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Les alliages à mémoire de forme (AMF) ont pour propriété
remarquable de changer de forme avec la température.
Si l’on déforme un tel alliage dans sa phase basse température,
il reprend sa forme initiale par une transformation de phase en
le chauffant au-dessus d’une température critique.
Effet mémoire de forme
(EMF)
1.Introduction
Découverte entre 1950 -1960
1951 Au - Cd
1956 Cu - Zn restent à l’époque réservés au domaine militaire.
1963 Ni - Ti
1ère application: manchons d’étanchéité pour tubes hydrauliques
des avions F-14.
Dans les années 1980, étudiés pour applications industrielles.
Phénomène basé sur une transformation de phase martensitique
(TPM).
Martensite: phase dans alliages Fe-C obtenue après trempe
de la phase HT « austénite ».
Transformation sans diffusion d’atomes par cisaillement de
groupes d’atomes.
Par extension, on parle pour les tous AMF de phases austénite et
martensite.
L’effet mémoire de forme existe
• dans les alliages: basé sur la transformation
martensitique induite thermiquement ou par contrainte
• dans les céramiques: lié à des transitions
ferroélectriques. L’effet est plus petit mais plus rapide.
• dans les polymères: lié à la transition vitreuse
TPM est une transformation par déplacement atomique sans
diffusion càd
« Un atome a toujours les mêmes voisins, les atomes ne changent
pas leurs places respectives »
→ le déplacement des atomes est inférieur à la distance
interatomique.
Alors que la migration des atomes sur de longues distances
implique une dépendance en temps et en température,
ces transformations dites « displacives » sont indépendantes du
temps.
2.Transformation de phase martensitique
dans les alliages à mémoire de forme
TPM
Phase Haute Température ou Austénite
Phase Basse Température ou Martensite
C’est une transformation du 1er ordre se déroulant par nucléation
et croissance.
Quand la température d’un AMF est abaissée, la nouvelle phase
n’est pas formée à une température précise mais dans un
intervalle de température pour lequel les deux phases coexistent.
La force motrice pour l’apparition d’une nouvelle phase est la
diminution de l’énergie libre de Gibbs.
A T0, GM = GA
Cependant, la transformation ne commence pas à T0 mais à une
température plus basse (MS) Martensitique Start.
Ce surfroidissement est nécessaire pour la nucléation de la
martensite.
Pour que la transformation progresse et que les interfaces se
propagent, il faut de nouveau diminuer la température.
La transformation est terminée à MF (Martensite Finish)
Lors du réchauffement, la transformation Martensite en Austénite
commence à la température AS (Austenite Start) au-dessus de MF et
se termine à la température AF (Austenite Finish)
Présence d’une hystérésis
Les différences de température (Ms - Mf) ou (Af - As)
représentent l’énergie élastique stockée.
Les différences de température (As - Mf) ou (Af - Ms)
représentent l’énergie dissipée responsable de
l’amortissement.
TPM s’accompagne d’un changement de forme basé sur une
déformation de réseau → grande déformation élastique dans la
phase mère autour de la martensite formée.
Pour diminuer cette déformation, deux possibilités:
par glissement
par macles
3.Structure des phases présentes dans les AMF
Exemple de particules de zircone mâclée
Macles dans des plans perpendiculaires
Il existe un plan commun entre les deux phases: plan d’habitat.
C’est un plan qui, d’un point de vue macroscopique, n’est pas
déformé.
Plan ABCD
Alliages à base de cuivre:
Austénite structure cubique centrée, les plans les plus denses
sont {110}. Leur position devient instable vers la T° de
transformation ils bougent et créent une nouvelle structure
où ces plans sont appelés basaux.
Micrographie d’un alliage Cu-Zn-Al
Partie supérieure:
2 variantes martensitiques
croissant dans l’austénite
Partie inférieure:
1 variante martensitique
1. Effet de mémoire de forme: EMF
4. Effets secondaires
(a) forme initiale en phase austénite est imprimée dans sa
« mémoire » par traitement à T° élevées (400 à 600°C)
(b) variantes martensitiques auto-accommodées
(c) et (d) on déforme le matériau (état martensitique) en
appliquant une contrainte. (d) cas du monocristal.
(e) retour en austénite en chauffant et retour à la forme initiale
2. Superélasticité
Il est possible dans un AMF en phase austénite d’induire la
martensite en appliquant une contrainte externe
transformation isotherme sous contrainte
Allongement en traction pour 3 températures
Soit Md, la température à partir de laquelle la contrainte nécessaire
pour générer la phase M > à la contrainte critique de déformation.
Pour T>Md, comportement élastique classique
Pour Af<T<Md, courbe superélastique: E chute à partir de σse1 et on
peut déformer le matériau εse (A M)
A cette T°, M n’est pas stable sans contrainte externe et M A et
retrouve sa forme initiale.
Si T < Mf, déformation pseudoplastique permanente
mais réversible lors d’un échauffement à T > Af
3. Amortissement élevé
Les AMF peuvent dissiper l’énergie d’une excitation mécanique
externe. C’est le frottement interne.
Qtot-1 = Qtr
-1 + Qph-1 + Qtp
-1
Q
5. Méthodes de fabrication
1. Fabrication des alliages
! Contrôle de la composition
« Une variation de 1% atomique d’un des composants peut
modifier la T° de transformation de 100K. »
Schéma général: 3 étapes
1°) Fusion
2°) Mise en forme
3°) Traitement thermique spécifique pour retrouver les
propriétés de mémoire de forme ou de superélasticité
AMF à base de Cu et Ni-Ti:
1°) Fusion
Principale technique:
• fusion par induction dans atmosphère inerte dans creuset C
Autres:
• fusion par faisceau d’électrons sous vide
• fusion par plasma sous Ar
• fusion par décharge sous Ar
2°) Après fusion, mise en forme par
• forgeage
• laminage à haute température (800°C pour Ni-Ti)
3°) Traitement thermique spécifique
Techniques particulières:
Longues bandes très minces (épaisseur 30µm):
• projection de l’alliage fondu sur une roue en rotation
Méthode plus récente: Métallurgie des poudres
• Compression des poudres
• Frittage
Avantage: bon contrôle de la composition
Désavantage: pores
2. Fabrication des couches minces de Ni-Ti
Par PVD:
épaisseurs de quelques centaines de nm à quelques µm
Problème:
• mauvais contrôle de la composition du film (perte de Ti)
ajustement de la composition
• couches sont amorphes
recuisson pour cristalliser ou
réaliser le dépôt sur substrat chauffé
Autre technique originale à partir d’une multicouche de
Ni/Ti…pure.
Traitement thermique pour former les couches intermétalliques
Exemple: Film Ni-Ti d’épaisseur 1.5 µm
Martensite Austénite après échauffement
1. Applications macroscopiques non médicales
Conditions d’utilisation très variables:
• déclenchement d’une action après période inactive.
exemples: déploiement d’une antenne ou de panneaux
solaires d’un satellite
• capacité d’absorption de chocs intenses
exemple: protections antisismiques
• mouvements répétitifs en milieu hostile
exemple: robots sous-marins
6. Applications
1ère application en 1970:
manchons d’accouplement de tubes hydrauliques dans
avions militaires: dilatation du manchon en phase M pour
positionnement sur la jonction de deux tubes en Ti puis après
réchauffement, le manchon se resserre par EMF
raccordement étanche.
Matériau: Ni-Ti-Fe avec Ms << -55°C car cahier des charges
demandait une fixation assurée jusqu ’à -55°C
manipulation dans N2 liquide.
Autre matériau: Ni-Ti-Nb pouvant être assemblé par soudage
Exemple d’anneaux de serrage en AMF
Autre application:
Connectique électrique: vanne actionnée par un ressort en
AMF.
Lorsqu’un liquide froid coule à travers la vanne, ressort A est M et est
comprimé par le ressort élastique B vanne ouverte
Si la T°à T > As, le ressort A tend vers la forme austénite allongée, le ressort
élastique B est comprimé vanne se ferme
Exemples d’application:
• vannes de sécurité contre surchauffe,
• détecteurs d ’incendie
• vannes de régulation pour douches
• systèmes de refroidissement de moteurs
• contrôleur de flux d ’air pour climatisation
Application utilisant la forte capacité d’amortissement du Ni - Ti :
• protection des bâtiments contre les tremblements de terre par des
câbles superélastiques qui pourraient recentrer le bâtiment
Applications très répandues utilisant l’effet superélastique du
Ni - Ti:
• monture de lunettes qui supportent des déformations
importantes sans se casser
• antennes flexibles pour GSM
• lignes de pêche
• fils superélastiques dans des vêtements, chaussures...
2.Microdispositifs
Le déclenchement de mouvement se fait en chauffant des micro -
pompes, microvalves...
3.Applications médicales
Ni - Ti est le seul AMF avec une très bonne biocompatibilité
implants
instruments microchirurgicaux
Exemple
d’endoprothèse
expansible pour traiter
des obstructions
vasculaires
1. Implants
• endoprothèses
• Filtres sanguins
• Orthopédie: réparation de fractures par des plaquettes en
AMF
• Dentisterie: arcs dentaires pour réaligner les dents
2. Instruments chirurgicaux
Microforceps avec articulation superélastique - cheveu tenu par le microforceps
4.Matériaux composites
Principe:
Incorporation des fibres en AMF dans une matrice en exerçant une
traction martensite induite par contrainte externe.
On chauffe en injectant du courant électrique les fibres se
transforment en austénite et se contractent en générant une
contrainte interne modification de la fréquence propre.
Application:
dispositifs pour changer la fréquence de vibration d’un système
comme par exemple certaines parties d’un avion au décollage. Avec
des polymères avec fibres Ti - Ni, la a été déplacée de 50%
7. Conclusion
Les AMF ont mis beaucoup de temps pour se développer
• leurs propriétés étaient mal connues
• d’autres matériaux moins chers satisfaisaient…
Aujourd’hui, ils ont percé dans des créneaux qu’ils sont
seuls à satisfaire (rapport puissance /poids) et ils sont
devenus compétitifs.
Création de banques de données détaillées de ces alliages
Principales applications: microélectroniques et médicales