L’UNE EST AUSSI ESCARPÉE, TORDUE ET CHARGÉE D’HISTOIRE QUE L’AUTRE EST PLATE ET RECTILIGNE. CORDES-SUR-CIEL, DANS

LE TARN, ET KOUROU, EN GUYANE, N’ONT A PRIORI PAS GRAND-CHOSE EN COMMUN SI CE N’EST D’AVOIR LA TÊTE DANS LES ÉTOILES…

Reportage photo Julien Rougny / Texte Céline Bousquet

Un lien très...spatial

DE CORDES-SUR-CIEL À KOUROU

A ccrochée aux nuages, la magnifique cité médiévale de Cordes-sur Ciel semble sus-

pendue entre ciel et terre ; c’est ce qui en a fait sa renommée bien au-delà des frontières du Tarn. En 2014, elle a été élue plus beau village de France dans l’émission éponyme de Stéphane Bern, sur France 2. Parcourir ses ruelles pa-vées, avec ses maisons séculaires et ses façades raffinées, c’est faire un bond dans le passé, dans un véritable musée à ciel ouvert. Mais depuis quelques années, Cordes s’amuse à faire le grand écart en organisant, avec le CNES, « Le ciel sur Cordes », une mani-festation dédiée à l’espace. Et, de-puis 2016, elle est jumelée avec la

plus spatiale des villes françaises  : Kourou, en Guyane. Ici, l’espace est une réalité  : depuis 50 ans, la ville vit au rythme des lancements d’Ariane, de Soyouz ou de la petite dernière, la fusée italienne Vega.

DES FUSÉES SUR FOND DE BIDONVILLES ?

Elle vit par, et pour, le spatial  : le Centre spatial guyanais est de loin le premier employeur de la ville, avec 1 700 personnes qui travaillent sur le site, dans une cinquantaine de sociétés. Dans les hôtels étoi-lés, plus nombreux qu’à Cayenne, le chef-lieu, on écrit bienvenue en espagnol, en indien, en arabe… Les satellites et les «  missionnaires  » viennent du monde entier.

Mais à quoi ressemble Kourou  ? Ce qui était avant le spatial un petit bourg créole de quelques centaines d’âmes est aujourd’hui une ville de plus de 26  000 habi-tants… Le visiteur a parfois bien du mal à trouver son che-min tant les quartiers semblent avoir été simplement posés les uns à côté des autres. «  Chacun correspon-dait à une fonction  : la cité du stade pour les expropriés, la cité de chantier pour les ouvriers, la cité de l’Eldo pour les ingénieurs, le village saramaca pour les ouvriers qui arrivaient du Suriname, etc », explique Lucile Quézédé, experte

« Aujourd’hui, il y a plutôt deux

Kourou, avec des disparités

sociales énormes »

Un couple d’amoureux devant la tour Dreyfus, l’un des derniers vestiges du ba-gne de Kourou et l’un des plus jolis lieux de promenade de la ville, face à l’océan et aux Iles du Salut.

Vous les connaissez forcément, ces panneaux posés à l’entrée des bourgs : « ville jumelée avec »… certains noms qui font rêver, d’autres un peu moins… Ne vous êtes vous jamais demandé à quoi ça ressemblait, là-bas ? Et si pour une fois nous allions voir, nous faisions le voyage ? C’est ce que nous vous proposons dans cette rubrique consacrée aux villes jumelées. Pour ce premier reportage « derrière le panneau »,

quittons la vallée du Cérou, direction l’Amazonie !

Oxytanie#062 63

Ce qui n’était qu’un petit bourg créole de quelques centaines d’âmes est devenu une ville de plus de 26 000 habitants en quelques dizaines d’années. Si l’industrie spatiale est le principal employeur de la ville, le taux de chômage tourne autour de 25 %. Loin de l’image de haute technologie que représente le Centre spatial guyanais, certains quartiers n’ont pas beaucoup changé depuis leur construction.