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CORRESPONDANCES MEDICALES La peau du point de vue anthroposophique Sur le Dermatodoron ® Le calcium, substance et processus en l’homme Le calcaire et la silice - leur effet dans l’organisme humain Le calcaire et la silice dans le traitement des allergies cutanées et des lésions des muqueuses Printemps - Eté 2008 / N° 22

CORRESPONDANCES MEDICALES · dans le derme, et métabolique au niveau du tissu sous-cutané. L’étude de la physiologie du calcium nous fait découvrir les nombreuses fonctions

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CORRESPONDANCES

MEDICALES

La peau du point de vue anthroposophique

Sur le Dermatodoron®

Le calcium,

substance et processus en l’homme

Le calcaire et la silice - leur effet dans

l’organisme humain

Le calcaire et la silice dans le traitement

des allergies cutanées et des

lésions des muqueuses

Printemps - Eté 2008 / N° 22

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Les Correspondances Médicales, réservées au corps médical, paraissent deux fois par an et sont disponibles sur abonnement. Elles sont adressées gracieusement sur demande écrite à l�adresse suivante :

IFEMAInstitut de Formation et d�Edition pour la Médecine Anthroposophique

2, rue du Blochmont 68330 Huningue

Chaque auteur est responsable de ses propres articles. Toute reproduction de texte doit faire l�objet d�une demande à l�IFEMA.

Dépôt légal : 2ème trimestre 2008

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Sommaire

- Editorial .......................................................................... page 5

- La peau du point de vue anthroposophique Docteur Lüder Jachens .................................................. page 7

- Sur le Dermatodoron®

Docteur Lüder Jachens .................................................. page 25

- Le calcium, substance et processus en l�homme Contribution au problème de la dynamisation des substances dans l�organisme humain Docteur Hans Broder von Laue ...................................... page 41

- Le calcaire et la silice - leur effet dans l�organisme humain Notamment du point de vue des problèmes d�allergie Docteur Angela Haake ................................................... page 89

- Le calcaire et la silice dans le traitement des allergies cutanées et des lésions des muqueuses Docteur Olaf Titze .......................................................... page 99

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Editorial

« Ce qu�il y a de plus profond en l�homme c�est la peau »

Paul Valéry

Ne ressentons-nous pas vraiment le retour du printemps que lorsqu�en! n nous pouvons à nouveau percevoir la douce chaleur des rayons solaires sur notre peau ?

La peau, organe sensoriel par excellence, participe aussi bien à la beauté, la séduction, qu�à la vie relationnelle. Mais elle est aussi manifestation externe de ce qui se passe en nous.

Elle est à la fois limite entre intérieur et extérieur tout en étant ouverte à l�un et à l�autre monde.

Ce numéro nous présente la peau comme un véritable organe tripartite ; elle est sensorielle an niveau de l�épiderme, circulatoire dans le derme, et métabolique au niveau du tissu sous-cutané.

L�étude de la physiologie du calcium nous fait découvrir les nombreuses fonctions de cet élément, présent autant dans les tissus durs que dans le sang tout en étant l�instrument de nombreux processus cellulaires.

En! n, calcaire et silice, processus polaires, sont étudiés en particulier en lien avec les allergies et leur traitement.

Bonne lecture "

Docteur Jacques Abegg

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La peau du point de vue anthroposophique *

Lüder JachensTraduction Laetitia Lescourret

Le fractionnement et l�analyse causale sont les principales méthodes d�une médecine reposant sur des bases scienti! ques (1) ; elle applique en outre la réduction en ramenant des processus hautement complexes à des explications simples. En procédant ainsi, la recherche scienti! que dispose d�une quantité formidable de connaissances sur les fondements physiques de la nature et de l�être humain. Pour la dermatologie moderne également, il ne fait aucun doute que la démarche scienti! que est un avantage. Mais elle a aussi sa part d�ombre, dont il faut bien citer en exemple trois aspects :

1. Le lien entre la peau, ses affections et l�apparition concomitante de troubles fonctionnels des organes internes, se perd. On connaît certes la cause de certaines dermatoses (plutôt rares, résultant de troubles des organes internes, la porphyrie cutanée tardive par exemple, liée à un dé! cit enzymatique du foie. Par contre, le dermatologue ne connaît pas le rôle des organes internes dans la survenue de dermatoses fréquentes, par exemple dans le cas de la rosacée où le traitement du foie est souvent nécessaire.

2. Le lien entre peau et vie psychique, entre dermatose et biographie ne peut se concevoir rationnellement. A la question des patients « Pour-quoi ai-je cette éruption de boutons précisément maintenant ? », la réponse est d�ordinaire : « Toute dermatose commence à un moment ou à un autre. » Ni le psycho-somaticien ni le dermatologue ne peuvent expliquer rationnellement le classement par types de peau spéci! ques (terrain atopique cutané par exemple), en fonction de certaines caractéristiques de la personnalité.

3. Le lien entre dermatose et alimentation est dif! cile à saisir. Pourquoi les personnes atteintes d�eczéma atopique (constitutionnel) ne supportent-elles souvent pas les composants protéinés de la nourriture (lait de vache, gluten des céréales, oeufs, poisson, par exemple) ? La plupart du temps, les méthodes statistiques ne contribuent pas à éclairer le rapport entre phénomène cutané et intolérance alimentaire.

* Article tiré de : Der Merkurstab, 58. Jahrgang, Heft 5, 2005, p. 352-357

Le Docteur Lüder Jachens est Dermatologue et Enseignant en médecine anthroposophique

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Ces « effets secondaires », constatés en appliquant les méthodes de recherche scienti! ques à la médecine, nous incitent à rechercher les idées selon lesquelles l�organe de la peau et le reste de l�être humain, organisme vivant et âme porteuse d�un esprit, forment un tout procédant d�une biographie individuelle. L�approche anthroposophique de l�être humain fournit dans ce contexte une source inépuisable d�idées.

Elle met en pratique le principe goethéen : « rien ne se produit dans la nature vivante qui ne soit en relation avec le tout ». Appliqué à la dermatologie, cela signi! e : aucun processus survenant dans une peau saine ou malade ne s�accomplit sans être en rapport avec l�ensemble de l�organisme et avec la personnalité, en tant que manifestation de son aspect psycho-spirituel.

Ce principe sera appliqué dans ce qui suit et la peau humaine sera abordée sous les angles suivants :

· La peau et l�organisme tripartite· La peau entre induration et dissolution· la peau et les quatre plans de l�existence humaine· Le Moi et le corps astral entre intérieur et extérieur· La peau tripartite et les quatre plans de l�existence· La peau entre forces de substance et forces de forme.

Peau et organisme tripartite

L�idée de la tripartition de l�organisme humain a été décrite en détail par Rudolf Steiner en 1917(2). Le système neuro-sensoriel est principalement localisé au pôle supérieur de l�être humain ; c�est lui qui permet à l�homme de déployer ses forces de pensée durant l�état de conscience de veille. Sur le plan organique, il est lié aux processus cataboliques ; il déconstruit les substances acheminées par le sang à partir des processus métaboliques. La déconstruction peut aller jusqu�à la mort des cellules ; les cellules nerveuses ne repoussent pas dans le cerveau. A l�aide des forces de forme le système neuro-sensoriel reçoit de l�environnement et introduit dans l�organisme, l�élément individuel en l�être humain (son Moi) façonne son physique, ce qui permet d�identi! er une personne à son visage. C�est donc au

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pôle supérieur que la forme de l�être humain est la plus structurée et différenciée. Mais les forces de forme sont également à l��uvre dans tout le reste de l�organisme, y travaillant de façon plus subtile, du haut vers le bas ; ainsi, par exemple, elles donnent naissance au tracé individuel des empreintes digitales à l�extérieur (cf. Illustration 1, page 13), et à l�immunocompétence du système immunitaire humoral et cellulaire à l�intérieur.

Le système métabolique et moteur est en polarité avec le système neuro-sensoriel. Il forme la base permettant à la volonté de se déployer dans un état de conscience de sommeil. (C�est la raison pour laquelle nous regrettons parfois les actes impulsifs car du point de vue de la conscience de veille, ils ne nous semblent plus justes). Sur le plan organique, le métabolisme se traduit par des processus anaboliques. La substance inerte est saisie, vitalisée, animée et devient porteuse du Moi. Si les processus au niveau du complexe neuro-sensoriel sont largement liés au repos, c�est un courant de substance continu (mouvement intérieur) et le mouvement des muscles (mouvement extérieur) qui prédominent dans cette sphère métabolique. La structure organique du système métabolique et moteur produit des formes rondes, convexes, moins structurées.

En résumé, on obtient la polarité suivante :

Système neuro-sensoriel Système métabolique-moteur

Catabolisme Anabolisme

Force de forme : structuration, différenciation

Force de substance : forme ronde, dédifférenciation

Repos Mouvement

Mort Vie

Penser Vouloir

Conscience de veille Conscience de sommeil

Un système médian permet à ces deux pôles de l�organisation humaine de coexister ; il est porteur d�un phénomène fondamental dans toute vie : le rythme. Les impulsions du système neuro-sensoriel et celles du système métabolique s�entrecroisant au rythme du pouls et de la respiration, les pôles antagonistes s�équilibrent. L�équilibre et l�harmonie

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s�installent entre les sphères du haut et du bas. Le système rythmique est le siège du sentiment qui se déploie dans la conscience de rêve.

Si l�on applique cette idée de l�organisme tripartite à l�organe qu�est la peau, les questions suivantes se posent :

· Où est le centre de gravité du système neuro-sensoriel dans la peau,

· Où se déploie principalement le métabolisme,· Où se situe le principal champ d�action du système rythmique ?

Pour répondre à ces questions, il faut d�abord observer la couche supérieure de la peau, l�épiderme. Ses couches cellulaires basales sont le siège de processus de division cellulaire et d�édi! cation de substance qui ont pour seul but de conduire à la mort cellulaire des kératinocytes lors de leur migration du bas vers le haut (de l�intérieur vers l�extérieur) et à la différenciation entre kératine intracellulaire et lamelles lipidiques intercellulaires (voir référence 3 sur les lipides épidermiques). La génération de substance biochimique rencontre donc des tendances à la déconstruction, associées à des processus de mort, qui différencient le courant de substance et dé! nissent, «coagulent » pour ainsi dire, les substances en une forme irréversible, à savoir kératine et lipides. L�épiderme remplit ainsi sa fonction de barrière : que ce soit de l�intérieur ou de l�extérieur, l�eau, les acides, les bases, les sels et autres composés chimiques se heurtent à une frontière très peu perméable.

L�épiderme est parcouru de très nombreuses terminaisons ner-veuses libres, s�étendant jusqu�à la couche granuleuse (stratum granulosum). C�est dans cette couche supérieure de la peau que les kératinocytes perdent leur noyau cellulaire. Une vitalité défaillante à proximité des terminaisons nerveuses libres suggère une relation intime entre les deux phénomènes, qui nous incite à reconnaître en l�épiderme le lieu principal d�activité neuro-sensorielle. C�est là que naît la conscience de veille qui nous permet par exemple, lorsqu�on est éveillé, de localiser consciemment à tout moment chaque point de la surface de notre corps. Si l�épiderme d�une personne atteinte de diathèse atopique cutanée souffre d�un manque de vitalité et de processus de synthèse biochimique (surtout au niveau des lamelles lipidiques intercellulaires), cela signi! e simultanément un surcroît

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d�activité nerveuse. Il peut en résulter du prurit jusqu�à un éveil excessif de la conscience, une accentuation du pôle céphalique et de l�action unilatérale des forces de pensée, symptomatiques de la personne atteinte d�eczéma atopique (4, 5). Si d�un autre côté, l�épiderme est envahi par les impulsions métaboliques de la circulation sanguine capillaire au niveau de la partie supérieure du derme, comme dans le cas du psoriasis, la kératinocytopoïèse « monte en graine », se manifestant par une maturation incomplète des cellules et l�apparition de noyaux cellulaires dans les kératinocytes de la couche cornée. En conséquence, dans la personnalité du malade atteint de psoriasis, les forces céphaliques sont souvent sous-représentées (6).

Si maintenant nous cherchons les zones de métabolisme intense dans la peau, nous les trouvons dans le derme profond et dans l�hypoderme. Dans le derme profond, sont logées les glandes sébacées et sudoripares, les racines des poils dans leurs bulbes et la matrice de l�ongle. Ces quatre formations émergent de l�épiderme qui s�invagine en profondeur à partir de la surface cutanée et donne forme à chaque organe dans la partie profonde du derme. A cet endroit, ces organes sont pris dans le métabolisme d�édi! cation, qui permet la formation de sébum, de sueur, de poils ou d�ongles. Les formations du derme profond reçoivent donc leur force formatrice par l�intermédiaire de l�épiderme, et la force anabolique génératrice de substance, la reçoit des couches inférieures de la peau. Ces formations sont en relation avec le microcosme des organes internes : les glandes sébacées avec le foie, les glandes sudoripares avec les reins, les poils et les ongles avec l�intestin. Les glandes sébacées produisent de la graisse vers l�extérieur ; le foie produit intérieurement de la bile qu�il déverse dans l�intestin, pour digérer les graisses. La substance de la sueur et celle de l�urine primaire sont de nature similaire. Les poils, les cheveux et les ongles sont des formations épithéliales qui deviennent extrêmement solides ; l�épithélium de la lumière intestinale compte parmi les tissus les plus vivants de l�organisme humain. Cheveux et ongles deviennent cassants si l�absorption en nutriments est insuf! sante au niveau de l�intestin. Les relations décrites entre les formations situées dans la partie profonde du derme et les organes internes soulignent le caractère métabolique de leur activité. En outre, les dermatoses ayant pour origine le derme profond (folliculite en cas d�acné et de rosacée, hidrosadénite et périonyxis) doivent toutes être traitées en agissant en premier lieu sur le métabolisme.

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Sur le plan morphologique, l�hypoderme est extrêmement indifférencié et monotone ; il se compose presque exclusivement de cellules adipeuses rondes. Mais cette monotonie morphologique s�accompagne d�un métabolisme extrêmement actif : les lipides stockés dans les cellules sont soumis à un processus constant de construction-déconstruction et se trouvent donc en état de transformation permanente. La graisse sert à produire de la chaleur dans l�ensemble de l�organisme et dans les différents organes. Ainsi l�hypoderme est relié à l�organisme entier ainsi qu�à tous les organes internes. Les caractéristiques du derme et de l�hypoderme que nous venons de décrire mettent en évidence le rapport entre ces deux couches : la partie profonde du derme est le siège d�une activité métabolique spéci! que, comparable à celle des organes internes ; par contre, avec son métabolisme lipidique, l�hypoderme prend part aux processus métaboliques généraux concernant l�ensemble du corps.

La localisation des zones hypodermiques riches ou pauvres en lipides dans l�ensemble de la personne humaine est intéressante. L�hypoderme des paupières, du nez, des oreilles et des lèvres est pauvre en graisses ; dans ces zones, l�activité catabolique des grands organes sensoriels refoule dans la peau le pôle métabolique de construction. En revanche, les voûtes plantaires, les hanches, les fesses, les muscles # échisseurs des membres, la paroi abdominale et la poitrine chez la femme, sont riches en tissus sous-cutanés adipeux. Dans le thorax féminin, l�hypoderme forme un organe à part entière, les glandes mammaires. Cet organe souligne le caractère nutritionnel du tissu conjonctif de l�hypoderme (7).

En observant attentivement une coupe histologique des couches de la peau, on peut rapidement pointer le lieu où se déroulent les intenses activités du système rythmique : l�ondulation rythmique de la membrane basale qui sépare les papilles du stratum papillare des crêtes de la couche germinative de l�épiderme entre les papilles, est du point de vue morphologique un rythme « ! gé ». Le sang, qui pulse en rythme dans les capillaires de la partie supérieure du derme, imprime à leur jonction avec l�épiderme, un mouvement d�ondulation, comme la houle, le mouvement rythmique des vagues sur les côtes de la Mer du Nord (cf. Illustration 2, page 13), qui laisse en re# uant, une sorte d�ondulation sur le sable. Outre les effets de la circulation sanguine, dont le centre se trouve dans le c�ur, au niveau de la peau, on retrouve la respiration dont

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Illustration 1Coupe de peau au niveau de la pulpe d�un doigt ; les dermatoglyphes sontbien visibles

Photo J. Abegg

Illustration 2Coupe de peau ; à noter l�ondulation de la membrane basale de l�épiderme.

Photo J. Abegg

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le centre se situe dans les poumons : d�une part, nous pouvons parler d�une respiration sensorielle immatérielle, dans la mesure où la peau, organe sensoriel, assimile ou rejette d�innombrables stimulis. D�autre part, la respiration se déroule au plan matériel : une in! me fraction de la respiration externe ayant lieu à grande échelle dans les poumons se trouve dans la peau qui absorbe un peu d�oxygène et rejette en petite quantité du gaz carbonique. C�est pourquoi dans la vie quotidienne, il nous faut porter des vêtements qui laissent respirer la peau, et permettent l�émission de chaleur, de transpiration, de « vapeur », mais aussi l�absorption d�oxygène et le dégagement de gaz carbonique.

Si tous les processus métaboliques du derme profond et de l�hypoderme sont enveloppés de la nuit de la conscience du sommeil (l�apparition d�une forte odeur de transpiration en cas de stress nous est par exemple absolument inconsciente), les processus de la partie supérieure du derme se déroulent dans le semi-conscient, la conscience de rêve. Ainsi par exemple, nous ne remarquons qu�à moitié, comme en rêve, que nous rougissons légèrement lorsqu�au cours d�une conversation, une expression verbale suscite en nous de la gêne. De même, nous prenons vaguement conscience de notre mieux-être après une douche alternant le chaud et le froid, qui fouette la circulation de la couche dermique stratum papillare sur l�ensemble de notre organe cutané : « quelque part, nous nous sentons mieux ».

En ayant trouvé l�homme tripartite au niveau de la peau, nous avons suivi le principe goethéen :

Si tu veux te réjouir pleinement du tout, Il faut savoir reconnaître le tout dans l�in! niment petit.

Nous avons retrouvé le tout dans une des parties de l�organisme et mis en évidence la relation de l�organe cutané avec l�organisme entier. Ainsi l�idée d�un organisme tripartite est dans la ligne d�une médecine véritablement à visée globale.

La peau entre induration et dissolution

L�organisme humain est en liaison avec les quatre éléments de son environnement ; avec la chaleur et la lumière par les organes

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sensoriels, avec l�air par les poumons, avec l�élément aqueux et le solide, le terrestre, par le tractus gastro-intestinal. Si un élément est absorbé par l�organisme, il doit d�abord être digéré : toute substance étrangère doit d�abord être transformée en substance endogène. Elle ne peut être transférée dans la structure matérielle d�une personne qu�après avoir été entièrement désintégrée, après que tout élément éthérique et astral étranger lui a été entièrement ôté. Si la déconstruction est incomplète, l�organisme incorpore des substances et processus exogènes avec lesquels il procède de deux manières (8) :

1. Les forces du système neuro-sensoriel s�emparent de la forme et la condensent selon une dynamique centripète. La substance exogène est stockée ; en cas de processus rhumatismal par exemple, les déchets métaboliques se déposent dans les tissus bradytrophiques des articulations. La condensation de substances exogènes peut entraîner une induration dans leur environnement et conduire à leur encapsulation, ce qui se produit par exemple pour un éclat de grenade. Sur l�organe de la peau, cela se traduit par la lichéni! cation en cas de dermatite atopique (eczéma constitutionnel), ou par de l�eczéma palmaire avec tendance à l�hyperkératose et à la formation de rhagades, deux affections provoquées par des processus in# ammatoires hautement chroniques qui dégénèrent en induration, kératinisation avec démangeaisons ou douleur.

2. Les forces physiques du système métabolique et moteur s�emparent de la substance exogène et l�éliminent par l�intermédiaire de la peau dans un mouvement centrifuge. Ce processus de dissolution s�accompagne souvent de suppuration, en cas d�abcès par exemple. Une éruption est elle aussi basée sur un processus de dissolution et d�excrétion. L�exanthème des maladies infantiles typiques, le pityriasis rosé ou l�exanthème médicamenteux sont des exemples d�éruptions de ce genre.

L�encapsulation et la suppuration en tant que processus d�élimination peuvent se relayer dans le temps au cours d�une affection cutanée. Citons à titre d�exemples le psoriasis avec atteinte articulaire et le zona, accompagné de névralgies. En cas de psoriasis, l�état de la peau peut s�améliorer alors que les douleurs articulaires s�aggravent et inversement. La formation aiguë de nombreuses vésicules dans le zona met en évidence un processus d�élimination de la cause de la maladie par le biais de la peau ; les fortes douleurs névralgiques signi! ent que le

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processus pathologique se déplace vers l�intérieur, la plupart du temps pour se prolonger sur de longs mois. Si après la première poussée, des vésicules se forment encore ultérieurement, les douleurs névralgiques se calment.

La peau et les quatre plans de l�existence humaine

Dès 1911, Rudolf Steiner a décrit l�activité des quatre éléments constitutifs au niveau de l�organe cutané, et ce dans un cycle de conférences présentées à Prague et auxquelles assistaient de nombreux médecins (9). Chaque élément constitutif est un « système énergétique » dont la peau constitue l�enveloppe. Ainsi, le Moi de l�être humain vit dans le sang ; la limite du système sanguin vers l�extérieur est constituée par les capillaires situés dans le stratum papillaire du derme. Dans le sang, le Moi a directement accès au plan physique : ainsi en cas de crainte ou de frayeur, le Moi se retire, avec le sang, du monde extérieur ; nous pâlissons. La honte nous fait rougir ; le Moi refoule le sang vers la périphérie et la peau, comme s�il voulait se cacher derrière. Le corps astral vit dans les nerfs ; situées dans l�épiderme, les terminaisons nerveuses forment la limite extrême du système nerveux vers l�extérieur. C�est par elles que l�être humain prend conscience des limites de son corps. Le prurit est synonyme d�une hyperactivité nerveuse et d�un excès de conscience. Lorsque nous avons la chair de poule, certains sentiments (une crainte sourde qui fait frissonner) excitent les nerfs cutanés, ce qui se traduit par une contraction des muscles arrecteurs des poils, ayant pour effet de faire se dresser les duvets et poils de l�épiderme. Particulièrement actif dans les sécrétions glandulaires, le corps éthérique trouve sa limite dans la peau au niveau des glandes sudoripares et sébacées. Les personnes dotées d�une forte vitalité ont la plupart du temps une bonne production de transpiration et de sébum. Chez le sujet atteint d�eczéma atopique par contre, ces deux activités glandulaires sont affaiblies. En dé! nitive, le corps physique vit soutenu par les processus nutritifs mis en oeuvre grâce au transport des substances. En cas de diathèse atopique cutanée et d�ichtyose, ces fonctions nutritionnelles, liées à une tendance physique héréditaire, sont plus ou moins réduites et bloquées.

« Chez l�être humain, ce sont précisément les organes situés à la périphérie qui sont davantage pénétrés et structurés par le Moi » (10).

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Correspondances médicales Printemps - Eté 2008 / n° 22 17

Cette af! rmation de Rudolf Steiner met en évidence le fait que l�activité du Moi dans l�organe cutané ne se limite pas au seul système sanguin, et que ce Moi imprime sa marque à l�activité du corps astral dans les nerfs, du corps éthérique dans les glandes et du corps physique dans le transport des substances. L�activité du Moi fait ressortir les caractéristiques de la peau typiques de l�homme, son aspect glabre par exemple, son tissu adipeux sous-cutané bien structuré, par rapport à celui du monde animal, et l�importance que l�homme attache au bien-être de sa peau dans la vie quotidienne. La peau est un organe de conscience, un organe de l�organisation du Moi (11).

Le Moi et le corps astral entre intérieur et extérieur

En ! n de compte, ce sont le Moi et le corps astral, les deux éléments constitutifs supérieurs, qui dans l�organisme humain sont les intermédiaires entre l�intérieur et l�extérieur, entre les processus du haut et ceux du bas, et font de cet organisme un tout. On ne peut parler de médecine globale que si l�on reconnaît le Moi et le corps astral ainsi que leur action dans l�organisme humain. Rudolf Steiner et Ita Wegman décrivent comment « les in# ammations de la peau » vont de pair avec une « activité anormale » de l�organisation du Moi et du corps astral au niveau de la peau (12). Cette « activité anormale » signi! e une activité des éléments constitutifs supérieurs plus élevée que la normale au niveau de la peau. De ce fait, ces éléments sont moins présents dans les organes internes, dont la sensibilité entre eux est par conséquent moins grande. Nous citerons en exemple les « états anormaux de l�activité hépatique » et leur incidence sur la digestion. La candidose digestive que l�on rencontre de plus en plus fréquemment dans quatre dermatoses principales (eczéma constitutionnel, urticaire, psoriasis et eczéma séborrhéique) est sans doute liée à ce déplacement des forces des éléments constitutifs supérieurs du centre vers la périphérie (13). Chez le sujet atteint d�eczéma constitutionnel, marqué par une hyperactivité neuro-sensorielle, ce même déplacement a pour conséquence un affaiblissement des forces digestives qui ne sont pas en mesure de dégrader les protéines (4) ; en effet, les forces exogènes des organismes végétaux et animaux dont elles proviennent restent très fortement liées à ces protéines (14). Rudolf Steiner et Ita Wegman attirent l�attention sur le fait que le diagnostic doit aussi indiquer « la

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direction des effets pathologiques » (12). Cela signi! e que pour le déplacement dont il est question, il faut identi! er le processus primaire externe dans l�in# ammation cutanée (« cause ») et le processus secondaire interne dans une activité ralentie du foie (« effet »). En polarité, la direction des effets pathologiques est inversée lorsque la faiblesse fonctionnelle d�un organe, en tant que frein dans le domaine physique-éthérique, repousse l�activité des constituants supérieurs vers la peau, si bien que celle-ci se trouve surchargée par un excès et fait apparaître des symptômes. Le processus primaire est alors à l�intérieur (« cause ») et la dermatose qui en procède est secondaire (« effet »). Exemples : acné tardive, rosacée, renvoyant à une inertie du foie, et qui s�améliorent grâce à un traitement hépatique (15) (Tableau 1).

Tableau 1

Phénomène pathologique primaire

Manifestations in# ammatoires cutanées

Faiblesse organique fonctionnelle

Diagnostic des éléments constitutifs

Moi et corps astral renforcés à l�extérieur et affaiblis à l�intérieur

Moi et corps astral affaiblis à l�extérieur et renforcés à l�intérieur

Direction des effets pathologiques

De l�extérieur (cause)vers l�intérieur (effet)

De l�intérieur (cause)vers l�extérieur (effet)

Phénomène pathologique secondaire

Affaiblissement du foie et de la digestion (candidose digestive par exemple)

Peau envahie de processus exogènes : rosacée, acné tardive par exemple

La peau tripartite et les quatre niveaux de l�être

Si l�on s�interroge à propos des différentes activités des éléments constitutifs dans les processus neuro-sensoriels, les activités métaboliques et les processus rythmiques, la réponse est donnée par les explications de Rudolf Steiner et Ita Wegman à propos du sang et des nerfs (16). Dans les couches cutanées inférieures caractérisées par des activités métaboliques (derme profond, hypoderme), se trouvent des ! bres neuro-végétatives qui tissent un réseau rami! é à l�extrême autour des vaisseaux sanguins, des follicules pileux, des glandes sébacées, et des glandes sudoripares eccrines et apocrines. Le corps éthérique a une activité prépondérante dans ces nerfs qui ont pour mission de ne pas laisser les processus métaboliques accéder au

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sang et ainsi, de séparer de la conscience de l�homme le mouvement propre des substances (17). L�organisation du Moi est particulièrement active dans le sang au niveau du derme profond et de l�hypoderme. Par conséquent, les couches cutanées profondes sont caractérisées par l�action commune de l�organisation du Moi dans le sang et du corps éthérique dans les nerfs.

Dans l�acné juvénile considéré comme une dermatose et provenant des glandes sébacées du derme profond, la substance sanguine n�est pas (encore) correctement investie par le Moi. Les forces formatrices émanant des nerfs neurovégétatifs entourant les glandes sébacées ne suf! sent pas pour retenir les forces de mouvement du sang, excessives et non dirigées. Il en résulte une colonisation des glandes sébacées par une vie bactérienne étrangère, l�in# ammation de l�environnement par des papules et l�engorgement de la glande sébacée sous forme de pustule (18).

Dans la couche cutanée médiane (derme super! ciel), les nerfs, siège du corps astral, sont en liaison avec les processus sanguins qui dépendent également du corps astral et, dans leur partie supérieure, du corps éthérique. Cela permet de comprendre l�urticaire, dont les poussées sont souvent déclenchées par les bouillonnements émotionnels du corps astral. Irrité, le corps astral entraîne une action conjuguée du sang et des nerfs dans les papilles dermiques si bien que, les vaisseaux sanguins ne pouvant plus retenir le sérum, les papules se forment.

Dans la couche cutanée supérieure, l�épiderme, les nerfs sont imprégnés par l�action du Moi, qui a une fonction « organisatrice de l�intérieur ». Les impulsions sanguines y parvenant sont sous l�effet du plan physique pur, et ont donc « fortement tendance à la dévitalisation, à la minéralisation ». L�eczéma constitutionnel et le psoriasis sont des dermatoses montrant la forte participation de l�épiderme dans le processus pathologique. Dans l�eczéma atopique, les impulsions nerveuses sont trop fortes, de sorte que la tendance à la dévitalisation des substances provenant du sang est supérieure à la normale (4). Dans le psoriasis par contre, la tendance à la dévitalisation des substances issues du sang est trop faible ; les forces sanguines de mise en mouvement des substances sont trop intenses : l�épiderme

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est submergé par des protéines et des leucocytes. L�action de l�organisation du Moi dans les nerfs est trop faible pour pouvoir entièrement prendre en charge la formation et la différenciation des kératinocytes (6) (Tableau 2).

Tableau 2

Sang Nerfs

Système neuro-sensoriel : épiderme

Corps physique Organisation du Moi

Système rythmique :derme super! ciel = corps papillaire

Partie supérieure : Corps éthériquePartie inférieure :Corps astral

Corps astral

Système métabolique :derme profond, hypoderme

Organisation du Moi Corps éthérique

La peau, entre forces de substance et forces de forme

La polarité forme - substance se trouve déjà chez Aristote. Rudolf Steiner a décrit en détail les effets des forces de forme et des forces des substances en mouvement dans le cycle de conférences présentées à Prague en 1911 que nous avons déjà mentionné (17). Les forces formatrices inhérentes à l�organisme sont circonscrites aux limites de la silhouette humaine, dans l�organe de la peau, et n�ont pas d�action au-delà. Il n�est pas non plus permis aux forces formatrices extérieures provenant de l�environnement de l�être humain de franchir la limite dé! nie par la peau. Porteuse de la force formatrice cosmique, la lumière du Soleil peut simplement être absorbée par l��il ou par l�organisme, sous forme d�air baigné de lumière. Aux limites habituelles du corps, le rayonnement solaire est absorbé par le pigment des mélanocytes de l�épiderme basal et refoulé vers l�extérieur. De l�intérieur vers l�extérieur comme de l�extérieur vers l�intérieur, la peau constitue donc une barrière complète. Aux forces formatrices s�opposent les forces de mise en mouvement de la matière, qui ne sont pas entièrement isolées dans l�organe de la peau. Le courant de substance parvenant dans la peau subit une transformation dans les organes cutanés (glandes sébacées, glandes sudoripares, poils, ongles, kératinocytopoïèse), il est excrété ou bien re# ue vers l�intérieur du corps (branches veineuses des vaisseaux sanguins). Si l�on se

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réfère en outre à la description de Steiner concernant la diversité de l�action des forces éthériques dans l�organisme humain (19), il est clair que les forces de forme agissent avant tout par le biais des éthers de lumière et de chaleur et les forces de substance, par l�intermédiaire de l�éther chimique et de l�éther de vie.

Les éthers de lumière et de chaleur vivent dans la lumière, l�air et la chaleur, et parviennent à l�homme par son environnement terrestre depuis le cosmos. Ce mouvement de sens centripète cible le pôle supérieur de l�être humain. L�un des signes extérieurs de ces forces formatrices agissant dans le sens centripète se trouve dans les rides de la peau abîmée par la lumière : la lumière solaire trace des lignes dans la peau. Les éthers de lumière et de chaleur sont absorbés dans l�organisme par les organes sensoriels, les poumons et aussi par l�ensemble de l�organe cutané et ils pénètrent à l�intérieur du corps, du haut vers le bas. Ils se combinent avec l�éther chimique et l�éther de vie au pôle inférieur de l�homme. Ces deux sortes d�éther sont respectivement basées sur les éléments eau et terre, qui parviennent à l�être humain par le biais des aliments absorbés. Le mouvement des éthers chimique et de vie s�effectue de bas en haut et de l�intérieur vers l�extérieur dans l�organisme humain. Depuis le microcosme des organes internes, la substance régénérée par les éthers chimique et de vie est acheminée à la peau par le sang, dans un mouvement centrifuge.

L�image extérieure créée par un sculpteur permet de visualiser la rencontre des forces de mouvement de la matière et des forces de forme au niveau de l�organe cutané (de même que dans toute formation organique): les formes dont l�artiste a l�idée sont imprimées dans l�argile par la main qui sculpte, dans un mouvement centripète ; ce sont des forces formatrices qui sont à l��uvre. Quant à l�argile, il est porteur des forces de la matière ; la matière doit être apportée et préparée ; elle a besoin d�espace et a un poids. La matière est structurée grâce aux forces formatrices.

Nous en avons terminé avec cette introduction à l�étude de la nature de la peau à la lumière de l�anthropologie anthroposophique. Il va de soi que seuls certains aspects, et non l�ensemble de la question, ont été traités dans cet article. Mais ils sont fondamentaux, essentiels.

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On pourrait par ailleurs étudier la peau sous l�angle de l�action des trois principes Sal, Mercur, Sulfur (20), ou encore des sept processus planétaires ou des douze signes du Zodiaque. Mais cette description, qui dépasserait le cadre d�une introduction, est réservée à des travaux ultérieurs.

Je remercie le Dr Reinhard Ernst, pour la révision critique du manuscrit et pour

ses suggestions essentielles. Les idées fondamentales exposées par l�auteur dans cet article sont le fruit des échanges animés ayant lieu depuis 1993 dans le cercle de travail des dermatologues d�orientation anthroposophique. $

Bibliographie

1. Rothschuh KE. : Konzepte der Medizin in Vergangenheit und Gegenwart. Stuttgart: Hippokrates, 1978

2. Steiner R. : Des énigmes de l�âme, Editions Anthroposophiques Romandes, 1984, GA 21

3. Jachens L. : Wirkungen des Lichtäthers in Natur und Mensch am Beispiel von Sanddorn und Neurodermitis . Der Merkurstab 2001 ; 54 (6) : p. 364-373

4. Jachens L. : Die Neurodermitis . Der Merkurstab 1999 ; 52 (3): p. 162-171

5. Jachens L. : Die Behandlung der Neurodermitis. Weleda Korrespondenzblätter 150 ; p. 103-118

6. Jachens L. : Die Psoriasis vulgaris aus anthroposophisch-menschenkundlicher Sicht. Der Merkurstab 2001 ; 56 (6) : p. 334-347

7. Vogel L.: Der dreigliedrige Mensch. Dornach : Verlag am Goetheanum, 1992 : p. 126-130

8. Steiner R. : Erdenwissen und Himmelserkenntnis. Conférence du 11 février 1923. Dornach, Rudolf Steiner Verlag, 1998, in GA 221 (traduite dans Cahiers de Médecine Anthroposophique n° 18 � 1982 « L�homme invisible en nous » p.5-18)

9. Steiner R. : Physiologie occulte, Conférence du 26 mars 1911, Editions Anthroposophiques Romandes, 1996, GA 128

10. Steiner R. : Médecine et science spirituelle, Conférence du 3 avril 1920 Dornach, Editions Anthroposophiques Romandes, 1978, GA 312

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11. Vogel H-H. Organe der Ich-Organisation, ihre Wirksamkeit in Haut, Blut und Lymphe, Pankreas und Wirbelsäule. Bad Boll: Verlag Natur-Mensch-Medizin, 1996

12. Steiner R. et Wegman I. Données de base pour un élargissement de l�art de guérir, Chapitre XV. 2 « La thérapeutique » Editions Triades, 1985, GA 27

13. Jachens L. : Die Hefebesiedlung des Darmes als Symptom. Weleda Korrespondenzblätter 148 ; p.53-69

14. Steiner R. et Wegman I. Données de base pour un élargissement de l�art de guérir, Chapitre IX. « Le rôle des protéines dans le corps humain et l�albuminurie » Editions Triades, 1985, GA 27

15. Jachens L. : Die Behandlung von Hautkrankheiten über die Leber. Der Merkurstab 2004 ; 57 (4) : p. 248-259

16. Steiner R. et Wegman I. Données de base pour un élargissement de l�art de guérir, Chapitre VI. « Le sang et les nerfs » Editions Triades, 1985, GA 27

17. Steiner R. : Physiologie occulte, Conférence du 24 mars 1911, Editions Anthroposophiques Romandes, 1996 GA 128

18. Jachens L. : Akne vulgaris. Der Merkurstab 1996 ; 49 (1) : p. 19-23

19. Steiner R. : Thérapeutique et science spirituelle, Conférence du 2 avril 1921 Dornach, Editions Anthroposophiques Romandes, 1980, GA 313

20. Schef# er A., Edlund U., Ernst R. Zur Heilprozessidee von Birkenrinde und Hautkrankheiten. Der Merkurstab 2004 ; 57 (6) : p. 453-466

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Solanum dulcamara L.Douce-amère

Lysimachia nummularia L.Lysimaque nummulaire (Herbe-aux-écus)

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Sur le Dermatodoron® *

Lüder Jachens **Traduction Laetitia Lescourret

Pour un médecin utilisant sans a priori, Dermadotodoron®, en dilution à prise orale ou en soluté injectable en sous-cutanée, s�avère toujours comme un médicament à action forte et rapide dans les maladies de la peau. Dans la pratique dermatologique, il apparaît cependant que le traitement à l�aide de ce remède type de médecine anthroposophique ne réussit, n�est ef! cace, que sur certains types précis de dermatoses. Pour décrire l�action de Dermadotodoron®, avec plus de précision que cela n�a été le cas jusqu�ici, nous partirons de l�idée d�un « remède type » en prenant pour exemple tiré de la nature, l�eau de Levico, et nous caractériserons ensuite le Dermadotodoron® dans ses grandes lignes. Après une brève description de le tripartition de la peau, nous énumèrerons les dermatoses qui ont été traitées avec succès grâce à ce médicament. Sur la base de ces tableaux cliniques nous constaterons que le remède type Dermadotodoron®, ne peut nullement être utilisé dans toutes les dermatoses.

L�eau de Levico, symbole d�un médicament

Dans le premier Cours aux médecins, Rudolf Steiner parle de l�eau curative de Levico comme d�un exemple de la nature où le médecin peut toucher du doigt les rapports entre la réalité extérieure et intérieure de l�être humain (1). Il décrit « la façon étonnante dont les forces du fer et du cuivre y sont compensées � cette compensation est à son tour élargie par la présence d�arsenic. » Cette eau curative « a été composée par un esprit bienfaisant. �Une telle substance a justement été préparée par la nature pour remédier à certaines pathologies humaines. » Voici caractérisée l�eau de Levico dans sa composition et son action bipolaire : d�une part les forces du complexe supérieur de l�homme sont stimulées par le processus fer et acheminées dans le

* Article tiré de : Der Merkurstab, 57. Jahrgang, Heft 6, 2004, p. 408-413 Ce médicament enregistré dans certains pays sous ce nom est disponible sous forme de préparation

de composition [Dulcamara, # os 5% / Lysimachia nummularia 5 % : Excipient q.s.p. 100%]** Cet article expose les vues personnelles de l�auteur et ne re# ète en aucun cas une opinion

of! cielle, qui, rappelons-le, n�existe pas en médecine anthroposophique.

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complexe inférieur, qui est d�autre part stimulé par le processus cuivre ; ainsi se manifestent les propriétés complémentaires et roboratives de cette eau curative.

Par cette description de l�eau de Levico, Rudolf Steiner met le doigt sur un fait essentiel, à savoir que les composantes fer et cuivre s�adressent aux complexes tant supérieur qu�inférieur de l�être humain. Ce principe de bipolarité se retrouve dans la plupart des « remèdes types » décrits dans le livre rédigé en commun par Rudolf Steiner et Ita Wegman (2). Nous considérons comme un principe fondamental du médicament anthroposophique le fait que grâce à son action aux pôles supérieur et inférieur, la guérison individuelle puisse se réaliser à partir du centre de l�organisme humain.*

Caractéristiques de formation de la peau

Partant de cette polarité du fer et du cuivre, Rudolf Steiner décrit dans le cours de la conférence (3) d�autres forces et processus polaires dans l�organisme humain, que l�on peut présenter schématiquement comme suit :

Fer - CuivreOxygène - AzoteMoi + Corps astral - Corps éthérique + corps physiqueRein - FoieRayonnement du fer - Force des protéines

Le rapport de l�oxygène et de l�azote dans la nature est un « re# et ! dèle » du rapport des éléments constitutifs supérieurs et inférieurs de l�être humain, et réciproquement. Les quatre composants principaux de l�albumine (carbone, oxygène, hydrogène, azote) du microcosme des organes internes se trouvent concentrés, en tant que processus, dans les quatre systèmes organiques « formateurs de protéines » (poumons, reins, c�ur, foie). A la force issue du complexe inférieur de l�être humain s�oppose le rayonnement du fer qui a sa source dans le complexe supérieur. La description de cette polarité par Rudolf Steiner est très frappante et nous allons la développer ici car elle est

* Pour une étude plus complète de l�eau de Lévico voir l�article de Gérard SAVOURNIN (Correspondances Médicales n°15)

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déterminante pour la compréhension de Dermadotodoron®. Avec le fer, « un effet rayonnant part du complexe supérieur de l�homme et se diffuse en se rami! ant vers les membres ». Ce rayonnement du fer « �.n�a pas tendance à déborder de l�organisme humain...ce qui rayonne là reste localisé à l�organisme humain�cela s�y cantonne. ». C�est « comme si, à ce rayonnement positif du fer vers la périphérie s�opposait un rayonnement négatif sous forme d�ondes sphériques. » Telle est la force des protéines, comme s�il existait « partout une action antagoniste barrant la route à ces forces de rayonnement du fer. »

Cette force fait que « l�on rencontre un obstacle, auquel se heurtent les forces de rayonnement du fer, obstacle que l�on ne peut traverser et qui empêche d�aller vers l�extérieur, au-delà de la surface du corps. » Cette force des protéines est ce « rayonnement antagoniste, par lequel agit « ce qui émane des quatre systèmes organiques �Les deux [ force de rayonnement du fer et force des protéines - NdT ] s�opposent, ce combat se poursuit sans trêve dans l�organisme. » (4).

Cette caractérisation si merveilleuse de précision, donnée par Rudolf Steiner à propos de la polarité du rayonnement du fer et de la force des protéines, agissant au sein de l�organisme humain, décrit en même temps la structure des forces, qui assure la délimitation du corps et la formation de la peau. Portées par le rayonnement du fer et inspirées par le biais de l�homme neuro-sensoriel, les forces de forme cosmiques parviennent à la peau dans une dynamique intérieure centrifuge. Ces forces de forme rayonnantes se saturent des forces des protéines, c�est-à-dire des forces des substances, qui retiennent ce rayonnement de sorte qu�il s�arrête précisément à la surface du corps, dans la peau. La dynamique des forces formatrices est paralysée par la pesanteur de la matière qui s�oppose en créant ainsi un équilibre. La peau est l�endroit où cet équilibre se réalise parfaitement lorsque la personne est en bonne santé.

Les conditions décrites du point de vue anthropologique peuvent être envisagées dans un contexte encore plus large, si l�on tient compte de ce que Rudolf Steiner disait, 9 ans plus tôt, à propos de la substance et de la forme, dans son cycle « Physiologie occulte » (5). « La formation cutanée au sens le plus large du terme nous montre

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dans l�espace l�image la plus pure de la démarcation d�elles-mêmes des forces formatrices de l�homme. (...) Alors qu�il nous faut imaginer que les forces formatrices agissent jusqu�à notre peau et qu�au-delà il n�en reste plus rien, il faut nous représenter pour les forces pénétrant dans notre organisme par le # ux nutritif et celui de l�air, que la démarcation du courant venu de l�extérieur n�est pas complète. C�est une transformation qui se produit. Il s�agit donc d�une transformation concernant surtout des organes que nous appelons l�univers intérieur de l�homme. » Les dernières forces auxquelles Rudolf Steiner fait allusion ont été quali! ées par lui de « forces de mouvement » ; il s�agit des forces de la matière mise en mouvement, des forces des substances. La polarité ainsi dé! nie peut être présentée en deux schémas (Figures 1 et 2, page suivante).

La polarité matière et forme peut être illustrée par l�histologie et la physiologie de la peau: la majeure partie des forces de substance s�arrête au niveau de la peau, c�est-à-dire qu�elles sont renvoyées dans l�organisme. Une petite partie dépasse les limites du corps sous forme de sébum, de sueur et de desquamation liée à la mort des kératinocytes. Les glandes sébacées, les glandes sudoripares et les follicules pileux sont en outre un exemple de l�interaction des forces de forme et des forces de substance : ces trois composantes partent de l�épiderme et s�étendent jusque dans la couche profonde du derme. C�est de l�épiderme qu�elles reçoivent leur forme ; dans le derme profond, elles sont saisies par les forces de substance qui leur permettent de produire la sueur, le sébum, les poils et cheveux.

Dermatodoron®, un remède type

Dans sa forme actuelle de préparation, Dermatodoron® [Dulcamara,

! os 5% / Lysimachia nummularia 5% / Excipient q.s.p. 100%] contient une décoction de # eurs de Solanum dulcamara et les parties aériennes de Lysimachia nummularia. C�est l�un des premiers remèdes types suggérés par Rudolf Steiner et il a été fabriqué pour la première fois en 1920. Son nom (Dermatodoron® = donné pour la peau) indique qu�il convient à toutes les affections cutanées et constitue donc un remède type pour la peau. Cet article ne s�étendra pas sur l�étude détaillée des deux plantes médicinales contenues dans le médicament, d�une part parce que cela a

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La peau constitue une terminaison

Intérieur Extérieur

Figure 1 Forces formatrices internes

Figure 2 Matière mise en mouvement

La peau est partiellement ouverte

C�ur Reins Foie Poumons

Extérieur

Intérieur

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déjà été fait maintes fois (6), d�autre part parce que le but de ce travail est de décrire son action dans les affections de la peau.

Toutefois, pour caractériser Dermatodoron® dans ses grandes lignes, mentionnons tout d�abord la polarité décrite par Rudolf Steiner entre plantes toxiques et plantes alimentaires (7). Sur la plante véné-neuse, le chercheur en science de l�esprit peut observer que « le fruit absorbe directement l�astral avant que celui-ci ne se soit chargé des forces de vie par un passage à travers l�éthérique. (�) Ces gouttes d�astralité qui n�ont pas suivi le trajet normal passant par l�atmosphère éthérique terrestre, se trouvent par exemple dans le poison de la belladone. » Ce principe vaut jusqu�à un certain point pour toute la famille des Solanacées et également pour Solanum dulcamara (8), même si ses alcaloïdes stéroïdiques sont nettement moins toxiques que les alcaloïdes d�Atropa belladonna. En revanche, les plantes alimentaires s�élaborent « dehors dans la nature, d�une manière analogue �à celle de l�homme invisible en nous. Nous recevons en nous ce qui provient d�une activité spirituelle, passe par une activité astrale, puis éthérique, avant d�entrer dans une activité physique ». C�est de là que provient l�action nutritive, édi! catrice, des plantes alimentaires sur l�organisme humain. Lysimachia nummularia fournit également ces forces anaboliques, souvenons-nous qu�au moins depuis l�époque de Lysimachos, un général d�Alexandre le Grand, elle a été utilisée comme vulnéraire (9). Des indications de Rudolf Steiner dans un cas pathologique spéci! que soulignent la ressemblance entre l�herbe aux écus et les forces anaboliques : l�action des plantes aux « # eurs jaunes et succulentes » se situe dans la sphère de « création du chyle alimentaire qui passe dans le sang » ; les # eurs jaunes agissent aussi « sur le passage du suc digestif dans les organes »(10). Lysimachia nummularia n�est certes pas une plante alimentaire au sens propre ; mais cette plante médicinale dotée de sa force végétative, dénuée de toute toxicité, de tout parfum et de toute force de déconstruction, implique, comme pour les plantes alimentaires, l�immersion harmonieuse de la spiritualité cosmique dans l�astralité cosmique, puis dans l�éther terrestre jusque dans le corps physique du végétal.

On peut donc résumer la polarité des deux plantes du Dermatodoron® selon les notions suivantes :

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Solanum dulcamara Lysimachia nummularia

Plantes toxiques Plantes alimentaires

Système neuro-sensoriel Système métabolique et moteur

Intervention directe du complexe supérieurdans les nerfs

Intervention directe du complexe supérieur dans les corps éthérique et physique dans le sang

Forces de forme Forces de substance

Dans la conférence où Rudolf Steiner se penche sur la polarité des plantes vénéneuses et des plantes alimentaires (11), il décrit une intervention directe des forces spirituelles dans le système neuro-sensoriel, une action de ces forces « qui part du Moi et pénètre directement dans le corps physique de l�être humain [« sans passer par le corps astral et le corps éthérique »]. Cette intervention « est vraiment très forte dans la tête, qui concentre la plupart des organes sensoriels ». En outre, cette action s�étend à l�homme tout entier, par le biais du « sens de la peau ». Solanum dulcamara est apparenté à ces forces qui circulent « le long des voies nerveuses » : « C�est d�abord l�organisation du Moi qui circule le long des voies nerveuses. Elle constitue une importante activité destructrice de l�organisme. Car c�est l�esprit qui plonge directement dans la matière physique. Et partout où l�esprit rentre directement dans la matière physique, il se produit un processus de destruction, de telle sorte qu�un subtil processus mortifère se répand depuis les sens, le long des voies nerveuses. »

Un autre courant s�oppose à ces forces, courant dans lequel l�organisation du Moi est progressivement plongée dans les autres éléments constitutifs jusque dans le corps physique ; ce courant part du système métabolique et des membres où sont logées les « forces intérieures de mouvement » qui, par le sang, acheminent dans tout l�organisme et jusque dans la peau les éléments nutritifs absorbés. Lysimachia nummularia est apparentée à ce courant.

Formé par la rencontre des deux plantes polaires Solanum dulcamara et Lysimachia nummularia, Dermatodoron® est un médicament pour la peau. Il reproduit au niveau de cette dernière,

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la rencontre du Moi intervenant directement dans les nerfs et du Moi agissant indirectement dans le sang, par le biais des autres éléments constitutifs.

La tripartition dans l�organe cutané

Avant d�énumérer les dermatoses susceptibles d�être améliorées par à un traitement avec Dermatodoron®, nous décrirons dans ces grandes lignes la tripartition de la peau :

Système neuro-sensoriel - épidermeSystème rythmique - derme super! cielSystème métabolique moteur - derme profond.

Dans l�épiderme, on reconnaît facilement la prépondérance des forces et des fonctions de l�homme neuro-sensoriel : de nombreuses terminaisons nerveuses libres s�étendent jusque dans le stratum granulosum où se forme la kératine dans les kératinocytes et où commence la mort des cellules. Ces terminaisons nerveuses confèrent à la peau son caractère d�organe de perception et de conscience. La fonction nerveuse est liée à la déconstruction et à la mort ; la mort des kératocytes va de pair avec la maturation de la kératine et des lamelles lipidiques intercellulaires. Ces deux substances assurent la fonction de barrière de la peau. La proximité des terminaisons nerveuses, de la différenciation biochimique et du début du processus mortifère dans le stratum granulosum, donne à l�observateur l�impression que la mort des kératinocytes est induite par les nerfs. Mais on ne connaît pas (encore ?) de substrat biochimique à ce lien de cause à effet.

Les processus métaboliques de la sphère inférieure de l�être humain sont principalement présents dans la partie profonde du derme et dans l�hypoderme. Le derme profond contient les follicules pileux, les glandes sébacées et sudoripares avec leur forte activité de synthèse de substance tout au long de la vie. Comme nous l�avons déjà mentionné, les follicules pileux et les glandes tirent leur impulsion formatrice de l�épiderme tandis que la substance en mouvement émane du derme profond. En comparaison de la diversité et de la sophistication des tissus du derme profond, l�hypoderme voisin est monotone du point de vue histologique : il est uniquement composé de cellules adipeuses au métabolisme plutôt inerte, raison pour laquelle, sous l�angle de la tripartition de la peau,

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nous tendons à voir dans l�hypoderme une « partie annexe » du derme profond.

Le système rythmique, avec de la circulation sanguine pulsée et la respiration, est concentré dans la partie supérieure du derme. La microscopie vitale permet d�observer les battements dans les capillaires des papilles. Cette intense irrigation sanguine assure la respiration interne des tissus jusqu�à l�ensemble de l�épiderme qui n�est pas vascularisé. Dans la coupe histologique de la peau, le rythme de la pulsation sanguine se re# ète dans le battement rythmique de la membrane basale ; de la même façon que la houle des côtes de la Mer du Nord, animée par le mouvement rythmique des vagues, laisse en re# uant, des ondulations sur le sable.

Appliquée à la peau, l�idée de la tripartition de l�organisme humain permet d�établir une correspondance différenciée entre l�organe cutané et l�ensemble de l�organisme. On peut alors identi! er la dynamique à l�origine de chaque éruption spéci! que des affections cutanées. La prépondérance des impulsions neuro-sensorielles d�un côté ou des forces métaboliques de l�autre, détermine les phénomènes suivants, assortis de leurs conditions associées (Tableau 1, page suivante).

Dermatoses soignées avec succès avec Dermatodoron®

En cas d�eczéma nummulaire, Dermatodoron® est le médicament de choix, et les injections sous-cutanées (à raison d�une ampoule injectable par jour ou tous les 2 jours) agissent plus rapidement que la prise orale (5 à 10 gouttes 3 fois par jour avant les repas chez l�enfant, 20 à 30 gouttes 3 à 4 fois par jour avant les repas chez l�adulte). On peut toujours recourir à des prises à haute dose de Dermatodoron® dans les cas aigus avec formes suintantes, encroûtées, fortement in! ltrées, imbibées de liquides organiques avec tendance prononcée à une colonisation bactérienne, ce qui engendre une amélioration notable en très peu de temps (1 à 2 semaines), qui, dans la durée, dépasse de très loin l�effet des corticoïdes à application externe, combinés à des antibiotiques. L�eczéma nummulaire a tendance à la chronicité et qui réclame de ce fait un pronostic prudent d�après les manuels (12), disparaît souvent complètement après un traitement au long cours avec Dermatodoron®.

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Correspondances médicales Printemps - Eté 2008 / n° 2234

En examinant plus précisément l�eczéma nummulaire, on se rend compte que le foyer, relativement bien délimité, est gros comme une pièce de monnaie, raison pour laquelle il a donné son nom à cette dermatose (bien entendu, ce diagnostic descriptif n�a pas de valeur signi! cative). Le fait intéressant est que l�eczéma nummulaire survient après un surmenage nerveux (stress) ; l�auteur a vu un certain nombre de patients atteints de cette dermatose, qui étaient des patrons d�entreprises chez lesquels la tension nerveuse se reconnaissait à un léger tremblement. Ce surmenage nerveux se répercute indirectement, de la façon suivante sur l�organe de la peau : les éléments constitutifs supérieurs ont tendance à relâcher leur emprise sur le métabolisme et de ce fait, les forces de mouvement incluses dans le sang, insuf! samment structurées, se déversent sans frein dans la peau, dans une dynamique centrifuge. Le foyer circulaire caractéristique en est un signe, et ce pour la raison suivante :

Tableau 1

Prépondérance du système neuro-sensoriel

Prépondérance du système métabolique

Morphologie : · Formes sèches

· In! ltration plutôt mesurée· Foyers mal délimités

· Desquamation sèche· Extension par plaques

· Formes suintantes, exsudatives, imbibéesde liquides organiques

· Papules séreuses, vésicules

· Foyers nummulaires, en forme de taches

· Croûtes par surinfection

· Exanthèmes

Localisation : · Plis du coude· Périorbitaire

· Creux poplités· Intertrigos· Rétroauriculaire

Constitution : · Neurasthénique · Hystérique

Tranche d�âge : · Age adulte· Vieillesse

· Enfance· Grossesse

Saison : · Hiver · Eté

Evolution de la maladie : · Chronique · Aigu

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Nous avons décrit précédemment comment l�action rythmique centrifuge du sang va modeler les papilles de la couche supérieure du derme qui imprime ses pulsations dans un mouvement centrifuge, vers la périphérie du corps. Si les forces du sang sont en excès, les papilles sont poussées par l�éthérique et s�étalent au-delà de la surface du corps. Le foyer circulaire est donc la coupe transversale au niveau cutané de cette papille au gon# ement pathologique, dont la pointe éthérique se trouve à quelques centimètres au-dessus de la surface cutanée. L�in! ltration (migration de lymphocytes et de granulocytes hors des capillaires jusque dans la couche supérieure du derme et dans l�épiderme) et la sécrétion avec spongiose (�dème péricellulaire de l�épiderme par émission de sérum hors des capillaires du corps capillaire) sont les phénomènes microscopiques et macroscopiques traduisant la prépondérance des forces de mouvement au sein des foyers circulaires.

Le foyer nummulaire (de la taille d�une pièce de monnaie) ainsi observé et compris va permettre de diagnostiquer l� « eczéma num-mulaire », et imposer immédiatement le traitement avec Dermatodoron®. Dans ce contexte, l�eczéma nummulaire révèle l�action de Derma-todoron® en ce qui concerne l�aspect sanguin, dans l�interaction entre sang et nerf au niveau de l�organe cutané (Figure 3).

Figure 3

Irrigation sanguine saine des papilles

Forces de substance du sang en excès

Papille « éthérique » gon# ée

Epiderme

Derme

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Autre domaine dans lequel Dermatodoron® déploie une action ! able : celui des dermatoses de la grossesse. L�herpès de la grossesse, la PUPPP (Pruritic urticarial papules and plaques of pregnancy) ou éruption prurigineuse tardive de la grossesse, et la dermatite atopique de la femme enceinte sont très vite améliorées par Dermatodoron®. La grossesse se caractérise par un renforcement des forces anaboliques, revitalisantes du sang dont l�embryon est tributaire durant sa croissance, mais qui sont actives dans l�ensemble de l�organisme maternel et donc dans la peau. C�est sur ce terrain que toutes les dermatoses de la grossesse prennent naissance, donnant par exemple à la dermatite atopique un très fort impact métabolique durant cette période de la vie.

La durée du pityriasis rosé de Gibert qui s�étale parfois sur des semaines peut être nettement raccourcie par Dermatodoron®. Dans ce type de dermatose, le médaillon primitif ainsi que les macules caractéristiques se logeant dans les lignes de fente de la peau manifestent le caractère d�un foyer circulaire.

L�urticaire au froid est améliorée par Dermatodoron®. Il est intéressant de noter que selon l�approche homéopathique, Dulcamara est un médicament à considérer en cas d�urticaire due au froid. Une irritabilité non spéci! que de la peau disparaît avec Dermatodoron®, notamment une tendance aux rougeurs de la peau du visage, liées au vent, ou un exanthème après s�être baigné dans des eaux naturelles stagnantes (à ne pas confondre avec la dermatite du baigneur due à la pénétration de la « puce du canard » ou cercaire ").En revanche, il est des dermatoses où Dermatodoron® est totalement impuissant, comme dans les cas d�acné, de rosacée ou de furoncles.

Le Dermatodoron® n�est pas un remède type de la dermatite

atopique ; d�après l�expérience de l�auteur, cela n�a ni sens ni effet de traiter un sujet atteint de cette affection avec ce médicament.

Toutefois, il existe certaines formes de dermatite atopique et des situations spéci! ques de cette dermatose où Dermatodoron® agit :

· formes suintantes tendant à la surinfection,· formes avec rougeur périfolliculaire sur tout le tronc,· foyers nummulaires,· formes suintantes du cuir chevelu, notamment rétroauriculaire,

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· formes suintantes aux genoux, surtout aux creux poplités, · en cas de constitution hystérique avec corpulence,· en cas de faiblesse digestive avec tendance aux diarrhées et

aux # atulences,· plutôt chez les enfants,· durant la grossesse,· si aggravation en été,· dans les cas très aigus.

En résumé, on peut dire que le Dermatodoron® agit sur l�eczéma constitutionnel de patients développant une forte contre-réaction métabolique secondaire sur une cause primaire neuro-sensorielle. Si par contre, on traite avec Dermatodoron® en injections s.c. une dermatite atopique sèche accompagnée de fortes démangeaisons, dont la forme indique sans équivoque une forte prédominance des forces neuro-sensorielles, il en résultera le plus souvent une aggravation au minimum subjective avec augmentation du prurit et, par voie de conséquence, des troubles du sommeil. En cas de diathèse atopique cutanée également, qui est presque toujours le signe d�un facteur déclenchant au niveau neuro-sensoriel (stress), le Dermatodoron® est contre-indiqué. Le mode d�action du Dermatodoron® est particulièrement net chez les patients atteints de dermatite atopique, victimes d�un surdosage au départ. La rougeur cutanée régresse certes mais les démangeaisons, signe d�un excès d�activité du système neuro-sensoriel, augmentent. Si l�on réduit les doses de Dermatodoron® les démangeaisons s�atténuent. Par conséquent, dans les cas de dermatite atopique accompagnés de symptômes d�hyperactivité du métabolisme, il s�agit de réfréner les forces des substances au niveau de la peau, en effectuant un « dosage » approprié, sans pourtant atteindre le point d�inversion où le Dermatodoron® provoque un renforcement des symptômes d�origine neuro-sensorielle.

De même, le Dermatodoron® n�est pas un remède type du psoriasis. Cependant, il est indiqué pour les formes spéci! ques suivantes du psoriasis :

· formes exsudatives,· formes très aiguës avec aggravation rapide de l�état de la peau,· formes exanthémateuses chez l�enfant, dont la cause

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Correspondances médicales Printemps - Eté 2008 / n° 2238

est souvent une infection à streptocoques des voies aériennes supérieures,

· cas de psoriasis inverse avec atteinte des plis, formes plutôt suintantes avec surinfection mycosiques.

Comme les formes de dermatite atopique que l�on peut traiter avec Dermatodoron®, ces formes de psoriasis à l�aspect suintant et éruptif sont marquées par les forces du métabolisme (outre le fait qu�elles résultent d�une prépondérance des forces du sang, caractéristique de cette affection). La forme exanthémateuse, (infantile ou virale) porte la signature du sang au niveau de la peau. Le sang, au lieu de trouver le juste milieu entre concentration dans le c�ur et extension dans la périphérie de la peau, af# ue unilatéralement dans la peau.

Dermatodoron® remède type « unilatéral »

Si l�on passe en revue le groupe de dermatoses pouvant être soignées avec succès grâce au Dermatodoron® administré par voie orale ou sous-cutanée, on constate que ce médicament agit avant tout sur les troubles de la zone dermo-épidermique, où les forces métaboliques induisent une accentuation pathologique.

La « transformation » décrite par Rudolf Steiner, celle de la

« transformation » du courant de substance par l�activité des organes internes (13) est visiblement incomplète, de sorte que les « forces de mouvement » (13) ne sont pas suf! samment dirigées. De ce fait, les activités métaboliques qui, lorsque la peau est saine, se déroulent dans la couche profonde du derme, à savoir production de sébum, de sueur et de poils et cheveux, se déplacent vers les couches cutanées supérieures lors d�un processus pathologique. Des ef# orescences se forment alors, partant du derme super! ciel et de l�épiderme ; elles sont liées à la force métabolique du sang qui exerce une poussée vers l�extérieur et déforme ces couches cutanées. Dans un corps en bonne santé, celles-ci sont bien plus imprégnées de forces formatrices et d�un ordre plein de sagesse que le derme profond ou l�hypoderme. La force des protéines devient trop grande et le rayonnement du fer est trop faible, de sorte que les « ondes sphériques » (14) se manifestent sous forme de foyers nummulaires à la surface de la peau.

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Ainsi le Dermatodoron® n�est pas un médicament à usage général à utiliser pour toutes les maladies de la peau, en pensant qu�en renforçant la partie médiane on obtiendra une harmonisation et un équilibre des excès. Dans sa composition polaire, ce médicament n�a soit aucune action ou une action insuf! sante sur les forces revita-lisantes, nutritives de l�organe cutané. En cas de processus excessif, ces forces peuvent certes être atténuées et ramenées à la normale, mais en cas de faiblesse de l�activité métabolique, Dermatodoron® n�est pas en mesure de la stimuler ou de la renforcer. Au contraire, Cardiodoron est l�exemple d�un médicament anthroposophique créé pour les affections typiques du c�ur et de la circulation, et qui permet de traiter pratiquement toutes les pathologies de ce système. Dermatodoron®, remède type pour la peau, centre son action spéci! quement sur la structuration des processus métaboliques dans l�organe cutané.

En conclusion, il faut se demander si une nouvelle approche pharmaceutique permettrait d�étendre l�action de Dermatodoron®. Est-il possible, en reformulant le Dermatodoron®, de renforcer l�autre pôle de structuration du métabolisme cutané, à savoir d�accentuer la revitalisation de ce métabolisme ? Cette action part de Lysimachia nummularia ; faudrait-il renforcer le rôle de cette plante thérapeutique du Dermatodoron® ? Ce médicament serait alors éventuellement applicable dans la dermatite atopique en tant que dermatose entraînant une trop grande perte de vitalité à cause d�un excès d�activité nerveuse. Ce n�est qu�à ce titre que Dermatodoron® deviendrait un « remède type » à part entière et pourrait être utilisé dans de nombreuses affections cutanées, elles aussi polaires. $

Mes remerciements vont au Dr. Peter A. Pedersen, au Dr. Roland Schaette

et au Dr. Armin Schef" er pour la révision du manuscrit et leurs suggestions déterminantes.

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Correspondances médicales Printemps - Eté 2008 / n° 2240

Bibliographie

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2. Steiner R. et Wegman I. Données de base pour un élargissement de l�art de guérir, Chapitre XX « Remèdes types » Editions Triades, 1985, GA 27

3. Steiner R. : Médecine et science spirituelle, Conférence du 1er avril 1920 Dornach, Editions Anthroposophiques Romandes, 1978, GA 312

4. Steiner R. : Médecine et science spirituelle, Conférence du 1er avril 1920 Dornach, Editions Anthroposophiques Romandes, 1978, GA 312

5. Steiner R. : Physiologie occulte, Conférence du 24 mars 1911, Editions Anthroposophiques Romandes, 1996, GA 128

6. Jachens L. : Ernst R. « Résultat du cercle de travail dermatologique anthroposophique ». Der Merkurstab 1999 ; 52 ; p.262-265. Tiré à part dans Weleda Korrespondenzblätter für Ärzte n° 150, octobre 2000; p. 97-102Daems,W. F. « Bittersüss und Pfennigkraut � die Heilp# anzen im Dermatodoron ». Weleda Korrespondenzblätter für Ärzte n° 72, 1969 :p.16-23Pelikan W. Dermatodoron - Lysimachia nummularia, Solanum dulcamara. Ärzterundbrief 5. 1947; p. 34-37Schramm H. Dermatodoron. Weleda Korrespondenzblätter für Ärzte N°127.1990: p.60-67Vandacasteele L, Schaubroek M. Dermatodoron. Circulaire de la Section médicale 4.1994: p.73-74

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11. Steiner R. : Erdenwissen und Himmelserkenntnis. Conférence du 11 février 1923. Dornach, Rudolf Steiner Verlag, 1998, in GA 221 (traduite dans Cahiers de Médecine Anthroposophique n° 18 � 1982 « L�homme invisible en nous » p. 5-18)

12. Braun-Falco o.,Plewig G., Wolff HH. Dermatologie und Venerologie, Springer Verlag, Berlin, Heidelberg, New York, 1996

13. Steiner R. : Physiologie occulte, Conférence du 24 mars 1911, Editions Anthroposophiques Romandes, 1996, GA 128

14. Steiner R. : Médecine et science spirituelle, Conférence du 1er avril 1920 Dornach, Editions Anthroposophiques Romandes, 1978, GA 312

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Correspondances médicales Printemps - Eté 2008 / n° 22 41

Le calcium, substance et processus en l�homme *Contribution au problème de la dynamisation des substances dans l�organisme humain

Hans Broder von LaueTraduction Laetitia Lescourret

1. Introduction

1.1 Questions posées à la science de l�esprit

Dans le contexte de la science de l�esprit, la description des substances fait toujours la distinction entre « processus » et « substance ». Steiner souligne que toute substance analysable se trouve à l�état de « matière » parvenue au terme d�un processus, ce processus étant déterminant dans l�effet thérapeutique : « il est inexact de dire : le plomb est le remède de telle ou telle affection. Il s�agit de savoir comment s�est déroulé le processus, si la substance est à l�état brut ou si elle a été soumise à une transformation. C�est la manière de traiter la substance qui importe » (1). Le mode de préparation pharmaceutique a pour but d�améliorer l�effet thérapeutique, qui se manifestera ! nalement dans l�application clinique. Il importe de savoir si l�amélioration attendue transparaît auparavant dans des examens qualitatifs ou quantitatifs. Il faut pour cela faire la distinction entre les différents niveaux processuels auxquels sont soumis les substances, d�où leurs différents effets thérapeutiques ; ces processus sont décrits par Steiner en termes qualitatifs.

Pour comprendre chaque « substance » il est nécessaire de connaître non seulement ses propriétés analysables mais aussi les processus actifs qui ont agi sur cette substance. Ces processus peuvent, selon le cas, être davantage cosmiques ou davantage telluriques (1), plus constructeurs ou plus déconstructeurs. Cela est valable pour les processus s�opérant dans le cosmos et en l�être humain. Cette approche peut sembler inhabituelle, mais elle ne l�est que si l�on se réfère uniquement aux substances anorganiques de la nature pour essayer de la comprendre. Pour les phénomènes physiologiques de l�organisme humain, il est clair d�emblée que toute substance soumise à l�analyse n�est qu�un état momentané d�un processus métabolique extra- et intracellulaire. Cet état momentané * Article tiré de : Der Merkurstab, 57. Jahrgang, Heft 2, 2004, p. 78-95

Le Docteur Hans Broder von Laue est Spécialiste en médecine interne, actif en cancérologie à Öschelbronn et enseigne la médecine anthroposophique

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Correspondances médicales Printemps - Eté 2008 / n° 2242

peut être quanti! é. La physiologie se préoccupe peu de savoir s�il s�agit de processus constructeurs ou déconstructeurs. Steiner caractérise les processus constructeurs intérieurs à l�homme en disant que dans ce cas, il y a création de substances, af! nage qualitatif, et qu�elles deviennent alors plus assimilables par l�élément spirituel en l�être humain. Les processus de déconstruction des substances résident dans le fait que celles-ci sont en voie d�élimination, qu�elles sont plus grossières sur le plan qualitatif, redeviennent étrangères à l�être humain et plus apparentées au monde extérieur (2).

L�un des objectifs de cet article est de caractériser les niveaux qualitatifs de la substance en l�être humain, a! n de mieux comprendre la notion de dynamisation chez Steiner. Le point de départ de cette étude est l�indication selon laquelle chaque substance absorbée par l�organisme humain avec les aliments, doit d�abord être déconstruite et décomposée jusqu�à faire disparaître toute trace active de son origine animale ou végétale. Ensuite, la substance doit de nouveau être « dynamisée » (homéopathisée) par le biais d�un processus anabolique intérieur (3). Cette dynamisation se fait en parcourant quatre degrés de qualité différente. Selon la description faite dans d�autres ouvrages, de cette même réalité de la science de l�esprit, les substances, partant d�un état minéral, donc anorganique, sont transformées en l�homme pour acquérir une qualité porteuse de vie. Ce niveau processuel est à son tour af! né pour s�élever jusqu�à une fonction psychique et en! n atteindre une qualité ouverte au Moi (4,5). Une troisième description fait état des mêmes plans qualitatifs : « Tout ce qui est minéral en l�homme doit être transformé jusqu�à devenir éther de chaleur. Autrement dit, tout élément minéral qui pénètre dans notre organisme subit une métamorphose, une transformation qui doit aboutir à un moment donné, à une pure chaleur, cette chaleur propre développée par l�homme lui-même, et qui est plus élevée que celle de son milieu. Que notre organisme ingère un sel ou toute autre substance, avant que l�organisme ne puisse l�utiliser pour son édi! cation, sa structuration, il devra passer par le stade de l�éther de chaleur. Si nous observons un sel dans la nature, hors de l�homme, et croyons que ce sel va circuler tout simplement à travers notre organisme, pour entrer dans la composition de nos os, de nos dents, etc., c�est pure folie. Ce qui réapparaît dans la structure humaine, doit tout d�abord être passé par le stade de l�éther de chaleur, entièrement impalpable, pour être ensuite

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Correspondances médicales Printemps - Eté 2008 / n° 22 43

retransformé et apparaître dans la structure vivante de l�organisme humain » (6). Là encore, Steiner fait allusion au fait qu�une substance minérale apparentée au monde extérieur, absorbée dans la nourriture sous forme de calcium par exemple, doit successivement prendre de nouvelles qualités dans l�organisme pour ! nalement atteindre un état de pure chaleur. Ce n�est qu�à ce stade de qualité que la substance humaine s�ouvre aux forces venant du cosmos, toujours nécessaires pour structurer normalement l�organisme.

Nous pouvons supposer que ces trois descriptions font allusion au même phénomène :

· les éléments absorbés avec la nourriture sont d�abord déconstruits dans l�être humain puis dynamisés, homéopathisés, c�est-à-dire reconstruits.

· Les substances sont transformées pour être graduellement et successivement portées de l�état minéral à un état davantage vivant, puis ouvertes aux facultés psychiques et en! n ouvertes au Moi, avant de devenir les instruments d�activités physio- logiques précises.

· Les substances sont progressivement métamorphosées en l�homme pour passer du stade du minéral à celui de pure chaleur.

Dans les paragraphes suivants, des états du calcium, connus sur le plan physiologique, seront décrits de façon à mettre en relief ces stades qualitatifs.

1.2 Stades du calcium � premier aperçu

Le calcium joue un rôle primordial dans la régulation de différentes fonctions cellulaires où seules d�in! mes quantités de substance sont requises pour servir d�instrument aux diverses taches intracellulaires. En comparaison, le calcium extracellulaire des os, semble stable, comme quantitativement ! xe et au repos. Le corps contient au total environ 1000 g de calcium, dont 99% se trouvent ! xés dans les os, sous forme de cristaux d�hydroxyapatite (Ca

10[PO

4]6[OH]

2). Le

calcium du sang, avec son homéodynamique complexe, est l�élément médiateur entre le calcium des os et le calcium intracellulaire (NDLR : Pour certains auteurs le concept « d�homéodynamique » est plus adapté que celui « d�homéostasie »).

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Bien que les liquides du corps soient sursaturés de calcium et de phosphate, il n�y a pas de cristallisation spontanée : ce danger de minéralisation est normalement écarté grâce aux interactions avec le collagène et d�autres substances.

Une partie du calcium se trouve dans le sérum sous forme de calcium inorganique ionisé (Ca++). Il s�agit de la seule partie active du calcium contenu dans le sang. Par ailleurs, il apparaît sous forme de sels complexes anorganiques, phosphate, citrate et sulfate. Ces sels ! ltrent sous forme libre à travers les parois capillaires et, en tant que tels, font partie des substances générales extracellulaires. Environ 40% du calcium sanguin est lié aux protéines du sérum. Ces protéines enveloppent le calcium, l�isolant du milieu extérieur. Ce calcium peut, si besoin est, être rapidement libéré de ces protéines ou bien rapidement quitter sa forme ionique active pour retrouver son enveloppe, ce qui le rend inactif sur le plan physiologique. La concentration sérique du Ca++ est très soigneusement maintenue à environ 2,5 mmol/l. En cas de dé! cit, la résorption à partir de l�intestin est augmentée, du calcium est libéré de l�os et la réabsorption est accrue au niveau du rein.

On peut se rendre compte à quel point la conscience de l�être humain dépend d�un niveau suf! sant de calcium anorganique ionique dans le sérum, lorsqu�on observe une hyperventilation. Dans ce cas, il se produit pendant une courte période une alcalose respiratoire et les ions libres de Ca++ sont réduits au pro! t du calcium lié aux protéines. Il s�ensuit une hyperexcitabilité neuromusculaire accrue (signe de « la main d�accoucheur ») avec spasmes et une baisse de la conscience due à une diminution de l�irrigation du cerveau (la baisse de pression du CO

2 entraîne une vasoconstriction cérébrale). L�incapacité à se

mouvoir (tendance aux spasmes) et à penser (baisse de la conscience) ainsi que l�angoisse caractérisent le tableau de l�hyperventilation. Si l�alcalose dure plus longtemps, le calcium osseux sera mobilisé a! n de rééquilibrer l�insuf! sance fonctionnelle du Ca++ ionique.

Dans ce contexte, le phosphate de calcium sérique qui fait of! ce de tampon, joue un rôle subalterne. Par contre, ce tampon est particulièrement important dans la zone rénale au pH fortement acide. La sécrétion d�acide dans l�urine lui est étroitement liée. Sur le plan physiologique, le phosphate de calcium cristallise dans les os.

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Correspondances médicales Printemps - Eté 2008 / n° 22 45

Des dépôts pathologiques de calcium peuvent se rencontrer dans tous les tissus, notamment sous forme de microcristaux dans le cancer du sein et d�autres tumeurs.

L�homéodynamique calcique dans l�organisme est constamment menacée par le gradient de concentration des substances entre espaces intra- et extracellulaire.

Ce gradient est particulièrement important dans le cas du calcium : dans l�organisme, environ 1000 g de calcium (à court terme, extracellulaire) sont ! xés, c�est-à-dire déposés dans les os. Moins de 1% de cette quantité est disponible dans le milieu extracellulaire, sous forme de calcium sanguin. La fonction cellulaire dépend de l�alimentation du cytosol par un # ux de Ca++ provenant de l�espace extracellulaire. Le rapport de concentration entre le liquide extracellulaire (2,4 mmol/l) et l�activité ionique intracellulaire (0, 001 mmol/l) est de 1 : 2000. L�organisme vivant doit en permanence dépenser de l�énergie a! n de maintenir un gradient de concentration dé! nissant les limites entre intérieur et extérieur, et de permettre de nouvelles fonctions.

Dans l�évolution du vivant, le gradient de Ca++ apparaît déjà sous forme de fonction chez les procaryotes : des cyanobactéries utilisent un signal Ca++ pour changer de direction dans leur mouvement, dès qu�apparaît l�obscurité. Pour cela, elles ont développé les premiers échangeurs Ca++/ H+ et Ca++/ Na+ ainsi que les pompes ioniques Ca++-adénosine-triphosphatase (ATPases) a! n de rejeter à nouveau le Ca++ intracellulaire en excès, après le signal (7).

Ce gradient est l�expression de la vie d�une cellule ou d�un organisme entier. Il disparaît rapidement lors de la mort cellulaire ou de l�organisme ; il est momentanément en danger au début de chaque action cellulaire et doit être reconstitué après cette action. Plusieurs possibilités ont été élaborées pour ce faire : la plus importante est une pompe ionique adénosine-triphosphatase dans laquelle l�énergie dégagée sous forme d�adénosine-diphosphate (ADP) par dégradation de l�adénosine-triphosphate (ATP), est utilisée pour neutraliser activement le gradient de diffusion entre le milieu intra et extracellulaire. De plus, on connaît les mécanismes de transport (carriers ou transporteurs) qui exportent de la cellule une molécule

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de Ca++ en échange de 3 molécules de Na+, contre le gradient de concentration. En polarité avec ce phénomène, existe la possibilité de stocker le calcium dans des vésicules à l�intérieur de la cellule, et de le libérer de façon ciblée dans le cytosol, si nécessaire. Ce stockage intracellulaire de calcium permet les mouvements rapides des muscles volontaires. Le # ux de Ca++ provenant du liquide extracellulaire est trop lent pour cette fonction. Pour le stockage intracellulaire du calcium, des pompes ATPases situées dans les membranes intracellulaires déplacent les ions Ca++ du cytosol vers les vésicules, permettant les concentrations intravésiculaires.

Toute augmentation intracellulaire soudaine de la concentration en Ca++ est un signal qui déclenche des changements d�activité dans les processus de régulation cytoplasmique puis dans les phénomènes extracellulaires. L�organisme utilise le calcium comme un commutateur pour orienter les processus dans d�autres directions. Dans ce cas, le mode d�action du Ca++ est soit direct soit comme « second messager », après activation par des enzymes ou d�autres protéines (la calmoduline, par exemple).

Lors de la dépolarisation initiale d�une cellule, les canaux ouverts sont d�abord ceux du sodium. Puis, avec un léger temps de retard, s�ouvrent les canaux du potassium et du calcium. Lors de la repolarisation, ce sont à nouveau les canaux de sodium qui se referment les premiers, puis ceux du potassium et du calcium. La repolarisation peut être ralentie ou excessive à cause de la conductance du potassium. La durée de la dépolarisation (ou phase de plateau) est également régulée par des processus de ralentissement ou d�accélération. La concentration du calcium dans le cytosol est également essentielle pour les liaisons intercellulaires (gap junction) ; en cas d�augmentation du Ca++ intercellulaire libre, elles se ferment encore plus étroitement et rendent dif! cile la pénétration dans les cellules de tout # ux de Ca++ provenant du liquide extracellulaire.

2. Calci" cation des os, de l�émail, de la dentine et du cément

Dans tous les organismes vivants, le développement d�un tissu spéci! que commence toujours par une phase dite morphogénétique,

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avant d�entamer la phase de différenciation cellulaire. « Durant la première moitié du 20ème siècle, la cytodifférenciation était le problème essentiel des biosciences. Ce n�est qu�ensuite que le problème de la morphogenèse, qui d�ordinaire passe pour occulte, est passé au premier plan sur le plan scienti! que. Selon la conception scienti! que actuelle, lors de la morphogenèse, les programmes génétiques sont activés de telle façon que les cellules sécrètent successivement différentes substances et sont in# uencées de façon secondaire dans leur activité par ces « morphogènes ». L�une de ces substances est la protéine morphogénétique des os (BMP ou Bone Morphogenetic protein), particulièrement importante dans la morphogenèse osseuse. La minéralisation des tissus répond toujours à une certaine loi : les cellules spécialisées sécrètent tout d�abord des protéines ou des glycoprotéines. Ceux-ci constituent tout autant la con! guration générale de l�organe à venir que la microstructure du milieu où aura lieu la cristallisation. Les protéines déterminent par exemple si le carbonate de calcium cristallise sous forme d�aragonite ou de calcite. Cette protéine est codée par un gène connu. Les macromolécules protéiques s�agrègent et forment un espace fermé qui fait of! ce de « cavité ». Les ions de Ca++ y sont tellement concentrés qu�une cristallisation peut avoir lieu. L�organe s�effriterait sous la pression si les cristaux n�étaient d�une part, con! gurés de façon précise dans l�espace selon un certain ordre et avec des axes opposés, et d�autre part si la matrice organique interposée ne conférait pas une certaine élasticité à cet agencement.

Dans l�émail dentaire, la dentine et les os, les cristaux d�hydro-xyapatite se Différencient par le nombre de groupes carbonate. L�émail dentaire est composé à 80-90% de cristaux enrichis au carbonate, la dentine en contient jusqu�à 13% et les os, 10%. Dans l�émail, les cristaux d�apatite sont plus gros, plus homogènes et mieux cristallisés que ceux de la dentine et des os (9). (Les indications de Steiner à propos du carbonate et du phosphate de calcium dans la conférence du 4 janvier 1924 (10) demandent selon moi à être étudiées de plus près).

2.1. Formation des os

Le minéral osseux est un mélange de différentes variétés d�apatite (Ca

5[F,O, OH)/(PO

4)

3] (11) : l�hydroxyapatite [(Ca

10(PO

4)

6 (OH)

2] est

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plus soluble que l�apatite minérale. Différentes apatites carbonatées [(Ca

10 (PO

4)

6CO

3] (podolite, dahlite, staffelite, collophanite) ainsi que

des hydroxyapatites substitutives du carbonate [(Ca10

(PO4/CO

3)6 (OH)

2]

et de # uoroapatite [(Ca10

(PO4)

6 F

2] participent conjointement à la

formation du tissu osseux.(Cette complexité et cette variabilité ne facilitent guère une analyse

précise, car chaque méthode d�analyse modi! e la teneur en eau et en carbonate ainsi que la taille et la variété des cristaux. La forte réactivité du tissu osseux entraîne facilement des artéfacts expérimentaux.)

Chez l�enfant le volume de sang irriguant les os atteint 10% du volume de sang artériel, chez l�adulte cette proportion passe de 6 à 9 %. Le taux journalier de remodelage osseux est de 1% chez l�enfant, de 0,3% chez l�adolescent, et de 0,05% chez l�adulte.

L�observation du développement du taux de minéralisation de l�os fait ressortir plusieurs étapes : dans l�os jeune en formation environ 50% de l�apatite est amorphe, dans l�os vieux, le pourcentage n�est que de 10%. Dans le processus de maturation, on distingue une première phase cristalline avec des cristaux hexagonaux et tricliniques (octophosphate de calcium [Ca

8H

2(PO

4)

6 H

2O] ou OCP). Chez le f�tus,

ces cristaux ne sont pas encore rangés parallèlement aux ! bres de collagène, ce n�est qu�une à 2 semaines plus tard qu�ils s�organisent le long des lignes de force rendues visibles par les faisceaux de ! brine (14). Dans une troisième étape, l�octophosphate de calcium est hydrolysé en hydroxyapatite avec des cristaux aciculaires, situés sur ou dans les ! bres de collagène. Leur diamètre est de 250 à 750 nm et leur longueur de 4 000 à 12 000 nm.

Dans l�émail dentaire, les cristaux ont une épaisseur de 0,05 mm et une longueur de 0,1 mm (15). Le volume des cristaux d�émail est donc environ 200 fois plus gros que celui des cristaux d�apatite de la dentine et des os.

Lors de la formation du minéral osseux, le phosphate et le carbonate se lient vraisemblablement en même temps et les phosphates repousseront par la suite le carbonate du centre des cristaux vers la périphérie. Une plus grande densité osseuse est obtenue par la multiplication des cristaux et non par l�augmentation de leur taille.

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L�énorme surface de tous ces cristaux permet un échange rapide du calcium et du phosphate par le sang.

Dans le squelette, outre les différents types de cristaux, on distingue aussi un état stable ou labile du carbonate osseux (et vraisemblablement aussi du phosphate osseux). Le carbonate osseux stable constitue seulement 2/3 environ du total de la masse osseuse. Il se trouve davantage en position centrale au sein de la structure cristalline d�apatite. Il ne peut être échangé et reste non substituable même en cas d�insuf! sance rénale grave ou d�hypocalcémie. Par contre le carbonate osseux labile à la surface de l�apatite, est absorbé ou bien stocké dans un compartiment séparé facilement soluble. Ce pourcentage dans l�os baisse au fur et à mesure que l�on avance en âge mais augmente en cas de progression de la densité osseuse (16). Ce carbonate labile est la seule source de calcium rapidement disponible pour le sang. Dans une insuf! sance rénale compensée, le taux du carbonate de calcium labile baisse et peut même disparaître totalement en cas d�urémie sévère. Cette perte change probablement peu de chose à la structure osseuse interne composée d�apatite, et à la proportion en phosphate de calcium stable.

Il existe probablement aussi un taux stable et un taux labile de phosphate de calcium dans les os (17).

2.2 Formation de l�émail dentaire

Selon différents chercheurs, d�un point de vue évolutif, la formation de l�émail dentaire est en liaison avec l�exosquelette des animaux inférieurs (18). Elle s�accomplit en trois phases : 1) phase de sécrétion, 2) phase transitoire et 3) minéralisation proprement dite. Nous les décrirons brièvement.

2.2.1 Sécrétion (remplissage)

Les adamantoblastes ou améloblastes se développent à partir des cellules épithéliales productrices d�émail, provenant des cellules de l�épiderme de la cavité buccale. L�étape évolutive suivante est constituée par les préadamantoblastes. Le noyau de ces cellules, qui dans l�épithélium producteur d�émail marquait encore la limite de la dentine, se déplace vers la zone de la pulpe, en préparation de l�amélogénèse. Ces cellules allongées, en forme de colonnes, secrètent

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une matrice extracellulaire riche en protéines et migrent de la limite de la dentine vers la cavité de la pulpe productrice d�émail. Cette sécrétion � Hinrichsen (19) la compare à la pâte que l�on exprime d�un tube � se fait de façon excentrique, avec alternance des éléments sécréteurs et non sécréteurs. La matrice extracellulaire créée a la forme des futurs cristaux d�émail. Cette forme, suivant l�exemple des améloblastes, est étirée en longueur. A son extrémité distale, le prolongement de Tomes est le lieu de la plus forte activité sécrétrice. Les protéines de l�émail (amélogénine, énaméline, améline, etc.) contenues dans la matrice empêchent une cristallisation trop rapide de l�hydroxyapatite et permettent une édi! cation correcte sur le plan qualitatif. Elles sont riches en proline, glutamine et leucine. Les protéines de l�émail sont dégradées par des gélatinases (métalloprotéases neutres) dont l�activité augmente en ! n de phase sécrétrice. La phase de cristallisation commence. Les sérines-protéases, elles aussi à peine actives durant la phase sécrétoire connaissent leur maximum dans les phases de transition et de maturation précoce et sont responsables de la dégradation de l�amélogénine (Tableau 1). Il est possible que le sens de la croissance du cristal dépende de la matrice entourant les cristaux d�émail encore immatures.

Les glycoprotéines de la matrice de l�émail (amélogénine et énaméline) sont nécessaires d�une part pour la nucléation du cristal et d�autre part pour la régulation de la croissance du cristal d�émail. Les énamélines, très proches de la surface du cristal, forment des enveloppes autour des cristaux en formation. Les amélogénines, plutôt disposées dans les interstices, régulent l�orientation et la croissance (20).

2.2.2. Transition (phase de maturation)

Dans cette seconde phase, les améloblastes voient leur taille diminuer, ils cessent leur sécrétion, les protéines reviennent de la matrice extracellulaire dans les améloblastes par le biais des prolongements de Tomes ; elles sont remplacées par le liquide tissulaire, puis ces prolongements disparaissent. Le contenu en # uorure augmente pendant une brève période pour retomber ensuite. Ce processus # uoré témoigne de la formation de l�émail. Un peu plus tard, apparaît puis disparaît le magnésium, qui ralentit la croissance du cristal. La structure du cristal est améliorée par cette brève impulsion. S�il reste trop de magnésium, les cristaux sont moins bien structurés.

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C�est au début de la formation de l�émail que la quantité de carbonate est à son maximum, ensuite elle ne cessera de décroître. Cette baisse a été mise en relation avec le ralentissement de l�activité des améloblastes. Une quantité accrue de carbonate ralentit la croissance des cristaux d�émail, l�expérimentation montre que les cristaux d�apatite qui se forment sont alors moins bien structurés. In vitro, le carbonate, très vite absorbé par les cristaux d�émail, entraîne une croissance en profondeur et en largeur (axes a et b des cristaux). Si l�on compare l�émail, la dentine et l�os, c�est dans l�émail que le pourcentage de carbonate est le plus fort, avec un pic pendant la première phase de formation, par rapport aux suivantes (21).

Tableau 1 Composition ionique des liquides du corps (mmol/l) selon Klinke (22)

PlasmaEau du plasma

Liquide interstitiel

Liquide intracellulaire

Cations

Na+ 142,0 153,0 145,0 12,0

K+ 4,3 4,6 4,4 139,0

Ca++ 2,5 2,7 2,4 < 0,001 *

Mg++ 1,1 1,2 1,1 1,6 *

Total 149,9 161,5 152,9 152,6

Anions

Cl- 104,0 112,0 117,0 4,0

HCO3

24,0 26,0 27,0 12,0

HPO42

-/H2PO4- 2,0 2,2 2,3 29,0

Protéines 14,0 15,0 0,4 54,0

Divers 5,9 6,3 6,2 53,6

Total 149,9 161,5 152,9 152,6

* A la place de la concentration intracellulaire totale de Ca++ et de Mg++, ont été indiqués les paramètres plus importants du point de vue biologique, à savoir les activités ioniques, qui sont plus faibles que les différentes concentrations globales.

** Dans les protéines, est indiquée la concentration de l�équivalent de charge (meql/l) et non la concentration quantitative.

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2.2.3 Minéralisation

Les améloblastes n�ont plus que 50% de leur longueur initiale, ils possèdent désormais de nouvelles spécialisations membranaires caractéristiques. Les cristaux d�émail continuent de grandir en hauteur et en diamètre, tandis que les minéraux se déposent. La composition en acides aminés des protéines de la matrice productrice d�émail se modi! e au début de la phase de minéralisation (Figure 1). Les taux de proline, glutamine et leucine régressent. Le transport de Ca++

hors

de la cellule est effectué par les Ca-ATPases se trouvant dans la membrane plasmatique. Excrété à la surface cellulaire distale et sur le prolongement de Tomes contre un gradient de concentration élevé, le Ca++ permet la précipitation des sels de phosphate de calcium hors des améloblastes. En échange, le Ca++

provenant de la matrice

extracellulaire est absorbé par la partie proximale de la cellule. Là sont concentrées les protéines de ! xation du Ca++ (calbindines, calmoduline, annexines). Plusieurs complexes successifs de Ca++

et

de protéines ! xatrices du Ca++ migrent de l�extrémité proximale vers

l�extrémité distale de la cellule. A l�heure actuelle, on ne sait toujours pas comment la cellule isolée réussit simultanément à absorber à l�extrémité proximale du Ca++

provenant de la matrice extracellulaire

de la pulpe de l�émail, et à l�excréter à nouveau dans la zone de cristallisation à l�extrémité distale.

La nutrition de l�épithélium interne producteur d�émail se fait par les vaisseaux de la pulpe dentaire mais seulement jusqu�au début de la prédentinogénèse. Ensuite le # ux de substance destiné aux améloblastes diffuse à travers la pulpe de l�émail. Les vaisseaux n�apparaîtront dans cette pulpe qu�à un stade très avancé de son développement.

La cristallisation de l�émail commence peu après le début de la cristallisation dentinaire, à partir de la limite de celle-ci. On ne sait pas encore très bien si les cristaux de dentine eux-mêmes servent de noyaux aux cristaux d�émail ou si une rangée de noyaux de cristallisation indépendants apparaît dans le cristal d�émail.

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Figure 1Stades du développement de l�émail de l�incisive à croissance permanente du rat (9).

Les améloblastes sécréteurs sont des cellules minces polarisées avec le prolongement de Tomes à leur extrémité distale. Pendant la phase de transition, les améloblastes raccourcissent, le prolongement disparaît. Pendant cette période, on note une brève augmentation du fluor, et un peu plus tard du magnésium dans les tissus, tandis que le taux de carbonate ne cesse de baisser. Au stade de maturation, les modifications suivantes ont lieu :1) La composition des acides aminés se modifie au début : la proline, la glutamine et la leucine, caractéristiques de l�amélogénine, disparaissent pratiquement complètement.2) Simultanément, la teneur en protéines diminue dans les tissus.3) La teneur en minéral s�élève.

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3. Absorption, répartition et élimination du calcium

L�absorption quotidienne de Ca++ par l�alimentation (lait, fromage,

�ufs, eau « dure ») est d�environ 1g/jour. Le calcium pénètre par diffusion, c�est-à-dire passivement, de la lumière de l�intestin dans les cellules de la muqueuse de la partie supérieure de l�intestin grêle. Une liaison protéique est instantanément constituée et le Ca++

ionique

externe, enveloppé de cet emballage, est introduit dans la cellule muqueuse d�où il est ensuite activement propulsé, par une pompe Ca++-ATPase ou un échangeur Na+/Ca++, dans le tissu interstitiel, c�est-à-dire dans le milieu extracellulaire général (22).

Dans l�intestin, le calcium est d�une part résorbé, et peut aussi être excrété par les sucs intestinaux en quantités assez importantes. Ainsi la résorption nette n�est que de 10 à 25% de la quantité absorbée, car jusqu�à 90% sont évacués par les selles et 10% par les reins. Si l�apport en Ca++

est

faible

, jusqu�à 90% peut être résorbé par l�intestin,

pour répondre aux besoins.

La concentration du calcium dans le sang est maintenue constante dans d�étroites limites, à 2,5 mmol/l, dont 38% sont liés à l�albumine plasmatique, et 12% sont des complexes solubles sous forme de phosphates, de citrates et de sulfates de calcium. Le pourcentage libre d�environ 1,25 mmol/l, est le seul à être directement actif sur le plan biologique. L�homéostasie du calcium est régulée par trois hormones.

La parathormone (PTH) des glandes parathyroïdes est l�instrument permettant d�éviter une hypocalcémie. Elle permet en outre de mobiliser simultanément le calcium des os et d�inhiber la réabsorption des phosphates dans les cellules tubulaires proximales des reins. Cela permet le cas échéant une augmentation de la calcémie.

La vitamine D3 (cholécalciférol) provient des provitamines de la peau sous l�action du rayonnement ultraviolet. Cette vitamine accélère l�absorption du Ca++

dans l�intestin et elle est censée augmenter la quantité

de protéines transporteuses dans les cellules de la muqueuse intestinale et ainsi améliorer le transport transcellulaire du Ca++. L�augmentation du niveau du Ca++

dans le sang (calcémie) se répercute de façon négative

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sur le niveau de la PTH. Les ostéoblastes sont alors incités à déposer davantage de Ca++

dans les os. La vitamine D3 favorise également

l�absorption des phosphates dans l�intestin et la résorption rénale du Ca++. L�ostéogenèse requiert les deux processus. Dans les cellules tubulaires, la synthèse de la calbindine ! xant le Ca++ est augmentée.

La calcitonine est synthétisée dans les cellules parafolliculaires des parathyroïdes, du thymus et de la thyroïde. Une augmentation de la concentration de Ca++

dans le sang entraîne la libération de la

calcitonine et favorise l�accumulation de Ca++ par les os. Dans ce cas,

la calcitonine agit donc dans le sens inverse de la PTH, alors que dans les reins, elle agit dans le même sens que la PTH : l�excrétion de phosphate est renforcée, l�excrétion de Ca++

est réduite.

L�excrétion de Ca++ a lieu par l�intestin et par les reins. Les deux processus peuvent être régulés. Dans les reins, l�ultra! ltrât glomérulaire contient tout d�abord peu de Ca++ car celui-ci est en grande partie lié aux protéines plasmatiques. La résorption à partir de l�urine primitive dans le tubule proximal et du segment large ascendant de l�anse de Henle est d�abord un transport paracellulaire, entraîné par un transport de NaCl transcellulaire. Cela permet tout d�abord une entrée plus pas-sive de Ca++ dans les cellules tubulaires. Le Ca++ est en outre résorbé de façon active contre un gradient électrochimique élevé. Dans le tubule proximal, la résorption se fait par un antiporteur (de contre-transport) Ca++3Na+, et dans le tubule distal, à l�aide d�une pompe ATPase. Dans les cellules, le Ca++ est aussitôt enveloppé d�une protéine ! xatrice du calcium (la calbindine), son activité ionique reste cachée.

Le volume extracellulaire dans l�organisme est géré par la rétention de Na+. L�aldostérone est nécessaire à la régulation du volume, et l�hormone antidiurétique (ADH), secrétée par l�hypothalamus, est l�instrument de l�osmolarité. Des récepteurs ADH absorbent l�ADH dans les tubes collecteurs des reins. L�ATP utilisé est dégradé en AMPc (adénosine monophosphate cyclique) et le Ca++ intracellulaire est libéré. Ce calcium ionique active des canalicules spéci! ques par lesquels l�eau de la lumière peut être absorbée par les cellules tubulaires. Dans ces cellules tubulaires, le calcium est donc l�instrument de l�homéostasie, ce qui en fait un élément essentiel de la régulation de l�équilibre liquidien dans l�organisme.

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Le calcium occupe une place centrale dans la coagulation autant dans la voie endogène que dans la voie exogène. En outre, le calcium est essentiel pour l�activation du facteur X plasmatique, qui met lui-même en route la cascade thrombine-! brine. Le calcium n�intervient pas dans la réaction de thrombolyse-! brinolyse.

4. Le calcium déclencheur de fonctions dans les nerfs, les glandes

et les muscles

4.1. Potentiels d�action

Des processus physiologiques essentiels se déroulant dans les cellules nerveuses et musculaires reposent sur la génération de potentiels de repos et sur le déclenchement des potentiels d�action (PA) mettant en jeu les membranes cellulaires. Le potentiel de repos d�un grand nombre de cellules est en grande partie basé sur un gradient de K+. Dans tout potentiel d�action, on atteint un bref équilibre des différences de concentration, une perte de tension. Le déroulement est certes assez complexe mais monotone en soi. Il se compose de trois phases : il se produit d�abord une dépolarisation rapide, suivie d�une repolarisation qui se déroule, dans les ! bres nerveuses un peu plus lentement, et dans les cellules musculaires beaucoup plus lentement que la dépolarisation. La troisième phase est une hyperpolarisation disparaissant progressivement. Les impulsions électriques qui se produisent sont mesurées et utilisées à des ! ns diagnostiques. Pour que ce processus ait lieu, les canaux Na+ sont d�abord ouverts, ils se refermeront ensuite spontanément et rapidement. Les canaux de K+ permettant le # ux sortant de K+ et les canaux de Ca++ permettant le # ux entrant de Ca++, s�ouvrent avec retard et ne se referment qu�après le début de la repolarisation. Les courants ioniques K+ et Na+, de sens opposé, sont si in! mes, comparés aux quantités d�ions dans le cytosol, qu�environ 1000 PA sont nécessaires pour induire un changement de concentration mesurable. La vitesse de repolarisation peut être modulée par différents facteurs. Les PA courent le long d�un axone et dépolarisent ! nalement la zone présynaptique. A cet endroit, du Ca++ est libéré à l�aide des canaux de Ca++, dépendant du potentiel. Aux extrémités présynaptiques des cellules nerveuses et au niveau des plaques motrices, l�entrée de Ca++ entraîne la libération de transmetteurs qui franchissent l�espace synaptique et déclenchent à leur tour une dépolarisation initiale sur la membrane post-synaptique.

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Ensuite, l�ensemble du processus est intercepté par des processus de sens opposé, qui peuvent également être modulés : la repolarisation ! xatrice d�énergie, qui donne la possibilité d�une nouvelle impulsion nerveuse.

Le # ux entrant de Ca++ ne sert pas à la dépolarisation directe mais à la libération de transmetteurs depuis des vésicules spéci! ques. La concentration calcique extracellulaire et, partant, le gradient peuvent ainsi être activement modulés : une élévation extracellulaire de la concentration de magnésium réduit le # ux entrant de Ca++ dans la cellule et donc la quantité de neurotransmetteurs libérés. En outre, une excitation forte et répétée du neurone présynaptique peut entraîner une élévation sur plusieurs minutes de la concentration de Ca++ intracellulaire et, en conséquence, une prolongation de la libération des neurotransmetteurs (voies nerveuses). De même, l�ouverture successive des canaux de Na+ et de K+/Ca++, la modi! cation par d�autres signaux intra- et extracellulaires et le type et la quantité des neurotransmetteurs donnent à l�organisme la possibilité de varier la réponse relativement monotone des PA. Sur le plan physiologique, cela signi! e que les différentes impulsions nerveuses n�entraînent pas forcément toujours le même type de réaction (comme c�est le cas pour les ré# exes absolus). C�est là une condition indispensable à la multiplicité des réactions possibles d�un organisme. Mais en ! n de compte, les signaux Ca++ sont toujours nécessaires à la libération d�impulsions dans les organes effecteurs à la ! n d�une excitation nerveuse ayant franchi l�espace synaptique ; ce peut être d�autres excitations nerveuses, l�initialisation de sécrétions ou des contractions musculaires.

4.2 Déclenchement des sécrétions

Le processus de sécrétion des glandes s�articule en trois phases : préparation d�une sécrétion primitive, modi! cations secondaires de celle-ci par excrétion et/ou réabsorption de différentes substances et en! n, excrétion proprement dite. Le calcium participe aux trois phases. La sécrétion peut être déclenchée par des PA des nerfs végétatifs et/ou par dépolarisation de la membrane des cellules, par le biais d�hormones par exemple. Citons par exemple la sécrétion de l�insuline : en cas d�hypoglycémie, du glucose provenant du sang est absorbé, par transport actif à l�aide d�un porteur, dans les cellules & du pancréas. De ce fait, l�ATP est dégradée en ADP. La concentration

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accrue d�ADP active alors un canal K+ (que l�ATP refermera), ce qui a pour effet de dépolariser la membrane et d�ouvrir ensuite un canal Ca++, fonction du potentiel. Le calcium provenant du milieu extracellulaire active alors un processus d�exocytose qui libère dans le sang l�insuline des cellules &. A la ! n de la séquence signalétique préparatoire complexe, le calcium met ! nalement en route la sécrétion. Des processus comparables se trouvent dans de nombreuses autres libérations d�hormones et de substances sécrétées. Nous citerons à titre d�exemples la synthèse de la pro-opio-mélano-cortine (POMC), précurseur de l�ACTH, l�endorphine et la mélanotropine (MSH) ou encore la sécrétion de la phospholipase A2 du pancréas pour la digestion des triglycérides et des phospholipides, ainsi que d�autres stades de la digestion des lipides. Dans tous ces cas, le calcium est présent à l�endroit décisif dans le processus de sécrétion.

4.3 Contraction musculaire

Le courant entrant de calcium met en jeu dans toutes les cellules musculaires l�interaction de myosine et d�actine. Par suite de l�élévation de la concentration de calcium, les sites de ! xation de l�actine, différents selon le type de musculature, sont libérés. Par le biais du complexe calcium-calmoduline une chaîne légère de myosine-kinase est activée sur les ! laments de myosine des muscles et déclenche une contraction.

4.3.1 Muscles lisses

Dans les cellules des muscles lisses, dotés de nerfs végétatifs, l�entrée transmembranaire du calcium est régulée par des potentiels d�action, par une dépolarisation graduelle de la membrane et par des neurotransmetteurs. Dans un milieu nutritif exempt de calcium, une contraction ne peut avoir lieu que brièvement et sans énergie. Dans les cellules des muscles lisses, un complexe calmoduline-Ca++ s�associe à une protéine (la caldesmone) sur le ! lament d�actine. La caldesmone est alors phosphorylée à l�aide de l�ATP, ce qui libère le site de ! xation. La liaison calmoduline-Ca++ active une chaîne légère de myosine-kinase sur les ! laments de myosine du muscle. Les deux modi! cations, rendues possibles grâce au Ca++, entraînent une contraction des cellules musculaires. Le muscle se relâche lorsque la concentration de calcium baisse en dessous de 10-7mol/l

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et qu�aucun pont ne peut plus se former entre la myosine et l�actine. Ensuite, le calcium est réacheminé dans le liquide extracellulaire par les pompes ioniques, les conditions sont remplies pour que le cycle de la contraction suivante puisse commencer.

4.3.2 Musculature cardiaque

Venant du liquide extracellulaire et des vésicules sarcoplas-miques, une entrée de calcium a lieu dans le muscle cardiaque. Le # ux entrant de l�extérieur se fait par les canaux de calcium, qui peuvent être modi! és soit par des récepteurs chimiques (neurotransmetteurs) soit par le potentiel membranaire antagoniste du calcium en thérapeutique. Ce Ca++ se lie aux récepteurs de ryanodine de la membrane du réticulum sarcoplasmique, ce qui a pour effet de libérer dans le cytoplasme du Ca++

provenant du réticulum intracellulaire. Ce calcium se lie à la troponine C des ! laments de myosine et déclenche ainsi la contraction. Tout de suite après, le Ca++ est ramené d�une part dans le liquide extracellulaire via les ATPases de la membrane plasmatique et l�échange Na+/Ca++, et d�autre part dans le sarcoplasme, à plus de 70% par les ATPases du réticulum. L�élimination du Ca++ des cellules musculaires permet au muscle de se relaxer, la quantité de Ca++ emmagasinée dé! nit sa contractibilité. En outre, l�absorption de Ca++ dans le réticulum est dépendante d�une voie signalétique &-adrénergique dans laquelle du phospholambane (sous forme phosphorylée) inhibe ou active la pompe Ca++ (23).

Dans un milieu nutritif exempt de Ca++, la contractilité des cellules musculaires diminue rapidement, étant donné qu�aucun Ca++ ne vient les alimenter. Généralement, deux potentiels d�action séparés (provenant du système conducteur de l�excitation) sont requis : pendant la phase de plateau des potentiels d�action, le Ca++

passe de l�espace extracellulaire dans le réticulum sarcoplasmique. Les excitations vagales prolongent la durée du plateau, par contre les excitations du système sympathique augmentent la perméabilité au Ca++. Les deux in# uent conjointement sur la quantité de Ca++ stockée dans les réservoirs intracellulaires. Seul un second PA (in# ux) libère le Ca++ des réservoirs intracellulaires et déclenche une contraction. Dans ce contexte, la vitesse de dépolarisation joue un rôle. La vitesse de contraction peut être modi! ée par variation de la concentration sarcoplasmique du Ca++.

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Le signal Ca++ détermine la contraction, le passage du Ca++

des cellules musculaires dans les réservoirs sarcoplasmiques dé! nit la qualité de la phase de repos. Le calcium est, là encore, l�instrument capable, déclencheur de tout battement cardiaque.

4.3.3 Muscles squelettiques

Dans la musculature du squelette, le Ca++ est en grande partie libéré par des réservoirs intracellulaires (vésicules et compartiments membranaires sarcoplasmiques). Il ne vient plus guère de l�espace extracellulaire car la vitesse de contraction dépend de la vitesse de libération du Ca++ sarcoplasmique. Les muscles striés à très courte durée de secousse contiennent un nombre particulièrement élevé de vésicules de Ca++. Le courant entrant de Ca++ provenant de l�espace extracellulaire serait trop lent. La concentration intracellulaire de Ca++ augmente d�autant plus que la fréquence des PA est élevée. Dans le milieu nutritif exempt de calcium, la force de contraction ne diminue pas dans un premier temps, car le Ca++ d�origine extracellulaire n�est pas nécessaire. Sous l�effet d�un PA, 4 ions Ca++ au maximum se ! xent sur la troponine, ce qui permet une contraction. A la ! n de l�activation de la contraction, la libération de Ca++ cesse, la troponine libère à nouveau le Ca++ ! xé et les pompes ioniques le rapatrient dans les réservoirs sarcoplasmiques. Un complexe troponine-myosine inhibe désormais l�activité de la myosine. Les conditions pour une nouvelle contraction sont à nouveau réunies.

5. Mitose et apoptose

5.1 Le calcium dans la division cellulaire

L�observation morphologique de la division cellulaire distingue quatre phases :

' La prophase : la chromatine est condensée (inactivation et enrou- lement), l�enveloppe nucléaire est dissoute et les centrioles migrent vers les pôles.

' La métaphase : les chromosomes se disposent dans la plaque équatoriale.

' L�anaphase : les deux moitiés des chromosomes sont séparées par le biais du fuseau.

' La télophase : la nouvelle membrane nucléaire se forme, les cellules se divisent.

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Il a fallu les études fonctionnelles des dernières décennies pour découvrir l�ordre admirable et le nombre de réactions intervenant dans ces processus (Figure 2). Ces études ont permis de mettre distinctement en évidence la différence entre les cellules fonctionnelles remplissant leur mission spéci! que à un endroit quelconque de l�organisme, les cellules hépatiques par exemple, et les cellules soumises à une division. Les cellules fonctionnelles se trouvent dans un état de différenciation soit irréversible soit réversible.

Figure 2 : Le calcium dans le cycle cellulaire. Adaptation d�après (7)

Ca++

Ca++

Ca++

Ca++

Facteurs de croissance

Récepteurs

Transmission de signaux

Go

Check- point de la mitose

M

G2

G1

Activation de P53

ADN endommagé

Autres gènes

Arrêt du cycle cellulaire

Réplication�réparation

Réplication de l�ADN

Point de restriction avant l�entrée dans la phase S

Durée variable,fonction du type

de cellule

S

3 - 4 h

1 h

6 - 8 h

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Dans cet état, la fonction concernée est assurée, mais elle signi! e un état de repos (quiescence) concernant la possibilité de division Différents facteurs de quiescence sont requis pour cet état de repos G0 (statine, etc.), pour empêcher activement toute reprise de la division. Ces facteurs ne seront neutralisés par des facteurs de croissance (GF) à action polaire (EGFs, PDGFs, etc.) et l�état G0 réversible ne sera quitté que lorsque les conditions de l�ensemble de l�organisme rendront nécessaire une division.

Le déroulement en biologie moléculaire de ce passage de l�état fonctionnel à l�état de division a été étudié en détail pour la cellule hépatique. L�état G0 est quiité, puis dans la phase G1 qui suit, l�organisme contrôle si il y a suf! samment de substance en réserve, si la cellule est assez grande et si les chromosomes sont intacts. Sinon, le cycle mitotique est stoppé à ce point de restriction et une réparation ou une apoptose interviennent (le lancement de l�apoptose est lui aussi dépendant du Ca++). La réplication des chromosomes (phase S) ne pourra commencer qu�après cette période de contrôle. Elle est suivie d�une phase de repos apparente (G2) durant laquelle l�état intérieur de la cellule prête à se diviser est contrôlé avant (prophase) et après ! xation des chromosomes sur le fuseau (anaphase). Ensuite seulement, sera donnée l�impulsion pour la division cellulaire dé! nitive.

Pour toutes les étapes intermédiaires de la réplication des chromosomes et la division de la cellule, des facteurs d�activation ou de blocage sont utilisés. Des impulsions Ca++ sont dans tous les cas nécessaires au déroulement de la division. Avant et après la phase G1, il s�agit d�une série d�impulsions que Whit! eld (7) décrit comme le « chant du calcium » (représenté schématiquement sous la forme de 3 impulsions, dans la Figure 2). Avant et après la phase G2, ce sont à chaque fois des impulsions Ca++ isolées qui déclenchent l�étape suivante du cycle de mitose.

Avant que la mitose ne se poursuive, le calcium nécessaire repose dans l�espace matriciel des mitochondries et dans les vésicules intracellulaires et intranucléaires, dans lesquels il sera recapté tout de suite après sa libération, une fois lancée l�étape suivante du cycle mitotique. Le calcium est à nouveau enveloppé, caché pour rester disponible en tant que générateur d�impulsions pour la prochaine étape

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du processus cellulaire. L�intégration active du Ca++ dans les vésicules se fait toujours contre le gradient de concentration. L�énergie requise est fournie par la dégradation de l�ATP en ADP, ce qui actionne les pompes ioniques de Ca++. Le processus de stockage de calcium dans les « espaces de repos » intracellulaires peut être activé ou inhibé de multiples façons. La libération de Ca++ à partir de ces « stocks » activement édi! és est en permanence nécessaire pour alimenter l�impulsion qui fait progresser la division.

5.2 Le calcium dans la différenciation cellulaire et dans la mort cellulaire (apoptose)

En prenant pour exemple l�épiderme, nous observerons le déroulement de la différenciation cellulaire jusqu�à la maturité fonctionnelle (jusqu�à l�état G0, irréversible dans le cas de l�épiderme) (Figure 3). Dans l�épiderme, les unités épidermiques de kératinisation (Epidermal proliferative units) sont considérées comme des colonnes cellulaires allant d�une cellule

Figure 3 :Le calcium dans la prolifération, la différenciation et l�apoptose des cellules épidermiques. Adaptation d�après (7)

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germinative basale jusqu�aux squames kératinisées. Chacune de ces colonnes repose sur une cellule souche liée à une niche qui se renouvelle elle-même, une cellule dendritique (cellule de Langerhans) et 1 à 3 autres cellules centrales. Celles-ci sont étroitement entourées par 4 à 5 autres cellules basales encore susceptibles de se diviser, mais qui ne sont plus liées à une niche. Ces cellules n�adhèrent pas autant à la membrane basale et ont moins d�intégrines à leur surface. Les cellules situées au-dessus, qui se kératinisent progressivement, se transforment en squames. Ce processus est celui d�une apoptose. Toutes ces cellules communiquent entre elles (via des gap junctions) par des cascades de médiateurs qui s�in# uencent mutuellement.

Les cellules souches contiennent à leur surface beaucoup d� >&-inté-grine ! xatrice de Ca++, activée, grâce à laquelle elles sont fortement liées à la membrane basale. Avec leurs récepteurs basaux à intégrine activés par la membrane basale, les cellules souches ont sans cesse besoin de signaux [bFGF (basic ! broblast groving factor) et KGF (keratinocyt Groving Factor)] de la part des ! broblastes situés au-dessous de cette membrane basale. Les cellules souches sont protégées par des protéines Bcl-2 anti-apoptotiques contre une induction d�apoptose qui pourrait être initiée depuis l�environnement par leurs propres protéines c-Myc ou par de l�oxygène actif. La division de la cellule souche est liée à une faible concentration extracellulaire de Ca++. Une concentration plus élevée de Ca++ met ! n à la division et la différenciation est alors lancée. Les cellules souches génèrent une protéine tampon spéci! que de la peau, la SCaBP (Skin Calcium Binding Protein), qui peut ! xer le Ca++ qui se présente.

Les cellules précurseur se divisent plus rapidement que les cellules souches. En culture, elles ne peuvent plus effectuer que cinq divisions environ, alors que dans des conditions adéquates, les cellules souches se divisent indé! niment. Dans les cellules précurseurs, le Ca++ est stocké à l�aide de pompes Ca++/ Mg++ ATPase dans des vésicules de calcium porteuses de récepteurs [Ins(1,4,5)P3] et des invaginations des membranes, appelées « cavéoles ». La différenciation suivante ne sera pas lancée avant la libération de ce Ca++. Ce processus comprend quatre phases :

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1. Le signal Ca++ entraîne la ! n de la division cellulaire.

2. Le signal Ca++ stimule l�adhésion cellule-cellule.

3. Le signal Ca++ stimule la formation de couches fortement kératinisées.

4. Le signal Ca++ permet l�association des ! laments de kératine en un réseau serré de cordons de kératine.

La Figure 3 indique sous forme de schéma les différentes étapes de la différenciation cellulaire avec leurs cytokines correspondantes ainsi que les concentrations de Ca++ nécessaires dans chaque cas. Ce processus implique en outre la participation de nombreux autres médiateurs, EGF (epidermal growth factor), bFGF (basic ! broblast GF), KGF (keratinocyt GF), IGF (insulinelike growth factor) et TGF> (transforming growth factor >) ainsi que leurs antagonistes respectifs.

Le déroulement normal de la mitose d�une cellule souche est lié au transport de Ca++ dans le noyau et à la concentration et la redistribution de la calmoduline dans le noyau, ce qui permet la réplication de l�ADN. En cas de psoriasis, les kératinocytes contiennent une proportion intracellulaire de calmoduline deux fois plus élevée, et le cycle de division est huit fois plus rapide que la normale ; de même, la concentration intracellulaire de Ca++ est plus élevée jusque dans la couche granuleuse. En conséquence, les cellules suprabasales migrent vers le haut et forment des couches épaisses. Dans d�autres types de cellules, on constate également une accélération du cycle de division en raison de l�élévation de la teneur en calmoduline, qui permet de libérer davantage de Ca++.

Whit! eld (7) décrit une fonction analogue du Ca++ dans la différen-ciation des cellules du colon (Figure 4). Là aussi, nous trouvons dans les cellules de la muqueuse intestinale une concentration élevée de Ca++ lié aux vésicules et à la calmoduline, et une faible concentration de Ca++ dans le cytosol et le milieu extracellulaire, ces proportions évoluant progressivement jusqu�à l�apoptose à la pointe des villosités. Dans ce cas le calcium lié, générateur de potentiel, est entièrement libéré et peut déclencher l�apoptose. Sous sa forme libre, le Ca++ sert d�instrument à la différenciation et la spécialisation dans le cytosol et l�espace extracellulaire, jusqu�à la mort cellulaire ou apoptose.

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Le calcium lié aux protéines, emmagasiné dans des vésicules, maintient à l�état germinatif les cellules souches organiques. La concentration du calcium dans le sang se situe aux alentours de 2,5 mmol/l, elle est maintenue constante dans d�étroites limites. Au sein de la peau, de la cellule germinative basale à la couche cornée, sur une distance d�environ 1mm, on note une élévation du Ca++ de 0,05 mM au niveau basal à 0,8 mM à la limite de la couche de production cornée. De même, dans la cellule de la muqueuse intestinale, entre la crypte et la pointe des villosités. Dans un milieu de culture, les cellules souches de la peau ont besoin d�une faible quantité de Ca++ externe pour se diviser. On ne connaît pas encore très bien le signal de déclenchement. Le Ca++ n�entre pas en action lors du lancement de la division mais lors

Figure 4 :le calcium dans la prolifération, la différenciation et l�apoptose des cellules épithéliales du colon (7).

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du contrôle au point de restriction, au moment du « chant du calcium » comme au début et à la ! n de la phase G2.

5.3 Signaux calciques en embryologie

Le calcium joue un rôle essentiel lors de la fécondation d�un ovocyte : chaque ovocyte mûr émet des signaux moléculaires qui se lient à des protéines réceptrices spéciales à la surface des spermatozoïdes. Celles-ci produisent un neuromédiateur (le GMPc) qui lui-même ouvre les canaux calciques situés sur la membrane du spermatozoïde. C�est par eux que les ions Ca++ de l�espace extracellulaire peuvent pénétrer dans la cellule. Le calcium in# ue sur le sens des battements du # agelle des spermatozoïdes de sorte que celui-ci se dirige directement sur l�ovocyte. Le calcium permet un mouvement ciblé des spermatozoïdes a! n que la fécondation puisse avoir lieu. Lors de l�embryogenèse qui débute maintenant, la morphogenèse constitue une énigme particulière.

Après la morphogenèse, on s�est penché ces dernières années, sur la cytodifférenciation, en tant que problème de biologie moléculaire de l�embryogenèse. Tous les processus de différenciation des cellules dépendent de signaux émis par les substances extra et intracellulaires. Dans son article « Calcium Signalling during Embryonic Development »(23), Webb écrit : « Un système intégré de communica-tion et de contrôle dans l�embryon présuppose différents éléments » :

1. Les signaux pour de courtes distances subcellulaires sont tout aussi nécessaires que des médiateurs à visée intégrative, concernant l�ensemble de l�embryon.

2. Le système de signaux doit être suf! samment souple et robuste pour fonctionner sans erreurs ni pertes d�informations dans l�environnement embryonnaire soumis à des métamorphoses dynamiques.

3. Même si différents systèmes de signaux apparaissent pendant un certain temps dans l�embryon, disparaissent pour réapparaître ensuite, le développement embryonnaire dépend d�un système de signaux ubiquitaire, durable et diversi! é : ce système repose sur un seul messager, le calcium » (traduction libre de l�auteur de cet article). Dans la littérature (23), il est question des bips et des couacs de Ca++(« blips and quacks »), des bouffées et des étincelles de Ca++ (« puffs and sparks ») se produisant dans les différents stades

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de développement et systèmes organiques. Nous avons déjà mentionné le « chant du Ca++ » à chaque mitose. Ces signaux peuvent être mis en évidence sur le poisson zèbre vivant, durant son développement, et être étudiés sur d�autres modèles animaux. Le tableau 2 suit la présentation de Webb (23). Cette énumération montre que le calcium intervient déjà dans l�embryogénèse d�organes pour lesquels son rôle est connu au stade adulte.

Tableau 2

Vue d�ensemble des signaux calciques pendant l�embryogenèse (selon Webb 2003)

1.1.11.2

Dé! nition des axesDéveloppement des axes-dorso-ventrauxDéveloppement des axes antéro-postérieurs

2.2.12.22.3

Mobilité cellulaireGastrulationMouvements cellulaires convergentsMouvements des cônes de croissance

3.3.13.23.33.4

Développement du système nerveuxInduction du tube neuralDéveloppement du tube neuralDifférenciation des neuronesPremiers stades de formation du cerveau

4.4.14.2

Développement de l��ilFormation de la cupule optiqueMacromorphologie de l��il

5.5.15.2

Développement du c�urMacromorphologie du c�urDéveloppement dépendant de la cadhérine et de la calréticuline

6.6.16.26.36.4

Développement des musclesDéveloppement des somitesDifférenciation des myocytesAgencement du sarcomèreDéveloppement dépendant de la cadhérine

7.7.17.27.3

Développement des reinsDéveloppement dépendant des polycystines 1 et 2Annexine IV, cadhérine ainsi quede la BMP (Bone morphogenetic protein)

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La croissance des neurones corticaux est stimulée (in vitro) par la transcription Ca++ - dépendante de certains gènes. En outre, le degré de rami! cation de l�arbre neuronal dépend également du mode d�activation des cellules nerveuses. On a découvert que l�instrument en était un transactivateur Ca++ réactif (CREST). A l�aide de ce transactivateur, de nouvelles dendrites poussent conformément à l�activation, ce qui donne naissance à de nouvelles connexions synaptiques. Le calcium occupe donc une position centrale dans les processus physiologiques plastiques apparaissant dans tout phénomène d�apprentissage (47).

5.4 Ca++ et cancer

Nous ferons brièvement allusion à la physiopathologie du cancer : il a été dit plus haut que les signaux Ca++ sont nécessaires à l�apoptose et la mitose ainsi qu�à la différenciation et la régénération cellulaires. La prolifération normale des cellules hépatiques (hépatocytes) suit le déroulement mentionné ci-dessus, le Ca++ étant toujours l�instrument nécessaire à la progression de la mitose normale. Par contre, les cellules d�un hépatome malin n�ont pratiquement plus besoin de Ca++ pour leurs étapes de division. Les cellules malignes se sont affranchies de l�ordonnancement du Ca++ décrite dans le cycle de la mitose et de l�induction de l�apoptose. On peut supposer qu�en de nombreux points de la cancérogenèse, les impulsions Ca++ sont modi! ées ou sans effet.

Un apport systématique et suf! sant de calcium par la nourriture entraîne une baisse du taux de prolifération dans l�épithélium du colon, ce qui réduit le risque de cancer (24). Les patientes atteintes de cancer du sein présentent deux fois plus fréquemment un gène récepteur de la vitamine D modi! é que les patientes saines. On essaye par ce moyen de dépister les femmes présentant un risque accru et d�établir ainsi des mesures préventives (25).

6. Le Ca++ et les quatre éléments constitutifs

6.1 Remarque préliminaire

Les pages précédentes ont permis de présenter certains faits connus à propos de la physiologie du calcium : d�un côté, il apparaît sous forme extracellulaire dans les os et les tissus durs, dans le sang

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et l�espace extracellulaire, de l�autre il est présent en intracellulaire et intranucléaire sous forme d�impulsion calcique libre, ou cachée comme un potentiel en réserve. La recherche en biologie moléculaire décrit les différents stades d�activité et leur déroulement, identi! és grâce à un savoir analytique de très haut niveau, mettant en évidence la constance de la molécule du calcium. Les différentes étapes du processus calcique peuvent toutes être ampli! ées ou inhibées. De plus, dans chaque cas, il faut simultanément tenir compte des processus antagonistes pouvant être réactivés ou supprimés.

Tous les processus ont lieu dans l�organisme vivant. L�ensemble de tous les processus physiologiques au sein d�un organisme est désigné sous le nom de corps éthérique ou corps de vie en anthroposophie. Le chercheur en science de l�esprit, se basant sur une perception suprasensible, l�a observé et décrit sous de nombreux angles. Le scienti! que classique peut en assembler les détails et s�en faire une image intellectuelle. Il peut prendre conscience de l�ensemble de ces fonctions physiologiques : régulation et contre-régulation, activation et inhibition, rythmes spontanés et périodes réactives. Steiner appelle d�un autre nom que « corps de vie » ces fonctions se déroulant dans le temps, qui sont autre chose que différents états quanti! ables : elles forment une « structure fonctionnelle » (26). Cette structure est toujours intégrée dans la totalité que forment les quatre éléments constitutifs de l�être humain. Pour mettre l�accent sur le classement de ces fonctions vivantes, Steiner utilise les expressions « complexes supérieur et inférieur de l�être humain », et « processus ou activités nocturnes, diurnes » (27).

Dans le début de cet exposé, le vocabulaire technique utilisé est celui d�aujourd�hui, suggérant que les différents signaux et facteurs sont la cause des processus observés. Ce langage est utilisé pour pouvoir être en correspondance avec le stade actuel des connaissances. Il faut par ailleurs souligner le fait que les différents « déclencheurs », « inhibiteurs » etc., ne sont pas considérés comme l�origine mais seulement comme les instruments des processus décrits. Ce n�est pas le Ca++ qui déclenche une activité. A chaque fois, il n�est que l�instrument nous montrant la trace des forces en action. Celles-ci font partie de la totalité de l�être humain, elles entrent dans le jeu coordonné de ses quatre éléments constitutifs. L�empreinte qu�elles laissent sera étudiée en détail dans les processus calciques vivants décrits ici.

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6.2 Le calcium, instrument des quatre éléments constitutifs

Le calcium est parvenu à l�état de repos à des degrés différents, selon qu�il est dans l�émail, la dentine et le cément des dents, ou encore dans la partie stable ou labile des os. Le calcium s�est déposé, stocké par la cristallisation, et il est subordonné aux fonctions mécaniques de la mastication et de la stabilité osseuse. Dans l�émail et dans le squelette, le calcium est l�expression par excellence de la statique du corps physique. Il a déjà été dit que dans l�os lui-même, mais pas dans l�émail dentaire, il faut faire la distinction entre le calcium stable central et le calcium labile périphérique. Seul le carbonate de calcium stable (et vraisemblablement aussi le phosphate de calcium stable) est majoritairement responsable de la stabilité osseuse. Le calcium labile sert aussi à la stabilité, mais cette partie a également le pouvoir d�être disponible pour le maintien du niveau de Ca++ dans le sang et, de ce fait, dans l�organisme tout entier (Tableau 3).

C�est dans le sang et le liquide extracellulaire en circulation constante qu�on peut appréhender le plus aisément les processus vivants du calcium. Le calcium des aliments est intégré activement à ce # ux. C�est là qu�ont lieu les processus complexes d�élévation et de baisse de la calcémie ainsi que la dualité entre Ca++ ionique extrêmement actif d�une part, et calcium « enveloppé » lié aux protéines, d�autre part, permettant les fonctions. Le Ca++ participe à l�équilibre entre coagulation et # uidité du sang. L�activité du corps éthérique, avec une augmentation de la concentration de calcium durant le jour et sa légère baisse durant la nuit, se manifeste de façon marquée dans ce processus, (Figure 5) (28). Dans le même ordre d�idées : le Ca++ peut à la fois être absorbé et éliminé par l�intestin et le rein, et les cellules tubulaires rénales jouent un rôle déterminant dans l�homéostasie de l�ensemble du métabolisme liquidien de l�organisme.

Dans un grand nombre de fonctions, le Ca++ libéré dans le cytosol des cellules est l�agent décisif ultime qui intervient dans la mise en jeu d�une fonction spéci! que. Nous avons fait référence aux potentiels d�action des nerfs, de même qu�à l�induction de la libération de sécrétions (incrétions et excrétions) : dans ces cas, à chaque mouvement musculaire, une « étincelle » ou un « chant» accompagné de Ca++ ionique intracellulaire marque la ! n d�une cascade physiologique. Ce n�est qu�après ce bref « éclair » ou « note » que la

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fonction se manifestera sous forme d�impulsion nerveuse, de libération de substance ou de mouvement. Que l�organisme entier recherche un éveil ou une récupération accrus, que l�objectif soit l�hésitation ou l�action rapide, tous les processus vivant en l�être humain sont intentionnels, dirigés vers des objectifs. Ces derniers peuvent émaner de la sagesse de l�organisme, des instincts ou encore d�impulsions venues d�un stade d�éveil plus élevé. Ces processus calciques sous forme d�« éclairs » sont à la disposition des impulsions psychiques conscientes ou inconscientes en l�homme. Le calcium est au service de l�homme pensant en tant qu�instrument dans les potentiels d�action des nerfs, il rend possible le sentiment dans l�accomplissement de toutes les sécrétions, et il permet la concrétisation de l�homme en action par les impulsions de mouvement. Le Ca++ libre sert à la partie du psychisme qui, intervenant à nouveau, réalise une nouvelle intention : en présence d�un potentiel d�action, l�ouverture des canaux ioniques indique que les membranes de la cellule s�ouvrent brièvement. L�af# ux de Ca++ ionique correspond aux processus de déconstruction à la base de l�activité psychique. A chaque potentiel d�action commence un processus qui, à l�extrême, conduit à la mort de la cellule par nécrose. Les forces périphériques prédominent. Ce processus mortifère progressif est rapidement inversé par l�organisme vivant en son pôle opposé, les canaux ioniques sont refermés pour permettre le processus de construction intérieure. Par des processus actifs, utilisateurs d�énergie (ATP), le gradient entre la concentration

Figure 5 :Evolution circadienne de la concentration sanguine en calcium et en phosphore

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de Ca++ intra- et extracellulaire est rétabli, les réservoirs de Ca++ intracellulaires et intranucléaires sont à nouveau remplis dans les mitochondries, les vésicules et les cavéoles. La génération de ce potentiel crée la possibilité d�une nouvelle fonction, guidée par une intention. La formation d�un potentiel est l�expression biologique d�une édi! cation renouvelée en permanence, par l�organisme. De même, les signaux de Ca++ ionique indiquent toujours qu�il y a libération de sécrétion, contraction musculaire fatigante. Les réservoirs doivent à nouveau être remplis, les gradients doivent être rétablis par des processus anaboliques. Le déclenchement d�une fonction par la prédominance transitoire d�ions libres de Ca++ d�une part, et la création d�un potentiel par l�enveloppement du calcium d�autre part, sont des fonctions fondamentales du vivant. Chez l�être humain, nous pouvons relier l�activité ionique du Ca++ dans les cellules fonctionnelles à l�activité psychique diurne, et l�édi! cation de potentiels, à l�activité psychique nocturne. Si nous mettons l�accent sur l�interaction entre tous les processus du vivant, l�activité ionique, saline, du calcium, correspond au complexe supérieur, la forme enveloppée, créatrice de potentiels, correspond au complexe inférieur de l�être humain.

En! n, le calcium est également un instrument ef! cace au niveau de la structuration. Nous avons souligné sa fonction clé dans l�embryogenèse des différents organes. On peut voir une partie de ces fonctions d�un ordre supérieur dans l�organisme adulte, dans le contrôle de la mitose et de la différenciation cellulaire ainsi que dans l�induction d�apoptose, comme le commencement et la ! n de la vie cellulaire. Ces développements ont été mentionnés ici en prenant pour exemple les cellules épidermiques et celles de la muqueuse intestinale. L�action du calcium dans le déroulement des processus immunitaires, qui n�ont pas encore été décrits, se classe également ici. Nous citerons pour exemple la stimulation Ca++ dépendante des cellules T (29). Ces fonctions reposent elles aussi sur l�apparition de Ca++ libre dans le noyau de la cellule, dans le cytosol et dans l�espace extracellulaire d�une part, et sur la génération de différences de potentiel telles que précédemment décrites, d�autre part. Il n�est pas encore possible de savoir exactement si, pour ces processus de structuration, le stockage de Ca++ intranucléaire est effectué ou non avec d�autres instruments et structures que ceux déjà mentionnés, à savoir vésicules, liaisons membranaires endoplasmiques et cavéoles.

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Mais nous envisageons avec certitude l�existence d�une organisation polaire dans ce cas-là également : dans la différenciation cellulaire, le contrôle de la mitose et l�apoptose, le Ca++ ionique est à chaque fois l�instrument d�une nouvelle impulsion de con! guration. Cet effet du « chant du calcium » arrivant chaque fois au moment voulu, n�est possible que si le calcium est ensuite retiré de sa mission, enveloppé et ainsi rendu à nouveau disponible sous forme de potentiel.

On quali! e d�ordinaire l�apoptose de « suicide cellulaire » comme si une durée illimitée, in! nie, était le but de l�organisme. Il serait plus juste de considérer l�apoptose comme le bon moment (kairos) où l�organisme met ! n à la fonction de cet élément individuel pour permettre à l�ensemble de continuer de fonctionner. De cette manière, l�apoptose se produit dans l�embryogenèse pour édi! er un organisme différencié. L�organisme global décide également s�il faut mettre un terme par apoptose, à une préparation défaillante ou insuf! sante à la division. Les dommages causés à l�ADN lors d�une mitose entraînent l�arrêt du cycle cellulaire ; normalement, vient ensuite une réparation de l�ADN, c�est-à-dire un processus de réparation avec restauration de la stabilité génétique, ou bien l�apoptose. Cette correction ne peut être réalisée sur le gène suppresseur de tumeurs P53, ce qui est un pas décisif vers la cancérogenèse. Cette « décision » entre une restauration auto-régulée ou la mort de la cellule est le re# et de l�organisation du Moi dans l�organisme global. L�activité de l�organi-sation du Moi est décrite de deux manières par Steiner : d�une part comme un processus de mort (30) en permanence à l��uvre, et d�autre part comme un processus de régénération (31). Au niveau moléculaire, ces deux processus se retrouvent d�une part dans l�apoptose, d�autre part dans les régulations de réparation de la mitose, qui toutes dépendent du Ca++. L�ensemble du processus de construction, la différenciation en différents organes et tissus et la dégradation au moment voulu ainsi que l�autorégulation du renouvellement continu, doivent être programmés de façon que l�organisme vivant, limité dans l�espace et le temps, puisse naître pour dépérir ensuite, créant ainsi le fondement du principe psycho-spirituel.

Toute apparition de calcium ionique dans l�organisme, aussi brève soit-elle, est le commencement d�un subtil dépôt de sel. On décrit toujours cette tendance saline dans le contexte des processus

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nerveux. Cette formation de sel fournit aussi une comparaison avec les processus nerveux décrits comme une ostéogenèse non menée à son terme. La cristallisation sous forme de sel est directement évidente dans l�émail et les os. Dans le sang et les tissus, on identi! e dans le Ca++ ionique la tendance à la formation de sel, qui peut s�accentuer au point de devenir pathologique. Dans ce cas, les processus dissolvants, qui enveloppent le calcium, n�agissent pas suf! samment. Steiner fait allusion (32) à ce double fait, le calcaire osseux cristallin d�une part et les processus de dépôt de sel actifs, mobiles, dans le sang, d�autre part : « c�est ainsi que deux côtés de notre organisation font de nous des penseurs : un côté inconscient, du fait de l�édi! cation de notre système osseux, et un côté conscient, parce que sur le modèle de l�ostéogenèse, nous accomplissons consciemment [dans le sang] les mêmes processus �.dont on peut dire qu�ils sont actifs intérieurement. Car les sels qui se forment doivent aussitôt être dissous dans le sommeil. » Par le biais des os, le cosmos est à l�oeuvre en nous sous forme d�une qualité de pensée inconsciente. Nous imprimons dans le sang « le monde physico-sensible, qui deviendra le contenu de notre conscience » ; le sang est comme « une tablette, tournée d�un côté et de l�autre, et exposée de deux côtés aux impressions ». Nous pouvons supposer que cette imprégnation de conscience dans le sang, ce processus salin, s�applique à tous les sels sanguins et surtout au calcium. Dans le sang, le Ca++ ionique fournit la base d�un processus général de conscience de soi, menacé dans l�hyperventilation. Partout dans l�organisme, du Ca++ ionique est libéré à court terme lorsque de nouvelles intentions (conscientes ou inconscientes) doivent être concrétisées par le psychisme ou le Moi. Ces intentions consistent en impulsions de pensée, de sentiment et de volonté, et se réalisent dans l�organisme à l�aide des nerfs, des muscles et des sécrétions glandulaires. Et à chaque fois, le calcium ionique est présent, dans sa tendance saline, pour contribuer au processus de réalisation de ces différentes qualités psychiques.

Steiner décrit en 1921 les différentes étapes de la structuration de l�être humain, résultant de sept + cinq processus de formation (33) ; des essais d�application à l�organogenèse ont été tentés ailleurs (34).

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6.3 Le calcium dans les complexes supérieur et inférieur de l�homme

Dans son cycle de conférences «Thérapeutique et science spirituel-le» (2), Steiner insiste sur le fait que le développement des substances doit être considéré comme autant de processus, et différencié, si l�on veut réellement appréhender la vie de l�organisme. A l�exemple du magnésium, il montre comment celui-ci se trouve édi! é et utilisé sous forme pondérale et matérielle dans les dents, où il est l�instrument de la fonction organique. Selon lui, c�est un critère de l�organisme supérieur, dans lequel les quatre éléments constitutifs interagissent de telle sorte que le psychisme puisse s�exprimer durant le jour. Dans l�organisme inférieur, il est important de rechercher un processus de production du magnésium. On peut prendre cette expression à la lettre : dans l�organisme, le magnésium est en grande partie lié aux protéines et aux structures membranaires, en d�autres termes il n�est pas directement actif et donc « non disponible ». Il peut à tout moment quitter cette forme cachée, enveloppée et devenir disponible. La physiologie du calcium fait bien ressortir la distinction systématique selon laquelle, dans le complexe supérieur de l�être humain les substances sont présentes et libres en tant qu�instruments, alors que dans le complexe inférieur, elles doivent à chaque fois réapparaître puis être à nouveau cachées ou éliminées.

Reportons-nous au classement indiqué dans le Tableau 3, où se font jour les distinctions suivantes : le complexe inférieur de l�homme cache le calcium sous forme de potentialité, de possibilité latente, par un processus de synthèse (utilisateur d�énergie).

1) Il est caché dans le carbonate de calcium stable dans la mesure où il n�est pas disponible pour les processus métaboliques généraux.

2) Le calcium lié aux protéines constitue une possibilité de mettre partout à disposition, du calcium sur lequel puisse prendre appui une vie psychique générale dans l�organisme.

3) Le stockage extra- ou intracellulaire du calcium est le préalable indispensable à l�accomplissement de processus physio-logiques sous forme de potentiels d�action, de sécrétions et de mouvements. Ainsi, le complexe inférieur de l�être humain permet l�intervention du complexe supérieur, qui, tel un outil, met

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Le calciumpermet au niveau fonctionnel de

l�organisation du Moi, la formation et la différenciation

des ébauches d�organes.Celles-ci sont régulées par :

la croissance cellulaire ou la différenciation cellulaire

et l�inhibition ou l�induction d�apoptose

etl�induction ou l�inhibition de la mitose

Dans l�organisme adulte, l�organisation du Moi dé! nit

l�ordonnancement de tous les processus diurnes et nocturnes

Le calcium permet au niveau fonctionnel de l�organisation psychique

du côté diurne les « processus supérieurs » :

de très nombreuses fonctions organiques sont déclenchées par du

calcium libéré sous forme de pic ou d�onde

du côté nocturne les « processus inférieurs »:le calcium, synthétisé sous forme de potentiel au niveau vésiculaire, intranucléaire, intracellulaire ou en milieu extracellulaire par des canaux transmembranaires, permet de renouveler la fonction

Le calcium permet au niveau fonctionnel de l�organisation éthérique

du côté diurne les « processus supérieurs » :

le calcium ionique constitue le fondement des réactions saines

dans le sang

du côté nocturne les « processus inférieurs » :le calcium lié aux protéines constitue dans le sang le fondement des processus de conservation, de croissance et de reproduction physiques

Le calcium permet au niveau fonctionnel de l�organisation physique

du côté diurne les « processus supérieurs » :

cristallisation transitoire et ciblée en carbonate osseux (et

hydroxyapatite ?) labile

du côté nocturne les « processus inférieurs »:cristallisation durable conférant la stabilité, dans l�émail des dents et le carbonate osseux (et l�hydroxyapatite ?) stable

Tableau 3 :Niveaux fonctionnels du calcium en l�être humain

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en �uvre avec précision les nombreux processus aux moments voulus, en utilisant les quantités dé! nies de Ca++ libre. C�est à ces processus du complexe supérieur que Steiner fait allusion en disant (35) : « Les êtres à plus forte teneur calcique sont en général les plus intelligents, ceux qui ont le plus de facilité à assembler les concepts subtils et à les décortiquer ensuite� Pour devenir intelligents, nous dépendons des dépôts calciques en nous� Si nous considérons tout ce qui, en nous, agit comme forces issues du calcaire�nous aboutissons à ce qui aspire à prendre forme et nous permet de devenir des êtres humains intérieurement solidi! és ».

Dans de nombreuses conférences destinées aux médecins, Steiner souligne l�importance de la distinction entre les complexes supérieur et inférieur en l�homme : « on ne comprend réellement la polarité dans l�homme (au niveau des processus vivants) que lorsqu�on sait que ce qui importe c�est la dualité de sa structure, permettant à son pôle supérieur de percevoir l�inférieur� En fonction de ce principe, vous pouvez étudier tout ce que l�anatomie, la physiologie, la biologie vous enseignent, et c�est ainsi seulement que la lumière commencera à se faire dans la compréhension de l�organisme humain. Tant que vous ne ferez pas la distinction entre ces deux éléments, le supérieur et l�inférieur, � il vous sera impossible de comprendre l�homme, car il existe une différence fondamentale entre ce qui se passe dans l�organisation supérieure et dans l�organisation inférieure de l�homme » (36). L�appellation de processus dits « inférieurs » met l�accent sur le spatial, le quali! catif « nocturne » met l�accent sur l�aspect temporel. Le Tableau 3 essaie de présenter le calcium dans ses processus inférieurs (nocturnes) et supérieurs (diurnes) dans les quatre plans de l�être humain.

6.4 Ca++ et éther de chaleur

Dans l�introduction, nous avons mentionné l�allusion de Steiner (6) au fait que toutes les substances absorbées de l�extérieur doivent intérieurement être métamorphosées et portées à un état d�éther de chaleur pour pouvoir absorber les processus formateurs cosmiques. Elles subissent ensuite une « diminution thermique » de cette qualité amorphe, a! n de pouvoir être utilisées en tant que substance organique structurée aux différents niveaux qualitatifs (37). Steiner dit de la substance osseuse que c�est

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celle qui s�éloigne le plus de la qualité de chaleur après avoir subi cette diminution thermique dans l�organisme humain. Si l�on applique cette idée à la classi! cation dé! nie auparavant, le calcium ionique du sang est moins « refroidi » ; les processus calciques libres intracellulaires encore moins. A tous les niveaux, le calcium est utilisé comme outil puis de nouveau synthétisé sous forme de potentiel. Les différents potentiels énergétiques alternant entre la fonction d�instrument et celle de force, peuvent être le re# et des différentes qualités de chaleur.

7. La dynamisation en l�être humain � à l�exemple du calcium

L�étude scienti! que de la dynamisation des médicaments est une des questions essentielles de la médecine anthroposophique. La possibilité indiquée par Steiner d�étudier ce problème par la voie expérimentale a été reprise par Kolisko (38). La forme hahnemannienne de dilution et de succussion progressive (« dynamiser » = « homéopathiser ») est jusqu�à présent conservée dans l�art pharmaceutique anthroposophique (avec les dilutions CH autrefois 1:2, 1:20 pour l�Iscucin® et la plupart du temps 1:10 pour les dilutions décimales) et on ne s�interroge guère à leur propos. Trois faits permettent de douter que cela ait été le seul objectif d�une médecine élargie, lorsque celle-ci fut introduite.

· Aucun des « remèdes types » visés par Steiner n�a besoin du procédé classique de la dynamisation pour conférer aux souches les qualités correspondant aux objectifs thérapeutiques spéci! ques. Les critères essentiels de développement des médicaments types ont été évoqués (39).

· Steiner ne mentionne pas le procédé de dilution progressive ? (point d�interrogation dans le texte NdT). Dans son vocabulaire, il ne fait pas de distinction entre « dilution » et « dynamisation ». En revanche, il propose de nouveaux procédés surprenants pour son objectif qui vise une « dynamisation » adaptée à notre époque : la formation de miroirs, la végétabilisation de métaux, les procédés de # ux tourbillonnaire pour le Viscum, ainsi que la digestion pour le Cardiodoron par exemple.

· Steiner a sans aucun doute fait en sorte que l�on choisisse la dynamisation classique lorsqu�il s�agissait de mettre rapidement en �uvre une mesure thérapeutique concrète. Mais cela ne

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prouve encore pas que ce procédé devait occuper une place centrale dans la médecine anthroposophique. Il est le re# et de la situation à cette époque : les patients sont pris en charge, le chercheur en science de l�esprit choisit ses options en partant des valeurs et des compétences des médecins et pharmaciens de son temps et en introduisant les premières mesures sur la voie d�une médecine et d�une pharmacie ouvertes aux questions spirituelles.

La question d�une pharmacie élargie n�est clairement évoquée qu�en 1923 à Londres (40). Dans les conférences destinées aux médecins (41), l�élargissement du concept de « dynamisation » ou d�« homéopathisation » commence tôt. Dans la seconde conférence (22 mars 1920), l�homéopathisation est prise comme exemple de la différence des processus entre les complexes supérieur et inférieur en l�homme ; cette opération est appelée « abolition de la cohésion de la substance ». L�exemple pris est celui de la dispersion de la lumière. Dans la 4ème conférence (24 mars 1920), le terme lui-même est plus imprécis : dans le cadre du traitement à l�aide de substances minérales, « nous arrivons ainsi à l�idée d�un principe homéopathique ou autre sous une forme ou une autre ». Comme exemples pris dans la nature (outre celui de l�organisme humain et de la lumière), il mentionne certaines sources aux propriétés hydrothérapeutiques, porteuses d�un processus d�homéopathisation. Nulle part, dans ces exemples, il n�est question de dilution progressive, classique, ni de succussion rythmique. Dans la 5ème conférence, (25 mars 1920), sont mentionnés la lutte opposant homéopathes et allopathes et l�exemple fourni par l�organisme humain : c�est toujours l�organisme humain qui accomplit « l�annulation de la cohésion des particules du médicament ». Le pharmacien peut apprendre de l�organisme humain ce processus interne et en imprégner un médicament. Un tel acte, basé sur les connaissances de la science de l�esprit, aplanit l�opposition entre les deux orientations médicales. Dans la 6ème conférence (26 mars 1920), il salue le renouveau introduit par « la voie hahnemannienne » : celle-ci a pour but de faire ressortir l�origine cosmique des substances par la dynamisation. « Cette méthode consiste tout simplement à tenter d�extraire, grâce au procédé de dynamisation, les forces qui sont à l�origine des substances ». Cette première tentative est fortement corrigée dans la 7ème conférence (27 mars 1920). : le semblable

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du tableau clinique (le symptôme similaire en tant que tableau de l�intoxication) peut avoir été causé par des phénomènes survenus des années auparavant. Les symptômes actuels se manifestant chez le patient ne sont pas ceux qui doivent guider le traitement, ni la recherche du semblable. Dans la 9ème conférence (29 mars 1920), le docteur Scheidegger, un médecin homéopathe de renom, sur lequel Steiner fondait de grands espoirs, est prudemment corrigé : « La possession de toutes ces notions est indispensable à une claire compréhension de la loi de similitude telle que nous l�a exposée hier soir le Dr. Scheidegger. Cette loi de similitude recèle quelque chose de très signi! catif mais il est nécessaire qu�elle soit fondée sur des

constatations comme celles auxquelles nous procédons. » Tous les apports à la médecine, mentionnés dans ces conférences, doivent d�abord être pleinement compris pour pouvoir faire de la « loi des semblables » un instrument utilisable et développer la dynamisation en un processus pharmaceutique porteur d�avenir. Dans la 11ème conférence (31 mars 1920), Steiner cite la crainte des homéopathes d�être « taxés de mysticisme » et développe une image mathématique pour les « degrés qualitatifs de dynamisation » : trois orientations données aux processus, placés l�un au dessus de l�autre, avec deux points zéro entre eux. Il peut ainsi rendre tangible le passage progressif d�un état pondéral à un état impondérable. A cette image abstraite, il en ajoute aussitôt une autre, pour éviter toute confusion avec les notions habituelles. Il s�agit de l�activité de la lumière # uorescente par rapport à la lumière directe, la première ayant une qualité moins pondérale que la seconde. Dans le deuxième « Cours aux médecins » également (2), l�organisme humain est cité comme étant le lieu où l�on peut réellement apprendre comment dynamiser correctement les substances.

S�il est possible de décrire les différents degrés de qualité d�une substance, comme nous avons tenté de le faire ici pour le calcium, on disposerait alors d�un exemple physiologique de la « dynamisation » interne de l�être humain, ce qui ouvrirait la voie à l�étude de ce problème. Pelikan s�en préoccupait lorsqu�il écrivait : « Plus une substance [dans l�organisme humain et dans la dynamisation] cesse d�être quelque chose et n�est pas, plus elle est utile dans la sphère de la vie » (42).

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Le problème en lui-même peut être formulé comme suit : quels sont les critères de dynamisation (homéopathisation, dilution, etc.) dans un art pharmaceutique élargi par l�anthroposophie et comment peut-on jeter un pont entre la dynamisation ainsi comprise d�une part, et les exigences d�une pharmacocinétique et d�une pharmacodynamique modernes d�autre part ? Les problèmes de l�interprétation scienti! que des dilutions homéopathiques ont été abordés par Meyer-Wegener en 2001.

Le point de départ de toutes les approches médicales anthropo-sophiques est que la « dynamisation » est censée surmonter une qualité de substance plus pondérale, apparentée à l�environnement extérieur. A l�heure actuelle, on n�est pas en mesure de dé! nir ni de mesurer la nature du premier degré de dynamisation d�une substance porteuse de vie, agissant sur le plan éthérique. Pour certains, cela n�est possible que si l�on est doué de facultés suprasensibles. Jusqu�à présent, la méthode classique, maintenue dans son principe, s�applique à faire la preuve, expérimentale ou clinique, de son action. Mais comme il a déjà été dit, il n�y a pas dans l�organisme de « dilution progressive par étapes identiques ». Jusqu�à quel point l�organisme « dynamise-t-il » les substances ? Comment l�organisme peut-il servir de modèle pour la métamorphose des substances qui passent d�un état pondéral, semblable à celui de l�environnement, à un état impondérable, porteur de vie, ouvert à l�activité psychique et en! n à un Moi ? En effet, un médicament doit être haussé qualitativement à un degré où il soit capable de déployer son effet thérapeutique dans l�organisme. Le processus pharmaceutique doit lui permettre de passer d�une qualité semblable à l�environnement, à un niveau où il répondra au besoin thérapeutique de l�organisme. Une mauvaise connexion entre les éléments constitutifs doit être dénouée dans certaines régions organiques. L�exemple archétypique de cette tâche est celui de l�Equisetum dans une pathologie rénale (44). Mais personne n�a posé la question de savoir comment la plante médicinale Equisetum peut être dynamisée pour que l�organisation du Moi puisse se détacher de la région rénale. Les nombreuses indications concernant la « dynamisation » des médicaments types par des moyens techniques complexes (39) ont avant tout été étudiées pour la dynamisation du Viscum.

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Dans la science médicale, on considère aujourd�hui la constance de la molécule de calcium comme établie, sans faire de distinction qualitative entre l�environnement extérieur et le monde intérieur de l�organisme. Si l�on suit la trace du calcium dans l�organisme, on est frappé par le fait qu�aucune différence qualitative des molécules de Ca++ ne peut être trouvée tant qu�on ne tient pas compte des substances et des structures environnantes, c�est-à-dire de l�organisme en tant que médium ou milieu. Cette méthode est suf! sante pour les études analytiques quantitatives. Mais, qualitativement parlant, le calcium est-il encore la même substance lorsque, dans le sang, il passe de la forme de Ca++ ionique libre à celle de calcium lié à une protéine et enveloppé ? Dans le nouveau médium, le calcium

· ne peut plus agir sous sa forme initiale,

· ne peut être mis en évidence en tant que Ca++ (s�il n�est pas séparé de l�albumine),

· a (provisoirement) perdu son action calcaire apparentée à l�environnement extérieur et ne réagit pas aux nombreuses autres substances présentes dans les protéines du sang, dans le sens d�un Ca++ ionique actif,

· a perdu « son lien avec le tout (du calcium) ».

Cet état du calcium pourrait-il être considéré comme « dynamisé sous une forme porteuse de vie » ? Extrait de la « cohésion entre les éléments », le calcium se trouve là inséré dans un nouveau médium. Si l�on observe attentivement, on constate que même le Ca++ salin du sang n�agit pas non plus nettement sur le plan anorganique. Nous avons mentionné que le calcium et les phosphates sont présents dans l�organisme sous forme de solutions sursaturées. Mais normalement, il n�y a pas de précipitation car le processus est « contrôlé biologiquement » par les substances environnantes (Mg++, CO

3--, P

2O

74-, protéines, glucosamine glycane etc.), c�est-à-dire par

le médium agissant dans ce cas. Même là, le Ca++ ionique du sang semble être plus « vivant » que dans le tube à essai.

Revenons un pas en arrière. Même l�apatite osseuse cristallisée, dans laquelle le calcium se rapproche le plus de sa forme physique, semblable à l�environnement, n�est pas identique à l�apatite minérale. Dans le cadre expérimental, à la température biologique, il ne se forme

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qu�une apatite amorphe sous forme non homogène (45), alors que l�apatite de l�organisme est microcristalline, contient de l�eau et des substances organiques avec, dans les dents, un poids spéci! que nettement inférieur à celui du règne minéral (46). Ainsi, le calcium nous prouve que même sous sa forme cristalline au sein de l�organisme, il n�est pas identique au calcium de l�environnement. Il est certes physique et pondérable dans les os, mais pas identique à celui de l�environnement. Lorsqu�il est ! xé dans les protéines et les structures membranaires, le calcium est-il homéopathisé à un degré de dynamisation porteur de vie ? L�art pharmaceutique actuel utilise ce principe dans les molécules transporteuses destinées aux médicaments.

Cette possibilité de « cacher du calcium » est développée dans l�organisme : « l�espace pauvre en calcium » du cytosol est amélioré qualitativement par le fait que le calcium est caché dans des vésicules et des poches mitochondriales, à l�intérieur des cellules et des noyaux. Sur le plan de l�évolution, cette forme n�apparaît qu�avec les muscles striés et c�est elle qui autorise les fonctions motrices sophistiquées. L�édi! cation de cette nouvelle forme de dynamisation du calcium dans l�organisme permet à une vie psychique intentionnelle de s�exprimer dans les potentiels nerveux, ainsi que dans les potentiels de sécrétion et de mouvement. Lorsqu�il apparaît sous forme encapsulée dans les vésicules, le calcium est-il homéopathisé à un degré de dynamisation porteur d�une vie psychique ? L�art pharmaceutique actuel utilise ce principe dans la micro-encapsulation des principes actifs.

Le plan de l�organisation du Moi se traduit par l�interaction complexe de tous les facteurs qui permettent la mitose et l�apoptose et que le calcium utilise comme signal de structuration pendant l�induction organique et la différenciation cellulaire. Jusqu�ici on ne sait pas si, mis à part la ! xation sur des protéines et des membranes et le stockage dans des vésicules, d�autres possibilités de génération de potentiels ont été développées pour ce jeu entre calcium lié et calcium libre, qui se déroule avant tout au niveau intranucléaire. On peut tout à fait envisager que l�organisation du Moi ne s�exprime plus du tout dans le spatial mais uniquement dans l�ordre temporel de tous les facteurs d�activation et d�inhibition servant d�instrument à l�édi! cation et à la croissance, à la différenciation, à la con! guration et

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à la dégradation. Le mode de dynamisation qualitative du calcium au niveau de l�organisation du Moi est une question en suspens.

Jusqu�à présent les réponses à la question des degrés de dynamisation « porteur de vie » ou « porteur d�une activité psychique » sont restées plutôt abstraites : les degrés de dilution autour de D10 sont plutôt porteurs de vie, ceux autour de D20 s�adressent plutôt au niveau psychique, etc. Mais il est clair pour tous ceux qui s�interrogent, que cette réponse n�a aucun avenir. Cet essai avait pour but de présenter un concept élargi de la dynamisation. Ce concept est sans doute encore trop lié aux phénomènes physiologiques analysés et ne peut s�appliquer directement aux processus pharmaceutiques. Il faut que cette approche soit testée sur d�autres substances a! n de mieux comprendre les aspects généraux des degrés qualitatifs et les distinguer des spéci! cités du calcium. Cependant, la vue d�ensemble de l�action du calcium dans l�organisme est un premier pas pour décrire avec plus de précision les niveaux de qualité des substances et permettre un élargissement de la notion de dynamisation.

Je remercie Madame le Docteur R. Gehrlig , Carl Gustav Carus- Institut, pour ses nombreuses indications bibliographiques à propos de l�apatite et des carbonates de calcium labile et stable. $

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Bibliographie 1. Steiner R. : Physiologie et thérapie en regard de la science de l�esprit,

Premier entretien avec les médecins, 21 avril 1924 Dornach, Editions Anthroposophiques Romandes, 1986, GA 314

2. Steiner R. : Thérapeutique et science spirituelle, Conférence du 11 avril 1921 à Dornach, Editions Anthroposophiques Romandes, 1986, GA 313

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Le calcaire et la silice � leur effet dans l�organisme humainnotamment du point de vue des problèmes d�allergie * Angela HaakeTraduction Laetitia Lescourret Introduction

Lorsqu�on passe de l�anatomie au vivant, on parle aujourd�hui de physiologie, de chimie physiologique, etc. Les lois du corps physique sont effectivement soumises à celles de la physique. Nous pouvons peser, mesurer, compter ce qui est inerte. Mais dès que l�on passe dans le domaine du vivant, on a affaire à quelque chose d�autre. La vie d�une plante ne se mesure pas. Nous ne pouvons donner qu�une description indirecte de sa croissance. Cette croissance est une expression de la vie. Quand on appréhende une entité vivante, on aborde un domaine soumis à des lois cosmiques tout à fait différentes. Il faudrait créer une nouvelle terminologie, adaptée au vivant. Tant que l�on parle de physiologie (étude des processus physiques), on ne pénètre pas dans le domaine du vivant en action. Un nouveau terme pourrait être par exemple« éthérologie ».

Au niveau du processus, le vivant n�est rien, tout « devient », tout est en devenir. Chacun connaît le cristal de roche pur, structuré, translucide et le calcaire dans sa forme typique plus arrondie, dans les stalactites par exemple1. Aux yeux de l�observateur, ces minéraux, structurés par des forces, se trouvent dans un état d�aboutissement d�un processus en devenir.

Nous autres, hommes, avons la même origine, et sommes constitués de la même manière ; trouvons-nous aussi dans notre organisme du calcaire et de la silice ainsi que le principe de formation calcaire et des forces formatrices de la silice ? Il faut faire la distinction entre processus, phénomène de devenir se manifestant par des forces modelantes, et la substance, la matière, l�objet.

* Article tiré des : Korrespondenzblätter für Ärzte, 118, 1987, p 14-23 D�après une conférence donnée le 25/01/1986 à Schwäbisch-Gmünd à l�occasion du Colloque

pour médecins et dentistes.

Le Docteur Angela Haake, Médecin, et Collaboratrice du Laboratoire Weleda à Schwäbisch-Gmünd en Allemagne.

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Pour comprendre le comportement du calcaire ou des composés calciques ainsi que de la silice et des composés du silicium en nous, il faut introduire de nouvelles notions : « calcier » et « silicer ». J�entends par « calcier » l�activité par laquelle nous absorbons, déposons, minéralisons, dissolvons et éliminons le calcaire. L�activité polaire est l�activité de « silicier ». Il s�agit d�une activité beaucoup plus subtile sur le plan substantiel, entre processus et repos. Dans les deux cas, cette activité humaine est inconsciente. Lorsque nous lisons, écoutons de la musique ou chantons, cela se fait la plupart du temps avec notre faculté d�attention ordinaire. Lorsque nous essayons de « silicier » ou de « calcier » (nous faisons in! niment plus), nous plongeons avec notre conscience dans ce monde habituellement secret et mystérieux.

Silice et « silicier »

Par rapport à l�écorce terrestre qui est à 90 % composée de silice, l�être humain ne contient qu�1 g de silicium, contre 1 650 g de calcium. La quantité pondérale ne constitue qu�une partie de sa signi! cation dans l�organisme, l�autre étant des processus en lien avec l�acide silicique2.

L�acide silicique est absorbé par la peau, les poumons et l�intestin. Il est présent en quantité suf! sante dans l�alimentation. Les organismes inférieurs, les bactéries riches en silicium, sont en mesure de libérer à partir des silicates de l�acide silicique soluble dans l�eau qui, absorbé par les plantes, aboutit ! nalement dans l�organisme humain3. Les céréales sont des plantes particulièrement riches en silice. Mais l�eau et l�air contiennent également de la silice en dilution in! nitésimale. L�élimination se fait par l�intestin et les reins.

Dans ce contexte, les observations suivantes sont intéressantes :

- Un apport oral d�acide silicique augmente l�élimination par l�urine sans élévation du taux d�acide silicique dans le sang

- La prise par voie parentérale accroît le niveau d�acide silicique dans l�urine et le sang, mais seulement sur une courte période

- L�inhalation d�acide silicique entraîne une teneur en acide silicique du sang, durable et excédant largement la quantité inhalée4.

Dans l�introduction de son livre Silizium und Leben5 (le silicium et

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la vie), Voronkov écrit qu�il a trouvé énormément de choses mais qu�il lui manque malheureusement le lien spirituel pour pouvoir classer les éléments. Les organes, les tissus stockent donc les composés siliciques en concentrations très diverses. Il est frappant de voir que la peau et ses phanères (cheveux, poils, ongles) en contiennent une concentration nettement plus élevée. Mais dans le tissu conjonctif, le pancréas, les poumons, l�épithélium du tube gastro-intestinal, on le trouve en quantités importantes. Il est intéressant de noter que la gelée de Wharton est particulièrement riche en silice et que la peau du nourrisson en contient elle-même beaucoup. Dans le même ordre d�idée, on peut citer le lanugo du nourrisson. La teneur en silice de l�organisme décroît en continu au cours de la vie.

La silice a un rapport particulier avec l�eau. La silice ! nement dispersée peut absorber énormément d�eau. L�eau est alors structurée par la silice. Le corps vitré de l��il est riche en silice, de sorte qu�on peut dire de lui qu�il est analogue à de l�eau organisée. Les organes sensoriels et notamment les carcinomes sont aussi riches en silice. Dans les tissus conjonctifs la silice se trouve principalement dans l�élastine et moins dans le collagène. Le tissu conjonctif tient son élasticité de la liaison eau-silice, alors que la déperdition en silice engendre la fragilité des tissus venant avec l�âge. La ! brine du sang contient l�une des plus fortes teneurs en silice4.

Dans la pathologie, la silice n�apparaît que dans la silicose. Des cristaux de quartz se déposent dans ces organes, et y développent des granulomes. Au second stade de la maladie, la radiographie pulmonaire montre des images en « tempête de neige ». Il faudrait dans ce cas analyser s�il n�y a pas, dans un premier temps, dissolution sous forme colloïdale de la poussière de silice, avant qu�elle n�entre en action16.

Dans leur livre Données de base pour un élargissement de l�art de guérir, Rudolf Steiner et Ita Wegman consacrent tout un chapitre à l�action de l�acide silicique dans l�organisme humain : « L�acide silicique [�] forme la base physique de l�organisation du Moi. Car l�action de celle-ci consiste à structurer. Cette organisation du Moi a besoin du processus silicique jusque dans les parties de l�organisme où la conformation, la con! guration, con! ne au monde extérieur et intérieur (inconscient) »6 . Avec ses phanères, la peau constitue la limite par rapport au monde extérieur. Le processus de l�acide silicique, engendré

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par les forces siliciques, concourt à la délimitation de l�organisme par rapport au monde extérieur, cela se fait donc au niveau de la peau, de sorte que l�organisme peut développer ses processus à l�intérieur de ces limites sans devoir participer aux processus de la nature. De même au niveau de la muqueuse intestinale. Là encore, des limites doivent être maintenues. Mais il est étonnant de constater le rythme extrêmement rapide de renouvellement cellulaire dans l�ensemble de ces zones de délimitation ; d�énormes quantités de cellules épithéliales sont rejetées chaque jour sans porter atteinte à l�intégrité de l�organisme humain.

L�activité silicique se manifeste donc aux endroits où se forment des limites ou barrières, et aussi dans les organes de perception, c�est-à-dire les organes sensoriels. Mais outre les organes de perception consciente, il existe aussi des organes de perception inconsciente. Il faut se représenter l�ensemble de l�organisme tel un orchestre qui peut sonner en harmonie lorsque les différentes voix, à savoir les différents organes, s�écoutent entre eux, se perçoivent mutuellement. Outre sa tâche spéci! que, chaque organe est aussi un organe de perception.

Le chat, par exemple, a une perception très accentuée au niveau de ses moustaches. Chez nous, la conscience au niveau de la sensibilité des cheveux est faible. Ce sont des organes de perception dans le domaine aérien : nous sentons les mouvements. Les « cheveux qui se dressent sur la tête » sont une image exprimant notre ressenti dans cette zone. Par contre, les villosités intestinales et leurs ! laments très ! ns ont une perception dans le domaine liquide.

L�activité silicique, autrement dit les effets de l�acide silicique, font donc naître un organisme silicique sous la maîtrise de l�organisation du Moi humain.

Silice et allergie

En nous référant aux mots clés « peau en tant que barrière, organe de délimitation », nous allons maintenant étudier l�allergie. Dans cette pathologie, on constate une lésion des barrières ou délimitations. Le Moi de l�homme édifie sa peau comme un mur autour d�une maison. Les cellules immunitaires (lymphocytes T auxiliaires, lymphocytes T suppresseurs, cellules NK, monocytes) se comportent en petites sentinelles chargées de surveiller la pénétration depuis l�extérieur de substances étrangères dans le

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corps humain ou bien si quelque chose d�interne veut franchir les limites vers l�extérieur. Le rhume des foins semble s�apparenter au second processus : il manifeste une grande curiosité vis-à-vis du monde végétal, comme une attirance de sens centrifuge vers la nature. Il serait donc logique de fonder la thérapeutique sur cette conception et de rétablir la barrière. Il en est de même pour les limites internes, lors de l�action centrifuge des forces dans la lumière intestinale, en cas de colite. Les limites sont dissoutes, il y a liquéfaction et franchissement de la barrière. La silice peut là aussi intervenir dans le maintien des limites.

En cas d�in# ammation de la peau, l�organisation du Moi déploie à cet endroit une activité excessive par l�intermédiaire du corps de sensibilité ou corps astral. Une élimination est toujours en rapport avec une activité du corps astral. Lorsque l�être humain est en bonne santé, équilibré, l�organisation du Moi et le corps astral sont tout d�abord en action dans le foie, par exemple. C�est ce qui permet l�excrétion de l�acide biliaire, etc. Si ces éléments constitutifs de l�être humain n�assument pas correctement leurs rôles, la fonction hépatique s�affaiblit et cesse de travailler correctement, d�où un changement dans la digestion. Si l�on apporte de l�acide silicique à l�organisme, les forces en excès du Moi et le corps de sensibilité agissant sur la peau se désengagent et peuvent à nouveau se consacrer à leur tâche au niveau du foie. La peau et la zone intestinale retrouvent leur équilibre. Les phénomènes se produisant au niveau cutané ont toujours des répercussions sur les organes internes.

En résumé, le processus silice correspond à une structuration et une possibilité de perception (consciente ou inconsciente). En tant que substance, la silice a pour fonction de préserver l�élasticité des tissus (os, tissu conjonctif). La diminution de l�acide silicique avec l�âge va de pair avec la perte d�élasticité.

Calcaire ou « calcier »

Contrairement à la silice, avec le calcaire on a à faire à des masses de substance : les os contiennent 1 650 g de calcium (80 % de phosphate de calcium et 6 % de carbonate de calcium) contre 1,2 g de calcium en solution dans le sang7. calcium, phosphate et magnésium se trouvent en quantité suf! sante dans l�alimentation (lait, fromages,

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légumes). Ils sont résorbés par l�intestin grêle. Pour cela, la vitamine D est nécessaire, comme on le sait. L�organisme humain produit le précurseur à cette vitamine, le cholestérol. Pour que la vitamine D soit fabriquée, il faut l�action de la lumière sur la peau qui contient du cholestérol en abondance. La peau agit comme un ! ltre de la lumière. Chaque être humain a son propre mode de réaction à la lumière, un organisme de lumière8.

La libération de l�acide biliaire nécessite des lipides, sinon, avec le calcium, se développent dans la lumière intestinale des savons calcaires qui ne sont pas résorbés. L�élimination du calcium se fait par les urines et les selles. Comme on le sait, des dépôts pathologiques peuvent survenir dans les reins, la vésicule biliaire et sur les parois des capillaires.

Le processus calcaire est un immense processus métabolique au sens le plus juste du terme. Avec le squelette nous avons entre nos mains, la partie substantielle du calcaire. Dans les os, le calcaire est au repos, minéralisé, mais il est l�objet d�un processus continu de transformation.

La modeste partie de calcium dissous est responsable :

- de la coagulation du sang. On y retrouve la tendance à la solidi-! cation.

- de la résistance intérieure des cellules. Le calcium isole les parois des cellules et agit sur l��dème. Le calcium diminue la perméabilité capillaire. Cette caractéristique peut être utilisée sur le plan thérapeutique surtout en cas de perméabilité accrue des parois capillaires lorsqu�il y a libération d�histamine dans le processus de réaction allergique.

- de l�atténuation de l�excitabilité du système nerveux. La conduction de l�in# ux nerveux se fait par l�acétylcholine qui dépolarise les membranes. L�acétylcholinestérase est activée par le calcium, c�est-à-dire que l�acétylcholine peut être détruite, entraînant une repolarisation et, de ce fait, un relâchement.

Rudolf Steiner s�exprime ainsi sur ce sujet : « Le carbonate de calcium constitue pour les forces terrestres un point d�application substantiel à partir duquel elles forment l�os. Le phosphate de calcium joue le même rôle pour les forces cosmiques »9.

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Correspondances médicales Printemps - Eté 2008 / n° 22 95

En ce qui concerne les forces formatrices de la Terre, on peut se représenter cette dernière comme une grosse tête située dans l�univers, donc sphérique, de forme ronde, le cosmos, le monde des étoiles ! xes étant les extrémités de cette entité terrestre vivante, sentante, pensante, et les planètes ses organes. Jusqu�à quelle profondeur descend notre conscience ? Il y a d�abord le sol et le sous-sol avec les vers de terre, les bactéries, les roches sédimentaires, magmatiques, les continents, le sol sous-marin. Les éruptions volcaniques ne sont-elles pas une preuve de la matière en mouvement sous l�écorce terrestre ? Qu�y a-t-il à l�intérieur de la Terre ?

Le processus de formation de la calotte crânienne est le même que celui de la coquille d�huître. L�os est repoussé de l�intérieur vers l�extérieur, l�espace intérieur comportant des parties molles, s�agrandit durant la phase de croissance10. Chez l�homme nous trouvons cette dynamique dans l�ossi! cation primitive du crâne. Le processus du carbonate est à l��uvre dans cette poussée de l�intérieur vers l�extérieur. Contrairement à la calotte crânienne, les os longs reliés par les articulations ont dans l�ensemble une orientation radiaire, ils répondent à un autre mode de formation. Le phosphate de calcium agit comme un processus allant de l�extérieur vers l�intérieur, comme une volonté de condensation extrême ; il est semblable au silicium structurant et relève davantage de l�aspect lumineux du calcaire. Le phosphore (phos = lumière, phero = porter) est le porteur de lumière qui modèle à l�image des rayons lumineux. L�embryologie nous apprend que les os futurs sont préformés au niveau des cartilages11. Les deux types de forces de formation osseuse se retrouvent dans l�ensemble de l�être humain. Ces forces agissent différemment selon qu�elles sont au pôle neuro-sensoriel à l�état de repos, ou bien au pôle moteur, en mouvement. La diaphyse fémorale, par exemple, préformée dans le cartilage (ossi! cation enchondrale) est dotée d�un manchon osseux périchondral qui ne cessera de s�élargir au cours du développement, si bien que chez l�adulte, on peut parler d�os compact à propos de la diaphyse12. La tête du fémur, par contre, comporte de ! nes trabécules spongieuses (ossi! cation enchondrale) avec, à la périphérie, une enveloppe osseuse solide, compacte, il en va de même pour les os de la base du crâne. Au centre, respectant une structure rythmique, nous trouvons la colonne vertébrale et les côtes, modelées par les deux types de forces13.

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Calcaire et allergie

Rudolf Steiner a exposé aux agriculteurs quelques notions à propos du calcium.

« Le calcium remet les choses en ordre lorsque le corps éthérique (de vie) déborde, agit avec trop de force et empêche le corps astral (de sensibilité) d�investir l�organique. Le calcium tempère le corps éthérique »14.

En cas d�eczéma allergique, il peut arriver que la peau gon# e, prolifère sans se liqué! er, mais en prenant plutôt l�aspect « tumoral » de l�in# ammation. En fait, c�est le corps de vie qui prolifère. Les forces formatrices venant de l�organisation du Moi et du corps astral n�ont plus d�emprise sur ces tissus. Le calcium est le vecteur du corps de sensibilité, ou corps astral, au même titre que la silice est le substrat physique de l�organisation du Moi. Si l�on administre à l�organisme du calcium sous une forme appropriée, celui-ci assure alors la fonction de forme, de délimitation, jusqu�à ce que

les éléments constitutifs supérieurs puisse à nouveau intervenir correctement.

En résumé, on peut dire de la substance calcaire qu�elle assure la statique de la charpente osseuse. La solidité, la forme des différentes cellules et la faculté de coagulation du sang ont affaire avec le processus calcaire. Dans le sang par exemple, le calcium existe à l�état tout à fait vivant, il évolue dans l�élément liquidien vivant. Dans l�os, le calcium se minéralise. La composante vivante du calcium y est transformée, car rien ne se perd. Cette vie métamorphosée, libre, c�est-à-dire non liée à la matière, est propice à l�éclosion de la conscience.

L�homme a la capacité de se redresser, de marcher, d�apprendre à parler et à penser. Tout enfant le démontre en permanence. La possibilité de marcher debout est liée au squelette humain15. Un singe peut certes se redresser, mais il a l�air plutôt balourd. Il peut émettre des sons, mais ne peut formuler une pensée en langage. L�homme peut non seulement penser mais aussi ré# échir sur lui-même.

La pensée relève du processus calcaire, la perception, du processus silice. La compréhension et la prise de conscience de ces phénomènes débouchent sur une nouvelle approche thérapeutique. Un nouvel art de guérir voit le jour, même si les médicaments résultant de cette prise de conscience sont préparés et dispensés par l�être humain. $

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10) Benesch, Friedrich / Wilde, Klaus : Kiesel- Kalk -Ton. Urachhaus Verlag, Stuttgart 1983

11) Langman, Jan : Medizinische Embryologie, Georg Thieme Verlag, Stuttgart 1970, p. 123 et sqq.

12) Waldeyer, A : Anatomie des Menschen. Walter de Gruyter, Berlin - New ork 1973, p. 26 et sqq.

13) Goebel, Thomas : A propos de la constitution du crâne humain, Editions Tycho Brahé, Yverdon, Suisse, 1995

14) Steiner R. : Agriculture, Fondements spirituels de la méthode bio-dynamique, Conférence du 13 juin 1924, p. 170, Editions Anthroposophiques Romandes, 1984 GA 327

15) Steiner R. : Médecine et science spirituelle, Conférence du 21 mars 1920, p.28 sqq., Editions Anthroposophiques Romandes, 1978 GA 312

16) W., D. : Quarzstaub greift die Lunge an : Was wissen wir heute über Silikose? Bericht über das 21. Silikoseseminar der Bergbau-Berufsgenossenschaft, 6-9 octobre 1986. Selecta (52), 3694-3695 (1986)

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CalcairePhoto J. Abegg

Quartz

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Le calcaire et la silice dans le traitement des allergies cutanées et des lésions des muqueuses *

Olaf TitzeTraduction Laetitia Lescourret Introduction

L�injection intraveineuse d�un sel de calcium sous la forme d�un gluconate ou d�un aspartate, par exemple, est connue depuis longtemps dans les réactions générales hyperergiques telles que l�urticaire. L�utilisation thérapeutique de l�acide silicique est beaucoup moins connue. Pour l�homéopathe, Silicea 1 est un médicament plutôt constitutionnel ou un remède de processus chroniques tels que les ! stules suppurées.

L�acide silicique

Au chapitre 14 du livre de Rudolf Steiner et Ita Wegman « Données de base� », intitulé « De la pensée thérapeutique »2, nous découvrons deux propriétés essentielles de l�acide silicique, que la physiopathologie classique n�avait pas encore découvertes à ce moment-là, sans doute parce que la question ne se posait pas encore. Il est dit entre autres : « dans sa jeunesse, l�organisme humain est le plus riche en acide silicique, aux endroits où se trouvent les tissus doués de forces formatrices. » Les auteurs pensent probablement avant tout au mésenchyme qui contient de l�acide silicique en quantité pondérale. Il s�agit donc de la substance acide silicique.

Plus loin dans le même texte, il est dit : « Ainsi, l�organisme tout entier est parcouru par des perceptions s�in# uençant réciproquement, et il doit en être ainsi a! n qu�en lui tout agisse de concert et en harmonie. Or tout cela dépend de la bonne répartition de l�action de l�acide silicique. » Il est donc question de l�endroit où l�acide silicique est présent sous forme substantielle et des effets qui en résultent sur l�ensemble de l�organisme. Le symptôme d�hypersensibilité est mis en relation avec un manque d�action de l�acide silicique sur l�organe

* Article tiré des : Korrespondenzblätter für Ärzte, 118, 1987, p 14-23

Le Docteur Olaf Titze est Spécialiste en médecine générale à Boll en Allemagne.

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lésé, qui « n�est pas un organe sensoriel proprement dit ». Pour pouvoir apporter l�acide silicique à l�organe affecté, il faut le combiner à d�autres médicaments.

Rapports entre la peau et les organes métaboliques

Comme on peut tout à fait concevoir la peau comme un « organe sensoriel à proprement dit », Rudolf Steiner évoque dans le chapitre 15 du livre « Données de base� », les phénomènes in# ammatoires de la peau. Le diagnostic du point de vue de la Science de l�Esprit est dans ce cas : activité anormale du corps astral et de l�organisation du Moi à l�endroit atteint et en lien avec cela, une sensibilité réduite des organes internes qui ne peuvent plus accomplir correctement leurs fonctions. Il conseille l�apport d�acide silicique, car de ce fait, « l�activité astrale et celle du Moi détournée vers la peau, en est désengagée. L�activité normalement tournée vers l�intérieur de ces organismes est rendue à elle-même »3. Dans la pratique, si l�on suit cette recommandation et que l�on prescrit uniquement de l�acide silicique sous forme dynamisée, Quartz (Silicea) D12 en trituration par exemple, dans les cas d�eczéma allergique, notamment la dermatite atopique, rares seront les cas où l�on obtiendra une guérison, si l�on ne traite pas simultanément les organes internes ayant une fonction perturbée. Il peut s�agir du foie dans tel cas, des reins dans tel autre, du pancréas dans un troisième cas. La réussite du traitement dépend essentiellement du fait que le médecin sache reconnaître la fonction perturbée, qui ne se laisse nullement diagnostiquer avec les outils habituels. Ainsi, une fonction hépatique perturbée peut déjà être présente lorsqu�on constate une aversion pour les plats en sauce, des phases dépressives et une tendance à la constipation. S�il y a une légère perturbation de la fonction pancréatique, on note des selles grasses de temps à autre, une aversion contre les protéines animales et une douleur pressive anormale à la palpation lorsqu�on comprime la queue du pancréas contre la colonne vertébrale. Des infections fréquentes des voies urinaires ou une sensibilité au froid anormale des reins et de la vessie orientent le diagnostic vers le système urinaire, et ce d�autant plus si le patient évoque un besoin irrépressible d�air lorsqu�il se trouve dans des espaces clos.

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Mais comment traiter les perturbations des fonctions organiques que nous venons de décrire ?

Pour le foie, rentrent avant tout en ligne de compte Hepatodoron® (En France : Fragaria vesca, folium, 20% / Vitis vinifera, folium 20%/ Excipient q.s.p. 100%) en comprimés et Lac Taraxaci D10 / Parmelia D10 aa, ampoules injectables.

Pour le pancréas, je recommande Argentum metallicum D6 + Pancréine D3, ampoules injectables (En France les unitaires Argentum metallicum D6, ampoules injectables et Pancréine D8, ampoules injectables, sont disponibles), ainsi que des compresses à l�oseille avec Oxalis, Folium 20 % ( En France : Oxalis acetosella TM) à usage externe, dilué au 1 :10 = 1 cuillère à soupe dans ¼ l d�eau, à appliquer en compresse chaude sur le corps.

Pour les reins, les médicaments qui ont fait leurs preuves sont : Renodoron® (En France : Lapis cancri silicicum D15, trituration), 1 comprimé 3 fois par jour, Solutio Siliceae comp. D3, D4, D6 en dilution ou Equisetum cum Sulfure tostum D3 à D6 ( En France : Equisetum sulfuratum tostum D3, D4 et D6), trituration, des enveloppements chauds des reins avec une décoction d�Equisetum, suivis de frictions avec Cuprum metallicum D1, pommade.

Traitement local des eczémas

Malgré toutes ces mesures, le traitement externe a aussi un grand intérêt. Les eczémas suintants surinfectés nécessitent tout d�abord un traitement humide, à l�aide d�un cataplasme de son de blé par exemple, qui peut être préparé avec de la teinture mère de Calendula diluée (1 :10). Les eczémas constitutionnels suintants sans surinfection réagissent souvent aux compresses à base d�une décoction d�écorce de chêne (faire infuser pendant ½ heure 1 cuillère à soupe d�écorce de chêne dans 1 l d�eau, maintenir la quantité d�eau en en rajoutant, ! ltrer et laisser refroidir). Il est plus simple de verser 1 cuillère à soupe de Quercus D1, dilution dans 1 tasse d�eau. Outre l�action minéralisante du calcaire, l�effet astringent de l�acide tannique joue un rôle essentiel dans cette application. Pour les foyers épars d�eczéma constitutionnel sec qui sont habituellement très irritants on peut faire un pansement occlusif à

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base de pommade d�Antimonium metallicum D1*. Mais il faut s�attendre tout d�abord à une forte réaction d�in# ammatoire qui se résorbe au bout de quelques jours. Les foyers d�eczéma constitutionnel sans réaction, existant depuis longtemps, réagissent souvent mieux à Kalium aceticum comp. 1%, pommade, notamment lorsqu�il y a eu auparavant plusieurs traitements à base de cortisone. Quelquefois un corps gras, sous forme d�émulsion grasse Linola (Wolff), ou d�huile d�amande douce fait davantage d�effet qu�une pommade médicamenteuse. Dermatodoron® (Dulcamara, " os 5% / Lysimachia nummularia 5% / Excipient q.s.p. 100%) en gouttes est recommandé pour le traitement de suite des eczémas, à raison de 5 à 15 gouttes trois fois par jour.

Rhume des foins et asthme

Après le traitement des affections de la peau, que l�on peut vraiment considérer comme un « organe sensoriel à part entière », posons-nous la question des pathologies des organes qui ne sont pas des « organes sensoriels proprement dit ». Nous pensons au rhume des foins, à l�asthme d�origine allergique ou à la rectocolite ulcéro-hémorragique. Au vu de ce qui a été dit précédemment, comment associer l�acide silicique avec d�autres remèdes de façon à ce qu�il neutralise la sensibilité des bronches ?

Lorsqu�il s�agit d�un sujet atopique, l�enfant à examiner est d�un type constitutionnel particulier. Par l�homéopathie, nous connaissons ce qu�on appelle le type Calcarea carbonica, qui a tendance aux « épanchements vers l�extérieur » dans des infections fréquentes. Dans le chapitre sur Succus citri / Succus cydoniae à la ! n du livre « Données de base pour un élargissement de l�art de guérir », les auteurs décrivent la situation de la façon suivante : « Les forces du corps éthérique sont prépondérantes et le corps astral se retire, tendant à ne pas intervenir normalement dans les corps éthérique et physique ». Et un peu plus loin, « le corps astral et l�organisation du Moi deviennent hypersensibles.. »4 Ensuite est indiquée l�ef! cacité thérapeutique du jus des fruits à l�écorce dure comme du cuir. L�usage de ces fruits stimule l�intervention du corps astral dans le corps éthérique. Selon les auteurs, la teneur en composés minéraux (potassium, calcium et silice) stimule en même temps l�organisation du Moi.

* Compte tenu des normes toxicologiques actuelles, l�application de pommade Antimonium metallicum D1 ne devrait pas dépasser 75 mg / jour de pommade pour un adulte de 60Kg (soit une quantité équivalente à deux têtes d�épingles Ndlr)

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En l�occurrence, il ne s�agit pas seulement de l�activité de l�organisation du Moi se déployant dans la zone sensorielle mais aussi de la stimulation de la minéralisation dans toutes les zones du corps.

L�acide silicique apparaît donc comme niché dans le processus de fructi! cation du citron et du coing, associé au potassium et au calcium. On peut réellement aider sur le plan constitutionnel un sujet atopique de type Calcarea Carbonica, en lui prescrivant Calcarea carbonica ostrearum D20 en trituration, un calcaire issu du règne animal. Si malgré cela, il a un rhume des foins ou de l�asthme, le médicament approprié sera une préparation telle que Chamomilla vulgaris, radix D12 / Silicea D20 / Succus citri D6 / Succus cydoniae D6 aa, ampoules injectables. Or il existe aujourd�hui un nombre suf! sant de sujets allergiques atteints de rhume des foins et d�asthme qui ne sont pas d�une telle constitution. Mais un fait persiste du point de vue de la science de l�esprit, à savoir la prédominance du corps éthérique et de ses forces, ainsi que l�intervention à mauvais escient du corps astral dans le corps éthérique et le corps physique. Quelle en est la signi! cation du point de vue de l�organisation tripartite ? L�organisation du Moi qui doit déployer son action directe dans l�ensemble de l�organisme métabolique, depuis la perception consciente des odeurs, goûts etc. jusqu�à la dégradation complète des substances nutritives, déplace son activité vers le système nerveux végétatif dans la même zone. Il en est de même pour le corps astral, qui devient alors hypersensible. Des substances comme l�acétylcholine et l�histamine apparaissent dans le sang. Les substances exogènes ne peuvent plus être dégradées et éliminées. A la place des processus normaux de digestion, des processus de perception apparaissent au mauvais endroit. Au niveau de l�organisme rythmique par exemple, se produit dans la zone respiratoire une prédominance de la tendance à l�expiration du corps éthérique qui engendrant un mouvement antagoniste de crispation et une gêne expiratoire, due au corps astral. Ce dernier ne contrôle plus le rythme des muscles diaphragmatiques dans la respiration diaphragmatique, mais de manière discontinue par le biais du parasympathique, ce qui perturbant ainsi le rythme respiratoire. Un traitement à l�aide d�une préparation de calcium au degré adapté de dynamisation peut aider à remettre en rythme l�activité débordante, à tendance nerveuse du corps astral. Le carbonate de calcium du Jura montre, comme la coquille d�huître ou d�escargot, une articulation rythmique, constatation pouvant stimuler notre imagination dans le sens de ce qui vient d�être exposé.

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Rectocolite ulcéro-hémorragique

Ce qui au niveau du système bronchique s�exprime comme processus aérien, se manifeste dans la rectocolite ulcéro-hémorragique dans le domaine aqueux-muqueux. Nous nous trouvons au centre du système métabolique et des membres. Ici c�est avant tout l�antimoine qui agit au niveau de l�organisation du Moi, en structurant les processus protéiques débordants, qui se manifestent dans la muqueuse intestinale atteinte de rectocolite. En associant la silice sous une forme vivante avec des préparations calcaires et de l�antimoine, on peut à la longue maîtriser des affections aussi complexes que la rectocolite.

Cas cliniques

1. Patiente de 33 ans, à la chevelure sombre, très maigre, d�aspect asthénique. Atteinte depuis environ 12 ans d�une rectocolite ulcéreuse hémorragique, avec mucus et sang. Amélioration pendant quelques années grâce à un traitement anthroposophique suivi. Rechute depuis 1982. Reprise d�instillations rectales de Betnesol® et d�Azul! dine®. La patiente consulte à nouveau en été 1985 : manque d�appétit, hypotonie, saignements occasionnels, écoulements muqueux fréquents, insomnies, fatigue durant le jour, et 5 à 6 selles par jour.

Le traitement consiste en :

- Funiculus umbilicalis D15 ampoules (Wala) (cordon ombilical de veau, particulièrement riche en silice "),

- Tunica mucosa coli D15, ampoules (Wala),- Quercus (cortex) D1, dilution, 10 gouttes 3 fois par jour,- Antimonite (Stibine) D6, trituration, 1 mesurette 3 fois par jour,- Cuprum metallicum D1 en pommade, ef# eurages du corps,- Arrêt de Betnesol® et d�Azul! dine.

Contrôle le 9 décembre 1985 : de temps à autre des mucosités dans les selles, mais absence de sang. Fréquents maux de tête. Prescription supplémentaire de Kephalodoron® D3 , comprimés (En France : Ferrum sulfuricum silicicum D3, trituration). Importante amélioration de l�état général : plus de diminution de poids, bon appétit, normalisation du som-meil, pratiquement plus de fatigue durant la journée, 1 à 2 selles quotidien-nes. Mentionnons qu�un traitement similaire s�était précédemment révélé concluant, et avait été suivi d�une rémission de plusieurs années.

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2. Adolescent de 13 ans, blond aux yeux bleus, issu d�une famille de sujets atopiques, souffrant de rhume des foins et de fréquentes infections bronchiques asthmatiformes, ainsi que de dérèglements circulatoires se manifestant par une cyanose en se baignant et une tendance au collapsus lorsqu�il est debout, etc.

La forme de traitement à base de silice qui a été choisi consiste en :

- Equisetum arvense Silicea cultum D2, dilution, 10 gouttes 3 fois par jour, associé à

- Chamomilla vulgaris, radix D12 / Silicea D20/ Succus citri D6/ Succus cydoniae D6 aa, ampoules injectables, à raison de 2 à 3 injections par semaine.

Le traitement à base de silice a d�abord été soutenu par :

- Plumbum D14 2 P / Stannum D14 1 P, trituration, 1 mesurette 3 fois par jour.

Au bout de 3 mois de traitement, les symptômes du rhume des foins ont disparu, la bronchite, toujours légèrement présente, n�était plus spastique. La tension artérielle était de 85/55 mm Hg en station debout et de 95/75 mm Hg en position allongée. L�indication thérapeutique pour un traitement intensif des troubles circulatoires était nette :

- Cardiodoron® (Hyoscyamus niger 0,1% / Onopordon acan-thium 2,5% / Primula of! cinalis 2,5% / Excipient q.s.p. 100%), dilution, 20 gouttes 3 fois par jour,

- Glandula suprarenalis D3/ Solutio Ferri comp. D6 aa, (Surrénine D8/ Solutio Ferri D6 aa), ampoules injectables, une injection sous-cutanée 2 fois par semaine.

- Ferrum rosatum D2 10% / Graphites D14 10%, dilution, 10 gouttes 3 fois par jour.

Pour lier encore plus fortement le processus calcaire avec l�activité du corps astral dans le métabolisme, j�ai choisi le composé calcium-arsenic sous forme de :

- Parathyroïdium D8/ Pharmacolithe D7/ Quercus robur D1 aa, dilution, à raison d�1/2 cuillerée à café 3 fois par jour.

- Une cure des eaux de Levico à Vetriolo en Italie, a achevé de stabiliser l�état du jeune homme, qui est à présent asympto-matique.

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3. Le frère du patient décrit au paragraphe 2, âgé de 10 ans, cheveux blonds foncés et yeux bruns, est également un sujet atopique souffrant de rhume des foins et de bronchite asthmatiforme. Il s�agit d�un tempérament sanguin prononcé, qui aime bien manger, mais souffre souvent de # atulences et de digestions dif! ciles. L�examen montre une constitution délicate, de l�hypotension, une hyperplasie des amygdales et des # atulences dans la région hépatique. Les processus anaboliques doivent être stimulés, les stases du métabolisme éliminées, en d�autres termes, il faut aider l�organisation du Moi et le corps astral qui n�investit pas correctement le corps éthérique au niveau de la zone métabolique, en leur apportant un calcaire vivant, des amers et des tannins ainsi que des acides organiques. Cela peut se faire grâce à :

- Prunus spinosa, Quercus cortex et Veronica of! cinalis, tous les trois en D1 (10%) (Prunus spinosa sommités, D1 (10%), dilution, 10 gouttes le matin,

- Quercus Cortex, D1 (10%), dilution, 10 gouttes le midi et Veronica of! cinalis, D1 (10%), dilution, 10 gouttes le soir.)

La constitution à tendance hystérique a été traitée avec :

- Bryophyllum Argento cultum D2 (1%), dilution, à raison de 10 gouttes 3 fois par jour.

Les phénomènes de # atulences de la zone métabolique ont été neutralisés avec :

- Kalium aceticum comp. D3, (Kalium aceticum stibiatum) trituration, une mesurette 3 fois par jour.

La circulation et les phénomènes asthmatiques se sont améliorés également grâce à une cure aux eaux de Levico à Vetriolo en Italie.

Il est intéressant de noter qu�avec le début de la scolarisation, une légère rechute s�est produite à cause de l�effort intellectuel plus intense.

4. Parmi les nombreux cas d�eczémas, nous choisirons Jan, 8 ans, venu à mon cabinet au début 1985, pour un eczéma de type sec-humide. C�est un enfant aux cheveux sombres, turbulent et qui avale tout rond la nourriture. Les endroits atteints sont localisés au menton, au dos des mains et aux faces d�extension des jambes. Comme j�avais des dif! cultés à établir le diagnostic d�organe, j�ai prescrit :

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- de la tisane d�Equisetum, Equisetum cum Sulfure tostum (Equisetum sulfuratum tostum) D3, trituration,

et, en plus de ce traitement rénal :

- Chelidonium comp. (Carduus marianus 10 % / Chelidonium majus, radix 10 % / Digestodoron, Onopordon ac., folium 10 % / Taraxacum dens-leonis 10 % / Urtica dioïca 10 % aa) en dilution, comme médicament hépato-biliaire.

En local, des compresses de mousse d�amande douce ainsi que de teinture de Calendula / son de blé pour les zones suintantes, ont été prescrites. Par la suite, la pommade Antimonium metallicum 0,4% / Calendula of! cinalis 10%*, a été utilisée.

L�eczéma a guéri, mais au bout de sept mois, il s�est ravivé sur les mains. J�ai alors prescrit :

- Quarz (Silicea) D12, trituration, une mesurette trois fois par jour, et

- Carbo vegetabilis D6 2P/Carum carvi 5% 1P/ Cichorium intybus pl. tot 5% 1P/ Cochlearia of! cinalis 5% 1P/Ocimum basilicum 5 %1P/ Pancreine D8 2P/Platine D 10 2P/Saccharum tostum D6 2P dilution5 , à raison de 15 gouttes 3 fois par jour, ainsi que

- des compresses de Cuprum metallicum 0,4% D1, pommade sur le corps.

l�ensemble a eu un effet immédiat. Avec un recul de 3 mois seulement, il est impossible d�exclure une nouvelle récidive.

Résumé

La littérature anthroposophique souligne l�importance de l�acide silicique dans la physiopathologie des affections allergiques. L�hypersensibilité et la carence en silice vont de pair, de même que l�hypersensibilité de la zone atteinte et les troubles fonctionnels des organes internes. Du calcaire organique (Conchae par exemple) tempère une prolifération des processus de vie et les harmonise dans le sens d�une interaction physiologique entre les processus cataboliques porteurs de conscience et les processus anaboliques

* Compte tenu des normes toxicologiques actuelles, l�application de pommade Antimonium metallicum D1, ne devrait pas dépasser 75mg/ jour de pommade pour un adulte de 60 Kg (soit une quantité équivalente à une ou deux têtes d�épingle NdlR) En revanche Kalium aceticum stibiatum ne pose pas de problèmes.

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se déroulant dans l�inconscient. Les phénomènes in# ammatoires peuvent s�atténuer, les crampes se relacher.

Dans le traitement des maladies allergiques, le calcaire et la silice

s�avèrent donc une base thérapeutique qui doit être adaptée et complétée par une prescription individualisée en fonction de chaque cas. $

Remarques

1. Le médicament Silicea de l�homéopathie n�est pas exactement identique aux préparations à base de silice utilisées en médecine anthropo-sophique.

2. Steiner R. / Wegman I. : Données de base pour un élargissement de l�art de guérir (GA 27) Editions Triades, 1985, Paris, p. 92 à 96

3. Steiner R. / Wegman I. : Données de base pour un élargissement de l�art de guérir (GA 27) Editions Triades, 1985, Paris, p. 99

4. Steiner R. / Wegman I. : Données de base pour un élargissement de l�art de guérir (GA 27) Editions Triades, 1985, Paris, p.150-151

5. Je suis parti de l�hypothèse qu�on était en présence d�une digestion incomplète des protéines. La prise de nourriture et la digestion s�effectuent trop hâtivement. L�organisme est par conséquent chargé de produits de décomposition des protéines, à demi digérés et se manifestant par des # atulences à l�odeur putride et des selles irrégulières et nauséabondes.Il m�a semblé qu�une stimulation de la fonction excrétrice du pancréas pouvait être un moyen de faciliter le processus digestif. Outre Carbo Betulae et Pancréine, les extraits de plantes aromatiques contenues dans cette préparation se sont avérés être un concept thérapeutique.

Bibliographie

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Directeur de publication : Dr Jean Chazarenc

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