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8/9/2019 Dans La Tradition

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Fdration Anarchistedu Royaume-Uni

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Ce qui suit a pour but de dcrire les divers mouvements politiques,vnements, ides et individus qui ont, dune manire ou dune autre,influenc le dveloppement de la Fdration Communiste Anarchiste etplus tard de la Fdration Anarchiste.

1. De la Premire Internationale la rvolution espagnolepage 3

2. La seconde guerre mondiale et aprs: Socialisme et Barbarie, 1956en Hongrie, Solidarity, Noir et Rouge.

page 10

3. 1968 en France et ses consquencespage 17

4. La Nouvelle Gauche, le Plateformisme, Wildcatpage 24

5. La grve des mineurs, Class War, lcologie sociale et les verts,COBAS

page 27

Ceci nest ni un arbre gnalogique, ni une revue systmatique delunivers politique rvolutionnaire des 150 dernires annes, mais unetentative de reconnatre celles-ceux qui paarticipent de notre visionpolitique. Une vritable thorie rvolutionnaire est toujours en

dveloppement: elle construit sur le pass et essaye de contribuer unnoyau dides et de pratiques qui reste au centre de tout projetrvolutionnaire. La thorie, notre comprhension du monde, na pasvolu en ligne droite, mais sest dveloppe par -coups au fil de lalutte de classes. Souvent, les leons apprises sembles oublies etredcouvertes des annes plus tard. Les rvolutionnaires semblentparfois rinventer la poudre. Les vnements dans un pays peuventrester presque inconnus ailleurs pour des raisons linguistiques etautres. Les groupes et les individus peuvent tomber sur desconclusions similaires partir de diffrents points de dpart, sans avoirconnaissance les un-es des autres. Les animosits idologiques,souvent fondes sur autre chose que la raison, peuvent faire que detelles entreprises ne bnficient jamais de la pollinisation croise deleurs ides.

La Fdration Communiste Anarchiste a t cre en 1985/86 (sous laforme du Groupe de Discussion Communiste Libertaire), comme unetentative pour remdier au manque de politique de lutte de classes etdorganisation cohrentes parmi les anarchistes britanniques. Au-delde cet objectif, la Fdration Communiste Anarchiste a du dfendre uneapproche non-dogmatique, tout en rejetant lclectisme alatoire qui

aurait garanti une paralysie politique.Dans la tradition 2


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De la Premire Internationale la rvolutionespagnole.

La Premire Internationale

Lmancipation de la classe ouvrire est la tche de la classe ouvrireelle-mme.

Cette devise de lAIT, probablement formule par Karl Marx, dcrit ladiffrence entre les rvolutionnaires qui pensent que la classe ouvrireest lagent de la transformation rvolutionnaire (Marx, Bakounine) etcelles-ceux qui pensent que la libration de la classe ouvrire est latche dautres forces (socialistes utopistes, proudhonnistes etblanquistes). La division au sein de lInternationale entre lescommunistes (les marxistes) et les socialistes rvolutionnaires(anarchistes) a cr deux ailes du socialisme. La vaste majorit desmarxistes (sociaux-dmocrates, lninistes) ont annon la devise de laPremire Internationale tout en agissant son encontre en pratique. Endpit de toutes sortes de confusions, dimpasses tactiques et detrahisons, les anarchistes rvolutionnaires y sont rest-es fidles.

Les Communistes Anarchistes

Aucun stand de la Fdration Anarchiste nest au complet sans aumoins quelques uns des classiques de ce quon peut appeler la

pense communiste anarchiste traditionnelle.Bien que Bakounine, incapable denvisager un communisme sans tat,a t collectiviste et a dfendu une forme dconomie dchange, dsles annes 1880, le mouvement anarchiste a rejet lconomieproudhonniste pour le communisme. Pierre Kropotkine est considr

juste titre comme le chef de file du communisme anarchiste la fin dudix-neuvime et dbut du vingtime sicle et son livre La Conqute dupain (1888) et en gnral considr comme le plus puissant ouvragedu communisme anarchiste insurrectionnel. Kropotkine dfend lideselon laquelle toute rvolution qui ne communiserait pas

immdiatement toutes les relations sociales, nexproprierait pas labourgeoisie et nabolirait pas le salariat serait condamne recrer

une forme de socit exploitrice fonde sur la proprit prive. Lescommunistes anarchistes se sont attaqus la notion de priode detransition caractrise par la continuation du systme montaire, mmesi largent serait remplac par des bons de travail ou autres.Contrairement au mouvement social-dmocrate, pour qui lacontinuation du salariat, sous contrle de ltat, tait un aspect centraldu socialisme, les communistes anarchistes voulaient une socitfonde sur lide selon laquelle Chacun produit selon sa capacit etreoit selon ses besoins.

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Le mouvement international

Le communisme anarchiste avait ses partisans dans la plupart des paysdu monde. Il est impossible de faire une liste de celles-ceux qui ontcontribu de faon importante aux dbuts de la thorie et du

mouvement, mais lon peut noter Carlo Cafiero, Sbastien Faure,Ricardo Flores Magon et Kotoku Shusui. A lintrieur du mouvement, il

existaient plusieurs diffrences tactiques. A un niveau plus profond, il yavait des diffrences entre les courants pro-organisationnels, commeceux autour de lancien social-dmocrate et dput Johann Most etdErrico Malatesta et les courants anti-organisationnels, comme ceuxautour de Luigi Galleani. Au sujet du syndicalisme, il y avait aussi desdivergences. Bien quune majorit de communistes anarchistessoutenaient, de faon critique ou non, le mouvement syndicaliste, lespremires critiques de toute identification de lanarchisme avec lesyndicalisme, comme celle de Malatesta, eurent une influence profondesur la Fdration Communiste Anarchiste des dbuts lorsque nousnous sommes intress-es aux critiques anarchistes du syndicalisme.En effet, lanarchisme pragmatique de Malatesta a t important pour laFCA dans bien des domaines.

La Ligue Socialiste

La dominance de la sociale dmocratie rformiste au sein dumouvement travailliste na pas t remise en cause que par lesanarchistes. Dans de nombreux pays, des oppositions

antiparlementaires se sont dveloppes et, en Grande-Bretagne, unesection de la Ligue Socialiste, une scission de la Fdration Sociale-Dmocrate a dfendu une position communiste anti-tatiste, rejetant toutautant la politique de nationalisation soutenue par la social-dmocratie.Elles-ils ont condamn Le socialisme dtat, sous quelque nom que cesoit, dont le but est doffrir des concessions la classe ouvrire tout enlaissant le systme actuel du capital et du salariat en place, Manifestede la Ligue Socialiste, 1885.

Les communistes anti-tatistes, qui comptaient William Morris et josephLane, furent parmi les premier-es critiquer le syndicalisme, quelles-ilsont compar la graisse qui huile la machine dexploitation. Dans sonManifeste communiste anti-tatistede 1887, Lane crit que les syndicatsdeviennent pas vraiment mieux que des caisses dallocation et rejettela campagne pour la journe de huit heures comme une mesurepalliative. Pour les thoricien-nes tel-les que Morris, le socialisme ou lecommunisme ne sont pas des journes moins longues, des allocationssociales ou de meilleurs salaires, mais la cration de conditions danslesquelles on pourrait vivre diffremment. Le dsir de vivre diffremmentest central, par exemple, dans notre Manifeste pour le Millnaire.

La rvolution russeDans la tradition 4


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Les rvolutions russes, de fvrier et doctobre 1917, ont secou lemonde et dclench une vague de luttes travers le monde. Cesvnements ont fait rv la classe ouvrire et les anarchistes etsocialistes qui staient oppos-es au massacre de la Grande Guerre.

Les soviets (conseils) et les comits dusine, qui ont merg commeorganes du pouvoir de la classe ouvrire sur les lieux de travail et

dans la socit entire, reprsentrent une cassure davec leparlementarisme et la dmocratie bourgeoise. La prise de pouvoir parles bolchviques, qui eut le soutien tacite de la plupart des militant-esactive-fs de la classe ouvrire, se rvla vite tre une usurpation dupouvoir de la classe ouvrire et la dictature du proltariat se rvlatre une dictature impose au proltariat alors que le gouvernementbolchevique dveloppait le capitalisme en Russie.

Lopposition lusurpation du pouvoir ne fut pas longue venir destravailleur-ses et des rvolutionnaires, y compris de certain-es au seinmme du parti bolchevique. Les comits dusine que les ouvrier-esavaient organiss pour grer lindustrie coordonnrent la rsistance etdemandrent le contrle des travailleur-ses contre lintroduction de lagestion par un-e femme-homme. Les travailleur-ses espraient garderla prise de dcision par la base. Bien que diffrentes de lacommunisation, ces tentatives dautogestion ouvrire tait au moins desexemples dactivit indpendante et des tentatives dtablissementdorganisations de la classe ouvrires autonomes contre ltat etlimposition de la gestion par un seul individu dfendue par Lnine.

Les anarchistes

Les anarcho-syndicalistes ses sont attaqu-es la bureaucratisation duprocessus rvolutionnaire entame en Fvrier 1917, en appelant labolition immdiate du systme capitaliste dtat et sonremplacement par un systme socialiste selon une ligne communisteanarchiste. Considrant les syndicats (qui taient domins par lessociaux-les-dmocrates menchviques et les bolchviques) commedes organisations mortes, elles-ils dcrivirent les comits dusinecomme les formes dorganisation de lutte de tout le mouvementouvrier sur les paules desquels la rvolution a pos la tche dereconstruire la vie conomique selon des lignes communistes,Programme de la confrence anarcho-syndicaliste, Moscou, Aot 1918.

Plus tt dans lanne, au sein du parti bolchevique, les communistesdits de gauche critiqurent la politique du parti qui touffait linitiativedes travailleur-ses en disant le socialisme et lorganisation socialiste dutravail sera soit construite par le proltariat lui-mme ou ne sera pasconstruite; mais alors quelque chose sera tabli, le capitalisme dtat.KommunistNo.2, Avril 1918.

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Le mouvement makhnoviste

En Ukraine, de 1918 1921, les Makhnovistes, lArmeInsurrectionnelle Rvolutionnaire mene par le communiste anarchisteNestor Makhno, rsistrent arme en main limposition du capitalisme

dtat. Quand elles-ils ne combattaient pas les propritaires terriens, lesenvahisseur-ses allemand-es, les nationalistes ukrainien-nes ou lArme

Rouge, les makhnovistes encourageaient ltablissement decommunes volontaires de travail de paysan-nes et douvrier-es. Bienque celles-ci, comme les comits dusine, taient lexpression delactivit indpendante de la classe ouvrire, elles furent incapablesdentreprendre une communisation totale des relations sociales avantleur destruction par les bolchviques. Si le socialisme dans un seulpays est impossible, le socialisme dans une rgion lest tout autant.Nanmoins, les rvolutions russes et ukrainiennes restent un exempleune influence pour nous tou-tes car elles montrent le potentiel de l auto-organisation de la classe ouvrire.

La rvolution allemande et le communisme des conseils

La rvolution allemande (1918-23) a connu des tentatives rptes destravailleur-ses de mettre en place des organes de contre-pouvoircomme les conseils territoriaux et les comits de lieu de travail. Lescommunistes et les anarchistes simpliquaient dans ces mouvements declasse, essayant de les pousser aussi loin que possible. Les conseilstaient, cependant, domins dans bien des cas par les sociaux-les-

dmocrates dont le but tait dtablir une rpublique capitaliste etsemparer du pouvoir. L o les vnements dbordaient, les

socialistes nhsitaient pas utiliser les lments militaristes les plusractionnaires pour assassiner les rebelles et craser la rvolutionnaissante.

Lexprience des conseils russes et allemands mena certain-esrvolutionnaires considrer les conseils de travailleur-ses comme laplus haute expression de lauto-organisation ouvrire. La plupart desdfenseurs de la rvolution des conseils avaient t lextrme gauchedes partis sociaux-dmocrates dAllemagne et de Hollande (des genscomme Otto Ruhle, ancien dput social-dmocrate) ou dans de petitsgroupes en opposition avec la social-dmocratie (comme lesCommunistes Internationaux-ales dAllemagne (IKD)). Sappelantdabord communistes de gauche, ils taient fidles la rvolutionbolchevique et la nouvelle Internationale communiste, mais critiques lgard de la politique parlementaire et syndicale des lninistes. Contrellectoralisme, ils demandaient tout le pouvoir aux conseils detravailleur-ses et encourageaient les travailleur-ses abandonner lessyndicats et former des organisations de travail qui seraientexplicitement anti-capitalistes.

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Dur-es comme le fer, clair-es comme le verre

Les communistes gauchiste, bien qutant une majorit, furent expuls-es du jeune Parti Communiste en 1920 et fondrent leur propre Partides Travailleur-ses Communistes, comptant environ 40 000 membres.

Le nouveau parti jura dtre

dur comme le far, clair comme le verre

, etne comptait que les communistes les plus convaincu-es. Simultanment,

il rejeta lide des politique dirigistes, appela la dictature du proltariatet non du parti et sopposa lide dinjecter la conscience au sein dela classe ouvrire depuis lextrieur. Tout cela attira les foudres deLnine qui, dans Communisme de gauche: une maladie infantile passeun bon moment attaquer les dviances anarchistes des communistesde gauche.

Certains communistes gauchistes, qui, aprs une rupture dfinitivedavec lInternationale Communiste, prirent le nom de communistesconseillistes, rejetrent lide dorganisations politiques et conomiquesspares et crrent une organisation unitaire en parallle celle duParti des Travailleur-ses Communistes. Dautres rejetrent toute formedorganisation et finirent part ressembler a peu prs desindividualistes.

La plupart des communistes conseillistes se considraient marxistes etbeaucoup partageaient un mme mpris de lanarchisme, quils-ellesconsidraient comme une idologie petite-bourgeoise. Les anarchistesallemands de lutte des classes lpoque taient trs fort-es, bien que

souvent divis-es. Aprs 1925, des pans du mouvement communisteconseilliste travaillrent avec les anarchistes dans des blocs anti-autoritaires.

Lhritage positif quont laiss les communistes conseillistes etgauchistes est leur avance thorique dans leur analyse des syndicatset de la dmocratie parlementaire et dans leur comprhension de lacentralit de lauto-organisation de la classe ouvrire dans le projetrvolutionnaire. Leur hritage ngatif peut tre rsum dans laftichisation de la forme du conseil, au dpend de son contenuvritable une priode donne. Cela mne lidologie duconseillisme, qui a souvent vu les conseils comme une solution tout,une copie de la ftichisation lniniste de la forme du parti. Malgr leurschecs, lexprience des conseils de travailleur-ses et de la thoriecommuniste des conseils sont trs importantes pour le dveloppementpostrieur de la politique rvolutionnaire.

LAPCF

La contribution britannique la tradition communiste de conseils estprincipalement la Fdration Communiste Anti-Parlementaire (APCF),

qui, de 1921 jusqu

au milieu des annes 1940, a dfendu une politiqueDans la tradition 7


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similaire celle dcrite ci-dessus. LAPCF, cependant, se dcrit commeanarcho-marxienne et tente dutiliser ce quelle trouve de mieux dansles deux traditions.

Dans lentre-deux-guerres, ctait le plus consistant dun petit nombre de

groupes et dindividus qui dfendait une politique communiste libertaireet tait lun des rares courants sopposer la seconde guerre

mondiale sur des bases internationalistes rvolutionnaires et dcriretous les tats belligrants, y compris lUnion Sovitique, commeimprialistes.

La Plate-forme

Il ny a pas dhumanit unique, il y a une humanit de classes,desclaves et de matres. La Plate-forme organisationnelle descommunistes libertairesde 1926 fut sans conteste la plus remarquablecontribution la politique et la pratique anarchistes pendant peut-treun quart de sicle. crite par Piotr Arshinov, Nestor Makhno, Ida Mett etdautres rfugi-es rvolutionnaires du rgime bolchevique, la Plate-forme tait sans compromis, cohrente et bien argumente. Elle aconstitu un tournant de lanarchisme, une rupture avec les tendancesanti-organisationnelles qui avait accabl le mouvement comme unefivre jaune. La Plate-forme dit que les anarchistes doivent sorganiserpour accomplir leur tche d avant-garde organise de la classeouvrire! Bien que la Fdration Anarchiste ne se soit jamais dcritecomme une organisation plateformiste, la Plate-forme a servi nous

vacciner contre lafivre jaune

et nous reprenons son appel pour uneunit thorique et tactique.

La rvolution espagnole

Il ne peut y avoir absolument aucun terrain dentente entre exploiteur-trices et exploit-es qui le remporte, seule la bataille peut dcider. Labourgeoisie ou les travailleur-ses. Certainement pas les deux la fois. Les Amis de Durruti, Barcelone, 1938.

La guerre civile et la rvolution espagnoles ont mis deux faits enlumire: le premier, que lanarchisme apolitique est vou lchec et, lesecond, que lanti-fascisme est utilis par une partie de la classedirigeante pour rallier la classe ouvrire la dfense du capitalismedmocratique.

Ltat de double pouvoir qui existait la suite du dbut de la guerrecivile entre la classe ouvrire et paysanne rvolutionnaire et legouvernement du front populaire dans la zone rpublicaine ainvitablement donn lieu la dominance de la bourgeoisierpublicaine, staliniste et social-dmocrate. Lopportunit dcraser la

bourgeoisie rpublicaine et nationaliste tait relle pour les travailleur-Dans la tradition 8


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ses et paysan-nes arm-es mais le pouvoir de ltat resta intact et lestentatives des anarchistes furent rapidement djoues. La derniretentative de raffirmer les intrts des masses ouvrires pris place audbut du moi de mai 1937. La CNT et la FAI, avec ses ministresanarchistes en tte, appela larrt de la guerre de classe qui clatait

et la rvolution espagnole mourut. Les militants dissidents de la CNT-FAI, les Amis de Durutti, le rsumrent en disant que la dmocratie avaincu le peuple espagnol, pas le fascisme. LEspagne antifasciste adtruit la rvolution espagnole et pav la route la seconde guerremondiale.

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La seconde guerre mondiale et aprs:Socialisme ou Barbarie, Hongrie 1956,Solidarit, Noir et Rouge, jusqu la veille de

Mai 68.Peu de groupes politiques organiss se sont opposs la secondeguerre mondiale dun point de vue de classe. Ces minoritscomprenaient les anarchistes, les communistes conseillistes (les restesdu mouvement rvolutionnaires des travailleur-ses en Allemagne, enHollande et ailleurs) et des communistes de gauche tels que lesBordigistes (communistes italiens en exil qui soutenaient les positionsdu premier chef du Parti Communiste Italien). Dans lEurope occupe,ces groupes taient isols et taient en grave danger sils continuaientleur intervention politique. Durant la guerre, les dveloppements

thoriques furent limits, comme on peut le comprendre, les militant-estaient trop occup-es viter les balles ou la conscription. Suivant lathse de leur dfunt leader, les Trotskistes prdirent linvitable chute delUnion Sovitique daprs-guerre dans la barbarie, le capitalisme ou larvolution politique (cest--dire un changement de direction) quiremettrait la Russie sur le chemin vers le socialisme.

Consensus social-dmocrate

Beaucoup parmi la gauche partageaient loptimisme au sujet des

possibilits de changement rvolutionnaire immdiatement la fin de laguerre, anarchistes et communistes libertaires inclus. Les souvenirs dela vague rvolutionnaire la fin de la premire guerre mondialepersistaient. Cependant, le mouvement daprs-guerre en Allemagneavait t cras et la dominance de ces hros de la rsistance, lesPartis Communistes Italien et Franais, signifiaient que le soulvementse limitait des mouvements de grves plutt que des insurrections.Grce au boom conomique quamena la restructuration daprs-guerre, un consensus social-dmocrate prvalut en Europe. En Europede lEst, les mouvements ouvriers autrefois puissants taient maintenantsous la botte staliniste, aprs avoir t librs par lArme Rouge.

Alors, de nombreux rvolutionnaires ressentirent le besoin de porterun nouveau jugement sur le projet socialiste la lumire desdveloppements des trente dernires annes. En 1946, une factiondissidente se dveloppa parmi la section franaise de la QuatrimeInternationale, dont les figures de proue comptaient CorneliusCastoriadis, Claude Lefort et Franois Lyotard. Sloignant delorthodoxie trotskiste, elles-ils quittrent la Quatrime et, en 1945,lancrent un journal, Socialisme ou Barbarie, qui rejetait lide trotskisteselon laquelle lURSS tait un tat des travailleur-ses dgnr. A laplace, Socialisme ou Barbarie disait que lURSS tait une forme decapitalisme dtat. En soi-mme, ce ntait pas une rvlation, aprs quelURSS ait t qualifie ainsi, par les anarchistes et les communistes deDans la tradition 10


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gauche, ds 1921. Ce qui tait nouveau, ctait lide dveloppe parSocialisme ou Barbarie selon laquelle la bureaucratisation de lasocit tait un phnomne universel, dont lUnion Sovitique tait unevariante particulire (totalitaire et non fragmente comme lOuest).Cette thorie de la bureaucratisation a eu des consquences sur le

dveloppement de la pense politique de Socialisme ou Barbarie. Lespremires runions de Socialisme ou Barbarie furent frquents, entreautres, par des Bordigistes franais, Fontnis et ses camarades et parcelles-ceux qui allaient plus tard mettre en place lInternationaleSituationniste. Les runions ont du tre intressantes!

Lutte autonome

En plus danalyser la nature de lUnion Sovitique, le groupe sest aussiconsacr limportance des luttes autonomes de travailleur-ses contreleur reprsentation officielle, tels que les partis communistes etsocialistes, mais particulirement contre les syndicats. CorneliusCastoriadis ne fit aucun effort pour masquer linfluence du communisteconseilliste Anton Pannekoek sur sa conception du socialisme commequelque chose que fait la classe ouvrire, plutt que comme quelquechose qui lui est fait ou impos par les circonstances objectives. Leboom daprs-guerre qui ne montrait pas de signes de saffaiblir amenacertain-es au sein de Socialisme ou Barbarie, en particulier, mais passeulement, Castoriadis, croire que le capitalisme avait dpass satendance tomber dans des crises priodiques et que, enconsquence, lexistence de la lutte sociale sattaquait une autre crise,

celle de lorganisation de la vie sociale sous le capitalismebureaucratique. Pour Castoriadis, la lutte entre propritaires des

moyens de production et travailleur-ses avait t remplace par la lutteentre celles-ceux qui donnent et reoivent des ordres, entre labureaucratie et celle-ceux qui effectuent les ordres des bureaucrates.La lutte en tait donc venue savoir qui dirigerait la production: lesproducteur-rices elles-eux-mmes ou une autre strate. En termedapproche des considrations organisationnelles, Socialisme ouBarbariepartit dune perspective de parti mais devint plus spontaniste

jusqu sa disparition en 1966. Castoriadis quant lui quitta la viepolitique pour devenir intellectuel professionnel (psychologue critique,rien que a!). Peu aprs, Franois Lyotard trouva du travail bien pay dfendre la socit de classe et le crtinisme intellectuel en tant quegourou du postmodernisme. En 1963, Socialisme ou Barbariescissionna et un groupe appel Pouvoir Ouvrier ( ne pas confondreavec le groupe trotskiste britannique du mme nom) mergea, critiquede la nouvelle analyse de classe, se revendiquant dune analyse declasse plus traditionnelle et du besoin dune organisation de typeavant-gardiste pas trs loigne de celle des Trotskistes. Ce groupemontra comment un courant politique peut tomber moiti juste!

PlateformismeDans la tradition 11


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Linfluence de la Plate-forme dorganisation des communistes libertairessest fait fortement ressentir en France o le dbat entre plateformisteset synthsistes fit rage durant toutes les annes 1930. La secondeguerre mondiale gela ses disputes pour un temps mais elles refirent

immdiatement surface avec la venue de lapaix

. La FdrationAnarchiste Franaise devint, pour un temps, domine par les

plateformistes qui changrent son nom en Fdration CommunisteLibertaire (FCL) et exclurent celles-ceux qui sopposaient auxchangements. La FCL mettaient laccent sur lengagement quotidien etlopposition se regarder le nombril en philosophant.

Manifeste du Communisme Libertaire

En 1953, Georges Fontnis de la FCL publia le Manifeste ducommunisme libertaire. Le Manifeste, qui ne fut pas traduit en anglais

jusque presque 35 ans plus tard, reste probablement aujourdhuilexemple le plus cohrent crit plateformiste disponible. Dans celui-ci,Fontnis dfend avec force que lanarchisme est un produit des luttessociales et de la lutte de classe et non une philosophie abstraite ouune thique individuelle. Au contraire, il crit, il est n dans et du socialet il a fallu attendre une priode historique donne et un certain tatdantagonismes de classe pour que les aspirations communistesanarchistes ne se rvlent clairement ou pour que la rvolte ne rsulteen une conception cohrente et entirement rvolutionnaire. LeManifeste, comme la Plate-forme avant lui, dfend lunit thorique,

lunit tactique, la responsabilit collective et un mode d

action collectif,organis par une organisation spcifique. Bien quil rejette la notion de

dictature du proltariat comme terme trop ouvert interprtations pourtre utile, le Manifeste fut peru par beaucoup comme tendant auLninisme sans Lnine.

Noir et Rouge et les Groupes Anarchistes dActionRvolutionnaire

En 1955, les Groupes Anarchistes dAction Rvolutionnaire (GAAR)scissionrent de la Fdration Communiste Libertaire (FCL),mcontents de la direction que prenait la FCL (y compris des flirts avecllectoralisme rvolutionnaire!), mais souhaitant continuer dfendrele plateformiste. Le groupe lana un magazine, Rouge et Noir, en 1956,qui perdura jusquen 1970. Le groupe adopta le nom Rouge et Noir en1961 et un an plus tard certain-es des personnes impliquesrejoignirent la Fdration Anarchiste franaise. Noir et Rouge avaitpour but premier de prparer la base dun anarchisme renouvell, etpour ce faire le groupe a tent de redfinir les expriencesrvolutionnaires du vingtime sicle, en particulier les expriences desconseils de travailleur-ses en Russie et les collectivisations de la

rvolution espagnole mais aussi celles de 1956 en Hongrie et lesDans la tradition 12


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tentatives plus rcentes d autogestion en Yougoslavie et en Algrie.Cela amena le groupe, surtout aprs 1961, critiquer toute la politiquervolutionnaire traditionnelle, y compris le plateformisme. Il sembleraitquelles-ils convergrent durant les annes 50 et au dbut des annes60 depuis des points de vue trs diffrents. Contrairement la majorit

des GAAR, le groupe du magazine se dtourna dun intrt pourlorganisation vers une approche plus spontane. Contrairement

Socialisme ou Barbarie cependant, peu de leurs crits furent publis enanglais et leurs efforts de pionnier-es de renouveler lanarchisme sontdonc presque inconnus hors de France. Peut-tre le plus malfam desassoci-es de Noir et Rouge tait Daniel Cohn-Bendit, Danny leRouge, qui allait jouer le rle de porte-parole pour les vnements demai en France. Noir et Rouge, tout comme SoB et les situationnistes(voir plus bas), eut une grande influence sur ce qui a prcd mai 68 etsur les vnements eux-mmes, malgr la circulation limite de leursides et de leurs publications. Ce dont il faut se souvenir dans nosactions et notre propagande.

Gruppi Anarchici dAzione Proletaria

Dans lItalie daprs-guerre, des anarchistes influenc-es par la traditionplateformiste et par le marxisme critique du communiste allemand KarlKorsch apparurent. Ils-elles sopposrent la large organisationsynthsiste, la Fdration Anarchiste Italienne (FAI), qui commenait rejeter lanalyse de lutte des classes en faveur dune versionvaguement humaniste de lanarchisme. Contrairement aux

plateformistes franais, les Italiens dcidrent de scissionner de la FAIet de fonder leur propre organisation, les Groupes Anarchistes dActionProltaire (GAAP) en 1949/50. Elles-ils mirent en avant le besoin duneapproche politique rigoureuse, un engagement avec le marxisme etdfendirent la base de classe de lanarchisme. Beaucoup de leurnergie fut engage dans la lutte contre le stalinisme, sous la forme dumassif Parti Communiste. Sur le plan international, ils-elles appelrent louverture dun Troisime Front rvolutionnaire contre limprialismeamricain et sovitique et elles-ils firent partie de lInternationalCommuniste Libertaire, de courte dure, avec des camarades franais-es et espagnol-es. Isol-es de lanarchisme traditionnel et finalementmarginalis-es par le stalinisme une poque de faible lutte de classes,les GAAP finirent par fusionner avec Azione Comunista, uneconfdration de dissident-es trotskistes, de bordigistes et dancien-nesmilitant-es du Parti Communiste, dont ils-elles furent expuls-es peulongtemps aprs. Cela a men la dsintgration du groupe.

1956 en Hongrie

Le soulvement hongrois de 1956 a t accueilli comme une bouffedair frais contre la puanteur du stalinisme et a eu des consquences

partout dans le monde en poussant de nombreux socialistes de laDans la tradition 13


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gnration daprs-guerre non seulement questionner la validit dusocialisme existant aujourdhui mais aussi se demander ce qutait lecontenu du socialisme. La thse de Socialisme ou Barbarie sur lanature anti-bureaucratic du socialisme authentique semblaitparticulirement dactualit. Le groupe lui-mme fut davis que durant

les annes venir, toutes les questions seront condenses en uneseule: tes-vous pour ou contre laction et le programme destravailleur-ses hongrois-es? Alors qutait exactement la rvolutionhongroise et pourquoi a-t-elle t un tel tournant? La Hongrie en 1956tait sous le gouvernement de Imre Nagy, un staliniste dulcor nommpar Moscou pour libraliser la Hongrie et poser un couvercle sr surle mcontentement. Malgr ses rformes, le systme dexploitation aunom du socialisme continua de gnrer de la contestation. Le 23octobre 1956, aprs une mobilisation dans la capitale, Budapest,dtudiant-es qui revendiquaient une rforme modre, certain-es des200 000 manifestant-es attaqurent la station de radio de ltat etcommencrent la rvolte hongroise. Mme si les tudiant-es etintellectuel-les avaient commenc le mouvement, cest la classeouvrire qui a repris le flambeau et sest assure que les tankssovitiques soient accueillis par une rsistance acerbe. Durant les joursqui suivirent, une vague de ferveur insurrectionnelle a envelopp laHongrie: les travailleur-ses quittrent leurs usines et leurs bureaux pourparticiper des attaques sur les quartiers gnraux de la bourgeoisierouge locale et leur police secrte. Des conseils de travailleur-ses ontt crs dans tous les centres industriels, prenant le pouvoir effectif tous les niveaux. Ces conseils se coordinrent au niveau local et

rgional et essayrent de raliser une sorte de contrle des travailleur-ses sur leur lieu de travail. Le programme des conseils de travailleur-ses diffrait selon les rgions, mais il ne demandait nulle part larintroduction du capitalisme de libre march. Les limites de leur formede contrle des travailleur-ses nont pas eu le temps de se rvlerpuisque la rvolution hongroise, narrivant pas se dvelopper au-deldes frontires nationales, a succomb au pouvoir militaire de larmesovitique. Lexprience des conseils, qui se sont dveloppsspontanment sans aucun parti avant-gardiste et qui en quelques jours pris en main la production, la distribution et la communication auniveau national a eu un fort impact sur celles-ceux du mouvementrvolutionnaire qui voulaient bien voir au-del des mensongesstalinistes de tentative de restoration du capitalisme par desnationalistes. Quelles que soient les limites du programme desconseils, le fait que la classe ouvrire ait nouveau montr sa capacitdaction autonome fut une inspiration pour celles-ceux qui se battentpour lauto-organisation de la classe ouvrire.

Solidarity

Trois ans plus tard en Grande-Bretagne, un courant se dveloppa,

sous l

influence de Socialisme ou Barbarie, qui se dtacha duDans la tradition 14


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trotskyisme (dans ce cas, de la Ligue Travailliste Socialiste dirige parGerry Healy). Dabord appel Socialisme Raffirm, le groupe se fitappel Solidarit et a exist sous une forme ou une autre pendantpresque 30 ans. Bien que se dcrivant dabord comme un groupemarxiste critique de lhritage bolchvique, il a vite dvelopp son

propre caractre en tant qu

organisation nationale

de socialisteslibertaires. En 1961, il publia une traduction en anglais de la dclaration

principale du groupe de Socialisme ou Barbarieet publia par la suite lamajeure partie des oeuvres de Castoriadis (sous le nom de plume PaulCardan, y compris ses crits daprs 1964. Tout comme Castoriadis,Solidarit dfendait la ncessit dautogestion de la production et de lasocit par les travailleur-ses, mais pas tou-tes celles-ceux qui taientimpliqu-es dans lorganisation acceptait entirement sa notion dunouveau sujet rvolutionnaire en tant que receveur dordres pluttque proltaire. LInternationale Situationniste (voir plus bas) suggreque, grce la traduction de Solidarit, le groupe a reu les crits deCastoriadis comme la lumire des toils qui ont cess de briller depuislongtemps arrive sur Terre et ntaient pas au courant que le fondateurde Socialisme ou Barbarie tait mort depuis longtemps dun point devue politique. Bien que la Fdration Anarchiste rejette gnralement leterme dautogestion cause de toutes ses ambiguts, cest vident quebeaucoup de membres de Solidarit interprtrent le terme commesignifiant la fin de la production pour la vente et lchange. Quellesquaient t les faiblesses de Solidarit (surtout leur attitude faible quantau maintien dune organisation internationale et leur manque dedirection politique aprs quils-elles se soient dsintgr-es aux

environs de 1980), le groupe tait impliqu dans une activit et unepublication rvolutionnaire importante pendant au moins vingt ans deses trente annes dexistence et a produit un monceau de littrature quidfendait une vision cohrente du socialisme libertaire qui taitdisponible nulle part ailleurs. En comparaison avec les anarchistes delutte de classe en Grande-Bretagne dans les annes 60 et 70, ils-ellesont dvelopp un corpus consistant dides politiques qui reconnaissaitla ncessit de lauto-organisation de la classe ouvrire en dehors desmodles lninistes et sociaux-dmocrates.

LInternationale Situationniste

LInternationale Situationniste a t fonde en 1957, de lunion de troisgroupes artistiques/culturels davant-garde. Pendant les cinq premiresannes de son existence, son centre dintrt thorique tait dedvelopper une critique de lart, de la culture, de la plannification desvilles et de toute autre chose quils-elles considraient digne davoirune critique. Cest seulement en 1962 que le groupe -qui, bien que petiten nombre, stendait travers toute lEurope (bas prinipalement enFrance)- a vraiment dvelopp une perspective politique, fonde sur lesauvetage de ce quil y avait dauthentiquement rvolutionnaire dans

l

histoire et les pratiques du mouvement ouvrier. Leur orientationDans la tradition 15


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politique de dpart tait grandement influence par Socialisme ouBarbarie, et, tout comme ce groupe, leur ambition tait daider lacration dun nouveau mouvement rvolutionnaire dond sur leproltariat des pays industriels dvelopps. Quand les situationnisteseurent formul leurs positions, Socialisme ou Barbarie avait perdu

espoir dans le proltariat et avait perdu toute relle prsencedynamique dans la vie politique rvolutionnaire (voir plus haut). Leproblme de toute apprciation de lInternationale Situationniste estlhritage laiss par leurs hritier-es et interprtes (parfois appel-espro-situs), qui les prsente comme des intellectuel-les mcontent-es etdestructeur-trices avec trs peu de contributions positives faire. Enralit, en juger par leurs propres crits et les tmoignages de leuractivit, elles-ils taient loin dtre des artistes malajust-es commeleurs adversaires les ont souvent dcrit-es. Les situationnistes ont prisles conception de Marx de lalination et lont appliqu la socitdans son ensemble plutt quau seul monde du travail. Elles-ils ontdfendu que le travail alin tait un lment central de lexistance danstous les aspects de la vie quotidienne: les proltaires taient confront-es leur propre alination chaque dtour. Dans la culture, le sport,lducation et la pseudo-rvolte, tout ce qui peut tre transform en biende consommation lest. Cette socit dimages madiatises, duspectacle ne peut tre abolie que par la rvolution proltaire et laralisation de l atogestion gnralise, qui signifiait pour lessituationnistes labolition du salariat et de ltat: La seule raison pourlaquelle les situationnistes ne se disent pas communistes, cest pourviter dtre confondu-es avec les cadres pro-sovitiques ou pro-

chinois des bureaucraties qui sopposent aux travailleur-ses

, Sectionitalienne de lIS, 1969. Ainsi, cest par leur action quils devraient tre

jug-es. Au cours de vnements de mai 1968 Paris, lessituationnistes, leurs camarades et leurs alli-es ont du faire face unesituation rvolutionnaire relle. Se sont-elles-ils montr-es la hauteur?

Dans la tradition 16


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1968 en France et ses consquences

Nous avons jet un coup doeil aux courants qui ont merg dans lesannes 1960, en particulier les britanniques de Solidarit etlInternationale Situationniste. Ces deux groupes allaient assister auxvnements de mai-juin 1968 et y voir une confirmation de leurargument selon lequel la rvolution moderne se dvelopperait parlactivit autonome de million de gens ordinaires et serait unervolution contre les rprsentant-es officiel-les de la classe ouvrire:les syndicats et les partis socialistes et communistes.

Grce aux efforts incessants des mdias bourgeois, mai 68 a trduit une rvolte tudiante centre entirement sur Paris et enparticulier sur luniversit de la Sorbonne occupe, qui a vu laconstruction de barricades, des affrontements avec la police et

beaucoup de bruit pour rien. Les mdias modernes aiment montrer latrajectoire politique quont suivie celles-ceux qui y ont particip, surtoutle porteparole Daniel Cohn-Bendit, lpoque communiste libertaire,maintenant un dput vert qui soutient lOTAN, comme preuve que lesvnements nont pas eu deffet durable et ntaient quune explosiondexubrance juvnile chez les enfants de la bourgeoisie.

La rvolution sociale reste la hantise du capitalisme

La ralit des vnements de mai-juin, le plus grand mouvementrvolutionnaire en France depuis la Commune de Paris (InternationaleSituationniste, sptembre 1969) est bien diffrente. Bien que laction destudiant-es ait servi de dtonateur, la vritable explosion sociale sestmanifest par la plus grande grve sauvage de lhistoire, loccupationde lieux de travail travers le pays et la preuve, sil y a besoin depreuve, que le spectre de la rvolution reste la hantise du capitalisme.

En suprficie, linsurrection de mai 1968 semble venir de nulle part. EnFrance, et en Europe en gnral, la lutte des classes tait marebasse, il semblait y avoir une dpoliticisation massive, en particulierchez les jeunes, et les possibilits de mouvement rvolutionnaire

semblaient trs faibles.Cependant, dans de larges secteurs de la classe ouvrire, il existaitune amertume de longue date de revendications ignores pendantlongtemps sur les salaires et des ressentiments qui pourrissaient ausujet des conditions de travail. Parmi les jeunes travailleur-ses enparticulier il y avait un sentiment que la misre de la gnrationprcdente ne leur convenait pas. Cest au sein de cette partie de laclasse ouvrire, y compris les blousons noirs, membres de gangs derue, que lesprit rvolutionnaire a pris et ils-elles taient en gnral lespremier-es rejoindre les tudiant-es dans la rue, pour en dcoudre

avec la police.Dans la tradition 17


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Dans les universits, les lyces et de nombreux lieux de travail, il y avaitaussi divers groupes et individus rvolutionnaires qui avait existpendant des annes, dont certain-es faisaient ou avaient fait partie descourants socialistes libertaires dcrits dans la deuxime partie de ce

texte. Avant les vnements de mai-juin, ces groupes staientdvelopps, mais on ne peut pas dire de faon importante ou rapide.

Cependant, les ides rvolutionnaires avait un auditoire restreint maiscroissant au sein dune partie significative des tudiant-es et destravailleur-ses.

Lagitation commena sur le campus de Nanterre de luniversit deParis, un nouveau cauchemar de verre et dacier ultra-moderne plantau milieu dun quartier populaire habit surtout par des immigrant-esalgrien-nes. En avril 1967, des tudiants campent devant les dortoiresdes femmes pour protester la sgrgation sexuelle, lanant uneprotestation qui connut un effet boule de neige et mena au boycott descours par les tudiant-es en novembre.

22 mars

Le 22 mars 1968, un groupe dtudiant-es occupe ladministration pourprotester contre larrestation de membres du Comit National Vit-Nam(les manifestations contre la guerre du Vit-Nam avaient lieu tout autourdu globe). Ce fut la naissance du Mouvement du 22 mars (M22), ungroupe de style affinitaire de la nouvelle gauche amorphe, mais qui

comprenait des anarchistes et des gens influences par les idessituationnistes. Le porte-parole du M22, Daniel Cohn-Bendit taitassoci au groupe communiste libertaire Noir et Rouge et, grce auxmdias, il devint le visage du mouvement. Egalement au centre delagitation tudiante se trouvaient les Enrag-es, en aucun cas tou-tesdes tudiant-es, mais plutt un groupe dagitateur-trices proche delInternationale Situationniste. Du ct tudiant, ces groupes essayaientde pousser le mouvement aussi loin quil pauvait aller, contre les forcesdu stalinisme et du modernisme qui voulaient que la lutte restesectorielle, limite amliorer les conditions des singes du zoouniversitaire.

Les vnements de mai dbutrent par une manifestation appele parle M22 le lundi 6 mai, pour concider avec le conseil disciplinaire demembres du M22 la Sorbonne et le jour officiel de dbut desexamens. Les autorits universitaires, qui espraient craser la minoritde militant-es, ferma la Sorbonne et fit venir les CRS le vendredi 3 mai.De violents affrontements eurent lieu au Quartier Latin (autour deluniversit) alors que les flics tentaient darrter les fauteurs de troubleet intimider les tudiant-es en gnral. Le syndicat dtudiant-es officiel(UNEF) et le syndicat des enseignant-es appelrent la grve

immdiate en protestation. Cela continua durant tout le week-end et unDans la tradition 18


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tribunal durgence mis en prison six agitateur-trices tudiant-es et lesautorits interdirent la manifestation prvue pour le lundi. Lamanifestation eut lieu et fut la plus importante Paris depuis la guerredAlgrie. Entre le lundi et le vendredi suivant, le mouvement saccrutavec toujours plus de monde dans les rues, des discussions, des

prparation et de lorganisation. Le vendredi, les premires barricadesse levrent et la situation pris un tournant semi-insurrectionnel la suite

dune manifestation de 30 000 personnes o les tudiants furentrejoints par de nombreux-ses lycen-nes et travailleur-ses desenvirons. La raction de la police fut brutal lextrme mais la situationvoluait dune lutte tudiante isole Paris vers quelque chose quiallait impliquer des millions de personnes dans toute la France, cest--dire un mouvement de classe.

Le 13 mai, en se rendant compte que la lutte la base prenait delampleur, les syndicats, CGT staliniste en tte, appela une grve dune

journe pour relcher la pression et maintenir un rle de leader. Lamanifestation dau moins 200 000 personnes (certain-es estiment unnombre bien plus lev) comprenait des travailleur-ses de toutes lesindustries et lieux de travail. A la fin officielle du dfil, le servicedordre de la CGT, qui tait au nombre dau moins 10 000, russit faire disperser la foule, bien quils-elles aient du intimider physiquementbeaucoup dactivistes qui nappartenaient pas au parti pour garder lecontrle. Des milliers parvinrent tout de mme se runir sur le Champde Mars au pied de la Tour Eiffel pour discuter do allait la lutte.

La bonne direction

Le 13 galement, les CRS partirent de la Sorbonne qui fut occupe parla suite par les tudiant-es et autres. Dans une atmosphre quon adcrite comme euphorique, les btiments universitaires furenttransforms en une vaste arne de discussions et dactionsrvolutionnaires, 24 heures sur 24. Les occupant-es de dpart furentvite rejoints par des dlgations dautres tablissements, des lyces (oles organisations de la Jeunesse Anarchiste Communiste jouaient unrle important dans la cration des Comits dAction Lycens) etdautres usines et bureaux. Diffrents comits furent crer poursoccuper de loccupation, linformation, la liaison avec les travailleur-ses et les autres tudiant-es. Les groupes lninistes se disputaient ausujet de la signification historique de tout cela et qui mnerait lemouvement dans la bonne direction. Bizarrement, aucun-es dentreelles-ils navaient besoin de le faire. Celles-ceux qui voulaientrellement dvelopper le mouvement jusquau bout essayrentdapprofondir la rupture avec la socit bourgeoise et dencourager laclasse ouvrire prendre les choses en main (et les garder hors decelles des syndicats et des partis).

Occupation des lieux de travailDans la tradition 19


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Loccupation des usines et autres lieux de travail commena le 14 mai,lorsque lusine Sud Aviation Nantes fut occupe par ses employ-es.Le jour suivant les usines Renault de Cleon et de Flins taientoccupes et au cours des jours suivants, la grve sauvage stendait

toute la France. Peu de grandes usines ntaient pas concernes,mme dans les villes rurales. Des Comits dAction taient mis en place

dans dinnombrables usines et bureaux et des drapeaux rouges (etparfois noirs) t hisss sur les chantiers, les coles et les mines. Au 20mai, la France entire tait paralyse. Les tudiant-es parlaient auxouvrier-es et les ouvrier-es parlaient entre eux, la question principaletait de savoir jusquo aller. A la Sorbonne, les lmentsrvolutionnaires de loccupation crirent un appel loccupationimmdiate de toutes les usines de France et la cration de conseilsouvriers. Pour un temps, il sembla possible que la rvolution irait bienplus loin que se dbarasser du gouvernement gaulliste. Quand lamajorit du Comit dOccupation tergiversait, les lmentsrvolutionnaires, situationnistes et les Enrag-es formrent un Comitpour Maintenir les Occupations le 19 mai, qui continuait appeler lacration de conseils ouvriers. Cet appel fut repris pas diffrentsgroupes impliqus dans la lutte dans diffrentes villes de France, tandisque de plus en plus de travailleur-ses rejoignaient la lutte. A la fin de lasemaine, on comptait 10 millions de grvistes.

Pour labolition du patronnat!

Mais la main morte du stalinisme et de la social-dmocratie pesaitencore lourd sur la classe ouvrire. Le 24, la CGT appela ses membres une dmonstration de masse Paris. Le Mouvement du 22 mars etles comits daction appelaient des dmonstrations dont les sloganstaient Non aux solutions parlementaires! Non aux ngociations quine font que soutenir le capitalisme! Travailleur-ses! Paysan-nes!Etudiant-es! Proffesseur-es! Ecolier-es! Organisons et coordinons nosluttes: Pour labolition du patronnat! Tout le pouvoir aux travailleur-ses!La CGT rassembla, dans un effort contre la mobilisation, environ 200000 travailleur-ses, la manifestation rvolutionnaire en comptait elleenviron 100 000. Durant cette seconde manifestation, la bourse futincendie et plusieurs ministres furent sauvs non par le nombre deCRS mais par le succs des Jeunesses CommunistesRvolutionnaire trotskistes et des sociaux-dmocrates de lUNEF pourfaire revenir les manifestant-es dans le lieu sr du Quartier Latin. Lemme jour Bordeaux, les manifestant-es essayrent dentrer dans lamairie et des combats de rue se droulrent dans la nuit Paris, Lyonet Nantes entre autres.

Mobilisation ractionnaire

La lutte avait atteind un point critique et le pouvoir qui semblait Dans la tradition 20


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prendre commena sembler chapper ceux-celles qui se voulaientrvolutionnaires. Le 27 mai, la manifestation de la CGT de peut-tre undemi million de travailleur-ses se passa sans incidents ou presque.Trois jours plus tard le prsident, De Gaulle, annona une lection sous40 jours et les supporters du gnral et du maintien du capitalisme ont

soudain senti que le mouvement avait cal.Une mobilisation ractionnaire sorganisa avec des centaines demilliers de bourgeois franais, avec leur aspirant-es de la petitebourgeoisie dfilant dans Paris, appelant lordre, au soutien de lapolice et la mort du juif Cohn-Bendit. Linitiative rvolutionnaire avaitt perdue et ils ne restaient quaux syndicats de prendre sa place etde ngocier le retour la normale.

Pas tou-tes les travailleur-ses (et certainement pas tou-tes les tudiant-es) retournrent la normale aussi volontiers. Les grves dansdimportants secteurs comme le rail, la poste et les mines continurent

jusqu la premire semaine de juin. Les travailleur-ses de Renault,Peugeot et Citron continurent occuper. Mais comme la CGT et lesautres syndicat orchestraient un retour national au travail, les sectionsles plus intransigeantes de la classe ouvrire se retrouvrent de plusen plus isoles et sujettes la rpression de ltat. Le 7 juin le chantierRenault de Flins fut la cible dun raid avant laube et les travailleur-sesqui loccuppaient furent vacu-es bout de fusil. Des affrontementssporadiques dans la campagne autour de lusine continurent pendanttrois jours. Dans diffrentes villes de France les piquets de grve

refusrent de bouger et devaient tre vacus violemment hors desusines et retourner au travail.

Dans les chantiers de Peugeot Sochaux, une attaque de CRS futrepousse coups de boulons et dautres objets en mtal. La policeouvrit alors le feu sur les travailleur-ses, en tuant deux. Aprs 36 heuresde combats, Sochaux fut enfin normalis. La plupart des travailleur-sesvotrent le retour au travail avant le 17, les travailleur-ses de la radio etde la tlvision en grve furent les dernier-es retourner au travail,tenant le coup jusqu la seconde semaine de juillet. Quant auxtudiant-es, la Sorbonne fut vacue par les CRS le 16, dautres tinrentbon quelques semaines de plus. Les militant-es insistaient que la luttecontinue, comme elle le fait en effet, mais le potentiel rvolutionnaire dela France sestompait. La lutte allait continuer, mais ailleurs. Solidarity,dans un tmoignage de Paris en mai 68 concluait que les vnementsmettaient en vidence la ncessit de: la cration dun nouveau typedemouvement rvolutionnaire, assez fort pour djouer les manoeuvresbureaucratiques, assez alerte pour exposer jour aprs jour la duplicitdes chefs de la gauche, implant suffisemment bien pour expliquer auxtravailleur-ses le vrai sens des luttes tudiantes, pour propager lide decomits de grve autonomes (mlant syndiqu-es et non-syndiqu-es),

d

autogestion ouvrire et de conseils ouvriers.



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Lt italien

Mai 68 fut suivi par l t chaud de 1969 en Italie (qui a en vritcommenc lautomne 1968), o une vague de grves et

doccupations d

usines, souvent en dehors de et en opposition auxstructures syndicales, svit travers lItalie industrielle. Des assembles

de grve de masse souvrirent aux personnes extrieures: leshabitant-es des environs, les tudiant-es et les militant-esrvolutionnaires. Des grves douvrier-es particulirement combativesse dclenchrent dans les usines Alfa Romeo et Fiat et il y eut desaffrontements avec la police durant toute lanne. Des tudiant-es, maissurtout des lycen-nes, simpliquaient dans des luttes qui rappelaient lesmobilisations tudiantes franaises.

Cette vague de luttes donna naissance beaucoup dorganisations, auniveau la fois des usines et de la socit, les plus connues tant LottaContinua (Lutte Continue) et Autonomia Operaia (Autonomie Ouvrire).La nature anti-syndicale de ces luttes donna aussi naissance ce quiest devenu la thorie et la pratique de l autonomie ouvrire (passynonyme avec lorganisation du mme nom), dont les nouvellesorganisations essayaient de se revendiquer. Les travailleur-ses prirentleurs luttes dans la rue en utilisant des actions directes imaginatives.Des occupations de centre-ville et des mairies continurent tout au longdes annes 70.

Restructuration

Les luttes en Italie prirent aussi place autour des prisons, qui depuis ledbut des annes soixante-dix accueillaient de plus en plus de militant-es rvolutionnaires, culminant souvent dans des manifestations demasse et des meutes dans les prisons. La priode de lutte de classeleve annonce en 1968 subit une transformation quand une nouvelleattaque patronnale, issue de la volont dviter la crise conomique venir, comptait sur une restructuration technologique de lindustrie et la fin des forteresses ouvrires des immenses usines. Sur le planpolitique, le Parti Communiste tait de plus en plus intgr auxstructures de ltat en change de sa complicit de cette restructuration.Cette intgration du Parti Comuniste fur en parti responsable delmergence de la lutte arme urbaine au milieu des annes 70.

Lutte arme

En effet, en Italie, les annes 70 furent marques par deux aspects.Dabord, un niveau de militance parmi de nombreux-ses ouvrier-esemploy-es ou non qui se manifestait par une lutte autonome dans lesusines et le reste du territoire et qui, de faon discutable, a connu son

apoge dans le

mouvement de 77

. En second lieu, la

lutte arme pourDans la tradition 22


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le communisme mene par plusieurs groupes lninistes qui, quant ilsntaient pas en ralit financs par ltat, ne contribuaient en rien lalutte de classes quils prtendaient mener. Les actions de cesdernires, qui laissaient la classe ouvrire spectatrice de sa libration,obscurcissent souvent les luttes de classes qui eurent lieu de quelque

porte rvolutionnaire que ce soit.Et en Pologne socialiste...

Les grves et occupations connurent un cho dans linsurrectionproltaire de Pologne en 1970-71, quand les travailleur-ses rpondirentaux mesures daustrit socialistes par leur propre mai 68 (seulementctait en dcembre et janvier) en incendiant le quartier gnral du partistaliniste en chantant lInternationale. Dans certaines parties du pays laclasse ouvrire tait matresse effective de la situation. Comme enFrance et en Italie, la classe ouvrire hsita aller jusquau bout maismontra un besoin et une volont, mme temporaire, daller au-del dela reprsentation et de developper une action autonome. Et tout celasans les luymires des avant-gardes auto-proclames...

Les vnements de mai-juin en France furent la plus claire confirmationque seule une rvolution sociale de masse qui stendrait tous lessecteurs de lhumanit exploite pouvait en finir avec le chaos ducapitalisme.



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La Nouvelle gauche, le plateformisme, Wildcat

Cette quatrime partie prend en compte les derniers 35 ans. Ca a tune priode de grand changement mondial et o de nouvelles ides

ont merg et o danciennes, clipses ce qu

il semble, ont tredcouvertes.

La Nouvelle gauche

La Nouvelle gauche qui prit naissance dans les annes soixanteessaya de se distinguer de lancienne gauche des partis communistestablis, de la social-dmocratie, du travaillisme et du socialisme stalinisen gnral. Il embrassa ce quon appelle la seconde vague defminisme, de libration sexuelle et dgalit pour les homosexuel-les.Avec lantiracisme, toutes ces ides semblent courantes aujourdhui,mais pour lancienne gauche dil y a quarante ans, ctait des idesneuves et ttonnantes. Bien sr la notion de libration des femmes etdgalit raciale avaient t prsentes ds la naissance du socialisme,mais elles taient rarement vues comme centrale au projetrvolutionnaire. En superficie, beaucoup de la nouvelle gauchesemblait rellement libertaire, sincrement intrss par une vraiervolution sociale. En ralit, la nouvelle gauche tait troitement liesoit au lninisme (souvent marxiste ou trotskiste) soit des courantsdeides plus ouvertement rformistes. La nouvelle gauche a bien purejet les pires excs du stalinisme, mais a en gnral failli faire une

critique des versions du socialisme de haut en bas et a en bien des cascopi les politiques qui ont chou par le pass, comme dans sonacceptation de soutenir tout ce qui bouge, y compris le bruit delibration nationale qui naissait.

Il nest pas trs surprenant que beaucoup des fondateur-trices de lanouvelle gauche allaient rapparatre au cours des trente-cinqdernires annes comme des figures de lordre tabli, desuniversitaires ou des gourous des mdias.

Ainsi, un total des effets de la nouvelle gauche montre que bien quelle

parvint , mettre en lumire des questions cruciales, au sujet de ce quedoit comprendre la libration, qui taient restes marginales pendant denombreuses annes, elle fut incapable dy rpondre.

Quen est-il des libertaires?

Les vnements de mai 68 en France ont t une grande surprisepour lanarchisme et autres mouvements rvolutionnaires et leurdonnrent un regain dintrt. Au dbut des annes 1970, des groupesanarchistes, marxistes libertaires, communistes de conseil et de gauchenaquirent travers lEurope dans une vague dintrt des jeunestravailleur-ses et tudiant-es dans les mthodes de comprhension etDans la tradition 24


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de transformation du monde autour deux. Le mouvement anarchiste cette poque tait dans une priode extrmemnt creuse, ne stant

jamais remis de lclipse du mouvement dans les annes trente etquarante. Bien sr de petits courants existaient encore (voir plus haut)et certains dentre eux avaient essay de rnover et de mettre en avant

de nouvelles ides. Cependant, beaucoup de ce qui passait pour unmouvement tait fermement ancr dans un pass plus heureux ettrouvait difficile de se lier la rvolte de la jeunesse des annes 1960.Dans les vnements de mai 68 en France les anarchistes officielsnavaient jou quun rle marginal.

Cest pour cela quon a beaucoup rinvent la poudre au dbut desannes soixante-dix.

Plateformisme britannique1970 vu la cration du premier groupe plateformiste britannique, avecla formation de lOrganisation des Anarchistes Rvolutionnaires (ORA).Bien que cette organisation signifia une rupture avec lapprochesynthsiste chaotique de lanarchisme employe jusqualors dans laGrande-Bretagne daprs-guerre, la majeure partie de sa politiquefaisait cho la gauche trotskiste. A la fin, une grande partie delorganisation fini par rejoindre le camp trotskiste lui-mme. Les groupessuivants orients vers le communisme anarchiste telle que lAssociationdes Travailleur-ses Anarchistes (Anarchist Workers Association, AWA)et le Groupe Communiste Libertaire de courte dure ont aussi montr

des tendances lninistes et rformistes qui les a men abandonnerleur politique libertaire. Mais lhritage de ces groupes est important surdeux plans. Dabord, ils avaient, avant leur dgnrescence, tabli unette de pont vers les tendances dominantes de lanarchismebritannique, surtout lindividualisme et lanti-organisationalisme. Et,deuximement, ils ont montr aux militant-es venir comment ne pascrer des organisations rvolutionnaires cohrentes (une leon qui at malheureusement perdue pour le Groupe des Travailleur-sesAnarchistes, Anarchist Workers Group, des annes 80 et 90).

A la mme priode, au milieu et la fin des annes 70, dautrestendances ont commenc merger, comme, dune source inattendue,le Parti Socialiste de Grande-Bretagne, Socialist Party of Great-Britain(SPGB). Ce parti, qui clbre son centenaire en 2004, dfend uneversion du marxisme originale et en effet cohrente qui refuse toutcompromis avec le rformisme ou les luttes court terme. A la place, ilssorganisent pour crer des socialistes par la propagande et remettreen question les lections. Certain-es des membres les plus jeunes duSPGB avaient commenc remettre en question les orthodoxiesimmmoriales du parti. Ces lments critiques se sont runis en groupede discussion qui a vite raliser que lavenir ntait pas dans

l

atmosphre monolithique du parti.Dans la tradition 25


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Au milieu des annes soixante-dix, cette faction sest retrouve hors duparti. Prenant le nom de Communisme Libertaire, elle essaya dereconsidrer la plpart des mouvements vus jusquici, tout en restantdans le cadre dune analyse marxiste. Aprs avoir chang de nom

pour celui de Rvolution Sociale, ce groupe rejoind le groupesocialiste libertaire Solidarity (voir plus haut), avant dembrasser unconseillisme inorthodoxe au dbut des annes 80 en tant que Wildcat.Wildcat, bas principalement dans le Nord-Est de lAngleterre, fit partiedes rares courants qui ont rellement essay de faire avancer lathorie politique communiste dans les annes 80.

Dmocratie

Celles-ceux impliqu-es dans Wildcat et Workers Playtime, un journalgauchiste de Londres, entre autres, ont discut de la nature de ladmocratie et de la ftichisation des processus dcisionnels. Bien sr,les communistes avaient toujours rejet la dmocratie reprsentativedans sa forme classique parlementare de la dmocratie librale, mais prsent le contenu et non seulement la forme de la dmocratie taitmise en question. Cela prit parfois un ton consciemment avant-gardiste,mais au-del de la rhtorique il y eut de srieuses questions posessur le besoin des militant-es de la classe ouvrire daller de lavant parleur action, peu importe les rsultats des votes main leve ou non.Ces questions taient, au moins en partie, la consquence des luttespratiques qui avaient eu lieu dans les mines britanniques durant la

grve des mineurs de 1984-85. Les mdias capitalistes et une partie dela gauche et de lextrme-gauche insistaient que le Syndicat Nationaldes Mineurs aurait du organiser un vote pour faire entrer dans la grvedes milliers de mineurs jaunes dans le Nottinghamshire.

Les communistes commencrent parler du besoin des minoritsrvolutionnaires de la classe ouvrire de, quand il le faut, ignorer lesdcisions de la majorit et trouver des moyens de sorganiser defaon galitaire sans ftichiser la nature atomisante de la prise dedcision dmocratique. Ces ides taient vrai dire une rflection surcomment les travailleur-ses en lutte (surtout les groupes dattaque desmineurs) doivent oprer pour tre efficaces.



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La Grve des mineurs, Class War,lcologisme social et les verts, COBAS

Cette dernire partie sintresse aux dveloppements de la pense et

des luttes libertaires internationales au cours des 20 dernires annes.Nous avons conclu la dernire partie par un bref aperu de la grvedes mineurs de 1984-85 et limpact de cette lutte brutale sur lemouvement rvolutionnaire. La grve a montr la combativit,lintelligence acerbe et la capacit pratique dune partie historique de laclasse ouvrire, les mineurs, et de leurs familles et ami-es. Elle a aussimontr les graves limites du syndicalisme et de la gauche et la faiblessedu mouvement rvolutionnaire libertaire.

Exiger limpossible?

La direction du Syndicat National des Mineurs (NUM) a encore etencore appel laction solidaire des autres directions de syndicatsmais, bien sr, sans rsultat.

Des sections de la gauche lniniste ont soit appel desaugmentations des piquets de grve de masse (comme le SWP) soitexig du Congrs des Syndicats (Trade Union Congress) quil appelle une grve gnrale (comme Militant et le WRP). La premire tactique,de faon isole, sest rvle tre une impasse Orgreave o les

mineurs amasss ont t battu et disperss par la police monte dansle genre des cosaques. La seconde tactique ntait quun reflet de labanqueroute du trotskisme, dont la plupart des membres na pas puvoir au-del de demander aux bureaucrates de leur montrer la voie, ouaux travailleur-ses de survivre lexprience dexiger limpossible cette bureaucratie.

Pendant ce temps, les membres de base du NUM, leurs familles, leursamis et leur supporters organisaient des groupes dattaque pour ciblerles jaunes et leurs supporters pour dfendre leurs communauts. Lestraditions de la pratique syndicale retenaient encore les mineurs

datteindre directement les autres secteurs de la classe ouvrire, sanslintermdiaire des bureaucraties des structures syndicales officielles.

Cet largissement de la lutte naurait pas garanti la victoire, mais sonchec a condamn la lutte la dfaite.

La Raction anarchiste

Le mouvement anarchiste et communiste libertaire a ragi de faonfractionne, ce qui refltait la nature fractionne du mouvement.

Bien que les libertaires ont fait nombre sur les piquets de grve, auxmanifestations et dans le travail de soutien en gnral, il y a eu peuDans la tradition 27


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dactions coordonnes et une quantit trs limite danalyse pousse.De petits collectifs tels que le Groupe des Travailleur-ses de Londres(London Workers Group, un groupe ouvert de conseillistes,anarchistes, autonomes, etc.), le groupe Wildcat Manchester et legroupe Careless Talk dans le Staffordshire firent partie de la minorit

essayer de sadresser aux problmes (tels que le besoin de critiquer leNUM et la ncessit pour la lutte de stendre au-del des mineurs eux-

mmes) que lon ignorait ailleurs.

Class War

Un groupe qui mergea durant la grve des mineurs et qui allait par lasuite jouer un rle considrable dans le mouvement libertaire enGrande-Bretagne et au-del, fut Class War (Guerre de Classe). Legroupe Class War et son journal ponyme, au format de la pressepopulaire, prit ses origines parmi les anarchistes de lutte des classesqui habitaient au sud du Pays de Galles et Londres. Enerv-es etfrustr-es par ce quelles-ils voyaient comme un net manque dedynamisme et lirrlevance gnrale de la scne anarchistebritannique cette poque, ils-elles adoptrent une approche populisteet trs activiste. Lmergence de ce groupe, qui adopta une structurenationale nominalement fdrale en 1986, causa une onde de choc travers la scne anarchiste, qui, cette poque, quelques raresexceptions prs, tait sous linfluence du pacifisme, des politiques destyle de vie exclusivistes et moralistes et/ou de lindividualisme.

Class War, sans surprise, mit laccent sur une version populiste delanarchisme de lutte de classe, promouvant la combativit de classe et

se concentrant sur les luttes de communaut plutt que sur le lieu detravail. Leur activit pratique durant leurs premires annes dexistence, part la production et la distribution de leur journal, a compt desinterrogatoires et le harclement public de diverses personnalits degauche (qui le valaient bien) qui ont fait les titres des journaux. Aprsune priode de farces inventives, mais invitablement moins russies,comme les venements Bash the Rich (Attaquez les riches), lafdration porta un regard plus srieux sur son dveloppementpolitique.

Cette priode de dbat intense culmina avec la publication dun livreintitul Unfinished Business: the politics of Class War (1992, Affaire encours: la politique de Class War) qui essaya de dcrire les grandeslignes dune pense politique nouvelle et distincte qui prenait sesdistances, sinon de la tradition anarchiste, du moins du milieuanarchiste actuel. Au mmemoment le livre, de faon peu convaincante,embrassait une vue libertaire du marxisme. Bien quune partieconsidrable de Class War rejeta la plus grande partie de la thsedAffaire en cours, le livre lui-mme tait tout au moins une tentative

srieuse de rajeunir la pense libertaire et de s

adresser la questionDans la tradition 28


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de classe la fin du vingtime sicle. Ce faisant, il empruntanormment la pense politique de la Plateforme Organisationelledes Communistes Libertaires(voir plus haut).

Le livre mis part, la Fdration Class War actuelle a cependant

continu tre une synthse de lanarchisme plateformiste, dumarxisme autonome, de communisme conseilliste et dautres

tendances, toutes sous des couleurs populistes. Cela cra une tensionpermanente au sein de lorganisation, qui, bien quelle apportait unecertaine dynamique, mena invitablement des inconsistences de lignepolitique au sujet des lments fondamentaux tels que la nature dessyndicats et des luttes de libration nationale.

Aprs une dizaine dannes essayer de sextirper de ce quelle adcrit de ghetto anarchiste, la fdration Class War sest finalementdissouds aprs un dernier numro de son journal intitul Lettre ouverteau mouvement rvolutionnaire o elles-ils dclaraient: Aprs presque15 ans dactivit parfois intense et forcene, Class War compte toujourspeu de membres et, pour beaucoup dans lorganisation, ne va nullepart. Un petit nombre de militants ont gard l organisation en vie, qui adcid de se dcrire explicitement comme communiste anarchiste, bienque conservant une perspective populiste et de plus en plus contre-culturelle.

Mais aucune discussion de la pense internationale libertaire des vingtdernires annes ne peut ignorer lhritage qua laiss Class War.

Class War, qui a t au moins en partie inspir par lexprience punkdes annes 1970, a insuffl une nouvelle vision hautement combative

la politique rvolutionnaire. Cette vision, qui a brill fort pendant uncourt moment, a influenc beaucoup de jeunes militant-es de la classeouvrire, nouvelles-aux en politique. Leur approche irrvrencieuse asecou un milieu libertaire complaisant. Et, si rien dautre, ils ont mislaccent sur le fait quune politique antagonistique de classe doit trecentrale la rvolution libertaire, ce qui a aid lanarchisme retourner ses origines de classe.

Une direction diffrente?

Si un groupe comme Class War sest distingu par sa mise en valeurdu concept de classe, dautres courants libertaires dveloppaient desides qui semblaient aller dans une autre direction, celle de mettre enavant les luttes contre la destruction environnementale de la plante.

Bien que les libertaires tels que Pierre Kropotkine, Edward Carpenter etWilliam Morris furent parmi les premier-es sattaquer aux questionsdenvironnement et dconomie chelle humaine, les premier-essocialistes, anarchiste y compris, partageaient souvent le productivisme

et la technophilie de l

idologie capitaliste.Dans la tradition 29


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Le fait de ne pas sadresser la nature alinante et destructrice delenvironnement du progrs conomique dbrid fut rendu vident parlindustrialisation brutale des pays dits socialistes. Les supporters delUnion Sovitique et de ses satellites chantaient les louanges du

dernier barrage ou des derniers chiffres de production de tracteurs.Mais ctait un reflet du manque de conscience cologique en gnralque de voir que beaucoup de celles-ceux qui voyaient les tats dusocialisme existant pour ce quils taient, cest--dire des dictaturescapitalistes dtat, nont pas reconnu la nature grotesque de lidologieproductiviste quils prsentaient.

Ecologie sociale

Une vision anti-capitaliste rvolutionnaire de lcologisme mit longtemps se dvelopper. Lcologisme quivalait au conservatisme du passqui, le plus souvent, sintrssait un ge dor pr-industriel etdissimulait un programme ractionnaire. Ce nest pas avant le travail deMurray Bookchin et son livre Notre environnement synthtique (1962)que lcologie sociale allait merger, fonde sur un humanismervolutionnaire. Ce point de vue a t plus amplement dfendu dans lelivre de 1982 LEcologisme de la libert.

Au centre de lcologie sociale, on trouve le constat que la natureproductiviste du capitalisme est enveloppe de relations socialeshirarchiques tout autant que dans le besoin pour le capital

dexpansion constante. Ainsi, ce productivisme et le dsir de dominer laplante sont aussi contenues dans les idologies socialistes, surtout

dans le marxisme qui dfend galement les relations socialeshirarchiques. Mme avant lmergence du primitivisme ou delcologie profonde, Bookchin se rendit compte du danger duncologie fonde sur une idologie misanthrope et anti-humaniste.

Dans une utopie, lhomme (sic) ne retourne pas davantage sarelation immdiate avec la nature que lanarcho-communisme nest unretour au communisme primitif. Que ce soit maintenant ou lavenir, lesrelations humaines la nature sont mdies par la science, la

technologie et la connaissance. Mais de savoir si la science, latechnologie et la connaissance amliorera la nature pour son proprebnfice dpendra de la capacit de lhomme (sic) amliorer sacondition sociale. Soit la rvolution crera une socit cologiste, avecde nouvelles co-technologies et co-communities, ou lhumanit et lemonde naturel tel que nous le connaissons aujourdhui prira.(Post-scarcity anarchism, LAnarchisme aprs le manque, 1970).

La vision de Bookchin dune socit compltement dcentralise, sanstat et sans classe qui utiliserait la technologie de faon rationnelle

pour sauver la fois la plante et l

humanit reste un courantDans la tradition 30


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minoritaire dans la pense et le mouvement cologistes. Dun ct, lespartis verst rformistes et les groupes de pression restent compltementdans le camp dun capitalisme plus doux et plus gentil, alors que delautre les groupes primitivistes et post-primitivistes prfrent gueulercontre la civilisation elle-mme tout en suivant une trajectoire tout aussi

rformiste.Il y a beaucoup critiquer dans la pense de Bookchin: son rejet de laclasse ouvrire comme force motrice de la transformationrvolutionnaire, son soutien un municipalisme libral qui tend quivaloir llectoralisme, etc. Mais ses arguments sur la ncessitdune technologie libratrice et une praxis anti-hirarchique ontcertainement influenc la Fdration Anarchiste et mme certain-es deses critiques les plus connu-es au sein du mouvement cologiste.

Rvolution Verte

Au dbut des annes 1990, des croisements fertiles entre les pensescommuniste libertaire et cologiste ont pris la forme dune organisationen Grande-Bretagne avec le journal Rvolution Verte (GreenRevolution), un journal rvolutionnaire oeuvrant la survie cologique,la libration humaine et laction directe. Bien que de courte dure,Rvolution Vertea tent une approche clectique, bien que cohrente,et a embrass une tradition de lutte ininterrompue. Cette traditioncomprend les Diggers de la guerre civile anglaise, William Morris et lamarxiste Rosa Luxembourg. Le journal appelait une critique

cologiste et libertaire du marxisme

et avait compris quela guerrecontre la plante est une guerre de classe. Revolution vertetait prise

du potentiel rvolutionnaire de lcologie sociale.

Leffondrement du communisme

La fin du socialisme existant avec la mort de lUnion Sovitique et desautres dictatures capitalistes dtat fut accueillie favorablement par lescommunistes libertaires, surtout celles-ceux qui vivaient dans ces pays.Lespoir tait trs fort, de faon artificielle, de voir lavnement dunnouveau mouvement ouvrier pour le socialisme autogestionnaire dansles dcombres de ces socits. Mais, malgr une floraison de groupeset de journaux libertaires et anti-capitalistes presque immdiate, laralit restait que linstabilit, les conflits ethniques et las attaques contreles conditions de vie de la classe ouvrire taient la norme dans lesanciens pays socialistes larrive du capitalisme.

Pour la gauche staliniste travers le monde, leffondrement ducommunisme dclencha une crise et raffermit les schismes. Mais lagauche trotskiste a galement senti ses effets. Les tats ouvriers, aussidgnrs et dforms quils taient pour elle encore des exemples de

socits non-capitalistes. Leur chute la laissa dans l

embarras.Dans la tradition 31


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Pour celles-ceux qui considraient ces soi-disant tats ouvriers commedes variantes des socits capitalistes, leur chute eu aussi trangementun effet ngatif. Bien sr nous navions pas dillusions que notre Dieuavait t dchu, mais le tintamare incssant de la bourgeoisie sur la fin

du communisme, et par extension de toute solution collective auxproblmes poss par le capitalisme, eut un effet dmoralisateur.

Regardez ce qui arrive quand on fait la rvolution. La dictature et lemanque de libert sen suit invitablement! clamait la classe dirigeante.Laissez tomber maintenant! Comme aucune vague de rsistance aunouveau reigne de lconomie de march libre ne semblait en vue dela part de la classe ouvrire de lancien bloc sovitique, le dbut desannes 90 semblait sombre.

Le retour de lauto-organisation ouvrire

La dfaite des mineurs fut un norme coup port la confianceouvrire. Les luttes suivantes sans succs des travailleur-sesbritanniques comme celle des travailleur-ses de limprimerie Warrington et Wapping, avec la dliquessence gnrale de lindustrie,ont laiss beaucoup de gens abattues. Les luttes de communautcontre la Poll Tax la fin des annes 80 et au dbut des annes 90,bien que positives, nont pas redonn souffle la combativit ouvrire.En 1996, le combat des dockers de Liverpool a sembl une lutte dunautre temps et, malgr les efforts des dockers dinternationaliser leurlutte et de chercher de nouveaux-elles alli-es dans les mouvements

daction directe tels que Reclaim the Streets (Rinvestir les Rues), lamain morte du Syndicat des Travailleur-ses des Transports (Transport

and General Workers Union) a assur leur dfaite.

Lutte autonome?

Dans une partie de lEurope, entre 1986 et le milieu des annes 90,eurent lieu de nouveaux dveloppements dans la lutte des classes.Comme partout, les conditions de vie de la classe ouvrire taientattaques et, comme partout, les syndicats essayaient dsesprmentde maintenir leur place dans les ngociations et de contrler toute lutteautonome.

En Italie, des coordinations de travailleur-ses auto-organises furentmises en place en 1985, surtout parmi les enseignant-es, les cheminotset les mtallurgistes. Ces coordinations taient en dehors des syndicatsexistants et, l o les syndicats traditionnels existaient, rentrrent vite enconflit avec eux. Bien que diffrents noms leur furent donns selon lesindustries et les rgions, le mouvement pris le nom du mouvement desCOBAS (Comits de la Base) et utilisrent des assembles massives,un contrle des mandats et des tactiques militantes pour mener leur

lutte. La couleur politique du mouvement tait varie et comprenaitDans la tradition 32


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divers lments de lancien mouvement de l Autonomie Ouvrire desannes 70, ainsi que des trotskistes, anarchistes et autres. Sa forcersidait surtout en ce quil mobilisait les trvailleur-ses qui en avait marrede la raction des syndicats tablis face aux attaques sur leur industrie.

Bien que le mouvement COBAS tait un exemple positif dauto-organisation, il souffrit de sectorialisme et du dsir de certain-es de ses

activistes de former un nouveau syndicat, un peu plus gauche et unpeu moins bureaucratique que les syndicats traditionnels. En fvrier1991, les COBAS, avec le syndicat anarcho-syndicaliste USI, organisaune grve gnrale auto-organise contre la Guerre du Golfe quiregroupa 200 000 personnes. Cette initiative rassembla bien plus depersonnes que le nombre de membres des COBAS et de lUSI runis.

Un an aprs, une organisation formelle, le CUB (Confdration Unifiede la Base) fut tablie, ralliant des travailleur-ses de diffrents secteurs.Ce syndicat alternatif est aujourdhui lun parmi dautres en Italie, parmilesquels on compte aussi lUniCobas, qui a une perspective libertaireaffiche. Ces organisations ont dvelopp leur propre pratiquesbureaucratiques et oprent dans une zone entre groupe politique,syndicat et leur rle originel doutil de liaison et de coordination desluttes.

France: chos de 1968?

En France au dbut des annes 1990, un dveloppement similaire a eu

lieu lorsque les travailleur-ses de la sant, des transports, de la poste,de lindustrie des voitures, des aroports et dailleurs commencrent sauto-organiser. Ils mirent en place des comits de liaisonindpendants qui essayaient de coordoner lactivit entre secteurs. Cescomits devaient constament djouer les manoeuvres de diffrentssyndicats tablis, eux-mmes en comptition pour tre reconnus etprivilgis. Des grves sauvages de routiers, dinfirmier-es et detravailleur-ses sociaux-les dbrayrent des milliers de travailleur-sesauto-organis-es. Quand ces luttes steignirent, certaines remportantplus de succs que dautre, les comits tendrent ne pas stablir entant que structures permanentes comme en Italie. Beaucoup de celles-ceux impliqu-es dans les grves de 1990-92 furent par la suiteimpliqu-es dans la grve massive de lautomne 1995. Lesfonctionnaires ragir aux attaques proposes contre la scuritsociale, les retraites et le budget par une srie de grves, demanifestations massives et doccupations.

Avec des chos de 1968, cela prit parfois des airs presqueinsurrectionnels avec des affrontements entre mineurs et policier-es,loccupation de btiments publics et la leve de barricades dans lesvilles travers le pays. A la fin, avec laide des syndicats, les groupes

de travailleur-ses les plus actif-ves, comme les cheminots, furent isol-esDans la tradition 33


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et les luttes sachevrent.

Ce que montrent de tels vnements, cest que mme dans unepriode o la classe dirigeante semble avoir teind lesprit de rvolte ettoute vision dun monde meilleur, les contradictions de base du

capitalisme gnrent une rsistance. De mme, la mainmise desbureaucrates est dfie par la crativit intrinsque de la masseouvrire, encore et toujours.

Dans la tradition?

Nous avons essay de dress un portrait bref des ides, des gens etdes vnements qui ont influenc le dveloppement des idescommunistes libertaires daujourdhui. La plupart de ces vnementsnous ont permis de mieu comprendre comment les gens essayent dersoudre de faon pratique les problmes dorganisation et de lutte.Beaucoup ont servi dexemple et nous avons beaucoup appris delactivit de ces gens (extra)ordinaires qui ont essay de comprendre etde changer leur monde.

La Fdration Anarchiste naccepte ni gourou, ni Dieu thorique, nimatre. Nous pensons quaucun groupe ne devrait le faire. Mais nousrejetons lanti-intellectualisme et lapproche ahistorique, qui sont tousdeux bien trop communs parmi les anarchistes. Nous ne dfendonspas non plus un clectisme qui emprunte droite et gauche sansapprcition critique. Nous esprons que nos lectrices-eurs

rechercheront par elles-eux-mmes les penseur-ses, groupes etmouvements dont nous avons parl. Nous esprons quelles-ilsprendront le temps de nous contacter et de nous demander pourquoinous navons pas parl dX, y ou z! Tellement dvnements et thoriesimportants ont t omis, peut-tre aurions-nous d commencer travailler un livre il y a des annes!

Mais, dans une priode telle que la ntre, o les mouvementsrvolutionnaires libertaires se dveloppent dans des endroits o ilsnavaient jamais exist jusqu cette dernire vingtaine dannes, unerflexion sur les endroits o ils ont exist est centrale lacomprhension de notre direction future. Nous esprons que Dans latraditiona contribu un peu rendre une telle rflexion possible.

Fin (pour linstant!).

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