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Retrouvez le Cultivons le futur ! sur notre site www.ongadg.be Cultivons le futur ! n° 35 Septembre 2014 L'alternative agroécologique

Cultivons le futur ! n° 35 - ong-adg.be · bocashi, un engrais partiellement composté, d'origine japonaise). • La préparation de biofertilisants et biorépulsifs (voire biocides)

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Cultivons le futur ! n° 35

Septembre 2014

L'alternative agroécologique

Cultivons le futur !

Le journal d'éducation citoyenne d'Aide au Développement Gembloux asbl

Passage des Déportés, 2 ­ 5030 Gembloux ­ BELGIQUE

Tél. : +32 81 62 25 75 ­ Fax : +32 81 60 00 22

info@ong­adg.be ­ www.ong­adg.be

Compte dons IBAN : BE04 5230 8027 2831 (banque Triodos, code BIC : TRIOBEBB)

Ont collaboré à ce numéro : Éric CAPOEN, Stéphane CONTINI, Antoine DELHASSE, Gilles MICHELIN, Gwenaëlle NINANE, MichelSONET

Coordination générale & mise en pages : Antoine DELHASSE avec le logiciel libre Scribus www.scribus.net

Correcteurs : Sylvie ALVES, Michel SONET

Editeur responsable : Anne VANESSE­WILLOCQ

Textes et photos, sauf mention contraire : ADG

Plus d'infos sur http://creativecommons.org/licenses/by­nc­sa/2.0/fr/

Avec le soutien de :

• la DGD (Direction générale Coopération au développement etAide humanitaire)

• La Fédération Wallonie­Bruxelles

• Gembloux Agro­Bio Tech ­ Ulg ­ GxABT

Ce périodique a été imprimé sur papier recyclé FSC avec des encres végétales

Éditorial

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Par Éric Capoen, Conseiller agroécologie ­ zone andine

Révolution verte ?

Elle voulait nourrir l'univers, sécuritéalimentaire

Pratiques ancestrales obsolètes, rejetéesaux oubliettes

La solution est unique, elle esttechnologique

Brevets et machines, le champ est uneusine

Quand résidus de récolte sont déchets,nous polluons à souhait

Le sol n'est qu'un support, l'écosystèmeest mort

Les pommes blinquent, la santé publiquetrinque

La récolte est abondante, lesmultinationales florissantes

Agroécologie !

Elle nourrit les hommes et la terre,souveraineté alimentaire

Partons des leçons d´hier, des réussites denaguère

La solution globale, commence dans lelocal

Pensons à demain, innovons malin

Quand résidus de récolte sont intrants,nous recyclons le vivant

Le sol est vie, l´écosystème est embelli

Pommes et poires sont savourées, la santépublique est soulagée

Les récoltes sont abondantes, les famillespaysannes souriantes

Ces quelques lignes illustrent bien toutes les contradictions du modèle de productionagricole actuel, et en quoi l'agroécologie est une alternative porteuse d’espoir. Dans lespages qui suivent, nous vous présenterons notre vision de l'agroécologie. Mais au­delà desidées et des vers, nous décrirons aussi comment nous la mettons en pratique dans lescontextes très différents de nos zones d'intervention au Sud. Nous parlerons plusparticulièrement du rôle des femmes dans l'agroécologie. Pour conclure, nous aborderonsles principaux obstacles freinant son développement, et les leviers que nous pouvonsactionner.

Cultivons le futur, bonne lecture !

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Regard sur...

L'agroécologie vue par ADG

Une alternative viable au modèleagricole actuel

Le modèle agricole actuel démontrechaque jour un peu plus son incapacité ànourrir adéquatement la population de laplanète. Certains ne mangent pas à leurfaim, d’autres se trouvent en situation dedépendance, d'autres encore souffrentd’une consommation excessive.L'expansion des systèmes agro­industriels (agriculture intensive etconcentration des acteurs de la grandedistibution) est la principale explicationde cette situation. En s’accaparant lesterres les plus fertiles et en exerçant uneconcurrence inégale grâce aux régimesde subvention et aux économiesd'échelle, elle contribue à la disparitionde la paysannerie. Les petitsproducteurs, hommes ou femmes,restent, malgré tout, les principauxpourvoyeurs de denrées alimentaires(70 %). Ils sont toutefois les premiers àsouffrir de la pauvreté et de la faim. Ilest donc indispensable de recentrer notremodèle agricole sur les paysan­ne­s pournourrir durablement les populations.

Dans ce contexte, l’agroécologieapparaît comme une alternative viableau système actuel. Mais qu’est­ce quel’agroécologie ? Selon ADG, « c’estl’application des concepts, principes etméthodes visant à l’établissement desystèmes agricoles et alimentairesdurables ». Elle suppose une interactionhomme/nature permettant de régénérer,de maintenir et même d'augmenter lesniveaux et la diversité de la productiond’une parcelle. Les aliments ainsiobtenus sont destinés de façon prioritaireà la souveraineté alimentaire de lafamille paysanne productrice et de sacommunauté. Au­delà d’un ensemble depratiques agricoles, c’est aussi unmouvement qui vise à réformer notremodèle agricole pour protéger etrégénérer l’environnement naturel, touten intégrant une dimension sociale et enprivilégiant la fonction nourricière del’agriculture, sans oublier sa dimensionéconomique.

Une approche pragmatique del’agroécologie

Pour ADG, l’appropriation et ladiffusion de l’agroécologie ne répondentpas seulement à des considérationsidéologiques. Par l’intermédiaire de sontravail au Sud, ADG se rend comptechaque jour un peu plus quel’application des principes del’agroécologie permet de répondre auxdifficultés des paysan­ne­s, qu’ellessoient d’ordre technique, social,économique ou alimentaire.

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L'agroécologie contribue ainsi à lapréservation des ressources naturellesindispensables à une production agricoledurable. En substituant le recours auxintrants chimiques, rares et souvent à desprix inabordables, par des techniques etproduits naturels, elle permet deséconomies non négligeables. En créantdes emplois, elle favorise le maintiend’un tissu social et crée des opportunitéséconomiques dans des régions fortementtouchées par l’exode rural et la pauvreté.Enfin, en favorisant une productiondiversifiée et saine, prioritairementdestinée à la consommation locale, ellerépond aux défis de l'insécuritéalimentaire et la manutrition quisévissent dans les zones rurales.

Dans ses différentes zonesd’intervention, ADG promeut uneapproche agroécologique qui s'appuietoujours sur le renforcement descapacités des familles paysannes, maiss’adapte aux besoins et aux obstaclesspécifiques rencontrés par celles­ci et lecontexte dans lesquelles elles vivent.

L'agroécologie de paysan àpaysan au Pérou et en Bolivie

Dégradation de l'environnement etchangements climatiques sont monnaiecourante dans les Andes.

L'identification des difficultés (telles quela dégradation des sols ou la rareté del'eau pour les cultures) et de solutionsadaptées est la base du changement.

Le passage à l'action pour les famillescombine l'expérimentation de nouvellestechniques de productionagroécologique et la récupération detechniques traditionnelles durablesdélaissées suite à l'avènement del'agriculture industrielle. Des visitesd'échanges « de paysan à paysan » et laprise de leadership par des promoteur­trice­s permettent la propagation destechniques. Parmi celles­ci, citons :

• La diversification des cultures au seind'une même parcelle et l'associationagriculture­élevage.

• L'irrigation par asperseurs fabriquésartisanalement.

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Regard sur...

• Les techniques ancestrales deconservation des sols (barrièresvives...).

• La reproduction et l'épandage demicro­organismes régénérateurs de lavie dans le sol.

• L'application d'amendements organiquesaméliorant les propriétés du sol et safertilité (cas du sachi, techniqueancienne basée sur la mise enstabulation de troupeaux sur la parcelleavant les semailles ; cas aussi dubocashi, un engrais partiellementcomposté, d'origine japonaise).

• La préparation de bio­fertilisants etbio­répulsifs (voire biocides) liquidesappliqués par voie foliaire.

• L'observation de bio­indicateurs etleur prise en compte dans la gestionculturale.

Le taux d´application de ces techniquesvarie en fonction du contexte.L'intégralité de l'approche ne peut pasêtre la même dans les haut­plateauxfroids et arides, où le quinoa et lapomme de terre figurent parmi lesseules options de culture, que dans desvallées fertiles où poussent toutes sortesde céréales, tubercules, fruits etlégumes.

Des écoles écologiquesfamiliales en Bolivie

En partenariat avec l'Associationd'Organisations de ProducteursÉcologiques de Bolivie, une expérience

pilote d'école intergénérationnelle estmenée dans des communautés ruralesdu pays. L'originalité de l'approche estd'associer, dans le même processus deformation, des membres d'âge et de sexedifférents d'une même famille. Laformation se compose de 5 modulestechnicoéconomiques suivis par tout lemonde et de 5 modules sociauxspécifiques à chaque genre et à chaqueclasse d'âge (adultes, jeunes, enfants).Les 40 familles suivant ce processus enressortiront avec un projet de viefamilial et un plan d'amélioration deleur exploitation grâce aux techniquesagroécologiques.

Chaque jeune formé partagera sesacquis avec au moins 8 autres famillesde son organisation paysanne ou de lacommunauté, multipliant ainsi leprocessus d’apprentissage et de mise enpratique de l’agroécologie. Les adultesferont de même avec les acteursimpliqués dans le développementcommunautaire ou communal.

Des paysans relais auCambodge

Le contexte cambodgien rend complexela transition vers un systèmeagroécologique : présence d'une culturedominante, le riz, dans de grandesplaines inondables où se pratique lavaine pâture1 en saison sèche, sols peufertiles, rareté de la main d'oeuvre,politique nationale favorisant laproduction conventionnelle intensive,faible cohésion sociale...

1 : Droit d'usage qui permet de faire paître gratuitement des animaux dans les terres nues de leurs cultures, sur les bords de

chemins ou tout autre endroit non cultivé.

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Le principal enjeu réside dansl’identification de personnes disposées àoser le changement, une attitude peuvalorisée dans la culture khmer. Cespaysan­ne­s servent ensuite de relais pourtransmettre leur savoir­faire aux autres.Cela passe par des démonstrations dansleurs parcelles puis par une phase de test etde validation de ces techniques dans lesparcelles des membres du groupe quechaque agriculteur­trice volontaire encadre.

Les techniques diffusées sont simples àmettre en oeuvre, peu coûteuses etrépondent aux principales difficultésrencontrées : la faible fertilité des sols et lagestion des ravageurs. Une première pistede solution identifiée est le développementdu petit élevage (pisciculture, volaille,porc) comme source d’aliments pour lafamille et de matière organique pour lescultures. Le second axe d'innovationconcerne la fabrication et l'application depréparations pour améliorer les sols etlutter contre les ravageurs. Un dernier axeest la diversification des cultures.

Une ferme école agroécologiqueau Sénégal

Le Sénégal est affecté depuis plusieursdécennies par une baisse importante de lapluviométrie, qui a entrainé une raréfactiondu couvert végétal et un appauvrissementdes sols. Ce phénomène a été aggravé pardes pratiques agricoles inadaptées, qui ontcontribué à l’acidification et à lasalinisation des sols. L’agroécologie peutapporter une réponse adaptée à cesproblématiques car elle regroupe unensemble de méthodes visant à préserverou restaurer durablement le couvert végétalet la fertilité des sols.

Pour promouvoir l’agroécologie auprès desjeunes, ADG et son partenaire l’OPDAD(Organisation pour le DéveloppementAutonome de Dialacoto) mettentactuellement en place une ferme­école.D’une superficie de 5 hectares (10 hectaresprévus en 2015), elle peut accueillirjusqu’à 30 jeunes agriculteurs et éleveurs.Ils/elles y acquièrent de nouvellescompétences dans la production decéréales et légumineuses, le maraîchage, lepetit élevage et l’arboriculture fruitière.Les producteur­trice­s formé­e­s sontensuite accompagné­e­s pour intégrer lestechniques apprises dans leur exploitationfamiliale. Ils­elles deviennent, à terme,dans leur famille et dans leur communauté,des paysan­ne­s démonstrateur­trice­s. Ils­elles pourront ainsi accueillir des visitesd’échanges entre producteur­trice­s dansleur exploitation pour une plus grandediffusion des enseignements reçus.

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Dossier

Freins et leviers pour la transition agroécologique

Comme toute pratique alternative au modèle dominant, l’agroécologie génère des douteset des critiques de la part de ses détracteurs. Au­delà des préjugés et des idéespréconçues, essayons de cerner les contraintes limitant la diffusion des pratiquesagroécologiques et d’identifier des pistes de solution.

1 : http://www.alimenterre.org/breve/l’agroecologie­c’est­hi­tech

Résistances socio­culturelles

La première résistance est d’ordrepsychologique : c’est la peur duchangement. L’être humain, par nature,préfère ce qu’il connait, même si ce n’estpas parfait, à l’inconnu et ce, malgré unepromesse d’amélioration. Il s’agit avanttout de la peur de perdre ses repères, desortir de sa zone de confort. En d’autrestermes, on sait que le modèle agricoleactuel est loin d’être parfait mais c’estcelui qu’on connait ! Il est pourtant vitald’évoluer vers un modèle plus durable.

Un autre frein est la perception del’agroécologie comme un ensemble depratiques archaïques. Elle irait à contre­courant du sacro­saint progrèstechnologique au service du bien­êtrecollectif. Cette vision est par ailleursrenforcée par le discours et le lobbyexercé par les sociétés agroindustrielles etle secteur de la chimie. Or, l’agroécologieest résolument tournée vers l’avenir etsans cesse nourrie de nouvelles réflexionset techniques ayant fait leurs preuves.

Comme le disait Olivier Le Gall, directeurgénéral délégué de l’INRA,« L’agroécologie, c’est hi­tech (...) Cen’est pas un retour en arrière.L’agroécologie, c’est intensif enconnaissances ; il faut porter lesconnaissances auprès des agriculteurs,auprès des utilisateurs finaux. »1

Au cours des dernières décennies, lamondialisation et la généralisation deséchanges internationaux ont, par ailleurs,renforcé l’attrait de l’exogène. Orl’approche agroécologique valorise les

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savoirs, les savoir­faire et les produitsendogènes, locaux. L’agroécologiedemande aux paysan­ne­s, maiségalement aux consommateur­trice­s, des’adapter. Ces dernier­ère­s doiventaccepter de se soumettre à la saisonnalitéet à la disponibilité de produits locaux,alors qu’ils­elles sont habituées à disposertoute l’année de produits venant dumonde entier. C’est pourtant l’occasiond’avoir une réflexion sur son mode deconsommation et d’adopter unealimentation plus saine et diversifiée, plusproche de la terre et de ses artisan­e­s.

Obstacles techniques

Une des principales difficultésrencontrées par les paysan­ne­s pourréaliser une conversion à l’agroécologieest la faible teneur du sol en matièreorganique. Il faut ajouter à cela undéséquilibre des écosystèmes qui setraduit par une faible biodiversité et ladisparition des ennemis naturels desravageurs. Les causes en sont multiples :l’utilisation excessive de pesticides, destechniques d’irrigation agressives (à laraie ou par inondation), des pratiques delabour inadéquates, un surpâturage ou lamonoculture. Ces entraves ralentissent oucompliquent la transition versl’agroécologie mais doivent aussi nousfaire prendre conscience de la nécessitéd’un plus grand respect de la terre et deses composantes.

La demande en main d’œuvre peu poserproblème pour la mise en œuvre depratiques agroécologiques. Ces dernières

demandent davantage de main d’œuvrepar rapport aux techniques del’agriculture conventionnelle,principalement pour la fabrication etl’application de la fumure organique etpour le contrôle des adventices. Toutefois,cet inconvénient jour surtout pendant lorsde la phase de transition et diversestechniques permettent de réduire la chargede travail au fur et à mesure que laparcelle récupère sa fertilité et sonéquilibre avce l'écosystème environnant.

Par ailleurs, le manque de soutien desÉtats et les prix dérisoires payés auxagriculteur­rice­s poussent ces dernier­ère­s à quitter les campagnes au Nordcomme au Sud. Cette demande en maind'oeuvre de l'agroécologie est­elle unobstacle ou représente­t­elle uneopportunité de repeupler les campagnes etde revaloriser le travail de la terre ?

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Dossier

Outre la disponibilité de la maind’œuvre, c’est aussi l’absence oul’insuffisance de connaissancestechniques qui pose problème. Il y a peude technicien­ne­s formé­e­s et encoremoins expérimenté­e­s en agroécologie.Etant donné que les solutionsagroécologiques sont locales etspécifiques à chaque contexte, celaaugmente la complexité de la formationen agroécologie. En même temps, cettespécificité constitue aussi un atout envalorisant les savoir­faire et potentialitésenvironnementales locales.

Le fonctionnement d’une exploitationagroécologique est complexe :interactions entre bétail et plantes,associations entre espèces sur une mêmeparcelle, intensité en main d’œuvre. Celalimite donc les surfaces exploitables partravailleur. Cette caractéristique va àl’opposé de la tendance actuelled’augmentation croissante de la tailledes exploitations et à la standardisation.Mais n’est­ce pas un moyen de créer desemplois et augmenter la biodiversitédans les zones rurales ?

Contraintes économiques

La transition vers l’agroécologie etparticulièrement la restauration de lafertilité des sols est un processus lent etqui s'accompagne d'une chute desrendements pendant cette période dont ladurée varie selon les pratiquesantérieures et l’état de la parcelle. Celanuit à la capacité des paysan­ne­s àrépondre aux besoins de leur famille. Endehors de cette chute temporaire desrendements, les exploitations doiventfaire face au coût élevé de la maind’œuvre (obstacle tant techniquequ’économique). Toutefois, cettedernière est partiellement compensée parles économies réalisées par l'absence oule faible recours à des machines et auxintrants externes coûteux.

L’augmentation des coûts se reflète dèslors dans le prix des produits issus del’agroécologie qui rentrent enconcurrence avec des produits d'origineagroindustrielle, souvent de moindrequalité, mais vendus à un prix plus bas.

Toutefois, les prix des produitsconventionnels sont artificiellement basgrâce à des régimes de subventiongénéralement favorables à l’agricultureintensive à grande échelle. De plus, lesservices environnementaux rendus parles exploitations agroécologiques(préservation de la biodiversité, du sol,de l’eau) ne sont pas rémunérés. de plus,les exploitations agroécologiquesrendent des services environnementauxnon rémunérés. Au contraire,

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l'agriculture intensive génère des dégâts(pollution des eaux, de l’air et du sol,destruction de la biodiversité, perte defertilité des sols) dont elle n'assume pasles coûts, les laissant à charge de lacollectivité (sécurité sociale, traitementdes eaux...).

Il est temps que les produitsagroécologiques soient payés à leurjuste valeur et que les produitsconventionnels soient taxés pour leursconséquences néfastes surl’environnement.

Freins politiques

Une dernière catégorie d’obstacles estd’ordre politique. Il y a un manqued’intérêt manifeste et donc de soutiende la part des gouvernements àl’agroécologie. Cela se traduit par defaibles budgets alloués à la recherche etau soutien aux agriculteur­trice­s enconversion. Le coût de l’agricultureintensive est pourtant considérable.D’importantes économies pourraientêtre réalisées en soutenant un modèleagroécologique.

Les freins à la transition versl’agroécologie, que ce soit d’un pointde vue technique, économique oupolitique, sont nombreux. L’enjeu d’unetransition vers un modèle alimentaireplus durable et équitable est pourtantvital et les perspectives offertes parl’agroécologie sont porteuses d’espoir !

En bref...

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Vincent Cantaertet GenevièveGuissard ontcommencé leursactivités demaraîchage etd’épiceriebiologiques en2002.

Le centre névralgique de la fermeL’Archenterre est un bâtiment construitavec des techniques innovantes et durablesqui réunit sous un même toit : l’épicerie,l’habitat familial et un espace de production.Cela fait maintenant 12 ans qu’ils cultiventdes légumes rares ou oubliés,d’innombrables variétés d’herbesaromatiques et des fraises en pleine terre sur2,5 hectares. Ils ont récemment agrandi leurespace sous serre qui atteint les 6.000 m²,sans compter la serre bioclimatique danslaquelle tétragone, poivrons et piments sontdorlotés.

Afin de continuer à produire in situ lesplants nécessaires à la production, unnouveau projet va être mis sur pied :L’Archenterre Plants. Destinés à la fermemais aussi aux maraîchers professionnels, cesera le premier point de vente en Walloniede plants biologiques !

Quand on demande à Vincent Cantaert siL’Archenterre est une fermeagroécologique, il répond « Si on entend paragroécologie une production en circuitfermé sans intrants extérieurs, nous sommesen phase de transition. Nous cherchons lesmoyens d’être autonomes du point de vuefertilisation des sols sur le long terme et àréduire le travail du sol. Pour le moment,nous avons des prairies temporaires detrèfles et de graminées dont la fauchefertilise d’autres parcelles. Par ailleursnous amendons avec du miscanthus quenous achetons à un collègue de la région.Tous les maraîchers sont confrontés à lamême difficulté de devoir importer de lamatière organique pour fertiliser. L’objectifest de trouver des alternatives pour ne pasdevoir acheter sur le marché, mais pour lemoment, nous en sommes encore autâtonnement. Nous avons d’excellentsrésultats pour les tomates sous serre sansaucun engrais, tandis que les résultats sontplus mitigés en extérieur. ». L’Archenterreest en tous cas un projet écologique, penséde manière globale allant « de la semence àla vente ».

L’Archenterre : une ferme sur les chemins de l’agroécologie

LE RÔLE DES FEMMES DANS L’AGROÉCOLOGIE

La fiche d'ADG N°12

1 : Source: Le Monde selon les femmes.

L’analyse des trois rôles

Dans la vie engénéral, les femmeset les hommesassument différentsrôles et fonctionsplus ou moinsvisibles. Les rôlesremplis par leshommes sont

souvent beaucoup plus visibles etvalorisés que ceux des femmes. On peutclasser ces rôles en trois catégories :

• Le rôle reproductif : la fonctionbiologique, les soins et l'entretien de laforce de travail, des enfants et despersonnes âgées ;

• Le rôle productif : le travail, laproduction de biens ou services ayant unevaleur d'échange ou la production desubsistance ou domestique qui a unevaleur d'usage ;

• Le rôle social ou communautaire : lesactivités d'administration et de gestion dela collectivité assurant des services et lacohésion, c’est le rôle citoyen, militant,bénévole assumé par chacun­e.

Dans le cadre d’un projet dedéveloppement, l’analyse des rôles selon

le genre (et l'âge) permet :

• de préciser les activités assurées par lesfemmes et les hommes ;

• de visibiliser les apports de chacun dansla société ;

• de comprendre les changements quis’opèrent ;

• de voir que la division sexuelle dutravail est différente dans le temps et dansl’espace ;

• qu’il n’y a pas d’activités dévolues « ensoi » aux femmes ou aux hommes ;

• à terme, de réduire les inégalités entreles hommes et les femmes.

Le rôle reproductif

Les femmes jouent un rôle fondamentaldans l’alimentation des familles dans laplupart des pays en développement. Eneffet, ce sont elles qui sont chargées dela préparation des repas et donc de lacombinaison des aliments permettantune diète équilibrée pour les membresdu ménage. La transformation qu’ellesréalisent des différents produits issusdes parcelles familiales permet depréserver ou de renforcer la valeurnutritive des aliments. C’est également

La diffusion de l’agroécologie permet d’aider les femmes à mieux remplir les rôlesqu'elles occupent, mais aussi de valoriser leur contribution au bien­être du ménageet de la communauté.

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sur elles que repose une bonnehygiène alimentaire : des repaspréparés avec des mains et desustensiles propres. En encourageantune utilisation adéquate desproductions familiales dansl’alimentation des ménages,l'agroécologie met en valeur ce rôledes femmes.

Le développement de l’agroécologiea un impact important sur les femmesen termes d'éducation. Celles­ci ont eneffet un faible accès à l’éducation et àla formation professionnelle. Leurssavoir­faire et connaissances enmatière de techniques de productionagroécologique et d’alimentation sontparfois limités ou peu reconnus. Envalorisant et en renforçant ce savoir­faire, l'agroécologie leur permetd’améliorer et de diffuser destechniques de production. Celacontribue indéniablement à leurrenforcement.

Le rôle productif

La FAO estime que les femmesproduisent 60 à 80 % des alimentsconsommés au sein des familles. Ellesont généralement la charge del’entretien du potager familial et de laconduite des petits élevages dont lesproduits sont principalement destinésà l’alimentation de la famille.Malheureusement, elles ont rarementaccès aux intrants, aux meilleuresterres, au matériel, à l’eau qui sont

destinés de manière préférentielle auxcultures de rente généralement à lacharge des hommes. Dans le mêmetemps, elles disposent bien souvent depeu de temps à investir dans cesactivités car elles doivent égalements’occuper de la famille, chercher del’eau et du bois... et souvent aiderl'homme dans les champs de celui­ci.En favorisant la production destinée àla consommation familiale, l’accèsaux ressources productives,l’agroécologie renforce les capacitésdes femmes à approvisionner leursfamilles et les marchés locaux enproduits sains et nutritifs.

Le rôle économique et social

Les femmes font partie des catégoriesde population les plus souvent excluesdu marché du travail. L’agroécologieleur permet de développer une activitégénératrice de revenus par la reventedes surplus, sous forme de produitsfrais ou transformés.

Ce sont en effet souvent les femmesqui prennent en charge latransformation et la commercialisationlocale des produits vivriers. Ellescréent aussi des emploissupplémentaires en ayant recours à dela main d’œuvre pour les aider àproduire et à transformer les aliments.Cela a un impact direct sur ladynamique économique locale encréant des opportunités d’emploi et enrenforçant ainsi le tissu social.

Ça se passe à ADG...

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ADG offre de nombreuses occasions de s’impliquer dans la vie d’une ONG etd’acquérir ainsi une expérience professionnelle dans la Coopération auDéveloppement. Tu es à la recherche d’un stage dans le cadre de ton cursus que cesoit au Nord ou au Sud ? Tu souhaites participer à la programmation et à la mise enœuvre de la campagne de sensibilisation interuniversitaire « Campus Plein Sud » ?Aider à l’organisation d'activités d’éducation au développement ou à la rédactiondes publications d’ADG ? N’hésite pas à prendre contact avec info@ong­adg.be oupar téléphone au 081/62.25.75.

Devenir stagiaire ou bénévole au sein d'ADG

ADG travaille depuis plusieurs années avec des groupes d'étudiantsrelais qui se mobilisent en faveur de la solidarité internationale,notamment sur les questions agricoles et alimentaires. Sur le campusde Gembloux, ADG collabore régulièrement avec la commissionétudiante Action Sud. Ensemble, nous organisons de nombreuxévénements tout au long de l'année afin de sensibiliser, informer etéchanger des idées sur les enjeux de demain. Envie de rejoindreAction Sud et de te mobiliser en faveur des relations Nord / Sud ?

Prends contact avec les étudiants d'Action Sud à l'adresse [email protected] via info@ong­adg.be.

Les étudiants se mobilisent : l'exemple d'Action Sud

Stage méthodologique en appui à l'innovationen agriculture familiale

Chaque année, Gembloux Agro­Bio Tech etADG organisent un stage international autourdes thématiques de l’agriculture familiale oupaysanne, l’innovation, la souverainetéalimentaire, la gestion du cycle de projet et lagestion axée résultats. Il vise à renforcer lescompétences des participant­e­s pouridentifier et mettre en œuvre des actions oucombinaisons d’interventions innovantes,contribuant au développement de

l’agriculture familiale. Ainsi, du 14 avril au 27 juillet, ADG a encadré 15professionnels (dont 4 femmes) du Sud représentant 10 nationalités différentes.

À l'agenda ...

ADG ­ Passage des Déportés, 2 ­ 5030 Gembloux | Tél. : +32 81 62 25 75 ­ Fax : +32 81 60 00 22

Courriel : info@ong­adg.be ­ www.ong­adg.be

La solidarité c'est l'affaire de tous !Pour continuer à mener à bien nos actions, nous avons besoin de vous. Grâce au soutien de nosbailleurs institutionnels, chaque euro versé permet de mobiliser jusqu'à 10 euros pour nos actions.

Tout don d'au moins 40 euros par an donne droit à une attestation fiscale qui permet de récuperer45 % du montant versé.

Compte dons IBAN : BE04 5230 8027 2831 (banque Triodos, code BIC : TRIOBEBB).

Chaque année, ADG invite un partenaire du Sud afin que celui­ci prenne part à desactivités d'éducation citoyenne dans le but d'y apporter un éclairage Sud. Durant lemois d'octobre, ADG pourra compter sur la présence de Djibril Moussa Lam,conseiller en organisation pour ADG Sénégal.

Monsieur Lam est, entre autres, spécialisé en matière de développement local et derenforcement des organisations locales de développement. À l'occasion de son séjourparmi nous, il aura notamment l'opportunité de donner des cours métis, de témoignerde son expérience au Sénégal auprès des étudiants ainsi que de participer aux débatsorganisés en marge des événements du 7 et 9 octobre.

« Nourrir l'humanité c'est un métier » ­ 7 octobre

Charles Culot et Valérie Gimenez nous ferons le plaisir d'être sur Gembloux à larentrée prochaine afin de venir nous présenter leur pièce de théâtre : « Nourrirl'humanité c'est un métier ». Ce projet de théâtre documentaire évoque le déclin del'agriculture familiale et se base sur de nombreux témoignages d'agriculteur­trice­srécoltés par les auteurs. Vu le succès rencontré par la pièce, ADG, SOS Faim et VSForganisent une représentation, suivie d'un débat, qui se tiendra le 7 octobre au CentreCulturel de Gembloux, partenaire de l'événement. Infos et réservations viagwenaelle.ninane@ong­adg.be.

« Le grand paysage d’Alexis Droeven » ­ 9 octobre

Le 9 octobre ADG et Ekikrok, en collaboration avec le Centre Culturel de Gembloux,proposeront un ciné­débat autour du film « Le grand paysage d’Alexis Droeven », etce en présence du réalisateur. Le film suit un jeune agriculteur confronté à un sérieuxdilemme : reprendre la ferme familiale ou s’exiler en ville loin de ce monde agricoleen pleine mutation ?

Visite de Djibril Moussa Lam ­ du 5 au 25 octobre