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Champ pénal / Penal field, nouvelle revue internationale de criminologie Vol IV |2007 Le travail pénitentiaire, un outil efficace de lutte contre la récidive ? MA RC BAADER ET EVELYNE SHEA Résumés La recherche confirme ce que les détenus ne cessent de répéter : un emploi stable à la sortie est un facteur important dans la prévention de la récidive. Or, seuls 25 % des sortants réussissent à trouver une activité professionnelle régulière dans les douze mois après la sortie. Cet article étudie l'apport, potentiel et actuel, du travail pénitentiaire à la réinsertion professionnelle des personnes détenues. Il s'intéresse aux difficultés qui s'opposent à des résultats plus prometteurs et aux solutions proposées. Research confirms what inmates have been saying all along: having a steady job on leaving prison is an important factor to reduce recidivism. Yet only a small number of inmates, at the most 25 %, are able to find regular employment within the first twelve months of leaving prison. This article looks at the contribution, potential and real, of prison labour to improve the chances of ex-inmates on the labour market. It examines both the difficulties that stand in the way of more promising results and the solutions that have been proposed. Entrées d'index Le travail pénitentiaire, un outil efficace de lutte contr... http://champpenal.revues.org/684 1 sur 19 02/11/2009 16:27

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Champ pénal / Penalfield, nouvelle revueinternationale decriminologieVol IV |2007

Le travail pénitentiaire, un outilefficace de lutte contre larécidive ?MARC BAADER ET EVELYNE SHEA

Résumés

La r echer che conf i r me ce que l es détenus ne cessent de r épéter : un empl oistabl e à l a sor ti e est un facteur i mpor tant dans l a pr év enti on de l a r éci di v e. Or ,seul s 25 % des sor tants r éussi ssent à tr ouv er une acti v i té pr ofessi onnel l er égul i èr e dans l es douze moi s apr ès l a sor ti e. Cet ar ti c l e étudi e l 'appor t,potenti el et actuel , du tr av ai l péni tenti ai r e à l a r éi nser t i on pr ofessi onnel l edes per sonnes détenues. Il s'i ntér esse aux di f f i cul tés qui s'opposent à desr ésul tats pl us pr ometteur s et aux sol uti ons pr oposées.

Resear ch conf i r ms w hat i nmates hav e been say i ng al l al ong: hav i ng a steady jobon l eav i ng pr i son i s an i mpor tant factor to r educe r eci di v i sm. Yet onl y a smal lnumber of i nmates, at the most 25 %, ar e abl e to f i nd r egul ar empl oy ment w i thi nthe f i r st tw el v e months of l eav i ng pr i son. Thi s ar ti cl e l ook s at thecontr i buti on, potenti al and r eal , of pr i son l abour to i mpr ov e the chances ofex -i nmates on the l abour mar k et. It ex ami nes both the di f f i cul t i es that stand i nthe w ay of mor e pr omi si ng r esul ts and the sol uti ons that hav e been pr oposed.

Entrées d'index

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Index de mots-clés : tr av ai l péni tenti ai r e, r éi nser ti onIndex by keyword : Pr i son, pr i son l abour , r ehabi l i tati on, r eci di v i sm.

Texte intégral

IntroductionLe travai l pénitentiaire a longtemps occu pé u ne position clé dans le bon

fonctionnement des prisons françaises. Dès leu r création en 18111, lesatel iers pénitentiaires fu rent appréciés pou r leu r polyvalence : ou ti l degestion et sou rce de revenu e, instru ment affl icti f mais au ssi moyend'amendement moral et de réinsertion. L'importance accordée à l 'u n oul 'au tre facteu r a varié au cou rs des deu x derniers siècles. Si au XIXe siècleles trois premières fonctions fu rent mises en avant, nou s constatons àpartir des années 1880 u ne préoccu pation grandissante pou r l e bien-êtredes travai l leu rs : rédu ction du temps du travai l , imposition du reposhebdomadaire et interdiction du travai l noctu rne. En 1927, l 'entreprisegénérale fu t définitivement abol ie au profi t de la régie et de la concession,qu i offraient de mei l leu res garanties contre les abu s du passé (Gu i lbau d,2006, 13). Il fal lu t néanmoins attendre la fin de la Seconde Gu erremondiale avant qu e ce mou vement d'hu manisation se tradu ise, sou sl 'influ ence de la Défense sociale nou vel le, en u ne véri tabl e pol i tiqu ed'amendement et de reclassement social des détenu s (Consei l économiqu eet social , 2005, 1). La demande de main-d'œu vre lors du boom économiqu edes Trente Glorieu ses ju sti fiai t l 'espoir qu 'u n travai l régu l ier, étayé par laformation, pu isse su ffire pou r assu rer l 'insertion professionnel le de laplu part des sortants de prison. On croyait également à u ne retombéeéconomiqu e du travai l indu striel . Tel n 'est plu s le cas au jou rd'hu i . Tou sles rapports portant su r le travai l pénitentiaire, du Consei l économiqu e etsocial (1987) au x pl u s récents d'A u vergnon et Gu i l lemain (2006) et deGu ilbau d (2006), sou lèvent des dou tes sérieu x su r son bonfonctionnement. Dans sa forme actu el le, i l ne serait ni u n ou ti l efficace deréinsertion, ni capable d'al léger le coû t de la détention. Il rendrait tou t auplu s la période d'incarcération plu s su pportable et faci l i terait lemaintien de l 'ordre dans les établ issements qu i affichent encore u n tau xd'activi té rému nérée su ffisant.

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N ou s nou s l imiterons ici à examiner u n seu l aspect cri tiqu é, la missionde réinsertion. Dans u n premier temps, nou s tenterons de clari fier leconcept de la réinsertion par le travai l en considérant ses bu ts et envéri fiant, en qu el le mesu re l 'intégration professionnel le à la sortie ycontribu e. Dans u ne deu xième étape, nou s nou s intéresserons au xpossibi l i tés − potentiel les et actu el les − du travai l pénitentiaire pou rpromou voir l 'employabi l i té des sortants. N ou s terminerons avec u neanalyse des obstacles qu i vont à l 'encontre des résu l tats plu s prometteu rset nou s présenterons les solu tions proposées par l 'adm inistration

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1. Le lien insertion professionnelle-prévention de la délinquance

1.1. Les objectifs de la réinsertion par le travail

1.2. Le rapport chômage-délinquance

pénitentiaire (A P).N otre approche m éthodologiqu e tient compte de la natu re

plu ridiscipl inaire de la criminologie en associant u ne rech erche plu sgénérale (droit, h istoire, sociologie) avec l 'expérience pratiqu e d'u nprofessionnel du travai l pénitentiaire et u ne recherche de terrain fai te en2001-2002 dans neu f prisons eu ropéennes, dont trois en France.

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"Le travail participe sans ambiguïté à la mission de ré inse rtion confié e àl'Administration pé nite ntiaire " (Rapport A P, 1996, 178). Ce constat confirmela place importante accordée au travai l dans tou t projet de réinsertion,mais sans spéci fier l es bu ts concrets à atteindre. À ce su jet, i l existe deu xécoles de pensée. La première, majori taire, cible essentiel l ement u neau gmentation de l 'employabi l i té des détenu s dans l 'espoir qu 'u n emploirégu l ier pu isse dim inu er le risqu e de récidive. C'est en ce sens qu e lesnou vel les Règles pénitentiaires du Consei l de l 'Eu rope statu ent qu e [le]"travai l doit permettre, dans la mesu re du possible, d'entretenir oud'au gmenter la capacité du détenu à gagner sa vie après sa sortie deprison" (Règle 26, al . 3). La deu xième école attribu e à la réinsertion par letravai l u ne fonction plu s large d'intégration sociale car, sel on el le, letravai l est le garant de la cohésion sociale des sociétés modernes, voire son"Grand Intégrateu r" (Barel , 1990). C'est le travai l qu i faci l i tel 'apprentissage de la vie sociale et la consti tu tion des identi tés ; i l est laclef de contribu tion-rétribu tion su r qu oi repose le l ien social ; i l donne àchacu n la chance d'avoir u ne u ti l i té sociale, et i l est u n l ieu de rencontreet de coopération h ors de la sphère privée (Méda, 1995, 167). Cetteconception du travai l n 'est pas incontestée − Méda el le-m ême est lapremière à s'en distancer2 − mais el le résu me bien les espoirs misés su rlu i , même en prison. El le n 'est pas non plu s indifférente au problème de larécidive, mais el le m et d’abord l ’accent su r la personne détenu e et lesconditions nécessaires afin qu ’el le pu isse trou ver sa place dans la société.

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Les deu x interprétations de l 'insertion professionnel le se basentimpl ici tement su r l 'h ypothèse qu e l 'absence d'u n emploi stable au gmentele risqu e de dél inqu ance. Cette hypothèse n 'est pas nou vel le, m ais el le n 'ajamais été val idée de façon péremptoire, les étu des arrivant à desconclu sions divergentes, de la confirmation ju squ 'à l 'inval idation totale

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(Crow, Richardson e t al., 1989 ; A lbrecht, 1988). Les chercheu rss'accordent néanmoins su r le fai t qu e le nombre de personnes détenu esn'ayant pas travai l lé pendant la période antérieu re à leu r arrestation estsignificativement pl u s élevé qu e celu i de la popu lation générale. En 2000,65 % des entrants en prison en France étaient sans emploi et seu lement 28% d'entre eu x en si tu ation de chômage indemnisé (A dministrationpénitentiaire, 2002, 82). La France n 'est pas u n cas u niqu e. Du rant lamême période en A ngleterre, deu x tiers des personnes détenu es n 'avaientpas travai l lé le mois avant leu r incarcération (Social Excl u sion Unit,2002, 20). Les statistiqu es al lemandes ci tées par Dü nkel et van Zyl Smit(1998, 1166) dressent u n tableau analogu e avec u n tau x d'inacti fs de 73 %au moment des fai ts. Bien qu e le chômage ne soit pas la seu le cau se ou lacau se directe de la dél inqu ance, i l est néanmoins vrai , comme le sou l igneA lbrecht (1988, 142), qu e l 'inactivi té professionnel le renforce des défici tssociau x et personnel s déjà présents et au gmente ainsi le risqu e d'u n actedél ictu eu x. Il ne fau t pas non plu s perdre de vu e qu e la popu lation détenu ene représente pas u n échanti l lon neu tre. La recherche de Godefroy etLaffargu e (1991) m ontre clairement qu e tou t le long du parcou rsju diciaire, de l 'enqu ête pol icière ju squ 'à la condamnation définitive, u nchoix est opéré en défaveu r des personnes qu i donnent peu de garantiesd'intégration sociale : les sans-travai l , les toxicomanes, les étrangers. Cefait est aggravé par la tendance du système ju diciaire à du rcir larépression criminel le en périodes de crise économiqu e. Godefroy etLaffargu e constatent u ne corrélation étroite entre niveau de chômage ettau x et du rée des peines privatives de l iberté, même si le tau x dedél inqu ance enregistrée reste constant, voire baisse.

Qu ant au l ien entre réinsertion professionnel le et récidive, les raresrecherches fai tes dans ce domaine confirment sans exception u n risqu emoindre pou r les sortants de prison qu i sont insérés dans u n emploistable. L'étu de la plu s détai l lée provient de trois chercheu rs au trich iens,Hammerschick, Pi lgram et Riesenfelder qu i , entre mars et ju in 1994, ontretracé le parcou rs professionnel de 505 ressortissants de prison pendantsix ans : qu atre avan t leu r incarcération et deu x après leu r l ibération. Deleu r popu lation totale, 50 % fu rent condamnés de nou veau pendant lesdeu x premières années su ivant leu r l ibération, mais seu lem ent 33 %parmi ceu x qu i avaient trou vé u n emploi régu l ier (1997, 179). Uneenqu ête de Francis Simon, menée dans six prisons anglaises, donne desrésu l tats comparabl es. Cinq mois après la l ibération, seu ls 15 % dessortants insérés dans u ne activi té rému nérée commirent u ne infractionsérieu se, comparés au x 28 % de ceu x qu i cherchaient en vain u n emploi , etau x 75 %, qu i n 'avaient au cu ne intention de travai l ler. Les 176 détenu sinterrogés fu rent eu x-mêmes d'avis qu 'u n salaire régu l ier étai t u n desmeil leu rs gages pou r éviter la récidive (1999, 175). Une étu de du LandNordrhe in-We stfale n va dans le même sens : 85 % des détenu s qu isortirent sans formation, sans trai tement et sans travai l retou rnèrent enprison contre 33 % de ceu x qu i sortirent avec u n diplôme et trou vèrent u nemploi correspondant (Wirth , 1998, 65). Du côté français, la recherche de

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2. Apport potentiel - apport effectif dutravail pénitentiaire à la réinsertion

2.1. Les attentes

2.1.1. Première hypothèse : la majorité des détenus ontdes carences d'employabilité

Kensey et Tou rnier (2005) montre qu e les détenu s qu i déclarent u neprofession à l 'écrou , soit ceu x qu i ont u n capital d'employabi l i té plu sgrande, affichent u n tau x de récidive nettement plu s bas qu e ceu x qu i sedéclarent "sans profession", avec u ne di fférence particu l ièrementprononcée pou r les infractions à hau t risqu e de récidive comme le vol(crime) où la rédu ction est de 39 points. L'hypothèse d'u n l ien entreréinsertion professionnel le et protection contre la récidive est-el le ainsiconfirmée ? La réponse est positive mais i l fau t noter qu e les détenu s qu isortent avec u n contrat de travai l en poche ne représentent pas u nesélection neu tre. Ce sont le plu s sou vent ceu x, qu i ont profi té d'u nplacement à l 'extérieu r, d'u ne mesu re de semi-l iberté ou de l ibérationconditionnel le, aménagements accordés u niqu ement à ceu x qu i sontperçu s comme "bon risqu e". Il n 'est donc pas su rprenant qu e leu r tau x deretou r sou s écrou soit inférieu r (Kensey , Tou rnier, 2005). En deu xièmel ieu , ce sont égalem ent ceu x qu i peu vent compter su r leu rs famil les ouleu rs amis dans la recherche d'u n travai l . Le fai t de disposer d'u n réseaude contacts sociau x à l 'extérieu r est en lu i -même u n facteu r qu i rédu it lerisqu e de récidive.

N ou s pou vons ainsi résu mer le l ien emploi-dél inqu ance-récidivecomme su it : le fai t d'être inséré dans u ne activi té rému nérée ou non estu n facteu r significati f dans l 'évalu ation du risqu e de la dél inqu ance,primaire ou répétée. Même si le l ien est moins fort qu e l es donnéesstatistiqu es ne le su ggèrent, car el les ne tiennent pas compte du processu sde sélection opéré, i l ju sti fie néanmoins u n examen de l 'apport du travai lpénitentiaire à la réinsertion professionnel le des détenu s.

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L'espoir misé su r travai l et formation intra muros se base su r deu xprésu pposés : 1) qu e bon nombre de détenu s arrivent avec des handicapsmu ltiples qu i rendent di ffici le leu r fu tu re réinsertion dans le m arché dutravai l et 2) qu e em plois et formations offerts en prison contribu entsensiblement à su rm onter ces défici ts (Sh ea, 2006, 16sqq.).

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En ce qu i concerne ce premier présu pposé, les recherches su r lescaractéristiqu es personnel les et professionnel les de la popu lationincarcérée confirment l 'évalu ation des praticiens : les établ issements

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2.1.2. Deuxième hypothèse : travail et formation sont desoutils efficaces pour remédier à ces carences

Tableau 1 : Statut d'emploi des détenus avant/après la période d'incarcération

accu ei l lent actu el lement u n nombre im portant de personnes, qu i sontdiffici lement employables, même à l 'in térieu r de la prison. Plu sieu rssu rvei l lants d'atel iers interrogés à ce su jet affirment qu e la si tu ation nefait qu e s'aggraver. V oici le commentaire d'u n maître-menu isieral lemand : I l y a quinze ans, je pouvais e ncore compte r sur une poigné e dedé te nus ave c de s connaissance s é lé me ntaire s e n me nuise rie e t prê ts àappre ndre . Aujourd'hui je me bats ave c un groupe dé motivé e t dé sinté re sséau point que je dois re fuse r tout contrat qui re quie rt un minimum decompé te nce s. C'e st dé courage ant ! Diverses enqu êtes su r lescaractéristiqu es de l a popu lation carcérale laissent peu de dou tes su r laju stesse de ce constat3. Une étu de de la DREES portant su r l ’activi té desservices de psychiatrie en mil ieu pénitentiaire de 2001 montre qu e 50 %des détenu s relevaient des soins psychiatriqu es, 60 % avaient u ndiagnostic de trou ble addicti f et 40 % des antécédents psychiatriqu es(Lovel l , 2005). L'enqu ête de l 'IN SEE (2002), portant su r l 'h istoirefamil iale des hommes détenu s, montre la faiblesse du capital scolaire desdétenu s : seu ls 39,3 % ont reçu u ne form ation secondaire ou su périeu re,50,3 % se sont arrêtés au niveau primaire et 10 % se déclarent i l lettrés ; 64% n'ont au cu n diplôme ; 30 % sont en di fficu l té de lectu re. Cette enqu êteconfirme également le faible niveau d'activi té professionnel le. Pou r lesentrants en prison, ce tau x est de 49 %, al ors qu e le tau x général pou r leshommes de 15-64 ans est de 75 %, voire de 91 % pou r les 25-29 ans (Consei léconomiqu e et social , 2005, 26-27). Dans son étu de su r les pau vretés enprison, A nne-Marie Marchetti (1997, 27) note également la placecroissante des "pathologies de précari té", tel les qu e les maladiesinfectieu ses comme le Sida ou l 'hépati te B, qu i exclu ent u n travai lrégu l ier. Bref, face à ces statistiqu es accablantes, i l serait di ffici le de nierqu 'u ne majorité de détenu s entrent en prison avec de graves carencesd'employabi l i té. Reste à véri fier, dans qu el le mesu re travai l et formationen prison y portent remède.

Reprenons l 'étu de au trich ienne de Hammerschick, Pi lgram etRiesenfelder (1997) et comparons les parcou rs professionnels de leu réchanti l lon avant et après la période d’incarcération.

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2 ansaprès

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Sou rce : Hammersch ick/Pi lgram/Riesenfelder, 1997, 166.11

N ou s constatons, par rapport à la si tu ation de l ’emploi , qu e la premièreannée après la sortie est encore plu s calamiteu se qu e cel le avantl 'incarcération. Dans la seconde année, u n peti t grou pe arrive à seréinsérer au niveau antérieu r ou à le dépasser, mais la majorité s'éloignedavantage de l 'insertion professionnel le. L'étu de de Frances Simon (1999,165) constate les m êmes di fficu l tés pou r les sortants de prison enA ngleterre : 6 mois après leu r l ibération, à peine 25 % de son échanti l lonavaient trou vé u n emploi ; 61 % étaient encore à la recherche et 11 %avaient abandonné tou te tentative. Qu i plu s est, le fai t de trou ver u nemploi est l ié, en premier l ieu , à l 'expérience et au niveau de formationavant l 'incarcération. Les personnes, qu i occu paient antérieu rement u neposition professionnel le stable, avaient 50 % de chances de trou ver u nemploi après la l ibération, indépendamm ent du fai t d’avoir travai l lé enprison ou non. Pou r ceu x qu i étaient au chômage avant leu r dernièrecondamnation, tou tes les mesu res prises en prison – travai l , édu cation,formation professionnel le – n 'eu rent au cu n effet visible su r leu rréinsertion. Seu ls 13 % retrou vèrent u n poste permanent. Les résu l tats dedeu x étu des bri tanniqu es du service d'insertion vont dans le même sens :seu ls 21 % des détenu s l ibérés sou s probation obtinrent u n emploi , malgrél 'assistance et l 'encadrement du service d'insertion (Mair, May, 1997,134). Ce tau x étai t encore plu s bas pou r ceu x qu i qu ittèrent la prison en finde peine : 10 % seu l ement trou vèrent u ne activi té rému nérée (Fletcher,Woodhil l , Herrington e t al., 1998, 134). En absence de données précisespou r la France, i l semble raisonnable de su pposer qu e le profi l d'emploides sortants ne sau rait être mei l leu r, sach ant qu e son tau x de chômage estplu s élevé qu 'en A ngleterre ou en A u trich e5 et qu e sa popu lation carcéralesou ffre des mêmes handicaps.

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Comment expl iqu er cet échec ? Certains au teu rs sont convaincu s qu e labaisse d’employabi l i té inhérente à l 'incarcération (perte d'estime de soi ,d'initiative, de contact avec le monde extérieu r) et les di fficu l tésrencontrées à la sortie (dettes, problèmes de logement, di fficu l tésfamil iales, préju gés des employeu rs) sont tel les, qu e les mei l leu resconditions de travai l et de formation ne sau raient y porter remède(Preu sker, 1988 ; Maxwel l , Mal lon, 1997 ; Garland, 1998). D'au trespensent, au contraire, qu e c'est la gestion du travai l et de la formation àl 'intérieu r de la prison, qu i est à la racine du problèm e (Consei léconomiqu e et social , 1987 ; A ssemblée nationale, 2000 ; Sénat, 2000,Loridant, 2002). Sans nier l 'importance des éléments externes, nou s nou s

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2.2. Les critères d'employabilité à la sortie

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pencherons ici su r les interventions fai tes à l 'intérieu r de la prison pou rau gmenter l 'employabi l i té des sortants. N ou s avons évoqu é supra (2.1.1.)les handicaps personnels et professionnel s présents avant l 'incarcérationmais sans prendre en compte les di fficu l tés su pplémentaires au xqu el lesles détenu s doivent faire face à la sortie. N ou s le ferons grâce à l 'excel lentrésu mé qu e nou s a fou rni u n détenu français, qu i écri t actu el lement u nethèse en sociologie su r le travai l pénitentiaire.

N otre expert distingu e cinq cri tères qu i déterminent qu 'u n individusera plu s (ou moins) employable qu 'u n au tre.

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Le casie r judiciaire : Le seu l fai t d'avoir passé u ne période enprison diminu e l 'employabi l i té des sortants : i l s sontau tomatiqu ement exclu s des emplois qu i transitent par descabinets de recru tem ent dont la qu asi-total i té disposent des moyensde s'informer des antécédents ju diciaires des postu lants. A u cu n neprendra le risqu e de su ggérer à u n employeu r la candidatu re d'u nepersonne pou rvu e d'u n casier ju diciaire. […] De la même manière,sont écartés tou s les emplois ayant trai t au x administrations ouau x grou pes importants ; ceu x-ci réclament systématiqu ement u nextrait de casier ju diciaire. Pou r les emplois restants, lescaractéristiqu es su ivantes sont déterminantes :

Le s caracté ristique s physique s : Comme l 'on dit cou ramment, i lfau t avoir "le physiqu e de l 'emploi". Cel a signifie qu e nombre dedétenu s n 'ont pas les moyens de posséder ou d'acqu érir le nécessairevestimentaire en adéqu ation avec l 'emploi proposé. Ce peu t êtreau ssi , après u ne longu e détention, u ne denti tion désastreu se ou u nevu e non corrigée, voire u ne démarche saccadée après des annéespassées à marcher avec des chau ssu res sans talon.

Le s caracté ristique s é conomique s : Être employable, c'est disposerd'u n minimu m de conditions requ ises com me u n domici le fixe, u nmoyen de commu nication, de qu oi su bsister ju squ 'au premierversement du salaire. C'est, parfois, devoir disposer d'u n véh icu le,d'u n matériel l ié à l 'emploi (j'ai u n copain qu i s'est vu refu ser u nemploi de bou cher au moti f qu 'i l n 'avait pas ses u stensi lespersonnels de travai l ).

Le s caracté ristique s psychologique s : C'est la capacité de pou voirpasser u n entretien d'embau che après u n temps plu s ou moins longd'emprisonnement. C'est, d'u ne certaine manière, parvenir àoccu l ter ce temps pou r affirmer u ne gestu el le, u n langage com mu n.C'est au ssi la capacité de "se vendre" après u n temps passé dansl 'inexistence.

Le s caracté ristique s situationne lle s : El les sont de pl u sieu rsordres. Il y a d'abord cel le qu i est personnel le comme d'être seu l ,

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2.3. Les possibilités d'intervention à l'intérieurde la prison en faveur de l'employabilité

2.3.1 L'apport du régime général

Je n'ose pas abor der l a si tuati on d'empl oy abi l i té du côté de l 'i nsti tuti onpéni tenti ai r e car , à peu de choses pr ès, cel a se r édui t à néant . Pr ati quement r i enn'est fai t pour ai der un détenu à tr ouv er un empl oi ; l es di sposi t i ons l égal esmi ses en pl ace (per mi ssi ons ex cepti onnel l es pr év ues à cet ef fet) sont tel l ementl our des et soumi ses à l 'ar bi tr ai r e qu'el l es sont sans ef f i caci té r éel l e. Quant auxser v i ces d'i nser ti on, depui s l eur s changements statutai r es, on attei nt l e combl ede l 'absur de, v oi r e de l 'i ncompétence.

2.3.2. L'apport du travail et de la formation

sans famil le et sans amis, et en ru ptu re totale avec les valeu rsmou vantes de la vie l ibre (le coû t de la vie, les salaires en u sagedans la profession). Il y a, ensu ite, cel le de devoir se consti tu er u npassé si l 'on veu t dissimu ler le passage en prison […]. Et pu is, enfin,qu and on postu le pou r u n emploi dans le cadre d'u ne semi-l iberté oud'u ne l ibération conditionnel le, i l y a l 'im possibi l i té d'énoncer u nedate fixe de l ibération et la certi tu de de cette l ibération. Qu elemployeu r, au jou rd'h u i , peu t se permettre de s'engager à empl oyeru ne personne incarcérée s'i l ignore si cette personne sera l ibérée paranticipation et qu and el le le sera ? C'est d'ai l leu rs la raison pou rlaqu el le l 'immense majorité des promesses d'emplois form u léesdans ces cas le sont par complaisance m ais ne sont pas su iv iesd'effet.

À la lu mière de ces cinq caractéristiqu es, voyons comment le régimepénitentiaire peu t contribu er à rendre les détenu s plu s employables.

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Il existe au moins trois aspects su r lesqu els le régime général peu tintervenir : le maintien des l iens avec l 'extérieu r, les soins médicau x et lapréparation à la sortie. Qu ant à cette dernière, au cu n détenu ne devraitsortir sans savoir rédiger u n CV , sans connaître la rou tine d'u n entretienet sans contact préalable avec l 'A N PE. La France peu t se vanter d'u nservice pénitentiaire qu i , à beau cou p d'égards, n 'a rien à craindre d'u necomparaison avec d'au tres pays eu ropéens : ou vertu re à l 'idée de parloirsfamil iau x, service de santé confié au service pu bl ic hospital ier, cou rs depréparations à la sortie. Pou rtant la réal i té n 'est pas à la h au teu r desattentes. Citons u ne dernière fois le doctorant en sociologie :

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Cette évalu ation est peu t-être trop négative, mais el le reflète ladési l lu sion exprimée par 78 % des détenu s (OIP, 2007, 26).

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L'activi té rému nérée peu t être u n ou ti l im portant pou r au gmenter leschances des personnes détenu es su r le m arché du travai l . En effet, el lepermet de :

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Conserver les compétences professionnel les existantes.Contrecarrer l 'effet déstabi l isant de l 'incarcération en offrant u ne

activi té qu i stru ctu re la jou rnée et permet au détenu d'échanger sonrôle d'incarcéré sans statu t contre celu i de travai l leu r responsableet valorisé.

A tténu er les problèm es mentau x l iés à l 'enferment : dépression,isolation sociale, perte du sens de la réal i té.

Maintenir le l ien social en offrant u n l ieu de social isation et desociabi l i té.

Permettre au x détenu s d'acqu érir des com pétences recherchées àl 'extérieu r.

Enseigner la conformité au x exigences en vigu eu r au près d'u nemployeu r extérieu r pou r ce qu i a trai t à la ponctu al i té, l 'assidu ité,le comportement et la qu al i té de leu r travai l .

Offrir u n niveau de rému nération qu i permet au x travai l leu rs demettre de côté u n pécu le de sortie su ffisant pou r satisfaire au xcri tères économiqu es d'employabi l i té.

Dans qu elqu es rares atel iers, tels qu e le stu dio de son à la maisoncentrale de Saint-Mau r (concession) ou l 'atel ier de tapissier garnisseu r deTou l (RIEP), ce potentiel est réal isé, mais dans la vaste majorité des casnou s en sommes encore loin. D’u ne part, la réinsertion par le travai l estsérieu sement compromise par le fai t qu e moins de 40 % des personnesdétenu es ont u n em ploi ou sont en form ation (35,2 % en 2005). Parai l leu rs, la plu part des tâches en concession et au service général sont peuaptes à au gmenter les compétences professionnel les des travai l leu rs ou àdonner u n sens à l a peine. Même la Régie qu i , grâce à ses atel iersindu striels (imprim erie, mécaniqu e, menu iserie, par exemple), offre engénéral des emplois plu s qu al i fiés, se tou rne maintenant vers le travai l àfaçon : 25 % de tou s ses emplois tou chent ce secteu r (Loridant, 2002, 37).Enfin, les compétences sociales, tel les qu e la pol i tesse, l a capacitéd'accepter u ne cri tiqu e et de trou ver le ton ju ste avec ses su périeu rs et sescol lègu es, ne sont pas assez sol l ici tées par les chefs d'atel iers. Certainesapti tu des fortement appréciées par les employeu rs extérieu rs : le sensd'initiative et de responsabi l i té ou la capacité de résou dre des problèmessont même décou ragées pu isqu ’el les ne correspondent pas à la positioninférieu re de la personne détenu e. A jou tons qu e la rém u nérationmoyenne horaire varie entre 41 % et 44 % du SMIC en atel ier et moins auservice général . Ce montant ne perm et qu 'exceptionnel lement au xsortants de payer leu rs dettes6 et de sortir avec u n pécu le su ffisant. Enfin,l 'exclu sion de la m ajorité des droits et d'u ne partie importante desprotections sociales conférés par le contrat de travai l ne faci l i te pasl 'adhésion à des valeu rs de travai l .

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3. Cinq aspects qui posent problème

3.1. La carence d'emplois

Examinons de plu s près ces cinq aspects ainsi qu e les mesu res prisespar l 'A P pou r y porter remède.

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A vec u n tau x d'activ i té rému nérée de seu lement 35,2 % ─ l e plu s bas en30 ans7 ─ i l ne sau rait su rpren dre qu e le travai l rem pl isse mal sa missionde réinsertion. L'A P et les grou pements privés déplorent la baisse desheu res travai l lées, mais rappel lent qu e la si tu ation n 'est pas au ssidramatiqu e qu e les statistiqu es le laissent croire et qu 'el le est cau sée pardes facteu rs largement hors de leu r contrôle. Il est vrai qu e le problème dusou s-emploi se pose su rtou t en maisons d'arrêt où , en raison des cou rtsséjou rs, les possibi l i tés de réinsertion par le travai l sont rédu ites. Dansles établ issements pou r peine, le tau x m oyen d'activi té rému nérée estproche de 60 %8. Ce tau x, selon l 'adm inistration, serait presqu e su ffisantpou r satisfaire la demande, compte tenu du fai t qu e ce ne sont pas tou tesles personnes détenu es qu i peu vent ou veu lent travai l ler. Il nou s semble,néanmoins, qu 'u n tau x de demandes non-satisfai tes de 21 % dans u nerégion pénitentiaire comme cel le de Strasbou rg reste inacceptable (Cou rdes Comptes, 2006, 52).

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Il est également vrai qu e la crise des em plois pénitentiaires est cau séepou r u ne bonne part par des facteu rs hors contrôle de l 'A P et desgrou pements. Les transformations économiqu es récentes etl 'au gmentation de la popu lation carcéral e9 ne sau raient être m ises su rleu r compte. Les entreprises, qu i au trefois faisaient fabriqu er leu rsprodu its en prison, délocal isent leu rs produ ctions vers les pays de l 'Est oùla rému nération horaire se compare favorablement à cel le des atel ierspénitentiaires français. Ou i l s s'au tomatisent. Il y a cinq ans, lamain-d'œu vre pénale insérait des échanti l lons dans des revu es.A u jou rd'hu i ce travai l est fai t par des machines. Les emploispénitentiaires offrent encore u n certain intérêt pou r des entreprises avecdes volu mes de produ ction non au tomatisables mais el les ne peu vent pascompenser le nombre d'emplois perdu s.

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Les directions régionales et la régie ne sont pas restées passives face àces nou vel les donnes. Qu elqu es directions régionales ont commencé àfaire appel à des sociétés prestataires de services, qu i offrent au xentreprises u ne sou s-traitance comme al ternative à la concession. El lesleu r évitent ainsi les aspects fastidieu x des rapports avec la prison, qu ivont de la négociation à l 'encadrement, à u n certain prix, bien entendu .Les premiers résu l tats sont positi fs : l 'érosion des activi tés a été arrêtée,bien qu e la création de nou veau x postes s'avère di ffici le. La Régie, enréponse au rapport Loridant, a mis en exécu tion u n plan de

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3.2. Le taux d'emplois non-qualifiés

restru ctu ration. El le a rédu it ses activi tés défici taires, el le est devenu eplu s compétitive et s'est assu rée u ne plu s grande partie du marchéinterne, mais el le n 'a pas réu ssi à redresser la perte d'em plois10. Laqu estion reste donc posée de savoir si l 'A P a fai t tou t ce qu i étai t possiblepou r relancer la croissance des emplois. N ou s n 'en sommes pasconvaincu s, en premier l ieu parce qu 'el le n 'a pas assez su ivi lesévolu tions économiqu es et, deu xièmem ent, parce qu 'el le accepte u ndéséqu i l ibre croissant entre la mission sécu ritaire et cel le de réinsertion.Qu ant au décalage avec l 'évolu tion économiqu e, el le refu se de tenirsu ffisamment compte du fai t qu e les entreprises concessionnaires ont demoins en moins besoin des atel iers péni tentiaires, et encore moins sou sforme de concession. Si les entreprises external isent au jou rd'hu i u nepartie de leu r produ ction c'est, certes, pou r des moti fs de flexibi l i té et derédu ction du coû t, mais également pou r se l ibérer de la gestion desactivi tés secondaires. El les cherchent donc à trou ver des sou s-traitants enmesu re de fou rnir l e produ it fini , à date convenu , selon les normes dequ al i té spéci fiées et à u n prix compétiti f. Or l 'A P hésite à franchir le pasvers la sou s-traitance, car le changement au rait u n coû t (achatd'équ ipement, encadrement) et demanderait u ne nou vel le orientationgestionnaire et com merciale (gestion des atel iers par l 'établ issement,plu s grande flexibi l i té d'heu res d'ou vertu re, encadrement professionnel ,formation continu e des détenu s au travai l ). Plu s di ffici le encore s'avèreu ne réorientation du travai l pénitentiaire vers le secteu r du service. L'A Preste fixée su r les atel iers indu striels traditionnels, malgré le fai t qu e cesecteu r ai t perdu à l 'extérieu r presqu e deu x mil l ions d'em plois entre1975-1995 (Marchand, Thélot, 1997, 78) et continu e d'en perdre. Hormisles tâches du service général , en grande partie sans valeu rprofessionnel le, l 'A P n 'ose pas introdu ire d'au tres activi tés du secteu rtertiaire, tels qu e télé-centres, services trai teu rs, bu anderiescommerciales, etc. Malgré les propositions du Rapport Loridant (2002, 91)et malgré les demandes répétées des grou pes privés (Gu i lbau d, 2006, 178),leu r introdu ction est di fférée, principalement pou r des raisons desécu rité. N ou s ne contestons pas l 'importance de la mission sécu ritaire.El le est indispensabl e pou r garantir la protection tant des détenu s qu e dupersonnel et du pu bl ic, mais el le reste su bordonnée au principe deproportionnal i té. Si les télé-centres fonctionnent sans risqu e en Ital ie etles services trai teu rs en A l lemagne et si , en A ngleterre, les stagiaires ennettoyage indu striel obtiennent le "contrat" pou r le nettoyageprofessionnel de l 'établ issement, on comprend mal pou rqu oi ces activi tésvalorisantes, en dem ande à l 'extérieu r, devraient être bloqu ées en Franceau nom de la sécu rité.

La vaste majorité des emplois pénitentiaires − entre 85 % et 90 % desemplois en établ issement pou r peine, plu s en maison d'arrêt − demande

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3.3. Les lacunes en compétences sociales

peu , voire au cu ne qu al i fication. Le service général , fou rnissant 39,5 % detou s les emplois11, ne peu t, de par sa natu re, offrir qu e qu elqu es tâchesplu s qu al i fiées, en cu isine ou en maintenance. En maison d'arrêt, lescontraintes organisationnel les (brièveté du séjou r, rotation de lamain-d'œu vre, absences pendant les h eu res du travai l pou r parloir,convocation, etc.) exclu ent le temps de formation et la rentabi l i ténécessaire pou r ju sti fier l 'investissem ent dans des emplois plu svalorisants. La si tu ation est di fférente dans les établ issements pou r peineoù la longu eu r de l 'incarcération et, dans u ne certaine mesu re, ladifférente composition de la popu lation 12 rendent possible la formation àdes emplois au tres qu e la manu tention et le façonnage. Mais la si tu ationreste insatisfaisante même pou r cette catégorie. A bstraction fai te de larégie, les entreprises qu i fou rnissent des emplois semi-qu al i fiés ouqu al i fiés sont rares.

Le problème du travai l déqu al i fié n 'est pou rtant pas sans issu e.Commençons par le manqu e d'équ i l ibre entre régie et concession. A lorsqu 'en A l lemagne 40 % en moyenne des emplois en atel ier sont gérés par larégie et 60 % en A ngleterre (Shea, 2006, 41), la RIEP ne fou rni t qu e 1 236emplois su r u n total de 17 217, soi t 7,2 % (A P, 2003). Une extension del 'activi té de la Régie s'impose donc pou r amél iorer la qu al i té du travai l .Ensu ite, le manqu e de préparation de la main-d'œu vre, la figeant à destâches banales, peu t être atténu é par la mise en place d'u ne gamme deformations adaptées à la cl ientèle : "su r le tas", en modu le ou en formationlongu e. Du moment où la prison peu t offri r u ne main-d'œu vre qu al i fiée etmotivée, i l n 'y a au cu ne raison pou r qu 'el le n 'attire pas d'activi tésvalorisantes. Plu s la valeu r ajou tée par l e travai l est élevée, plu s les bassalaires des détenu s deviennent intéressants pou r les entreprises. Lapreu ve en est fou rnie par des établ issements comme Poissy ou Tou l , maiségalement par nos voisins eu ropéens. Dans la centrale la plu s sécu ritairede Bavière est instal lé u n atel ier de fabrication de tu rbines, qu i occu pe120 détenu s en deu x équ ipes de 5h à 19h. Les travai l leu rs sont formés parl 'entreprise et peu vent, selon leu rs capacités, faire "carrière" à l 'intérieu rde l 'atel ier. Les mei l leu rs sont embau chés à la sortie. Le concessionnairese dit entièrement satisfai t de son investissement.

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Parmi les handicaps, qu i freinent l 'embau che des sortants de prisons,plu sieu rs ont trai t au x compétences sociales. Les employeu rs extérieu rscraignent u n manqu e de fiabi l i té : retards, absences inju sti fiées,osci l lations d'hu meu r. Il s hésitent à assu mer des personnes "di ffici les",qu i réagissent mal à la moindre cri tiqu e, ne savent pas s'insérer dans u neéqu ipe ou qu i n 'ont au cu n sens d'initiative (Matt, 2003, Rohwedder, 2003).Ces compétences sociales sont particu l ièrement indispensables dans lesecteu r de service où se trou ve au jou rd'hu i le plu s grand nombred'ou vertu res, même pou r des emplois peu ou semi-qu al i fiés.

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3.4. Une rémunération insuffisante

Tableau 2 : La rémunération journalière des détenus français en 2003

Pou r au gmenter ces compétences en prison, deu x approch es sontpossibles, cel le des sanctions et cel le de l 'apprentissage, mais ni l 'u ne, nil 'au tre donne les résu l tats espérés. Les sanctions sont prévu esu niqu ement pou r des comportements nettement inacceptabl es. Dans lescas moins graves, le problème est sou vent contou rné. Si , par exemple, u nepersonne détenu e est incapable de s'insérer dans u ne équ ipe, el le esttransférée à u n poste sol i taire. Qu ant à l 'apprentissage de qu al i tés commela pol i tesse, la volonté de s'appl iqu er ou simplement de s'impl iqu er, lesresponsables d'atel ier et les su rvei l lants n 'ont ni le temps ni la formationpou r insister su r des valeu rs, qu i ne correspondent pas tou jou rs à cel les dela cu l tu re prisonnière.

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En 2003, la rému nération moyenne jou rnal ière s'élevait à :28

RIEP

Sou rce : Cou rs des Com ptes, 2006, 53.29

Même si ces montants sont relativement élevés comparés à nos voisins(9,68 € en moyenne en A l lemagne, 2,40 € en A ngleterre, Sh ea, 2006,76sqq.), i l s sont insu ffisan ts pou r consti tu er u ne contribu tion réel le à laréinsertion des détenu s. Selon les calcu ls du sénateu r Loridant (2002, 34),u n détenu a besoin d'u n minimu m de 40 à 50 € par semaine pou r cou vrirses besoins personnels en détention. A insi , ceu x classés au servicegénéral gagnent moins qu e le minimu m nécessaire pou r su bvenir à leu rsbesoins, et leu rs contribu tions au pécu le de sortie et à l 'indemnisation desparties civi les seront minimales13. Même en atel ier, u ne personne détenu etravai l lera plu sieu rs années pou r épargner u ne somme su ffisante pou r lasortie14.

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La demande, formu lée tant par les détenu s qu e par les associationsmil i tantes, d'u n rapprochement avec les rému nérations horaires du SMICnou s paraît di ffici le, voire impossible à réal iser sans au gmentation de laprodu ctivi té, qu i s'établ i t au tou r de 40 % à 50 % du niveau extérieu r(Consei l économiqu e et social , 1987, 65). Certes, les faiblesses deprodu ctivi té ne peu vent pas être u niqu ement impu tées à lamain-d'œu vre. El les ont également trai t au x maintes contraintes qu iaffl igent le travai l en prison : locau x et local isations inadaptés,équ ipement éloigné des standards extérieu rs, heu res de travai l tropcou rtes, manqu e de savoir-faire com mercial et interférences de

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3.5. L'exclusion du droit du travail

l 'impérati f sécu ritai re, pou r ne nommer qu e les plu s importantes. Si lesdeu x premières contraintes ne sau raient être su rmontées sans desaju stements bu dgétaires considérables, i l n 'est pas hors portée del 'administration d'agir su r la du rée du travai l , la formation du personnelet le maintien de l 'aspect sécu ritaire dans des l imites raisonnables.

S'i l nou s est permis u ne brève digression, ajou tons qu e le travai l risqu ede devenir l 'u niqu e activi té rému nérée en prison pu isqu e des orientationsdu ministère du Bu dget vont contraindre l 'administration à l imiter larému nération des stagiaires. L'impossibi l i té d'accéder à u n revenu au trequ e par le travai l pose u n sérieu x problème pou r la réinsertion. D’abord,parce qu e le manqu e de ressou rces à la sortie au gmente le risqu e derécidive. Ensu ite, parce qu e les au tres activi tés de réinsertion -enseignement, form ation, thérapies - sont dévalorisées et les personnesdétenu es les abandonnent dès qu 'el les ont la possibi l i té d'accéder à u nemploi , si banal soit-i l .

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Partou t en Eu rope, le travai l pénitentiaire se dérou le dans desconditions sortant du droit commu n, c'est-à-dire seu ls les droits et lesprotections expressém ent accordés par le Code de procédu re pénale ou parla législation sociale sont appl icables (Danti-Ju an, 1993, 1998 ; Lorvel lec,1994 ; A u vergnon, Gu i l lemain, 2006). La si tu ation est particu l ièrementgrave comparée au x droits individu els et col lecti fs. Les détenu s peu ventrevendiqu er u n seu l droit : la rému nération. Tou s les au tres droitsassociés au contrat de travai l leu r sont refu sés. Le rapprochem ent au droitcommu n est mieu x réu ssi par rapport au x protections sociales, mais i lreste incomplet pu isqu e les détenu s classés sont exclu s de l 'assu rancechômage et ne reçoivent au cu ne indemnisation jou rnal ière en casd'accident de travai l ou de maladie professionnel le. Malgré les avantagesreprésentés par leu r octroi − atténu ation des sou cis financiers tantpendant l 'incarcération qu 'à la sortie, accès plu s faci le au marché dutravai l − plu sieu rs argu ments sont avancés pou r défendre le statu quodont, en premier l ieu , la crainte qu e les entreprises ne prennent la fu ite sila cotisation patronale devenait la même qu 'à l 'extérieu r. Présentement,leu rs contribu tions s'élèvent en moyenne à 16 %15, comparées au x 46 %qu 'i l s défraient pou r u n salarié l ibre. Ensu ite, i l est di t qu e lestravai l leu rs eu x-mêmes ne seraient pas intéressés à voir leu r maigrerému nération rédu i te par la cotisation ou vrière. Enfin, la possibi l i té derevendiqu er le RMI offrirai t u ne al ternative valable. Le premierargu ment est le plu s convaincant pu isqu e la cotisation patronale ajou téeau coû t de la main-d'œu vre pou rrait effectivement être la gou tte qu i fai tdéborder le vase pou r certaines entreprises. Qu ant à la cotisation ou vrièrepou r l 'assu rance chômage, notons qu 'en A l lemagne el le est entièrementpayée par l 'A P. Cette solu tion serait envisageable en France m ais, de parson coû t, a peu de ch ances d'être adoptée. Pou r ce qu i a trai t au RMI, nou s

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Conclusion

partageons l 'avis d'A u vergnon et Gu i l lem ain (2006, 112) su ivant lequ elsla réinsertion est mieu x assu rée par la revendication des indemnisationschômage ju sti fiées par le travai l exécu té en prison, qu e par la nécessi té defaire appel à l 'assistance sociale. Bref, malgré les avantages qu 'u neprotection sociale com plète offrirai t pou r favoriser la réinsertion, le statuquo sera en tou te probabi l i té maintenu , principalement à cau se de la fortedépendance de l 'A P su r des entreprises concessionnaires pou r la créationd'emplois.

N ou s avons constaté qu e le tau x de récidive baisse de manièresignificative, entre 20 et 50 points, pou r les sortants de prison qu iobtiennent u n emploi stable mais qu e la grande majorité des ex-détenu sn'appartient pas à cette catégorie. Les cau ses sont mu ltiples, tel les qu e leprofi l professionnel antérieu r des détenu s, les di fficu l tés rencontrées à lasortie et les carences du travai l et de l a formation en prison, qu i nepermettent pas de remédier au x handicaps socioprofessionnels desdétenu s. N ou s nou s sommes arrêtés su r ce dernier aspect et nou s avonssou l igné les points les plu s sai l lants : le m anqu e d'emplois et de places enformation, la natu re non-qu al i fiée de l a plu part des empl ois, le peud'importance accordée au x compétences sociales, la rém u nérationinsu ffisante et l 'absence du droit du travai l . Cette si tu ation ne sera pasfaci le à corriger. Les transformations de l 'économie extérieu re, l 'inflationcarcérale, la qu al i té de la main-d'œu vre et l 'impasse bu dgétaire érigentdes obstacles su r lesqu el les l 'A P a peu de contrôle. N éanm oins, el ledispose d'u n espace de manœu vre qu i , bien u ti l isé, permettraitd'amél iorer l 'efficaci té du travai l comme instru ment de réinsertion. Forceest de constater qu e l a mission de réinsertion par le travai l n 'est pas u nepriori té. C'est là où le bât blesse. Les directions d'établ issementsréclament des emplois, n 'importe lesqu els, pou r tenir les hommesoccu pés. La qu al i té importe peu . Les exigences sécu ritaires, vraies ouimaginaires, gênent la normal isation des atel iers et absorbent les fondsnécessaires pou r moderniser l 'équ ipement et les l ieu x de travai l . Qu i plu sest, pu isqu e l 'A P est en train de faire du travai l u n instru ment pou rcombattre la pau vreté, u n des cri tères priori taires de classem ent devientl 'indigence du demandeu r et non son avenir professionnel . Il y a déjàsoixante-dix ans, le sociologu e al lemand Ru sche observait qu 'en périodesde chômage, la demande pou r la main-d'œu vre pénitentiaire baisse et lesconditions de travai l en sou ffrent (Ru sche, 1933, 73-74). C'est notre casau jou rd'hu i mais, contrairement au passé, ce ne sont pas les détenu sclassés qu i en paient le prix en premier l i eu , mais le nombre croissant deceu x qu i , sans activi té et sans rému nération, passent de plu s en plu s detemps enfermés en cel lu le. A u trefois, i l étai t inconcevable de laisser lespersonnes détenu es oisives ; au jou rd'h u i cela est accepté. La valeu rtravai l à l 'intérieu r des mu rs reste encore affichée mais el le s'effri te et

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Notes

1 Année où fur ent cr éées l es mai sons centr al es, qui r endai ent possi bl e l e tr av ai lpéni tenti ai r e à gr ande échel l e.2 Pour un r ésumé, v oi r Gui l baud, 2006, 20-21 .3 Pour un r ésumé détai l l é v oi r Consei l économi que et soci al , 2005, 1 6-33.4 Out of labour force , c 'est-à-di r e en dehor s du r éseau soci al .5 Taux de chômage en 2006 : Fr ance : 8,9 % ; Angl eter r e : 4,9 % ; Autr i che : 5,1 %.

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6 N ous ne di sposons pas de chi f f r es pour l a Fr ance, mai s l a dette moy enne desdétenus al l emands est esti mée à s'établ i r entr e 1 2 500 € et 22,500 €.(Bundesar bei tsgemei nschaf t für Str af fäl l i genhi l fe, 1 993, 1 7 4).7 En 1 97 4, pr ati quement l es deux t i er s des détenus av ai ent un empl oi (Consei léconomi que et soci al , 1 987 , 58 ). En 2001 , i l s étai ent encor e env i r on l a moi ti é(47 ,6 %) ; aujour d'hui i l s ne sont qu'un t i er s (Sour ce : AP).8 En 2003, l e taux en mai son d'ar r êt étai t de 32,4 % et de 56,7 % en établ i ssementpour pei ne. Sour ce : AP.9 Le 1 er mar s 2007 , 59 892 per sonnes étai ent sous écr ou en Fr ance (métr opol e etoutr e-mer ) contr e 48 835 en 2000.1 0 N ombr e de postes four ni s par l a RIEP : en 1 994 : 1 326 ; en 2001 : 1 240 ; en 2005: 1 243. Sour ce : AP.1 1 En 2003, 6 7 94 empl oi s sur un total de 1 7 21 7 , Cour s des comptes, 2006, 48.1 2 En Fr ance, en av r i l 2006, 20,2 % des détenus condamnés étai ent en pr i son pourv i ol ou autr e agr essi on sex uel l e. Dans cette catégor i e nous tr ouv ons bonnombr e de per sonnes av ec un par cour s pr ofessi onnel i mpeccabl e. Le même estv r ai pour d'autr es catégor i es, tel l es que l 'homi ci de v ol ontai r e (8,5 % des détenuscondamnés). Sour ce : AP.1 3 À condi ti on que l a r émunér ati on dépasse 200 €, 1 0 % sont mi s de côté pouramor cer un pécul e de sor ti e, et 20-30%, sel on l e ni v eau de r ev enu, pourl 'i ndemni sati on des par ti es ci v i l es et des cr éanci er s d'al i ments (ar ti cl e D. 320CPP).1 4 D'apr ès nos entr eti ens av ec l es détenus, i l l eur faudr ai t un mi ni mum de 3 000€ pour pay er l es tr oi s moi s de dépôt pour un l ogement, de nouv eaux v êtements,l 'al i mentati on et l es dépl acements pour l a r echer che du tr av ai l , etc., av ant detr ouv er un empl oi . N ous basant sur un sal ai r e mensuel moy en de 450 €, dont 1 0% sont v er sés sur l e pécul e de sor ti e, un détenu dev r ai t tr av ai l l er 66 moi s, soi tci nq ans et demi , pour accumul er l a somme nécessai r e.1 5 Mal adi e et mater ni té : 4,2 % ; assur ance v i ei l l esse : 9,8 % ; acci dent et mal adi edu tr av ai l : 1 ,5-2 %.

Pour citer cet article

Référence électroniqueMarc Baader et Ev ely ne Shea,« Le trav ail pénitentiaire, un outil ef f icace de luttecontre la récidiv e ? », Champ pénal / Penal field, nouvelle revue internationale decriminologie [En ligne], Vol IV |2007, mis en ligne le 31 mai 2007, Consulté le 02nov embre 2009. URL : http://champpenal.rev ues.org/684

Auteurs

Marc BaaderEvelyne Shea

Docteur en droit pénal et sciences criminelles, Via G. Marconi 35, I-35122 Padoue.shea.ev ely n@v irgilio.it.

Droits d'auteur

© Champ pénal

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