Contexte Colonie + 2 Thèmes

Quels sont les motifs de la colonisation?

• Economiques: 1. contrôler le commerce ou empêcher qu’on en soit exclu; 2. contrôler les sources du commerce.

• Politiques: 1. interne, idée de la soupape de sécurité; externe: prestige; 2. coordonner la création de producteurs/consommateurs.

• Culturels: « civiliser »: christianiser les masses, assimiler les élites, faire évoluer les sociétés pour les rendre gouvernables.

Evolution et résultats 1: l’expansion• Comptoirs de factorerie sur la côte• Occupation de territoires dans l’hinterland pour améliorer les rendements

commerciaux: naissance de l’économie de traite (ou de « ramassage », cf. Boubou Hama):

• Dans un premier temps: les autochtones fournissent des produits tropicaux pour répondre à la demande des étrangers, qui leur apportent des produits manufacturés spécialement fabriqués, en un cycle d’échanges qui suit les saisons (« les campagnes »)

• Puis on a voulu contrôler la production et la circulation des produits tropicaux: c’est le début de la logique coloniale. Conférence de Berlin répondant à cette évolution: détruire ou orienter l’autonomie commerciale locale; lui substituer l’organisation commerciale européenne.

• Cette évolution est surtout caractéristique de l’Afrique de l’Ouest et orientale (pas de peuplement ni de ressources naturelles). Aboutit à …

L’économie de traite• Soutenue par l’administration militaire et civile;• Nécessité d’une fiscalité de soutien et de postes de douane, menant à

l’imposition de la monnaie coloniale. (Franc contre Thaler).• Développement économique et social non nécessaire. (1860-1930).

Au début: Travail forcé (Côte d’Ivoire pour les colons) ou « organisé » (Marabouts

au Sénégal, bogu du chef chez les Songhay-Zarma, gayya chez les Haoussa); puis

Introduction du capital privé (achat direct auprès du paysan) avec les progrès de la monnaie et du crédit coloniaux. Ceci améliore la productivité (exemple de Houphouët-Boigny et des colons). Mais les grandes sociétés de traite ont l’habitude de payer en dessous des cours mondiaux.

Evolution et résultats 2• Conquête, occupation et administration des territoires: Niger: « Cercle du

Djerma » (11 octobre 1900) et « Territoire militaire de Zinder » (20 avril 1901) fusionnés par l’ajout de Maradi et de Konni. Ceci produit d’abord le 3ème Territoire Militaire du Soudan Central, puis, le 22 juin 1910, le Territoire Militaire du Niger.

• Développement et insuffisances de l’économie de traite. Les factoreries coloniales concurrencées par les réseaux locaux (expl. Maradi) et les Syro-libanais. Développement des compagnies commerciales d’envergure (CFAO, SCOA).

• Idée de la politique de mise en valeur (Sarrault, 1923). Essentiellement des infrastructures d’extraction (Volet social ignoré). Au Sahel, cela est financé par des taxes douanières (i.e., des rentes sur les produits agricoles), donc des prélèvements faibles pour ménager le lobby colonial. Permet de réaliser un réseau routier bon pour les camions. Impact au Niger: création du « bassin arachidier » de Maradi/Zinder dans les années 1930 par effet de désenclavement.

Chronologie du Bassin Arachidier, mamelles de la Colonie du Niger

• 1908: Le train arrive à Kano; boom arachidier au Gobir/Katsina/Damagaram• 1924: 1500 tonnes exportées• 1938: 13 700 t• 1942: Société Industrielle et Commerciale du Niger (SICONIGER)• MAIS 1938-45, ralentissement de la production due à la guerre en Europe• 1950: croissance rapide de la production• 1957: la production atteint 193 000 t. Etablissement de la Société des Huileries du Niger (SHN)

et de la Société Industrielle et Alimentaire de Magaria (SIAM)• 1960: la production atteint son plateau à 150 000t.• 1962: SIAM remplacée par la Société Nigérienne de Commercialisation de l’Arachide (SONARA)• 1965-70: l’exportation de l’arachide compte pour 65 à 72% des exportations totales• 1966: production record de 311 900 t• 1972: projets de restauration du secteur arachidier après la Grande Sécheresse: 260 000t.• 1972-89: Déclin et chute du secteur arachidier; fermeture de la SONARA en 1989• 1996: Relance de la production, 196 000 t

Quelques conséquences: Opération Hirondelle (1953) et mise en place de l’OCDN (plus tard OCBN) en 1959; Maradi « capitale économique » (Cf. Emmanuel Grégoire, « Les Alhazai de Maradi »).

Création de la classe « moderne », ses critiques, point de vue et réponse des

Français et marche vers l’indépendance…

DEMAIN

Corruption et Colonisation• Pas de structure de corruption au sein des échelons supérieurs de l’administration;

relativement peu au niveau des échelons inférieurs• Corruption élevée au niveau des chefs et auxiliaires (de l’ordre des abus et

exactions).• « … Quand l’Afrique est devenue indépendante autour de l’année 1960, tous les

dispositifs étaient en place pour une pratique intensive de la corruption » (J-F Bayart). Pourquoi?

• Autorité hiérarchique sans contrepoids (pas d’encadrement politique: le Commandement)

• Service public perçu comme une source de rente• Développement de l’Etat à travers les réseaux locaux de patronage (pas de

responsabilité légale-rationnelle)• Politique du jeu à somme nulle par rapport aux exactions et sanctions (achat de la

protection)• Pas d’engagement citoyen (administration distante et étrangère)• Engagement vis-à-vis d’un public pré-national (Ekeh)• Coûts du mimétisme dans les standards de vie• Retour à l’envoyeur? Corruption des élites métropolitaines à travers des mafias

post-coloniales, par exemple la Françafrique.

RSE et Colonisation• La colonisation est le contraire de la RSE (voir Etat Libre du Congo et

Congo belge mais aussi le régime des concessions en AEF).• 1952: Code du Travail d’Outre-mer qui interdit le travail forcé (article 2)

et définit les droits et prérogatives des syndicats; création du périodique syndical nigérien « Talaka »

• 1957: traces d’uranium trouvées à Azelik par le Bureau Minier de la France d’Outre-mer (BUMIFOM)

• 1959: uranium détecté à Azelik et Abokoroum par le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA)

• Selon Capron, la RSE n’est devenue une thématique pertinente en France qu’à partir des années 2000 (Cf., Michel Capron, De la Françafrique à la responsabilité sociale des entreprises. Les dynamiques entre les firmes, l’Etat et les mouvements sociaux en France, UNRISD, 2009.)