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Gilles Laporte Coups d’œil à gauche, clins d’œil à droite nouvelles

Coups d'oeil à gauche, clins d'oeil à droite

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Recueil de nouvelles de l'auteur Gilles Laporte Publié aux Éditions Sans Limites en 2010

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Gilles Laporte

Coups d’œil à gauche, clins d’œil à droite

nouvelles

Catalogage avant publication (Canada) Laporte, Gilles, 1952- Coups d'œil à gauche--, clins d'œil à droite / Gilles Laporte. Nouvelles. ISBN 978-2-923312-10-1 I. Titre. PS8623.A7369C68 2010 C843'.6 C2010-905606-X Tous droits réservés. Toute reproduction, traduction, ou adaptation, en tout ou en partie, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation au préalable de l’Éditeur. Les Éditions Sans Limites, inc. Orléans (Ontario) Courriel : [email protected] Internet : www.sanslimites.ca Dépôt Légal – 4e trimestre 2010 Bibliothèque Nationale du Canada Conception de la couverture : Anick Bauer www.anickbauerdesign.ca Révision linguistique: Jacques Côté Du même éditeur : Pensées du Jour – Tome Bleu (épuisé) Pensées du Jour – Tome Rouge Pensées du Jour – Tome Pas Jaune Pensées du Jour – Tome de Bronze Pensées du Jour – Tome Final 8850 - Récit d'aventures de Jean-François Carrey, devenu le plus jeune Canadien à avoir conquis l'Everest C'est arrivé à Sainte-Utopie – contes fantastique

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Préface À mon épouse

Voici quelques regards, quelques instantanés de la vie courante pigés dans mon passé et dans mon imaginaire. Chacun des textes qui suivent présente des personnages tantôt réels, tantôt fictifs, que j’ai voulu décrire à l’aide d’anecdotes anodines et sans prétention. Ces textes, je les ai rédigés le soir pour m’occuper, pour m’amuser. Un à un, ils se sont accumulés et j’ai décidé d’en faire un petit recueil. Les prochaines pages contiennent donc les textes que j’ai créés pour toi au cours de l’année. Ce sont de courtes nouvelles que j’ai imaginées un peu pour te montrer que je t’aime et que je pense toujours à toi. C’est un cadeau qui m’a pris un an à façonner. J’ai aussi écrit ces pages pour te prouver que je suis tout simplement quelqu’un qui aime les mots, qui adore le français. Je ne suis pas un athlète de la langue, mais un simple sportif qui s’adonne à un de ses passe-temps favoris. J’ose croire que certaines de mes petites histoires sauront te plaire, que tu riras en en lisant quelques-unes et que tu seras émue par d’autres. Bonne lecture, chère lectrice adorée.

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Clins d’œil

Le parc J’aime le parc urbain. Je pourrais parler au pluriel, mais pour moi, tous les parcs urbains se ressemblent. Ils ne sont qu’un. J’admire la nature du parc urbain, parfois sauvage, dans un sous-bois, parfois tout apprivoisée dans des parterres symétriques. Je m’y aventure en guettant ses habitants animaliers, écureuils, lièvres, oiseaux de toutes sortes. Les mille et une colorations des fleurs et leurs parfums comblent mes sens, m’enivrent. Je m’y sens libre, paisible. Je m’y abandonne. J’aime m’y promener. J’aime m’y asseoir sur un banc. J’aime observer la faune humaine qui s’y vautre sous mes yeux. J’aime observer les petits drames qui s’y déroulent. J’aime y voler des instantanés érotiques. J’aime m’y sentir voyeur impénitent, secret : un coup de vent insolent qui relève une jupe; deux cuisses qui s’écartent le temps d’un clin d’œil et qui laissent apparaître le triangle blanc, inatteignable, mais combien attendrissant, d’une petite culotte; une mère attentive qui se penche pour ramasser un jouet lâché à terre par un

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bébé révolté qui laisse admirer sa généreuse poitrine; quelques jeunes femmes téméraires qui osent s’asseoir en plein gazon sans se soucier du spectacle sensuel que dévoilent leurs robes d’été, une bretelle de soutien-gorge qui laisse entrevoir le galbe d’un sein. J’aime aussi m’y sentir omnipuissant, puisque je me plais à imaginer les vies de tous les individus que j’y rencontre, que je croise et qui, sans le savoir, m’offrent gratuitement une source inépuisable d’inspiration. Voici donc quelques clichés que j’ai pris dans le parc urbain.

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Le banc - Pleure pas, dit-il d’une voix sincère, les idées ailleurs,

cachant maladroitement son impatience. J’voulais pas que ça finisse comme ça.

- J’pleure pas, dit-elle en s’essuyant les yeux. J’pleure

pas, mais j’comprends pas non plus. Pourquoi tu veux t’en aller? J’pus assez belle pour toi?

- Ç’a rien à voir, murmure-t-il en lui prenant le visage

entre les mains. J’veux juste qu’on arrête de s’voir pour quelque temps, c’est toute.

- Y a une autre fille, hein! C’est ça? T’en as trouvé une

autre! lui crie-t-elle en repoussant ses mains. Elle se détourne de lui, le visage boudeur.

- Non, y en a pas d’autre, la rassure-t-il en la forçant à

lui faire face à nouveau. J’veux juste de l’air, un peu d’espace pour respirer. On r’prendra peut-être plus tard, dans un mois ou deux.

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- Dans un mois ou deux, pis là tu t’imagines que j’vas rester là à t’attendre, ben sagement comme une catin de porcelaine, sur le bord d’une fenêtre. Ben là tu t’trompes en verrat. Si tu pars, là tu-suite, ben r’viens pus. J’serai pus là.

- Bon! ça y est, t’es fâchée. J’aurais ben dû écouter Ti-

Paul. - Ti-Paul, qu’est-ce qu’y a à faire là-dedans? - Ti-Paul, y voulait que j’t’écrive un courriel. Comme

ça, j’aurais évité tes larmes, ta crise, les remords.

- Ben, y avait raison, Ti-Paul. Tant qu’à voir ta face hypocrite me dire que tu veux respirer, que tu veux d’l’air. Tant qu’à t’entendre me mentir en pleine face, j’aurais préféré lire ton chriss de courriel. Ta fausse sensibilité, ben, tu peux t’la mettre où tu penses! lui lance-t-elle en se levant

Il la retient d’un geste rapide en lui prenant le bras. Elle se dégage brusquement. « Lâche-moi, pis sacre-moi la paix! »

Elle rajuste son manteau et s’éloigne d’un pas rapide. Elle veut se montrer forte malgré les tremblements qui la

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secouent. Tremblements de colère, mais aussi de peine. Il était si gentil pourtant; il aurait dû être le bon. Sur le banc, le gars reste là. Il est couché plus qu’assis, les jambes étendues et les bras ballants. Puis il finit par sourire, en voyant Ti-Paul s’approcher.

- Hey man, bravo! Ton plan était parfait. J’pense qu’est

partie plus en maudit contre toé que contre moé.

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Le ballon

Le ballon rouge a échappé à Victor qui s’empresse de courir après. Mais le ballon, insolent, a heurté le dos d’un des grands qui occupent la partie ouest du parc. Victor s’arrête, il les regarde. L’un d’eux, un blond aux yeux bleus, tient le ballon rouge dans ses larges mains. Ils sont six à veste de cuir, cigarette au bec. Ils ricanent en voyant le bambin. Ils lui font signe d’approcher. Le blond fait tournoyer le ballon sur son index, puis fait mine de le présenter à l’enfant. Victor approche lentement, intimidé; il vient pour prendre son jouet, mais celui-ci s’envole vers les bras du plus grand, pendant que le blond s’éclate de rire. - Envoye, le p’tit. Va le chercher, ton ballon, lui lance-t-il en lui ébouriffant les cheveux. Envoye, le jeune. Viens le chercher. Victor s’élance, mais le ballon passe vite d’un grand à l’autre, du gros roux au noir, du blond au chef de la bande, du plus grand au plus costaud.

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Victor court de l’un à l’autre, les larmes lui montent aux yeux. Il enrage de voir qu’on se moque de lui. Intérieurement, il assassine chacun de ces grands imbé-ciles qui n’ont rien d’autre à faire que de lui voler son ballon. Victor s’essouffle, s’étourdit. Les rires des grands résonnent à ses oreilles. Il ne voit plus rien, il chancelle et il tombe, haletant. Il se relève, se remet à courir. Maintenant il pleure de rage. Les grands se lancent toujours le ballon, mais se lassant de ce jeu, ils se mettent à bousculer l’enfant. Bientôt, c’est lui qu’on se passe d’un grand à l’autre. On rit encore plus fort, surtout quand l’enfant tombe, ébranlé par une poussée trop brusque. Victor ne voit plus rien, il ressent à peine les bourrades des grands. La colère gonfle en lui, l’empêchant de ressentir la douleur. Finalement, il s’écrase à plein ventre au milieu des grands qui ne rient plus. Il vomit. On l’abandonne, dégoûtés; à côté de lui, son ballon rouge, crevé.

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Flore Petite fille douce, sagement assise dans un coin; elle observe les autres jouer. Elle n’ose se joindre à eux, elle pourrait salir sa jolie robe. Flore joue ici un instantané de sa vie entière. Elle sera en marge pendant toute son existence. Enfant, elle sera celle qu’on exhibe comme une poupée, qu’on met toute belle et qu’on place bien en vue de la visite. Elle sera celle qui ne jouera pas, qui ne pleurera pas, qui grandira sans qu’on y songe. À l’école, elle sera celle qui réussit bien à coup d’efforts journaliers. Elle sera celle qui cherche à faire plaisir à tout prix, la trop sage que l’enseignante oubliera. Elle sera celle qui ne posera pas de questions, assise à l’arrière de la classe, dans un coin. Elle sera celle qui mange toujours seule, celle que les autres n’invitent jamais à partager leurs jeux parce qu’on connaît à peine son nom. Elle sera celle qu’on n’invitera jamais aux fêtes; d’ailleurs ses parents, austères, ne lui permettraient sûrement aucune sortie.

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Au travail, elle sera la collègue silencieuse, qui fait le café, les commissions, le boulot des autres pour être gentille. Elle sera celle dont on ne demande jamais l’opinion, celle qui ne se joindra jamais aux conversations. Elle sera celle dont le patron se souvient quand il y a des rapports à dactylographier, mais jamais au moment des primes de rendement ou des remerciements. Dans sa vie sentimentale, elle sera celle qu’on aura choisie faute de mieux, parce que les autres auront toutes été prises avant. Elle sera celle qui prendra son trou, dans sa belle-famille, on la tolérera parce qu’il le faut bien. Elle sera celle qui subira l’amour et enfantera sans presque savoir ce qui se sera passé. Elle sera celle qui s’occupera des enfants, celle qui fera le ménage et la vaisselle, celle qui cuisinera et celle qui travaillera toujours en silence, et dont on marquera l’appréciation un jour ou deux par année. Elle sera celle qui vivra dans une maison choisie et aimée par un autre, qu’elle détestera toujours. Elle sera celle aux services des autres, mari ou enfants. Elle sera celle qui s’éteindra sans un mot, sans laisser de traces, de souvenirs. Elle sera celle qu’on oubliera… comme on l’oublie ce soir dans le coin de ce parc urbain, que j’aime tant.

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Ange Les feuilles se bousculent sur les allées du parc. Elles se pressent de trouver un endroit où hiverner. Plusieurs s’amoncellent près des arbustes à l’abri des pires tempêtes de neige, d’autres s’agglutinent près des poubelles où elles espèrent trouver un peu de chaleur. Pourtant l’hiver sera impitoyable où qu’elles soient. Il les détruira toutes, les gelant, les écrasant, les réduisant en miettes. Malgré tout, ce sont elles qui auront le dernier mot, devenant à la saison prochaine un engrais riche pour alimenter leurs cadettes, qui sauront entretenir le cycle éternel de la nature. Indifférente à ces petits drames, une fille s’avance. Elle est toute jeune, une étudiante. En l’observant bien, on s’aperçoit qu’elle a pleuré. Ses joues sont pâles, de ses yeux verts coule un peu de mascara. Elle tient une feuille de papier. Elle tremble. Cette note lui apprend une nouvelle qui bouleversera sa vie. Elle n’était pas prête; elle ne savait pas à quel point, il y a quelques semaines, tout son avenir serait joué. Elle n’avait pourtant pas été imprudente. Tout était réfléchi

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dans sa vie : ses études, ses relations familiales, son travail à temps partiel et même ses relations amou-reuses. Marc avait été un bon copain avec qui elle aimait passer ses soirées, sortir, danser, se défouler. Et pourtant, aujourd’hui, quand elle pense à lui, elle s’aperçoit qu’il était beaucoup plus que cela. « Comment prendra-t-il la nouvelle? se demande-t-elle en s’assoyant sur le banc. Pourra-t-il comprendre? Me sera-t-il aussi fidèle maintenant, m’aimera-t-il encore? » Cette nouvelle le touche autant qu’elle et pourtant c’est elle seule qui devra en assumer les conséquences. Comment un simple bout de papier qu’un homme qu’elle connaît à peine vient de lui donner peut-il avoir un impact aussi grave sur son avenir? Elle relit les mots, les larmes recommencent à couler. Tout son corps est secoué par ses pleurs. Elle laisse tout aller. Elle se sent seule. Les passants ne la remarquent même pas, aucune sympathie de leur part. Elle se relève, s’engage dans l’allée où les feuilles continuent leur course. Elle jette un regard autour d’elle. C’est probablement la dernière fois qu’elle traverse ce parc qu’elle aime tant. Elle tente d’emmagasiner dans sa

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tête autant d’images qu’elle peut : le vieux chêne qui garde encore ses feuilles, malgré le vent d’automne, la fontaine, vive aujourd’hui, mais qui l’a tant de fois rafraîchie aux jours de canicule, la pelouse où elle a tant joué, le bosquet où elle a embrassé Marc pour la première fois… Demain, elle devra faire ses valises. On a été impressionné par sa demande. Elle commence dès la semaine prochaine à enseigner… à l’école américaine de Budapest.

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La fleur De petits miracles arrivent partout sur terre. Je ne fais pas allusion aux guérisons inespérées, ni aux survivants des pires calamités naturelles. Les miracles dont je parle sont ceux de tous les jours, des banalités presque toujours ignorées, que personne ne remarque, qui passent inaperçues parce que la vie est trop pressée, que le temps file et ne nous laisse pas le temps de voir autour de nous ces petits miracles du quotidien. Je parle de l’enfant qui sourit après avoir vidé son corps de toutes ses larmes, qui sourit après avoir hurlé sa douleur et qui oublie instantanément la plus grande peine du monde. Je parle de la main d’une grand-mère qui frémit dans celle de son petit-fils, parce qu’elle sent tout l’amour qu’il a pour elle. Je parle d’un rayon de soleil qui se faufile entre des nuages noirs de misère. Dans le parc, il y a aussi de ces petits miracles. Tout près du banc, une fissure dans le ciment de l’allée. Témérairement, une tige s’est pointée. Elle s’est moquée des gelées tardives du printemps, du soleil de juillet qui

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la cuisait, des passants qui la piétinaient. Elle a osé croître où bon lui semblait contre toute logique. Ses racines ont fouillé le gravier ingrat, elles ont creusé profondément le sous-sol du parc jusqu’à ce qu’elles trouvent un peu de fraîcheur, quelque humidité qui puisse les nourrir. Elles se sont enfoncées pour s’agripper solidement. Elles lui ont transmis leur courage. La tige s’est donc entêtée. Elle a nourri la fleur qui grandissait en elle. Et aujourd’hui, devant mes yeux ébahis, dans la cohue indifférente des citadins pressés, une corolle jaune s’est ouverte au soleil. Cette fleur semble crier sa victoire contre les éléments. C’est la vie qui triomphe contre le bitume, l’asphalte, le ciment. C’est la nature qui l’em-porte contre la ville. C’est la nature qui rappelle qu’elle n’est pas morte, qu’elle a encore le droit d’exister, de s’épanouir en plein centre-ville. Cette fleur fière qui se berce au bout de sa tige est un petit miracle. Mais l’enfant qui vient de la cueillir pour l’offrir à son père ne se rend pas compte de la valeur inestimable de son cadeau. Et l’homme qui la chiffonnera bientôt, gêné de ce geste enfantin, encore bien moins.

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Les hommes d’affaires Pressés, toujours le téléphone cellulaire à la main, la serviette sous le bras, marchant vite, courant presque, les hommes d’affaires traversent le parc. Ils ne voient rien devant eux, autour d’eux. Ils ne pensent qu’à la prochaine réunion, au prochain contrat, à la nouvelle promotion qui leur pend au bout du nez. Ils se moquent de la beauté qui les entoure, qui ne leur rapporte pas immédiatement des retours sur leurs investissements, des profits mirobolants, de l’argent. Pour eux, la nature n’existe pas. Seuls comptent les tours à bureaux, les gratte-ciel audacieux où logent leurs bureaux somptueux, luxueux, où les attendent leurs secrétaires, leurs commis, leurs dossiers. Ils ne sentent pas le gazon sous leurs pas, la fraîcheur de la brise dans leur figure, le doux parfum des lilas qui fleurissent en bordure du parc. Ils ne voient pas la danse des feuilles, le ballet des tulipes multicolores et les enfants qui jouent. Ils n’entendent pas les notes légères qu’un guitariste amateur laisse flotter, ni le rire des gamins qui s’amusent à s’arroser dans la fontaine.

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Leur vie n’est que chiffres, colonnes à additionner ou à soustraire, rapports à rédiger, à lire, contrats à signer. Elle est une course où il n’y a pas de gagnants puisqu’elle est sans fin. Aucun d’eux ne prend de pauses pour savourer une victoire provisoire. Il leur faut toujours aller plus loin, plus haut. Nul temps de s’arrêter. Et la vie leur file entre les doigts. Ce matin, léger contretemps à leur course effrénée. La vie dans un dur rappel a interrompu leur routine folle. Un des leurs s’est écroulé en pleine rue, foudroyé par une crise cardiaque. Un de leurs semblables est tombé au combat, vaincu. Ils ont dû stopper, l’espace d’un moment pour l’observer, pour vérifier s’ils le connaissaient, s’il leur faudrait montrer un peu de sympathie pour un collègue. Mais la trêve a été de courte durée. L’homme était un inconnu, un étranger. Et la course a repris de plus belle. Il y a sûrement un poste intéressant devenu vacant, des contrats lucratifs dont leurs mains avides pourraient s’emparer. Il y a un vide à combler. Aux plus forts de le combler au plus vite.

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