D’après l’œuvre de James Matthew Barrie.

Dans une maison, d’un quartier tranquille de Londres, vivaient Monsieur et Madame Darling avec leur fille Wendy et leurs fils Michel et Jean.

Leur bonne grosse chienne Nana était devenue la nurse des enfants. Très patiente, elle laissait ses petits protégés rêver et s’amuser autant qu’ils le souhaitaient, sans jamais les gronder.

Ce soir-là, Monsieur et Madame Darling étaient obligés de laisser leurs enfants seuls car ils allaient au théâtre. Monsieur Darling tempêtait :

- Où est passé ma cravate ? Wendy, tu ne l’as pas vue ?

Sa fille ne l’entendait pas ; elle était trop occupée à conter une des histoires de son héros préféré Peter Pan à ses frères !

Elle disait qu’il vivait au pays imaginaire, un pays peuplé d’indiens, de fées… quand Monsieur Darling entra dans leur chambre, Michel et Jean mimaient un duel entre Peter pan et son ennemi juré, le Capitaine Crochet.

Enervé par la perte de sa cravate, leur papa se mit en colère et hurla :

- Encore ces histoires à dormir debout, Wendy ! Quand donc deviendras-tu adulte et cesseras-tu de croire à ces fables ? J’en ai assez ! Tu vas dormir seule comme une grande fille et je t’interdis de parler davantage de Peter Pan ! Quant à toi, Nana, viens, tu monteras la garde dehors !

Sur ces mots, Monsieur Darling rejoignit sa femme et ils partirent à leur soirée.

Quand les enfants furent endormis, un drôle de garçon pénétra dans leur chambre.

Il se livrait à un étrange manège. Il ouvrait les coffres à jouets, regardait sous les commodes et les lits d’un air affairé. Une petite jeune fille blonde et ailée, aussi minuscule qu’une libellule, l’accompagnait.

Alors qu’elle entrait dans un tiroir, elle émit un léger bruit, pareil à celui d’une clochette. Ce tintement était le langage de ce ravissant personnage.

- Tu as trouvé mon ombre, Clochette ? murmura le garçon. Bravo ! Tu es une fée merveilleuse ! Sortons-la maintenant !

Quelle difficile entreprise ! L’ombre se tordait, s’allongeait, glissait… Au moment où il réussissait enfin à l’attraper, Wendy s’éveilla.

- Peter Pan ? s’écria-t-elle. Tu es bien comme je me l’imaginais ! Que fais-tu ?

- Je m’en vais, dit Peter Pan. Je cherchais mon ombre que Nana avait dérobée.

- Non, attends ! dit Wendy. Tu es fâché à cause de Nana ? Tu sais, je l’ai grondée quand je l’ai vue avec cette ombre dans la gueule. C’est étrange, je ne te connaissais pas, mais j’ai deviné qu’elle t’appartenait. Alors je l’ai rangée avec soin. Tu devrais la coudre pour éviter de la perdre une seconde fois. Si tu veux, je peux le faire pour toi.

- Quelle pipelette ! Tais-toi et couds ! cria Peter.

Mais Wendy ne se laissa pas intimider, trop heureuse de parler à son héros !

- Dis-moi, Peter, quand donc Nana a-t-elle arraché ton ombre ?

- Quand j’écoutais tes histoires, assis sur le rebord de la fenêtre.

- Comment peuvent-elles t’intéresser si tu en es le héros ?

- Justement, c’est pour cela qu’elles me plaisent ! expliqua Peter.

Wendy ayant fini son ouvrage, Peter Pan fit quelques pirouettes pour vérifier si les coutures tenaient.

- Hélas ! Plus jamais tu ne viendras écouter mes fables, soupira Wendy. Mon père veut que je grandisse. Dès demain, je devrais être sage. Alors je t’oublierai !

- Mais c’est affreux ! Viens au pays imaginaire ! Là, tu ne vieilliras jamais.

Ravie, Wendy accepta sans hésiter et réveilla ses frères pour qu’ils la suivent. Une fois remis de son émotion, Michel demanda :

- Comment fait-on pour aller dans ce pays ?

- En volant ! répondit Peter. C’est très simple : pensez très fort à des choses merveilleuses ! Clochette va vous saupoudrer de poudre magique pour vous aider.

Clochette ronchonnait, car elle ne voulait pas de Wendy dans son pays. Elle désirait garder Peter Pan pour elle seule. Mais, malgré sa jalousie, elle dû obéir à son ami. Aussitôt Peter Pan, la fée

Clochette et les enfants sortirent…par la fenêtre et s’envolèrent dans le ciel de Londres.

Cependant, dans une paisible baie du Pays Imaginaire, l’humeur était moins joyeuse. Là, un bateau de pirates était ancré depuis des jours et des jours. Tout son équipage s’ennuyait à mourir et ne rêvait que de participer à de grandioses batailles navales.

Mais pour leur capitaine, le redoutable Capitaine Crochet, tous ces doux songes n’étaient que bagatelle ! Du plus profond de son âme noire, il n’aspirait qu’à se venger cruellement de son ennemi juré, Peter Pan. En effet, lors d’un combat à la loyal, Peter lui avait tranché la main gauche, puis l’avait jetée en pâture à un crocodile. A partir de ce jour, un crochet de fer avait remplacé sa main, ce qui lui avait valu son surnom.

Et ce n’est pas tout : depuis ce malheureux évènement, le crocodile, qui avait beaucoup apprécié la chair racornie du capitaine, le poursuivait partout dans l’espoir de le dévorer tout entier. Il était difficile pour Crochet d’oublier sa présence, car le monstre avait aussi avalé un réveil, et il ne se déplaçait qu’en faisant tic-tac, tic-tac ! Ce soir-là, le Capitaine Crochet pestait une fois de plus contre ce damné crocodile, qui le guettait bruyamment. Mouche, le cuisinier du bord, tentait vainement de le chasser.

Soudain, un marin cria :- Peter Pan et d’autres

petits enfants en vue !

- Branle-bas de combat !

Chargez le canon ! hurla aussitôt Crochet.Michel ouvrit son parapluie et essaya de s’en servir comme d’un bouclier face aux boulets de canon. Peter ne perdit pas son sang froid.

- Ah ! Voici le bel accueil qu’on me réserve ! dit-il. Clochette, conduis les enfants au repaire pendant que je distrais ces crétins.

La diversion réussie, Peter rejoignit ses amis dans sa chambre souterraine, creusée sous un vieux chêne, l’Arbre du Pendu.

Là vivaient les Garçons Perdus. Ces garçons ressemblaient à des peluches, de ces grosses peluches que l’on aime à dorloter…Mais il ne fallait pas s’y tromper ; ces petits sauvages n’avaient jamais été chouchoutés !

Jean et Michel s’amusaient déjà avec eux. Mais Peter Pan était impatient de montrer son domaine à ses nouveaux amis.

- Emmenez Michel et Jean chez les Indiens, leur dit Peter. Moi, je vais chez les Sirènes avec Wendy.

Clochette resta toute seule, mille fois plus jalouse qu’auparavant.

Arrivée à la lagune des Sirènes, Wendy crut rêver.

Jamais elle n’avait vu de spectacle plus merveilleux ! De belles sirènes se lavaient dans l’eau claire, en chantant de leurs voix cristallines. Des fleurs marines ornaient leurs longs cheveux, comme de magnifiques bijoux.

Wendy serait restée des heures à les contempler avec ravissement si Peter Pan ne s’était soudain exclamé :

- Regarde, Wendy ! L’homme dans cette barque, c’est le Capitaine Crochet ! Quel mauvais coup peut-il bien préparer encore ?

Peter Pan bondit de roche en roche pour s’approcher de l’embarcation. Crochet, debout, y pestait contre Mouche qui ne ramait pas assez vite. Mais ils n’étaient pas seuls ; une petite indienne, ligotée et bâillonnée, lançait des regards furieux au capitaine.

- Il a enlevé Lily la Tigresse, la fille du chef indien ! cria Peter.

Crochet arrivait au rocher du Crâne. Peter et Wendy suivirent discrètement.

Tout en attachant l’indienne sur un pic rocheux un peu élevé, le capitaine lui dit d’une voix mielleuse :

- Excusez votre humble serviteur, honorable princesse! Je suis peinée de vous traiter ainsi, mais il ne tient qu’à vous de retrouver votre liberté. Dites-moi seulement où se trouve la cachette de Peter.

- Jamais ! Moi jamais trahir ami ! répondit la fière indienne.

- Je vois que vous êtes plus têtue qu’une mule, ma chère tigresse ! Mais savez-vous que la marée va bientôt monter et vous noyer ?

La petite indienne resta insensible à ces terribles paroles.

- Allons, soyez raisonnable ! Dans peu de temps la mer va vous engloutir. Quelle triste fin pour une aussi jolie princesse ! Enfin, décidez-vous ! dit le capitaine d’un ton agacé.

Lily la Tigresse regardait son cruel bourreau avec dédain. Elle était décidée à se taire malgré l’eau qui déjà lui caressait les mollets.

De leur cachette, Peter Pan et Wendy, qui avaient assisté à cette scène terrifiante, cherchaient comment sauver la princesse.

Wendy allait proposer une idée à Peter Pan, quand elle vit qu’il était parti. Au même moment, une voix d’outre-tombe résonna :

- Prends garde à la vengeance du Grand Esprit Manitou, vil Capitaine Crochet !

Mouche, horrifié par cette lugubre sentence, rama à toute allure vers la berge, oubliant dans son effroi son vénéré capitaine. Crochet était brave ; c’est à peine s’il eut la chair de poule. Il ne croyait pas à ces esprits venus d’ailleurs.

Persuadé qu’il était victime d’un farceur, il cherchait l’insolent. Guidé par la voix, il eut tôt fait de le découvrir ; ce « Manitou » n’était autre que Peter Pan qui s’époumonait furieusement. Alors Crochet vociféra :

- Tu as osé te moquer de moi, fieffé coquin ! Il va t’en cuire ! Tiens, prends ça ! Et ça ! Imprudent !

Et il lui décocha de formidables coups d’épée. Peter Pan, pris par surprise, eut juste le temps de s’aplatir contre le rocher ; la lame de l’épée lui frôla le bout du nez. Mais il se ressaisit vite.

Une bataille endiablée s’ensuivit. Peter pan, aussi léger que l’air, évitait tous les coups bas de Crochet. Campé devant lui, il volait de côté dès que le capitaine abaissait son épée. Pauvre Crochet !

Son adversaire était plus difficile à toucher qu’un moustique ! Finalement, après une de ses nombreuses feintes, Peter lui fit perdre l’équilibre ; le capitaine glissa sur le rocher mouillé mais, son crochet s’étant coincé dans une faille, il resta suspendu dans le vide, rouge de honte.

« Tic-tac, tic-tac ». Quel était donc cet étrange bruit qui se dirigeait vers le rocher ? Peter, qui avait dressé l’oreille, éclata de rire :

- Ah ! Ah ! Ah ! Crochet, prends garde à la vengeance… de ton vieil ami le crocodile !

A ces mots, le capitaine trembla à tel point qu’il tomba droit dans la gueule ouverte du crocodile affamé !

Il se débattit comme un beau diable et, à force de coups de pied, de poing et de crochet, il parvint à se dégager de l’étau des crocs du monstre et nagea à perdre haleine jusqu’à la berge où le peureux Mouche l’attendait.

- Hourra ! Vive moi ! cria Peter pan, tout fier de sa victoire.

Mais Wendy lui remit les pieds sur terre en s’exclamant:

- Lily la Tigresse se noie ! Elle a déjà la tête sous l’eau ! Vite !

Aussitôt Peter plongea, libéra la vaillante princesse et s’envola, Lily dans ses bras, jusqu’au camp indien, suivi de loin par Wendy.

Au village des Peaux-Rouges, leur arrivée était attendue avec impatience. Jean, Michel, les Garçons Perdus et les Indiens connaissaient déjà leur aventure grâce aux signaux de fumée des éclaireurs qui avaient vu la scène de loin.

Aussi Peter Pan fut-il acclamé et porté en triomphe, puis amené devant le Grand Chef, Taureau Debout. Celui-ci déclara solennellement :

- Peter Pan, grand guerrier, avoir sauvé ma fille avec bravoure. Moi te faire Grand Chef : Jeune Aigle Futé. Hugh ! Fêtons cela !

Alors les squaws et les guerriers, parés de leurs plus belles plumes, se mirent à chanter, sautiller, tourner à la queue leu leu au rythme entrainant des tam-tams, vite imités par les joyeux garçons.

Peter et la jolie Lily étaient de loin les plus beaux danseurs de la soirée. Seule Wendy ne partageait pas cette opinion ; elle était tellement vexée ! Peter n’avait d’yeux que pour l’indienne! Aussi ne tarda-t-elle pas à rentrer au repaire.

Tandis que la fête battait son plein au camp indien, le Capitaine Crochet, qui avait réussi à entrainer la fée Clochette sur son bateau, lui parlait avec des larmes dans la voix :

- Je pars d’ici pour toujours. Aussi je voudrais que vous demandiez à Peter Pan qu’il me pardonne d’avoir levé la main sur lui. Plus jamais je ne le ferai. Oh ! Mais j’y pense, vous ne le voyez plus depuis qu’il connait Wendy! Ne

pleurez pas, petite fée ! Si vous me disiez où est cette méchante fille, je la capturerais et l’emmènerais avec moi.

- Elle est chez Peter, sous l’Arbre du Pendu, dit la jalouse fée.

A ces mots, le visage de Crochet s’éclaira d’un sourire victorieux.

Il enferma Clochette stupéfaite dans une lanterne et s’embusqua avec ses hommes à l’entrée de la chambre souterraine.

A l’intérieur, Wendy criait contre les turbulents garçons qui dansaient encore. Lassée, elle voulait rentrer chez elle.

- Michel, Jean, n’avez-vous pas envie de revoir maman ? dit-elle.

- Une maman ? Qu’est-ce que c’est ? demandèrent les Garçons Perdus d’un air étonné.

Alors Wendy prit Jean sur ses genoux et parla de sa chère maman.

Tous les garçons, excepté Peter Pan, l’écoutaient attentivement. Elle murmurait d’une voix mélancolique :

- Une maman devine tous vos chagrins et vous console en vous prenant tendrement dans ses bras, puis elle vous berce de sa douce voix mélodieuse…

Wendy poursuivit en chantant ; toute l’assemblée était émue, les Garçons Perdus pleuraient à chaudes larmes.

- Retournons tout de suite chez nous ! dit Michel, déjà debout.

- Nous venons avec vous ! crièrent en chœur les Garçons Perdus.

- Partez ! Grandissez ! Mais ne revenez plus ici ! dit Peter, fâché.

Malgré ces paroles méprisantes, les garçons s’élancèrent dehors.

Wendy, troublée par la colère de Peter, resta un moment immobile. Elle ne voulait pas le quitter ainsi. Mais Peter restait silencieux.

- Adieu, lui dit-elle en soupirant, alors qu’il lui tournait le dos.

A peine fut-elle sortie qu’une main très puissante la cloua à terre, tout en lui maintenant la bouche fermée. D’autres mains la ligotaient. Et bientôt, elle retrouva ses frères et les Garçons Perdus qui avaient tous subi le même sort. Ils étaient tombés dans le satanique piège tendu par Crochet et ses féroces pirates. Le capitaine attendit un instant, puis ordonna :

- Eh bien, mes braves, emportez cette marmaille au bateau ! Je vous rejoins. Mouche ! Tu restes avec moi. Occupons-nous maintenant de ce cher Peter.

- Allons-nous lui trancher la gorge ? demanda Mouche.

- Non, j’ai dit à Clochette que je ne toucherai plus un cheveu de Peter Pan. Je suis un homme

de parole. Je tiens cependant à lui laisser un petit souvenir, dit Crochet.

Et sous les yeux effarés de Mouche, il fit descendre un paquet cadeau tout enrubanné dans le repaire de Peter.

Sur un petit billet, joint au paquet, il était écrit : « Pour Peter Pan, avec toute mon amitié, Wendy. Ne pas ouvrir avant six heures ! »

Puis Crochet se mit en route en se frottant les mains d’un air satisfait. Il arriva tout joyeux à son vaisseau.

Là, tous ses matelots, pleins d’allégresse à l’idée de leur proche départ, faisaient une farandole autour des malheureux captifs.

Le Capitaine Crochet rétablit l’ordre, puis s’adressa à ses prisonniers :

- Écoutez ma proposition ! Soit vous devenez pirates et vous ferez de magnifiques voyages, vivrez de fantastiques aventures, pillerez de mirifiques trésors ; soit vous refusez et je vous jette à la mer où vous finirez votre vie dans le ventre d’un requin. A vous de choisir !

- Nous restons avec vous ! décidèrent tous les garçons.

- N’avez-vous donc aucun honneur ? s’écria Wendy. Moi, je refuse. J’ai confiance en Peter Pan. Il nous sauvera.

- Quelle assurance ! Si j’étais vous, je déchanterais bien vite, reprit Crochet. Sachez qu’à six heures, votre ami ouvrira une jolie boite, que j’ai pris soin de lui offrir, avec un billet doux de votre part. Alors tout explosera car elle contient une bombe et non du chocolat !

Horrifiée par ces terribles paroles, Clochette n’eut qu’une hâte: se libérer au plus vite pour sauver Peter. Elle s’agita tant et si bien que le verre de la lanterne se brisa. Elle vola alors à tire-d’aile prévenir son ami.

Lorsqu’elle arriva, Peter ouvrait son cadeau.

- Non ! Ne fais pas ça ! cria-t-elle en le lui arrachant des mains.

Mais la bombe explosa au nez de la fée qui fut projetée en l’air.

- Clochette, cria Peter Pan. Es-tu blessée, ma petite fée adorée ?

Par miracle, elle était indemne ; elle lui raconta l’horrible machination de Crochet et sans perdre une seconde, ils partirent délivrer Wendy.

A bord, le supplice de Wendy avait commencé. Elle avançait courageusement sur la planche du haut de laquelle elle devait se jeter à la mer, quand Peter se jeta sur Crochet. Ouf ! Elle était sauvée !

- Tu vas périr, Crochet ! C’est tout ce que tu mérites ! cria Peter.

- Pour qui te prends-tu moucheron ! répondit Crochet.

Clochette profita de la confusion pour libérer Wendy et les garçons qui escaladèrent le mât au plus vite.

- Ne restez pas là, suivez-les ! cria Crochet à ses hommes.

Sabres en bouche, les pirates montèrent le long des cordages. Mais Peter Pan les coupa et …les matelots dégringolèrent sur le pont.

Mouche ayant mis une chaloupe à la mer, ils s’y

précipitèrent aussitôt et s’enfuirent.

Peter Pan avait repris son duel contre Crochet. Quel combat acrobatique ! Ils sautaient, bondissaient, perdaient l’équilibre puis réapparaissaient sur une poutre. Soudain Crochet se prit le pied dans son drapeau de pirate et tomba ; il était désormais à la merci de Peter Pan.

- Dis, petit, tu ne vas pas tuer le bon vieux capitaine ? implora Crochet. Si tu me fais grâce, je t’obéirai jusqu’à la fin de mes jours.

- Vraiment ? Alors dis que tu es une poule mouillée ! ordonna Peter.

- Je suis une poule mouillée, murmura le capitaine avec peine.

Une fois libéré, Crochet plongea pour rejoindre son équipage, suivi du tic-tac menaçant du crocodile.

Tous applaudirent Peter qui dit :

- Les garçons, levez l’ancre ! Clochette, répands la poudre magique ! Cap sur Londres !

Et le bateau s’éleva dans le ciel.

Quand Monsieur et Madame Darling rentrèrent du théâtre, ils trouvèrent Wendy accoudée au bord de la fenêtre.

- Eh bien, tu n’es pas encore au lit ? demanda Madame Darling.

- Non, maman, nous venons juste de rentrer du Pays Imaginaire. Les Enfants Perdus n’ont pas voulu rester ; ils n’auraient pu vivre sans Peter Pan. Mais moi, je voulais grandir…Bien sûr, j’étais triste de quitter ce merveilleux pays et… Peter surtout. Regardez son bateau ! Il est dans le ciel, il se confond avec la lune, dit Wendy.

- Mais tu as raison ! Je le vois ! Il ressemble…à celui que j’avais vu quand j’étais enfant ! C’est bien lui ! s’exclama Monsieur Darling.

Et tous regardèrent le bateau doré jusqu’à ce qu’il disparaisse.