COURS UNIVERSITAIRE_lecture Analytique en Francais

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  • GHEORGHI LILIANA

    UNGUREANU VICTORIA

    2014

    Le franais. Lecture analytique Cours universitaire

    Deuxime anne, Niveau B2

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    Table des matires

    Introduction.....................................................................................................................................................

    Chant I............

    Chant II..................

    Chant III.................

    Chant IV...............................................................................................................................................................

    Chant V...................................................................................................................................................................

    Chant VI...............................................................................................................................................................

    Chant VII...............................................................................................................................................................

    valuation...............................................................................................................................................................

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    CHANT I

    COLRES DE ROIS

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    MUSE, chante la colre dAchille, cette funeste colre qui plongea les Grecs dans un

    abme de douleurs ; qui, avant le temps, prcipita dans les sombres demeures de la Mort une

    foule de hros et qui, de leurs cadavres ensanglants, fit la pture des chiens et des vautours.

    Muse, chante cette colre qui divisa le fils de Ple et Agamemnon, le monarque des rois ...

    Depuis prs de dix annes les Grecs ont mis le sige devant Troie.

    Troie est lantique et puissante cit de Priam, le descendant de Dardanus. Elle est situe

    au nord-ouest de lAsie Mineure, et si fortifie que le vieux roi qui la reut en hritage parcourt

    ses remparts sans trop dinquitude.

    Pourtant, de lautre ct de la plaine sablonneuse qui spare la ville de la mer, larme des

    Grecs sest installe. Elle est nombreuse ; ses tentes de lin safran et pourpre se dressent comme

    une autre cit ; et les mts des douze cents vaisseaux qui lont amene sur le rivage asiatique se

    profilent sur le bleu profond de la mer comme une sombre fort.

    Dix annes ! Il y a presque dix annes que les rois grecs sont venus mettre le blocus

    devant la grande ville de Priam. Ils nont pas de machines de guerre pour branler ses murs. Ils

    ne peuvent que laffamer. Mais les assigs ont empli leurs greniers abondamment et, dcids

    vaincre, lasser les ennemis par leur persvrante rsistance, ils ont accept de grand cur les

    privations que leur demandent leur roi et les Dieux.

    Car les Dieux, les majestueux Dieux de lOlympe vivent avec des hommes, partageant

    souvent leurs sentiments et leurs travaux. Du haut des cimes sublimes que cachent les nues,

    leurs regards ne quittent pas le coin de terre o les hros de lAchae et ceux de la Troade

    saffrontent dans une lutte mortelle.

    Et les Dieux ne contemplent pas ce spectacle avec indiffrence. Ils ont pris parti, les uns

    pour les Grecs, les autres pour les Troyens. Cest, au sein de lOlympe, une division qui verse la

    colre dans ces curs divins.

    Junon, lpouse de Jupiter le Tout-Puissant, sest faite lardente allie des Grecs. Leurs

    motifs de haine contre Troie sont devenus les siens. Elle y ajoute une rancune personnelle: le

    beau Pris, un des cinquante fils de Priam, ayant t pris comme arbitre par Junon, Minerve et

    Vnus, qui se disputaient la palme de beaut, a proclam Vnus la plus belle des desses. Depuis

    ce temps, Junon et Minerve ont pris en horreur la race de Dardanus, et leur fiert blesse les a

    portes secourir les Grecs.

    Vnus, elle, a voulu montrer sa reconnaissance Pris et elle a entran Mars, le dieu de

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    la guerre, dans le parti des Troyens ; Apollon, le dieu de la lumire, sest joint eux. Le reste des

    clestes habitants de lOlympe assiste, troubl et incertain, cette grande dispute entre les

    Dieux. Et, au-dessus de ces deux foules hostiles - les Divinits et les hommes -, Jupiter, arbitre

    souverain de la mort et de la vie, tre suprme et divine Intelligence, donne son gr aux

    combattants la dfaite ou la victoire. Le Destin est entre ses mains.

    Cest lui, le roi des Dieux, que les hommes implorent. Troyens et Grecs le supplient avec

    une gale ferveur, lui faisant des sacrifices et des offrandes qui lui sont pareillement agrables.

    Et depuis dix annes, sur les autels de Troie comme sur ceux que les Grecs ont levs parmi les

    rochers du rivage, des spirales dencens montent vers le Pre impassible.

    Peut-tre une secrte prfrence habite-t-elle le cur tout-puissant: cette Troie quil sait

    condamne par le Destin - linflexible loi qui mne toutes choses - lmeut par son hroque

    rsistance. Mais malgr la piti quil ressent pour la race et la ville de Priam, il ne les drobera

    pas au tragique sort qui les attend, la punition qua mrite le crime de Pris.

    Pris, qui a allum entre les Divinits le flambeau de discorde, est aussi la cause de la

    mortelle querelle entre les hommes. Pendant un sjour en Grce la cour du roi de Sparte,

    Mnlas, il a abus de lhospitalit gnreuse quil y a reue. Profitant dune absence de

    Mnlas, il a enlev lpouse de celui-ci (Hlne) et a pill ses trsors. Puis, fier de ce vol, il a

    ramen Troie sa captive et son butin.

    la nouvelle de ce brigandage toute la Grce a pouss un cri de colre. Certes, la

    conqute du sol et de ses richesses avait donn lieu, nagure, dans lAchae, des actes de

    violence, rapt ou meurtre; le brigandage avait t le mtier des premiers occupants. Mais peu

    peu les sentiments de justice inns dans le cur humain, les progrs de lintelligence avaient

    domin les instincts brutaux, et la Socit sorganisant dans les divers tats de la Grce, le got

    et le respect de la proprit staient fortifis. Pris, voleur de femme et de trsors, a donc dress

    contre lui, non seulement le roi quil a frustr mais la Grce tout entire.

    Cest pour venger linjure qui lui a t faite dans la personne dun de ses chefs que la

    Grce a amen sur le rivage de la Troade llite de ses guerriers, aussi rsolue punir loffenseur

    et son peuple que ceux-ci le sont se dfendre.

    La cause de la Grce est juste et juste son dsir de punir le coupable; cest pourquoi

    Jupiter, tout apitoy quil soit en songeant au destin des Troyens, demeure inbranlable. Il a pos

    dans la paume de sa main son visage aux regards fulgurants. Il regarde. Il coute.

    Le camp des Grecs est en moi.

    Dix jours auparavant un prtre dApollon, Chryss, a abord au rivage troyen, suppliant

    et gmissant. Dans une de leurs incursions sur les les ioniennes, allies de Priam, les Grecs ont

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    emmen parmi dautres captifs la belle Chrysis, fille de Chryss. Cest Agamemnon qui, lors du

    partage du butin, a reu Chrysis comme rcompense.

    Agamemnon commande toute larme des Grecs.

    Il est le frre de Mnlas. Cest lui qui, lors du rapt dHlne, a parcouru la Grce,

    appelant aux armes les diffrents rois. Ceux-ci lont mis leur tte. Il appartient la race des

    Atrides. Il en a toute la fiert, tout le dsir de domination. Lpret est aussi un grand ressort de

    son me, et le besoin daventures, lespoir dun riche butin nont peut-tre pas t trangers sa

    volont de rendre la puissante Troie responsable de loffense faite Mnlas par Pris.

    Cest cette mme pret qui lui a fait repousser avec ddain la prire de Chryss, le pre

    afflig.

    - Fuis, vieillard, a-t-il dit, si tu ne veux pas sentir que tes inutiles supplications font natre

    ma colre. Ta fille vieillira dans mon palais dArgos, loin de sa patrie. Elle sera ma servante et

    tournera le fuseau.

    Chryss menac dans sa vie est remont sur sa nef et a suppli Apollon de punir les Grecs

    de linjure qui lui a t faite, lui son prtre soumis. Et le dieu, bandant son arc dargent, a lanc

    sur larme dAgamemnon des traits porteurs de peste, qui dcimrent hommes et btes.

    - Assemblons-nous en conseil, propose Achille, et consultons les prtres et les augures.

    Ils nous diront quel motif dchane sur nous la colre dApollon et quel sacrifice pourra

    lapaiser.

    Lavis dAchille est aussitt cout car nul na plus dautorit que lui parmi les chefs de

    larme. Sa valeur sans gale, sa divine beaut - qualit si prcieuse aux yeux des Hellnes - lui

    valent ladmiration de tous. Il est le fils de Thtis, la desse des eaux. Il en ressent un juste

    orgueil et il naccepte quavec impatience lautorit suprme dAgamemnon, quil juge son

    infrieur comme courage et comme naissance.

    Chalcas, le meilleur devin de larme, savance au milieu des Grecs rassembls.

    - Achille et vous, rois, dit-il, je viens dinterroger les entrailles des victimes offertes

    Apollon. Et voici ce que jy ai lu. Le dieu nous punit davoir refus Chrysis son pre. Il ne

    cessera de nous frapper que lorsque nous aurons renvoy Chryss sa fille, sans ranon ...

    - Malfaisant augure, scrie Agamemnon en se levant, avec un regard de rage du sige o

    il trne, tes paroles nannoncent jamais que des vnements funestes. Tu voudrais me priver de

    ma captive. Je naccepterai de faire ce sacrifice que contre une autre compensation. Je suis le

    chef ici, je ne veux pas tre le seul navoir aucun butin de nos victoires.

    - Quelle pret est la tienne, Agamemnon, fait Achille que lorgueil du fils dAtre

    dresse, frmissant. Nous avons partag dj tout le butin conquis. Il te faut attendre, pour te

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    compenser de la perte de ta captive, que Troie tombe entre nos mains.

    - Non! crie le roi dArgos furieux. Il ne sera pas dit que jattendrai comme un esclave

    patient ma rcompense des jours venir. Si les Grecs ne moffrent rien qui puisse me faire

    oublier la perte de Chrysis ...

    - Que feras-tu ? fait vivement Achille.

    Celui-ci abaisse son poing lourd sur le bras de son trne qui gmit.

    - Jirai tarracher toi, Achille, ou Ajax et Ulysse les captives qui vous ont t

    donnes en partage. Que Chrysis parte, le salut des Grecs lexige. Mais je me vengerai.

    - Tyran, scrie Achille outr de colre, quoi, tu oserais abuser de ce pouvoir que nous

    tavons confi et temparer des biens de lun de nous? Tu me menaces, moi qui nai men vers

    Troie mes vaisseaux et mes guerriers que pour venger linjure faite ta famille. Tu mriterais

    que je tabandonne sur ce rivage.

    - Qui te retient ? fait ironiquement Agamemnon. Je ddaigne ton secours, tu peux partir

    avec les tiens. Mais pour te prouver que nul ici ne commande quand jai parl, je tenlverai ta

    Brisis.

    Achille transport de fureur saisit son pe. Ulysse, Ajax se prcipitent entre les deux

    rois. Mais dj le fils de Thtis par un suprme effort sur lui-mme a repouss son pe au

    fourreau. Sans doute Minerve, en apercevant la dispute surgie entre ces Grecs quelle chrit, a-t-

    elle arrt le bras du hros. Achille se dominant se contente de regarder Agamemnon avec

    mpris. Il tend la main dans un serment solennel :

    - Je jure, dit-il, quun jour viendra o le secours dAchille que cet insens repousse si

    lgrement sera demand grands cris par les Grecs. Dussent tous nos guerriers tomber sous les

    coups du fils de Priam, du redoutable Hector, je noublierai pas linjure que tu veux me faire.

    Tous les chefs grecs se regardent avec inquitude, mais laccent dAchille a t tel, le

    ressentiment qui se lit sur le visage des deux rois si farouche que nul ne trouve des paroles

    capables dapaiser ces curs orgueilleux. Ulysse, le roi dIthaque, malgr son habituelle subtilit

    reste muet. Cest que devant le torrent des colres, les dtours de la ruse ne parviennent pas se

    dresser comme une digue. Il faut autre chose que de ladresse. Et cest pourquoi, alors que vingt

    rois ardents et nergiques demeurent sans voix dans cette querelle qui risque de diviser

    gravement les Grecs, un vieillard se lve.

    Cest Nestor, le roi de Pylos. Il a men vers Troie quatre-vingt-dix vaisseaux. Si son ge

    lloigne du combat, sa sagesse rgne aux conseils. Il hoche la tte avec tristesse et dit dune

    voix douce:

    - Ne temporte pas, Achille. Souviens-toi que lAtride commande ici, de par notre

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    commune volont. Son ge, le nombre de ses peuples le rendent aussi digne de ton respect. Tu es

    le rempart de la Grce, Achille, calme ta colre. Et toi, Agamemnon, quelle que soit ta puissance

    songe quelle ne peut braver le droit. Nenlve point Achille lesclave quil aime et quil a

    reue en juste partage.

    Mais Nestor a parl en vain, le cur des deux rois est trop ulcr et lassemble se spare

    dans un silence lourd de menaces. Achille se retire sous sa tente, tandis quUlysse, charg par le

    conseil de reconduire Chrysis son pre, se met aussitt en route.

    Agamemnon a appel deux de ses officiers :

    - Rendez-vous prs dAchille, commande-t-il. Saisissez-vous de Brisis. Amenez-la dans

    ma tente. Si une rsistance est faite mes ordres, je saurai svir.

    Les officiers obissent regret. Ils se prsentent devant Achille. Le cur du jeune hros

    bondit de douleur et de rage, pourtant il ne tente rien pour sopposer au dpart de la belle

    captive. Achille sest jur de ne pas entrer en lutte avec les Grecs et pendant que Brisis

    sloigne en pleurant, il la suit des yeux, sanglotant mais immobile.

    Son fidle ami Patrocle voudrait le distraire de sa peine, mais Achille le repousse et

    marche le long du rivage en murmurant le nom de Brisis. Puis, tendant les bras vers les vagues

    que dore le soleil, il invoque sa mre, la blonde Thtis.

    Celle-ci nest pas reste insensible aux appels et la douleur de son fils. Elle accourt prs

    de lui, le serre sur son cur et lui essuie les yeux.

    - Venge-moi, lui dit Achille. Tu as rendu jadis un grand service au roi des Dieux. Va le

    supplier pour moi. Quil chtie les Grecs qui mont laiss offenser sans me dfendre, quil chtie

    lpre et brutal Agamemnon. Les guerriers troyens nosent pas se mesurer moi. Sils savent

    que je ne combats plus avec les Grecs, ils engageront la bataille. Je veux, oh ! je veux que ceux

    qui ont os insulter Achille arrosent de leur sang le rivage de Troie.

    Thtis promet au jeune homme de semployer punir loutrecuidante tyrannie

    dAgamemnon et, sans perdre de temps elle prend sa course vers lOlympe. Elle se prosterne aux

    pieds du roi des Dieux et embrasse ses genoux, humblement.

    - Jupiter, supplie-t-elle, moteur du Monde, coute-moi. Venge mon fils en humiliant les

    Grecs et en leur faisant sentir durement ce quils ont perdu en perdant le secours dAchille.

    Jupiter se laisse attendrir par les larmes de cette mre. Il sait que le destin dAchille sera

    bref et que si une gloire ternelle est rserve au jeune hros, sa vie doit tre coupe comme une

    fleur pleine de sve.

    - Relve-toi, Thtis, dit-il avec douceur la desse afflige, nous donnerons Achille

    cette sombre joie de voir ses pieds ceux qui lont trait sans mnagements. Je vais abuser par

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    un songe lorgueilleux Agamemnon et je lengagerai tenter un assaut contre Troie. Ainsi il

    htera lusure de son arme et saura ce quil en cote de se priver dun de ses meilleurs guides,

    dun chef tel quAchille.

    Thtis se relve console et rentre dans sa demeure aux luisantes et mouvantes vagues,

    non sans avoir auparavant rassur dun signe son fils qui erre encore au bord de la mer.

    - Ah ! Patrocle, scrie Achille en courant son ami. Jupiter a entendu ma douleur, il

    compatira, il me vengera de lorgueilleux Agamemnon.

    - Hlas ! soupire Patrocle, oublies-tu, divin Achille, que le sang grec coule aussi dans

    tes veines et que tu condamnes dans ta colre ceux qui sont tes frres par la race ?

    Achille a rougi cette remarque attriste de Patrocle, mais son cur est trop ulcr par la

    rancune, et, sans un mot il regagne sa tente. Ses Myrmidons ont, sur son ordre, mis leurs armes

    en faisceaux; ils ont dlac leur cuirasse dairain lamell et se sont assis ou tendus sur le sol, se

    livrant aux douceurs de loisivet. Mais leurs yeux restent tourns vers lautre extrmit du camp

    o les guerriers du reste de lHellade sexercent au combat. La pense que leurs frres darmes

    lutteront, vaincront peut-tre sans eux, fait soupirer ces vaillants. Mais Achille a command, et

    aucun des siens ne murmure.

    Dix fois laurore a redonn la lumire au Monde, quand Jupiter qui na point oubli la

    prire de Thtis ni sa promesse envoie un songe lAtride. Il lui a donn les traits du sage Nestor

    et des accents si persuasifs que lorsque Agamemnon sveille, il croit que ce jour est le dernier

    jour de Troie et que toutes les Divinits se sont ranges du ct des Grecs.

    Il saute sur ses pieds, revt sa tunique couverte dun manteau de pourpre, se ceint de son

    baudrier et prend en main le sceptre antique de ses aeux. Puis, quittant labri de sa tente, il

    ordonne aux hrauts de convoquer lassemble des chefs.

    - Amis, leur dit-il quand les plus sages des guerriers lont entour pleins dimpatience, un

    songe envoy par les Dieux ma visit cette nuit; Jupiter sintresse au sort des Grecs, ma-t-il

    annonc, arme tes guerriers, combats ; une perte invitable menace les Troyens . Je me suis

    veill, le cur mu dune telle assurance et je vous ai runis pour vous demander conseil. Il est

    hors de doute que les Dieux sont avec nous.

    Le vieux Nestor hoche la tte. Il interrompt dun geste les exclamations enthousiastes des

    autres chefs.

    - Dans une bouche vulgaire, fait-il, ce songe ne serait mes yeux quillusion et

    imposture, mais cest au grand Agamemnon quil est apparu, il est donc vrai. Armons nos

    guerriers et entranons-les au combat. Mais noublions pas que voil prs de dix annes que leurs

    luttes sont vaines. Cet effort que nous attendons deux, ne le leur demandons pas, quils en

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    viennent le souhaiter eux-mmes afin de combattre de leur plein gr, de leur propre ardeur.

    Atride, sonde leur courage, annonce-leur quil faut fuir et retourner dans notre patrie. Jai

    confiance que cest grands cris quils demanderont la bataille.

    Nestor connat le cur des hommes. Agamemnon coute son sage avis. Il fait assembler

    tout le camp, hormis les Myrmidons oisifs dans leur tente, et au milieu du silence tonn qui

    lentoure, il crie:

    - Guerriers, enfants de lHellade, Jupiter a tromp cruellement notre espoir de vaincre

    Troie et de nous enrichir de ses dpouilles. Pour notre honte, un peuple moins nombreux nous a

    vaincus par sa rsistance. Neuf longues annes se sont coules dans dinutiles travaux; le temps

    a dtruit nos vaisseaux et us nos cordages ; dans nos demeures solitaires nos femmes, nos

    enfants attendent notre retour. Puisquil le faut, obissons une cruelle ncessit, fuyons dans

    notre patrie. Jamais Troie ne sera nous.

    Un silence de mort a accueilli ce discours inattendu.

    Tous se regardent flottants, indcis. Thersite, le plus laid et le plus lche des Grecs, qui

    na jamais cess de semer dans larme la discorde et lirrespect envers ses chefs, est un instant

    confondu. Ulysse ne lui laisse pas le temps de rpliquer au discours fait par Agamemnon. Et

    aprs un regard ce dernier:

    - Fils dAtre, dit-il dune voix grave et sonore, les Grecs ne veulent pas violer la

    promesse quils tont faite. Ils ne rentreront dans la Grce quaprs avoir dtruit la superbe

    Troie. Nous navons pas attendu si longtemps pour nous en retourner humilis et vaincus. Je me

    souviens, pour moi, des oracles de Chalcas, de la promesse du roi des Dieux de faire tomber sous

    nos coups le trne de Priam. Ne perdons donc plus de temps en striles dbats ; guide-nous la

    lutte, Atride, et que la nuit seule mette fin aux combats.

    Une immense acclamation slve du camp. Tous ces hommes qui, quelques minutes

    auparavant, hsitaient sur le meilleur parti prendre nen voient plus quun devant eux: la lutte,

    la lutte! Le tranquille courage dUlysse a rveill, a dcupl cette ardeur.

    Nestor sunit la protestation dUlysse. Les glaives se dressent dans un farouche appel au

    combat. Agamemnon feint alors dtre dissuad de son projet.

    - Vous voulez la lutte, dit-il, soit. Faisons encore cet effort. Nous savons que les Dieux

    sintressent aux Grecs. Touchs par notre patience, ils accorderont notre courage le prix quil

    mrite. Demain laube nous attaquerons. Apprtons nos armes et quun grand sacrifice nous

    rende favorable le matre des Dieux.

    Le reste du jour scoule en prparatifs guerriers.

    Les esclaves fourbissent les armes, dcorent et rparent les chars, harnachant les chevaux.

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    Les guerriers se montrent pleins dentrain. Chacun se sent certain de triompher et se voit, en

    imagination, vainqueur du hros troyen, dHector lui-mme. Il nest question que de butin dans

    chaque tente. Les inutiles tentatives de tant dannes ont disparu des esprits, la Grce est aime

    des Dieux, elle doit vaincre, elle vaincra.

    FICHE 1

    SANCE 1 DOMINANTE LECTURE MTHODIQUE

    A. Rpondez aux questions :

    1. Quest-ce que vous connaissez sur les contes et les mythes de lIliade?

    2. Quelle est linformation sur les Dieux de lOlympe quon peut reprer dans le chant?

    3. Quelle est la cause de la discorde entre les Grecs et les Troyens?

    4. Quel est le motif de la dispute entre Agamemnon et Achile?

    5. Qui est Thtis et quel est son rle dans lhistoire relate dans ce champ?

    6. Jupiter comment russit-il punir Agamemnon pour son orgueuil?

    7. En quoi est-ce que consiste la ruse du conseil donn par Nestor Agamemnon pour

    inciter les soldats au combat?

    B. Argumentez :

    1. Contextualisez historiquement la guerre dont il sagit dans le Chant I.

    2. Dcrivez larme des Grecs en vous reprant sur le champ lexical correspondant.

    3. Faites le portrait de Pris partir du champ lexical rapport ce personnage.

    4. Racontez lhistoire du prtre Chryss et de sa fille Chrysis.

    5. Faites le portrait dAgamemnon partir du champ lexical rapport ce personnage.

    6. numrez et argumentez partir des champs lexicaux pertinents les motions et le

    sentiments prouves par les personnages du rcit.

    FCHE 1

    SANCE 2 DOMINANTE LEXIQUE ET GRAMMAIRE

    Exercice 1. partir des verbes suivants, formez des noms, avec ou sans suffixe :

    Verbe Sans suffixes Si possible, avec les suffixes :

    -tion ; - ture ; - ine ; -oir ; -ment

    Abmer

    Accourir

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    Affamer

    Apitoyer

    Arbitrer

    Arroser

    Hter

    Invoquer

    Rgner

    sloigner

    se ceindre

    Secourir

    Supplier

    Toucher

    Exercice 2. Retrouvez les verbes et les adjectifs des noms ci-dessus en vous servant de la

    liste de valeurs suffixales :

    Nom Verbe Adjectifs

    Acclamation

    Entrain

    Hritage

    Menace

    Offrandes

    Pture

    Punition

    ressentiment

    Exercice 3. laide dun dictionnaire, retrouvez la famille lexicale exhaustive des mots

    suivants :

    Captif _____________________________________________________________________

    Sabloneux _________________________________________________________________

    Torrent ___________________________________________________________________

    Illusion ____________________________________________________________________

    Incursion __________________________________________________________________

    Indcis ____________________________________________________________________

    Irrespect __________________________________________________________________

    Exercice 4. Recherchez la dfinition des mots suivants dans le dictionnaire :

    Fourreau __________________________________________________________________

    Hormis ___________________________________________________________________

    Safran ___________________________________________________________________

    Fulgurant _________________________________________________________________

    Hraut ___________________________________________________________________

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    Aeux ____________________________________________________________________

    Exercices 5. Paraphrasez :

    appeler aux armes ___________________________________________________________

    /de son gr ________________________________________________________________

    avec ferveur _______________________________________________________________

    se mettre la tte de qch _____________________________________________________

    sassembler en conseil _______________________________________________________

    tenter un assaut _____________________________________________________________

    sur lordre de qn ____________________________________________________________

    prendre parti _______________________________________________________________

    apprter les armes ___________________________________________________________

    violer la promesse ___________________________________________________________

    Exercice 6. Expliquez la signification des expressions et phrasologismes suivants :

    se disputer la palme de beaut __________________________________________________

    prendre en horreur ___________________________________________________________

    allumer le flambeau de discorde ________________________________________________

    pousser un cri de colre _______________________________________________________

    consulter les augures _________________________________________________________

    interroger les entrailles _______________________________________________________

    calmer sa colre _____________________________________________________________

    hocher la tte _______________________________________________________________

    tre le rempart de qn/qch ______________________________________________________

    braver le droit _______________________________________________________________

    recevoir en juste partage ______________________________________________________

    faire qch en vain _____________________________________________________________

    traiter sans mnagements ______________________________________________________

    voir ses pieds ______________________________________________________________

    mettre les armes en faisceaux __________________________________________________

    dlacer les cuirasses__________________________________________________________

    envoyer un songe ____________________________________________________________

    le sang grec coule dans tes veines ______________________________________________

    tre hors de doute ___________________________________________________________

    tromper lespoir ____________________________________________________________

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    les annes scoulent _________________________________________________________

    semer la discorde ____________________________________________________________

    tomber sous les coups de qn ___________________________________________________

    Exercice 7. Relevez des dictionnaires les phrasologismes contenant les mots :

    encens, dresser, injure, bondir, obir, mesurer.

    Exercice 8. Reprez dans le texte le lexique qui vise le champ smantico-lexical de

    lmotion.

    Exercice 9. Dressez la liste des synonymes des mots suivants :

    funeste, monarque, se profiler, assig, nue, rancune, hostile, se joindre, troubler, cleste,

    rapt, abuser, butin, piller, enlever, drober, inn, frustr, brigandage, inbranlable, repousser,

    dcimer, priver, ranon, se dresser, farouche, insens, ddaigner, se saisir de, svir, ulcr,

    sangloter, fourbir, harnacher se prosterner, attendrir, affliger, errer, se livrer , engager, compatir,

    persuasif, invitable, imposture, sonder, assembler, dpouilles, oracle, confondu, flottant, hsiter,

    feindre, dissuad.

    Exercice 10. Dressez la liste des antonymes des mots suivants :

    persvrant, privation, majestueux, moi, domination, pret, impatience, apaiser, surgir,

    oisif, insensible, dorer, chtier, strile, outrecuidant, sombre, murmurer, auparavant, condamner,

    veill.

    Exercice 11. Prouvez laide du lexique archaque le cadre historique de lantiquit.

    Exercice 12. Faites relever du texte le vocabulaire chromatique qui sert peindre le

    dcor physique et spirituel du rcit. Faites une attention particulire aux mots qui suggrent la

    signification chromatique implicitement.

    Exercice 13. Relevez toutes les pithtes du texte. Quelle en est la fonction?

    Exercice 14. Relevez les adverbes du texte. Observez leur construction.

    FICHE 1

    SANCE 3 DOMINANTE EXPRESSION ORALE ET CRITE

    1. Exprimez votre opinion :

    Le Destin est entre les mains de Jupiter. Le Destin, cest l'inflexible loi qui mne

    toutes choses.

    2. Commentez :

    Lge du vieux Nstor l'loigne du combat, mais sa sagesse rgne aux conseils.

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    Et toi, Agamemnon, quelle que soit ta puissance, songe qu'elle ne peut braver le

    droit.

    Jupiter sait que le destin d'Achille sera bref et que si une gloire ternelle est

    rserve au jeune hros, sa vie doit tre coupe comme une fleur pleine de sve.

    3. Faites ressortir du texte linformation encyclopdique concernant :

    Le statut de la femme antique (sans oublier les desses);

    Les cotumes antiques lies la guerre;

    Les pratiques religieuses des Antiques.

    Argumentez vos avis laide des exemples et du vocabulaire appropris.

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    CHANT II

    LES RSULTATS DUN DUEL

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    Le printemps tale moins de feuilles et de fleurs que larme des Grecs ne compte

    de guerriers en armes des rives de la mer aux bords du rapide Scamandre. Les chefs des

    armes nattendent pour monter sur leur char quun signe dAgamemnon.

    Celui-ci a offert le sacrifice rituel. Il rpand lorge consacre sur le front du taureau

    de cinq ans quil vient dimmoler Jupiter.

    - Dieu puissant, sest-il cri, souverain matre de lOlympe qui rgne sur les

    nuages, ne permets pas que le soleil se couche dans les eaux avant que le palais de Priam

    ne soit tomb sous nos coups, avant que les guerriers troyens naient expir nos pieds.

    La fume du sacrifice na pas achev de se disperser dans les airs que lAtride

    donne larme le signal du dpart. Les chefs sautent sur leurs chars, la lance et le

    bouclier en main, tandis que leur long panache ondoie la brise. La poussire de la plaine

    slve sous le crissement des roues et des pas.

    Et au bord de la mer, lentour de la tente o songe tristement le morne Achille,

    ses guerriers regardent en silence sbranler larme des Grecs.

    Du haut des remparts de Troie, les sentinelles se sentent, ce matin-l, inquites et

    troubles. Il leur semble parfois entendre lhorizon o se dressent les tentes des Hellnes

    un inhabituel bruit. Mais laube noie toutes choses dans sa lumineuse bue. Ne sont-ce

    point les flots du Scamandre qui en roulant avec force mettent ce tumulte dans les oreilles

    ?

    Cependant Hector et Priam ont runi les chefs troyens. Un des fils du monarque,

    qui tait all du haut dune minence rocheuse observer les mouvements de larme

    grecque, leur a apport la confirmation du bruit entendu par les sentinelles: lennemi est

    en marche.

    - Allons au-devant de lui, scrie Hector.

    Il saisit son casque, monte sur son char. Des chefs troyens et leurs allis limitent

    aussitt. Les trompettes sonnent, veillant cavaliers et fantassins, les portes de la ville

    souvrent et, derrire le char dHector, les guerriers se prcipitent avec dhorribles cris.

    Larme des Grecs sapprochait en silence. Des nuages de poussire slevaient

    autour delle. Ainsi lon voit les vents rassembler les nuages porteurs de tempte alors que

    la nature se tait et attend.

    Pris a rejoint son frre la tte des Troyens. La dpouille dun lopard flotte sur

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    son armure. son ct pend une pe au pommeau tincelant, un arc, un carquois, des

    flches rsonnent sur ses paules ; il tient deux javelots, et, de loin, il injurie les chefs

    ennemis qui savancent.

    - Oh ! rugit Mnlas dont le cur palpite de fureur en apercevant ce rival dtest,

    te voici donc, lche suborneur! Viens te mesurer moi. Cest lheure de ma vengeance.

    Laccent de Mnlas est tel que Pris se sent glac deffroi. Il recule et veut se

    perdre parmi les guerriers troyens.

    - O vas-tu ? crie Hector avec indignation. Tu fuis le combat, toi qui es la cause de

    tous les maux quendure Ilion ? Toi qui as attir sur nous tant de colres et de deuils !

    Lche !

    - Tu dis vrai, Hector, fait Pris qui sarrte et rougit, je mrite tes reproches. Mais

    cest que la vie est douce et quau moment de la perdre, la pense peut hsiter un instant

    sans crime. Pardonne-moi. Tu veux que je combatte ? Arrte les Troyens et les Grecs.

    Mnlas et moi au milieu des deux armes nous lutterons ensemble ; Hlne et ses trsors

    seront le prix du vainqueur; un trait runira les deux nations ; les Troyens vivront

    tranquilles dans leurs foyers et les Grecs regagneront lHellade. Ainsi, je naurai pas, par

    ma faute, caus la destruction de tant de vies.

    Hector applaudit cette ide et, savanant entre les deux armes, dun geste il

    demande le silence. voix forte il expose loffre de son frre. Mnlas saute de son char.

    - Jaccepte, crie-t-i1. Que lun de nous, de Pris ou de moi, prisse aujourdhui.

    Nos querelles se termineront. Que Priam vienne lui-mme ici jurer la paix venir.

    Un tumulte joyeux slve ces paroles. Troyens et Grecs croient toucher enfin au

    terme de cette longue guerre. On pose les armes terre, des hrauts vont Troie inviter

    Priam descendre dans la plaine.

    Priam tait assis aux portes de sa cit, entour de vieillards. Il contemplait, le cur

    treint danxit, ces jeunes hommes, espoir de sa patrie, qui sen allaient vers le hasard

    meurtrier des combats. ses pieds Hlne tait assise. Elle levait avec tristesse ses beaux

    yeux pleins de prire vers le visage majestueux et doux de Priam. Sur ses cheveux aux

    reflets de soleil, elle avait pos un voile de lin transparent, et une agrafe dor retenait sa

    tunique sur son paule dune blancheur rose.

    Les regards de tous, pouses anxieuses, enfants tonns, vieillards douloureux, se

    fixaient sur cette femme qui avait apport avec elle tant de malheurs sa nouvelle patrie.

    Combien de sang avait dj rougi les plaines de la Troade pour lamour delle! Quel

    sombre avenir flottait dans les plis de son voile et de sa robe! Et cependant aucune

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    clameur, aucune insulte ne slevaient autour de la Grecque. Elle tait nimbe par sa

    beaut, par lamour que sa vue seule mettait aux curs, par toute cette passion, cette haine

    et ces morts que la Fatalit avait sems autour de ses pas. Un silence craintif stablissait

    quand elle passait, quand elle parlait ; ceux qui pleuraient un fils, un frre, un poux morts

    dtournaient la tte pour ne pas la voir, mais nul net os lever la main sur cette Hlne

    que chrissait Vnus, desse de la Beaut. Et Priam, le vieux roi, tendait sa protection et

    sa piti sur ltrangre sans orgueil dont chaque regard semblait demander pardon davoir

    inspir lamour.

    - Roi, disent Priam, en sapprochant, les messagers dHector, Pris et Mnlas

    ont dcid de lutter seuls pour la conqute dHlne et de ses trsors. Ta prsence est

    ncessaire sur le champ de bataille, pour un sacrifice aux dieux crateurs et protecteurs

    des hommes. Les Troyens tattendent.

    Hlne se serre en gmissant contre le vieillard.

    - Ma fille, lui dit doucement celui-ci, essuie tes yeux ; quelle que soit lissue du

    combat, tu auras une patrie et une famille. Ah ! puissent les Dieux se contenter du sang

    qui a coul dj.

    Et tandis quHlne touffant ses sanglots sappuie anxieusement un crneau du

    rempart, Priam monte sur son char qui prend au galop le chemin du champ de bataille.

    Les adversaires sont rangs en longues lignes de chaque ct de larne herbeuse.

    Les sacrificateurs ont amen les victimes, ils ont apport des urnes pleines de vin et

    donde lustrale.

    Tous les chefs grecs descendent de leur char avec respect la vue du vieux roi, et,

    aprs stre purifi les mains, Agamemnon coupe de son couteau un peu de laine sur la

    tte des agneaux, puis levant ses mains vers le ciel :

    - pre des immortels, scrie-t-il, toi qui veilles sur lunivers, Dieu puissant et

    terrible, et toi Soleil, il du monde qui rien nest cach, et toi Terre nourricire, soyez

    tmoins de nos serments! Si Pris est vainqueur, Hlne et ses trsors seront lui et nous

    regagnerons la Grce. Si Mnlas triomphe, les Troyens renonceront Hlne, et Ilion

    vivra sous notre dpendance. Dieux, entendez-nous!

    Agamemnon a plong son couteau dans le flanc des victimes. Des coupes sont

    remplies de vin et circulent la ronde pour des libations aux Immortels.

    Aprs lAtride, les deux armes et leurs rois ont rpt le serment solennel. Hector

    et Ulysse mesurent le champ du combat ; les noms des deux adversaires sont jets dans un

    casque afin que le sort dcide qui des deux portera le premier coup.

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    Priam, mu, ne peut soutenir la vue de ce duel mort qui va sengager. Il salue

    tristement Grecs et Troyens et cachant sa tte dans son manteau il remonte sur son char et

    regagne Troie. Les deux armes le laissent partir; elles nont dyeux que pour les futurs

    combattants.

    Chacun de ceux-ci a ceint une nouvelle cuirasse.

    Celle de Pris est tincelante et la queue de cheval qui domine son casque et flotte

    sur ses paules lui donne un air terrible. Son bras est charg dun norme bouclier.

    Mnlas a une armure moins superbe que celle du Troyen, mais la rage qui brle

    son cur semble jeter des flammes par ses yeux, et, sous sa cuirasse aux agrafes dargent,

    Pris sent sa chair frissonner.

    Il se dompte. Hector, en dtournant la tte, a secou le casque et le nom de Pris est

    sorti le premier. Aussitt, le jeune Troyen lance son javelot; celui-ci atteint le bouclier de

    Mnlas mais ne peut le percer, il smousse et tombe sur le sol.

    Un sourire de triomphe contracte les lvres du roi de Lacdmone, il invoque le

    matre des Dieux, puis il lve le bras; son javelot traverse lair en sifflant, mais Pris sest

    pench et ce geste la sauv.

    Mnlas saisit alors son pe deux mains et en assne un coup terrible sur le

    casque de son ennemi; mais le coup est fatal lpe qui vole en clats.

    - Jupiter, scrie-t-il avec douleur, que tu mes cruel! Cest ce misrable que tu

    secours. Hlas!

    Sans perdre plus de temps en rflexions, Mnlas se jette sur Pris, le saisit par le

    panache de son casque et lentrane irrsistiblement du ct des Grecs.

    Pris se sent perdu. Cest en vain quil sefforce de rsister; lemprise de son

    adversaire est trop forte. Il ferme les yeux et sabandonne son destin.

    Mais Vnus veille pour lui ; elle tranche le lien qui retenait le casque et cest

    seulement cet objet que Mnlas jette au milieu des Grecs.

    - Trahison! scrie le roi de Lacdmone, qui regarde avec stupeur le casque

    rebondir dans un bruit de fer. Tu as pu chapper la mort par un subterfuge. Mais tu ne

    pareras pas ce coup.

    Et de nouveau il se jette sur son ennemi quil essaie de percer de sa lance.

    Cependant Vnus ne peut se rsoudre la mort si prompte de son protg. Elle larrache

    des mains de Mnlas et lenveloppant dun pais nuage de poussire, elle le drobe aux

    yeux de larme.

    Elle la port jusqu Troie, jusqu la partie du palais o Hlne, penche sur son

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    mtier tisser, soupire et pleure.

    - Ma fille, appelle la Desse, viens! jamne ton poux (A Troie, Hlne est

    devenue lpouse de Pris ). Il est las du combat. Que ta tendresse et tes soins lui fassent

    oublier les peines quil vient dendurer pour te garder lui.

    Hlne sest leve, frmissante. Sa pense tait bien loin du palais asiatique et du

    prince qui lui a fait violence. Elle songeait son blanc gynce de Sparte, aux rires

    enfantins de la petite fille quelle y a laisse (Hermione est la fille unique dHlne et de

    Mnlas) et celui qui, le premier, a fait battre son cur et quelle regrette si souvent,

    Mnlas.

    Mais Pris est devant elle qui lui sourit et lui tend les mains; alors, courbant la tte,

    la belle Hlne obit au double appel de la Desse quelle vnre et du prince dont elle

    subit la loi.

    L-bas, dans la plaine, larme grecque pousse des clameurs de triomphe :

    - Mnlas est victorieux, crie-t-elle. Pris a fui. Les Troyens lui ont donn asile

    dans leurs rangs. nous Hlne et les richesses quelle apporta de Sparte. Ilion est

    jamais lesclave de lHellade!

    Tous les chefs grecs entourent Mnlas et lapplaudissent, tandis quHector et les

    Troyens demeurent ptrifis de stupeur. Ils ne comprennent rien la disparition de Pris.

    Quest devenu leur champion?

    - Les Dieux ... murmurent-ils avec des regards deffroi; il leur semble quil y a

    dans tout cela une intervention divine. Et ils frissonnent. Et Hector, ple comme un

    spectre, coute sans paratre comprendre les grands cris de joie et dorgueil qui

    retentissent en face de lui.

    Mais il a jur de respecter lissue du combat quelle quelle pt tre; sa main se pose

    sur son glaive aux reflets tincelants pour le jeter aux pieds des vainqueurs.

    Cependant, tandis que le tumulte et la confusion rgnent chez les hommes, les

    Dieux assis la table de festin choquent joyeusement leurs coupes pleines dhydromel.

    Jupiter a aperu le stratagme de la blonde Vnus. Junon et Minerve lont vu aussi; elles

    sen irritent, mais le pre des Dieux fait taire dun geste leurs protestations.

    - Minerve, commande-t-il, les Troyens ne peuvent chapper leur destin et, bien

    que mon cur en saigne de douleur, il faut quIlion soit non pas une serve paisible et

    florissante, mais un amas de ruines. Il faut que le passant des sicles venir ne voie plus l

    que des dunes de sable. Va, verse au cur de ces hommes enclins tenir leur serment les

    amres penses de rsistance, de vengeance.

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    Jupiter a parl. Minerve prend son vol et descend sur la terre comme un bolide aux

    reflets dor et de feu. Sa course, dans lazur, tonne les deux armes. Mais dj la desse

    de la guerre sest approche de Pandarus, un des plus redoutables chefs troyens ; elle se

    penche son oreille.

    - Fils dAntnor, lui dit-elle, est-ce si facilement que tu acceptes la dfaite aprs

    tant dannes de rsistance? Prends ta meilleure flche, perces-en le prsomptueux

    Mnlas. Regarde, il est facile atteindre ; il ne se mfie pas. Tu auras bien mrit de ta

    patrie et de tes allis si tu abats celui qui est cause de tous les malheurs dIlion.

    Pandarus supportait malaisment la pense de voir la Grce triompher de Troie,

    cette voix secrte qu lengage la lutte le fait soupirer de joie.

    - Cachez-moi sous vos boucliers, demande-t-il ses compagnons, que jajuste une

    flche mon arc, et quApollon guide le trait jusquau cur de notre ennemi.

    Il sest courb, il a choisi dans son carquois la flche la mieux empenne ; il tire,

    mais Minerve sest lance; sa main arrte le trait et le fait dvier un peu. Au lieu de

    senfoncer dans la poitrine de Mnlas, au dfaut de la cuirasse, la flche atteint le

    guerrier au flanc et smousse sur lacier qui double le baudrier.

    Le sang a jailli cependant et Mnlas chancelle.

    Agamemnon prend la main de son frre en gmissant:

    - Hlas, lui dit-il, ctait donc ta mort que tramaient les Troyens. Vainqueur ou

    vaincu dans ce duel, ta perte tait dcide. Mais nous te vengerons. Leurs vies, celles de

    leurs femmes et de leurs enfants nous paieront chrement ce parjure. Souffres-tu ? Dieux !

    Si ta blessure tait mortelle !

    - Calme-toi, fit Mnlas dune voix ferme, et nalarme pas nos guerriers. Que

    Machaon vienne sonder ma plaie, me panser.

    On sempresse aussitt. Agamemnon fait emporter Mnlas hors du champ de

    bataille et tandis que Machaon, aprs avoir retir la flche de la chair, applique sur celle-ci

    les remdes savants quil tient du centaure Chiron, les Grecs se prparent au combat.

    Agamemnon parcourt les rangs pour enflammer les courages. Mais il nen est pas

    besoin: la violation du serment des Troyens a rempli les Grecs dindignation et de colre.

    Chacun est avide de venger la blessure dun roi honor pour son courage.

    Les deux Ajax, Ulysse, le vieux Nestor et tous les chefs rassemblent leurs troupes.

    Elles sbranlent; elles marchent dans un silence terrible et menaant ; les armes

    tincellent, ainsi que lon voit les flots que la tempte met en lutte contre les cueils se

    couvrir dalgues et dcume.

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    Les Troyens poussent de tumultueuses clameurs. Ils ont vu tomber Mnlas, et le

    croient mort. Cet vnement leur parat de bon augure pour leur rsistance venir. Non

    seulement, ils vont subir le choc des Grecs mais ils le devanceront. Hector a hsit un

    instant sur la conduite tenir, mais lamour de sa patrie lemporte sur la foi dun serment

    fait des ennemis et il se met la tte de larme.

    Les Dieux se sont joints aux hommes dans cette lutte : Mars entrane les Troyens,

    Minerve les Grecs. La Discorde au front sauvage sest lance au milieu des guerriers et

    elle appelle grands cris le carnage et la mort.

    Les casques, les boucliers, les glaives se heurtent avec deffrayantes sonorits; on

    se mle, on sgorge; on entend la fois des cris de douleur et des chants de victoire.

    Antiloque a enfonc son pe dans la poitrine dchpole le Troyen, qui tombe en

    gmissant. lphnor sest prcipit pour enlever son armure lennemi mourant, mais

    Agnor a prvenu son geste et lui a perc le flanc. Troyens et Grecs se disputent les

    dpouilles de ceux qui sont tombs.

    Le beau Simosius a roul, expirant, sous le poids de la lance dAjax. Leucus, un

    compagnon dUlysse, tombe sur son corps dfaillant. Les Troyens reculent, entranant

    Hector dans leur subit repli, tandis que les Grecs se prcipitent leur poursuite en

    poussant des cris de joie.

    Minerve est au milieu deux; elle ranime ceux quelle voit prts fuir. Apollon

    sest joint Mars pour aider les Troyens, et les combats se font plus pres et plus

    meurtriers. Ltolien Thoas a dirig son javelot contre Piros que ses compagnons presss

    autour de lui couvrent de leurs pes. Mais bientt les deux chefs ennemis sont couchs

    sur la mme poussire, entours de guerriers blesss et morts.

    Le vaillant Diomde est au plus fort de la mle.

    De son bouclier et de son casque jaillissent des clairs. Il est descendu de son char

    pour lutter avec plus dagilit, et contre lui sacharnent les Troyens. Les deux fils de Dars

    viennent de payer de leur vie laudace quils ont eue de sattaquer au hros grec. Les

    javelots sifflent de toutes parts, le sang coule flots. Dieux, quels regards pourraient

    supporter froidement un pareil spectacle !

    Minerve elle-mme est lasse de la tuerie. Elle prend la main de Mars.

    - Dieu des combats, dit-elle vivement, peux-tu te mler ces hommes en dlire?

    Est-ce bien l notre rle dImmortels? Viens. Laissons Grecs et Troyens se disputer leur

    gr la victoire. Remontons au sjour de paix et dternelle joie.

    Mars feint dobir et les deux Divinits senvolent en dtournant la tte de ce

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    champ de carnage. La Mort passe, et fauche avec dlices toutes ces jeunes vies, tous ces

    courages illustres. Agamemnon est la tte des Grecs et sous ses efforts les Troyens

    plient.

    Les exploits de Diomde lui sont un stimulant et les deux chefs rivalisent dardeur.

    Mais soudain Diomde pousse un cri : une flche a perc le lien qui attachait sa

    cuirasse et sest enfonce dans son paule. Il recule, un voile passe devant ses yeux ...

    - Sthnlus, crie-t-il son cuyer qui accourt vers lui, tremblant la vue de tout ce

    sang qui ruisselle, viens arracher le trait qui me dchire et ne tafflige pas. Lide de la

    vengeance me soutient. Je ne mourrai point avant davoir chti laudacieux qui ma

    frapp, - et levant les yeux au ciel - Minerve, implore-t-il, fille de Jupiter, je ne te

    demande quune grce, cest de livrer mes coups le guerrier qui ma bless et qui dj se

    croit sr de ma mort.

    Minerve a cout la prire farouche du hros. Et bientt Pandarus apparat aux

    yeux de Diomde. Cest lui qui lui a dcoch cette flche meurtrire. Croyant son

    adversaire plus dangereusement bless quil ne lest, il sest prcipit sans crainte vers lui

    dans le dessein de lachever et de semparer de ses armes en trophe.

    sa vue Diomde oublie sa plaie sanglante, il assure son glaive dans sa main et

    vole au-devant du Troyen. Des compagnons de Pandarus veulent larrter, mais en vain,

    deux fils de Priam lancent leur char sur lui. Rien ne peut faire obstacle la fureur de

    Diomde.

    - Fils de Tyde, scrie Pandarus qui du haut du char dne o il a pris place veut

    ajouter le sarcasme et la bravade la lutte quil ose engager, ma flche na pu tter la vie.

    Voyons si mes javelots seront plus heureux. Tu toffres leurs coups si gnreusement

    que je men voudrais de dcevoir ton attente.

    Le javelot part, perce le bouclier de Diomde et senfonce dans sa cuirasse.

    - Tu mas manqu, crie le hros avec ddain, tes traits ne sont bons qu ranimer

    les courages. Maladroit ! Dis adieu la vie !

    Son javelot siffle et senfonce dans le visage de Pandarus ; le Troyen tombe sans

    vie.

    Mais ne veut dfendre ses dpouilles, il couvre le cadavre de son corps et de son

    bouclier. Le second javelot de Diomde vient le frapper la cuisse. Aussitt les

    compagnons du Troyen se saisissent du bless et lemportent en courant hors du champ de

    bataille.

    Alors cest une mle confuse autour du corps de Pandarus et du char dne dont

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    les cavales hennissent lugubrement. Agamemnon, Mnlas un peu remis de sa blessure,

    Antiloque et les deux Ajax se sont lancs aux cts de Diomde, cherchant percer en

    son milieu larme ennemie et transformer sa retraite en droute.

    Mais bientt ils reculent leur tour et Diomde se sent le cur glac deffroi car

    devant lui, devant les Grecs qui se flattent dj de la victoire, Hector sest dress.

    Deux intrpides guerriers, Mnasths et Anchialus, expirent ses pieds, abattus par

    son javelot. Les Grecs ne peuvent lutter contre cet ouragan, ils reculent mais sans cesser

    de combattre. De vaillants guerriers, des plus vaillants parmi les Hellnes, marquent

    comme un sillon la course dHector.

    Et voir tomber Trchus, Oresbius et tant dautres braves Botiens, Junon

    commence trembler pour ces Grecs quelle chrit. Elle appelle Minerve.

    - Fille de Jupiter, lui dit-elle, nous avons promis Mnlas quil dtruirait Troie et

    retournerait vainqueur dans sa patrie. Le laisserons-nous sans dfense contre Hector ?

    Attelons les coursiers mon char dor et dairain, arme-toi pour le combat, vts ta cuirasse

    et ton gide, prends en main cette lance qui moissonne les hros. Et toi, Jupiter, pre des

    Dieux, souffre que jaille punir Mars de lappui quil prte aux Troyens. Malgr nous il est

    redescendu dans la sinistre plaine et il marche devant Hector, laidant semer lpouvante

    et la mort dans les rangs des Hellnes.

    Le matre de la foudre a permis aux Desses de descendre parmi les Grecs, et

    Junon, guidant elle-mme ses rapides chevaux, arrive en un instant devant Troie. Elle

    rencontre les Grecs qui fuient toujours plus vite. Afin de se rendre visible leurs yeux elle

    emprunte les traits dun chef hellne plein de vigueur dont la voix est clatante.

    - Lches, crie-t-elle ceux qui reculent. tes-vous des guerriers et ferez-vous croire

    aux Troyens quAchille est le seul Grec qui puisse les affronter? Jusquo irez-vous vous

    cacher? Laisserez-vous lennemi venir vous gorger jusque sur vos vaisseaux ?

    Ces mots enflamment tous les curs, les Grecs se regroupent aux cts des chefs

    hroques qui luttaient pied pied, Agamemnon, Mnlas, Diomde. Ce dernier, tout

    sanglant et puis, monte sur son char. Si ses pieds ne peuvent plus le soutenir il pourra

    cependant ainsi continuer la lutte.

    Junon respire, elle regarde avec complaisance ces guerriers farouches puis,

    redevenue invisible, elle vole jusqu Mars et lui ordonne, au nom du souverain matre, de

    dposer ses armes. Minerve se joint la fille de Saturne (Junon).

    Mars nose pas braver la dfense de Jupiter. Tte basse, attrist dabandonner les

    Troyens chers son cur en un moment dcisif, il suit les Desses qui remontent vers

  • 24

    lOlympe paisible, vers la table de lternel festin.

    En bas, travers le vol blanchtre des nues, les hommes sagitent toujours dans la

    plaine sanglante. Ils sagitent et se tuent, abandonns leur propre fureur.

    Entre les eaux du Xanthe et du Simos les corps passent, entrans par le cours

    rapide des fleuves, et londe est rosie de leur sang.

    Ajax et Diomde font des prouesses et les ennemis tombent autour deux tels on

    voit les pis moissonns samonceler sur le sol chaud de soleil. Leurs cuyers dpouillent

    les ennemis abattus de leurs armures et sur les chars des deux chefs les trophes

    sentassent.

    Mnlas a poursuivi longtemps un chef troyen, Adraste. Son adversaire est enfin

    sa merci. Un cart de ses chevaux la fait tomber de son char aux pieds du fils dAtre.

    - Grce, fait le Troyen en embrassant les genoux de son vainqueur. Si tu

    maccordes la vie tous les trsors du palais de mon pre sont toi. Grce !

    Mnlas se laisse attendrir par cette prire; il appelle son cuyer et lui commande

    de mener le captif jusqu ses vaisseaux, mais Agamemnon sapproche:

    - Malheureux, scrie-t-il avec fureur, que vas-tu faire? Pas un fils de cette Troie ne

    sortira vivant de nos mains. Nous lavons jur. Crains que les Immortels ne te fassent

    payer chrement cet lan de faiblesse.

    Et dun terrible coup de glaive, lAtride te la vie au Troyen.

    Tout autour deux les cris de mort se prolongent en longs chos dans la vaste

    plaine.

    FICHE 2

    SANCE 1 DOMINANTE LECTURE MTHODIQUE

    C. Rpondez aux questions :

    8. Quels sont les indices dune guerre qui commence?

    9. Pourquoi Mnlas veut-il se venger contre Pris?

    10. Pourquoi Hector considre-t-il son frre Pris lche?

    11. Quelle est lattitude dHlne envers Mnlas et envers Pris?

    12. Pourquoi est-ce que les guerriers, comme Pandarus, Ajax et Diomde, par exemple,

    avaient le souci de semparer de larmure des adversaires.

    13. Quelle impression vous faites-vous de Diomde, hros grec?

    14. Quels sont les effets des incitations des chefs des armes sur les actions des guerriers?

  • 25

    D. Argumentez :

    7. partir du texte, dressez le champ lexical de la guerre, y compris les verbes servant

    dcrire les actions typiques la guerre.

    8. voquez le portrait dHlne en vous servant du lexique appropri du texte. Justifiez

    lattitide des personnages principaux et du peuple troyen envers elle.

    9. Observez le lexique servant dcrire Hector et dterminez le portrait moral et

    physique de ce personnage.

    10. Dcrivez les vtements de guerre des soldats grecs et troyens. Quelle en taient les

    fonctions?

    11. Citez les fragments o les dieux interviennent dans la vie des hros antiques. Faites

    ressortir les phrases qui le prouvent. Quelle en est la signification?

    12. Quel est le serment fait entre Agamemnon et Hector?

    13. Justifiez lintrigue qui se dveloppe dans le rcit par rapport au serment fait et viol

    ensuite par les Troyens. Quel en est le lien avec lhonneur? Reprez vos arguments

    laide des citations du texte.

    14. tudiez les actes des langages des incitations du texte et dduisez les valeurs morales

    quils exploitent. (alinas 30, 35, 160, 175, 240, 245, 275).

    FICHE 2

    SANCE 2 DOMINANTE LEXIQUE ET GRAMMAIRE

    Exercice 1. Faites relever du texte les hyponymes de lhypronyme ARME.

    Exercice 2. Dterminez la famille lexicale des mots suivants :

    Flotter ________________________________________________________________________

    Irrsistiblement _______________________________________________________________

    Emprise ______________________________________________________________________

    Arracher ______________________________________________________________________

    Las __________________________________________________________________________

    Gynce______________________________________________________________________

    Vnrer ______________________________________________________________________

    Frissonner ____________________________________________________________________

    Ajuster _______________________________________________________________________

  • 26

    Cavale

    __________________________________________________________________________

    Moissonner

    ______________________________________________________________________

    Sentasser

    ________________________________________________________________________

    Purifier

    __________________________________________________________________________

    Nourricier

    _______________________________________________________________________

    Tumultueux

    ______________________________________________________________________

    Exercice 3. Relevez des dictionnaires les phrasologismes contenant les mots :

    stratagme ___________________________________________________________________

    jaillir _________________________________________________________________________

    vengeance _____________________________________________________________________

    serment _______________________________________________________________________

    se mfier ______________________________________________________________________

    feindre de faire qch _____________________________________________________________

    dchirer ______________________________________________________________________

    plaie _________________________________________________________________________

    manquer ______________________________________________________________________

    dpouille _____________________________________________________________________

    Exercice 4. Expliquez la significatrion des phrasologismes et les expressions suivants :

    aller au-devant de qn ____________________________________________________________

    lever la main sur _______________________________________________________________

    touffer les sanglots _____________________________________________________________

    vivre sous la dpendance de qn ___________________________________________________

    assener un coup sur la tte ________________________________________________________

    sabandonner son destin ________________________________________________________

    chapper la mort ______________________________________________________________

    parer le coup __________________________________________________________________

  • 27

    tramer la mort _________________________________________________________________

    endurer des peines ______________________________________________________________

    donner asile ___________________________________________________________________

    demeurer ptrifi de stupeur ______________________________________________________

    choquer les coupes ______________________________________________________________

    au dfaut de ___________________________________________________________________

    enflammer les courages __________________________________________________________

    pousser des clameurs ____________________________________________________________

    tre de bon augure ______________________________________________________________

    se disputer les dpouilles _________________________________________________________

    tre en dlire __________________________________________________________________

    faire qch son gr ______________________________________________________________

    demander grce ________________________________________________________________

    tre en droute _________________________________________________________________

    dposer les armes _______________________________________________________________

    braver la dfense de qn __________________________________________________________

    tre la merci de qn ____________________________________________________________

    nimbe par sa beaut ____________________________________________________________

    Exercice 5. Reprez dans le texte le lexique qui vise les champs smantico-lexicaux de :

    Le combat

    La tuerie

    Le sacrifice aux dieux

    Exercice 6. Dressez la liste des synonymes des mots suivants :

    Rugir ________________________________________________________________________

    subterfuge _____________________________________________________________________

    frmissant _____________________________________________________________________

    irriter ________________________________________________________________________

    redoutable _____________________________________________________________________

    prsomptueux __________________________________________________________________

    se heurter _____________________________________________________________________

    sjour ________________________________________________________________________

    plier _________________________________________________________________________

    dessein _______________________________________________________________________

  • 28

    se vouloir _____________________________________________________________________

    intrpide ______________________________________________________________________

    taler ________________________________________________________________________

    Exercice 7. Dressez la liste des antonymes des mots suivants :

    Prompt _______________________________________________________________________

    Envelopper ____________________________________________________________________

    Triomphe _____________________________________________________________________

    Festin ________________________________________________________________________

    Parjure _______________________________________________________________________

    Alarmer ______________________________________________________________________

    Repli ________________________________________________________________________

    Affliger ______________________________________________________________________

    Se dresser _____________________________________________________________________

    Recouler ______________________________________________________________________

    Complaisance __________________________________________________________________

    Anxieusement _________________________________________________________________

    Dcevoir _____________________________________________________________________

    Exercice 8. Trouvez dans le texte les synonymes contextuels des mots :

    Jupiter ________________________________________________________________________

    Expirer _______________________________________________________________________

    Soleil ________________________________________________________________________

    Audacieux ____________________________________________________________________

    Monarque _____________________________________________________________________

    Exercice 10. Relevez les syntagmes constitus dun nom et dun adjectif des alinas 35-105.

    Exercice 11. Expliquez les phnomnes grammaticaux partir des phrases suivantes :

    Que ta tendresse et tes soins lui fassent oublier les peines quil vient dendurer pour te

    garder lui.

    Mais il a jur de respecter lissue du combat quelle quelle pt tre.

    Junon et Minerve lont vu aussi; elles sen irritent, mais le pre des Dieux fait taire dun

    geste leurs protestations.

  • 29

    Exercice 12. Relevez les formes du subjonctif prsent et pass. Dterminez-en les valeurs

    smantiques.

    Exercice 13. Expliquez le procd syntaxique dexpression de lmotivit dans les phrases

    suivantes. Trouvez-en dautres dans le texte.

    Combien de sang avait dj rougi les plaines de la Troade pour lamour delle! Quel

    sombre avenir flottait dans les plis de son voile et de sa robe!

    Exercice 14. Faites ressortir du texte toutes les comparaisons, explicites ou implicites, et

    dterminez leur valeur stylistique.

    FICHE 2

    SANCE 3 DOMINANTE EXPRESSION ORALE ET CRITE

    4. Exprimez votre opinion :

    Hector a hsit un instant sur la conduite tenir, mais lamour de sa patrie

    lemporte sur la foi dun serment fait des ennemis et il se met la tte de

    larme.

    5. Commentez :

    Tous les chefs grecs descendent de leur char avec respect la vue du vieux roi.

    La Discorde au front sauvage sest lance au milieu des guerriers et elle appelle

    grands cris le carnage et la mort.

    La Mort passe et fauche avec dlices toutes ces jeunes vies, tous ces courages

    illustres.

    6. Faites ressortir du texte linformation encyclopdique concernant :

    le statut de la femme de lAntiquit.

    Comparez-la la femme moderne. Faites ressortir les avantages et les dsavantages,

    sil est pertinent. Argumentez vos opinions laide des exemples et du vocabulaire

    appropris.

    7. Dcrivez le rituel dimmolation ddi aux dieux par les Antiques. Quelle en tait la

    procdure et dans quelles circonstances on la pratiquait?

  • 30

    CHANT III

    LES ADIEUX DHECTOR

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    Dans le temple de Minerve montent les prires et les supplications : les femmes

    troyennes implorent la Desse de la guerre ; elles lui ont apport en offrande un voile tiss dor

    et de pourpre quelles ont pos sur ses genoux. Puis, avec des cris douloureux, elles ont lev

    les mains vers Minerve:

    - protectrice de nos murs, ont-elles dit, prends piti de nous. Dsarme les Grecs,

    renverse Diomde et nous timmolerons douze gnisses dun an. Sois-nous favorable ...

    Tandis que ces vux inutiles slvent vers linexorable desse, Hector est rentr dans la

    ville. Il cherche Pris. Il ne la point vu dans la mle depuis que le lche a fui au milieu de son

    duel avec Mnlas. Et pour le trouver il entre dans le palais de son frre.

    Le hros hausse les paules avec ddain en contemplant le luxe inou de cette demeure

    o les plus clbres artistes dAsie ont accumul leurs uvres. Lor et largent tincellent dans

    chaque salle.

    - O es-tu, Pris ? clame Hector en marchant grands pas travers le palais. O te

    caches-tu, alors que nous luttons pour toi et que le plus pur sang troyen rougit le sol ?

    Laisseras-tu donc lincendie que tu as allum dvorer Troie et nous tous avec elle sans joindre

    ton effort au ntre? Malheureux !

    Pris est devant lui, ple et honteux.

    - Jai mrit tes reproches, mon frre, dit-il. Mais vois, je mapprtais pour le combat, je

    fourbissais mon armure et mon arc. Je vais te rejoindre devant les remparts dans un instant.

    Hector ne daigne pas rpondre son frre, il se tourne vers Hlne qui sest approche de

    lui.

    - Ma sur, lui dit-il, veille ce que Pris ne tarde pas trop venir prendre sa part des

    dangers communs. Non, je ne puis demeurer ici davantage, ajoute-t-il doucement en voyant la

    jeune femme prparer pour lui quelques rafrachissements, je ne dois pas connatre de repos

    tant que les Troyens auront besoin de moi, et je voudrais embrasser Andromaque et mon fils.

    Hlas! peut-tre bientt ne les reverrai-je plus. Les Dieux ont sans doute dcid ma mort.

    Hlne soupire. Elle presse la main dHector avec affection.

    - Mon frre1, dit-elle timidement, par grce, trempe tes lvres dans cette coupe. Tant de

    fatigues tont altr. Pardonne-moi ces maux et ces prils dont je suis la cause involontaire. Si

    du moins Pris souffrait seul avec moi des malheurs dont il est responsable. Mais tu le vois, il

    1 C'est ici une simple marque d'affection.

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    nest courageux que dans un gynce parmi des femmes et des esclaves.

    Hlne et Hector regardent Pris avec mpris.

    - Rejoins-moi donc vite, fait durement Hector.

    La bataille est indcise, nos guerriers sont las. Il nous faut donner lexemple. Hector

    slance hors du palais. Il brle dimpatience dembrasser ceux quil aime.

    - O est Andromaque? demande-t-il sa vieille nourrice qui en le voyant sest jete ses

    genoux et les arrose de pleurs. Est-elle dans notre demeure ou au temple de Minerve avec

    toutes les Troyennes ?

    - Elle est sur le rempart avec son fils; le bruit a couru que les Grecs triomphaient. Elle a

    voulu se rendre la porte Sce2 pour ...

    Mais Hector ncoute plus, il court, il vole vers la porte. Bientt il aperoit Andromaque

    qui, penche sur le rempart, cherche fivreusement distinguer le char de son poux parmi la

    poussire qui slve du champ de bataille. Dans les bras de sa nourrice, le petit Astyanax agite

    les mains en riant tout ce bruit qui se fait l-bas dans la plaine.

    Hector sarrte un instant pour contempler ce tableau dont nul artiste ne pourrait rendre

    la grce douloureuse. Cette belle jeune femme au visage anxieusement tendu, ce petit enfant

    dont linsouciance joyeuse rend plus poignante lattente de sa mre.

    - Bien-aims! soupire le hros.

    Andromaque sest retourne; elle pousse un cri de joie dlirante ; elle saccroche son

    poux, froissant ses mains et sa bouche sur la dure cuirasse. Elle sanglote de bonheur, sa tte

    blonde sur lpaule dHector.

    - Te voil! dit-elle avec enivrement. Que je tai cherch et attendu! Je ten prie, ne ten

    va plus. Quel bien peut sortir pour nous de ces combats loin de nos remparts ? Reste ici sur

    cette tour, ta prsence y est ncessaire. Si, je tassure. plusieurs reprises les Ajax3, les

    Atrides4 et Diomde ont tent de souvrir un chemin de ce ct. Ils savent peut-tre que cette

    partie du rempart est la plus faible. Cher poux, tu vois que sans sortir de Troie, tu peux la

    dfendre.

    Hector sourit de ce conseil, il serre tendrement la tte leve vers lui.

    - La guerre nest pas un simple jeu, dit-il, et si les chefs et les princes ne donnaient pas

    lexemple et ne paraissaient pas les premiers au danger, quelle honte ! Ne crois pas cependant

    que mon esprit soit loin de toi, mme dans ces terribles moments o la mort frappe de toutes

    2 La porte Sce constitue la sortie occidentale, dans les remparts de Troie, qui donne sur la plaine o se droulent

    les combats. 3 Le grand Ajax et le petit Ajax, deux hros de la mythologie gracque

    4 Famille de la mythologie grecque maudite par les dieux.

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    parts. Chre Andromaque, si je lutte cest moins, je te lavoue, pour la gloire de mon pre, pour

    lintgrit de son royaume et la vie de tous les Troyens que pour toi et pour notre fils. Devant

    mes yeux passe cette image de mon Andromaque captive et dsespre, tournant le fuseau,

    puisant leau des fontaines sous les ordres dune matresse imprieuse. Et jentends les Grecs

    dire avec ironie: Voil la femme dHector, de ce guerrier fameux qui guidait les Troyens

    quand nous combattions sous les murs dIlion. Atroce image! Ah ! plutt que de voir mon

    Andromaque se dbattre sous la main dun ennemi sanglant, puiss-je tre enseveli dans la

    tombe !

    Andromaque sanglote, la bouche colle la main de son poux.

    - Si je dois te survivre, dit-elle, toi qui es tout pour moi, sache que mes jours et mes

    nuits se passeront te pleurer.

    Un instant les deux poux, serrs lun contre lautre, voquent en silence les sombres

    jours venir. Le mme affreux pressentiment treint leur cur.

    Hector se domine enfin et se tourne vers lenfant que lui tend la nourrice. Mais le petit

    Astyanax est effray par le casque imposant du guerrier, par le grand panache noir que la brise

    fait flotter sur ses paules, et tout criant, il se rejette sur le sein de lesclave.

    - Pauvre enfant, dit Andromaque qui sourit au milieu de ses pleurs, lui aussi sent que la

    guerre va te prendre nous.

    Hector pose terre ce casque si effrayant et prend lenfant dans ses bras. Il le regarde

    avec tendresse et gravit. Puis, levant les yeux au ciel:

    - Dieux, dit-il, faites que mon fils me ressemble ! Quen le voyant entrer dans nos

    murs, charg des dpouilles de lennemi, on dise un jour: il est encore plus vaillant que son

    pre.

    Il couvre son fils de baisers, puis, remettant lenfant entre les bras dAndromaque, il les

    serre tous deux longuement contre lui. La jeune femme comprend que cette treinte est celle de

    ladieu, elle dfaille.

    - Chre pouse, dit Hector en tchant daffermir sa voix, lche ou brave, nul ne se drobe

    sa destine. Rentre dans ton palais. Je vais faire mon devoir.

    Et tandis quAndromaque, secoue de sanglots, le regarde sloigner avec dchirement,

    le hros traverse les groupes attrists de femmes et de vieillards. la porte Sce, une main tout

    coup se pose sur son paule. Cest Pris qui la rejoint, selon sa promesse. Le courage et

    laudace brillent dans ses yeux. Hector en est rassrn. Il oublie les torts de son frre, les

    humiliations quil lui doit depuis tant dannes quil entend les Troyens maudire la lchet du

    jeune prince, et mettant sa main dans la sienne :

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    - Allons vaincre ou mourir ensemble, dit-il. Tous deux slancent dans la plaine.

    leur aspect, les Troyens qui taient fatigus de lutter sentent renatre leur espoir. Deux

    chefs grecs sont les premires victimes dHector et de Pris et la bataille reprend de plus belle.

    Du haut de lOlympe, les Dieux sapitoient sur tant de morts; dun commun accord, ils

    dcident dinspirer aux hommes un autre moyen de vider leur sanglante querelle. Ils

    choisissent Hlnus, un des cinquante enfants de Priam, pour tre leur interprte. Celui-ci court

    Hector et le persuade de sparer les Troyens et les Grecs en dfiant en combat singulier le

    plus brave des ennemis.

    Hector accepte cette proposition et, agitant sa main en lair, il slance au milieu des

    deux armes.

    - coutez, Grecs, crie-t-il, il est parmi vous dillustres guerriers. Quel est celui qui veut

    lutter seul seul contre Hector ? Si je succombe mes armes seront lui, si je triomphe les

    siennes mappartiendront, mais nos corps feront retour aux ntres afin que nos deux peuples

    puissent faire leurs champions des funrailles dignes deux. Qui va lutter contre moi?

    Les chefs grecs se regardent, hsitants. La valeur dHector les effraie.

    - Ne se trouvera-t-il personne pour accepter ce dfi et le relever? fait douloureusement le

    vieux Nestor.

    Mais Mnlas a devanc ces mots.

    - Si aucun nose affronter Hector, dit-il, me voil. Aussitt neuf chefs slancent et parmi

    eux Agamemnon, Diomde, Ulysse, les deux Ajax. Et tous se disputent lhonneur de combattre

    Hector.

    - Tirons au sort, conseille le sage roi de Pylos, et que Jupiter daigne favoriser Ajax ou

    Diomde.

    On a suivi le conseil de Nestor et le sort dsigne Ajax. Celui-ci est ivre de joie et

    dorgueil, et tandis que les Grecs implorent Jupiter en sa faveur, Ajax slance dans larne o

    lattend Hector. Les deux hros sinvectivent:

    - Ne cherche point meffrayer comme un enfant timide, je connais la guerre, crie

    Hector.

    - Viens apprendre quels vengeurs restent la Grce. Il est parmi nous mille rivaux dignes

    de toi, proclame Ajax qui savance labri de son vaste bouclier.

    Hector frappe le premier. Il lance son javelot de toutes ses forces mais sans russir

    percer le bouclier du Grec. Ajax riposte et son javelot senfonce dans la cuirasse de son

    adversaire, sans atteindre la chair toutefois.

    - la lance! crie Hector, et il slance, mais le bouclier a par le coup. Lcu du Troyen,

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    moins impntrable, est perc par la riposte du Grec. Hector atteint la gorge chancelle,

    pourtant il nabandonne pas le combat, il saisit une norme pierre quil balance au-dessus de sa

    tte et la lance dans le bouclier de son ennemi.

    Ajax a mis lpe la main, Hector a tir la sienne, le corps corps menace dtre sans

    merci. Quoi, les plus vaillants dentre les combattants vont donc sentretuer ? Obissant au

    secret mouvement de sparer les adversaires, les dieux tendent sur eux leur sceptre pacifique.

    - Voici la nuit, disent-ils, il faut la respecter. Tous tant que nous sommes vous

    proclamons dgale valeur. Ne combattez plus.

    Ajax se tourne vers Hector pour indiquer que cest lui de dcider si le combat doit tre

    continu ou non. Hector lui tend la main.

    - Obissons la voix des Dieux, dit-il gravement. Un jour prochain nous reprendrons

    cette lutte jusqu la mort de lun de nous. Accepte en tmoignage de mon estime cette pe et

    ce baudrier brod dor. Que tous ceux qui nous ont vu combattre puissent dire : Ils luttrent

    avec fureur, ils se sparrent amis .

    Ajax fait prsent Hector dune pe et dun baudrier aux riches couleurs, puis tous

    deux rentrent dans leurs lignes. Ajax, le front haut, va sasseoir sous la tente dAgamemnon et,

    aprs avoir immol Jupiter un taureau de cinq ans, il prend part au grand festin qui runit

    tous les chefs grecs.

    L, tous dcident de consacrer la journe du lendemain enterrer solennellement leurs

    morts et dlever, pour dfendre leur camp et leurs vaisseaux, une muraille et des tours perces

    de portes et prcdes dun large et profond foss.

    Le conseil des Grecs dure toute la nuit. Au retour de laurore, lheure o ils vont se

    sparer, on leur annonce la venue dun hraut des Troyens.

    - Quil entre! fait lAtride tonn.

    Le hraut savance et porte, en un salut, la main ses lvres et son cur.

    - Grecs, dit-il, prtez loreille ma voix. Priam et les Troyens me chargent de leurs

    propositions de paix. Tous les trsors que Pris enleva de Grce pour les apporter Ilion vous

    seront remis en mme temps que beaucoup dautres, mais nous garderons Hlne ...

    - Vous la garderez jusquau jour o nous irons nous-mmes la reprendre dans Troie

    embrase, scrie Diomde avec fougue, et ce jour est proche, je le sens, vos propositions en

    sont lindniable signe. Pour ce qui est des trsors, gardez-les.

    Tous les chefs grecs applaudissent Diomde, et Agamemnon ajoute :

    - Tu entends notre rponse, hraut ? va la rapporter aux Troyens. Dis-leur en outre que

    sils y consentent nous emploierons tous cette journe rendre les hommages suprmes aux

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    guerriers que nous avons perdus ...

    Tout le jour, les deux peuples vont, viennent, se mlant dans la plaine; ils cherchent,

    parmi les monceaux de cadavres sanglants et dchirs, reconnatre les leurs. Dans un lugubre

    silence, la funbre besogne saccomplit, et lheure o les obliques rayons du soleil dorent le

    sommet des montagnes, les flammes des premiers bchers slvent. Jusqu la nuit, les

    gmissements retentissent autour des brasiers ; puis, quand le feu a dvor les restes des

    vaillants, Troyens et Grecs regagnent tristement, les uns leurs remparts, les autres leurs

    vaisseaux.

    - Au travail! a command lAtride aux Hellnes ; et laube ne rosit pas encore les champs

    que toute larme grecque, lexception dAchille et des siens, sempresse ldification des

    murailles de dfense.

    Ils ont mis tant de hte et dardeur leur besogne quune journe leur a suffi pour

    lachever: les murailles, les tours, le foss quentoure une forte palissade protectrice leur

    inspirent un sentiment de scurit encourageante ; le festin du soir en est plus joyeux, le

    sommeil de la nuit plus calme, et quand laurore suivante apparat, toute rose dans le ciel, il

    semble aux Grecs que ce jour qui commence va leur apporter la rayonnante victoire.

    Ils se trompent : assis sur le mont Ida, tenant en main sa balance dor, Jupiter a plac

    dans les plateaux le sort des Troyens et celui des Grecs. Or le sort fatal des Grecs charg de

    mort et de dfaite pse plus lourd que celui des Troyens. Malgr les prouesses et les

    souffrances de leurs chefs, le soleil qui luit sur les Hellnes est, pour beaucoup dentre eux, le

    dernier soleil.

    Et la bataille recommence, ardente, atroce5 ; le tumulte du carnage dpasse en horreur

    celui des jours prcdents: les hommes nont pris des forces que pour mieux sentretuer.

    Jupiter soupire et dtourne la tte avec douleur. Puis il fait gronder son tonnerre. Ce jour doit

    tre fatal aux Grecs, il lance sur eux la foudre et les clairs.

    Les chevaux, dans la plaine, se cabrent, pouvants ; ils fuient au hasard sans obir la

    main de leurs conducteurs. Les chars saccrochent les uns aux autres. Celui de Nestor est

    renvers et le vieux roi serait en pril si Diomde ne volait son secours.

    - Vnrable Nestor, dit-il en arrtant ses chevaux et offrant sa main au vieillard, monte

    dans mon char auprs de moi. Tu tiendras les rnes tandis que je combattrai. Je veux attaquer

    Hector. Si Jupiter a dcid notre perte aujourdhui, ce ne sera pas au moins sans avoir

    combattu que je descendrai au royaume des ombres.

    Nestor monte auprs du hros et, laiguillon dans la main, il guide le char contre celui

    5 On suggre lenseignant de partager ce texte en deux parties, la deuxime commencer par lalina 180.

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    dHector. Diomde lance ses javelots dans les rangs des Troyens et fait le vide devant lui, mais

    tout coup la foudre tombe aux pieds de ses chevaux. Hennissant, affols, ils font un bond en

    arrire.

    - Pique-les de ton aiguillon, sage Nestor, crie Diomde qui se prpare lancer un

    nouveau javelot. Hector nest pas loin. Avanons!

    - Non, Diomde, fait le vieux roi de Pylos, fuyons au contraire. Cette foudre qui tombe

    est une preuve que Jupiter combat contre nous. Il nest pas de mortel qui puisse lutter contre sa

    volont suprme. Qui sait ? cette victoire quil donne aujourdhui nos ennemis, il nous la

    donnera demain peut-tre.

    Des larmes de rage jaillissent des yeux de Diomde. Fuir devant Hector ! Quel dsespoir

    et quelle honte ! mais le sage Nestor a parl et le fils de Tyde ne peut quapprouver son

    conseil. Le char vole, vers les vaisseaux grecs cette fois, entranant derrire lui les fantassins

    perdus.

    Ce nest plus une retraite, cest une fuite, une droute pleine de panique. Nestor en a le

    cur dchir. Par trois fois, sur la prire de Diomde, il tente de faire tourner bride ses

    chevaux, de les ramener vers lennemi qui savance triomphant, linjure et lironie la bouche,

    mais par trois fois, la foudre tombe devant eux. Et sans plus rsister la colre de Jupiter, les

    Grecs courent chercher un abri derrire les murailles que la sagesse et la prudence de lAtride

    leur ont fait difier la veille.

    Hector exulte; ses javelots lancs sur la masse des fuyards y creusent des troues

    sanglantes. De la voix, il anime ses chevaux :

    - Courez, courez, leur dit-il. Ma chre Andromaque vous nourrit de sa main, montrez-

    vous donc empresss servir lpoux quelle aime. Que grce votre vitesse je puisse

    rejoindre laudacieux Diomde, lui arracher cette cuirasse que Vulcain6 a forge pour lui et en-

    lever Nestor son prcieux bouclier. Cette nuit mme, nous forcerons les Grecs sur leurs

    vaisseaux.

    Les cris dHector pressent les Troyens. Les Grecs se prcipitent dans leur enceinte de

    dfense comme des moutons perdus que la tempte fait fuir vers ltable. Si Agamemnon,

    terrible et suppliant tour tour, ne se dressait devant les fuyards pour leur faire honte de leur

    terreur, les Troyens ne rencontreraient devant eux aucune rsistance. Mais la voix de

    lAtride, les chefs grecs se sont ressaisis