De Dakar à Saint Louis: ...

Quand l’Afrique déploie ses plumes

La réserve de Bandia

La réserve de Bandia, située à 65 km de Dakar, est la première réserve privée du Sénégal. On y trouve la plupart des grands mammifères africains, délibérément réintroduits dans la région. C’est une réserve faunique avant toutes choses, mais on peut également y observer des cases Peuls, une meule de charbonnier, ainsi que des tumulus Sérères. On y trouve aussi des baobabs géants dont les troncs peuvent servir de sépulture à des griots. Ainsi, Bandia suggère une véritable immersion au cœur de l’animisme sénégalais. En effet, des croyances animistes sont profondément ancrées dans l’esprit des sénégalais. Ce sont les croyances les plus anciennes du Sénégal qui se transmettent de générations en générations. L’Islam et le Christianisme n’ont d’ailleurs pas rejeté l’animisme, elles en ont intégré les valeurs, permettant ainsi à certains rites d’exister encore (comme le port du gri-gri qui est d’usage très répandu). L’Animisme explique à sa façon les mystères de la vie et de la mort. Les animistes accordent à toutes les choses de la nature une âme et un esprit. On retrouve à la racine de tout ce qui existe les quatre éléments fondamentaux que sont : l’eau, la terre, l’air et le feu. Ces derniers sont contrôlés par un être suprême.

Le sacré n’est cependant pas accessible à tous. Il existe des intermédiaires, qui se chargent de faire le lien avec les êtres humains. Les ancêtres du village notamment, de la famille sont des intermédiaires privilégiés. Pour correspondre avec les morts, les animistes font appel à leurs marabouts ou à des griots.

Au coeur de l’anismisme sénégalais

ANIMISME

à Djim M. GUEYE

« Quand réveillant la terre d’El-Kanésie D’impossibles miracles s’accompliront Les lumières jaillissant de vos fronts Rendront à votre Afrique sa frénésie.

Quand les ossements millénaires auront Sur leur blancheur arrêté l’âme saisie Et lourde de sa profonde anesthésie, Quand sur vous seront dardés d’autres rayons,

Vous saurez ce que pensent vos Dieux d’argile, Ce qu’ont dit les fétiches aux masques noirs; Aux crépuscules flamboyants, aux beaux soirs,

Vous apprendrez ce que sont vos Évangiles Que la voix des choses répète aux grands vents Des Forêts sombres aux lointains Orients.»

1925.

in Leurres et Lueurs, Paris, Edit ions Présence africaine, 1960

B i r a g o D I O PNé en 1906, son œuvre est une des

plus populaires de la littérature négro-

africaine de langue française. Né près

de Dakar, ce vétérinaire suit ses études

à Toulouse et fut le chef des services

de l'élevage de l'ancienne AOF. Admi-

rateur de Musset et de Verlaine, dont il

s'inspire dans ses poèmes, il est égale-

ment l'auteur de plusieurs contes, où

se reflètent la parole des griots.