Défis cognitifs du changement climatique V.07

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    dfis

    cognitifs duchangement

    climatique

    Travail de sessionremis aux professeursPierre Poirier et LucFaucher ISC 9000 -DIC

    Albert Lejeune

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    Albert Lejeune ISC9000 - DIC Page 2

    People are notaccustomed to thinking hard, and are often contentto trust a plausible judgment that comes to mind.

    Daniel Kahneman, American Economic Review 93 (5) December

    2003, p. 1450

    Table des matires

    INTRODUCTION 3

    LA CONSCIENCE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE 5

    LE CONCEPT DE JUSTICE ENVIRONNEMENTALE GLOBALE 7

    LA SCIENCE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE, UNE QUESTION DE CROYANCES? 9

    LA THORIE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE 10

    LA RSISTANCE LA THORIE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE 10

    LA RVISION DES CROYANCES 11

    SOUCI ENVIRONNEMENTAL ET CALCUL DES RISQUES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE 12

    SYNTHSE ET CONCLUSION 17

    RFRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 19

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    Introduction

    Le Roy-Ladurie (1967) crivait Le climat cest lhistoire du temps quil fait . En raison

    des fluctuations atmosphriques, au cours du temps qui passe, le climat varie et change

    naturellement. En plus des saisons, ses variations provoquent des cycles de dure de

    plus en plus longue. Lorsque lon parle du changement climatique, il sagit toutefois, des

    changements rsultant de lactivit humaine. En effet, lactivit humaine modifie le

    systme climatique qui est compos de latmosphre, des terres, des ocans, des glaces

    et de la biosphre. Le phnomne du changement climatique pose des dfis cognitifs : il

    sagit (1) de penser une menace invisible, un phnomne agissant une chelle de

    temps sans commune mesure avec notre chelle limite de la vie humaine; (2) de

    calculer les probabilits de gains ou de pertes conomiques, au niveau des grandes

    rgions climatiques; (3) dvaluer les risques cologiques pour les gnrations futures i

    .

    Ces dfis sont souvent mal surmonts et les symptmes des checs abondent : absence

    de dfinition commune du phnomne du changement climatique, dni et

    dsinformation, ngociations sans aboutissement, interprtations idologiques dun

    phnomne qui ne devrait relever que de la science, questionnement des croyances des

    chercheurs et de la valeur de la science, ractions motives et difficults dvaluation

    des risques.

    Figure 1 - La nuit de Copenhagen

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    La confrence de Copenhagen sur le changement climatique de dcembre 2009 en est

    un exemple. Il apparait que les ngociateurs ont chou dans leur tche et ont remis

    le fardeau de llaboration dun consensus entre les mains des responsables

    politiques qui nayant dispos alors que de la dernire nuit de la confrence, nont pu

    dcider dun accord commun sur une rduction des missions de GES - telle que

    pratique depuis laccord de Kyoto et promu par lIntergovernmental Panel on Climate

    Change (IPCC) ou Groupe dexperts intergouvernemental sur lvolution du climat ii

    Fait difficilement observable et concept faisant lobjet de controverses, le changement

    climatique est peu compris par lopinion publique, comme en font foi les sondages. Les

    experts et les dcideurs, les consommateurs ou les citoyens ne peuvent dvelopper une

    perception consciente dune menace le plus souvent trangre leur attention. Le

    concept mergent de justice environnementale globale qui y est troitement li offre

    lopportunit de rflchir la notion de justice, telle quanalyse par les neurosciences.

    La justice est-elle un concept naturel pour les psychologues et les philosophes de la

    cognition? La notion de concept faisant lobjet de dbats, nous le remplacerons par les

    notions de prototype, dexemplaire et de thorie. Nous examinerons ensuite comment

    ltude de la cohrence des croyances ou des noncs formant une thorie, permet de

    mieux saisir et de comprendre la rsistance la thorie lmentaire qui explique le

    changement climatique. Enfin, en suivant les tensions entre les affects et la raison

    analytique, nous examinerons quelques biais ou heuristiques de jugement par rapport

    au changement climatique.

    (GIEC) -. Les leaders politiques ont opt dans les faits pour une limite au rchauffement

    de la plante de 2 C au plus et pour des mesures ayant pour objectif de rduire les

    consquences potentielles par loctroi de moyens financiers aux pays en

    dveloppement. Selon The Guardian, le dsespoir tait palpable. Je vous en prie, a

    dclar Ban Ki-Moon, le secrtaire gnral des Nations unies, plaidant avec les

    dirigeants du monde entier pour trouver un moyen de sortir du chaos. Exercez votre

    conscience. // Ce sera votre hritage pour tous les temps.

    Le but de ce papier est danalyser les dfis cognitifs relis au changement climatique

    laide des sciences de la cognition de manire en tirer des enseignements pour les

    dcideurs et les professionnels concerns par le changement climatique tels que leshommes politiques, les urbanistes, les architectes et les gestionnaires de plus en plus

    contraints adopter des stratgies vertes.

    Ce papier se divise en quatre paries : La premire partie aborde la conscience du

    changement climatique ou pourquoi le phnomne de changement climatique chappe-

    t-il largement notre conscience; la deuxime, la justice environnementale globale

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    comme concept ou pourquoi sommes-nous sensibles la notion de justice

    environnementale?; la troisime, la science du changement climatique comme

    ensemble de croyances ou pourquoi la thorie du changement climatique fait-elle

    toujours lobjet de rsistance?; et la quatrime le souci environnemental et le calcul des

    risques du changement climatique ou comment la connaissance des biais cognitifs

    conduit penser de manire plus rationnelle et dpasser les motions en lien avec

    changement climatique. Il se termine par une synthse et conclusion.

    La conscience du changement climatique

    La prise de conscience dcoule de lattention. La conscience semble natre dans des

    sous-systmes ddis la perception un niveau intermdiaire dans le cerveau,

    uniquement lorsque lactivit dans ces systmes est module par lattention (Prinz,

    2003). Quand lattention est prsente, la perception devient consciente. La modulation

    par lattention des niveaux de reprsentation intermdiaires est la fois ncessaire et

    suffisante pour la conscience. En ce qui concerne lenvironnement, lattention se porte

    dune manire gnrale sur les accidents cologiques tels, la question du trou dans la

    couche dozone voire la pollution de lair (Norgaard, 2009). Une des questions possibles

    serait de se demander quelle est lattention ou comment tout au plus dvelopper

    lattention porte au changement climatique? En ce sens il apparait, par exemple, que le

    rsultat du dbat qui a eu lieu Copenhague ne pourrait mobiliser lattention. Comment

    un individu peut-il focaliser son attention sur un changement de un ou deux degrs

    centigrades dans la temprature de la plante? Les individus nont pas une perception

    qui se voudrait consciente du changement climatique dans la mesure o ils considrent

    comme normaux les diffrents tats de lenvironnement qui concident leur

    exprience de vie (Hohenberger, 2009). Aucun rfrent ntant rellement possible, il

    est toutefois difficile pour eux de raliser des comparaisons avec des tats antrieurs,

    quand bien mme que ces rfrents se modifient et changent au cours dune gnration

    (Pauly, 1955).

    Dans lanalyse de Nisbet et Meyers (2007), lattention est llment clef de la prise de

    conscience du changement climatique. En 1986, seuls 39% des amricains reconnaissentavoir eu des informations sur leffet de serre. Aprs la canicule de lt 1988, ce

    pourcentage saccrot de presque de 20 % et passe 58%. En 2006, 90% des amricains

    possdent un certain niveau de conscience du phnomne.

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    La conscience semble se manifester dans des sous-systmes perceptuels de niveau

    intermdiaire uniquement lorsque lactivit dans ces systmes est module par

    lattention. Si, par exemple, un individu souffrant dinsuffisance cardiaque identifie une

    priode de canicule comme risque li au changement climatique, cet individu conscient

    agira de faon consquente linformation qui a t amene dans sa mmoire de

    travail. Ses dcisions dagir seront prises court-terme sous la forme dune stratgie

    individuelle qui sera en comparaison au phnomne lui-mme - indniablement sous-

    complexe telle teindre plus souvent les lumires, par exemple (Welzer, 2008). La

    conscience rend en effet des informations spcifiques disponibles la mmoire de

    travail. Sans conscience, il est impossible un individu de prendre une dcision, de

    poser une action consciente. En fait sans conscience, les rponses ne peuvent tre que

    des rflexes. Mme si, en raison de ses impacts limits, une rponse consciente nest

    pas ncessairement adapte aux dfis du changement climatique, lattention et la

    perception consciente forment lexigence premire de cette rponse.

    Une question subsiste cependant, quant lintrt de la prise de conscience par un

    individu du changement climatique. Si la conscience consiste dans la proprit de

    certaines reprsentations internes de devenir disponibles dune certaine faon la

    mmoire de travail, alors lintrt de la prise de conscience dpend de ce que sont ces

    reprsentations et de ce que leur disponibilit fait pour nous (Prinz, 2003 : 5).

    Par exemple, il est utile pour la survie dun animal de savoir que son prdateur lui

    tourne le dos ou lui fait face et le menace, la conscience de la posture du prdateur

    devient une condition de sa survie. Mais quapporte la conscience du changementclimatique dun point de vue individuel? Les rponses sont individuellement plus que

    limites et il est difficile den percevoir les bnfices. Laction individuelle, mme

    consciente et informe, pourrait ne pas tre une rponse suffisante lampleur du

    phnomne du changement climatique. En consquence, comment lattention peut-elle

    tre soutenue et centre sur le changement climatique de telle sorte quil puisse tre

    possible de prendre collectivement les prcautions ncessaires?

    Un exemple intressant est donn par les effets et consquences du film dAl Gore - An

    Inconvenient Truth ? Quels sont les termes dune telle projection auprs dun public?

    Combien de temps ce type de film documentaire permet-il la conscience du phnomnedu changement climatique? Ou tout au moins permet-il une meilleure comprhension?

    Il ne semble pas exister de corrlation entre la conscience du phnomne du

    changement climatique et sa comprhension. Niesbet et Meyers (2007) soulignent

    quun niveau de conscience du changement climatique de 90% de lopinion publique

    amricaine nest pas un indice de comprhension du problme. En effet, les sondages

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    Gallup pris chaque anne de 2001 2005 rvlent que seuls 11% des rpondants

    pensent en savoir beaucoup sur le changement climatique.

    Labsence ou la prsence dattention apporte au changement climatique est telle que

    les valeurs, les croyances, les attitudes et les paradigmes forment des croyances

    gnrales faonnant inconsciemment sans doute les comportements indiffrents,hostiles ou engags vis--vis de lenvironnement (0Connor et al. 1999). Hanno et

    Sandvik (2008) notent aprs lanalyse dun chantillon de donnes provenant de 46

    pays - que la conscience du changement climatique nest pas fonction uniquement de

    linformation scientifique mais galement de facteurs psychologiques et sociologiques,

    voire conomiques. Au niveau conomique, il apparait par exemple que la volont

    dune nation de contribuer la rduction des gaz effet de serre (GES) est inversement

    proportionnelle sa part dans ces missions. Ces conclusions sont gnralement

    communes aux chercheurs exploitant ce sujet. Zahran et al. (2006) comme OConnor et

    al. (2002) soulignent que lenrichissement des citoyens dun pays diminue leur volontdentreprendre des actions correctrices par rapport au changement climatique une

    action telle que conduire moins souvent un vhicule priv. Mais, lexplication cognitive

    du manque de conscience ou de labsence dactions correctrices reste difficile : le niveau

    de vie et les habitudes de consommation restent - face au phnomne nouveau du

    changement climatique - extrmement difficiles modifier. Lattention et la perception

    consciente du changement climatique semble impossible et vaine au niveau individuel

    - Les individus ne seraient-ils pas plutt sensibles au concept de justice

    environnementale globale?

    Le concept de justice environnementale globale

    En 2009, un rapport de la Banque Mondiale introduit le terme de justice

    environnementale globale la suite des constats suivantes (Norgaard, 2009) : 1. Une

    contribution disproportionne des pays de l'hmisphre Nord la pollution, 2. Des

    consquences plus graves du changement climatique pour les pays du Sud, 3. desngociations sur le climat favorisant les pays industrialiss en termes de processus et de

    rsultats et 4. Laltration des conditions climatiques des gnrations venir (quit

    intergnrationnelle). Les pays riches de lhmisphre Nord mettent la majeure partie

    des GES dans latmosphre exposant ainsi les habitants du Sud, souvent des pays

    pauvres dpourvus de ressources et dinfrastructures, au risque environnemental.

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    Du point de vue des sciences cognitives, le concept de justice apparait naturellement. Il

    existerait dans notre cerveau la faon de structures de donnes stockes dans notre

    mmoire long-terme et utilises de faon automatique dans nos processus cognitifs de

    haut niveau. La justice serait alors un concept naturel (Natural Kindou NK Concept)

    dans la mesure o les chercheurs observent mme chez les grands singes - des

    comportements qui semblent rpondre une exigence de justice. Blakemore et al.

    (2004), tudiant des sujets humains, font remarquer que les jugements moraux activent

    des rgions du cerveau impliques dans la formation de la pense comme le cortex

    frontal mdial. Daprs ltude compare de patients pouvant prsenter des lsions, la

    rgion du cortex apparat comme cruciale dans le dveloppement moral.

    Tableau 1. Les dfinitions de prototype, exemplaire et thorie (Machery, 2009)

    Prototype Exemplaire Thorie

    Les prototypes singularisent les

    proprits des membres dune

    catgorie de faon statistique.

    Dans la plupart des modles de

    prototype, les prototypes sont

    supposs encoder de

    linformation propos des

    proprits typiques de la

    catgorie donne, c'est--dire

    les proprits propres la

    plupart des membres de la

    catgorie.

    Selon la vue du concept comme

    exemplaire, nos processus

    cognitifs suprieurs sont dfinis

    sur des reprsentations de

    membres spcifiques dune

    catgorie qui valent pour

    lensemble de la catgorie. Un

    concept de classe dobjets

    consiste alors en un ensemble

    dexemplaires, ou de

    reprsentations de membres

    particuliers de cette classe.

    Selon la vue des concepts

    comme thorie, nos

    reprsentations mentales sont

    similaires aux thories

    scientifiques et les processus

    cognitifs sont similaires aux

    formes scientifiques de

    raisonnement.

    Un concept ou une classedentits est alors une thorie au

    sujet de cette classe, c'est--dire

    une structure de donnes qui

    encode des gnralisations

    nomologiques, causales,

    modales et fonctionnelles au

    sujet de cette classe.

    Lapproche de Machery (2009) propose de faire fi de la notion de concept et propose de

    procder laide de prototypes, exemplaires et thories (voir tableau 1). La notion de

    justice environnementale globale est mise de lavant par des auteurs comme

    Athanasiou et Baer (2002), Baer et al. (2000), Agarwal et Narain (1991), Donohoe

    (2003), Roberts et Parks (2007) et Pettit (2004). En fait, mme si le changement

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    climatique devrait affecter chacun des habitants de la plante, ses impacts seront trs

    ingaux, ils dpendront des endroits plus ou moins exposs, aux inondations par

    exemple, et des infrastructures en place. Les pays pauvres devraient tre les plus

    affectes (Norgaard, 2009).

    En reprenant la notion de prototype pour la justice environnementale globale, on

    encode de linformation propos des proprits typiques de la catgorie donne, c'est-

    -dire les proprits propres la plupart des membres de la catgorie, par exemple les

    pays pauvres les plus menacs par le rchauffement climatique.

    En reprenant la notion dexemplaire, on pourrait considrer les communauts indignes

    de lArctique comme tant des exemplaires de linjustice environnementale globale

    cause de leur localisation dans le Nord o les changements climatiques apparaissent

    rapidement, de leur mode de vie traditionnel et de la faiblesse de leurs moyens

    conomiques (IPCC 2007; Arctic Climate Impact Assessment, 2005). Alors nos processus

    cognitifs suprieurs propos de la justice environnementale globale se dfinissent sur

    des reprsentations des communauts indignes de lArctique.

    La justice environnementale globale est une thorie quand nos reprsentations

    mentales sont similaires aux thories scientifiques et les processus cognitifs sont

    similaires aux formes scientifiques de raisonnement. Le faible niveau de comprhension

    du changement climatique ne mobilise pas les individus des pays riches se construire

    une thorie de la justice environnementale globale. La littrature ne pointe pas vers le

    concept de justice environnementale comme thorie, mais bien comme exemplaires,

    travers les cas des communauts directement menaces au nord par la fonte des

    glaciers ou au sud par lavance de la dsertification. Cependant cette mme littrature

    propose de nouveaux concepts comme celui de vulnrabilit qui a fait lobjet dun

    rapport de lIPCC et celui dadaptation au changement climatique (Grothmann et Patt,

    2005). On peut penser qu travers ces deux nouveaux concepts de vulnrabilit et de

    capacit dadaptation se construit une meilleure thorie non pas de la justice

    environnementale globale mais de la rponse humaine au changement climatique.

    La science du changement climatique, une question de croyances?

    Il arrive aux chercheurs de changer dopinion comme en tmoigne un site web

    (http://www.edge.org/q2008/q08_index.html) prsentant un centaine de tmoignages

    de chercheurs (Thagard et Findlay, 2009). Certains de ces tmoignages proviennent de

    http://www.edge.org/q2008/q08_index.htmlhttp://www.edge.org/q2008/q08_index.htmlhttp://www.edge.org/q2008/q08_index.htmlhttp://www.edge.org/q2008/q08_index.html
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    chercheurs qui aprs lavoir combattue acceptent la thorie du changement

    climatique.

    La thorie du changement climatique

    Cette thorie du changement climatique est simple et peut tenir en 4 assertions :

    1. La terre se rchauffe2. Ce rchauffement aura des impacts dvastateurs sur la socit humaine3. Les gaz effet de serre (GES) sont les principales causes de ce rchauffement et4. La rduction de ces missions de GES est la meilleure faon de rduire les

    impacts ngatifs du changement climatique.

    Dans leur synthse de lhistoire des croyances propos du changement climatique,

    Thagard et Findlay (2009) prsentent le scientifique sudois Svante Arrhenius comme

    ayant discut le premier de la quantit de dioxyde de carbone mise dans latmosphre

    en 1896, alors que lide deffet de serre et de rchauffement de la plante reviendrait

    Joseph Fourier, en 1824. Dans les annes 1960, Charles Keeling dcouvre que le niveau

    de dioxyde de carbone crot sans cesse dans latmosphre alors que Syukuro Manabe et

    Richard Wetherland calculent ensemble que le doublement de la quantit de dioxyde de

    carbone va faire augmenter la temprature de la terre de plusieurs degrs. En 1977,

    lopinion scientifique conoit le changement climatique comme tant le plus grand

    risque pour le sicle venir. Quelques annes plus tard, suite des scheresses

    dvastatrices et des irrgularits climatiques inhabituels, James Hansen, le chef de

    linstitut Goddard de la NASA va tmoigner devant le Congrs amricain au sujet des

    dangers dinondations, de vagues de chaleur et de fonte des glaces Ce qui fera crire

    Claude Allgre (2010) que le changement climatique nest quune invention de la NASA

    pour obtenir plus de crdits de la part du gouvernement fdral.

    En 1988, lIPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change) est mis en place et

    commence produire sa srie impressionnante de rapports sur ltat du climat mondial;

    le cinquime de ces rapports est annonc pour 2010.

    La rsistance la thorie du changement climatique

    Mais la rsistance aux conclusions du GIEC (IPCC) est toujours substantielle et elle prend

    trois formes : 1. Le rchauffement peut tre expliqu par des fluctuations nergtiques

    naturelles du soleil, 2. La quantit de GES mise par lactivit humaine nest pas

    suffisante pour provoquer un effet de serre, et 3. Mme si les conclusions de lIPCC sont

    correctes, il ny a pas de crise imminente et il ny a aucune ncessit dactions coteuses

    pour y rpondre.

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    Les grandes compagnies ptrolires et certains groupes de rflexions proches des

    conservateurs financent et dveloppent cette rsistance la thorie du changement

    climatique, aids en cela par lex Prsident Bush et le Premier Ministre Harper, tous

    deux lis lindustrie ptrolire (Thagard et Findlay, 2009). Une simple thorie en

    quatre points devient un enjeu cl pour le contrle de lopinion publique; linformation

    scientifique mise en circulation devient contradictoire et chaque individu procde alors

    son propre mlange de croyances. Cest alors que doit intervenir la logique pour

    rtablir la cohrence dans les croyances.

    La rvision des croyances

    Thagard et Findlay (2009) vont analyser la structure des infrences qui mne

    lassertion que la plante se rchauffe cause de la production des GES. Ils utilisent

    pour cela le principe de la cohrence explicative qui tient en 7 principes : 1. Symtrie, 2.

    Explication, 3. Analogie, 4. Priorit des donnes, 5. Contradiction, 6. Comptition et 7.

    Acceptation.

    Lenjeu crucial de la rvision des croyances scientifiques est de faire face des situations

    o de nouvelles hypothses ou vidences suscitent le besoin de rejeter des croyances

    qui ont dj t adoptes. Il faut donc valuer toutes les hypothses pertinentes en

    rapport avec les nouvelles vidences. La base de donnes scientifique ainsi construite

    se composera dun ensemble de propositions dcrivant des vidences et dhypothses

    pour les expliquer. Pour Thagard et Findlay (2009), leur approche de recherche de la

    cohrence dans les croyances rencontre bien les exigences fixes par Grdenfors (1988,

    1992) qui dcrit les trois types de changement de croyances : expansion, rvision, etcontraction. On parle dexpansion quand une nouvelle proposition est introduite dans

    un systme de croyances, de rvision quand une nouvelle proposition implique le rejet

    dune ou de plusieurs anciennes propositions contradictoires, et de contraction quand

    certaines propositions ne contribuent plus maximiser la cohrence.

    En conclusion de leur analyse, Thagard et Findlay (2009) soutiennent que la cohrence

    explicative et motionnelle permet de comprendre ladoption rationnelle de

    lhypothse du rchauffement de la plante suite aux activits humaines. De plus, des

    dviations dune rvision des croyances rationnelles sous la forme de rfutation induite

    par lmotion peuvent tre comprises en termes dintrusion de valeurs motionnellespolitiques dans lvaluation de la meilleure explication. Comme la rsistance la

    thorie de lvolution de Darwin de poursuit de nos jours, la rsistance la thorie du

    changement climatique implique de faire face des contraintes motionnelles autant

    que cognitives.

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    Cette importance de lmotion est prsente galement dans lvaluation des risques et

    impacts du changement climatique. La section suivante, et dernire avant la conclusion,

    revoit lapproche de Kahneman et Tversky o lmotion peut se substituer la pense

    rationnelle.

    Souci environnemental et calcul des risques du changement

    climatique

    Le troisime rapport du GRIEC a t svrement critiqu pour navoir pas prsent les

    projections de rchauffement climatique pour le 21 me sicle laide de probabilits

    quantitatives. Mais la mise au point de prvisions quantifies pose des dfis

    fondamentaux, en particulier au sujet de lincertitude de la rponse du systme et de

    lerreur du modle (Allen et al., 2004). Il faut donc distinguer entre les incertitudessuivantes : lincertitude de scnario (incertitude due diffrents scnarios dmission de

    GES); la variabilit naturelle (la variabilit climatique chaotique interne et celle

    provenant de lextrieur, du soleil, des volcans etc.); et lincertitude de la rponse

    (lincertitude due notre ignorance - tat insuffisant de connaissances scientifique et

    technologique - de la rponse du systme climatique quand il est soumis certaines

    forces). En fait, lincertitude de la rponse contribue pour 50% lincertitude des

    prvisions pour lanne 2100, le reste tant d principalement des incertitudes de

    scnario (idem).

    Cette notion dincertitude de la rponse est lie directement au principe de prcaution

    qui a lambition de rgler les cas pour lesquels lincertitude est due principalement un

    tat insuffisant de connaissances scientifique et technologique (Dupuy et Grinbaum,

    2004). Le principe de prcaution fond sur lincertitude de la rponse, ne tient pas

    compte de limportante incertitude de type scnario pour le changement climatique.

    Cependant, des pays comme la France ont inclus dans leur Constitution un principe de

    prcaution environnementale (article 5 de la Charte de lenvironnement en France,

    Charte qui a t constitutionnalise en 2005) : Lorsque la ralisation dun dommage,

    bien quincertaine en ltat des connaissances scientifiques, pourrait affecter de maniregrave et irrversible lenvironnement, les autorits publiques veillent, par application du

    principe de prcaution, ladoption de mesures provisoires et proportionnes afin

    dviter la ralisation du dommage (Le Monde, 21 avril 2010).

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    Figure 2. La distinction entre probabilit, consquence et risque (GIEC, 2003)

    Quelques exemples soulvent certaines questions relatives lapplication du principe deprcaution. Aprs les 5 jours de paralysie du ciel europen provoque par le volcan

    islandais Eyjafjl, ce principe de prcaution nest-il pas dans les faits un principe

    danxit? Aprs une raction disproportionne la menace de la grippe H1N1 et la

    fermeture de lespace arien europen, on oublierait de mesurer la ralit effective du

    danger qui peut tre relie lincertitude de scnario. Par manque de volont et de

    rigueur, le principe de prcaution semble tre prcd dun principe de suspicion et

    danxit (idem).

    Lapproche rationnelle de Kahneman et Tversky (KT) fait justement la distinction entre lerisque comme une sensation et le risque comme calcul ou computation : ce sont les

    systmes 1 et systmes 2 dcrits dans de nombreuses contributions du Prix Nobel

    Daniel Kahneman, rcompense partage en 2002 avec Vernon Smith. Bref, une raction

    motive guide par le systme 1 de KT se substitue un effort rationnel dexamen des

    risques et des options qui devrait mobiliser le systme 2. En effet, le risque peut tre un

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    sentiment ou une sensation trait par le systme 1, ou une computation ou un calcul,

    trait par le systme 2.

    Quand le risque est une sensation, cette association est dirige par un affect. Cette

    association implique alors le systme 1, le systme cognitif qui gnre des ractions

    rapides, automatiques et viscrales, particulirement lors dexpriences rcentes et

    personnelles.

    Quand le risque est une computation, le systme 2 dsigne alors un systme analytique

    trouvant ses fondements dans la logique formelle, les statistiques Baysiennes, le calcul

    des probabilits, qui fonctionne lentement. Il peut tre mobilis dlibrment et

    consciemment par des humains mais il manque alors de support affectif (Weber, 2006).

    Dans le cas du changement climatique, le rsultat du fonctionnement des systmes 1 et

    2 dcrits par KT aboutit au paradoxe suivant : notre systme analytique nous suggre de

    srieuses menaces dans le futur alors que notre systme affectif ne nous alerte pas. Or,lattention provoque par le volcan islandais Eyjafjl et la perception consciente des

    impacts du nuage jumele une sensation danxit permet lapplication rapide dun

    principe de prcaution environnementale. Mais dans le cas du changement climatique,

    la menace est diffuse, lattention est absente, les sensations trs limites ce qui ne

    permet pas aux autorits publiques de dclencher des mesures drastiques en vertu dun

    principe de prcaution environnementale.

    Comme le changement climatique est un changement sans prcdent dans son

    ampleur, les personnes tendent plutt lignorer ou en attnuer les effets. PourHeidbrink (2007), lincertitude dans la prise de dcision stend ainsi au domaine de

    lthique de la responsabilit et, par consquent, au principe de prcaution en ce sens

    que nous devrions nous considrer responsables des consquences de nos actions

    mme si nous ne pouvons les prdire. Mais lthique de la responsabilit semble nous

    loigner des exigences de la pense rationnelle.

    Pour KT, les individus ne sont pas habitus investir les efforts ncessaires pense

    rationnelle : People are notaccustomed to thinking hard, and are often content to trusta plausible judgment that comes to mind. Les gens se fient alors un nombre limit deprincipes heuristiques qui rduisent les tches complexes dattribution des probabilits

    et de prdiction de valeurs de simples oprations de jugement. Lattribution subjective

    de probabilits ressemble lvaluation subjective de quantits physiques telles que la

    distance et la taille.

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    Figure 3. Reprsentation des probabilits de distribution de la sensibilit du climatde 16 experts du GIEC

    Les experts scientifiques en changement climatique font face ces heuristiques. Pour

    Morgan (2004), les protocoles dentrevue qui servent obtenir des probabilits

    subjectives doivent tenir compte de biais potentiels comme lexcs de confiance et les

    heuristiques de jugement. Les jugements sont effectus selon des rgles heuristiques.

    Selon Kahneman et Tversky, il existe trois types dheuristiques de jugement:representativeness (reprsentativit : les personnes jugent la vraisemblance quun objet

    appartienne une classe particulire en termes de sa ressemblance avec cette classe),

    availability(disponibilit : un jugement de probabilit dpend de laisance avec laquelle

    une personne peut penser le prcdentes occurrences de cet vnement ou peut

    imaginer de telles occurrences) et anchoring (ancrage : un jugement de probabilit est

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    souvent dpendant du point de dpart de ce jugement qui devient alors un ancrage)

    ainsi quune douzaine de biais systmatiques.

    La quantification de lincertitude structurelle - c..d. lincertitude quant lexistence et

    la dfinition de toutes les variables pertinentes et les relations fonctionnelles existant

    entre ces variables - se fait au moyen de la formulation de diffrentes alternatives

    plausibles portant sur des relations non encore parfaitement connues. Les estimations

    des experts seront ensuite recueillies et prsentes sur des graphes du type prsent

    la figure 2.

    Au cours de leurs discussions portant sur leurs jugements de probabilit, les experts en

    changement climatique du GIEC ont mis au point un style de communication qui impose

    de discuter de probabilits non avec des chiffres mais bien partir de mots. Mais ces

    mots possdent une signification intuitive pour beaucoup de personnes. De ce fait, les

    auteurs du rapport se sont efforcs de dfinir des tendues de probabilit laide de

    correspondances avec 7 termes tels que virtuellement certain, probable, plausible,

    possible, improbable etc.

    Que faut-il retenir de cette dimension cognitive rationnelle du changement climatique.

    Dans leurs crits de 1974, KT ne proposent pas de dfinition prcise du concept

    dheuristique : il sagit la fois des principes, des processus, de cues. En 2002, leur

    dfinition gnrique de lheuristique devient celle-ci: il y a utilisation dune heuristique

    quand une personne value un attribut cible de lobjet dun jugement en lui substituant

    un attribut heuristique qui lui vient plus rapidement, facilement lesprit. Le mot a deux

    sens: 1. un processus cognitif, 2. une substitution qui se produit lors dun jugement

    particulier.

    Lessence de la substitution dattribut, cest doffrir une rponse raisonnable une

    question qui na pas t pose. Autrement dit: lvaluation dun attribut heuristique

    vient immdiatement lesprit et sa relation associative avec lattribut cible est

    suffisante pour chapper au contrle du systme 2. Nous avons vu que notre systme

    analytique le systme 2 - nous suggre de srieuses menaces dans le futur alors que

    notre systme affectif ne nous alerte pas.

    Le changement climatique est donc un dfi cognitif pour le systme 2. Nous avons

    pass en revue certaines de ses caractristiques cognitives : manque dattention et de

    conscience chez lhomme alors quun concept de justice environnementale globale se

    dveloppe sous forme dexemplaires; difficults de partager une thorie cohrente du

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    changement climatique, thorie toujours dfie par des croyances plus idologiques

    que scientifiques et finalement absence relative dmotions telle que lanxit quant

    son impact.

    videmment, le fait que le changement climatique soit un dfi cognitif pour notre

    systme analytique place la communaut scientifique au cur de ce dfi. Et comme le

    travail de prdiction est un travail danalyse de lincertitude et du risque, les

    heuristiques de jugement seront toujours prsentes et les experts veillent y compris

    lintrieur du GIEC les baliser.

    Synthse et conclusion

    Nous avons volontairement restreint la littrature en sciences de la cognition quatre

    thmes : la conscience, le concept, les croyances et lapproche rationnelle. lintrieur

    de ces thmes, nous avons peu discut des dbats qui opposent certains protagonistes

    tels que les liens entre perception et reprsentation (est-ce le but de la perception de

    fournir des reprsentations prcises?), la rduction ou non de la conscience et des

    qualia, la nature rationnelle ou irrationnelle de ltre humain, ou les rles des

    composantes internes et externes de la cognition (Stainton, 2006).

    Nous avons voulu, en examinant quelques dfis cognitifs du changement climatique,

    apprendre ce que les sciences de la cognition pouvaient nous enseigner au sujet du

    quasi chec de la confrence de Copenhagen (dcembre 2009). Nous avons montr queles thmes des sciences de la cognition retenus expliquaient les symptmes observs

    autour du changement climatique tels que : absence de dfinition commune du

    phnomne du changement climatique, dni et dsinformation, ngociations sans

    aboutissement, interprtations idologiques dun phnomne qui ne devrait relever que

    de la science, questionnement des croyances des chercheurs et de la valeur de la

    science, ractions motives et difficults dvaluation des risques.

    Est-ce que le explications proposes laide des thories de la perception consciente,

    du concept de la justice environnementale globale, de la cohrence des croyances etdes biais cognitifs sont susceptibles daider les dcideurs et les professionnels concerns

    par le changement climatique tels que les hommes politiques, les urbanistes, les

    architectes et les gestionnaires concevoir, valuer et mettre en uvre des stratgies

    vertes?

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    En fait, la littrature en gestion propose 5 raisons qui poussent les compagnies

    adopter des stratgies vertes (Townsend, 2006). Ce sont :

    1. Les valeurs et les impacts environnementaux2. Les rglements gouvernementaux3. Les opportunits et les pertes conomiques4. Les crises organisationnelles5. La pression des parties prenantes.

    Les valeurs et les impacts environnementaux ne sont pas mutuellement exclusifs. Les

    valeurs environnementales sont, par exemple, une croyance dans le droit des tres

    vivants bnficier dun environnement sain, ce qui peut pousser une compagnie ou un

    ensemble de compagnies revoir les GES mis par une chane logistique. Lesrglements gouvernementaux attirent lattention des gestionnaires et peuvent les

    amener une perception consciente des impacts sur le climat de leurs activits. Les

    opportunits conomiques impliquent la conception de nouveaux produits ou processus

    verts alors que le risque de perte est li une non-conformit environnementale. Les

    dveloppements de KT sont utiles pour rflchir aux gains et aux pertes dans le futur.

    Les crises organisationnelles font suite des crises qui peuvent rsulter de manque de

    transparence, de comportements non thiques ou de fautes de gestion, telle que la

    crise de mare noire dans le golfe du Mexique (New York Times, 2010).

    Le tableau 2 croise les cinq causes socitales, cologiques, rglementaires,

    organisationnelles et conomiques de la mise en place de stratgies vertes avec les

    quatre dfis abords dans ce travail. De faon non limitative, il apparat que les valeurs

    et impact environnementaux posent lentreprise ou lorganisation publique - un

    dfi de justice environnementale globale reli la dfinition mme de la mission de

    lorganisation. Les rglements gouvernementaux sont nombreux dans les pays

    dvelopps, ils imposent aux organisations dorienter leur attention vers les

    caractristiques environnementales de leurs produits et processus de fabrication.

    Lvaluation des opportunits conomiques, lies par exemple au lancement denouveaux produits verts, peut tre enrichie par les rflexions de KT sur les heuristiques

    de jugement. Les crises organisationnelles, parfois gnres par des crises cologiques,

    modifient les motifs dattention et interrogent lensemble des croyances qui confrent

    lentreprise sa thorie des affaires (Voir Drucker, 1994). Finalement, les pressions des

    parties prenantes doivent tre traites, quelles proviennent de groupes cologiques, de

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    consommateurs, de fournisseurs ou dactionnaires. La varit de ces pressions multiple

    la nature des dfis cognitifs relis la mise en place de stratgies vertes.

    Tableau 2. Dfis cognitifs et stratgies vertes

    Attentionconscience

    Justiceenvironnementale

    globale

    Croyancesthorie

    Biaiscognitifs

    Les valeurs et les impactsenvironnementaux +++Les rglementsgouvernementaux +++Les opportunits et lespertes conomiques +++Les crisesorganisationnelles +++ +++La pression des partiesprenantes +++ +++ +++ +++

    En conclusion, lanalyse des dfis cognitifs du changement climatique dans laquelle de

    nombreux chercheurs en psychologie, sociologie et cognition se sont dj investis est

    une introduction pertinente aux dfis cognitifs de la conception, de lvaluation et de la

    mise en uvre de stratgies vertes.

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    ii CONSCIENTS DU PROBLME QUE POURRAIT POSER LE CHANGEMENT CLIMATIQUE L CHELLE DU GLOBE, LORGANISATION MTOROLOGIQUE MONDIALE

    (OMM) ET LE PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LENVIRONNEMENT (PNUE) ONT CR, EN 1988, LE GROUPE DEXPERTS INTERGOUVERNEMENTAL SUR

    LVOLUTION DU CLIMAT (GIEC). LE GIEC EST UN ORGANE INTERGOUVERNEMENTAL QUI EST OUVERT TOUS LES PAYS MEMBRES DE LONU ET DE LOMM.

    LE GIEC A POUR MISSION DVALUER, SANS PARTI PRIS ET DE FAON MTHODIQUE, CLAIRE ET OBJECTIVE, LES INFORMATIONS DORDRE SCIENTIFIQUE,TECHNIQUE ET SOCIO-CONOMIQUE QUI NOUS SONT NCESSAIRES POUR MIEUX COMPRENDRE LES FONDEMENTS SCIENTIFIQUES DES RISQUES LIS AU

    CHANGEMENT CLIMATIQUE DORIGINE HUMAINE, CERNER PLUS PRCISMENT LES CONSQUENCES POSSIBLES DE CE CHANGEMENT ET ENVISAGER

    DVENTUELLES STRATGIES DADAPTATION ET DATTNUATION. IL NA PAS POUR MANDAT DENTREPRENDRE DES TRAVAUX DE RECHERCHE NI DE SUIVRE

    LVOLUTION DES VARIABLES CLIMATOLOGIQUES OU DAUTRES PARAMTRES PERTINENTS. SES VALUATIONS SONT PRINCIPALEMENT FONDES SUR LES

    PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES DONT LA VALEUR SCIENTIFIQUE EST LARGEMENT RECONNUE.

    LUNE DES PRINCIPALES ACTIVITS DU GIEC CONSISTE PROCDER, INTERVALLES RGULIERS, UNE VALUATION DE LTAT DES CONNAISSANCES RELATIVES

    AU CHANGEMENT CLIMATIQUE. LE GIEC LABORE AUSSI DES RAPPORTS SPCIAUX ET DES DOCUMENTS TECHNIQUES SUR DES SUJETS QUI NCESSITENT DES

    INFORMATIONS ET DES AVIS SCIENTIFIQUES INDPENDANTS ET CONTRIBUE EN OUTRE LA MISE EN UVRE DE LA CONVENTION-CADRE DES NATIONS UNIES SUR

    LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES (CHANGEMENT CLIMATIQUENUCHANGEMENT CLIMATIQUE) PAR SES TRAVAUX SUR LES MTHODES APPLIQUER POUR LES

    INVENTAIRES NATIONAUX DE GAZ EFFET DE SERRE.

    LE GIEC DFINIT ACTUELLEMENT LES GRANDES LIGNES DU CINQUIME RAPPORT DEVALUATION (AR5), QUI PARATRA EN 2014. COMME CE FUT LE CAS DANS LE

    PASS, LES GRANDES LIGNES SONT LABORES SELON DES MODALITS PRCISES AUXQUELLES DOIVENT SE CONFORMER DES SPCIALISTES DU CHANGEMENT

    CLIMATIQUE DE TOUTES LES DISCIPLINES ET DES UTILISATEURS DES RAPPORTS DU GIEC, EN PARTICULIER LES REPRSENTANTS GOUVERNEMENTAUX. LES

    GRANDES LIGNES SERONT PRSENTES LA TRENTE ET UNIME ASSEMBLE PLNIRE DU GIEC ET AUX SESSIONS DE SES TROIS GROUPES DE TRAVAIL , QUI SE

    RUNIRONT BALI, INDONSIE, DU 26 AU 29 OCTOBRE 2009.

    LE GIEC EST AUSSI EN TRAIN DLABORER DEUX RAPPORTS SPCIAUX. UN RAPPORT SPCIAL SUR LES SOURCES DNERGIE RENOUVELABLES ET LES MESURES

    DATTNUATION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE DEVRAIT TRE PRT EN 2010. LE RAPPORT SPCIAL GRER LES RISQUES DVNEMENTS EXTRMES ET DES

    CATASTROPHES POUR AMLIORER LADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE EST AUSSI EN PRPARATION ET VA SORTIR EN 2011.(SOURCE :

    http://www.ipchangement climatique.ch/home_languages_main_french.htm#1).

    http://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.htm#1http://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.htm#1http://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.htm#1