De Caen au Mont Saint-Michel à pied du 16 au 24 Septembre ...De Caen au Mont Saint-Michel à pied du 16 au 24 Septembre 2017. Sur les pas des miquelots nous avons répondu à l’invitation

De Caen au Mont Saint-Michel à pied

du 16 au 24 Septembre 2017.

Sur les pas des miquelots nous avons répondu à l’invitation du chemin de Caen au MontSaint Michel. Les pèlerins, ceux que l’on appelait les Miquelots, progressaienttranquillement dans le bocage normand comme nous venons de le faire. Les mots posés lesuns derrière les autres sur la feuille vont en faire le récit. Comme les pas sur le sentier,répétés, nombreux ils constituent un nouveau parcours, celui de l’écrit. Vous pourrez ainsi,au rythme lent de la marche et de la plume, partager les souvenirs et anecdotes accumulésau fil des jours.Au départ une aventure collective, un défi individuel, à l’arrivée une belle réussite pourtous dans l’effort et la joie.

A pied de Caen au Mont Saint Michel - Septembre 2017 Page : 1

Étape N°1 : Samedi 16 Septembre : de Evrecy à Hamars : visite surprised’une abbaye.

Partir de Caen avec la traversée de la ville et ses zones commerciales, seconfronter à Ikea et ses comparses ne nous tentaient guère. Nous avons décidé quenotre départ serait fixé à 20 km au sud de Caen : Evrecy.

Nous sommes 7 marcheurs sur la place du village à 9 heures ce matin deseptembre ; le ciel est gris, une sensation de fraîcheur nous envahit, par précautionnous vérifions les capes de pluie, certaines n’ont encore jamais servi. Nous nousregardons tous, c’est maintenant le départ pour Dominique, Catherine, Marie-Luce,Jacqueline et Michel, Marie-Claire et Philippe. Avons nous présumé de nos forces ?Avons nous été trop ambitieux ? Dans quelques heures une première réponse àcette question.

L’itinéraire que nous allonssuivre est bien renseignédans un guide papier, avecune fiche par jour, un plandétaillé et des consignes àla manière d’un GPS sansl’embarras de la technologie.

Nous voulions suivre les chemins anciens, le destin y veille, nos premiers pas seferont sur la « voie romaine de Vieux à Avranches ». Une statue de la Vierge Noireest érigée sur le bord de la route, faut-il faire une prière ? demander unebénédiction ? passer son chemin simplement ? Chacun selon ses convictions trouvela réponse, mais tous partagent la devise du cantique des cantiques « Nigra sum, sedformosa » (je suis noire mais belle).

Nous sommes immédiatement immergés dans le bocage, le sentier s’enfonce entredeux talus plantés d’arbres bas qui dessinent un tunnel offrant protection auxmarcheurs et refuge à une faune et une flore très variée.


Le ciel s’est assombri, l’abri proposé parla voûte végétale n’est bientôt plussuffisant il faut s’équiper. Les capessont sorties des sacs à dos. Dans lechemin creux, les uns derrières lesautres, enveloppés de leur vêtementprotecteur, la tête légèrement baisséepour se protéger du crachin lesmarcheurs prennent l’allure devéritables pèlerins.

Les pluies abondantes de la semaine précédente, ont été propices à la pousse deschampignons, ceux que Michel découvre ne conviennent pas à Marie-Claire, il s’agitde vulgaires bolets à chair jaune, Michel démarre son initiation. Au niveau de SainteHonorine du Fay il faut passer « le Homme ». Imprécisions du marquage ouinattention de notre part, nous faisons ici notre première erreur de parcours ; ilest vrai que le chemin de droite était tentant, joli sentier, l’herbe est rase, par cetemps humide cette voie nous attire. Le détour sera de deux kilomètres, lespersonnes que nous interrogeons, pour retrouver le bon cap, ignorent que la routedes miquelots passe devant leur jardin.

Nous rencontrons un bûcheron, un empilement de bois barre le fond de sa cour et labenne est pleine pour la prochaine livraison ; son jardin est grand. Aujourd’huisamedi, il ne travaille pas ; son chien garde l’endroit et emplit l’espace d’aboiementssonores, il me confie que le chien est bien utile « vu ce qui se passe aujourd’hui... ».Le site semble pourtant bien calme et serein, et ce n’est pas parce que le lieu-dits’appelle Longchamps qu’il y règne une ambiance de courses et de frénésie. La pluie se calme, le sentier se faufile entre bois et prairies normandes. Notrematinée se termine sur les voies communales, un peu de goudron sous noschaussures qui commencent à nous paraître un peu plus lourdes. Le soleil éclaire lafaçade Sud d’un joli château du XVIII ème siècle installé au fond d’un vallon. A la« petite crapaudine » une gamine nous salue, encore étonnée de voir passer despiétons devant sa maison, signe des temps une musique puissante nous parvient del’habitation, son père a poussé à fond la sono et c’est une musique venue d’ailleursqui envahit la campagne, le Rap couvre le chant des oiseaux, quelques pas plus loinc’est à nouveau le silence qui nous accompagne pour les derniers pas de la matinée.

C’est la pause casse-croûte à « La Caine ». Nous nous installons sur la petite placeau centre du village, des bancs pour le confort du marcheur, pouvoir quelquesinstants délacer les chaussures et aussi se restaurer. Pas de commerce dans cepetit village ; aux temps jadis le pèlerin découvrait en ce lieu un prieuré auprèsduquel il pouvait, moyennant quelques menues monnaies, se ravitailler à bon compte,


aujourd’hui nous trouvons un distributeur automatique de pain, l’époque a changé,« la convivialité n’est plus ce quelle était » aurait dit Simone Signoret.La reprise de la balade se fait par un charmant petit chemin qui longe ce qui fut lejardin attaché au prieuré de religieuses du XII ème siècle. Le soleil chauffe nousôtons les pulls. Nous longeons le ruisseau qui serpente en fond de vallée et croisonsles seules personnes qui partageront le sentier avec nous : 4 vététistes équipés depied en cap comme de redoutables chevaliers aux couleurs fluorescentes, sortes detempliers après l’heure ! Ont-ils pour mission de défendre les modestes pèlerins quenous sommes ?La marche a été soutenue, la dernière descente nous mène à Hamars. La vue sur lebocage alentour est magnifique, la ligne d’horizon s’est éloignée, et l’espace s’estagrandi, rempli de prairies et de haies figurant au sol un géant patchwork végétal. Le temps de cueillir quelques mûres, de s’en régaler, nous arrivons au terme denotre première étape, arrivée à Hamars.

Habituellement, à l’étape, le pèlerindécouvre un lieu religieux d’accueil. Anotre surprise, et pour ce seul jour del’année , nous découvrons une pancartefraîchement posée qui nous invite à nousrendre à l’abbaye Saint Etienne au PlessisGrimoult, journée du patrimoine oblige.

Nous arrivons juste à temps pour le début de la visite commentée par Mr Lecoeur,guide éloquent, compétent et doté d’humour. Nous apprenons entre autres que biendes dégâts occasionnés aux édifices religieux souvent attribués à la révolutionsont dus au « régime de la commende ».« En France, à partir du XVIème siècle, il est courant de voir des abbayes prises en commende par des laïcs, grands seigneursou bourgeois serviteurs de la monarchie, qui perçoivent les revenus sans aucune contrepartie. Ce n'était plus le pouvoirecclésiastique qui confiait les bénéfices, mais le roi lui-même. Désormais, les abbayes, monastères et prieurés ont souvent àleur tête des gens indifférents aux besoins et aux exigences de la vie religieuse des communautés. On est en droit d'imputer,en partie du moins, la ruine de l'institution monastique au XVIIIème siècle aux effets pervers de cette pratique de lacommende ».

Le clou de la visite est le jardin médiéval, véritable fortification miniature du XIIIème siècle représentant la Jérusalem Céleste dans l’univers monastique. «Le jardin fortifié de l’abbaye symbolise Jérusalem », affirme David Lecoeur. Ilexplique que les quatre murs et les trois tours représentent les douze portes de lacité céleste. Ce que dit la bible à propos de la Jérusalem céleste : « La ville brillait d'un éclat semblable à celuid'une pierre précieuse, d'une pierre de jaspe transparente comme du cristal. Elle avait une très haute muraille, avec douzeportes, et douze anges gardaient les portes ».

Et pour finir notre étape spirituelle, arrêt à l’épicerie du village, nous achetons : …du pain et du vin. (strictement authentique)


Étape N°2 : Dimanche 17 Septembre : de Hamars à Saint-Jean le Blanc ;journée champignons.Sur la parking du village, en même temps que nous se prépare un chasseur. Nousentamons la discussion, lui signifiant que nous ne souhaitions pas jouer le rôle decible. « Il n’y a pas de danger je ne tire que le pigeon et les bécasses ». Necomptant pas prendre notre envol, donc à demi rassurés, nous entamons la marchepar un chemin qui descend jusqu’à un étang.

Une barque invite à la traversée, canardset oies ont envahi l’étendue d’eau querecouvre partiellement une légère brume.Les reflets de la lumière matinale éclairentla surface paisible de l’étang.

Nous suivons une allée forestière longue de trois kilomètres et découvrons enabondance girolles, cèpes de Bordeaux et coulemelles . Michel apprend à lesreconnaître, il n’hésite plus à la vue des girolles jaune clair. Tous imaginent déjà lepetit festin du soir. Sylvain qui va suivre, 3 jours plus tard, le même itinéraire en VTT, m’envoie un SMSen forme de boutade : il nous conseille d’allumer un cierge lors d’une visite d’église.Cette demande fera l’objet d’une anecdote ultérieure.

C’est Dimanche, et nous avons de la compagnie sur les chemins. Des joggers nouscroisent sans un regard, leur équipement est sophistiqué (short, cardio-fréquencemètre, sac à dos à réserves d’eau…), nous ne sommes pas du même monde.Une équipe d’une douzaine de randonneurs nous interpelle « quel est notreitinéraire ? Et les champignons ? » Ils sont déçus d’apprendre qu’après notrepassage ils ne vont pas faire une grosse récolte.

La matinée se passe dans les bois. Montées etdescentes se succèdent, le relief du bocage estvarié, la promenade agréable. Le Mont Pinsonavec ses 362 m domine le paysage, il nous sertde point de repère, le perdre de vue et noussommes immédiatement « déboussolés». Il nouspermet de nous orienter (nous avons appris hierque le verbe orienter venait du fait que leséglises tournées vers l’orient, étaient donc« orientées »).


Nous atteignons une crête, le sol semble plus crayeux, la luzerne et le trèfle sesont installés. Un immense troupeau de vaches Limousines et Charolaises pâture lesprairies vertes de ce début d’automne humide.

Le sol change de couleur, la terre est plus rouge, dans les flaques d’eau un dépôtécarlate s’est déposé ; nous approchons de Danjou la Ferrière, dont les forges ontéteint leur feux au XVIII ème siècle. Il fait beau pour le pique-nique. Adossés auparapet d’un pont nous reprenons des forces, le soleil est au rendez-vous, noussommes en T-shirt, pour certains c’est l’heure des premières ampoules aux pieds.

Notre troupe se remet en mouvement, c’est dur de reprendre le rythme. Nouscroisons quads et motos ; de temps en temps, au loin, le bruit du fusil. Y aurait-il dugibier ? Michel débusque un chevreuil, juste le plaisir de le voir détaler. Nousarrivons à l’ancienne église de La Ferrière-Duval. Il ne semble subsister du villageque l’église et une maison proche. Un panneau indique que l’édifice religieux estdevenu une propriété privée, ce que confirment les fenêtres-Velux qui sontimplantées sur la toiture. Un coup d’œil curieux pour s’apercevoir que la nef estremplie d’étagères couvertes de livres ? Quel est l’usage de ce lieu ? l’un d’entrenous suggère qu’il s’agit peut être d’une bibliothèque ou bien ne serait-ce pas lerepère d’un ermite amoureux de littérature ? Ici le privé et le public se côtoient,car ce qui pourrait être le jardin d’une propriété demeure le cimetière, une tomberécente l’atteste. Un rosier généreux envahit une concession ancienne ; impossiblede résister, Marie-Luce cueille une rose, le décédé nous pardonne déjà.

Des nuages bas tiennent leur promesse, la pluie tombe, chacun s’équipe et trouve unrefuge le temps de l’ondée. Quelques pas plus loin dans le fond d’un vallon humidenous découvrons un oratoire dédié à la vierge Marie, rappel du caractère sacré duchemin. Des statues de la vierge, des fleurs artificielles dans le creux d’un rocher,c’est Lourdes en miniature. Nous découvrons des bougies dont la flamme nedemande qu’a être ranimée. « Je t’assure j’ai toujours un briquet dans mon sac àdos » affirme Dominique, force est de constater, après maintes recherches qu’iln’en est rien. Nous ne pourrons pas assurer le défi lancé par Sylvain (son SMS dumatin). Comme à Lourdes, après la grotte il faut passer par la piscine pours’immerger. C’est le défi qui nous attend quelques mètres plus loin. Un chemincreux, une forte pluie, c’est une mare qui barre le chemin, pas d’échappatoire, ilfaut se mouiller. Malgré, ses hésitations à franchir l’obstacle et les deux bombesd'imperméabilisant utilisées sur ses chaussures, Dominique a les pieds trempés.

Nous traversons le village de Danjou la Ferrière, regards déçus devant l’ancienbistrot fermé depuis longtemps.


En montant le sentier à la sortie du village,nous entamons la discussion avec Denis quiapprécie de pouvoir échanger avec les rarespassants. « le temps change vite ici, maisfaudra attendre jeudi pour le soleil, et puispour trouver votre route faut demander àmon frère Jean-Pierre à St Jean le Blanclui il connaît, surtout vous lui dites que vousvenez de ma part. »

Faisant trop confiance à la carte IGN nous ne profiterons pas des conseils de Jean-Pierre. Le lendemain, cartes en mains, nous regretterons d’avoir négligé cettesuggestion. Pour se protéger du soleil couchant, le temps de cet échange, notreinterlocuteur a gardé sa casquette d’où s’échappent ses cheveux blancs et longs. .

Au « petit biniou » nous entamons notre dernière descente qui nous mène au pontsur la Druance, terme de notre seconde journée.

Le soir : préparation des champignonsavant la dégustation.


Étape N°3 : Lundi 18 Septembre : de Saint-Jean le Blanc à Le Beny-Bocage : le droit à l’erreur.Le long de la Druance, il fait froid à 9 heures, le pas est rapide, les paroleséchangées sont brèves, mais le spectacle de ce matin d’automne est beau. Larivière coule en contrebas du chemin envahi par une légère brume.

Au pont Saffrey, Dominique qui apris de l’avance sur le groupe, nousindique le chemin, « il faut suivrele GR221 ! c’est ici, regardez lamarque du GR ! ». Sans le moindredoute nous suivons ce conseil quisemble fort avisé.

Une demi-heure plus tard cependant, nous sommes étonnés de la direction prise parle chemin, un peu trop à l’Est semble t’il ! Les repères rouge et blanc du GRconfirment que nous sommes sur le sentier de grande randonnée, on continue ;cependant l’absence du marquage bleu spécifique au chemin du Mt St Michelintrigue les plus avisés. Depuis le départ ce marquage ne nous a pas quittés, il a ététrès précieux et est remarquablement fait. Une heure après, force est dereconnaître que ce que la carte nous promet ne se retrouve pas sous nos pas, lescommentaires du guide-papier n’ont aucun écho sur le terrain. Nous avons parcourucinq km, mais sommes perdus quelque part sur le GR221.

Nous continuons à la recherche d’un hameau qui nous permette de nous localiser.Arrivés au lieu-dit Marsangle, un coup d’ œil sur la carte permet de situer notreerreur. Nous avons pris le GR, mais dans le mauvais sens ! Un sentiment dedécouragement nous envahit quelques instants, puis une honte passagère de n’avoirpas été assez vigilants et enfin une bonne rigolade pour saluer notre amateurisme.Comme dans une célèbre émission de télévision, pour se sortir de ce mauvais pas,« nous faisons appel à un ami ». Celui-ci avec son véhicule nous remet sur le bonchemin, ce qui nous évite 10 km de « rallonge ».


Nous reprenons le périple sur la crête de la Bruyère..

Le pique-nique du midi est perturbé par les fourmis qui s’indignent de notreprésence. Dominique, seule debout face à nous, annonce « Vous ne voyez pas ce queje vois ! » ; elle aperçoit ce qui arrive dans notre dos. Ce sont de gros nuages noirsqu’accompagne soudain un premier coup de tonnerre. Nous repartons, directionplein-Ouest ; depuis deux jours nous nous dirigeons au Sud vers Thury-Harcourt etla Suisse Normande avec le Mont Pinson toujours proche, maintenant nous luitournons franchement le dos.

Sur un long chemin forestier de trois kilomètres, nous sommes pris sous l’orage, lapluie est forte, le tonnerre gronde mais sous nos capes nous nous sentons protégés,la marche se poursuit et le ciel s’éclaircit enfin.Une descente raide sur le goudron et ce sont les mollets qui souffrent. La cartenous indique que le sentier emprunte un pont au dessus de la Souleuvre. Notreimagination a déjà fait son œuvre, nous souvenant du viaduc de la Souleuvre nousnous attendons à trouver un ouvrage important. Mais après un km de marche nousnous rendons compte qu’à cet endroit la rivière s’est montrée si discrète que nousl’avons franchie sans nous en apercevoir. Dans une légère montée deux chevreuilsaux aguets que Jacqueline tente de prendre en photo. Le dernier tronçon se situesur une crête, derniers regards vers le Mont Pinson, on imagine que le prochainsera le Mont Saint Michel. Le ciel est gris, il accompagne nos derniers pas sur lacrête qui est fortement marquée de cratères importants que la végétation ne peutdissimuler. La libération de la Normandie en 1944 a laissé ici des traces profondes,témoins de la force des combats qui ont été menés par les troupes anglaises contrel’occupant. Arrivés au village, la rue que nous empruntons est le « Rue de la onzièmedivision blindée britannique » ; juste hommage rendu aux libérateurs.

Notre fin d’étape va-t’elle nous mener vers un prieuré ? Une abbaye ? Non !Beaucoup mieux : c’est tout le village qui est divin : nous sommes à BENI-Bocage.Notre gîte sera cependant laïque.


Étape N°4 : Mardi 19 Septembre : de Le Beny-Bocage à Saint SeverCalvados: la plus longue étape.Nous avons passé la nuit à la maison de la Fontaine, le lieu est tenu par Christopheet Sandrine. L’accueil est sympathique, nos vêtements mouillés sont étendus sous lapergola et nos chaussures sont mises à sécher devant la cheminée.

Le repas du soir a été confectionné par Christophe qui a passé 12 ans auservice du traiteur Lenôtre, sa cuisine est raffinée et essentiellementréalisée à partir de produits du terroir. C’est une table d’hôtes, lespropriétaires partagent le repas avec nous ; les échanges sont intéressantsd’autant qu’un couple de bretons s’est joint aux Normands.

Il faut remettre les chaussures de marche et se confronter à la plus longue étapedu parcours ; vingt-six kilomètres nous attendent ! Heureusement que nous avionsfait un repérage la veille pour situer le point de départ, le poteau indicateur dusentier était à terre et rendait difficile la reprise de la marche. Je le redresse aumieux, nos amis vététistes qui suivront, deux jours plus tard, me remercieront. Lesentier est encaissé et serpente dans la campagne à proximité de l’ancienne gare.Pendant quinze kilomètres environ, nous sommes surpris de voir, fréquemment, desbornes de limites de propriété le long du chemin. Des géomètres sont passés et ontimplanté de chaque côté du sentier des bornes qui définissent un territoire tout enlongueur. Le sentier a une véritable existence, il devient inaliénable. Le chemin estprotégé des convoitises de riverains parfois peu scrupuleux. Les piétons, eux,peuvent « l’emprunter » juste le temps d’une marche. Le paysage change, toujours bocager mais avec des champs de maïs de plus en plusnombreux. C’est l’heure de la récolte, le mais est ensilé, on se gare pour laisserpasser les bennes chargées de fourrage.Nous arrivons à Etouvy pour un arrêt chez Jean-Maurice, le frère de Marie-Luce.Sa maison est juste à côté du chemin ; il ignore où il mène. Sur la terrasse, café etautres boissons sont servies ; quelques morceaux de chocolat pour ceux qui sontaccros. On reprend la route sans tenir compte des conseils de Jean-Maurice,préférant la précision du topo-guide dont Catherine suit attentivement lesexplications.


Depuis le départ nous sommes à la recherche d’une carte routière du département.Les « Maisons de la presse » et autres magasins rencontrés ne sont pas en mesurede satisfaire notre curiosité géographique, seul un commerçant nous a proposé unecarte de la région Rhône-Alpes, Dominique a décliné l’offre estimant que ladistance à parcourir serait un peu trop grande pour des marcheurs débutants.Il est 12h30 quand nous nous installons sur des bancs à Coulonces. Le pique-niquefournit par la table d’hôte ce matin est copieux, quelques feuilles de roquetteviennent améliorer le sandwich. Sur les fils téléphoniques les hirondelles serassemblent, pour elles aussi ce sera bientôt le grand voyage.Les champs de maïs se font plus rares, les pommiers sont chargés d’une abondanterécolte de fruits rouges ou blancs, quelques vaches à proximité et voilà le clichéNormand le plus répandu.

« Passage sur un pont au dessus de la voieferrée » précise notre guide-papier.Précisément à la seconde où nousfranchissons l’ouvrage, un train passe etsalue notre équipée, la synchronisation desdeux itinéraires est parfaite. « Quelleorganisation ! » déclare ironiquement l’und’entre nous. « Jusque là tout va bien ! »réplique Catherine en imitant un collèguelors d’un précédent voyage.

Nous montons un sentier entre deux talus. Pour s’isoler des passants unpropriétaire a amoncelé, barres de fer, vieux outils et maintes tôles de toutestailles et formes. La rouille est venue auréoler le fer déjà vieillissant, les lianesenlacent curieusement la ferraille en une palissade originale, insolite et poétique.Venons-nous de découvrir un précurseur du Land art ?! Aurait-il inspiré AndyGoldsworthy ?L’étape est longue. Ce sont les derniers efforts. Les pieds sont mouillés dans leschaussures, les pas sont plus courts, la marche devient automatique, nos musclesne sont plus sous contrôle, notre corps est poussé par l’envie d’arriver.Enfin l’arrivée au lieu-dit « Le château » à Saint Sever Calvados, un magnifiqueétang, accueille la lumière de la fin de journée.Bancs et tables permettent de prendre un instant de repos ; chacun s’assoit,desserre les chaussures et félicitations à ceux qui ont assurer la totalité de lamarche du jour, soit vingt-six kilomètres.

Nous sommes sur un site médiéval, une motte féodale est annoncée sur la carte ; lafatigue aura raison de notre curiosité, nous ne partirons pas à sa recherche.


Étape N°5 : Mercredi 20 Septembre : de Saint Sever Calvados à Villedieules Poêles: l’arrivée dans la Manche.Au petit-déjeuner, ce matin, nous nous retrouvons à neuf autour de la table ; eneffet Monique et Patrick ont rejoint l’équipe hier soir. Nous avions décidé de fairedeux étapes depuis notre gîte de la maison de la Fontaine. Notre véhiculed’accompagnement nous a permis, mardi soir, de refaire le circuit à l’envers, si lesvingt-six kilomètres avaient paru longs à pied, le retour par la route a duré uneéternité. Avions nous réellement parcouru cette distance ? Le départ ce matin se fait dans la forêt, nous évitons le parcours de santé qui nousinvite à grimper sur des troncs d’arbres, à nous suspendre à des poutres, à sauterici et là. Nous ménageons notre corps pour assurer la marche du jour.

Le sentier forestier se faufilesous les hêtres, pendant uneheure le cheminement estagréable. La lumière se fait plusprésente, une clairière et nousarrivons dans le bocage.

« Ici on écrème avec une machine Alfa-Laval », c’est ce qu’annonce un panneaudisposé sur le haut du mur d’une résidence secondaire isolée. Un lavoir est aussi letémoin du passé laborieux du lieu ; on imagine le travail accompli par les générationsanciennes ; mais qu’on ne s’y trompe pas , pelouses, terrasses, barbecue attestentque l’ambiance ici est désormais au repos et à la détente.

Dernière montée de la matinée ; nous quittons le Calvados, bienvenue dans laManche ! Nous progressons tranquillement vers notre but. Pour le pique-nique dumidi nous nous installons sur la petite place de Boisyvon. « Pas de tables ni de bancsmais des toilettes publiques ouvertes et propres » nous promet le maire adjoint.Pour l’après-midi l’itinéraire hésite entre sentiers et voiries communales.


Le petit patrimoine bâti estfréquent, ici un four à pain, là unpuits en pierres sauvegardé de ladestruction par une sommairecouverture de tôles. Dans le fond des cours, etseulement visibles depuis leschemins sauvages, nous découvronsde nombreux engins agricolesabandonnés que Patrick identifiesans peine.

Dans la journée un appel de notre hôte : nous avons oublié une bouteille« thermos » au gîte de la Fontaine. Nous renonçons à faire demi-tour, l’objet estconsidéré comme perdu.

Une seconde fois notre chemin croise la voie ferrée, la veille nous en avions une vueen plongée depuis le pont, ici la voie s’est mise à notre niveau.

Une sonnerie, des barrières quis’abaissent et c’est l’expressqui s’annonce d’un bref coup decorne. Veut-il ainsi nousrappeler notre modestecondition de marcheurs ? Peuimporte, nous assumonssereinement notre choix du« slow-déplacement ».

C’est l’arrivée à Villedieu les Poêles, grâce aux consignes écrites, nous évitons lesgrands axes et arrivons en centre-ville sans traverser de zone commerciale. Unebière récompense les efforts fournis.

Pour les pèlerins le refuge de la soirée est celui que nous propose l’hôtel St Pierre,en l’absence du premier apôtre, les clés de nos chambres nous sont remises par lapatronne. Nous avions fait étape à Béni-Bocage en pensant que le nom du villagenous assurait une protection céleste pour la soirée, mais alors ce soir nous avonsdroit « au must », nous sommes à VilleDIEU...


Étape N°6 : Jeudi 21 Septembre : de Villedieu les Poêles à la Haye-Pesnel:Hommage à Saint-Antoine de Padoue.

Nous avons enfin trouvé une carte routière des départements du Calvados et de laManche, ainsi avons nous une vue plus globale de notre circuit, encore deux étapesavant d’apercevoir la Merveille. Les miquelots cherchent la rue de la Grange, mêmel’employé municipal que nous interrogeons ne connaît pas.

Comme l’église est ouverte nous allonspouvoir réaliser le défi proposé par Sylvain.L’occasion se présente d’allumer un cierge,je dépose la somme due dans le tronc etallume l’offrande.

Plusieurs réceptacles attendent monprésent lumineux, je me décide à le déposerdevant la statue en bois d’un saint à l’alluresympathique et joviale.

Dominique remarque « Tiens c’est SaintAntoine de Padoue ! »

Nous sortons de l’église et finissons par trouver le chemin. J’envoie un petit SMS àSylvain pour lui signifier que la mission est accomplie. Sylvain, Jean-Louis et deuxRémy font le même itinéraire que nous à VTT. Il me rappelle quelques secondesaprès. Il est actuellement à Bény-Bocage, à cinq cent mètres de notre gîte. Notrethermos considérée perdue sera immédiatement retrouvée. Saint Antoine dePadoue est réputé pour retrouver les objets perdus, est-ce lui qui est intervenu ?


Nous passons devant la fonderie de cloches et nous nous engageons dans le sentierqui passe sous l’autoroute. Deux mondes se croisent, celui des pressés et le notrecelui des marcheurs aux pas lents, à l’horizon limité par la haie qui marque leprochain virage. Ici nous réalisons pleinement ce décalage, depuis six jours notrecorps vit à un autre rythme, tout s’est ralenti autour de nous, même le temps s’estdistendu. Nous avons l’impression d’être au début du parcours alors que nousentamons l’avant-dernière étape. Depuis le départ, le groupe s’est replié sur luimême, le monde s’est rétréci aux quelques kilomètres à parcourir dans la journée.Pas de télévision ni de journaux, on marche. On ignore même le décès de LilianeBethencourt !!!Nous croisons une agricultrice, à notre allure elle sait que nous faisons le chemin duMont Saint Michel. Elle parle du métier, elle exploite seule la ferme. Depuis un anelle a remplacé les vaches laitières par la production de viande. La discussion prendfin, elle repart vers les champs, avec énergie elle enfourche son VTT suivie de sonchien docile.C’est l’heure du déjeuner et nous faisons étape sous un viaduc.

Au moment précis où nous franchissons lesimmenses voûtes de l’ouvrage passe untrain, c’est le « Paris-Granville »

C’est notre troisième rencontre.

Localement le « Paris-Granville » est réputépour ses retards nombreux. Parfois iln’arrive pas à destination, faute delocomotive en état, ou à cause del’accumulation de feuilles mortes sur lavoie ; cependant quand il s’agit de saluerd’humbles promeneurs il se montre d’uneponctualité remarquable

Nous aurons fait mieux que les frères Lumière qui auront vu et filmé le train engare de la Ciotat. C’est en plongée, depuis un pont, que nous avons aperçu notrepremier convoi, ensuite il s’est élevé et est passé à notre niveau, pour finir lors dutroisième passage bien haut au dessus de nos têtes, nous faisant découvrir ainsi,comme dans un film en 3D, comment le réseau s’accommode du relief.


Une combe plantée d’acacias et nous arrivons à Le Tanu. Un habitant nous salue ettémoigne que la semaine précédente il avait accueilli, des marcheuses, chez lui letemps d’un café. Pas de chances pour nous, ce sont Michel et Patrick qui étaient entête du groupe et le riverain ne se montre pas aussi accueillant. Prévoyants, quandnous repartons, nous laissons passer les dames devant nous.

J’aime bien marcher seul sur les sentiers ; ce périple est l’occasion de découvrir larichesse de la marche en petit groupe. J’apprécie ces moments où l’on avance àdeux de front, où l’on découvre simultanément les curiosités du payasage. C’estl’occasion de discussions que le train de vie quotidien n’autorise pas toujours. Laparole se libère au rythme du pas. Parfois, dans le silence de la marche, même lesnon-dits se partagent.

Il est 14h00, Monique annonce la pluie. « T’inquiète pas, rien avant 17 heures ! »rassure Dominique qui a consulté son smartphone. Météo ciel et sa technologie vaêtre vite démenti, notre arrivée à La Haye-Pesnel se fait sous les capes de pluie ; letemps d’une pause au café et c’est un vrai déluge dans les rues.

A l’étape du soir le temps d’un repas, nousretrouvons les quatre cyclistes à VTT, etma thermos « perdue ». Les conversationssont animées tant sont nombreuses lesanecdotes.


Étape N°7 : Vendredi 22 Septembre : de La Haye-Pesnel à Genets: la baieen vue.A La Rochelle Normande, nous admirons l’église, l’ancien presbytère et de loin lemanoir, nos collègues à vélo n’auront pas notre discrétion puisque, emportés par leurélan, ils se sont autorisés une visite inopinée du site.Dans ce pays de bocage l’accès aux parcelles est permis par des barrières dontnous découvrons deux spécificités. Alors que poteaux béton et piquets en fer sontd’ usage courant, il est fréquent, ici, de trouver des poteaux en pierre. Taillé dansla masse le granite offre 2 pilliers stables, les potilles, sur lesquelles les clôturesvont venir s’arrimer.

La barrière elle même diffère énormémentde ses semblables. Habituellement lastabilité de la barrière est assurée par« l’écharpe » pièce de bois qui monte àl’oblique du pied de la barrière, exerçantainsi une poussée qui rigidifie la structure.Ici la traverse oblique qui assure lastabilité de l’ensemble descend dumontant latéral qui est réhaussé. C’est labarrière Saint-Loise.

A midi nous arrivons à Sartilly, c’est jour de marché les camelots sont installés surla place, nous nous faufilons entre les échoppes. Jean, mon frère nous a rejoins avecsa moto. Bien lui en a pris, car notre pique-nique en est amélioré : kir normand enapéro, cidre pour le reste du repas, et café pour les amateurs. Dominique pourapporter une note diététique à notre ordinaire a acheté des salades fraîches. Letemps du déjeuner nous avons investi une aire de jeux pour enfants. A notre retoursur la place du marché c’est l’heure de la démonte des étals. Un traiteur fait desallers-retours entre son camion et les poubelles, mais, oh surprise ! il charge dansson véhicule des légumes invendus (choux, salades, carottes…), c’est libre servicedans les poubelles ! On se regarde, interloqués. On pense aux salades que nousvenons de manger. Dominique où as-tu fait les courses ce matin ?

Un agriculteur répare sa clôture abîmée par des chutes de branches. Dans troisans il cesse son activité ; son fils va t’il reprendre la suite ? L’homme ne se plaintpas, le cours du lait a augmenté depuis un an, il s’en sort dit-il. Est-ce que ce serasuffisant pour la génération suivante ? Pour l’heure il me montre son semis detrèfles (trois variétés) qui remplacent le maïs ; « la terre n’en veut plus du maïs »,« avec le trèfle je vais faire ma quatrième récolte de fourrage cette année et pasd’engrais ni traitement ! ».


Cet après-midi nous savons que le but est proche, le Mont devrait apparaître ! Maisquand ? A quel moment du parcours ? Notre guide-papier ne le dit pas, et c’esttant mieux. Le chemin est trop encaissé pour avoir une vue sur le paysageenvironnant.

La curiosité est forte, un saut sur le talus ,la baie est là, sous nos yeux. Au loin lepaysage est marin, plat et de cet universémergent Tombelaine et Le Mont SaintMichel. Depuis une semaine nous couronsvers cette image, l’émotion est grande, lebut est proche.

En chœur, les marcheurs reprennent le cri des pèlerins qui saluent la vue del’objectif du voyage. Que ce soit vers Chartres, Compostelle ou ici tous ont hurlé àce moment précis « Mont joie ! » « Mont joie ! ».On s’embrasse, les sourires sur les visages effacent les signes de fatigue.

Le relief du bocage de la Manche est malicieux, car sitôt apparue la baie se cachedéjà derrière un bosquet d’arbres ou une petite colline. Il faut marcher encore etencore, apercevoir le rivage le temps d’une descente, espérer retrouver le Mont auhaut du prochain sentier. Un jardinier, devant sa maison nous salue et offre à tous les noisettes qu’il vient deramasser, il nous accompagne quelques pas et nous cueille des brugnons murs àsouhait. C’est sans doute ainsi que ses aïeux pratiquaient avec les miquelotsaffamés.Ce sont les derniers pas, la température est douce, le clocher de Genêts est visibleentre la cime des peupliers, le but est proche mais, pour l’instant, le Mont SaintMichel est caché. La marche se ralentit comme pour retarder l’instant ou le piétonva rencontrer l’immensité de la mer en mouvement.


Derrière l’église, sur le sol ont été poséesdes rangées de coquilles Saint-Jacques. Unlabyrinthe de nacre blanc nous invite àprolonger, vers l’infini, l’étape du jour. Pour atteindre le but, il faut ici parcourir ledédale, apprécier la lenteur et une dernièrefois négliger la ligne droite et finir notremarche en suivant les formes concentriquesde cet espace mystérieux et circulaire.

Nous sommes à Genêts. Heureux, assoiffés nous commandons une bière d’Abbaye. A cet instant la seule vue que nous ayons sur le Mont St Michel est cellereprésentée sur la bouteille que nous sommes en train de consommer. Le village etson bâti dissimulent la baie à notre curiosité. Dominique, qui sans doute n’a déjà plussoif, fait quelques pas dans la rue, elle nous invite à la rejoindre.

C’est l’embouchure de la Lerre. Ici la rivière se jette dans la Manche, la baies’offre enfin pleinement. Le Mont Saint-Michel en majesté, telle une pyramide,anime le relief. Il semble ici que les hommes et la nature aient réussi, un savantcompromis. L’harmonie règne sur ce paysage, cette ambiance sereine nous gagne etappelle au silence.

Marcheurs et cyclistes se retrouvent. D’abord ce sont les quatre adeptes du VTT quiarrivent, puis les six cyclotouristes, emportés par leur élan, ont failli ne pas nous voir.Tous nous gagnons ensuite la maison familiale et rurale de Vains, pour une soirée deretrouvailles. Bientôt nous sommes cinquante, car nous rejoignent aussi ceux qui sontpartis faire du tourisme culturel depuis trois jours. Demain l’effectif va atteindre centpersonnes ; le groupe « Des Magiciens de la Nuit » se complète pour une soirée mémorableà « l’Étoile de la Mer » à Saint -Jean le Thomas.


Étape N°8 : Dimanche 24 Septembre :La traversée de la baie.

Nous ne sommes pas seuls au Bec d’Andaine à midi. Notre groupe s’isole en unegrande ronde assise dans l’herbe pour le pique-nique. Sur la dune l’image est belle,celle d’une famille heureuse du moment partagé et puis c’est l’heure de la photo,Souriez !!!

Pendant les 140 premiers kilomètres, les chaussures de marche n’ont pas quitté nospieds. Prolongement indispensable du corps, elles ont permis notre cheminementtranquille et sécurisé. Au moment de l’ultime traversée nous les abandonnons. Nouspartons pieds-nus dans le sable et l’eau pour une marche légère où le contact avecle sol est agréable et sensuel.Si l’impression de foule est manifeste au moment du départ, ce n’est plus le casquelques minutes après, tant la baie est immense et les itinéraires variés. Noussommes entre deux mondes, pas tout à fait la mer et plus la terre ferme non plus.Une rivière à traverser marque cette immensité plate, dépourvue de végétaux.Même si nos sens ont perdu l’habitude de ces espaces simplement beaux, nousgoûtons vite le silence, l’odeur iodée, la douce caresse du vent sur nos joues, lasingularité de ce panorama horizontal.Luc et Vincent, nos deux guides nous proposent la traversée la plus longue par leNord de Tombelaine ; la visite du Mont n’est pas notre priorité.


Notre groupe de neuf marcheurs se reconstitue le temps d’une photo entreTombelaine et la Merveille. Tous réalisent à cet instant que le défi est réalisé ;chacun, au départ, avait des doutes sur sa capacité à rejoindre le Mont Saint-Michel. Menée sans la recherche de l’exploit cette arrivée ici réconforte etrassure.

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Nous sommes au Mont Saint-Michel. Déjà la foule nous entoure, celle desmarcheurs, des touristes, des commerçants… Le retour à la réalité est rapide.Mais il reste une dernière « démarche » à accomplir, remercier ceux qui, à traversles bois, le bocage, le sable et la mer nous ont amenés au terme du voyage. Ce sontnos pieds qui ont tout ce mérite, aussi devons nous leur assurer un nettoyagecomplet, un massage léger sous l’eau claire. Aucun disciple des évangiles pourassurer ce service, nous faisons nous même l’ablution.

Notre marche, se termine ici comme notre récit, par quelques pas de suspension …

Philippe HauvilleLe Mont Saint-Michel, 24 Septembre 2017.

Photos Jacqueline Duchatel, Catherine Ouin, Dominique Varin


Documents

De Caen au Mont Saint-Michel à pied du 16 au 24 Septembre ...De Caen au Mont Saint-Michel à pied du 16 au 24 Septembre 2017. Sur les pas des miquelots nous avons répondu à l’invitation