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Actualités pharmaceutiques n° 533 février 2014 43 Mots clés – bouchon d’oreille ; cérumen ; conduit auditif ; goutte auriculaire ; otite externe ; otite moyenne aiguë ; otite séromuqueuse Keywords – acute otitis media; auditory canal; ear drop; ear plug; earwax; otitis externa; secretory otitis media suivi officinal pratique © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2013.12.011 Conseil à un patient souffrant d’une otite Une otite, chez l’enfant comme chez l’adulte, doit toujours faire l’objet d’une consultation médicale. Des complications, rares mais sérieuses, peuvent survenir, tels des vertiges, des acouphènes, voire une baisse d’audition. L’infection peut, par ailleurs, diffuser au voisinage du conduit auditif et entraîner des mastoïdites ou des méningites. Advice for a patient suffering from otitis. In cases of otitis, in children as in adults, medical advice must always be sought. Rare but serious complications can occur, such as vertigo, tinnitus, or even hearing loss. Moreover, the infection can spread to around the auditory canal and lead to mastoiditis or meningitis. I l est impératif de ne pas banali- ser, à l’officine, une plainte en lien avec la survenue d’une douleur auriculaire. Expliquer brièvement la pathologie L’anatomie de l’oreille peut se divi- ser en trois parties : l’oreille externe, constituée par le pavillon et le conduit auditif externe, l’oreille moyenne, formée par le tympan et la caisse tympanique, et l’oreille interne, où se trouve la cochlée, organe de l’audition et de l’équilibre (figure 1). Il est possible de distinguer plu- sieurs types de pathologies auri- culaires. F Les pathologies de l’oreille externe sont les obstructions du conduit auditif externe, soit par un bouchon de cérumen, soit par un corps étranger, et l’otite externe, qui est une pathologie très fréquem- ment rencontrée à l’officine. Très douloureuse, cette dernière consiste en une inflammation du conduit auditif externe due à une infection bactérienne, mycosique ou virale. L’otalgie, qui peut altérer le sommeil, est exacerbée à la mas- tication ou par la pression du tragus. À l’otoscope, il est possible d’ob- server des sécrétions purulentes dans un conduit auditif œdématié et érythémateux. L’otite externe peut survenir suite à un eczéma, à des traumatismes par grattage du conduit auditif et à l’utilisation intempestive des cotons-tiges. Une autre cause très fréquente des otites externes est la stagnation d’eau à l’intérieur du conduit après une baignade pendant laquelle le nageur a immergé sa tête, ce qui a créé un milieu propice à la proliféra- tion de champignons ou de bacté- ries. Une eau polluée est plus dangereuse mais même l’eau de piscine javellisée peut provoquer une telle infection. F Parmi les pathologies de l’oreille moyenne, trois types d’otites existent. L’otite moyenne aiguë (OMA) est une inflammation aiguë d’origine infec- tieuse de la muqueuse de l’oreille moyenne, très souvent consécutive à une rhinopharyngite virale. L’œdème de la trompe d’Eustache, induit par l’infection virale, provoque l’accumulation des sécrétions dans l’oreille moyenne et la multiplication des bactéries (Streptoccocus pneu- moniae, Hemophilus influenzae et Branhamella catarrhalis). L’OMA touche essentiellement les enfants mais son incidence est maximale chez le nourrisson entre 6 et 24 mois. Elle peut concerner également les adultes, en cas d’immunodépres- sion, de voyages en avion ou de séjours en altitude, couplés à une rhinopharyngite. Elle associe une fièvre quasi constante à 38 °C, une otalgie intense très fréquente, une irritabilité, des pleurs, une baisse d’audition et une insomnie chez le nourrisson. Trois stades peuvent être distingués à l’otoscope : • l’OMA congestive où le tympan est rouge vif ou rosé ; © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés © 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved Stéphane BERTHÉLÉMY Pharmacien Adresse e-mail : [email protected] (S. Berthélémy). Pharmacie de Cordouan, 24 avenue de la République, 17420 Saint-Palais-sur-Mer, France Figure 1. Anatomie de l’oreille. © BSIP/Jacopin

Conseil à un patient souffrant d’une otite

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Actualités pharmaceutiques

• n° 533 • février 2014 • 43

Mots clés – bouchon d’oreille ; cérumen ; conduit auditif ; goutte auriculaire ; otite externe ; otite moyenne aiguë ;

otite séromuqueuse

Keywords – acute otitis media; auditory canal; ear drop; ear plug; earwax; otitis externa; secretory otitis media

suivi offi cinal

pratique

© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2013.12.011

Conseil à un patient souffrant d’une otiteUne otite, chez l’enfant comme chez l’adulte, doit toujours faire l’objet d’une consultation

médicale. Des complications, rares mais sérieuses, peuvent survenir, tels des vertiges,

des acouphènes, voire une baisse d’audition. L’infection peut, par ailleurs, diffuser au

voisinage du conduit auditif et entraîner des mastoïdites ou des méningites.

Advice for a patient suffering from otitis. In cases of otitis, in children as in adults, medical advice must always be sought. Rare but serious complications can occur, such as vertigo, tinnitus, or even hearing loss. Moreover, the infection can spread to around the auditory canal and lead to mastoiditis or meningitis.

I l est impératif de ne pas banali-ser, à l’officine, u ne plainte en lien avec la survenue d’une douleur

auriculaire.

Expliquer brièvement la pathologieL’anatomie de l’oreille peut se divi-ser en trois parties : l’oreille externe, constituée par le pavillon et le conduit auditif externe, l’oreille moyenne, formée par le tympan et la caisse tympanique, et l’oreille interne, où se trouve la cochlée, organe de l’audition et de l’équilibre (figure 1).Il est possible de distinguer plu-sieurs types de pathologies auri-culaires.

F Les pathologies de l’oreille

externe sont les obstructions du conduit auditif externe, soit par un bouchon de cérumen, soit par un corps étranger, et l’otite externe, qui est une pathologie très fréquem-ment rencontrée à l’officine. Très douloureuse, cette dernière consiste en une inflammation du conduit auditif externe due à une infection bactérienne, mycosique ou virale. L’otalgie, qui peut altérer le sommeil, est exacerbée à la mas-tication ou par la pression du tragus.

À l’otoscope, il est possible d’ob-server des sécrétions purulentes dans un conduit auditif œdématié et érythémateux. L’otite externe peut survenir suite à un eczéma, à des traumatismes par grattage du conduit auditif et à l’utilisation intempestive des cotons-tiges. Une autre cause très fréquente des otites externes est la stagnation d’eau à l’intérieur du conduit après une baignade pendant laquelle le nageur a immergé sa tête, ce qui a créé un milieu propice à la proliféra-tion de champignons ou de bacté-ries. Une eau polluée est plus dangereuse mais même l’eau de piscine javellisée peut provoquer une telle infection.

F Parmi les pathologies de

l’oreille moyenne, trois types d’otites existent.L’otite moyenne aiguë (OMA) est une inflammation aiguë d’origine infec-tieuse de la muqueuse de l’oreille moyenne, très souvent consécutive à une rhinopharyngite virale. L’œdème de la trompe d’Eustache, induit par l’infection virale, provoque l’accumulation des sécrétions dans l’oreille moyenne et la multiplication des bactéries (Streptoccocus pneu-moniae, Hemophilus influenzae et

Branhamella catarrhalis). L’OMA touche essentiellement les enfants mais son incidence est maximale chez le nourrisson entre 6 et 24 mois. Elle peut concerner également les adultes, en cas d’immunodépres-sion, de voyages en avion ou de séjours en altitude, couplés à une rhinopharyngite. Elle associe une fièvre quasi constante à 38 °C, une otalgie intense très fréquente, une irritabilité, des pleurs, une baisse d’audition et une insomnie chez le nourrisson. Trois stades peuvent être distingués à l’otoscope : • l’OMA congestive où le tympan

est rouge vif ou rosé ;

© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

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Stéphane

BERTHÉLÉMYPharmacien

Adresse e-mail : [email protected] (S. Berthélémy).

Pharmacie de Cordouan, 24 avenue de la République, 17420 Saint-Palais-sur-Mer, France

Figure 1. Anatomie de l’oreille.

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pratiquesuivi offi cinal

• l’OMA purulente caractérisée par un épanchement dans la caisse tympanique ;

• l’OMA perforée où le tympan est rouge et perforé avec une otor-rhée purulente.

L’otite séromuqueuse, encore appelée otite moyenne chronique à tympan fermé, est définie par l’exis-tence d’une inflammation chronique de l’oreille moyenne, responsable d’un épanchement chronique der-rière le tympan, sans infection. Elle est souvent bilatérale et touche essentiellement les enfants autour de l’âge de 5 ans.L’otite barotraumatique survient à l’atterrissage d’un avion ou à l’occa-sion d’une plongée. Elle est due aux différences entre la pression atmos-phérique et la pression de la cavité de l’oreille moyenne. Toute infection des voies aériennes supérieures favorise l’otite traumatique, carac-térisée par une douleur vive et une sensation d’orei l le bouchée. Elle guérit sans problème, sponta-nément ou par traitement anti-inflammatoire.

F Les pathologies de l’oreille

interne entraînent vertiges et sur-dité nécessitant systématiquement une consultation médicale.

Décrire les facteurs de risqueLes otites peuvent être occasion-nées ou aggravées en fonction de plusieurs facteurs de risque.

F Les infections, virales ou

bacté riennes, des voies aériennes

supérieures (rhumes, rhinopharyn-gites) sont très fréquemment à l’ori-gine des otites.

F L’inflammation des glandes

adénoïdes est considérée comme étant la première cause et le princi-pal facteur de risque de l’OMA. Une adénoïdectomie devra être envisagée chez les enfants sujets aux OMA à répétition.

F Une rhinite allergique non trai-

tée est susceptible de faire le lit d’une infection.

F L’exposition à une température

et à une humidité élevées favorise le développement de champignons et de bactéries.

F Les baignades répétées en

mer ou en piscine sont respon-sables de “l’otite du baigneur”.

F L’utilisation intempestive des

cotons-tiges entraîne une diminution de la production de cérumen tout comme le nettoyage ou le grattage de l’oreille avec un objet dur éraflant.

F Une lésion de la peau du

conduit auditif (allergie, psoriasis, eczéma, dermatose chronique du conduit auditif externe) entraîne un risque particulier d’infection et, par conséquent, d’otite externe.

F Certaines personnes sont plus

vulnérables aux otites moyennes : les prématurés, les enfants sen-sibles aux allergies, exposés à la fumée de cigarette ou trisomiques, les personnes présentant un dys-fonctionnement de la trompe d’Eus-tache qui entraîne une accumulation de liquide dans l’oreille moyenne ou encore les patients immunodépri-més. En revanche, l’allaitement maternel diminue très significative-ment le risque d’otite chez le nour-risson.

F Le mode de garde peut être déterminant, les enfants fréquen-tant les collectivités étant plus sujets aux otites.

F L’exposition à la fumée de

cigarette ou à des niveaux élevés de pollution peut générer une otite.

F Un barotraumatisme faisant suite, en cas de voyage en avion ou de

remontée d’une plongée sous-marine, à une pression exercée dans l’oreille moyenne ne pouvant être équi-librée, est susceptible de générer une lésion qui augmente le risque d’infection aiguë de l’oreille.

F Les saisons jouent également un rôle : la fréquence des infections virales et bactériennes des voies aériennes supérieures est augmentée en automne et en hiver ; l’été, la multi-plication des baignades provoque de fréquentes otites externes.

Rappeler les règles d’hygiène essentielles

F En cas de rhume associé, il est primordial de libérer les fosses nasales à l’aide de solutés d’eau de mer ou de sérum physiologique (instillés 4 à 6 fois par jour), de gouttes nasales, d’inhalations, de décongestionnants ou en utilisant un mouche-bébé chez le nourrisson.

F L’erreur la plus courante est de

nettoyer les oreilles trop fré-

quemment et/ou trop profondé-

ment, ce qui est propice à l’eczéma chronique des oreilles et aux otites. Les cure-oreilles doivent ainsi être maniés avec précaution car ils peu-vent s’enfoncer trop profondément, provoquer un saignement et même perforer le tympan, entraînant une douleur intense et une baisse d’au-dition. Les nettoyages intempestifs au fil des jours et des mois avec des cotons-tiges tassent progressive-ment le cérumen, formant un bou-chon entraînant inconfort et surdité

Otite, les questions à poser au comptoir

F Ressentez-vous une douleur dans une seule ou dans les deux oreilles ?

F La douleur est-elle exacerbée lorsqu’on appuie sur le tragus ou le lobe de l’oreille ?

F Vous êtes-vous baigné récemment ? F Êtes-vous régulièrement sujets aux

otites ou aux bouchons de cérumen ?

F Avez-vous des antécédents d’otite ? Si oui, à quelle fréquence ?

F Avez-vous d’autres symptômes asso-ciés ? (fièvre, rhinopharyngite, simple rhume, baisse de l’audition…)

F Comment nettoyez-vous vos oreilles (utilisation ou non de cotons-tiges…) ?

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pratique

(encadré 1). Un nettoyage doux et régulier du pavillon et de l’entrée du conduit de l’oreille est requis. Des bâtonnets spécifiques bébé ou plus élaborés (Quies®) peuvent être proposés. De même, les sprays net-toyants (Docuspray®, Audispray®, Ceruspray®, Physiomer auriculaire®) sont faciles d’utilisation, à raison de 2 à 3 fois par semaine, efficaces et atraumatiques. Enfin, les oreilles doivent être séchées avec un linge sec ou un sèche-cheveux suite à un contact avec de l’eau (bain, piscine, douche…).

F Chez les patients sujets à

“l’otite du baigneur”, le port de bouchons spécialement conçus pour la baignade est conseillé (3M®, Quies®…).

F Une alimentation équilibrée, en particulier avec des apports cor-rects en fer, est primordiale. Chez le nourrisson, l’allaitement maternel doit être encouragé.

Expliquer les traitements prescritsUne douleur à l’oreille nécessite, obligatoirement, et plus ou moins rapidement selon l’intensité, une exploration du conduit auditif réali-sée à l’otoscope.

F En première intention, la dou-

leur peut être calmée par des

antalgiques comme le paracéta-mol, des anti-inflammatoires non stéroïdiens par voie orale (ibupro-fène, aspirine) ou encore des corti-coïdes (Solupred®, Célestène®…).

F Des gouttes nasales déconges-

tionnantes (Derinox®, Deturgylone®, Aturgyl®) apportent un réel confort. Leur utilisation doit cependant être limitée dans le temps (environ 10 jours). Les lavages à l’aide de sérum physiologique ou de solutés d’eau de mer sont bénéfiques. Des gouttes nasales antiseptiques évitent le développement de l’infec-tion. Enfin, des inhalations à base d’huiles essentielles à visée décon-gestionnante et antiseptique peu-vent être prescrites en complément.

F La prescription d’antibiotiques

dans les douleurs de l’oreille n’est absolument pas systématique afin de limiter la survenue d’effets indésirables et l’émergence de rési stances bactériennes. Cepen-dant, l’antibiothérapie par voie orale a pour objectif de traiter rapidement le foyer infectieux, d’éviter une dif-fusion locorégionale ou systémique et de soulager rapidement le patient. Elle est donc recommandée dans l’OMA purulente de l’enfant :• de moins de 2 ans ;• de plus de 2 ans si la fièvre est

élevée et l’otalgie intense ;

• de plus de 3 ans, en monothérapie de première intention par voie orale.

L’association amoxicilline-acide clavulanique, le céfuroxime-axétil et le cefpodoxime-proxétil sont les traite-ments le plus adaptés aux bactéries impliquées dans l’OMA purulente. L’association érythromycine-sulfa-furazole constitue une alternative en cas d’allergie aux β-lactamines.La durée de l’antibiothérapie est de 8 à 10 jours chez l’enfant de moins de 2 ans et de 5 jours au-delà. L’OMA congestive et l’otite séreuse ne nécessitent pas ce type de pres-cription.

F Les traitements locaux ont également un rôle à jouer dans la prise en charge des otites.Les gouttes auriculaires (encadré 2) ont des propriétés antalgiques et sont réservées aux formes très dou-loureuses des otites à tympan fermé.Les gouttes contenant des anti-biotiques constituent le traitement de référence des otites externes bacté-riennes non compliquées et des eczémas du conduit auditif (Antibio-synalar®, Panotile®, Polydexa auricu-laire®, Auricularum®, Otofa®). Elles ne sont pas indiquées dans l’OMA.

Encadré 1. Le bouchon de cérumenLe cérumen est une sécrétion acide qui a un rôle protecteur contre la prolifération bactérienne. Il sert aussi de piège aux corps étrangers qui s’introduisent dans l’oreille. Son accumulation peut être liée à l’abondance de sa sécrétion, à la forme du conduit auditif ou aux habitudes hygiéniques. Il existe deux manières d’éliminer le cérumen :• préventivement, lors de soins quoti-

diens durant lesquels il faut proscrire l’utilisation des cotons-tiges et utiliser des produits adaptés (Audispray®,

Céruspray®, Physiomer auriculaire®…) ou de l’eau tiède ;

• curativement, par l’instillation pendant plusieurs jours de gouttes cérulytiques (A-Cerumen®, Cérulyse®, Cerumenol®) qui permettent de ramollir le bouchon. Il est ensuite possible d’effectuer un lavage à l’eau tiède en utilisant une poire classique à irrigation d’oreille ou une seringue.

Enfin, un nettoyage instrumental à sec peut être effectué par un médecin au moyen d’une curette ou d’une anse souple en plastique.

Encadré 2. Bien utiliser les gouttes auriculairesPour bien utiliser les gouttes auriculaires, quelques conseils doivent être donnés :• vérifier l’intégrité du tympan ;• réchauffer le flacon entre ses mains

pour éviter la sensation désagréable liée à l’introduction d’une solution froide dans l’oreille ;

• pencher la tête, instiller le produit et rester ainsi pendant quelques minutes ;

• exercer quelques appuis successifs sur le tragus pour que les gouttes pénètrent correctement dans le conduit auditif jusqu’au tympan ;

• éviter le contact entre l’embout compte-gouttes et l’oreille.

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Actualités pharmaceutiques

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Déclaration d’intérêts 

L’auteur déclare ne pas avoir

de confl its d’intérêts en relation

avec cet article.

pratiquesuivi offi cinal

Leur durée de prescription est de 7 à 10 jours, à raison de 2 à 4 instillations par jour. Toutefois, elles sont contre-indiquées lorsqu’il existe un doute sur l’intégrité tympanique, en parti-culier lorsqu’elles contiennent de l’alcool ou des aminosides reconnus pour leur ototoxicité. Les intolé-rances locales sont rares (quelques prurits possibles).L’utilisation régulière de gouttes auriculaires, notamment celles contenant de la néomycine et de la framycétine, expose à la survenue de dermite de contact.Dans le cas particulier de l’associa-tion d’une otite externe à une perfo-ration tympanique mise en évidence à l’otoscope, des gouttes à base de fluoroquinolone (Oflocet auricu-laire®), dénuées d’ototoxicité, peu-vent être prescrites.L’instillation locale de corticoïdes et de lidocaïne contre la douleur peut être prescrite dès lors que l’intégrité tympanique est conservée. Enfin, des gouttes auriculaires déconges-tionnantes antiseptiques peuvent être conseillées en cas d’inflamma-tion et/ou d’infection de la peau du conduit auditif externe (Osmotol®, à base de résorcinol et d’éphédrine).

Conseiller des traitements en complémentEn complément des traitements prescrits, quelques conseils doivent être prodigués afin d’apporter un soulagement rapide et optimal.

F En cas d’otite, l’application de la chaleur à l’aide d’un gant de toilette imbibé d’eau chaude ou d’un pack chaud (Coldhot®, Actipoche®…) procure un certain soulagement.

F Les traitements homéo-

pathiques peuvent également apporter un réel soulagement, en particulier s’ils sont pris dès les pre-miers symptômes :• Aconitum 9 CH, à raison de 5 gra-

nules 3 à 4 fois par jour, en cas d’otite avec douleur aiguë intolé-rable après refroidissement brutal ;

le pavillon de l’oreille est chaud et rouge, la peau est sèche et la fièvre d’installation rapide est élevée ;

• Belladonna 9 CH, à raison de 5 granules 3 à 4 fois par jour, en cas d’otite avec douleur battante, fièvre élevée, sueurs et hyper-sensibilité aux bruits ;

• Capsicum 9 CH, à raison de 5 granules 3 à 4 fois par jour, en cas de douleurs en coup de poi-gnard, aggravées par le froid, et de sensation de brûlure non amé-liorée par la chaleur ;

• Ferrum phosphoricum 9 CH, à raison de 5 granules 2 fois par jour, en cas d’otite avec douleurs vives, fièvre peu élevée (38-38,5 °C), peau moite et mal de tête ;

• Chamomilla 15 CH, à raison de 5 granules 3 à 4 fois par jour, en cas de douleurs devenant intolé-rables par hyperesthésie à la dou-leur, surtout chez les enfants irritables, avec une joue rouge et souvent en rapport avec les pous-sées dentaires ;

• Dulcamara 7 CH, 5 granules par jour, en cas d’otite faisant suite à une baignade.

La persistance de la douleur et/ou une baisse de l’acuité auditive imposent l’examen du tympan par un médecin.

F Les bouchons d’oreille spécifi-quement conçus pour être portés lors d’un voyage en avion, munis d’un filtre en céramique (Quies®), permettent de réguler la différence de pression. Toutefois, en cas d’otite et après administration de gouttes auriculaires, le port de bou-chons n’est pas recommandé car il entraînerait une macération des sécrétions de l’oreille déjà infectée et une augmentation de la proliféra-tion bactérienne. Par ailleurs, le conduit auditif ne doit pas être obturé afin de favoriser son aération et l’élimination des débris infectés. Mais, durant le traitement, il est important d’éviter que de l’eau ne

pénètre dans l’oreille malade ; il est alors possible d’utiliser ponctuelle-ment ou préventivement, en cas de douche ou de baignade, un ban-deau ou des bouchons d’oreille qu’il faudra rapidement retirer.

Savoir réorienter vers le médecinSi les symptômes persistent ou réci-divent, une consultation médicale, de préférence chez un spécialiste, est indispensable, tout comme devant certains signes d’aggravation :• perte d’audition ;• irritation du conduit auditif ;• sécrétions sanguines ou puru-

lentes qui s’écoulent de l’oreille ;• forte fièvre, persistant plus de

48 heures chez les enfants de moins de 2 ans et plus de 72 heures chez les enfants de plus de 2 ans ;

• douleurs très intenses ou s’inten-sifiant malgré le traitement ;

• antécédents de lésions à l’oreille.Les complications des otites sont rares mais graves. L’infection peut s’étendre et provoquer une labyrin-thite, une mastoïdite ou même une méningite. Des séquelles auditives sont également possibles. En cas d’otite récidivante, un bilan auditif est nécessaire et une petite intervention chirurgicale, une para-centèse, peut être envisagée. Elle consiste en une petite incision de la membrane tympanique per-mettant l’évacuation du liquide purulent. Mais cette ouverture peut se refermer et, si l’inflammation per-siste, une nouvelle otite séreuse se déclencher. Pour éviter les réci-dives, il est nécessaire de poser un aérateur transtympanique, encore appelé communément “diabolo” ou “yo-yo”. w

Pour en savoir plus• Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Antibiothérapie par voie générale en pratique courante : otite moyenne aiguë. Recommandations et argumentaire. Juillet 2001.

• Coll. Théra. Dictionnaire des médicaments conseil et des produits de parapharmacie : conseils pour le patient. Les douleurs d’oreille. Issy-les-Moulineaux: Vidal; 2013.

• Collège français d’ORL. Item 98 : otalgie et otite chez l’enfant et chez l’adulte. 2010-2011. http://umvf.univ-nantes.fr/orl/enseignement/otalgie/site/html/cours.pdf

• Collège français d’ORL et de chirurgie cervico-faciale. ORL. Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson; 2011.

• Jahidi A, Zalagh M, Errami N et al. Conduite à tenir devant une otite moyenne aiguë. Espérance Médicale. 2010;17,174:667-72.