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Douleurs, 2004, 5, 1 50 détaillée. Le CRPV de Reims a interrogé 58 rhumatologues de la région Champagne Ardennes et obtenu un taux de réponse de 47 %. 22 % des répondeurs avaient observé des complications de l’injection intradiscale de corticoïdes. 37 % ont affirmé qu’ils avaient connaissance d’une utilisa- tion actuelle de cette technique. L’injection intradiscale de ces corticoïdes est réalisée en dehors des conditions de l’AMM. Les RCP des spécialités concernées, version diction- naire Vidal 2003, mentionnent que Hexatrione ® est indi- quée pour les injections intra-articulaires et Altim ® pour les injections intra et périarticulaires, les injections des parties molles et la voie épidurale dans les radiculalgies. Au vu de ces données, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire et des Produits de Santé a contre-indiqué I’administration par voie intradiscale de Hexatrione ® et Altim ® . Son communiqué mentionne par ailleurs que, par mesure de précaution, il convient de ne pas administrer en intradiscal les autres glu- cocorticoïdes injectables. Outre ces complications potentiellement graves (compres- sions médullaires par des calcifications extensives), le risque infectieux serait à lui seul rédhibitoire. Cystite interstitielle et thérapie génique Chuang Y. Chou A. Wu P. Chiang P. Yu T. Yang L. Yoshimura N. Chancellor M. Gene Therapy for Bladder Pain With Gene Gun Particle Encoding Pro-Opiomelanocortin cDNA. The Journal of urology 2003:170. La cystite interstitielle est en rapport avec une hypersensi- bilité vésicale associée à des douleurs à la distension. Beau- coup d’inconnues persistent quant à la physiopathologie et au traitement de cette affection qui peut devenir invali- dante. Ce travail est fondé sur l’hypothèse que l’expression localisée et ciblée d’opioïdes endogènes dans la vessie pourrait être utile dans le traitement de la douleur. Cette étude a développé une sonde génétique pour transférer un précurseur de la beta endorphine : la pro-opiomelanocor- tine (POMC cDNA) in vivo . Elle a investigué ensuite les effets sur l’activité vésicale après irritation vésicale induite par de l’acide acétique (AA) chez des rates adultes. Trois jours après injection dans le mur vésical de POMC cDNA humaine obtenue par clonage, une cystométrie continue était effectuée sous anesthésie en injectant 0,08 ml/mn de sérum physiologique suivi d’acide acétique à 0,3 %. Un test immuno-histo-chimique était utilisé pour détecter les endor- phines. L’intervalle entre les contractions vésicales était diminué autour de 70 % après AA chez les animaux contrô- les. Chez les rates ayant reçu le POMC cDNA, la réaction à l’AA était moins importante (diminution de 35 % de l’inter- valle entre les contractions). Cet effet antinociceptif était réversé par la naloxone (1 mg/kgIM). Les auteurs concluent que le gène POMC peut être transféré dans la vessie, avec pour conséquence une augmentation locale d’endorphine et une diminution de la réponse nociceptive à l’irritation vésicale. Cette thérapie génique pourrait être utile dans le traitement de la cystite interstitielle ou d’autres douleurs viscérales. IRS : attention aux associations 24 e Journées Françaises de Pharmacovigilance. Rapportée par la Revue Prescrire 2003;23:833-4. NEUROLEPTIQUES Le Centre régional de pharmacovigilance de Tours a rap- porté 37 observations d’effets indésirables extrapyrami- daux : dyskinésies, syndromes parkinsoniens, etc., liés à la prise concomitante d’un antidépresseur inhibiteur dit sélectif de la recapture de la sérotonine (IRS) et d’un neuro- leptique, éventuellement utilisé comme antiémétique. Pour 14 patients, le neuroleptique était pris depuis longtemps sans signe extrapyramidal et l’antidépresseur débuté récemment. Dans 10 cas, les deux ont été débutés ensem- ble. Les 5 IRS disponibles en France ont été impliqués, ainsi que 12 neuroleptiques. Dans 6 cas, il s’agissait de neuro- leptiques « cachés » derrière un usage antiémétique : méto- clopramide (Primpéran ® ), métopimazine (Vogalène ® ). Les effets indésirables extrapyramidaux sont fréquents sous neuroleptiques. Ils sont plus rares sous antidépresseurs IRS. Dans certaines observations, la chronologie est très en faveur du rôle de l’IRS. C’est le cas lorsqu’un neuroleptique était pris depuis longtemps et que les symptômes extra- pyramidaux sont apparus peu après le début de traitement par un IRS. Une interaction médicamenteuse est évoquée. Une interaction pharmacocinétique du fait de l’effet inhibi- teur du CYP 450 par les IRS pourrait augmenter les concen- trations plasmatiques de certains neuroleptiques. Une interaction pharmacodynamique, puisque les IRS inter- viennent aussi sur le système dopaminergique, pourrait aussi expliquer une addition d’effets indésirables extra- pyramidaux. VENLAFAXINE + TRAMADOL : SYNDROME SÉROTONINERGIQUE Le Centre régional de pharmacovigilance de I’Hôpital Saint-Vincent de Paul à Paris a présenté une observation de syndrome sérotoninergique lié à I’association trama-

Cystite interstitielle et thérapie génique

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Page 1: Cystite interstitielle et thérapie génique

Douleurs, 2004, 5, 1

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détaillée. Le CRPV de Reims a interrogé 58 rhumatologuesde la région Champagne Ardennes et obtenu un taux deréponse de 47 %. 22 % des répondeurs avaient observé descomplications de l’injection intradiscale de corticoïdes.37 % ont affirmé qu’ils avaient connaissance d’une utilisa-tion actuelle de cette technique. L’injection intradiscale deces corticoïdes est réalisée en dehors des conditions del’AMM. Les RCP des spécialités concernées, version diction-naire Vidal 2003, mentionnent que Hexatrione

®

est indi-quée pour les injections intra-articulaires et Altim

®

pour lesinjections intra et périarticulaires, les injections des partiesmolles et la voie épidurale dans les radiculalgies. Au vu deces données, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire et desProduits de Santé a contre-indiqué I’administration par voieintradiscale de Hexatrione

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et Altim

®

. Son communiquémentionne par ailleurs que, par mesure de précaution, ilconvient de ne pas administrer en intradiscal les autres glu-cocorticoïdes injectables.

Outre ces complications potentiellement graves (compres-sions médullaires par des calcifications extensives), le risqueinfectieux serait à lui seul rédhibitoire.

Cystite interstitielle et thérapie génique

Chuang Y. Chou A. Wu P. Chiang P. Yu T. Yang L. YoshimuraN. Chancellor M. Gene Therapy for Bladder Pain With GeneGun Particle Encoding Pro-Opiomelanocortin cDNA. The Journalof urology 2003:170.

La cystite interstitielle est en rapport avec une hypersensi-bilité vésicale associée à des douleurs à la distension. Beau-coup d’inconnues persistent quant à la physiopathologie etau traitement de cette affection qui peut devenir invali-dante. Ce travail est fondé sur l’hypothèse que l’expressionlocalisée et ciblée d’opioïdes endogènes dans la vessiepourrait être utile dans le traitement de la douleur. Cetteétude a développé une sonde génétique pour transférer unprécurseur de la beta endorphine : la pro-opiomelanocor-tine (POMC cDNA)

in vivo

. Elle a investigué ensuite leseffets sur l’activité vésicale après irritation vésicale induitepar de l’acide acétique (AA) chez des rates adultes. Troisjours après injection dans le mur vésical de POMC cDNAhumaine obtenue par clonage, une cystométrie continueétait effectuée sous anesthésie en injectant 0,08 ml/mn desérum physiologique suivi d’acide acétique à 0,3 %. Un testimmuno-histo-chimique était utilisé pour détecter les endor-phines. L’intervalle entre les contractions vésicales étaitdiminué autour de 70 % après AA chez les animaux contrô-les. Chez les rates ayant reçu le POMC cDNA, la réaction àl’AA était moins importante (diminution de 35 % de l’inter-valle entre les contractions). Cet effet antinociceptif était

réversé par la naloxone (1 mg/kgIM). Les auteurs concluentque le gène POMC peut être transféré dans la vessie, avecpour conséquence une augmentation locale d’endorphineet une diminution de la réponse nociceptive à l’irritationvésicale. Cette thérapie génique pourrait être utile dans letraitement de la cystite interstitielle ou d’autres douleursviscérales.

IRS : attention aux associations

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Journées Françaises de Pharmacovigilance. Rapportée par laRevue Prescrire 2003;23:833-4.

NEUROLEPTIQUES

Le Centre régional de pharmacovigilance de Tours a rap-porté 37 observations d’effets indésirables extrapyrami-daux : dyskinésies, syndromes parkinsoniens, etc., liés à laprise concomitante d’un antidépresseur inhibiteur ditsélectif de la recapture de la sérotonine (IRS) et d’un neuro-leptique, éventuellement utilisé comme antiémétique. Pour14 patients, le neuroleptique était pris depuis longtempssans signe extrapyramidal et l’antidépresseur débutérécemment. Dans 10 cas, les deux ont été débutés ensem-ble. Les 5 IRS disponibles en France ont été impliqués, ainsique 12 neuroleptiques. Dans 6 cas, il s’agissait de neuro-leptiques « cachés » derrière un usage antiémétique : méto-clopramide (Primpéran

®

), métopimazine (Vogalène

®

). Leseffets indésirables extrapyramidaux sont fréquents sousneuroleptiques. Ils sont plus rares sous antidépresseurs IRS.Dans certaines observations, la chronologie est très enfaveur du rôle de l’IRS. C’est le cas lorsqu’un neuroleptiqueétait pris depuis longtemps et que les symptômes extra-pyramidaux sont apparus peu après le début de traitementpar un IRS. Une interaction médicamenteuse est évoquée.Une interaction pharmacocinétique du fait de l’effet inhibi-teur du CYP 450 par les IRS pourrait augmenter les concen-trations plasmatiques de certains neuroleptiques. Uneinteraction pharmacodynamique, puisque les IRS inter-viennent aussi sur le système dopaminergique, pourraitaussi expliquer une addition d’effets indésirables extra-pyramidaux.

VENLAFAXINE + TRAMADOL : SYNDROME SÉROTONINERGIQUE

Le Centre régional de pharmacovigilance de I’HôpitalSaint-Vincent de Paul à Paris a présenté une observationde syndrome sérotoninergique lié à I’association trama-