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Faculté des lettres et des langues Département des lettres et langues étrangères Filière de Français Enseignant : M.I. Belaïd. Maître de conférences classe B. Établissement d’exercice : Université de Biskra. Affilié au laboratoire du FEU : Français des écrits universitaires, université de Ouargla. Module : Stylistique littéraire. Pondération : 100% (Examen final sur commentaire composé). Public cible : Master II, option : Littérature. Volume : 14 semaines. Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020 -Sommaire- Préambule 1. Langage, langue et Littérature 2. Esthétique, norme et style 3. Critères généraux d’identification Conclusion Bibliographie Annexe

Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020

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Page 1: Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020

Faculté des lettres et des langues Département des lettres et langues étrangères

Filière de Français

Enseignant : M.I. Belaïd.

Maître de conférences classe B.

Établissement d’exercice : Université de Biskra.

Affilié au laboratoire du FEU : Français des écrits universitaires, université de

Ouargla.

Module : Stylistique littéraire.

Pondération : 100% (Examen final sur commentaire composé).

Public cible : Master II, option : Littérature.

Volume : 14 semaines.

Cours :

Style et stylistique littéraire

2019-2020

-Sommaire-

Préambule

1. Langage, langue et Littérature

2. Esthétique, norme et style

3. Critères généraux d’identification

Conclusion

Bibliographie

Annexe

Z

Page 2: Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020

« Les vrais grands écrivains sont ceux dont la

pensée occupe tous les recoins de leur style. »

Victor Hugo

Mots-clés : Esthétique, écart, langage, voix, littérarité.

Préambule :

Qu’est-ce que le « style » ? Communément, dans les Arts et Métiers, cela renvoie à une

originalité, une manière singulière, un particularisme dans la création. Ainsi, en littérature,

dit-on : « Cet écrivain a un style », dans la mode, on parle d’un individu « stylé » et puis,

même dans le sport - catégorie où règne généralement la performance bien plus que la beauté

- on évoque l’élégance du revers de Roger Federer au Tennis, le style offensif de Kasparov

aux échecs, le style insolent de Bolt en athlétisme ou le style extraverti de Jordan au basket-

ball. L’artisanat, dont provient l’Art de manière générale, comprend aussi cette manière

particulière d’accoucher de sa créativité. Que ce soient l’ébéniste, le maçon ou le tisserand ;

ils font preuve d’une singularité dans l’exécution, ils introduisent (consciemment ou

systématiquement) une empreinte artistique quant à leurs productions respectives. C’est donc

cette touche, ce plus, cet au-delà qui nargue la norme, cette persévérance assidue dans

l’originalité qu’il sera convenu d’appeler « style ».

Page 3: Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020

Pourquoi et comment cette notion a-t-elle soumis son assise aux lettres modernes ?

Pourquoi est-elle devenue un horizon pour l’écrivain ; une ambition laborieuse et prestigieuse,

dont se targuent une grande partie des auteurs ? Essayons d’aborder ces questions. Prenant en

compte comme référence les dires des grands stylistes, ces esthètes seront certainement les

mieux placés pour répondre à la problématique de cette catégorie esthétique, mais pas

seulement...

1. Langage, langue et littérature :

Avant d’engager notre quête pour trouver le style en littérature, il conviendra d’aborder

les notions de langage, de langue et de littérature. Il existe un langage animal qui rendrait

jaloux les plus grands écrivains, tant il est codé, précis, nuancé et unique. La question de la

communicabilité a été réglée depuis des millions d’années dans le règne animal. Aucun

malentendu n’y est permis, pas de littérature, la survie avant tout. Les biologistes et les

zoologues ont bien étudié le sujet, ils nous ont appris que la fourmi communiquait par un

système complexe d’émission et de réception d’ensembles de phéromones ; on sait que

l’abeille indique sa position par la danse1 ; les chiens généralement par un système olfactif

contrasté, et les dauphins, avec une précision qu’on a peine à croire, par des signatures

vocales, par les sons tout simplement. L’homme, en revanche, n’a que le langage articulé,

pour exprimer avec précision ses besoins, ses volontés, ses souhaits, ses sentiments, ses

ambitions ; envisager et anticiper avec le recul du passé ; réaliser des projets pour un avenir

qu’il sait incertain. Et s’il est vrai que l’homme a survécu pendant des milliers d’années sans

le langage verbal, uniquement avec les bruits et les gestes, il n’en est pas moins vrai que la

société, l’art, la religion, la politique, l’économie et tous les domaines qui font notre monde

moderne n’auraient pu voir le jour sans le langage articulé2, sans la langue.

Le système alphabétique, que l’on doit aux grecs, est sans aucun doute ce qui a permis, en

premier lieu, l’évolution de l’humanité, l’agilité de l’esprit, par conséquent, la possibilité de

développement quasi-illimité quant à la technique3 et à tout ce qui a un rapport avec la

production matérielle (infrastructure) et la production immatérielle (superstructure). Sur ce, la

langue est ce qui distingue l’homme. Ce mammifère culturel et historique ne peut perpétuer

son espèce qu’avec la connaissance 4 . La tortue offre la carapace naturellement à son

1 Positivement, ce sont de véritables coordonnées géographiques. 2 Soit ce système organisé de signes qui permettent l’échange entre les individus. 3 On le voit clairement de nos jours avec les nouvelles technologies. 4 D’où l’importance capitale de l’instituteur, de l’éducateur, de l’enseignant, de la mère qui élève…

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descendance pour assurer la survie de la sienne, alors que l’homme n’a rien, manque de tout,

pour survivre. Il doit apprendre pour réussir à dominer la nature hostile et chaotique (c’est ce

qu’il a longtemps cru), il doit inculquer des connaissances à sa progéniture pour subsister, et

ses descendants doivent imiter les plus « instruit » pour ne pas dépérir. Prométhée nous a

offert ce don. Lequel ? L’imitation. Aristote disait que l’homme est l’animal qui imite le

mieux. Quel meilleur moyen pour imiter parfaitement que l’écrit ? La reproduction graphique

de signes conventionnels est manifestement ce qui fera et continue 5 de faire la gloire de

l’Homme et sa pérennité. De manière quasi-arbitraire, les hommes regroupés en communautés

instaurent un système oral, puis écrit, pour réussir à assurer et à pérenniser leurs différentes

productions : croyances extra-terrestres (célestes), techniques pour faire du feu ou séduire une

femme6, poèmes pour se rappeler leurs aïeux et avoir la force de résister aux ténèbres.

Dès que l’homme eut conquis, patiemment, cette langue (ou dialecte), il s’empressa de la

consigner là où il le put, de témoigner de tout et de rien... Il le fit sur un support, un médium,

et là aussi, ça n’a pas été de tout repos. Sur l’omoplate d’un dromadaire, ou sur du cuir, sur de

l’argile, ou sur les murs, plus tard, bien plus tard, sur du papier, et aujourd’hui, comble de la

médiation technique, sur un écran lumineux en tapotant sur des touches. L’imprimerie, dès le

15ème siècle, se chargera de mondialiser ses dires et l’homme aura la prétention outrecuidante

de diffuser ses pensées sur tout le globe terrestre. Pour les lettres et langues françaises,

traditionnellement, on renvoie leurs naissances au Serment de Strasbourg (14 février 842) :

« Ce jour-là un serment d’alliance entre deux rois,

proclamé en deux langues représentatives des parlers tudesque

et roman contenait en germe l’organisation des littératures

nationales en Europe. »7

Rapporte ainsi Renée Balibar dans son essai8 sur l’histoire de la littérature française.

Le français ne peut se concevoir sans une littérature grecque, latine et chrétienne. La littéraire

française, comme toute littérature, est d’abord composée de symboles, des signes graphiques

qui appellent à une prise de contact et qui doivent être déchiffrés. La littérature sert à dire le

monde, on en conviendra aisément, elle sert à laisser un témoignage qui traverse les époques,

le fait de marquer de son empreinte les temps. Elle sert aussi, dans la quotidienneté sociale, à

5 Difficilement, c’est entendu, on ne lit plus de nos jours… 6 Les deux concourent également à la perpétuation de l’espèce. 7 BALIBAR, Renée, Histoire de la littérature française, Paris, PUF, Que sais-je ?, 1991, p.3. 8 Ibid.

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traduire la réalité qui nous entoure en mots intelligibles, susceptibles de provoquer une

réaction chez le lecteur, l’auditeur, le spectateur, le téléspectateur, et puis aussi, aujourd’hui,

l’internaute.

Ces mots que nous employons quotidiennement proviennent, non pas d’un moment

« t » marquant une création subite, mais d’un long processus de maturation anthropologique,

nous l’avons dit, c’est ce qui a permis à l’homme d’acquérir abruptement et de conquérir

difficilement la pensée à travers ce formidable outil d’abstraction qu’est la langue. Pensée et

langue sont intimement imbriquées et l’on ne peut bénéficier d’un esprit cartésien sans avoir

un savoir linguistique pour en faire l’abstraction. Ceci est démontré dans le roman 19849, de

George Orwell, dans lequel on use de mots-clés, de slogans, de formules, de mots génériques

et vagues pour appauvrir et ainsi contrôler les esprits. Effectivement, appauvrir la langue,

c’est, appauvrir la pensée. Par conséquent, de facto, lire, goûter et étudier la littérature, c’est,

incontestablement, enrichir la pensée. L’esprit humain trouve d’abord refuge dans la langue

pour pouvoir cultiver ses potentialités et exprimer sa singularité. Encore faudrait-il posséder

une somme large, variée et précise de mots, de phrases et d’agencements savants pour le faire.

En outre, faudrait-il être prudent pour fidèlement l’exprimer et non la voler ou la copier sur le

voisin. Et puis, quand bien même l’exprimerait-on justement (avec justesse), intéresserait-elle

réellement le voisinage ? Le style, c’est justement, cette capacité de dire soi avec exactitude

pour intéresser les autres ; le tout avec la précision dans la composition, la beauté dans

l’expression et la probité essentielle qui doit traverser toute la création.

La littérature offre des issues dynamiques, salvatrices, qui octroient à l’homme ce

privilège invraisemblable, ce pouvoir magique, de figer le rocher de Sisyphe et de se dérober,

un instant, au cercle étroit qui structure notre quotidien. L’étendue considérable de la

littérature et tout ce qu’elle implique est telle, qu’étudier une seule œuvre revient à

entreprendre une longue investigation sur :

« […] le contexte historique, c’est-à-dire, entre autres, la

biographie, avec ses éléments conscients et inconscients, la

politique, la société, l’histoire, la langue, la culture à tous les

sens du mot, la civilisation où baigne le romancier, … [et le

style de l’écrivain !] »10

9 ORWELL, George, 1984, éd. Folio, Paris, 1972.

10 PRÉVOST, Charles, Littérature, politique, idéologie, éd. Sociales, Paris, 1973, pp., 64, 65.

Page 6: Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020

À travers les âges, une élite de critiques et de censeurs veillaient à conserver la qualité de

la littérature. Présentement, pas tellement. Si nous voulions donner une définition, nous

admettrions la suivante : c’est un ensemble de textes qui se définissent par un usage esthétique

de la langue11. La littérature est donc, aussi, cet usage esthétique. Nous approchons du style.

Mais comment définir ou délimiter ce champ esthétique ? Vraisemblablement, les critères

esthétiques changent avec les écrivains et les courants qui construisent cette littérature.

2. Esthétique, norme et style :

L’esthétique, c’est tout un paradoxe lié au souci de la beauté, cela mêle au même

moment : subjectivité et objectivité, pathos, logos et ethos, soi et autrui. L’un des premiers

penseurs modernes qui s’est intéressé à cette question du Beau fut Baumgarten. Il essaya de

résoudre cette vaste problématique dans son traité Aesthetica12. Tentative de résolution sous la

forme de vers, comme l’a fait Nicolas Boileau avec son Art poétique13 pour dire ce qu’est la

poésie. Ou encore avec des concepts comme l’a théorisé G. F. W. Hegel dans son Esthétique14

ou Emmanuel Kant avec le Beau et le Sublime15. Évidemment, enfin, sous forme d’essai avec

l’immense Qu’est-ce que l’art ?16 de Tolstoï.

Une œuvre littéraire doit donc se comprendre comme un travail sur la langue. Un travail

esthétique qui tient compte des critères de l’époque (contexte spatio-temporel) tout en

garantissant l’originalité à travers un apport transgressif ; une plus-value par rapport à une

norme qui s’établit naturellement par le langage populaire et doctement par les institutions

élitaires17. La critique et la censure se chargeront ensuite de classer cette production et de lui

conférer un statut. Chaque siècle comporte son lot d’écrivains qui ont su féconder la littérature

d’un apport transgressif suffisant pour s’inscrire dans l’époque. Une esthétique atypique et

authentique qui se distingue nettement par tous les choix et toutes les techniques investies

dans cette « nouvelle » écriture, car comme l’a si bien exprimé H. R. Jauss :

11CONIO, FOREST, Gérard, Philippe, Dictionnaire fondamental du français littéraire, éd. la Seine, Paris, 2005, p. 250. 12 BAUMGARTEN, Alexander Gottlieb, Esthétique, précédée des Méditations philosophiques sur quelques sujets se rapportant à l'essence du poème et de la Métaphysique, Trad. Jean-Yves Pranchère, éd. L'Herne, Paris, 1988. 13 BOILEAU-DESPRÉAUX, Nicolas, L’Art poétique, éd. Sendelbach, Berlin, 1874. 14 HEGEL, Georg Friedrich Wilhelm, Esthétique, 1835 (posth.), Trad. Ch. Bénard, Chicoutimi, édition numérisée par Daniel Banda, sous la direction de Jean-Marie Tremblay, Coll. Les Classiques des sciences sociales, http://classiques.uqac.ca/ 15 KANT, Emmanuel, Critique du jugement, suivi des observations sur le beau et le sublime, Trad. J. Barni, librairie philosophique de Ladrange, Paris, 1846. 16 TOLSTOÏ, Léon, Qu’est-ce que l’art ?, Trad. Teodor de Wyzewa, éd. Perrin, Paris, 1918. 17 Universités, académies, lycées, etc.

Page 7: Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020

« […] Le système de références objectivement formulable qui,

pour chaque œuvre au moment de l’histoire où elle apparaît,

résulte [et procède] de trois facteurs principaux : l’expérience

préalable qu’a le public du genre dont elle relève, la forme et la

thématique d’œuvres antérieures dont elle présuppose la

connaissance, et l’opposition entre langage poétique et langage

pratique, mode imaginaire et réalité quotidienne. »18

Autrement dit, le public a déjà une idée du genre, il en a au préalable formé un

modèle, un archétype, une norme. L’écart qui s’opère entre celle-ci et l’apport qu’apporte

l’écrivain s’appellerait style.

Du latin stilus, le Larousse propose :

« 1. Manière particulière d’exprimer sa pensée, ses émotions,

ses sentiments […] 2. Forme de langue propre à une activité, à

un milieu ou à un groupe social. […] 3. Manière particulière de

pratiquer un art, un sport, etc. définie par ensemble de

caractère. […] 4. Manière particulière à un genre, à une

époque, notamment en matière d’art et de décoration, définie

par ensemble de caractères formels. […] 5. Ensemble des goûts,

des manières d’être de quelqu’un ; façon personnelle de

s’habiller, de se comporter, etc. […] 6. Qualité de quelque

chose ou de quelqu’un qui présente des caractéristiques

esthétiques originales. […] » 19

Ce mot : « style » renvoie, de par l’étymologie latine (stilus), au poinçon ordinaire qui

permet de consigner les comptes (mathématiques), les faits (historiographie), en somme : la

connaissance humaine (culture, technique, tradition, art, etc.). Mais c’est bien la sixième

acception du Larousse qui nous interpelle et intéresse. Le style est la qualité d’une chose ou

d’une personne qui détient, possède, présente, fait preuve d’originalité esthétique. Aussi, la

poétique, l’art de bien écrire, ou la rhétorique, l’art de bien dire. Plus généralement et depuis

l’antiquité, nous avons des indications précises sur ce que doit être cette « originalité

18 JAUSS, Hans Robert, Pour une esthétique de la réception, éd. Gallimard, Paris, 1978, p.49.

19 Le Petit Larousse illustré, éditions Larousse, 2009, Paris, p.969.

Page 8: Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020

esthétique ». On sait que, Sénèque, Cicéron, Horace, pour les latins, et, Démocrite, Socrate,

Isocrate, Lysias pour les rhéteurs grecs, faisaient montre de leurs maîtrises de la langue et de

leurs virtuosités à articuler les rouages complexes du sujet qu’ils traitaient. En conclusion,

l’esthétique par rapport à la norme établie par l’Histoire, se confronte intérieurement chez un

écrivain le désir de mettre en forme sa trouvaille, sa manière d’écrire à lui, pour produire une

langue, un langage verbalisé par sa vision subjective de la beauté, par son manière, sa façon

de faire. Au reste, Rémy de Gourmont résumera la chose mieux que nous :

« Écrire, mais alors au sens de Flaubert ou de Goncourt, c’est

exister, c’est se différencier. Avoir un style, c’est parler au

milieu de la langue commune un dialecte particulier, unique et

inimitable et cependant que cela soit à la fois le langage de tous

et le langage d’un seul. »20

3. Critères généraux d’identification :

Pour cette dernière partie du cours, nous ferons honneur aux écrivains qui nous parleront

du style de manière subjective, de leur propre technique pour avoir du style, et enfin, des

critères qu’ils jugent importants pour qu’il y est style dans un écrit. Rappelons que ces critères

ne représentent pas une somme exhaustive de l’intégralité des caractéristiques du style

littéraire, rappelons aussi, cela va de soi, que ce ne sont que des vues subjectives pour essayer

de déterminer cette notion complexe. Tous ces points de vue, parcellaires, lacunaires,

partiaux, doivent être reconstitués par l’étudiant et mis en perspective avec les lectures

conseillées et les différentes références proposées pendant les cours magistraux.

Dernière remarque : Les citations ne sont pas référencées en bas de page, Ils constituent

seulement un florilège de pensées sur le style. Il sera fortement recommandé à l’étudiant

d’aller à la recherche de la source de la citation qui suscitera son intérêt.

Florilège :

I - Écart et nouveauté :

Si c’est le succès que tu cherches, persuade-toi que tout progrès que tu feras le compromet.

Le gros public n’applaudit jamais qu’à ce qu’il peut reconnaître ; quoi que ce soit que tu lui

apportes de neuf, il est gêné. André Gide

20 GOURMONT, Rémy DE, La culture des idées, éd. Electronique. Lien:http://www.bouquineux.com/?telecharger=635&Gourmont-La_culture_des_id%C3%A9es

Page 9: Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020

Le public ne connaît du charme, de la grâce des formes, que ce qu’il en a puisé dans les

poncifs d’un art lentement assimilé. Marcel Proust

Le crime capital pour un écrivain c’est le conformisme, l’imitativité, la soumission aux règles

et aux enseignements. Rémy de Gourmont

L’originalité d’un artiste s’indique d’abord dans les petites choses et non dans les grandes.

Des chefs-d’œuvre ont été faits sur d’insignifiants détails, sur des objets vulgaires. Il faut

trouver aux choses une signification qui n’a pas encore été découverte et tâcher de l’exprimer

d’une façon personnelle. Guy de Maupassant

Les ouvrages bien écrits seront les seuls qui passeront à la postérité : la quantité des

connaissances, la singularité des faits, la nouveauté même des découvertes ne sont pas de

sûrs garants de l’immortalité. Ces choses sont hors de l’homme, le style est l’homme même.

George-Louis de Buffon

II - Concision et ellipse :

Le secret du grand art réside dans la concision. Von Goethe

Ajouter en enlevant. Jean-René Huguenin

L’écrivain est un samouraï. Écrire, c’est sabrer ses phrases.21 Anouar Benmalak

On devient bon écrivain comme on devient bon menuisier : en rabotant ses phrases. Anatole

France

Si ce qui est bon est court, il est doublement bon. La Rochefoucauld

C’est lorsqu’il y a trop à dire qu’il faut s’efforcer d’être le plus court possible. Bernanos

Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,

Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Ainsi, recommençant un ouvrage vingt fois,

Si j’écris quatre mots, j’en effacerai trois.

Le temps respecte peu ce que l’on fait sans lui...

Hâtez-vous lentement et, sans perdre courage ;

21 Propos recueillis par nos soins de la bouche de l’auteur.

Page 10: Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ;

Polissez-le sans cesse, et le repolissez ;

Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.

Boileau

La véritable œuvre d’art c’est celle qui dit le moins. Camus

L’art n’est pas d’aligner des mots, mais d’en enlever. Morand22

Le bon écrivain est celui qui enterre un mot chaque jour. L-P. Fargue

III - Ordre, clarté et simplicité :

Classique vient de classis [en italique dans le texte] : frégate, escadre. Un livre classique est

un livre ordonné comme tout doit l’être à bord d’un bateau. Jorges Louis Borgès.

La première qualité du style, c’est la clarté. Aristote

Le style est une façon très simple de dire des choses compliquées. Jean Cocteau

Quand on écrit, on met en ordre ses obsessions. Albert Camus

Clarté, simplicité, à jamais voilà notre alpha et notre oméga. René Étiemble

Il faut éviter les inspirations vagues. L’art est "mathématique", les grands effets sont obtenus

par des moyens simples et bien combinés. Guy de Maupassant

La confusion imite assez l’abondance. C’est ainsi que les ruines d’un bâtiment médiocre

prennent plus d’espace qu’un palais bien proportionné. Charles Pinot Duclos

La valeur intrinsèque d’un livre ne dépend pas de l’importance du sujet (sans quoi les

théologiens l’emporteraient, et de loin), mais la manière d’aborder l’accidentel et

l’insignifiant, de maîtriser l’infime. Emil Cioran

Je n’ai pas plus de génie que les autres, mais j’ai plus de méthode.23 Descartes

IV – Maîtrise de l’adjectif :

L’adjectif, c’est la graisse du style. Hugo

La crainte de l’adjectif est le commencement du style. Claudel

22 Paul Morand fut Cité par Céline comme un écrivain ayant un style. 23 Cité par Céline pour expliquer la supériorité de son style.

Page 11: Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020

Les poètes doivent craindre l’adjectif comme la peste. Cocteau

Addenda (ajouts de citations) :

V – L’illusion de la dichotomie :

Ces critères, signalons-le une dernière fois, ne sont pas exhaustifs et ne sauraient l’être. Le

style est un être vorace qui se nourrit de l’Histoire, on arrivera toujours à perfectionner, à

fignoler, à révolutionner les fondements mêmes du style littéraire. Ci-dessous un florilège de

citations qui discute l’illusion de la confrontation forme/fond :

Il ne peut y avoir, d'un côté, la forme, de l'autre, le fond. Un mauvais style, c'est une pensée

imparfaite. Jules Renard

La pensée ne s’achève que lorsqu’elle a trouvé son expression : les défauts de la forme sont

les défauts du fond. Gustave Lanson

C’est comme le corps et l’âme, la forme et l’idée ; pour moi c’est tout un et je ne sais ce

qu’est l’un sans l’autre. Plus une idée est belle, plus la phrase est sonore. [...] La précision

de la pensée fait (et est elle-même) celle du mot. Gustave Flaubert

Une phrase parfaite est au point culminant de la plus grande expérience vitale. L-P Fargue

Bien écrire, c’est tout à la fois bien penser, bien sentir et bien rendre ; c’est avoir en même

temps de l’esprit, de l’âme et du goût. G-L. Buffon

Conclusion :

« Le vrai, c’est le beau. Rabelais, La Fontaine, Boileau, Balzac, Hugo,

Flaubert, Céline et tous les grands écrivains s’entendent parfaitement bien sur

ce point […] De même que le corps d’un être humain n’est que le

prolongement, l’accroissement et le devenir de son code génétique, de même,

le style d’un écrivain n’est que l’aboutissement, l’achèvement, la perfection

mise en forme de l’ensemble de ses idées. »

Dr. M.I. Belaïd

Page 12: Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020

Bibliographie conseillée :

Celui qui lit tout n’a rien compris.

Thomas Bernhard

Conférence : Marie Darrieussecq : Qu’est-ce que le style ? Lien : https://www.canal-

u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs/qu_est_ce_que_le_style.1217

Ouvrages théoriques :

BARTHES, Roland, Le Degré zéro de l’écriture, éd. Seuil, Paris, 1953.

CAHNÉ, MOLINIÉ, Pierre-Alain, George, Qu’est-ce que le style ?, PUF, Coll. Linguistique

nouvelle, Paris, 1994.

FROMILHAGUE, SANCIER-CHATEÂU, Catherine, Anne, Introduction à l’analyse

stylistique, éd. Armand Colin, Coll. Cursus : Lettres, Paris, 2016.

GENETTE, Gérard, Figures II, éd. Seuil, Paris, 1969.

GENETTE, Gérard, Figure III, éd. Seuil, Paris, 1972.

MOLINIÉ, George, Éléments de stylistique française, PUF, Coll. Linguistique nouvelle,

Paris, 2011.

MOLINIÉ, George, La Stylistique, PUF, Coll. Que sais-je ?, Paris, 1989.

YOCARIS, Ilias, Style et semiosis littéraire, éd. Classiques Garnier, Coll. Investigations

stylistique n°4, Paris, 2016.

Notes d’écrivains sur le style, l’écriture et la littérature :

Correspondances de Gustave Flaubert.

Entretiens avec le professeur Y de Louis-

Ferdinand Céline.

Journal de Jules Renard.

Carnets d’Antoine de Saint-Exupéry.

Discours sur le style de Buffon.

Tel Quel de Paul Valéry.

Journal d’André Gide.

La culture des idées de Rémy de

Gourmont.

Post-scriptum de ma vie (posthume) de

Victor Hugo.

Page 13: Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020

Annexe :

Flaubert par Zola

MES SOUVENIRS SUR GUSTAVE FLAUBERT

Le Figaro, Supplément littéraire du dimanche, samedi 11 décembre 1880

Émile ZOLA

La sobriété, c’est la perfection. […] Quand il [Flaubert] se mettait à rédiger, il commençait

par écrire assez rapidement un morceau, tout un épisode, cinq ou six pages au plus. Parfois,

lorsque le mot ne venait pas, il le laissait en blanc. Puis, il reprenait le morceau, et c’était

alors deux ou trois semaines, quelquefois plus, de travail passionné sur ces cinq ou six pages.

Il les voulait parfaites, et je vous assure que sa perfection n’était pas commode. Il pesait

chaque mot, n’en examinait pas seulement le sens, mais encore la conformation. Eviter les

répétitions, les rimes, les duretés, ce n’était encore que le gros de la besogne. Il en arrivait à

ne pas vouloir que les mêmes syllabes se rencontrassent dans une phrase ; souvent, une lettre

l’agaçait, il cherchait des terme où elle ne fût pas ; ou bien il avait besoin d’un certain

nombre de r pour donner du roulement à la période. Il n’écrivait pas pour les yeux, pour le

lecteur qui lit du regard, au coin de son feu ; il écrivait pour le lecteur qui déclame, qui lance

les phrases à voix haute ; et même tout son système de travail se trouvait là. Pour éprouver

ses phrases, il les « gueulait » lui-même seul à sa table, et il n’en était content que

lorsqu’elles avaient passé par son « gueuloir », avec la musique qu’il leur voulait. A

Croisset, cette méthode était bien connue, les domestiques avaient ordre de ne pas le

déranger, quand ils entendaient monsieur crier ; seuls, des bourgeois s’arrêtaient sur la route

par curiosité, et beaucoup l’appelaient : « l’avocat, » croyant sans doute qu’il s’exerçait à

l’éloquence. Rien n’est, selon moi, plus caractéristique que ce besoin d’harmonie. On ne

connaît pas le style de Flaubert, si on n’a pas « gueulé » comme lui ses phrases. C’est un

style fait pour être déclamé, et la sonorité des mots, la largeur du rhythme [sic], donnent

alors des puissances étonnantes à l’idée, parfois par l’ampleur lyrique, parfois par

l’opposition comique. […]

Page 14: Cours : Style et stylistique littéraire 2019-2020

Je ne puis même ici donner une idée de ses scrupules en matière de style. Il faudrait

descendre dans l’infiniment petit de la langue. La ponctuation prenait une importance

capitale. Il voulait le mouvement, la couleur, la musique, et tout cela avec ces mots inertes du

dictionnaire qu’il devait faire vivre. Ce n’était pourtant pas un grammairien, car il ne

reculait pas devant une incorrection, lorsqu’elle rendait une phrase plus sobre et plus

tonnante. D’autre part, il tendait davantage chaque jour à la sobriété, au mot définitif, car la

perfection est l’ennemie de l’abondance. Souvent, j’ai pensé, sans le lui dire, qu’il reprenait

la besogne de Boileau sur la langue du romantisme, si encombrée d’expressions et de

tournures nouvelles.

Il se châtrait, il se stérilisait, il finissait par avoir peur des mots, les tournant de cent

façons, les rejetant, lorsqu’ils n’entraient pas à son idée dans sa page. Un dimanche, nous

le trouvâmes somnolent, brisé de fatigue. La veille, dans l’après-midi, il avait terminé une

page de Bouvard et Pécuchet, dont il se sentait très content, et il était allé dîner en ville,

après l’avoir copiée sur une feuille du grand papier de Hollande dont il ne servait.

Lorsqu’il rentra vers minuit, au lieu de se coucher tout de suite, il voulut se donner le

plaisir de relire sa page. Mais il resta tout émotionné, une répétition lui avait échappé, à

deux lignes de distance. Bien qu’il n’y eût pas de feu dans son cabinet, et qu’il fit très froid,

il s’acharna à ôter cette répétition. Puis, il vit d’autres mots qui lui déplaisaient, il ne put

tous les changer et alla se mettre au lit, désespéré. Dans le lit, impossible de dormir ; il se

retournait, il songeait toujours à ces diables de mots. Brusquement, il trouva une heureuse

correction, sauta par terre, ralluma la bougie et retourna en chemise dans son cabinet

écrire la nouvelle phrase. Ensuite, il se refourra grelottant sous la couverture. Trois fois, il

sauta et ralluma ainsi sa bougie, pour déplacer un mot ou ajouter une virgule. Enfin, n’y

tenant plus, possédé du démon de la perfection, il apporta sa page, enfonça son foulard sur

ses oreilles, se tamponna de tous les côtés dans son lit, et jusqu’au jour éplucha sa page, en

la criblant de coups de crayon. Voilà comment il travaillait. Nous avons tous de ces rages ;

mais lui avait ces rages d’un bout à l’autre de ses livres.

Quand il était à sa table, devant une page de sa première rédaction, il se prenait la tête

entre les deux mains, et pendant de longues minutes regardait la page, comme s’il l’avait

magnétisée. Il lâchait sa plume, il ne parlait pas, restait absorbé, perdu dans la recherche

d’un mot qui fuyait ou d’une tournure dont le mécanisme lui échappait. Tourgueneff qui l’a

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vu ainsi, déclarait que c’était attendrissant. Et il ne fallait pas le troubler, et il avait une

patience d’ange, lui si peu endurant d’ordinaire. Il était très doux devant la langue, ne jurait

pas, attendait des heures qu’elle voulût bien se montrer commode. Il disait avoir cherché des

mots pendant des mois.

Je viens de citer Tourgueneff. Un jour, j’assistai à une scène bien typique. Tourgueneff,

qui gardait de l’amitié et de l’admiration pour Mérimée, voulut ce dimanche-là que Flaubert

lui expliquât pourquoi il trouvait que l’auteur de Colomba écrivait mal. Flaubert en lut donc

une page ; et il s’arrêtait à chaque ligne, blâmant les qui et les que, s’emportant contre les

expressions toutes faites, comme « prendre les armes » ou « prodiguer des baisers ». La

cacophonie de certaines rencontres de syllabes, la sécheresse des fins de phrases, la

ponctuation illogique, tout y passa. Cependant, Tourgueneff ouvrait des yeux énormes. Il ne

comprenait évidemment pas, il déclarait qu’aucun écrivain, dans aucune langue, n’avait

raffiné de la sorte. Chez lui, en Russie, rien de pareil n’existait. Depuis ce jour, quand il nous

entendait maudire les qui et les que, je l’ai vu souvent sourire ; et il disait que nous avions

bien tort de ne pas nous servir plus franchement de notre langue, qui est une des plus nettes et

des plus simples. Je suis de son avis, j’ai toujours été frappé de la justesse de son jugement ;

c’est peut-être parce que, à titre d’étranger, il nous voit avec le recul et le désintéressement

nécessaires.

Je citerai encore une phrase que Flaubert écrivait dernièrement à un ami : « J’ai

beaucoup aimé Balzac, mais le désir de la perfection m’en a détaché peu à peu. » Voilà tout

Flaubert. Je réunis ici des notes, je ne discute pas une théorie littéraire. Mais je veux pourtant

ajouter que ce désir de la perfection a été, chez le romancier, une véritable maladie, qui

l’épuisait et l’immobilisait. Qu’on le suive attentivement, à ce point de vue, depuis Madame

Bovary jusqu’à Bouvard et Pécuchet : on le verra peu à peu s’absorber dans la forme,

réduire son dictionnaire, se donner de plus en plus au procédé, restreindre davantage

l’humanité de ses personnages. Certes, cela a doté la littérature française de chefs-d’œuvre

parfaits. Mais il y avait un sentiment de tristesse, à voir ce talent si puissant renouveler la

fable antique des nymphes changées en pierre. Lentement, des jambes à la taille, puis à la

tête, Flaubert devenait un marbre.

Parfois, je soulevais, cette question devant lui, avec prudence, car je craignais de

l’affliger. Une critique le bouleversait. Quand il nous lisait un morceau, il n’y avait pas à

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discuter, sous peine de le rendre malade. Pour moi, dès qu’il poursuivait les qui et les que, il

négligeait par exemple les et ; et c’est ainsi qu’on trouvera des pages de lui où

les et abondent, lorsque les qui et les que sont complètement évités. […] changer un mot était

pour lui faire crouler toute la page. Chaque syllabe avait son importance, sa couleur et sa

musique. Il s’effarait, à la seule idée de déplacer une virgule. Ce n’était pas possible, sa

phrase n’existait plus. Lorsque il nous lut Un Cœur simple, nous lui demandâmes d’enlever la

phrase sur le perroquet, que Félicité prend pour le Saint-Esprit : « Le Père, pour l’énoncer,

n’avait pu choisir une colombe, puisque ces bêtes-là n’ont pas de voix, mais plutôt un des

ancêtres de Loulou. » Cela nous semblait, pour la vieille bonne, d’une subtilité d’observation

qui frisait la charge. Flaubert parut très ému, il nous promit d’examiner le cas ; il s’agissait

simplement de couper la phrase mais il ne le fit pas, il aurait cru l’œuvre détraquée.

Naturellement, après un tel labeur, le manuscrit terminé prenait à ses yeux une

importance considérable. Ce n’était pas vanité, c’était respect et croyance pour un travail qui

lui avait donné tant de mal, et où il s’était mis tout entier. Il en faisait faire une copie, qu’il

revoyait une dernière fois avec soin ; et c’était cette copie qui allait à l’imprimerie. On

trouvera certainement dans ses papiers tous ses manuscrits originaux, écrits de sa main ; il

en choisissait même le papier, un papier solide et durable, avec la pensée de laisser un texte

exact pour la postérité. Quant à la copie, elle le détachait de son œuvre, disait-il ; il la lisait

en étranger, son livre ne lui paraissait plus à lui, et il s’en séparait sans souffrance ; tandis

que s’il avait donné son manuscrit, ce manuscrit sur lequel il se passionnait depuis si

longtemps, il lui aurait semblé qu’il s’arrachait un morceau de sa chair. Avant de remettre le

texte à l’imprimerie, il aimait à en lire des morceaux, dans des maisons amies. C’étaient des

solennités. Il lisait très bien, d’une voix sonore et rhythmée [sic], lançant les phrases comme

dans un récitatif, faisant valoir admirablement la musique des mots, mais ne les jouant pas,

ne leur donnant ni nuances ni intentions ; j’appellerai cela une déclamation lyrique, et il

avait toute une théorie là-dessus. Dans les passages de force, lorsqu’il arrivait à un effet

final, il enflait la voix, il montait jusqu’à un éclat de tonnerre, les plafonds tremblaient. Je lui

ai entendu achever ainsi La Légende de saint Julien I’Hospitalier, dans un véritable coup de

foudre du plus grand effet. […] La littérature, à ses yeux, était une fonction supérieure, la

seule fonction importante du monde. Aussi voulait-il qu’on fût respectueux pour elle […].24

24 http://flaubert.univ-rouen.fr/etudes/zola_figaro_1880.php