments et des ressentis Tandis que lrsquoenfant srsquoeacutemancipe les parents peuvent avoir le sentiment de perdre leur rocircle drsquoeacuteducateur pour un rocircle laquo su-balterne raquo de gestion des contingences mateacuterielles Parallegravelement tandis que le jeune est en pleine explosion de ces moyens physiques et mentaux eux abordent une seconde moitieacute de vie pas toujours dans la faciliteacute qui annonce un laquo deacuteclin raquo renvoyeacute drsquoailleurs active-ment par les pheacutenomegravenes de jeunisme drsquoune socieacuteteacute en mal de renouveau Les

42 Conduites addictives chez les adolescents ndash Usage preacutevention et accompagnement INSERM 2014 482 p (Expertise collective)

conflits freacutequents et exacerbeacutes entre parents et adolescents dans cette peacute-riode ne seront pas que le fait des deacute-passements de limites du jeune mais aussi parfois le fait drsquoune difficulteacute agrave pas-ser le cap pour le parent

Les tensions du couple parentalPreacuteexistantes ou symptomatiques drsquoune histoire eacuteducative diffeacuterencieacutee les ten-sions du couple peuvent venir compliquer la relation agrave lrsquoadolescent Lrsquoimportance de la composante eacutemotionnelle laquo neacutegative raquo au sein de la famille (critiques hostiliteacute jugement) repreacutesente un eacuteleacutement de vul-neacuterabiliteacutes de lrsquoindividu adolescent aug-mentant ses risques de conduites agrave risques notamment addictives

Place de la preacuteventionLe rocircle des intervenants va ecirctre de sou-tenir de reacuteassurer les uns et les autres selon que le jeune vienne seul ou ac-compagneacute en leur permettant de trou-ver un espace seacutecurisant dans lequel ils pourront reacuteinvestir leurs compeacutetences agrave sortir de cet engrenage et avoir un comportement responsable de leurs consommations Il faut aussi consideacuterer que lrsquoentourage des jeunes consommateurs srsquoeacutetend bien au-delagrave du cercle familial Cet entourage peut ecirctre tregraves concerneacute voire impacteacute par les difficulteacutes addictives du jeune eacutetablissement scolaire club spor tif groupe drsquoamis fratrieshellipLa preacutevention vis-agrave-vis de lrsquoentourage des adolescents pose la question essen-tielle du comment repeacuterer cela ne peut se faire que dans une synergie de plu-sieurs acteurs

Perceptions des conduites addic-tives des jeunes par lrsquoentourage paren-tal proche Les parents entourage immeacutediat du jeune affrontent un double regard

Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par leur enfant Celui drsquoecirctre perccedilu comme un mauvais parent par le groupe social

Reacutepondre aux sollicitations pleacutethoriques de la socieacuteteacute de consommation comme aux exigences soudaines de liberteacute drsquoun preacute-adolecents qui exprime ses velleacuteiteacutes drsquoindeacutependance et de choix de groupe drsquoamis est un apprentissage permanent qui confronte les parents agrave leurs propres limites et compreacutehension

Le contexte socioculturel va influer sur les perceptions des limites agrave poserAinsi la banalisation des conduites ad-dictives est initieacutee le plus souvent lors de regroupements familiaux et justifieacutee comme moments de convivialiteacute cultu-relle Or ces comportements sont la source drsquoune deacuterive socieacutetale des consommations addictives drsquoalcool no-tamment qui touche les jeunes en plein croissance et en pleine construction ceacutereacutebrale alors mecircme qursquoun position-nement clair doit leur ecirctre donneacute

La banalisation de la crise drsquoadoles-cenceLes parents adossent souvent des com-portements abusifs ou extrecircmes agrave la seule crise drsquoadolescence arguant que cela est passager puisque deacutesormais la crise drsquoadolescence est abordeacutee comme un moment laquo attendu et entendu raquo dans lrsquoeacutevolution de lrsquoenfant Pourtant les

conduites addictives des jeunes preacute-adolescents et adolescents est un pheacute-nomegravene qui va au-delagrave de la crise drsquoado-lescence et peut ecirctre une source de repli sur soi et de deacutecrochage scolaire Ainsi les signes suivants ne sont pas tou-jours appreacutecieacutes agrave la hauteur de leur reacuteelle signification

Isolement dans la chambre Absence ou refus de communication

y compris avec leur groupe de pairs ou sauf si celui-ci est dans le mecircme proces-sus destructeur

Excegraves de violence

Un processus de co-deacutependance peut aussi srsquoinstaurer dans la relation agrave lrsquoenfant en risque ou en difficulteacute avec ses conduites addictives avec

La honte et la culpabiliteacute qui suc-cegravedent au deacuteni laquo Jrsquoai eacuteteacute trop laxiste avec luielle mais je voulais lui donner ce que je nrsquoai pas eu raquo laquo Jrsquoai voulu compen-ser le manque de lrsquoautre parent raquo

La certitude de pouvoir (vouloir) srsquoen sortir seul

Lrsquoisolement croissant avec lrsquoaddic-tion du jeune ecirctre toujours lagrave pour le proteacuteger le surveiller

La remise en jeu de ses propres dif-ficulteacutes drsquoenfance non reacutesolues soit en cherchant des justifications au compor-tement du jeune soit en ne toleacuterant rien et en installant une rigiditeacute extrecircme On peut alors parler de transmission trans-geacuteneacuterationnelle influant sur la relation existante agrave lrsquoautre

La dramatisation suit eacutegalement la neacutegation de la situation drsquoautant plus forte que le jeune la minimise Le parent aimant se sent alors impuissant face agrave

40 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 41

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Dans le contexte familial drsquoune probleacute-matique addictive drsquoun parent ou des deux les risques et dommages sur les enfants sont tregraves variables agrave court moyen ou long terme Les troubles conseacutecutifs agrave lrsquoaddiction du proche deacutependront du fonctionnement plus global de la famille et de son maintien de son organisation systeacutemique des comportements et atti-tudes du conjoint du deacutependant de lrsquoacircge des enfants lors du veacutecu des probleacutema-tiques addictives de leur parent

Troubles potentiels chez les enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesLorsque les parents sont dans lrsquoincapa-citeacute drsquoassurer certaines fonctions paren-tales habituelles courantes ou normales au regard de lrsquoattendu drsquoecirctre parent cela peut engendrer des troubles pour lrsquoenfant

Des troubles du deacuteveloppement lieacutes au deacutefaut de reacuteponses aux besoins psy-chiques etou physiques voire de com-portements de maltraitances

Une inseacutecuriteacute juridique lieacutee aux modaliteacutes deacutelictueuses drsquoaccegraves et de consommation des produits dans le cas de substances illicites

Une inseacutecuriteacute affective en tant que teacutemoin drsquoeacuteventuels conflits conjugaux lieacutes aux conduites addictives de leurmiddots parentmiddots en termes de causes comme de conseacutequences ou ecirctre pris agrave parti dans les conflits entre leurs parents voire sommeacutes de prendre parti

Un risque plus eacuteleveacute drsquoeacutevoluer vers des troubles psychiques et comporte-mentaux des conduites agrave risques des probleacutematiques addictives dans le cadre

drsquoune transmission intergeacuteneacuterationnelle qursquoen population geacuteneacuterale

Agrave court terme un risque reacuteel drsquoins-taller une forme de co-deacutependance propre agrave leur acircge et agrave leur nature drsquoen-fant Conseacutecutivement agrave la deacutefaillance de leurs parents ces enfants agissent dans la volonteacute de proteacuteger leur parent laquo malade raquo

Lrsquoenfant et le parent en difficulteacute avec ses conduites addictives45 46

Lrsquoenfant est un enjeu dans le systegraveme de reacutegulation de la famille

Pour comprendre son fonctionne-ment il faut comprendre son contexte drsquoeacutevolution les interactions entre les membres de sa famille capables drsquoenga-gement les uns envers les autres Ces interactions constituent des attitudes de laquo loyauteacute familiale raquo qui engendre une sorte de laquo comptabiliteacute raquo de ce que cha-cun donne de ce que chacun reccediloit et de ce que lrsquoon srsquoattend agrave recevoir en eacutechange

Dans le processus de parentifica-tion lrsquoenfant devient parent de son propre parent parent de sa fratrie ou conjoint drsquoun de ses parents Le principe de parentification peut permettre de deacutevelopper des compeacutetences agrave condi-tion que ce qui lui est demandeacute en termes de responsabiliteacute soit adapteacute agrave son acircge et qursquoil reccediloive une reconnais-sance de qursquoil peut faire

45 Catherine DUCOMMUN-NAGY laquo Nouvelles fa-milles nouvelle deacutefinition de la loyauteacute familiale raquo in S DrsquoAMORE (dir) Les nouvelles familles Approches cli-niques De Boeck Supeacuterieur pp 261-280

46 Philippe MICHAUD laquo Les enfants de parents al-cooliques raquo Le carnet PSY 20011 (ndeg 61) pp 33-35

PARENTIFICATION DES ENFANTS

ZOOM

La parentification

DeacutefinitionJean-Franccedilois Le Goff deacutefini la parenti-fication comme laquo un processus rela-tionnel interne agrave la vie familiale qui amegravene un enfant ou un adolescent agrave prendre des responsabiliteacutes plus im-portantes que ne le voudraient son acircge et sa maturation dans un contexte socioculturel et historique preacutecis et qui le conduit agrave devenir un parent pour ses (ou son) parents Crsquoest un processus impliquant toujours plusieurs geacuteneacutera-tions qui plonge ses racines dans les geacuteneacuterations des grands-parents et dont les conseacutequences peuvent tou-cher les geacuteneacuterations agrave venir raquo43

43 Jean-Franccedilois LE GOFF Lrsquoenfant parent de ses parents Parentification et theacuterapie familiale LrsquoHar-mattan 2000 256 p

laquo La notion de parentification appa-raicirct [hellip] une notion clinique englo-bante et complexe ayant lrsquointeacuterecirct drsquoapprocher un processus en action dans toutes les relations familiales mais surtout drsquoeacuteviter les descriptions simplistes se contentant de deacutesigner des rocircles ou des caracteacuteristiques indi-viduelles reacuteductrices de la complexiteacute du contexte relationnel Lrsquoenfant pa-rentifieacute nrsquoest pas toujours un laquo enfant adultifieacute raquo et ses (ou son) parents ne sont pas des laquo adultes immatures raquo Se baser sur une conception homo-gegravene de la maturiteacute est une simplifica-tion ne correspondant ni agrave la reacutealiteacute clinique ni agrave la vie quotidienne raquo44

44 Jean-Franccedilois LE GOFF laquo Theacuterapeutique de la parentification une vue densemble raquo Theacuterapie Familiale vol 26 ndeg 3 2005 pp 285-298

VIGILANCE

sur les sources drsquoinformationLe site internet et la chaine YouTube laquo Alcool et parents - comment parler drsquoalcool agrave vos enfants raquo sont proposeacutes par lrsquoassociation laquo Avec modeacuteration raquo (anciennement laquo Entreprise et preacutevention raquo) association qui reacuteunit les princi-pales entreprises franccedilaises du secteur des vins et champagnes biegraveres et spiri-tueux en meacutetropole et agrave La Reacuteunion Son discours de preacutevention est donc influenceacute pour ne pas dire dicteacute par lrsquoactiviteacute agrave but lucratif de ses membresCes informations eacutetant issues des producteurs drsquoalcool eux-mecircmes sont degraves lors orienteacutees Crsquoest lrsquoune des formes multiples de la strateacutegie de lobbying des alcooliers

42 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 43

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

Risque de co-deacutependance amp ParentificationGroupeS de parole agrave deStination drsquoenfantS de familleS en difficulteacute avec leurS conduiteS addictiveS en bretaGne

CONTEXTE LrsquoANPAA en Ille-et-Vilaine co-anime agrave Rennes depuis 2000 avec le CSA-PA un groupe de parole drsquoenfants is-sus de famille agrave dysfonctionnement alcoolique Cette deacutemarche srsquoest deacute-veloppeacutee sur cinq territoires drsquoIlle-et-Vilaine eacutelargie depuis 2014 aux quatre deacutepartements bretonsUne eacutevaluation de la mise en œuvre de ces groupes a eacuteteacute meneacutee en 2014LrsquoANPAA accompagne des acteurs en Bretagne dans la mise en œuvre de ces groupes sur leurs territoires par la formation laquo Enfants de parents deacute-pendants comprendre et intervenir raquo

ORIGINE DU PROJET

Lrsquoinitiative de creacuteer ces groupes de paroles reposait sur un triple constat

Peu de structures etou de dispo-sitifs existaient pour accompagner les enfants issus de ces familles

Le systegraveme familial marqueacute par lrsquoalcool a des conseacutequences sur la vie quotidienne de lrsquoenfant que cela soit en termes de vie quotidienne (vio-lences eacuteventuelles absenceshellip) drsquoatti-tudes vis-agrave-vis de ses parents ou drsquoacquisitions de rocircles lui permettant de maintenir le lien avec ses parents

La non-prise en compte de cette

laquo vie drsquoenfant raquo et de lrsquoeacutequilibre dans les relations au sein du systegraveme fami-lial dans le respect de son identiteacute peut agrave terme entraicircner le deacuteveloppe-ment de conduites agrave risques etou amener la reproduction pour lrsquoenfant lors du passage agrave lrsquoacircge adulte drsquoun modegravele familial marqueacute par lrsquoalcool Forte de ces constats lrsquointervention sous forme de groupes repose sur lrsquoobjectif de laquo rompre lrsquoisolement raquo dans lequel les enfants se trouvent au sein de la cellule familiale De mecircme lrsquoutilisation de la parole comme meacutethode et objet des groupes srsquoinscrit comme une premiegravere eacutetape indispensable agrave la restauration de lrsquoes-time de soi Les objectifs des groupes de paroles sont bien drsquoapporter du soutien ndash sans le jugement sur la famille - et drsquoordre preacuteventif en reacuteduisant les risques de recours aux produits psy-choactifs etou drsquoentrer dans la reacutepeacuteti-tion des conduites de deacutependance agrave lrsquoacircge adulte La forme choisie et les objectifs poursuivis correspondent aux caracteacuteristiques du public

PUBLIC jeunes de 10 agrave 18 ans impacteacutes par les conduites addictives de leurs parents

OBJECTIFS GEacuteNEacuteRAUX

Proposer un lieu drsquoeacutecoute pour li-beacuterer la parole des jeunes

Favoriser les eacutechanges avec et entre les enfants et les adultes

Partager les veacutecus et sentiments personnels

Chez le jeune enfant (avant lrsquoadoles-cence) la parentification instaure un comportement de loyauteacute indeacutefectible qui empecircche lrsquoenfant drsquoexprimer ses dif-ficulteacutes

La deacutefaillance du parent voire la maltraitance porteacutee par le symptocircme addictif amegravene lrsquoenfant agrave se rendre le plus invisible possible pour deacuteranger le moins possible La reacuteaction de surpro-tection de lrsquoenfant est un don jamais suffisant pour compenser ce que le pa-rent ne peut lui appor ter Lrsquoenfant cherche agrave excuser le parent malade plu-tocirct qursquoagrave le rejeter De ce fait lrsquoenfant ne peut verbaliser explicitement une de-mande drsquoaide ni exprimer son eacutetatsa situation par un quelconque symptocircme Mais la difficulteacute des adultes agrave aborder avec lui la question des consommations de substances psychoactives amegravene souvent lrsquoenfant agrave douter de ses percep-tions et agrave se renforcer dans son rocircle deacutefensif

Chez lrsquoadolescent la parentification nrsquoempecircchera pas le jeune de trouver la ressource de srsquoopposer Les formes de ses difficulteacutes seront donc plus souvent laquo symptomatiques raquo mais cela ne signi-fie pas qursquoelles soient pour autant plus faciles agrave aborderIdentifier et preacutevenir les risques de pa-rentification est un enjeu pour la future vie drsquoadulte de lrsquoenfant Crsquoest aussi une eacutetape essentielle pour un meilleur ac-compagnement et soins du parent en difficulteacute avec ses conduites addictives sur le plan de sa fonction parentale

Preacutevention des risques chez lrsquoenfant de parent en difficulteacute avec ses conduites addictivesPlusieurs axes sont essentiels agrave la preacute-vention des risques et agrave la reacuteduction des dommages concernant les enfants en danger de parentification

Le repeacuterage systeacutematique des eacuteven-tuelles probleacutematiques familiales des adultes accompagneacutes en soins en addic-tologie ou conjoint de ses personnes

La formation des intervenants du secteur de lrsquoenfance le repeacuterage des enfants en souffrance passe en premier lieu par un renforcement des capaciteacutes drsquointervention des personnes du secteur de lrsquoenfance La formation en addictolo-gie doit viser une deacuteconstruction des repreacutesentations une capaciteacute de com-preacutehension des probleacutematiques addic-tives de repeacuterage chez les enfants qui en subissent les conseacutequences une ca-paciteacute drsquoorientation vers les dispositifs speacutecialiseacutes si neacutecessaire

Lrsquoeacutecoute lrsquoobjectif premier en ac-tions de preacutevention sur ce sujet est de trouver les ressorts pour favoriser la parole des enfants en collectif ou en individuel Freacutequemment des enfants preacute-adolescents ou adolescents confient leurs difficulteacutes ou soucis face aux pro-bleacutematiques addictives de leurs parents agrave un animateur qui intervient au deacutepart sur leurs propres conduites addictives Cette eacutecoute doit ecirctre active et doit permettre si besoin une orientation vers un accompagnement individuel de lrsquoenfant en structure speacutecialiseacutee ou pas

44 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 45

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Inscrire formellement lrsquoorientation dans le cadre des pratiques profes-sionnelles

Ces aspects sont agrave mettre en rela-tion avec le laquo parcours du jeune raquo

lrsquoayant meneacute agrave la reacuteunion du groupe de paroles et agrave croiser avec les lieux de vie dans lequel le jeune peut ren-contrer le professionnel laquo orienteur raquo

Aider agrave la formulation par les en-fants de solutions favorables agrave leur bien-ecirctre

Garantir un accompagnement par des professionnels de la relation drsquoaide

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider lrsquoenfant agrave Prendre conscience nommer ses besoins propres Repeacuterer nommer ses eacutemotions Nommer les solutions qursquoil adopte pour geacuterer ses eacutemotions Eacutelaborer et nommer des solutions alternatives

PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT

DU GROUPE DE PAROLE

Le recrutement des jeunes peut se faire par les familles par lrsquointermeacute-diaire de professionnels ou drsquoune as-sociation par le jeune lui-mecircme

Chaque jeune est reccedilu preacutealable-ment en entretien individuel drsquoaccueil pour creacuteer la premiegravere relation preacute-senter le fonctionnement du groupe de parole et reacutepondre agrave ses questions

Le groupe fonctionne comme un groupe ouvert chaque jeune a la pos-sibiliteacute drsquoassister au nombre de reacuteu-nions qursquoil choisit il peut quitter le groupe agrave tout moment

Un adulte annote les paroles des jeunes sur un cahier durant la seacuteance qui est mis par la suite agrave leur disposi-tion Objectifs permettre les trans-missions entre adultes reacutefeacuterents et animateurs et permettre aux jeunes

de repeacuterer leur propre eacutevolution Des outils drsquoanimation comme le

geacutenogramme les lunettes drsquoalcooleacute-mie les teacutemoignages les bandes des-sineacuteeshellip peuvent ecirctre utiliseacutes et les jeunes peuvent aussi amener des sup-ports individuels tels que des poeacutesies chansons dessinshellipGroupe reacuteuni tous les 15 jours drsquoune dureacutee drsquoenviron 1 h 30

PREacuteCONISATIONS

Preacuteserver la mixiteacute et la diversiteacute professionnelle des intervenants dans lrsquoanimation du groupe cet aspect implique notamment la prise en compte par les institutions le fait que le temps drsquoanimation et de supervi-sion soient consideacutereacutes comme temps de travail

Renforcer le sentiment drsquoapparte-nance entre les animateurs des groupes de paroles

Renforcer la formation sur lrsquoanimation Expeacuterimenter de nouvelles techno-

logies

ORIENTATION

Informer les professionnels sur ce qursquoest un groupe de parole

Par une diffusion sur les lieux de vie des jeunes (collegravegues lyceacutees maison des adolescents foyer eacuteducatifhellip)

Par des preacutesentations dans les ins-titutions etou services concerneacutes par lrsquoaccueil des jeunes

En associant la preacutesentation des groupes de parole aux programmes de preacutevention meneacutes dans les structures

ZOOM

Preacutevention des risques et des dommagesenfance en danGer informationS preacuteoccupanteS et SiGnalement47

Ce que dit la loi Le fait pour quiconque ayant eu connaissance de privations de mau-vais traitements ou drsquoagressions ou atteintes sexuelles infligeacutes agrave un mineur ou agrave une personne qui nrsquoest pas en mesure de se proteacuteger en raison de son acircge drsquoune maladie drsquoune infir-miteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique ou drsquoun eacutetat de grossesse de ne pas en informer les autoriteacutes judiciaires ou administratives est puni de 3 ans drsquoemprisonnement et de 45 000 euros drsquoamende48

Cateacutegories de publics concerneacutees Personnes en situation de fragiliteacute

les mineurs et les personnes acircgeacutees les personnes malades atteintes drsquoune

47 Pour aller plus loin le site de service public httpswwwservice-publicfrparticuliersvosdroitsF781

48 Article 434-3 du Code Peacutenal modifieacute par la loi ndeg 2016-297 du 14 mars 2016-art46

infirmiteacute drsquoune deacuteficience physique ou psychique et les femmes enceintes

Alors que jusque-lagrave seuls les mi-neurs de 15 ans eacutetaient concerneacutes la loi du 14 mars 2016 relative agrave la pro-tection de lrsquoenfance ne distingue plus entre les diffeacuterents acircges et ouvre agrave tous les mineurs

Deacutefinition de lrsquoenfance en dangerUn enfant est consideacutereacute en danger ou risque de lecirctre si sa santeacute sa seacutecuriteacute sa moraliteacute ou son deacuteveloppement physique affectif intellectuel et social sont compromis

Lorsqursquoil est victime de violences physiques ou psychologiques de neacutegli-gences lourdes ayant des conseacutequences graves sur son deacuteveloppement

Lorsqursquoil est victime drsquoagression sexuelle

Lorsque ses conditions de vie peuvent compromettre sa santeacute sa seacutecuriteacute et son eacuteducation

Signalement Il peut ecirctre adresseacute agrave lrsquoautoriteacute judi-ciaire ou agrave lrsquoautoriteacute administrative En cas drsquourgence ou de crimes ou de deacutelits graves le Parquet doit ecirctre

46 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 47

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 CO-DEacutePENDANCE DANS LE CHAMP SOCIAL

On srsquointeacuteressera ici agrave deux situations de co-deacutependance dans le champ social entre adolescents drsquoune part en milieu professionnel drsquoautre part

CO-DEacutePENDANCE ENTRE ADOLESCENTS

Lrsquoadolescence une peacuteriode de recherche des limites et de soi-mecircme

La socialisation deacutebute degraves la nais-sance et se poursuit tout au long de la vie Elle commence dans lrsquointeraction avec les parents et le cercle familial eacutelar-gi et srsquoouvre progressivement en re-cherchant la compagnie des autres

Par ailleurs des instances de sociali-sation qui prennent autant de formes de groupes drsquoappar tenance (modes drsquoaccueil et scolarisation associations reacuteseaux sociaux etc) interfegraverent sur le rocircle eacuteducatif des parents

Agrave lrsquoadolescence les enfants se deacute-tournent du groupe familial avec plus ou moins de soif de liberteacute et drsquoindeacutepen-dance selon les individus et la deacutemarche eacuteducative des parents Dans une re-cherche narcissique drsquoidentification lieacutee agrave une peacuteriode de bouleversements psy-chiques et physiques ils cherchent agrave laquo construire raquo une personnaliteacute mais aussi agrave deacutepasser les limites fixeacutees par leur eacuteducation lrsquoenvironnement social familial ainsi que leurs propres peursmanques

Par ailleurs ces attitudes et compor-tements sont eacutemailleacutes de doute sur soi et sur le monde Certains font preuve drsquoun eacuteloignement drsquoune distance mar-quante que ce soit dans la relation agrave la famille ou aux amis habituels laquo Le jeune est souvent eacutetranger agrave lui-mecircme on pourrait mecircme dire que son corps fait partie de son entourage proche raquo49

Lrsquoidentification au groupeLa co-deacutependance des adolescents au sein drsquoun groupe drsquoamis ou du moins de freacutequentations amicales est en lien eacutetroit avec le contexte de socialisation qui srsquoopegravere agrave cet acircge dans le cercle exteacute-rieur agrave la famille Les adolescents srsquoinsegraverent agrave des groupes particuliers (ou groupes drsquoappartenance) qursquoils soient naturels spontaneacutes ou structureacutes socialement Ces groupes se forment dans le cercle scolaire sportif ou drsquoactiviteacutes culturelles parfois aussi dans le quartier ou la zone reacutesidentielle Lrsquoadolescent est en mesure parfois de srsquoinseacuterer au sein de plusieurs groupes diffeacuterencieacutes par leurs centres drsquointeacuterecirct commun (les amis du collegravege du club de sport du cercle amical de la famille etc) Dans le contexte actuel de famille freacutequemment deacutenucleacuteariseacutee lrsquoado-lescent aura entre ces deux parents de multiples occasions de partir agrave la deacutecou-verte de nouveaux environnements Par ailleurs suivant les liberteacutes prises ou accordeacutees en termes de sortie le champ relationnel des jeunes devient vite ex-ponentiel

49 Veacuteronique GARGUIL laquo Les multiples entourages du jeune consommateur raquo Actal ndeg 3 2007 pp 18-19

saisi prioritairement afin drsquoordonner des mesures de protections de la vic-time et diligenter une enquecircte il convient drsquoinformer en parallegravele les autoriteacutes administratives

Information preacuteoccupanteLrsquoinformation preacuteoccupante est une proceacutedure qui permet de signaler une situation drsquoun enfant en danger ou ris-quant de lrsquoecirctre Cette information preacuteoccupante peut ecirctre faite

Par courrier au Preacutesident du Conseil Deacutepartemental il existe dans chaque Conseil Deacutepartemental une cellule deacutedieacutee au recueil drsquoinfor-mations preacuteoccupantes porteacutee par lrsquoAide Sociale agrave lrsquoEnfance (ASE) lrsquoin-formation peut se faire par courrier par teacuteleacutephone par mail et lors drsquoun accueil physique Tous les signale-ments peuvent ecirctre faits drsquoune ma-niegravere anonyme

Par teacuteleacutephone en contactant le 119 (Service National drsquoAccueil Teacuteleacute-phonique pour lrsquoEnfance en Danger (SNATED) 24h24h et 7 jours sur 7)

Par teacuteleacutephone en contactant le 17 Police ou Gendarmerie (24h24h)

Lorsque la situation de lrsquoenfant est drsquoune extrecircme urgence (par exemple en cas de maltraitance de violences sexuelles) il est possible de saisir di-rectement le Procureur de la reacutepu-blique

Proceacutedure apregraves information Degraves reacuteception des informations

preacuteoccupantes lrsquoASE procegravede agrave une analyse de premier niveau afin drsquoap-preacutecier la suite agrave donner

En cas drsquoinfractions peacutenales (agres-sions sexuelles ou violences aveacutereacutees) la cellule transmet immeacutediatement les informations au Procureur de la Reacutepu-blique

Dans les autres cas la cellule sol-licite une eacutevaluation de la situation aupregraves du service territorial drsquoaction sociale compeacutetent

Lrsquoeacutevaluation solliciteacutee devra per-mettre drsquoappreacutecier si lrsquoenfant signaleacute se trouve en situation de danger et de proposer agrave la famille toutes les mesures drsquoaide permettant de remeacute-dier agrave la situation

Si la famille refuse lrsquointervention du service territorial drsquoaction sociale et que le danger perdure un signale-ment au Procureur de la Reacutepublique est effectueacute par la cellule Le juge des enfants peut ecirctre saisi et deacutecider toute mesure de protection judiciaire approprieacutee

48 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 49

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

car ils sont precircts agrave beaucoup pour ecirctre accepteacutes par leurs pairs et se focalisent sur les reacuteactions perccedilues agrave leur en-contre

Si nombre de jeunes parviennent agrave maicirctriser leurs tentations une partie non-neacutegligeable drsquoentre eux a tregraves tocirct des expeacuteriences de consommation de produits psychotropes et drsquoalcool en groupe agrave un acircge ougrave la toute-puissance supposeacutee du corps pousse en geacuteneacuteral agrave neacutegliger le risque de probleacutematique addictive

PreacuteventionPartant de ce constat lrsquoexpertise IN-SERM relative aux conduites addictives chez les jeunes51 souligne lrsquointeacuterecirct de sensibiliser les jeunes agrave lrsquoinfluence des amis pour preacutevenir les initiations et eacuteventuelles conduites addictives plus tard Les compeacutetences psychosociales qui doivent ecirctre deacuteveloppeacutees sont la gestion de lrsquoinfluence des pairs et la ca-paciteacute drsquoaffirmation de soi

51 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

ZOOM

Srsquoinscrire dans une appartenance lrsquoinfluence du groupe dans les motivations et trajectoires de conduites addictives agrave lrsquoadolescence52

Lrsquoenjeu de sociabiliteacute et la dimension collective deacuteterminent toutes les ini-tiations aux drogues Lrsquoaspect relation-nel domine les reacutecits il srsquoagit agrave la foi drsquoexpeacuterimenter les sentiments per-ceptions et penseacutees drsquoautrui et de former une communauteacute affective immeacutediate laquo Essayer ensemble raquo est souvent preacutesenteacute comme un signe drsquoadheacutesion de confiance drsquoidentifica-

52 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations moti-vations et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo Tendances ndeg 122 Deacutecembre 2017 8 p

tion et de validation mutuelles en particulier chez les filles (agrave lrsquoimage des reacutecits drsquoinitiation tabagique avec laquo une meilleure amie raquo en secret comme pour sceller un engagement intime reacuteciproque) Agrave lrsquoinverse parmi les gar-ccedilons la premiegravere cigarette est eacutegale-ment fumeacutee en groupe souvent avec les aineacutes consideacutereacutes comme des men-tors Le point commun de toutes ces expeacuterimentations (tabac alcool can-nabis) est le renforcement drsquoun lien Il srsquoagit selon les cas de consolider une alliance ou de conjurer le risque de mise agrave lrsquoeacutecart du groupe (agrave lrsquoimage de la justification laquo tout le monde fume alorshellip raquo) Le capital social est parfois expliciteacute laquo Jrsquoavais des problegravemes drsquoacceptation donc je pensais que en fumant ccedila allait plus me socialiser raquo (Thomas 16 ans)

Importance et inf luence du laquo groupe drsquoamis raquo sur les tenta-tives de lrsquoadolescent50

Crsquoest tregraves souvent au cœur des groupes drsquoappartenance que se font les premiegraveres consommations de subs-tances psychoactives

Les jeunes dont les amis consomment des produits psychoactifs preacutesentent des niveaux de consommation plus eacutele-veacutes que ceux dont les amis ne consom-ment pas Ceci reflegravete probablement agrave la fois

La faccedilon dont les adolescents choi-sissent leurs amis Lrsquoinfluence des consommations des pairs sur les populations adoles-centes

Ce constat est eacutegalement valable pour les jeux de hasard et drsquoargent et les jeux videacuteo drsquoautant plus que leur pratique est ressentie comme un loisir agreacuteable excitant et associeacute agrave des valeurs posi-tives

Concernant les tentatives drsquousage de produits psychotropes de nombreuses eacutetudes ont eacuteteacute meneacutees pour mieux appreacutehender les comportements des jeunes et la perception qursquoils ont de leurs cercles amicaux en tant qursquoinfluen-ceurs de prise de risques

Lrsquoinfluence du groupe de pairs sera drsquoautant plus manifeste que les parents ne peuvent assurer une surveillance et garantir un attachement de qualiteacute

Lrsquoidentification au groupe deacuteveloppe une notion drsquoappartenance qui peut

50 INSERM Conduites addictives chez les adolescents op cit

devenir vitale pour le jeune adolescent notamment srsquoil est peu rassureacute ou mal agrave lrsquoaise avec son individualiteacute

Certains adolescents sont precircts agrave aller tregraves loin pour ecirctre accepteacutes dans un groupe Les pheacutenomegravenes de rejet ou de moqueries de la part de groupes peuvent aussi provoquer une mise en abicircme de lrsquoadolescent

Ambivalence du groupe drsquoapparte-nance Pour les adolescents et les jeunes adultes le groupe drsquoappartenance peut revecirctir plusieurs formes

Le clan facteur de construction iden-titaire est une source drsquoaffection de soutien moral de questionnements et de deacutepassement de soi Il peut aussi ecirctre source drsquoinhibitions parfois bloquantes agrave lrsquoeacutecole ou ailleurs Agrave travers le clan le jeune trouve une limite agrave lrsquoeffet miroir et parvient peu agrave peu agrave srsquoindividualiser et agrave construire sa propre identiteacute

Le clan peut aussi ecirctre facilitateur de prises de risques lrsquoeffet groupe a ten-dance agrave creacuteer une barriegravere agrave lrsquointeacuterieur de laquelle le jeune se sent proteacutegeacute et tout-puissant libre de multiplier les prises de risques

Les expeacuteriences agrave risques constituent pour les membres du clan une eacutechappa-toire dont ils srsquoempareront pour sortir de leur quotidien dans lequel la pression est souvent grande conflits familiaux examens premiers amours permis orientation

Contrairement agrave ce qursquoils pensent les adolescents ne perccediloivent pas et ne maitrisent pas toujours la nature nocive de certains rapports amicaux de groupe

50 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 51

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

THEgraveMES

Ces DVD permettent daborder diffeacuterentes theacutematiques question-neacutees par ladolescence

Ecirctre adolescent Ladolescence Ecirctre en lyceacutee professionnel ecirctre interne Les relations parents-adoles-cents ecirctre parent dadolescent Les conduites addictives tabac cannabis alcool eacutecrans Lrsquoamour et la sexualiteacute Le bonheur

CO-DEacutePENDANCE EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte53 Les probleacutematiques addictives en milieu professionnel sont nommeacutees comme telles car elles concernent des travail-leurs qui font eacutetat de difficulteacutes varieacutees et laissent apparaicirctre les effets drsquoune conduite addictive sur le lieu de travail voire en consommant sur le lieu de travail

Les usages de substances psychoactives en milieu professionnel peuvent ecirctre consideacutereacutes sous deux eacuteclairages compleacute-mentaires drsquoun mecircme pheacutenomegravene qui ne doivent pas ecirctre opposeacutes

Eclairage selon lequel les conduites addictives peuvent faire peser des risques sur la seacutecuriteacute en milieu professionnel et sur les performances des organisations

53 Christophe PALLE Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel OFDT note de synthegravese ndeg 2015-05 8 octobre 2015 13 p

Eclairage selon lequel le travail est consideacutereacute comme deacuteterminant de la santeacute des professionnels santeacute elle-mecircme facteur de seacutecuriteacute et de perfor-mance des organisations il srsquoagit donc drsquoanalyser les liens entre conduites ad-dictives et travail (organisation du travail management culture drsquoentreprise)

Les conduites addictives peuvent impac-ter un large laquo entourage raquo en milieu professionnel du collaborateur au cadre dirigeant voire tout un service de lrsquoen-treprise Ces conduites addictives long-temps passeacutees sous silence sont de plus en plus deacutevoileacutees et eacutetudieacutees du fait

Drsquoune intensification des tacircches et de la reacuteduction des effectifs dans de nom-breux domaines drsquoactiviteacutes De ce fait lrsquoentourage professionnel mecircme srsquoil envisage difficilement et tardivement de faire connaicirctre le comportement addic-tif du collaborateur aura de plus en plus de mal agrave assumer les reports de tacircches et lrsquoambiance deacuteleacutetegravere induits par lrsquoad-diction du collaborateur

Drsquoune leacutegislation plus contraignante pour les employeurs qui sont respon-sables de la santeacute au travail de leurs employeacutes

Drsquoune approche plus efficiente du tabou des addictions en milieu profes-sionnel

Toutefois il est agrave remarquer que nombre drsquousagers de drogues de co-caiumlne notamment demeurent invisibles Leur addiction plus ou moins maicirctriseacutee reste largement masqueacutee par un com-portement dissocieacute entre sphegraveres pri-veacutee et professionnelle Ainsi une grande

ILLUSTRATION

Coffret de deux DVD et livret laquo Adolescences raquo produit par lrsquoanpaa danS lrsquooiSe

Ce coffret de deux DVD permet daborder la question des conduites addictives en srsquointeacuteressant agrave ladoles-cence de maniegravere globale dans une approche positive de la santeacute Dune dureacutee de 3 h 20 il a eacuteteacute reacutealiseacute dans le cadre drsquoun partenariat entre lrsquoANPAA dans lrsquoOise et le lyceacutee professionnel Jules Verne de Grandvilliers gracircce agrave la mobilisation de pregraves de 200 per-sonnes sur 3 anneacutees (de sept 2012 agrave septembre 2015) dans la construction des interviews les teacutemoignages leacutecri-ture et le tournage de sceacutenarios le montage videacuteo la reacutedaction et la lec-ture du livret daccompagnement jusquagrave la composition de la bande originale

PUBLIC DESTINATAIRE

Il srsquoadresse aux adolescents de 12 agrave 20 ans environ aux parents drsquoadolescents aux professionnels travaillant aupregraves drsquoadolescents etou de leurs parents

OBJECTIFS

Amener les adolescents les adultes (professionnels etou parents dadolescents) agrave reacutefleacutechir agrave verbaliser leurs repreacutesentations agrave deacutebattre et reacuteagir suite au visionnage de certaines de ces interviewssceacutenarios

Apporter des repegraveres et des eacuteleacute-

ments theacuteoriques pour mieux cerner les enjeux et comprendre chacune des theacutematiques qui gravitent autour de ladolescence (conduites addictives les eacutecrans lamour et la sexualiteacutehellip)

Faire prendre conscience aux pa-rents aux professionnels et aux ado-lescents que chacun a sa propre re-preacutesent at ion de ce que s t ladolescence et quelle nest pas for-ceacutement synonyme de crise de turbu-lences de violence de problegravemes de conflits malgreacute certains preacutejugeacutes

Montrer aux adolescents et aux parents quecirctre parent nest pas for-cement inneacute acquis facilehellip

Rassurer accompagner les parents dans leurs rocircles et les aider au mieux agrave avoir confiance en eux et en leurs en-fants (dans laffirmation de leurs posi-tionnements les aider agrave faire le tri entre les principes fondamentaux et les conseils divulgueacutes dans les meacutedias)

CONTENU Deux DVD

laquo Surfer entre plaisirs et prises de risques adolescences raquo coreacutealiseacute avec des adolescents laquo Regards croiseacutes sur (ce qui nest pas une maladie) ladolescence raquo coreacutealiseacute avec des professionnels parents et adolescents

Un livret daccompagnement Un site internet deacutedieacute wwwado-lescencesfr sur lequel figure des fiches danimation et des fiches peacutedagogiques en lien avec cinq des 8 theacutematiques

52 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 53

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

et de la restauration Les personnels du secteur de la construction sont plus par-ticuliegraverement en tecircte pour les subs-tances licites alors que pour les subs-tances illicites crsquoest dans le secteur des arts et spectacles puis de lrsquoheacutebergement et de la restauration que les preacutevalences de consommation sont les plus eacuteleveacutees

Le secteur de lrsquoagriculture sylvicul-ture et pecircche se caracteacuterise par des preacutevalences eacuteleveacutees uniquement pour lrsquoalcool surtout pour la consommation quotidienne

Deux autres secteurs figurent aussi parmi les plus fortement consomma-teurs bien que dans une moindre me-sure celui de lrsquoinformation et de la com-munication surtout pour les substances illicites et celui des produits manufactu-reacutes pour les substances licites

Agrave lrsquoautre extrecircme du classement quatre univers de travail se caracteacuterisent par des niveaux plus faibles de consom-mation pour la quasi-totaliteacute des subs-tances lrsquoadministration publique lrsquoensei-gnement le milieu de la santeacute humaine et de lrsquoaction sociale et les activiteacutes de service aux meacutenages

Consommations au cours de la journeacutee de travail58

En-dehors des occasions telles que les laquo pots raquo et les repas 189 des hommes et 103 des femmes soit 164 des actifs occupeacutes ont un usage drsquoalcool au moins occasionnel et ont consommeacute de lrsquoalcool durant leur temps de travail au moins une fois dans lrsquoanneacutee (Beck et al 2013)

58 Ibid

La proportion de ceux qui deacuteclarent consommer pendant leur temps de tra-vail au moins une fois par semaine est beaucoup plus faible mais atteint 35 (parmi les actifs occupeacutes des deux sexes confondus acircgeacutes de 16 agrave 64 ans et qui consomment au moins occasionnelle-ment de lrsquoalcool) Ce pourcentage re-preacutesente 15 de lrsquoensemble des actifs occupeacutes

Addictions comportementalesCes conduites addictives comporte-mentales ont des impacts sur le collectif de travail et pas seulement sur les per-sonnes concerneacutees

La techno-deacutependance59 est une rela-tion aux nouvelles technologies inter-net messageries teacuteleacutephones mobiles reacuteseaux sociaux etc Ces outils sont lar-gement reacutepandus en milieu profession-nel Leur usage abusif peut devenir pro-bleacutematique impactant les collaborateurs maintenus en reacuteseau au-delagrave de leur temps de travail 37 des actifs deacute-clarent utiliser les outils numeacuteriques professionnels hors temps de travail60 Conscient de ces risques dans lentre-prise un droit agrave la deacuteconnexion a eacuteteacute inscrit dans la loi travail de 2016

Les addictions comportementales font reacutefeacuterence agrave des attitudes reacutepeacuteteacutees sur un mode obsessionnel Le workaho-lisme en fait partie

59 Pour aller plus loin Bruno METTLING Transfor-mation numeacuterique et vie au travail septembre 2015 69 p

60 Pratiques numeacuteriques des salarieacutes pendant les congeacutes ELEAS septembre 2017

part de ces consommateurs est tregraves bien inteacutegreacutee ndash eacutetudiants cadres intel-lectuels politiques ndash et parvient agrave reacutegu-ler leurs usages pour mieux eacutechapper en premier lieu agrave la reacuteprobation sociale voir agrave des sanctions professionnelles Leurs addictions si tant est qursquoelles demeurent longtemps non apparentes peuvent un jour conduire suite agrave un effet deacuteclen-cheur agrave des impacts en milieu profes-sionnel parfois gravissimes (accidents du travail burn-out suicides ) Ces conduites addictives sont souvent lieacutees agrave une pression sociale et agrave des pratiques reacutecurrentes de certains milieux sociaux-professionnels

Principales substances psychoac-tives consommeacutees chez les actifs occupeacutes54

Tabac 304 fument quotidienne-ment Alcool 73 en consomment quo-tidiennement 95 ont des ivresses reacutepeacuteteacutees 186 ont une alcoolisa-tion ponctuelle importante dans le mois 73 ont une consommation agrave risque chronique

Cannabis 9 en consomment au moins une fois par an

Cocaiumlne 08 en consomment au moins une fois par an Ecstasyampheacutetamine 05 en consomment au moins une fois par an

54 Baromegravetre santeacute 2014 INPES lt httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2014indexasp gt

Consommations selon les profes-sions et cateacutegories sociales55 Des diffeacuterences genreacutees sont agrave distin-guer en matiegravere de consommation de tabac alcool meacutedicaments psycho-tropes cannabis cocaiumlne et ecstasyampheacutetamines

Chez les hommes Globalement les plus consommateurs sont les employeacutes et les ouvriers Les cadres et les agriculteurs sont globalement les moins consomma-teurs Les artisans commerccedilants et chefs drsquoentreprise et les professions inter-meacutediaires se situent entre les deux

Chez les femmes la diffeacuterenciation est moins grande56

Les agricultrices restent les moins consommatrices Les cadres et les employeacutees sont globalement les plus consomma-trices

Consommations suivant les sec-teurs drsquoactiviteacute57

Trois secteurs se retrouvent presque systeacutematiquement dans le trio de tecircte du classement selon le niveau de preacuteva-lence pour les diffeacuterentes substances qursquoelles soient licites ou illicites la construction le secteur englobant les arts les spectacles et les services reacute-creacuteatifs et le secteur de lrsquoheacutebergement

55 Christophe Palle Synthegravese de la litteacuterature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel op cit

56 Attention la faiblesse des effectifs doit inciter agrave la prudence dans lrsquointerpreacutetation des diffeacuterences entre cateacutegories

57 Ibid

54 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 55

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Meacutecanismes drsquoaddiction en milieu professionnel Les conduites addictives en milieu de tra-vail ont une origine mixte lieacutee agrave la sphegravere priveacutee mais aussi agrave certains facteurs lieacutes agrave lrsquoactiviteacute professionnelle Ces derniers relegravevent de deux meacutecanismes65

Lrsquoacquisition consommation agrave lrsquooc-casion des pots en entreprise des repas drsquoaffairehellip ce type drsquousage est souvent inscrit dans les normes et la culture de certains meacutetiers secteur professionnel ou entreprise facilitant notamment lrsquointeacutegration dans le collectif de travail

Lrsquoadaptation consommation consti-tuant une strateacutegie pour laquo tenir raquo au travail Plusieurs situations ont eacuteteacute iden-tifieacutees dont le stress le travail de nuit les mauvaises relations au travail (harcegrave-lement brimades) les postes de seacutecu-riteacute le travail en plein air le port de charges lourdeshellip comme pouvant fa-voriser cette dispositionUne consommation au deacutepart maicirctriseacutee ou non-excessive peut devenir probleacute-matique dans un contexte de difficulteacutes professionnelles ainsi plus du tiers des fumeurs reacuteguliers (362 ) 93 des consommateurs drsquoalcool et 132 des consommateurs de cannabis deacuteclarent avoir augmenteacute leurs consommations du fait de problegravemes lieacutes agrave leur travail ou agrave leur situation professionnelle au cours des 12 derniers mois66

65 Philippe HACHE laquo Pratiques addictives et eacutevalua-tion des risques professionnels comment inscrire ce risque dans le document unique raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 150 2017 pp 113-115

66 Baromegravetre Santeacute 2010 INPES httpinpessante-publiquefrancefrBarometresbarometre-sante-2010indexasp

Ceci illustre le rocircle que peuvent jouer les conditions de travail dans lrsquoeacutevolution des conduites addictives

Conseacutequences des conduites ad-dictives en milieu professionnel

Les premiegraveres conseacutequences visibles sont les accidents de travail en emploi ou sur le trajet

Lrsquoabsenteacuteisme pour raison de santeacute Des difficulteacutes professionnelles pour

la personne difficulteacute agrave assurer ses tacircches et missions sanction disciplinaire pouvant aller jusqursquoagrave une perte drsquoem-ploi

Un collectif de travail impacteacute pour lrsquoentourage professionnel avec des effets induits varieacutes selon le poste de travail et le service concerneacutes report de tacircches entre professionnels exposition agrave des risques pour autrui ndash collaborateurs ou clients accidents du travail67 deacutegrada-tion relationnelle avec mise agrave lrsquoeacutecart et focalisation sur la personne en difficulteacute compensation par les collaborateurs etc

Pour lrsquoentreprise eacuteventuelle gestion de tensions et conflits sociaux pertes de production deacutegradation drsquoimage

67 2015 dans 20 agrave 30 des cas la victime drsquoun acci-dent du travail eacutetait sous lrsquoemprise drsquoune substance psychoactive lrsquoalcool eacutetant agrave lui seul responsable de 10 agrave 20 des accidents du travail et en cause dans 40 agrave 45 des accidents du travail mortels Sources - Conditions de travail - Bilan 2015 Ministegravere du travail

de lemploi de la formation professionnelle et du dia-logue social 2017 552 p

- Statistiques de sinistraliteacute 2015 tous CTN et par CTN Etude 2016-137-CTN CNAMTS 2016 62 p

ZOOM

Workaholisme et impact sur lrsquoentourage professionnel

Le workaholisme61 est un comporte-ment preacutesenteacute par une personne qui ressent une pression interne lrsquoobli-geant agrave travailler et qui ressent un mal-ecirctre inteacuterieur et une sensation de culpabiliteacute lors des peacuteriodes drsquoinacti-viteacute Le workaholisme preacutesente les critegraveres drsquoune addiction comporte-mentale mecircme srsquoil nrsquoest pas citeacute comme tel dans le DSM 562 Le workaholisme a des conseacutequences importantes sur la santeacute des travail-leurs conseacutequences somatiques (dou-leurs musculaires ou intestinales risque eacuteleveacute de maladie coronarienne) ni-veaux plus eacuteleveacutes danxieacuteteacute dinsom-nie de dysfonctionnement social et de deacutepression Cest eacutegalement un facteur de risque important de burnout Des co-addictions sont eacutegalement freacute-quemment retrouveacutees troubles du comportement alimentaire tabagisme important meacutesusage dalcoolLes conseacutequences sur lentourage sont notables Sur la famille qui est deacutelaisseacutee au pro-fit du travail Une eacutetude indique que dans les familles ougrave le pegravere souffre de

61 T BURCOVEANU laquo Workaholisme eacutetat des connaissances raquo Reacutefeacuterences en Santeacute au Travail ndeg 139 2014 pp 143-151

62 DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux paru aux Etats-Unis en 2013

workaholisme les enfants ont un risque drsquoanxieacuteteacute etou de deacutepression important63Sur les collaborateurs en difficulteacute voire en conflit avec ces workaho-liques perfectionnistes agrave lrsquoextrecircme psychorigides et ne deacuteleacuteguant pas

Les services de santeacute au travail sont en premiegravere ligne pour la preacutevention le repeacuterage et lrsquoorientation vers les services speacutecialiseacutes si besoin Pour le repeacuterage plusieurs questionnaires existent dont le plus pratique est le WART64 qui sont surtout utiliseacutes en cas de signaux drsquoalerte tels que lrsquoexis-tence de plaintes somatiques de troubles psychiques une difficulteacute agrave srsquoeacuteloigner du lieu de travail et une sur-consommation de substances psy-choactives

La prise en charge est celle dune ad-diction cest-agrave-dire pluridisciplinaire prenant en compte les troubles soma-tiques et psychiques les comorbiditeacutes psychiatriques eacuteventuelles la reacuteadap-tation de lrsquoindividu et la preacutevention des rechutes Il existe eacutegalement des groupes de paroles tels ceux des Work Anonymes

63 Bryan ROBINSON Lisa KELLEY laquo Adult child-ren of workaholics Self-concept anxiety depression and locus of control raquo The American Journal of Fa-mily Therapy vol 26 ndeg 3 1998 pp 223-238

64 Bryan ROBINSON laquo The Work Addiction Risk Test Development of a tentative measure of worka-holism raquo Perceptual and Motor Skills ndeg 88 1999 pp 199-210 Disponible en franccedilais httpwwwtest-addictofrtests_pdfquestionnaire-wartpdf

56 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 57

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp2thinspLE RISQUE

DE TRANSMISSION INTER-GEacuteNEacuteRATIONNELLE

Pour mieux saisir la notion de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle en termes drsquoaddiction une phrase drsquoEdgar Morin eacuteclaire la construction de lrsquoidentiteacute de lrsquoindividu en lien avec lrsquoentiegravereteacute de son histoire et de ses liens familiaux laquo Lrsquoau-tonomie est faite drsquoun tissu de deacutepen-dances ainsi lrsquoidentiteacute se constitue au carrefour de plusieurs appartenances raquoDans ce contexte le lien de transmis-sion intergeacuteneacuterationnelle srsquoexprime dans des formes qui touchent notamment aux cycles de vie familiale aux reacutepeacuteti-tions intergeacuteneacuterationnelles (maladie fonctionnement relations) aux formes relationnelles

INDICATEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE DE DIFFICULTEacuteS ADDICTIVES69 Les eacutetudes consacreacutees agrave la transmission intergeacuteneacuterationnelle des addictions montrent une correacutelation entre le contexte addictif familial et le risque de deacutependance chez lrsquoadolescent Particu-liegraverement quand des probleacutematiques addictives et des distorsions de la per-sonnaliteacute etou relationnelles se sont cumuleacutees sur plusieurs geacuteneacuterations lrsquoadolescent est aux prises avec un sys-

69 Agnegraves CADET-TAIumlROU Anne-Claire BRISACIER laquo Addiction et usages probleacutematiques facteurs de risque facteurs de protection raquo in Jeunes et addictions OFDT 2016 pp 83-86 httpsbdocofdtfrdoc_numphpexplnum_id=23806

tegraveme geacuteneacuteralement bien plus fort que lui et sa capaciteacute drsquoindividuation

Concernant lrsquoalcool et le tabac le risque est 2 agrave 3 fois supeacuterieur chez lrsquoado-lescent lorsqursquoil existe des anteacuteceacutedents drsquoabus drsquoalcool dans la famille ou lorsque lrsquoun ou les deux parents sont fumeurs de tabac

Pour le cannabis le risque drsquoune deacute-pendance de lrsquoadolescent serait double lorsque les parents sont consomma-teurs

Les enfants de parents deacutependants agrave drsquoautres drogues illicites ont eux aussi une plus forte probabiliteacute de probleacutema-tiques addictives

FACTEURS DE TRANSMISSION INTERGEacuteNEacuteRATIONNELLE70 Des facteurs laquo geacuteneacutetiques ou eacutepigeacuteneacute-tiques raquo sont en partie mis en cause notamment la reconduction sur deux ou plusieurs geacuteneacuterations de difficulteacutes sociales familiales et psychologiques drsquoune plus grande accessibiliteacute des pro-duits consommeacutes par les parents et de facteurs psychologiques tels qursquoun re-gard positif ou normaliseacute vis-agrave-vis de la consommation de drogues raquo Par ail-leurs lrsquoexposition preacutenatale aux pro-duits psychoactifs entraicircne un risque non-neacutegligeable de troubles du compor-tement ou des apprentissages degraves lrsquoenfance qui vont favoriser la survenue de probleacutematique addictive agrave lrsquoadoles-cence

70 Ibid

Quelques eacuteleacutements significatifs Sollicitation des services de santeacute au

travail pour des probleacutematiques addic-tives68 92 des meacutedecins deacuteclarent avoir eacuteteacute contacteacutes par des directeurs de ressources humaines pour un pro-blegraveme drsquoalcool chez un salarieacute 29 pour un salarieacute faisant usage de canna-bis 13 pour un salarieacute faisant usage drsquoune autre drogue

Des demandes de conseils de la part du personnel pour un travailleur en dif-ficulteacute sont eacutegalement noteacutees 40 des meacutedecins du travail ont eacuteteacute contacteacutes pour un problegraveme drsquoalcool 7 pour un usage de cannabis et 4 pour drsquoautres drogues

68 C MENARD et al laquo Actions collectives en entre-prise la place des meacutedecins du travail raquo in C MENARD G DEMORTIERE E DURAND P VERGER F BECK (dir) Meacutedecins du travail Meacutedecins geacuteneacuteralistes re-gards croiseacutes INPES 2011 pp 95-110 (Etudes Santeacute)

Axes de preacuteventionCes constats justifient de deacutevelopper les moyens de repeacuterer les personnes en difficulteacute afin de leur apporter lrsquoaccom-pagnement neacutecessaire mais surtout de deacutevelopper une culture drsquoentreprise de preacutevention et de qualiteacute de vie au travailPour quune deacutemarche daide puisse ecirctre efficace lentreprise quelle qursquoelle soit publique ou priveacutee petite ou grande doit sinscrire dans une deacute-marche de preacutevention de repeacuterage et daccompagnement des personnes en difficulteacute qui relegraveve drsquoailleurs de la loi Dans cette deacutemarche ne sont pas seu-lement concerneacutees les personnes deacute-pendantes mais aussi les personnes ayant une consommation agrave risque ou agrave problegraveme ponctuelle ou reacuteguliegravere

58 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 59

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Les eacutetudes drsquoassociation quant agrave elles ont pour but de deacutetecter lrsquoasso-ciation entre un trait de caractegravere (ici lrsquoaddiction) et la structure exacte (polymorphisme) drsquoun gegravene Elles se fondent sur la comparaison entre des cas (ici des sujets addicts) et des teacute-moins (des sujets non-addicts) Ces eacutetudes dites laquo cas-teacutemoins raquo sont les plus nombreuses Dans celles-ci on axe les recherches le plus souvent sur des gegravenes laquo candidats raquo crsquoest-agrave-dire qui pourraient logiquement avoir un rocircle agrave jouer dans la survenue de la pathologie Toutefois lrsquoameacutelioration spectaculaire des techniques de seacute-quenccedilage et drsquoidentification des gegravenes a permis de reacutealiser des eacutetudes dites GWAS72 ougrave plus drsquoun million de mar-queurs geacuteneacutetiques peuvent ecirctre ana-lyseacutes en mecircme temps

De nombreux gegravenes impliqueacutes agrave des degreacutes et sur des fonctions tregraves diverses De tregraves nombreux gegravenes sont identi-fieacutes comme eacutetant probablement im-pliqueacutes dans les addictions aux subs-tances psychoactives sans pour autant pouvoir expliquer lrsquoensemble du pheacute-nomegravene I ls inter viennent par exemple dans lrsquoaction ou le meacutetabo-

72 Genome-Wide Association Study

lisme de la substance la reacutegulation de la consommation la sensibiliteacute aux effets plaisantsreacutecompensants ou encore la seacuteveacuteriteacute de lrsquoaddiction Drsquoautres gegravenes sont impliqueacutes dans des comportements ou des traits de carac-tegravere comme la deacutesinhibition lrsquoatten-tion la reacuteponse au stress la recherche de sensations ou lrsquoimpulsiviteacute

Agrave RETENIR

Aucun gegravene identifieacute agrave ce jour ne possegravede un effet ma-jeur agrave devenir addict aucun drsquoentre eux nrsquoexplique agrave lui seul la survenue de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction parait ecirctre multi-geacutenique crsquoest-agrave-dire reposant sur une combinaison de modifications de plusieurs gegravenes et pas toujours les mecircmes drsquoun sujet agrave lrsquoautre

Enfin ces gegravenes de vulneacute-rabiliteacute sont loin drsquoecirctre tou-jours preacutesents chez les per-sonnes addictes

Cela signifie que lrsquoabsence de ces gegravenes ne protegravege en aucun cas du risque de deve-nir addict

ZOOM

Addiction une maladie geacuteneacutetique 71

Lrsquoaddiction nrsquoest pas une maladie geacuteneacutetique seule est dit geacuteneacutetique une maladie dont la survenue est pro-voqueacutee uniquement par la mutation drsquoun ou plusieurs gegravenes Crsquoest le cas par exemple de la mucoviscidose ce nrsquoest pas le cas de lrsquoaddiction

Lrsquoaddiction est une maladie multi-factorielle qui associe des facteurs geacuteneacutetiques et environnementaux Crsquoest le cas de la plupart des patholo-gies courantes associant dans leur eacutetiologie le terrain heacutereacuteditaire et lrsquohis-toire de vie du sujetOn naicirct donc en portant dans nos gegravenes un risque plus ou moins eacuteleveacute de deacutevelopper une addiction Toute-fois la survenue de lrsquoaddiction deacutepen-dra au moins autant sinon plus de facteurs lieacutes agrave lrsquoenvironnement social et familial que de facteurs geacuteneacutetiques Il nrsquoy a pas de deacuteterminisme agrave devenir laquo addict raquo mais il y a des facteurs de vulneacuterabiliteacute

Quelle part du risque drsquoaddiction est porteacutee par les gegravenes Lrsquoidentification drsquoune part geacuteneacutetique dans la survenue drsquoune addiction pro-

71 Bertrand NALPAS Nicolas RAMOZ Lrsquoaddiction est-elle une maladie geacuteneacutetique lt httpwwwmaad-digitalfrdecryptageladdiction-est-elle-une-maladie-genetique-12 gt 23022017

vient drsquoeacutetudes meneacutees sur des familles ou des paires de jumeaux dans les-quels un membre est toucheacute La syn-thegravese des eacutetudes meneacutees sur les ju-meaux a permis drsquoeacutetablir que la part geacuteneacutetique dans la vulneacuterabiliteacute agrave deve-nir laquo addict raquo serait drsquoenviron 70 pour la deacutependance agrave la nicotine 48-66 pour la deacutependance agrave lrsquoalcool 51-59 pour la deacutependance au can-nabis 42-79 pour la deacutependance agrave la cocaiumlne 23-54 pour la deacutepen-dance aux opiaceacutes Ces taux sont tou-tefois agrave lire avec prudence dans la mesure ougrave la deacutefinition de la laquo deacutepen-dance raquo nrsquoeacutetait pas toujours identique drsquoune eacutetude agrave lrsquoautre Au total si on heacuterite de gegravenes de vulneacuterabiliteacute sur lesquels on ne peut guegravere agir ceux-ci repreacutesenteront environ la moitieacute de la probabiliteacute de devenir laquo addict raquo

Existe-t-il un gegravene de lrsquoaddiction Lrsquoessentiel de la recherche geacuteneacutetique appliqueacutee aux addictions repose sur deux types drsquoeacutetudes les eacutetudes de liaison drsquoune part et les eacutetudes drsquoasso-ciation drsquoautre part

Les eacutetudes geacuteneacutetiques de liaison servent agrave cartographier les diffeacuterents gegravenes ou reacutegions du geacutenome preacutedis-posant agrave un trouble Lrsquoapproche liaison se base sur des familles dans lesquelles au moins un parent et un enfant sont addicts et on recherche si le gegravene sus-pecteacute est preacutesent chez le parent et lrsquoenfant atteints

60 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 61

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ILLUSTRATION

laquo Une affaire de famille raquoproGramme de preacutevention de la tranSmiS-Sion Geacuteneacuterationnelle deS SouffranceS lieacuteeS au fonctionnement familial

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo a eacuteteacute eacutelaboreacute par Line Caron travailleuse sociale titulaire dune Maicirc-trise en service social Il est mis en œuvre au Queacutebec depuis les anneacutees 1996Un travail drsquoadaptation agrave la langue par-leacutee en France a eacuteteacute fait par la docteure Antoinette Fouilleul Psychiatre-Addic-tologue et administratrice de lrsquoANPAA Agrave partir de 2010 Line Caron a donneacute plusieurs confeacuterences et en Norman-die et en Bretagne ougrave le programme est maintenant deacuteployeacute au sein de lrsquoANPAA et expeacuterimenteacute dans diffeacute-rents contextes dont le centre du couple et de la famille de Brest pour des difficulteacutes lieacutees aux violences in-trafamiliales et dans une maison drsquoar-recirct Plus reacutecemment la docteure Antoinette Fouilleul a formeacute des ani-mateurs agrave lrsquoIle de la Reacuteunion ougrave le programme est maintenant expeacuteri-menteacute Une formation a aussi eacuteteacute donneacutee par madame Caron en Nou-velle-Aquitaine aux intervenants de lrsquoANPAA et leurs partenaires du deacute-partement En 2017 une convention a eacuteteacute signeacutee entre lrsquoauteure et lrsquoANPAA donnant agrave cette derniegravere lrsquoexclusiviteacute du deacuteploiement en France et permet-tant la mise en place drsquoun comiteacute de pilotage

UNE APPROCHE NOVATRICE

Lrsquoapproche du programme laquo Une af-faire de famille raquo est preacuteventive Elle vise agrave habiliter le participant agrave deacutecou-vrir eacutemotionnellement le lien entre son veacutecu familial et la souffrance veacute-cue aujourdrsquohui afin de construire lui-mecircme ses propres actions pour briser ce cycle de transmission et se donner plus de liberteacute dans lrsquoeacuteducation don-neacutee agrave ses enfants Il tente drsquoorienter les compeacutetences des familles agrave poser des actions originales pour solution-ner leurs problegravemes plutocirct que de les utiliser pour survivre Comme les par ticipants au pro-gramme sont principalement des po-lytraumatiseacutes familiaux lrsquoapproche se doit de faire preuve drsquoune grande deacutelicatesse mais aussi drsquoune rigueur scientif ique Teinteacutee des nouvelles donneacutees neuroscientifiques elle per-met de diminuer les souffrances asso-cieacutees aux souvenirs traumatiques et aide le participant agrave construire de nouvelles voies neuronales mieux adapteacutees agrave la reacutealiteacute eacutemotionnelle de son histoire pour lui permettre de moins souffrir et de sortir des or-niegraveres de la reacutepeacutetition et de la trans-mission agrave ses enfantsLe programme comprend une seacuterie drsquoateliers sur des thegravemes preacutecis du fonctionnement familial et qui sont gradueacutees en intensiteacute eacutemotive Entre les seacuteances de groupe une tacircche est demandeacutee au participant afin de veacuteri-fier le contenu dans son histoire fami-liale et de soutenir lrsquointeacutegration neu-

PLACE DE LrsquoHISTOIRE FAMILIALE DANS LES REPREacuteSENTATIONS MOTIVATIONS ET TRAJECTOIRES DE CONDUITES ADDICTIVES Agrave LrsquoADOLESCENCE73 Le point drsquoancrage des rapports aux conduites addictives est drsquoabord familial Les reacutecits biographiques spontaneacutes font systeacutematiquement reacutefeacuterence agrave lrsquohisto-rique familial de consommation

Des problegravemes de santeacute voire des deacutecegraves surtout lieacutes au tabagisme (cancers)

Des probleacutematiques addictives en matiegravere drsquoalcoolo-deacutependance un mineur sur dix eacutevoque les laquo problegravemes drsquoalcool raquo drsquoun proche le plus souvent son pegravere

Des troubles de deacutependance agrave une drogue illicite dans une moindre me-sure quelques jeunes jugent que leurs parents laquo fument trop de cannabis raquo

Certains expriment leur reacuteprobation sur les consommations parentales quant aux quantiteacutes agrave la freacutequence ou au changement de comportement induit par lrsquousage

Ces expeacuteriences sont freacutequemment convoqueacutees comme explicitation drsquoun rapport drsquoauto limitation des consomma-tions Agrave lrsquoinverse les rares jeunes dont les parents sont abstinents expriment une forme drsquoanxieacuteteacute sociale face agrave la visibiliteacute des produits dans lrsquoespace public et la reacutecurrence des incitations agrave consommer veacutecue comme une mise en danger de lrsquoeacutethique personnelle74

73 Ivana OBRADOVIC laquo Repreacutesentations motiva-tions et trajectoires drsquousage de drogues agrave lrsquoadoles-cence raquo op cit

74 Cf facteur religieux dans le rapport aux consom-mations

PREacuteVENTION SEacuteLECTIVE Agir sur ce risque pour proteacuteger lrsquoentou-rage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives vise agrave reacuteduire les difficulteacutes agrave leur source en deacutesamor-ccedilant des logiques inconscientes agrave court moyen et long termes chez les enfants et les jeunes notamment Les scheacutemas deacutejagrave ancreacutes ou en risque drsquoeacutelaboration doivent trouver un lieu et un moment de deacutecryptage de deacuteconstruction dans leurs sources et dans leurs effets Cha-cun y faisant son chemin trouvera ainsi des outils pour sortir de sa co-deacutepen-dance ou de sa deacutependance Deux eacuteleacute-ments interagissent sans aucun doute lrsquohistoire familiale et lrsquohistoire individuelle

Si une information geacuteneacuterique sur ce

qursquoest le risque de transmission intergeacute-neacuterationnelle peut ecirctre utile il semble qursquoagir sur ce risque doive srsquoattacher agrave prendre en compte des populations speacute-cifiques des territoires particuliers des milieux identifieacutes Une preacutevention seacutelec-tive et cibleacutee srsquoimpose sur ce terrain

62 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 63

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

passent drsquoabord par un changement eacutemotionnel pour induire un change-ment dans la maniegravere de penser faire autrement et obtenir autre chose Cette approche expeacuterientielle est renforceacutee par la chaleur et la bienveil-lance du groupe le cocon non-jugeant qui srsquoen deacutegage induisant de nouveaux modes relationnels

Agrave QUI SrsquoADRESSE LE PROGRAMME

Le programme srsquoadresse agrave toute per-sonne adulte qui a souffer t et qui souffre encore des probleacutematiques lieacutees au fonctionnement familial (rela-tions insatisfaisantes probleacutematiques addictives deacutepression deacutependance affective violencehellip) et qui deacutesire en comprendre les reacutepercussions sur sa vie actuelle et sur lrsquoeacuteducation qursquoelle donne agrave ses enfants

OBJECTIFS DU PROGRAMME

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral est drsquohabiliter les membres des familles preacutesentant une difficulteacute ou un problegraveme de fonction-nement geacuteneacuterationnel agrave preacutevenir sa transmission dans la geacuteneacuteration sui-vanteLe but est drsquoutiliser les compeacutetences personnelles et relationnelles pour continuer de se deacutevelopper et deacutevo-luer plutocirct que de survivre

Les objectifs speacutecifiques sont de per-mettre aux participants

De reconnaicirctre le problegraveme de la transmission geacuteneacuterationnelle

De mettre en œuvre des actions speacutecifiques afin de contrer le pro-blegraveme dans sa famille

Le programme deacutecline une suite lo-gique qui amegravene les participants agrave

Comprendre le fonctionnement dune famille

Comprendre les diff iculteacutes du fonctionnement familial

Comprendre le pheacutenomegravene de la transmission geacuteneacuterationnelle

Trouver des actions pour briser le cycle de la transmission

DEacuteROULEMENT DU PROGRAMME

laquo Une affaire de famille raquo est un pro-gramme de preacutevention non-theacutera-peutique qui se propose de reacutefleacutechir en groupe sur les transmissions des conduites de reacutepeacutetitions intergeacuteneacutera-tionnelles Ce programme propose un processus drsquoexploration une connaissance eacutemotionnelle et une compreacutehension de son histoire avec comme but de briser le cercle vicieux de la reacutepeacutetition des comportements alieacutenants pour soi et la geacuteneacuteration suivante Ce programme de preacutevention est mis en œuvre sous la forme dun groupe fermeacute de cinq agrave quinze personnes reacuteuni entre huit et dix rencontres Il se deacuteroule en petit groupe ougrave le cadre seacutecurisant et la convivialiteacute sont mo-teurs pour lrsquoexpression et la reacuteflexion de chacun Il a pour but drsquoamorcer une dynamique de changement chez les participants et leur famille

ronale Au cours du programme le par ticipant est accompagneacute pour construire sa carte familiale (geacuteno-gramme) afin de visualiser la transmis-sion agrave travers les geacuteneacuterations Ce tra-vail amegravene le participant agrave se distancer de ses eacutemotions ce qui lui permet de faire face de faccedilon plus adeacutequate aux situations difficiles laquo Une affaire de famille raquo nrsquoa pas la preacutetention drsquoarrecircter la transmission geacuteneacuterationnelle mais drsquohabiliter les membres des familles aux prises avec des souffrances lieacutees agrave leur fonction-nement familial agrave reconnaicirctre le pheacute-nomegravene de la transmission geacuteneacutera-tionnelle afin qursquoils puissent mettre en œuvre des actions speacutecifiques pour le contrer

Lrsquoapproche peacutedagogique baseacutee sur les diffeacuterentes formes drsquoapprentissage des individus est active et dynamique Lrsquoimplication eacutemotionnelle des per-sonnes participantes bien encadreacutees par un animateur formeacute qui a lui-mecircme veacutecu la deacutemarche auparavant est une des conditions de succegraves du programme Les activiteacutes sont varieacutees et reacuteservent une place constante aux participants et agrave leur expeacuterience au moyen de mises en situation exercices pratiques questionnaires discussion de groupe exposeacutes suivis de peacuteriodes de discussion expeacuterimentation dans le quotidien entre les rencontres

LES ASSISES THEacuteORIQUES

Le programme laquo Une affaire de fa-mille raquo repose sur deux assises theacuteo-riques essentielles lrsquoapproche systeacute-mique du fonctionnement familial et la diffeacuterenciation du soi de Murray Bowen Lrsquoapport de lrsquoeacutepigeacuteneacutetique et des neu-rosciences est au cœur de la meacutethode peacutedagogique Les travaux sur lrsquoatta-chement et la reacutegulation affective (Allan Shore75) la neuroscience de la psychotheacuterapie (Louis Cozolino76) et la deacutecouverte des laquo neurones-mi-roirs raquo (Rizzolatti77) eacuteclairent sur la faccedilon dont se construit la reacutegulation affective sur comment se forme le rapport agrave soi et agrave lrsquoAutre et comment se construisent des capaciteacutes de dis-cernement drsquoorganisation et drsquointe-ractions fructueuses Eacutegalement la neuro-plasticiteacute permet de nouveaux apprentissages dans un contexte seacute-curisant et bienveillant Agrave cet effet la posture des animateurs est preacutecieuse car elle va induire un climat drsquoempa-thie et se couplera agrave un cadrage clair et rassurant gracircce agrave la preacutecision des documents fournis aux consignes et au contenu transmis agrave lrsquoanimateur et au participant Il est maintenant connu que les processus de changement

75 Allan N SCHORE La reacutegulation affective et la reacuteparation du Soi Les Eacuteditions du CIG 2008 430 p

76 Louis COZOLINO La neuroscience de la psy-chotheacuterapie Les Eacuteditions du CIG 2012 455 p

77 Giacomo RIZZOLATTI Corrado SINIGAGLIA Les neurones-miroirs Odile Jacob 2008 240 p

64 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 65

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

fants maintenant comparativement avec ce qursquoils vivaient avant le pro-gramme En 2017-2018 le programme a de nou-veau eacuteteacute eacutevalueacute par lrsquoUniversiteacute de lrsquoIle de la Reacuteunion La conclusion est agrave lrsquoeffet que laquo Une affaire de famille raquo permet de libeacuterer et de gueacuterir les maux intrafa-miliaux des familles reacuteunionnaisesLes reacutesultats des eacutevaluations meneacutees aupregraves de groupes de diffeacuterentes na-tionaliteacutes laissent penser que le pro-gramme propose une approche qui est geacuteneacuteralisable et donne des reacutesul-tats positifs aupregraves de familles vivant dans des contextes historiques et socio-eacuteconomiques tregraves diffeacuterents

LES PREacute-REQUIS DE MISE EN ŒUVRE

Pour ecirctre habiliteacute agrave appliquer le pro-gramme aupregraves drsquoun public de poly-traumatiseacutes familiaux il faut que lrsquoani-mateur soit lui-mecircme au clair avec son propre fonctionnement familial Une expeacuterimentation du programme avec un animateur qualifieacute est recom-mandeacuteePar la suite une formation de quatre jours avec lrsquoauteure du programme ou un intervenant habiliteacute est proposeacutee afin drsquoacqueacuterir une bonne compreacute-hension des bases scientifiques et de la meacutethode peacutedagogiqueLa formation a eacuteteacute conccedilue dans une approche dynamique qui fait appel agrave limplication personnelle et profes-sionnelle des participants Elle com-prend deux eacutetapes

Lexpeacuterimentation du programme dans lobjectif dune compreacutehension accrue de son milieu familial et de son influence dans sa pratique profession-nelle aupregraves des familles

Une formation compleacutementaire de 4 jours dans lobjectif de devenir animateur du programme

Les gains pour les personnes accom-pagneacutees lrsquointervenant et lorganisationLes retombeacutees de la formation sur la transmission geacuteneacuterationnelle sont appreacuteciables Drsquoabord cette forma-tion vise un travail agrave lrsquoorigine ou en amont de plusieurs probleacutematiques majeures Encore trop souvent lrsquoin-tervention effleure les problegravemes en ciblant les symptocircmes ce qui a pour effet une reacutecurrence de la demandeCette formation preacutesente aussi la par-ticulariteacute de deacutegager une vision et un langage commun entre les interve-nants au sein drsquoune eacutequipe ou drsquoune institution Elle favorise donc une vi-sion plus globale plus transcendante du deacuteveloppement psychique qui peut relier les diffeacuterents mondes de lrsquoenfance lrsquoadolescence et la vie adulteFinalement bien que cette formation repose sur des bases theacuteoriques so-lides (approche systeacutemique diffeacuteren-ciation du soi approche contextuelle de Boszormenyi-Nagy eacutepigeacuteneacutetique et neurosciences) sa plus grande force reacuteside dans un souci constant drsquointeacutegrer les acquis theacuteoriques au veacutecu personnel et agrave la pratique des intervenants

Les seacuteances ont pour theacutematiques 1 La creacuteation drsquoun climat propice agrave

la communication et aux eacutechanges 2 Selon le type de groupe choix

entre La preacutesentation des concepts de base en addictologie Ou lrsquoidentification drsquoeacuteleacutements de la vie actuelle qui proviennent de notre famille drsquoorigine

3 Les rocircles dans les familles en souf-france

4 Les regravegles qui reacutegissent les familles en souffrance

5 Les comportements de survie (codeacutependance deacutependance affec-tive)

6 Les fonctions familiales et le pheacute-nomegravene des enfants parentaliseacutes

7 La construction du geacutenogramme et les plans daction

8 Labandon et le processus de la transmission geacuteneacuterationnelle

9 Le systegraveme dattachement dans les relations intimes et dans leacuteducation donneacutee aux enfants

10 Lidentification de pistes dactions personnelles pour briser le cycle de la transmission geacuteneacuterationnelle et les obstacles au changement dans ma famille

11 En action

UN PROGRAMME EacuteVALUEacute

Une premiegravere eacutevaluation des effets du programme a eacuteteacute meneacutee en 2000 par lrsquoeacutequipe de recherche de la Reacutegie reacute-gionale de la santeacute et des services sociaux de la Cocircte-Nord (Canada) Les reacutesultats sont tregraves inteacuteressants et deacutemontrent clairement que le pro-gramme geacutenegravere des pr ises de conscience importantes et amegravene les participants agrave proceacuteder agrave une remise en question de certains comporte-ments envers leurs enfants De plus lrsquoeacutevaluation recommandait entre autres drsquoeacutelargir la diffusion du pro-gramme agrave tout public consideacutereacute agrave risque de reproduire ou de trans-mettre des comportements nuisibles au deacuteveloppement de leurs enfants Agrave la suite de cette eacutetude et de lrsquoexpeacuteri-mentation par plusieurs intervenants le programme a eacuteteacute reacuteviseacute et eacutelargi de la toxicomanie agrave lrsquoensemble des diffi-culteacutes du fonctionnement familial Le nouveau programme a lui aussi eacuteteacute eacutevalueacute en 2005 par les animateurs Un questionnaire eacutecrit portant sur les changements concrets dans leur vie et pour leur entourage a eacuteteacute soumis aux participants un an apregraves la dispensa-tion Lrsquoobjectif eacutetait drsquoen valider de nouveau les effets agrave long terme et de veacuterifier si la nouvelle version du pro-gramme correspondait bien agrave leur reacutealiteacute Les reacutesultats sont probants et deacutemontrent clairement les change-ments concrets que les participants ont ameneacutes dans leur vie et dans la faccedilon dont ils agissent avec leurs en-

66 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 67

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2fraslthinsp3 PREacuteVENTION DES RISQUES

TRAVAILLER POUR ET AVEC LrsquoENTOURAGE

La preacutevention des risques de conduites addictives doit prendre en compte de faccedilon singuliegravere la place et le rocircle de lrsquoen-tourage autour de la personne addicte En preacutevention seacutelective et cibleacutee dans un continuum drsquoactions il faut saisir la posi-tion singuliegravere de lrsquoentourage pour eacutelabo-rer des modes preacuteventifs adapteacutes Les dispositifs de preacutevention doivent remobi-liser lrsquoentourage pour libeacuterer la parole alleacuteger les souffrances reacuteduire les risques et les dommages Pour cela il convient

Drsquoassurer au preacutealable agrave chacun les moyens de comprendre et de maicirctriser une situation potentiellement agrave risque en termes drsquoaddiction

De consideacuterer le contexte socio-eacuteco-nomique du laquo tout tout de suite raquo pour orienter lrsquoaction de preacutevention vers la reacuteduction des facteurs de vulneacuterabiliteacute des personnes en geacuteneacuteral

De changer le regard ambivalent sur les produits ou comportements addic-tifs en travaillant sur les compeacutetences psychosociales pour reacuteduire les risques et dommages Une strateacutegie de preacutevention va interpel-ler agrave la fois le cercle familial et lrsquoenviron-nement social large au travers notam-ment drsquoune guidance de la parentaliteacute et drsquoune eacuteducation par les pairs dans des cercles de lrsquoentourage varieacutes et dans le respect des speacutecificiteacutes de chaque publicIl srsquoagit de sensibiliser au risque et de repeacuterer les difficulteacutes possibles ou en gestation non pas seulement par une

information mais par une forme partici-pative drsquoeacuteducation au risque vers un public cibleacute Lrsquointeraction des acteurs du champ drsquointervention social et meacutedico-social est essentielle pour preacutevenir les risques drsquoaddictions en mettant en jeu des facteurs de protection des per-sonnes en faisant appel agrave des savoir-faire de psychologie communautaire En effet lrsquoeacuteducation preacuteventive est une affaire collective Elle agira drsquoautant mieux qursquoelle pourra mobiliser les speacutecialistes la communauteacute eacuteducative scolaire et extra-scolaire la famille eacutelargie en direc-tion des plus jeunes et des adolescents

1 GUIDER LA PARENTALITEacute

PARENTALITEacute ET VALEURS SOCIEacuteTALESEn perte de repegraveres dans un contexte socieacutetal ougrave comme le souligne Philippe Jeammet78 laquo tout consensus eacuteducatif a disparu et ougrave lrsquoautoriteacute est souvent veacute-cue comme un abus de pouvoir raquo les parents ne savent pas toujours com-ment reacuteagir et peuvent ecirctre en difficulteacute pour assumer leur responsabiliteacute eacuteduca-tive Les questionnements de nos socieacute-teacutes modernes laissent aff leurer trop souvent une deacutevalorisation du rocircle des parents comme du systegraveme eacuteducatif souvent accuseacutes de deacutemission de per-missiviteacute ou drsquoincompreacutehension Pour-tant la socieacuteteacute elle-mecircme place les pa-rents et enfants dans des rapports de force de plus en plus complexes lieacutes agrave des attendus contradictoires en termes

78 Philippe JEAMMET (dir) Adolescences repegraveres pour les parents et les professionnels Syros 1997 212 p

LES GAINS DE CETTE FORMATION

PEUVENT EcircTRE PERCEPTIBLES

Pour les personnes accompagneacutees Une intervention qui respecte les compeacutetences des personnes agrave travers une approche responsa-bilisante

Une approche globale non-culpa-bilisante ni reacuteductible des pro-blegravemes

Une intervention qui colle agrave la reacutealiteacute du public Une dynamique de groupe stimu-lante et bienveillante

La force seacutecurisante du groupe pour appreacutehender une reacutealiteacute dif-ficile

Une intervention qui encourage la motivation agrave srsquoengager dans un changement durable

Pour lrsquointervenant Une meilleure connaissance du fonctionnement familial agrave travers les geacuteneacuterations Des habileteacutes agrave reconnaicirctre lrsquoim-pact drsquoun veacutecu familial difficile agrave travers les problegravemes preacutesenteacutes par le public

Un outil drsquointervention bien constitueacute eacutevalueacute et pratique agrave utiliser Lrsquoacquisition drsquoune vision globale et drsquoun langage commun facilitant le travail avec et entre les eacutequipes Le renforcement de la pratique professionnelle par une deacute-marche personnelle de compreacute-hension de lrsquo impact de son propre fonctionnement familial

Pour lrsquoorganisation Une reacuteduction de la reacutecurrence des problegravemes ou du syndrome de la porte tournante par un tra-vail plus en profondeur avec le public Un meilleur arrimage entre les eacutequipes de travail Des interventions mieux cibleacutees Un programme de groupe ou individuel adaptable agrave diffeacuterents publics (usagers de drogues adultes parents jeunes milieux de travail etc)

68 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 69

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

La promotion de la santeacute permet de renforcer les compeacutetences psy-chosociales utiles des parents pour reacutepondre aux situations agrave risque Parallegravelement les actions de preacute-vention visent agrave repeacuterer et modifier des habitudes et environnements jugeacutes nocifs

Agrave lrsquoadolescence les parents abordent avec plus ou moins drsquoagiliteacute le deacutebut de lrsquoautonomie souhaiteacutee du jeune Dans cette peacuteriode le parent doit forceacutement partager avec le jeune lrsquoanalyse des situa-tions agrave risques Drsquoautres informations drsquoautres aides seront alors neacutecessaires

Si les compeacutetences de base sont transmises le jeune apprendra agrave utiliser ces compeacutetences seul et en situation plus exposeacutee Connaicirctre les strateacutegies pour reacuteduire les risques et les dommages et ajuster la prise drsquoautonomie parti-cipent aux laquo neacutegociations raquo plus ou moins complexes avec les adolescents

Lrsquoentourage eacutetendu de lrsquoenfant (anima-teur professionnel de lrsquoenfance eacuteduca-teur eacutetablissement scolaire ou de for-mationhellip) a un rocircle notable de communication et drsquoinformations Cet entourage intervient pour expliquer alerter sur les dimensions addictives de certains modes de vie et sont aussi une source de repeacuterage drsquoeacuteventuelles diffi-culteacutes ou usages probleacutematiques

RENFORCER LES COMPEacuteTENCES DES PARENTSLes parents sont souvent en manque de reacuteponses en doute voire en crainte et

surtout en difficulteacute pour libeacuterer la pa-role vis-agrave-vis drsquoautres adultes exteacuterieurs au cercle familial ou amical

Drsquoun point de vue individuel le pa-rent doit pouvoir se faire aider pour acqueacuterir la capaciteacute agrave diffeacuterer une reacute-ponse ou avertir lrsquoadolescent des risques agrave vivre trop jeune certaines expeacuteriences trop intenses

Des parents ou groupes de parents peuvent aussi avoir besoin drsquoinforma-tions speacutecifiques dans le cadre drsquoune preacutevention seacutelective Par exemple il peut ecirctre utile drsquoouvrir un espace de discussion autour de la notion drsquoaddiction (produits et compor-tements) en lrsquoappreacuteciant sous lrsquoangle des plaisirs et des risques et dommages Aborder tout ce qui existe sur le laquo mar-cheacute raquo en prendre connaissance et conscience consideacuterer lrsquoubiquiteacute des drogues et informer les parents sur les speacutecificiteacutes de chaque type de produit peut se faire dans une configuration par-ticipative informelle voire ludique Agrave ce titre les groupes de discussion theacutema-tiques sont un outil pratique qui bien construit et animeacute permet de creacuteer du lien du soutien voire de libeacuterer la pa-role sur des difficulteacutes Ainsi on peut agrave la fois guider et laquo for-mer raquo la parentaliteacute par lrsquoappui des pairs ndash parentsDiffeacuterents outils et guides de soutien agrave la parentaliteacute sont eacutediteacutes Ils reprennent diffeacuterents conseils notamment sur lrsquoatti-tude agrave favoriser face aux premiegraveres consommations de son enfant fixer des limites savoir dire non neacutegocier et res-ponsabiliser avec la mise en place du dialogue qui est essentielle

drsquoefficaciteacute drsquoactiviteacutes professionnelles drsquoimage sociale au travers drsquoacquisitions mateacuterielles stimuleacutees mais aussi de bien-ecirctre drsquoeacutequilibre et de place de lrsquoindividu dans la socieacuteteacute En termes de preacutevention les parents sont le premier cercle pour agir Il est primordial de soutenir et valoriser les parents dans leur rocircle eacuteducatif de les accompagner agrave reacutetablir si neacutecessaire une communication avec leur enfant

PARENTALITEacute ET STYLE EacuteDUCATIFDiffeacuterentes eacutetudes mettent en eacutevidence que lrsquoenvironnement familial et le style eacuteducatif ont une veacuteritable influence sur les consommations de substances psy-choactives des enfants Mais le style eacutedu-catif est aussi le fruit drsquoune transmission du mode eacuteducatif des ascendants Cette notion srsquoaccorde avec lrsquoapproche en preacute-vention par le deacuteveloppement et le ren-forcement des compeacutetences psychoso-ciales des jeunes En effet laquo plus la relation parent-enfant est adapteacutee plus la reacutesistance de lrsquoenfant agrave lrsquoinfluence des pairs est forte et moins il deacuteveloppe des conduites agrave risques raquo79

Or une relation parent-enfant adapteacutee se conccediloit degraves le plus jeune acircge avant mecircme la naissance Et crsquoest au travers de cette relation efficiente qui remplit son rocircle de cadrage et de reacute-assurance affec-tive successive agrave chaque eacutetape de lrsquoeacutevo-lution de lrsquoenfant que srsquoexerce la preacuteven-tion la plus approprieacutee bien avant que

79 LrsquoANPAA dans les Hauts-de-France a publieacute en 2014 lrsquoeacutetude Parentaliteacute et preacutevention des conduites agrave risques comprenant une eacutetude de litteacuterature une en-quecircte et des preacuteconisations En ligne httpwwwanpaa5962org_docsFichier20144-140923104916pdf

les premiegraveres consommations nrsquoappa-raissent En effet la qualiteacute des liens que les parents sauront mettre en place au quotidien avec leurs enfants degraves leur plus jeune acircge est le meilleur des garants face au risque drsquoabus de substances

PARENTS ET APPRENTISSAGE DU RISQUE Crsquoest au sein de la cellule familiale quelle que soit sa forme que lrsquoenfant fera lrsquoex-peacuterience de lrsquoapprentissage des regravegles du sens de la responsabiliteacute et avancera vers une autonomie progressiveLa famille repreacutesente un lieu ougrave les re-pegraveres se construisent et ougrave lrsquoenfant ap-prendra agrave avoir une bonne image de lui-mecircme et agrave srsquoaffirmer face aux pres-sions addictogegravenes de lrsquoenvironnement qursquoelles soient issues de la socieacuteteacute en geacuteneacuteral ou de son groupe drsquoapparte-nance en particulier

Les actions de preacutevention soutiennent les parents dans lrsquoexercice de leurs fonctions drsquoeacuteducateurs de faccedilon diffeacuterencieacutee aux diffeacuterentes eacutetapes drsquoeacutevolution de lrsquoenfant80

Des premiegraveres anneacutees jusqursquoagrave la preacute-adolescence (1112 ans) lrsquoenfant sous le regard du parent deacutecouvre teste expeacute-rimente dans des proportions qui doivent correspondre aux capaciteacutes et aptitudes eacutevolutives de lrsquoenfant Durant ces anneacutees les parents deacutefinissent lrsquoenvironnement de lrsquoenfant et le protegravegent des tendances et tentations parfois inapproprieacutees de la socieacuteteacute Ils posent les regravegles limitant laquo drsquoautoriteacute raquo les situations agrave risque

80 Addictions familles et entourage op cit

70 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 71

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

lrsquoenfant et de sa protectionZOOM

Femmes enceintes et entourage preacutevention et peacuterinataliteacute85

La laquo culture alcool raquo en France est telle qursquoune femme enceinte sera confronteacutee agrave de multiples circons-tances festives ou conviviales ougrave son entourage consommera des boissons alcooliseacutees et mettra agrave lrsquoeacutepreuve sa deacutetermination [agrave ne pas boire pen-dant sa grossesse]

Il est indispensable drsquoinformer sur ce risque eacutevitable et surtout de res-ponsabiliser eacutegalement lrsquoentourage qui participe agrave cette prise de risque

Pour autant il ne srsquoagit pas non plus de culpabiliser ou drsquoangoisser les

85 Alcool et grossesse Boire un peu ou pas du tout ANPAA 2017 12 p (Deacutecryptages ndeg 26)

femmes qui ont consommeacute de lrsquoalcool Le conjoint les proches et les amis

ne doivent certes pas inciter la femme enceinte agrave boire mais ils peuvent aussi teacutemoigner de leur compreacutehen-sion et de leur soutien en eacutevitant une consommation deacutemonstrative

De mecircme la minoration des risques sous preacutetexte de laquo faible raquo freacutequence affaiblit la capaciteacute des femmes [enceintes] agrave reacutesister aux inci-tations quasi-permanentes agrave consom-mer de lrsquoalcool

Dans cet univers ougrave consommer de lrsquoalcool est souvent la norme on a pu lire ou entendre des critiques sur le caractegravere injonctif ou impeacuterieux de lrsquoabstinence totale pendant la gros-sesse Mais lrsquoinjonction est tout aussi forte sur le tabac ou sur les interdits alimentaires pour eacuteviter la toxoplas-mose sans que qui que ce soit ne srsquoen eacutemeuve

ZOOM

Soutien agrave la parentaliteacute des usagers de drogues

La consommation de substances psychoactives des parents est suscep-tible drsquoaffecter les enfants directement (exposition aux produits pendant la grossesse81) ou accidentellement ou indirectement agrave travers lrsquoimpact sur les relations parent-enfant

Pour autant la consommation de substances psychoactives des parents ne constitue pas en soi un danger pour lrsquoenfant82 excepteacutee en cas de gros-sesse83 Dans ce cas la consommation

81 Anne WHITTAKER Ewen CHARDRONNET (trad) Guide concernant lrsquousage de substances psy-choactives durant la grossesse RESPADD 2013 340 p

82 Laurence SIMMAT-DURAND laquo Les profession-nels de la materniteacute et de lrsquoenfance et le signalement des enfants de megravere toxicomane raquo Psychotropes vol 14 ndeg 3 2008 pp 179-199

83 Suivi et orientation des femmes enceintes en fonction des situations agrave risques identifieacutes Haute Autoriteacute de Santeacute mise agrave jour mai 2016 42 p (Re-commandations professionnelles)

de substances illicites drsquoalcool etou de tabac ainsi que le sevrage et la substi-tution en peacuteriode preacute-conceptuelle ou durant la grossesse sont consideacutereacutees comme des situations agrave risques devant faire lrsquoobjet drsquoun suivi particulier

Les difficulteacutes rencontreacutees par les familles peuvent eacutegalement ecirctre lieacutees aux conditions de vie (ressources fi-nanciegraveres logement etc) agrave la compo-sition familiale (monoparentaliteacute etc) et agrave la santeacute somatique et mentale des parents

Agrave lrsquoinverse la parentaliteacute peut par-fois constituer un eacuteleacutement drsquoeacutetayage ou un ressort de motivation au chan-gement pour les personnes usagegraveres de drogues84

Le soutien agrave la fonction parentale des usagers de drogues repose donc sur une eacutevaluation au cas par cas des ressources et des besoins parentaux tenant compte de cette pluraliteacute de paramegravetres au regard de lrsquointeacuterecirct de

84 Sylvie WIEVIORKA laquo Quand les parents sont toxi-comanes raquo Enfances amp Psy vol 4 ndeg 37 2007 pp 90-100

Agrave RETENIR

Pour permettre lrsquoapprentissage du risque avant lrsquoadolescence les parents doivent ecirctre en mesure de repeacuterer comprendre les speacutecificiteacutes de la socieacuteteacute dans laquelle ils guident leur enfant

Aller vers les parents par une synergie drsquoactions de plusieurs acteurs speacute-cialistes et non speacutecialistes de lrsquoaddiction est indispensable agrave une eacuteducation participative en preacutevention des conduites agrave risques de lrsquoenfant

Les parents pourront ainsi mieux identifier et preacutevenir des conduites a priori anodines mais susceptibles de creacuteer des situations complexes plus tard

72 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 73

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

2 SrsquoAPPUYER SUR DES PAIRS BIENVEILLANTS

La preacutevention par les pairs sera ici envi-sageacutee dans deux champs lrsquoadolescence et le milieu professionnel

DEacuteFINITIONS Les pairs deacutesignent des individus

ayant des caracteacuteristiques communes telles que le sexe lacircge les centres din-teacuterecirct les loisirs les aspirations les modes de viehellip Ce concept fait le plus souvent reacutefeacuterence aux groupes dacircge et plus speacutecifiquement aux groupes dado-lescents dont les membres sont eacutetroite-ment lieacutes par une culture de jeunesse Toutefois tout groupe social ainsi carac-teacuteriseacute peut faire laquo pair raquo Leacuteducation par les pairs repose sur

lrsquoideacutee qursquoun message deacutelivreacute agrave un indi-vidu par un autre au sein drsquoun groupe de pairs peut ecirctre plus creacutedible et efficient que celui proposeacute par les figures repreacute-sentant lrsquoautoriteacute Concernant les jeunes elle postule que les groupes de pairs ont une grande influence sur leur eacutevolution et leur deacuteveloppement en tant qursquoinstance fondamentale de la socialisation Leacuteducation par les pairs permet dameacuteliorer les processus parti-cipatifs au sein de la socieacuteteacute

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS AUTOUR DE LrsquoADOLESCENCECertaines actions de preacutevention visent agrave stimuler la reacutef lexion des jeunes consommateurs Elles ont pour objectif de les accompagner agrave partir de leurs expeacuteriences personnelles dans une ana-lyse de leurs propres parcours sous les effets directs ou indirects de groupes drsquoappar tenance reacuteelle ou souhaiteacutee Lrsquoapproche leur donne accegraves agrave une meil-leure compreacutehension de la pression ou influence du groupe pouvant amputer leur deacutesir de liberteacute et drsquoautonomieParmi les actions de renforcement des compeacutetences psychosociales des jeunes certaines ont pour vecteur lrsquoeacuteducation par les pairs86 en tant qursquoapproche drsquoeacutedu-cation agrave la santeacute Elle implique un eacutechange dinformations et dopinions avec dautres personnes qui laquo font raquo pairs afin de questionner des comportements de corriger des informations fausses et de stimuler des attitudes et des aptitudes positives vis-agrave-vis de la santeacute Cette approche repose sur le fait quagrave certains moments de la vie particuliegravere-ment dans la jeunesse linfluence des pairs est plus grande que dautres voies dinfluence Cest une approche alterna-tive ou compleacutementaire aux strateacutegies traditionnelles deacuteducation pour la santeacute en particulier dans la preacutevention au sujet des drogues et du Virus de lImmunodeacute-ficience Humaine87

86 Yaeumllle AMSELLEM-MAINGUY laquo Qursquoentend-on par eacuteducation pour la santeacute par les pairs raquo Cahiers de lrsquoaction ndeg 3 2014 pp 9-16

87 Glossaire des termes de santeacute publique internationaux

ILLUSTRATION

laquo Treacutesor de parents raquo outil drsquoanimation deStineacute aux parentS produit par lrsquoanpaa en hautS-de-france

laquo Treacutesor de parents raquo est un jeu coopeacute-ratif destineacute agrave animer des groupes de parents de preacute-adolescents et adoles-cents Un jeu de penseacutee positive sans moralisation qui srsquoappuie sur les res-sources et les compeacutetences des parents les aider agrave exprimer leurs ressentis leurs points de vue leurs faccedilons de reacuteagirhellip

OBJECTIF GEacuteNEacuteRAL

Aider les parents agrave situer leur place et leur rocircle dans la preacutevention des conduites agrave risques aupregraves de leur adolescent etou preacute-adolescent dans une deacutemarche eacuteducative globale

SES OBJECTIFS OPEacuteRATIONNELS

SONT DAIDER LES PARENTS Agrave

Aborder plus facilement les prises de risques avec leur adolescent

Situer les prises de risques dans le processus de deacuteveloppement de lrsquoadolescent

Faire eacutemerger leurs reacuteussites leurs compeacutetences et celles de leur adolescent

Creacuteer les conditions drsquoun dialogue avec leur adolescent

Trouver un style eacuteducatif adapteacute aux besoins et difficulteacutes de lrsquoadolescent

Reconnaicirctre identifier les prises de risques probleacutematiques et celles qui ne le sont pas

Ecirctre en capaciteacute de solliciter de lrsquoaide en cas de difficulteacute relationnelle ou de prises de risques speacutecifiques

Des situations de jeu ancreacutees dans le veacutecu quotidien auxquelles les parents reacutepondent gracircce agrave des cartes laquo situa-tion raquo des dessins humoristiques des quizz des cartes laquo petites reacuteussites et grandes victoires raquo

LES THEacuteMATIQUES ABORDEacuteES

Lrsquoalcool le tabac le cannabis les eacutecrans les jeux de hasard et drsquoargent les comportements alimentaires les meacutedicaments psychotropes la vie af-fective et sexuelle et les autres prises de risques et polyconsommations les ressources lieacutees agrave la parentaliteacute

CONTEXTE DE MISE EN ŒUVRE

Cet outil peut ecirctre animeacute par tout pro-fessionnel socio-eacuteducatif ou meacutedico-social aupregraves de groupes de parents (qui se connaissent ou non en amont de lrsquoanimation) Les parents peuvent venir par exemple de centres sociaux de maisons de quartier drsquoeacutetablisse-ments scolaires de cafeacutes des parents Maison drsquoenfants agrave caractegravere social (MECS)hellip Il est neacutecessaire de preacutevoir une animation drsquoenviron deux heures

Ce jeu nrsquoest pas adapteacute pour une ani-mation sous forme de laquo stand raquo avec arriveacutee et deacutepart permanent des par-ticipants

74 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 75

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

ZOOM

La notion ambivalente de co-usager

Les comportements potentielle-ment addictogegravenes et les consomma-tions de substances psychotropes ont souvent lieux en preacutesence drsquoun tiers Le plus souvent il srsquoagit de quelqursquoun avec qui lrsquoon partage ce moment cette expeacuterience Ces personnes teacutemoins et actrices des consommations de lrsquoautre comme lrsquoautre peuvent-elles jouer un rocircle dans la preacutevention la reacuteduction des risques et lrsquoaccegraves aux soins dans le groupe

Plusieurs mouvements de preacuteven-tion et drsquoeacuteducation par les pairs en font la thegravese et connaissent un grand engouement Cette approche pose toutefois la question des nombreux travers qursquoelle peut engendrer

Qursquoest-ce qui fait laquo pair raquo Que faut-il eacuteviter pour que le pair soit creacute-dible et agent de changement Com-ment eacuteviter lrsquoeacutecueil drsquoecirctre consideacutereacute comme une copie des acteurs de preacute-vention traditionnels ou des adultes qui reacutegurgiteraient leurs discours bien appris laquo des pairrsquohoquets raquo

Eacuteleacutements de reacuteflexion sur lrsquoaction drsquoeacuteducation par les pairs

Lrsquoeacuteducation pour la santeacute par les pairs demande du temps Elle laquo neacute-cessite drsquoecirctre inscrite dans la dureacutee (hellip) il est essentiel que les autres jeunes srsquohabituent agrave ces jeunes

pairs-eacuteducateurs et appreacutehendent au mieux leurs rocircles raquo88

Quand la consommation de produit fait laquo groupe raquo ou a lieu dans un groupe des pheacutenomegravenes de loyau-teacute de protectionhellip sont agrave estimer Dans le contexte particulier de la famille les risques de placement ou de signalement peuvent renforcer le laquo secret raquo De mecircme la situation peut ecirctre tregraves diffeacuterente en fonc-tion du sexe de lrsquoacircge (diffeacuterents acircges de responsabiliteacute leacutegale) de la personne consommatrice en diffi-culteacute et en fonction de qui est le co-usager pair ou non (adulte ou autre mineur famille (fratrie ascen-dantshellip)) Le contexte de consommation (fecircte scolaire parascolaire club sportif milieu professionnel ou de stage agrave domicile consommation cacheacutee ou nonhellip) rajoute son lot de speacutecificiteacute drsquoapproche avec des inclusions diffeacuterentes drsquoadultes res-sources et de pairs Dans les groupes drsquoappartenance ougrave des comportements addictifs ont lieu de faccedilon reacutecurrente cer-tains co-usagers plus acircgeacutes laquo expeacute-rimenteacutes raquo tiennent de faccedilon ano-nyme le rocircle de pairs dans une forme drsquoapprentissage sur lrsquoinstant et par lrsquoexemple drsquoune consomma-tion laquo agrave moindre risques raquo

88 Ibid

Les appuis psycho-sociaux de lrsquoeacuteduca-tion par les pairs69 sont les suivants

Les jeunes sont les laquo experts de ce qursquoils vivent en tant que jeunes avec une perspective privileacutegieacutee sur ce qursquoils vivent raquo

Ils sont souvent motiveacutes par le chan-gement

Les groupes de pairs peuvent avoir un effet de laquo multiplicateurs raquo lorsque les ressources sont limiteacutees et qursquoun grand nombre de personnes souhaite avancer Par des effets en cascade un changement au sein drsquoune communauteacute locale est susceptible drsquointervenir plus rapidement et plus profondeacutement

Les jeunes sont valoriseacutes en faisant appel agrave leurs propres compeacutetences pour informer ou aider drsquoautres jeunes laquo leurs pairs raquo

laquo Avec des soutiens et encourage-ments les jeunes peuvent parvenir agrave geacuterer le processus eacuteducatif et lrsquoeacutechange drsquoinformations raquo Tout deacutependra de lrsquoenvironnement dans lequel le pro-gramme sera mis en action

Les jeunes sont par ailleurs ameneacutes agrave prendre des responsabiliteacutes vis-agrave-vis des sujets de santeacute de mode de vie et parti-culiegraverement de conduites addictives

Ils deacuteveloppent des compeacutetences de laquo facilitateur raquo de la discussion sou-tiennent le travail des professionnels de lrsquoeacuteducation instaurent un rapport de confiance chez les adultes qui peuvent mieux comprendre leur point de vue

Le focus sur lrsquoacquisition et le deacuteve-loppement des compeacutetences psycho-sociales est lrsquoobjectif essentiel en termes de preacutevention Il srsquoagira de tra-vailler par exemple sur la deacutefinition de

la santeacute de lrsquoinfluence les groupes drsquoap-partenance les eacutemotions la conscience de soi lrsquoempathie Cela doit amener les jeunes agrave se questionner pour et sur eux-mecircmes mais eacutegalement pour et sur leur entourage

76 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 77

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

EacuteDUCATION PAR LES PAIRS EN MILIEU PROFESSIONNEL

Contexte La responsabiliteacute socieacutetale des entre-prises (RSE) et de la reacuteglementation en matiegravere de preacutevention des risques pro-fessionnels sont des avanceacutees qui aident agrave lever les tabous toujours domma-geables concernant les difficulteacutes au tra-vail et les addictions sur le lieu de travail Lrsquoentourage certes de faccedilon ineacutegale selon les secteurs drsquoactiviteacutes est de moins en moins en prise avec les effets de loi du silence ou de loyauteacute imposeacutee par la structure ou le groupe de colla-borateursDe nombreux outils sont deacuteveloppeacutes en interne avec lrsquoappui drsquointervenants pour mettre en place des attitudes et des capaciteacutes agrave reacuteagir au sein de lrsquoentreprise entre collaborateurs et agrave diffeacuterents ni-veaux hieacuterarchiques

Dans ce cadre la preacutevention des risques lieacutes aux probleacutematiques addictives drsquoun collaborateur aura tout inteacuterecirct agrave se pla-cer dans une dynamique drsquoeacuteducation par les pairs chaque membre de lrsquoen-treprise sera ameneacute agrave deacutevelopper des compeacutetences de pairs en termes de vigilance et drsquoeacutecoute Crsquoest aussi toute une culture de la bienveillance en milieu de travail qui peut srsquoy rattacher

Fondement de lrsquoaction de preacuteven-tion en milieu professionnel

Identifier et faire connaicirctre dans lentreprise quelles sont les personnes ressources instances repreacutesentatives du personnel service de santeacute au travail

preacuteventeurs et pairs personnes for-meacutees agrave piloter une deacutemarche de preacute-vention

Deacutevelopper une deacutemarche inclusive et participative de tous les salarieacutes agrave tous les niveaux hieacuterarchiques

Aider les personnes en difficulteacute dans le cadre du contexte professionnel avec pour but de maintenir ces per-sonnes dans lentreprise et non les ex-clure

Services de santeacute au travail Ils ont pour mission exclusive deacuteviter toute alteacuteration de la santeacute des travail-leurs du fait de leur travail A cette fin notamment ils conseillent les em-ployeurs les travailleurs et leurs repreacute-sentants sur les dispositions et mesures neacutecessaires afin deacuteviter ou de diminuer les risques professionnels dameacuteliorer les conditions de travail de preacutevenir la consommation dalcool et de drogue sur le lieu de travail89

Les actions agrave mener peuvent ecirctre Aider les personnes agrave eacutevaluer les

risques lieacutes agrave leur usage de substances psychoactives agrave sinterroger sur leurs pratiques de consommation et deacutevelop-per des capaciteacutes agrave faire des choix

Pour les personnes en difficulteacute les informer en quoi leur consommation impacte leur travail susciter leur capa-citeacute agrave demander de laide et leur indi-quer comment avec qui et dans quelles structures drsquoaccompagnement et de soins dans le respect de leur vie priveacutee Crsquoest ici que se placera singuliegraverement

89 L4622-2 du code du travail

ZOOM

Preacutevention des risques professionnels lieacutes aux conduites addictivesune deacutemarche Speacutecifique propoSeacutee par lrsquoanpaa

La deacutemarche de lrsquoANPAA est une deacutemarche globale Elle prend en compte tous les professionnels de lrsquoentreprise (publique ou priveacutee) et pas uniquement ceux pour lesquels la consommation est repeacutereacutee par lrsquoem-ployeur ou le service de santeacute au tra-vail comme probleacutematiqueLa deacutemarche globale drsquointervention en milieu professionnel de lrsquoANPAA comporte trois volets

La preacutevention collective sur la base du code de la route du code du tra-vail et du regraveglement inteacuterieur de lrsquoen-treprise

Lrsquoaccompagnement des salarieacutes en difficulteacute comment les orienter vers lrsquoaccompagnement et les soins vers qui avec qui

Le conseil pour la gestion par lrsquoen-treprise de situations difficiles sur le lieu de travail (regraveglement inteacuterieur conduites agrave tenir face agrave un salarieacute en eacutetat drsquoivresse manifeste face agrave un sala-rieacute en difficulteacute chronique etc)

La formation de volontaires relais de preacutevention permettant lrsquoacquisition drsquooutils neacutecessaires pour agir en pairs au sein de lrsquoentreprise dans une pos-ture qui doit avant tout permettre drsquoaider les personnes en difficulteacute

Cette deacutemarche srsquoappuie notamment sur le CHSCTComiteacute social et eacuteco-nomique (CSE) le service de santeacute au travail la direction des ressources humaines les preacuteventeurs au sein de lrsquoentreprise

une eacuteducation par les pairs dans le contexte de compeacutetences psychoso-ciales acquises ou par une formation deacutedieacutee

Pour lentreprise agir sur lenviron-nement qui peut ecirctre incitateur afin de reacuteduire les risques

Faire appel agrave la responsabilisation de

chacun selon son niveau de responsa-biliteacute au sein de lrsquoentreprise tout en consideacuterant la regravegle premiegravere drsquoassis-tance agrave personne en danger le cas eacutecheacuteant

Rappeler et faire respecter le code du travail le regraveglement inteacuterieur et les proceacutedures internes de lentreprise

78 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 79

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

3 MOBILISER DES ACTEURS ET OUTILS

MOBILISER LES PARTENARIATS La preacutevention des impacts sur lrsquoentou-rage des conduites addictives drsquoun proche srsquoinscrit dans une continuiteacute drsquoactions depuis le repeacuterage en passant par lrsquoalerte et lrsquoaccompagnement sur un territoire donneacuteDans ce contexte des professionnels des secteurs sanitaires sociaux et meacute-dico-sociaux mais pas uniquement non speacutecialiseacutes en addictologie pourront ecirctre mobiliseacutesNotamment concernant la preacutevention des risques de co-deacutependance et de parenti-fication des enfants le cercle de collabo-ration peut srsquoeacutelargir au monde eacuteducatif et socioculturel tel que le service jeunesse clubs sportifs lrsquoEducation Nationale la CAF etc et les lieux de soins ou de suivi meacutedico-social de lrsquoenfanceConcernant le monde professionnel il srsquoagira de se tourner vers les acteurs speacutecialiseacutes de preacutevention en consideacuterant les interactions possibles avec les ser-vices internes agrave lrsquoentreprise ou ex-ternes direction du travail service de santeacute au travail groupements profes-sionnels feacutedeacuterations locales pour des actions seacutelectives et cibleacutees

Non-exhaustive la liste suivante des acteurs-ressources doit srsquoadapter agrave chaque contexte local et de public pour nouer les partenariats utiles au repeacuterage et agrave lrsquoaccompagnement

Secteur de lrsquoenfance et de la jeu-nesse en particulier la Protection Ma-ternelle et Infantile (PMI) lrsquoAide Sociale

agrave lrsquoEnfance (ASE) les centre Meacutedico Psycho Peacutedagogique (CMPP) les Point drsquoAccueil Eacutecoute Jeunes (PAEJ)et mai-sons des adolescents90 Secteur de la parentaliteacute en particu-

lier les Reacuteseaux drsquoEacutecoute Appui et drsquoAc-compagnement des parents (REAPP) les services de meacutediation familiale (agrave la de-mande des parties ou agrave la demande drsquoun juge) les lieux drsquoaccueil enfants-parents (LAEP) les Centre de Planification et drsquoEacuteducation Familiale (CPEF)91 les centres drsquoInformation sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) Milieu professionnel en particulier

les Comiteacutes Sociaux et Economique (CSE)92 Les services de santeacute au travail93

Autres milieux en particulier les services de santeacute scolaire et universi-taire les services drsquoActions Eacuteducatives en Milieu Ouvert (AEMO) la Protection Judiciaire Jeunesse (PJJ) et les services peacutenitentiaires drsquoinsertion et de proba-tion (SPIP)

90 Coordonneacutees des maisons des adolescents et PAEJ sur httpcartosantejeunesorg

91 Coordonneacutees des CPEF httpsivggouvfrles-centres-de-planification-ou-d-education-familialehtml

92 Le CSE est destineacute agrave remplacer lensemble des ins-titutions repreacutesentatives eacutelues du personnel de lentre-prise pour toutes les entreprises dau moins 11 salarieacutes Dici le 1er janvier 2020 il se substituera notamment aux deacuteleacutegueacutes du personnel au comiteacute dentreprise et au comiteacute dhygiegravene de seacutecuriteacute et des conditions de travail (CHSCT) En revanche les repreacutesentants du personnel deacutesigneacutes par exemple les deacuteleacutegueacutes syndicaux restent en place Dans les entreprises drsquoau moins 300 salarieacutes le CSE doit comporter une commission santeacute seacutecuriteacute et conditions de travail (CSSCT) dont les principales missions correspondent pour tout ou partie agrave celles auparavant confieacutees au CHSCT

93 Plus drsquoinformation sur httptravail-emploigouvfremploiinser tion-dans-l-emploiemploi-et-handicapprevention-et-maintien-dans-l-emploiservices-de-sante-au-travail-sst

ZOOM

Violences intrafamiliales et neacutecessaire attention des professionnels

Reconnaicirctre la violence Les violences srsquoinscrivent dans un continuum drsquoattitudes et de compor-tements allant du verbal aux coups du mateacuteriel au symbolique du physique au psychique impactant toute la cel-lule familialeCes violences sont faciliteacutees et insuffi-samment combattues pour plusieurs facteurs notamment Le sexisme des socieacuteteacutes humaines lrsquoanthropologue Franccediloise Heacuteritier94 estime que partout de tout temps et en tout lieu le masculin est consideacutereacute comme supeacuterieur au feacuteminin qursquoelle deacutefinit comme laquo la valence diffeacuteren-tielle des sexes raquo

94 Franccediloise HERITIER Masculin Feacuteminin La pen-seacutee de la diffeacuterence Odile Jacob 1995 332 p

Les liens de parentaliteacutes consideacutereacutes comme relevant de la sphegravere de lrsquoin-time avec notamment pour conseacute-quence la non-peacutenalisation des laquo fes-seacutees raquo parentalesDans leur expression paroxysmique les violences intrafamiliales en France crsquoest une femme qui deacutecegravede tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint95 deux en-fants qui deacutecegravedent chaque jour dans le cadre de maltraitances parentales96 et 80 des mauvais traitements infli-geacutes sur un enfant ayant lieu au sein de la famille

95 Observatoire national des violences faites aux femmes

96 Anne TURSZ Les oublieacutes Enfants maltraiteacutes en France et par la France Le Seuil 2010 432 p

Agrave RETENIR

Les professionnels de lrsquoaddictologie doivent Communiquer sur les ressources existantes en matiegravere de preacutevention repeacute-

rage orientation accompagnement et soins par tout moyen (par teacuteleacutephone en ligne et par les groupes drsquoauto-support) aupregraves de lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Srsquoappuyer sur des partenariats forts avec les acteurs non speacutecialiseacutes engageacutes sur les questions relatives agrave lrsquoentourage

80 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 81

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

Reacuteduire les risques et les dommages dans le champ des addictions

Crsquoest porter la plus grande attention aux liens qui peuvent srsquoopeacuterer entre conduites addictives et violences

Du fait des psycho traumas issus de violences subies par le passeacute cer-taines personnes sont confronteacutees agrave des probleacutematiques addictives

Rendues plus vulneacuterables du fait de leurs conduites addictives certaines personnes ont plus de risques drsquoecirctre victimes de violencesLes conduites addictives peuvent ecirctre des facteurs facilitant les passages agrave lrsquoacte violent pour certaines personnes

Les professionnels doivent donc porter une attention particuliegravere agrave ces ques-tions de violences subies ou commises

Questionner systeacutematiquement les personnes sur drsquoeacuteventuelles violences subies par le passeacute ou actuellement

Ne pas craindre une laquo poten-tielle raquo rupture du lien theacuterapeutique avec une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives dont on ap-prend des actes de violences sur des tiers

Opeacuterer des signalements degraves que les circonstances semblent les rendre neacutecessaires

Faire connaicirctre leurs droits aux personnes victimes et mobiliser les ressources existantes sur le territoire

Diffuser largement les numeacuteros de teacuteleacutephonie deacutedieacutes

Enfance en danger 119 Violences femmes Info 39 19

ILLUSTRATION

Violences intrafamiliales dans un contexte de probleacutematique addictive expeacuterience du cSapa anpaa danS le cher en partenariat

ACTION PARTENARIALE

Cette action partenariale a mobiliseacute le CSAPA ANPAA dans le Cher La DGS La preacutefecture du Cher (par la chargeacutee de mission du Droit des Femmes et le substitut du Procureur) la Maison des Adolescents et des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie

HISTORIQUE

Degraves 2008 lrsquoANPAA dans le Cher accentue lrsquoaccueil et lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage en proposant du soutien individuel mais eacutegalement un soutien theacuterapeutique par le biais de la theacuterapie familiale systeacutemique Si les pratiques addictives sont consideacutereacutees comme des conduites principalement individuelles elles ont des reacutepercus-sions eacutevidentes sur le fonctionnement familial et reacuteciproquement

En 2012 suite agrave un appel agrave projets de la DGS lrsquoANPAA obtient un finan-cement de 18 mois pour deacutevelopper un projet de preacutevention drsquoaccegraves aux soins et de soins en direction des femmes sur le deacutepartement du Cher

Au cours de ces 18 mois la vulneacute-rabiliteacute particuliegravere des femmes amegravene lrsquoeacutequipe agrave adapter les moyens drsquoaccompagnement dont la place des

enfants et agrave se rapprocher de parte-naires jusque-lagrave peu solliciteacutes

En 2014 la preacutefecture du Cher en la personne de la chargeacutee de mission au Droit des femmes et du substitut du procureur reacuteunit des profession-nels pour innover et construire une reacuteponse singuliegravere Le substitut sou-ligne alors que dans le Cher lrsquoalcool est preacutesent dans 70 des cas de vio-lences intrafamiliales LrsquoANPAA se saisit de cette opportu-niteacute et constitue un groupe de reacute-flexion interne chargeacute drsquoeacutelaborer et de mettre en œuvre un projet speacutecifique

LrsquoANALYSE EFFECTUEacuteE PAR LrsquoANPAA

DEacuteGAGE TROIS PRIORITEacuteS

1 Lrsquoaccueil des enfants en centre de soin lrsquoouverture de la Maison des Adolescents a favoriseacute cette possibiliteacute 2 Un besoin de formation les pro-fessionnels se sont formeacutes agrave lrsquoeacutevalua-tion du risque traumatique et agrave lrsquoac-compagnement des enfants 3 Des parcours de vie poly-trauma-tiques de femmes en difficulteacute avec leurs conduites addictives

Drsquoun point de vue clinique au-delagrave de la litteacuterature dans le domaine lrsquoeacutequipe observe chez les usagers et en particulier chez les femmes preacutesentant des conduites addictives des probleacute-matiques lieacutees agrave des histoires de vie ponctueacutees de ruptures et de trauma-tismes Souvent des anteacuteceacutedents deacute-pressifs anxieux des conditions de vie peacutenibles et des traumatismes lieacutes agrave des abus sexuels apparaissent dans la vie

82 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 83

PREacuteVENIR LES RISQUES POUR LrsquoENTOURAGE

des femmes victimes La violence est ainsi tregraves preacutesente dans leur parcours

Soit agrave lrsquoorigine de leur probleacutematique Soit dans leur quotidien leurs pro-bleacutematiques les placcedilant en situa-tions de fragiliteacute qui les rendent plus souvent victimes de violences Soit parce que lrsquoaddiction chez une femme est assimileacutee agrave une tare qui entraicircne culpabiliteacute et honte avec des consommations plus souvent cacheacutees Lrsquoimpact de la combinaison conduites

addictives et violence aupregraves des en-fants est incontournable Ce constat srsquoappuie sur les eacuteleacutements judiciaires (dont le devenir drsquoenfants victimes de violences intrafamiliales) sur le reacutecit de vie des usagers du centre de soins et eacutegalement sur les teacutemoignages des jeunes rencontreacutes agrave la Maison des Ado-lescents pour des probleacutematiques ou des questionnements paraissant au deacutepart bien eacuteloigneacutes de cette question

LE PROJET PORTEacute PAR LrsquoANPAA

DANS LE CHER SrsquoADRESSE

DrsquoUNE PART AUX FEMMES DrsquoAUTRE

PART AUX ENFANTS

En direction des femmes contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reacutecidive agrave travers des consultations individuelles et un groupe de parole de femmes

En direction des enfants contri-buer agrave eacuteviter lrsquoapparition de signes et symptocircmes psycho-traumatiques et preacutevenir le risque de reproduction intergeacuteneacuterationnelle de la violence et

des conduites addictives par des consultations individuelles et familiales et atelier de preacutevention laquo les prsquotits chefs de la preacutevention raquo

LES PrsquoTITS CHEFS

DE LA PREacuteVENTION

Animeacute par un animateur de preacuteven-tion ou eacuteducateur speacutecialiseacute cet ate-lier srsquoadresse agrave des enfants acircgeacutes de 5 agrave 12 ans et a pour objectif la diffusion de connaissances le deacuteveloppement de compeacutetences psychosociales le deacuteveloppement de lrsquoautonomie et de la responsabilisation la preacutevention de la premiegravere consommation lrsquoeacutechange parents-enfants-professionnelsCes modaliteacutes de mise en œuvre sont les suivantes

Le groupe srsquoappuie sur des meacutedia-tions adapteacutees (jeux dessins outils de preacutevention hellip) afin de deacutevelopper etou renforcer les compeacutetences psycho-sociales des enfants

Ce groupe fermeacute de huit enfants se deacutecline en cinq seacuteances de deux heures trente lors de chaque peacuteriode de vacances scolaires

Au cours de chaque seacuteance deux compeacutetences psychosociales sont tra-vailleacutees Ensuite un goucircter est preacute-pareacute par les enfants afin de proposer un temps drsquoeacutechange et de partage entre enfants parents et profession-nel de lrsquoANPAA du Cher

Une eacutevaluation est produite agrave la fin de chaque seacuteance afin drsquoappreacutecier la satisfaction des participants de leurs parents et lrsquoatteinte des objectifs

OUTILS POUR SrsquoINFORMER ORIENTER ET SrsquoORIENTER

Outils agrave destination de lrsquoentourageLes personnes de lrsquoentourage de per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peuvent disposer de pre-miegraveres reacuteponses agrave leurs interrogations de maniegravere anonyme gracircces aux lignes teacuteleacutephoniques du groupement drsquointeacuterecirct public Addictions Drogues Alcool Info Service (ADALIS)

Alcool info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 0 980 980 930 et en ligne httpalcool-info-servicefrAvec une rubrique deacutedieacutee laquo lrsquoalcool et vos proches raquo proposant plusieurs conseils

Lalcool dans la famille Comment savoir si un proche a un problegraveme Mon conjoint boit comment en parler agrave mes enfants Mon ado organise une soireacuteehellip

Aider ecirctre aideacute Comment aider un proche Il a recommenceacute agrave boirehellip Comment me faire aider

Drogue info service par teacuteleacutephone de 08h00 agrave 02h00 appel gratuit depuis un poste fixe 0800 23 13 13 et en ligne httpwwwdrogues-info-servicefr

Joueurs info service de 08h00 agrave 02h00 appel non surtaxeacute 09 74 75 13 13 Et en ligne httpwwwjoueurs-info-ser-vicefr

Un ensemble de services sont proposeacutes Des conseils en ligne Par laquo chat raquo en ligne sur le site web

deacutedieacute Une eacutecoute et des conseils personna-

liseacutes par teacuteleacutephone En adressant ses questions par formu-

laire sur le web rubrique laquo vos ques-tions nos reacuteponses raquo

Les adresses utiles en preacutevention (conseil consultation documentaire in-tervention de preacutevention) en soins (meacutedico-social sanitaire ambulatoire ou reacutesidentiel) professionnels (formation coordination des soins) Outils agrave destination des professionnels

Travailler en preacutevention pour et avec lrsquoentourage des personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives peut prendre de multiples formes et concer-ner de nombreux thegravemes sous-jacents La formation et le conseil des eacutequipes ou des interlocuteurs non speacutecialiseacutes en addictologie notamment de premiegravere ligne susceptibles de repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addic-tives aupregraves des personnes de lrsquoentou-rage ndash (cellule familiale ou en milieu professionnel) ndash doivent ecirctre accompa-gneacutes par les professionnels de lrsquoaddicto-logie agrave travers des actions de conseil et de formation pour leur permettre de

Savoir eacutevoquer et repeacuterer les risques et dommages lieacutes aux conduites addictives

Savoir orienter vers les lieux res-sources notamment en matiegravere drsquoac-compagnement les CSAPA ont aussi pour mission lrsquoaccompagnement des personnes de lrsquoentourage

GUIDE REPEgraveRES 85

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

84 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

Des formations agrave envisager notam-ment sur les theacutematiques suivantes

Notions de base en addictologie Entretien de premier accueil accueil

et orientation de lrsquoentourage Questions de parentaliteacute Theacuterapie familiale avec notamment

des outils comme le geacutenogramme la transmission intergeacuteneacuterationnelle

Agrave RETENIR

Les formations proposeacutees par lrsquoANPAA sinscrivent dans les champs de la preacutevention et du conseil en addictologie

Des stages de formation en addictologie sont organiseacutes dans toute la France Pour lessentiel ces stages sont destineacutes agrave des professionnels relais dans les entreprises des services administratifs locaux des associations qui agissent aupregraves des personnes en difficulteacute

Le maillage territorial de lrsquoANPAA permet de deacutevelopper aussi un panel de formations en lien avec les besoins et les ressources des territoires et des pu-blics cible

Certaines formations abordent les questions touchant agrave lrsquoentourage agrave la preacutevention des risques agrave son accueil ou agrave ses souffrances comme la co-deacutepen-dance

Dans le cadre de la preacutevention des conduites addictives en milieu profes-sionnel le plan gouvernemental preacutevoit plusieurs actions dont la formation des professionnels de santeacute des services de santeacute au travail en service autonome ou interentreprises agrave la preacutevention des conduites addictives

3fraslthinsp1PRIMO-DEMANDE

ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

1 ACCOMPAGNER LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

UNE MISSION DES CSAPALrsquoentourage est accueilli en CSAPA au mecircme titre que les personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives et beacuteneacuteficient des mecircmes possibiliteacutes de prise en compte de leurs probleacutema-tiques speacutecifiques agrave travers une eacutecoute et un accompagnement personnaliseacuteAinsi les CSAPA laquo assurent pour les personnes ayant une consommation agrave

risque un usage nocif ou preacutesentant une deacutependance aux substances psychoac-tives ainsi que pour leur entourage laccueil linformation leacutevaluation meacutedi-cale psychologique et sociale et lorien-tation de la personne ou de son entou-rage [hellip] raquo97 De ce fait les professionnels du CSAPA peuvent intervenir aupregraves de lrsquoentou-rage dans une assez grande varieacuteteacute de situations

La personne de lrsquoentourage en diffi-culteacute avec les conduites addictives de lrsquoautre lrsquoautre eacutetant en deacutemarche drsquoac-compagnement ou de soins dans le

97 Deacutecret ndeg 2007-877 du 14 mai 2007 relatif aux mis-sions des centres de soins daccompagnement et de preacutevention en addictologie

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

1 PRIMO-DEMANDE ET APPROCHE DE LrsquoENTOURAGE

2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

3 ORIENTATIONS PSYCHOTHEacuteRAPEUTIQUES

86 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 87

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

longue peacuteriode de difficulteacutes tues voire un pheacutenomegravene de co-deacutependance ins-talleacutee

Geacuteneacuteralement la personne de lrsquoen-tourage masque son propre besoin drsquoaide ou drsquoaccompagnement qursquoelle nrsquoest pas encore en mesure de formuler par une primo-demande de soutien pour laquo lrsquoautre raquo celui qui a un problegraveme avec ses conduites addictives

Qursquoelle que soit la position de cette personne de lrsquoentourage la deacutemarche qursquoelle accomplit doit ecirctre consideacutereacutee avec la plus grande attention car lrsquoimpli-cation des familles des proches aupregraves des usagers constitue un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sen-sibiliseacutes eacutecouteacutes peuvent soutenir lrsquousa-ger dans sa deacutemarche de reacuteduction des risques et des dommages

IDENTIFIER LES MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGELa demande drsquoaide deacutetourneacutee ou pas du conjoint ou du parent est freacutequem-ment motiveacutee par un moment de crise face agrave un eacutevegravenement laquo grave raquo ou un laquo eacutevegravenement de trop raquo lieacute aux conduites addictives comme

Le deacuteni des consommations Une reprise de consommation apregraves

une peacuteriode drsquoabstinence Des actes de violence conjugale ou

familiale (violences verbales physiques agressions sexuelles ou viol) sous lrsquoeffet drsquoun produit

La personne est souvent la seule agrave solli-citer de lrsquoaide

Elle vient consulter en exprimant tou-cher une limite par rapport agrave ce qursquoelle peut supporter de son proche

Lrsquoexigence de lrsquoarrecirct de la consomma-tion du conjoint en difficulteacute avec ses conduites addictives est un signe de la souffrance du proche et de son eacuteven-tuelle co-deacutependance Crsquoest une forme drsquoappel au secours

Le proche non-deacutependant lorsqursquoil srsquoagit du conjoint veut faire laquo repartir le couple comme avant raquo Cette deacutemarche deacutesigne le partenaire en difficulteacute avec ses conduites addictives comme unique responsable du malaise conjugal et comme laquo malade raquo agrave soigner pour reacuteta-blir lrsquoeacutequilibre du couple

La demande peut aussi porter sur Une aide pour mieux geacuterer les pro-blegravemes lieacutes aux conduites addictives de leur partenaire

Une demande drsquoaccompagnement de leur conjoint afin de leur laquo faire arrecircter raquo les consommations (les problegravemes)

Peu de personnes de lrsquoentourage expriment un besoin drsquoaide pour elles-mecircmes Il srsquoagit tregraves souvent de lrsquoautre et non de soi

Cette demande drsquoaide implique for-ceacutement que les parties srsquointerrogent et se positionnent sur la place que chacun est precirct agrave faire agrave lrsquoautre agrave travers des attentes exprimeacutees vis-agrave-vis de la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives mais surtout par rapport au veacutecu du couple et agrave sa faccedilon de se pro-jeter agrave travers un avenir commun

mecircme eacutetablissement ou pas Lrsquoaccompa-gnement est centreacute sur la personne de lrsquoentourage et ses difficulteacutes

Les personnes deacutesireuses de soute-nir leur proche addict dans sa deacutemarche de changement

Les personnes de lrsquoentourage invi-teacutees par un professionnel en accord avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictivesCes personnes de lrsquoentourage peuvent ecirctre reccedilues individuellement ou avec leur proche ou en groupe agrave viseacutee infor-mative ou theacuterapeutique selon ce qui est proposeacute par lrsquoeacutetablissement

Selon les attentes de la personne en premiegravere consultation il sera question drsquoassurer

Une eacutecoute et une eacutevaluation de la demande

Un soutien en tant que personne en souffrance sous lrsquoeffet drsquoune co-deacutepen-dance conscientiseacutee ou pas

Une information pour mieux com-prendre les probleacutematiques addictives et celles de la personne proche en par-ticulier produits contextes de consom-mation effets rechercheacutes risques et dommages meacutecanismes psychiques lieacutes aux addictions dispositifs et modaliteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Des conseils pour pouvoir laquo aider raquo et rester aux cocircteacutes de la personne addict en eacutevitant les situations de reacuteclamations controcircle ou de protection parfois contre-productives et psychiquement usantes

Accompagnement conjoint avec la personne addicte voire agrave plusieurs en famille par exemple sous reacuteserve drsquoad-heacutesion des parties

UNE COMMUNICATION INDISPENSABLE Agrave LrsquoEFFICACITEacute DE LA MISSION DE PREacuteVENTIONIl est absolument neacutecessaire que tous les supports de communication sur les mis-sions et le public accueilli en CSAPA speacutecifient bien que lrsquoentourage de toute personne en difficulteacute avec ses conduites addictives peut ecirctre accueilli et accom-pagneacute

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non ins-crite dans une deacutemarche drsquoaccompagne-ment et de soins dans cet eacutetablissement ou ailleurs par le passeacute ou actuelle-ment

Que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives soit ou non in-formeacutee que son proche consulte en CSAPA en tant que laquo personne de lrsquoentourage raquoCette information doit ecirctre largement relayeacutee par le reacuteseau drsquoacteurs interve-nant sur le public et le secteur geacuteogra-phique du CSAPA

2 PRIMO-DEMANDE ET MOTIVATIONS DE LrsquoENTOURAGE

PRIMO-DEMANDE DE LrsquoENTOURAGE

Lrsquoentourage drsquoune personne en diffi-culteacute avec ses conduites addictives doit ecirctre reccedilu comme tout usager accueilli en structure drsquoaccueil drsquoaccompagne-ment et de soins

La personne de lrsquoentourage (conjoint famille collegraveguehellip) qui franchit la porte drsquoun eacutetablissement drsquoaccompagnement en addictologie reacutevegravele par fois une

GUIDE REPEgraveRES 89

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

88 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

dez-vous avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives sans infor-mation preacutealable Il srsquoagit en geacuteneacuteral pour la personne de lrsquoentourage

De srsquoassurer que lrsquoaccompagnement se poursuit Drsquoapporter des informations com-pleacutementaires parfois agrave lrsquoinsu du tiers concerneacute Drsquoexprimer ses difficulteacutes voire son deacutecouragement face agrave une situation

qui nrsquoeacutevolue pas comme cela est attendu lrsquoentourage se montre parfois laquo impatient raquo et si le laquo pa-tient raquo laquo ne bouge pas raquo la pression se verra renforcer sur lrsquoeacutequipe drsquoac-compagnement et de soins

Ces deacutemarches de lrsquoentourage intro-duisent une dimension familiale que la situation de la personne concerneacutee srsquoameacuteliore se deacuteteacuteriore ou que drsquoautres problegravemes se posent

ZOOM

Double suivi au sein du mecircme eacutetablissement

Repeacuterer le double suiviLe possible double suivi drsquoun usager et de son entourage (une ou plusieurs personnes) neacutecessite danalyser lrsquoob-jet de la demande et son origine car

Un accompagnement etou des soins en addictologie ne peuvent avoir lieu que si lrsquousager le demande

Mais lorsque cest lentourage qui demande alors les eacuteleacutements de la demande peuvent ecirctre disperseacutes entre plusieurs protagonistes

Pratique repeacuterer le symptocircme la souffrance et la formulation de la demande

Symptocircme qui pose le plus de problegravemes actuellement

Souffrance qui souffre le plus de la situation

Formulation de la demande qui se montre le plus preacuteoccupeacute

Position de lrsquoentourage dans lrsquoeacuteclatement de la demande Lrsquoeacutequipe drsquoaccompagnement et de soins se retrouve alors devant plu-sieurs possibiliteacutes drsquoeacuteclatement de la demande

Les trois eacuteleacutements peuvent ecirctre porteacutes par la mecircme personne elle preacutesente un symptocircme en souffre et est en demande Lentourage nest alors pas en demande

Une personne preacutesente un symp-tocircme mais nrsquoen souffre pas et ne demande rien crsquoest lentourage qui souffre et qui demande de lrsquoaide

Une troisiegraveme possibiliteacute est une personne qui preacutesente un symptocircme et la souffrance mais crsquoest une autre qui demande Cest le cas de lentou-rage qui vient seul au CSAPA

Enfin la situation peut eacutechapper aux reacuteseaux de soin parce que les personnes preacutesentent un problegraveme sans pouvoir lrsquoaborder ou une souf-france sans pouvoir lrsquoidentif ier ni lrsquoexprimer

ILLUSTRATION

Paroles de conjointe

Les services drsquoeacutecoute speacutecialiseacutee ou les premiegraveres consultations en eacutetablis-sement speacutecialiseacute en addictologie re-ccediloivent des personnes venues parler de lrsquolaquo autre raquo elles ne disent pas laquo je raquo mais laquo il raquo ou laquo elle raquo crsquoest-agrave-dire lrsquolaquo autre raquo deacutesigneacute comme la per-sonne en difficulteacute avec ses conduites addictives raquo laquo malade raquo Il srsquoagit de leur compagnon eacutepouse fils pegraverehellip

Les mots sont laquo Il ne srsquoen rend pas compte raquo laquo Il ne vous dit pas tout moi je vais vous le dire raquohellip

Les craintes sont exprimeacutees laquo Ne lui dites pas que je vous ai appeleacute que je vous ai vu raquohellip

Ces personnes qui srsquoadressent aux services speacutecialiseacutes agrave travers ce qursquoelles disent des diff iculteacutes de lrsquoautre parlent avant tout de leurs propres souffrances de leur deacutenue-ment de leur eacutepuisement de leur colegravere de leur volonteacute drsquoagir tout en ne sachant plus comment faire car souvent ces personnes tregraves impli-queacutees estiment avoir laquo tout essayeacute raquo

Les amener agrave srsquoexprimer agrave la pre-miegravere personne pour formuler leurs propres difficulteacutes est primordial

Lrsquoobjectif ne doit plus ecirctre de reacute-pondre agrave laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour lui raquo mais agrave la question qui les amegravene en tant qursquoindividu qui souffre laquo Qursquoest-ce que je peux faire pour moi raquo pour aller mieux

TYPOLOGIE DE SITUATIONS METTANT EN JEU LrsquoENTOURAGE Les motivations de lrsquoentourage qui se rend au sein drsquoun eacutetablissement drsquoac-compagnement en addictologie sont varieacutees informative de soutien drsquoordre psychotheacuterapique de groupe ou familial et se manifestent sur des modes diffeacute-rencieacutes qui doivent interroger les eacutequipes

La personne de lrsquoentourage vient seule

Pour trouver des informations rela-tives aux modaliteacutes drsquoaccompagne-ment et de soins possibles et sur les dimensions de la probleacutematique addictive pour mieux comprendre la situation et mieux soutenir lrsquoautre Pour exprimer sa souffrance et son eacutepuisement face agrave la situation

Absence de lrsquoentourage alors il nrsquoy a pas ou peu de liens entre les per-sonnes et les soignants Il convient drsquoin-terroger la personne accompagneacutee pour ses probleacutematiques addictives sur cette absence Dans le respect du souhait des parties il convient de proposer degraves le deacutebut de lrsquoaccompagnement de recevoir lrsquoentou-rage seul ou ensemble afin de sortir du centrage sur la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et aborder la situation dans son ensemble pour eacutela-borer un diagnostic global (individu fa-milial socialhellip) Srsquoappuyer sur toutes ces dimensions pour travailler sur lrsquoeacutechelle motivationnelle

Preacutesence inattendue de lrsquoentourage lrsquoentourage peut intervenir dans le cours de lrsquoaccompagnement par des appels teacuteleacutephoniques par une preacutesence en ren-

90 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 91

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Garde des enfants pendant la consultation du ou des parents

ContexteOutre les cas speacutecifiques drsquoaccompa-gnements qui leurs sont deacutedieacutes avec ou sans leurs parents les enfants sont sus-ceptibles drsquoecirctre preacutesents au sein des eacutetablissements ambulatoires en addic-tologie dans deux types de situations

Parmi les consultants certains ne disposent pas de modaliteacute de garde de leurs enfants durant leur consulta-tion ou un groupe agrave viseacutee theacuterapeu-tique Il srsquoagit majoritairement de femmes avec des enfants en bas acircges non scolariseacutes

Les enfants et les parents sont reccedilus pour un entretien familial mais au cours de la consultation il est pertinent pour les intervenants de permettre agrave un enfant de quitter le bureau

Un consensus peut ecirctre formuleacute sur les points suivants

Tout doit ecirctre mis en œuvre pour faciliter les conditions drsquoaccueil et drsquoaccompagnement des parents nrsquoayant pas de solution de garde pour leurs enfants

Hors entretien familial il est parfois difficile drsquoaccepter la preacutesence drsquoen-fants durant les consultations et groupes agrave viseacutee theacuterapeutique afin de favoriser la liberteacute drsquoexpression du consultant-parent comme du profes-

sionnel ou des tiers preacutesents drsquoune part et dans le respect de ce que doit pou-voir entendre un enfant drsquoautre part

Le professionnel doit srsquoautoriser agrave diffeacuterer un rendez-vous srsquoil considegravere que les conditions drsquoaccueil ne sont pas propices pour le consultant lrsquoen-fant le professionnel

Lrsquoeacutetablissement doit ecirctre en capa-citeacute de proposer des modaliteacutes de garde pour les enfants par exemple par accord de lrsquoeacutetablissement avec une halte-garderie municipale un ser-vice agrave domicile (avec enveloppe bud-geacutetaire deacutedieacutee) professionnel (ou service civique) deacutedieacute agrave une perma-nence drsquoaccueil sans rendez-vous

Ne pas accueillir et assurer la garde des enfants pendant leur temps de consultation crsquoest signifier que la consultation est un temps pour les usagers eux-mecircmes pour prendre soin drsquoeux

Trouver un mode de garde pendant ce court temps crsquoest aussi une forme drsquoengagement dans lrsquoaccompagnement en addictologie du consultant

Organisation de la gardeCette question se preacutesente reacuteguliegravere-ment et doit ecirctre organiseacutee dans le cadre du projet drsquoeacutetablissement et non improviseacutee afin de proposer des conditions seacutecurisantes pour les enfants le consultant comme pour lrsquoeacutequipe Cette question peut ecirctre soumise pour avis aux usagers dans le cadre drsquoinstances de consultationLorsque les enfants sont scolariseacutes les

Ainsi en fonction des besoins expri-meacutes par les parties lentourage pour-ra ecirctre reccedilu lors dentretiens com-muns (theacuterapie familiale ou autre) seacutepareacutement ou seulLe suivi drsquoun usager seacutepareacutement de celui du membre de son entourage ne pourra ecirctre assureacute par le mecircme pro-fessionnel pour une neutraliteacute et in-tervention psychotheacuterapeutique

La position du theacuterapeute dans la gestion du double accompagnement Une personne en difficulteacute avec ses conduites addictives et un membre de lrsquoentourage peuvent souhaiter ecirctre accompagneacutes dans le mecircme eacutetablisse-ment seacutepareacutement Se posent alors plusieurs questions pour lesquelles chaque eacutetablissement doit se fixer des regravegles formaliseacutees dans son projet et clairement eacutenonceacutees aux usagers

Lrsquoun peut souhaiter consulter sans savoir que lrsquoautre y consulte deacutejagrave ou sans que lrsquoautre en soit informeacute aucune information non-personnelle nrsquoa agrave ecirctre porteacutee agrave la connaissance des parties ne fut-ce qursquoinformer mecircme du suivi dans le respect des regravegles de secret professionnel

Deux personnes peuvent consul-ter au sein du mecircme eacutetablissement et ecirctre en conflit majeur par exemple dans le cadre drsquoune seacuteparation ins-tance de divorce conflit sur la garde drsquoenfantshellip Dans cette situation comme dans les preacuteceacutedentes lrsquoeacuteta-blissement doit srsquoefforcer que les deux personnes ne se croisent pas sans toutefois pouvoir le garantir de la mecircme faccedilon que deux individus peuvent toujours se croiser quelque part sans le vouloir Lrsquoeacutetablissement doit rappeler le regraveglement de fonc-tionnement et le respect des per-sonnes Agrave noter qursquoen cas de mesure drsquoeacuteloignement prononceacutee par le juge crsquoest agrave la personne sous cette mesure de prendre ses dispositions et non agrave lrsquoeacutetablissement de garantir les condi-tions de cet eacuteloignement

Deux personnes peuvent souhai-ter consulter une mecircme cateacutegorie de professionnel sans choix du profes-sionnel parce qursquoil nrsquoy en aurait qursquoun au sein de lrsquoeacutetablissement (par exemple meacutedecin psychologue) Si le professionnel ne souhaite pas assurer cet accompagnement pour des ques-tions de positionnement theacuterapeu-tique une orientation doit systeacutemati-quement ecirctre proposeacutee dans un service ou eacutetablissement eacutequivalent le plus proche possible

92 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 93

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

3 LES CONSULTATIONS JEUNES CONSOMMATEURS (CJC) LIEUX-RESSOURCES POUR LA FAMILLE

Les CJC sont une des missions faculta-tives des centres de soins drsquoaccompagne-ment et de preacutevention en addictologie (CSAPA) Au demeurant avec ou sans CJC les CSAPA reccediloivent toutes les per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives quel que soit leur acircge

Public des CJCLes consultations sont destineacutees en prioriteacute aux jeunes consommateurs98 y compris les mineurs qui ressentent des difficulteacutes en lien avec leur consomma-tion de substances psychoactives Les usagers peuvent se preacutesenter seuls spontaneacutement ou adresseacutes par un tiers famille professionnel de santeacute milieu scolaire justice parce qursquoils preacutesentent des diff iculteacutes attribueacutees agrave un usage simple agrave risque ou nocif de substances psychoactives

Probleacutematiques addictives abordeacuteesLes substances psychoactives y compris lrsquoalcool et les addictions comportemen-tales comme le jeu internet etc

Objectifs Agir degraves les premiers stades de la

consommation les CJC disposent de compeacutetences et de savoir-faire afin drsquoen-trer en relation avec le jeune et eacuteventuel-

98 Annexe 4 de la circulaire du 28 feacutevrier 2008 relative aux missions des CSAPA

lement son entourage pour reacutetablir une communication beacuteneacutefique pour lrsquoeacutecoute et la prise de conscience des risques mais aussi pour envisager des probleacutematiques sous-jacentes du jeune

Accueillir lrsquoentourage lrsquoentourage seul souvent agrave lrsquoorigine drsquoune deacutemarche drsquoinformations trouve aupregraves des pro-fessionnels de la consultation une eacutecoute et un soutien dans les difficulteacutes ressenties vis-agrave-vis des consommations ou comportements addictifs de leurs proches

Reacutepondre aux interrogations et preacute-occupations de lrsquoentourage en matiegravere drsquoaddiction informations sur les subs-tances et conduites sans produit leurs effets et leurs risques sur les divers types de recours possibles pour le dia-gnostic et la prise en charge

Soutenir les parents dans leur rocircle eacuteducatif et le dialogue avec leurs enfants sur les consommations de produits illi-cites drsquoalcool et de tabac

Recevoir de faccedilon conjointe le jeune et son entourage

Srsquoadapter aux situations parentsenfantsDans un contexte addictif agrave risque lrsquoaxe de travail essentiel des professionnels de la CJC est de renouer le dialogue entre le jeune et ses parents de laquo deacutedramati-ser raquo la situation la deacutecortiquer tout en maintenant le cadre parental Ceci est rendu possible en confortant le parent dans son rocircle de parent sans le culpabi-liser mais en travaillant sur le dialogue entre eux deux sur la perception de lrsquousage par les uns et les autres sur les risques inheacuterents

rendez-vous doivent ecirctre proposeacutes sur des horaires adapteacutes agrave ces contraintes

En pratique la situation diffegravere selon lrsquoacircge de lrsquoenfant les ressources humaines et la configuration des lo-caux de lrsquoeacutetablissement

Le nourrisson peut ecirctre reccedilu avec son parent

Si le professionnel estime que lrsquoenfant du consultant ne peut pas ecirctre preacutesent durant lrsquoentretien lrsquoeacutetablissement organise alors des modaliteacutes drsquoaccueil des enfants sous la vigilance drsquoun professionnel en proposant par exemple un espace de jeux adapteacute et seacutecuriseacute (des bloque-fenecirctres des jouets qui ne preacutesentent aucun risque drsquoingurgi-tation ou de blessurehellip) Ce temps

peut ecirctre un moyen drsquoobservation du comportement de lrsquoenfant Responsabiliteacutes il est important de

rappeler que les eacutetablissements sont responsables des conseacutequences dom-mageables de leurs actes de preacuteven-tion de diagnostic ou de soins en cas de faute Par conseacutequent ils sont te-nus de souscrire une assurance desti-neacutee agrave les garantir pour leur responsa-biliteacute civile susceptible decirctre engageacutee en raison de dommages subis par des tiers et reacutesultant datteintes agrave la per-sonne survenant dans le cadre de cette activiteacute de preacutevention de dia-gnostic ou de soins Cela concerne bien sucircr avec acuiteacute le mode de gardesurveillance organiseacute pour lrsquoenfant du consultant

Agrave RETENIR

Le professionnel en addictologie vers lequel un membre de lrsquoentourage srsquoadresse doit proposer une eacutecoute bienveillante un soutien et des informations Il srsquoagit

Drsquoaider cette personne agrave identifier ses ressources et ses freins ses difficulteacutes directement et indirectement lieacutees aux probleacutematiques addictives de lrsquoautre

De ne pas consideacuterer lrsquoentourage qursquoagrave travers le prisme de ses difficulteacutes mais de srsquoappuyer aussi sur ses ressources ses expeacuteriences comme allieacute du systegraveme theacuterapeutique

Drsquoaffirmer et reacuteaffirmer que chacun souffre agrave sa maniegravere et a besoin drsquoecirctre entendu compris et aideacute et que la recherche de solution de mieux ecirctre devra srsquoappuyer sur les ressources et expeacuteriences de toutes les parties prenantes

94 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 95

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

rents pour nouer ou renouer le dialogue sur les conduites addic-tives

Les CJC un outil laquo phare de la preacutevention raquo La campagne nationale de communica-tion de 2015 a su toucher justeLes CJC ont beacuteneacuteficieacute drsquoune diversifica-tion des modes drsquoentreacutee101 avec une plus grande visibiliteacute des familles En ef-fet dans lrsquoenquecircte de 2015 on constate la plus grande repreacutesentation des fa-milles dans le dispositif Notamment les constats suivants eacutemergent

Les orientations par la famille pro-gressent de 15 en 2014 agrave 20 en 2015 cette hausse se retrouvant agrave tous les acircges Celles-ci se placent deacutesormais au deuxiegraveme rang des sources de recrute-ment des consultants derriegravere les orientations judiciaires qui restent preacute-dominantes

La preacutesence de la famille en tant qursquoaccompagnateur est eacutegalement plus importante durant les consultations La proportion de consommateurs venus avec leur entourage familial passe de 22 agrave 34 en un an La par t des proches venus sans lrsquousager avoisine toujours les 7 et les consultations laquo venus seuls raquo restent majoritaires

Les consommateurs dirigeacutes par leur famille en CJC sont plus jeunes que les autres et davantage consommateurs de jeux videacuteo En 2015 le jeu videacuteo repreacute-sente

5 des motifs de recours parmi les

101 Caroline PROTAIS et al laquo Evolution du public des CJC (2014-2015) raquo Tendances ndeg 107 2016 4 p

jeunes consultants venus seuls 14 des consultations mettant en preacutesence les jeunes et leur entou-rage

15 des consultations de familles venues seules

Cette forte mobilisation des familles explique une autre eacutevolution marquante en 2015 lrsquoaugmentation de la part des mineurs Agrave lrsquoinverse les familles venues sans la personne concerneacutee se mobi-lisent principalement autour de la consommation drsquoun enfant majeur

Agrave RETENIR

Les probleacutematiques addictives des jeunes se situent tregraves souvent dans un contexte de rupture de dia-logue avec lrsquoentourage familial proche Lrsquoobjectif des CJC est donc de renouer maintenir ou renforcer ses liens avec son entourage

Les CJC doivent travailler en reacute-seau avec toutes les structures en reacutesonnance avec les multiples cercles drsquoentourages des jeunes lieu de consultations meacutedico-so-ciales eacutetablissements scolaires mai-sons des jeunes lieux de vie cultu-rels et sportifs etc

Les CJC doivent communiquer sur leur territoire de rayonnement aupregraves des structures recevant un public jeune et aupregraves des per-sonnes de leur entourage agrave com-mencer par les parents

Dialogue distendu voire peu preacutesent entre le jeune et son parent le parent se sent deacutemuni face agrave son jeune qursquoil juge en difficulteacute De son cocircteacute le jeune se sent incompris impuissant et va ex-primer son mal-ecirctre par diffeacuterentes expeacuterimentations qui lrsquoauront conduit agrave la CJC

Cas du refus ou impossibiliteacute du jeune drsquoecirctre accompagneacute par un membre de sa famille dans ce cas lrsquoen-tourage se compose drsquoun professionnel de santeacute scolairehellip ou drsquoun ami qui de-vra jouer un rocircle de personne morale de reacutefeacuterence et viendra en soutien du travail fait avec les professionnels de la CJC

Cas du refus du jeune de se rendre en CJC le parent a la possibiliteacute de prendre rendez-vous dans le cadre de la CJC avec un professionnel La CJC est un lieu ressources qui dispose des ren-seignements utiles agrave la gestion de la si-tuation et permet drsquoecirctre accompagneacute dans ses difficulteacutes face aux conduites addictives de son jeune Dans ce cas-lagrave le travail se fera avec le parent preacutesent permettant ainsi de lui donner les moyens de laquo faire face raquo de trouver les leviers qui lui permettront de renouer le lien avec son jeune de trouver les mots pour nouer voire maintenir un dialogue Des outils simples comme les sms par exemple moyen de communication privileacutegieacute des jeunes permettent de recreacuteer peu agrave peu du lien Ce premier travail avec le parent peut ainsi permettre agrave celui-ci de se reacuteassurer dans son rocircle de parent Par la suite il pourra venir avec le jeune pour entamer agrave son tour un travail dans les CJC

Les CJC un dispositif de proxi-miteacute confidentiel et gratuit agrave va-loriser

En proportion les jeunes repreacute-sentent une faible part des publics reccedilus en consultations en CSAPA en particu-lier dans le cadre de CJC pour de lrsquoac-compagnement et des soins indivi-duels99

Par conseacutequent les CJC des CSAPA doivent travailler en partenariat avec les structures accueillant les jeunes (eacutetablis-sements scolaires100 culturels sportifs drsquoaccompagnement social judiciaireshellip) pour permettre aux professionnels qui y travaillent de savoir aborder la ques-tion des conduites addictives les repeacute-rer et orienter leur public en difficulteacute

Les CJC ont fait lrsquoobjet drsquoune cam-pagne de communication en 2015 ini-tieacutee par la MILDECA le Ministegravere de la Santeacute et lrsquoINPES Cette campagne de communication multi-supports sur le thegraveme laquo Alcool cannabis cocaiumlne ecs-tasy jeux videacuteo tabachellip Il existe un endroit pour en parler et faire le point raquo soulignait clairement

Les distorsions de perceptions des risques et des dommages selon que lrsquoon est parent ou jeune Lrsquoobjectif des CJC comme lieu-res-sources pour en parler pour les jeunes eux-mecircmes pour les pa-

99 15 de moins de 30 ans en 2014 18 e moins de de 25 ans Cf Christophe PALLE laquo Les personnes ac-cueillies dans les CSAPA raquo Tendances ndeg 110 2016 4 p

100 Guide de preacutesentation des CJC avanceacutees Un inteacute-recirct agrave travailler ensemble ndash Etablissements scolaires lyceacutees geacuteneacuteraux et professionnels centres de formation pour apprentis Deacutepliant eacutelaboreacute dans le cadre de la Coordination des CSAPA assureacutee par lrsquoANPAA ndash Avec le soutien financier de lrsquoARS anneacutee 2016-2017

96 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 97

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ANPAA de Caen lrsquoexpeacuterience montre notamment

La neacutecessiteacute drsquoouvrir des espaces dif-feacuterents en fonction des tranches drsquoacircges les modes drsquoexpressions des enfants et des adolescents eacutetant diffeacuterents

La neacutecessiteacute de soutien des enfants pour construire des reacuteponses adapteacutees agrave des contextes dans lesquels ils se sentent pieacutegeacutes

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination de lrsquoentourage adulteexpeacuterience du cSapa anpaa danS le rhocircne agrave villeurbanne

ORGANISATION

Il srsquoagit drsquoun groupe reacuteuni une fois par mois en soireacutee destineacute agrave lrsquoentourage et permettant drsquoamorcer des consultations individuelles ou des entretiens familiaux 10 agrave 12 personnes constituent en moyenne le groupe (les seacuteances sont mensuelles et les appels quotidiens ren-forcent le nombre de participants) Une psychologue et une intervenante sociale animent la seacuteance pendant que la secreacutetaire assure un accueil perma-nent pour eacuteviter une deacuteperdition

PUBLIC Groupe ouvert agrave toute personne

de lrsquoentourage mecircme si lrsquousager en difficulteacute avec ses pratiques addictives nest pas suivi au CSAPA

Les participants viennent plutocirct en icirclots familiaux par deux ou trois parfois

seuls Les femmes srsquoemparent geacuteneacutera-lement plus de ce dispositif que les hommes repreacutesentant en moyenne 90 des membres du groupe

Toutes les probleacutematiques addic-tives sont discuteacutees avec ou sans pro-duit et toutes les personnes de lrsquoen-tourage sont convieacutees conjointes parents enfants amishellip

Afin deacutevaluer la demande et les eacuteventuelles contre-indications est preacutevu un premier entretien teacuteleacutepho-nique avec une grille drsquoentretien se-mi-directive standardiseacutee eacutelaboreacutee par les intervenants

Cet entretien preacutepare agrave la question du groupe comment lrsquoentourage va pouvoir ecirctre eacutecouteacute Quelle bienveil-lance va-t- i l trouver dans ces eacutechanges

Si lentourage souhaite un suivi in-dividuel en parallegravele ou suite au groupe il est possible de lrsquoorienter vers un premier entretien Les deux accompagnements peuvent se com-pleacuteter Sont inclues aussi les personnes de lrsquoentourage deacutejagrave suivies au centre en individuel et demandeurs Ils sont alors orienteacutes par les intervenants

3fraslthinsp2 ACCOMPAGNER LrsquoENTOURAGE

EN GROUPE Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE

LES GROUPES Agrave VISEacuteE THEacuteRAPEUTIQUE102

PrincipesDans le cadre de son parcours de soin au sein de lrsquoeacutetablissement (CSAPA) la per-sonne de lrsquoentourage pourra ecirctre orien-teacutee vers un groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Le groupe agrave viseacutee theacuterapeutique srsquoinscrit agrave la fois dans le projet individualiseacute drsquoac-compagnement et de soins du consul-tant et dans le projet deacutetablissementLe groupe agrave viseacutee theacuterapeutique a pour objectif drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie et lrsquoautonomie des usagers personnes en difficulteacute avec ses conduites addictives comme personnes de lrsquoentourageCette modaliteacute theacuterapeutique est com-pleacutementaire de lrsquoaccompagnement indi-viduel et repose sur les interactions entre les membres du groupe avec un accompagnement professionnel

Objectifs des groupes agrave viseacutee theacute-rapeutique Objectifs geacuteneacuteraux La capacitation (ou empowerment)

de lrsquoindividu est lrsquoapport principal re-chercheacute pour lrsquousager dans le cadre drsquoun groupe agrave viseacutee theacuterapeutique Les objectifs geacuteneacuteraux sous-tendus par la deacutemarche en groupe theacuterapeutique sont

102 Les groupes agrave viseacutee theacuterapeutique Addictologie ambulatoire ANPAA 2015 31 p (Guide Repegraveres)

Ameacuteliorer deacutevelopper instaurer ou restaurer

Lrsquoeacutemancipation lrsquoautonomie de lrsquousager Ses capaciteacutes relationnelles phy-siques creacuteatives Son image corporelle et son estime de soi

Reacute-entraicircner et reacuteadapter ses habile-teacutes et accroicirctre ses compeacutetences psy-chosociales

Favoriser la motivation au change-ment

Accroicirctre la compeacutetence drsquoacqueacuterir des reacuteflexes de santeacute positifs

Objectifs speacutecifiques Le deacuteveloppement des compeacutetences

psychosociales Lrsquoaide agrave lrsquoeacutelaboration psychique et agrave

lrsquoameacutelioration des capaciteacutes cognitives La reacuteappropriation corporelle et

sensorielle Lrsquoameacutelioration de la connaissance

des conduites addictives et des moda-liteacutes drsquoaccompagnement et de soins

Enfants et groupes agrave viseacutee theacutera-peutiqueLes enfants peuvent ecirctre soutenus par de nouveaux contextes drsquoexpeacuteriences favorisant la laquo re raquo connexion agrave leurs besoins et une confiance nouvelle dans leurs capaciteacutes agrave laquo ressentir raquo au travers de groupes agrave viseacutee theacuterapeutique varieacutes

Plusieurs eacutequipes drsquoaccompagnement et de soins ont en ce sens deacuteveloppeacute des groupes drsquoexpression pour enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictives Agrave lrsquoexemple du CSAPA

98 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 99

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Ainsi chacun des protagonistes eacutetablit une confiance et un regard serein sur ce qui va se passer par la suite dans le soin Cela permet aux professionnels de percevoir ce qui se passe agrave la mai-son et eacutegalement de pouvoir donner agrave lentourage des informations qui permettent rapidement dapaiser cer-

tains conflits familiaux En proposant agrave lentourage de ne pas surencheacuterir dans le conflit quand les personnes sont aux prises avec les produits cela permet si la famille y arrive de calmer des tensions voire de diminuer la vio-lence verbale et physique de faccedilon conseacutequente

ILLUSTRATION

Groupe agrave viseacutee theacuterapeutique agrave destination des enfants de parents en difficulteacute avec leurs conduites addictivesexpeacuterience du cSapa anpaa danS le calvadoS agrave caen

PUBLIC

Ce groupe srsquoadresse aux jeunes de moins de 17 ans souffrant de lrsquoalcooli-sation ou de la consommation drsquoautres substances drsquoun parent

PREacuteALABLE Lrsquoaccueil est organiseacute par groupe drsquoacircge drsquoougrave la neacutecessiteacute pour les organiser de teacuteleacutephoner avant de venir au CSAPA

OBJECTIFS

Montrer aux jeunes qursquoils ne sont pas tout seuls

Chercher des solutions ensemble face aux difficulteacutes qursquoils rencontrent

Des situations quotidiennes sont envisageacutees monter dans la voiture

quand un parent est sous effet de produit situation de triangulation avec les parents la violence sous effet ou par manquehellip

Il srsquoagit drsquoun groupe drsquoexpression et drsquoeacutechanges avec des possibiliteacutes de des-siner de jouer des mises en situationhellip

ANIMATION DU GROUPE

Le groupe est animeacute par des pro-fessionnels speacutecialiseacutes en addictologie au moins deux par seacuteance dans lrsquoideacuteal femme et homme

Le rocircle des animateurs est de ga-rantir le confort de chacun sans inten-tion theacuterapeutique Ils orientent les adolescents qui auraient besoin drsquoun accompagnement

Le groupe est ouvert le mercredi apregraves-midi de 13h30 agrave 15h

Il est possible drsquoadapter les ho-raires si neacutecessaire

COMMUNICATION

Lrsquoexistence du groupe est commu-niqueacutee dans tous les espaces de for-mation de sensibilisation et dans les eacutetablissements scolaires

OBJECTIFS Objectif principal soutien partage dexpeacuteriences apport dinformations travail sur les repreacutesentationsLe groupe atteste la souffrance de lentourage la repegravere la contient

Ce groupe offre des pistes de reacute-ponses aux questions suivantes

Pourquoi la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives ne re-connait pas la souffrance de lrsquoentou-rage est-ce normal

Comment y reacutepondre Comment rester dans sa famille

tout en se proteacutegeant pour avancer soi-mecircme

Comment faire avec ce que lrsquoon est jusqursquoougrave va le soutien afin de ne pas trop souffrir se respecter se pro-teacuteger srsquoaffirmer prendre soin de soi

LES PROFESSIONNELS APPORTENT

UN AUTRE REGARD QUE CELUI DU

TEacuteMOIGNAGE

Ils expliquent les positionnements de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives mise agrave distance une protection consideacuterer lrsquoautre dans sa souffrance

Ils garantissent le cadre la bienveil-lance le respect de lrsquoeacutecoute de lrsquoautre pour que chacun se positionne et soit impliqueacute ait un temps de parole ga-ranti ce qursquoil vit fait eacutecho agrave lrsquoautre lrsquoentourage peut deacuteposer sa souf-france ses difficulteacutes et voir comment les autres peuvent faire ressource pour lui

Lrsquoaccompagnement amegravene lrsquoentou-rage agrave se rendre compte que le groupe fait soutien

Cet accompagnement relaie la question du travail individuel et celle de lrsquoauto-support de la famille

Le travail des professionnels est drsquoaider lrsquoentourage agrave se positionner agrave trouver sa juste place dans sa relation agrave la personne ayant des conduites addictives (rupture ou omnipotence de lrsquoentourage effet miroir des addic-tions) en fonction du parcours de soins (la place de lrsquoentourage ne sera pas accompagneacutee de la mecircme ma-niegravere si les conduites addictives sont anciennes avec des tabous secret non-dits deacutenis)

Il ne srsquoagit pas forceacutement drsquoun accegraves agrave lrsquoautonomie mais plutocirct drsquoun posi-tionnement face agrave la personne ayant des conduites addictives qui ne doit ecirctre ni trop ni pas assez

PLACE DE LrsquoENTOURAGE DANS LE

PARCOURS DE SOIN

Quelle que soit la probleacutematique ad-dictive lentourage comme allieacute des soins est un gros changement de para-digme et de regard par rapport agrave dautres eacutepoques des soins en addic-tologieLrsquoaccent est mis sur la preacutecociteacute des rencontres sans que lalliance soit mise agrave mal et donc inviter tregraves vite lentourage agrave participer agrave plusieurs rencontres dans les premiers mois si la lecture de la situation que nous avons faite nous semble le neacutecessiter

100 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 101

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

sortir agrave sauver sa vie en lui permet-tant de vivre mieux et longtemps

Il srsquoagit de compleacuteter lrsquoaccompagne-ment et les soins apporteacutes par des profes-sionnels de lrsquoaddictologie les mouvements drsquoentraide peuvent rencontrer des per-sonnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives ou leur famille hors structure de soins et agrave des horaires plus larges

Lrsquoapport speacutecifique aux personnes de lrsquoentouragePlusieurs associations proposent des groupes drsquoauto-support ou drsquoentraide speacutecifiquement destineacutes aux personnes de lrsquoentourage de personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives mecircme si le cœur de leur action srsquoadresse avant tout aux usagers eux-mecircmesLes personnes de lrsquoentourage sont reccedilues selon leur propre convenance indivi-duellement en groupe de paroles ou parfois avec la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives elle-mecircmeCes groupes fonctionnent comme suit

Une organisation reacuteguliegravere et acces-sible

Un appui essentiel sur les pairs pour la compreacutehension de la co-deacutependance crsquoest-agrave-dire

La compreacutehension du processus contre-productif pour lrsquousager deacute-pendant de lrsquointervention reacutepeacuteteacutee de la personne de lrsquoentourage La compreacutehension de lrsquointeacuterecirct agrave vivre mieux se reconstruire et ainsi aider le malade dans son nou-veau parcours vers une meilleure santeacute

Lrsquoentourage preacutesentant une co-deacutepen-dance installeacutee ou pas est souvent en repli sur lui-mecircme honteux culpabiliseacute et en perte drsquoespoir La participation agrave un groupe de parole en auto-support peut lui permettre de

Se poser des questions utiles sur son comportement

Comprendre que la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est en souffrance et qursquoil faudra du temps pour une ameacutelioration de la qua-liteacute de vie

Comprendre que tout ne reviendra pas laquo comme avant raquo et qursquoun nouvel eacutequilibre est agrave trouver en se reconstrui-sant chacun et ensemble

Les groupes drsquoentraide sont un appui veacuteritable sur ces points par leur qualiteacute drsquoeacutecoute drsquoidentification drsquoempathie et de confidentialiteacute Ils sont compleacutemen-taires des interventions des profession-nels la palette des acteurs de soutien doit ecirctre porteacutee agrave la connaissance des usagers des eacutetablissements sanitaires et meacutedicosociaux en addictologie et de leur entourage car laquo il faut mettre toutes les chances de son cocircteacute raquo laquo Il nrsquoy a pas de solution miracle chacun doit trouver sa propre voie raquo

Une campagne drsquoaffichage a eacuteteacute reacutealiseacutee suite aux conseils des en-fants qui nous disaient qursquoil valait mieux passer directement par eux que les adultes avaient des difficulteacutes agrave leur communiquer lrsquoinformation

INSCRIPTION

Lrsquoinscription des enfants agrave un groupe est partageacutee avec le responsable leacutegal et ce temps permet le plus souvent drsquoaborder avec le parent la neacutecessiteacute drsquoun espace de parole pour lrsquoenfant qui a agrave vivre avec la deacutependance du parent Si neacutecessaire le trajet est accompa-gneacute par un professionnel afin que ce ne soit pas un obstacle pour lrsquoenfant qui souhaite participer mais nrsquoest pas autonome

LES GROUPES DrsquoAUTO-SUPPORTLes diverses associations qui regroupent soit des usagers laquo actifs raquo soit les groupes drsquoentraide par lrsquoabstinence reacuteunies sous le terme de groupe drsquoauto-support reacute-pondent agrave une double logique celle de lrsquoideacutee de pairs et celle de la responsabilisa-tion et vise agrave agir au niveau des vulneacuterabi-liteacutes et drsquoune reconquecircte de lrsquoautonomie Ainsi ces groupes relegravevent drsquoun double modegravele

Celui du laquo care raquo drsquoune part crsquoest-agrave-dire la mise en action drsquoun principe drsquoattention de sollicitude agrave prendre soin de lrsquoautre et ce faisant de soi en visant un bien-ecirctre un mieux-ecirctre global de lrsquoindividu

Celui de lrsquoapproche par les laquo capa-biliteacutes raquo drsquoautre part crsquoest-agrave-dire lrsquoameacute-lioration des capaciteacutes drsquoun individu agrave effectuer des choix entre des combinai-sons de fonctionnements et agrave en envisa-ger les conseacutequences positives ou neacutega-tives

Lrsquoapport des groupes drsquoentraideLrsquointeacuterecirct des mouvements drsquoentraide ou groupes drsquoauto-support pour les per-sonnes de lrsquoentourage et les personnes en difficulteacute avec leurs conduites addic-tives sont les suivants

Lieu drsquointeacutegration sociale et de lutte contre lrsquoexclusion Valorisation de la personne dans lrsquoeacutecoute le non-jugement de son res-senti de son expeacuterience de la souf-france de la maladie

Lieu drsquoapprentissage drsquoune nouvelle gestion de soi au quotidien Lieu drsquoexpression du laquo care raquo103 comme technique de soin compleacute-mentaire aux systegravemes plus clas-siques de soins du laquo cure raquo

Lieu drsquoinformations varieacutees appro-fondies et fiables

Lieu de grande disponibiliteacute et de grande souplesse de fonctionnement

Rencontres privileacutegieacutees pour les eacutechanges la convivialiteacute lrsquoamitieacute

Existence drsquoune solidariteacute proximale pour eacuteviter une plus grande deacutetresse psychique

Lieu de reacuteel inteacuterecirct pour la personne et son entourage afin de lrsquoaider agrave srsquoen

103 laquo Care raquo est une expression anglo-saxonne signi-fiant bientraitance srsquooccuper de prendre soin porter attention

102 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 103

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

La CAMERUP - Coordination des Associations et Mouvements drsquoEntraide Reconnus drsquoUtiliteacute Publique106

La CAMERUP regroupe les Feacutedeacute-rations Nationales Alcool Assistance Alcool Ecoute Joie et Santeacute amp les Amis de la Santeacute ainsi que les Mouvements de la Croix Bleue amp Addictions Alcool Vie Libre

La CAMERUP nrsquoa pas vocation agrave intervenir directement aupregraves de lrsquoentourage des malades de lrsquoalcool Toutefois le but de la coordination nrsquoeacutetant pas drsquointervenir dans le fonc-tionnement des cinq entiteacutes affilieacutees celles-ci organisent lrsquoaccompagnement des proches selon leurs speacutecificiteacutes fonctionnelles

Les entiteacutes aff ilieacutees ont toutes neacuteanmoins des actions pour lrsquoentou-rage telles que des groupes de parole deacutedieacutes des suivis speacutecifiques dans le cadre de lrsquoaccompagnement et de la reacuteinsertion de la cellule familiale dans la socieacuteteacute entre autres

Certaines sessions de formations peuvent ecirctre dispenseacutees aux per-sonnes de lrsquoentourage par les forma-teurs de la coordination

Certains membres de lrsquoentourage srsquoinvestissent agrave terme dans lrsquoaccompa-gnement voir dans la sensibilisation et

106 Contribution de la CAMERUP

lrsquoinformation apregraves les formations neacutecessaires ou lrsquoanimation de certains groupes de parole Ces personnes de lrsquoentourage srsquoinvestissent eacutegalement dans lrsquoorganisation de certaines mani-festations sorties etc

La CAMERUP joue un rocircle drsquointer-face entre les associations de terrain et les organismes de tutelles ou ins-tances La coordination est ainsi lrsquoin-termeacutediaire privileacutegieacute pour faire re-monter les dysfonctionnements dans le cadre de lrsquoaccompagnement et les besoins de toutes les composantes de la famille et plus largement de lrsquoentou-rage

Lrsquoaddiction agrave lrsquoalcool maladie fami-liale En effet la CAMERUP reconnait cette pathologie comme une maladie fami-liale car si un individu en est directe-ment victime crsquoest lrsquoensemble de la cellule familiale qui est en souffrance et en subit les conseacutequences directes ou indirectes Au quotidien nos ac-teurs de terrain sont confronteacutes agrave ces eacutetats de fait enfants et conjoints bat-tus enfants deacutescolariseacutes ou en diffi-culteacute nrsquoayant pas les conditions opti-males pour une vie normale drsquoenfant ou drsquoadolescent obligeacutes agrave lrsquoisolement agrave lrsquoautarcie en raison de la honte de lrsquoincompreacutehension et de lrsquoimpuissance que geacutenegravere cette maladie Crsquoest bien au-delagrave de la cellule familiale dans lrsquoentourage scolaire professionnel sportif que fait eacutecho agrave ce mal-ecirctre

ILLUSTRATION

Groupes drsquoentraide ou drsquoauto-support

AL-ANON104

Les groupes familiaux Al-Anon sont neacutes aux Etats-Unis en 1951 et existent en France depuis 1962 Le nom Al-Anon est deacuteriveacute des premiegraveres syl-labes drsquoAlcooliques Anonymes Al-Anon France a pour but drsquoaider la famille et les amis de personnes ayant un problegraveme avec lrsquoalcoolLrsquoassociation compte pregraves de 200 groupes en France Les membres Al-Anon sont des per-sonnes qui ont eacuteteacute affecteacutees par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Il srsquoagit des parents des enfants des eacutepouses des eacutepoux des compagnons ou compagnes de vie des sœurs des fregraveres drsquoautres membres de la famille des amis hellip Peu importe la situation veacutecue les per-sonnes ont un lien commun elles jugent que leur vie a eacuteteacute profondeacutement affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Leurs actions reposent sur le soutien mutuel et le partage de solutions penseacutees actions pour ameacuteliorer leur qualiteacute de vieAu cours des reacuteunions les membres Al-Anon partagent leur expeacuterience leur force et leur espoir dans le but de reacutesoudre leurs problegravemes communs Chaque groupe Al-Anon srsquoauto-reacute-

104 Pour en savoir plus httpal-anon-alateenfr

gule par une grande liber teacute drsquoap-proche aucun engagement aucune adheacutesion Les reacuteunions ne contraignent pas la parole mais la laisse libre drsquoavoir lieu ou pas guideacutee par un modeacuterateur Avec le temps et selon le souhait de chaque individu le groupe propose le parcours en douze eacutetapes issues de la meacutethode des Alcooliques Anonymes

ALATEEN est destineacute aux adolescents dont la vie a eacuteteacute affecteacutee par la consommation drsquoalcool drsquoune autre personne Parfois la consommation a cesseacute ou le buveur en phase active peut ne plus vivre avec ses enfants Mecircme si lrsquoalcool a disparu ou si lrsquoalcoolique est parti ou est en reacutetablissement chez AA ils en sont encore affecteacutes

NAR-ANON105 est un programme qui s rsquoadresse aux per sonnes de lrsquoentourage drsquousagers de drogues le parent lrsquoeacutepouse lrsquoenfant le fregravere la sœur ou lrsquoami du consommateur Il offre un support et des ressources aux familles et amis des deacutependants de drogues et propose des rencontres hebdomadaires et de l rsquoeacutecoute personnelle Nar-Anon est un mouvement baseacute sur les douze eacutetapes des Narcotiques Anonymes qui aident les personnes vivant aupregraves des deacutependants agrave deacutevelopper des outils et des moyens pour vivre une vie plus saine et sereine

105 Pour en savoir plus httpsnaranonfrancewordpresscom

104 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 105

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

port agrave lrsquoautre membre du couple laquo Chacun des conjoints rejoue sur la scegravene conjugale des eacuteleacutements drsquoune piegravece qui srsquoest eacutecrite bien avant dans sa famille drsquoorigine raquo109 Ainsi crsquoest par un travail drsquoindividuation et de diffeacuterenciation neacutecessaire drsquoavec le conjoint que la personne addicte peut trouver lrsquoespace indispensable au redeacute-ploiement de sa personnaliteacute

Choix drsquoune orientation theacuterapeutique pour la familleLe choix drsquoun accompagnement familial doit se reacutealiser en ayant peseacute les eacuteleacute-ments de la double probleacutematique

Difficulteacutes de lrsquousager en demande initiale aupregraves de lrsquoeacutetablissement

Difficulteacutes identifieacutees ou deacuteceleacutees par le professionnel dans lrsquoenvironne-ment de la personne en consultation initiale (que ce soit la personne addicte ou son entourage)

Il est utile de mesurer les risques drsquoune orientation theacuterapeutique en deacutecalage avec le besoin reacuteel

Proposer un travail en famille lagrave ougrave il y a une difficulteacute individuelle le risque est drsquoalieacutener le sujet en geacuterant ses questions individuelles en famille Dans ce cas on ne soutient nullement les deacutesirs drsquoautonomie et drsquoindividuation Le sujet peut faire en sorte de deacutemotiver sa famille

Proposer des entretiens familiaux agrave quelqursquoun qui se deacutesigne comme souf-

109 D HERS Jean-Paul ROUSSEAUX Marc DERELY laquo La theacuterapie de lrsquoalcoolisme par le couple raquo in Alcoo-lisme amp toxicomanies De Boeck 1989 p 60

frant cette personne en demande drsquoaide risque de percevoir le message qursquoil nrsquoest pas laquo assez inteacuteressant raquo Il peut eacutegalement le ressentir comme une preuve que le theacuterapeute ne lui fait pas confiance et a besoin du teacutemoignage de lrsquoentourage

Proposer un travail individuel lagrave ougrave il y a une difficulteacute familiale le theacutera-peute pensera quil a respecteacute le sujet et qursquoil lui aura laisseacute lrsquoopportuniteacute drsquoex-primer ce qursquoil ressent Cependant le theacuterapeute se heurtera agrave une difficulteacute theacuterapeutique le sujet porteur du symptocircme est peu demandeur ou nrsquoen souffre pas ceci peut conduire certains theacuterapeutes agrave estimer que la non-de-mande du consultant empecircche lrsquoengage-ment drsquoun travail theacuterapeutique

DES CADRES THEacuteORIQUES DrsquoINTERVENTIONLes psychotheacuterapies abordent le symp-tocircme laquo conduite addictive raquo de faccedilon variable selon les cadres theacuteoriques drsquointervention choisis Parmi les cadres theacuteoriques drsquointervention

Approche comportementale (theacutera-pie cognitivo-comportementale) le symptocircme est lrsquoobjet du travail pour ten-ter de le faire disparaicirctre ou le diminuer

Approche systeacutemique (theacuterapie fa-miliale theacuterapie systeacutemique) la fonction du symptocircme au sein du systegraveme est rechercheacutee afin de modifier les relations au sein du systegraveme et faire disparaicirctre le symptocircme

Approche humaniste (analyse tran-sactionnelle programmation neuro-lin-guistique theacuterapies bregraveves theacuterapies psychocorporelles sophrologie hyp-

3fraslthinsp3 ORIENTATIONS PSYCHO-

THEacuteRAPEUTIQUES

MISE EN ŒUVRE DE LrsquoACCOMPAGNEMENT ET DES SOINSLes laquo proches raquo de personne en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives sont membres du laquo systegraveme avec addic-tion raquo Lorsqursquoils consultent pour une eacutecoute et un soutien apregraves avoir geacuteneacute-ralement exploreacute diverses expeacuteriences drsquoaide de leur proche ils se sentent la plupart du temps deacutemunis se retrou-vant parfois comme coupeacutes de leurs propres eacutemotions et sensations phy-siques pour trouver le ressort neacuteces-saire agrave lrsquoameacutelioration de la situationLrsquoaccompagnement et les soins de la personne de lrsquoentourage en difficulteacute prennent place comme pour lrsquousager addict quand apregraves un premier entre-tien drsquoeacutecoute drsquoeacutevaluation et drsquoorienta-tion la demande est verbaliseacutee et conscientiseacuteeDans une approche systeacutemique lrsquoana-lyse de la personne dans son contexte global doit ecirctre mise en œuvre notam-ment afin drsquoidentifier les ressources dans son environnement proche En termes de theacuterapie quelle qursquoen soit la tendance ou laquo lrsquoeacutecole raquo lrsquoenvironne-ment entier de lrsquoentourant (comme de lrsquoaddict) est agrave un moment donneacute pris en consideacuteration pour aborder la probleacute-matique de lrsquoindividu

OBJECTIF THEacuteRAPEUTIQUElaquo Travailler avec le couple et la famille crsquoest ramener la notion drsquoalteacuteriteacute et per-

mettre un travail de subjectivation de chacun agrave travers le processus de diffeacute-renciation entre les conjoints et les geacute-neacuterations Les interventions theacuterapeu-tiques centreacutees sur les attachements permettent un meilleur partage eacutemo-tionnel une plus grande diffeacuterenciation de chacun et de meilleures capaciteacutes de mentalisation raquo107

COUPLE FAMILLE ET THEacuteRAPIES ADAPTER LrsquoINTERVENTION Agrave CHAQUE SITUATION Reacuteinstauration de la relation de couple Quand le produit est laquo un tiers qui srsquoin-troduit dans le couple raquo108 la consultation va venir reacuteintroduire du tiers par le biais de la parole lagrave ougrave le produit vient remplir cette fonction entre les conjoints Le laquo non-consommateur probleacutema-tique raquo crsquoest-agrave-dire le conjoint en souf-france avec les difficulteacutes drsquoaddiction de lrsquoautre pourra alors exprimer ses reven-dications et son sentiment drsquoimpuissance devant les consommations probleacutema-tiques La consultation lui permet de se deacutecharger de ses craintes et de sa colegravere ailleurs que dans un face-agrave-face sans is-sue autrement que par la reacutepeacutetition des tentatives de controcircle et drsquoemprise La personne en diff iculteacute avec ses conduites addictives pourra eacutegalement reacuteinteacutegrer une place de laquo conjoint raquo et pas uniquement de laquo malade raquo par rap-

107 Isabelle TAMIAN-KUNEGEL Le conjugal et le familial face agrave la probleacutematique alcoolique Approche centreacutee sur lentourage et lalcoolodeacutependance Chro-nique sociale 2015 174 p (Comprendre la socieacuteteacute)

108 Carmen BERNAND (dir) Deacutesirs drsquoivresse Al-cools rites et deacuterives Autrement 2000 p 51

106 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 107

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Theacuterapie familiale systeacutemique

La theacuterapie systeacutemique et la diversiteacute de ses approches permettent drsquointer-preacuteter les fonctions et le sens du symptocircme utiles pour accompagner lrsquoentourage des personnes en diffi-culteacute avec leurs conduites addictives

Les concepts de base en theacuterapie familiale systeacutemique

Systegraveme familial symptocircme et solutionDans lrsquoapproche des systegravemes (fami-liaux) se pose la question de la fonc-tion du symptocircme Si le comporte-ment addictif (symptocircme) reste un problegraveme crsquoest qursquoil peut ecirctre une solution dans le systegraveme sinon il au-rait disparu Certaines familles mettent en place des regravegles dysfonctionnelles afin de maintenir le systegraveme en homeacuteostasie Par exemple une femme qui se plaint de son eacutepoux et de ses conduites addictives aux conseacutequences difficiles agrave vivre aurait craint en mecircme temps si elle avait eacuteteacute avec un homme laquo sans problegraveme raquo que celui-ci la quitte Si elle reste avec cet homme qursquoelle deacutevalorise parfois crsquoest qursquoelle en a un beacuteneacutefice

Regravegles familiales dysfonctionnelles Jean-Franccedilois Croissant110 psycho-logue clinicien theacuterapeute familial deacutecrit quatre regravegles familiales dysfonc-tionnelles au sein de la famille

Regravegle du deacuteni minimisation par tous du problegraveme

Regravegle du silence le sujet doit ecirctre tenu cacheacute sous peine de honte ou de repreacutesailles

Regravegle de lrsquoisolement chacun doit se deacutebrouiller avec ses besoins et ses eacutemotions perte de la solidariteacute

Regravegle de la rigiditeacute fermeture du systegraveme sur lui-mecircme les regravegles doivent ecirctre rigides

Systegraveme et communicationLrsquohistoire de la penseacutee systeacutemique est indissociable de celle des theacuteories cyber-neacutetiques sciences de la communication et du controcircle par extension sciences de la signification et de la compreacutehen-sion des pheacutenomegravenes communicants

Pour Von Bertalanffy un systegraveme est laquo un ensemble de parties en interac-tion entre elles et avec leur milieu raquo

Pour De Saussure un systegraveme est laquo une totaliteacute organiseacutee fait drsquoeacuteleacute-ments solidaires ne pouvant ecirctre deacutefinis que les uns par rapport aux autres en fonction de leur place dans cette totaliteacute raquo

110 Jean-Franccedilois Croissant psychologue clinicien theacuterapeute familial formateur et superviseur en al-coologie et en theacuterapie familiale systeacutemique forma-teur en theacuterapie centreacutee sur les solutions et inspireacute par lrsquoanalyse transactionnelle directeur peacutedagogique de Peacutegase Processus Rennes et Saint-Brieuc

nose Eye-Movement Desensitization and Reprocessing - EMDR - Deacutesensibi-lisation et Retraitement par les Mouve-ments Oculaires etc) le sens du symp-tocircme pour lrsquoindividu est rechercheacute pour lrsquoaider agrave deacutevelopper de nouvelles res-sources plus efficaces

Approche inteacutegrative approche qui srsquoinspire de plusieurs approches theacutera-peutiques et le theacuterapeute utilise loutil

le plus efficace pour lrsquousager il peut uti-liser plusieurs outils en fonction des eacutetapes de lrsquoaccompagnement

Approche psychanalytique (psycha-nalyse psychotheacuterapie analytique) les origines du symptocircme pour lrsquoindividu sont rechercheacutees en preacutesupposant que ce processus va faire disparaicirctre le symptocircme

ZOOM

Carte familiale geacutenogramme et geacutenosociogrammeoutilS drsquoanalySe familiale

OrigineCrsquoest parce que lrsquoindividu nrsquoest pas vu comme le seul eacuteleacutement agrave observer que ces instruments drsquoanalyse de la structure familiale ont eacuteteacute creacuteeacutes dans les anneacutees 70 par les pionniers de la theacuterapie familiale

ObjectifDresser une image graphique plus ou moins succincte de lrsquohistoire familiale de la personne en lrsquoinscrivant dans du transgeacuteneacuterationnel non plus seule-ment horizontalement dans le preacute-sent mais verticalement agrave travers ses descendants et ascendants

PreacutesupposeacutesLrsquohistoire de la famille inf luence chaque individu transporte avec elle des valeurs des eacutemotions et des com-

portements transmis depuis des geacute-neacuterations

ApplicationsSelon lrsquoapprofondissement plus ou moins grand qui est rechercheacute ces outils permettent de scheacutematiser plu-sieurs geacuteneacuterations repeacuterer les dates cleacute (mariages naissances deacutecegraves deacutera-cinementhellip) les faits importants de lrsquohistoire de la vie de la famille (niveau drsquoeacutetudes professions seacuteparations remariages maladies probleacutematiques addictives suicide accidents deacutemeacutena-gements traumatismes incendies catastrophes deacutecegraves preacutematureacuteshellip) et les liens affectifs entre personnes

Ces outils offrent agrave la personne et au professionnel qui lrsquoaccompagne une repreacutesentation qui permet de srsquoins-crire dans une approche globale de la famille en identifiant et mesurant des liens entre des problegravemes actuels et des comportements des symptocircmes et interactions des eacuteveacutenements par-fois reacutepeacuteteacutes drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre

108 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 109

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

LE SENS DU SYMPTOcircME

Le symptocircme peut ecirctre le signe que la famille eacuteprouve des difficulteacutes agrave deacutepas-ser leacutetape actuelle de son cycle de vie ou des eacutevegravenements Il peut ecirctre lrsquoex-pression de la souffrance drsquoune famille toute entiegravere etou lrsquoexpression de souffrances passeacutees non-apaiseacutees Il peut correspondre agrave ce qui ne peut ecirctre dit dans lrsquoordinaire et servir de vecteur de parole y compris pour la famille Il peut permettre de sortir des secrets de famille de conflits de loyau-teacute de travailler sur une perception eacutemergeante moins douloureuse drsquoune reacutealiteacute ce qui peut ecirctre un des objectifs et un axe de travail theacuterapeutique importanthellip

POURQUOI COMMENT

Dans une famille srsquoopegravere souvent une confusion entre ce qui pose pro-blegraveme agrave savoir une addiction et lrsquoideacutee que lrsquoaddiction ou la personne pour-rait ecirctre le problegraveme Cette confusion ne facilite pas le changement pour la personne en probleacutematique addictive Lrsquoensemble familial ne peut srsquoentendre et lrsquoescalade symeacutetrique renforce les niveaux de mal-ecirctreEn travaillant la demande les profes-sionnels essaient de valider la souf-france de lrsquoentourage et de la per-sonne qui utilise le produit pour essayer de lrsquoapaiser Lrsquoeacutequipe profes-sionnelle souhaite ainsi faciliter le tra-vail theacuterapeutique sur les raisons de lrsquousage Lrsquoentourage et la famille ont des ressources Ils connaissent mieux que les professionnels leur histoire et leur contexte mecircme srsquoils peuvent faire partie des enjeux de lrsquousage

Les objectifs de la theacuterapie systeacutemique familiale

Tenter de rendre plus flexibles les regravegles de ce systegraveme afin que le laquo pa-tient raquo deacutesigneacute nrsquoait plus agrave jouer ce rocircle de stabilisateur sans qursquoaucun des pro-tagonistes ne se sente trop exposeacute drsquoabandonner ses croyances protec-trices forgeacutees par un veacutecu douloureux

Offrir un contexte de seacutecuriteacute af-fective qui permettra au systegraveme de vivre librement lrsquoexpeacuterience drsquoune autre modaliteacute relationnelle sans se sentir menaceacute

Aider le systegraveme agrave deacutefinir des laquo boucliers amovibles raquo plus adapteacutes et tout aussi opeacuterants que lrsquolaquo armure rigide et lourde raquo qursquoil utilise jusque-lagrave

ILLUSTRATION

Theacuterapie familiale en pratique au cSapa anpaa en vendeacutee

CONTEXTE Le CSAPA propose lrsquoaccompagne-ment de lrsquoentourage des personnes ayant une conduite addictive Plu-sieurs types drsquoaccompagnement sont proposeacutes Lrsquoeacutetablissement considegravere que le travail de couple et de famille se pose en compleacutementariteacute de lrsquoen-tretien individuel En effet le systegraveme familial peut rendre difficiles le chemi-nement individuel et ses remanie-ments Crsquoest pourquoi lrsquoeacutequipe a voulu associer agrave lrsquoaccompagnement individuel l rsquoaccompagnement de couple et de famille Degraves 2004 une personne de lrsquoeacutequipe srsquoest formeacutee agrave la theacuterapie familiale et depuis 2015 un deuxiegraveme theacuterapeute familial a eacuteteacute re-cruteacute pour deacutevelopper la co-theacuterapie

OBJECTIFS Il ne srsquoagit pas seulement drsquoaccompa-gner les souffrances issues des addic-tions mais drsquoamener si possible le couple ou la famille agrave reacutefleacutechir au sens de ses symptocircmes Lrsquoapproche familiale peut permettre une autre deacutefinition de la situation de crise en termes interactionnels interperson-nels trans-geacuteneacuterationnels et favoriser une reacuteorganisation des processus rela-tionnels dans le reacuteseau familial Favoriser un autre regard de la famille sur le symptocircme addictif qui souvent a fait lrsquoobjet de la demande

110 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 111

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

ZOOM

Conduites addictives et parentaliteacute crainte de la rupture des liens familiaux et impact sur lrsquoaccompagnement et les soins

Dans le contexte de parentaliteacute et de conduites addictives du patient le professionnel est souvent au centre drsquoune probleacutematique de prise de posi-tion ou du moins de reacuteflexion entre drsquoun cocircteacute la preacuteservation de la relation drsquoaccompagnement et de lrsquoautre le comportement de lrsquousager vis-agrave-vis de son conjoint ou ses enfants

Motivation aux soins pour la preacute-servation du lien avec lrsquoenfant pour certaines personnes en difficulteacute avec leurs conduites addictives le maintien de leurs liens parentaux que ce soit le droit de garde ou de visite de leurs enfants peut motiver lrsquoengagement dans les soins En particulier lorsque des mesures eacuteducatives relevant de la protection de lrsquoenfance sont engageacutees cet engagement dans les soins bien plus que motiveacute est parfois mecircme la condition du maintien de ces liens

Perception du risque de violences intrafamiliales hors de tout soin contraint les eacutequipes drsquoaccompagne-ment et de soins apprennent ou com-prennent parfois que des situations de violences existent la personne accompagneacutee est victime de violences ou est elle-mecircme auteure de vio-lence contre son conjoint ou ses en-fants notamment Certains professionnels ne mettront pas toujours en œuvre toutes les mesures adapteacutees de protection des personnes par fois par crainte de rompre la relation de confiance avec la personne et de perdre de vue cette personne engageacutee dans un processus de changement Or crsquoest ainsi que des situations par-fois graves ne font pas lrsquoobjet de signa-lement ou pas assez tocirct pour en reacute-duire les dommages Ces difficulteacutes ne sont pas rares et posent la question de lrsquoobjectif des soins et des conditions drsquoaccompagne-ment

ILLUSTRATION

Familles et incarceacuteration expeacuterimentation au cSapa reacutefeacuterent carceacuteral anpaa en lozegravere

Expeacuterimentation de septembre 2018 agrave juin 2019 agrave la maison drsquoarrecirct de Mende drsquoaccompagnement des fa-milles et des couples dont lrsquoun des membres est incarceacutereacute et en difficulteacute avec ses conduites addictives dans un objectif de diminution des risques de reacutecidive

OBJECTIFS SPEacuteCIFIQUES

Aider la famillecouple agrave srsquoadapter agrave lrsquoincarceacuteration afin que celle-ci fasse eacutetape

Activer un processus drsquointeacuteriori-sation de la loi chez les famillescouples par la prise de conscience de la responsabiliteacute du condamneacute

Restaurer la communication lorsqursquoelle est conflictuelle ou sur un mode projectif (laquo crsquoest ta faute pas la miennehellip raquo)

Preacuteparer avec la famille la sortie du membre incarceacutereacute

MISE EN ŒUVRE

Les deacutetenus sont orienteacutes vers le CSAPA par le SPIP etou lrsquouniteacute sani-taire en milieu peacutenitentiaire lors de la commission pluridisciplinaire unique

Les deacutetenus sont rencontreacutes en entretien individuel Les profession-nels du CSAPA eacutevaluent la situation familiale ou de couple avec le deacutetenu communication entre les membres exercice des rocircles prise de risque capaciteacute agrave srsquoindividualiser conflit(s) frontiegraveres un besoin de laquo reacuteparer raquo sa faute etc

Si lrsquoentretien familial semble un mode drsquointervention adapteacute agrave la si-tuation le professionnel le propose au deacutetenu Srsquoil est drsquoaccord le deacutetenu informe les membres de la famille invi-teacutes agrave participer agrave lrsquoentretien

La planification et lrsquoorganisation de lrsquoentretien et lrsquoaccueil de la famille sont eacutelaboreacutes avec lrsquoadministration peacutenitentiaire

DEacuteROULEMENT

Entretiens familiaux ou de couple au sein de la maison drsquoarrecirct animeacutes par deux professionnels formeacutes agrave lrsquoapproche systeacutemique (un travailleur social et un psychologue)

Dureacutee par entretien 1h15 environ Rythme entretien tous les 15 jours

selon les contraintes peacutenitentiaires Lieu parloir de la maison drsquoarrecirct

112 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 113

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN DE LrsquoUSAGER

Par un continuum qui balaie les champs de la preacutevention en passant par la reacute-duction des r isques et dommages jusquaux soins et de la famille agrave len-tourage professionnel ou scolaire lou-vrage offre au lecteur une vision eacutelargie du sujetCe guide na pas vocation agrave deacutevelopper des theacuteories ou des concepts Il pro-pose agrave chaque professionnel des pistes de reacutef lexion avec des illustrations claires et documenteacutees il se veut pra-tique Chacun sera libre dapprofondir le sujet par ses lectures en sappuyant sur les reacutefeacuterences citeacutees Laction une laquo Affaire de famille raquo par sa diffusion

est un des outils de reacutefeacuterence qui pro-pose une formation des professionnels pour accompagner les familles et chaque personne agrave travers le prisme de la question intergeacuteneacuterationnelleLa question de lentourage pose sim-plement la question de lAutre celle de la place qui lui est donneacutee autant que celle quil saccorde lui-mecircme Des in-terrogations qui peuvent trouver reacute-ponse dans un jeu (laquo je raquo) toujours en eacutequilibre quand le processus daddic-tion est enclencheacute en srsquoappuyant sur les ressources de chacun pour trouver un eacutequilibre

MOT DE CONCLUSION

Ce guide a pour objectif daider chacun dans sa pratique et chaque eacutequipe de terrain agrave donner du sens agrave laccueil leacutecoute et laccompagnement qui est proposeacute agrave chaque membre de lentourage

GUIDE REPEgraveRES 115

ANNEXE

114 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

ENVIRONNEMENT FAMILIAL

NGUIMFACK L laquo Jrsquoai mal agrave ma famille raquo ou un enfant se drogue recomposition familiale et distorsion des frontiegraveres intrafamiliales Information Psychiatrique ndeg 93 310-316 (2017)

BELLON-CHAMPEL L VARESCON I Environnement familial et consommation de substances psychoactives agrave lrsquoadoles-cence facteurs de vulneacuterabiliteacute et drsquoadaptation Annales Meacutedico-Psycho-logiques ndeg 175 313-319 (2017)

CAPELIER F MINONZIO J BRODIEZ-DOLINO A Familles et vulneacuterabiliteacutes Dossier INFORMATIONS SOCIALES ndeg 188 1-121 (2015)

Addictions familles et entourage 72 p (Feacutedeacuteration Addiction 2012)

CASSEN M Dynamiques familiales et conduites addictives lrsquoexemple des toxicomanies LE JOURNAL DES PSY-CHOLOGUES ndeg 254 57-60 (2008)

MELIHAN-CHEININ P Familles et deacute-pendances eacuteleacutements de langage PSY-CHOTROPES ndeg 13 217-227 (2007)

CHATELARD C amp FACY F Alcool et familles 172 p (Editions EDK 2007)

KLEIN M Famille et deacutependance DEPENDANCES ndeg 2-3 (2004)

ROUSSAUX JP FAORO-KREIT B HERS D Lrsquoalcoolique en famille dimensions familiales des alcoolismes et implications theacuterapeutiques 312 p (De Boeck Universiteacute 2000 2e eacutedition)

PARENTALITEacute ET ADDICTIONS

Accompagnement agrave la parentaliteacute (dos-sier documentaire) Socieacuteteacute Franccedilaise de Santeacute Publique (2016) httpwwwsfspfrcontent-page111-dossiers-documentaires3097-accompa-gnement-a-la-parentalite-3097

Promouvoir la santeacute degraves la petite en-fance - Accompagner la parentaliteacute 194 p (INPES 2014)

DELAWARDE C BRIFFAULT X USU-BELLI L Aider les parents agrave ecirctre pa-rents Modegraveles et pratiques des pro-grammes lsquoevidence-basedrsquo drsquoaide agrave la parentaliteacute ANNALES MEDICO-PSY-CHOLOGIQUES ndeg 172 273-279 (2014)

ANNEXE BIBLIOGRAPHIE

116 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 117

ANNEXE

UEHLINGER C Quand lrsquoautre boit guide de survie pour les proches de personnes alcooliques 196 p (Editions Anne Carriegravere 2006)

TORDEURS D JANNE P amp KINAPPE A Qursquoest-ce que le coalcoolisme ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 303-310 (2002)

ANASTASSIOU V SCHWEITZER M amp SOKOLOW I Pour le meilleur et pour le pire pratique clinique et reacuteflexions theacuteoriques drsquoune theacuterapie de groupe de conjoints de malades alcooliques ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 53-62 (2002)

ENFANTS JEUNES

LAFAYE G Adolescence et addiction clinique et prise en charge In Traiteacute drsquoaddictologie 2e eacutedition 132-138 (La-voisier Meacutedecine 2016)

MELCHIOR M Psychopathologie et addiction des parents situation sociale et comportement de lrsquoenfant EURO-PEAN PSYCHIATRY ndeg 8 607-608 (2014)

FAORO-KREIT B Les enfants et lrsquoal-coolisme parental 290 p (Editions Eregraves 2011)

DURASTANTE R Adolescence et addictions De la crypte familiale au dispositif en tuilage Approche psycha-nalytique de la famille et du transgeacuteneacute-rationnel 279 p (De Boeck 2011)

ABDERHALDEN I amp GRAF M Entou-rage des enfants vivant dans des familles ayant un problegraveme drsquoaddiction beau-coup drsquoadultes pour quelles actions DEPENDANCES ndeg 40 15-22 (2010)

LUSSIER K amp LAVENTURE M Carac-teacuteristiques familiales associeacutees agrave lrsquoinitia-tion de psychotropes agrave lrsquoadolescence PSYCHOTROPES ndeg 3 49-70 (2009)

HAUTEFEUILLE M Grandir parmi les addictions quelle place pour lrsquoeacuteducation PSYCHOTROPES ndeg 3 5-7 (2009)

VENISSE J -L BRONNEC M amp GUILLOU M Inteacuterecirct de lrsquoapproche systeacutemique dans le soin des addictions du sujet jeune COURRIER DES AD-DICTIONS ndeg 3 77-79 (2007)

ASSAILLY J P Jeunes en danger Les familles face aux conduites agrave risques 248 p (Imago 2007)

ALLAIN-VOVARD J amp DEMARIA D Grandir dans lrsquoombre drsquoun parent alcoo-lique 112 p (Chronique Sociale 2007)

Enfants heacuteros ou boucs eacutemissaires quand les parents boiventhellip des enfants deacutelaisseacutes ADDICTIONS ndeg 9 10-15 (2005)

Comprendre la famille pour aider les adolescents en conduite addictive RE-VUE TOXIBASE ndeg 18 1-17 (2005)

MONGE J La drogue agrave la maison quand parents et enfants consomment laquo en chœur raquo PSYCHOTROPES ndeg 3-4 197-211 (2013)

MICHAUD P A AMBRESIN A E amp SURIS J C Quelle place pour les pa-rents dans la preacutevention du meacutesusage de substances DEPENDANCES ndeg 50 2-5 (2013)

Soutien agrave la parentaliteacute DEPENDANCES ndeg 50 16-30 (2013)

SALIBA-SFEIR C Parentaliteacute addiction et travail social 218 p (LrsquoHarmattan 2013)

SIMMAT-DURAND L GENEST L amp LEJEUNE C Les seacuteparations des megraveres consommatrices de substances psy-choactives de leurs enfants reacutesultats dans une cohorte reacutetrospective fran-ccedilaise PSYCHOTROPES ndeg 3 123-149 (2012)

SIMMAT-DURAND L Parentaliteacute et addiction in Addictologie clinique 169-185 (Presses Universitaires de France 2011)

GAUSSOT L LE MINOR L amp PALIERNE N Les styles eacuteducatifs parentaux et la consommation drsquoalcool des jeunes ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 205-213 (2011)

CHOQUET M Les parents face agrave la consommation de substances psychoac-tives des adolescents ACTUALITE ET DOSSIER EN SANTE PUBLIQUE ndeg 75 5-7 (2011)

MURIEL G Les pegraveres addicteacutes PSY-CHOTROPES ndeg 3-4 47-56 (2010)

MORISSETTE P amp VENNE M Parenta-liteacute alcool et drogues Un deacutefi multidisci-plinaire 272 p (CHU Sainte Justine 2009)

MORISSETTE P DEVAULT A amp BOURQUE S La paterniteacute dans un contexte de consommation maternelle abusive drsquoalcool et de drogues EN-FANCES FAMILLES GENERATIONS ndeg 11 1-24 (2009) httpideruditorgiderudit044119ar

STOCCO P Les femmes toxicomanes et la dimension familiale traitement et questions eacutethiques PSYCHOTROPES ndeg 3-4 251-265 (2007)

KAMMERER E Quand la megravere de famille consulte qursquoen penser que dire que faire COURRIER DES ADDICTIONS suppl au ndeg 1 43-48 (2005)

ANASTASSIOU V Les distorsions de la fonction parentale dans le systegraveme alcoolique ALCOOLOGIE ET ADDIC-TOLOGIE ndeg 3 191-199 (2003)

COUPLE

SIMMAT-DURAND L et al Vies de couple chez des personnes en sortie des addictions ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 1 47-56 (2016)

TAMIAN I Lrsquoaccueil et lrsquoeacutecoute du couple face agrave lrsquoalcoolo-deacutependance ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 33-41 (2013)

118 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 119

ANNEXE

SENEVIRATNE A amp DAEPPEN J B Implication de la famille dans le traite-ment de lrsquoalcoolodeacutependance ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 4 283-293 (2009)

MONJAUZE M amp DELROCQ C Comprendre et accompagner le patient alcoolique des entretiens individuels et familiaux au travail de groupe 208 p (In Press Editions 2008)

CASSEN M amp DELILE J-M Theacuterapies familiales et addictions nouvelles perspectives PSYCHOTROPES ndeg 3-4 229-249 (2007)

PALAZZOLO J Aidez vos proches agrave surmonter lrsquoalcoolisme 142 p (Hachette 2006)

WALLENHORST T Lrsquoaccompagnement du patient alcoolique et de ses familiers ALCOOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 3 231-236 (2003)

GOMEZ H Lrsquoalcoolique les proches et les soignants pour une autre pratique de lrsquoalcoologie 168 p (Editions Dunod 2003)

ALBUMS JEUNESSE

DUPIN Oamp DEMURO T Des ours dans la maison (Editions drsquoOrbestier agrave paraicirctre novembre 2018)

JUVIGNY H LABBE B amp LATYK O Papa a la maladie de lrsquoalcool 35 p (Milan Jeunesse 2008)

De SAINT MARS D amp BLOCH S Emilie nrsquoaime pas quand sa megravere boit trop 46 p (Calligram 2006)

JOSSET J amp RAPAPORT G Je ne suis pas un super heacuteros 16 p (Circonflexe 2004)

BEDOS L amp POIRIER P Tata boit 22 p (Michel Lafon Jeunesse 1998)

PREacuteVENIR SOUTENIR

BERGERON J Le rocircle des parents dans la preacutevention des conduites automobiles agrave risques des jeunes utilisateurs de can-nabis ADDICTION(S) RECHERCHES ET PRATIQUES ndeg 1 56-58 (2016)

Remettre les parents au cœur de la preacutevention RECHERCHE ET ALCOO-LOGIE ndeg 38 1-2 (2010)

ROMO L AUBRY C amp MARQUEZ S Groupe de parole pour lrsquoentourage de patients alcoolodeacutependants ALCOO-LOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 1 63-66 (2009)

JEAMMET P Les parents premiers acteurs de la preacutevention LA SANTE DE LrsquoHOMME ndeg 398 25-26 (2008)

BESANCON F Drogues alcool en parler en famille 183 p (InterEditions-Dunod 2006)

GUGGENBUumlHL A Theacuterapie de groupe pour les enfants de familles toucheacutees par lrsquoalcool DEPENDANCES ndeg 23 8-10 (2004)

SEKERA E DANIS D GACHE P amp GABRIS G Aider les proches pour motiver les malades alcooliques agrave se soigner ALCOOLOGIE ET ADDICTO-LOGIE ndeg 1 47-49 (2003)

MIALON A Lrsquoaccompagnement de lrsquoentourage ALCOOLOGIE ET AD-DICTOLOGIE ndeg 2 194-198 (2001)

DUFOUR M-H amp NADEAU L Lrsquoeffi-caciteacute des programmes de preacutevention de la toxicomanie axeacutes sur les familles SANTE MENTALE AU QUEBEC ndeg 2 224-245 (1998) httpideruditorgiderudit032461ar

DOBKIN P L BEAUDOIN D amp BEAUDOIN J Briser le cycle inter-vention familiale pour les enfants de toxicomanes PSYCHOTROPES ndeg 3 53-67 (1997)

CROUZET C MAGGIA B BRINGUIER M BALMES J L Inteacuterecirct drsquoun accueil speacutecifique de lrsquoentourage familial du malade alcoolodeacutependant ALCOOLO-GIE ndeg 3 223-224 (1995)

ACCOMPAGNER ET PRENDRE SOIN

SHADILI G amp BOWEN J-F Un cas embleacutematique au sein drsquoune consultation jeune consommateur INFORMATION PSYCHIATRIQUE ndeg 93 125-130 (2017)

OBRADOVIC I Dix ans drsquoactiviteacute des laquo consultations jeunes consommateurs raquo TENDANCES ndeg 101 8 p (2015)

ANASTASSIOU V et al Un dispositif drsquoaccueil familial theacuterapeutique en alcoo-logie Historique et modaliteacutes AL-COOLOGIE ET ADDICTOLOGIE ndeg 2 133-140 (2014)

MIERMONT J Pour une theacuterapie avec la famille COURRIER DES ADDIC-TIONS ndeg 4 10-13 (2012)

120 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 121

ANNEXE

OUTILSVideacuteos ndash Films ndash Podcast

Parentaliteacute et addictions (ANPAA 2016 1244)

Alcoolisme la souffrance des proches (Addiction Suisse 2016 829)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=sbjLU8FBn5E

Parents vers qui se tourner (Santeacute Publique France 2015 324)

h t t p s w w w y o u t u b e c o m watchv=IEzufAZ_xf0amplist=PLl00syIAM v7Q l 2 s k s I q W1kYA N 8 I Tc _ 3 -Rampindex=12

Le portail franco-queacutebeacutecois Paren-taliteacute et deacutependances propose des res-sources videacuteos classeacutees par theacutematique httpwwwparentalite-dependancescomressources-accueil

Campagne drsquoinformation de preacute-vention des usages de drogues Parents laquo eacutecoutez dabord raquo (Drogues Info Service 2017 117)

httpwwwdrogues-info-servicefrAc-tualitesPrevention-des-usages-de-dro-gues-Parents-ecoutez-d-abordWs-8jx5c6_cs

Des videacuteos sur le site DROGBOX ht tp wwwdrogboxfr05-drog-a-lecran04-VIDEOS-DIVERSESpagephp

Playlists des campagnes INPES agrave visionner sur httpwwwdailymotioncomInpes

Un bateau ivre (documentaire de Kristell Menez)

httpwwwbalibaricomf ilmsun-ba-teau-ivre

Nos parents alcooliques France-Culture

httpswwwfranceculturefremissionssur-les-docks-14-15nos-parents-alcoo-liques

Sites internet

Forum de discussion pour lrsquoentourage sur

httpwwwalcool-info-servicefrL-al-cool-et-vos-proches

Parler de lrsquoalcoolisme (de son pegravere de sa megravere de son fregraverehellip)

httpwwwquandunparentboitbe

wwwparentsetaddictionch

wwwmamanboitch

httpbobyaddictionsuissech

122 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE GUIDE REPEgraveRES 123

NOTES

124 CONDUITES ADDICTIVES TRAVAILLER POUR ET AVEC LES PERSONNES DE LrsquoENTOURAGE

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Vos questions vos suggestionscontactanpaaassofr

Suivre lrsquoactualiteacute ANPAA et en addictologie

20 rue Saint-Fiacre 75002 ParisTeacutel 01 42 33 51 04

Guide reacutealiseacute avec la collaboration des membres de la commission des pratiques professionnelles de lrsquoANPAA Steacutephane Baghuelou chef de service dans lrsquoYonne Mireille Carpentier directrice reacutegionale en Basse Normandie Virginie Chauvey animatrice de preacutevention en Haute-Saocircne Annick Dessy psychologue dans la Marne Jamel Housni eacuteducateur speacutecialiseacute dans les Alpes de Haute-Provence Heacutelegravene Lapeyre assistante sociale en Gironde Thierry Larelle meacutedecin en Dordogne Marion Likiby Mbeba secreacutetaire dans le Rhocircne Marion Luxembourger psychologue en Ardegraveche Brice Mallet IDE en Pyreacuteneacutees-Atlantiques Agnegraves Merran secreacutetaire en Vendeacutee Noeacutemie Morlet animatrice de preacutevention dans lrsquoAube Laurence Roger IDE dans lrsquoOrne Marc Rondony meacutedecin coordinateur en Pyreacuteneacutees Orientales Angeacutelique Rozand meacutedecin coordinatrice dans la Drocircme et lrsquoArdegraveche Cathy Simon vice-preacutesidente de lrsquoANPAA Denis Turpin administrateur de lrsquoANPAA

Guide coordonneacute par Delphine Jarraud adjointe agrave la direction nationale des activiteacutes de lrsquoANPAA

Guide reacutealiseacute avec le soutien financier de la Direction Geacuteneacuterale de la Santeacute et de lrsquoAssurance Maladie

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Les conduites addictives ne sont pas seulement le teacutemoin de conflits intrapsychiques mais aussi une difficulteacute du lien de la relation Elles srsquoinscrivent dans une complexiteacute interrelationnelle ougrave le systegraveme familial et au sens large les relations sociales qui a deacutejagrave en geacuteneacuteral beaucoup œuvreacute ne sait pas ougrave aller chercher lrsquoinformation pertinente au changement Il srsquoagit donc en tant que professionnel du champ de lrsquoaddictologie drsquoopter pour une vision circulaire des interactions avec des formes drsquoaccompagnement et de soins incluant les entourages Il srsquoagit de prendre en compte toutes les parties prenantes des probleacutematiques addictives avec leurs fonctionnaliteacutes mais surtout leurs ressources potentielles et leur capaciteacute agrave laisser eacutemerger lrsquolaquo auto-solution raquo et leurs compeacutetences Car lrsquoimplication de lrsquoentourage aupregraves de la personne en difficulteacute avec ses conduites addictives est un facteur de reacuteussite des proches informeacutes et sensibiliseacutes peuvent soutenir lrsquousager dans sa deacutemarche drsquoaccompagnement

Ce guide porte sur lrsquoimportance de lrsquoentourage en preacutevention accompagnement et soins il propose des repegraveres pour les pratiques professionnelles des zooms des illustrations agrave travers des actions de terrain

Deacutecembre 2018

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