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Demain aussi, le soleil brillera… Rébecca Edimo Di Giusto

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Demain aussi, le soleil brillera…

Rébecca Edimo Di Giusto

26.36 650249

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 354 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 26.78 ----------------------------------------------------------------------------

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Rébecca Edimo Di Giusto

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A Patrick, Pour son amour qui me donne des ailes

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Chère lectrice, cher lecteur, La première partie de ce carnet de voyage, a déjà

été traitée dans mon ouvrage « La vie sous d’autres cieux », paru en 2010.

Toutefois, j’ai choisi de revenir sur cette aventure africaine pour plusieurs raisons :

– Ayant eu l’opportunité de rencontrer et d’échanger avec certains d’entre vous, au travers de vos questions, j’ai réalisé qu’il manquait parfois des détails ou des conclusions à des récits. Ceci a été corrigé dans cet ouvrage.

– D’autre part, une fois revenu en France, de nombreux souvenirs me sont revenus à la mémoire. Je me devais de les rajouter afin de vous présenter le récit de façon chronologique et complète.

– En outre, contrairement au précèdent ouvrage où j’ai tenu à garder une distance dans la description du pays, je me permets ici de donner mon ressenti de cette expérience, ainsi que les leçons de vie que j’en dégage.

– Enfin, le précèdent ouvrage comportait quelques

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erreurs que je tenais à corriger pour vous offrir une histoire plus agréable à la lecture.

Vous souhaitant par avance un beau voyage au cours de la lecture de ce carnet, et au plaisir d’une rencontre ou d’un échange.

Aventureusement, Rebecca,

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Première partie

Afrique : Le Kenya !

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« Heureux sont ceux qui se permettent d’avoir des rêves et qui sont prêts à payer le prix pour les réaliser. »

Auteur Inconnu

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Je suis allongée dans le hamac à l’ombre des

acacias, plongée dans mes réflexions. Je savoure mes derniers moments en Afrique ! Je ne suis pas partie, que je suis déjà nostalgique de ce continent et de ses êtres. Je réalise combien nous avons eu la chance, de vivre au rythme de nos envies ces dernières années ! J’en suis d’autant plus fière que nous ne sommes ni de riches héritiers, ni des retraités fortunés ou encore des célébrités, mais plutôt « Monsieur et Madame tout le monde » passionnés de voyages, d’aventures, de découvertes, de contacts. Des personnes lambda qui ont eu le désir et qui ont franchi le pas de mener un mode de vie atypique, de profiter de la vie dans le sens le plus simple du terme, de voir ce qui nous entoure, de s’intéresser à d’autres peuples et cultures, de communiquer, de rire, d’aimer… De prendre le temps de vivre et de faire toutes ces choses que l’on ne prend plus le temps de faire, faute de temps dans un monde où tout doit aller très vite !

Le système voudrait que l’on ne profite de la vie qu’une fois retraité. Je serais tentée de dire au

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moment même où l’on a moins d’envie, moins d’énergie, moins de capacité ; maladies, douleurs, et autres fardeaux étant le lot du grand âge. Je suis particulièrement admirative des retraités actifs. Je partage leur idéologie de vie. Il n’y a effectivement pas d’âge limite pour voyager, apprendre, découvrir, vivre… Je ne peux toutefois m’empêcher de me demander si je trouverais du plaisir à l’aventure, à la découverte, une fois retraitée. De plus, c’est un moment qui semble si lointain. Pourquoi attendre ? Nous n’en prendrons pas le risque. Dans son ouvrage « Même le silence a une fin », Ingrid Betancourt dit que « Notre capital de vie se compte en seconde. Une fois que ces secondes sont écoulées, on ne les récupère plus. » D’où l’intérêt de bien les utiliser pour éviter des regrets.

La décision de prendre notre premier congé sabbatique découle d’un voyage simplement touristique de dix jours au Kenya. C’est là que tout commence. Je suis loin de penser que de simples vacances nous décideraient à changer de vie. Après ce merveilleux séjour au pays de safaris, de masaïs, d’eaux turquoise chaudes de l’océan indien, je contemple une dernière fois le panorama du Kenya de l’avion qui nous ramène à la maison et je sens la tristesse m’envahir. Outre le regret que j’éprouve à devoir quitter cette région magnifique qui m’a conquise, les souvenirs envahissent mon esprit. Le contact rapproché avec les animaux sauvages, comme

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le fait de nourrir les girafes à la main, la plongée sous-marine, les saveurs de fruits de mer dégustés dans un boutre traversant la presqu’île de Mombassa sous un concert de musique locale, le ciel bleu et toujours ensoleillé… Et ce sentiment de sérénité des Kenyans « Hakuna matata » ! Traduit « Il n’y a pas de problèmes », expression populaire ici.

Nous sommes rentrés de ce voyage sous une fine pluie et un vent glacial dignes du mois de décembre. Dure, dure l’acclimatation ! Très dure aussi la reprise du travail au cabinet situé dans le 16è arrondissement de Paris, où j’exerçais alors en tant qu’assistante dentaire. Il faut reprendre le rythme mais j’ai perdu de mon enthousiasme. Patrick est encore plus nostalgique que moi. Ce énième voyage en Afrique lui donnait comme d’habitude l’occasion d’éprouver le bonheur de vivre son rêve d’enfant, quand il dévorait des livres sur ce continent, sa faune et sa flore. C’est là qu’était née cette véritable passion, dès sa plus tendre enfance, et le désir de découvrir cette terre.

Dans son livre « Marche avant », l’écrivain voyageur Alexandre Poussin considère le congé annuel sans solde comme un « luxe qui ne devrait pas être réservé qu’aux retraités, rentiers ou écrivains voyageurs. Car dit-il, un an de congé sans solde pour aller refaire le monde devrait être un droit inaliénable à partir de quarante ans. Pourquoi attendre la retraite ? S’interroge-t-il. Quand on a mal partout et qu’on a pris tant de mauvaises habitudes ! Le bénéfice

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pour la santé, pour le moral, pour la planète serait une sorte de “service humanitaire” ! » Conclut-il.

Quelques jours après notre retour, nous avons pris la décision de repartir continuer notre aventure africaine. Nous venions de vendre un appartement parisien que mon mari avait acheté vingt-deux ans plutôt, avec une belle plus-value. Nous avons soldé le crédit de la maisonnette rue Armand Sylvestre et mis le bien en location. En plus de ce loyer, il nous restait une belle rente qui nous mettait pendant quelques temps à l’abri du besoin. Il fallait saisir cette opportunité.

En matière de prise de décision, un article donne le conseil suivant : « Pesez honnêtement les conséquences de votre décision, vous aurez sans doute la présence d’esprit de renoncer à un choix calamiteux. A l’inverse, si vous imaginez les bienfaits à long terme d’une décision raisonnable, vous serez conforté dans votre bon choix. Il est important de se demander quelles seront les conséquences de mon choix dans un an, dix ans ou vingt ans. Ma santé nerveuse ou physique risque-t-elle d’en pâtir ? Qu’en sera-t-il de ma famille, ou d’autres personnes qui me sont chères ? » L’article poursuit « Au lieu de prendre des décisions de manière autonome, beaucoup se contentent d’imiter leur entourage. Mais une certaine façon de mener sa vie n’est pas la meilleure simplement parce que tout le monde fait comme ça. Décidez par vous-même. Envisagez le long terme en ayant une vision bien nette

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de ce que vous voulez faire de votre vie et de comment vous allez atteindre vos objectifs, puis concrétisez-les. »

Je pense à la parole proverbiale du sage roi Salomon dans les Saintes Ecritures « Il n’y a rien de mieux pour un homme que ceci : qu’il mange, qu’il boive et qu’il fasse voir à son âme le bien de tout son dur travail. »

* * *

Nairobi 2 septembre 2006, le jour J est enfin arrivé. Après deux années de préparatifs et quelques heures de vol, notre avion se pose en douceur sur la piste de l’aéroport international Njomo Kenyatta. « Jambo ! Karibuni Kenya ! », « Bonjour ! Bienvenue au Kenya ! ». Il est cinq heures du matin lorsque nous franchissons la douane. On y est accueilli avec chaleur et enthousiasme. Une fois le précieux tampon du visa inscrit sur nos passeports, nous regagnons la sortie. Il fait encore nuit et plutôt frisquet. Au loin, j’aperçois des personnes munies de pancartes sur lesquelles sont inscrits des noms. Jacqueline et Oren Omondi, sont parmi elles. Nous faisons connaissance, accueillis avec un large sourire : « Welcome to Kenya ! » Première occasion de tester mon anglais non pratiqué depuis quelques temps. De mémoire, la dernière fois, ce devait être lors d’un séjour chez des amis à Londres, un an auparavant. Ouf ! Nous nous comprenons !

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Patrick demande sans arrêt la traduction. Je réalise ce qui m’attend dans les jours à venir. Passer d’une langue à une autre ne va pas être facile. En effet, malgré mon insistance, il avait refusé de prendre quelques cours d’anglais préparatoires, voulant « apprendre sur le terrain ! » De ce fait, il avait besoin d’une interprète toute désignée. Bien joli tout cela, mais je ne m’étais pas préparée à jouer ce rôle, d’autant que mon anglais était en cours de perfectionnement. Heureusement, Oren et Jacqueline comme la plupart des Kenyans, constaterons-nous par la suite, parlent lentement. L’anglais est la langue administrative qu’ils apprennent à l’école. Les langues maternelles sont le swahili et plus de quarante dialectes qui varient en fonction de la tribu. Ils s’avéreront pour nous, de précieux instructeurs de la langue de Shakespeare.

Nous longeons maintenant la Vallée du Rift par la nationale, en direction de Nakuru. Il est une heure de l’après-midi. La matinée avait été consacrée aux arrêts d’Oren qui s’occupait de son business. Time is money est une autre expression populaire au Kenya. Première pause agréable dans une région touristique, sur un point de vue dominant de la vallée, avec une fabuleuse vue du Mont Longonot, et tout en bas de l’escarpement, de vastes étendues de champs de thé et de maïs. C’est bien cela la première source économique du pays et non le tourisme, comme je le pensais. On y trouve également des boutiques, sortes

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de maisonnettes en bois appelées Dukas. Premier marchandage avec les autochtones. Très difficile de leur faire assimiler que nous sommes ici pour une année au moins et donc nous ne sommes pas pressés d’acheter des articles souvenirs. De plus, nous n’avons pas encore les conversions shillings-dollars-euros en tête et sentons l’arnaque arriver. Bilan de l’aventure : zéro sculpture. « Next time ! »

C’est reparti. La conduite est sportive et Oren la pratique avec aisance et agilité. Nous apercevons le lac Naïvasha. Premier de la série, dont dispose la Rift Valley. Malheureusement après Naïvasha, la 104 est en très mauvais état. Je l’avais lu dans les bouquins mais ne l’avais pas imaginé à ce point. Les routes sont défoncées par une multitude de camions porte-containers. Ils chargent au port de Mombassa et se dirigent vers l’Ouganda. Le trafic est dense. La chaussée est constellée de nids-de-poule, pardon de nids d’éléphants, de cratères. En plus de l’état pitoyable des voies, le paysage anormalement aride en cette saison de pluie, est jauni par la sécheresse et la poussière.

Un sentiment de mal-être m’envahit alors. J’ai l’impression d’aller dans un No man’s land, la région la plus lointaine de la terre, où je serai oubliée de tous. Après l’effervescence et l’excitation à la vue du lac Naïvasha, c’est le grand silence dans la voiture. Patrick, perspicace, a discerné mon angoisse. Et loin de s’extasier à la vue des animaux sauvages que nous

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rencontrons le long de la route, babouins, zèbres, impalas, buffles, gazelles et autres, il m’entoure de ses bras et me caresse doucement la main comme pour me rassurer.

Je sais qu’il se maîtrise. Je suis consciente qu’il éprouve un grand bonheur de vivre – enfin ! – son rêve d’enfant quand il lisait les récits d’aventures de George et Joy Adamson ou Karen Blixen ! Mais le problème, c’est que je ne me sens pas du tout dans la peau de Karen Blixen ni de Joy Adamson et je n’ai pas la prétention d’avoir épousé Ernest Hemingway ! Certes, je suis née en Afrique et comme ces explorateurs, j’y ai vécu. Mais la comparaison s’arrête là. Car contrairement à eux, j’ai toujours évolué dans la ville, le bush c’est le Far West pour moi. Je suis donc une pauvre petite citadine des villes africaines et mes huit années à Paris et sa banlieue ouest ne m’ont pas améliorées, bien au contraire.

Fort heureusement, après deux interminables heures de piste, de poussière, de paysage de savane couvert d’épineux, nous arrivons enfin dans la ville de Nakuru et, miracle, la route asphaltée est en parfait état et la petite cité est arborée, colorée de mes arbres à fleurs préférés. Des jacarandas aux fleurs violettes, rapportés d’Asie par les colons, bordent les routes. Leurs cimes se croisent, créant des chaussées ombragées où il est très agréable de circuler. De même pour les acacias aux fleurs jaune, les flamboyants aux magnifiques fleurs rouge, des bougainvilliers aux tons

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divers : rouge, fuchsia, orange, jaune, blanc ; des hibiscus et encore bien d’autres variétés d’arbres à fleurs. Cette symphonie de couleurs donne à la ville un éblouissant effet de feu d’artifice !

Peu après l’entrée à Nakuru, nous quittons la nationale et empruntons une sortie à notre droite. C’est l’entrée de Milimani, le quartier résidentiel haut perché. A notre gauche, s’étale un grand tapis de verdure propre, arboré. Oren nous présente la piste d’atterrissage du président Kibaki lorsqu’il est au State House de Nakuru. A notre droite, une grande et belle propriété au portail peint de couleurs du drapeau kenyan, c’est le fameux State House. Un des petits palais parmi ceux, très nombreux, qui sont éparpillés dans le pays.

Nous empruntons une allée, entièrement bordée de bougainvilliers et au bout de celle-ci, une villa coloniale. Un sexagénaire à la peau halée par le soleil nous ouvre le portail, je devine que c’est Ralph. Nous étions rentrés en contact depuis Paris, par le biais d’une connaissance, qui nous avait parlé de sa maison d’hôte dans une ferme à Nakuru. Nous y sommes chaleureusement accueillis par Ralph et Christine. Rosemary, la gouvernante, nous offre du thé, des cakes et des cacahuètes en guise de bienvenue. Une fois les présentations faites, Ralph nous propose la visite de la propriété. Nous y découvrons le jardin paradisiaque qui l’entoure et l’élevage de perruches, de callopsittes, d’ovins.

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Nous passons trois semaines dans le Guesthouse des Ballard et choisissons de nous installer à Milimani, après une vue d’ensemble de la ville, à proximité de ces nouveaux amis. On y côtoiera d’autres expatriés, des hommes d’affaires, des notables. Milimani porte bien son nom, qui signifie en swahili « place de la colline », car situé sur une des nombreuses collines, au pied de la forêt de montagne occupée par des félins. Des léopards affamés, rôdent la nuit dans le quartier à la recherche d’une proie ; leurs favoris, les chiens. Christine nous apprendra que la semaine dernière, une voisine s’est trouvée nez à nez avec un mâle alors qu’elle rentrait chez elle. Le prudent félin s’est dépêché de repartir dans la forêt et la voisine de continuer sa route, les mains tremblantes sur le volant.

Début octobre, aidés par les Ballard, nous avons trouvé notre demeure : une jolie maison coloniale avec un immense terrain, idéal pour notre projet de petite ferme d’agrément de volailles, de brebis, de chiens et le potager de légumes bio ! L’hospitalité africaine est l’une des plus généreuses au monde et en être l’objet est un pur délice. Les Jean-Louis, une famille d’origine seychelloise présentée par les Ballard, se sont mis spontanément à notre disposition pour nous aider dans notre installation. Valérie m’a accompagné pour l’achat de l’électroménager et diverses démarches. Peu après, avec ses garçons, Daniel et Adrien, elle débarquait, la voiture chargée