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NATIONS UNIES CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL Distr. GÉNÉRALE E/ESCAP/CICT/2 25 août 2008 FRANÇAIS ORIGINAL: ANGLAIS COMMISSION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE POUR L’ASIE ET LE PACIFIQUE Comité des technologies de l’information et de la communication Première session 19-21 novembre 2008 Bangkok RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE À L’AIDE DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION EN ASIE ET DANS LE PACIFIQUE (Point 5 de l’ordre du jour provisoire) Note du secrétariat RÉSUMÉ Les technologies de l’information et de la communication (TIC), y compris les technologies de l’espace, peuvent constituer un instrument important pour faciliter à toutes leurs étapes les activités de réduction des risques de catastrophe; toutefois, nombre de décideurs peuvent n’être pas pleinement conscients du potentiel de ces technologies. Dans le présent document, le secrétariat décrit les tendances de la mise au point et de l’application des TIC pour la réduction des risques de catastrophe. Il indique les domaines dans lesquels ces technologies jouent, ou peuvent jouer, un rôle clef, notamment: a) les systèmes d’alerte précoce efficaces, les communications d’urgence et les systèmes de gestion des catastrophes; b) la mise en œuvre du Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015: pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes; et c) l’appui stratégique pour aider à traiter les principaux problèmes de la réduction des risques de catastrophes . Les gouvernements à tous les niveaux doivent avoir accès à l’information nécessaire pour être en mesure d’appliquer des plans, programmes et actions efficaces en matière de réduction des risques de catastrophe. Le présent document traite de l’expérience acquise et des nouvelles tendances en matière de coopération internationale, qui peuvent élargir cet accès, ainsi que de domaines spécifiques dans lesquels la coopération peut se révéler efficace par exemple a) le développement et le partage de l’infrastructure et des ressources dans le domaine des technologies de l’information, des communications et de l’espace; b) les réseaux de communication multirisques et c) le renforcement des moyens permettant d’utiliser les technologies de l’information et de la communication dans la gestion des catastrophes. Le Comité souhaitera peut-être donner des directives au secrétariat quant à l’orientation stratégique à imprimer à ses futures activités dans ce domaine, y compris les produits qui pourraient éventuellement figurer dans le programme de travail pour l’exercice biennal 2010-2011. DMR A2008-000233 TR 29 30 1008 TP 30 29 1008 DP 30 1 1008 DI 311008 CICT_2F

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NATIONS UNIES CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Distr. GÉNÉRALE

E/ESCAP/CICT/2 25 août 2008

FRANÇAIS ORIGINAL: ANGLAIS

COMMISSION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE POUR L’ASIE ET LE PACIFIQUE Comité des technologies de l’information et de la communication Première session 19-21 novembre 2008 Bangkok

RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE À L’AIDE DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION EN ASIE ET

DANS LE PACIFIQUE

(Point 5 de l’ordre du jour provisoire)

Note du secrétariat

RÉSUMÉ

Les technologies de l’information et de la communication (TIC), y compris les technologies de l’espace, peuvent constituer un instrument important pour faciliter à toutes leurs étapes les activités de réduction des risques de catastrophe; toutefois, nombre de décideurs peuvent n’être pas pleinement conscients du potentiel de ces technologies.

Dans le présent document, le secrétariat décrit les tendances de la mise au point et de l’application des TIC pour la réduction des risques de catastrophe. Il indique les domaines dans lesquels ces technologies jouent, ou peuvent jouer, un rôle clef, notamment: a) les systèmes d’alerte précoce efficaces, les communications d’urgence et les systèmes de gestion des catastrophes; b) la mise en œuvre du Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015: pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes; et c) l’appui stratégique pour aider à traiter les principaux problèmes de la réduction des risques de catastrophes.

Les gouvernements à tous les niveaux doivent avoir accès à l’information nécessaire pour être en mesure d’appliquer des plans, programmes et actions efficaces en matière de réduction des risques de catastrophe. Le présent document traite de l’expérience acquise et des nouvelles tendances en matière de coopération internationale, qui peuvent élargir cet accès, ainsi que de domaines spécifiques dans lesquels la coopération peut se révéler efficace par exemple a) le développement et le partage de l’infrastructure et des ressources dans le domaine des technologies de l’information, des communications et de l’espace; b) les réseaux de communication multirisques et c) le renforcement des moyens permettant d’utiliser les technologies de l’information et de la communication dans la gestion des catastrophes.

Le Comité souhaitera peut-être donner des directives au secrétariat quant à l’orientation stratégique à imprimer à ses futures activités dans ce domaine, y compris les produits qui pourraient éventuellement figurer dans le programme de travail pour l’exercice biennal 2010-2011.

DMR A2008-000233 TR 29301008 TP 30291008 DP 3011008 DI 311008 CICT_2F

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TABLE DES MATIÈRES Page

Introduction ...................................................................................................................................... 1 I. LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

POUR LA RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE........................................... 2

A. Préparation et alerte précoce............................................................................................. 3

B. Interventions et secours .................................................................................................... 4 II. LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

À L’APPUI DU CADRE D’ACTION DE HYOGO POUR 2005-2015 : POUR DES NATIONS ET DES COLLECTIVITÉS RÉSILIENTES FACE AUX CATASTROPHES.............................................................................................. 56

A. Le rôle des technologies de l’information et de la communication dans les dispositifs nationaux pour la réduction des risques de catastrophe .................................. 6

B. Technologies de l’information et de la communication : infrastructure et applications pour l’atténuation des effets des catastrophes et le relèvement après les catastrophes..... 67

C. Diffusion de l’information et accès à l’information ......................................................... 89

D. Systèmes de communication d’urgence............................................................................ 810 III. COOPÉRATION RÉGIONALE DANS LE DOMAINE DES TECHNOLOGIES

DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUMICATION POUR LA RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE ............................................................ 113

A. Développer et partager les infrastructures et les ressources ............................................. 113

B. Réseaux régionaux d’information sur les catastrophes..................................................... 147

C. Renforcement des capacités.............................................................................................. 158 IV. QUESTIONS À EXAMINER .......................................................................................... 168

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Introduction

1. La région de l’Asie et du Pacifique compte 61 % de la population mondiale mais elle souffre

de façon disproportionnée des catastrophes pour ce qui est tant des pertes en vies humaines que des

effets négatifs sur le développement socioéconomique. En 2007, 37 % des catastrophes mondiales se

sont produites dans la région, causant plus de 90 % de l’ensemble des victimes recensées et près de la

moitié des pertes économiques imputables aux catastrophes naturelles.1 Des dix pays qui ont connus

le plus grand nombre de victimes en 2007, six se trouvent dans la région de l’Asie et du Pacifique.2

2. En mai 2008, le cyclone Nargis a fait 130 000 morts ou disparus et a affecté quelques

2,4 millions de personnes au Myanmar.3 Ce même mois, environ 70 000 personnes ont trouvé la mort

et plus de 45 millions ont été affectées par un tremblement de terre dans la province chinoise du

Sichuan4 Ces catastrophes ont mis l’accent sur l’importance des instruments de l’information, de la

communication et de l’espace à l’appui de pratiques efficaces de réduction des catastrophes pour

l’évaluation de la vulnérabilité, la préparation, l’alerte précoce et l’intervention d’urgence.

3. Bien que l’on ne puisse éviter les aléas5, des mesures peuvent êtres prises pour prévenir les

catastrophes en réduisant la vulnérabilité des communautés exposées à des aléas majeurs. Les

catastrophes représentent un vaste défi de développement majeur pour tous les pays. Pour un

développement durable, il importe d’intégrer la réduction des risques de catastrophe aux politiques,

à la planification et à l’exécution du développement. Cela requiert une action collective de la part des

gouvernements, de la société civile, des collectivités, des organisations régionales et internationales et

de tous les autres acteurs concernés.

4. À la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes, tenue à Kobe (Japon) en janvier

2005, a été adoptée une stratégie mondiale pour la réduction des risques de catastrophes, le Cadre

d’action de Hyogo pour 2005-2015: pour des nations et des collectivités résilientes face aux

catastrophes.6 On compte que cette stratégie mondiale aboutira à une réduction substantielle des pertes

provoquées par les catastrophes, qu’il s’agisse des pertes de vies ou des pertes d’avoirs sociaux,

1 Calculs de la CESAP fondés sur: J-M Scheuren et al, Annual Disaster Statistical Review: The Numbers and Trends

2007 (Centre de recherche sur l’épidémiologie des catastrophes, 2008) p. 33 et 37. Site www.emdat.be/Documents/ Publications/publications.html consulté le 3 août 2008.

2 Ibid., p. 7. Ces pays sont les suivants: Bangladesh, Chine, Inde, Pakistan, Philippines et Viet Nam. 3 Bureau de la coordination des affaires humanitaires, “Myanmar Cyclone Nargis”, Rapport de situation du BCAH 35,

26 juin 2008. Site www.reliefweb.int/rw/RWFilesByRWDocUnidFilename/EDIS-7FYSXY-full_report.pdf/$File/full_report.pdf consulté le 2 juillet 2008.

4 Bureau de la coordination des affaires humanitaires, “Sichuan Province, China-earthquake”, Rapport de situation du BCAH, 30 mai 2008. Site www.reliefweb.int/rw/RWFilesByRWDocUnidFilename/EDIS-7F5U8S-full_report.pdf/$File/ full_report.pdf consulté le 2 juillet 2008.

5 Dans une référence en ligne, “Terminology: basic terms of disaster risk reduction”, la Stratégie internationale pour la réduction de catastrophe définit un «aléa» comme une «manifestation physique, phénomène ou activité humaine susceptible d’occasionner des pertes en vies humaines ou des préjudices corporels, des dommages aux biens, des perturbations sociales et économiques ou une dégradation de l’environnement» tandis qu’une «catastrophe» résulte de la combinaison d’aléas, de conditions de vulnérabilité et d’une capacité ou de mesures insuffisantes pour réduire les conséquences potentielles négatives de l’aléa». Site www.unisdr.org/eng/library/lib-terminology-eng%20home.htm consulté le 3 août 2008.

6 A/CONF.2006/6 et Corr. 1, chap. I, résolution 2.

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économiques et environnementaux des collectivités et des pays. La Déclaration de Hyogo7 a souligné

la nécessité de développer et de renforcer des approches régionales coordonnées et d’instituer des

politiques, mécanismes opérationnels, plans et systèmes de communications régionaux ou d’améliorer

ceux qui existent déjà afin d’assurer une préparation et une réaction rapide et efficace face aux

catastrophes qui dépassent les possibilités d’action nationales.

5. Reconnaissant que la réduction des risques de catastrophe est une question transsectorielle

extrêmement complexe, qui exige un effort de compréhension, des connaissances et une action

résolue, la CESAP a adopté la résolution 64/2, du 30 avril 2008, relative à la Coopération régionale en

vue de l’application du Cadre d’action de Hyogo. Par cette résolution, la Commission prie la

Secrétaire exécutive de renforcer le rôle et les capacités de la CESAP en matière de prévention des

risques de catastrophe et de prendre des mesures efficaces pour faciliter, en coopération avec les

entités compétentes des Nations Unies, la mise en œuvre du Cadre d’action de Hyogo dans la région.

6. Dans le présent document, le secrétariat a) décrit les tendances du développement et de

l’application des technologies de l’information et de la communication (TIC)8 à l’appui de la

réduction des risques des catastrophe, b) présente le cadre de réduction des risques de catastrophe et

les principales activités pertinentes dans lesquels les TIC on un rôle majeur à jouer à l’appui de la

stratégie et c) recense l’expérience acquise et les nouvelles tendances et examine les domaines qui se

prêtent à une coopération régionale en matière de TIC pour la gestion des catastrophes.

7. La mention de noms de sociétés, de produits commerciaux ou de technologies particulières

n’implique aucune approbation de la part de l’Organisation des Nations Unies.

I. LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION POUR LA RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE

8. Les technologies de l’information et de la communication constituent un instrument important

à tous les stades des activités de réduction des risques des catastrophes : atténuation, préparation,

intervention et relèvement en cas de catastrophe.9 Ces technologies comprennent les systèmes

d’information spatiale (comme l’intégration et l’analyse de l’information, l’évaluation des risques de

catastrophe et la modélisation, l’atténuation et le plan d’intervention); la télédétection (observation et

collecte de données); l’Internet, les sites Web et les portails (partage et entreposage de l’information,

7 Ibid., résolution 1. 8 Dans le présent document, l’expression «technologies de l’information et de la communication» englobe, selon qu’il

convient, les technologies de l’espace. 9 Atténuation: Mesures structurelles et non structurelles adoptées pour limiter les effets préjudiciables des risques

naturels, de la dégradation de l’environnement et des risques technologiques. Planification en prévision des catastrophes: Activités et mesures prises à l’avance pour assurer une réaction efficace aux effets des risques. Intervention: fourniture d’une assistance ou de secours pendant ou immédiatement après une catastrophe pour préserver la vie ou répondre aux besoins fondamentaux des populations affectées. Relèvement: Décisions et actions prises après une catastrophe en vue de rétablir à leur niveau antérieur les conditions de vie de la population sinistrées ou de les améliorer tout en encourageant et facilitant les ajustements nécessaires pour réduire le risque de catastrophe. Stratégie internationale pour la réduction des catastrophes “«Terminology: basic terms of disaster risk reduction”.» Site www.unisdr.org/eng/library/lib-terminology-eng%20homme.htm consulté le 18 juillet 2008.

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et centres de connaissances).; Lles systèmes de communication (télévision, radio, satellite, mobile

cellulaire, large bande); et les applications des TIC (systèmes de gestion des catastrophes).10

9. Toutefois, de nombreux décideurs travaillant dans le domaine de la réduction des risques de

catastrophe ne sont peut- être pas très au courant des bonnes pratiques d’exploitation des TIC en

vigueur ailleurs et du potentiel que ces pratiques peuvent offrir pour leur travail. Ils peuvent

également ne pas disposer des capacités techniques qui permettraient d’intégrer ces instruments à leur

activité quotidienne. C’est aux intervenants nationaux exploitant les TIC qu’il incombe de promouvoir

et d’améliorer les disponibilités de ces technologies à un coût abordable ainsi que les services

connexes à l’appui de la réduction des risques de catastrophe.

A. Préparation et alerte précoce

10. Lorsque le tsunami de l’Oocéan iIndien a frappé plusieurs pays d’Asie en 2004, il a causé la

perte d’environ 200 000 vies, en raison notamment de l’absence de systèmes permettant de diffuser

l’alerte en temps utile. On a constaté la même déficience en matière d’alerte précoce au Myanmar

2008.11 En revanche, le Bangladesh était relativement bien préparé lorsqu’il a été atteint en novembre

2007 par le cyclone Sidr, qui était un super cyclone de la catégorie 4. Les systèmes de préparation et

d’alerte précoce institués prévus longtemps auparavant à l’avance par le gouvernement du Bangladesh

ont été activés avant que le cyclone ne touche la côte, ce qui a considérablement réduit l’impact

humanitaire de la catastrophe. Les mesures de préparation ont comporté l’évacuation d’environ 3,2

millions de personnes.12

11. Les technologies de l’information et de la communication offrent un support crucial pour le

développement de systèmes fiables d’alerte rapide permettant de donner l’alerte en temps utile et de

manière intelligible aux populations à risque. L’information reçue de différentes sources est

rassemblée, utilisée pour une évaluation précoce des risques et une modélisation de la catastrophe, et

analysée rapidement pour permettre un avertissement précoce. Un ou plusieurs canaux de

communication sont utilisés pour transmettre l’alerte provenant de l’autorité centrale qui suit la

situation et en avertit tout ceux qui doivent être alertés.

12. Un système d’alerte rapide peut utiliser plusieurs moyens de communication en parallèle,

10 Pour un examen approfondi de l’utilisation des TIC à l’appui des différentes en tant que moyen d’appuyer les diverses phases de gestion des catastrophes, voir C. Wattegama, ICT for Disaster Management (Programme des Nations Unies pour le développement-Programme Asie-Pacifique d’information sur le développement et Centre Asie-Pacifique de formation aux technologies de l’information et de la communication pour le développement 2007). Site www.unapcict.org/ecohub/resources/ict-for-disaster-management consulté le 18 juillet 2008.

11 Office de la coordination des affaires humanitaires, “Myanmar Cyclone Nargis”, rapport de situation 35, 26 juin 2008, p. 2. SInformation obtenu en ligne le 2 juillet 2008 sur le site www.reliefweb.int/rw/RWFiles2008.nsf/FilesByRWDocUnid Filename/EDIS-7FYSXY-full_report.pdf/$File/full_ report.pdf. consulté le 2 juillet 2008

12 Nations Unies, “Cyclone Sidr: United Nations rapid initial assessment report, with a focus on 9 worst affected districts”, 22 novembre 2007. SiteInformation obtenu en ligne le 3 août sur le s http://ochaonline.un.org/OchaLinkClick.aspx?link=ocha&docId=1082340 consulté le 3 août 2008.

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selon la disponibilité de l’infrastructure nécessaire. Il peut s’agir de médias traditionnels tels que la

radiodiffusion et la télévision publiques, le téléphone fixe, les radioamateurs et communautaires, et les

sirènes, ou de médias modernes tels que le message court, le message à destinataires multiples13 et la

radio par satellite.14 Les services tels que le courrier électronique ou la messagerie instantanée

peuvent également être utilisés mais ils requièrent un accès Internet. Les médias en ligne jouent un

rôle important dans l’alerte précoce ainsi que cela a été démontré par AlertNet, réseau humanitaire de

nouvelles centré sur un site wWeb qui attire plus 10 millions d’utilisateurs par an.15 Quel que soit le

canal utilisé, l’objectif est, non pas de donner la préférence à un moyen d’information plutôt qu’à un

autre, mais bien de transmettre l’avertissement le plus rapidement possible et de manière aussi précise

que possible.

13. Les technologies d’information spatiale telles que les systèmes d’information géographique et

les technologies de la communication, notamment les fréquences radio multibandes16 et la téléphonie

mobile et par satellite sont maintenant intégrées aux opérations quotidiennes de la gestion d’urgence.

Ces technologies sont de plus en plus appliquées pour l’évaluation des risques, l’alerte et

l’intervention rapides et pour la conception de programmes en réponse à des problèmes particuliers de

réduction des risques de catastrophe. Plusieurs programmes dans le monde assurent la diffusion par

Internet d’informations spatiales en temps réel par l’intermédiaire de serveurs cartographiques par

exemple. Moyennant un bon accès, ces éléments peuvent constituer un instrument essentiel pour les

gestionnaires de crises qui doivent planifier et exécuter des plans d’alerte rapide.

B. Interventions et secours

14. Les technologies de l’information et de la communication facilitent également la fourniture

d’assistance pendant une catastrophe ou immédiatement après pour protéger les vies et répondre aux

besoins essentiels de subsistance des populations affectées. Les réseaux TIC transmettent l’alerte en

cas de catastrophe et facilitent les interventions. En cas d’urgence, l’aptitude des organismes

d’intervention et des équipes sur le terrain à communiquer est essentielle pour l’organisation d’un

effort coordonné destiné à atténuer les effets et les conséquences des catastrophes. Toutes ces équipes

doivent être en mesure de communiquer, éventuellement par-delà des frontières, pour assurer

l’efficacité de leur action coordonnée.

15. Si certaines technologies sont manifestement indiquées pour répondre aux besoins d’urgence,

le recours à de multiples formes de communication d’urgence renforce les avantages de chacune

13 La messagerie cellulaire exploitant certains systèmes sans fil permet de diffuser un message sur les écrans de tous les

appareils mobiles prévus à cet effet. 14 La radio par satellite joue un rôle clef tant pour l’alerte que pour les phases de relèvement car elle peut être utilisée

dans des zones non couvertes par les chaînes radio normales. 15 Voir www.alertnet.org/. 16 Une fréquence radio multibande permet à un seul dispositif radio d’opérer sur toutes les bandes radio de sécurité

publique. Ainsi les services d’urgence (police, pompiers et personnel médical d’urgence) peuvent communiquer avec les organismes partenaires indépendamment de la bande radio qu’ils utilisent.

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d’elles comme on le verra ci-après :

a) Les services terrestres fixes, les satellites de communication, notamment la téléphonie

mobile par satellite, ainsi que les services mobiles et sans fil permettent les échanges vocaux et les

échanges d’information entre les différentes équipes de secours, pour la planification et la

coordination des activités de secours;

b) Les services d’amateurs (comme les radioamateurs) peuvent aider à organiser les

opérations de secours dans les zones sinistrées, notamment là où les autres services ne sont pas encore

opérationnels;

c) Les services de radiodiffusion terrestre et par satellite peuvent, s’ils fonctionnent

encore, aider à coordonner les activités de secours en permettant aux équipes de planification des

secours de communiquer des informations à la population. L’utilisation de médias multiples

(télévision, radio, messages courts, annonces publiques) pour diffuser le même message assure une

plus large réception et permet la confirmation et la validation du message qui est ainsi reçu de

multiples fois par des canaux différents;

d) Les services satellitaires d’observation de la terre, en offrant des informations

géospatiales sur la situation actuelle ou passée, facilitent l’évaluation et la planification des activités

de secours.

16. D’ordinaire, les premiers instruments technologiques utilisés lors d’une catastrophe sont les

systèmes satellitaires mobiles, qui sont immédiatement utilisables et sont extensibles à des réseaux

plus larges. Toutefois, ces systèmes présentent certains inconvénients. Tout d’abord, le coût de leur

utilisation est élevé, ce qui ne permet généralement pas une utilisation à moyen terme.

Deuxièmement, leur capacité à absorber des appels simultanés est limitée bien que de nouveaux

téléphones par satellite capables d’assurer des services de téléphonie mobile sans fil soient maintenant

disponibles.

17. Si la transmission de la voix est généralement considérée comme le besoin le plus immédiat

lorsqu’il s’agit d’apporter une assistance pendant ou immédiatement après une catastrophe, l’accès

aux données est aussi d’importance primordiale. L’information géospatiale facilite l’évaluation des

dommages et la planification des activités de secours, et le recours aux applications des TIC, par

exemple les systèmes de gestion des catastrophes, permettent une meilleure coordination entre tous

les groupes de secours. Les systèmes de gestion des catastrophes exploitant les TIC répondent aux

besoins de coordination les plus fréquents en cas de catastrophe, besoins qui vont de la recherche de

personnes disparues à l’organisation de l’aide et des volontaires.

18. Ainsi, à Sri Lanka, le Sahana Disaster Management System, organisme de collaboration

utilisant le Web, est le résultat d’un projet lancé par des volontaires d’une communauté de

développement sri-lankaise utilisant un logiciel libre après le tsunami de l’océan Indien de décembre

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2004. Le système a été officiellement utilisé par les autorités sri-lankaises et mis en circulation

comme logiciel libre. Ultérieurement, une nouvelle version (phase II) a été élaborée comme

instrument générique de gestion des catastrophes sous l’égide de l’Agence suédoise de coopération

internationale au développement, d’IBM et de la National Science Foundation, organisme fédéral

américain. Elle a été utilisée par les gouvernements et par des organisations non gouvernementales en

Indonésie, au Pakistan, aux Philippines et à Sri Lanka, et tout récemment en Chine et au Myanmar.17

II. LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION À L’APPUI DU CADRE D’ACTION DE HYOGO POUR 2005-2015 :

POUR DES NATIONS ET DES COLLECTIVITÉS RÉSILIENTES FACE AUX CATASTROPHES

19. Le rôle des technologies de l’information et de la communication pour aider à atteindre les

objectifs de réduction des risques liés aux catastrophes a été reconnu à la Conférence mondiale sur la

prévention des catastrophes, 2005. Le Cadre d’action de Hyogo présente une vision collective des

moyens d’atténuer les effets des catastrophes naturelles par l’intégration de stratégies concernant le

développement durable, la préparation et la prévention multirisques et des infrastructures

institutionnelles bien coordonnées aux fins de systèmes d’alerte rapide. Ce Cadre envisage un

changement d’orientation, la gestion des crises faisant place à la réduction des risques, l’évaluation

des risques étant, non plus unidimensionnelle, mais multidimensionnelle, et la gestion passant d’un

organisme particulier à l’ensemble des services officiels et étant envisagée non plus sur le plan

sectoriel mais pour l’ensemble de la collectivité.

20. La Déclaration d’Hyogo énonce cinq priorités : a) veiller à ce que la réduction des risques de

catastrophe soit une priorité nationale et locale et à ce qu’il existe, pour mener à bien les activités

correspondantes, un cadre institutionnel solide; b) mettre en évidence, évaluer et surveiller les risques

de catastrophe et renforcer les systèmes d’alerte rapide; c) utiliser les connaissances, les innovations et

l’éducation pour instaurer une culture de la sécurité et de la résilience à tous les niveaux; d) réduire les

facteurs de risque sous-jacents et e) renforcer la préparation en prévision des catastrophes afin de

pouvoir intervenir plus efficacement à tous les niveaux lorsqu’elles se produisent.

21. Les technologies de l’information et de la communication jouent un rôle fondamental pour

donner effet à ces cinq priorités. Les paragraphes ci-après donnent des détails sur les principales

questions stratégiques liées à la réduction des risques de catastrophe qui requièrent un engagement

direct de la part des responsables nationaux de ces technologies.

A. Le rôle des technologies de l’information et de la communication dans les dispositifs nationaux pour la réduction des risques de catastrophe

22. En tant qu’élément des mécanismes nationaux intégrés de réduction des risques de

catastrophe, un dispositif national multisectoriel pour la réduction des risques de catastrophe mobilise

17 Voir www.sahana.lk.

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l’ensemble des connaissances, compétences et ressources requises pour ce type d’activité dans un

pays. Grâce à un processus coordonné et participatif, le dispositif national milite pour la réduction

des risques de catastrophe à différents niveaux, facilite la coordination des activités entre les divers

secteurs et offre une analyse et des conseils dans les domaines prioritaires requérant une action

concertée.18

23. Les responsables des technologies de l’information et de la communication doivent participer

aux travaux du dispositif national pour développer la collaboration et la coordination dans l’utilisation

de ces technologies pour la réduction des risques de catastrophe. Pour des raisons budgétaires, les

organismes de télécommunication ne reçoivent pas toujours les matériels et les systèmes requis pour

les communications d’urgence en cas de catastrophe. En participant au dispositif national, ces

organismes peuvent faire valoir l’importance d’un système efficace de communications d’urgence et

donner des conseils sur l’allocation de ressources appropriées.

24. Le dispositif national de réduction des risques de catastrophe fait également partie de

l’infrastructure nationale d’administration en ligne. Son exploitation efficace est largement

conditionnée par l’existence de réseaux et mécanismes appropriés de partage de l’information.

B. Technologies de l’information et de la communication : infrastructure et applications pour l’atténuation des effets des catastrophes et le relèvement après les catastrophes

25. L’infrastructure nationale de TIC constitue dans chaque pays un pilier fondamental. Elle joue

un rôle essentiel pour transmettre l’information et faciliter les communications en situation d’urgence,

lorsque des vies sont en jeu. Les règlements destinés à assurer la qualité et la fiabilité de

l’infrastructure TIC sont importants pour la continuité des services et des produits basés sur ces

technologies en période de catastrophe.

26. Les catastrophes ont de nombreuses incidences, y compris les dégâts aux systèmes et réseaux

de télécommunication, qui provoquent la détérioration ou l’interruption des services. Lors

d’interventions en cas de catastrophe majeure, l’infrastructure de télécommunication dans les zones

sinistrées peut être surchargée. Les dégâts, la dégradation et la surcharge peuvent avoir des

conséquences majeures tant pour les secours d’urgence que pour la sécurité publique. L’adoption de

mesures propres à limiter les effets des catastrophes sur l’infrastructure de TIC constituent le meilleur

choix politique.

27. Assurer la résilience de l’infrastructure d’information et de communication constitue un

aspect important de la préparation en vue des catastrophes. Lorsqu’une catastrophe se produit, dans

l’environnement libéralisé actuel des télécommunications, les opérateurs privés peuvent n’être pas

désireux ou capables de reconstituer leurs réseaux par leurs propres moyens : la question se pose alors

18 Nations Unies, Stratégie internationale de réduction des risques, « Guidelines : national platforms for disaster risk

reduction », (Genève, 2007), p. 4. Site www.preventionweb.net/files/601_engguidelinesnpdrr.pdf consulté le 18 juillet 2008.

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de savoir qui financera la reconstruction.19 Lorsque le gouvernement ne contrôle pas directement

l’infrastructure, les contrats de licence et de concession devraient comporter des conditions explicites

et vérifiables pour une infrastructure renforcée.

28. De la même manière, il serait utile que les demandes d’administration en ligne tiennent

compte du risque de catastrophe. En particulier, une bonne identification des données importantes en

cas d’urgence (plans des villes et logements, cartes, archives géospatiales, bases de données sur la

gestion des téléphones) de même que pour la phase de relèvement (titres de propriété, rapports

financiers, actes de naissance et données médicales) est essentielle afin que ces données puissent être

préservées et disponibles au moment où l’on en aurait besoin. Comme le stockage de renseignements

confidentiels ou de haute sécurité risque de n’être pas possible en dehors du pays, il peut être

nécessaire de créer des centres de sécurité renforcée, résistant aux catastrophes et capables d’archiver

les données numériques importantes qui auraient été identifiées, de faire fonctionner les services

administratifs essentiels en ligne et d’apporter un appui électronique à la coordination de l’action

d’urgence.

29. Le deuxième préparatif clef consiste à mettre en place un plan officiel de continuité, élaboré

sur le modèle des plans de continuité des entreprises du secteur privé, qui porterait sur l’ensemble des

avoirs et des ressources humaines des services officiels, présentés de façon efficace et intégrée,

compte tenu du fait que les plans relatifs aux ressources physiques, électroniques et humaines ne

peuvent être élaborés indépendamment les uns des autres. Ce plan devrait être régulièrement mis à

l’épreuve, validé par des simulations et mis à jour pour tenir compte des changements techniques et

autres. Le double rôle de l’infrastructure et des applications des technologies de l’information et de la

communication, d’abord comme importants moyens de faciliter les fonctions quotidiennes de l’État,

et en second lieu comme éléments essentiels des interventions d’urgence, doit être pris en

considération.

30. Le troisième élément clef des préparatifs consiste à prendre contact avec le secteur privé

national, et en particulier les petites et moyennes entreprises, et à diriger leur attention sur la nécessité

de réduire les risques dans leur rayon d’action particulier. Les économies du savoir sont tributaires de

la connectivité régionale et internationale et des données numériques, de sorte que l’élément TIC joue

un rôle majeur dans le plan de continuité. Les autorités peuvent sensibiliser davantage l’opinion

quant à la nécessité de tels plans. Un autre moyen d’action consiste à fixer des conditions d’achat qui

forceraient les compagnies en relation d’affaires avec les autorités à se doter d’une stratégie

appropriée en matière de réduction des risques de catastrophe.

19 Rohan Samarajiva, « Disaster preparedness and recovery: a priority for telecom regulatory agencies in liberalized

environments », document présenté à la reunion de l’UIT Telecom Africa 2001: Policy and Development Summit, Johannesburg, Afrique du Sud, 12-16 novembre 2001. Disponible sur le site itu.int/TELECOM/aft2001/cfp/auth/4858/ pap_4858.pdf.

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Encadré 1

Un marché en expansion pour le relèvement après les catastrophes et pour l’élaboration de plans de continuité des affaires.

Un rapport récent a estimé que les dépenses pour la continuité des affaires et le relèvement après les

catastrophes ont atteint 15,1 milliards de dollars en 2006 dans la seule Amérique du Nord et

devraient atteindre 23,3 milliards de dollars en 2012; les services de consultation, d’accueil et de

certification offrent des possibilités aux sociétés de l’Asie et du Pacifique.a S’il n’existe pas

actuellement de normes internationales sur la continuité des affaires dans les secteurs public et privé,

il existe quelques normes nationales, telles que la norme britannique BS 25999 pour la gestion de la

continuité des affaires, qui pourraient être utilisées par l’Organisation internationale de

normalisation comme base pour l’établissement de ses propres normes. La norme ISO 27005, qui

porte sur la gestion des risques de sécurité de l’information, est fondée sur la norme ISO 13335 et

sur la norme britannique BS 7799-3. La demande s’accroît pour des centres renforcés de sauvegarde

des données et pour la délocalisation des opérations commerciales, qui offrent des avantages

multiples ainsi que la continuité des affaires. a Frost & Sullivan, “North American business continuity and disaster recovery markets”, market research report,

“Potential financial and productivity losses from network downtime drive demand for business continuity and disaster services in North America”, communiqué de presse, Frost & Sullivan, Site web, 17 avril 2007 (www.frost.com/prod/ servlet/press-release.pag?docid=97399016).

C. Diffusion de l’information et accès à l’information

31. La gestion efficace des catastrophes exige que soient comblées certaines lacunes de

l’information. À tous les niveaux, de l’échelon local à l’échelon mondial, on manque d’information de

base pour l’évaluation des risques de catastrophe et les estimations d’impact. Le risque de catastrophe

n’est pas une condition statique. Il varie selon le flux de processus mondiaux, en particulier dans les

domaines de la mondialisation économique, du changement climatique mondial et de l’évolution des

conditions locales.

32. Une base d’information à jour et directement exploitable est essentielle pour permettre

d’élaborer, d’appliquer, d’évaluer et d’archiver des plans et programmes concernant les risques

actuels et futurs. Une telle base est la clef de la gestion rationnelle des catastrophes. Par exemple,

l’India Disaster Resource Network, mis en place par le Ministère de l’intérieur de l’Inde en

collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), constitue un

inventaire électronique national des ressources utilisables pour les interventions en cas de catastrophe

qui porte sur le matériel, les compétences humaines et les approvisionnements essentiels.

L’information, recueillie à la fois au niveau du district et de l’État, est rassemblée et transmise de telle

manière que les gestionnaires des catastrophes puissent rapidement mobiliser les ressources

nécessaires. Ce système d’information en ligne, mis à jour tous les trois mois, est accessible aux

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fonctionnaires autorisés, aux responsables de district, à des entreprises et à des unités du secteur

public.20

33. À l’échelon communautaire, l’apport de données à jour et l’accès à la base d’information sont

également fondamentaux. Bien souvent, ces tâches pourraient être facilitées par des télécentres, qui

offrent un potentiel considérable pour autonomiser les communautés et permettre des formes de

communication médiatique directe pour la diffusion de l’information et l’accès à l’information.

34. La gestion de l’information historique est également utile pour la modélisation des risques et

la prévision des catastrophes. Le rassemblement et la gestion de cette information devraient être

considérés comme faisant partie des activités préalables à la gestion des risques de catastrophe.

D. Systèmes de communication d’urgence

35. Le 12 mai 2008, le tremblement de terre qui s’est produit au Sichuan a interrompu les

télécommunications pendant plus de 30 heures dans huit des districts les plus gravement touchés. Des

moyens de communication d’urgence ont été déployés aussitôt vers les zones sinistrées, et ce dans le

cadre du plus vaste déploiement de communication d’urgence jamais intervenu pour faire face à un

désastre en Chine.

36. De nombreux véhicules de télécommunication d’urgence, équipés pour la plupart de moyens

de communication par satellite, ont été rapidement envoyés sur place, mais, les routes ayant été

gravement endommagées, ils n’ont pas pu atteindre plusieurs zones éloignées sérieusement touchées.

Plus de 2 000 combinés mobiles ont également été utilisés: le premier appel a été effectué par

Inmarsat,21 30 heures après le tremblement de terre. Des stations temporaires mobiles par satellite et

des dispositifs de transmission par large bande ont été mis en place. Certains terminaux ont dû être

acheminés par hélicoptère ou à pied et ont été utilisés pour transmettre des données, y compris des

images de télédétection et de vidéo pour des téléconférences et pour la télémédecine. En outre, des

radioamateurs de la région de Chengdu se sont organisés. Un répéteur d’amateur a été mis en place le

13 mai pour relayer les instructions officielles et d’autres pour assurer des communications dans

plusieurs domaines essentiels.22

37. Comme le montre l’exemple ci-dessus, les pays ont reconnu l’importance des

communications d’urgence à l’appui des interventions en cas de catastrophe, ont donné à ces

communications la plus haute priorité dans les services de télécommunication et d’information, et ont

formulé des politiques et textes législatifs pour désigner les organismes officiels chargés de

20 Inde, “ICT for disaster risk reduction: the Indian experience” (New Delhi, Division de la gestion des catastrophes

nationales, Ministère de l’intérieur). Site www.ndmindia.nic.in/wcdr_official_documents.htm consulté le 13 août 2008. 21 Inmarsat est une société internationale de communications qui exploite des satellites de télécommunication

géosynchrones pour fournir à l’échelle mondiale des services mobiles par satellite pouvant être utilisés sur terre, en mer et dans les airs.

22 Chinese Radio Sports Association, “Amateur Radio Emergency Communication in Action”, présentation faite à la quatrième Conférence mondiale sur les communications d’urgence des radioamateurs, Friedrichshafen, Allemagne, 26 et 27 juin 2008 (information disponible sur le site www.iaru.org/emergency/SiChuan_Earthquake.ppt).

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coordonner de l’élaboration des plans de communication d’urgence et d’exécuter les programmes

pertinents.

38. L’ampleur, la date et le lieu des catastrophes sont imprévisibles, de sorte qu’une bonne

préparation des communications en cas de catastrophe doit couvrir la totalité des zones exposées ainsi

que les zones sensibles sur le plan de la sécurité publique. Il importe de mettre en place des politiques,

mécanismes opérationnels, plans d’urgence et systèmes de communication ou d’améliorer l’appareil

existant pour préparer et assurer un appui rapide et efficace grâce aux communications en cas de

catastrophe.

39. L’impact du milieu technologique et réglementaire dynamique qui existe actuellement est

considérable: les nouvelles technologies et un marché de plus en plus compétitif contribuent

simultanément à de nouvelles opportunités et à une nouvelle vulnérabilité de l’infrastructure

d’information. Les gouvernements doivent rechercher les moyens a) de maximiser les possibilités en

exploitant cet environnement dynamique pour enrichir les capacités de communication d’urgence et

veiller à ce que les nouvelles structures soient suffisamment résilientes pour appuyer des opérations

d’urgence, et, simultanément b) éviter d’introduire des vulnérabilités dans l’infrastructure

d’information.

40. Une étude récente a identifié les principaux facteurs qui déterminent l’efficacité des

interventions d’urgence exploitant les TIC: a) les matériels et technologies, b) la coordination inter et

intra institutions, c) le personnel, d) les normes et la gouvernance, e) l’interopérabilité et f) une action

soutenue de préparation préalable.23

41. Un plan national d’action de large portée sur les télécommunications d’urgence et la gestion

des TIC devrait être élaboré en tant qu’arrangement multidisciplinaire entre les organismes et

industries de télécommunications, les agences chargées des interventions d’urgence en cas de

catastrophe et les services d’information d’appui. Ce plan devrait indiquer les mesures à prendre pour

assurer a) des ressources suffisantes pour le déploiement rapide des matériels et la fourniture de

services; b) la fiabilité du matériel; c) la gestion efficace des ressources de communication et de

l’information pertinente; d) l’existence de réseaux de communication entre les diverses organisations

et institutions; e) une bonne coordination des opérations de préparation et d’intervention;

f) l’approvisionnement en énergie et en combustible; g) des moyens de transport et de livraison;

h) l’accès aux systèmes d’alerte et de conseil et; i) l’information permettant de sensibiliser les

communautés aux risques de catastrophe. Les autorités compétentes et les fournisseurs de services

devraient être mandatés par les organes législatifs et recevoir l’appui budgétaire nécessaire pour

mettre en œuvre un plan national d’action très complet en matière de télécommunications d’urgence.

23 Disaster Resource Network, “Emergency information and communications technology in disaster response, final

report” (2007) (disponible sur le site www.drnglobal.org/news/drn-releases-report-on-emergency-ict-in-disaster-response/).

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42. Il importe de mettre l’accent sur la préparation à l’échelon national. S’agissant des communications d’urgence, les planificateurs devraient déterminer: a) les besoins minimums des différents types de services de communications pour faire face à des catastrophes majeures; b) les menaces et les vulnérabilités des réseaux des infrastructures de télécommunications; et c) les réseaux privés et publics qui seront appelés à participer aux interventions d’urgence. Il faudrait également établir des partenariats et définir des procédures d’activation et des dispositions détaillées pour les interventions.

43. Les gouvernements devraient en outre prendre les mesures suivantes pour assurer la mise en place et l’état de préparation des systèmes de télécommunications d’urgence:

a) Infrastructure. À l’échelon national, l’infrastructure du dernier kilomètre constitue un moyen essentiel pour transmettre les avis de catastrophe à la population. À l’échelon régional, il importe de résoudre les problèmes d’interconnexion des réseaux et de mouvement transfrontière des matériels de télécommunications. Il est nécessaire de tenir compte de la convergence afin de réduire au minimum ses effets négatifs sur la résilience du réseau;

b) Cadre réglementaire. Cela englobe l’harmonisation régionale et nationale des télécommunications d’urgence, y compris la normalisation; les questions de licence, y compris la gestion des fréquences pour les communications d’urgence; les accords interconnections; les dispositions d’urgence, comme les services publics d’appel d’urgence et les services prioritaires de réparation en cas de défaillance pour les organismes chargés des interventions, en même temps que le rétablissement rapide des services pendant les urgences;

c) Coopération régionale. Cette coopération est nécessaire pour une utilisation des services de communication par satellite qui permette les communications d’urgence. Les bonnes pratiques et les enseignements tirés de catastrophes antérieures peuvent faire l’objet d’une diffusion entre les différents acteurs nationaux et régionaux.

Encadré 2

La Convention de Tampere sur la mise à disposition de ressources de télécommunication pour l’atténuation des effets des catastrophes et pour les opérations de secours en cas de catastrophe

La Conventiona a été adoptée à l’unanimité par les délégations des 60 États qui ont participé à la Conférence intergouvernementale sur les télécommunications d’urgence, tenue à Tampere, Finlande, du 16 au 18 juin 1998, et est entrée en vigueur le 8 janvier 2005. La Convention engage les gouvernements à prendre toutes mesures pratiques pour faciliter le déploiement rapide et l’utilisation efficace des équipements de télécommunications pour l’atténuation des effets des catastrophes et les opérations de secours en réduisant et éliminant les obstacles règlementaires, notamment pour l’importation d’équipements de télécommunications d’urgence, en mettant en place un service chargé de gérer les demandes d’assistance, en facilitant les télécommunications d’urgence avant que ne se produisent des catastrophes, et en créant des mécanismes pour la définition des meilleures pratiques et de modèles d’accord, tout en protégeant les intérêts des États hôtes. a Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 1586, numéro 27688.

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III. COOPÉRATION RÉGIONALE DANS LE DOMAINE DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUMICATION POUR LA

RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE

44. La coopération régionale constitue le moyen clef pour développer les applications

opérationnelles des instruments exploitant les TIC aux fins de réduction des risques de catastrophe, en

particulier dans les pays les moins avancés et les nations insulaires et sans littoral. Les mécanismes de

coopération régionale doivent tenir compte de la capacité globale, de l’infrastructure technologique et

institutionnelle, de l’orientation des politiques et des disparités économiques et sociales entre les pays

de la région.

45. La CESAP aide depuis plusieurs décennies l’Asie et le Pacifique à se préparer en prévision de

catastrophes de tous genres et à faire face aux catastrophes. Elle a contribué à la création de la

Commission du Mékong et, en coopération avec l’Organisation météorologique mondiale à celle du

Comité des typhons et du Groupe d’experts des cyclones tropicaux. La Commission a également

encouragé la formation de mécanismes régionaux de coopération pour la gestion des catastrophes, en

particulier pour les communications en cas de catastrophe. Les enseignements tirés de l’expérience

ainsi acquise pourraient être utilisés pour promouvoir les mécanismes régionaux de coopération pour

l’utilisation des TIC aux fins de la réduction des risques de catastrophe, ainsi qu’il est indiqué

ci-après.

A. Développer et partager les infrastructures et les ressources

46. L’intégration et l’interdépendance croissantes des technologies de l’information et de la

communication accélèrent la fourniture de services d’information à un moindre coût et permettent une

plus large pénétration. La fibre optique demeurera l’élément central des services Internet et de

téléphonie, tandis que les satellites joueront un rôle majeur dans les vastes régions géographiques où

une infrastructure terrestre n’est pas avantageuse. La télédétection par satellite, les systèmes mondiaux

de navigation par satellite et les réseaux météorologiques intégrés terrestres ou satellitaires

transmettent un contenu aux services d’information tandis que la communication par satellite avec sa

vaste portée, constitue le moyen d’acheminement.

47. Comme de nombreuses petites économies n’ont toujours pas les moyens de mettre en place

sur leur territoire un système complet d’information pour la gestion des catastrophes, il est nécessaire

d’étudier des moyens de partager les ressources d’infrastructure et d’information à un coût abordable

aux niveaux régional ou sous-régional. Face à des catastrophes naturelles qui dépassent les frontières,

la coopération internationale est désormais indispensable pour donner accès, à un coût abordable,

à l’information et aux produits permettant la gestion efficace des catastrophes.

1. Promouvoir des systèmes régionaux de communication d’urgence

48. L’absence d’infrastructure efficace de communication constitue un obstacle majeur pour de

nombreux pays parmi les moins avancés, pays en développement sans littoral et États insulaires en

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développement du Pacifique. Cette déficience empêche d’accéder en tant utile aux produits et services

de télécommunication et d’information, ce qui constitue un sérieux obstacle pour la préparation aux

grandes catastrophes et pour une intervention rapide en pareil cas.

49. Bien que la technologie des communications ait un rôle à toutes les phases de la gestion des

catastrophes, la plupart de ses applications se situent traditionnellement dans la phase d’intervention

et de relèvement. La convergence des technologies ouvre la voie à de meilleures possibilités

d’intégration des différents systèmes de communication. De ce fait, l’interopérabilité des divers

systèmes, notamment l’Internet, la téléphonie mobile, le télécopieur, le courrier électronique, la radio

diffusion et la télévision devient de plus en plus fonctionnelle. Les possibilités d’utiliser ces

technologies au cours des phases de réduction des risques et de préparation deviennent également plus

nombreuses. On trouvera au tableau 1 une évaluation de l’utilisation ainsi faite dans les pays en

développement de la région.

Tableau 1. Éléments des communications d’urgence

Systèmes de communication

d’urgence

Atténuation des risques et préparation

Gestion de l’information Intervention (après les catastrophes)

Réseaux publics • Échange d’information

• Capacité de survie et de rétablissement des réseaux

• Télécommunications courantes (téléphone, télécopieur, télex, transmission de données)

• Accès aux réseaux de données

• Liaisons internationales

• Liaisons locales et régionales (s’il en existe)

• Distribution de rapports

Satellite • Collection locale et régionale de données

• Transmission de données pour la télédétection

• Réseau de base

• Réseau à faible trafic

• Liaisons numériques permanentes

• Liaisons internationales à partir du site de la catastrophe

• Sauvegarde pour les liaisons régionales et internationales

Radio haute fréquence et très haute fréquence

• Moyens décentralisés de télécommunication à haute capacité de survie

• Allocation de fréquences pour les besoins humanitaires

• Interface entre les télécommunications d’urgence et les systèmes courants

• Liaisons régionales et locales de télécommunication d’urgence

• Sauvegarde pour les liaisons internationales

Mobiles cellulaires • Services vocaux et services de messages courts entre les équipes d’intervention

Source: CESAP, “Towards regional cooperative mechanisms for managing floods and drought in Asia and the Pacific using space technology” (ST/ESCAP/2318).

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50. Les communications relatives aux risques de catastrophe aident les communautés menacées à

mieux connaître les menaces qui pèsent sur elles et les mesures de protection qu’elles peuvent

prendre. En ce qui concerne l’intervention en cas d’urgence et la gestion des urgences, il est

extrêmement important de disposer de liaisons de communication opérationnelles entre les décideurs

aux différents niveaux et les équipes d’intervention ou le personnel se trouvant sur place.

Malheureusement, l’infrastructure ordinaire de téléphonie publique avec ou sans fil est généralement

perturbée en cas de catastrophe. Il est essentiel de créer des réseaux d’information et de

communication fiables qui utilisent à la fois les technologies terrestres et les technologies satellitaires

et soient dotés de moyens de sauvegarde permettant d’établir un réseau de base pour le plan national

de communication d’urgence.

51. Les satellites de télécommunications ont particulièrement contribué à faciliter la connectivité

nécessaire du dernier kilomètre et à étendre la portée des services utilisant les TIC jusqu’aux régions

éloignées et isolées. En raison de leur capacité à fournir rapidement des moyens de communication à

large bande, les satellites peuvent constituer l’élément central d’un système de communication en

période d’urgence. Les communications par satellite à large bande sont reconnues comme étant l’un

des moyens les plus utiles pour appuyer une action de relèvement en cas de catastrophe. Les services

utilisant les communications satellitaires, qui offrent une connectivité à large bande peuvent être

rapidement et aisément redéployés vers d’autres sites lorsque cela est nécessaire. Des supports pour

la transmission de la voix, des données et de la vidéo utilisant un protocole Internet et associés à un

réseau de nœuds appropriés au sein d’un système de gestion des catastrophes peuvent assurer la

circulation de l’information. Les téléphones utilisant le satellite, rechargés par l’énergie solaire

peuvent être employés pratiquement partout et sont portables.

52. Les pays doivent être bien préparés et se doter de capacités de réserve, en particulier faire des

plans pour le rétablissement des services et moyens de communication afin d’apporter l’information

nécessaire aux organes d’intervention et des services temporaires aux populations sinistrées. Des

dispositions de veille pour les communications d’urgence, faisant intervenir non seulement les

responsables des télécommunications et les fournisseurs de services mais aussi les autorités de gestion

des catastrophes, devraient faire partie intégrante de la stratégie nationale de réduction des risques de

catastrophe.

53. L’établissement de systèmes régionaux et sous-régionaux de veille pour les communications

utilisées dans la gestion des catastrophes et les interventions d’urgence serait indiqué dans de

nombreux pays en développement qui n’ont pas les moyens financiers d’établir un système complet,

étant donné notamment que de tels systèmes ne sont utilisés qu’occasionnellement. Les systèmes de

veille pour les communications d’urgence créés dans le cadre de tels arrangements de coopération

devraient être revus périodiquement et approuvés par les pays participants (fournisseurs et

bénéficiaires). Les pays participants devraient développer leurs capacités internes, et notamment

former du personnel pour être en mesure d’utiliser ces systèmes en cas de catastrophe majeure.

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2. Promouvoir des mécanismes de partage régional de l’information spatiale

54. De nombreuses initiatives récentes, lancées notamment par les agences spatiales aux niveaux

mondial et régional, favorisent le partage transfrontière de l’information provenant des satellites

d’observation de la terre à l’appui de la gestion des catastrophes dans la région. Cependant, certains

pays n’ont pas la capacité nécessaire pour accéder à cette information, la traiter, et l’intégrer aux

pratiques nationales de gestion des catastrophes. Et même des pays développés sur le plan spatial

n’ont pas de politique bien définie pour la fourniture de tels services à long terme. Les pays de la

région en sont ainsi venus à percevoir la nécessité de mettre en place un mécanisme harmonisé de

coopération régionale pour assurer un accès aisé et de coût abordable à de tels services et faciliter

l’utilisation efficace de l’information dans les pratiques nationales de réduction des risques de

catastrophe. Le secrétariat s’est employé à préparer le terrain pour une telle coopération et compte

mener à bien cette tache avec les membres intéressés.

55. La Charte internationale « Espace et catastrophes majeures » est entrée en vigueur en 2000.

Elle réunit des organismes spatiaux qui fournissent gratuitement des produits et services d’imagerie à

l’appui des interventions en cas de catastrophe majeure. Cette Charte a été utilisée plus de 20 fois en

Asie et dans le Pacifique et a permis l’obtention d’images, de cartes et de données. Actuellement, les

membres de la Charte appartenant à la région de l’Asie et du Pacifique sont la Chine, l’Inde, le Japon

et la Turquie. À différentes réunions, le secrétariat a donné aux membres intéressés des informations

sur les moyens de se prévaloir de ces ressources.

56. Le Programme des Nations Unies pour l’exploitation de l’information d’origine spatiale aux

fins de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence24 est une initiative qui vise

notamment à donner à tous les pays les moyens d’accéder à tous les types d’information spatiale à

l’appui de l’ensemble du cycle de gestion des catastrophes et de se doter des capacités nécessaires à

cet effet. Cette initiative doit permettre la mise en place d’un portail d’information spatiale pour

l’appui à la gestion des catastrophes et, l’établissement de liaisons entre les communautés chargées de

la gestion des catastrophes et les communautés spatiales en même temps que faciliter le renforcement

des capacités et des institutions. La CESAP doit agir en coordination avec le Bureau des affaires

spatiales pour les activités régionales relevant de ce Programme.

57. Dans la région, l’initiative Sentinel Asia, lancée en 2005 par le Forum Asie-Pacifique des

agences spatiales régionales a pour mission l’intégration, d’ici à 2010, de l’information spatiale et des

produits et services à valeur ajoutée provenant des satellites d’observation de la Terre, des moyens de

diffusion exploitant l’Internet et des capacités satellitaires de communication en un système régional

d’appui à la réduction des effets des catastrophes. La plateforme Web créée dans le cadre de cette

initiative serait utilisée pour mettre en place un mécanisme régional harmonisé de coopération pour

les applications des technologies de l’information et de la communication à la gestion des

24 Voir résolution 61/110 de l’Assemblée générale, en date du 14 décembre 2006.

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catastrophes dans la région de l’Asie et du Pacifique. Actuellement, l’Inde et le Japon mettent à

disposition des ressources existantes utilisant les satellites, et d’autres pays de la région apportent

leurs moyens terrestres et leurs installations de traitement et se sont déclarés disposés à apporter le

concours de leurs futurs satellites. La CESAP travaille en étroite collaboration avec l’Agence

japonaise d’exploration aérospatiale à la promotion de cette initiative.

58. Une constellation de huit satellites d’observation de la Terre pour la gestion des catastrophes

est en cours d’établissement dans le cadre de la coopération multilatérale Asie-Pacifique pour les

techniques spatiales et leurs applications; la Chine lancera les trois premiers en 2008. La Chine a

également invité les autres pays de la région qui ont des activités spatiales à s’associer à cette

initiative pour compléter la mise en place de cette constellation et assurer une exploitation et des

services continus.

B. Réseaux régionaux d’information sur les catastrophes

59. Les gouvernements à tous les niveaux doivent être en mesure de disposer de l’information

nécessaire pour gérer efficacement les plans, programmes et interventions relatifs à la réduction des

risques de catastrophe. Lorsqu’un pays est frappé par une catastrophe, les autorités doivent d’urgence

avoir accès à l’information sur les bonnes pratiques et l’expertise régionales et mondiales afin

d’organiser et coordonner des mesures d’urgence de grande envergure, et doivent pouvoir compter sur

l’avis d’experts compétents. En accédant à l’expérience de communautés qui ont fait face à des

catastrophes et en exploitant les connaissances, les innovations et l’éducation pour améliorer leur

culture de la sécurité et de la résilience, les communautés peuvent renforcer leur préparation en

prévision de catastrophe aux fins d’une action efficace.

60. Les réseaux nationaux et régionaux sont utiles pour le partage et la coordination efficaces de

l’information. Une plateforme régionale pour le partage de l’information entre les gouvernements, qui

permettrait l’échange des bonnes pratiques, des connaissances actuelles et de bases d’informations

(exception faite éventuellement de l’information confidentielle) pourrait être très précieuse.

61. Ainsi, les gouvernements de l’Indonésie, des Maldives, de Sri Lanka et de la Thaïlande ont,

avec l’appui du PNUD, créé des systèmes nationaux de gestion de l’information relative à l’aide afin

d’accéder plus efficacement aux ressources et aux résultats de projets concernant les tsunamis. Un

portail d’information a été créé pour la coordination à l’échelon régional, qui regroupe les résultats et

les données relatives à l’allocation des ressources reçus de chaque pays et les met à disposition sur le

site Web http://tsunamitracking.org.

62. Un inventaire complet des bases de données concernant la gestion des catastrophes et un

système organisé de diffusion de l’information sur la disponibilité de ressources spécialisées sont

essentiels pour permettre de mobiliser des ressources et en vue d’une intervention immédiate en cas

de catastrophe. L’insuffisance de l’information ne permet pas d’apporter rapidement une réponse

mesurée, ce qui peut entraîner des retards critiques. Un inventaire en ligne des ressources d’urgence

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pourrait être dressé dans le cadre de la coopération Sud-Sud. De précieuses informations non

confidentielles, outre celles qu’utilisent les centres nationaux de données, pourraient être exploitées

dans les centres de données sous-régionaux ou régionaux grâce à des accords bilatéraux ou régionaux

entre pays partenaires.

C. Renforcement des capacités

63. Des capacités institutionnelles sont indispensables pour évaluer les lacunes de l’accessibilité,

de l’adoption et de l’intérêt des produits et services TIC dans les pays en développement. Toutes les

mesures nécessaires pour rendre ces services opérationnels à l’appui de la réduction des risques de

catastrophe sont fonction de l’existence et du maintien de capacités appropriées: il s’agit de convertir

les données en informations et services utiles, de créer une infrastructure, de former les responsables à

l’utilisation efficace des services, et d’intégrer l’action nationale aux systèmes internationaux. Les

pays en développement, en particulier les pays les moins avancés, continuent d’avoir besoin d’une

aide à cet égard.

64. L’absence de plans nationaux intégrés pour l’exploitation des technologies de l’information et

de la communication aboutit dans de nombreux pays à une approche fragmentaire de ces technologies

et à une utilisation imparfaite des ressources. Ces pays ne sont pas préparés au mieux à exploiter les

outils de l’information, de la communication et de l’espace pour la gestion efficace des catastrophes,

en particulier en cas de catastrophe majeure. S’il leur faut élaborer des plans nationaux d’action pour

l’utilisation des TIC qui couvrent tous les secteurs économiques et sociaux, et intégrer la réduction

des risques de catastrophe aux plans nationaux de développement socioéconomique, la mise en place

de mécanismes de coopération régionale pour apporter un tel appui aux niveaux régional et sous-

régional aurait pour effet de renforcer sensiblement leurs capacités à utiliser les TIC pour traiter les

problèmes de la réduction des risques de catastrophe.

65. Le Plan d’action de Genève du Sommet mondial sur la société de l’information25 souligne que

le renforcement des capacités constitue la voie à suivre pour améliorer les compétences en matière de

développement et d’application des technologies de l’information et de la communication. Le

renforcement des capacités dans l’utilisation de ces technologies pour la réduction des risques de

catastrophe fait intervenir non seulement l’éducation et la formation du personnel des services

officiels et techniques (création de compétences), mais aussi le renforcement des organisations et

institutions.

IV. QUESTIONS À EXAMINER

66. Le Comité souhaitera peut être examiner les questions traitées dans le présent document et

donner des avis au secrétariat sur les domaines de travail prioritaires à l’appui de la coopération

régionale dans les secteurs ci-après :

25 A/C.2/59/3, annexe.

Page 21: CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL · cellulaire, large bande); et les applications des TIC (systèmes de gestion des catastrophes).10 9. Toutefois, de nombreux décideurs travaillant

E/ESCAP/CICT/2 Page 19

a) Développement et partage de l’infrastructure et des ressources de l’information, de la

communication et de l’espace;

b) Développement de systèmes régionaux de communication d’urgence. La CESAP pourrait

travailler à l’établissement de systèmes régionaux et sous-régionaux standby de communication en cas

de catastrophe, en synergie avec l’Union internationale des télécommunications, la Télécommunauté

Asie-Pacifique et d’autres organismes compétents dans ce domaine. Ces systèmes, qui seraient installés

dans des sites stratégiques de la région, pourraient être déployés dans tous pays qui auraient signé à

l’avance un accord approprié;

c) Mise en place d’un réseau régional à orientation multirisques regroupant l’ensemble des

réseaux de partage de l’information relative aux catastrophes. Le secrétariat pourrait promouvoir le

système de réseaux pour le partage et l’analyse de l’information en vue de la réduction des risques de

catastrophe en collaboration avec le secrétariat de la Stratégie internationale de prévention des

catastrophes naturelles et d’autres partenaires internationaux et régionaux travaillant dans ce domaine;

d) Renforcement des capacités pour l’utilisation des TIC dans la gestion des catastrophes.

Le secrétariat pourrait, par l’intermédiaire du Centre Asie-Pacifique de formation aux technologies de

l’information et de la communication pour le développement ainsi que du Programme régional pour les

applications des techniques spatiales au développement durable et en coopération avec les organismes

compétents qui ont institué des programmes de renforcement des capacités, contribuer à développer les

capacités des États membres aux niveaux directif, institutionnel et technique afin de favoriser

l’utilisation intégrée des TIC pour la réduction des risques de catastrophe;

e) Mise en place de mécanismes régionaux de coopération pour le partage de l’information

et pour l’utilisation de moyens et connaissances spécialisés en vue d’améliorer l’état de préparation et

les capacités d’intervention de tous les pays membres intéressés.

67. Le Comité voudra peut être donner ses directives pour l’exécution d’activités dans les domaines

d’intérêt commun à tous les membres et membres associés. Il voudra peut être aussi donner des

directives au secrétariat sur l’orientation stratégique à imprimer à ses futures activités concernant

l’exploitation des technologies de l’information et de la communication pour la réduction des risques de

catastrophe, y compris les produits qui pourraient figurer dans le programme de travail pour l’exercice

biennal 2010-2011.

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