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De l’amateur au praticien transmédiatique curieux ou 5 bonnes raisons d’en finir avec le mythe de l’amateur digital

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Page 1: De l’amateur au praticien transmédiatique curieux ou 5 bonnes raisons d’en finir avec le mythe de l’amateur digital

DE L’AMATEUR AU PRATICIEN

TRANSMEDIATIQUE CURIEUX

OU 5 BONNES RAISONS D’EN FINIR

AVEC LE MYTHE DE L’AMATEUR DIGITAL

«

Page 2: De l’amateur au praticien transmédiatique curieux ou 5 bonnes raisons d’en finir avec le mythe de l’amateur digital

UN RECIT POSSIBLE EN TROMPE L’OEIL

Oui, il y a une production amateur sur internet,

Oui il existe des communautés créatives avec

d’authentiques auteurs, pas ces commentateurs

narcissiques qui tweetent sur Top Chef.

Oui ce sont des proam, ce sont de nouveaux entrants

dans des carrières artistiques.

Oui ils désirent la célébrité, cette forme typiquement web

2.0 de la reconnaissance.

Oui ce sont les enfants perdus de la légitimité culturelle.

La faute à Google (donc la NSA) annulant les hiérarchies

culturelles avec son algorithme de recherche basé sur le

goût moyen.

Mettre un peu d’ordre culturel existe dans le bazar

d’internet.

Mais d’une certaine façon, ce serait vous mentir.

En 15 ans d’études par la voie ethnographique des

pratiques digitales, la catégorisation d’amateur s’est

montrée de plus en plus inutile :pas assez précise, trop

normative.

Catégorie « zombie » (Ulrich Beck) qui ne fait plus

réfléchir et qui s’interpose devant les terrains de

recherche.

Une fois qu’on a qualité une production digitale d’amateur

…qu’a-t-on appris sur les pratiques elles-mêmes ?

Trouver d’autres jeux de catégories, décrire de l’intérieur

(au plus près des discours, des représentations, des

gestes, des corps…) les pratiques et les usagers.

Voilà à quoi ressemblerait plutôt l’amateur sur le web.

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1-Y A-T-IL DES AMATEURS SUR LE WEB ?

Orientation théorique épistémologique et méthologique : socio—pragmatique / ethnométhodologie/C.S

Thèse sur les pratiques amateurs AV 1994

Etude des pratiques numériques « amateurs de cinéma » : étude sur cinéphilie en ligne sur Titanic en 1997. Réseaux n°99).

Entrée « amateur» toujours été pragmatique et non normative.

«Amateur / Professionnel » : Membership Categorization Device -MCD asymétrique (Harvey Sacks).

Se poser la question de l’usage de ces catégorisations.

Quand ? Comment ? Par qui ? y a-t-il appellation « amateurs » ?

Cf Film de famille relève esthétique amateur qui répond in fine aux fonctions sociales « faire famille à travers sa représentation.»

Sessions Skype sont les films de famille du digital : esthétique de la webcam, du « double écran » pour les analystes mais pour les usagers =dispositif comme pièce commune » réunissant diasporas, expats…

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2-PRATICIEN CURIEUX VS AMATEUR

«Le changement essentiel que l’Internet a

apporté est la décentralisation radicale des

moyens élémentaires de production de

l’information, du savoir et de la culture

(traitement, stockage, communication, localisati

on et détection) qui sont distribués dans

l’ensemble de la population », Yoshai

Benkler, La richesse des réseaux », PUL, 2009

Entretiens dans cadre ethnographie des

usages du numérique par les individus

connectés menées depuis plusieurs années :

Ni amateur, ni pro, mais des praticiens des

outils et des contenus au quotidien.

Aujourd’hui, tous praticiens

transmédiatiques et transcécraniques :

politique, consommation, culture….

17% des Français utilisent trois terminaux

pour se connecter à Internet; 96% des

Français utilisent chaque semaine un

ordinateur fixe ou portable, 54% un

Smartphone et 23% une tablette; 6 écrans par

foyer. (Médiamétrie juin 2013)

Des praticiens curieux dont Internet et le mobile

aiguillonnent et nourrissent la curiosité.

Le curieux, au XVIIème siècle comme au

XXIème siècle, est plutôt un omnivore qu’un

spécialiste ou un expert. Krzysztof Pomian, Collectionneurs, amateurs, curieux: Paris-Venise, XVIe -XIIIe siècles, Paris, Gallimard, 1987.

« Aujourd’hui quand tu es fan de basquet comme moi, tu te mets forcément sur les forum, tu suis tous ça sur Internet, même tu apprends l’anglais pour comprendre ce que les grands basketteurs américains disent sur youtube. Il n’a pas ceux qui vont sur Internet d’un côté et ceux qui n’y vont pas de l’autre : il y a ceux qui sont passionnés ou curieux, et ceux qui ne le sont pas. Même Georges, qui est pas une flèche, il s’est mis à l’ordinateur à cause du basket. Et mon ami qui adore l’apiculture, pareil »

Jean-Claude, 61 ans, retraité SNCF, janvier 2012

“L’ordinateur, c’est 3-4 fois par semaine, cela dépend de

ce qu’il y a à la télé. J’aime bien quand je vois quelque

chose à la télévision un truc intéressant, je vais le soir voir

les sites. “je tape sur Google un mot-clé comme “Inca”,

“Cobra Royal”. Mais je vais pas sur les premiers liens

genre Wikipédia. Je vais voir les photos et les sites de

vidéos”.

Armando, 38 ans, facadier, Paris) curieux et

inventeur de la télé connectée, janvier 2012

«C’est devenu un réflexe de prendre mon iPhone quand je

me pose une question…L’autre fois je me demandais à

quelle hauteur était la Tour Eiffel. Mon fils me dit «t’es folle

avec ton téléphone» . Moi je suis juste curieuse.»,

Claudine, 52 ans, opticienne, Paris.

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3-EXPRESSIVISME VS ESTHETIQUE AMATEUR

Praticiens transécraniques curieux qui avec leurs

outils s’expriment et communiquent.

Procédé langagier le plus commun s ur les

SNS : parler par images (« montée du web

visuel »).

Images crées par soi-même issues le plus

souvent du mobile (5,2 milliards de mobiles

actuellement en service, 4,4 milliards

sont dotés d’un appareil photo. 82% des

mobinautes prennent des photographies avec

leurs mobiles (Mary Meeker Rapport, juin 2013)

L’usage social de images crées ou re-crées par

les utilisateur est de nature conversationnelle.

Sur internet, contrairement à ce qui est

ressassé, on ne s’expose jamais à nu. Il y a

toujours une mise en forme de ce qu’on veut dire

et de ce qu’on veut montrer de soi.

Le langage de l’image –ou agencements de

signes - est comme un vêtement.

Perfomativité de l’identité comme signe :

s’auto-formuler à travers petite forme ; « dire

c’est être.»

Concept d’individualisme expressif : arrière-plan

sociétal qui habilite tout un chacun à s’exprimer

sur internet

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4-REMIXEUR DECRYPTEUR VS (A)MATEUR D’IMAGES

Les contenus crées par soi-même ou remixés

symboliquement constituent la matière

conversationnelle sur les SNS et applications

mobiles.

Usage expressif mais également « défensif . »

internet comme machine à se protéger des

contenus choquant, à décrypter, à

réinterpréter et resignifier.

jeunes interrogés pour la CNIL citent

spontanément les contenus homophobes ou

racistes, là où les adultes pensent d’abord

pornographie (CNIL, France, 2011).

Regarder un remix d’un clip « bling bling » avec

des représentations hypersexualisées des filles ou

des garçons, c’est aussi se protéger de ces

images « choquantes » par leurs stéréotypes du

genre.

Le remix est une des formes d’auto-protection

des jeunes offertes par internet.

Savoir que ces remixes existent et qu’ils peuvent

être plus visionnés encore que les contenus

sources est assez rassurant.

Les images sont toujours soumises à discussion

sur internet, elles ne sont pas consommables

simplement au premier degré sans commentaire.

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5-PARTICIPER C’EST AVOIR UNE PART

Remix s’adossant aux pratiques sociales digitales

ordinaires représente une modalité inclusive du

rapport aux oeuvres.

Remix comme format d’appropriabilité des

contenus culturels.

Consécration culturelle du remix :

Muséomix , Biblio Remix, Public Domaine

Remix, Mashup Film Festival

Il constitue l’un des formats d’une participation

culturelle éprouvée sur le web .

Logique de participation culturelle qui repose sur la

réversibilité des rôles culturels .

Culture numérique en écriture/lecture rend

encore une fois quelque peu inopérante la

notion « d’amateurs; »

Grammaire de la participation culturelle à trois

temps : » prendre part à une activité »

, «apporter une part en y contribuant » et

« recevoir une part », c'est-à-dire une

gratification rendant possible « en retour le

prendre part.» (Joëlle Zask, Participer. Essai sur

les formes démocratiques de la

participation., 2011.)

Le laboratoire du crowdfunding comme

dépassement tendance intrusive du digital

labor, du crowdsourcing : contribution &

contrepartie.