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7/14/2019 COURS D'ERGONOMIE INDUSTRIELLE Récupéré (Réparé) http://slidepdf.com/reader/full/cours-dergonomie-industrielle-recupere-repare 1/54 1 UNIVERSITE DE DOUALA Faculté de Génie industriel COURS D’ERGONOMIE INDUSTRIELLE Cours de Louis Paul Songo pour les étudiants de 4 ème Année  AC : 2010/2011

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UNIVERSITE DE DOUALAFaculté de Génie industriel

COURS D’ERGONOMIE INDUSTRIELLE

Cours de Louis Paul Songo pour les étudiants de 4

ème

Année AC : 2010/2011

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CHAPITRE IDEFINITION DE L’ERGONOMIE

1. QU’EST-CE QUE L’ERGONOMIE ?L’ergonomie étudie le travail en vue de son amélioration. Son rôle est d’appréhender l’ensemble d’une situation de

travail et des individus dans cette situation, de la comprendre, afin de mieux adapter les équipements (machines, outils,instruments...) et les espaces dont se servent les opérateurs aux caractéristiques physiques et psychologiques de cesderniers. Cette adaptation aboutit entre autres résultats à la prévention des accidents et des maladies professionnelles.

Il y a une ergonomie de conception qui intervient dès la conception des machines, des outils et des postes detravail ; et une ergonomie de correction qui adapte les machines, les outils, les instruments et les espaces de travailpréconçus au contexte de travail.

L’ergonomie du travail mental s’intéresse pour sa part aux processus mentaux et comportementaux du travail, tandisque l’ergonomie du travail physique étudie le travail dans sa dimension physique et palpable.

Une intervention ergonomique est motivée par une prise de conscience directe ou indirecte d’une entreprise parrapport par exemple au respect de la normalisation, au maintien en bon état de santé de ses travailleurs, à l’efficacité du

travail, à la sécurité, etc., et bien entendu par sa volonté de faire face à cette problématique liée à une ou plusieurssituations de travail.

2. LES DOMAINES D’INTERVENTION DE L’ERGONOMIELes domaines d’application de l’ergonomie sont, de façon non limitative:• L’analyse du travail ;• La conception et/ou l’adaptation des outils, des appareils, des produits ;• La conception et/ou l’aménagement des espaces physiques de travail (aménagement des locaux par exemple) ;• La mesure et la conformation des ambiances physico-chimiques (bruit, lumière température, pollutions, etc.) à la

norme ;• L’adaptation des processus au contexte ;• L’organisation du travail ;• La maintenance des postes de travail ;• La formation aux problématiques et à l’analyse ergonomique ;• Mais surtout, et c’est ce qui nous interpelle le plus par rapport à la journée internationale de la Sécurité et de la

Santé au Travail, l’amélioration des conditions de travail et la réduction de la pénibilité et de la morbidité autravail.

Son application qui requiert une démarche pluridisciplinaire fait appel, en fonction du domaine d’intervention, auxmédecins, aux ingénieurs, aux psychologues, aux designers, aux ergonomes, etc. Elle aboutit à :

• La facilitation du travail (par exemple à la suppression des gestes inutiles et des temps perdus) ;• La fiabilité et la sécurité du processus technique ;• L’efficacité du processus technique ;• L’amélioration des produits ;• L’amélioration du confort physique et psychologique des opérateurs ;• La santé et la sécurité au travail des opérateurs ;• La réduction de la souffrance au travail de façon générale.

3. LA METHODOLOGIE DE L’INTERVENTION ERGONOMIQUELe contexte professionnel camerounais reste marqué par l’existence d’un nombre élevé de risques traditionnels sur

les lieux de travail qui induisent un nombre élevé d’accidents et de maladies professionnelles. A ces risques connus,viennent désormais s’ajouter des problématiques émergentes comme les troubles psychosociaux. Ces troubles sont liésaux risques qu’entraînent les changements technologiques et les exigences des nouveaux modèles d’organisation dutravail (gestion en flux tendus, gestion par objectifs, gestion par projets, gestion par processus, etc.), ainsi que lesnouvelles cultures organisationnelles. Dans de telles conditions, la santé et la productivité sont perturbées par desfacteurs souvent difficiles à identifier par les responsables des organisations.

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L’intervention ergonomique qui a pour rôle de poser un regard scientifique et technique sur cette réalité du travail,apparait dès lors comme bénéfique. Elle se fait sur la base d’un questionnement rationnel qui interpelle et implique defaçon systémique, les responsables de l’entreprise, les opérateurs concernés, leurs représentants légaux (syndicatspatronaux et de travailleurs), les ergonomes, et requiert l’encadrement de l’Etat.

A titre d’illustration, voici un exemple de questions que se pose l’ergonomie pour sonder la situation de travail :• Quels problèmes se posent ou sont susceptibles de se poser par rapport à l’utilisation des machines, des outils,

des instruments et des espaces de travail ?• Quelles démarches adopter pour améliorer les conditions de travail ?• Comment identifier les causes de troubles (physiologiques, psychiques et organisationnels) dans l’entreprise ?• Comment préserver ou améliorer la santé et l’intégrité physiques et mentales des opérateurs ?• Comment assurer la fiabilité et la sécurité des opérateurs et des équipements ?• Comment améliorer la qualité du processus technique et des produits ?...Avec l’appui d’une analyse de l’activité réelle, l’ergonomie tente de résoudre ces interrogations. Elle révèle que des

risques existent et doivent être gérés et maîtrisés par la mise en place d’aménagements concrets et de systèmes degestion de la sécurité et de la santé au travail (SG-SST) opérationnels et fiables.

L'intervention ergonomique se fait donc aussi et surtout dans le but de faire respecter les normes en matière deSécurité et de Santé au Travail (SST), après l'élaboration d’un diagnostic et compte tenu des préconisations managérialeset légales. Elle abouti à la recherche de solutions et à leur mise en œuvre dans le cadre de la législation en vigueur. Dansle cas du Cameroun, cette législation qui date malheureusement en moyenne de plus de 20 ans, ne prend par exemplepas en compte des questions émergentes mais prégnantes, comme celles des troubles psychosociaux et des troublesmusculosquelettiques.

On peut distinguer huit dimensions qui induisent des risques à caractère psychosocial :• Les exigences du travail qui se manifestent à travers la quantité de travail, la pression temporelle du travail

(travail urgent, caractère haché du travail, rythme inégal de travail…), la complexité du travail, les difficultés de conciliationdu travail et de la vie socio-familiale.

Les exigences émotionnelles qui se manifestent par les tensions avec l’environnement humain du travail(collègues, clients, public, etc.) et par la peur au travail pour les métiers particulièrement à risques.• L’autonomie et la responsabilité : l’absence de marges de manœuvre se traduit par plus ou moins d’autonomie

et de responsabilité et donc plus ou moins d’anxiété chez certains opérateurs.• L’exigence du respect des procédures : le degré de liberté procédurale traduit aussi le degré d’initiative et

donc l’aisance que l’opérateur peut déployer dans l’exécution de sa tâche. L’absence de dune certaine liberté procéduraleentraine de la rigidité dans l’exécution des tâches et provoque des tensions psychiques chez l’opérateur.

• Les rapports sociaux  en milieu professionnel : l’absence de soutien hiérarchique et social en général, laviolence au travail, la plus ou moins bonne reconnaissance et récompense des efforts représentent aussi d’importantessources de ces risques.

• Les conflits de valeurs qui se traduisent par exemple par l’absence de moyens pour faire un travail de qualitéou l’obligation de devoir faire des choses que l’on désapprouve peuvent aussi entrainer des troubles psychosociaux.

• L’insécurité de l’emploi et du salaire stressent les travailleurs qui les subissent.• Enfin, la prévisibilité des autres et des évènements du travail, l’utilisation de ses compétences, le niveau de

participation, la représentation, etc. sont autant d’autres sous-dimensions qui sont des sources des risques et donc detroubles psychosociaux.

Ces huit dimensions désignent des cibles pour l’action contre les facteurs de risques dans les entreprises, mais aussidans les administrations et les établissements publics.

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CHAPITRE IILES CONDITIONS DE TRAVAIL ET LEURS EFFETS

I – LES EFFETS TECHNIQUES SUR L’HOMMELes effets techniques sur l’activité et les affects de l’opérateur sont produits par les dispositifs mis à sa disposition

pour accomplir sa tâche, à savoir : les outils, les machines, les équipements, les véhicules, les bâtiments et leurenvironnement. Ces effets naissent du processus et du rapport que cette activité crée entre l’homme et la technique parl’usage et la cognition.

1. Les espaces de travail et leur incidence sur le comportement de l’operateurL’espace dans lequel s’exerce l’activité et où sont implantés les machines, les outils, les équipements et le mobilier

est un ensemble de lieux que l’organisation doit répartir et affecter entre services et opérateurs. Les dimensions de cetespace s’appuient sur l’analyse des activités qui y seront exercées et sur la perception que les opérateurs concernés sontsupposés en avoir. Leurs dimensions sont donc choisies à partir de cette analyse. Ils doivent à la fois : assurer la sécuritédes hommes et des machines, favoriser le rendement, et avoir un certain confort. Leur organisation interne et leuragencement doit aussi favoriser les communications formelles exigées par le travail et les communications informellesentre opérateurs, grâce aux possibilités qui sont accordées aux déplacements opérateurs et aux relations entre

travailleurs. Fisher [1989] a pu considérer six grands types d’espaces de travail et leurs fonctions :

TYPE D’ESPACE FONCTIONS EXEMPLE

PRODUCTION Exécuter la fabrication des produits Ateliers, usines, chantiers

ADMINISTRATION SERVICEENSEIGNEMENT…

Préparer et contrôler la production-produire des services

Bureaux – salles de vente – laboratoires-salles de classe

bibliothèques

STOCKAGEConserver les matières avant etaprès la production ou le service

Entrepôts – parkings – armoires – frigos -Magasins

DECHETSEvacuer les rejets de la production

et du servicePoubelles – décharges - Incinérateurs

CIRCULATIONAssurer le flux des personnes et des

produitsCouloirs – allées – escaliers - dégagements

– entrées - sorties

SOCIALAssurer l’anticipation ou le

prolongement de la productionVestiaires – cantines – salles de repos –

salles de jeux et de détente…

Tableau : Les espaces de travail et leurs fonctions

2. L’operateur face aux machines et aux instrumentsLes machines et les instruments constituent un ensemble de dispositifs techniques dont le but est de favoriser la

production de biens et de services, suivant un mode de fonctionnement donné, dans une structuration qui permet leurmanipulation en toute sécurité et pour un rendement donné. Cela signifie que les dimensions de ces machines, lesnuisances qu’elles peuvent créer, le type de produit qu’elles traitent (matières premières en transformation), et les produitsfinis qui sont l’aboutissement du processus, auront des répercussions sur les interfaces homme-machine et bien sûr surl’opérateur.

Dans la perspective de cette utilisation des machines et des instruments en effet, les concepteurs mettent à ladisposition des opérateurs des modèles mentaux, c’est-à-dire des connaissances (connaissances livresques nécessairesau début). Ces modèles ne visent pour autant pas toutes les connaissances disponibles sur ces machines, maisambitionnent seulement de faciliter par exemple leur maniement en vue de la production (modèle de l’utilisateur), de leurentretien ou de leur dépannage en cas de panne (modèle d’intervention), etc.… Par la suite, pour des raisons d’efficacité,l’opérateur expérimenté développe une connaissance de la machine et des conduites de travail qu’Ochanine appelleimage opérative, pour rendre compte des simplifications « opérationnelles »que ce dernier met en œuvre, et quischématisent les connaissances livresques (image cognitive) disponibles. L’exemple de cette schématisation peut être

celui du médecin urgentiste qui, considérant le corps comme une machine, intervient rapidement et efficacement enconsidérant seulement pour son diagnostic, l’état de quelques fonctions vitales et non le fonctionnement de tout le corps.

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La communication (voir figure) qui naît des interfaces en l’opérateur et la machine est ainsi fonction de lareprésentation que celui-ci a de la machine et de son environnement statique (voyants, icônes, commandes, etc.), ce quipermet le dialogue homme-machine, facilite l’analyse des situations de travail et optimise la performance.

AIDES A LA DECISIONSystèmes-experts

 Aides au diagnostic

Supervision et contrôleerreurs

DISPOSITIFS DECOMMANDE

DISPOSITIF DESIGNALISATION

Manuel et notice d’utilisation.Base de données

Diagramme (recherche depannes)

AIDES AU TRAVAIL

Figure : Schéma de catégorisation technique des dispositifs du dialogue HXM 

3. Les ambiances physiquesLes ambiances physiques représentent les types d’environnements dans lesquels l’homme vit et travaille. Leurs

mesures peuvent le renseigner notamment sur son activité : un bruit peut donner une information sur l’état defonctionnement d’une machine, un éclairage peut déformer, masquer ou faire apparaître un détail d’un objet. L’ergonomietente de définir et de mesurer ces ambiances pour favoriser le choix de matériels adaptés, pour concevoir destechnologies qui maîtrisent ces ambiances et pour les utiliser comme techniques à part entière (température d’un silo degrains, d’une couveuse ou d’une serre).

On distingue quatre types d’ambiances physiques :• Les ambiances thermiques : elles ont pour origine le climat (chaud – froid) et la technologie (machines

produisant de la chaleur ou du froid). Ces deux sources peuvent se combiner comme cela est le cas pour un four enclimat chaud. Les effets des ambiances thermiques sur l’opérateur ne sont pas à négliger, et l’ergonomie des lieux detravail et des machines doit essayer de tenir compte des limites à ne pas dépasser et déterminer les caractéristiquesd’une ambiance dite de « confort ».

On mesure les effets thermiques avec quatre paramètres : la température, l’humidité, la vitesse de l’air et

les rayonnements.• Les ambiances sonores : deux paramètres permettent d’évaluer le bruit. La fréquence qui va des

sons graves aux sons aigus s’exprime en Hertz, tandis que l’intensité se mesure en décibels.

 ACTIONS DIRECTES

Leviers, volants, vannes,pédales, boutons-

pressoirs, commandesvocales

ENTREE INFORMATIONS

Claviers (qwerty, azerty),claviers codés,téléphone, pavé

numérique, déplacementde spots (boule, souris,

 joystick…) crayonoptique/magnétique,

écran tactile

AFFICHAGE

Voyant lumineux,compteurs numériques,

cadrans et échelles

TELECOMMUNICATIONS

Téléphone et dérivés(fax), radio, talkies-

walkies, circuits vidéo,Internet.

OPERATEUR

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La graduation des décibels va de zéro qui est la limite inférieure d’audibilité du son à des sons de plus enintenses et difficiles à supporter comme le moteur d’une voiture neuve (50 à 60 dB), à celui plus intense du marteaupiqueur (100/110 dB), jusqu’à celui insupportable de la sortie d’un réacteur d’avion (115/140 dB). La protection contre leseffets du bruit est complexe, mais peut être envisagée par la prise constante de mesures du bruit ((sonomètre) et lestechniques d’insonorisation qui isolent les sources de bruit ou diminuent leur transmission.

• Les ambiances lumineuses. Le système visuel capte 80% de l’information de travail. Cette importanceest accentuée par la multiplication des écrans cathodiques dans le travail (écrans de contrôle, écrans d’ordinateurs). Parailleurs, l’éclairage naturel connaît de fortes variations journalières ou saisonnières et est souvent supplanté de ce fait parl’utilisation de la lumière artificielle dans les lieux de travail. Or celle-ci pose beaucoup de problèmes comme celui del’éblouissement.

• Les ambiances diverses. Il s’agit des phénomènes marginaux mais nocifs comme : Les « poussières » dont les effets sur certains produits sont néfastes ; Les « vibrations » qui provoquent par exemple des troubles vertébraux et digestifs chez les conducteurs

d’engins de chantier, de grues, d’hélicoptères… Elles créent également une gêne dans l’exécution du travail en perturbantles mouvements actifs et en diminuant l’acuité visuelle.

Les pollutions agissent sur l’intégrité physique des opérateurs et sur l’environnement. Les rayonnements simples comme le magnétisme ou la radioactivité. L’état du sol : Glissant, poussiéreux, avec moquette…

Les couleurs. Les odeurs. L’électricité statique. Les brouillards. L’encombrement. Le sentiment de confinement…

 II – LES CONDUITES DE TRAVAIL

D’une manière générale, on définit une conduite de travail comme ce qui est mis en œuvre par un sujet pourrépondre aux exigences de la tâche. Cette conduite peut s’appliquer à des objets réels ou à des représentations mentales(activité de calcul par exemple).

Lorsque la conduite s’applique à un objet matériel, elle peut être observée et décrite, alors que lorsqu’elle s’exercesur une représentation mentale, elle est inobservable. Ainsi, lorsqu’un ouvrier travaille sur un processus chimique en vuede détecter un éventuel incident, la partie observable de sa conduite (déplacements, mouvements des yeux,commentaires spontanés…) ne constitue pas l’essentiel de son comportement. Il recueille en effet aussi un certainnombre de données par perception, grâce aux connaissances qu’il a en mémoire et cet aspect mental de la conduite estimportant pour comprendre celle-ci. Mais en même temps, puisqu’on ne peut l’observer, cet aspect de la conduite ne peutêtre déduit de ce qui reste observable dans le comportement. Il est alors nécessaire de bien comprendre la tâcheaccomplie et ses étapes.

1.La tâcheLa notion de tâche véhicule avec elle l’idée de prescription, sinon d’obligation. Et de fait, on peut considérer qu’il s’agit

d’un but donné, dans des conditions données, avec comme objectif ce qu’on obtient comme état final. Par exemple, le but

de l’ajustage est de réaliser la pièce figurée et cotée au dessin. Le but d’un questionnaire à choix multiple (QCM) est decocher ou compléter parmi un nombre possible de solutions, la bonne réponse. Un but peut être définit de plusieursfaçons : un dessin industriel peut être fait en perspective ou en projection.

La tâche suppose qu’on fixe son état initial et sa situation finale et, éventuellement, des états intermédiaires. Ainsi, onpourra prescrire à un livreur les différents lieux par lesquels il devra passer, et à un monteur, les différentes étapes de saconstruction. Ces étapes peuvent être schématisées par un graphe (chemin reliant les étapes et les sous-étapes). Lepassage d’un état intermédiaire à un autre est appelé OPERATION. L’ensemble des opérations qui peuvent êtreexécutées par une machine par exemple et qui figurent sur sa notice d’emploi (modèle mental) constitue leREPERTOIRE DES OPERATIONS.

Pour atteindre le but, des opérations admises doivent être utilisées d’une manière particulière qui s’appelle laPROCEDURE. La procédure peut être explicitée sous la forme d’un ORGANIGRAMME qui a pour but de décrire leprocessus de la tâche. La GAMME D’USINAGE qui indique, en mécanique, les opérations à réaliser sur la pièce et leurs

conditions d’exécution fournit un exemple typique de procédure.Cependant, l’exécution de la procédure n’est jamais parfaite : l’opérateur peut utiliser son « tour de main » qui

accompagne la mise en route d’une image opérative pour accomplir hors prescriptions, une opération ou plusieursopérations. Partant de ce constat, on peut constater que la tâche a trois niveaux :

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• LA TÄCHE PRESCRITE : elle est la tâche telle que définie par celui qui l’a conçue et/ou en commandel’exécution. Elle indique ce qui est attendu de l’opérateur et dans quelles conditions il doit l’accomplir : c’est l’ensembledes consignes, des procédures et des moyes définis par le prescripteur. Il s’agit en quelque sorte de l’aspect formel etofficiel du travail, « ce que l’on doit faire ». On peut le résumer comme étant les buts et les conditions à prendre encompte par l’opérateur : le mode d’emploi d’une additionneuse constitue un exemple simple mais rigoureux de laprescription de la tâche de calcul.

• LA TÂCHE INDUITE OU REDEFINIE : La tâche peut être prescrite de façon entière et rigoureuse,partiellement, avec des erreurs ou de façon très générale. Dans tous les cas, l’opérateur chargé de l’exécuter doitl’adapter aux conditions du moment, avec ses connaissances et sa subjectivité, en fonction de sa motivation et de l’état ducontexte, afin de parvenir au but.

Cette démarche constitue ce qu’on appelle la tâche induite ou redéfinie [HACKMAN, 1969]. C’est la représentationque le travailleur a de sa tâche, la manière dont il s’approprie et redéfinit les prescriptions et les stratégies, la manière dontil adhère aux critères et aux consignes pour aboutir au « travail que l’on pense faire », au contraire du « travail qu’ondevrait faire ».

C’est une intention qui se confronte à la prescription, et le résultat de cette confrontation est la tâche telle qu’elleapparaît in fine.

• LA TÄCHE ACTUALISEE est la tâche telle qu’elle est finalement et concrètement exécutée, en fonction dessituations, des contraintes, des ambiances, de la motivation, etc.

Cette distinction entre tâche prescrite, tâche induite et tâche actualisée permet de comprendre la différence quiexiste entre la définition formelle et officielle du travail et les représentations que l’opérateur en fait, en déformant de faitles instructions qui lui sont données et en détournant les conduites de travail attendues. Ce qui prouve aussi que tâche etconduite sont en interaction constante, et que toute conception taylorienne du travail est vouée à l’échec.

2.Les composantes de l’activitéRASMUSSEN [1981,1983] a défini une dynamique de l’activité de travail en deux phases : l’analyse et la

planification, qui aboutissent respectivement au diagnostic de la situation de travail (qui est l’ensemble des solutionspossibles pour agir sur les causes et les conséquences de l’état du système sur l’évolution de la situation de travail) et àl’exécution du travail (réalisation de ou des tâches).

1. L’ANALYSE qui comprend successivement :

L’ACTIVATION L’OBSERVATION LA CATEGORISATION L’INTERPRETATIONUn signal attire

l’attention des organesde sens vers sa sourceet provoque de ce fait

un état d’alerte

A partir de l’état d’alertel’opérateur recueille desdonnées du système qu’ilcontrôle, sur les aides qu’il

possède et surl’environnement.

L’ensemble des donnéesrecueillies va être décodé etcoordonné pour aboutir à

une représentation de l’étatdu système

L’opérateur détermine lescauses et les conséquences del’état du système sur l’évolutionde la situation de travail et fait

un diagnostic

2. LA PLANIFICATION se fait en trois étapes :L’EVALUATION LA DEFINITION DE LA

TÂCHE LA DEFINITION DE LA PROCEDURE 

En fonction descaractéristiques de la situation,l’opérateur évalue les solutionspossibles et choisit la stratégie

optimale

Dans le cadre de cettestratégie, l’opérateur va se fixerdes objectifs et déterminer les

moyens pour les atteindre(tâche actualisée)

La connaissance des objectifs et des moyenspermet soit de choisir des procédures déjà

préconstruites ou de trouver des procéduresspécifiques à la situation. Dans les deux cas il yexécution des procédures et la réalisation de la

tâcheTableau 2 : L’activité selon Rasmussen

3. Les régulationsL’opérateur peut être considéré comme le régulateur du système productif, en ce sens que c’est lui qui lui permet derester en équilibre en constatant et en compensant les éventuels écarts qui apparaissent. L’écart est le gap qui existeentre un état souhaité et l’état observé du système à un moment donné. La régulation implique ainsi deux fonctions :

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• LA FONCTION DE COMPARATEUR : Il s’agit ici, pour l’opérateur d’évaluer par la perception, la valeurde l’écart actuel par rapport à une valeur que le système admet.

• LA FONCTION DE REGULATION : Il s’agit de ramener la variable à la norme de travail telle que définie(tâche prescrite ou induite) ou telle que d’usage (informelle).

Les normes ne sont pas toujours des données objectives. Elles peuvent résulter de la prescription ou desreprésentations individuelles ou collectives, et la régulation de l’écart à la norme n’est donc pas seulement objective etindividuelle, mais s’inscrit dans un jeu social où la subjectivité a une grande part [DE KEYSER, 1983].

Si l’opérateur constate et rattrape les écarts du système, il est aussi le régulateur de sa propre activité par lesmodifications qu’il apporte à ses procédures de travail pour diminuer la charge de travail et le stress. Cette double activitéfait apparaître deux formes de régulation d’un point de vue cognitif [LEPLAT, 1975] :

• LA REGULATION FONCTIONNELLE : dans laquelle l’écart entre les objectifs et les résultats est réduit sanschangement de méthode de travail ;

• LA REGULATION STRUCTURALE qui est mise en jeu quand les écarts sont importants et qui se traduit pardes tentatives de modification des objectifs et des changements de méthode de travail. En cas d’échec, la charge detravail et le stress peuvent augmenter.

D’un point de vue de la production et de la sécurité, l’opérateur assure une double tache : il doit en premier lieuassurer un niveau de production donné en usant de stratégies qui relèvent de la REGULATION DE PRODUCTION.

En second lieu, il a comme mission de maintenir un bon état de marche et de sécurité des installations dont il a la

charge. Pour ce faire, il doit corriger tout écart entre l’état normal du système et un état dégradé. C’est la REGULATIONDE SECURITE.La charge de travail peut aussi être repartie dans la journée : par exemple chargée le matin, plus reposante dans

l’après-midi. On parle alors de REGULATION DIACHRONIQUE.Dans une activité comme le contrôle de la navigation aérienne où les contrôleurs modifient leurs modes

opératoires quand le nombre d’avions augmente, la possibilité de choisir entre plusieurs stratégies disponibles donne lieuà : Une REGULATION SYNCHRONUIQUE.

Ces types de régulations peuvent être des RETROACTIONS ou des ANTICIPATIONS selon qu’il s’agit decontrôle (dont les règles intangibles viennent de la hiérarchie) ou de planification (qui peut subir des « corrections » pouractualiser la tâche).

Enfin, on peut noter qu’en cas de surcharge, on peut distinguer 4 types de régulations selon NAVARRO [1991]qui montrent la dimension collective du travail :

• LA REGUALTION PAR SUPPRESSION DE TÂCHES SECONDAIRES : avec comme danger d’ensurcharger d’autres opérateurs ;

• LA REGULATION PAR CUMUL DE TÂCHES. Où l’opérateur, ayant atteint un niveau de compétence, estcapable d’assurer plusieurs tâches à la fois. Il peut ainsi aider ou rattraper l’erreur d’un collègue.

• LA REGULATION PAR REPORT. Où l’on voit l’opérateur à qui sa tâche le permet, renvoyer à plus tardcertaines opérations, ce qui peut handicaper d’autres travailleurs qui attendent sa production.

• LA REGULATION PAR TRANSFERT. Ici, un opérateur débordé voit une partie de sa tâche prise en chargepar un collègue moins chargé (coopération).

4. Les compétences

La compétence des opérateurs peut être considérée comme l’ensemble des ressources dont ils disposent pourfaire face à une situation nouvelle dans le travail (savoirs et savoir-faire). Ces ressources sont constituées par desconnaissances stockées en mémoire et par les moyens d’activation et de coordination de ces connaissances. Il s’agitdonc de potentialités pour un sujet donné, par opposition à sa performance qui sanctionne sur le terrain l’exercice d’unecompétence dans une tâche donnée. Pour mettre en évidence les compétences il faut donc prendre en compte d’une partles ressources que sont les connaissances et la mémoire et, d’autre part, la mise en œuvre de ces ressources qui se faitpar des heuristiques (hypothèses et leur validation) et par le raisonnement.

• LES CONNAISSANCES sont un ensemble de règles permanentes stockées dans la mémoire du sujet[RICHARD, 1990]. On peut les classer en trois types :

Les connaissances générales qui ne sont pas spécifiques à une tâche donnée, à un moment précis,et ne sont donc pas applicables immédiatement au problème posé. Exemple : le calcul de l’écart type à la moyenne. Leuravantage est cependant d’être très puissantes, et donc applicables à un très grand nombre de situations : statistique,économie, psychologie, sciences de l’éducation, de l’ingénieur... Mais cette force fait leur faiblesse. En effet, à un momentdonné, il faut sélectionner celles qui sont utiles pour une situation donnée et les y adapter.

Les connaissances opératives sont spécifiques à un domaine et à une situation donnée. Ellesrésultent de la mise en mémoire de traits caractéristiques de situations déjà rencontrées : la représentation d’une situation

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rencontrée plusieurs fois devient permanente et sera appliquée lorsque la situation se renouvelle par l’élaboration derègles et leur activation lors de ces situations spécifiques. On parle à ce propos d’images opératives [OCHANINE, 1978]qui sont une sélection de traits laconiques mais pertinents par rapport aux objectifs visés dans une tâche particulière :dans une situation de transfert de technologie, l’opérateur local tend à bien mémoriser et à avoir une excellente imageopérative des outils qu’il connaît ou utilise préalablement.

Les connaissances routinières sont pour leur part des connaissances de type « habileté » qui secaractérisent par leur grande répétitivité : quand un opérateur mobilise fréquemment une connaissance opérative dans

une situation dont les caractéristiques varient peu, il se construit progressivement un véritable automatisme, et la situationdevient stéréotypée. Elle déclenche alors inconsciemment un processus qui a été associé à cette situation [FALZON,1989].

• LA MEMOIRE est considérée comme le lieu de stockage des représentations et des connaissances. Ondistingue essentiellement deux types de mémoires : la mémoire à long terme (MLT) et la mémoire à court terme(MCT).

La MCT désigne l’ensemble des processus qui permettent de conserver runeinformation pendant le temps nécessaire à l’exécution d’une tâche. La MCT est souvent remplacée par la notion de« mémoire de travail » qui associe la capacité de stockage et de traitement. Miller [1956] a montré que la capacité de laMCT était de 7± 2 unités pendant 300 ms.

La MLT est un ensemble d’évènements et de connaissances qu’un sujet a accumulé

au cours du temps qui lui permettent d’accomplir ses activités selon « une manière de faire » (mémoire procédurale).C’est aussi un ensemble d’informations qu’il possède sur l’état du monde (les faits, les choses, les êtres) et quicorrespond aux connaissances générales (mémoire propositionnelle). Cette dernière se subdivise en : « mémoireépisodique » qui stocke les évènements, et la « mémoire sémantique » qui garde les concepts et leurs relations.

POUR CONFECTIONNER DES MESSAGES ECRAN OU DES SPOTSPour concevoir des messages écran, des alarmes et plus généralement des supports d’information

temporaires qui font appel à la mémoire de travail, il faut respecter certaines règles :

1. AU NIVEAU DES MODALITES :o Ne pas dépasser un certain nombre d’informations [Miller] ;o

Ne pas dissocier le moment de détection d’un message du moment où il doit être traité ;o Eviter dans les moments où la mémoire est très sollicitée, les recouvrements de tâches pouvant bloquer le processus mental de l’opérateur.

o Si pas possible, assister l’opérateur par des rappels du message.

2. AU NIVEAU DE LA STRUCTURE DU MESSAGE :o Tenir compte de l’effet d’ordre des unités à mémoriser pour ne pas affecter l’efficacité de la MCT o L’ordre de placement des items est très important : les unités placées en début ( effet de primauté ) et à la fin

( effet de récence ) du message sont mieux mémorisés que ceux occupant une position médiane…

• LES HEURISTIQUES ET LES RAISONNEMENTS sont utilisés quand il n’existe pas de solution disponible pour

résoudre un problème. Les premières consistent à émettre des hypothèses, à les élaborer et à les valider. Les deuxièmesfonctionnent sous la forme d’algorithmes. En tout état de cause, il s’agit de considérer l’opérateur comme un « système detraitement de l’information » sous la forme d’un filtre « estimateur- prédicteur » [GUILLEVIC, 1988] et qui élabore des« modèles schématiques » suivants :

Les schémas [RUMELHART, 1978] qui sont des blocs de connaissances qui contiennent des savoirs etleur mode d’utilisation. Ils structurent le traitement de données, organisent la mémoire, guident la perception, l’œuvre et lapensée. Exemple le schéma d’une scène de restaurant avec ses unités : salle, tables, serveurs, menu, client… peutdonner lieu à plusieurs interprétations ou scènes qui sont des schémas possibles.

Les scripts [SCHANK et ABELSON, 1977] sont des spécifications évènementielles des schémas. Ainsi,chacun peut construire son script personnel du restaurant en privilégiant tel ou tel élément.

Les "frames" [MINSKI, 1975] qui ressemblent aux schémas, désignent des constructions mentalesacquises par expérience et qui regroupent des connaissances d’origines diverses. Exemple le diagnostic médical du

paludisme est un « frame », alors que l’activité de consultation médicale du paludéen (signes et symptômes) est unschéma construite à partir d’une heuristique et validée par un frame qui est le diagnostic.

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CHAPITRE III :LA PERFORMANCE ET LE RENDEMENT DU SYSTEME SOCIOTECHNIQUE

La performance sociotechnique du système est la capacité de celui-ci à mettre ensemble avec harmonie et efficacité

sa technologie, ses structures et ses capacités humaines. S’agissant par exemple des exigences individuelles de latâche, il est facile d’observer que malgré une technologie fiable et performante, et des structures adaptées, si l’opérateurn’est pas motivé, formé, s’il prend des risques élevés dans son travail, s’il s’épuise à la tâche et tombe malade, lescapacités techniques de production ne pourront pas suppléer la carence qui s’en suivra. Il va naître des perturbations dontcertaines vont directement affecter l’organisation sous la forme de phénomènes comme la baisse ou/et la mauvaisequalité de la production, les accidents, les pannes, l’absentéisme, les conflits, la grève et les départs. A l’opposé, lacapacité du sujet à s’adapter à différentes exigences de travail en acquérant des connaissances et des habiletésnouvelles peut faciliter son adaptation à des situations de travail diversement exigeantes et en particulier aux situationsde changement, pour éviter ce qui peut être néfaste au rendement de l’organisation.

La performance et le rendement peuvent être évalués :• Par rapport aux qualifications de l’opérateur ;• Par rapport aux exigences de la tâche.

I – LA PERFORMANCE ET LA CHARGE DE TRAVAILL’activité déployée par l’opérateur pour répondre aux exigences du système, se traduit par un ensemble de

contraintes qui sont fonction de sa qualification (compétence) et des exigences particulières de la tâche à accomplir qu’onappelle charge de travail.

1. Les exigences physiques et psychologiquesL'analyse de la tâche doit faire ressortir les exigences de l'activité. Il s'agit d'identifier et, si possible d'évaluer les

principales variables contribuant à augmenter le "coefficient humain" du travail, qui a été appelé plus haut charge detravail. Dans la pratique, il est commode de regrouper les exigences selon 3 catégories :

A – LES EXIGENCES PHYSIQUESS’agissant des exigences physiques, on distingue :

• Les contraintes de l'environnement : ambiances physiques (température, bruit, luminosité, ambiances diverses,etc.), hygiène atmosphérique, aspect du poste, sécurité.

• La charge physique : la dépense statique et la dépense énergétique, les postures de travail, les efforts, lesmouvements.

B – LES EXIGENCES PSYCHOLOGIQUESElles sont relatives à la prise d’information : nombre, dispersion spatiale, hétérogénéité des sources, inventaire des

différents signaux utiles à l'opérateur, répartition des signaux et séquences selon les sources, difficultés d'informations dedétection ou d'identification des signaux, importance des différences d'intensité à percevoir, variété des canaux sensoriels,variété des supports interférences, redondance ou absence d'informations sur une variable pertinente, existence designaux d'avertissement...

Elles peuvent aussi concerner le traitement de l'information : prises de décision, degré d'élaboration des actions,stratégies utilisées, délais de réponses, respect des consignes...

Enfin, elles peuvent être relatives aux connaissances: générales, spécifiques ou techniques, nécessiter uneformation de base ou un type d'apprentissage particulier...C – LES EXIGENCES SENSORI-MOTRICES

Ce sont les exigences relatives aux opérations impliquant une liaison directe entre la production d'une informationpar la machine ou l’instrument de travail et une action de l'opérateur (régulation, correction...). Ce sont :

• Les dispositifs de signalisation et de commande : par exemple le nombre et la variété des commandes, les délaisentre l'apparition des informations et le début de l'action, la compatibilité signaux-commandes, le degré deprécision de l'action sur la commande, la disposition des commandes et la chronologie de leur utilisation, lacohérence entre forme des commandes et leurs fonctions...

• Les caractéristiques de l'opérateur : ce sont entre autres, les exigences anthropométriques c'est-à-dire lespositions des commandes par rapport aux zones d'atteinte, le degré d'enchaînement des gestes successifs, lacompatibilité des déplacements des commandes...

Pour l'identification des exigences, on pourra utiliser un schéma dynamique, tel que le graphe de fluence qui permetde faire apparaître les relations d'influence entre les variables. Ainsi, lorsque la valeur d'une variable change, on peut

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savoir quelles sont les autres variables qui vont subir également une variation, de façon à quantifier la variation globale.Par exemple, dans certains cas, la simplification d'une tâche peut compliquer d'autres tâches qui lui sont liées.

Les « contraintes » et la charge de travail s’exercent directement sur l’opérateur et peuvent représenter pour lui uncoût physique, mental ou psychique. On distingue 3 sortes de charges de travail :

La charge de travail physique qui correspond à une contrainte physique simple, et qu’on peut facilement mesurerpar la nature de l’effort nécessaire : effort nécessaire à un maçon pour transporter des sacs de ciment de 50Kgs pendantune période donnée (temps de travail), ou les conséquences de cet effort (fréquence cardiaque) qui effritent son

endurance. Elle s’évalue par des mesures directes du métabolisme comme les échanges respiratoires, la dépenseénergétique, le rythme cardiaque, etc.), ou par des mesures indirectes du métabolisme comme l’Electromyographie(EMG), l’Electrocardiographie (ECG) et l’Electroencéphalogramme (EEG). On peut aussi utiliser des échellesd’autoévaluation des exigences physiques du travail comme celles de FLEISMANN, GEBHART et HOGAN [1984].

La charge de travail mental par contre dépend de trois facteurs :• La complexité de l’activité par rapport au résultat attendu ;• La contrainte de temps dans laquelle la tâche doit être réalisée ;• Les aptitudes de l’opérateur.Elle correspond à l’activité cognitive de l’opérateur. Elle peut être illustrée par le nombre de copies qu’un enseignant

doit corriger (analyser, comparer, évaluer,…) pendant la journée. Elle se mesure soit par des échelles « subjectives »comme le Subjective Workload Assesment Technics (SWAT) qui sert par exemple à la NASA et qui mesure la difficulté de

la tâche, la contrainte de temps, l’effort mental et sensoriel, l’effort physique, la frustration qu’engendre la tâche, le stresset le type d’activité. Une autre mesure de la charge mentale de travail vient du constat que l’opérateur, confronté à unetâche donnée, mobilise ses capacités de traitement ou de régulation. Si celles-ci ne sont pas totalement mobilisées, la« capacité résiduelle » ainsi dégagée peut être utilisée pour une autre tâche. Cette conception a donné lieu à uneméthode d’évaluation de la charge mentale qu’on appelle la double tâche : on met en place une tâche principale et on luiadjoint une tâche secondaire qui la sature et qui permet de mesurer la charge mentale par la détérioration de la tâcheprincipale. C’est une méthode limitée par l’incapacité des opérateurs à traiter l’information de façon stable et continue.Ainsi, si le nombre de copies à corriger pendant la journée double, le correcteur a tendance à changer ses modesopératoires en lisant par exemple certaines copies « en diagonale » et en insistant seulement sur les parties sensibles desréponses (introduction, conclusion, solutions aux problèmes, résultat des formules mathématiques, etc.).

La charge de travail psychique correspond aux difficultés rencontrées par le travailleur quand il manqued’autonomie et de reconnaissance, et qu’il ne peut réaliser son activité comme il le souhaite, voire quand ce travail

manque d’intérêt ou de signification. Les symptômes relèvent alors de la psychopathologie (insomnie, dépression,ruminations, souffrance psychique, etc.).

L’exemple de la fatigue professionnelle dans les organisations industrielles montre à cet effet que de mauvaisesconditions de travail peuvent engendrer une certaine fatigue d’origine mentale ou psychique, différente de la fatiguemusculaire provenant d’efforts physiques lourds et prolongés. Ainsi, écrit FAVERGE [1976], la journée « fatigantenerveusement » serait par exemple occupée par « un travail monotone, où l’attention est constamment mobilisée,empêchant toute évasion personnelle ; où l’esprit, sans être entièrement absorbé par le travail, ne peut cependant s’endétacher, dans des locaux bruyants et agités, parsemés d’incidents ou de variations imprévues, auxquelles il faut faire face,dans une atmosphère d’énervement collectif et contagieux, où des chefs pressés, interviennent pour voir le retard de production résorbé ».

Cette fatigue nerveuse qui ne finit pas tant que les conditions de travail ne se sont pas améliorées et que l’opérateur apris un long repos, a un retentissement défavorable sur l’ensemble du système productif, car elle se diffuse et tend à

s’étendre à tous les domaines d’activité de l’organisation : à titre individuel, elle peut produire le stress et même ladépression nerveuse, et éloigner de la sorte l’opérateur de ses occupations professionnelles. Au niveau du groupe detravailleurs, elle favorise l’agressivité, l’antagonisme et les conflits, et de ce fait est une source importante dedysfonctionnements comme la survenue des erreurs, de pannes ou d’accidents.

La connaissance de la charge physique, mentale et psychique, permet l’analyse du travail qui consiste à considérerque chaque poste, chaque fonction, présente des caractéristiques particulières qu’il importe d’identifier en tenant comptedes caractéristiques humaines de l’opérateur et ses aptitudes d’une part ; et d’autre part en considérant les exigences dela tâche et les contraintes du poste. Les données ainsi recueillies permettent de prédire les comportements et lesperformances nécessaires à la bonne conduite de la tâche ou au bon accomplissement de la fonction. Elles permettentaussi de :

• Construire des postes de travail adaptés ;•

Construire des essais professionnels et des épreuves « en situation » pour l’évaluation des travailleurs ;• Choisir des prédicteurs (tests) pertinents par rapport aux caractéristiques de la tâche ;• Créer des familles de métiers et identifier ce qui les caractérise ;• Concevoir des formations adaptées.

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CHAPITRE IV :LES TYPES ET LES FONCTIONS DES COMMUNICATIONS DE TRAVAIL

I – LE SYSTEME HOMME-MACHINE ET LE FONCTIONNEMENT DE L’OPERATEURLa plupart des taches s’exécutent à l’aide d’instruments, et plus encore grâce à une machine. Ce système formé par

l’opérateur (et de plus en plus par les opérateurs) avec la machine (ou des machine interconnectés) est un schéma decommunication qu’on appelle le système Homme-Machine (H x M). Cette relation qui est un schéma de communicationimplique une circulation et un traitement de l’information en situation de travail.

1. LE SYSTEME HOMME-MACHINEL’intérêt de la modélisation H x M est de mettre en évidence quatre niveaux de communication :

1. Les connexions techniquesElles assurent le flux des informations dans les « dispositifs machines ». Conçues par des ingénieurs, elles

sont constituées par des circuits électroniques et des réseaux informatiques.2. Les interfaces homme-machineElles comprennent l’ensemble des dispositifs de codage des informations et des actions qui permettent le« dialogue »entre l’homme et la machine.3. Les communications entre opérateursElles concernent les échanges dans l’équipe de travail dont les membres ne contrôle pas directement lesprocessus, mais peuvent utiliser des moyens techniques (téléphone, radio, écran) pour communiquer et leréguler

4. Les communications informellesElles consistent en des prélèvement d’informations et des actions directement sur le champ de travail sanspasser par des dispositifs techniques prévus explicitement.

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Figure : Modèles systèmes homme-machine

Cette catégorisation permet un repérage exhaustif et ordonné de l’ensemble des communications dans un système detravail.

Figure : Exemple de communications HxM : le contrôle e la vitesse (Fleury, 1990).

2. Les caractéristiques des communications de travailLes informations en situation de travail peuvent être considérées en trois catégories à savoir, les communications

utiles, les communications nécessaires et les communications suffisantes. Ces informations subissent généralement uncodage, font l’objet d’une représentation mentale et servent à l’apprentissage en tant qu’acquisition d’informations detravail.

A. LES COMMUNICATIONS UTILES, NECESSAIRES ET SUFFISANTESLes informations utiles, nécessaires et suffisantes concernent les donnée sans lesquelles, le processus ne peut-êtreentièrement opérationnel. En effet, l’opérateur doit prélever dans le champ de travail, un certain nombre d’informations quilui permettent d’accomplir sa tâche. Il peut par exemple être plus ou moins utile pour le conducteur de véhicule que letableau de signalisation fasse apparaitre sur un compte tours, le régime du moteur (informations utiles). Mais il estimpératif, sous peine de connaitre des pannes, d’avoir des informations sur le niveau d’huile ou la consommation decarburant (informations nécessaires). Ces dernières informations doivent être présentées de façon permanente.

De plus en plus dans ce domaine d’ailleurs, l’introduction des automatismes (informations suffisantes) pose leproblème de l’allocation des fonctions entre l’homme et la machine : le choix d’un pilotage manuel qui rend la présentationdes informations nécessaire ou d’un pilotage en automatique (les données sont inférées) dépend du type de machine etdu niveau technologique de celle-ci, mais aussi et surtout des caractéristiques psychologiques de la populationd’opérateurs appelés à les utiliser.

De fait, autant l’automatisme est prisé aux Etats –Unis, autant il est peu accepté en Europe. Ce choix est ainsi fondésur des variables techniques (nature des voitures, état du réseau routier), mais aussi sur des valeurs et des traits« psychologiques », et définit des limites dans les communications de travail lesquelles, dépendent autant de la nature dela tâche à accomplir que des représentations que l’opérateur s’en fait.

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En informatiques par exemple, on appelle MOTEUR D’INFERENCE, un programme qui, dans un systèmeexpert, interprète les données de la base de connaissance et assure, suivant des stratégies générales ou

 particulières, l’enchainement des étapes, sans se référer à la régulation humaine. 

2. Le codage des informationsDans le système H x M, les interfaces Homme-Machine sont constituées d’ensembles de dispositifs de codage des

informations et des actions qui permettent le « dialogue » entre l’homme et la machine. Et de fait, l’ensemble desinformations et des actions doit être considéré comme la base du dialogue. Cela signifie que les codes doivent respecterun certain nombre de règles de lisibilité et d’intelligibilité. Par exemple, on ne peut imaginer coder l’augmentation de lavitesse par une rotation d’aiguille dans le sens trigonométrique, ou indiquer une fuite d’huile par un voyant vert. Ceproblème de code et du respect de ce qu’on appelle en ergonomie des « stéréotypes » est difficile, car ces stéréotypesaussi grande soit leur expansion dans la population, ne touchent pas toujours toute la population et ne sont pas lesmêmes partout dans le monde.

Les codes doivent être normalisés par les ingénieurs (NF, ISO, CEE…) pour être opérationnels partout et à toutmoment.

3. La représentation mentale et la communicationSi la plupart des informations proviennent d’interfaces homme-machines et des communications entre opérateurs,

d’autres informations sont recueillies par des voies informelles. Ces communications informelles sont constituéesessentiellement des données prélevées directement sur le champ de travail, sans passer par des dispositifs techniques(tableaux de signalisation, écrans, téléphones, radios, etc.) prévus expressément à ce effet. Dans le contrôle de la vitessed’un véhicule par exemple, le conducteur peut constater qu’il a des prises d’informations et des actions directes sur lechamp du travail (la vitesse du vent, la fraîcheur, le passage rapide des images fixes, permettent de prendre desinformations « informelles » sur la vitesse du véhicule et d’agir sur lui pour accélérer ou ralentir…). Dans un grand nombrede situations de travail, ce sont ces communications informelles qui permettent au système de production de fonctionner(intuition), et qui donnent aux grands professionnels ce qu’on nomme « tour de main ».

Mais cette informalité des communications conduit à des représentations mentales dont il faut tenir compte lorsqu’onréalise des dispositifs d’information et de commande. On peut citer à ce effet des problèmes de compatibilité entre lesreprésentations et les codages, ceux du réalisme des commandes, etc. ces problèmes peuvent être résolus par le recoursà la psychologie cognitive : reconnaissance des formes (gestalt), représentation des connaissances, mémoire... Ils

peuvent aussi faire appel à la psychologie des organisations dans la mesure où si l’on conçoit des systèmes rigides non« tolérants », ils risquent d’éliminer cette capacité (richesse) des opérateurs à faire appel à l’informel, et ceci montre àpostériori que l’opérateur doit toujours intervenir dans la conception desdits dispositifs.

4. La communication et l’apprentissageLes notions de « mécanisme » et de « processus » permettent de voir les deux aspects fondamentaux de l’activité de

coordination des informations et des actions de travail. Les mécanismes désignent l’ensemble des règles qui régissent lefonctionnement de l’opérateur, alors que le processus qualifie la suite des événements et des états engendrés par cesmécanismes. Vue ainsi, l’activité de travail obéit à certaines règles de fonctionnement mental dont la mise en œuvre setraduit par la réalisation de différentes phases qui conduisent les processus de travail [voir supra, dynamique de l’activitéde Rasmussen]. Mais l’homme travaille rarement seul, et la dimension collective du travail joue un rôle non négligeabledans la coordination des informations. D’où la nécessité d’un apprentissage collectifs de ces mécanismes.

II – LES FONCTIONS DES COMMUNICATIONS DE TRAVAILSelon FAVERGE [1972], l’activité de travail peut se diviser en quatre composantes fondamentales :• La composante motrice qui consiste à « accomplir des gestes » ;• La composante informationnelle dont le but est de « prendre de l’information sur le plan de travail (ou sur un

médiateur), la traiter et répondre sur ce même plan de travail (ou sur ce médiateur), c’est-à-dire assurer lacommunication entre l’opérateur et les autres parties du plan de travail (ou entre l’opérateur et les médiateurs) » ;

• La composante régulatoire par laquelle l’opérateur « emmène une variable à une valeur norme tout en veillantà ce qu’elle ne s’en écarte pas » ;

• La composante intellectuelle qui permet à l’opérateur de « mettre en action des formes de pensée, d’utiliser

des algorithmes ou des heuristiques, d’employer des techniques et des stratégies et de prendre des décisions ».

En tenant compte des limites de cette distinction qui ne prend que peu en compte les aspects cognitifs du travail (voirmodèle d’activité de Rasmussen p.14), on peut concevoir la notion de communication de travail stricto sensu comme étant

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un ensemble composé par les interactions, les informations et les communications proprement dites [VON CRANACH,1973].

«L’information » serait alors une unité pertinente que l’organisateur, l’opérateur ou la machine déduit del’observation d’un autre organisateur, opérateur ou d’une autre machine. Cet apport d’informations peut se traduire parune modification des comportements des organisateurs, des opérateurs ou des machines. Quand cela se produit, il y a« interaction » c’est-à-dire influence d’un élément donné (organisateur, opérateur ou machine) sur un autre, quels quesoient les moyens utilisés pour exercer cette influence.

La « communication » est pour sa part une situation particulière d’interaction qui se définit par l’utilisation de codespréalablement élaborés. Ces codes qui sont des normes partagées par un groupe et dont l’acquisition est nécessaire pourcommuniquer, peuvent être explicites ou implicites et utilisent prioritairement trois types de canaux :

• Auditif : les codes verbaux et linguistiques (parole explicite), et divers (murmure, cri, sifflet, morse…) ;• Visuels : les codes linguistiques (texte), gestuels (en aéronautique), liés à la couleur (tableaux de signalisation et

de contrôle), au graphisme (panneaux de signalisation), à la posture, etc.• Toucher : écrans tactiles, analyseurs sensoriels, etc.

Les communications de travail remplissent deux types de fonctions dans le travail [JARDILLIER, 1961] :• La fonction de mobilisation et de motivation du personnel par laquelle elles permettent l’amélioration des

relations sociales et l’émergence de solutions techniques par la mobilisation des organisateurs et l’auto expression destravailleurs sur leur activité (cercle de qualité par exemple).• La fonction opérationnelle qui assure le flux des informations nécessaires pour l’établissement des interactions

entre opérateurs, entre opérateurs et machines et entre machines, en vue de réaliser les opérations nécessaires à laproduction.

Si l’on tient compte à la fois de l’organisation des activités des opérateurs et de la dimension collective du travail, onpeut emmener ces fonctions à cinq (05) types de communications dans le travail :

• Les communications d’orientation générale qui sont préalables à l’action et qui concernent l’activité commune(directive, note de service, circulaire, recommandation, précision..) ;

• Les communications de type ‘’commentaire de sa propre activité’’ par lesquelles l’opérateur verbalise son

activité et qui ont pour objectif de fournir aux autres opérateurs des éléments nécessaires pour une réalisation coordonnéedes opérations.• Les communications de guidage où l’opérateur définit des éléments de l’activité d’un autre opérateur : « à

gauche, à droite, plus haut, plus précis, … ».• Les communications de déclenchement des opérations qui servent au repérage des moments d’exécution

des opérations : « top, go, allez-y,… ».• Les communications de contrôle au cours de la réalisation collective qui portent sur des aspects temporels

(« prêt, partez ») ou vérifient au fur et à mesure de la réalisation la compatibilité des actions et des opérations (« voussuivez ») ? (« A quel niveau en êtes-vous » ?). 

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CHAPITRE V :

LES DIMENSIONS DES MOYENS DE TRAVAIL ET LES DONNEES ANTHROPOMETRIQUESUn plan de travail trop haut, une commande trop éloignée de l’opérateur entrainent l’adoption d’une posture detravail déséquilibrée : une poignée d’outil mince et étroite empêche sa prise à pleine main, un orifice étroit dans un capotd’une machine rend difficile la détection d’une panne, l’atteinte du mécanisme en cause, ainsi que sa réparation. Il existeainsi de nombreux exemples qui montrent que des dimensions d’aires de travail, d’outils, de machines choisiesempiriquement, sollicitent anormalement le corps et provoquent un effort physique inutile ou exagéré, des difficultés dansla manipulation des objets, dans la perception de la tâche et dans le contrôle des gestes.

Dans ce domaine des dimensions, l’intervention dès la conception des postes, des machines, des outils ou desobjets est primordiale, car la correction d’un système préétabli est souvent difficile et coûteuse.

Les données anthropométriques et biomécaniques chiffrées de la population (ou des consommateurs lorsqu’il s’agitde produits de commercialisés) constituent les bases de références pour résoudre les problèmes dimensionnels.L’analyse des exigences du travail permet pour sa part le choix des données à retenir.

I- LES DONNEES ANTHROPOMETRIQUES ET BIOMECANIQUES1. Les données anthropométriques

L’anthropométrie est l’étude des proportions et des mensurations du corps humain. C’est le contenu scientifiquemajeur de l’ergonomie. Ses données sont de deux types :

• Les mesures des segments osseux et des distances interarticulaires : elles définissent les aires d’atteinteextrêmes. Associées aux données biomécaniques, elles permettent de déterminer l’emplacement des centres de rotationdes segments corporels et les zones d’atteinte.

• Les mesures d’encombrement : Elles définissent les volumes occupés par les segments corporels. Cesmesures sont un peu moins précises que celles des segments osseux et des distances articulaires. Elles sont cependantindispensables pour déterminer les hauteurs d’aires de travail, de sièges, des dimensions de poignées d’outils, de

commandes, etc. Les mesures d’encombrement doivent être corrigées en fonction de l’équipement des opérateurs :chaussures, vêtements, casques, gants et chapeaux.Les dimensions des segments corporels varient d’un individu à l’autre et pour un même individu, au cours de sa vie.

Aussi est-il nécessaire d’utiliser ces mesures en termes statistiques. Par ailleurs, lors de la détermination descaractéristiques anthropométriques d’une population, le problème de l’échantillonnage des mesures est très important.Les principales caractéristiques des données anthropométriques sont les suivantes :

• Pour une population donnée d’individus, elles se distribuent suivant une courbe de Gauss. On peut ainsi définirpour chacune des dimensions retenues, une moyenne et un écart-type (facteur de dispersion autour de cette moyenne).

• Les coefficients de corrélation entre les mesures des différents segments corporels sont peu élevés. Aussi n’est-ilpas possible, en général, de déduire d’une dimension connue, la longueur du membre supérieur (bras et avant-bras parexemple), moins encore la dimension des autres segments corporels comme la longueur de la cuisse ou de la jambe. Iln’existe pas un individu ayant des dimensions totalement harmonieuses, c’est-à-dire correspondant toutes à la moyenne.

2. Les données biomécaniquesLes amplitudes maximales des mouvements articulaires ont été mesurées et sont connues actuellement dans les

pays développés. Elles varient avec l’âge et l’entraînement, mais ces mesures n’ont qu’une utilité limitée du fait que desamplitudes extrêmes sont rarement tolérées longtemps. Du coup, on préfère se référer à une notion d’angulation deconfort : Il s’agit d’une posture qui ne doit pas entraîner des étirements ligamentaires et des contractions musculairesimportantes. Elle ne doit non plus provoquer la compression des nerfs et des vaisseaux sanguins, mais doit être ressentiecomme non douloureuse par les opérateurs. Les angulations de confort sont dépendantes l’une de l’autre. Ainsi,l’angulation de confort de la jambe sur la cuisse dépend en partie de l’angulation de la cuisse sur le tronc.

3. L’utilisation des donnéesLes caractéristiques de sexe, d’âge et d’origine de la population concernée déterminent soit le choix des données

déjà existantes auxquelles on se réfère, soit l’échantillon sur lequel seront faites les mesures.La variabilité d’une population est telle qu’on ne peut pas souvent tenir compte des mesures de la totalité des

individus. On retient habituellement une valeur d’indice de variation couvrant 90% de la population et on néglige alors lesdimensions des 5% les plus petits et les 5% les plus grands.

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Dans le dessin d’un poste de travail, on peut s’aider d’un mannequin plat réduit à l’échelle du plan dessiné etcorrespondant aux trois groupements de dimensions retenues à savoir : dimensions des moyens, dimensions des petits etdimensions des grands. L’analyse des exigences du travail permet de déterminer ensuite de façon précise, les dimensionsde l’ensemble des éléments du poste. L’exigence qu’on cherche généralement à satisfaire en premier est la capacité deprise d’informations visuelle : les exigences visuelles déterminent la place des yeux par rapport à la tâche. Ensuite, onreprésente l’emplacement des différents segments en tenant compte de leurs dimensions et de leurs angulations deconfort, les uns par rapport aux autres. On détermine alors l’emplacement des structures matérielles du poste

(caractéristiques du siège, emplacement des commandes, etc.) de nature à ce qu’une posture confortable puisse êtreconservée. Par cette méthode, on peut évaluer les types de réglages et leur amplitude qu’il faut introduire dansl’emplacement de ces structures matérielles, du siège en particulier, pour qu’elles correspondent aux tailles variablesd’une population définie préalablement.

Figure : Les dimensions des de l’espace de travail EXERCICE

Sur votre lieu de stage, faites un relevé (croquis annoté avec dimensions) de votre poste de travail (bureau + siège +rangements). Comparez avec les mesures de vos segments corporels. Est-il ergonomique pour ce qui vous concerne ?

 Argumentez. Proposez des améliorations pour un meilleur confort d’utilisation.

II- LES POSTURESLa posture est l’organisation dans l’espace des segments corporels. Cette organisation se traduit dans l’activité parl’immobilisation des pièces du squelette dans des positions déterminées, solidaires les unes des autres, donnant ainsi aucorps une attitude d’ensemble. Cette attitude d’ensemble exprime la manière dont l’organisme affronte les stimulations dumonde extérieur et se prépare à y réagir.

La posture est le support des capteurs d’informations : la tête permet de voir, d’entendre, de sentir, de goûter ; lesmains servent à tâter. La posture sert aussi de support à l’action de l’opérateur dans l’environnement : la posture, en tantqu’effecteur, permet d’atteindre un objet, de le déplacer, d’écrire, de souder, de saisir des données… La posture est doncliée à l’orientation dans l’espace des capteurs et des effecteurs, tout en maintenant l’équilibre du corps pour lutter contrela force de gravité.

Beaucoup de postures de travail en effet mettent l’opérateur en déséquilibre et rendent sa tâche pénible : postureaccroupie, posture semi-allongée, (dans les travaux de montage ou de réparation automobile par exemple), posture

immobile et rigide de l’opérateur de saisie informatique, penchée en avant pour le monteur ou réparateur électronique…Ce déséquilibre et cette pénibilité des postures entrainent la fatigue musculaire immédiate, une surcharge de l’appareilcirculatoire et la formation d’œdèmes et de varices. Il induit aussi des atteintes articulaires et particulièrement celles de la

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colonne vertébrale (limitation articulaire par arthrose, bursite, synovite, hernies discales, déformations de la colonnevertébrale, etc.). Ces affections éloignent les opérateurs de leurs postes de travail.

1. Les critères des postures

Il n’existe pas de critère unique pour caractériser une bonne ou une mauvaise posture. Dans la posture accroupiequi n’est pas une attitude courante par exemple, la dépense énergétique qui est un critère direct reste modeste, alors quela fréquence cardiaque, un autre critère direct, peut s’élever nettement s’il y a blocage prolongé. Il est alors préférabled’utiliser des critères subjectifs qui sont les plus fidèles : on peut alors mettre en avant comme critère subjectif, la réponseà la question de savoir quelle posture est plus ou moins tolérable ? Ainsi, on peut constater que certaines posturesmusculaires provoquent des étirements des tendons et des pressions sur les articulations qui vont provoquer des douleursrapidement insupportables. Ces mêmes postures, très déséquilibrées par rapport à la force de gravité déséquilibrentl’opérateur et entraînent des difficultés pour exécuter un travail. Les postures les plus critiques sont les suivantes : àgenoux, accroupi, les bras en l’air, penché en avant, en torsion de buste, debout pendant longtemps.

Pour ce qui est des postures tolérables on constate qu’elles sont acceptables du fait que l’opérateur peut enchanger pour échapper à l’immobilité qui est particulièrement pénible. Ce constat explique pourquoi il est souventrecommandé de construire des postes de travail qui permettent le changement des postures du corps.

Pourquoi ce siège est-il baptisé « siège ergonomique ? 

Parce qu'il oblige à une position assise différente, posant sur les genoux et les eschions (l'os qui pointe sousles fesses), obligeant le dos à se tenir droit, dans une position différente. Ainsi, il est impossible de mal se

tenir (pas de dos rond), on n'a plus de mal de dos, et le socle à balancelle avec dossier permet de se détendreet de changer de position.

2. Les facteurs déterminants des posturesLes principales caractéristiques du travail qui ont une influence directe sur la posture de l’opérateur sont les

suivantes :• Les exigences visuelles : La précision des détails à percevoir détermine la distance œil-tâche. Le plan dans

lequel ces détails sont situés détermine l’axe visuel et donc l’orientation de la tête. La grandeur de l’espace à inspecterdétermine pour sa part l’amplitude des mouvements de la tête.

• Les exigences de précision gestuelle : Un mouvement précis nécessite en général l’immobilisation dessegments corporels qui ne participent pas au mouvement. La précision est accrue lorsque le mouvement est exécutédevant le plan frontal du corps et est rapproché de l’axe corporel.

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• Les exigences de la force à exercer : Que ce soit la résistance des commandes ou le poids des outils et descharges à déplacer, le niveau et la direction des forces à exercer déterminent l’organisation des segments corporels pouropposer une force résultante et maintenir l’équilibre postural.

• Les espaces de travail : Il s’agit de l’orientation, des dimensions des plans de travail, de l’emplacement descommandes, des outils, des matériaux… Ils induisent l’une ou l’autre posture idoine.

• La cadence d’exécution de la tâche : Selon qu’elle est lente, moyenne, élevée, très élevé, etc. elle impose

aussi une organisation particulière des segments osseux.CHAPITRE VI :L’ANALYSE DU TRAVAIL

L'objectif de l'analyse du travail en ergonomie est de déterminer les connaissances pertinentes pour l'aménagementergonomique d'une situation de travail. Cela suppose de faire une analyse qui identifie les "vrais" problèmes et définit lesmoyens et les limites de l'action visant à traiter le problème.

Les résultats de l'analyse doivent permettre, au travers de l'analyse de l'activité des opérateurs :• d'évaluer l'intérêt et les contraintes de la conception du système.• de définir le type d'aide dont a besoin l'opérateur pour réaliser sa tâche• de faciliter la transition au nouveau système.• de fournir les premières spécifications du système.

I. L'ANALYSE DU TRAVAIL COMME UNE ANALYSE DES 4 ENTITES : OPERATEUR, TACHE, ACTIVITE, CONTEXTE

1. Les quatre grandes entités de l'analyseL'analyse du travail tente de réaliser une "photographie" de la situation de travail dans son ensemble, à partir del'identification des 4 entités ou objets d'étude suivants :

• L’opérateur• La tâche que l'opérateur effectue.• L’activité mise en œuvre pour effectuer une tâche.• Le contexte dans lequel l'opérateur et sa tâche vont évoluer.

Figure : Le quartet opérateur – tâche – activité - contexte

Il s'agit bien d'étudier, sous l'angle ergonomique, les différents aspects de l'interaction Homme-Machine en faisant uneanalyse du système existant, dans le but d'organiser les activités futures probables de l’opérateur. On regarde donc latâche et l’activité de l'opérateur selon différents points de vue, et la précision de l'analyse sera fonction des différentspassages que l'on effectuera sur le terrain auprès des différents opérateurs. Elle s’appesantit sur les aspects suivants :

A. L’opérateur et ses caractéristiques générales:• Son rôle dans le système• Ses qualifications professionnelles• Le nombre d'opérateurs travaillant simultanément sur le poste et les règles de partages des tâches• Le nombre d'opérateurs travaillant successivement et les règle de succession•

Les horaires et éventuellement le mode d'alternance des équipes• Les caractéristiques de la population concernée : âges, sexe (proportions), ethnies, lieux d'habitations, modes de

recrutement, rémunérations.

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• Les exigences psychologiques• Les exigences physiques.• Les exigences sensori-motricesL'identification des exigences de travail se termine par leur évaluation. A ce stade, l'évaluation ne peut avoir qu'un

caractère général, mais on s'efforcera de déterminer l'importance de ce qui est demandé à l'opérateur à propos de chaqueexigence identifiée. Si l'on veut étudier précisément l'effet d'un travail donné sur l'opérateur en fonction des exigences de

travail, on aborde ici l'étude de la charge de travail, directement liée à la notion de capacité limitée de traitement del'information.

B.Analyse de la tâcheLes éléments essentiels de la tâche peuvent être identifiés à partir de recueils d'informations, d'observations sur le

terrain, et d'entretiens individuels sur les postes de travail. En général, il existe des documents officiels dans l'entreprise,comme les manuels d’utilisateurs qui décrivent les modes opératoires ou les procédures à respecter. Ces manuelspermettent de faire une description formelle (prescrite) de la tâche.

Chaque poste de travail peut être étudié en termes de système, ce qui permet d'introduire la notion de Système(s)Homme(s)-Machine(s) pour décrire la tâche de l'opérateur.

Les principales données à recueillir dans la description de la tâche se situent au niveau de :

Figure : L'organisation du système Homme-Machine (Leplat et Cuny, 1977)

C. Description des machinesIl s’agit de la description de la structure générale de la machine, son but, son principe de fonctionnement, ses

organes de commandes, ses organes de signalisation, les caractéristiques du produit traité, les aspects critiques, lesnuisances connues, l’environnement du poste, ses dimensions, les nuisances apparentes, la nature des produits bruts oudes matières premières, les caractéristiques du produit transformé, contrôlé ou produit par le système.

D. Les informationsIl s’agit des informations relatives à la machine, aux entrées et aux sorties de la machine, les consignes, les données

permanentes gardées en mémoire par l'opérateur, les données présentées sur des supports formels, les aides au travail,la typologie des signaux (modalités sensorielles, informations formelles et informelles), les réseaux de communication (qui

communique quoi à qui et comment) et leurs volumes..., les modalités sensorielles des informations émises et reçues.E.L’activité

Après avoir répondu à la question " Qui fait quoi?", le problème est ensuite de déterminer la manière dont l'opérateurva s'acquitter de ses fonctions (Comment ?). Il est nécessaire à ce niveau de recueillir des informations qui permettront dedécrire progressivement ces conduites. L'analyse des conduites dépasse souvent le simple cadre de l'analyse descriptivedes situations de travail et relève la plupart du temps d'une expérimentation afin de contrôler les variables étudiées.

L'approche ergonomique est ici légèrement différente des descriptions des tâches. Elle apporte des informationsoriginales en s'intéressant à ce qui se passe réellement sur le terrain. Le cœur de l'analyse du travail se situe bien sûr auniveau de l'analyse de l'activité.

F. Les types d'approchesTrois approches d'analyse peuvent être faites et se complètent, mais elles présentent un intérêt inégal suivant la

nature du travail et les objectifs de l'étude (Faverge, 1972) :• L’analyse en termes d'activités gestuelles,• L’analyse en termes d'information,

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• L’analyse en termes de régulation,Les deux dernières approches correspondent bien à l'orientation actuelle des recherches en psychologie ergonomique, àcaractère cognitif.

L'analyse en termes d'activités gestuelles est surtout étudiée pour connaître le temps normal que requiert l'exécutiond'une tâche, et permet d'apprécier ses variations autour de la norme. A partir de films sur l'activité, on peut mettreen évidence des variations subtiles dans la forme des gestes. Des différences dans les modes opératoires,consistant à supprimer des mouvements élémentaires, à faire chevaucher des mouvements et à modifier destrajets ont été mises en évidence et permettent de décrire des modes plus économique que d'autres.

L'analyse en termes d'information : Pour Faverge (1972), "Travailler, c'est mettre en action des formes de pensée,utiliser des algorithmes ou des heuristiques, employer des techniques et des stratégies, prendre des décisions..." Traiterde l'information, c'est donc lui donner un sens ou la transformer. Ceci s'effectue à tous les niveaux des processusintellectuels, dès la perception, jusqu'à la prise de décision.

Cette forme d'analyse préoccupe actuellement la recherche en intelligence artificielle. La pensée étant assimilée iciau traitement de l'information, au sens technique utilisé en informatique (Unité de traitement, Unités de mémoires,organes d'entrées/sorties)

L'analyse du travail mental va principalement se centrer sur les relations entre les processus intellectuels et la finalitéde l'action visée par l'opérateur. Dans son travail, l'opérateur met en effet en action des formes de pensée, utilise desalgorithmes et des heuristiques, emploie des stratégies, prend des décisions. Autrement dit, on considère que l'opérateurprend et traite l'information utile et répond par une action sur l'objet travaillé. Il convient donc de repérer ses modesopératoires réels:

• Construction de connaissances,• Stockage d'informations sur le passé,• Construction d'invariants,• Développement de stratégies,• Automatisation de ces stratégies,• Anticipation de situations futures et de stratégies de réponses appropriées...

La symbolique des organigrammes utilisés en informatique permet de schématiser aisément les processusopératoires. Il existe cependant de nombreuses variantes, comme les graphes de fluence, les tableaux matriciels, ou lesdiagrammes d'activité.

L'analyse a donc finalement pour but de dégager et formaliser les algorithmes ou les heuristiques employés aucours des diverses phases de la tâche, en schématisant le déroulement logique et/ou temporel des opérations, depréciser les stratégies et les changements de stratégies en identifiant les processus de traitement mis en œuvre par lesopérateurs et les variables susceptibles de modifier ces traitements, afin de montrer les mécanismes de la régulation del'action Ceci, en fonction :

• des caractéristiques de la tâche,• des caractéristiques des opérateurs (en particulier sa formation et son expérience professionnelle)• des critères de performance retenus par l'opérateur• du contexte (environnement physique et social).L'ensemble des études menées pour décrire les conduites doit permettre d’apporter des réponses en ce qui

concerne• L'aménagement du dispositif informationnel ;• L'organisation des postes de travail.

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CHAPITRE VI :

LA SECURITE ET LA FIABILITE DU PROCESSUS INDUSTRIEL : ASPECTS PSYCHOLOGIQUESL’accident est un dysfonctionnement qu’il faut combattre pour maintenir l’intégrité (de l’homme, de lamachine) et les performances du système. Pour aboutir à ce résultat, la psychologie et l’ergonomie préconisentun certain nombre de mesures, de techniques et de règles de sécurité et de fiabilité.

I. LES ERREURSUne erreur manifeste un type d’écart (humain, technique, organisationnel) relatif au comportement au travail. C’est un

effet non souhaité du travail qui peut être individuel ou collectif. A titre d’exemple, on peut citer comme exemple d’erreurs : Le maniement d’un outil dans une position non prescrite ; L’erreur dans le déplacement d’une commande ; L’utilisation d’un mode opératoire interdit par les consignes de sécurité ;

L’omission d’une opération prévue dans le processus ; L’erreur de dosage de produits ; L’erreur dans la lecture des appareils de mesure ; L’erreur dans l’établissement d’une trajectoire ; L’erreur dans la lecture des dessins techniques ; L’erreur dans le montage de pièces à assembler…

Par ailleurs, et compte tenu de l’implication de toutes les composantes du système dans la surveillance et ladétermination de l’erreur, celle-ci est difficile à définir. De TRESSAC et LEPLAT proposent à cet effet trois clés pourcaractériser l’erreur :

• Le statut de l’erreur : à savoir le fait que « si l’erreur est humaine, elle n’est jamais uniquement humaine ».Ceci signifie que si l’erreur de l’opérateur est personnelle et est liée à ses décisions, elle peut aussi découler desconditions techniques et organisationnelles du système.

• La valeur de l’erreur : « l’erreur est humaine, mais positive », du fait que sa valeur négative est atténuée par lefait qu’elle renseigne sur les mécanismes de fonctionnement du système qui ont emmené sa production.

• L’erreur « est humaine mais pas aléatoire ». On peut effectivement lui trouver une signification en analysant lescirconstances de sa survenance et les caractéristiques de l’opérateur, par opposition aux modèles de l’activité du sujetauquel est imputé l’erreur.

Cette analyse conduit naturellement à une catégorisation des erreurs selon qu’on se place dans la perspective de latâche ou de l’activité de l’opérateur. Du point de vue de la tâche, on distingue :

• Les erreurs d’omission : l’opérateur oublie de faire tout ou partie de la tâche,• Les erreurs de méthode : la méthode utilisée est différente de la méthode prescrite,• Les erreurs de dérive : on ajoute une action non prévue par la prescription officielle,• Les erreurs de séquence : bonnes modalités d’exécution, mais à des moments inadéquats,• Les erreurs de délai : exécution dans un temps supérieur au temps prescrit,• Les erreurs de syntaxe : quand les règles du langage (code) ne sont pas respectées,• Les erreurs de sémantique : la syntaxe (code) est bonne, mais l’énoncé est indécidable,• Les erreurs de logique : la réponse est incorrecte ici, mais peut être correcte ailleurs,• Les erreurs de copie : elles apparaissent lors de l’interprétation.

Du point de vue de l’activité (mentale), on peut distingue deux types d’erreurs : les « ratés » (erreurs engendrées parles automatismes) ou « lapsus », et les « fautes » (erreurs sur les règles). S’agissant de la première catégorie qui estcausée par la distraction et l’inattention, on distingue :

• Les erreurs de sélection : exécution d’une séquence inadéquate à ce moment-là,• Les erreurs de discrimination : confusion entre deux stimulus qui se ressemblent ou sont côte à côte, mais qui

n’ont pas le même résultat,

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• Les erreurs de mémoire : oubli de l’intention du départ, d’une séquence ou refaire une séquence déjà exécutée,• Les erreurs de contrôle : les résultats ne sont pas contrôlés.

Les « fautes » par contre sont des erreurs qui proviennent des déficiences de jugement sur la situation ou dans lechoix de la stratégie pour la résolution des problèmes.

Mais la typologie des erreurs peut aussi se faire selon les moments de la journée ou selon les lieux d’exécution afinde déterminer les « moments critiques » ou « les points noirs » de l’organisation.

II. LES INCIDENTS ET LES PANNESLes incidents et les pannes sont des évènements qui peuvent entraîner le dysfonctionnement du système

sociotechnique, avec des répercussions possibles sur tous les éléments qui le constituent.

1. Les incidents critiques 

On appelle incident critique, tout événement observable de la situation de travail présentant un caractèred’anomalie dans le cadre d’un déroulement habituel et connu du processus. Les erreurs par exemple sont un typed’incident. Les incidents critiques peuvent être recueillis par l’analyse du travail, et l’exploitation de leur relevé aide àdéceler les points de dysfonctionnement du système, et leur origine possible, afin de définir des aménagements desécurité à partir d’une image plus juste du système H x M et de l’organisation.

Les incidents sont examinés non en fonction de leurs conséquences possibles plus ou moins graves, mais en raisondu problème dont ils ressortent. En voici un exemple de relevé.

Incidents dus A : Types de problèmes

La tâche : Origine de l’incident

Préparation insuffisante des charges pour le cariste

Mauvaise organisation des tâches de mise en place etde stockage relevant du service producteur

Utilisation des fourches du chariot comme pousseurs

Opération informelle qui traduit l’absence de matérieladapté et de modes opératoires définis

Au matériel :

Usure irrégulière des pneus

Mode de freinage défectueux, manque de formation àla conduite, absence de révisions.

Palettes détériorées

Opération de levage en cause, manque de formation,gerbage sans contrôle de charges.

Au conducteur :

Instabilité professionnelle

Conditions de travail, niveau de qualification,conception du poste de conduite, affectation

Troubles physiologiques

Ambiances nocives (vibrations, bruits, pollution),horaires de travail inadaptés, insatisfaction au travail,

insuffisance des examens de recrutement et decontrôle.

2. Les pannesLes pannes sont une catégorie particulière d’incidents réservées aux composants matériels et techniques. C’est un

symptôme d’un état perturbé du système où elles surviennent. A ce titre, elles révèlent les points critiques dufonctionnement de la production (rupture) ou de l’entretien (rétablissement).

  3. L’utilisation des incidents et des pannes en ergonomieEn fonction des données sur la tâche et l’activité, l’ergonomie va intervenir dès la conception des systèmes

techniques pour éviter les erreurs, les incidents, les pannes et les accidents d’utilisation, ou agir pendant la production

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pour corriger les dysfonctionnements du processus, notamment lorsque l’outil a été mal conçu, ou quand l’opérateur s’yprend mal. Il n’est pas à négliger l’aménagement des conditions de travail qui peut s’exécuter sur des environnementsphysiques du travail (espace de travail), sur les ambiances de travail ou sur les postules de l’opérateur.

Elle peut aussi s’intéresser aux activités mentales du travail, à savoir, la prise d’information, la régulation ou leraisonnement qui ont de plus en plus une importance grandissante dans les processus de travail. Cela emmène à cernertrois grands secteurs d’ergonomie : L’AMENAGEMENT DES DISPOSITIFS DE SIGNALISATION ET DE COMMANDE afin de faciliter les

communications H x M ;

L’ACTION POUR OBTENIR DES SYSTEMES FLEXIBLES, c'est-à-dire qui tolèrent des ‘’erreurs’’ et qui acceptentdes procédures de travail variables, afin de permettre à l’opérateur de se déployer avec plus d’aisance.

LA REALISATION DES SYSTEMES D’AIDE A LA DECISION afin que les outils, tels les systèmes experts, d’aide audiagnostic ou d’aide à la détection de pannes ne soient pas abandonnés à la poussière dans les ateliers etlaboratoires, mais qu’ils soient totalement opérationnels.

III. LA SECURITELes incidents comme l’accident sont des dysfonctionnements qui mettent à mal l’intégrité des personnes et les

performances du système producteur. Un des rôles de l’ergonomie est de prévoir ces dysfonctionnements en cherchant àdéfinir un enchainement de facteurs qui ont abouti à l’incident ou à l’accident, afin d’en recueillir des faits et des donnéesexploitables, et non des jugements ou des opinions sur les comportements supposés des acteurs.

Elle se fonde pour ce faire sur un principe général : l’accident a comme origine un ensemble de causes, plus oumoins éloignées dans le temps et dans l’espace, lesquelles vont avoir des conséquences en un lieu et à un momentdonnés, provoquant de la sorte une situation incidentielle ou un accident. Il ne s’agit donc pas en priorité de chercherl’erreur humaine, mais pourquoi l’opérateur a pris telle ou telle décision et a adopté tel ou tel comportement, et pourquoiceux-ci ont été des échecs qui se sont traduits en incidents et en accident.

Exemple du camion de livreur Un chauffeur-livreur arrive sur un chantier dont la rampe d’accès est en pente : il arête son camion sur cette rampe

pour chercher le chef chantier qui doit lui dire où décharger son camion. A sa descente, il constate que le camioncommence à descendre la pente. Il tente de remonter dans le camion, mais glisse et une de ses jambe est prise sous lecamion.

LA RECONSTITUTIONLa reconstitution de l’arbre des causes va montrer que :• Le camion est ancien, qu’il n’a pas été révisé à la date prévue parce que le service d’entretien est débordé, et

qu’il était chargé à la limite de son poids utile.• La commande a été passée en urgence.• Il pleut, et le chauffeur a rencontré des encombrements (embouteillages). Or il connait mal le quartier du chantier

et son accès, ce qui l’emmené à tourner plusieurs fois en rond dans la zone.• La rampe d’accès est recouverte de terre mouillée qui la rend glissante.

UNE EXPLICATIONDe ces quelques faits explicatifs on peut constater qu’il y a une chronologie et des origines telles que leurs effets se

rejoignent à un moment et à un lieu donnés :• Les causes immédiates : état du camion et de la rampe d’accès ;• Les causes proches : urgence de la commande, délais de livraison, état de la circulation, plan du quartier pas mis

à la disposition du chauffeur ;• Les causes éloignées : périodicité de l’entretien et renouvellement de la flotte de camion, effectifs du service

d’entretien, celui des chauffeurs, personnel pour nettoyer la rampe d’accès du chantier

Pour éviter les accidents, on préconise un certain nombre de mesures, de techniques et de règles respectivement defiabilité (technique, humaine, organisationnelle) et de sécurité. Nous allons focaliser notre attention sur la sécurité.

La sécurité est la capacité de cerner les mécanismes qui conduisent à la survenance des erreurs et surtout desaccidents, afin de trouver les voies et moyens de les prévenir. La sécurité pose des règles à partir de modèlesd'événements perturbateurs et de valeurs partagées, pour diminuer la vulnérabilité des systèmes (complexes). Ce sont

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des règles de procédure standard et générale, dont l'effectivité dépend de la qualité de leur mise en œuvre. En effet, pourque ces règles « sur le papier » soient appliquées « sur le terrain » lors du processus de production, il faut qu’elles soientefficaces, pertinentes et cohérentes avec le travail à réaliser.

Les actions de prévention portent donc souvent sur les données des accidents, c’est-à-dire sur les évènements quipeuvent conduire à l’accident, afin de diminuer le risque de leur survenance. Cette analyse part de l’accident pourremonter aux causes (méthode ascendante). Elle peut être appliquée à l’analyse d’incidents n’ayant pas eu de

conséquences, à condition qu’ils soient relevés : le chauffeur-livreur qui a glissé, a pu se relever, est remonté sur lecamion et a pu stopper sa marche. Il peut aussi s’agir des conséquences des incidents non récupérés (méthodedescendante) si le camion n’avait pas été stoppé, quels obstacles aurait-il rencontrés, quels opérateurs auraient pu êtretouchés, quels dégâts matériels aurait-il causé ? C’est donc en partant des pratiques que des règles et des moyens desécurité peuvent être élaborés pour encadrer et équiper les acteurs dans leur travail de supervision, de pilotage, de suivi,de réparation ou d'intervention.

Agir en sécurité, c'est donc bien souvent prendre la décision de mobiliser ou non une règle de sécurité, de laconfronter et de l'ajuster au contexte. Agir en sécurité, c'est développer des réseaux de coopération entre les employés,par exemple ceux chargés de la gestion du parc de camions, les mécaniciens, les commerciaux, les chauffeurs, etc.…C’est aussi gérer les tensions entre opérateurs d’un groupe ou de groupes différents, tout comme il s’agit de contrôler lesprocessus cognitifs mobilisés dans l'action. Agir en sécurité, c'est apprendre à partir des erreurs, des incidents et desaccidents, mais aussi identifier les attentes des personnes (chauffeur fatigué et énervé dans notre exemple).

La sécurité considère en effet l’accident comme un événement particulier qui se produit dans des circonstances biendéterminées, et dont il faut éviter la survenance. Et de fait, en tant qu’événement particulier, l’accident n’est pas prévisible,même si l’objectif de la sécurité est de l’éviter. Ce qu’il faut donc considérer, c’est l’existence du « danger » qui est uneestimation de la probabilité pour que survienne, dans des circonstances données, une classe déterminée d’accidents(exemple l’axe lourd Douala-Yaoundé est susceptible - probabilité - de produire chaque année pendant la période desfêtes de fin d’année, X accidents mortels). Si on affecte par exemple cette probabilité à une catégorie particulière deconducteurs (voitures de tourisme, camions, autocars, semi-remorques, etc.) cela traduit pour chaque catégorie un typede risque à sécuriser.

1. La notion d’accidentalité et la détermination des causes d’accidents

L’ « accidentalité » ou le risque d’accident est la tendance d’un opérateur à courir un risque pouvant déboucher surun accident. Cette tendance peut être attribuée en première analyse à un facteur technique ou à un facteur humain.S’agissant du facteur technique, la plupart des instruments que nous utilisons localement sont importés et sont

souvent conçus et fabriqués sans tenir compte des paramètres locaux (dimensions anthropométriques des utilisateurs,niveau de connaissance technique, habitudes culturelles, climat, etc.). Leur maniement nécessite donc un apprentissageet une communication qui, s’ils ne sont pas faits ou s’ils sont mal faits, peuvent facilement conduire à l’accident.

On peut aussi considérer que l’accident est plus couramment causé par les opérateurs (cause humaine). Dans cetteperspective, l’expérience et l’analyse psychologique des accidents montrent que les sujets ayant une grande« accidentalité » sont ceux qui ont un statut isolé, précaire et qui travaillent dans des groupes sans grande cohésion, avecun réseau de communication faiblement structuré. En e effet, ces sujets isolés physiquement ou psychologiquement ontplus que les autres, tendance à commettre des erreurs, voire des fautes qui conduisent à l’accident.

On constate en effet que l’accident « de cause humaine » proviendrait souvent d’une mauvaise interaction et donc

d’une mauvaise communication entre les concepteurs et organisateurs du travail (encadreurs) et les exécutants : lesstratégies des premiers tendraient à bloquer la circulation de l’information (par exemple l’absence pour des raisonséconomiques de la vulgarisation des règles de sécurité) et à la rendre sélective (par exemple la formation sélective desopérateurs à la prévention des risques professionnels pour les mêmes raisons), ce qui tendrait à fragmenter le grouped’opérateurs et à isoler de ce fait les travailleurs mal informés. Du coup, ces derniers deviendraient plus vulnérables auxerreurs et aux accidents. Une troisième source d’accidents « de cause humaine » naîtrait de la situation psychologique dutravailleur confronté à l’absence de motivation, à l’insatisfaction et à « l’accidentalité » générale dans l’organisation.

Or les hommes travaillent en interaction dans une organisation qui est un tout dans un environnement donné, et oùl’action de l’une des parties affecte souvent les autres et l’organisation toute entière. On peut en conclure qu’aux facteurstechniques (fiabilité technique) et humains (fiabilité humaine), s’ajoute dès lors un facteur organisationnel (fiabilitéorganisationnelle), qui souligne une absence ou une insuffisance de structuration dans l’organisation. Dès lors, l’accident

n’est qu’un symptôme parmi d’autres de cette rupture d’équilibre du système que l’on doit analyser sous l’angle desprocessus et des activités, afin de constater les défaillances dans la structuration et dans l’allocation des ressources, et enparticulier dans le système de communication, et la possibilité de leur récupération aux fins de rétablir l’équilibre et lafiabilité sociotechnique.

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IV. LA FIABILITE SOCIOTECHNIQUELa fiabilité sociotechnique s’obtient par la mise en place et le respect des règles de sécurité. Elle est l’aptitude d’un

système sociotechnique, compte tenu de son niveau de performance, à remplir une fonction donnée (fiabilité technique)dans des conditions données, pendant une durée donnée ; et celle des opérateurs (fiabilité humaine) à « fonctionner »sans s’impliquer dans la production de dysfonctionnements sous forme d’erreurs, de fautes, d’incidents ou de défaillancespouvant créer un risque professionnel ou une contre-performance du système sociotechnique (fiabilité organisationnelle).

TECHNIQUE FT

ENTREES ENTREPRISE FO   FSTSORTIES

  FO : FIABILITE ORGANISATIONNELLE  FT : FIABILITE TECHNIQUE HOMME FH  FH : FIABILITE HUMAINE  FST : FIABILITE SOCIO-TECHNIQUE 

Figure : Schéma de la fiabilité du système producteur  La fiabilité implique différentes composantes du processus :• Les espaces de travail interviennent dans la détermination de la fiabilité pace qu’ils ont une fonction dans le

processus et que de ce fait, ils doivent obéir à des critères particuliers. On peut en effet constater qu’il faut un

aménagement spécifique pour un atelier de soudure qui est un espace de production et qui a de ce fait pour fonction defavoriser la fabrication des produits dans des conditions données, alors que l’organisation d’un bureau comptable qui estun espace administratif et qui a pour fonction de préparer et de contrôler la production se fait suivant une un autre modèle.

• La fiabilité implique aussi les dimensions, l’agencement et les fonctions des machines dont les principales sontles suivantes : la fonction de production principale et spécifique de la machine ( exemple une perceuse fait des trous), lafonction de suppléance (un calculateur supplée l’homme), la fonction d’assistance (tableau de signalisation et decommande signale des états), la fonction de prédiction (un capteur permet d’anticiper un état possible), la fonction decomparateur ou de diagnostic (check List), la fonction de traduction (logiciels), la fonction de rapprochement (cadransinformationnels donnent des indications sur le processus)…

• Elle implique par ailleurs les opérateurs par leurs caractéristiques personnelles et leurs conduites, et enparticulier la prévention des principaux types d’erreurs qu’ils commettent en fonction du domaine d’activité concerné.

V. LE ROLE DE L’ERGONOMIE DANS LA FIABILISATION DES SYSTEMES SOCIOTECHNIQUESPour augmenter la fiabilité des systèmes sociotechniques qui deviennent de plus en plus complexes, l’ergonomie

évite de considérer comme point faible de la fiabilité du système, l’homme, dont les faiblesses physiques, cognitives et/oul’incompétence, seraient à l’origine de l’essentiel des accidents. En effet, ce type de considération conduirait simplement àrenforcer les moyens techniques et procéduraux, et compliquerait et affaiblirait d’avantage le rôle de régulateur del’opérateur, au profit de la suprématie d’une technique incontrôlable.

L’ergonomie montre au contraire que le travail des opérateurs est source de fiabilité, car tout système complexe estinstable par définition : changement d’état de ses composants par usure, par micro-pannes, par les niveaux de régulation(modifications subie au cours) de la production, par celles de son environnement… La conception de tels systèmes nepeut prévoir tous les cas de dysfonctionnement, et ce sont les opérateurs qui régulent cette instabilité et évitent desdérives.

L’ergonomie s’attache donc à comprendre comment les informations sont fournies aux opérateurs par lesprescripteurs, comment ils prennent ces informations sur le système et dans son environnement, quels sont lesraisonnements qu’ils tiennent et quelles sont les décisions qu’ils prennent. Cela signifie que l’action de l’ergonomie pource qui concerne la sécurité va passer par :

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• L’organisation du travail (lieux de travail, postes de travail, horaires de travail, pauses, constitutions des équipesde travail, ambiances de travail, etc.) ;

• La formation à l’utilisation des machines et instruments et la formation spécifique à la sécurité ;• L’action sur le système technique, afin de présenter les informations utiles de telle sorte que les opérateurs

soient toujours capables de les utiliser efficacement pour répondre aux évènements imprévus.

EVALUATION DES RISQUES ET AMELIORATION DE LA SECURITEEXEMPLE D’UN CHANTIER DE BTP

Analyse préalable dedisfonctionnements

possible et établissementd’un Risque

Mesure de sécuritémise en place

Programme d’améliorationde la mesure de sécuritéaprès analyse d’incidents

Chronogramme deréalisation duprogramme

d’amélioration

1. Risqued’écrasement ou deblessures

•Equipement ousensibilisation auxmanutentions empilagedu matériel des outils etde l’équipement

• Formation ousensibilisation aux

manutentions, àl’entrepose et l’empilagedu matériel, des outillageset de l’équipement

2. Chute de personne•Harnais pour travaux

en hauteur

• Achat d’échafaudagesnormalisés et filetsnormalisés

• Sensibilisation àl’utilisation d’échafaudageet passerelles et des

tranchées (balisages)Sensibilisation à laprotection desexcavations

Semaine du 10 janvier

Semaine du 24 janvier

3. Chute d’objet•Balisage des zones

sous tensions

• Sensibilisation sur lesdistances minimalesd’approche et distanceslimites de voisinage.

• Sensibilisation sur laconduite à tenir en cas dechute d’un conducteur ou

d’un équipement soustension• Sensibilisation sur

l’utilisation des camionsélévateurs

• Remise à niveau decertaines installations

Du 02 mai au 15 mai

Du 15 juin au 15 août

4. Chute d’outil•Ceinture d’accrochage

• Utilisation sac de maçon• Utilisation corde de

serviceA toutes les occasions

5. Collision avecvéhicule

•Signalisation

• Amélioration de lasignalisation et ducontrôle circulation sur lechantier

Du 15 juin au 15 août

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Tableau : Evaluation du risque et mise en place d’un plan de sécurité

CHAPITRE VII :L’ENVIRONNEMENT ERGONOMIQUE DE L’OPERATEUR, SA REPRESENTATION ET L’UTILISATION

DE CETTE REPRESENTATION DANS L’INTERVENTION ERGONOMIQUELa tendance la plus courante de l’ergonomie est de s’intéresser à l’aménagement de l’environnement de l’homme au

travail, en tant que celui qui est au centre de la production, et même à étendre cet intérêt à son environnement hors dutravail, pour permettre à l’opérateur de participer en toute « quiétude » au processus.

I. LA NOTION D’ENVIRONNEMENT ERGONOMIQUE

1- La notion de zone en ergonomieUne des démarches de l’ergonomie consiste à construire autour de l’opérateur, des environnements qui facilitent

la réception des informations dont il a besoin, et qui facilitent les actions demandées par sa tâche. On dit alors souventqu’on construit un poste (par exemple de conduite), de façon que ces éléments (dispositif de signalisation et decommande), prolongent naturellement les systèmes sensoriels et musculaires de l’opérateur.

Cette démarche prend l’homme pour centre, et en fonction de lui, détermine des volumes concentriques danschacun desquels l’homme dispose d’un mode de connaissance de l’activité. Moles et Rohmer (1972) ont adapté cetteconception du milieu à une écologie de la ville où la « coquille » partirait du corps propre pour s’étendre à la limite dugeste, puis à la pièce et à l’ensemble des pièces, puis au quartier et enfin à la ville toute entière. De manière analogue,on va distinguer quatre zones dans le travail posté, à savoir :

- La zone du corps propre, qui est le siège des sensations et des perceptions proprioceptives, c'est-à-dire des

attitudes prises par le corps, aussi bien dans la condition de repos qu’en déplacement. Ces évènements constituent cequ’on appelle information proprioceptive. Cette  information s’insère dans le schéma corporel qui donne lareprésentation implicite que l’homme a de son corps à chaque instant. (quand on est couché, on le ressent par une séried’informations sensorielles).

- La zone normale de travail est celle où le geste est guidé à la fois par l’ information proprioceptive que parl’information extéroceptive qui nous est fournie par l’environnement et par nos sens, en fonction de des ambiancesphysico-chimiques du milieu (température, couleur, bruits…).

- La zone du processus de production est plus étendue, et l’opérateur ne la cerne pas entièrement par la vue.Mais, il en a une certaine représentation mentale. Elle concerne tout ce qui se passe en amont ou aval du processus defabrication, par rapport à son poste de travail, s’il a une incidence sur son activité

Ces zones sont cernées par des « clôtures » qui limitent partiellement ou totalement une ou plusieurs informationsextéroceptives : Une cloison en bois limite complètement la vue, mais n’arrête que partiellement le bruit et la température.

Plus une « clôture » a des fonctions diverses, plus elle est précieuse (principe de SIMONDON). Ainsi, un mur limite nonseulement diverses informations extéroceptives, mais aussi des déplacements, joue un rôle de soutien (plafond), depanneau (tableau), de protection contre la pluie par exemple, etc.

II. L’UTILISATION DES ZONES ERGONOMIQUESLa connaissance et la délimitation des zones ergonomiques est très intéressantes du point de vue de l’ergonomie.

Voici quelques exemples d’utilisation de ces espaces.1. Les mesures anthropométriques

La zone du corps propre et la zone normale de travail varient d’un individu à l’autre, alors qu’il faut construire le postede travail pour des personnes diverses. Pour contourner ce problème, il est nécessaire de disposer de la distribution decertaines mesures humaines dans une population d’opérateurs potentiels, ou d’utiliser d’autres stratégies appropriées.Lorsque l’on dispose de ces informations, on effectue des mesures sur un opérateur en position de travail (assis ou

debout), en tenant compte de l’encombrement des parties musculaires et adipeuses (hanches et ventre par exemple).Dans le cas d’un homme assis dans un poste de conduite auto, on peut mesurer la distance qui sépare la face supérieuredu siège au plan horizontale des yeux.

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Figure : Distribution d’une population de conducteurs

En général, on retient comme statistique les valeurs moyennes des deux seuils Xm et XM tels que 5% de lapopulation ait des valeurs inférieures à Xm et 5% des valeurs supérieures à XM. Ainsi, si pour la distance ‘’ yeux-siège ‘’ lavaleur moyenne cm, Xm sera égal à 70cm et XM = 80cm, on aménagera les sièges de façon que leur face supérieure soità 75cm du siège sur le plan optimum de visée, avec un système de réglage permettant de remonter ou d’abaisser le siègede ±5cm. Cette disposition permettra à 90% des opérateurs de régler parfaitement la hauteur du siège à leur taille (FIG 5).

2. La facilitation de prise d’information de façon proprioceptiveDans la zone normale de travail où le geste est guidé aussi bien de façon proprioceptive que de façon extéroceptive,

il est souvent intéressant de privilégier l’information proprioceptive pour libérer un sens, en général la vue, qui peut êtresollicitée dans la zone suivante, sans possibilité de la substituer une fois ainsi libérée : le Conducteur du « bulldozer » parexemple doit trouver ses commandes ‘’ à l’aveugle ‘’ puisque ses yeux sont occupés à contrôler des opérationsextérieures, telles que l’évitement d’un arbre par exemple.

Figure : Facilitation de prise d’information de façon proprioceptive

Le travail de l’ergonomie va consister dans ce cas à étudier le type, la place et la forme des commandes permettantau mieux, et sans erreur, de travailler sur l’engin sans voir ces commandes. En particulier, l’ergonomie va chercher àétudier la précision d’atteinte d’une cible en fonction de sa position par rapport à l’opérateur. Cette mesure a été obtenueexpérimentalement par la méthode dite des cibles. Cette précision varie largement d’un point et l’autre et une foisdéterminées, les zones à forte précision contiendront le plus grand nombre de commandes et les plus importantes.

3. La facilitation de changement de posture du corpsLorsqu’on conserve pendant longtemps la même position, on ressent une fatigue statique et même certains troubles

(ankylose, fourmillements), qui peuvent induire des sentiments de gêne, d’ennui et de manque de liberté. Le rôle de

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l’ergonomie sera de permettre à l’opérateur de travailler assis ou debout selon son gré (voir figure). En effet, l’homme doitdisposer du maximum de latitude dans l’organisation de son poste en rapport avec son propre corps.

Cette liberté peut se décliner notamment pour ce qui est du siège (ergonomique) par l’existence de trois positionspossibles : incliné vers l’avant, possibilité d’appui lombaire (colonne vertébrale), possibilité d’appui dorsal. En outre,faciliter les positions de travail rend le travail plus efficace et plus sûr : le conducteur d’un pont roulant (chaine de transporthorizontal par exemple) ou le dessinateur industriel doit pouvoir travailler et commander son engin assis et debout, en

fonction de la visibilité et des besoins d’accommodation.

Figure : Facilitation de changement de posture du corps

4. L’élimination des atteintes parasites ou nuisibles venant de l’environnementL’ergonomie doit protéger l’homme contre les effets nuisibles de certaines ambiances de travail comme la chaleur, le

bruit, les vibrations, etc. Quand on ne peut pas supprimer ces nuisances à la source, il est nécessaire de "dresser" desclôtures convenables dans les zones environnantes concernées.

Ainsi, à la limite du corps propre, on aura des vêtements individuels de protection (par exemple contre la chaleur)et des accessoires protecteurs comme des casques, des lunettes, des gants. Ils doivent apporter un minimum de gêne au

travail et au confort, et doivent être mis et enlevés facilement (si par exemple les nuisances sont occasionnelles), et êtrefacilement accessibles et arrangeables.Quand il s’agit de la limite de la pièce (cabine, atelier), on aura une ergonomie des parois, comme par exemple

l’insonorisation de celles-ci ou le capitonnage des portes par exemple.

5. La facilitation de la connaissance utile au processus de productionL’opérateur placé à un poste le long du processus, doit avoir certaines connaissances de l’amont et de l’aval,

interpréter les écarts à la normale, les anomalies que la production présente lorsqu’elle arrive à son niveau, et s’attendre àvoir survenir certaines modifications du flux. Son action sur le produit, les précautions qu’il prend, dépendent de ce qu’ilsait des répercutions ultérieures.

Il doit aussi, dans l’activité de contrôle des produits, rechercher les défauts et leur origine, accepter ou rejeter leproduit en fonction des étapes suivantes (savoir par exemple quels sont les défauts récupérables par la suite). Pour ce

faire, il doit posséder des connaissances utiles, la plupart du temps par des représentations du processus au moyen d’unsymbolisme approprié. On obtient ainsi une ergonomie de la représentation du processus adaptée au niveau de culturetechnologique de l’opérateur.

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En effet, certains travailleurs adoptent un style d’activité "fermé", c'est-à-dire qui évite de dépasser les limites de leurposte, de se préoccuper de ce qui se passe ailleurs ("cela ne me concerne pas, je fais le travail qui m’a été prescrit").D’autres opérateurs doivent se préoccuper de la connaissance de ce qui se passe à leur propre poste, mais qui n’est pasdirectement visible (par exemple les réactions chimiques à l’intérieur de l’appareil surveillé et contrôlé ou de l’actionmécanique d’un geste de commande, action se déroulant à l’intérieur de la machine et hors de la vue de l’homme : cuved’électrolyse). La représentation de ces mécanismes se rapporte au concept d’image opératoire que nous avons évoquésupra.

III. LA PRISE D’INFORMATION VISUELLEL’étude de l’activité d’exploration visuelle, en permettant de savoir où et comment le sujet prend ses informations, est

utile pour comprendre les processus cognitifs : planification et anticipation, règles de décisions, régulation entre préventionet production. Elle est également utile pour l’étude de l’une des plus utilisées des informations extéroceptives :l’information visuelle. L’œil en effet procède, pour distinguer les images, par des vibrations de très forte fréquence(100/seconde) mais de faible amplitude. Ces mouvements sont inconscients et créent des contrastes qui permettent dedistinguer les objets observés. Plus le champ visuel est contrasté, plus ces mouvements sont performants, comme sil’homme utilisait fondamentalement les contrastes pour distinguer les objets.

Par ailleurs, l’œil a aussi des mouvements saccadés dans lesquels prennent place des moments de fixation qui sontaussi les moments de perception (0.2 sec). Cela signifie que l’exploration perceptive est discontinue. Elle est aussi"motivée", en ce sens que le trajet des points de fixation (la ligne brisée qui joint les points de fixation dans le temps)dépend du champ exploré et de celui qui l’explore. C’est une activité où la découverte est progressive et personnelle, etoù le bagage cognitif du sujet et son potentiel affectif jouent un grand rôle.

1. Application ergonomique : les tableaux de signalisation et les cadrans.Les études ergonomiques ont toujours montré l’importance essentielle des contrastes dans diverses activités : c’est

le cas lorsqu’on augmente le contraste par exemple en éclairant à ras un objet sur un fond clair ou en utilisant descouleurs (couleurs sur les machines en particulier) pour permettre de bien le distinguer.

De même, on constate que dans l’exploration d’un panneau, il y a une tendance générale à explorer de façoninégale une partie ou l’autre. Il semble qu’il y ait deux pôles privilégiés pour un tableau carré (ou même rectangulaire), lecoin supérieur gauche d’abord, le centre du tableau ensuite. La densité d’exploration dans une partie est fonction des

distances de cette partie à ces deux pôles. On fait souvent l’expérience de voir combien de fois un signe est repéré dansl’une ou l’autre partie du tableau après une projection tachiscopique, pour confirmer cette tendance générale. Enconséquence, dans la construction des tableaux de signalisation, on place souvent les éléments les plus importants dansles zones privilégiées (par exemple cadrans essentiels).

On peut aussi guider l’exploration en structurant le champ de la découverte et conduire ainsi l’œil à rencontrer lesindications les plus significatives. Cela est possible avec les représentations graphiques, les schémas, plans, etc. Sur ledessin des cadrans, on différencie au mieux les graduations en les séparant en lots successifs par des traits plus forts, parexemple en accentuant les graduations de 5 en 5. (LEPLAT)

 Figure : Exemples de cadrans

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IV. LA REPRESENTATION DE L’ENVIRONNEMENTLa relation entre l’homme et son environnement s’établirait de façon subjective, par une représentation qui serait

désorganisée par le dit environnement, mais se réorganiserait par la structuration qu’en fait l’homme. Ainsi, l’opérateurconstruit une image de son environnement, et particulièrement du processus de fabrication et du fonctionnement desmachines qui l’entourent. C’est cette image qui va aussi permettre d’intervenir en retour sur les informations reçues.

Cette double caractéristique d’être à la fois construit par l’action de l’opérateur et de diriger cette action porte lenom d’image opérative (Ochanine).

1. La notion de compatibilitéSi l’on reçoit l’image opérative comme celle d’un environnement que l’on perçoit et celle de l’environnement sur

lequel on agit, on peut penser que l’image de cet ensemble sera plus simple et plus cohérente, c'est-à-dire plus efficacelorsque les deux environnements auront des structures communes. On dit alors qu’ils sont compatibles : Par exemplelorsqu’un écart apparaît d’un côté d’un index et qu’il faut y répondre en poussant la poignée de commande parallèlementdans la même direction, il y a compatibilité entre situation et geste.

Figure : Deux flèches sont compatibles

2. La notion de stéréotypeTandis que la notion de compatibilité est surtout utilisée pour désigner les couplages entre signalisation et

commande de réponse (on dit parfois comptabilité stimuli-réponse), la notion de stéréotype envisage un couplage entrel’action sur une commande et l’effet sur l’objet commandé . Lorsqu’on demande à un sujet d’agir sur une commandepour provoquer un effet déterminé et que c’est la première fois qu’il manœuvre le dispositif, son action dépend de l’imageopératoire qu’il se fait du mécanisme actionnant l’objet commandé.

Il se trouve que sans aucune raison logique, des actions préférentielles et systématiques se déroulent dans unepopulation de sujets. On dit alors qu’on a mis en évidence un stéréotype.

A- EXEMPLES DE STEREOTYPES ERGONOMIQUESCouleur : Rouge = eau chaude # Bleu = eau froide

Position : A gauche = eau chaude # A droite = l’eau froideMouvement : Ouverture d’un robinet = Sens trigonométrique

Un autre exemple est celui du fait qu’on est assis les pieds sur les pédales A et B, et qu’on a devant soi uneéchelle horizontale (dans le plan frontal) sur laquelle se déplace un index, si cet index est placé à l’extrémité gauche del’échelle, et qu’on demande de le ramener au centre en appuyant sur l’une des pédales, on fera sans doute comme lagrande majorité des gens, on va appuyer sur B.

Si l’index avait été à droite, on aurait appuyé sur la pédale. A. on dit que le stéréotype est cohérent. Sa force peut

être mesurée par la proportion des gens qui partagent ce genre de réponses majoritaires.

Le respect des stéréotypes est un principe ergonomique: il y a facilitation de la tâche et diminution des erreurs(surtout dans les moments de surcharge ou d’urgence).

Les stéréotypes sont souvent complexes à analyser, de même qu’ils sont vulnérables par la suite de modificationsapparemment mineures de la situation. Il en est ainsi du geste très simple de tourner un bouton qui donne lieu à des

stéréotypes forts, que nul n’enfreindrait en manipulant sont appareil de radio. On tourne le bouton dans le sens de saguilles d’une montre pour augmenter le son ou pour déplacer l’index de réglage de la station qui va de gauche à droite.Si l’on place le sujet seul devant un stimulus lumineux dont l’intensité est variable (une lampe électrique par exemple), on

B A

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peut lui demander d’augmenter l’éclairage ou de le diminuer, mais aussi d’augmenter l’obscurité ou de la diminuer. Lesrésultats sont les suivants.

Sens des aiguilles d’une montre sens contraireAugmenter l’éclairage 94% 6%Diminuer l’éclairage 27% 73%Augmenter l’obscurité 43% 57%Diminuer l’obscurité 60% 40%

On constat que trois influences se manifestent pour inciter les sujets à tourner le bouton dans le sens des aiguillesd’une montre :

• Une tendance générale ;• Le fait qu’il s’agit d’augmenter ;• La donnée du stimulus éclairage.

L’expression verbale de l’effet à produire joue dans le stéréotype. Ainsi dans le cas d’une manette dans le planvertical, la seule indication ‘’augmenter’’ conduit à lever la manette. Peuvent aussi jouer, d’autres influences comme cellede la position de l’operateur par rapport au dispositif.

V. L’ORDRE D’UNE COMMANDE

Entre l’action de l’opérateur sur une commande (qu’on appelle ENTREE), et l’effet de la commande (SORTIE), il ya une relation différentielle. Cella signifie par exemple que la pédale d’accélération d’une voiture (ENTREE) lorsqu’elle estappuyée, produit une certaine vitesse du véhicule (SORTIE) qui en est une fonction dérivée. Nous allons évoquer trois deces fonctions dérivées.

1. L’assistanceLorsqu’il s’agit d’un rapport simple de cause à effet, l’operateur n’a aucune peine à se représenter le mouvement

correct. Mais dés qu’il y a une ‘’SORTIE’’ intermédiaire comme par exemple le fait d’accélérer (ENTREE), de déplacer levéhicule de façon constante (SORTIE 1), et puis de changer la vitesse de déplacement (SORTIE 2), on dit que lacommande est D’ORDRE 2.

Quand l’ordre des commandes augmente, l’opérateur doit être assisté pour lui éviter de faire des opérationsmathématiques de dérivation et d’intégration nécessaires. Cela se fait en transférant ces opérations au niveau du

mécanisme, de sorte que l’opérateur n’aura plus qu’à manœuvrer comme si la commande était d’ordre zéro.Exemple : Toucher un bouton pour déclencher plusieurs effets dans une machine ou bouger le levier de vitesse

pour créer une relation entre le couple moteur et les roues motrices d’une auto.

2. Le quickeningL’operateur peut travailler dans un système où l’information qu’il reçoit dépend à chaque instant d’un objectif à

atteindre et de la façon dont on se rapproche de cet objectif. Exemple remplir une cuve avec un liquide corrosif (acide parexemple) qu’on ne doit pas verser par terre, et qu’on transfère dans une autre cuve lorsque la premières est pleine (vasescommunicants).

Dans une telle situation l’ergonomie doit aménager un système de captation de l’information (niveau d’eau parexemple), de sorte que l’operateur puisse la traduire en une action simple sur sa commande, pour avancer ou stopper leprocessus, avec un délai entre l’entrée et la sortie qui permette de corriger l’erreur à temps. Cette facilitation s’appelle leQuickening.

3. Dispositif de prédictionCe dispositif consiste à introduire en parallèle au mécanisme réel, un dispositif qui simule ledit mécanisme

(modèle). Ce modèle doit fonctionner rapidement, grâce à un raccourcissement du délai opératoire, pour pourvoir produirequasi-immédiatement, l’état dans lequel le système sera si l’on actionne la commande actuellement.

Cette connaissance est fournie à l’operateur sur un dispositif de signalisation, de telle sorte que le dispositif peutdonner l’état ultérieur du système dans l‘hypothèse où la commande ne serait pas modifiée, et dans celle où elle seraitportée à l‘une ou l‘autre extrémité.

4. L’expression mathématique d’une commandeSoit E(t) l’action de l’opérateur sur la commande (entrée), et S(t) l’effet de la commande (sortie), il y une relation

telle que :d nS/dt n=KE 

On peut alors dire que la commande est d’ordre n. Cela peut se transcrire également sous la forme ci-dessous :

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dnS/dtn + an-1+ dn-1S/dtn-1 +aoS=KEOù K et ‘’a’’ sont les constantes, de sorte qu’une commande d’ordre 0 sera telle que : S=KE (la voiture est au point

mort, elle ne bouge pas).Ce serait le cas par exemple quand on tournerait le volant d’une voiture et que son angle de rotation est

proportionnel au braquage des roues.Pour une commande d’ordre 1 par contre, la facilitation consisterait au fait qu’on appuie sur la pédale

d’accélérateur pour produire une vitesse (constante) à la voiture, on aurait alors : KE=d1S/dt1 

La figure de la page suivante exprime à gauche l’expression d’écart de position et à droite le déplacement à vitesseconstante (ligne1). Les lignes suivantes figurent les mouvements de l’opérateur sur le levier de commande de vitessessuivant que celui-ci est une commande pure d’ordre zéro, un ou deux, avec la difficulté croissante pour l’operateur de sefigurer les effets supérieurs à un.

 

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Figure : Expression mathématique d’une commande d’ordre n

NB : Les tangentes aux extrémités des courbes sur l’axe des t seront supposées horizontales, comme si le mouvement de lacommande se faisait sans à-coups (pas de points anguleux dans les courbes).

CHAPITRE VIII :LES INSTRUMENTS DE TRAVAIL ET LEURS FONCTIONS

Le Larousse définit un instrument comme un « objet fabriqué pour servir à un travail ou à une opération ». Un travailcomprend quatre moments :

• La prise de l’information pour initier l’action ;• L’action de l’homme sur l’engin (outil, instrument ou machine) ;• L’action de l’engin sur la matière travaillée ou la situation ;• La prise d’information sur le résultat (effet de l’engin sur la matière ou par rapport à la situation).

Un instrument est donc localisable à l’un ou l’autre de ces quatre moments du travail. Il peut être un dispositif designalisation, une commande ou un outil, un mécanisme ou une machine. Chaque instrument a une fonction. Nousenvisageons quatre de ces fonctions ici, à savoir :

• La fonction de suppléance ;• La fonction de traduction ;• La fonction de rapprochement ;•

La fonction de protection.

I-LA FONCTION DE SUPPLEANCEL’instrument a pour but premier de décharger l’opérateur des contraintes ou des efforts, de l’aider à exercer son

activité plus aisément, de lui permettre des performances qui sont au-delà des possibilités humaines.La machine tend ainsi à prendre en charge les efforts statiques et dynamiques, augmente les vitesses et les forces

d’action, etc.…voici quelques exemples ergonomiques de la fonction de suppléance des outils, instruments et machines.1- Le mesurage

L’homme est particulièrement peu habile à évaluer une grandeur avec précision lorsqu’il n’a pas un instrument demesure. Souvent, il emploie des adverbes d’intensité comme : dense, fort, peu, beaucoup… qui sont peu précis et dont lagamme est limitée, ou des qualificatifs comme par exemples pour les couleurs : rouge, noir, blanc,…dont les nuances nesont pas plus grandes que celles des couleurs visibles de l’arc-en-ciel.

Il est donc nécessaire pour certains travaux qui nécessitent de la précision, d’introduire des instruments de mesurechaque fois que cela est possible. Cette difficulté de l’homme à être habile dans les activités de mesurage est montrée parles expériences du JUGEMENT ABSOLU.

A. Le jugement absoluSoit une situation où l’on demande à un sujet de reconnaître l’appartenance d’un stimulus à l’une des n catégories

préalablement définies et apprises. Cette reconnaissance est qualifiée de jugement absolu par opposition à une activitéqui consisterait à reconnaitre la différence entre deux stimuli simultanés.

Supposons qu’il s’agisse de stimuli sonores qui diffèrent uniquement par une seule dimension, à savoir la hauteur oufréquence prise dans une marge audible. On les fait apprendre au sujet préalablement. Si le sujet à appris n stimulus, onlui présente alors n catégories de sons auxquelles les stimuli appris ont de fortes probabilités d’appartenir, et cescatégories sont équiprobables. On demande au sujet de remettre chaque stimulus dans la catégorie de son qui convient.

On fait une série d’expériences avec diverses valeurs de n, et constate que le sujet ne fait pas d’erreurs

d’identification si n≤n0, et que les erreurs apparaissent quand n>n0 (n0=Nombre de fréquences apprises.)Cette expérience montre que la valeur de n0 est généralement peu élevée, ce qui prouve que l’homme a des

difficultés à reconnaître des choses différentes, mais surtout à les catégoriser avec précision : la valeur de n 0 estgénéralement comprise entre 5 et 9 c'est-à-dire équivaut à 7±2.

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Si l’on prend l’exemple des notes de musique, on constate que si effectivement la gamme de départ est de7 notesde base (do ré mi fa sol la si ), l’homme arrive cependant à reconnaitre beaucoup plus de notes. Ceci serait dû au fait queau-delà de cette première gamme de 7 notes, ce qui change, ce n’est pas la fréquence elle-même, mais qu’il s’y ajoutedes dimensions à cette fréquence (octaves, supérieures, mineures, dièses, tierces, quintes …) qui donnent au son debase, une deuxième ou troisième dimension qui permettent d’enrichir la gamme de reconnaissance du sujet : même lespartitions des plus grands compositeurs sont construites sur 7 notes !

En ergonomie, on pourra dire que la capacité de discrimination augmente avec le nombre de dimensions, grâce à uneffet de masquage propre aux discriminations multidimensionnelles. D’où l’idée de donner souvent une structure pluscomplexe aux messages destinés aux travailleurs, à les varier sur différents aspects pour que l’opérateur en distingue ungrand nombre sans risque de confusion.

Une autre application de cette observation est donnée par la lecture de cadrans où la graduation, pour êtreperceptible, doit prendre différentes formes (graduations épaisses et petites graduations), mais doit aussi être comprisesdans une gamme précise : on a remarqué que pour voir avec exactitude à quel niveau de petite graduation se trouvel’aiguille du cadran, il ne faut pas qu’il y ait trop de graduations (09 traits à 10 par intervalles au maximum), et même faut-ilintroduire dans ce cas une signalisation (chiffre par exemple), au milieu pour favoriser la visualisation.

2 – La vigilanceLa vigilance est l’activité de surveillance de l’apparition de signaux rares, aléatoires et fugitifs. Pour évaluer cette

rareté, on peut distinguer deux cas :• Il peut s’agir de distinguer un signal sur fond neutre et invariant, par exemple une oscillation brusque d’une

aiguille sur un cadran. Cette rareté s’exprime par un taux : Nombre d’apparition du signal en rapport avec une donnée detemps (heure par exemple).

• Il s’agit aussi de détecter des signaux ayant un certain caractère lorsque les signaux arrivent un à un dans unesuite. C’est le cas par exemple lorsqu’on fait le contrôle de qualité à 100% ou de façon statistique (on doit retirer desobjets non conformes à la norme). Ici, la rareté est une fréquence, à savoir le rapport entre le nombre de signauxcaractéristiques (nombre de rebuts) au nombre total de signaux (total des pièces à contrôler).

L’observation montre que dans les taches de vigilance, l’homme est peut fiable. Il commet des erreurs d’omission enne voyant pas certains de ces signaux à détecter. On mesure cette inconstance par la fréquence des omissions, qui estun rapport du nombre d’omissions au nombre de signaux détecter.

On peut justifier l’infiabilité par la loi suivante : l’INFIABILITE CROÎT AVEC LA RARETE. Leplat (1972) l’a montréen soumettant à l’expérience l’activité de correction par barrage de caractères dans l’imprimerie : le sujet devaitreconnaître dans un ensemble de caractères identiques, les caractères présentant une différence. La fréquence dessignes à barrer constitue ainsi le facteur à étudier. Ces résultats sont les suivants :

Nombre de caractères à détecter par feuille Fréquence de détection2 0.406 0.6918 0.80

 Ces résultats montrent que plus la rareté est grande (caractères à détecter), plus le nombre de détections est faible

et donc plus l’infiabilité est grande.

En ergonomie, on va utiliser cette loi pour augmenter la fréquence des signaux à détecter par l’introduction dessignaux factices ou par des modifications des tâches. Par exemple dans le contrôle de qualité, on va imposer des normesplus strictes au premier contrôleur pour le rejet, puis un second contrôleur va reprendre le contrôle des pièces rejetées parle premier et procéder au rebut définitif, en se situant au niveau de tolérance convenable. La situation est souventconcrètement réalisée lorsque le premier contrôleur écarte les pièces qui ne sont pas de premier choix et le deuxièmecelles qui ne sont pas du deuxième choix.

Concernant la durée de l’activité de surveillance, MACKWORTH a montré qu’il se produisait un déclin de la vigilanceou déclin de fiabilité après environ une demi-heure de surveillance. A partir de là, en ergonomie, on va proposer desaménagements susceptibles de réduire ce déclin comme par exemple :

• L’augmentation de la luminance du signal qui attenue le déclin de l’attention et/ou le retarde ;• L’augmentation de la durée du signal qui peut, dans certains cas, aller jusqu’à diminuer le déclin. On pense dans

ce cas que l’omission du signal proviendrait d’un état de blocage réduit pendant lequel l’attention du sujet serait détournée

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ailleurs que sur sa tâche. Si la durée du signal dépasse celle du phénomène qui crée le blocage, il n’y a plus en principed’omission.

A ce sujet, on peut remarquer que les situations abstraites de pure vigilance (signaux aléatoires, fugitifs et rares)n’existent pas souvent en milieu industriel, dans la mesure où la résolution ergonomique est déjà trouvée. On fait engénéral maintenir le signal jusqu’à ce qu’une réponse soit donnée. Souvent même, on fait accompagner le signal d’unestimulation lumineuse et/ou sonore qui s’impose à l’observateur.

En résumé, tout constructeur doit, quelle que soit la facilité que présente une tâche, tenir compte du fait que l’hommese fatigue dans les activités de surveillance prolongée, et que de ce fait il lui faut une assistance pour maintenir savigilance et sa fiabilité.

3- Le calcul mentalDans une tâche comme le calcul mental, il s’agit de mettre en réserve pendant un temps court (mémoire à court

terme-MCT), une partie de l’information que l’on vient de recueillir ou d’obtenir. Pendant ce temps, on fait un traitementsur une autre partie de cette information. En général, l’opérateur rencontre de très grandes difficultés dans cet exercice, etse fatigue très vite.

Un exemple peut être celui du travail qui consisterait à faire une série de petites multiplications, puis une sommede produits, puis de l’introduire par une commande dans une machine. Exemple : [(1x2=2) + (2x3=6) + (1x3=3)=11] etainsi de suite.

Dans de telles situations, on doit mécaniser entièrement cette opération et décharger entièrement l’opérateur en luidonnant si possible, des aides comme les compteurs, les calculateurs, etc.…

4- La compensationDans la tâche de poursuite, on distingue deux modalités :

• Il ya la poursuite simple dans laquelle un spot commandé par l’opérateur poursuit une cible (jeu du policier quipoursuit le voleur en tirant sur lui). L’opérateur doit maintenir autant que possible, le spot sur la cible en mouvement.

• Il y a aussi la poursuite par compensation qui semble être plus aisée, dans la mesure où l’opérateur ne voit quel’écart entre la cible et le spot tel qu’il est donné par exemple par l’écart du spot au centre de l’écran (radar par exemple),en grandeur et en direction, ce qui en fait est nettement plus compliqué pour l’homme.

En effet, il est plus facile pour l’homme de faire la poursuite simple, parce que d’une part il voit la cible et peut dans

une certaine mesure anticiper ses mouvements et apprendre ainsi à mieux obtenir un effet désiré ; d’autre part, voyant lerésultat de son action (déplacement du spot) sans interférence avec le mouvement de la cible, il apprend mieux à obtenirl’effet désiré.

L’avantage d’adopter la poursuite simple est encore plus marqué lorsqu’il y a un phénomène de retard entrel’action de l’opérateur et son effet. De sorte que l’ergonomie va rejeter la poursuite par compensation en tant que tâche derégulation, parce qu’elle ne facilite pas l’anticipation dans le travail et qu’elle met en avant la difficulté de l’homme deréagir à des variations subjectives et aléatoires, et à l’intégration de situations différentielles.

5- La fonction comparatrice ou de diagnostic (voir compensation)Cette fonction consiste à évaluer un écart. C’est le cas par exemple, dans une tâche comme la poursuite où

l’opérateur perçoit la position de la cible et la position du repère qu’il commande : les caractéristiques de l’écart entre cesdeux positions constitueront un élément pour la régulation ultérieure de la conduite. Lorsque cet écart ne peut être décrit

par une seule variable, chacune des variables impliquées va faire l’objet d’un diagnostic particulier. Exemple dans ladétection des pannes, le diagnostic d’un arrêt du moteur, le mécanicien doit tester plusieurs hypothèses sur l’origine de lapanne (check list).

II- LA FONCTION DE TRADUCTIONL’image opérative est un ensemble de traits caractéristiques de situations de travail déjà rencontrées à plusieurs

reprises et mises en mémoire sous la forme de représentations. Elle peut se manifester sous la forme de souvenirscomme la lecture d’ouvrages, de notices, de schémas, des formules mathématiques, chimiques, de physique ou desraisonnements et pratiques routinières qui sont reprises chaque fois que la situation se renouvelle. Le problème peut seposer si le mode d’utilisation d’un équipement, qui traduit cette matière en langage (verbal, mathématique…), ne cadrepas avec ce modèle.

D’où l’idée de « traduire » autant que faire se peut, la réalité matérielle de la façon la plus proche du « modèle » defonctionnement du sujet, sous la forme de tableaux synoptiques, de schémas de fonctionnement, d’indications et autresdessins qui correspondent le plus à sa représentation du mécanisme. Deux exemples traduisent ce souci ergonomique :

1 - La notice d’emploi

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Très souvent, la traduction de la réalité technique en modèle opératoire par le concepteur ou le constructeur del’équipement est faite sous la forme d’une notice d’emploi avec textes et schémas. Cette traduction peut poser de réelsproblèmes de compréhension pour les utilisateurs qui ne sont pas rompus au code (langage) utilisé pour la notice et lesschémas.

Le principe ergonomique sera donc d’être vigilant et de réagir contre la tendance qui existe que la traduction soitfaite dans des codes et des modèles proches de ceux de l’opérateur. Ceux-ci sont souvent simples du fait qu’ils ne

prennent en compte que les éléments essentiels à la réalisation de la tache. Ils tiennent souvent peu compte des incidentset des écarts divers qui peuvent survenir pendant le processus, et les adaptations faites localement sont de ce fait plusefficientes que ces notices.

2 - Le dictionnaireComme un pendant de la traduction, le dictionnaire permet de traduire une langue dans l’autre, de s’assurer que les

codes utilisés en l’occurrence les mots sont bien orthographiés c’est-à-dire qu’ils ont la précision nécessaire à l’utilisationdu langage digital et à l’accomplissement correct de la tâche par l’opérateur (de saisie par exemple). Une applicationcourante de ce principe peut être trouvée dans la fonction d’autocorrection orthographique qui est intégrée dans lesprogrammes de saisie informatique (exemple de « grammaire-orthographe dans Word !)

3 - Les langages de programmationLes langages de programmation (logiciels) servent à traduire le fonctionnement des ordinateurs (langage-machine)

en termes accessibles et utilisables commodément par l’opérateur.L’ergonomie de ces langages consiste à les rendre le plus proche de l’expression courante (interface Windows par

exemple). Ce souci requiert une démarche ergonomique dont l’exemple du schéma d’intervention repris en annexemontre la volonté de mettre la « convivialité » au centre des rapports Homme-Machine. 

III – LA FONCTION DE RAPPROCHEMENT

1 - DéfinitionPour étudier l’homme au travail, on doit localiser ses espaces et zones de prise d’information et avoir

l’information sur l’effet produit par son action sur l’objet travaillé. Il est également nécessaire de connaître les

distances qui existent entre l’opérateur et sa zone de travail. En effet, on peut noter que si le travail de l’artisanpréserve un certain contact avec la matière et donc rapproche l’artisan de son plan de travail, le travail industriel esteffectué pour sa part avec des machines qu’il suffit de plus en plus de commander, voire de surveiller seulement.Comment réduire dans ce dernier cas cette distance qui se crée entre l’opérateur et son plan de travail ?

Les instruments de rapprochement et plus généralement l’objectif de rapprochement, traduisent le souciergonomique de maintenir le lien Homme-machine ou Homme-Plan de travail sans lequel le travail devientimpersonnel et déshumanisant. Les salles de contrôle qui symbolisent ce rapprochement dans le cadre desprocessus automatisés (raffineries, centrales, etc.), posent cependant quelques problèmes dont un exemple estévoqué ci-après.

2 - L’exemple de la salle de contrôle d’une centrale thermiquePAWLOWSKI [1973] a étudié une centrale thermique : le travail essentiel des opérateurs d’une telle salle

consiste à faire des diagnostics sur les dysfonctionnements de la centrale, à partir de l’observation des déréglages decadrans informationnels de la salle de contrôle.

Une centrale peut être comprise comme un ensemble de circuits : Circuits air-fumée, circuits eau-vapeur, circuit ducombustible, circuits électriques… Dans chaque circuit, il y a un passage de matières qui change de pression, detempérature ou même d’état, grâce à un ensemble d’engins ou d’appareils localisés à certains endroits. Cettereprésentation conduit à repartir les cadrans et appareils de signalisation (il en existe plus de 100) en deux groupes :

• Les cadres informationnels qui donnent les valeurs de paramètre d’un circuit, l’ensemble de ces paramètresformant un système (dont les cadrans informationnels donnent la valeur des éléments) ;

• Les cadrans de diagnostic qui sont associés à un engin du processus dont il contrôle la bonne marche. Ils nesont pas liés entre eux, et une déviation d’un cadran indique le dysfonctionnement de l’engin auquel il correspond.

L’analyse de l’activité des opérateurs de contrôle de ces salles montre qu’en règle générale, ils adoptent lastratégie suivante :

• Lors de l’observation du cadran informationnel déréglé :

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o Evocation d’hypothèses sur la cause de se dérèglement. Choix d’une hypothèse, observation du cadrandiagnostic correspondant. S’il est dévié comme il en a émis l’hypothèse, il a trouvé la source du dysfonctionnement,sinon il évoque une autre hypothèse, et ainsi de suite. On peut schématiser cette stratégie par cette suite : cadraninformationnel-hypothèse-cadran diagnostic. Mais on peut aussi imaginer d’autres hypothèses :

o Evoquer à partir de tous les cadrans informationnels, une hypothèse sur le cadran diagnostic correspondant.Cette procédure réclame de la précision.

o Ne pas se servir des cadrans informationnels, mais parcourir tous les cadrans diagnostics jusqu'à ce qu’ontrouve le cadran dévié. Cette procédure sera lourde, étant donné le grand nombre de cadrans diagnostics.

Figure : Tableau de signalisation et de commande dans le fonctionnement d’une centrale

A l’analyse, il apparait que la stratégie cadran informationnel-hypothèse-cadran-diagnostic soit la meilleure, parceque d’une part elle fait appel à l’intuition et à l’expérience, en même temps qu’elle est économique. Elle serait donc lamieux adaptée à l’opérateur humain.

L’action de l’ergonome dans une telle situation sera de chercher les différents dysfonctionnements possibles, deprévoir deux cadrans pour chacun : CI et CD, et de les disposer de façon à faciliter leur observation par l’opérateur.

Ainsi dans la centrale étudiée par PAWLOWSKI, si un cadran signalait le dysfonctionnement du dépoussiéreur,aucun n’en faisait le diagnostic, de sorte que trois (03) opérateurs sur douze (12) seulement ont pu obtenir le bondiagnostic. D’où l’idée de prévoir pour ce diagnostic, et à défaut de CD, un système d’alarme placé directement sur lamachine.

IV- LA FONCTION DE PROTECTIONCette dernière fonction est souvent associée aux précédentes dans le même instrument : l’instrument s’impose alors

entre l’homme et la matière ou le processus dont le contact direct ferait courir à l’opérateur des risques dans son intégrité,sa santé ou même seulement son confort.

D’où l’idée de la protection de la zone normale du corps propre par des équipements de protection individuelle(EPI) : vêtements, chaussures, etc. On peut aussi introduire dans la machine ou l’instrument, des protections contre les

atteintes parasites en utilisant des boucliers, des parois en matière isolante, etc.

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CHAPITRE VIII :LES CONDITIONS DE TRAVAIL ET LES CONTRAINTES DE L’ENVIRONNEMENT

I− LA NOTION DE SEUIL ET SES APPLICATIONSPartant d’une expérience simple sur la sensibilité tactile, on constate que lorsqu’on prend une épingle que l’on pique

dans une bandelette de carton, quelqu’un tenant le carton par l’autre extrémité, et qu’on applique très doucement l’aiguille surle dos de la main du sujet : on arrive à poser l’aiguille sur le dos de la main de la personne qui a les yeux bandés sans quecelle-ci s’en aperçoive.

Pour expliquer ce genre de phénomène, on fait appel à la notion de seuil. Le système récepteur de la sensation ne semet en route que lorsque le stimulus présente un certain niveau d’intensité. Pour mesurer cette intensité qu’on appelle aussile seuil absolu, c'est-à-dire la plus petite valeur du stimulus qui suscite une réponse du sujet, on peut faire varier le stimulusen partant du plus faible (non sensible) au plus fort (seuil de sensation absolu) ou partir de stimuli très forts pour atteindre, endiminuant progressivement l’intensité, le point du seuil absolu où on ne sent plus le stimulus.

Ce seuil absolu peut être considéré comme le premier seuil, et l’application de ce principe servira par exemple energonomie à considérer que le premier seuil en matière de travail serait celui où l’homme ressent la charge de sa tâche avecla sensation qu’elle pourrait lui être néfaste, et qu’il doit de ce fait utiliser des instruments pour palier aux inconvénientsphysiques, psychomoteurs et psychologiques de sa tâche.

II- AVANT PREMIER SEUILOn se trouve avant le premier seuil lorsque les fonctions des instruments ne sont pas remplies pour une raison ou pour une

autre, et que de ce fait l’homme doit supporter une charge de travail trop lourde ou courir des risques élevés. Il s’agit très souventd’ailleurs de l’absence de fonction de suppléance (vigilance par exemple) ou de protection (notamment contre les accidents).

A ce moment l’absence des instruments ou leur peu d’efficacité oblige l’opérateur soit à réagir en modifiant son modeopératoire de façon à abaisser la charge, soit à subir les modifications psychophysiologiques qui caractérisent l’effort et la fatiguequi s’en suit, et qui ont un coût physique et mental pour lui.

1- Exemple des modifications de mode opératoire dans le traitement des objets ou des personnesLorsque le nombre d’objets en atteindre augmente et atteint un certain seuil, le mode opératoire du travailleur change. On

constate par exemple que :• Le traitement de chaque objet (par exemple le contrôle de la qualité des produits) ou de chaque personne(contrôle d’accès) devient plus uniforme, stéréotypé. Les règles informelles prennent plus d’importance au détriment desconduites formelles.

• Les critères se modifient. La quantité devient plus importante que la qualité. L’opérateur cherche à écouter lemaximum et non plus l’égale satisfaction de tous les clients.

• Les communications entre l’opérateur et la personne en attente deviennent plus courtes, moins redondantes, etréduites au minimum. L’observation de l’objet est pour sa part plus rapide, et fait avec moins de répétitions dansl’inspection et dans la recherche de précision.

Cela montre que l’augmentation des contraintes de travail emmène l’opérateur à changer ses stratégies de travail.Ainsi, Esperandio (1988) a montré par exemple que la charge de travail des contrôleurs de la navigation aérienne

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(aiguilleurs du ciel), augmente au niveau des contraintes (quand le nombre d’avions à contrôler augmente), ceux cichangent leurs modes opératoires. Ils enregistrent leurs communications avec les pilotes au lieu de les traiter en tempsréel (élimination des informations non essentielles, adaptation d’un langage plus opératif). Ils n’utilisent plussystématiquement les critères qui régissent leur activité (le critère courant qui est la rapidité d’écoulement du trafic qui soitcompatible avec les mesures de sécurité disparait au profit d’un écoulement plus rapide mais avec beaucoup derisques).Ils modifient ainsi leurs modalités habituelles de gestion du stock des avions se préparent à atterrir.

Le même phénomène peut être observé chez le correcteur des copies, chez l’enseignant qui fait passer un oral,

dans le contrôle de qualité, dans le tri postal, etc.

2-exemple des modifications physiques et posturales dans le travail fin à cadence imposée.Wisner et Laville ont étudié le travail des ouvriers sur les chaines de montagne dans l’industrie électronique

(montage de postes de télévision notamment), travail présentant des exigences visuelles sévères (finesse desassemblages), et s’effectuant à une cadence imposée et rapide. Ils ont constaté des signes de l’influence de la charge detravail :

• Absentéisme ;• Instabilité élevée ;• Anomalies dans la qualité de production ;• Port de lunettes plus fréquent (35% des ouvriers contre 14% au moment de l’embauche).

Les auteurs écrivent :« Ces jeunes femmes (car les femmes sont plus nombreuses dans ce type de travail) se plaignent des troublesvisuels, de maux de tètes, de douleurs de la tète et de la nuque. L’observation des postures adoptées par lesopératrices suggère une explication : on voit trop souvent, en visitant ces usines, des ouvrières qui maintiennent de façon très prolongée la tête très penchée sur le travail. La finesse des détails à observer contraint en effet l’opératrice à placer l’œil à une distance de l’objet qui est voisine du punctum proximum ».

Trop souvent, les pièces à travailler sont placées sur une table de hauteur courante (75 cm), de telle sorte quel’ouvrière, assise à une hauteur normale de 40cm, doit placer ses yeux à 96 cm (40+56) du sol, et doit de ce fait adopterune posture inclinée. En outre, la cadence à respecter dans ces travaux exige une observation quasi continue, etl’ouvrière est contrainte de garder sa mauvaise posture de façon permanente.

En analysant en laboratoire cette activité, Wisner et Laville ont constaté que l’électromyogramme (electrogrammemusculaire que l’on appelle aussi EMG) des muscles de la nuque est sensible à cette difficulté et surtout à la durée de latache, que la distance œil tache diminue quand la cadence augmente, et que la fréquence des clignements des paupières(qui permettent l’accommodation et reposent l’œil diminue. Il y a ainsi une fixité accrue aussi bien de la posture de la tèteque celle des yeux.

3-application à l’ergonomie de la suppléance et de la protectionL’ergonomie s’efforcera avant ce premier seuil d’introduire des instruments de suppléance et de protection, pour

faire prendre en charge par la machine, l’effort dynamique et statique que l’homme ne peut supporter sans conséquencesgraves : système optique couplé à l’ordinateur pour la détection des imperfections par exemple…Il faut cependant noterque pour certaines professions, cette prise en charge demeure aléatoire : chargeur-déménageur, coursiers sur moto,chauffeurs de taxi, etc.

III- LE DEUXIEME SEUILL’utilisation des instruments souligne le premier seuil. En principe cette intervention apporte efficacité et

satisfaction chez l’opérateur : le travail est facilité et devient plus rapide et souvent plus confortable.Le deuxième seuil apparait quand l’instrument acquiert les fonctions de facilitation, de protection et de suppléance

et que la présence de l’homme commence à devenir peut importante. L’instrument à ce moment peut dominer l’homme,et lui dicter ce qu’il doit faire : il devient servant de la machine.

En présence de ces machines intelligentes (automates programmables, ordinateurs,…) on cherche souvent despalliatifs ergonomiques, sans jamais atteindre la solution entièrement satisfaisante : le deuxième seuil est alors franchi.

L’exemple peut être celui d’une chaine de montage ou l’ordinateur ou le robot ou les deux ensembles imposent des

cadences de travail que l’homme ne peut pas supporter sans conséquences graves.Cela peut aussi être le travail en équipe alternantes sur une chaine de montage par exemple, avec des horaires detravail anormaux (3*8) en production en flux tendu qui épuise l’homme.

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IV- AU DELA DU DEUXIEME SEUILAu delà du deuxième seuil, l’homme devient prisonnier de l’environnement technologique. Le phénomène résulte

souvent d’un effet multiplicateur technique non régulé, et a pour extrémité l’auto-accélération exponentielle.Cela signifie qu’une fois que la machine nous impose un rythme, nous ne pouvons plus rien contrôler. Et si par

exemple, cette machine a la possibilité interne de passer à la vitesse supérieure, soit la production est compromise, soitl’opérateur court de grands risques physiques (accident,) ou affectifs (fatigue, surmenage, stress ou le burnout).

Ce phénomène existe d’ailleurs dans la nature et évoque un certain effet de saturation.

Dans un territoire limité (une bouteille), au fur et mesure que les mouches drosophiles se multiplient, leur fertilitédécroit. Ce n’est pas seulement en raison de la diminution de la nourriture, mais surtout parce que les femelles sontperturbées par les chocs résultant de la densité de la population. Elles sont bousculées tout le temps et ne trouvent plus letemps, l’énergie et le goût de pondre autant qu’avant.

Le charançon quant à lui pond son maximum d’œufs lorsque le nombre de grains de maïs disponible par exemplecomme sites de ponte est au moins 11 fois supérieur au nombre de grains réellement disponible pour ce travail. Si cerapport diminue, c'est-à-dire que s’il y a moins de grain ou plus de charançons, cette activité se réduit.

Lorsqu’il s’agit d’un environnement humain et technique, de telles situations soumettent l’homme à des agressionsou des intoxications très contraignantes, et qu’un ouvrier a décrit en ces termes dans le journal le FIGARO : « ici et  partout où il y a de la manutention, ce qui nous aiderait c’est d’avoir plus de place pour évoluer. On passe partout aumillimètre avec nos chariots élévateurs, à la fin de la journée nous sommes vidés. »

On peut faire également référence ici aux ambiances de travail (lumière, bruit, température, rayonnement etpoussière) qui peuvent pousser à bout des conditions de travail, engendrant d’énormes risques d’accident.

En tout état de cause, et devant l’envahissement de la technique et des canaux et moyens d’information (publicité, journaux, radio, télévision), et surtout de l’ordinateur et de ses applications comme internet, il faut rester de plus en plusvigilant pour garder à l’homme son intégrité physique et morale, mais surtout sa liberté et son libre arbitre sans lesquels, iln’est qu’une bête parmi les autres et une machine peu performante devant des machines beaucoup plus performantesque lui. C’est une des missions de l’ergonomie.

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CHAPITRE IX :ERGONOMIE DES SYSTEMES

I – DEFINITIONLe poste de travail est un des éléments qui compose un système de production. La tâche attribuée à un opérateur et

la manière dont il l’exécute sont dépendantes des autres tâches exécutées en amont ou en aval par les autres opérateursavec lesquels il est en relation directe, lorsqu’il s’agit d’un travail en équipe ou en relation indirecte quand il reçoit oufournit des parties de son travail à d’autres. L’ergonomie des systèmes concerne alors les interactions des différentséléments humains et matériels d’un système de production et tente de définir :

• La répartition des tâches entre opérateurs machines et outils ;• Les conditions de fonctionnement optimal de cet ensemble d’éléments ;• La charge de travail pour chaque opérateur.

La tâche de chacun des opérateurs est en principe l’objet de l’ergonomie des systèmes, et s’apparente àl’organisation du travail. De ce point de vue, la situation de l’opérateur devient un simple élément à prendre en compte parrapport l’objectif général du système qui lui relève aussi de l’organisation du travail, de la technologie industrielle (sciencesde l’ingénieur) et de sciences telles que l’économie, la sociologie et la psychologie.

II – ANALYSE ERGONOMIQUE D’UN SYSTEMEL’apport de l’ergonomie dans l’analyse des systèmes se fait en terme méthodes d’analyse.Il s’agit pour elle de décrire les systèmes en termes d’échange d’informations et de réponse entre différent éléments

qui le composent (régulation). Dans cette perspective on représente symboliquement les origines et les points d’arrivéedes informations, leur importance, leur fréquence, leur chronologie et les actions qui en découlent. On peut alors décelerles insuffisances des informations (quantité, qualité), les séquences non adaptées, les écarts par rapport à unfonctionnement théorique. Ce type de modèle doit être adapté à la situation étudiée.

De fait, le fonctionnement d’un atelier, d’une usine ou d’un service peut s’apparenter à un organisme vivant : partantd’une situation d’homéostasie, l’état du système change constamment, et pour assurer par exemple un objectif qui seraitde maintenir une certaine stabilité autour de l’équilibre homéostatique, de nombreux mécanismes de régulation sontnécessaires pour atténuer les dysfonctionnements, sources de variation de la production et d’accidents.

Ce type d’analyse systémique montre quelles sont les fonctions de régulation et les fonctions de « récupération »[Faverge, 197xxx] effectuées par les opérateurs. Ces fonctions existent dans pratiquement tous les systèmes, même lesplus simples (Exple : chemin logique dans un programme informatique et subrotine en cas d’erreur) et dans toutes lestâches (lors de la saisie informatique, effacer un mot saisi et le récupérer par la touche « rétablir »). De fait, sans de tellesdispositions, les chaînes de fabrication ne sortiraient que des produits incomplets ou de mauvaise qualité, si les ouvriersse contentaient d’exécuter les seules opérations qui leurs sont exigées.

Un des résultats de l’analyse des systèmes est la définition des fonctions et des tâches des opérateurs et desmachines. Cela suppose que pour faire une bonne répartition de fonctions, il faut, selon Chapanis :• Définir les objectifs du système et les contraintes dans lesquelles il fonctionne ;• Analyser les fonctions existantes ou à prévoir ;

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• Proposer et essayer plusieurs solutions et valider les solutions retenues.Or valider une solution, c’est faire un choix du ou des critères d’optimisation du système : qualité, quantité, sécurité,

amélioration des conditions de travail, diminution de la charge de travail, etc., souvent aux dépend des autres critères quis’en trouvent sacrifiés.

III – CONCEPTION D’UN SYSTEME DE PRODUCTIONLe développement actuel de l’ergonomie lui permet d’agir aux différentes étapes de l’élaboration et de la réalisation

d’un nouveau système de production. Si pendant longtemps l’intervention ergonomique a consisté en une actionnormative pour décider des dimensions des machines, des équipements et des locaux, des normes sur les ambiancesphysique et notamment l’éclairage, des normes sur la présentation et la prise d’informations, il s’agit aujourd’hui depréciser ce que sera l’activité des opérateurs et d’agir sur les conditions (inadaptées ou/et dangereuses) dans lesquellesils devront travailler, afin de les améliorer. En effet, on peut agir sur ces conditions au fur et à mesure qu’elles se précisentdans le projet technique et organisationnel.

CHAPITRE X :L’INTERVENTION ERGONOMIQUE

I - METHODES D’INTERVENTION ERGONOMIQUE

II - METHODES D’EVALUATION DES INTERVENTIONS ERGONOMIQUES

1. L’évaluation des actions ergonomiques : la grille de qualification des niveaux d’utilisationde Guillevic et Benazet

Il est important de comprendre que l’opérateur apprécie les systèmes « conviviaux », c’est-à-dire faciles àcomprendre et à utiliser. Il ne s’agit pas de mettre en avant des avantages d’apparence ou simplistes, ou encore des traitsde surface comme le design ou « l’affabilité » (ordinateur qui dit bonjour), mais donner à l’opérateur la capacité de

manipuler avec aisance l’outil ou la machine ou de raisonner sans gêne avec lui. Burch (1984) a proposé le concept de« transparence » pour désigner un système qui a été ajusté pour raisonner et parler comme l’opérateur et qui se laissemanipuler sans grand problèmes. Un tel système devient « invisible » à l’opérateur, parce que son utilisation ne requiertpas d’efforts particuliers.

Easton (1984) a, pour sa part, défini le taux d’exploitation de l’outil par rapport aux potentialités qu’il offre par leconcept de « usability ». Ce concept nous rappelle qu’il y a des outils qui sont utilisés au quart de leurs capacités. La grillede classification des niveaux d’utilisation « stabilisée » de l’outil ci-après de Guillevic et Benazet, (1987) correspond à troistypes de régulation.

 

MODALITE DE REGULATIONNIVEAUX D’UTILISATION

Type d’utilisation Exemple d’utilisation

REJETTâtonnements et répétitionsd’actions familières, avant le

renoncement

ABANDONL’opérateur range l’outil dans un placard

(Organisateur dans l’armoire du bureau) ou bienl’utilise périodiquement

EVITEMENT L’opérateur essaie e trouver une tâche où il n’aurapas à utiliser le nouvel outil.

ARTICULATIONSous la contrainte de

l’environnement, équilibre entreanciennes procédures et cellesspécifiées par la nouvelle

machine.

JUXTAPOSITION

Pour inscrire la date et des données en machinesur le papier « entête » pré-imprimé, la secrétairequi n’arrive pas à bien positionner celui-ci dans

l’imprimante pour mettre la date au bonemplacement utilise d’abord son anciennemachine pour taper d’abord la date avant

d’utiliser le traitement de texte pour le reste des

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données.

RESTRUCTURATIONCoût cognitif (erreurs et travail

à refaire) et coût social(anciennes procédures

dévalorisées) entraînent une

réorganisation des schèmesd’action.

INNOVATION

Une secrétaire utilisant un traitement de texte atotalement réorganisé son activité (Exemple elle a

préconçu une entête de papier à lettre qu’ellegarde en machine, afin d’éviter les difficultés d’en

créer une chaque fois qu’elle rédige un courrier.

2. Formalisation de critères d’évaluation en ergonomieSi la grille d’analyse de l’utilisation de l’outil permet une évaluation globale de l’outil, elle ne permet pas de mesurer

avec précision l’adaptation du système à l’opérateur. La grille d’évaluation ci-après qui est inspirée des travaux de Girouxet Larochelle (1987), permet d’intégrer les apports des modèles théoriques sur les conduites de travail et sur les modèlesd’analyse du travail. Il faut cependant tenir compte dans son usage ion ergonomique des interactions et des antagonismesqui peuvent exister entre les différents critères retenus dans l’évaluation. Ceci implique d’une part un retour constant àl’analyse du travail ; et d’autre part la nécessité d’inclure la négociation dans l’intervention ergonomique pour assurer descompromis nécessaires entre les critères.

GRLLE D’EVALUATION D’UNE ACTION ERGONOMIQUECRITERES OPERATIONNALISATION

PERFORMANCE L’évaluation des critères devra :

Vitesse1. Différencier vitesse d’exécution et temps de réponse de l’outil2. Comparer les indices de tendances centrales (ex : moyenne) et des

indices de dispersion (ex : variance)

Précision1. Evaluer le taux des erreurs (accidents, dysfonctionnement)2. Evaluer les possibilités de récupération ou d’évitement des erreurs

offertes par le système

APPRENTISSAGE L’évaluation des critères devra :

Vitesse et facilite1. Tenir compte des différents utilisateurs et de leur logique de

fonctionnement2. Tenir compte des « processus de simplification » qui sont sources

d’erreurs (ex : utilisateur qui ne retient que les fonctions les plusfréquentes)

Rétention 1. Evaluer la fréquence d’utilisation du matériel qui détermine la rétention2. Vérifier la rétention à court et à moyen termes

Transférabilité1. Tenir compte du degré similitude des tâches2. Evaluer la compatibilité et la cohérence des différents types de

signalisation et de commandes

VALEUR D’USAGE L’évaluation des critères portera sur:

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Flexibilité

1. Les capacités de l’outil à couvrir plusieurs tâches2. Les possibilités d’utilisations de plusieurs méthodes3. Les possibilités de commandes différentes pour un même résultat4. Les possibilités d’adaptation à des usagers différents par leurs

compétences ou leurs intérêts

Acceptabilité

1. L’aspect motivationnel au plan socio-organisationnel (degréd’implication des utilisateurs dans l’aménagement du système)

2. L’aspect motivationnel au plan sociocognitif (possibilité depersonnalisation de l’interaction homme-machine et de contrôle dudéroulement de la tâche par l’utilisateur)

Tableau : Grille d’évaluation d’une action ergonomique

EXEMPLE D’APPLICATION 1

ETUDE DU POSTE DE TRAVAIL DE MECANICIEN(NE) DE CONFECTION(Implantation et environnement)

CHAMP D’APPLICATIONLa présente étude s'applique aux activités desindustries du bois, ameublement, papier etcarton, textile, vêtements, cuirs et peaux,pierres et terres à feu.

LES SOURCES DE FATIGUELe poste de travail de mécanicien(ne) de

confection comporte des activités gestuelles etvisuelles importantes et répétitives.La monotonie de la tâche, les exigences de laproduction et surtout les contraintesdimensionnelles du poste limitent leschangements de posture et les alternancesavec des phases de décontraction musculaire.A cette fatigue musculaire s’ajoutent, lesfatigues visuelle et nerveuse inhérentes autravail exécuté.

A. La fatigue musculaireLa fatigue musculaire provient à la fois del'effort statique et de l'effort dynamique.

1.La fatigue due à l'effort statique peut êtreengendrée par différents facteurs :b) Soit par la tension musculaire nécessaire aumaintien en équilibre de l'ensemble ou d'unepartie du corps. C'est le cas des musclespostérieurs du cou (trapèzes) lorsque la tête estinclinée vers l'avant. C'est également le cas des

muscles dorsaux lorsque le buste est penchéen avant ou des muscles des membressupérieurs lorsque les avant-bras n'ont pas de

point d'appui. C'est enfin le cas des membresinférieurs ; en effet, si l'ensemble genouillère-pédales n'impose pas une fatigue importantelorsqu'il est bien réglé, il oblige toutefoisl'opérateur/opératrice à maintenir les membresinférieurs dans une position invariable, aucontraire de la plupart des travaux assis danslesquels les changements de position sont

possibles et permettent une certaine relaxationdes membres inférieurs.

b) Soit par compression des muscles qui créeune gêne pour la circulation du sang,notamment dans les membres inférieurs.

c) Soit, enfin, par compression des organes etgêne de leur fonction respiratoire ou digestive,lors de la compression du thorax liée à la

position penchée en avant.

2. La fatigue musculaire due à l'effortdynamique est produite par la tensionmusculaire qui accompagne tout mouvementd'une partie du corps : tête, tronc et surtoutmembres supérieurs. C'est ainsi que le bras,les avant-bras, les mains et les doigtsparticipent au mouvement nécessaire poursaisir le tissu, le dégager, l'assembler, le guideret l'évacuer vers le circuit de fabrication.

B. La fatigue visuelleLa fatigue visuelle peut provenir :

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■ De l'éclairage défectueux, du fait del'insuffisance de la source lumineuse, ou de laprésence de reflets sur le plan de travail,■ De la distance des yeux au plan de travail(distance «œil-tâche»),■ Des défauts de la vue non corrigés de la

mécanicienne, en particulier d'une acuitévisuelle défaillante.C. La fatigue nerveuse

La fatigue nerveuse enfin, peut provenir :■ Du rythme de travail,■ Du bruit ambiant et de proximité,■ Des conditions d’implantation et del'aménagement du poste de travail,■ De la complexité du travail à réaliser,■ Du niveau de qualité recherché.

DISPOSITIONSEn complément des textes réglementaires envigueur, il est recommandé aux chefsd'entreprise dont tout ou partie du personnelrelève du régime général de la Sécurité socialeet travaille, même à titre secondaire ouoccasionnel, au poste assis de mécanicien(ne)de confection, d'appliquer les mesuressuivantes :

A. La machine (voir schéma)1. Le poste de travail étant fortement tributaire

de la configuration de la machine, s'assurer decertaines caractéristiques au moment del'acquisition de cette dernière :

a) Niveau du plan de travail situésensiblement à 790 mm au-dessus du sol, etréglable dans une plage de 740 à 840 mmcompte tenu de la population concernée,essentiellement féminine, réglage ne modifiantpas le niveau des pédales et pouvants’effectuer facilement.Recommandation R 415b) Espace libre pour les jambes sous lamachine de largeur au moins égale à 790 mmet de hauteur réglable entre 495 et 820 mm(suivant norme NF EN ISO 14738). Lesdispositifs mécaniques (moteur d’entraînement,liaison pédale-moteur, goulotte d’évacuationdes déchets…) n’empiètent pas sur cet espacelibre.

c) Table de travail indéformable, avec dessusglissant, mais mat pour éviter les reflets, etd’une surface en rapport avec les dimensions et

le nombre des pièces à travailler, ainsi qu’avecla nature du travail à effectuer.En tout état de cause, cette surface assure unappui pour l’avant- bras droit et le coudegauche, le cas particulier des machines à cycleautomatique (boutons, boutonnières, etc…)

devant faire l’objet d’une analyse de l'activité.

d) Fonctions annexes (remontée du pied-presseur, coupe fil…) obtenues par dessystèmes automatiques permettant de limiter lenombre d’organes de commande. Enparticulier, absence de genouillères.

e) Pédale■ Pleine et suffisamment large pour permettrede poser les deux pieds non serrés,

■ Inclinée de 30° à 45° par rapport àl’horizontale,■ De faible amplitude de course,■ Réglable: d’arrière en avant, en fonction de lalongueur des jambes, latéralement, de façonque son plan de symétrie vertical puisse seconfondre avec celui du siège et passe parl’axe de l’aiguille.Lorsqu’une deuxième pédale existe, sesdimensions et son emplacement sont choisis enfonction de la fréquence d’utilisation.

f) Si une commande par genouillère s’avèreinévitable, sa surface de contact est réglable enhauteur et d’avant en arrière et comporte unegarniture souple.2. Sur les matériels existants, réaliser danstoute la mesure du possible, les conditionsénumérées ci-dessus.

B. Autres éléments du poste1. Siège

a) Adopter un siège confortable avec degrandes possibilités d'adaptation :■ Réglage vertical de grande amplitude,manœuvrables sans quitter la position assise(par exemple par vérin)■ Dossier réglable en hauteur et en profondeur,par rapport au plateau du siège et monté sur unsupport rigide permettant ainsi un repos, neserait-ce qu'intermittent, des muscles dorsaux,■ Plateau de siège avec garnissage souple.

b) Réserver les sièges pivotants aux casparticuliers où le mécanicien/la mécaniciennedoit conduire deux machines ou doit donner autissu travaillé un mouvement très ample.

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2. Systèmes d'approvisionnement etd'évacuation des pièces

Les choisir et les implanter de manière à ne pasgénérer des postures penchées ou avec brastendus, ou en torsion latérale, et à limiter les

gestes répétitifs d'amplitude et effectués d'unmême côté.

3.Eclairagea) Mettre en place un éclairage généralsuffisant et homogène de façon à éviter leszones d'ombres sur le plan de travail.

b) Apporter en complément un éclairageindividuel à utilisation facultative, réglable enorientation et en intensité.

REMARQUELes dispositions données ci-dessus sont une

base générale à prendre en compte pour lesdifférents postes de travail.Une étude de chaque poste, complétée sibesoin d'une approche ergonomique, est àréaliser pour définir les mesures les plusadaptées en fonction de l'organisation du poste

de travail, des spécificités du matériel et de lamachine, du personne.

C. Information du personnel Informer et former le personnel sur les

différentes possibilités de réglage dont le postede travail est pourvu.

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EXEMPLE D’APPLICATION 2CONCEPTION D’UNE INTERFACE INFORMATIQUE

Voici un plan type pour une intervention ergonomique en informatique. Il est évident qu'un tel plan doit êtreadapté à chaque projet.

Il est aussi important de rappeler que dans le cadre d'une application informatique, l’intervention ergonomiqueétudie l'espace de travail "informatique" des utilisateurs et définit des normes de conception et de travail.

BUT DE L’OPERATION : Convaincre l’opérateur du bien fondé du changement (amélioration) qui consiste àrendre le travail plus efficace et plus convivial par son adoption du nouveau système ou par son acceptation del’amélioration de l’ancien système .

I. Introduction11. Interface Homme Machine

Cette partie définit la notion d'Interface Homme Machine.12. Terminologie et sigles

C'est le dictionnaire du document.II. Prérequis techniques

Ici on décrit dans quel environnement l'application sera utilisable.21. Systèmes d'exploitation

22. Processeurs et mémoire23. Écrans et cartes graphiquesIII. Standards

Cette partie donne les normes de développement de l'application et les alternatives (exceptions).31. Langage de développement des IHM32. Logiciels d'exploitation des IHM

IV. Positionnement dans l'environnement clientCe paragraphe décrit l'application dans l'environnement de travail 

V. Normes IHMCette grande partie donne pour chaque objet les cas d'utilisation, la présentation graphique, le codestandard à utiliser, les exceptions, etc.

 

VI. Feuille de style généraleSi l'on utilise une feuille de style, on donne son langage et son contenu.51. Fenêtres

VII. Typologie des fenêtresIci l'on donne les différentes fenêtres existantes.

i. Normes générales de présentation d'une fenêtreii. Particularitésiii. Disposition et agencement des fenêtres

VIII. Mises en évidenceIl s'agit ici de définir quels sont les moyens pour mettre en évidence avec :

1. Facilité ;2. De façon agréable à regarder ;3. De façon facile à comprendre ;4. De façon facile à utiliser une information et quels problèmes peuvent se poser dans

cette utilisation malgré la « convivialité » de l’application. Voir Concept de USABILITY d’Easton [1984]. On soigne donc l es objets graphiques :• Les images et logotypes• Frames (schémas)• Les couches• Les tableaux•

Objets simples de formulaires• Objets complexes• Objets de navigation• Imbrication des affichages

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IX. Hors-normes Ce paragraphe liste ce qui ne sera pas utilisé dans l'application (et pourquoi).

X. Normes de navigation de l'applicationCette partie décrit en détails l'ensemble de la navigation dans l'application comme une sorte demanuel de procédures.

1. Lancement de l'application

2. Multifenêtrage, navigation dans l'application3. Saisie, navigation dans une fenêtre4. Les raccourcis clavier5. Les actions et touches de fonction6. Les sorties vers d'autres applications

XI. Présentation aux concernés pour essais et corrections ou adaptations.

©Sylvain Devender 10/2000, adapté par LPS 12/2004.

EXEMPLE D’APPLICATION 3

COMMENT PREVENIR LES MAUX DU BUREAU ?

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L’omniprésence de l’usage des ordinateurs debureau conduit à la nécessité de prendre certaines précautions ; une bonne posture, de bonneshabitudes et un environnement de travail adéquat  peuvent aider à minimiser efficacement les risques pour la santé.S’il n’existe pas de “posture idéale”, voici quelques

conseils pratiques de l’INRS (Institut National deRecherche et de Sécurité) pour améliorer votre posture.Il s’agit bien entendu de recommandations, àadapter selon votre morphologie et l’aménagement de votre bureau. En effet, en fonction de votre taille,certaines recommandations peuvent s’avérer inadaptées. N’hésitez pas à interroger le médecindu travail lors de votre prochaine visite !Votre chaiseHauteur : La hauteur idéale de l’assise estdéterminée en posant les pieds à plat sur le sol

avec les cuisses horizontales.Profondeur : Evitez que l’arrière de vos genoux nesoient en contact direct avec le bord du siège (entre5 et 10 cm entre le bord du siège et l’arrière dugenou) afin d’éviter la compression de la partiepostérieure du genou.Soutien lombaire : Une chaise qui maintientl’alignement de la colonne vertébrale (courbe en S)soulagera la fatigue et l’inconfort. Afin que votreposture soit la plus adéquate possible, il estrecommandé d’avoir le dos bien droit, oulégèrement en arrière, et soutenu par le dossier de

la chaise.

Appuie-bras : Les appuie-bras soutiennent la partiesupérieure des avant-bras, osulageant ainsi lesépaules et le dos. Attention, ils ne doivent pas vousempêcher d’approcher le fauteuil du bureau, nenuire aux mouvements naturels. S’ils sont trophauts, ils relèveront les épaules, ce qui peut causerraideur ou douleurs au niveau des épaules et du

cou. S’ils sont trop bas, vous risquez d’avoir le dosvoûté ou de vous incliner sur le côté.Votre bureauLorsque vos avant-bras sont appuyés sur lesaccoudoirs et que vos mains reposent sur le clavier,vos mains doivent se trouver dans le prolongementde vos avant-bras. L’angle bras / avant-bras doitêtre compris entre 90° et 135°.L’espace devant le clavier doit également êtresuffisant pour permettre un appui pour vos mains etvos avant-bras (au moins 10 cm). Tapez toutefois leplus souvent possible sans vous appuyer sur la

table. Placez également votre souris aussi près quepossible du clavier.Les objets que vous utilisez doivent être à portée dela main. Une bonnefaçon de procéder peut être d’aménager ces objetsen demi-cercle. En gardant les objets que vousutilisez rarement hors de portée, vous devrez alorsvous lever pour aller les chercher. Cela stimulera lacirculation sanguine et vous permettra de changerde position.

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Votre écranUn écran mal placé vous oblige à adopter despostures contraignantes, qui peuvent à termeprésenter un risque pour votre santé.Evitez autant que possible un positionnement del’écran à contre-jour, afin de minimiser les reflets.Ajustez l’affichage afin que la lecture soit aisée pour

vous (taille des caractères, contraste…). Privilégiezun affichage sur fond clair : il est moins fatiguantpour la vue qu’un affichage sur fond sombre etminimise les reflets. Pensez également à souventnettoyer votre écran !Asseyez-vous bien en face de votre ordinateur pouréviter les tensions au niveau du cou. Votre écrandoit être placé de sorte que la partie haute soit auniveau de vos yeux, ou juste en dessous (environ 5

à 7 cm sous le niveau des yeux en position assiseet droite). Attention, si vous portez des verresprogressifs, votre écran doit être plus bas !Enfin, la distance qui vous sépare de l’écran doit sesituer entre 50 et 80 cm lorsque vous êtes assisconfortablement face au clavier (cela dépendégalement de la taille d’affichage de votre écran).

L’éclairageUn éclairage approprié facilite votre travail : lorsqu’ilne produit ni éblouissement ni ombre, cela peutcontribuer à réduire la fatigue et les maux de tête.Préférez l’éclairage indirect, qui limiteral’éblouissement ainsi que les zones d’ombre.L’éclairage doit, autant que possible, être uniformedans tout le bureau, afin de limiter la fatiguevisuelle.

Un peu de détente !Il est conseillé d’ajuster votre fauteuil plusieurs foispar jour et de vous lever à intervalles réguliers.Vous changez ainsi la position des articulations, cequi permet de réduire la tension musculaire.Malgré toutes les tentatives pour découvrir la

“posture odéale”, il n’est pas bon de demeurer troplongtemps dans la même posture. Une “pause-étirements” de 30 à 60 secondes chaque demi-heure permet donc de diminuer de façonappréciable le degré d’inconfort lié à la positionassise.

Quelques astuces à mettre en pratique : variez les activités que vous effectuez.

Brisez la monotonie en alternant lesactivités sur ordinateur et celles exigeantde bouger ou de changer de position.Essayez de vous lever et de bouger.

De temps en temps, détournez le regardde l’écran et fixez vos yeux sur un objetéloigné.

Prenez des pauses régulièrement poursoulager les douleurs musculaires, lafatigue oculaire et le stress.

Détendez vos muscles, étirez-vous etchangez de position.

Et n’hésitez pas à interroger le médecin du travail lors de votre prochaine visite

!

 

ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE

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