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Pour citer cet article : Blain H. De nouvelles recommandations franc ¸ aises pour la prise en charge de l’ostéoporose post-ménopausique. Que changent-elles pour les internistes ? Rev Med Interne (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.05.007 ARTICLE IN PRESS G Model REVMED-4596; No. of Pages 3 La Revue de médecine interne xxx (2013) xxx–xxx Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Éditorial De nouvelles recommandations franc ¸ aises pour la prise en charge de l’ostéoporose post-ménopausique. Que changent-elles pour les internistes ? New French recommendations for the treatment of post-menopausal osteoporosis. What are the implications for the general internists? H. Blain Pôle gérontologie, centre Antonin-Balmes, CHU de Montpellier, 39, avenue Charles-Flahault, 34295 Montpellier cedex 5, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le xxx Mots clés : Ostéoporose Recommandations Densitométrie osseuse Ménopause Médecine interne Keywords: Osteoporosis Guidelines Bone densitometry Postmenopausal women Internal medicine L’ostéoporose est une maladie diffuse du squelette, caractérisée par une réduction de la résistance osseuse conduisant à un risque accru de fracture. Cette maladie intéresse tout particulièrement les internistes puisque bon nombre d’affections systémiques (inflammation chronique, dans le cadre en particulier de la polyar- thrite rhumatoïde, mastocytose, myélome multiple et néoplasies, etc.), endocriniennes (syndrome de Cushing, hypogonadisme prolongé, hyperthyroïdie, hyperparathyroïdie), gastro-intestinales (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, malabsorp- tion dont la maladie cœliaque, résection gastrique), iatrogènes ou toxiques (en premier lieu l’utilisation de glucocorticoïdes, mais aussi d’anticonvulsivants, d’antidépresseurs, l’alcoolisme), génétiques (ostéogenèse imparfaite, homocystinurie) ou rénales (responsables d’une hypercalciurie) sont des facteurs de risque d’ostéoporose [1,2]. En France, le dépistage par l’ostéodensitométrie (DXA) de l’ostéoporose post-ménopausique est remboursé depuis 2006 en Adresse e-mail : [email protected] présence d’un ou plusieurs facteurs de risque ou signes d’ostéoporose incluant un antécédent de fracture vertébrale ou de fracture périphérique survenue sans traumatisme majeur, et dans certaines des situations précédentes potentiellement inductrices d’ostéoporose, notamment corticothérapie systémique d’au moins trois mois consécutifs à une dose quotidienne supérieure à 7,5 mg (publication du Journal Officiel du 30 juin 2006) [2,3]. Les médicaments anti-ostéoporotiques sont remboursés, en cas de fracture ostéoporotique ou en l’absence de fracture, en fonction de la valeur en T-score de la densité minérale osseuse (DMO) et de facteurs de risque non ostéodensitométriques de fracture (publica- tion du Journal Officiel du 11 octobre 2006). Malgré le remboursement de la DXA et des traitements dans ces indications, le nombre de DXA réalisées tend à diminuer en France [4] alors que l’incidence des fractures ostéoporotiques, dont les plus sévères, les fractures de l’extrémité du fémur, ne diminue pas significativement [5], suggérant que ces recommandations sont peut-être difficiles à appliquer. Face à ce constat épidémiologique, et de manière à tenir compte de la commercialisation de nouvelles molécules anti-ostéoporotiques, de la publication de nouvelles données 0248-8663/$ see front matter © 2013 Publi ´ e par Elsevier Masson SAS pour la Société nationale française de médecine interne (SNFMI). http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.05.007

De nouvelles recommandations françaises pour la prise en charge de l’ostéoporose post-ménopausique. Que changent-elles pour les internistes ?

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La Revue de médecine interne xxx (2013) xxx–xxx

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

ditorial

e nouvelles recommandations franc aises pour la prise en charge de’ostéoporose post-ménopausique. Que changent-elles pour les internistes ?

ew French recommendations for the treatment of post-menopausal osteoporosis. What are themplications for the general internists?

. Blainôle gérontologie, centre Antonin-Balmes, CHU de Montpellier, 39, avenue Charles-Flahault, 34295 Montpellier cedex 5, France

i n f o a r t i c l e

istorique de l’article :isponible sur Internet le xxx

ots clés :stéoporoseecommandationsensitométrie osseuseénopauseédecine interne

eywords:steoporosisuidelinesone densitometryostmenopausal womennternal medicine

L’ostéoporose est une maladie diffuse du squelette, caractériséear une réduction de la résistance osseuse conduisant à un risqueccru de fracture. Cette maladie intéresse tout particulièrementes internistes puisque bon nombre d’affections systémiquesinflammation chronique, dans le cadre en particulier de la polyar-hrite rhumatoïde, mastocytose, myélome multiple et néoplasies,tc.), endocriniennes (syndrome de Cushing, hypogonadismerolongé, hyperthyroïdie, hyperparathyroïdie), gastro-intestinalesmaladies inflammatoires chroniques de l’intestin, malabsorp-ion dont la maladie cœliaque, résection gastrique), iatrogènesu toxiques (en premier lieu l’utilisation de glucocorticoïdes,ais aussi d’anticonvulsivants, d’antidépresseurs, l’alcoolisme),

énétiques (ostéogenèse imparfaite, homocystinurie) ou rénalesresponsables d’une hypercalciurie) sont des facteurs de risque

Pour citer cet article : Blain H. De nouvelles recommandations franc aiQue changent-elles pour les internistes ? Rev Med Interne (2013), http

’ostéoporose [1,2].En France, le dépistage par l’ostéodensitométrie (DXA) de

’ostéoporose post-ménopausique est remboursé depuis 2006 en

Adresse e-mail : [email protected]

248-8663/$ – see front matter © 2013 Publie par Elsevier Masson SAS pour la Société nattp://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.05.007

présence d’un ou plusieurs facteurs de risque ou signesd’ostéoporose incluant un antécédent de fracture vertébrale ou defracture périphérique survenue sans traumatisme majeur, et danscertaines des situations précédentes potentiellement inductricesd’ostéoporose, notamment corticothérapie systémique d’au moinstrois mois consécutifs à une dose quotidienne supérieure à 7,5 mg(publication du Journal Officiel du 30 juin 2006) [2,3].

Les médicaments anti-ostéoporotiques sont remboursés, en casde fracture ostéoporotique ou en l’absence de fracture, en fonctionde la valeur en T-score de la densité minérale osseuse (DMO) et defacteurs de risque non ostéodensitométriques de fracture (publica-tion du Journal Officiel du 11 octobre 2006).

Malgré le remboursement de la DXA et des traitements dansces indications, le nombre de DXA réalisées tend à diminuer enFrance [4] alors que l’incidence des fractures ostéoporotiques, dontles plus sévères, les fractures de l’extrémité du fémur, ne diminuepas significativement [5], suggérant que ces recommandations sont

ses pour la prise en charge de l’ostéoporose post-ménopausique.://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.05.007

peut-être difficiles à appliquer.Face à ce constat épidémiologique, et de manière à tenir

compte de la commercialisation de nouvelles moléculesanti-ostéoporotiques, de la publication de nouvelles données

tionale française de médecine interne (SNFMI).

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ARTICLE IN PRESSG ModelREVMED-4596; No. of Pages 3

2 H. Blain / La Revue de médecine interne xxx (2013) xxx–xxx

Fig. 1. Questionnaire FRAX (http://www.shef.ac.uk/FRAX/tool.aspx?country=12) : après avoir entré les données demandées, le logiciel calcule le risque absolu de présenterune fracture ostéoporotique sévère à dix ans.

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qui visent à simplifier le dépistage des femmes à haut risque de frac-ture (Fig. 3), chez lesquelles un traitement anti-ostéoporotique estindiqué, seront mieux suivies que les recommandations de 2006.

oncernant la tolérance des traitements, et l’apparition du scoree risque de fracture FRAX®, prenant en compte le risque induitar la polyarthrite rhumatoïde, l’ostéoporose secondaire, et laonsommation de corticoïdes (Fig. 1), la Société franc aise dehumatologie, le Groupe de recherche et d’information sur lesstéoporoses, le Collège national des gynécologues et obstétriciensranc ais, le Groupe d’étude de la ménopause et du vieillissementormonal, la Société franc aise de chirurgie orthopédique, la Société

ranc aise d’endocrinologie et la Société franc aise de gériatrie ete gérontologie ont publié récemment de nouvelles recom-andations franc aises pour la prise en charge de l’ostéoporose

ost-ménopausique [6].Les principales modifications de stratégie induites par ces nou-

elles recommandations sont :

la survenue d’une fracture sévère, qui est responsable d’uneaggravation du risque de mortalité (fractures de vertèbres, del’extrémité supérieure du fémur, de la diaphyse fémorale, dutibia proximal, du bassin, de l’humérus) lors d’un traumatismede faible énergie (chute de sa hauteur au maximum) [7], et enl’absence d’autres causes de fragilité osseuse que l’ostéoporose,constitue une indication à mettre en place un traitement anti-ostéoporotique, en l’absence de contre-indication, la DXA n’étantdonc plus, dans ce cas, un élément de la décision thérapeutique.La DXA reste un élément clé de cette décision thérapeutique enprésence d’un facteur de risque clinique d’ostéoporose ou de lasurvenue d’une fracture non sévère. Il est recommandé dans cecas de prescrire un traitement anti-ostéoporotique quand le T-score pour la DMO est inférieur ou égal à −3 ou lorsque le scoreOMS FRAX® (Fig. 1), évaluant un risque absolu de fracture sévèreà dix ans est supérieur à un seuil d’intervention thérapeutique [8](Fig. 2).

Pour citer cet article : Blain H. De nouvelles recommandations franc aiQue changent-elles pour les internistes ? Rev Med Interne (2013), http

Cette stratégie permet de proposer un traitement anti-stéoporotique chez des femmes à haut risque de fractureantécédent de fracture sévère ou T-score inférieur ou égal à −3 ou

ayant un risque de fracture sévère élevé à dix ans estimé par leFRAX®, ce score tenant compte de l’âge de la personne) (Fig. 3).

Après une séquence thérapeutique de cinq ans, le traitementpeut être interrompu en l’absence de fracture sévère avant letraitement, de survenue de fracture ou de nouveaux facteurs derisque de fracture pendant le traitement, de diminution significa-tive de DMO (≥ 0,03 g/cm3) et en cas de T-score supérieur à −3 enfin de séquence. Une réévaluation après l’arrêt du traitement estrecommandée après un à deux ans. En présence de l’un au moinsde ces facteurs, il est utile de proposer une seconde séquencede traitement anti-ostéoporotique. Dans tous les cas, les règleshygiéno-diététiques de l’ostéoporose (apports suffisants en cal-cium et vitamine D) et le maintien d’une activité physique régulièredestinée à prévenir les chutes doivent être poursuivis.

Il reste à montrer si ces nouvelles recommandations franc aises,

ses pour la prise en charge de l’ostéoporose post-ménopausique.://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.05.007

Fig. 2. Le score FRAX est reporté sur la courbe ci-dessous qui indique le seuild’intervention thérapeutique.

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Fig. 3. Stratégies thérapeutiques da

éclaration d’intérêts

L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relationvec cet article.

éférences

Pour citer cet article : Blain H. De nouvelles recommandations franc aiQue changent-elles pour les internistes ? Rev Med Interne (2013), http

1] Retornaz F, Seux V, Soubeyrand J. Secondary osteoporosis and internal medicine.Rev Med Interne 2004;25(Suppl. 5):S543–51.

2] Briot K, Roux C. Ostéoporose cortico-induite. Rev Med Interne 2013;34:315–23.3] http://www.Afssaps-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/osteoporose

synthese.pdf

[

téoporose post-ménopausique [6].

4] Canoui-Poitrine F, Jaglal S, Chapurlat R, et al. Afssaps reimbursement of bonemineral density testing and anti-osteoporotic treatments improved manage-ment of osteoporosis in France? Bone 2010;47:790–4.

5] Maravic M, Taupin P, Landais P, Roux C. Changement dans l’incidence des frac-tures de la hanche au cours des 6 dernières années en France. Osteoporos Int2011;22:797–801.

6] Briot K, Cortet B, Thomas T, Audran M, Blain H, Breuil V, et al. 2012 update ofFrench guidelines for the pharmacological treatment of postmenopausal osteo-porosis. Joint Bone Spine 2012;79:304–13.

7] Bliuc D, Nguyen ND, Milch VE, et al. Mortality risk associated with low-

ses pour la prise en charge de l’ostéoporose post-ménopausique.://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.05.007

trauma osteoporotic fracture and subsequent fracture in men and women. JAMA2009;301:513–21.

8] Kanis JA, McCloskey E, Johansson H, et al. Case finding for the management ofosteoporosis with FRAX® – assessment and intervention thresholds for the UK.Osteoporos Int 2008;19:1395–408 (www.shef.ac.uk/FRAX).