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Décodage Entreprises familiales En mal de successeurs En Suisse, les étudiants sont plus réticents qu'ailleurs à marcher dans les pas de leurs parents Tirer le rideau Patron de l'entreprise de recyclage Serbeco depuis 1991, Bernard Girod a su convaincre son fils de reprendre les rênes de l'entreprise familiale le ler janvier dernier. OLIVIER VOGELSANG Patron de l'entreprise de recyclage Serbeco depuis 1991, Bernard Girod a su convaincre son fils de reprendre les rênes de l'entreprise familiale le ler janvier dernier. OLIVIER VOGELSANG ftEmnomle Observation des médias Analyse des médias Gestion de l'information Services linguistiques ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, case postale, 8027 Zurich Tél. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Tamedia Publications Romandes 1211 Genève 11 022/ 322 40 00 www.tdg.ch Date: 03.07.2012 Genre de média: Médias imprimés Type de média: Presse journ./hebd. Tirage: 51'487 Parution: 6x/semaine N° de thème: 215.7 N° d'abonnement: 1078728 Page: 8 Surface: 105'214 mm² Réf. Argus: 46584820 Coupure page: 1/4

Décodage Entreprises familiales En mal de successeurs · Les données de la dernière enquête font écho à une situation inquiétante et dénon-cée depuis 2005. A l'époque, une

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Page 1: Décodage Entreprises familiales En mal de successeurs · Les données de la dernière enquête font écho à une situation inquiétante et dénon-cée depuis 2005. A l'époque, une

Décodage Entreprises familiales

En mal de successeursEn Suisse, les étudiants sont plus réticents qu'ailleurs à marcher dans les pas de leurs parents

Tirer le rideauPatron de l'entreprise de recyclageSerbeco depuis 1991, Bernard Girod a suconvaincre son fils de reprendre lesrênes de l'entreprise familiale le lerjanvier dernier. OLIVIER VOGELSANG

Patron de l'entreprise de recyclageSerbeco depuis 1991, Bernard Girod a suconvaincre son fils de reprendre lesrênes de l'entreprise familiale le lerjanvier dernier. OLIVIER VOGELSANG

ftEmnomle

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ARGUS der Presse AGRüdigerstrasse 15, case postale, 8027 ZurichTél. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01www.argus.ch

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Date: 03.07.2012

Genre de média: Médias imprimésType de média: Presse journ./hebd.Tirage: 51'487Parution: 6x/semaine

N° de thème: 215.7N° d'abonnement: 1078728Page: 8Surface: 105'214 mm²

Réf. Argus: 46584820Coupure page: 1/4

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Frédéric Thomassete problème est identifié.«Autrefois, on vivait pourtravailler et aujourd'hui, ontravaille pour vivre. C'estune question de généra-tion.» Sans tomber dans le«c'était mieux» avant, Gio-

vanni Giunta,secrétaire général de l'asso-ciation Relève PME, regrette le désintérêtmanifeste des étudiants suisses pour la viede leurs parents entrepreneurs. En effet,selon une étude internationale réalisée en2011 par le Centre pour entreprises familia-les de l'Université de Saint-Gall et Ernst &Young, les étudiants suisses font partie deceux qui expriment le moins d'intérêt à lareprise de l'entreprise familiale, quand cel-le-ci existe.

A la recherche d'un repreneur

L'enquête, intitulée «Revenir à la maisonou s'en aller», réunissant des données col-lectées auprès de 93 000 étudiants de 26pays en 2011, révèle que seulement 3% desjeunes suisses se destinent à la reprise del'entreprise familiale. La Confédération seclasse ainsi parmi les mauvais élèves, endessous d'une moyenne établie à 7% (gra-phique ci-contre). Si les voisins français etallemands ne font guère mieux avec res-pectivement 3 et 4%, la situation suisse estpérilleuse et la tendance n'est pas à l'opti-misme. «Le nombre d'entreprises reprisespar les enfants ne cesse de baisser. Ce phé-nomène va au-delà du cas particulier desétudiants. En huit ans, nous sommes globa-lement passés de 60 à 40%», analyse Gio-vanni Giunta.

Les données de la dernière enquête fontécho à une situation inquiétante et dénon-cée depuis 2005. A l'époque, une enquêtesignée par le Centre pour entreprises fami-liales et PwC révélait que 88% des quelque309 000 entreprises que comptait la Suisse

étaient en mains familiales. Parmi elles,57 000 étaient vouées à la succession dansles cinq ans. La situation n'a, depuis, guèreévolué. En 2009, une nouvelle enquêtelaissait apparaître que 77 000 entreprisescherchaient un successeur et que 40%étaient vouées à disparaître. Une perte dra-matique en termes d'emplois et de savoir-faire.

Particularités helvétiques

Comment expliquer ce désintérêt suisse?Heinrich Christen, associé chez Ernst &Young et spécialiste des entreprises familia-les, met en avant la tenue exceptionnellede l'économie helvétique: «La Suisse est unpays particulier. Les étudiants ne se voientproposer nulle part ailleurs autant d'op-portunités intéressantes à la sortie de leursétudes. Ce n'est pas étonnant que les Grecsou les Espagnols soient plus à même d'em-boîter le pas à leurs parents, il n'y a riend'autre pour eux sur le marché du travail!»

Heinrich Christen tient aussi à mettre enavant une explication plus personnelle, ba-sée sur ses impressions. Les entrepreneurssuisses auraient pour habitude de ne pasmettre leurs enfants sous pression au mo-ment d'aborder le thème de la succession(lire ci-dessous). «Le discours en Suisse estdifférent que dans d'autres pays d'Europe.Ici, les parents souhaitent à leurs enfants devoir le monde, de faire ce qui leur plaît.»Une explication confirmée par les résultatsde l'enquête. En Suisse, les parents n'expri-ment pas autant de satisfaction que dansd'autres pays à l'idée de voir leur progéni-ture reprendre l'entreprise maison.

Protéger le tissu économique

La situation n'est pas nouvelle mais elle nesemble pas évoluer dans le bon sens. LeConseil fédéral avait, dès 2005, décidé d'enfaire une priorité. En 2008, la plate-forme

Relève PME était mise en place afin defaciliter les entreprises dans leur processusde succession. Un objectif: aider les entre-prises à prévoir. Giovanni Giunta invite lessociétés à devancer les cas critiques: «57%des successions sont déclenchées par lamaladie ou le décès. Le processus est déjàlourd en temps normal, mais là on y ajoutela dimension d'un deuil.» Pour éviter cessituations, la plate-forme fournit desconseils. Entre conférences dans les diffé-rents salons consacrés aux entreprises etsite Internet visant à renseigner les patronset les potentiels repreneurs, l'association -qui a reçu le soutien du Secrétariat d'Etat àl'économie - est active. Le secteur privén'est pas en reste à l'image de la banqueCredit Suisse qui se bat pour que les entre-prises survivent en Suisse. «Nous discutonsavec nos clients afin qu'ils devancent lesproblèmes liés à la succession. Nous cher-chons à préserver au mieux le tissu desentreprises et les emplois dans le pays.Nous sommes actifs dans l'économie suissedont les PME sont la colonne vertébrale,nous avons donc tout intérêt à uvrerdans cette direction», résume Jean-MarieSalina, responsable de la clientèle PMEpour la région Genève.

«Ce n'est pas étonnantque les Grecs ou lesEspagnols soient plusà même d'emboîterle pas à leurs parents,il n'y a rien d'autrepour eux sur le marchédu travail!»Heinrich ChristenAssocié chez Ernst & Young

ftEmnomle

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Date: 03.07.2012

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Choix de carrière souhaité directementaprès les études universitaires

En %

Grèce

Irlande

Portugal

Moyenne

Royaume-Uni

Belgique

Allemagne

France

Suisse

Employé Entrepreneur Successeur 11 Autre

19

24

16

50 14 17

LimER:1 12

7473 93

13

15

TI 18

G.L. SOURCE UNI VERSITE DE SAINT-GALL, ERNST & YOUNG.

Le fils recycle le patrimoineBertrand Girod, 32 ans, fils aîné de

Bernard, qui a racheté l'entreprisegenevoise Serbeco en 1991. Celle-ci estactive dans le domaine de l'environne-ment et du recyclage; Bertrand asuccédé en début d'année à son père auposte de directeur général du groupe.Un choix qui a mis du temps à sedessiner, comme un écho à l'enquête«Revenir à la maison ou s'en aller».

Succéder à votre père, un choix naturel?Bien sûr, quand j'étais enfant, ce n'étaitpas quelque chose que j'imaginais. Par lasuite, je me suis engagé dans des étudesd'ingénieur. L'idée n'était pas d'intégrerl'entreprise familiale. Pourtant, au sortirdes études, le marché du travail était telque je ne pouvais trouver une fonctionvraiment intéressante. C'est là que monpère a été fort. Il a su m'appâter avec unprojet excitant.

La succession a donc été immédiate,une fois vos études terminées?Je suis d'abord entré en tant que collabo-rateur dans la boîte avant de me décider,cinq ou six ans plus tard, à succéder àmon père. Pour ce faire, j'ai repris desétudes de management.

Votre père est aujourd'huiprésident du conseil d'administration.Une cohabitation facile à vivre?Mon père joue encore aujourd'hui unrôle important dans le groupe, surtoutdans le relationnel. Il a une empriseforte sur la stratégie. Je ne suis pas toutseul à piloter l'entreprise et c'est tantmieux. Le groupe est bien structuré avecla présence d'un conseil d'administra-tion qui me permet d'éviter les erreurs.Je suppose que prendre la successiond'un directeur autocratique est pluscompliqué. F.T.

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Date: 03.07.2012

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Le père lâche les rênesBernard Girod, père de Bertrand.

Après avoir racheté en 1991 l'entre-prise Serbeco, il développe sesactivités dans le domaine du recyclage,la faisant passer de la collecte et du tride verre à celle du PET. A 56 ansseulement, il décide de passer leflambeau à son fils aîné, Bertrand. Ilest aujourd'hui président du conseild'administration.

Voir votre fils reprendre l'entreprisefamiliale, un rêve de toujours?Deux de mes quatre enfants travaillent ac-tuellement dans l'entreprise. Je ne cacheraipas que c'est une véritable joie. En revan-che, je n'ai jamais voulu les forcer à suivrecette voie. S'il avait fallu revendre l'entre-prise pour les aider dans leurs projets per-sonnels, je n'aurais pas hésité. Par ailleurs,ce n'est pas une entreprise de 4e généra-tion. La pression familiale n'existe pas.

La succession de votre fils, unedécision dictée par les liens familiaux?La manière dont j'ai géré Serbeco depuisle moment où je l'ai rachetée a permis àl'entreprise de décoller. Mais depuis quel-ques années, la bonne marche de l'entre-prise passe par un nouveau style de ma-nagement adapté aux contraintes d'au-jourd'hui. Mon fils a pris le poste de direc-teur général parce qu'il a la capacité d'yrépondre. Il est même parti engranger del'expérience à l'extérieur de l'entreprise,chez Rolex, à un moment donné.

Vous êtes encore président du conseild'administration. Avez-vous tout à faitaccepté l'idée du passage de flambeau?Jusqu'à la fin de l'année, je travaille en-core dans les locaux de Serbeco. Il m'ar-rive de me mêler par habitude d'affairesqui ne me reviennent plus. Je me fais alorsreprendre. F.T.

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