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5 actualités Actualités pharmaceutiques n° 517 Juin 2012 ciens réagissent, 3 000 à 4 000 emplois devraient être perdus, ce qui n’est que le prolongement de la tendance actuelle, notamment des petites officines, dont la démographie décroît depuis 15 ans. Dans le cas pessimiste, où les offici- naux subissent et restent passifs, 10 à 12 000 postes devraient disparaître. Effec- tivement, il est probable que les petites équipes, de moins de cinq personnes, manquent de ressources pour s’investir dans les nouvelles missions. Je plaide donc pour un modèle plus important et je pense qu’il faut explorer le chantier de la réorganisation de la mise en place de chaque mission nouvelle. Il y a de l’espace à trouver dans les nouvelles missions et dans le fonctionnement actuel, comme la diététique, la dermocosmétique… ce qui demande un minimum d’espace et de personnel. AP : Quelle analyse effectuez-vous de la profession de préparateur aujourd’hui ? Quelle évolution sera la sienne selon vous ? RD : Il n’est pas possible d’imaginer une place renforcée sans une évolution du diplôme et notamment un passage à 3 ans, comme cela a été accordé aux infirmières. Je pense qu’un système type licence professionnelle serait adapté, tout en conservant l’alternance. La profession reste assez contradictoire sur le sujet, entre son désir d’avoir des préparateurs mieux formés et le fait de redouter une incidence salariale. Elle souhaite aussi garder le contrôle via les centres de forma- tion des apprentis (CFA). Les branches ont tendance à vouloir tout intégrer dans la formation initiale, or je pense qu’il faudra maintenir une part importante de forma- tion continue pour les préparateurs. Propos recueillis par Sébastien Faure Maître de conférences des universités Faculté de pharmacie, Angers (49) [email protected] Notes 1. Pharmacies d’officine : portrait de branche. Mars 2012. http://www.observatoire-metiers-entreprises-liberales. fr/fichiers_utilisateurs/fichiers/statistiques/ETUDES/ ETUDES%20THEMATIQUES/SANTE/PHARMA/2012/ PSB%20pharmacie%20publi%C3%A9.pdf 2. Arrêté du 4 mai 2012 portant approbation de la convention nationale organisant les rapports entre les pharmaciens titulaires d’officine et l’assurance maladie. JORF 6 mai 2012. Le grand public pense souvent que les plantes sont dénuées d’effets indésirables. Or, il s’agit bien de substances acti- ves potentiellement dangereu- ses en cas d’usage inadapté. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient d’inter- dire l’utilisation de 3 plantes et de 26 substances actives dans les préparations à visée amai- grissante réalisées en phar- macie 1 . Une enquête menée en 2006-2007 avait montré qu’un tiers des préparations magistrales étaient prescrites dans un but d’amaigrissement. L’Ordre national des pharma- ciens indique, dans un commu- niqué en date du 21 mai 2012, qu’il relaiera cette décision auprès des pharmaciens. Par ailleurs, l’Ordre, qui souhai- tait que les textes en faveur des préparations à base de plantes réalisées en officine soient clarifiés, se réjouit de l’avis publié au Journal Officiel du 2 mai 2012 qui soumet à enquête publique deux projets de monographies de la Pharmacopée française relatifs aux tisanes et mélanges pour tisanes pour préparations offi- cinales 2 . E.D. Notes 1. Point d’information du 10 mai 2012. www.ansm.sante.fr 2. www.legifrance.gouv.fr L’ Agence nationale de sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé (ANSM) a succédé, tout début mai, à l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) 1 . La création de cette agence avait été annoncée par la loi du 29 décem- bre 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé dont elle consti- tuait une des principales mesures à la suite du scandale du Mediator ® . Placé sous la tutelle du ministère chargé de la Santé, l’ANSM a repris les missions, les obligations et les compétences exercées par l’Afssaps. De nouvelles responsabilités lui ont été cependant confiées, notamment dans le domaine de la recherche, des études de suivi des patients et du recueil des données d’efficacité et de tolérance, et de l’encadrement des recommanda- tions temporaires d’utilisation (RTU). Le professeur Dominique Maraninchi, qui était directeur général de l’Afssaps depuis février 2011, en a été nommé directeur général. Il présentera, en juillet prochain, les grands axes de la stratégie de l’ANSM au conseil d’administration. Le site de l’agence en a profité pour adop- ter une nouvelle charte graphique 2 . Élisa Derrien Notes 1. Décret n° 2012-597 du 27 avril 2012 relatif à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. JORF n° 0102 du 29 avril 2012, p. 7653. www.legifrance.gouv.fr 2. www.ansm.sante.fr Sécurité sanitaire Création de l’Agence nationale de sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé © DR Préparation Les plantes ne sont pas anodines

Création de l’Agence nationale de sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé

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Page 1: Création de l’Agence nationale de sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé

5 actualités

Actualités pharmaceutiques n° 517 Juin 2012

ciens réagissent, 3 000 à 4 000 emplois devraient être perdus, ce qui n’est que le prolongement de la tendance actuelle, notamment des petites officines, dont la démographie décroît depuis 15 ans. Dans le cas pessimiste, où les offici-naux subissent et restent passifs, 10 à 12 000 postes devraient disparaître. Effec-tivement, il est probable que les petites équipes, de moins de cinq personnes, manquent de ressources pour s’investir dans les nouvel les missions. Je plaide donc pour un modèle plus important et je pense qu’il faut explorer le chantier de la réorganisation de la mise en place de chaque mission nouvelle. Il y a de l’espace à trouver dans les nouvelles missions et dans le fonctionnement actuel, comme la diététique, la dermocosmétique… ce qui

demande un minimum d’espace et de personnel.

AP : Quelle analyse effectuez-vous de la

profession de préparateur aujourd’hui ?

Quelle évolution sera la sienne selon

vous ?

RD : Il n’est pas possible d’imaginer une place renforcée sans une évolution du diplôme et notamment un passage à 3 ans, comme cela a été accordé aux infirmières. Je pense qu’un système type licence professionnelle serait adapté, tout en conservant l’alternance. La profession reste assez contradictoire sur le sujet, entre son désir d’avoir des préparateurs mieux formés et le fait de redouter une incidence salariale. Elle souhaite aussi garder le contrôle via les centres de forma-

tion des apprentis (CFA). Les branches ont tendance à vouloir tout intégrer dans la formation initiale, or je pense qu’il faudra maintenir une part importante de forma-tion continue pour les préparateurs. �

Propos recueillis par Sébastien Faure

Maître de conférences des universités

Faculté de pharmacie, Angers (49)

[email protected]

Notes1. Pharmacies d’officine : portrait de branche. Mars 2012.

http://www.observatoire-metiers-entreprises-liberales.

fr/fichiers_utilisateurs/fichiers/statistiques/ETUDES/

ETUDES%20THEMATIQUES/SANTE/PHARMA/2012/

PSB%20pharmacie%20publi%C3%A9.pdf

2. Arrêté du 4 mai 2012 portant approbation de la

convention nationale organisant les rapports entre les

pharmaciens titulaires d’officine et l’assurance maladie.

JORF 6 mai 2012.

Le grand public pense souvent que les plantes sont dénuées d’effets indésirables. Or, il s’agit bien de substances acti-ves potentiellement dangereu-ses en cas d’usage inadapté.L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient d’inter-dire l’utilisation de 3 plantes et

de 26 substances actives dans les préparations à visée amai-grissante réalisées en phar-macie1. Une enquête menée en 2006-2007 avait montré qu’un tiers des préparations magistrales étaient prescrites dans un but d’amaigrissement.L’Ordre national des pharma-ciens indique, dans un commu-

niqué en date du 21 mai 2012, qu’il relaiera cette décision auprès des pharmaciens.Par ailleurs, l’Ordre, qui souhai-tait que les textes en faveur des préparations à base de plantes réalisées en officine soient clarifiés, se réjouit de l’avis publié au Journal Officiel du 2 mai 2012 qui soumet

à enquête publique deux projets de monographies de la Pharmacopée française relatifs aux tisanes et mélanges pour tisanes pour préparations offi-cinales2. � E.D.

Notes1. Point d’information du 10 mai 2012.

www.ansm.sante.fr

2. www.legifrance.gouv.fr

L’ Agence nationale de sécurité

sanitaire du médicament et

des produits de santé (ANSM)

a succédé, tout début mai, à l’Agence

française de sécurité sanitaire des

produits de santé (Afssaps)1.

La création de cette agence avait

été annoncée par la loi du 29 décem-

bre 2011 relative au renforcement de

la sécurité sanitaire du médicament et

des produits de santé dont elle consti-

tuait une des principales mesures à la

suite du scandale du Mediator®.

Placé sous la tutelle du ministère

chargé de la Santé, l’ANSM a repris

les missions, les obligations et les

compé tences exercées par l’Afssaps.

De nouvelles responsabilités lui ont été

cependant confiées, notamment dans

le domaine de la recherche, des études

de suivi des patients et du recueil des

données d’efficacité et de tolérance, et

de l’encadrement des recommanda-

tions temporaires d’utilisation (RTU).

Le professeur Dominique Maraninchi,

qui était directeur général de l’Afssaps

depuis février 2011, en a été nommé

directeur général. Il présentera, en juillet

prochain, les grands axes de la stratégie

de l’ANSM au conseil d’administration.

Le site de l’agence en a profité pour adop-

ter une nouvelle charte graphique2.

Élisa Derrien

Notes1. Décret n° 2012-597 du 27 avril 2012 relatif à

l’Agence nationale de sécurité du médicament et des

produits de santé. JORF n° 0102 du 29 avril 2012,

p. 7653. www.legifrance.gouv.fr

2. www.ansm.sante.fr

Sécurité sanitaire

Création de l’Agence nationale de sécurité sanitaire

du médicament et des produits de santé

© D

R

Préparation

Les plantes ne sont pas anodines