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De l’Ecole de surintendantes d’usine à l’ETSUP : 100 ans de formation de travailleurs sociaux Pour fêter dignement son centenaire, l’Ecole supérieure de travail social (ETSUP, 8 Villa du Parc Montsouris à Paris 14 e ) avait prévu de nous convier au mois de novembre dans les chics Salons de l’Hôtel de Ville à Paris. Un changement de programmation entraîne le report de cette manifestation. 1 Quatre sujets seront traités pour être rediffusés à la radio : « Les femmes dans le travail social : l’esprit des surintendantes dans le monde actuel », « Regards sur la famille et l’intérêt de l’enfant », « Le travail social et le monde du travail », « Former des professionnels du travail social au XXI e siècle ». Les deux journées seront couronnées par une exposition… et par une nouvelle édition du « bal des surintendantes » : en piste pour la danse ! 1Voir la page d’actualité du site de l’ETSUP : http://www.etsup.com/Centenaire-Ecole-et-Association. supplément de la lettre 1 Supplément du n°57 - Septembre 2017 - Ce « S » brodé à l’épaule, c’est celui de Superman ? - Non, c’est le « S » de Surintendante, voyons ! Affiche du « bal des surintendantes » pour les 50 ans de l’Ecole en 1967

De l’Ecole de surintendantes d’usine à l’ETSUP : 100 … · L’offre de formation se diversifie aussi largement jusqu ... Antoinette au Vietnam L’ETSUP a ... rendus de stage

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De l’Ecole de surintendantes d’usine à l’ETSUP :100 ans de formation de travailleurs sociaux

Pour fêter dignement son centenaire, l’Ecole supérieure de travail social (ETSUP, 8 Villa du ParcMontsouris à Paris 14e) avait prévu de nous convier au mois de novembre dans les chics Salons del’Hôtel de Ville à Paris. Un changement de programmation entraîne le report de cette manifestation.1

Quatre sujets seront traités pour être rediffusés à la radio : « Les femmes dans le travail social :l’esprit des surintendantes dans le monde actuel », « Regards sur la famille et l’intérêt de l’enfant »,« Le travail social et le monde du travail », « Former des professionnels du travail social au XXIe

siècle ». Les deux journées seront couronnées par une exposition… et par une nouvelle édition du « baldes surintendantes » : en piste pour la danse !

1Voir la page d’actualité du site de l’ETSUP : http://www.etsup.com/Centenaire-Ecole-et-Association.

supplément de la lettre 1

Supplément du n°57 - Septembre 2017

- Ce « S » brodé à l’épaule, c’est celui de Superman ?- Non, c’est le « S » de Surintendante, voyons !

Affiche du « bal des surintendantes » pour les 50 ans de l’Ecole en 1967

L’Ecole de surintendantes d’usines est fondée en 1917, en même temps qu’est inventé enFrance le service social du travail. Les hommes partis au front, l’industrie de guerre fait largementappel au travail des femmes. Or les conditions très difficiles dans lesquelles il s’exerce suscitent desgrèves et inquiètent les autorités. La santé reproductrice de ces femmes, tout autant que laproduction d’armes, sont en péril… La découverte en Angleterre des « Ladies superintendents »,chargées de superviser la vie des ouvrières dans les usines depuis 1913, agit comme une révélationauprès du Conseil national des femmes françaises (CNFF). Cinq de ses membres (Marie Diemer,Renée de Montmort, Marie Routier, Cécile Brunschvicg et Henriette Viollet), toutes engagées dansdes œuvres sociales, fondent une école professionnelle, laïque, gérée elle-même par une associationprofessionnelle, toutes deux ouvertes aux nouvelles surintendantes d’usines. Les missions de cesdernières sont très larges, depuis l’embauche, l’affectation des postes, l’instruction des plaintes,jusqu’au bien-être et à l’hygiène des ouvrières.

Quelques figures de l’Ecole de surintendantes d’usine

Marie Diémer (1877-1938), cofondatriceIssue d’une famille alsacienne protestante, fille de notaire, elle a déjàparticipé en 1914 à la création de l’Association des infirmières visiteuseset se soucie de la formation de ces personnels. Elle fondera en 1919l’école d’action sociale Pro Gallia. En 1927, elle rédigera aussi avecMarie-Jeanne-Bassot une brochure en forme de manifeste sur lescentres sociaux.

Cécile Brunschvicg (1877-1946), cofondatriceIssue d’une famille bourgeoise juive, elle a pris assez rapidement desresponsabilités dans deux grandes associations féministes réformistes (leCNFF et l’UFSF) où elle se préoccupe du travail des femmes. Elles’engagera en 1924 au parti radical et radical-socialiste et sera nomméeen 1936 sous-secrétaire d’État à l’Education nationale dans le premiergouvernement Blum.

Jane Sivadon (1901-1995), directriceFille de pasteur protestant, elle entre à l’Ecole de surintendantesd’usine en 1927 et obtient son diplôme en 1932. Elle devientdirectrice-adjointe de l’Ecole en 1933 puis directrice en 1939. Arrêtéeen 1942 puis déportée pour sa participation très active au sein dumouvement de Résistance « Combat », elle quitte ses fonctions à sonretour en 1945. L’un de ses frères est le psychiatre Paul Sivadon.

supplément de la lettre 2

Cette formation d’élite est obligatoirement précédée par un stage d’ouvrière éliminatoire de 15 joursen usine. Elle dure d’abord trois mois, puis six en 1920, et comprend des enseignements théoriques,des conférences, des cours pratiques par des surintendantes. En 1923, l’association est reconnued’utilité publique et prend le nom d’Association des surintendantes d’usines et des services sociaux,pour marquer l’extension après-guerre de son secteur aux industries civiles. Puis, en 1926, la fusionavec l’Ecole d’assistantes sociales « Pro Gallia » permet la réorganisation et l’allongement des étudesà deux années, une d’études générales et une de spécialisation, après obtention du diplômed’infirmière. La durée de la formation est encore étendue avec l’institution du diplôme d’Etat en 1932(deux ans pour être assistante sociale, puis trois en 1938, deux ans supplémentaires pour êtresurintendante). Dans le même temps, le diplôme de surintendante reçoit le visa de l’Educationnationale en 1938.

Au début de la Seconde guerre mondiale, l’école doit mener la formation intensived’auxiliaires sociales et d’auxiliaires sociales du travail à la demande de l’Etat. En 1942, plusieursmembres du personnel actifs dans le réseau de Résistance « Combat » d’Henri Frenay, dont ladirectrice Jane Sivadon, sont arrêtés par la Gestapo et envoyés en déportation. La même année,l’école située rue Dareau depuis 1927, puis installée rue Princesse en 1935, est déménagée au 5 rueLas Cases, siège du Musée social. En 1942 encore, le Ministère du Travail institue un diplômeconcurrent, le brevet de conseillère du travail, qui sera suivi en 1946 par le diplôme de conseiller chefdu travail. Il faudra attendre 1965 pour que l’équivalence du diplôme de surintendante soir reconnue.

Entre-temps, l’école est devenue mixte en 1947 et a assuré la spécialisation d’assistantesociale coloniale entre 1945 et 1961. En 1949, au terme d’un accord passé avec l’Education nationale,elle devient l’Ecole technique des surintendantes d’usines et de services sociaux. Elle s’ouvre à desméthodes de pédagogie active en 1952, puis organise en 1959 sa première session d’initiation au« case work ». La formation « group work » est lancée à partir de 1962, tandis que l’« approcheglobale » est mise en place en 1971. A partir des années 1970, l’école passe convention avecl’Université pour permettre à ses élèves d’accéder à un cursus universitaire, à Paris VII d’abord, à ParisX Nanterre ensuite. L’offre de formation se diversifie aussi largement jusqu’à aujourd’hui (DSTS, en1979, CAFDES en 1986, puis éducateurs spécialisés, éducateurs de jeunes enfants…). En 1985, l’écoleinstallée depuis 1961 au 175 boulevard Saint-Germain est déménagée au 8 villa du Parc Montsouris.Elle est rebaptisée Ecole supérieure de travail social (ETSUP) en 1990.

Une usine d’armement en 1916

Le diplôme de surintendante en 1939

supplément de la lettre 3

Dossiers d’élèves et mémoires

Des candidates désireuses de servir... et des professionnelles

La formation d’assistante sociale coloniale entre 1945 et 1961 : Antoinette au Vietnam

L’ETSUP a initié en 2016 avec le CNAHES un travail sur le volume considérable de ses archives. Lesdossiers des élèves, de même que les mémoires, ont été intégralement conservés. Les comptesrendus de stage en usine sont en particulier des petits chefs d’œuvre professionnels, décrivant la vie àl’usine de ces stagiaires clandestines avec, autant que possible, la prise de recul requise parl’examinatrice… Ce fonds a vocation à rejoindre les Archives nationales à Pierrefitte.

supplément de la lettre 4