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GUILLERMO DEL TORO, RON PERLMAN, SELMA BLAIR ET DOUG JONES vous disent tout ! Créatures de CHOC Les EFFETS SPÉCIAUX décortiqués GUILLERMO DEL TORO, RON PERLMAN, SELMA BLAIR ET DOUG JONES vous disent tout ! Créatures de CHOC Les EFFETS SPÉCIAUX décortiqués hellboy_2_couv_dvd_ok 16/02/09 11:50 Page 1

décortiquésSPÉCIAUX Les EFFETSCréatures de CHOC vous …multimedia.fnac.com/multimedia/editorial/pdf/5050582701470.pdf · d’un feu vengeur, le Prince Nuada est bien dé-cidé

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  • GUILLERMO DEL TORO,

    RON PERLMAN,SELM

    A BLAIRET DOUG JONESvous disent tout !

    Créatures de CHOCLes EFFETSSPÉCIAUXdécortiqués

    GUILLERMO DEL TORO,

    RON PERLMAN,SELM

    A BLAIRET DOUG JONESvous disent tout !

    Créatures de CHOCLes

    EFFETSSPÉCIAUXdécortiqués

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  • GUILLERMO DEL TORO,RON PERLMAN, SELMA BLAIRET DOUG JONESvous disent tout !

    Créatures de CHOCLes EFFETSSPÉCIAUXdécortiqués

    GUILLERMO DEL TORO,RON PERLMAN, SELMA BLAIRET DOUG JONESvous disent tout !

    Créatures de CHOCLes EFFETSSPÉCIAUXdécortiqués

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  • Un retour osé,musclé et flamboyant

    La révolte gronde dans nos sous-sols. Animéd’un feu vengeur, le Prince Nuada est bien dé-cidé à soulever à nouveau l’Armée d’or au nomde toutes les créatures fantastiques et invisi-bles condamnées à rester cachées depuis quel’Homme s’est approprié le monde. Afin d’as-surer notre défense et notre protection, le gou-vernement fait à nouveau appel à son équipede choc : un rejeton de l’enfer brutal etcolérique, une pyromane émotive et un amphi-bien amoureux…Dès le visionnage des premières images, lemessage était clair : ce Hellboy-là ne ressem-blera pas à ce qu’on aurait pu attendre, et nesera en rien une simple redite du précédent.Une armée d’or, une salle du trône accueillantdes créatures que l’on jugerait tout droit sor-ties dudit Labyrinthe, des jumeaux royaux audesign et au charisme imposants, unsomptueux Ange de la mort à la croisée del’ensemble des mondes du cinéaste… Les lé-gions d’or maudites relèvent tout simplementdu miracle poétique que l’on avait presquecessé d’attendre en matière de cinéma d’ac-tion onirique. Le magistral Marché des Trolls,notamment, dévoile un bestiaire impression-nant, en grande majorité sculpté, maquillé etanimé en dur, parcourant ainsi les deux heuresde film en un véritable ballet fantastique, unhommage revendiqué et appuyé aux œuvresqui ont bercé l’âge d’or du cinéma d’aventure,de l’évasion, et de l’animation.Éternel enfant et avant tout grand passionné,Guillermo del Toro prend donc tout le mondepar surprise et parvient à unir son universgraphique à celui du plus attachant des hérosaux gros biscoteaux (rouges de surcroit) pourle meilleur de cette suite peu commune, faisant

    délicieusement fi des conventions et des loisimposées par le dieu blockbuster. Change-ments de couleurs, changements de musiques,changements de tons… On se demanderaitpresque qui sont les véritables héros de cettenouvelle aventure. En effet, si les choses n’ontpas véritablement changé au Bureau deRecherche et de Défense Paranormal (si cen’est que Hellboy vit à présent officiellementavec Liz et qu’un étrange et fumant nouveaupersonnage fait une entrée remarquée au seinde l’organisation), elles risquent en revanchede pas mal évoluer du côté des simples hu-mains, dont l’éveil au monde des contes de féesmenace d’être un tantinet brutal et…spongieux. Chaque séquence de combat (etelles sont nombreuses) est rythmée par undanger aux formes et aux enjeux différents, del’attaque en masse des fées des dents à la ver-sion écologique et déifiée d’un Godzilla destemps modernes, et représente autant depanache que de remises en question aux-quelles doit faire face Hellboy s’il veut parfaireson éternelle “quête d’humanité”.Avec Hellboy 2, Guillermo del Toro signe à l’évi-dence son plus authentique film américain,sans oublier d’y intégrer une bonne dose d’hu-mour et d’effets spéciaux tous plus spectac-ulaires les uns que les autres. Mais si on en ap-prend beaucoup sur le monde des invisibles, ilfaut bien avouer que l’on reste un temps soitpeu sur notre faim pour ce qui est de l’évolu-tion-même des personnages principaux, unpeu trop écrasés par le poids et la fascinationqu’exercent les adversaires qu’ils affrontent.Toutefois, la sombre poésie émanant de ce re-vigorant savoir-faire à l’ancienne laisseprésager, on l’espère, un troisième volet en-core plus abouti et toujours plus proche desaspirations aussi uniques qu’enchanteressesde son auteur.

    VIVIEN LEJEUNE

    UN HÉROSD’ENFER

    Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur la petite souris, les elfes ou les gentilles fées :les monstres ne sont finalement pas souvent ce qu’ils semblent être. Après les teintes aus-si magiques que gothiques laissées par l’armée nazie et la quête d’éternité du terribleRasputin dans le premier opus, le toujours plus surprenant réalisateur du Labyrinthe dePan nous propose à présent une vision toute neuve et resplendissante du personnage qu’ilpartage désormais avec Mike Mignola.

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  • GUILLERMO DEL TORO Fils du Mexique et de ses monstres

    Depuis la présentation à Cannes en 1993 deson premier film, Cronos, qui remporta lePrix de la Critique, Guillermo del Toros’est imposé parmi les meilleursscénaristes/réalisateurs internationaux.Hellboy 2 nous en fournit une preuvesupplémentaire…

    On ressent l’influence du Magicien d’Oz trèsprésente dans votre film.Pas seulement dans Hellboy. Il y a égalementune référence dans Le Labyrinthe de Pan,avec les pantoufles de rubis que l’héroïneporte à la fin et la façon dont elle en fait cla-quer les talons. Mon idée était qu’à la fin dufilm, je voulais vraiment retrouver Dorothy, leLion peureux, l’Homme de fer blanc et l’Épou-vantail. On trouve un écho de cela. Picasso adit qu’il lui a fallu trente ans pour apprendreà peindre comme un enfant de sept ans et jeressens la même chose. J’ai 43 ans, mais enfin de compte, je fais des films comme ceuxque je regardais quand j’étais gosse. J’éprou-ve toujours de l’admiration et de la fascina-tion pour les films de Ray Harryhausen. J’aiessayé de tourner plusieurs scènes du film àsa manière. Quand ils ressuscitent la fée desdents et que je fais un plan large de chacunse tenant debout avec la petite fée se dé-plaçant au milieu, cela provient directementd’un de ses films sur Sinbad. Visuellement,nous avons essayé de retrouver, pour certainsmoments du Labyrinthe de Pan, la textured’œuvres que nous adorions étant enfants.L’idée était de m’interroger pour savoir si jepouvais tourner en m’appuyant davantage surl’admiration que je ressentais que sur monexpérience et les certitudes que j’ai acquisesà mon âge. C’est ce que j’ai essayé de faire.

    Comment vous définiriez-vous en tant quecinéaste ?Je pense que chacun d’entre nous est uncinéaste et que les autres qualificatifs sont su-perflus. À l’époque de L’Echine du diable, lesgens me demandaient pourquoi je faisais un

    film sur la guerre civile et je répondais : “pourla même raison que Bernardo Bertolucciquand il tourne un film sur un Empereur chi-nois”. Parce que nous en avons envie. En tantque cinéastes, nous devons tourner des filmsqui nous concernent. Les étiquettes ne sont làque pour nous faire entrer dans une catégorieprécise. Mais c’est trop restrictif. Je pense quenous devons faire les films qui viennent denotre cœur et de nos tripes. En dehors de cela,je fonctionne comme la vie me l’impose. Jecontinue à produire des films mexicains et desfilms latins. Nous venons de terminer CosasInsignificantes avec un réalisateur débutant.Nous sommes en train de tourner un film inti-tulé Rabia, qui est une coproduction entre l’Es-pagne, l’Equateur et le Mexique. Je ne fermedonc aucune porte. Je ne dis pas que je netournerai désormais que des films hollywoo-diens. Je fais ce que j’ai envie de faire dans mavie et c’est très libérateur.

    Des personnagespeu manichéens

    Il semble que vous ayez particulièrement trou-vé et affiné votre propre univers visuel grâceau Labyrinthe de Pan. Et avec Hellboy 2, voussemblez prendre un malin plaisir à jumelerdeux mondes qui semblaient pourtant radi-calement différents…Il me tient très à cœur de faire en sorte, peuà peu, que mes films américains soient deplus en plus proches de ceux que je tourne enespagnol et d’être ainsi le plus authentiquepossible dans ma façon de raconter des his-toires. Selon moi, Hellboy 2 pouvait – à l’aidede certaines décisions un peu étranges – serapprocher en quelque sorte de l’esprit d’unfilm indépendant. L’important pour moi n’estplus de savoir si je vais encore faire un, deux,quatre ou dix films dans ma vie… Ce quej’aimerais vraiment, si je le peux, c’est être leplus fidèle possible à l’idée qui me semble laplus juste et la plus appropriée pour racon-ter comme il se doit l’histoire sur laquelle jetravaille. Il faut avouer que cela déroute pasmal de monde, en fait. Les gens pensent allervoir un typique film d’été à grand spectacleoù le méchant est très méchant et le gentil

    très gentil… Mais dans le cas d’Hellboy 2, unedes choses qui me tient le plus à cœur c’estjustement que le méchant a raison ! Il est leseul à avoir un réel engagement moral ; cequi n’arrive à Hellboy qu’à la toute fin du film.En fait, le héros prend conscience de ses re-sponsabilités grâce aux agissements de sonennemi.

    En cela, offrir le rôle du Prince Nuada à LukeGoss s’avère un excellent choix.J’avais beaucoup aimé travailler avec lui surBlade 2. On avait d’ailleurs essayé de faire deNomak un méchant plutôt tragique… J’aiécrit le rôle du Prince Nuada spécialementpour lui.

    Qu’est-ce qui vous plait le plus dans l’universde Hellboy et vous a conduit à l’explorer plusavant ?Ce que j’aime particulièrement dans le pre-mier film sont les monstres et les momentsintimistes. J’ai vraiment apprécié ces instantsoù, par exemple, Hellboy partageait des bis-cuits et du lait avec des enfants, ou bien Hell-boy et Manning s’allumant un cigare et par-lant d’allumettes au lieu d’un briquet. Celame plait beaucoup. J’adorerais savoir qui lavela tenue de Batman et fait le plein de la bat-mobile, et s’il utilise de l’essence sans plombou du diesel. Ce genre de choses m’obsède,d’une certaine manière. Qui reprise le cos-tume de Spider-Man ? J’aimerais connaîtreces détails. Iron Man lave-t-il lui-même seschaussettes ou que se passe-t-il quand lamachine à laver tombe en panne ? J’essaiede donner une impression de quotidiennetéaux vies d’Abe, Liz et Hellboy. C’est un faitqu’Hellboy est un bon à rien qui sait cepen-dant agir en héros. Ceux que j’admire dans lavie ne sont pas des héros à chaque instant dela journée. Ils ne le sont que lorsque c’est im-portant, qu’ils soient pompier ou quoi que cesoit d’autre – ceux qui sortent les poubellesou accompagnent leurs enfants à l’école etqui, à 8 heures du matin, vont sauver des vies.Je trouvais intéressant que ces super-hérosagissent comme des humains. Qu’ils soientfaillibles, réels et peut-être, de façon mexi-caine, qu’ils prennent le temps de boire unebière et de chanter une chanson. C’est ce quiles rend humains. A mon sens, la beauté vientdu fait que si l’on fait résonner une émotionde façon extrême, ces héros retrouvent la vienormale et banale de monsieur tout-le-monde. J’ai grandi en écoutant du punk rockhardcore, les Sex Pistols et les Ramones,mais tard dans la nuit, de temps en temps,quand j’étais seul, il m’arrivait d’écouterMandy et de pleurer (rires). Je pense qu’à unmoment donné, tout Mexicain sait qu’il lui fautécouter Jose Jose, Alfredo Jiminez en buvantune bière et en chantant avec les larmes auxyeux. Ce que j’ai appris, c’est que moins je meconforme à l’ordre établi et plus j’aime le film.Et plus je m’y plie, moins je me sens prochedu résultat.

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  • Les joies de latransgression

    Comment travaillez-vous avec Mike Mignola :êtes-vous parvenu à une certaine “routine“dans votre recherche d’équilibre entre vos deuxpôles artistiques depuis le premier film ?Je pense, avant tout, que lui et moi avonsbeaucoup de choses en commun, mais leséléments qui nous opposent sont effective-ment vraiment très, très différents. On seretrouve généralement d’accord à 80% maispour ce qui est des 20% qui restent… on peutdevenir particulièrement féroces ! QuandMike n’aime pas quelque chose qui me plaità moi, il ne prend pas de pincettes pour me ledire ; c’est immédiat. Je le respecte énormé-ment et si ce qu’il me demande n’est pas trèsgênant pour le film, j’accepte de faire les mod-ifications sur-le-champ. En revanche, si je su-is intimement convaincu que mon choix est lemeilleur cinématographiquement parlant, jem’impose sur mon terrain. Sur ce deuxièmefilm, j’ai conscience d’irriter bien plus de gensque je n’en contente dans la mesure où je mesuis vraiment éloigné des comics. Pourtant,je crois également que malgré ces choix d’ori-entation, j’ai le sentiment de laisser résonnerde forts échos de ce qui fait l’âme de cescomics. Les légions d’or maudites est un filmplus étrange que le premier, et plus rapideaussi. Avec Hellboy, je pense que nous avonsentrepris quelque chose qui honore le comicoriginal en lui restant particulièrement fidèle.Mais le temps passant, j’ai réalisé les erreursou les raccourcis que j’ai pu y faire par ex-cès de prudence. Si bien que pour cette suite,je me suis débridé. Sur le premier, j’étais làpour essayer d’aboutir à un esthétisme spé-cifique que j’admire énormément : celui deMike et de son personnage. Bien sûr, j’ai réus-si à le faire mien sur certains points. Cela n’apas été véritablement conscient ; il n’y a paseu de processus, c’est juste arrivé comme ça.J’ai beaucoup appris, si bien que je voulaisque le second aille de l’avant et ouvre de nou-velles perspectives. Je continue de penserque Hellboy reste la création de Mike etqu’elle le demeurera toujours, mais je me su-is néanmoins offert le luxe d’être en désac-cord avec pas mal de personnes pour Les lé-gions d’or maudites. Je suis conscient quecertaines de mes propositions étaient trèsrisquées, mais on ne surpasse pas les chosesen restant timide : on en serait alors exacte-ment au même point.

    Entre le premier film et les dérivés animés,auxquels une grande partie de l’équipe ad’ailleurs participé, chaque personnage estparfaitement mis en place à présent, aussi bi-en dans leur rôle au sein du B.P.R.D. que dansleur vie privée : cela a-t-il facilité l’écriture dece second opus ?Mettre au point une suite est justement bienplus facile grâce à cela. Vous n’avez plus be-soin de présenter vos personnages. Pas tous,

    en tout cas. Sur Les légions d’or maudites,j’étais même très heureux de pouvoir repren-dre les personnages de Hellboy, Abe et Liz ex-actement là où je les avais laissés et de sim-plement jouer et construire autour de leursrelations. On peut alors les faire évoluer leplus naturellement du monde, ce qui est as-surément un grand avantage.

    Les retrouvailles sur le plateau ont donc dûêtre agréables…C’était génial, oui. C’est à chaque fois un mo-ment formidable. Retrouver Ron Perlman,c’est comme revoir un membre de mafamille. Nos relations sont un peu les mêmesqu’avec Mike Mignola en fait. Nous sommesde grands amis, mais il nous arrive égale-ment de nous battre – mais toujours dans lerespect et avec une grande ouverture d’e-sprit, tout simplement parce que nous nousconnaissons si bien. Je l’aime énormément.Si je pouvais tourner l’intégralité de mesfilms avec lui, je le ferais sans hésiter uneseule seconde. Quant à Doug Jones, SelmaBlair et Jeffrey Tambor, j’ai le sentiment detout aussi bien les connaître. Jeffrey est niplus ni moins que l’un des êtres humains queje respecte le plus en ce monde, tout commeSelma. Doug Jones est à la fois un acteurd’exception et un incroyable “campeur demonstres“… Ils sont ma famille.

    Et il y a également ce fascinant nouveau venuinterprété par James Dodd : Johann Krauss,avec deux “S“…Il y a une grande différence entre le JohannKrauss du film et celui des comics. Pour cequi est du film, j’ai voulu l’introduire en fonc-tion d’autres suites possibles. A partir de là,il représente selon moi l’essence même dubureaucrate en n’ayant aucun corps tangible,aucun visage, et en se contentant de débar-quer avec un paquet de règles, de lois. Il de-vient l’exact opposé d’Hellboy qui, lui, afficheune très forte personnalité. Il en ressort unbeau contraste d’individualité. Les faire seconfronter ne pouvait découler que surquelque chose d’extrêmement jubilatoire.

    L’amour desmonstres

    Il y a, bien sûr, énormément de séquencesd’action assez spectaculaires durant tout lefilm, et vous avez eu recours à toutes les tech-niques possibles et imaginables pour men-er à bien vos différentes visions : commentchoisissez-vous ce qui doit être truqué etfilmé sur le plateau et ce qui doit être achevéensuite en numérique ?J’ai toujours dit haut et fort que l’utilisation del’ordinateur ne devrait se faire qu’en toutdernier recours. Je l’utilise parfois, j’aime cequ’il est capable de produire mais je refuse dem’en servir comme d’une “boite magique” pourtout et n’importe quoi. Tout est de la faute deJim Henson et de la fascination que j’éprouvepour lui ! Nous avons fait en sorte d’utiliser lesmarionnettes et le maquillage à leur maximum.Il n’y a que lorsque certaines créatures doiventparaitre soit trop petites, soit trop grandes, quel’on se tourne vers l’animation. Je voulais quel’on ressente que le film était fait à la main.Nous voulions partager cette fierté de l’arti-sanat, aussi bien pour les décors que pour lescréatures. Lorsqu’ils se sont lancés dans le de-sign des Légions d’or maudites, je leur ai dit :“Faites en sorte que l’or soit bien martelé etqu’il ne paraisse pas plat. C’est une armure unpeu usée et terne. Faisons tout le plus vivantpossible“… car je voulais que toutes les texturessoient palpables.

    En cela, le Marché des Trolls est vraiment ungigantesque décor très rafraîchissant, conçu“à l’ancienne” avec tous ces figurants cos-tumés incarnant cette grande variété de créa-tures… J’ai toujours pensé qu’un personnage commeHellboy devait faire face à un réel arc scénar-istique à compter du deuxième film. Au dé-part, c’est juste un type qui tabasse tout cequi bouge. Puis, progressivement, il va dé-couvrir que les humains qu’il protège n’ontfinalement rien de si spécial (rires). Peut-être, en revanche, que les créatures qu’il ex-termine à longueur de temps sont quant à

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  • elles plus spéciales ? Si vous vous souvenez,juste avant d’entrer dans le Marché desTrolls, il a un affrontement avec une vieilledame dans une ruelle sombre. Et juste aprèsil se retrouve dans cet endroit immense et lu-mineux, plein de vie, où chaque créatureachète ou vend des choses merveilleuses. Deplus, il s’y déplace librement, sans que per-sonne le craigne ou le dévisage. Je ressen-tais donc ce besoin de créer ce grand espace,premièrement pour faire vivre ce mondesouterrain juste en dessous du nôtre. Et en-suite, de fournir l’occasion à Hellboy de voiren ces créatures magiques autre chose quede simple pushing balls ! Il peut alors évoluer– même s’il aura encore l’occasion d’en cognerplus d’une – et se rendre compte de la dif-férence qui existe entre ce qui parait beauet ce qui est spécial.

    Beaucoup ont comparé cette séquence à laCantina de Star Wars…En fait, c’était bien là que résidait la grandefrayeur de Mike Mignola. A chaque fois qu’onpénétrait dans le Marché des Trolls, il fre-donnait le thème de Star Wars… Je répondaissystématiquement que notre décor n’avaitrien à voir et que nous tournions de manièreradicalement différente : au lieu de faire ungros plan sur chaque créature présente, je lesutilisais simplement comme des figurants,dans le fond. Parfois, nous dépensions descentaines de milliers de dollars pour unecréature qui n’apparaît que dans le premierplan de la séquence toute entière. Si vousrevoyez le film, vous verrez une créature dunom de Strider, aussi large que troiséléphants avec de longues jambes et sanstête, passer sous l’arcade. Cela n’arrivequ’une fois dans tout le film et j’ai dit : “je vaistourner ça à l’opposé de la Cantina. Je vaisfaire en sorte que l’on ait l’impression d’errerau beau milieu d’un endroit bien réel et j’u-tiliserai des créatures qui nous ont couté unefortune juste pour qu’elles passent par là”. Etc’est exactement ce que l’on a fait.

    L’Ange de la mort est le personnage visuelle-ment le plus proche de ceux rencontrés dans Lelabyrinthe de Pan : on sent bien là votre volon-té de relier l’ensemble de vos univers.Absolument. Les fées aussi représentent cemême désir et, en un sens, le Roi des elfes estégalement une réminiscence de ce monde. Lavérité est que plus vous vous rapprochezd’une forme de liberté artistique totale, plusles choses vous viennent sans la moindreréserve émise par un exécutif du studio ou quique ce soit d’autre. Vous pouvez laisser librecours à vos idées comme elles viennent. C’estpourquoi certains éléments se relient àprésent tout naturellement.

    Au cœur del’action

    Votre vision du film n’a pas dû être facile àvendre au studio…Oh non ! Cela a été très difficile et très péniblecar faire cette suite n’avait rien de logique. Lepremier Hellboy a tout juste “marchoter” etn’a finalement rapporté de l’argent que grâceà sa sortie en dvd. Pas uniquement aux Etats-Unis d’ailleurs, dans le reste du monde c’estaussi ce qui nous a sauvés. La sortie en sallea été tragique : il y a eu neuf mois de décalageentre la sortie US et celle en Europe ; si bi-en que lorsque le film est arrivé chez vous,il était déjà disponible en dvd ici… Du coup, lapiraterie sur Internet nous a fait pas mal detort. Et au-delà de l’aspect financier, je suisbien conscient que mon scénario et mon ap-proche pour Les légions d’or maudites sontplutôt étranges. Convaincre le studio n’a donc,en effet, pas été une mince affaire.

    A plusieurs reprises, dans Hellboy 2, vousfaites le choix de truquer l’image pour simulerla présence d’éclaboussures de sang de féeset autres traces de combat, directement surl’objectif de la caméra.L’idée était vraiment de faire en sorte de don-ner le sentiment que toutes ces créatures ren-

    contrées dans le film existent réellement dansnotre monde. En conséquence, il fallait abor-der ces évènements comme si nous lestournions tel quel. Nous avons donc créé de lapoussière et des goutes de sang numériquespour accentuer cette volonté d’immédiateté.Je m’étais déjà “amusé” à faire ce genre dechoses sur Mimic, un peu sur Blade 2 égale-ment. Je pense que c’est un plus, une touchevisuelle intéressante.

    Le combat final est aussi spectaculaire que sondécor est impressionnant : combien de tempsavez-vous travaillé à son élaboration ?Ce décor a été assurément l’un des plus dif-ficiles. Tout a été compliqué à mettre en?uvre, aussi bien esthétiquement que tech-niquement. C’était le plus grand décor de toutle film. Il faisait littéralement la taille d’unstade. Il me tenait très à cœur de tourner dansun décor réel et élaboré : hors de questionpour moi de ne faire que du fond bleu et del’incrustation numérique. J’ai donc commencéà travailler sur son design juste après le toutdébut du tournage global. Pour ce qui est dela mise en place du combat en lui-même, jen’ai jamais cessé de le concevoir et d’y ap-porter des ajustements jusqu’à la veille despremières prises de vue sur place. Et mêmebien au-delà, en fait ! Même en postproduc-tion, j’ai continué à changer ou à inverser cer-tains mouvements de l’armée d’or. Pour cequi est de l’affrontement entre Hellboy et lePrince Nuada, le chorégraphe du combat etmoi-même avons commencé à y travailler dèsnotre toute première rencontre. C’était trèscompliqué. Si vous regardez attentivementcette séquence, vous verrez que toutes les ac-robaties ne sont pas effectuées à l’aide decâbles comme cela se fait communément.Nous avons littéralement caché des trampo-lines sous le revêtement de sol, si bien queles comédiens pouvaient réellement sauteraussi haut. J’avais envie de jumeler certainestechniques du cirque à celles du cinéma deCharlie Chaplin et de Buster Keaton, toutcomme celles des films d’arts martiaux clas-siques. De plus, je tenais absolument à ce quechaque combat du film soit radicalement dif-férent des autres. Dans le Marché des trolls,on assiste à un rude combat aux poings… celuicontre les fées donne plus la sensation d’at-taques en masse. Pour le Prince, j’ai voulu re-nouer avec cette approche des ballets decirque. Je dirais donc qu’au minimum, cetteseule séquence nous a demandé environ qua-tre ou cinq mois de travail. De plus, ce décora été le tout dernier à être finalisé. Nousn’avons donc pu nous y rendre pour répéterque très tard ! Et une fois sur place, nous noussommes vite rendu compte de la difficulté quenous allions devoir affronter dans la mesureoù nous devions gérer un sol totalement noiret que nous filmions les personnages se dé-plaçant très rapidement et dans un espace as-sez large… Tout a été difficile à faire, y com-

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  • pris les plans rapprochés. La caméra bougesans cesse, les comédiens aussi… c’était unvéritable enfer logistique.

    La prophétie concernant le destin d’Hellboy,révélée par l’Ange de la mort, annonçait-elleofficiellement un troisième long-métrage ?J’aimerais croire que cela soit vrai, mais laréalité est telle qu’il ne s’agit pas là d’une dé-cision qui m’incombe. C’est celle du studio. Etil ne se décidera pas avant d’avoir fait le tourdes recettes mondiales.

    Mais si vous aviez le feu vert, savez-vous déjàvers quoi vous iriez ?Oui, tout à fait. C’est un véritable crève-cœuren réalité, mais seul l’avenir nous dira si onpeut effectivement le concrétiser. Il s’estécoulé quatre ans entre le premier Hellboy etle second. On pourrait donc s’attendrelégitimement à ce que quatre nouvelles an-nées s’écoulent entre celui-ci et le troisième.Je dirais qu’il faudrait attendre au minimumdeux ans – il m’en a fallu deux et demi pourachever d’écrire Hellboy 2… J’ai passé untemps colossal à simplement résoudre desproblèmes. Il fallait que chaque partie apporteréellement quelque chose à l’histoire… Etpour le troisième, ce travail de fourmis seraencore considérablement accru puisqu’iltraitera de la fin de Hellboy, ou tout au moinsde sa fin sous l’incarnation qu’on lui connaîtaujourd’hui. Je ne voudrais en aucun cas par-ler de lui au passé, mais cela serait très cer-tainement le dernier Hellboy campé par RonPerlman, à qui je ne peux décemment pas de-mander de continuer d’exécuter toutes cesscènes d’action si physiques indéfiniment.

    Nouvelle directionmusicale

    En ce qui concerne la partition du film,pourquoi avoir choisi de travailler avec Dan-ny Elfman cette fois, et non plus avec MarcoBeltrami qui avait signé la musique du pre-mier film ?J’ai pensé que le film, dans son ensemble, né-cessitait une toute nouvelle personnalité mu-sicale. Je voulais vraiment que la partitiond’Hellboy 2 lorgne du côté de celles de Jasonet les Argonautes et du Septième voyage deSinbad de Bernard Herrmann. J’ai donc pen-sé à Danny Elfman car je sais à quel point ilaime et, surtout, comprend l’œuvre de BernardHerrmann. Par chance, il était disponible etje savais que son approche et son énergiepourraient servir le film.

    La version salles des Légions d’or mauditesest-elle votre “director’s cut“ ?Oui, tout à fait. Vous découvrirez toutefoisquelques scènes coupées à l’occasion de lasortie du film en dvd, que l’on a rempli au max-imum de nos capacités ! La seule chose dontje ne sois pas vraiment satisfait est mon com-

    mentaire audio… J’aime bien prendre le tempsde préparer sérieusement ce genre d’exerci-ce avant de me lancer mais, cette fois, la pro-duction en a eu besoin tellement rapidementqu’ils me l’ont demandé alors que nous étionsencore en train de promouvoir le film. Je de-vais donc partir très tôt le lendemain et on afait cet enregistrement à une heure du matin…mais je crois que le reste des suppléments estassez extraordinaire.

    Un regard versle futur

    Pouvez-vous nous parler de Bilbo le Hobbit ?Il s’agit, comme vous le savez, de deux films.Nous les tournerons simultanément, en nousaccordant une pause au milieu du tournage,pour une durée à l’heure actuelle indéter-minée. Ils sont assez différents car le deux-ième est censé se fondre dans la trilogie duSeigneur des anneaux et il faudra reconstru-ire beaucoup de décors. Généralement, jetourne six jours par semaine et m’occupe dumontage le septième jour, mais je monteraile premier film durant la pause. La produc-tion commencera en 2010.

    Est-ce votre rapport à l’enfance, et à l’inno-cence qui en découle, qui vous a conduit versce projet ?Je pense que oui, jusqu’à un certain point. Bil-bo le Hobbit, comme n’importe quel autrefilm, doit trouver le juste équilibre entre lemonde enfantin et le monde adulte. C’était ex-actement la même chose pour Le labyrinthede Pan. Il comportait beaucoup d’élémentsterrifiants mais, en même temps, la théma-tique et l’ambiance y sont plus adultes. Ceuxde Bilbo le Hobbit sont à l’opposé… l’esthé-tique ne peut qu’être différente. Il s’agit d’unlivre pour des lecteurs de onze ans et je l’aijustement découvert pour la première fois àcet âge lorsqu’il m’a fasciné. J’aimerais faireen sorte de préserver cette sensation. Jenourris l’espoir qu’à un moment donné, à l’oc-casion d’une représentation d’Hellboy 2, un

    jeune enfant de dix ou onze ans se prenned’affection pour l’une des créatures du film,comme Wink ou l’Ange de la mort par exem-ple, car nous les avons élaboré avec un amoursincère. Toutes les personnes impliquéesdans la confection de ces monstres les ontcréé de toute pièce : de la première versionen papier mâché jusqu’à la concrétisation fi-nale. Costumes, sculpture, peinture… toutcomme pour les dessinateurs de films d’ani-mation. Tout cela parce que l’on ressentait cebesoin d’implication envers chacune de cescréatures. Je ne suis pas certain que cela soittrès économique mais, artistiquement par-lant, c’était fantastique.

    De plus, votre avenir cinématographique sem-ble également très chargé avec bon nombrede projets pour Universal… Vous êtes, entreautre, annoncé sur les nouveaux remakes deFrankenstein, Dr. Jekyll & Mr. Hyde, et biend’autres… de quoi vous occuper pour les neufprochaines années !C’est vrai. Et ces projets incluent égalementAt the Mountains of Madness de H.P. Lovecraftou encore Le Comte de Monte-Cristo… tout unensemble d’œuvres que j’essaye de rassem-bler chez Universal. Ici, les exécutifs et lesproducteurs ont toujours été bons envers moiet je profite pleinement de mon expérienceavec eux. Du coup, j’ai souhaité relier tous leséléments épars de ma vie, en quelque sorte(rires). Qu’il s’agisse de ma propre maison deproduction ou de mes films en langue espag-nole, tout passe par eux. J’ai donc pensé quec’était une bonne idée de tout centraliser :aussi bien mes activités de producteur que deréalisateur… autant que possible, en tout cas(rires) ! Je ne sais pas tout ce qui va véritable-ment aboutir ni tout ce qu’il va vraiment sepasser durant ces neuf ans… On verra bienaprès Bilbo le Hobbit. ■

    PROPOS RECUEILLIS PAR VIVIEN LEJEUNE, AVEC LACOLLABORATION DE STACI LAYNE WILSON ET

    DOMINIQUE ST. PIERRE(TRAD.: VIVIEN LEJEUNE ET YANN LEBECQUE)

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  • HELLBOYRONPERLMAN Une générosité monstre

    Incorrigible loser, flem-mard et fan de foot, Hellboy n’a aucune envied’être un super-héros, ses facultés surhu-maines étant un accident de la Nature, qu’iln’a pas recherchées. Agent le plus coriace duBureau de Défense et Recherches Paranor-males, il est de retour pour une nouvelle mis-sion secrète : empêcher l’anarchique Nuada,Prince de l’Invisible, de réveiller ses arméesmortifères et rendre la liberté à toutes lescréatures fantastiques…

    Pouvez-vous nous parler des difficultés quevous avez rencontrées pour que ces films voientle jour après des débuts tumultueux ?Nous étions en effet un peu coincés par le faitque le comic comptait un lectorat d’environsix mille lecteurs à travers le monde. Guiller-mo m’a dit lors de la post-production de Hell-boy : “J’ai une bonne nouvelle pour toi, monami. Aujourd’hui, notre lectorat est passé àplus de huit mille personnes”. Nous devionsdonc mener une bataille délicate pour impos-er un film ne comportant pas de grandes starsdans les rôles principaux. Mais nous ysommes parfaitement parvenus. Le premierHellboy n’a pas battu les records d’entrée,mais il a obtenu un score très honorable, sanscompter le fait qu’il s’agit de très loin du per-sonnage de comic le plus intéressant à jouerpour un acteur. Il est incroyablement fort, debien des façons différentes. Cela dit, je tra-vaillerais avec Guillermo même si je n’avaisqu’une seule réplique à dire, voire pour unrôle muet ! (rires). Guillermo est l’une despersonnes les plus adorables dans le mondedu cinéma. Travailler avec lui est un pur bon-heur. C’est l’un des plus beaux moments dema vie et j’espère vraiment le revivre unetroisième fois.

    Hellboy a-t-il changé dans ce second film ?Ce qui est génial avec Hellboy est qu’il est par-faitement défini. Il ne change pas. Il était déjàparfait dès le début, à la seconde où Guillermoa décidé d’écrire le scénario du premier opus.Ce sont les circonstances autour du person-nage qui ont beaucoup changé, les forces enœuvre pour l’altérer mais, heureusement, soncœur est comme scellé dans la pierre. Je n’aipersonnellement jamais ressenti le moindrebesoin de le faire évoluer. Hellboy sera toujourspareil à lui-même. Seul son environnementchange. Dans le deuxième film, les chosesévoluent puisqu’il vit avec Liz, que ça ne sepasse pas très bien et qu’il cherche à compren-dre quelles sont ses limites en tant qu’hommedans son couple, car il ne veut surtout pas ris-quer de perdre cette relation. Si Liz s’en allait,il n’aurait plus de raison de vivre. Il commencedonc à boire et doit sauver le monde alors qu’ilest en pleine confusion. J’aime beaucoup cetaspect de l’histoire. Je crois que l’âme de Hell-boy n’a pas changé depuis que nous l’avonscréé pour le premier film.

    Pouvez-vous nous parler de la scène avec lebébé ?Celle où j’affronte mon ennemi en tenant lebébé dans mes bras ? Je crois que person-ne n’a autant d’imagination et d’inventivitéque Guillermo lorsqu’il est à l’œuvre, et cettescène en est un parfait exemple. Il m’a dit :“Au fait, pendant que tu te battras contre cegéant absolument inimaginable et qui n’existenulle par ailleurs que dans ma tête, il faudra

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    “Le tournage du second Hellboya été l’un des plus beaux momentsde ma vie et j’espère vraiment lerevivre une troisième fois”(Ron Perlman)

    hellboy_2_ron_perlan_dvd_ok 16/02/09 12:07 Page 1

  • que tu récupères ce bébé et que tu le gardesdans tes bras tout au long de l’affrontement”.Il y a donc une sorte de dichotomie entre cepersonnage qui est chargé de l’éducation d’unenfant tout en étant une incroyable force dela Nature. Il y a un équilibre délicat à trou-ver qui n’est pas clairement défini. Cela an-nonce le moment où il découvre qu’il va de-venir père. On verra alors ce que cela lui faitde tenir son propre enfant dans ses bras. Toutcela est né de l’imagination délirante deGuillermo.

    Hellboy va vivre beaucoup d’émotions encraignant de perdre Liz : comment vous êtes-vous mis dans cet état d’esprit en jouant untel personnage ?Il se trouve que j’ai une importante part fémi-nine. Je dis cela en plaisantant, mais il est vraique j’ai toujours été sensible aux coups quej’ai reçus et je sais que je ne suis pas unique.Tout le monde vit de tels événements. Chacuny fait face à sa façon. Si j’ai parfois échouédans ma vie, j’ai ici trouvé une chance d’exor-ciser ces mauvais souvenirs, et c’est l’un desbonheurs d’être acteur. On peut en effet seremémorer certains moments de sa vie et lesrecréer pour soi, comme une forme dethérapie. Cela réclame beaucoup de travailmais, au bout du compte, on parvient à dé-passer ces moments difficiles. Il n’y a rienqu’Hellboy ressente que je n’ai pas déjà con-nu d’une façon ou d’une autre à un momentde ma vie, et je me sers de ces expériences.Ce personnage évoque tant de choses et estsi bien écrit par Guillermo que l’incarner estun véritable cadeau. On n’a rarementcette chance, mais c’est l’une des chosesqu’apporte le travail avec un tel génie.

    Tomber le masque

    Comment créez-vous un personnage, et tousles éléments qui le rendent unique : utilisez-vous toujours les mêmes techniques ?Non, cela dépend, chaque rôle est différent.Il y a à chaque fois de nouvelles données, unenouvelle situation de départ qui décident dela façon dont le personnage doit marcher,parler… J’essaie toujours de le définir le plusprécisément possible. Tout cela reste secretet m’est seulement destiné, mais plus je su-is précis et plus le personnage semblera réel.Quand on doit enfiler un masque, il faut atten-

    dre de voir ce que l’artiste aura créé avant depouvoir prendre la moindre décision car sonapparence définira tous les critères précé-dents. Dans le cas de Hellboy, il était clair quece n’était au départ qu’un mauvais garçon. Jen’ai fait que creuser tant et plus dans cette di-rection et cela m’a permis de poser ma voixet de définir ma gestuelle.

    Votre carrière a été marquée par le port denombreux masques : est-ce quelque choseque vous appréciez particulièrement et celavous a-t-il rendu fan de fantastique ?Oui et non, en fait. Mais c’est une questiontrès pertinente. Oui, en ce qui concerne leport de masques. Quand j’ai commencé dansle métier, j’étais très mal à l’aise en ce quiconcerne mon physique et j’ai eu la chanced’obtenir tous ces rôles l’un après l’autre. Ily a d’abord eu La Guerre du feu, puis Le Nomde la rose. Ensuite, «La Belle et la Bête». Ilsm’ont tous été proposés à une période de mavie où je me sentais plus à l’aise derrière unmasque que le visage nu. Cela m’a libéré carje n’étais plus moi-même à l’écran. C’étaitune version transformée de ma personne,ayant peu de rapport avec ce que j’étais. Celam’a beaucoup aidé à jouer. Aujourd’hui, j’aidépassé la cinquantaine, je supporte mieuxma vieille peau et je n’ai plus besoin de porterun masque. Il ne s’agit donc plus désormaisque du plaisir que j’éprouve à incarner unpersonnage masqué. Concernant Hellboy, jesais qu’il y avait beaucoup de candidats pourle rôle et c’est un véritable honneur d’avoirété choisi car c’est un héros réellementmythique qui se retrouve plongé dans unehistoire épique et légendaire. Passer dutemps en sa compagnie est une expérienceunique. En ce qui concerne le fantastique, quej’aime beaucoup, les choses sont différentes.Si j’ai participé à beaucoup de films de cegenre, ce n’est que le fruit du hasard. Finan-cièrement, je n’ai jamais été en mesure derefuser un rôle et il se trouve qu’on m’a sou-vent proposé ce genre de films. Personnelle-ment, mes goûts m’orienteraient plus versdu cinéma classique, j’adore ainsi les vieuxfilms en noir et blanc, ceux qui portent lesnoms de John Ford, George Stevens, RaoulWalsh, Cary Grant, Burt Lancaster, GaryCooper ou Billy Wilder. Je suis passionné parces films nés dans les grands studios auxdébuts du cinéma, surtout aux Etats-Unis

    mais également dans le reste du monde.J’aime Kurosawa et Truffaut. J’en oublie, bi-en sûr, mais j’ai cité mes favoris.

    On vous a comparé à Lon Chaney : qu’enpensez-vous et n’avez-vous jamais eu peurde disparaître derrière vos masques ?Cela m’a bien évidemment traversé l’esprit.Mais je me sens tellement insouciant que jene me souviens pas m’être jamais inquiétéde quoi que ce soit. Ma vie est merveilleuseaujourd’hui, les choses ont largement dé-passé mes attentes les plus folles et j’aicessé d’attendre ou d’espérer. Je me réveillechaque matin en prenant ce que le Seigneurveut bien m’offrir et c’est assez réjouissant.Comme d’avoir été capable de faire Hellboyavec quelqu’un qui a vécu en marge durantla majeure partie de sa carrière. Je n’ai ja-mais été invité aux grandes fêtes impor-tantes, mais j’ai en revanche été soutenu parGuillermo del Toro. C’est donc quelque chosede phénoménal. Quant à la comparaison avecChaney, la raison est évidente puisque nom-bre de mes rôles ont impliqué une transfor-mation à l’image de ce que faisait Chaney.C’était un géant, un vrai monstre sacré ducinéma. Je n’aime pas ce genre de compara-isons car je me considère seulement commequelqu’un qui a fait son travail et a eu beau-coup de chance. Lon Chaney semblait être ob-sédé par cela, alors qu’en ce qui me con-cerne, je n’ai fait qu’accepter les rôles quel’on me proposait. Et parfois, cela impliquaitque je me transforme en quelque chose degrotesque. Mais je ne me suis jamais com-paré à Lon Chaney ! (rires). ■

    PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE ST PIERRE(TRAD.: YANN LEBECQUE)

    hellboy_2_ron_perlan_dvd_ok 16/02/09 12:07 Page 2

  • thèses afin que les techniciens voient magestuelle à chaque instant. Ensuite, ils devaientessayer de reproduire cela et ça nous a imposébeaucoup de travail.

    Avez-vous développé une sorte de langagecodé avec Guillermo depuis tout ce temps ?Oui, le terme de langage codé est parfait pourdécrire nos échanges. Je vous donnerai deuxexemples. Le premier concerne Le Labyrinthede Pan. Nous étions aux deux tiers du tournagequand Guillermo est venu s’asseoir à côté demoi. Je me trouvais sur mon fauteuil de faunespécial, penché sur l’accoudoir et il s’y est ap-puyé à son tour pour me dire, en me tenant lesbras : “Mon ami, j’espère que tu comprendsque mon silence ne veut pas dire que je ne su-is pas satisfait de ton travail. Il signifie que jen’ai rien à changer. Tu as parfaitement saisi tonrôle”. De fait, nous commençons généralementà parler du personnage avant le début du tour-nage, il me fournit ses notes contenant toutesles bizarreries le concernant et sur lesquellesil souhaite que je travaille. Une fois sur leplateau, il me lance parfois un signal sonoreou me dit “Sois plus Abe” et je comprends toutde suite ce qu’il veut me dire. Le meilleur ex-emple sur Hellboy 2 est qu’avant le début dutournage, il m’a dit un jour : “Concernant leChamberllan, je pense qu’il est plus…” et il acommencé à faire de larges mouvements dansles airs avec ses mains, puis les a immobilisées,a penché la tête sur le côté et a lancé une sortede “Ohhhh”. En faisant cela, il a ramené sesmains sur sa poitrine. Ces gestes et ce sonm’ont indiqué qui était le Chamberllan sansque j’aie besoin de poser plus de question, etsans qu’il ait à me donner d’autres indicationssur le plateau. Nous partageons donc effec-tivement un langage codé. De plus, Guiller-mo connaît intimement ses acteurs et ce, trèsrapidement. Il sait sur quels boutons appuyer,quelles sont nos forces et nos faiblesses, noslimites et comment il peut nous aider à les dé-passer. Il est très intuitif et il parle à chacun denous de façon très personnelle. S’il doit don-ner un conseil, il le fera de façon très différentepour chacun de nous, en fonction des boutons

    est un personnage vraiment délicieux et l’unde ceux que je préfère incarner du fait de sonambiguïté. Il n’est ni masculin, ni féminin,même si dans le scénario on en parlait commeétant “elle”. Le résultat est plus complexe, unpeu entre deux. Il est à la fois beau et inquié-tant ; il évoque le Faune du Labyrinthe de Pan,avec l’impression que le fait de le rencontrerpeut être signe d’un réel danger que l’on neparvient cependant pas à préciser. Cela n’em-pêchera pas l’équipe du B.R.P.D. de venir luidemander son aide. Ce personnage a donc uncôté protecteur et généreux. Je l’ai incarné defaçon à ce que l’on ressente qu’elle a été belleun jour mais, du fait qu’elle n’a jamais trouvéla raison de son existence, elle finit par se fan-er. Or, elle ignore cela, elle pense être toujoursradieuse alors qu’elle est laide, ce qui n’est passans charme. J’aime voir des personnages faceauxquels on ne sait pas quoi ressentir. Je lui aidonné une voix vraiment inquiétante, mécon-naissable. Mais c’est bien ma voix.

    Enfin, vous incarnez le Chambellan…J’ai bien moins de scènes avec lui. En ce quiconcerne Abe et l’ange de la Mort, Guillermoles a écrits pour moi et m’a vraiment choisipour ces rôles. En revanche, il ne trouvait per-sonne pour incarner le Chambellan et m’a sup-plié d’accepter de le jouer. Voilà comment celas’est décidé. Il s’agit du gardien de la chambredu roi dans le monde souterrain des elfes, d’oùvient notre méchant et aussi celle dont Abe estamoureux. Le roi est leur père et l’on croisedonc brièvement le Chamberllan quand leprince revient pour rencontrer son père. Il faiten quelque sorte le lien entre le monde ex-térieur et la chambre du roi. C’était une pe-tite scène à la limite de la niaiserie, dans laque-lle le personnage a l’air un peu ridicule. Sa têtea la forme d’un pouce au somment de laquellese trouvent les yeux. Ses mains sont extrême-ment longues et filiformes, encore plus que lesmiennes. Je portais donc des prothèses mé-caniques fixées à mes coudes. Je m’occupaisdu mouvement des bras et des marionnettistesse chargeaient des doigts. Nous devions doncrépéter ces scènes sans que je porte ces pro-

    Abe Sapien/Le Chambellan/L’Angede la MortDOUG JONES L’acteur caméleon

    Collaborateur de longue date de Guillermo delToro, Doug Jones a notamment joué le rôle-titre du Labyrinthe de Pan et fut heureux deretrouver un Abe sensiblement plus étoffé quecelui du premier Hellboy, rencontrant le grandamour avec l’exquise Princesse Nuala. Comé-dien polymorphe, Jones incarne également leChambellan obèse du Roi et le mystérieuxAnge de la Mort aux ailes multiples.

    Vous incarnez trois personnages dans Hellboy 2:parlez-nous du premier, Abe.Retrouver Abe a été une excellente chose. Ilest bien plus présent que dans le premier filmet le public le découvrira bien plus en pro-fondeur cette fois-ci. Il y a également unecharmante histoire entre la Princesse Nualaet lui. Ils sont tous deux innocents et se retrou-vent autour de leur propre étrangeté. Cela rap-pelle la période de l’adolescence, quand onressent son premier sentiment amoureux etla façon dont ça peut rendre stupide quand lecœur prend le pas sur la raison. Abe connaîtdonc cela pour la première fois, mais commeil est l’intellectuel de l’équipe B.P.R.D., est-ceque cela compromet le sérieux de ses prisesde décision ? Cette histoire d’amour auraégalement une importance dans l’intrigue carla princesse des elfes est également la jumellede notre Némésis, le prince Nuada des elfes,incarné par Luke Goss. Cela crée un triangleintéressant.

    Et il y a également l’Ange de la Mort…J’attends impatiemment de connaître les réac-tions concernant ce personnage. Je connais sibien Abe que je ne m’inquiète pas de saprésence dans le film. Mais l’Ange de la Mort

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    “Ce film estun vrai délice

    visuel”(Doug Jones)

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  • qu’il doit enclencher, de la façon dont nous ac-ceptons cette direction d’acteur et de lamanière de nous motiver. Travailler avec lui estvraiment un rêve.

    Êtes-vous satisfait de la voix d’Abe ?Le problème de la voix me pèse beaucoupdepuis quelques années car il est apparu en-viron trois fois dans ma carrière et, mal-heureusement, à trois occasions importantes.On a généralement l’impression que je suis tou-jours doublé et que je n’utilise jamais ma véri-table voix. Pourtant, ça n’est arrivé que trois fois,alors que j’ai une longue liste de rôles à moncrédit sur IMDB. On a donc déjà pu entendra mavoix auparavant, mais dans des rôles qui n’ontpas eu le même impact sur le public. Dans lecas du Labyrinthe de Pan, j’étais doublé dansune langue qui n’était pas ma langue mater-nelle. Un autre acteur de doublage pourrait en-tendre les nuances d’une langue à l’autre et êtredirigé d’une façon qui ne me conviendrait pas.Cela est parfaitement logique. Cependant, surHellboy, cela ne m’aurait pas convenu. Je n’au-rais pas accepté qu’une partie de mon interpré-tation m’échappe. De plus, je ne participe pas àla promotion des films, je ne les vends pas. Jene fais pas partie des studios et mon rôle n’estpas de diffuser les films le plus largement pos-sible. Si le fait d’avoir un acteur célèbre peutaider à cela, si cela leur permet d’attirer uneplus large audience, je peux le comprendre. Surle premier film, David Hyde Pierce [l’acteur quidoublait Abe. Ndlr] était un parfait gentleman.Il n’a pas souhaité apparaître au générique.Quand il a entendu mon interprétation originaleet vu la façon dont j’interprétais le personnage,il a refusé tout crédit en disant que le résultatn’était dû qu’à ma performance et que de ce faitle rôle m’appartenait. On voit rarement cela àHollywood. Nous sommes dans un métier quifait beaucoup appel à l’ego de chacun et je nem’attendais pas du tout à cela. Et pourtant, ila réalisé un travail remarquable. Ensuite,lorsque sont sortis les dessins animés de Hell-boy, il fallut prendre une décision. QuandGuillermo m’a parlé du doublage sur le premierfilm, il m’a dit que s’il devait y avoir une suite, ilréfléchirait au fait de me laisser doubler monpersonnage. Je me suis donc raccroché à cetespoir ces quatre dernières années. Cependant,ils ont dû prendre une décision concernant lesdessins animés. David avait imposé le son de lavoix de Abe. Que pouvait-on faire ? Ils lui ontdonc logiquement proposé de revenir mais ila poliment décliné l’invitation, j’ai donc récupéréle travail sur la voix par défaut. Et cela m’a ren-du très nerveux. Quand le premier dessin ani-mé a été diffusé sur Cartoon Network, j’avaispeur que les fans ne soient désappointés par ladifférence. Mais le lendemain, on m’a dit d’allerconsulter les forums de fans et tous les mes-sages concernant la voix de Abe étaient trèspositifs, et c’est bien pour eux que nousfaisons ces films. Cela m’a beaucoup ému

    car toute la pression qui me pesait ces dernièresannées s’est évanouie lorsqu’ils ont accepté mavoix. De ce fait, travailler sur Hellboy 2 ne m’apas mis les nerfs en pelote comme je le craig-nais car nous étions parvenu à obtenir l’assen-timent des fans à travers les dessins animés.

    Des personnagescrédibles

    Quel est votre sentiment quant à Hellboy 2 ?Ce film est un vrai délice visuel. L’histoire et lespersonnages sont de vrais délices. C’est ungrand festin. Ce film a bien plus à offrir que lesautres films d’action adaptés de comics ; plusde personnages, plus de relations entre eux,plus d’évolution, plus de prises de décisionscruciales. C’est une autre marque de Guiller-mo : les personnages doivent faire des choix etvivre des bouleversements dans leur vie quireflètent leur condition humaine et qui nouspermettent de nous sentir proches d’eux. Pourmoi, l’action seule ne suffit pas, il faut que j’ap-prenne à connaître les personnages, leurs re-lations et que je me sente impliqué. A ce mo-ment-là seulement l’action peut prendre place.Et c’est cela que nous trouvons dans le film deGuillermo.

    S’il devait y avoir un troisième Hellboy,qu’aimeriez-vous y trouver concernant Abe ?J’ai totalement confiance en l’intuition deGuillermo et en sa façon de travailler avec MikeMignola. J’ai entendu des rumeurs, à présentque Hellboy se trouve au sein d’Universal,selon lesquelles Guillermo aimerait nous faireaffronter des monstres classiques de ce stu-dio. Si cela se fait sous sa supervision, celapourrait être époustouflant. Nous pourrionsfaire revivre le monstre de Frankenstein, laMomie ou la Créature du lac noir. On peutl’imaginer partageant avec Abe des momentsintéressants sous l’eau, non ? Nous pourrionsfaire beaucoup de choses amusantes etcela serait enthousiasmant pour les cinéphileset les fans de Hellboy. Ca serait génial.

    Parlons de vos autres rôlesà venir : quel est celuique vous avez dansSuper Capers ?

    Super Capers est une petite comédie amu-sante. C’est une parodie de film de super-hérosdans laquelle j’interprète une version comiquede l’agent Smith de Matrix. Je me contentedonc de porter un costume et des lunettes desoleil et le tour est joué.

    Il y a également Legion.Je n’y fais qu’une apparition. Il s’agit d’un filmapocalyptique avec Dennis Quaid, Paul Bettanyet Ryrese Gibson, pour ne citer qu’eux. C’estune sorte de variation sur l’Arche de Noé, danslaquelle il n’y aurait pas d’Ancien Testament etoù Dieu serait cruel. Le film pose la questionde savoir si l’humanité est à nouveau arrivée àun point où elle devrait repartir de zéro. Danscette histoire, je fais une courte apparition ser-vant d’articulation entre les deuxième ettroisième actes. Mon personnage est leVendeur de glace, je traverse le désert à borddu camion d’un vendeur de glace dont laprésence semble bien déplacée. Mais il en sortune musique joyeuse, ce qui crée une imagelégère. Puis le Vendeur de glace descend deson camion et l’on se rend alors compte qu’il ya quelque chose qui ne tourne pas rond chezlui, qu’il a l’air possédé. Je suis un peu maquil-lé devant la caméra, et j’ai l’air étrange et ef-frayant. Le réalisateur, Scott Stewart, m’a dit,après avoir regardé la séquence dans le moni-teur : “Tes fans vont m’adorer pour ça !”. C’estdonc un film qu’il faudra découvrir.

    On dit également que l’on devrait vous voirdans un film consacré au Surfeur d’Argent, s’ilse fait bien, et que Guillermo del Toro vous feraapparaître dans les films du Hobbit surlesquels il travaille actuellement : qu’en est-ilexactement ?Ce sont les deux questions que l’on me pose leplus souvent ces derniers temps et je suis con-tent que les gens s’y intéressent. Cela me rendtrès heureux. Quand j’ai fait ma première ap-parition dans cette franchise, dans Les 4 Fan-tastiques 2, j’ai signé un contrat classiquem’engageant pour trois films. Sachant que lepersonnage est tout à fait capable de soutenirsa propre franchise, c’était logique d’acceptercela. Je dois donc encore deux films au studio,s’ils décident de me choisir pour le rôle. Pource que j’en sais, un scénario a été écrit par J.Michael Straczynski. Il en a parlé officielle-ment. Mais ce script existe depuis plus d’un an,et plus le temps passe, moins j’en sais. Je n’airien appris d’officiel. Pour autant, accepterais-je de reprendre le rôle ? Evidemment. Je su-is non seulement engagé contractuellement àle faire, mais c’est un personnage que j’adoreet je serais heureux de me glisser à nouveaudans sa peau. J’espère donc que le film finirapar se faire. En ce qui concerne les films duHobbit, Guillermo et moi avons une telle re-lation que je sais qu’à chaque fois qu’il écritune nouvelle histoire, il s’arrange pour m’yréserver un rôle. J’ai entendu dire de façon ab-solument officieuse qu’il y aurait un petitquelque chose pour moi dans ces films-là,mais rien n’est fait pour le moment. Je lui faisentièrement confiance. ■

    PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE ST PIERRE(TRAD.: YANN LEBECQUE)

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  • LizSELMABLAIR Une mère idéale

    Créature pyrokiné-tique, Liz, belle et intouchable avant de ren-contrer Hellboy, est à présent sa compagne of-ficielle. En ménage avec ce dernier, qu’ellenomme affectueusement «Red», elle va ren-contrer les problèmes de la plupart des cou-ples… et ceux qui surgissent fatalement entrecréatures douées de superpouvoirs.

    Qu’est devenue votre vie depuis le premierHellboy et qu’est-ce que cela vous a fait deretrouver cet univers ?Après le premier Hellboy, que j’ai adoré, mavie professionnelle n’a pas vraiment changé.Nous sommes restés comme nos person-nages, à savoir une bande d’acteurs un peu enmarge. Retrouver ce petit monde a été trèsagréable. C’était comme de retrouver safamille. Nous étions tous restés en contact du-rant les années écoulées. Nous sommes toustrès liés et c’était très agréable de voir de nou-veaux venus comme Luke [Goss, qui incarne lePrince Nuada] et Anna [Walton, qui campe sasœur, la princesse Nuala] ou le personnage deJohann. Retrouver Guillermo était égalementun vrai plaisir. Ce film dépasse largement lepremier. Il est bien plus ambitieux et noussommes partis tourner durant six mois à Bu-dapest, faisant attention les uns aux autres.Tout le monde m’a beaucoup soutenue.

    Votre personnage était légèrement différentdans le premier film, mais ici, vous avez desraisons d’être sensible et maternante. Avez-vous ressenti de telles indications dans lescript ou de la part de Guillermo ?Oui. C’était très important pour Guillermo quemon personnage montre qu’il avait mûri. Il nevoulait plus voir ce côté sombre et pessimistede Liz. Personnellement, j’aimais bien cet as-pect-là de sa personnalité. C’est important, carcela fait partie du personnage que j’avais crééet qui était gravé dans mon cœur. Cependant,c’est devenu quelqu’un de plus sûre d’elle-même, une femme plus posée en dépit de sonétrange pouvoir. Il m’a poussé à trouver confi-ance dans ma façon d’interpréter Liz, un per-sonnage qui soutient le B.P.R.D. et tout parti-culièrement Hellboy. Même si cela n’est pasflagrant à l’écran, j’aime Hellboy, en tant qu’ac-trice et en tant que Liz. Il devait toujours merappeler : “Liz est plus forte que ça, elle nepleure pas, rien de tel n’est indiqué dans cettescène”. J’avais toujours peur de faire perdreun peu d’énergie au film car je ressentais vrai-ment cet instinct maternel. Alors je répliquais :

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  • “Non, mais elle rencontre l’Ange de la Mort etelle est enceinte”. Mais il me disait d’arrêterde pleurer et d’être forte.

    Aimez-vous le fait qu’elle soit plus forte ?Oui. Liz est forte et j’étais heureuse de la voirs’engager dans la vie. Guillermo a fait le bonchoix. Il était inutile de revenir à cette fille enlarmes.

    Pouvez-vous nous parler de l’importance de larelation entre Liz et Hellboy dans l’histoire ?Eh bien, sans elle, il n’y aurait plus d’histoire !Liz en avait besoin. Et je trouvais réellementfantastique le fait de voir Hellboy et cette filleétrange aux pouvoirs incroyables entretenirune relation tellement humaine. Ils sont telle-ment bizarres l’un pour l’autre que tout poseproblème entre eux, lui qui est incapable des’occuper d’un enfant et elle qui ne s’intéressequ’à ses pantalons noirs. J’aime le fait qu’Hell-boy soit si normal, si attachant. Ils passent leurtemps à combattre des monstres et n’ont plusde place pour parler des problèmes impor-tants. Et cela l’agace prodigieusement. C’estcela qui m’attire dans ce film, ce qui rend cerôle si agréable à interpréter et qui m’a fait ou-blier, chaque fois que j’arrivais sur le plateau,que je jouais aux côtés d’un petit ami recouvertde prothèses.

    L’amour au coeurde l’histoire

    A quoi ressemble le travail avec Guillermo ?On ne peut le comparer à personne d’autre.Il appartient à sa propre espèce et l’universqu’il crée est si particulier que je ne pense pasavoir la chance de le rencontrer à nouveauailleurs. Il crée un monde sans pareil, et pourlequel personne ne consacrerait son temps,son argent ou son amour. Il est très courageuxet cela se voit. Il est très créatif. Il demandebeaucoup à chacun et à lui-même et le résul-tat, magnifique, en vaut la peine. Tous les dé-cors étaient prodigieux. Le marché des Trollsétait celui que les gens aimaient et détestaientle plus franchement. Ils l’aimaient à cause detous ces monstres présents. Cela rappellebeaucoup la Cantina de Star Wars. Je crois quepeu de gens comprennent à quel point il estagréable de voir des monstres sur un plateauà cette époque où tant de choses sont crééesnumériquement. On ne peut pas tromper noscerveaux, on peut vraiment voir la différenceet c’est ici vraiment phénoménal. C’est égale-ment un plateau difficile car on a tourné du-rant trois semaines dans une champignonnièreoù tout était moisi. Le planning était intense,avec des semaines de six jours de travail, prin-cipalement de nuit.

    Parlez-nous de votre travail avec RonPerlman…

    Je pense qu’il est le seul à pouvoir incarnerHellboy. Il EST Hellboy. Il a fait un travail épous-touflant. Il vient de New York, a de l’esprit et ducharme, et c’est un leader au même titrequ’Hellboy. Il est également très drôle et, en-tre deux prises, on entend souvent ce chant àla façon de Frank Sinatra qui provient d’Hell-boy. Jeffrey Tambor et lui chantaient pourgarder le moral et se donner de l’énergie. C’é-tait assez surréaliste. Il aime le métier d’acteurplus que n’importe qui. C’est un plaisir d’être àses côtés et c’est un vrai gentleman. ■

    PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE ST PIERRE(TRAD.: YANN LEBECQUE)

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  • sionné, il souhaitait faire évoluer Hellboy à tra-vers le répertoire des contes de fées gothiques,mais aussi dans le monde réel, au milieu deshumains.

    Une suite tresambitieuse

    Comme à l’accoutumée, il dessina lui-mêmela moitié des créatures sur un petit carnet denotes, en sachant déjà qu’elles seraient prin-cipalement interprétées par des acteurs por-tant des maquillages élaborés et des costumescomplets ou par des marionnettistes animantdes personnages animatroniques. “L’universde Mignola exige des créatures qui ont unevraie présence physique”, souligne le réalisa-teur. C’est encore plus vrai des personnagesinventés de toutes pièces par del Toro, commeWink, l’âme damnée du prince Nuada, l’énig-matique Ange de la Nuit et quantité de gobelinset méchants de tout poil. Aux maquillagesprosthétiques et aux effets mécaniques s’a-jouterait nécessairement une part d’infogra-phie. Double Negative “matérialiserait” ainsià l’écran la redoutable Armée d’Or, le monstreÉlémentaire, et quelques autres créaturesmarquantes. Del Toro et Mignola souhaitaientétoffer l’histoire de Hellboy 2 après avoir abon-

    citant l’influence négative que Hellboy ne man-querait pas d’avoir sur les innocentes têtesblondes, et la polémique ridicule qui en résultaeut pour effet de nuire à la carrière du film. Endépit des actions de ces grenouilles de bénitiersaméricaines, la sortie en dvd du film fut un in-discutable triomphe. Del Toro dut cependantreprendre son bâton de pèlerin pour trouver unnouveau studio susceptible d’accueillir son pro-jet de suite. Le formidable succès critique etpublic que son Labyrinthe de Pan rencontradans le monde entier allait grandement l’aider.“Revolution s’était dissous entre-temps”, rap-pelle le producteur Lloyd Levin. “Nous avonsdonc pu rapatrier le projet chez Universal, où ledéveloppement du premier Hellboy avait com-mencé, des années plus tôt. Nous en étions raviscar il nous semblait évident que Hellboy appar-tient à la grande famille des Monstres Univer-sal”. Guillermo del Toro était fan de ces person-nages mythiques depuis l’enfance, lorsqu’il allaitvoir au cinéma la série des Frankenstein, ain-si que les aventures de Dracula, du Loup-Garou,de L’homme invisible, de la Momie et de L’é-trange créature du lac noir. D’emblée, Guillermo del Toro avait l’intentionde donner une tout autre ampleur à ce secondopus, et le peupler de dizaines de monstres auxformes les plus extravagantes. Cinéphile pas-

    Une réunion detalents monstresGrâce à Guillermo del Toro, Hellboy 2 s’inscritbrillamment dans la grande tradition des filmsde monstres produits par Universal dans lesannées 30. Tour à tour effrayants, émouvantsou pathétiques, les personnages non-humainsdes Légions d’or maudites sont les véritablesvedettes de ce second épisode, qui utilise avecbonheur le talent des maquilleurs et des ex-perts en animatronique.

    Même s’il a été abandonné par les studiosSony Columbia, un héros comme Hellboyne pouvait rester longtemps dans les limbes.Rappelons que Le premier film, produit par Revo-lution Studios avec Dark Horse Entertainment,Lawrence Gordon Productions et Starlite Films,obtint un accueil commercial fort honorable (100M$ sur le marché mondial), mais déçut quelquepeu la direction de Sony, qui espérait que sonnouveau héros aux cornes limées se hisseraitau sommet du box-office avec la même facilitéque Spider-Man. Hélas, c’était oublier un peuvite qu’une partie du public américain, de parses convictions religieuses, allait voir d’un mau-vais œil qu’un démon soit la vedette d’un filmgrand public ! Quelques associations familialesultra conservatrices alertèrent les medias en

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  • damment couvert le passé du personnage dansle premier volet. “Les mythes et folklores onttoujours occupé une place importante dans lescomics Hellboy, ce que nous avions quelquepeu négligé dans le premier film”, précise MikeMignola. “Au lieu de parler de Raspoutine, denazis, de savants pervers ou de nous inspir-er de Lovecraft, nous nous sommes focaliséscette fois sur le surnaturel”. Après avoir défini la trame du film avec Migno-la, Guillermo del Toro consacra deux ans et de-mi à l’écriture de Hellboy 2. Négligeantdélibérément les traditions des “suites“cinématographiques, il supposa que lerécit fondateur était connu et centra cesecond épisode sur la rébellion descréatures surnaturelles, trop longtempssoumises à l’Homme après avoir signéun pacte avec lui. D’où la question clé : quelcamp Hellboy va-t-il choisir ? “Ce n’était pasla peine de récapituler et situer à nouveauchaque personnage”, explique le cinéaste. “Ilfallait aller de l’avant, en proposant une toutenouvelle histoire, sombre, poignante et mag-ique. Le cinéma s’accommode de circonstanceset ressorts mélodramatiques, et le film de mon-stres possède à ce titre une résonance partic-ulière, grâce à sa capacité à véhiculer des émo-tions humaines universelles dans des mondestotalement étrangers au nôtre”.

    Sous les masquesdes heros

    Lorsque le film commence, Liz et Hellboy sonten ménage depuis près d’un an, et la lune demiel est bel et bien finie. L’apparence de notrehéros n’a pas changé depuis le premierépisode, et c’est toujours Mike Elizalde et saprodigieuse équipe de Spectral Motion qui sechargent de recouvrir Ron Perlman de pro-thèses en mousse de latex du torse jusqu’ausommet du crâne. Notons que dans ce nouveaufilm, Hellboy apparaît plus souvent torse nu,et que le travail des maquilleurs est impec-cable. Les muscles de mousse de latex sefondent parfaitement avec la peau de Ron Perl-man. Rappelons que l’acteur a une longue ex-périence des maquillages complexes puisqu’ilfut la créature féline de la série “La Belle et laBête” (maquillage du regretté Stan Winston)l’un des hommes préhistoriques de La guerredu feu et l’humanimal appelé le “narrateur dela loi” dans la dernière version de L’île du Doc-teur Moreau.Sous les écailles de Abe Sapiens, le meilleurami d’Hellboy, mammifère marin grand ama-teur d’œufs pourris, on retrouve Doug Jones,acteur protéïforme, qui excelle dans les rôlesde créatures, et qui incarna récemment leSurfer d’argent dans Les 4 fantastiques et le

    Surfer d’argent. Guillermo del Toro éprouveune affection toute particulière pour Abe Sapi-ens et pour son interprète: “Abe possède unlobe frontal apparenté à celui du dauphin,grâce auquel il peut recevoir et transmettredes informations ou des images contenuesdans des objets aussi bien que dans nos corpset nos esprits. En matière de connaissancesoccultes, il est vraiment le cerveau du groupe.Et Doug est un acteur exceptionnel, qui par-ticipera aussi à mes prochains projets”. Col-laborateur de longue date du réalisateur,Jones a notamment joué le faune inquiétant duLabyrinthe de Pan, et fut heureux de retrouverun Abe sensiblement plus étoffé que celui dupremier Hellboy : “Abe a bien plus de décisionsà prendre cette fois-ci. Sa personnalité s’estenrichie, et il a même l’occasion de porter unearme !”. Jones a subi d’autres métamorphosespour incarner aussi le Chambellan obèse duRoi et le mystérieux Ange de la Mort aux ailesmultiples. Ron Perlman, ne tarit pas d’élogessur les talents de son partenaire à l’écran :“Doug me sidère. Il fait partie de ces gens éter-nellement avides de s’attaquer à de nouveauxrôles, de les travailler à fond, et de les exé-cuter à la perfection, prise après prise”.

    Nouveaux justicierset nouveauxmonstres

    Mécontents que l’existence de Hellboy ait étérévélée, les patrons du Bureau de Rechercheet de Défense Paranormal ont nommé un nou-veau chef pour reprendre le contrôle de l’or-ganisation : il s’agit du Docteur Johann Krauss,qui a pris une forme gazeuse et ectoplasmiqueà la suite de circonstances tragiques, tenues

    secrètes. Seth MacFarlane prête sa voix àKrauss, dont les mouvements sont exécutés àla fois par John Alexander et James Dodd. “Jo-hann est enfermé dans une sorte de scaphan-dre à l’ancienne, équipé d’un gros hublothémisphérique” raconte James Dodd. “Ayantdû abandonner sa forme humaine, il a penséque cet équipement le rendrait plus acceptableaux yeux de ses collègues. Il dispose de pou-voirs spéciaux et peut donner vie à des objetsou ressusciter les morts en s’infiltrant en eux,sous la forme d’une fumée ectoplasmique”. Unnouveau monstre à l’allure rétro vient doncprendre place aux côtés de Hellboy, de la flam-boyante Liz, toujours prompte à se transformeren torche humaine, et d’Abe Sapiens. “J’ai tou-jours aimé les films qui mettent un monstreen vedette”, explique Guillermo del Toro. “Ilsont bercé ma jeunesse et marqué à jamais mavision de l’art et de la fiction. Le premier Hell-boy regorgeait de créatures surdimension-nées. Cette fois, je me suis demandé ce qui sepasserait si les assaillants étaient de char-mantes petites fées !”. C’est ainsi quenaquirent ces petites choses délicates qui fontpenser à la Fée Clochette, mais n’en sont pasmoins dotées d’un appétit monstre et affaméesde calcium au point de dévorer de la chair hu-maine. “Guillermo est allé à fond dans lamignardise, mais ces fées sont d’abominablespetites pestes”, souligne avec humour SelmaBlair/Liz. La fée ramenée à la vie par Johannest d’abord figurée par une marionnette ani-matronique fabriquée par Solution Studios,puis par un personnage virtuel animé par Dou-ble Negative (cf. ci-après notre article sur leseffets visuels).

    L’armee desmaquilleurs

    Hellboy 2 permet de découvrir plus de 25 créa-tures réalisées par le biais d’effets de maquil-lages spéciaux. En conséquence, le départe-ment Maquillages Spéciaux fut l’un des plusimportants de la production du film. Le stu-dio Spectral Motion, situé à Los Angeles, priten charge une quinzaine de ces personnages,qui venaient s’ajouter au travail déjà générépar les maquillages d’Hellboy et de Abe Sapi-ens. Solution Studios, Creature Effects et Eu-roart Studios, du Royaume-Uni, DDT (Espagne)et Filmefex (Hongrie) contribuèrent aussi auxhordes de trolls, gobelins et autres créaturesnocturnes du film. “Je n’avais jamais travaillésur un projet d’une telle échelle”, confie MikeElizalde, fondateur de Spectral Motion, et an-cien collaborateur de Rick Baker. “Ça a été unrude challenge, mais un défi gratifiant du faitque chaque personnage avait été minutieuse-ment conçu en fonction de la trame du récit”.Parmi les nombreuses réussites de SpectralGuillermo del Toro, créateur de monstres

    hellboy_2_creatures_01_dvd_ok 16/02/09 11:56 Page 2

  • Motion, on retiendra l’énorme Wink, âmedamnée du Prince Nuada, qui donne du fil à re-tordre à Hellboy au cours d’un combat mé-morable. Brian Steele, son interprète musclé,dut enfiler pendant le tournage une combinai-son animatronique de 30 kilos, véritable chef-d’œuvre de haute technologie. Les expressionsfaciales de Wink et les mouvements de sa mainde métal, puissamment armée, étaient con-trôlés par une équipe de marionnettistes. “Lapersonnalité de ces créatures diverses, leursmécanismes, leurs articulations, leur finitionsont d’une qualité exceptionnelle” raconte leproducteur exécutif Chris Syme. “La premièrefois que nous avons vu Wink, tout le plateaus’est arrêté de travailler pour l’entourer etl’admirer de près”. Mike Elizalde se chargeaaussi d’appliquer quotidiennement le maquil-lage prosthétique de Hellboy, qui couvrait levisage de Perlman et une bonne partie de soncou, de ses bras et de son torse. “Exprimer uneémotion avec un tel maquillage est un défi”,reconnaît volontiers Elizalde. “Ron est ungrand acteur qui sait tout faire passer”. Et delToro d’ajouter : “Parfois, il m’arrive de devoirpousser, ou au contraire retenir, un acteurgrimé jusqu’à ce qu’il soit sur la bonnelongueur d’onde. Mais avec Ron, c’est inutile.Cet homme est un as de l’utilisation du maquil-

    lage”. De leur côté, Thom Floutz et SimonWebber consacrèrent chaque jour 5

    heures au maquillage d’Abe Sapiens,en l’appliquant minutieusement surDoug Jones. Les autres person-

    nages incarnés par l’acteur, l’Angede la Mort, qui mesure plus de 3

    mètres, et le craintif Chambel-lan, demandèrent eux aussi untravail considérable. “L’Angede la Mort, avec ses huit aileset sa stature imposante, est,de tous les nouveaux person-nages de Hellboy 2, celui quim’a le plus impressionné”,

    confie Ron Perlman. Del Toroengagea une pléiade d’artistespour travailler sur les nom-breuses créatures du film. Bienconnu pour faire circuler lesidées d’un artiste à l’autre, il metà profit leurs multiples apports eten fait la synthèse pour aboutir àdes formes toujours originales,qui semblent issues de la nuitdes temps.La Chambre de l’Armée d’Or estle théâtre du spectaculaire af-

    frontement final de Hellboy 2, dont la réali-sation nécessita la participation de chaqueservice. Les cascadeurs travaillèrent en étroitecollaboration avec le département des effetsvisuels à la préparation du combat de Hellboycontre les soldats (virtuels) de l’Armée d’Or.L’affrontement de Hellboy et du Prince impli-qua en revanche les équipes des cascadeurset des effets spéciaux, ainsi que les inter-prètes respectifs des deux personnages, RonPerlman et Luke Gross.

    Lescascadeurs del’Armee d’or

    La Chambre est un décor hautement drama-tique qui confère à ce combat une intensité par-ticulière. Le sol de cette “arène” est en par-tie composé d’immenses engrenages dorés detaille à happer et déchiqueter ceux qui auraientle malheur de les approcher. “Chaque film s’-efforce d’inventer de nouveaux effets, et cesengrenages font vraiment la différence”, ex-plique l’assistant superviseur des effets spé-ciaux Manex Efrem, qui en dirigea la fabrica-tion et la mise en route. “Ils donnent au combatdu Prince et Hellboy l’allure d’un ballet mor-tel”. Le chef cascadeur Brad Allan fut inspirépar ce dispositif inattendu : “Nous y avons vul’occasion d’entretenir le suspense tout englissant quelques touches de comédie en hom-mage aux Temps modernes de Chaplin maisaussi à Jackie Chan”. Les deux combattantsont des styles diamétralement opposés : “Hell-boy est un cogneur aux poings d’acier, alorsque le Prince est un feinteur agile et rapidecomme l’éclair”.Luke Goss était physiquement capable de sebattre à l’épée et au javelot, mais les bonds ver-tigineux du Prince demandaient d’autres apti-tudes. “En tapant “acrobate” sur YouTube, j’aidécouvert Damien Walters, un grand typeblond et mince, qui est le n°3 de l’acrobatie “enforce”. Ce n’est pas un cascadeur profession-nel, mais il avait toutes les qualités requises“,explique Brad Allan. “Son travail était si re-marquable que toute l’équipe l’applaudissaità la fin des prises !”. Grâce au travail exceptionnel de toute l’équipedu film – concepteurs, acteurs, maquilleurs,marionnettistes, infographistes et cascadeurs– Hellboy 2 est un pur moment de bonheurpour tous les amateurs de monstres fantas-tiques. Le cinéphile ravi aura une seule ques-tion en tête : à quand le troisième volet ? ■

    PASCAL PINTEAU

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  • Des imagesnumériquesépoustouflantes

    Dans le second volet de la saga Hellboy,Guillermo Del Toro entraîne les spectateursà la découverte d’un univers étonnant, d’unerichesse visuelle qui surpasse celle du pre-mier épisode…

    La compagnie anglaise Double Negative apris en charge 1050 plans d’effets visuelsdu film, ce qui constitue son implication la plusimportante sur un long-métrage à ce jour.L’équipe de Dneg chargée des effets de Hell-boy 2 était dirigée par le producteur des effetsvisuels Steve Garrad, les superviseurs des ef-fets numériques Adrian De Wet, Andrew Chap-man et Justin Martin et le superviseur de l’an-imation Eamonn Butler. La tâche qui lesattendait était impressionnante, puisqu’ils de-vaient créer 16 personnages en images de syn-thèse (7 doublures numériques de person-nages réels et 9 personnages 3D), plusieursenvironnements virtuels très élaborés, ainsique des effets de flammes, de vapeur, d’eau,de poussière et de débris ajoutés à de nom-breuses scènes. Le fruit de leurs efforts aréjoui Guillermo Del Toro. “Double Negativea dépassé toutes mes espérances et a livré untravail exceptionnel, en termes de qualité, decréativité et d’attention apportées aux détails.Ils resteront toujours au sommet de ma listede collaborateurs préférés !”, déclare-t-il.

    Quand les feesmontrent les dentsL’un des groupes de créatures sur lesquellesDouble Negative a le plus travaillé est celui des

    “fées des dents” [Tooth fairy, en anglais, estl’équivalent de “la petite souris“ qui vientchercher les dents de lait que les enfantscachent sous leur oreiller, pour y retrouver unepièce le lendemain matin]. Ces petites silhou-ettes insectoïdes à l’apparence faussementfragile et aux ailes translucides sont en fait devéritables “piranhas volants“, avides de calci-um ! Elles se précipitent d’abord sur les dentsde leurs proies, puis dévorent leurs corps pourse régaler de leur squelette. Dans l’une desscènes d’ouverture du film, Hellboy et sonéquipe pénètrent à l’intérieur d’une salle deventes aux enchères dont le personnel et lesclients ont été dévorés par les redoutablesbestioles. C’est en utilisant le logiciel Swarm,propriété de Double Negative, que les équipesdes effets visuels ont chorégraphié les évo-lutions de milliers de créatures dans chaqueplan, alors qu’elles surgissent des fissuresdans les murs pour recouvrir les parois,planchers et plafonds de l’immeuble, puis sejettent sur les acteurs pour les attaquer.Chaque petit monstre était capable de se dé-placer grâce à 17 cycles différents d’animationde vol et 9 cycles de marche. D’autres cyclesont été conçus pour les phases d’envol, d’at-terrissage, de nourriture, ou d’errance sansbut précis. Les “fées des dents“ apparaissentdans de nombreux plans serrés, où on les voitse déplacer devant les acteurs, ou interagirtrès précisément avec eux. Une de ces créa-tures joue un rôle important dans une autre

    scène, qui se déroule un peu plus tard, dansune salle d’autopsie. Le personnage du Doc-teur Johann Krauss, devenu un ectoplasme en-fermé dans un scaphandre, utilise ses pouvoirspour ressusciter brièvement une “fée desdents” morte afin d’en extraire quelques infor-mations. Le talent des animateurs de DoubleNegative s’exprime tout particulièrement danscette séquence. Le cadavre partiellement brûlés’anime et reprend vie, et reconnaît alors Hell-boy, qui l’a fait passer de vie à trépas demanière flamboyante. Eructant de rage, lacréature n’arrive plus à se contrôler. C’est lemoment que choisit le Dr Krauss pour sortirde ce corps. On voit alors la créature mourirà nouveau, chanceler, tousser, puis s’écroulersur le plateau où on l’avait posée.

    Un talentincendiaireLa séquence de la salle des enchères permetégalement de voir plusieurs utilisations dulogiciel de simulation de flammes de Dneg,particulièrement vers la fin de la scène,lorsque Liz déchaîne une véritable tornade defeu autour d’elle. En plus des flammes qui en-tourent l’actrice Selma Blair, on peut voir desmilliers de “fées des dents” se transformer enpetites torches volantes au contact de l’in-cendie. Des effets pyrotechniques réels, filmésà part, ont été ajoutés lors du compositing dansla scène, ainsi que des créatures à demi cal-cinées ou complètement brûlées.

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  • L’un des autres défis relevés par Double Nega-tive est la création d’un monstre colossal d’originevégétale, qui naît sous la forme d’une cosse etse développe rapidement après avoir été jetédans les égouts, sous les rues de New York.Lorsqu’il réapparaît en défonçant la chaussée,le titan vert élémentaire déploie ses membresen forme d’énorme lianes-tentacules et culmineà 27 mètres de hauteur. Son corps recouvert defeuilles dégouline d’eau, tandis qu’il sème lapanique et la destruction dans les rues, écrasantles véhicules sur son passage et défonçant lesfaçades des immeubles. L’équipe de Dneg a util-isé des images d’archives de routes bombardéesen Irak en guise de références de distorsions dechaussée, afin de juger des effets de poussière,de fumée et de projections de débris qu’il con-viendrait d’ajouter dans les scènes de destruc-tion. Des modèles 3D de voitures ont égalementété créés pour cette scène, car la créature élé-mentaire s’en saisit en les broyant, et les pro-jette au loin, à l’autre bout de la rue, tandisqu’elle se contente d’en écraser d’autres en sedéplaçant lourdement. Les différents modèlesd’automobiles 3D mis au point devaient doncpouvoir s’aplatir et prendre l’aspect de carcas-ses aux tôles froissées et tordues. Au cours ducombat, le monstre est blessé par plusieurs pro-jectiles et la séquence s’achève par une scènecomplexe au cours de laquelle des racines émer-gent de la créature et se répandent sur la façadeet dans la structure d’un immeuble. Ce momentdu film a été inspiré par le célèbre Akira de Kat-suhiro Otomo, où le corps d’un mutant sedéveloppe de manière tentaculaire. Double Nega-tive a employé la technologie de simulation desfluides pour créer le sang visqueux de la créa-ture, sang qui provoque l’apparition de moussevégétale sur toute la surface sur laquelle il serépand. De cette mousse surgissent ensuite desfougères et des fleurs. Lorsque le géant meurt,sa tête se transforme en une sorte d’orchidée,qui libère des nuages de pollen dans l’air.L’équipe des effets visuels de Dneg a réalisé tousles plans qui décrivent le développement desplantes, y compris la fleur élémentaire princi-pale, du concept artistique initial présenté auréalisateur jusqu’au composite final.

    Des environnementsprolongés en 3D

    La séquence de la créature élémentaire néces-sitait aussi que les décors réels soient pro-longés par des perspectives virtuelles. C’esten utilisant le logiciel “maison” de projectionde perspectives que l’équipe a conçu un décorvirtuel complet, qui comprenait le célèbre pontde Brooklyn, la ligne d’horizon des gratte-cielsde Manhattan, les toitures des immeubles aumilieu et à l’avant-plan du site, ainsi qu’un cielnocturne nuageux, illuminé par l’éclairage dela ville. Ce décor virtuel a été complété par denombreux effets dit “atmosphériques” :vapeur, fumée, feu, gerbes d’eau, etc. Certainsde ces éléments étaient issus de prises de vuesréelles, tandis que d’autres provenaient dustock d’éléments de Double Negative ouétaient créés en 3D. Pour ajouter du réalismeà la situation de la séquence, plusieurs héli-coptères de surveillance réalisés en 3D ont étéajoutés dans le ciel, ainsi que les faisceaux lu-mineux de leurs projecteurs, qui devaient rac-corder avec les véritables effets de spots desprojecteurs Xenon utilisés pendant le tournage.En plus de tout cela, des effets numériquesplus traditionnels de destruction et d’explo-sion de voitures ont été ajoutés en plusieurscouches dans les prises de vues réelles, à côtédes figurants jouant les passants new-yorkais.Certains des figurants avaient été filmés surfond vert, et il restait à les inclure dans l’imageen raccordant avec les mouvements de caméradu plan principal. Dneg a également remplacé

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  • le petit mannequin de bébé que tenait RonPerlman/Hellboy par un double numérique an-imé, sans oublier la queue rouge de notrehéros, et son énorme main de pierre, quin’avaient pas été fixés sur le comédien pourfaciliter le tournage de certains plans d’action(course, saut, etc.). En raison de la complexitéde ces scènes, les spécialistes de Dneg étaientprésents pendant tout le tournage, à la foispour servir de consultants techniques àl’équipe principale, pour tourner et photogra-phier des éléments destinés aux effets visuelssur place, et pour veiller à ce que le tournagedes scènes de foule se déroule parfaitementbien. Il leur a fallu diriger 200 figurants, et lesfilmer grâce à trois caméras montées côte àcôte sur une platine spéciale, afin d’obtenir uneimage extra-large en trois parties. Ce point devue inédit allait être ensuite combinénumériquement pour n’obtenir qu’une seuleimage composite.

    Le géant de pierre

    La séquence du géant de pierre débute par uneprise de vue aérienne de la côte d’Antrim,située en Irlande du Nord, que survole un avionAntonov recréé en 3D. En réalité, les “côtesd’Antrim” ont été représentées en filmant despaysages hongrois, devant lesquels ont étéajoutés des falaises, un océan et un ciel en-tièrement virtuels ! L’équipe de Dneg a égale-ment créé le géant de pierre qui est la ported’entrée de Bethmoora, et l’a incorporé dansles prises de vues r�