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ARTICLE ORIGINAL/ORIGINAL ARTICLE Contrôles internes et externes de qualité pour les techniques Elisa de sérodiagnostic aspergillaire : propositions du groupe « sérodiagnostic fongique » de la Société française de mycologie médicale Internal and external quality controls for Elisa techniques of aspergillosis serodiagnosis: Proposals of the group ‘‘se ´ rodiagnostic fongique’’ of the Socie ´te ´ franc ¸aise de mycologie me ´dicale F. Persat a, * , L. Lachaud b , H. Rabérin c , B. Poggi d , C. Roques e , J.P. Gangneux f , les participants du groupe « se´rodiagnostic fongique » de la Socie´te´franc ¸aise demycologieme´dicale a Institut de parasitologie et mycologie me ´ dicale, hospices civils de Lyon, ho ˆ pital de la Croix-Rousse, 103, Grande-Rue-de-la-Croix- Rousse, 69317 Lyon cedex 04, France b Laboratoire de parasitologie-mycologie, CHU Caremeau, Place du Professeur Debre ´, 30029 Nı ˆmes cedex 9, France c Laboratoire de parasitologie-mycologie, po ˆle de biologie pathologie, CHU de Saint-E ´ tienne, 42055 Saint-E ´ tienne cedex, France d Service de biochimie, hospices civils de Lyon, ho ˆpital de la Croix-Rousse, 103, Grande-Rue-de-la-Croix-Rousse, 69317 Lyon cedex 04, France e Service de parasitologie-mycologie, CHU de Rangueil Toulouse, 1, avenue J.- Poulhes, TSA 50032, 31059 Toulouse cedex 9, France f Service de parasitologie-mycologie, ho ˆpital Pontchaillou, centre hospitalier universitaire de Rennes, 2, rue Henri-le-Guilloux, 35033 Rennes cedex 09, France Rec¸u le 4 novembre 2012 ; rec¸u sous la forme re´vise´e le 18 novembre 2012 ; accepte´ le 28 novembre 2012 Disponible sur Internet le 10 janvier 2013 MOTS CLÉS Aspergillus ; Anticorps ; Antigènes ; Elisa ; Accréditation ; Contrôles de qualité Résumé Fin mai 2012, une réunion du groupe « sérodiagnostic fongique » de la Société française de mycologie médicale (SFMM) a porté sur les contrôles qualité à utiliser, en particulier, dans le suivi des techniques Elisa. Une enquête préalable avait montré que les contrôles internes de qualité (CIQ), selon les termes définis par l’accréditation, n’étaient pas utilisés systématiquement. En juin a été publié le nouveau guide du COFRAC SH-GTA-06 sur les contrôles qualité, ce texte étant applicable au 1 er juillet 2012. Cela a incité le groupe de travail à faire des propositions sur le choix des CIQ pour les Elisa de recherche d’antigènes et d’anticorps Journal de Mycologie Médicale (2013) 23, 1520 * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (F. Persat). Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com 1156-5233/$ see front matter # 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2012.11.001

Contrôles internes et externes de qualité pour les techniques Elisa de sérodiagnostic aspergillaire : propositions du groupe « sérodiagnostic fongique » de la Société française

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Page 1: Contrôles internes et externes de qualité pour les techniques Elisa de sérodiagnostic aspergillaire : propositions du groupe « sérodiagnostic fongique » de la Société française

Journal de Mycologie Médicale (2013) 23, 15—20

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

ARTICLE ORIGINAL/ORIGINAL ARTICLE

Contrôles internes et externes de qualité pour lestechniques Elisa de sérodiagnostic aspergillaire :propositions du groupe « sérodiagnostic fongique »de la Société française de mycologie médicale

Internal and external quality controls for Elisa techniques of aspergillosisserodiagnosis: Proposals of the group ‘‘serodiagnostic fongique’’ of the Societefrancaise de mycologie medicale

F. Persat a,*, L. Lachaud b, H. Rabérin c, B. Poggi d, C. Roques e, J.P. Gangneux f,

les participants du groupe « serodiagnostic fongique » de la Societe francaisede mycologie medicale

a Institut de parasitologie et mycologie medicale, hospices civils de Lyon, hopital de la Croix-Rousse, 103, Grande-Rue-de-la-Croix-Rousse, 69317 Lyon cedex 04, Franceb Laboratoire de parasitologie-mycologie, CHU Caremeau, Place du Professeur Debre, 30029 Nımes cedex 9, Francec Laboratoire de parasitologie-mycologie, pole de biologie pathologie, CHU de Saint-Etienne, 42055 Saint-Etienne cedex, Franced Service de biochimie, hospices civils de Lyon, hopital de la Croix-Rousse, 103, Grande-Rue-de-la-Croix-Rousse, 69317 Lyon cedex 04,Francee Service de parasitologie-mycologie, CHU de Rangueil Toulouse, 1, avenue J.- Poulhes, TSA 50032, 31059 Toulouse cedex 9, Francef Service de parasitologie-mycologie, hopital Pontchaillou, centre hospitalier universitaire de Rennes, 2, rue Henri-le-Guilloux,35033 Rennes cedex 09, France

Recu le 4 novembre 2012 ; recu sous la forme revisee le 18 novembre 2012 ; accepte le 28 novembre 2012Disponible sur Internet le 10 janvier 2013

MOTS CLÉSAspergillus ;Anticorps ;Antigènes ;Elisa ;Accréditation ;Contrôles de qualité

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : florence.persat@c

1156-5233/$ — see front matter # 20http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.

Résumé Fin mai 2012, une réunion du groupe « sérodiagnostic fongique » de la Sociétéfrançaise de mycologie médicale (SFMM) a porté sur les contrôles qualité à utiliser, enparticulier, dans le suivi des techniques Elisa. Une enquête préalable avait montré que lescontrôles internes de qualité (CIQ), selon les termes définis par l’accréditation, n’étaient pasutilisés systématiquement. En juin a été publié le nouveau guide du COFRAC SH-GTA-06 sur lescontrôles qualité, ce texte étant applicable au 1er juillet 2012. Cela a incité le groupe de travail àfaire des propositions sur le choix des CIQ pour les Elisa de recherche d’antigènes et d’anticorps

hu-lyon.fr (F. Persat).

12 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.2012.11.001

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Tableau 1 Bilan de l’enquête su(détection d’antigène et d’anticorRoutine use of internal quality co(antigen and antibody detections)

Technique

Nombre de laboratoires répondeur

Nombre de CIQ utilisés par techniq

Type de CIQ utilisés

a Un laboratoire considérait les réf

16 F. Persat et al.

dans le sérodiagnostic des aspergilloses. Des précisions sur les évaluations externes de la qualité(EEQ) avaient aussi été données pour mieux définir ce qu’on peut en attendre. L’ensemble de cescontrôles permettra à chaque laboratoire de mieux maîtriser les techniques utilisées et leursconditions de réalisation. Un dialogue renforcé des utilisateurs avec les fabricants devrait inciterces derniers à améliorer les kits proposés sur le marché. Cela conduira à terme à uneamélioration de la fiabilité des résultats obtenus par ces techniques et de leur intérêt dansle diagnostic des aspergilloses.# 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSAspergillus;Antibodies;Antigens;Elisa;Proficiency;Quality controls

Summary In the end of May 2012, a meeting of the group ‘‘sérodiagnostic fongique’’ of the‘‘Société française de mycologie médicale’’ had concerned quality controls to use, in particular,in the follow-up of Elisa techniques. A preliminary investigation showed that the internal qualitycontrols (CIQ), according to the terms defined by the accreditation, were not systematicallyused. In June, was published the new guide of the COFRAC SH-GTA-06 on quality controls, thistext being applicable on July 1st, 2012. It incited the working group to formulate proposals on thechoice of the CIQ for antigen and antibody Elisa in the aspergillosis serodiagnosis. Informationson the external evaluations of the quality (EEQ) have also been given to better define for what wecan expect from it. All these controls will allow every laboratory to better master the usedtechniques and their conditions of realization. A strengthened dialogue between the users andthe manufacturers should incite these last actors to improve the supplied kits. It will drive laterto an improvement of the reliability of the results obtained by these techniques and theirinterest in the aspergillosis diagnosis.# 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction et méthode du groupe detravail

Le groupe de travail « sérodiagnostic fongique » s’est réunisous l’égide de la Société française de mycologie médicale(SFMM) à Lyon le 24 mai 2012 avec 26 participants, repré-sentant un total de 24 laboratoires (cf. remerciements), afinde faire le point sur les contrôles internes et externes dequalité des méthodes de sérodiagnostic fongique, dans lecadre de la démarche d’accréditation de l’activité de bio-logie médicale mise en place en France. L’essentiel du débata concerné les méthodes automatisées de détection des

r l’utilisation de contrôles inteps).ntrols (CIQ) by French labora

.

Elisaantigènes aspergillaires

s 7

ue 1 CIQ (n = 4)2 CIQ (n = 2)3 CIQ (n = 1)

Un positif (n = 2)Un positif faible (n = 2)Un positif faible + un pUn négatif + un positif

Un négatif + un positifpositif fort (n = 1)

érences du fabricant comme CIQ,

antigènes aspergillaires et d’anticorps anti-aspergillairesutilisant des trousses Elisa commercialisées :

r

t

ofa

fa

u

n

or

sitib

ib

ce

ne enquête préalable a d’abord été effectuée. L’analysedes 19 réponses reçues montre que, seuls dix sur 19 labo-ratoires utilisent des contrôles internes de qualité (CIQ) etce, de manière très variée, la majorité avec un seul niveaude CIQ (Tableau 1). De plus, ces CIQ ne sont pas utiliséssystématiquement pour toutes les techniques par tous lescentres ;

� e n séance, le Dr Christine Roques, biologiste au CHU de

Toulouse s’occupant de l’assurance qualité au sein del’association des enseignants de parasitologie-mycologie

es de qualité (CIQ) pour les techniques Elisa aspergillaires

ies for the Elisa techniques in aspergillosis serodiagnosis

Elisaanticorps anti-Aspergillus

10

1 CIQ (n = 7)2 CIQ (n = 1)3 CIQ (n = 1)a

Un positif (n = 5)Un positif faible (n = 1)

if fort (n = 1) Un positif faible + un positif fort (n = 1)le (n = 1) Un négatif + un positif faible + un positif

fort (n = 2)le + un

qui n’est pas dans les recommandations.

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Tableau 2 Principes de validation indiqués par les fournisseurs pour les principaux kits Elisa utilisés en sérodiagnosticaspergillaire.Validation principles indicated by the suppliers for the main Elisa kits used in aspergillosis serodiagnosis.

Technique Elisa antigènes aspergillairesPlateliaTM BioRad

Elisa anticorps BioRad Elisa anticorps Serion

Références fourniesdans le kit

Seuil déposé 2 fois 5 points de gamme de0 à 80 UA/mL

2 dépôts du calibrantUne référence négativeUne référence positive

Critères de validation Absorbance des seuils :entre 0,3 et 0,8

Absorbances : Réf 10 > 0,2 Absorbance du blanc < 0,25

Index référencenégative < 0,4

Rapports d’absorbance Moins de 20 % d’écart entreles 2 valeurs d’absorbancedu calibrant

Réf 10/Réf 0 > 3Réf 20/Réf 10 > 1,2Réf 40/Réf 10 > 1,2Réf 80 > Réf 10 > 1

Index référence positive : > 2(Réf 92796) ; > 1,5 (Réf 92794)

Valeur moyenne d’absorbancedu calibrant entre 2 valeursdonnées pour chaque lot

Calculs effectués Rapport des absorbancesessai/moyenne des seuils

Concentrations/gammedu jour

Calage de la série d’aprèsla valeur moyenne d’absorbancedu calibrant/gamme théoriquedu lot

Valeurs rendues Index (sans unité) UA/mL U/mL

Interprétation Index < 0,5 négatif Zone grise entre 5 à10 UA/mL

Zone grise entre 50 à 70 U/mL

Index � 0,5 positif Max 80 UA/mL Max 1000 U/mL

Contrôles internes et externes de qualité pour les techniques Elisa 17

(Anofel), a rappelé les enjeux des CIQ en parasitologie etmycologie (dont le guide COFRAC LAB GTA12 spécifiquepour la parasitologie et mycologie médicale [1]). Puis,Bernard Poggi, président de l’association Pro.Bio.Qual(organisme organisateur de contrôles interlaboratoirespour les laboratoires de biologie médicale), a complétéses propos avec une vue plus générale sur l’accréditationet les évaluations externes de qualité (EEQ). Au cours decette réunion, les principes de validation analytique desséries de tests avec les principaux kits Elisa commercia-lisés pour le sérodiagnostic fongique ont été rappelés etdiscutés (Tableau 2). Ces principes de validation analy-tique des séries sont d’abord ceux donnés par les fabri-cants eux-mêmes. La mise en place de l’accréditation vaentraîner une harmonisation des pratiques avec les autresdisciplines utilisant des immunodosages par Elisa : unevalidation analytique des séries, propre à chaque labora-toire et indépendamment du fabricant, avec l’utilisationet le suivi de CIQ ;

� d ébut juin 2012, le nouveau guide du COFRAC SH-GTA-

06 sur ces contrôles qualité, applicable au 1er juillet 2012,a été publié [3].

L’objectif de cet article est de faire un bilan des discus-sions nées de cette réunion, revues en fonction du guideCOFRAC. Il s’agit donc, d’une part, de lister les points cléssur le sujet, et, d’autre part, d’ébaucher des propositions derecommandations pour la validation analytique des métho-des Elisa commercialisées détectant les antigènes aspergil-laires et les anticorps anti-Aspergillus.

Stratégie pour l’accréditation des méthodescommercialisées : la vérification de méthode

Les techniques sont commercialisées avec un marquage CE,marquage obligatoire pour pouvoir les utiliser en biologiemédicale pour un diagnostic clinique. Ce sont donc des tech-niques classées en portée flexible A pour la vérification de laméthode, vérification qui pourra se réaliser en utilisant leguide du COFRAC SH-GTA-04. Il ne sera pas nécessaire de faireune validation de méthode complète, mais de pratiquer unevérificationdeméthodedans lespratiquesdu laboratoire.Celadispense de vérifier la sensibilité et la spécificité de la tech-nique, la stabilité des réactifs, la robustesse et la comparaisonavec une méthode de référence, même s’il convient, en casd’installation d’un nouvel Elisa dans un laboratoire, de compa-rer, si possible, avec la méthode précédemment utilisée (cestermes sont définis dans le guide COFRAC SH-GTA04 [2]).

Classification des méthodes Elisa : catégorie desméthodes quantitatives

Les techniques Elisa sont considérées comme des méthodesquantitatives, c’est-à-dire que les résultats obtenus sont desvaleurs d’absorbance lues par un spectrophotomètre auto-matique, éliminant une lecture visuelle plus aléatoire, maisnécessitant la tenue d’un cahier de vie du lecteur au sens del’accréditation COFRAC. Le signal mesuré au cours de cestechniques est continu, même si un résultat qualitatif seulpeut être rendu au clinicien.

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18 F. Persat et al.

Notices du fabricant : un document essentiel

Le premier point, avant la mise en place d’une techniqueElisa dans un laboratoire, est de lire complètement la noticedu fournisseur. Il s’agit d’un document essentiel à référencerdans le logiciel de gestion documentaire du laboratoire. Dansces notices, le fabricant fournit pour chaque méthode, leséléments techniques indispensables à la réalisation du test,les performances obtenues par le fournisseur et, normale-ment, de nombreuses références bibliographiques.

Une revue plus globale de la bibliographie est indispen-sable, en dehors des références fournies par le fabricant. Desméta-analyses sont disponibles pour les recherches des anti-gènes aspergillaires [6,9], ainsi que des articles récents surles sérologies aspergillaires [4,7].

Vérification de méthode : besoin d’études de larépétabilité et de la reproductibilité

RépétabilitéElle se calcule en réalisant 20 à 30 tests sur un mêmeéchantillon, non issu de la trousse, dans une même série.Si un problème économique ou un manque de disponibilitéd’un volume suffisant de sérum existent, un nombre plusfaible de répétition peut être admis, dix apparaissant commele strict minimum pour des techniques Elisa. D’après le guideSH-GT-A04 [2], « en pratique, il est recommandé d’utiliser auminimum deux niveaux de concentration avec, si possible, unniveau proche de la zone décisionnelle. » « L’effectif idéalest de 30 pour une interprétation statistique optimale. » Lenombre de 30 échantillons permet en effet de faire uneapproximation statistique et d’utiliser des tests paramétri-ques (en dessous il convient de vérifier que la variableobservée suit une loi normale ou d’utiliser des tests statisti-ques non paramétriques). Lors des tests de répétabilité, unevérification des effets de bords sur les plaques Elisa peut êtreévaluée. Si deux niveaux positifs et négatifs sont utilisés dansla même série de répétabilité, la contamination peut enmême temps être estimée, en alternant les puits positifs etnégatifs, selon le schéma de lavage du laveur utilisé.

ReproductibilitéIl s’agit de la vérification de la fidélité intermédiaire (ancien-nement reproductibilité intralaboratoire). Ici encore, elle se

Tableau 3 Propositions de choix de contrôles internes de quaanti-Aspergillus.Proposals of internal quality controls for the follow-up of Asperg

Technique Elisa antigènes (résultats en index) Eli

Préparation Pools de sérums ou à partir de laréférence du kit, si possible

Po

CIQ négatif Index 0,2 40

CIQ positif moyen Index 1 2 f

CIQ positif fort Non fait 5 f

a Éventuellement, il peut sortir « intermédiaire », dans la zone griseobservées sur les Elisa, pourrait parfois donner des résultats négatifs.

calcule idéalement sur 30 échantillons passés dans des sériesdifférentes, sauf en cas de problème économique, de dis-ponibilité d’un même échantillon, mais aussi d’un problèmede disponibilité d’un même lot de réactif sur une périodesuffisamment prolongée. Cette étude peut se faire en utili-sant les préparations de contrôle de deux CIQ, minimum,utilisés pour la répétabilité. Il est préférable de passer lesCIQ en début et en fin des séries de routine, mais on peutégalement mettre un CIQ négatif en début de plaque et unCIQ positif en fin de plaque, les sérums de patients étantfréquemment négatifs. Pour les distributeurs automatisés, ilest possible de tester régulièrement tous les canaux endéplaçant la position des CIQ de manière aléatoire, ce quipeut compliquer le dépôt des sérums de patients.

Choix des contrôles internes de qualité : uneétape primordiale

L’identification des valeurs des CIQ à utiliser est primordiale.Une proposition de valeurs cibles est présentée dans leTableau 3.

Pour la méthode Elisa recherchant les antigènes galacto-mannanes d’Aspergillus, il paraît pertinent de cibler un CIQnégatif avec une valeur d’index autour de 0,2. Ce niveau deCIQ permet en effet de contrôler l’environnement et lesconditions d’extraction [5]. Le CIQ positif peut être ciblé àune valeur d’index de 1, le seuil de positivité de la trousseétant positionné à 0,5 dans le sang. Pour les CIQ de détectiond’antigènes aspergillaires, aucune solution commercialen’existe et la constitution d’un pool de sérums positifs estcompliquée par la rareté des échantillons et le défaut despécificité connu de la méthode. Il est donc proposé d’uti-liser l’antigène galactomannane fourni dans la trousse, diluédans des sérums négatifs puis aliquoté. Une autre solutionserait de partir d’un surnageant dilué de culture d’Aspergil-lus fumigatus Pour les méthodes Elisa recherchant les anti-corps anti-Aspergillus, trois valeurs de CIQ sont proposées,dans la mesure où des zones grises d’interprétation sontdonnées par les trousses : un CIQ négatif, un CIQ positifmoyen ciblé sur deux fois la valeur seuil et un CIQ positif fort,ciblé sur cinq fois la valeur seuil. Le but est de vérifier, parailleurs, que l’échantillon de CIQ négatif ne sorte jamaispositif et qu’un positif ne sorte jamais négatif, mais aussi decalculer les coefficients de variation (CV) sur le long terme.

lité pour le suivi des Elisa antigènes Aspergillus et anticorps

illus antigens and anti-Aspergillus antibody Elisa.

sa anticorps Commentaires

ol de sérums Avoir un volume suffisant pourutiliser les mêmes 3 mois auminimum

% de la valeur seuil Choisir un CIQ faible mais non nul

ois la valeur seuil Ce CIQ doit sortir positif a

ois la valeur seuil Choisir un CIQ inférieur au maximumde lecture

de la réaction. Un choix de CIQ plus bas, étant donné les variations

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Contrôles internes et externes de qualité pour les techniques Elisa 19

Les CIQ doivent être préparés en volume suffisant pour accu-muler les données avec le même contrôle, et les CV sontanalysés lots par lots de réactifs. Pour les anticorps, enabsence de standardisation et de sérum dit de référence ànotre connaissance, il faut préparer des pools de sérums pourchaque CIQ. Pour pouvoir suivre ces CIQ, il faut qu’ils donnentdes valeurs d’absorbances dans la zone de lecture du spec-trophotomètre (supérieure au bruit de fond et inférieure aumaximum d’absorbance du lecteur Elisa utilisé).

Fixer au préalable des objectifs de performance

Pour chaque technique, il faut faire une analyse des risquespouvant entraîner une variation cliniquement significativesur le résultat obtenu. Certains risques sont précisés par lefournisseur dans la notice. C’est la « règle des 5 M » : analysedes risques concernant le Milieu, la « Matière », c’est-à-direles prélèvements biologiques, le Matériel, la Méthode et laMain d’œuvre.

Les objectifs de performance du laboratoire doivent êtrefixés au départ. Des premières valeurs sont à fixer« arbitrairement » pour voir si ce premier objectif estréalisable. Le but va être d’abaisser ensuite progressivementle coefficient de variation (CV) observé, donc le CV théo-rique, en assurant un meilleur contrôle des conditions deréalisation du test et en travaillant avec les fournisseurs.

L’objectif primaire de la variation considérée commeacceptable pour ces CIQ peut se fixer de différentes façons.La première possibilité serait de prendre les CV du fournis-seur multipliés par deux, mais souvent ces CV sont réalisésdans des conditions idéales, non entièrement décrites et trèsdifférentes de celles des laboratoires de routine. La secondepossibilité est de se servir des données des évaluationsexternes de qualité (EEQ) [8], des calculs statistiques étantfaits par exemple par Pro.Bio.Qual lorsque plus de septréponses quantitatives provenant des laboratoires de routinesont disponibles pour un même kit. Il faut rappeler qu’uneEEQ ne donne pas de valeur de référence, elle sert à vérifierles performances analytiques d’une technique donnée. C’estune photographie de la situation d’un laboratoire par rapportà l’ensemble des autres participants pour une même tech-nique. Si une EEQ existe pour un paramètre donné, il seranécessaire de s’y inscrire pour être en conformité avec la loifrançaise, alors que le contrôle interlaboratoire entre, auminimum, deux laboratoires n’est pas nécessaire mais peutêtre complémentaire.

En se servant de ces premiers éléments, on peut donnercomme objectif primaire minimum d’avoir un CV voisin de30 % sur les index ou concentrations pour les différents CIQpositifs et 50 % pour les CIQ négatifs. Ces CV seront plusimportants pour les négatifs pour lesquels le signal est plusfaible, donc toute variation sera proportionnellement impor-tante (en fonction du bruit de fond du lecteur Elisa utilisé).Les variations devraient être moins importantes dans un seulcentre par rapport aux EEQ qui concernent différents cen-tres. À titre indicatif, une étude—bilan des témoins positifset négatifs du kit Elisa antigène aspergillaire puis des CIQ vaêtre fait au sein du groupe Sérodiagnostic fongique. Les CVde la référence positive du kit sur un grand nombre de sériespar différents centres apparaissent inférieurs à 20 %, maissont à confirmer (communications personnelles).

Pour adapter une technique dans son centre, on peut faireau départ cinq séries, calculer la moyenne, l’écart-type et leCV, vérifier que ce coefficient est au plus égal à celui fixé audépart. Si c’est le cas, on peut ensuite valider les séries deroutine si les conditions demandées par le fournisseur sontréalisées (valeurs de la référence positive, etc.) et en suivantles valeurs obtenues pour les CIQ.

Validation des séries Elisa

Le suivi des CIQ obtenus lors des différentes séries Elisa estactuellement réalisé en traçant la courbe de Levey-Jennings,en attendant d’autres traitements mathématiques. Il s’agitde suivre les écarts observés par rapport à une valeur—ciblemoyenne et un CV préétablis. Ces valeurs seront recalculéesde façon régulière (périodicité à fixer) et la variation deréférence dans des conditions données sera alors disponible.Pour chaque CIQ, il est proposé de reporter la valeur deconcentration ou l’index ou calculer sa valeur relative soit :(Valeur mesurée — Moyenne)/Déviation standard. Il convientensuite de la reporter à chaque série sur le graphe préétablide la courbe de Levey-Jennings. Ce graphe comporte uneligne centrale correspondant à la valeur moyenne. De chaquecôté de cette ligne sont reportées d’autres lignes corres-pondant à une, deux et trois déviations standards [5].

Une fois la valeur du CIQ reportée, la vérification de lasérie se fait en appliquant certaines des règles de Westgard.La majorité des laboratoires applique les règles 2-2s(alerte), 1-3s et R4s (rejet) pour ne pas rejeter trop deséries à tort. La règle 2-2s indique que si deux valeurs de CIQsuccessives sont différentes de plus de deux écart-types, ilfaut se poser des questions sur la série et prendre d’éven-tuelles mesures correctives pour les séries suivantes. Larègle 1-3s implique de rejeter la série si l’écart de la valeurde CIQ est supérieure à la moyenne de plus ou moins troisécart-types. Enfin la règle R4s implique de rejeter la série sil’écart du CIQ avec sa valeur précédente est supérieure àquatre écart-types. Remarquons que si on a des valeursétablies pour 95 % des séries, cela veut dire qu’on aura5 % des séries qui seront aussi normalement en dehors desbornes (soit une série sur 20). C’est donc la répétition deséries hors normes qu’il faut pister.

Un bilan des CIQ doit être fait tous les mois pour surveillerla stabilité du test et donc la qualité des résultats rendus auxcliniciens. Chaque nouveau lot devrait être comparé auprécédent avant sa mise en route, ce qui sera lourd si leschangements de lots sont trop fréquents. Le suivi des per-formances de la méthode implique de vérifier les perfor-mances de la méthode au moins une fois par an.

Conclusions

L’ensemble de ces mesures implique un investissementimportant, que ce soit en temps et en réactifs, mais l’appli-cation de ces principes aux techniques Elisa de sérodiagnos-tic fongique devrait permettre une amélioration desperformances des résultats. Le constat d’écarts lors desEEQ incite à des mesures correctives en cas de problèmesrépétés. Actuellement l’association Pro.Bio.Qual n’indiquepas de notes pour les laboratoires participants aux EEQ,étant donné les forts coefficients de variation obtenus. Cela

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20 F. Persat et al.

montre tout l’intérêt de l’accréditation pour la standardi-sation de l’utilisation des techniques commercialisées etleur amélioration. Cela devrait, à terme, faciliter lesévaluations de ces techniques lors des études cliniquesmulticentriques, le sérodiagnostic faisant partie intégrantedu diagnostic des infections aspergillaires.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enrelation avec cet article.

Remerciements

L’enquête de faisabilité d’un EEQ en 2011 sur le sérodia-gnostic aspergillaire (antigènes et anticorps) a été financéepar Pro.Bio.Qual.

Cet article fait suite à la réunion du Groupe Sérodiagnos-tic Fongique du 24 mai 2012 à laquelle ont participé :

� A

dela Angoulvant : [email protected] ; � D aniel Azenberg : [email protected] ; � C hristine Bonnal : medecin.hygieniste@ bch.aphp.fr ; � M ouradBouchrik : [email protected] ; � N athalie Bourgeois : n-bourgeois@ chu-montpellier.fr ; � T aieb Chouaki : Chouaki.Taieb@ chu-amiens.fr ; � M urielle Cornet : [email protected] ; � B ernadetteCuisenier :[email protected] ; � É ric Dannaoui : [email protected] ; � A nne Debourgogne : [email protected] ; � L oic Favennec : Loic.Favennec@ chu-rouen.fr ; � J udith Fillaux : [email protected] ; � J ean-Pierre Gangneux : Jean-Pierre.Gangneux@univ-

rennes1.fr ;

� F rédéric Gay : [email protected] ; � N adine Godineau : [email protected] ; � L ilia Hasseine : [email protected] ;

� C

hristophe Hennequin : [email protected] ; � S andrine Houze : [email protected] ; � L aurence Lachaud : llachaud@ gmail.com ; � X avier Lepoutre : [email protected] ; � F lorence Persat : [email protected] ; � B ernard Poggi : bernard.poggi@chu lyon.fr ; � P hilippe Poirier : [email protected] ; � H élène Raberin : [email protected] ; � C hristine Roques : [email protected] ; � S andrine Roussel : [email protected].

Références

[1] Guide COFRAC LAB GTA 12. Guide technique d’accréditation enparasitologie et mycologie médicale.

[2] Guide COFRAC SH GTA 04. Guide technique d’accréditation devérification (portée A)/validation (portée B) des méthodes debiologie médicale. Révision : #00-04/2011. Date de publication :23/03/2011.

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