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DE L'ENCEINTE DU FAUBOURG SEPTENTRIONAL DE PARIS, ANTÉRIEURE A CELLE DE PHILIPPE AUGUSTE, ET DE LA POSSIBILITÉ D'EN RETROUVER DES FRAGMENTS Author(s): Adolphe Berty Source: Revue Archéologique, 11e Année, No. 2 (OCTOBRE 1854 A MARS 1855), pp. 513-519 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41746249 . Accessed: 22/05/2014 08:06 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 193.105.154.131 on Thu, 22 May 2014 08:06:11 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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DE L'ENCEINTE DU FAUBOURG SEPTENTRIONAL DE PARIS, ANTÉRIEURE A CELLE DEPHILIPPE AUGUSTE, ET DE LA POSSIBILITÉ D'EN RETROUVER DES FRAGMENTSAuthor(s): Adolphe BertySource: Revue Archéologique, 11e Année, No. 2 (OCTOBRE 1854 A MARS 1855), pp. 513-519Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41746249 .

Accessed: 22/05/2014 08:06

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DE L'ENCEINTE DU FAUBOURG SEPTENTRIONAL DE PARIS,

ANTÉRIEURE A CELLE DE PHILIPPE AUGUSTE,

ET DE LA POSSIBILITÉ D'EN RETROUVER DES FRAGMENTS.

Les démolitions exécutées depuis quelques années sur une si vaste échelle , et qui ont déjà tant modifié l'aspect de la ville de Paris, ont causé bien moins de regrets aux archéologues qu'elles ne leur ont apporté de notions intéressantes; et il n'en peut être autrement à l'avenir, car les monuments de quelque importance sont à peu près tous à l'abri de danger, et il n'est plus un quartier ayant assez conservé de sa physionomie ancienne, pour qu'on puisse en voir avec peine la destruction. Bien loin de là , plus on a le désir de jeter quelque jour sur les questions relatives à la topo- graphie du vieux Paris, plus on doit souhaiter d'en voir bouleverser le sol, qui fournit des renseignements dont l'authenticité ne sau- rait être contestée, et auxquels il est le plus souvent impossible de suppléer, au moins d'une manière entièrement satisfaisante. C'est ainsi que le prolongement de la rue de Rivoli , au delà de la place Baudoyer, va peut-être, et assez probablement, démontrer maté- riellement qu'il y a eu. sur la rive gauche de la Seine, une en- ceinte antérieure à celle de Philippe Auguste, et fournir des données pour restituer une portion de son parcours. Nous croyons donc qu'il n'est pas inutile de rappeler ce qui a été dit à ce sujet, en faisant connaître trois documents nouveaux que nous avons récemment découverts et qui nous paraissent parfaitement concluants. Nous n'avons d'ailleurs pas la moindre intention de traiter la matière à fond ; nous ne nous sentons pas en mesure de le faire, parce que nos études ayant porté spécialement , jusqu'ici , sur la Cité et l'Université , nous sommes fort loin d'avoir exploré les diverses sources où nous entretenons l'espoir de trouver de plus amples éclaircissements. Notre but est seulement d'attirer l'at- tention sur les fouilles qui doivent avoir lieu prochainement, et de faire voir combien il y a de chances pour qu'elles donnent des résultats curieux.

L'existence d'une enceinte carlovingienne, ou au moins contem- poraine des premiers Capétiens, a été admise par la plupart de*

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514 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. historiens; mais elle a été niée par d'autres. Afin d'épargner les recherches au lecteur, nous allons remettre sous ses yeux les preuves qui ont été apportées à l'appui de l'opinion affirmative; ces preuves, du reste, ne sont pas abondantes et , à l'exception d'une , ont toutes été recueillies et publiées par le commissaire Delamarre, dans son Traité de police. Nous les énoncerons succinctement, sans discuter les objections dont elles ont été l'objet, et que réfutent suffisamment les documents inédits dont nous venons de parler.

Io Dans une charte de Lothaire, donnée vers 980, et où il est question de la chapelle Saint-Georges , qu'on sait avoir été située près de la rue Saint-Magloire actuelle, cette chapelle est dite In suburbio Parisiaco , hauet procul a mœnibus , et il ne paraît pas probable qu'on se fût exprimé de cette façon, si Paris n'avait eu alors d'autre enceinte que celle de la Cité et que le faubourg du nord en eût été dépourvu (1).

2° Dans un compte des revenus de l'abbaye Saint-Denis , rendu vers 1145, le célèbre abbé Suger, ministre de Louis le Gros , parle d'une maison qu'il avait acquise, et qui était située super..., porta Parisiensi , versus sanctum Mederimm , et il est encore fait mention de cette porte dans un titre de 1263, relatif à une maison ayant pour enseigne le Fléau, sur laquelle le roi prélevait un droit. Cette porte est celle qu'on nommait la porte ou Y archet Saint - Merry ; on en trouve de fréquentes indications , et il est bien certain que ce n'a pu être qu'une porte de ville (2).

3° Dans un acte de 1253, il est dit que les Templiers possédaient une rente de cinquante sous sur deux masures à la porte Baudoyer, joignant les murs le Roi , qui doivent être ici , non ceux de Philippe Auguste, mais ceux qui les ont précédés. L'exactitude de cette affir- mation résulte de celle de la preuve suivante , dont nous démon- trerons plus loin la vérité.

4° Dans des lettres patentes de Philippe le Hardi , datées de 1280, et relatives à l'étendue du fief de saint Éloy, vers la rue Saint-An- toine , on lit que ce fief s'étendait juxta venditor es piscium , prope portam Bauderii , a domo Johannis des Carniaux , que est de dicto ter- ritorio sancii Eligii , per quem muri veteres Parisienses ire solebant.

(1) Nous supprimons la seconde preuve de Delamarre , car elle n'a aucune valeur. (2) Nous n'insistons pas, à dessein , sur celte porte , parce que nous aurons l'oc-

casion d'en reparler plus tard dans ce même recueil, et probablement en nous ap- puyant sur des renseignements plus précis que ceux dont nous disposons mainte- nant, quoique nous connaissions déjà, à quelques mètres près, l'emplacement qu'elle occupait.

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ENCEINTE DU FAUBOURG SEPTENTRIONAL DE PARIS. 515 Cette citation est extrêmement explicite , et nous allons prouver qu'il est impossible (le l'entendre autrement que ne l'a fait Dela- marre.

5° Raoul de Presles, qui écrivait entre 1371 et 1375, affirme que l'archet Saint-Merry était une porte de l'ancienne enceinte de Paris, et qu'un des pieds droits de cette construction existait encore de son temps : « depuis , dit-il , fut habitée et fermée Paris jusques au lieu que len dit à V archet Saint-Marry , où il appert encore le costé d'une porte (1). » Ce témoignage est aussi précieux par l'époque où il a été donné , que par sa précision. Puisque la ville est dite avoir été fermée , on n'est pas fondé à soutenir, comme on l'a fait, qu'elle n'était pas entourée d'une muraille ; puisqu'on voyait encore le costé d'une porte , il n'y avait pas d'erreur possible sur la desti- nation de l'archet Saint-Merry : c'était une des entrées de la ville, et non pas celle du cloître de la Collégiale, comme s'est plu à l'af- firmer de Mauperché.

La dernière preuve que les auteurs aient rapportée, celle que n'a pas connue Delamarre, n'est pas moins positive que les précé- dentes. Elle se tire d'un compte des dépenses à faire pour la con- struction , ordonnée par Philippe Auguste , d'une enceinte sur la rive gauche; cette sorte de devis, qu'a fait connaître Bonamy (2), est ainsi formulé : « Taschia murorum Parisiensium. Circuitus « ville ex parte Parvi pontis habet xiic tesias et lx; et pro unaquaque « tesia c solidos , cum tornellis ; de spissitudine veteris muri ex parte « magni pontis, et tribus pedibus altitudinis grossi muri; et desuper « clipeum et kernellum; et sex porte ; et unaqueque porta debet « constare vixx lib. Summa viim et xx lib. » Il est impossible de donner un sens raisonnable à ces mots veteris muri , ex parte magni pontis , si l'on n'admet pas qu'ils ont rapport à une ancienne clô- ture du faubourg septentrional.

Telles sont les preuves qui ont été publiées jusqu'à ce jour; prises séparément, peut-être laissent-elles quelque hésitation dans l'esprit ; mais réunies, elles forment un ensemble si probant que, pour se refuser à en tirer des conséquences affirmatives, il faut, certes, ou un parti pris d'une singulière obstination, ou une étrange dose de timidité. L'un et l'autre, croyons-nous, céderont devant l'exposé des faits suivants :

Io II est incontestablement hors de toute discussion, que si le pas-

(1) Cité de Dieu, liv. V, chap, xxv, p. 134, v°. (2) Mémoires de l'Àcad. des Inscr., année 1763* p. 800.

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516 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

sage des lettres patentes de 1280, cité par Delamarre, ne s'applique pas au mur de Philippe Auguste, il doit s'appliquer à une enceinte antérieure. Or, les preuves mathématiques qu'il en est bien ainsi, se trouvent dans un cartulaire censier de saint Éloy, où sont tran- scrites les mêmes lettres patentes de 1280, suivies d'un bornage contemporain, dans lequel la formule latine mentionnée plus haut est reproduite en français par : « Au poissonniers de la porte Bau - doier , à la meson Jehan des Creniaus , laquelle meson est de saint Éloy , par laquelle les viez murs de Paris alerent (1). » Comment ad- mettre qu'en 1280, les murs de l'enceinte de Philippe Auguste, qui n'avaient point encore un siècle d'existence , étaient déjà détruits au environs de la rue Saint- Antoine, ce qu'impliquerait forcément le mot alerent ? L'on sait, d'ailleurs, qu'une portion de ces murs ont subsisté jusqu'à nos jours, et sont figurés intacts sur un plan levé en 1545 (2). Mais il y a plus, si l'on étudie la marche suivie dans le bornage, on observe que le rédacteur part de la partie occidentale de la rue Saint- Antoine , qu'il remonte cette rue, et après diverses excursions latérales, y revient et poursuit son chemin « sur la chauciée S . Anthoine a mein senestre , tout ansuivant jusques à la porte des murs de Paris , » laquelle porte n'étant pas la porte Bau- doyer, n'est plus indiquée par cette appellation ; et lesquels murs, étant ceux de Philippe Auguste, sont parfaitement distingués « des vielz murs, >» sur l'emplacement desquels s'élevait la maison de Jehan des Carneaux. Aussi bien n'est-il pas vrai que la seigneurie de saint Éloy ait commencé devers Saint-Pol, ainsi que l'a af- firmé avec autant d'aplomb que d'ignorance l'auteur de Paris ancien et moderne (3), car nous lisons dans notre Cueilleret, que, pour percevoir les cens, incipiendum est in introitu parve ruelle veteris cimiterii sancti Johannis , cimetière que nul n'ignore avoir été situé à la place du marché Saint -Jean, c'est-à-dire à plus de 450 mètres de l'église Saint-Pol. Enfin , nous lisons encore dans le Cueilleret, que la maison de Jean des Carneaux était placée « ante licias Sancti Gervasii , ubi venduntur pisces et anseres deco- quuntur ; » et ce marché Saint-Gervais, où se vendait du poisson, était celui où débitaient leurs marchandises les « poissonniers de la porte Baudoier , » près de l'établissement desquels commençait le fief de saint Éloy. La porte Baudoyer était donc voisine de Saint-

(1) Archives imi»., ll, 167. f° vi. (2) 3e cl.» n° 70. (3) Par de Mauperehé, p< 81.

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ENCEINTE DU FAUBOURG SEPTENTRIONAL DE PARIS. 517

Gervais, ainsi que les murs qui en dépendaient, et dont parle le cartulaire , de même que les autres pièces signalées par Delamarre.

2° Les religieuses de l'abbaye de Yères possédaient, dans la rue à laquelle elles ont donné leur nom (rue des Nonaindières), un hôtel assez important, qui leur fut vendu en 1182 , par un nommé Richard Villain et sa femme , pour la somme de vingt-cinq livres parisis. Or, dans la charte qui consacre cette transaction , et que renferme un cartulaire du XIIIe siècle , aussi conservé aux Archives impériales, la maison en question est dite située ad portam Pari- siensem. Il est bien clair qu'il ne saurait s'agir ici ni d'une porte de l'enceinte de Philippe Auguste, commencée huit années plus tard, non plus que de ce lieu qu'on appelait la Porte Paris, et qui est éloigné de la rue des Nonaindières d'environ 900 mètres. Il y avait conséquemment alors, dans le voisinage , une porte de la ville; et comme l'idée d'une porte non reliée à des remparts, dans une cité du XIIe siècle , ne peut être admise par quiconque a des notions d'histoire et d'archéologie, il y avait également une enceinte.

3° La porte à laquelle il est fait allusion dans l'acte que nous venons de citer, existait si vraiment alors, qu'on en trouve une triple indication dans les cartulaires de l'Hôtel-Dieu. Des pièces de 1190, 1173, et enfin 1157, font mention de la porta Bauderia , c'est- à-dire de la porte Baudoyer, dont la haute antiquité ne peut donc plus être contestée dorénavant, non plus que le système de fortifications qui constituait sa raison d'être.

Un mot encore à propos de la porte Baudoyer. Dans un ouvrage récemment publié (1), et de beaucoup le meilleur sur la matière, mais qui malheureusement n'a pas été fait d'après des documents originaux, l'auteur insinue que ce nom de Baudoyer est la cor- ruption de celui de Baudet , lequel serait ainsi le plus ancien; c'est exactement le contraire qui a eu lieu. Nous avons vu, en effet , d'innombrables mentions de la porte Baudoyer à toutes les époques, et nous doutons qu'on puisse citer un titre antérieur au commencement du XVe siècle où on lise Baudet . Ce dernier vocable n'est, en réalité, qu'une corruption toute naturelle du nom primitif, qui paraît être Baudéer , ou une forme à très-peu près semblable , car dans toutes les chartes du XIIIe siècle et du XIIe que nous connaissons, elle se retrouve sans modification impor- tante. Nous constatons ainsi qu'on a écrit porta ou porte Baudaier ,

(1) Dissertations archéologiques sur les anciennes enceintes de Paris , par A. Bon- nardot, p. 11.

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518 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. 1296; Baudoier, 1280, 1286; Balderii, 1270, 1271; Bauderii , 1262 , 1251, 1234, 1231, 1204; Baldeerii, 1235; Baudoeria, 1231; Bau- deeri, 1230; Bauderi , 1229; Baldaeri, 1227; Baudaerii, 1223; Baudeer, 1219 et 1292; Baudeher , 1213 y Bandería, 1190, 1173 et 1157, et jamais, à cette époque, porta Baudet , Baudetia ou Bau- detii. Quant au nom de Bagauda, d'ailleurs fort rare, c'est aussi une corruption, mais plus singulière, du nom primitif, et on com- mence à le rencontrer à la fin du XIIIe siècle : il y a porta Bagado- rurn dans un litre datant de vers 1280 , et Bagalderii dans un cen- sier de l'an 1300. Au reste , ces diverses dénominations ont donné naissance aux étymologies les plus ridicules ; nous nous étonnons que tout le monde n'ait pas compris que si l'on a dit la porte Bau- déer, c'est pour une raison semblable à celle qui a fait dire la poterne Barbette, la tour Philippe Hamelin.

Nous croyons devoir ajouter que si on trouve assez souvent , dans divers écrits, l'apport Baudoyer et l' apport Paris, ce n'est guère qu'au XVI« siècle que cette manière de s'exprimer a été en usage ; dans tous les documents anciens , sans exception , on ne rencontre d'autre énonciation que celle de la porte Baudoyer ou la porte Paris, comme chacun peut s'en assurer.

Ayant maintenant établi que Paris a été défendu, au nord, par une muraille antérieure à celle de Philippe Auguste, ce que nous nous proposions avant tout, comme il n'entre nullement dans notre intention de rechercher longuement à quelle époque a pu être construite cette muraille , nous nous bornerons à faire observer qu'il est bien peu probable que, comme on l'a si souvent admis , elle soit l'œuvre de Louis le Gros, puis qu'il découlerait de ce fait que, dans une période de soixante à quatre-vingts ans, le faubourg aurait vu sa superficie plus que quintuplée. Cette hypothèse, qui n'offre pas la moindre vraisemblance, nous conduit à croire qu'il s'écoula un temps beaucoup plus considérable, un peu plus de deux siècles probablement, entre l'érection de l'enceinte primitive et celle de Philippe Auguste. Quoi qu'il en soit, ce qui nous reste à faire, c'est d'essayer à déterminer, dans les environs du lieu où les travaux vont être commencés, les points où l'on peut surtout espérer qu'on exhumera des fragments, qui couperont court à toute discussion.

Une des causes ayant le plus contribué à faire douter de l'exi- stence de l'enceinte dont nous nous occupons, ce sont certai- nement ces absurdes tracés qu'on lui a attribués , et où la tour du Pet au Diable et celle de la rue des Deux-Portes jouent un si grand

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ENCEINTE DU FAUBOURG SEPTENTRIONAL DE PARIS. 5l9 et si déplorable rôle. Il est bien certain que la maison de Jean des Carneaux ne se trouvait pas de ce côlé. Où s'élevait-elle réelle- ment (1)? Tous les efforts que nous avons faits pour le décider par les textes ont été inutiles, car, dès 1302, époque à laquelle elle appartenait à un nommé Guillaume Paradis, le fil qui devrait nous la faire découvrir se brise, et il n'est plus possible de le relier à Tannée 1575, où nous commençons à voir clair dans les archives bouleversées et surtout très-incomplètes de saint Éloy . Nous croyons bien , pourtant , que la maison de Jehan des Carneaux était dans la rue Saint- Antoine , entre les rues Regnaut-le-Fèvre et Vieille- du-Temple , comme il paraît ressortir de quelques indications fort obscures du censier dont nous nous sommes aidé. Au reste, l'examen du lottissement des ilôts du voisinage, genre d'étude dont une expérience déjà longue nous a appris à apprécier l'ex- trême utilité, nous donne les plus excellents motifs de penser que la muraille d'enceinte, partant de la maison contigue à celle qui fait le coin des rues Saint-Antoine et Vieille-du-Temple, ou de celle qui se trouve immédiatement avant, c'est-à-dire des n0' 11 ou 13, passait ensuite au derrière de l'hôtel de Chelles, et là, se coudant, allait gagner l'emplacement de la maison n° 3 ou n° 5 de la rue Bourgtibourg. Nous n'essaierons pas aujourd'hui de la suivre plus loin , malgré les données que nous avons recueillies, car nous espérons en recueillir davantage , et nous croyons que c'est pour nous un devoir de ne livrer au public le résultat de nos recher- ches que lorsqu'il sera digne de lui être soumis.

Adolphe Berty, Architecte,

(l) Nous ne savons si ce n'est pas la même que celle indiquée dans le passage suivant d'un registre contenant les achats faits par les chevaliers du Temple de 1247 à 1251 : «Meson qui est joignant au cimetière Saint-Gerves, devant la meson des Barres à querniax. » Nous aurons lieu , plus tard , d'étudier cette question d'une manière toute spéciale.

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