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NEXUS 66 janvier-février 2010 12 à la Une De l’autre côté . p 14 Mirage ou message ? . p. 16 Divines apparitions . p. 20 Lourdes : 150 ans de guérisons . p. 22 Quand la médecine s’incline . p. 24 Nés pour guérir . p. 26 Du chapelet au scanner . p. 28 Placebo : l’inconscient guérisseur . p. 29 Vers une psycho-spiritualité ? . p. 31 Petits miracles au quotidien . p. 33 Thierry Salmeron : « La vie donne tout. C’est ça le miracle » Phénomène surnaturel ? Intervention divine ? Autosuggestion ? Les miracles défient la raison ; les guérisons inexpliquées narguent la médecine et le scientisme triomphant. Au-delà de la croyance ou du scepticisme, que nous apprennent ces événements extraordinaires sur nous-même et notre potentiel d’autoguérison ? Le miracle est-il exceptionnel, ou bien sommes-nous exceptionnellement conscients du miracle de la vie ?

De l’autre côté - Théorie de la Double Causalité · De l’autre côté ... rer comme miraculeuses. Le miracle est-il que les tailles apparentes du soleil et de la Lune permettent

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De l’autre côté

Dossier réal isé par Jocel in Morisson

. p 14 Mirage ou message ?

. p. 16 Divines apparitions

. p. 20 Lourdes : 150 ans de guérisons

. p. 22 Quand la médecine s’incline

. p. 24 Nés pour guérir

. p. 26 Du chapelet au scanner

. p. 28 Placebo : l’inconscient guérisseur

. p. 29 Vers une psycho-spiritualité ?

. p. 31 Petits miracles au quotidien

. p. 33 Thierry Salmeron : « La vie donne tout. C’est ça le miracle »

Phénomène surnaturel ? Intervention divine ? Autosuggestion ? Les miracles défient la raison ; les guérisons inexpliquées narguent la médecine et le scientisme triomphant. Au-delà de la croyance ou du scepticisme, que nous apprennent ces événements extraordinaires sur nous-même et notre potentiel d’autoguérison ? Le miracle est-il exceptionnel, ou bien sommes-nous exceptionnellement conscients du miracle de la vie ?

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à l a U n eDossier réal isé par Jocel in Morisson

« Il n’y a que deux façons de vivre sa vie : l’une en faisant comme si

rien n’était un miracle, l’autre en faisant comme si tout était un miracle. »

Albert Einstein

du miracle

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Des apparitions mariales aux synchronicités en passant par les guérisons, la notion de miracle couvre un large éventail de phé-nomènes. C’est aussi une question de point de vue. Au sens strict, le miracle est l’irruption de l’extraordinaire, ou du « surnaturel », dans le quotidien. D’aucuns associent ce surnaturel au divin et y voient donc un acte, un signe, un message de Dieu lui-même. Du point de vue ésotériste, le miracle vient d’en haut alors que le prodige vient d’en bas. Pour les religions, le miracle est un fait de Dieu alors que le prodige est celui d’un intermédiaire entre Lui et nous. Mais dans la spiritualité moderne, « laïque », nul besoin d’intermédiaire entre Dieu et nous, puisque nous sommes Lui et qu’Il est nous. Dès lors, le miracle est à la portée de chacun, ainsi que l’affirmait Jésus. Nos fantastiques capacités d’autoguérison n’en témoignent-elles pas ? Et notre accès possible à l’expérience transperson-nelle, mystique ?Certes, tout un chacun ne se met pas à léviter dès qu’il sort de chez lui, ni ne « reçoit » les stigmates du Christ quand il songe à son martyr. Cet ordi-naire tuerait le miraculeux, qui doit rester l’exception. De plus, nous devons

Mirage ou

Avérés, suspects ou illusoires, les miracles

conditionnent le rapport au

monde de ceux qui y « croient ». Mais la question

n’est-elle pas plutôt de comprendre ?

message ?

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renoncer à comprendre le miracle, car il est inexplicable par définition. Accepter son existence revient donc à accepter un autre ordre de réalité, duquel nous serions « sépa-rés ». Mais ce point de vue est en contradic-tion avec l’idée qu’il n’y a qu’une seule réa-lité, dont nous méconnaîtrions cependant maints aspects… Le miracle serait-il alors une invitation à combler ce qui nous sépare de l’autre ordre de réalité, précisément pour réaliser l’unité ? Les spiritualités d’Asie et d’Inde nous enjoignent en effet, seulement depuis quelques millénaires, à lever ce voile des illusions.

Dieu ou diable ? Dans les religions d’Occident, le miracle est surtout asso-cié au catholicisme, et il est jugé à l’aune de son effet sur la foi. L’a-t-il renforcée, et c’est un miracle. Sinon, c’est de la magie, et nécessairement l’œuvre du diable. Le judaïsme ne s’appuie pas sur des « revendications de miracles » comme bases de la foi. La Bible précise en effet que Dieu accorde parfois à des charlatans le pouvoir de réaliser des miracles, et ce afin de mettre à l’épreuve la loyauté des juifs envers la Torah. Dans le monde musulman, la venue du Coran sur terre est un miracle, de même que le voyage nocturne de Mohamed de La Mecque à Jérusalem. Quant aux protes-tants, on le sait, ils sont très réservés sur la notion même de miracle, assimilée à des interventions ponctuelles indignes de la sagesse et de la puissance de Dieu.

AuthentificationLe problème devient donc l’authentification des miracles. La thématique est piégée parce qu’il nous est impossible de savoir si une apparente violation des lois de la nature provient d’une véritable intervention surnaturelle ou de notre méconnaissance relative de ces mêmes lois. « Ce qui ne peut pas se produire ne s’est jamais produit, et ce qui peut se produire n’est pas un miracle », disait déjà Cicéron. Un catho-lique contrarié comme Ernest Renan se défiait lui aussi des miracles, comme il l’écrit dans La Vie de Jésus : « S’il est avéré qu’aucun miracle contemporain ne supporte la discussion, n’est-il pas probable que les miracles du passé, qui se sont tous accomplis dans des réunions populaires, nous offriraient également, s’il nous était possible de les critiquer en détail, leur part d’illusion ? ». Et de conclure : « Ce n’est donc pas au nom de telle ou telle philoso-phie, c’est au nom d’une constante expérience, que nous bannis-sons le miracle de l’histoire. »

ManipulationCar en effet, l’être humain est crédule. Si les guérisons de Lourdes, par exemple, font l’objet d’une procédure d’authentification longue et minutieuse, d’autres cas com-me Medjugorje, en Bosnie, sont très controversés. Les faux gourous pullulent, jusqu’à des révélations sordides d’abus sexuels de la part de figures spirituelles suivies par des mil-lions de fidèles, comme Sathya Sai Baba. La propension à

« croire aux miracles » est largement manipu-lable par des esprits retors. La traditionnelle statuette qui pleure finit souvent sur un site in-ternet de ventes aux enchères. On y trouve aussi des tranches de pain grillé avec le visage de la Vierge, du Christ, ou même de Michael Jackson ! Le nom d’Allah et ses jolies courbes calligra-phiées est vu par de nombreux musulmans dans le moindre groupe de nuages ou une tache sur la nappe. On parle alors de pareidolie. 42 % des Français croyaient aux miracles en

2004, selon un sondage IFOP. Ils n’étaient plus que 35 % en juillet 2006 (TNS Sofres), mais seulement 8 % y voyaient une intervention de Dieu. Il serait bon de dépasser le stade de la croyance pour progresser sur le terrain de la connaissance.

Énergie vitaleÀ cet égard, l’évolution du regard de la médecine et de la psychologie sur les notions mêmes de maladie et de guéri-son est notable. Le concept d’énergie vitale – au cœur des médecines traditionnelles asiatiques, mais aussi de l’action de nos guérisseurs – commence à être pris en considéra-tion. Il permet de s’affranchir de la question de Dieu, pour se concentrer sur l’Homme et sa nature profonde. Certes, le guérisseur fait le plus souvent appel à Dieu, mais pas nécessairement dans un contexte religieux, comme en té-moignent les cas extraordinaires d’Edgar Cayce aux États-Unis, Bruno Groening en Allemagne, ou Maître Philippe en France (lire p. 24). Les guérisseurs ont des techniques, des « prières », et Daniel Meurois raconte par exemple que les Esséniens, maîtres de guérison, étaient « fâchés » par la façon dont Jésus guérissait d’un seul mot ou d’un geste. Les guérisons inexpliquées continuent à défier la science et la médecine, qui tiennent là une voie royale d’explora-tion de la nature humaine.Si la conscience est bien la clé, c’est notre rapport au mon-de qu’il faut transformer. Un auteur comme Thierry Sal-meron l’a bien compris, qui fait écho à Gurdjieff avec son concept d’homme vrai, présent, vigilant et autoréférent (lire interview p. 33). Lui-même a guéri d’un cancer et vécu une expérience de mort imminente. Cette expérience est d’ailleurs un miracle contemporain. Au beau milieu de l’ultra-modernité d’un service de réanimation, le trans-cendant se rappelle à notre souvenir.Le miracle est donc affaire de point de vue, et quiconque est capable de s’émerveiller devant la naissance d’un en-fant ou la beauté d’une rose sait voir le miracle dans la vie elle-même. La cosmologie nous enseigne que le « réglage fin » des constantes et des lois physiques a permis l’appa-rition de la vie dans des conditions que l’on peut considé-rer comme miraculeuses. Le miracle est-il que les tailles apparentes du soleil et de la Lune permettent l’éclipse to-tale, ou simplement que le soleil se lève tous les matins ? Décidément, le « nouveau paradigme » ne conduit pas à voir différemment le monde, il conduit à voir un monde différent. ●

Le miracle est-il que les tailles apparentes du Soleil et de la Lune permettent l’éclipse totale,ou simplement que le Soleil se lève tous les matins ?

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Au chapitre des apparitions, les plus célèbres sont sans aucun doute celles de Marie de Nazareth. La mère de Jésus est apparue dans plus de cent dix lieux répertoriés depuis l’an 850, en incluant les mani-festations miraculeuses comme les icônes qui pleurent. En tout, des milliers de mariophanies ont été comptabilisées, mais selon l’historien Joachim Bouflet, seules 2 % auraient été authentifiées. Bien sûr, dans de nombreux cas, il s’agit d’apparitions multiples, parfois sur de longues périodes. Ainsi, celles survenues à Le Laus (Hautes-Alpes), où la Vierge est apparue de mai à août 1664 à Benoîte Rencurel, qui fut déclarée vénérable en 1872 (reconnaissance offi-cielle par Mgr Di Falco le 4 mai 2008). À Pocs, en Hongrie, une icône « Hodigitria » de Marie se mit à verser des larmes pendant un mois, en 1696, devant les fidèles ébahis réunis pour la messe. L’icône fut transférée, mais une autre pleura à nouveau pendant deux semaines en août 1715. Et le phé-nomène se manifesta encore près de deux siècles plus tard, en 1905, pendant plus d’un mois. L’année 1858 est bien sûr célèbre pour l’apparition de l’Immaculée Conception à Ber-nadette Soubirous dans la grotte de Massabielle, à Lourdes, qui se reproduisit du 11 février au 16 juillet. Bernadette vé-cut jusqu’en 1879 et fut canonisée en 1933.

Fatima et les ovnis ? En 1917, c’est la fameuse apparition de Notre-Dame de Fa-tima au Portugal, du 13 mai au 13 octobre, devant trois jeu-nes bergers dont deux furent béatifiés en 2000 par le pape Jean-Paul II. Ce dernier était en effet concerné par la troi-sième partie du « secret de Fatima », qui annonçait préten-dument l’attentat dont il fut victime en 1981. La première partie était une vision de l’enfer, et la seconde expliquait comment mettre fin à la grande guerre.Le troisième secret parle de la mise à mort d’un pape, mais peut aussi être compris comme une métaphore de la fin de l’Église catholique. De fait, les secrets ont fait l’objet de lec-tures et d’interprétations de toutes sortes. Rappelons que l’ingénieur Christel Seval a vu dans le cas de Fatima un lien avec le phénomène ovni (La Vierge et les extraterrestres).Dans une interview au site internet ufofu.org, il confie :

DivinesApparitions, stigmates,

lévitations…, les miracles associés

à la religion, en particulier catholique,

sont légion. L’Église n’accepte

pas tout, mais entretient la flamme.

Retour sur les multiples visages de l’« extra-ordinaire ».

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« Toutes les personnes un peu curieuses du phénomène ovni ont entendu par-ler de cette suspicion concernant le soleil dansant de Fatima, et l’idée qu’il ait été en réalité un ovni. J’ai voulu creuser cette ap-parition de Fatima, d’une part, car de nouveaux faits sont remontés à la surface, via les études d’historiens portugais, et d’autre part pour établir solidement une hypothèse que les ufologues ont ra-rement approfondie, à l’exception de Gilles Pinon. (…) Ce travail réalisé sur Fatima, j’ai cherché à savoir si je pouvais étendre mes conclusions aux autres apparitions mariales qui sont nombreuses à travers le monde. » Et Seval de dé-finir les critères de parenté entre une apparition mariale et le phénomène extraterres-tre. D’abord la « sémiologie » qui se recoupe, soit le vocabulaire et la formulation : une grande lumière, un flash intense, etc. Ensuite des effets, traces physiques ou imagerie attribuables à une technologie avancée.

Danse du soleilSelon Joachim Bouflet, l’apparition de Fatima ne souffre aucune contestation. « C’est un événement unique dans l’histoire de l’Église, une mariophanie capitale de notre temps », explique-t-il. Le miracle sera certifié par l’Église treize ans après.Le phénomène de la « danse du soleil » accompa-gnant la vision est bien connu. Plus de 70 000 fidè-les et une poignée d’observateurs athés ont vu sur place le soleil tourbillonnant « avec une vitesse impé-tueuse ». Mais ils furent les seuls témoins de cette danse extraordinaire et il ne s’agissait donc, selon Joachim Bouflet, que d’« une impression donnée aux personnes sur place. » À Fatima comme à Lourdes, Marie guérit encore mystérieusement.Le cas de Lourdes est lui aussi « limpide » pour Joachim Bouflet, par la vie même de Bernadette,

« une vie de sainte ». Dix ans aupara-vant, en 1848, une « petite dame »

en robe blanche était apparue à trois fillettes à Montoussé,

près de Tarbes. Des guéri-sons avaient suivi et l’élan

de ferveur ne s’est jamais tari.En revanche, Joachim Bouflet se montre par-ticulièrement sceptique à l’égard du cas de Me-djugorje, en Bosnie-Herzégovine, comme il l’explique dans son livre Medjugorje ou la fabrique du surnatu-rel (Salvator, 1999). Sa critique de ce cas lui a

bien sûr valu des volées de bois vert de la part de

nombreux croyants.En 1981, c’est un village

paisible de la province de Mostar. Le 24 juin, des enfants

voient une dame en robe grise et l’identifient comme la « Gospa », la

Vierge. Commence alors une très lon-gue série de visions qui se poursuivrait

encore aujourd’hui, et pour cause s’il s’agit d’un mensonge devenu très rentable, comme le

pense Joachim Bouflet : « C’est un cas extrême, explique-t-il, un cas où le fait apparitionnel est fabriqué à partir d’un mensonge qui soude six visionnaires et sert de déclencheur à un processus de surenchère. » Alors que les visionnaires, aujourd’hui mariés, sont dispersés entre Croatie, Italie et États-Unis, certains

disent continuer à « voir ». Medjugorje est une affaire qui tourne, avec sites internet, 400 filiales aux États-Unis, un tourisme spirituel de 2 millions de pèlerins chaque année… Mais rien ne permet d’af-firmer qu’il s’agit d’une imposture, et faute d’évaluation « scientifique », le mieux est encore d’aller y faire sa propre expérience.

Marche à reculonsUne autre mariophanie « bien déroutante » selon Joachim Bouflet s’est déroulée à Gara-bandal, petit hameau perdu des monts Can-tabrique en Espagne. En 1961, Marie apparaît là aussi à quatre fillettes. Elle est vêtue de

Pourquoi les apparitions du Christ sont-elles moins célèbres que celles de Marie ? Dieu fait homme est-il moins « accessible » que la figure de la mère ?

apparitions

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blanc et de bleu, demande pénitence et sacrifices, dénonce « le chemin de perdition » emprunté par certains membres du clergé. Plus tard, des phénomènes extraordinaires vont se dérouler devant une foule de témoins et même des camé-ras : lévitation, marche à reculons à toute vitesse, transes, chutes sans plaie aucune.Les extases des enfants, individuelles ou collectives, se manifesteront plus d’un millier de fois jusqu’au 20 janvier

1963, et seront même souvent annoncées plusieurs jours à l’avance. Le culte s’est lui aussi maintenu à travers le temps, d’autant qu’un grand miracle a été annoncé dans le dernier message de Marie. Il se produira un jeudi soir à 20 h 30 d’une année non précisée, coïncidera avec un évé-nement important pour l’Église, et est destiné à convertir le monde entier.Notons que les apparitions de Marie se manifestent sou-vent à des enfants. Question de pureté d’âme sans doute. Ainsi, tout comme à Garabandal, « une belle dame s’inscrivant au cœur d’un cercle d’étoiles » apparaît à six enfants âgés de 4 à 12 ans à Pontmain (Mayenne) en 1871. L’un d’eux décrit « une robe d’un bleu très profond », parsemée « d’étoiles d’or à cinq pointes, de même grandeur », qui « brillent sans émettre aucun rayon… ».

Et le Christ ? Au final, Marie est apparue aux quatre coins de la planète, avec certes une prédilection pour l’Europe catholique. On l’a vue en Inde, en Amérique du Sud, en Afrique, en Corée, en Océanie. Mais elle est également apparue à des protes-tants qui se sont convertis sur le champ, ainsi qu’à des mu-sulmans en Égypte ou au Liban. Elle parle, elle sourit, elle pleure, elle guérit… L’Église accorde son imprimatur avec parcimonie et ses membres se querellent indéfiniment autour de certains cas, jusqu’au schisme.Pourquoi les apparitions du Christ sont-elles moins « célè-

bres » que celles de Marie ? Dieu fait homme est-il moins « accessible » que la figure de la mère ? Le Christ est en fait plus connu pour ses mi-racles, ceux du Nouveau Testament en premier lieu. Aux noces de Cana, il change l’eau en vin, un « nectar » disent les convives. En rompant sept pains, il nourrit une foule de qua-tre mille personnes. Il apaise une tempête, il ressuscite Lazare d’entre les morts, il marche sur les eaux… Autant de prodiges auxquels s’ajou-tent vingt-cinq récits de guérisons miraculeuses.Le plus grand miracle est sa propre résurrection, trois jours après sa mort. Si les miracles sont au cœur de la tradition chrétienne, seules les traditions catholique et orthodoxe les reconnaissent comme réels, et les considèrent réalisables par des saints.

Visages de BélmezApparitions toujours, mais de visa-ges cette fois avec l’affaire des « vi-sages de Bélmez ». Dans une maison ordinaire de ce village d’Espagne, un visage est spontanément apparu sur le sol de la cuisine le 23 août 1971. Impossible de l’effacer, on décide de changer le plancher, et voilà un nou-veau visage qui apparaît. Pendant de nombreux mois, ce sont plusieurs visages qui vont ainsi se dessiner sur le sol de la cuisine et dans d’autres pièces. Certains sont changeants, d’autres apparaissent puis dispa-raissent.Aucune enquête n’a pu prouver de supercherie, en revanche il est éga-lement apparu… que la maison se situait à l’emplacement de plusieurs cimetières qui s’étaient succédé au fil des siècles !

StigmatesLes stigmates sont une autre manifestation « paranormale » de la foi. Comme le rappelle Jean-Pierre Girard dans l’Ency-clopédie du Paranormal (J’ai Lu, 1963), on utilise le terme de dermographisme pour désigner la stigmatisation en dehors d’un contexte religieux. Robert Tocquet dans Les Mystères du Surnaturel estime que la stigmatisation est le plus souvent un fait religieux, mais qu’il peut aussi être un fait expérimental ou même… diabolique. De fait, il montre qu’il peut être sug-géré, par conséquent il peut aussi être autosuggéré.

Pendant de nombreux mois, ce sont plusieurs visages qui vont ainsi se dessiner sur le sol de la cuisine et dans d’autres pièces.

Les quatre fillettes de Garabandal, en Espagne.

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Ce phénomène illustre-t-il la puissance de l’inconscient, plus que celle de la foi ? Les mystiques chrétiens stigmatisés célèbres sont François d’Assise, Catherine de Sienne, Thé-rèse d’Avilla, Padre Pio, Thérèse Neumann… L’islam men-tionne également des cas de stigmatisations qui rappellent

les blessures subies par le Prophète. Dans le

cas des catholiques, les blessures de la Passion du Christ ne s’infectent pas, mais exsudent lé-gèrement et régu-lièrement.Recevoir les stig-mates est une grâce, et s’accom-pagne bien sûr d’autres manifes-tations. Un des premiers cas de

stigmatisation étudié par la science remonte au début du XIXe siècle, avec Anne-Catherine Emmerich, dite « la nonne de Dülmen ». En 1813, alors que Napoléon tenait l’Europe, une pauvre religieuse de Westphalie subsistait presque sans manger ni boire, avait des visions, lisait dans les pensées, assistait en esprit à des événements lointains ou anciens, lévitait… et portait des stigmates qui saignaient chaque vendredi. Dans un contexte tendu entre protestants et ca-tholiques, la nonne fut au cœur d’intenses querelles, mais l’abbé Manesse rapporte qu’elle fit l’objet d’un suivi médi-cal très rigoureux mandaté par le vicariat.Selon Jean-Pierre Girard, le cas le mieux étudié à ce jour reste celui de la Belge Louise Lateau, dont les stigmates fu-rent visibles de 1869 à sa mort en 1884. Aucune explication n’a bien sûr été trouvée par la ribambelle de savants qui se sont relayés à son chevet, mais une communication à l’Aca-démie belge de médecine a précisé que tous les contrôles et examens possibles avaient été réalisés.

Cas d’inédieLe sociologue du CNRS Jacques Maître a consacré des an-nées d’étude à ces cas, et regrette que la science ne soit pas assez souvent convoquée par l’Église pour authentifier le « miracle ». Un seul cas d’inédie, ou vie sans alimentation a ainsi été étudié par Pierre Janet à la fin du XIXe siècle, et ce dernier a fait part de sa perplexité.Dans le cas de Marthe Robin, elle aussi stigmatisée et qui ne se nourrissait que d’hosties, Jacques Maître explique qu’il a parlé avec plusieurs membres de sa famille, dont la personne qui veillait quotidiennement sur elle. Il apparaît que Marthe Robin se disait absolument disposée à se sou-mettre à des examens médicaux si l’Église le lui deman-dait. Or, aucune autorité ecclésiale n’a pris d’initiative en ce sens. De même, nul n’a analysé le sang qui suintait des plaies du Padre Pio. En outre, Catherine de Sienne était anorexique, et elle est morte quand elle a totalement ces-sé de s’alimenter et de boire. Difficile donc d’y voir clair parmi tous ces cas extraordinaires, mais la médecine et la science semblent toujours largement dépassées par les événements. ●

Dans l’islam, l’ex-recteur de la Mosquée de Paris Dalil Boubakeur a écrit qu’il n’existe pas de « méthodologie rigoureusement établie sur les guérisons miraculeuses ». La maladie vient de Dieu et toute guérison, même non miraculeuse, est un bienfait de Dieu. Il existe des rites de guérison très anciens, notamment dans le soufisme. De grands mystiques tels Sohra-Wardi ont bénéficié de faits miraculeux ou de visions. L’islam distingue les faits prodigieux rapportés à des saints (walis) ou mystiques (guérisons, lévitations, bilocations, contrôle des éléments, etc.), et les miracles liés à la mission et la vie des prophètes, qui garantissent l’authenticité même de cette mission. Ainsi, « la résurrection d’un mort est un miracle, mais la guérison d’un lépreux ou d’un paralytique, un prodige (Karamat) lorsqu’elle survient du fait d’un thaumaturge ou d’une invocation adressée à Dieu », précise le Dr Boubakeur.(Voir aussi www.miraclesducoran.com)

Dans le judaïsme, le premier miracle est la création du monde. La maladie est un malheur et, selon Maimonide, Dieu donne l’obligation de traiter les maladies. « La prière a une importance capitale », précise le Dr Charles Sulman (dans Les Voies de la guérison, Thouvenin). Tout médecin doit prier, et c’est Dieu qui guérit. « La croyance en l’effet curatif d’un endroit saint ou d’une sainte relique est inconnue du judaïsme », mais il reconnaît, tout comme l’islam, les « guérisons miraculeuses » de l’Ancien Testament. Hanina ben Dossa est célèbre pour ses prières qui guérissaient. De nos jours, certains rabbins cabalistes obtiendraient des guérisons inexpliquées.

Dans l’hindouisme, le miracle est « quotidien », car l’ascèse du malade produit des phénomènes qui entraînent la guérison, explique Bernard Thouvenin (Les Voies de la guérison). Le malade doit lui-même prier, et offrir des dons. Shiva est invoquée, mais aussi les grandes forces de la nature, avec rituels de guérison et offrandes.

Dans le bouddhisme, le concept de guérison est central, car tout le chemin vise à se libérer de la souffrance. Le Bouddha a soigné, mais fait peu de guérisons « miraculeuses ». Les prodiges ne manquent cependant pas : lévitation des moines, pouvoirs psychiques. Aujourd’hui encore, « le petit Bouddha » (Ram Bahadur Bomjon) serait en méditation depuis des années au Népal. Il n’aurait ni mangé ni bu pendant six mois, soit un cas inédit d’inédie !

. Miracles et religions

Le jeune Népalais surnommé « le petit Bouddha » a attiré plus de 200 000 pèlerins du monde entier.

La mystique allemande Anne-Catherine Emmerich (1774-1824).

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Lourdes est bien sûr l’archétype du sanctuaire prodi-gieux, depuis la découverte de la source de la grotte de Massabielle par Ber-nadette Soubirous en ce 25 février 1858. Lourdes est unique, c’est aujourd’hui « une rivière de prières », comme l’écrit Pierre Lunel dans Les Guérisons miracu-leuses. Mais Lourdes est unique aussi et surtout parce qu’un bureau médical y a été ouvert dès 1883 pour étudier des cas de guérisons tous plus spectaculai-res les uns que les autres. Miracles de la prière, prodiges de la foi, ou puissance de l’autosuggestion comme l’affirment des rationalistes qui n’ont plus que cette branche à laquelle se raccrocher ? À chacun de se faire son opinion, mais il est certain en tout cas que les données ne manquent pas.

Deux tumeurs disparaissentTrois jours après la découverte de la source par Bernadette, alors qu’il gèle « à pierre fendre », nous raconte Pierre Lunel, Justine Duconte-Bouhort ose plon-ger dans l’eau glacée son bébé de dix-huit mois, mourant et inerte, en dépit des protestations de son entourage. Le lendemain, l’enfant est en parfaite santé. La longue série vient de démarrer. Quelques jours plus tard, Louis Bour-riette, ancien tailleur de pierres dont l’œil a été crevé par un éclat, demande à sa petite fille d’aller lui chercher un peu d’eau de la source. Il souffre encore atrocement de son œil depuis l’accident, survenu vingt ans auparavant. L’eau

Lourdes : Les aveugles voient, les

paralytiques se lèvent, les comateux se réveillent.

Lourdes continue de guérir, de fasciner et surtout

d’interroger la médecine qui constate, sans expliquer.

Bernadette Soubirous (1844-1879)

Lévitation. C’est l’un des phénomènes mystiques les plus spectaculaires, mais il est plus volontiers associé à l’Inde et au Tibet qu’au monde chrétien. La faute à Tintin au Tibet bien sûr. Il est aussi l’un des moins étudiés, probablement en raison de sa rareté. Toutefois, les observations extraordinaires ne manquent pas. Dans Les Mystères du surnaturel, Robert Tocquet a confirmé l’authenticité de quelques expériences, dont celles auxquelles participa le médium et voyant écossais Dunglas Home. Le 16 décembre 1868, il pratique une lévitation spectaculaire dans un salon où se trouve notamment le grand savant Crookes. Il se déplace à l’horizontale, passe par la fenêtre (au sixième étage), revient dans la pièce… Autre lévitant fameux, Saint Joseph de Coppertino (1603-1663), présenté par le Pape Jean-Paul II comme le « saint de la lévitation ». La lévitation complète d’un yogi a été observée à plusieurs reprises par une équipe de chercheurs russes à l’académie des sciences du Kazakhstan, à Alma-Ata, dans les années 70. Incorruptibilité. Dans un essai intitulé Cadavres extraordinaires, l’anthropologue Michel Fromaget passe en revue les phénomènes extraordinaires associés aux corps des grands mystiques. On y parle de luminescence post mortem, d’absence de rigidité cadavérique, d’odeur de sainteté, d’huiles et liqueurs balsamiques, d’incorruptibilité, voire de disparition du cadavre. L’Américaine Joan Cruz a étudié cent deux cas d’incorruptibilité authentifiés par l’Église catholique. L’un d’eux est celui de Maria Anna Ladroni qui mourut à Madrid en 1624. Cent sept ans plus tard, sa dépouille mortelle fut exhumée sur l’ordre des autorités religieuses lors de son procès de béatification. « Il n’y eut pas moins de onze docteurs et chirurgiens pour procéder à l’examen de la dépouille, relate Joan Cruz. (…) Les viscères, les organes et les tissus apparurent dans un parfait état de conservation, encore humides, fermes et élastiques au toucher. Le cadavre était imprégné d’une sorte de fluide odorant, qui répandait des effluves persistants. »

. Phénomènes mystiques

Saint Joseph de Copertino par Fergus Mchardy.

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est encore boueuse, mais il se l’applique immédiatement sur l’œil. La commission d’enquête écrira : « À peine eut-il lavé son œil qu’aussitôt il aperçut la lumière. Deux heures après, il distinguait les objets, quoiqu’avec difficulté. » Deux, trois, quatre aveugles sont guéris au contact de Bernadette qui se défend : « Je n’ai guéri personne ! » Dès sa première année d’activité, la commission médicale étudie trente cas de gué-rison, et en retient sept comme miraculeux. Les guérisons sont spectaculaires, mais surtout, elles sont inexplicables. Comme ces deux grosses tumeurs qui disparaissent en une nuit du corps d’un garçon de 13 ans, Henri Busquet. Comme ces séquelles d’un choléra contracté en 1834 qui ont valu quatre extrêmes-onctions dans l’année à Madeleine Rizan, et s’évanouissent en une heure. « Toutes ces affections sont lentes à guérir. Cette seule considération, mise en regard de la soudaineté de la guérison, suffit à prouver que ce fait s’écarte de l’ordre de la nature », observe à l’épo-que le Pr Vergez.En fait, depuis son ouverture le bureau médical de Lourdes a enregistré près de 7 000 déclarations de guérisons. Si « seulement » 67 cas ont été reconnus par les autorités vaticanes, c’est que les critères sont extrêmement sévères. Le diagnostic de maladie in-curable doit avoir été posé au préalable. La guérison doit être spontanée, totale et surtout, définitive. C’est pourquoi certains dossiers mettent des années avant d’être validés, car une rechute ferait de l’om-bre au miracle. La procédure est un examen par le bureau médical de Lourdes, puis un transfert au Co-mité médical international, et enfin une investiga-tion par le diocèse d’origine de la personne guérie. C’est lui qui se prononce sur le caractère miraculeux de la guérison. Le critère ultime est simple : il doit s’agir d’un signe de Dieu !

« Le problème ce n’est pas la guérison »En 2006, Mgr Perrier, évêque du diocèse de Tarbes et Lourdes, s’est demandé si le temps des miracles de Lourdes proclamés en tant que tels par l’Église et les sanctuaires (lieux de pèlerinage) était révolu. Lors de la reconnaissance officielle de la dernière miraculée de Lourdes, Anna Santaniello, une Ita-lienne de 94 ans, la communication avait été très discrète du côté des sanctuaires, en contraste avec l’écho médiatique qu’avait eu la nouvelle à l’étran-ger. Certes, cette déclaration intervenait quelques jours à peine après le décès du précédent mira-culé, Jean-Pierre Bély, guéri d’une sclérose en pla-ques en 1987. Mgr Perrier ne voulait pas donner une impression d’opportunisme et les sanctuaires ont estimé que les conditions médicales, légales et administratives n’étaient pas toutes réunies pour qu’ils reprennent à leur compte la décision de l’ar-chevêque de Salerne. Mgr Perrier indiquait qu’il s’agissait là du cœur du problème : « Jamais plus un

médecin ne se risquera à affirmer définitivement et de manière certaine que telle personne a telle maladie irréversible ou mortelle. En revanche, il peut constater les symptômes de telle ou telle ma-ladie et sa guérison, ce qui n’est pas contradictoire médicalement. Le problème, ce n’est pas la guérison, c’est la certitude scientifi-que qu’un patient donné est porteur d’une maladie précise. De telle manière qu’il manquera toujours une pièce au dossier ou une preuve médicale pour reconnaître un miracle ». C’est pourquoi il souhaitait mettre au point, « en lien avec le comité médical international et le bureau médical des sanctuaires », un statut spécifique pour les personnes dont la guérison est mani-festement liée à Lourdes, mais qui ne seraient pas appelées miraculées. À l’appui de sa proposition, l’évêque soulignait que ce statut pourrait s’appliquer à une « bonne vingtaine

de déclarations sérieuses », notamment une dame vouée à une mort certaine et plongée dans un coma artificiel depuis plus de six semaines. On a prié pour elle à la grotte, et elle s’est réveillée subitement guérie. Notons que l’effet placebo ne peut guère être invoqué ici.

Cinq cas remarquablesEn décembre 2008, le Comité médical internatio-nal de Lourdes (Cmil) a de son côté déclaré « re-marquables » cinq cas de guérisons non encore reconnues miraculeuses, dont celle évoquée ci-dessus. Madame B., 53 ans, souffrait de myopa-thie depuis l’enfance et vivait en fauteuil roulant depuis l’âge de 34 ans. Après six pèlerinages à Lourdes en 2004, elle s’est trouvée définitive-ment guérie après avoir enfin demandé la gué-rison pour elle-même. Une autre dame, atteinte d’une sclérose en plaques qui la contraignait à se déplacer en fauteuil roulant, a retrouvé une vie normale sans appui médical. Tout comme cet homme souffrant de sévères douleurs dorsales et que la morphine ne parvenait plus à soulager, et encore cette dame souffrant de séquelles d’un grave accident de la circulation. « L’arbre des mi-racles ne doit pas cacher la forêt des guérisons », a es-timé le Pr François-Bernard Michel, président du Cmil. En août 2009, une Italienne de 50 ans, An-tonietta Raco, immobilisée depuis 2005 par une sclérose latérale amyotrophique, a été guérie de manière inexpliquée et subite après un pèleri-nage à Lourdes. Cette déclaration a été faite par son neurologue personnel à l’hôpital de Turin : « Je n’ai jamais vu un cas comme celui-là, car du point de vue de la littérature médicale, il n’y a jamais eu de cas de régression de la maladie », a-t-il affirmé dans les médias transalpins.La liste n’est pas close, loin s’en faut, car même si ce n’est pas Marie, l’eau de la source, ou la foi profonde, il y a bel et bien « quelque chose » qui guérit à Lourdes. ●

150 ans de guérisons