Couples sérodifférents : le VIH affecte-t-il la relation ?

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Couples sérodifférents : le VIH affecte-t-il la relation ?. Renaud Persiaux - [email protected] Congrès de la SFLS, 3 novembre 2011. Couple sérodifférent : un partenaire séronégatif, l’autre séropositif - PowerPoint PPT Presentation

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  • Couples srodiffrents : le VIH affecte-t-il la relation ? Renaud Persiaux - [email protected] Congrs de la SFLS, 3 novembre 2011

  • Couple srodiffrent : un partenaire srongatif, lautre sropositif

    Ce que disent les personnes dans les actions de sant AIDES : leurs tmoignages vont mailler cette prsentationCe que disent les donnes scientifiquesLa faon dont linformation sur les mthodes de prvention est donne (ou pas)

  • Le risque de transmission : la peur du sropositif de transmettre le VIH lautre, la peur du srongatif dtre contamin. Laurence: Lamour est en pril, le VIH, ce nest pas comme le cancer. Cest le sexuellement transmissible le problme.Limage de ce quest la vie avec le virusAmine : Il faudrait moins dire le sida cest la mort. Dire plus la recherche avance, les mdicaments ont moins deffets secondaires, lesprance de vie sallonge. On peut donner la vie quand on est sropositif, le sida ce nest pas la mort.Il faut sortir des vieux clichs, se remettre la page, aller au-del de la peur.Consquence : le VIH prend une place norme au sein du couple, comme si ctait un 3e partenaire avec lequel il faut composer.Un autre tmoignage rcurrent, cest quil est difficile de maintenir lusage systmatique du prservatif sur la dure, notamment dans le cadre dune relation amoureuse

    Au cur du problme

  • Bulletin des mdecins suisses

    Un pav dans la mare pour tous les acteurs (chercheurs, mdecins, militants)Une rvolution pour les personnes : la possibilit de choisir une mthode prventive adapte ses besoins Trois critres pour un risque infrieur 1/100 000 CV indtectable depuis 6 moisObservance parfaitePas dIST

    Un lment nouveau :les dclarations suisses (2008)TASP : treatment as prevention

  • Chez les couples htrosexuels srodiffrents, la transmission sexuelle dpend de la charge virale du partenaire sropositif

    La prvention de la transmission de la mre lenfant (PTME), largement accepte et utilise, permet de rduire de 99 % la transmission en supprimant la charge virale chez la mre. Cest un des atouts de la lutte contre le sida en Afrique.

    QUINN, N ENGL J MED, 2000Effet de la rduction de la CVsur le risque de transmission

  • En Espagne, sur 417 couples-annes, aucune transmission observe ds lors que le partenaire sropositif tait traitChez 3400 couples srodiffrents africains, rduction de 92% de la transmission seule transmission : la mise sous traitementEssai randomis chez 1700 couples srodiffrents : 96% de protection 18 mois seule transmission : la mise sous traitementSur les 3 dernires annes, pas de virus dans le sperme chez les personnes dont la CV sanguine est indtectableLe traitement initi plus tt est associ une rduction des nouveaux diagnostics chez les gays San FranciscoLe traitement initi plus tt est associ une rduction des nouveaux diagnostics chez les UDVI Vancouver

    DEL ROMERO, BMJ 2010DONNEL , LANCET 2010DULIOUST, AIDS 2010COHEN, NEJM 2011

    Des tudes qui saccumulent DAS, PLOSONE 2010MONTANER, LANCET 2010

  • Le risque de transmission du VIH lors de rapports non protgs est trs faible en cas de charge virale plasmatique indtectable au long cours et en labsence dIST (moins de 1 / 10000).Il faut proposer une information et une valuation aux couples qui envisagent une procration naturelle. La discussion sur les possibilits de procration fait partie du suivi. Le choix final de la mthode revient au couple et en particulier au partenaire non infect.

    Yeni 2010

  • Une motivation supplmentaire :pour commencer le traitement : un lment en plus dans mon apprciation personnelle de la balance bnfice/risquepour lobservance : je veux craser ma charge virale pour protger mon partenairepour avoir des rapports avec prservatifs si le traitement nest pas encore initi : puisque la possibilit existe que le risque soit minime plus tard, je peux envisager pour plus tard et sans frustration des rapports sexuels sans prservatifUne rduction de la peur de la transmission : un stress qui a des effets ngatifs pour le corps, le cerveau et le psychisme

    Une raison de plus pour prendre soin de soi et des autres

  • Une excellente nouvelle largement mconnue

  • Prs de 1000 personnes vivant avec le VIH57 % connaissaient le rapport Hirschel Parmi ces personnes53 % lavaient appris par une association 30 % par les mdecins25 % par une autre personne vivant avec le VIH 64 % ont moins peur de transmettre le virus 56 % ont moins peur de parler du VIH avec leurs partenaires15 % ont une observance meilleure quavant 14 % jugent leur vie sexuelle meilleure quavant76 % utilisent le prservatif ni plus ni moins quavant avec leurs partenaires srongatifs, 11 % moins quavant, 10 % plus quavant

    Enqute VIH, Hpatites et Vous(2010)Daniela Rojas Castro et al., AIDS Impact 2011

  • Cette avance, je nen avais pas entendue parler. a menlve une forte angoisse. Si je peux dire mon copain quil y a solution, que je ne risque pas de lui passer le virus, a va tre plus facile dans notre couple. Peut-tre que a va recommencer comme avant. Le traitement, ce nest pas tout fait 100% de prvention. Mais la capote, non plus ! Dailleurs, mes rapports taient protgs, je me suis demand comment jai pu lattraper ce virus. Mes relations avec les mdecins sont bonnes. Mais pas jusqu parler sexe avec eux. Do pas dinfos sur le traitement comme prvention. Juste la capote. Patrice, 38 ans

  • Ce qui me frappe, cest la peur des gens de dire quon est plus contaminant. Cela heurte, mais il faut aller au-del des angoisses, au del du rejet et de la stigmatisation.Emilie, 45 ans

  • On est ensemble depuis six mois avec mon chri. Il est sropo et il me dit quil sen voudrait sil me contaminait. Alors, avec Hirschel, on se sent plus lger.Mathieu, 22 ans, srongatif

  • Noredine: Pour moi, le seul truc fiable, cest le prservatif. Le traitement, ce nest pas une barrire physique, a ne minspire pas confiance. Jai trop peur de transmettre le virus. Le prservatif ne me pose pas problme. Elvira: Moi, je pense que cest fiable. Je suis super observante, alors lefficacit est maximale. Cest un soulagement de savoir que je ne suis plus contaminante, que je ne suis pas une bombe virale. Chez nous, a sort peine, mais en Suisse, a fait au moins trois ans quon le sait. Jai lair un peu fofolle comme a, mais je me suis documente Je suis un peu concerne, non ? Noredine: Tu crois vraiment que a peut marcher, Elvira? Comment on fait?

    Noredine et Elvira

  • Je ne dis jamais mes partenaires occasionnels que je suis sropo, puisque je mets une capote et que je suis en CV indtectable. Le mdecin me dit que jai beaucoup moins de risque de transmettre. Moins de risque ou pas de risque, cest toute la question! Ma peur, cest surtout celle du VHC car je sais que les traitements sont assez lourds, et celle de lherps gnital, donc je garde la capote*. a ne me drange pas, mme si jai des problmes drection, cause des antidpresseurs. Jai fait deux tentatives de suicide en huit ans.Jacques, 50 ans

  • Mon premier mdecin mavait dit Monsieur, mme avec une seule copie de virus, vous serez toujours contaminantJai choisi de commencer le traitement parce que jangoissais de contaminer mon copain. javais peur que la capote se dchire et quil faille courir lhpital. Je ne regrette pas, le mdecin tait mon coute. Utiliser Hirschel, cest comme une ngociation dans un couple srongatif qui dit capote en dehors du couple. Utiliser le traitement comme un moyen de prvention, a gomme des diffrences et des barrires.

    Alex, 30 ans

  • 30 septembre1 et 2 octobre 2011LUCELLEWeek-end Ressourcement Lucelle Je vis avec mon VIH, il vit avec ma sropositivit, nous vivons avec le virus !Territoire daction de Franche-ComtLes recommandations des personnes (Lucelle, oct. 2011)

  • Une position claire et officielle de AIDES sur le TASP : il y a des polmiques, des infos contradictoires, cest forcment "Kpot et TASP" ou peut-on choisir "Kpot" ou "TASP ?un discours clair sur lefficacit du TASP chez les gaysdes informations sur les pratiques et les risques crer des espaces de paroles, des apros gays, des accueils, des campagnes dt qui en parlentporter ce plaidoyer dans le milieu hospitalier, faire des formations/informations du personnel soignantcrer une plaquette en partenariat avec le corps mdical qui pourrait tre donne par les mdecins aux personnes... Car la parole du mdecin reste une parole scientifique sre

    Les recommandations despersonnes (Lucelle, oct. 2011)

  • Corps mdical : des rticences infondes ?

  • Raisonnons par labsurde :Le traitement seul nest pas efficace 100 %Donc certains estiment que le traitement seul nest pas suffisant, quil faut traitement + capoteMais la capote seule non plus nest pas efficace 100 % (cest indiqu sur tous les paquets)Alors, en toute logique, il faudrait dire que la capote seule nest pas suffisante, quil faut capote + traitementLa seule solution serait linjonction au traitement.

    Le risque rsiduelCeinture et bretelle obligatoires ?Certains voient le traitement + capote comme un ceinture et bretelle obligatoire, une prvention optimise.Cest une position intenable => Informons et laissons choisir ! Laissons choisir ceinture, bretelle ou ceinture et bretelle

  • Reconnaitre lefficacit individuelle du TASP est ncessaire pour esprer un bnfice collectif : enrayer lpidmie. Il sagit de changer limage des sropos et la vision quon peut se faire de la maladie. De montrer que la dcouverte de la sropositivit nest pas associe des renoncements de toute sorte. Et de lever un certain nombre dinterdits que les uns et les autres se fixent : je pourrai pas avoir une relation stable, pas crer une famille... Se traiter pour prvenir, ce nest pas uniquement altruiste ! Rduire la peur de la transmission, son impact sur la libidoAvoir une meilleure qualit de vie sexuelle et donc une meilleure qualit de vie ! Voire reprendre une activit sexuelle que beaucoup avaient abandonneCest avec plein denjeux individuels quon arrive faire de la sant publique : Si je sais que si je me dpiste et que je suis sropo, je vais pouvoir me traiter pour prvenir la transmission, je suis un sropositif qui signorait mais qui maintenant va pouvoir tre suivi.

    Intrt collectifvs intrt individuel ?

  • Certains estiment que le niveau de protection confr par le traitement dans les conditions suisses rejoint les niveaux de protection obtenus avec lusage systmatique du prservatif mais que les conditions suisses ne sont pas ralistes. Et cest vrai quil faut distinguer lefficacy (efficacit thorique) et leffectiveness(efficacit dans la vraie vie) : si lefficacit thorique du prservatif est de presque 100 %, son effectiveness prventive dans la vraie vie est beaucoup plus faible car lusage systmatique et correct est trs difficile maintenir sur le long terme.Le traitement comme prvention est une mthode plus pardonnante: on peut oublier une prise sans que lefficacit prventive dans la vraie vie soit drastiquement diminue.Efficacy vs effectiveness

  • Prvention combine Ce nest pas la fin de la capote !La prvention est combine par les personnes dans le temps, selon les situations, les capacits et les envies du moment. Cest une boite outils dans laquelle piocher. Ne veut pas dire que cest forcment tous les outils ensemble.Lannonce du TASP nannule pas tout ce qui sest dit avant. Cest une stratgie supplmentaire. Le fait de pouvoir remiser la capote dans certaines situations peut permettre de lutiliser plus dans dautres. Par exemple, moins dans le couple et plus en dehors.Mais il faut arrter de faire peur avec le VIH pour prvenir les IST : la plupart se transmettent facilement par fellation. Il faut plus de recherches et plus dinformation sur la transmission sexuelle du VHC

    Dans ton couple, Hirschel ! En dehors, la capote , un participant aux UPS 2011

  • Situation durgence en France : incidence 200 fois plus lev chez les gaysSur Paris, un gay sur cinq est sropo mais il reste trs difficile de dire son statutSylvain : Un exemple tout simple, celui des plans sur le net. Parfois, avec un mec, on est chauds tous les deux avant que linfo passe: "Je suis sropo". L, tu passes de "baisable" "pas baisable". Alors, certes, on na pas de donnes dun essai randomis chez les gays, et on naura sans doute jamais

    Le TASP valide chez les gays ??

  • Le TASP valide chez les gays ? mais on a un faisceau dtudes convergentes !Dulioust et al., AIDS 2010 : quand le traitement est efficace au long cours avec CV indtectable et sans IST : pas de VIH dans le sperme. Kelley et al., JID 2011 : excellente corrlation CV plasma et rectum, mme en prsence dIST.De plus en plus de mdecins et de chercheurs estiment quil ny a pas de raison biologique que le TASP ne sapplique pas chez les gaysPoursuivre les tudes pour mieux valuer le risque rsiduel dans la vie relle (Evarist , Partner) est important pour amliorer lappropriation par les personnes.Mais labsence dessai randomis ne doit pas nous empcher dagir ds maintenant pour lutter contre le rejet, la peur, et ainsi diminuer les nouvelles infections.

  • Pas de dsinhibitionPas de dsinhibition dans les essais : la mise sous traitement a plutt tendance augmenter lutilisation du prservatifEn Suisse, pas la dbcle de la prvention qui tait annonce : pas de hausse des nouvelles infectionsHasse B et al., CID 2010 : leffet du Swiss Statement a t le plus prononc dans les groupes avec des partenaires stables et ayant une charge virale indtectable. Selon les auteurs, cela indique que la population suisse est capable de recevoir des recommandations aussi complexes.

  • Des prises de risquesdj frquentesHPTN 052 : 39 infections malgr une utilisation dclare de la capote de plus de 90%!7 partenaires srongatifs contamins en dehors de leur couple ! Ce qui amne relativiser limportance que lon accorde au risque rsiduel avec lutilisation du TASP avec son partenaire stableEnqute VESPA (2003) : En couple srodiffrent, : Gays : 5 % cachent leur statut ; 17 % ont des rapports sans prservatif - Htros : 9 % cachent leur statut ; 25-33 % ont des rapports sans prservatifAvec les partenaires occasionnels, 20 % chez les gays,PRIMO : les rapports sans prservatifs augmentent chez les gays sropositifs depuis 2000, => Les rapports sans prservatifs sont dj frquents et jamais relis la CV !

  • Dsinhibition vs srodevinetteImpossibilit de dire son statutPas de discussionSupposition sur le statut du partenaire (srodevinette) Pas dadaptation efficace des pratiquesRisque de transmission ++Peur et rejet des sropositifs

  • Adapter ses pratiques en fonction de la CV de ses partenairesPlus efficace que de se baser sur le seul statut srologiquePermet de pouvoir dire son statutMet en avant le rle de la primo-infectionSouligne le besoin dun message adapt pour le TPE : les couples srodiffrents ont toujours la peur que capote craque, quil faille courir lhpital, et que le srongatif en prenne pour un mois de traitement (Pascale, UPS 2011)

    La viroadaptation

  • Que ce ne sont pas les sropos traits qui transmettent le virus, mais bien ceux qui ignorent leur statutQue le moment o le risque de transmission est le plus lev, cest la primo-infection, au point que cette courte priode dans la vie dun sropositif serait lorigine de la moiti des nouvelles infectionsQuil est moins risqu de faire une fellation un sropositif trait qu un mec qui vous assure que son dernier test tait ngatif

    Pourquoi ne pas direplus souvent ?

  • 1. Une personne sropositive suivie et traite efficacement na quasiment aucun risque de transmettre le virus2. Une personne qui assure quelle est srongative ou ignore son statut est plus risque de transmettre3. Dans un couple, tre srodiffrents cest moins alatoire qutre tous les deux srongatifs4. On vit plutt bien et longtemps avec un traitement, la vie avec une personne sropositive peut tre une vie normale5. Le suivi mdical rapproch permet de dtecter temps tous les ventuels problmes de sant (entre autres les IST)6. Rejeter lautre empche de parler du VIH et dadapter sa pratique pour rduire les risques de transmission

    6 raisons de ne plus avoir peurde faire lamour ou dtre en coupleavec une personne sropositive6

  • Amine: le rapport Hirschel, cest laboutissement dun long chemin de misre et de bonheur, cest un grand soleil qui rentre dans ma vie, cest de lespoir. Quelque chose qui me donne plus de caractre pour lutter pour moi et pour ceux qui mentourent et qui ont besoin de moi. Georges : Ne plus tre contaminant, ou presque pas, cest rassurant. Cela solidifie le couple, cela permet de faire des bbsDidier: Moi, jai limpression de revivre. Je me sens plus lger. Cest le bout du tunnel. Laurence: depuis 2 ans, je mautorise vivre. je nutilise plus de prservatif avec mon mari. Cela simplifie plein de chose, cela permet de vivre pleinement la sexualit. Revivre (Universits des personnes sropositives, LIsle sur Sorgue, 2010)

  • Le VIH affecte la relation dans le couple srodiffrent parce quil est peru comme un lment perturbateur (transmissible et irrversible).Beaucoup de personnes se mettent des barrires : la srodiffrence est inenvisageable pour beaucoup, ce sont autant dhistoires damour qui sarrtent.Pourtant, on a les outils pour surmonter ces obstacles : le TASP est un levier puissant pour rduire la stigmatisation, la peur, le rejet condition de reconnaitre que cest un moyen de prvention efficace lchelle individuelle, en lui-mme, et de faon complmentaire dautres outils.Toutes les personnes ont le droit davoir accs ces informations qui concernent leur prvention, leur sant, leur vie.Le TASP permet aux couples srodiffrents dtre des couples comme les autres.Ce ne sont pas les personnes traites qui transmettent le virus, mais les personnes qui ignorent leur statut.

    Conclusions

  • Christian AndreoFranck BarbierThibaut JeunetJean-Franois LaforgerieDaniela Rojas CastroBruno Spire

    RemerciementsAux personnes qui ont accept de tmoigner : Laurence, Amine, Emilie, Mathieu, Pascale, Elvira, Noredine, Alex, Jacques, Patrice, Georges, Didier et tous les autresAux participants des Universits des personnes sropositives 2010 et 2011 et du Week-end Sant Lucelle

    *Bonjour tous, Je remercie les organisateurs de me donner loccasion de porter les mots, les besoins et les revendications des personnes en couple srodiffrents, ces couples o lun des partenaires est srongatif, et lautre pas.

    *Cette prsentation se fonde sur ce que disent les personnes dans les actions de sant AIDES, des tmoignages qui vont mailler cette prsentation, ce que disent les donnes scientifiques, la faon dont linformation sur les mthodes de prventions est donne, ou pas donne, justement.

    *Ce dont tmoignent les personnes, cest quil y a essentiellement deux problmes au sein dun couple srodiffrent. Le premier, cest le risque de transmissionLe second, cest limage de ce quest la vie avec le virus

    *Si ces constats sans relativement anciens, un lments nouveau est survenu dbut 2008. Les dclarations suisses, publies lusage des mdecins, popularises par le professeur genevois Bernard Hirschel.Ca a t un pav dans la mare pour tous les acteurs (quil sagisse des chercheurs, des mdecins ou des militants)Et une rvolution pour les personnes : la possibilit qui souvrait de choisir une mthode prventive adapte ses besoins Trois critres pour un risque infrieur 1/100 000 : une CV indtectable depuis 6 mois, observance parfaite, et labsence dIST.Ces critres taient considrs comme prudents et conservateurs par Bernard Hirschel lui-mme. Ce qui souligne le niveau de frilosit ambiant.Ces dclarations incarnent le concept de TASP : traitement as prevention.

    *Ces dclarations taient bases sur une revue des tudes scientifiques alors disponibles, dont la plus connue tait sans doute une tude de Quinn en 2000.Elle montre que chez les couples htrosexuels srodiffrents, la transmission sexuelle dpend de la charge virale du partenaire sropositif. Dans cette tude, aucune transmission ntait observe ds lors que la charge virale tait infrieure 400 copies.Autre constat : la prvention de la transmission de la mre lenfant (PTME), largement accepte et utilise, permet de rduire de 99 % la transmission en supprimant la charge virale chez la mre. Cest un des atouts de la lutte contre le sida en Afrique.

    *Depuis, de nombreuses tudes sont venues confirmer ces dclarations.*On peut lire dans le rapport dexpert 2010 que Le risque de transmission du VIH lors de rapports non protgs est trs faible en cas de charge virale plasmatique indtectable au long cours et en labsence dIST (moins de 1 / 10000), un chiffre obtenu en additionnant le nombre de couples-annes observs dans toutes les tudes.Le rapport Yeni indique quil faut proposer une information et une valuation aux couples qui envisagent une procration naturelle. La discussion sur les possibilits de procration fait partie du suivi. Cest la procration naturelle mdicalement assiste !Le choix final de la mthode appartient au couple et en particulier au partenaire non infect.

    Par ailleurs, lutilisation du traitement comme moyen de prvention a un certain nombre de bnfices collatraux. Ce quon peut rsumer par les mots de certaines personnes : Une raison de plus pour prendre soin de soi et des autres

    Une rduction de la peur de la transmission : un stress qui a des effets ngatifs pour le corps, le cerveau et le psychisme des sropositifs et des srongatifs

    *Malheureusement, cette excellente nouvelle est encore largement mconnue.**Cest ce que rvle lenqute VIH, Hpatites et Vous mene une semaine donne, fin 2010, dans les lieux et actions de AIDES et en ligne sur Seronet.Prs de 1000 personnes vivant avec le VIH y ont rpondu.Parmi ces personnes proches du milieu ou des mdia associatif, 57 % connaissaient le rapport Hirschel . Ce qui veut dire que 43 % ne le connaissaient pas.Parmi ces personnes :53 % lavaient appris par une association 30 % par les mdecins (ce qui est peu)25 % par une autre personne vivant avec le VIH (ce qui souligne le rle de la pair-aidance)Si on regarde les consquences :Les deux tiers (64 %) ont moins peur de transmettre le virus 56 % ont moins peur de parler du VIH avec leurs partenaires15 % ont une observance meilleure quavant (ce qui est beaucoup au regard des niveaux dobservance habituellement constats)14 % jugent leur vie sexuelle meilleure quavant76 % utilisent le prservatif ni plus ni moins quavant avec leurs partenaires srongatifs, 11 % moins quavant, 10 % plus quavant

    Si on regarde ces derniers 10 % qui utilisent le prservatif plus quavant, ce sont principalement des personnes qui ont une charge virale dtectable.Ces rsultats seront prsents cet aprs-midi au congrs.Donc, on est gagnant sur tous les plans. Les seuls chiffres modifier seraient le taux de connaissance de ces informations. Seul 57 % le savent, il y a encore beaucoup de travail faire.****Noredine et Elvira, qui ne sont pas en couple, avaient cette discussion lors des Universits des personnes sropositives, une action de sant de AIDES organise en 2010.**Il y a quelques semaines, tait organis un week-end ressourcement ax sur la srodiffrence Lucelle, en Alsace. Les personnes ont fait des recommandations, dont beaucoup ont port sur la question du traitement comme prvention, qui est apparu comme une question centrale.**Ces recommandations, les voici :On veut

    On voit donc que la parole du mdecin, comme prescripteur dinformation, est considre comme centrale par les personnes. Mais si certains mdecins sont dj trs laise avec le traitement comme moyen de prvention, dautres restreignent la diffusion de cette information, sur le mode : Vous ntes pas concerns, a fait polmique, les scientifiques ne sont pas srs!.Alors je voudrais voquer maintenant certaines des raisons qui font que les mdecins restreignent la diffusion de cette information.

    **La premire, cest sans doute la question du risque rsiduel, qui fait que certains voient lutilisation de la capote + le traitement comme un ceinture et bretelle obligatoire, qui permettrait une prvention optimise.

    Raisonnons par labsurde :Le traitement seul nest pas efficace 100 %Donc certains estiment que le traitement seul nest pas suffisant, quil faut traitement + capoteMais la capote seule non plus nest pas efficace 100 % (cest indiqu sur tous les paquets)Alors, en toute logique, il faudrait dire que la capote seule nest pas suffisanteLa seule solution serait linjonction au traitement.

    Cest videmment une position intenable. Alors informons et laissons choisir ! Laissons choisir les personnes : ceinture, bretelle ou ceinture et bretelle

    *La deuxime chose, cest lopposition artificielle entre le TASP peru comme un outil de prvention efficace au niveau collectif, mais pas au niveau individuel.Pourtant, reconnaitre lefficacit individuelle du TASP est ncessaire pour esprer un bnfice collectif qui serait denrayer lpidmie.

    **Un mot sur le terme de prvention combine qui souligne que larrive du TASP, ce nest pas la fin de la capote.

    Ce qui pose problme, cest quon rsume la prvention au seul message du prservatif. Les personnes veulent la promotion dun outil de prvention complmentaire au prservatif. Restreindre linformation, cest priver les personnes sropositives et srongatives dun outil supplmentaire. On ne fait pas passer linformation au nom dune information grand public dont on connait dj les limites. On sait dj que le prservatif pour tout le temps et tout le monde a ne marche pas, mais on continue. Et au moment o la rvolution pour les personnes arrive, les mdecins rechignent diffuser linformation parce quils ont peur que a soit mal utilis, et les pouvoirs publics font pas leur job.

    Pourquoi la confiscation de cette information ? Cest comme si on restreignait linfo sur la PTME parce que les femmes sropositives sont en moins bonne sant et quelles ne vont pas arriver la majorit des enfants. Dans les enqutes, quand on met un outil supplmentaire, on voit que les personnes lutilisent en plus. Ce nest pas vrai que les femmes srongatives nutilisent plus du tout le prservatif sous prtexte quil y a le gel prventif.

    On entend souvent que lon ne peut pas donner linformation sur le TASP, parce que des gens vont arrter dutiliser la capote alors quils ne devraient pas.Mais ce nest pas aux personnes sropositives de supporter le poids de campagnes de prvention grand public du VIH, des IST et du VHC ! Pour une utilisation plus efficace : il faut concevoir les outils en complmentarit. Laisser le choix !

    *Le TASP est-il valide chez les gays ? Voil une question qui a fait couler beaucoup dencre ou circuler beaucoup dlectrons.Quand on parle de cette question, il faut se rappeler la situation durgence en France : lpidmie est trs dynamique : lincidence est 200 fois plus lev chez les gays, la moiti des nouvelles infections concerne les gays.

    *On na pas dessai randomis pour dire quil faut traiter en dessous de 500 CD4, mais on un faisceau dtudes convergentes.Et on n a pas dessai randomis sur la capote.*Les malades franais sont-ils plus btes (ralentis du cerveau) que les Suisses ?*Donc, autant quils soient relis la CV*Par ailleurs, alors que le risque de dshinibition est thorique et plutt infirm par ce quon observe dans les essais et dans la ralit,Un autre risque lui est bien rel. Celui de la srodevinette

    Il me propose pas de capote, il doit etre sropo comme moi; il me propose pas de capote, il doit etre srongatif comme moi.Supposition sur le statut du partenaire, en fonction de son ge ou de son apparence physique, par exemple***Pourquoi aussi, ne pas dlivrer les 6 bonnes raisons

    1. Une personne suivie et traite efficacement na quasi aucun risque de transmettre le virus2. Une personne qui assure quelle est srongative ou ignore son statut est plus risque de transmettre3. Dans un couple, tre srodiffrents cest moins alatoire qutre tous les deux srongatifs (on connait tous des exemples de personnes qui ont t contamins au sein dun couple initialement srongatif)4. On vit plutt bien et longtemps avec un traitement, la vie avec une personne sropositive peut tre une vie normale5. Le suivi mdical rapproch permet de dtecter temps tous les ventuels problmes de sant (et la personne srongative ferait mieux den faire autant)6. Rejeter lautre empche de parler du VIH et dadapter sa pratique pour rduire les risques de transmission*Je voudrais terminer sur quelques mots des personnes en raction au rapport Hirschel*Dautres questions se posent que je nai pas eu le temps de traiter, et je serai heureux den discuter avec vous, mais il me faut conclure.

    Le VIH affecte la relation de scurit quon recherche dans le couple, obre lavenir, lemploi, la scurit matrielle

    Prvention positive = par et pour les personnes sroconcernesSadapter aux spcificits et aux besoins des personnesPrendre en compte les progrs scientifiques : Une vision valorisante de la prvention, pas pour rpondre aux injonctions de protection, mais parce que cest important pour moi. une prvention qui ne soit pas vcue comme une contrainte, mais comme un moyen damliorer sa vie.Vivre positivement nos vies

    Il faut arrter de faire peser la prvention sur les seules paules des personnes vivant avec le VIH. Ce nest ni juste ni efficace, et cela favorise lpidmie.

    *