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Tadjikistan DAVLATMAND Musique savante et populaire Tadjikistan DAVLATMAND Art and folk music INEDIT Maison des Cultures du Monde

DAVLATMAND / Tadjikistan, musique savante et …©s. Il chante aussi bien les grands clas-siques tels que Rûmi (XIIIe siècle), Hâfiz (XIVe), Djâmi (XVe) ou Bedil (XVIIIe) que des

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TadjikistanDAVLATMANDMusique savante et populaire

TadjikistanDAVLATMANDArt and folk music

INEDITMaison des Cultures du Monde

Couverture (1 & 4) 19/07/06 16:09 Page 1

Collection fondée par Françoise Gründ et dirigée par Pierre BoisEnregistrement public, Maison des Cultures du Monde 22-24 mars 1991, Pierre Simonin.Sélection des plages, notice et traductions des poèmes, Sorour Kasmaï. Traduction anglaise,Josephine De Linde. Dessin de couverture, Françoise Gründ. Photographies noir et blanc, Jean-PaulDumontier. Photographie couleurs, Marie-Noëlle Robert. Montage, Frédéric Marin / Translab.Réalisation, Pierre Bois. © 1992/2001 Maison des Cultures du Monde

INEDIT est une marque déposée de la Maison des Cultures du Monde (direction, Chérif Khaznadar).

1a. Devonah shaw (Rûmi) ..............5’00”1b. Halghaé dôm ast (Bedil) ..........3’49”1c. Maïdabâran (Ghoïb) .................3’43”1d. Omadaï (Hâfiz) ..........................2’34”

total ..........................................15’06”

2. Dur mashaw (Rûmi)................. 7’46”

3. Tcharkh-o-falak (anon.) .......... 5’19”

4a. Laïla (anon.)...............................3’48”4b. Bubast (Hâfiz) ............................2’42”

total........................................... 6’30”

5. Doïra zan (anon.)..................... 5’41”

6a. Mehri ashigh (setâr solo) ..........2’31”6b. Djahân tchist ? (Loïgh) ............6’13”

total........................................... 8’44”

7. Zindagi (Bedil)...........................5’25”

Davlatmand, chant/vocals luths/lutes setâr & dutârvièle/bowed lute ghidjak

Abdussattar Abdullaev, tablak

Le Tadjikistan est une république d’AsieCentrale enclavée entre l’Ouzbékistan à

l’ouest, le Kirghizstan au nord, la Chine à l’est(chaîne du Pamir) et l’Afghanistan au sud(chaîne du Pandj, fleuve Amou-Daria). Cetterépublique 1, qui fut de 1929 à 1991 l’une desRépubliques Socialistes Soviétiques, naquit en1924 à la suite du démembrement duTurkestan russe. On verra plus loin quelle futl’influence de la Russie sur son développementculturel et musical. L’implantation des Tadjiks,attribuée aux migrations indo-européennes,remonte à 1 500 ans avant J.-C. et passe pourl’une des plus anciennes d’Asie centrale.Héritiers d’une population d’origine perse, ilsfurent, dans une région essentiellement peu-plée de nomades, les propagateurs d’une culturesédentaire qui se diffusa depuis le plateau ira-nien jusqu’aux confins de la Chine.Les Tadjiks sont iranophones : ils parlent unpersan à l’aspect désuet, proche du dialecte duKhorassan et qui évoque la langue poétiqued’un Hâfiz. En 1940, les Tadjiks ont abandonnéla graphie arabo-persane au profit de l’écriturecyrillique. Ceci explique que les plus grands

écrivains tadjiks contemporains (SaddridineAïni, Mirza Toursounzadeh, etc.) soient totale-ment ignorés des Iraniens et des Afghans irano-phones, pourtant voisins, mais n’a influencé enrien la force d’une tradition orale vieille de prèsde dix siècles. De part et d’autre des frontières,le Shâhnameh (Livre des rois) de Firdawsi se trans-mettait oralement dès le Xe siècle, le Golestan(Jardin des roses) de Saadi à partir du XIIIe et leDivan de Hâfiz depuis le XIVe. Encore de nosjours, tout Oriental cultivé doit être capable deréciter de mémoire un nombre considérable depoèmes tant classiques que contemporains.Détail éclairant, la langue tadjike utilise leterme hâfiz (celui qui sait par cœur) pour dési-gner un chanteur, surnom qui fut donné aucélèbre poète persan Shamsuddin MuhammadShirâzi (env. 1320-1389) en raison de sa parfaiteconnaissance du Coran.Soumis du XIe au XVe siècle à la domination suc-cessive des Turcs Seldjoukides, des Mongols etenfin des Turcs Timourides (dynastie deTamerlan), les Tadjiks sont parvenus néan-moins à préserver la richesse de leur culture.Cette période représente l’âge d’or de la poésied’expression persane, le ghazal, et coïncide avecla naissance en Ouzbékistan et au Tadjikistand’un vaste répertoire de musique savante vocaleet instrumentale : le shashmaqom.

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TadjikistanDAVLATMAND

Musique savante et populaire

1. Superficie : 143 100 km2. Capitale : Douchanbé.Population estimée en 1992 : 5 500 000 habitantsdont 56% de Tadjiks, 23% d’Ouzbeks et 12% de Russes.

Au XVIIIe siècle l’empire de Russie, qui s’étendsur toute la Sibérie, fait pression sur l’Asie cen-trale alors morcelée en petits États affaiblis pardes conflits permanents. Après la redditiondes Kazakhs vers le milieu du XVIIIe siècle, lekhanat de Boukhara dont dépend leTadjikistan fait à son tour allégeance au tsaren 1868. À la fin du XIXe siècle, l’ensemble del’Asie centrale est passé sous le contrôle admi-nistratif des Russes et si, à la différence de laSibérie, il n’y est tenté aucune colonisationmassive, elle subit toutefois l’influence écono-mique et culturelle de cette nouvelle autorité.À partir de 1870, des clubs russes d’amateursde musique se créent dans les grandes villesd’Asie centrale, ainsi que des formations dechambre, des orchestres symphoniques, destroupes d’opéra et des fanfares militaires.Nombreux sont les artistes de Moscou et deSaint-Petersbourg, comme Chaliapine parexemple, invités à venir donner des concerts.De son côté, le Russe Eïhorn réalise les pre-miers enregistrements de musiques tradition-nelles, populaires ou savantes, et fait tournerune exposition d’instruments de musiquedans les grandes villes de Russie et d’Autriche.Entre 1920 et 1923 est créée une commissionethnomusicologique chargée de recueillir etd’étudier les traditions musicales des peuplesd’Asie centrale. Elle est dirigée par le composi-teur russe V. A. Ouspensky qui publie en 1924le premier recueil enregistré de shashmaqom.La vie musicale russe influence la musiquetraditionnelle : modification de la composition

des ensembles, orchestrations de mélodiestadjikes et ouzbèkes pour instruments à vent,introduction de styles vocaux inspirés del’opéra, de la gamme tempérée et de rythmesnouveaux (marche, valse…), voire adoption demélodies étrangères comme L’Internationale ouLa Marseillaise. Dans les années vingt est fondéle Conservatoire de musique de Douchanbéqui offre à la fois un enseignement musicaloccidental et traditionnel. C’est dans ceconservatoire que sera formé Davlatmand.Davlatmand Kholov est né en 1950 à Koulab,dans le sud du Tadjikistan. Dès son plus jeuneâge, il est initié au jeu de la vièle à piqueghidjak par son père, lui-même musicienrenommé, et plus tard à la poésie classique,plus spécialement celle de Jallaleddin Rûmi. Ilpoursuit sa formation musicale auConservatoire de Douchanbé où il apprend laclarinette, le piano et le violon. Parallèlementil étudie la théorie musicale européenne, sedestinant à une carrière de musicien classiqueoccidental.De retour à Koulab, Davlatmand y retrouve lesmaîtres traditionnels des répertoires popu-laires et savants. Renouant avec ses racines, ildécide de perfectionner sa technique deghidjak et acquiert celle du luth à manchelong setâr sur un instrument que son père aconstruit et pratiqué pendant un quart desiècle avant de le léguer à son fils. Cette trans-mission familiale du savoir et de l’outil sera lesigne définitif du retour de Davlatmand à latradition musicale tadjike.

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Au cours des voyages qui le mènent dans lesrégions du sud, au Khatlan et aussi au Pamir,dans le Haut-Badakhshân, il recueille de nom-breuses mélodies populaires et constitue ainsila base de son répertoire chanté.Cette musique populaire présente des stylestrès variés, chaque région ayant son caractèreet ses dialectes musicaux. Cette spécificité semanifeste dans les rythmes, les modes et lesstyles vocaux. Il s’agit avant tout d’unemusique diatonique fondée sur un système demodes (maqom) ayant chacun leur expressi-vité propre, comme c’est le cas dans tout lemonde oriental. Les rythmes les plus courantssont 3/4, 3/8, 6/8, 8/8 ainsi que 5/8 et 7/8 2.Le genre vocal le plus populaire dans le suddu Tadjikistan est le falak, mot signifiant«voûte céleste». Ce genre est interprété lorsdes cérémonies familiales, festivités(mariages, circoncisions, enterrement, nowruzou fête du printemps). Le falak est chanté leplus souvent à partir de poèmes populaires,des quatrains rubba‘iyat 3, ayant pour thèmesprivilégiés le printemps, l’amour et le destin.

Un falak est généralement exécuté selon leschéma suivant :1. Falak-e-dashti, chant a cappella caractérisépar de longues notes tenues suivies d’unechute mélodique ;2. une pièce instrumentale sur un premierrythme, jouée au ghidjak ou sur le luth dutâr etsuivie de plusieurs quatrains ;3. une nouvelle série de deux à cinq quatrainschantés sur un autre rythme ;4. une dernière série de cinq à sept quatrainschantés après un autre changement de rythme.Plus tard, une fois revenu chez lui, Davlat-mand entreprend un nouveau travail, cettefois dans le domaine de la musique savante. Lerépertoire du shashmaqom tadjik ayant prati-quement disparu, il décide de créer un nou-veau répertoire composé de pièces brèves,poèmes classiques qu’il interprète sur desmélodies d’origine populaire en exploitanttoutes les ressources du système modal de lamusique savante tadjike. Ces œuvres sontaccompagnées au setâr ou au ghidjak et soute-nues rythmiquement par un joueur de tablak(tambour-calice). Parfois il se fait accompagnerd’une formation plus importante ; depuis lacréation de la Radio Télévision Tadjike, lesorchestres comprenant de douze à dix-huitpersonnes sont devenus courants. Bien quetrès personnel, le style de Davlatmand se rat-tache à la tradition du sud du Tadjikistan.Comme ses ancêtres le faisaient avant lui,Davlatmand interprète aussi bien le falak quela musique savante lors des mariages et autres

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2. Ces deux rythmes sont fondés sur une double pulsa-tion (par exemple q et q . ce qui donne en 5/8 : q q . ou en7/8 : q . q q), d’où leur appellation de rythmes bichronespuisqu’ils font appel à deux mesures distinctes dutemps qui ne sont pas divisibles entre elles ou encorede rythmes aksak (terme turc signifiant «boiteux») enraison de l’effet de boîtement que ressent l’auditeurimprégné d’une pulsation isochrone (n.d.l.e.).3. Genre également fameux en poésie classique orien-tale et dans lequel s’illustra Omar Khayyam (XIe siècle).

festivités. Il chante aussi bien les grands clas-siques tels que Rûmi (XIIIe siècle), Hâfiz (XIVe),Djâmi (XVe) ou Bedil (XVIIIe) que des poètespopulaires comme Hâdji Hossein ou Loïgh.Il exécute également des pièces instrumen-tales selon le schéma traditionnel : prélude,mélodie, ufar (partie dansée).Les instruments de prédilection deDavlatmand sont le setâr, le ghidjak et le dutâr.Le setâr (litt. «trois cordes») appartient à lagrande famille des luths à manche long tanbûrqui furent utilisés dès le VIIIe siècle par lesthéoriciens persans dans leurs recherches surla formation des modes musicaux. Il estconstitué d’une petite caisse de résonancecreusée dans une seule pièce de bois demûrier. Le manche, long d’un mètre environ,est dépourvu de chevillier et simplementpercé à son extrémité de trous médians et laté-raux permettant de fixer les chevilles. Lesfrettes servant à déterminer la hauteur desnotes sont en nylon ou en boyau et sontnouées sur le manche, ce qui permet au musi-cien de les ajuster en fonction des modesjoués. Les cordes métalliques, pincées aumoyen d’un petit onglet, sont au nombre dequatre dont deux doubles 4.Le dutâr (litt. «deux cordes») appelé aussidombra, passe pour avoir été introduit au XIIIe

siècle par les Mongols. On le retrouve égale-ment plus au nord, au Kazakhstan et au

Kirghistan et à l’ouest chez les Ouzbeks et lesTurkmènes où il est l’instrument principal desbardes. Il s’agit d’un luth à manche long, maisde taille plus réduite que le setâr et qui ne sertque dans le répertoire populaire. Il comportedeux ou trois cordes en boyau ou en nylonqui sont pincées simultanément d’un seulmouvement montant ou descendant del’index et du majeur.Le ghidjak est une petite vièle à pique com-posée d’une caisse de résonance en fer blanc– parfois une simple boîte à biscuit – jolimentdécorée de scènes de genre et traversée par unmanche en bois. La pique de l’instrument estposée sur la cuisse gauche et le musicien faitpivoter l’instrument pour passer d’une corde àune autre. Davlatmand utilise ici un instru-ment qu’il a construit lui-même.Davlatmand est accompagné à la percussionpar Abdussattar Abdullaev. Ce remarquablemusicien qui maîtrise à merveille les rythmestadjiks, y introduisant maintes variations etsyncopes, joue du tablak, un tambour depoterie en forme de calice dont la ressem-blance avec la darbûka arabe et le deblek turcindique une origine commune.Aujourd’hui, Davlatmand dirige son proprethéâtre au sein duquel il tente, avec sa troupede chanteurs, danseuses et instrumentistes, deperpétuer les traditions culturelles de sa région.Pour ce faire, il s’est entouré de vieux maîtrespopulaires, dont certains sont centenaires etqui lui apportent conseils, savoir et mémoire.

SOROUR KASMAÏ

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4. La quatrième corde aurait été ajoutée au début duXXe siècle.

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1a. Devonah shawPoème soufi de Rûmi (XIIIe s.) dans le mode segâh.Chant, setâr, tablak.Défais-toi de tes ruses, ô Amant [mystique] !Choisis la folie,Consume-toi dans le feu, tel un papillon,Renonce à tout lien et détruis ton logis.C’est alors que tu pourras venir habiter avec lesAmants.Lave sept fois ton cœur à l’égal des Saints,Lave-le sept fois de la haine et de la rancuneEt alors seulement tu deviendras une coupe pourle vin de l’Amour.Pour être digne de la Bien-AiméeQui n’est qu’âme et esprit,Deviens toi-même tout-esprit…

1b. Halghaé dôm astPoème de Bedil (XVIIIe s.) dans le mode segâh.Chant, setâr, tablak.

1c. MaïdabâranPoème de Ghoïb (XVIIIe s.) dans le mode dugâh.Chant, setâr, tablak.

1d. OmadaïPoème de Hâfiz (XIVe s.) dans le mode dugâh.Chant, setâr, tablak.Toi qui viens avec ces boucles pareilles à delongues chaînes,

Que Dieu te garde, puisque tu es venue consolerles Fous [de Dieu].Oublie-toi un instant, oublie ta coquetterie,Rappelle-toi que tu es venue visiter des cœursindigents.Que soit loué ton cœur tendre qui, pour faire le Bien,Est venu prier sur le cadavre immolé à son charme.Elle me répondit : «Ô Hâfiz, ta robe baigne dansle vin,Aurais-tu abandonné la foi de ta lignée ? »

2. Dur mashawPoème soufi de Rûmi dans le mode tchârgâh.Chant, setâr, tablak.Ta fierté t’a rendue célèbre dans le monde entier,ne t’éloigne pas.Tu es mon Amour, ma Bien -Aimée, ne t’éloigne pas.Je suis ta demeure, je suis toutes tes attaches.Je suis l’Appât, je suis le Piège,Je suis le Sage, je suis le Fou, ne t’éloigne pas.Je suis le Maître, je suis le Guide,Je suis l’Esclave et je suis la Providence, net’éloigne pas.Je suis le Shams 5 aux douces paroles,Je suis le Génie de Tabriz,Je suis l’Épée qui saigne, ne t’éloigne pas.

Les enregistrements

5. Shams de Tabriz était un mystique musulmanauquel Rûmi a consacré un recueil entier de poèmes.

3. Tcharkh-o-falakPoème populaire.Chant, ghidjak et tablak.C’est toi qui fais tourner la roue de ma vie.Je demeurais à Koulab, tu m’as attiré à Balkh.Là-bas à Koulab, je buvais de l’eau douce,Tu m’as fait venir, moi le Fou, goûter l’eau amère.Malheureux celui qui est arraché à son paysEt, en son exil lointain, soumis à la loi d’autrui.

4a. LaïlaPoème populaire dans le mode tchârgâh.Chant, ghidjak et tablak.

4b. BubastPoème de Hâfiz dans le mode tchârgâh.Chant, ghidjak et tablak.Chacun de tes cheveux a fait trembler mille cœurs.Ta chevelure a rendu captifs d’innombrables sages.Afin que les Amoureux puissent offrir leur vie àses fragrances.Elle a répandu son parfum et anéanti tout espoir.Quelle harmonie le musicien a-t-il crééePour faire régner le silence absolu sur cette fouleen extase ?Ô Hâfiz, celui qui n’a pas encore goûté auxsouffrances de l’Amour,Mais qui cherche l’Union sans se soumettre à sesprémisses,Souhaite rejoindre la Bien-Aimée sans l’avoirmérité.

5. Doïra zan (falak)Poème populaire.Chant, dutâr et tablak.

6a. Mehri ashighSolo de setâr dans le mode dugâh.

6b. Djahân tchist ?poème de Loïgh (XXe s.) dans le mode segâh.Chant, setâr, tablak.Nous vivons dans cet univers sans savoir ce qu’estl’Univers.Nous vivons en ce temps sans savoir ce qu’est leTemps.Nous ne saurons ce qu’est la jeunesse tant quenous ne serons pas vieux.Nous n’aurons aucun signe du Créateur tant quenous ne serons pas poussière.Nous serons ignorants tant que l’Amour ne nousaura pas consumés.Nous ne saurons pas ce qu’est l’automne tant quenous n’aurons pas perdu nos feuilles.Nous n’apprécierons pas la vraie valeur de la Vie,Nous ne la connaîtrons pas tant que nous nel’aurons pas perdue.

7. ZindagiPoème de Bedil dans le mode tchârgâh.Chant, ghidjak et tablak.

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Davlatmand, setâr

Davlatmand, dutârAbdussattar Abdullaev, tablak

Davlatmand, ghidjak

Tadjikistan is a Central Asian republic, wed-ged in between Uzbekistan to the west,

Kirghizstan to the north, China to the east(the Pamir range of mountains) andAfghanistan to the south (the Pandj chain, theAmu-Daria river). This republic 1, which from1929 to 1991 was one the Soviet SocialistRepublics, came into being in 1924 followingthe dissolution of Russian Turkestan. It will beseen later on how much Russia influenced itscultural and musical development.Tadjiki settlements, attributed to Indo-European migrations, go back as far as 1,500years B.D. and are considered one of theoldest of Central Asia. Descendants of a popu-lation Persian in origin, in a region essentialypopulated by nomads, they propagated asedentary culture which spread from theIranian plateau to the borders of China.The Tadjiks are Iranophones: they speak aPersian that is outmoded, close to the Khorassandialect and evocative of the poetic language ofHâfiz. Since 1940, the Tadjiks have been writingin the cyrillic script as opposed to the Arabo-Persian. This explains why the greatest contem-

porary Tadjik writers (Saddridine Ayni, MirzaTursunzadeh, etc.) are not known to Iraniansand Iranophone Afghans, their neighbours, butit has in no way weakened the strength of a tra-dition that is almost ten centuries old.Everywhere along the frontiers, Firdawsi’sShâhnameh (Book of Kings) was transmitted oral-ly from the 10th century, as well as the Golestan(Garden of Roses) by Saadi from the 13th centuryand the Diwan by Hâfiz from the 14th century.Even today, every well-educated Oriental is ableto recite from memory a considerable numberof poems from classical as well as contemporaryworks. An interesting detail, the Tadjik languageuses the term hâfiz (‘he who learns by heart’) toname a singer, after the surname fo the greatPersian poet, Shamsuddin Muhammad Shirâzi(circa 1320-1389) on account of his faultlessknowledge of the Koran.Subjected to successive dominations by Turks,Seljukides, Mongols and finally Timurides(Timurlenk dynasty) from the 11th to the 15th

centuries, the Tadjiks managed neverthelessto preserve the richness of their culture. Thisperiod represents the golden age of poetry ofPersian expression, ghazal, and coincides withthe birth in Uzbekistan and Tadjikistan of avast repertory of vocal and instrumental artmusic: the shashmaqom.

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1. Total surface area: 143,100 km2 (55,000 squaremiles). Capital, Dushanbe. Population estimated in1992 to be 5,500,000 inhabitants 56% of whom areTajiks, 23% Uzbeks and 12% Russians.

TadjikistanDAVLATMANDArt and folk music

In the 18th century, the Russian empire, whichstretched across the whole of Siberia, put pres-sure on Central Asia, then carved up intosmall states, weakened by constant fighting.After the Kazakhs surrendered around themiddle of the 18th century, the khanat ofBukhara who had jurisdiction overTadjikistan, in his turn swore allegiance to theCzar in 1868. At the end of the 19th century,the whole of Central Asia had come under theadministrative control of Russia and while,unlike Siberia, it was not subjected to exten-sive colonisation, nevertheless the economicand cultural influence of this new authoritywas keenly felt.From 1870 onwards, clubs for Russian musicamateurs were founded in the main towns ofCentral Asia, and chamber groups, sympho-nic orchestras, opera troupes and militarybands were created. Many artists, such asChaliapin for example, came from Moscow orSaint Petersburg, invited to perform inconcert. The Russian Eihorn made the firstrecordings of traditional music and organisedan itinerant exhibition of musical instru-ments which visited the major cities of Russiaand Austria.Between 1920 and 1923, an ethnomusico-logical commission was set up, responsible forcollecting and studying the musical traditionsof the peoples of Central Asia. It was headedby the Russian composer V. A. Uspensky whopublished the first collection of recordedshashmaqom in 1924.

Russian musical life influenced traditionalmusic: changes were made to the compo-sition of ensembles, orchestrations of Tadjikand Uzbek melodies for wind instruments,styles derived from the opera, the temperedscale and new rhythms (march, waltz…) wereintroduced and even foreign melodies such asthe Internationale or the Marseillaise wereadopted. In the twenties, the DushanbeConservatory of Music was founded, and itwas in this conservatory that Davlatmandreceived his training.Davlatmand Kholov was born in 1950 inKulab, in the south of Tadjikistan. From avery early age he was taught to play the spikebowed lute ghidjak by his father, himself afamous musician, and later, classical poetry,in particular that of Jallaleddin Rûmi. Hecontinued his musical training at theDushanbe conservatory where he learned cla-rinet, piano and violin. At the same time, hestudied European musical theory, and devo-ted himself to a career as a western classicalmusician.On his return to Kulab, Davlatmand renewedcontact with his traditional masters. Havingfound his roots again, he decided to perfecthis ghidjak technique and to master that ofthe long-necked lute setâr on an instrumenthis father had built and played for a quarter ofcentury before bequeathing it to his son. Thisfamily transmission of knowledge and of theinstrument was the devinitive sign of returnfor Davlatmand to Tadjik traditional music.

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In the course of his travels to the southernregions of Khatlan, but also to the Pamir, in theHigh Badakhshan, he assembled many traditio-nal melodies thus laying the foundations of hisvocal repertory. This rural music offers a varietyof styles, each region having its own musicalcharacter and dialects. Its specificity is expres-sed through rhythms, modes and vocal styles.It is above all a diatonic music founded on asystem of mode (maqom) each having their ownsense of expression, as is the case throughoutthe oriental world. The most usual rhythms are3/4, 3/8, 6/8, 8/8 as well as 5/8 and 7/8 2.The most popular vocal style in the south ofTadjikistan is the falak, a word meaning“celestial dome”. This genre is performed atfamily ceremonies, festivals (weddings, cir-cumcisions, funerals, nowruz of the SpringFestival). The falak is most often based onpopular poems, quatrains (rubba‘iyat) 3, favou-rite themes being Spring, love and fate. Afalak is usually performed as follows:1. Falak-e-dashti, an a cappella song characte-rised by long sustained notes followed by amelodic swoop or dip.2. An instrumental piece on a first rhythm,played on the ghidjak or lute dutâr, followedby several quatrains.

3. A new series of two to five quatrains sung toa rhythm different from that of preceding ones.4. A final series of five to seven quatrains sungafter yet another change of rhythm.Later, once he had returned home,Davlatmand took on a new task, this time inthe domain of art music. Since the Tadjikshashmaqom repertory had almost disappea-red, he decided to create a new one made upof short pieces, classical poems, which he per-foms to melodies popular in origin whileexploiting to the full all the resources of themodal system of Tadjik art music. These worksare accompanied on the setâr or the ghidjakand supported rhythmically by a tablak(goblet drum) player. Sometimes, he is accom-panied by a larger group; since the creation ofTadjik Radio Television, orchestras of twelveto eighteen people have become fairly com-monplace. While remaining quite personal,his style is closely tied to that of the traditionof the south of the country.Like his forebears, Davlatmand plays falakequally as well as art music on the occasion ofweddings and other celebrations. He alsosings the great classical poets such as Rûmi(13th century), Hâfiz (14th), Jami (15th) or Bedil(18th) as well as popular poets like HâjiHossein or Loigh.In addition, he performs instrumental piecesfollowing the traditional pattern: prelude,melody, ufar (dance).Davlatmand favourite instruments are thesetâr, the ghidjak and the dutâr.

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2. Those two rhythms are based on a double and irra-tional pulse (for instance q and q . which results in5/8 as q q . or in 7/8 as q . q q). This is why they are calledaksak (‘limping’ in Turkish).3. A genre equally famous in classical poetry and theone in which Omar Khayyam (11th century) won fame.

The setâr (lit. ‘three strings’) is a member ofthe great family of long-necked lutes tanbûrwhich were used as early as the 8th century byPersian theoreticians in their research into theformation of musical modes. It consists of asmall hollow soundchest carved from a singlepiece of mulberry wood. The neck, which isjust over a yard long (one metre), has no peg-board but is simply pierced at the end withmedial and lateral holes so that pegs may beattached. Frets, which serve to determine theheight of the notes, are of nylon or catgut andare knotted onto the neck. This allows themusician to adjust notes when changingmode from one piece to another. The fourmetal strings, two of them double, are pluc-ked with a small plectrum 4.The dutâr (lit. ‘two strings’) also called the dom-bra, appears to have been introduced in the13th century by the Mongols. It is also foundfurther north, in Kazakhstan and in Kirgizstan.This too is a long-necked lute, but smaller insize than the setâr and is only used for playingfolk music. It has two or three strings of catgutor nylon which are plucked simultaneously ina single upward or downward movement ofthe index and major fingers.

The ghidjak is a small spike bowed lute com-posed of a sound-chest in white metal (some-times a simple biscuit box) prettily decoratedwith genre scenes and crossed by a woodenneck. The spike of the instrument is rested onthe left thigh and the musician pivots the ins-trument to pass from one string to another. Inthis recording, Davlatmand uses an instru-ment he made himself.Davlatmand is accompanied by AbdussattarAbdullaev. This outstanding musician whomasters Tadjik rhythms wonderfully well,introducing numerous variations and synco-pations, plays the tablak, a clay drum in theform of a goblet, whose likeness to the Arabdarbûka and Turkish deblek suggests a com-mon origin.Today, Davlatmand directs his own theatrewithin which he attempts, with his troupe ofsingers, dancers and instrumentalists, to per-petuate the traditional culture of his region.To help him with this task, he has enlisted theservices of former masters of traditionalmusic, some of them over a hundred years ofage, who contribute their advice, knowledgeand memories of the past.

SOROUR KASMAÏ

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4. The fourth string may have been added at the beginning of the 20th century.

1a. Devonah shawSufi poem by Rûmi (13th c.) in segâh mode.Song, setâr and tablak.Have done with your cunning ways, Oh Lover !Decide on madness,Be consumed by the flame, like the butterfly.Relinquish all property and destroy your home.Thus you will be able to dwell among the Be-LovedOnes.Like the Saints, bathe your heart seven times.Bathe it seven times to rid of hate and bitternessAnd then only will you be a goblet for Love’s wine.To be worthy of the Be-LovedWho is but soul and spirit,Become all-spirit yourself…

1b. Halghae dôm astPoem by Bedil (18th c.) in segâh mode.Song, setâr and tablak.

1c. MaydabâranPoem by Ghoïb (18th c.) in dugâh mode.Song, setâr and tablak.

1d. OmadayPoem by Hâfiz (14th c.) in dugâh mode.Song, setâr and tablak.You, who come with these ringlets like long chains,May God preserve you, for you have come toconsole the Mad Ones.

Forget, forget your coquettish ways for a moment,Remember that you came to visit the needy ofheart.May your tender heart be praised for to do GoodIt has come to pray on the sacrificial offering of itscharm.She replied: “Oh Hâfiz, your robe is steeped inwine,Have you abandoned the faith of your lineage?”

2. Dur mashawSufi poem by Rûmi in tchârgâh mode.Song, setâr and tablak.Your pride has made you famous throughout theworld, do not depart.You are my Love and my Be-Loved, do not depart.I am your dwelling, I am all that binds you.I am the Bait, I am the Trap,I am the Wise Man, the Mad Man, do not depart.I am the Master, I am the Guide,I am the Slave and I am Providence, do not depart.I am Shams 5 of soothing words,I am the Genious of TabrizI am the Sword that bleeds, do not depart.

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5. Shams of Tabriz was a Muslim mystic to whomRûmi dedicated an entire book of poems.

The recordings

3. Tcharkh-o-falakFolk poem.Song, setâr and tablak.You are the one that turned the wheel of my life.I was living at Kulab, you enticed me to Balkh.There, at Kulab, I drank sweet water,You made me, me the Mad One, taste bitter water.Woe is he who, uprooted from his own country,In his distant exile, is subject to the law of another.

4a. LaylaFolk poem in tchârgâh modeSong, ghidjak and tablak.

4b. BubastPoem by Hâfiz in tchârgâh mode.Song, ghidjak and tablak.Each one of your hair has shaken a thousand hearts.Your tresses have enslaved countless wise men.So that Lovers may offer their life to its fragrances,She spilled her perfume and dashed all hopes.What harmony has the musician created.That brings total silence to prevail over this crowdin ecstasy?Oh Hâfiz, he who has not yet tasted the sufferingsof Love,But who seeks Union without submission to itspremises,He is not worthy of joining the Be-Loved.

5. Doyra zan (falak)Folk poem.Song, dutâr and tablak.

6a. Mehri ashighSetâr solo in dugâh mode.

6b. Djahân tchist ?Poem by Loïgh (20th c.) in segâh mode.Song, setâr and tablak.We live in this world without knowing what theWorld is.We live in this time without knowing what Time is.We shall only know what youth is when we are nolonger old.We shall have no sign of the Creator until we aredust.We shall know nothing until Love as consumed us.We shall not know what Autumn is until we havelost our leaves.We shall not appreciate the true value of Life,We shall not know this until we have lost it.

7. ZindagiPoem by Bedil in tchârgâh mode.Song, ghidjak and tablak.

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TadjikistanDAVLATMANDArt and folk music

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distribution NAÏVE-AUVIDIS

OP 1992/2001

INEDIT / MCM

Made in France

Collection fondée parSeries founded byFrançoise Gründ

dirigée par / headed byPierre Bois

durée totaletotal time

54’42”

TADJIKISTAN • DAVLATMANDMusique savante et populaire • Art and folk music

1a. Devonah shaw (Rûmi) ...5’00”1b. Halghaé dôm ast (Bedil) .3’49”1c. Maïdabâran (Ghoïb) ......3’43”1d. Omadaï (Hâfiz) ...............2’34”2. Dur mashaw (Rûmi)...... 7’46”3. Tcharkh-o-falak (trad.). 5’19”

4a. Laïla (trad.) .....................3’48”4b. Bubast (Hâfiz) .................2’42”5. Doïra zan (trad.)............ 5’41”6a. Mehri ashigh (setâr solo).2’31”6b. Djahân tchist ? (Loïgh) .6’13”7. Zindagi (Bedil)................5’25”

Davlatmand, chant/vocals, luths/lutes setâr & dutâr, vièle/bowed lute ghidjakAbdussattar Abdullaev, tablak