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CULTURE Notes bleues pour un voyage aux Amériques... Par Edgar DAVIDIAN | 30/05/2012 Le retour de Polly Ferman au clavier. Photo Ibrahim Tawil RÉCITAL Retour de Polly Ferman. Après avoir interprété sur son clavier l’année dernière tangos, habaneras et milongas, voilà qu’elle récidive, dans un registre un peu différent, à l’amphithéâtre Aboukhater. Edgar DAVIDIAN Nouvelles notes bleues pour un voyage au cœur de l’Amérique. Scintillements, soleil, racines hispaniques, éclats de jazz et cadences garantis. Placé sous le triple auspice du Consevatoire national supérieur de musique, des ambassades de l’USA et de l’Uruguay à Beyrouth, Polly Ferman, cheveux blonds à ras de nuque avec ensemble pantalon et bustier piqué de sequins argentés,

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CULTURE

Notes bleues pour un voyage aux Amériques...  Par Edgar DAVIDIAN | 30/05/2012

Le retour de Polly Ferman au clavier. Photo Ibrahim Tawil

RÉCITAL Retour de Polly Ferman. Après avoir interprété sur son clavier l’année dernière tangos, habaneras et milongas, voilà qu’elle récidive, dans un registre un peu différent, à l’amphithéâtre Aboukhater.

Edgar DAVIDIANNouvelles notes bleues pour un voyage au cœur de l’Amérique. Scintillements, soleil, racines hispaniques, éclats de jazz et cadences garantis.

Placé sous le triple auspice du Consevatoire national supérieur de musique, des ambassades de l’USA et de l’Uruguay à Beyrouth, Polly Ferman, cheveux blonds à ras de nuque avec ensemble pantalon et bustier piqué de sequins argentés, échancré aux épaules, a offert aux «pianophiles» venus l’applaudir un concert de qualité. Sauf la défection du système des micros totalement défaillant dans son extinction, ses éructations, ses embardées incontrôlées, même au milieu d’un morceau nécessitant recueillement et concentration. Et cela au grand dam de l’artiste et de l’auditoire. Mais où sont donc les techniciens et les

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régisseurs de la scène? Pour en revenir à l’événement, concert de qualité car Polly Ferman y a mis du cœur, de la sensibilité et, bien sûr, du talent. Talent à égrener en toute efficacité des mélodies, connues et moins connues, et à réussir des glissandos surprenants ou d’acrobatiques accords aux résonances multiples.D’emblée, la pianiste, résidant à New York, mais non moins mordue de tout ce qui est musique de l’Amérique profonde, c’est-à-dire alliance des rythmes et des cadences, du Nord au Sud, a joué la carte de la fantaisie et du coup de cœur pour cette délicieuse pérégrination sonore, pour cette invitation aux rêves des paysages du grand continent.Aux orties la rigueur d’un menu sur carte. C’est au «feeling» et au coup de cœur, par coudées franches, étapes et pauses aimées, comme autant de relais dont les souvenirs marquent, que la pianiste a rangé ses morceaux. Des morceaux qui incluaient aussi bien la Malaguena que la Comparsita à côté des partitions d’Astor Piazzolla, de George Gershwin et des tangos (brésiliens!) ou valses, qu’on (re)découvre avec plaisir, pour leurs ourlets et fioritures bien ficelés.Ouverture tout en lyrisme, teintée aux embruns de la mer, avec justement le Poème de la mer d’Ernest Bloch. Narration rêveuse avec des caresses de barcarolle et de clapotis de vagues.On salue bien bas ce chaleureux adieux à un père d’Astor Piazzolla avec l’Adios Nonino, adroitement transcrit pour clavier et interprété avec ferveur et nuance. On oublie ici la fièvre et le spleen des nuits argentines et les plages de sable de Mar del Plata, pour plonger dans une intense charge émotionnelle véhiculée par un air qui n’a pas fini de faire le tour du monde. Autre moment de grand intérêt, celui de la Rhapsodie en bleu de Gershwin en version intégralement pour piano. Rythmes envoûtants et éclats de jazz pour un opus qui n’a pas cédé encore tous les secrets de son insondable beauté sonore.Trombe d’applaudissements d’un public totalement conquis et révérence, tout en sourire et élégance, de la pianiste devant la belle gerbe de fleurs garnissant le bord des feux de la rampe.