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FAITS MARQUANTS 2017 Membre fondateur de DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE

DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

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FAITS MARQUANTS 2017

Membre fondateur de

DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE

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Département EA

FAITS MARQUANTS

2017

Sommaire

Publication d’un ouvrage collectif dirigé par le LSE sur l’Agromine ……………………

Les plantes compagnes en association à une culture de rente : un levier pour

réduire les intrants …………………………………………………………………………..

L’acidité des sols agricoles français diminue……………………...……………………...

Potentiel de l’approche ensembliste de modèles pour réduire les incertitudes de

prédiction de la production et des intensités des émissions de N2O de cultures

annuelles et de prairies………………………………………………...............................

Un nouveau cadre d’analyse de la diversité des formes d’agriculture ;

conséquences pour la recherche agronomique…………………………………………

Des systèmes agrivoltaïques dynamiques……………………………………………….

Les services écosystémiques rendus par les enherbements viticoles enfin

inventoriés……………………………………………………………………………………

Recyclage de matières fertilisantes d’origine résiduaire : faible impact sur les

teneurs en résidus pharmaceutiques et leurs effets écotoxicologiques dans les

agrosystèmes…………………………………………………...……………………………

Les systèmes de culture peu consommateurs de pesticides sont le plus souvent aussi

productifs et aussi rentables que les systèmes très dépendants des pesticides……..

Impact du changement climatique sur les maladies..……………………………………

L’entretien des fossés comme levier pour limiter la contamination des eaux par les

pesticides ……………………………………...……………………………………………..

TATA-BOX : une boite à outils pour accompagner la transition agroécologique des

territoires ruraux……………………………………………………………………………...

Quelles différences entre les successions de cultures en agriculture biologique et

conventionnelle ? Une analyse à l’échelle mondiale…………………………………….

Construire la qualité du champ à l’assiette : exemple de la tomate d’industrie ………

La combinaison modélisation & imagerie par résonance magnétique : une nouvelle

approche pour caractériser le devenir des polluants dans le sol…………….………..

Exploitation des processus épigénétiques : quel couplage avec la modélisation pour

orienter l’adaptation des cultures aux nouveaux défis sanitaires et

environnementaux ?………………………………………………………..……………….

3

5

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Publication d’un ouvrage collectif dirigé par leLSE sur l’Agromine :AGROMINING: FARMING FOR METALS -Extracting unconventional resources using plants

Résumé

Suite à l’animation (leader) d’un réseau européen et d’un réseau international sur l’Agromine (filière

intégrée de production de sels de métaux stratégiques par des cultures agroécologiques de plantes

hyperaccumulatrices de métaux et des procédés métallurgiques de synthèse à partir des biomasses

produites), le LSE a conçu, proposé et édité cet ouvrage collectif qui représente la première

synthèse mondiale sur le sujet.

Contexte et Enjeux

Le LSE a pris le leadership dans le domaine de l’agromine. Il anime au travers du LIA Ecoland et du

projet de laboratoire joint avec l’Université du Queensland (portant sur les ressources minières non

conventionnelles) un réseau mondial à deux niveaux : Européens (portage de deux projets

européens sur l’agromine associant l’essentiel des équipes travaillant sur le sujet) et International

reposant sur le partenariat LSE/SYSU/UQ.

Résultats

De fortes retombées médiatiques (diffusion le 21 janvier 2017 du documentaire : Sols Contaminés,

des plantes à la rescousse, 51 minutes sur Arte + courts reportages France Info TV, Reportage

France2 13h) et de fortes retombées scientifiques au travers de ce premier ouvrage rassemblant

toutes les connaissances acquises à ce jour par les leaders mondiaux qui ont contribué à

développer l’Agromine. Les quatre éditeurs sont tous membres du LSE (deux permanents et deux

chercheurs invités). Ils ont aussi largement contribué ainsi que des collègues du LIA Ecoland et de

l’UQ, au contenu de ce livre. Le succès de l’Agromine est aussi lié à celui du Labex Ressources21

(Université de Lorraine) 2011-2019 auquel l’INRA est associé et qui a permis de conforter tant les

actions de recherche (thèses et post-docs) que les réseaux actifs (chercheurs invités, workshop

international Nickel).

Perspectives

Complètement testée et éprouvée pour le cas du nickel, l’agromine s’intéresse maintenant à des

ressources minérales encore plus stratégiques (terres rares, métaux précieux,…) et l’ouvrage ouvre

largement ces nouvelles perspectives qui vont probablement se développer tant au niveau de la

recherche fondamentale qu’au niveau des applications commerciales et en partenariat avec

l’industrie minière.

Valorisation

Dans ces réseaux, trois entreprises (start-ups) sont directement impliquées dans ces travaux de

recherche et devraient assurer la transformation de 30 ans de recherches en une activité

économique viable et créatrice de richesse.

5

UMR LSE

Laboratoire Sols et

Environnement

Centre Grand-Est Nancy

Contact

Guillaume Echevarria

Guillaume.Echevarria@univ-

lorraine.fr

Priorités du document

d’orientation

#3Perf-2, #Climat3, #Climat-4,

#BioRes-1, #BioRes-2,

#BioRes-3

Plans d’action

Innovation, Stratégie

européenne et internationale,

Prospective scientifique

interdisciplinaire

Métaprogramme

EcoServ

Mots clés

Sols contaminés, services

écosystémiques, cultures non-

alimentaires, agromine, éco-

conception, bioéconomie &

économie circulaire

Département EA

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Références bibliographiques

> Bani A, Echevarria G, Sulçe S, Morel JL (2015) Improving the agronomy of Alyssum murale for

extensive phytomining: A five-year field study. Int J Phytorem 17:117-127.

> Lange B, van der Ent A, Baker AJM, Mahy G, Malaisse F, Meerts P, Echevarria G, Pourré O,

Verbruggen N, Faucon MP (2017) Copper and cobalt accumulation in plants: a critical

assessment of the current status of knowledge. New Phytol 213:537-551.

> Lopez S, Piutti S, Vallance J, Morel JL, Echevarria G, Benizri E (2018) Nickel drives bacterial

community diversity in the rhizosphere of the hyperaccumulator Alyssum murale. Soil Biol

Biogeochem 114:121-130.

> Nkrumah PN, Baker AJM, Chaney RL, Erskine PD, Echevarria G, Morel JL, van der Ent A

(2016) Current status and challenges in developing nickel phytomining: an agronomic

perspective. Plant Soil, 406:55-69. doi : 10.1007/s11104-016-2859-4.

> Reeves RD, Baker AJM, Jaffré T, Erskine P, Echevarria G, van der Ent A (2017) A global

database for plants that hyperaccumulate metal and metalloid trace elements. New Phytol, sous

presse.

> Rodrigues J, Houzelot V, Ferrari F, Echevarria G, Laubie B, Morel JL, Simonnot MO, Pons MN

(2016) Life cycle assessment of agromining chain highlights role of erosion control and

bioenergy. Journal of Cleaner Production 139:770-778.

> van der Ent A, Baker AJM, Reeves RD, Chaney RL, Anderson CWN, Meech JA, Erskine P D,

Simonnot MO, Vaughan J, Morel JL, Echevarria G, Fogliani B, Qiu RL, Mulligan D (2015)

Agromining: farming for metals in the future? Environ Sci Technol 49:4773-4780.

> van der Ent A., Echevarria G., Baker A.J.M. & Morel J.L. (2018) AGROMINING: FARMING

FOR METALS – Extracting unconventional resources using plants. Mineral Resources Series.

Springer Interrnational Publishing AG, Cham, Switzerland, 312 pp.

DOI 10.1007/978-3-319-61899-9

> Zhang X, Laubie B, Houzelot V, Plasari E, Echevarria G, Simonnot MO (2016) Increasing purity

of Ammonium Nickel Sulfate Hexahydrate and production sustainability in a nickel phytomining

process. Chemical Engineering Research and Design, 106, 26-32.

doi: 10.1016/j.cherd.2015.12.009

6

Département EA

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Les plantes compagnes en association à une

culture de rente : un levier pour réduire les

intrants

Résumé

Les plantes de services sont des espèces mises en culture n’ayant pas un objectif direct de

production, mais qui rendent des services écosystémiques permettant notamment, de réduire

l’usage des intrants. Dans ce travail, nous avons évalué l’intérêt d’associer des plantes de

services à des cultures pendant tout ou une partie de leur cycle. Nous avons réalisé une méta-

analyse des études publiées sur ce sujet, et avons étudié en détail les associations du colza

d’hiver à des plantes gélives dans un réseau de parcelles en France.

Contexte et Enjeux

Aujourd’hui, la durabilité d’une agriculture dépendante des produits de synthèse est plus que

jamais remise en question. L’augmentation de la biodiversité cultivée à l’échelle de la parcelle est

un levier majeur pour favoriser les régulations naturelles et réduire le recours aux intrants. Les

plantes « de services » sont des plantes qui ne sont pas récoltées mais qui fournissent des

services : couverture du sol, régulation des adventices, captage et fixation de l’azote, limitation de

l’érosion, stimulation de l’activité biologique du sol. Lorsqu’elles sont cultivées avec une culture de

rente pendant une partie significative de son cycle, on parle de « plantes compagnes » (figure 1).

Dans le cadre du projet CASDAR Alliance, nous avons souhaité quantifier les services

écosystémiques rendus par les associations d’une culture de rente à des plantes de services. Les

bénéfices attendus sont (1) la régulation naturelle des bioagresseurs au sens large, (2) la

réduction de l’utilisation d’engrais de synthèse via l’utilisation de processus biologiques et (3) le

maintien de la production.

Résultats

Grâce à une méta-analyse de résultats expérimentaux extraits de 34 articles scientifiques

couvrant 17 pays, nous avons montré que les plantes compagnes conduisent à une réduction de

56% de la biomasse d’adventices par rapport à une culture seule non-désherbée, et 42% par

rapport à une culture seule désherbée. Les cultures de maïs semées dans un mulch vivant sont

celles qui ont le plus bénéficié de l’association à des plantes compagnes.

7

UMR Agronomie

Centre Ile-de-France Versailles-

Grignon

Contacts

Valentin Verret

[email protected]

Muriel Valantin-Morison

[email protected]

David Makowski

[email protected]

Antoine Gardarin

[email protected]

Safia Médiène

[email protected]

Elise Pelzer

[email protected]

Priorité du document

d’orientation

#3Perf-1

Métaprogramme

Ecoserv

Mots clés

Plantes de services, plantes

compagnes, colza, adventices,

rendement

Département EA

Culturederenteseule

Mulchvivant

Semissimultané

Associa onenrelais

Figure 1 : Les plantes de services (en noir) peuvent être associées à des cultures (en blanc) selon

différentes modalités temporelles : un semis de la culture dans un mulch vivant de plantes de

services déjà établi, un semis simultané des plantes de services et de la culture, ou bien un semis

en relais des plantes de services dans la culture déjà bien établie.

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Comparaisonàdessitua onnon-désherbées

Effetglobal

Céréalesàpaille– mulchvivantCéréalesàpaille–semissimultanéCéréalesàpaille–semisenrelai

Maïs– mulchvivantMaïs–semissimultané

Ra odesbiomassesd’aven ces Ra odesrendements

Colzaassociéàunmélange«vescecommune+vescepourpre+trèfled’Alexandrie»

Colzaassociéàunmélange«Féverole+len6lle»

En France, cette approche a été mise en pratique avec le colza : des plantes de services gélives,

le plus souvent choisies dans la famille des légumineuses sont semées en même temps que le

colza pour concurrencer les adventices et perturber les insectes pendant l’automne (Lorin, 2015).

La plante de service ne survivant pas à l’hiver, le colza termine son cycle sans concurrence et

bénéficie d’azote restitué par les résidus de plantes. Les résultats de 79 essais menés en France

entre 2009 et 2016 ont permis de valider cette technique. Les plantes légumineuses gélives

associées au colza permettent à la fois de réduire la fertilisation de 30 kg N/ha sans perdre de

rendement. De nombreuses espèces ont été testées, mais le mélange de féverole + lentille

associé au colza apparait comme étant globalement le plus performant. L’analyse de co-variables

agroenvironnementales a permis d’établir que ces associations sont particulièrement

intéressantes dans le cas de parcelles pauvres en azote au semis, et dans le cas de semis

précoce de colza.

Perspectives

Des travaux sur les processus permettant d’expliquer les phénomènes de facilitation observés

avec certaines associations (colza-mélanges à base de féverole) sont envisagés.

8

Département EA

Figure 2 : Effets de l’association d’une culture de rente (céréales à paille et maïs) à des plantes de

services sur la biomasse d’adventices et le rendement, selon les différentes modalités temporelles

d’association, dans les situations où la culture n’est pas désherbée. Le nombre de situations

expérimentales et le nombre d’études dans chaque cas sont indiqués entre parenthèses.

Figure 3 : Evaluation multicritère des services rendus par deux mélanges « féverole + lentille » ou

« 2 vesces + trèfle d’Alexandrie » associés au colza (lignes pleines), en comparaison au colza

seul (pointillés noirs). 0 = le moins bon, 1 = le meilleur.

ti

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Valorisation

Ces travaux s’inscrivent dans le projet CASDAR Alliance, et ont fait l’objet de 2 publications

scientifiques (objets de cette fiche de faits marquants). Ils contribuent à lever les nombreux

verrous techniques de la culture du colza dans les systèmes économes en pesticides et en

agriculture biologique (gestion de l’enherbement et des insectes ravageurs, disponibilité de

l’azote). Un outil d’aide au choix des espèces intitulé CAPS (Colza Associé à des Plantes de

Services) a été développé en mobilisant l’expertise des partenaires du projet (entre autres :

chambres d’agriculture, ISARA, ESA d’Angers, etc.). Cet outil ainsi qu’un diaporama pédagogique

sont disponibles en téléchargement sur le site de l’unité : http://www6.versailles-

grignon.inra.fr/agronomie/Recherche/Regulations-biologiques/Projet-CASDAR-Alliance

Références bibliographiques

> Verret V., Gardarin A., Pelzer E., Médiène S., Makowski D., Morison M. 2017. Can legume

companion plants control weeds without decreasing crop yield? A meta-analysis. Field Crops

Research 204, 158-168. https://doi.org/10.1016/j.eja.2017.09.006

> Verret V., Gardarin A., Makowski D., Lorin M., Cadoux S., Butier A., Valantin-Morison M., 2017.

Assessment of the benefits of frost-sensitive companion plants in winter rapeseed. European

journal of agronomy. European Journal of Agronomy, 91, 93-103.

https://doi.org/10.1016/j.fcr.2017.01.010

> Thèse de Mathieu Lorin, 2015. Services écosystémiques rendus par des légumineuses gélives

introduites en tant que plantes de service dans du colza d'hiver : évaluation expérimentale et

analyse fonctionnelle.

9

Département EA

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L’acidité des sols agricoles français diminue

Résumé

En utilisant une base de données nationale appelée Base de Données des Analyses de Terre,

nous montrons que l’acidité des sols de France a diminué entre 1996 et 2010. La quasi-totalité

des évolutions significatives du pH sont positives et représentent une augmentation annuelle

d’environ 0,025 unité de pH par an.

Contexte et Enjeux

Les sols non calcaires présentent une tendance naturelle à l’acidification, qui peut être accentuée

par des causes d’origine humaine (dépôts atmosphériques azotés et soufrés, fertilisation) ou

corrigée par des apports d’amendements neutralisants. Le pH des sols est la mesure la plus

répandue pour évaluer cette acidité. Des pH trop acides peuvent avoir des conséquences très

néfastes sur le maintien des fonctions écosystémiques des sols et leur fertilité.

A l’échelle nationale, l’évolution de ce paramètre est difficile à suivre en raison de sa grande

variabilité spatiale et de ses fluctuations intra-annuelles. Pour pallier cette difficulté, nous utilisons

des données historiques récoltées entre 1996 et 2010 et provenant d’analyses de terre réalisées à

la demande des agriculteurs, sur lesquelles nous appliquons un algorithme statistique pour tenir

compte des biais éventuels liés à la procédure d’échantillonnage non maîtrisée.

Résultats

Plus de 488 700 résultats d’analyses de terre réunies dans la Base de Données d’Analyses de

Terre (BDAT) ont été mobilisés pour étudier l’évolution du pH entre 1996 et 2010 en France.

Durant cette période, tous les laboratoires participant au programme BDAT ont utilisé strictement

la même méthode pour la détermination du pH. Les sols calcaires ont été exclus de l’étude car

nous avons fait l’hypothèse que ces sols ne subissent pas de variation de pH en raison de l’effet

tampon provoqué par le calcium. Les résultats ont été regroupés en deux périodes temporelles

(1996-2000 et 2006-2010) et par petites régions agricoles. L’algorithme statistique utilisé se base

sur des techniques Monte-Carlo et permet d’obtenir des cartes des évolutions assorties

d’incertitudes. Les résultats montrent que la quasi-totalité des évolutions statistiquement

significatives sont des hausses du pH. Près de 36 % de la surface des sols agricoles non

calcaires auraient subi une évolution positive, alors que seuls moins de 1 % montreraient une

évolution à la baisse.

Pour les surfaces restantes, aucune évolution

ne peut être démontrée, principalement en raison

d’effectifs trop faibles pour les statistiques.

Ce résultat suggère que l’augmentation des pH

dans les sols agricoles est générale. L’évolution

moyenne observée est de 0,025 unité de pH

par an. Les ventes d’amendements neutralisants

n’ayant pas montré d’augmentation au cours de

cette période, cette évolution est probablement

due aux effets combinés d’une baisse des

dépôts atmosphériques acides et d’une meilleure

gestion de la fertilisation azotée.

10

US Infosol

Centre Val de Loire

Contact

Nicolas Saby

[email protected]

Priorité du document

d’orientation

#Climat 4

Métaprogramme

Ecoserv

Mots clés

Sols, acidité, évolution, pH,

France

Département EA

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Perspectives

Cette tendance pourra être vérifiée dans le futur avec l’ajout progressif de nouvelles analyses et

l’augmentation corrélative des effectifs. Plus généralement, les résultats montrent le potentiel

d’utiliser cette base de données pour montrer des évolutions des caractéristiques des sols

agricoles, sous réserve de mettre en place des procédures statistiques robustes permettant de

tester leur réalité.

Valorisation

Communication au congrès des journées de la fertilisation.

Référence bibliographique

> Saby N, Swiderski C, Lemercier B, Walter C, Benjamin P., Louis BP, Eveillard P, Arrouays D.

2017. Is pH increasing in the non-calcareous topsoils of France under agricultural management?

A statistical framework to overcome the limitations of a soil test database. Soil Use &

Management. 33, 460-470. DOI: 10.1111/sum.12369

11

Département EA

Figure 1: Evolution entre 1996-2000 and 2006-2010 des pH des parcelles agricoles échantillonnées

Page 12: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

Potentiel de l’approche ensembliste de modèles

pour réduire les incertitudes de prédiction de la

production et des intensités des émissions de

N2O de cultures annuelles et de prairies

Résumé

Dans le cadre de l'Alliance globale de recherche sur les gaz à effet de serre (GRA) et de projets

FACCE-JPI, l’INRA a coordonné l’évaluation et l’inter-comparaison de 24 modèles carbone-azote

(16 pour les grandes cultures et 12 pour les prairies), considérés individuellement et comme un

ensemble, sur neuf sites expérimentaux répartis sur 4 continents. Pour la première fois, ce travail

montre le potentiel de l’approche par ensemble de modèles pour prédire de manière conjointe la

production végétale et l’intensité des émissions de N2O.

Contexte et Enjeux

Depuis les années 1990, la communauté scientifique internationale a mis au point des modèles

numériques pour simuler le rendement, les émissions de gaz à effet de serre (GES) et la

dynamique du carbone des terres agricoles. Par rapport aux méthodes d’estimation des émissions

du GIEC (niveau 1 et niveau 2), les modèles prennent mieux en compte les interactions entre le

sol, la végétation et l’atmosphère, et leur dépendance aux conditions climatiques et aux pratiques

agricoles. Ces modèles ont été largement comparés pour l’estimation du rendement des cultures,

mais beaucoup plus rarement et ponctuellement pour les émissions d’oxyde nitreux (N2O) dont les

performances ne sont connues que pour quelques sites. Ces lacunes constituent un obstacle

majeur à l'application opérationnelle des modèles dans les inventaires ou les plans d'action

nationaux, visant à réduire les émissions de GES par la modification des pratiques culturales. Leur

potentiel d'application peut être augmenté de manière significative, par l'utilisation d'un ensemble

de modèles, voire d'un méta-modèle permettant de diminuer l’incertitude dans les prédictions.

Le projet CN-MIP coordonné par l’INRA (2014-2017), élaboré dans le cadre européen de l'initiative

de programmation conjointe sur l'agriculture, la sécurité alimentaire et le changement climatique

(FACCE-JPI), a contribué à une action de grande ampleur soutenue en France par l’ANR et

l’ADEME (24 modèles, 45 équipes de 14 pays), et coordonnée par le groupe intégratif de

recherche (IRG) de l'Alliance globale de recherche sur les gaz à effet de serre (GRA). Cette action

était centrée sur l'évaluation de modèles pour les estimations conjointes de la productivité et des

émissions de N2O, en comparant les données simulées aux données expérimentales provenant

de neuf sites expérimentaux (quatre sous prairies et cinq en grandes cultures, dont le maïs, le blé,

et le riz) répartis sur quatre continents. Deux sites expérimentaux gérés par l’INRA (Laqueuille et

Grignon) et trois modèles développés par l’INRA (CERES-EGC, STICS, PaSim) ont été impliqués

dans cette étude, grâce à la participation des unités UMR Ecosys (Grignon), AgroImpact (Laon) et

UREP (Clermont-Ferrand).

L’analyse comparative a été réalisée grâce à un protocole original de modélisation en cinq étapes,

selon une approche incrémentale débutant par une simulation à l’aveugle et permettant ensuite un

accès progressif des modélisateurs aux données expérimentales jusqu’à la calibration complète

des modèles. Les incertitudes liées aux estimations des modèles (individuels et en ensembles)

ont été calculées pour chaque culture et à chaque étape de modélisation. Le potentiel de

l’ensemble de ces modèles a été évalué par référence aux incertitudes expérimentales des

rendements et des émissions de N2O observés.

12

UMR FARE (Reims)

UMR UREP (Clermont-Ferrand)

CODIR (Paris)

Centres Hauts-de-France,

Auvergne-Rhône-Alpes

& Paris-Siège

Contacts

Sylvie Recous

[email protected]

Gianni Bellocchi

[email protected]

Fiona Ehrhardt

[email protected]

Jean-Francois Soussana

[email protected]

Priorités du document

d’orientation

#Climat, #OpenScience

Plan d’action

Stratégie européenne et

internationale

Métaprogramme

ACCAF

Mots clés

Gaz à effet de serre, carbone,

agriculture, multi-modèles,

évaluation, prairies, grandes

cultures

Départements

EA & EFPA

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13

Protocole de

modélisation

en cinq étapes.

Département EA

Simulated outputs from an ensemble of modelsProduction, vegetation, carbon and nitrogen variables

Model comparison & benchmarkingstatistical analysis

Exp

erim

enta

l sit

e d

ata

del

iver

yM

od

elin

gCo

mp

aris

on

Full calibrationBlind test Partial calibration

Calib

rati

on

p

roce

ss

Gradual model calibration

• General site information

• Climate data

• Soil initial data

• Management

• Fertilization

• Irrigation

STAGE 1 Basic exp. data

(Initial)

• Climate data (up to 30 years)

• History of management practices

• Land use changes

• Fertilization events

• Irrigation events

• Regional productivity (wheat and grasslands)

STAGE 2 Historical exp.

data

• Dynamic Leaf Area Index

• Annual local productivity

• Phenology stages (dates)

STAGE 3 Dynamic

vegetation data

• Soil temperature

• Soil moisture

• Soil mineral N content

STAGE 4 Dynamic soil

data

• Net Ecosystem Exchange

• Gross Primary Production

• Ecosystem respiration

• Soil organic carbon content

• N2O fluxes

STAGE 5 C & N data

Stage

1 2 3 4 5

RR

MS

EN

2O (

%)

0

20

40

60

80

100

Stage

1 2 3 4 5

RR

MS

Eyie

ld (

%)

0

20

40

60

80

100

Wheat

Maize

Rice

Grassland

(a) (b)

Wheat Maize Rice Grassland

Erreur moyenne relative (RRMSE) de la médiane de l’ensemble des modèles pour le

rendement (a) et l’émission de N2O (b), des étapes 1 à 5.

Résultats

Aucun des modèles utilisés n’a présenté de performances systématiques supérieures à celles

d'autres modèles, ce qui justifie l'approche ensembliste. Pour les cultures en rotation (impliquant blé

et maïs ou riz), nous avons montré que la médiane de l’ensemble des modèles est un prédicteur

robuste des rendements et des émissions de N2O. Nous avons constaté que l’amélioration de la

prédiction des rendements est très nette quand les informations sur les stades phénologiques des

cultures sont utilisées pour calibrer les modèles, alors que l’estimation des émissions de N2O est

plausible en toutes circonstances et n’est pas améliorée par la connaissance des dynamiques de

l’eau et de l’azote dans les sols. Pour les prairies et malgré des incertitudes toujours élevées, 22 et

96% des modèles individuels sans aucune calibration préalable ont fourni des estimations

comprises dans l’intervalle de mesure observé, pour la productivité primaire nette et pour les

émissions de N2O, respectivement. Les modèles calibrés sont actuellement utilisés pour évaluer

des options d'atténuation des GES par les pratiques agricoles (fertilisation azotée, irrigation, gestion

des résidus de culture, intensité du pâturage). Ces simulations permettront d’estimer la capacité des

modèles à prendre en compte les pratiques culturales et l’incertitude liée à ces prédictions sur

l’atténuation.

Perspectives

Ce travail contribuera à l'amélioration des inventaires nationaux de gaz à effet de serre, tirant parti

des prédictions ensemblistes (voire méta-modèle) ainsi qu’à l’amélioration de certains modèles,

grâce à la comparaison de leurs structures, paramétrage et performances dans une large gamme

de conditions pédoclimatiques et de gestion.

Le projet CN-MIP a également initié, dans le cadre de la GRA, une inter-comparaison portant sur la

capacité des modèles à prédire l’évolution du carbone des sols, en mobilisant six essais européens

de longue durée, dont le dispositif des « 42 parcelles » de Versailles.

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Valorisation

En complément de la publication principale mentionnée ci-dessus, ce travail de modélisation a

également fait l’objet de deux publications préliminaires (Sándor et al., 2016 ; Soussana et al.,

2016) et a été accompagné par une analyse des points de force et de faiblesse des modèles

mobilisés (Brilli et al., 2017). Trois articles sont en cours de préparation, dont un sur l’évaluation de

ces mêmes modèles par rapport à l’estimation des flux de C en prairies et grandes cultures, et

deux sur l’utilisation des modèles pour tester l’impact de la gestion des prairies et des grandes

cultures sur les émissions GES (options d’atténuation). De plus, dans l’optique d’une science

collaborative et ouverte, les données issues de cette recherche (expérimentales et simulations)

seront rendues accessibles et réutilisables à travers une base de données partagée, accompagnée

d’un article décrivant sa structure et son contenu (data paper). Enfin, l’ensemble de ce travail

contribue à une thèse de Doctorat préparée dans le cadre d’une démarche de Validation des

Acquis de l’Expérience (F. Ehrhardt, 2017).

Références bibliographiques

> Ehrhardt, F. et al. (2017) Assessing uncertainties in crop and pasture ensemble model

simulations of productivity and N2O emissions. Global Change Biology, DOI: 10.1111/gcb.13965

> Brilli, L. et al. (2017) Review and analysis of strengths and weaknesses of agro-ecosystem

models for simulating C and N fluxes. Science of the Total Environment, 598, 445-470. DOI:

10.1016/j.scitotenv.2017.03.208

> Sándor, R. et al. (2016) C and N models Intercomparison - benchmark and ensemble model

estimates for grassland production. Advances in Animal Biosciences, 7, 245-247. DOI:

10.1017/S2040470016000297

> Soussana, JF. et al. (2016) Assessing simulation models for field scale projections of pasture

and crop GHG emissions. 6th Greenhouse Gas and Animal Agriculture Conference (GGAA),

Melbourne, Australia (14-18/02/2016)

14

Département EA

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Département EA

Un nouveau cadre d’analyse de la diversité des

formes d’agriculture : conséquences pour la

recherche agronomique

Résumé

Pour caractériser de manière générique et précise les formes d’agriculture répondant aux enjeux

de durabilité, un groupe de travail du département Environnement et Agronomie de l’INRA

propose un nouveau cadre d’analyse. Il permet de caractériser les systèmes de production

agricole selon la nature des intrants qu’ils mobilisent et selon leur niveau d’insertion dans les

systèmes alimentaires globalisés et les dynamiques territoriales.

Contexte et Enjeux

Pour répondre aux enjeux de durabilité de l’agriculture, il existe un foisonnement d’initiatives

prenant différentes dénominations : écoagriculture, permaculture, agriculture biologique, de

précision, intégrée, de conservation, climato-intelligente... La plupart de ces termes englobe une

grande diversité de pratiques agricoles et chacun correspond à des systèmes qui présentent des

performances environnementales et socio-économiques très différentes.

Certaines dénominations se réfèrent à la nature des technologies utilisées (par exemple

l'agriculture de précision) ou encore à la nature des intrants (agriculture biologique). En outre ces

types d’agriculture ne considèrent pas explicitement les interactions des systèmes agricoles avec

leur environnement socio-économique à l'échelle locale, régionale, nationale ou mondiale.

D’autres classifications décrivent les formes de durabilité via l’utilisation de concepts tels que

l’agriculture durable, l’intensification écologique ou encore l’agroécologie, mais là encore, les

principes sur lesquels reposent ces catégories sont multiples, souvent ambigus et se recouvrent

pour partie.

Pour caractériser de manière générique et précise les formes d’agriculture répondant aux enjeux

de durabilité, un groupe de travail du département Environnement et Agronomie de l’INRA

propose un nouveau cadre d’analyse. Il permet de caractériser les systèmes de production

agricole selon la nature des intrants qu’ils mobilisent et selon leur niveau d’insertion dans les

systèmes alimentaires globalisés et les dynamiques territoriales.

Résultats

Les systèmes de production peuvent être caractérisés suivant leur mode de fonctionnement

biotechnique et le(s) contexte(s) socio-économique(s) dans lesquels ils sont insérés.

Fonctionnement biotechnique des systèmes de production selon la nature des intrants mobilisés

Les agriculteurs mettent en œuvre des pratiques de conduite de culture ou d’élevage qui peuvent

être regroupées en trois grandes stratégies de fonctionnement biotechnique. Les deux premières

sont basées sur l’exploitation de systèmes simplifiés (ex. faible diversité des cultures) et

l’utilisation associée d’intrants industriels. La première est avant tout basée sur l’utilisation

d’intrants de synthèse alors que la deuxième privilégie les intrants biologiques (matières

organiques, biopesticides, stimulants de la vie du sol ou de la santé des plantes, organismes

introduits), moins dommageables pour la santé humaine et les écosystèmes. La troisième

stratégie, plus en rupture, nécessite une reconception des systèmes simplifiés en diversifiant les

cultures, les paysages et en amplifiant la vie biologique du sol afin de développer les services

écosystémiques fournis par la nature à l’agriculteur, aussi appelé « services intrants ».

15

UMR LAE

UMR AGIR

UMR Agronomie

Dépt EA

Centre Grand-Est Colmar

Contacts

Olivier Thérond

[email protected]

Michel Duru

[email protected]

Jean Roger-Estrade

[email protected]

Guy Richard

[email protected]

Priorité du document

d’orientation

#3Perf

Plan d’action

Prospective scientifique

interdisciplinaire

Métaprogramme

Ecoserv

Mots clés

Système de production,

service écosystémique,

système alimentaire alternatif,

économie circulaire, paysage,

agroécologie, développement

territorial intégré

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Dans les différents systèmes de production, les intrants exogènes à l’écosystème et les services

écosystémiques (endogènes) sont mobilisés dans des proportions variables.

Les contextes socioéconomiques des systèmes de production

Les contextes socioéconomiques dans lesquels sont insérés les systèmes de production agricole

déterminent la nature et les prix de leurs intrants et des produits agricoles ; ils pèsent donc sur

leur fonctionnement biotechnique. Quatre grands types de contexte socio-économique ont été

identifiés et peuvent coexister :

- Les systèmes alimentaires industrialisés et mondialisés, structurés autour de marchés très

concurrentiels et qui posent souvent des questions de durabilité.

- Les projets locaux ou régionaux de développement d’économies circulaires qui offrent des

opportunités de substitution des intrants chimiques par des intrants biologiques et de

diversification des systèmes de production (production de biomasse « énergétique »).

- Les projets de développement de systèmes alimentaires alternatifs qui répondent aux enjeux de

qualité des produits, d’équité sociale, de (re)localisation et de santé humaine.

- Les projets de développement territorial intégré, impliquant l’agriculture, mobilisant les leviers de

l’économie circulaire et des systèmes alimentaires alternatifs, en complément de ceux de la

gestion intégrée du paysage pour le développement des services écosystémiques s’exprimant à

cette échelle.

Le niveau d’intégration des systèmes de production dans ces différents contextes socio-

économiques détermine le poids relatif des relations basées sur le prix des intrants et des

produits agricoles des marchés globalisés face à celles basées sur des objectifs sociaux (équités,

répartition de la valeur ajoutée...), de respect de l’environnement ou de relocalisation.

Cadre d’analyse des formes d’agriculture

Considérant les grands types de système de production et les caractéristiques des principaux

contextes socio-économiques dans lesquels ils peuvent être intégrés nous avons développé un

cadre analytique de la diversité des formes d’agriculture (figure 1). Chaque forme d’agriculture

correspond à un type de système agricole inséré dans un ou plusieurs contextes socio-

économiques. Par conséquent, deux dimensions caractérisent chaque forme d’agriculture: (i) le

poids relatif entre les intrants exogènes et les services écosystémiques dans le fonctionnement

biotechnique des systèmes agricoles (axe vertical de la figure 1) et (ii) les relations entre les

systèmes agricoles et leurs contextes socio-économiques, permettant de distinguer les systèmes

dont le fonctionnement est très déterminés par les prix des marchés mondiaux et des systèmes

très ancrés dans des dynamiques territoriales (axe horizontal de la figure 1).

En utilisant ce cadre et en analysant les relations potentielles et cohérentes entre les trois types

de systèmes agricoles et les quatre contextes socio-économiques présentés ci-avant, nous avons

identifié six formes d’agricultures qui répondent de différentes manières aux enjeux de durabilité

de l'agriculture. Elles représentent un gradient d’utilisation des services écosystémiques et

d’ancrage territorial (d’en bas à gauche à en haut à droite de la fig. 1). Ces formes d’agriculture

représentent les principaux modèles existants et étudiés. Cette liste n’a pas vocation à être

exhaustive et devrait être complétée lors de travaux futurs.

La détermination de ces formes d’agriculture a permis d’identifier les questions clés de recherche

en agronomie associées à chacune de ces formes ou transversales à celles-ci. Parmi ces

dernières, il y a un fort enjeu de recherche autour du développement de méthodes d’évaluation

multicritères et multi-niveaux des formes d’agriculture individuelles ou en coexistence à l’échelle

du territoire. Un autre type de front de recherche relève de l’analyse des conditions de

coexistence de ces formes d’agriculture et de la transition d’une forme d’agriculture à une autre.

16

Département EA

Page 17: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

Perspectives

> Un travail de caractérisation socio-économique de ces formes d’agriculture a été réalisé par les

UMR AGIR et LAE et donnera lieu à publications (Plumecoq et al., a&b).

> Dans la continuité de ce travail, une thèse financée par In-Vivo (bourse CIFRE) et réalisée au

sein de l’UMR LAE (INRA) sera lancée début 2018 afin de réaliser une caractérisation des formes

d’agriculture en France et l’évaluation de leur vulnérabilité aux aléas économiques et climatiques.

Valorisations scientifiques

Cadre d’analyse, Formes d’agriculture et Questions de recherche agronomiques :

> Therond, O., Duru, M., Roger-Estrade, J., Richard, G., 2017. A new analytical framework of

farming system and agriculture model diversities: a review. Agronomy for Sustainable

Development, 37: 21. doi:10.1007/s13593-017-0429-7

Caractérisation socio-économique de ces formes d’agriculture :

> Plumecocq, G., Debril, T., Duru, M., Magrini, M.B., Sarthou, J.P. et Therond, O., (à paraître),

Caractérisation socio-économique de la diversité des formes d’agriculture, Économie Rurale.

> Plumecocq, G., Debril, T., Duru, M., Magrini, M.B., Sarthou, J.P. et Therond, O., (in revision),

Value Pluralism and Legitimacy of Agriculture Models: A Socio-Agronomic Approach to

Sustainable Transitions, Ecology & Society.

Valorisations grand public en français

> http://www.inra.fr/Entreprises-Monde-agricole/Resultats-innovation-transfert/Toutes-les-

actualites/differentes-formes-agriculture

> https://www.sfecologie.org/regard/r74-sept-2017-formes-agriculture-michel-duru-et-al/

17

Département EA

Figure 1 : Principales formes d’agriculture à la recherche de plus de durabilité (de 1a à 2c) pour lesquels les

systèmes de production (SP) sont représentés en fonction de (i) la part relative de services écosystémiques

ou intrants exogènes mobilisés dans la production agricole (axe Y) et (ii) le type relations qu’ils entretiennent

avec leur contexte socio-économique, basé sur les prix des marchés mondialisés de produits et composés

agricoles ou l’ancrage dans des dynamiques territoriales (axe X) ; les principales formes d’agriculture ont été

numérotées 1 et 2 pour tenir compte du changement de paradigme lié à la nature des intrants; les lettres a, b

et c traduisent un degré d’insertion dans les dynamiques territoriales de plus en plus élevées. Des exemples

emblématiques sont présentés en rouge avec des exemples d’intensité en termes de mise en œuvre

des principes en gris. .

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Département EA

Des systèmes agrivoltaïques dynamiques

Résumé

Les systèmes agrivoltaïques consistent en la combinaison de panneaux photovoltaïques et d’une

production agricole sur le même terrain. Le concept innovant de système agrivoltaïque

dynamique, né du partenariat avec la société française Sun’R, offre la possibilité d’orienter les

panneaux et donc de moduler l’ombre portée au niveau de la culture. Le LEPSE contribue au

développement d’un modèle permettant d’optimiser l’orientation des panneaux pour améliorer la

productivité globale de ces systèmes, d’un point de vue agricole et électrique.

Contexte et Enjeux

Les systèmes agrivoltaïques, combinant des panneaux solaires et des cultures agricoles sur le

même sol, sont récemment apparus comme une solution possible au conflit d’usage des terres

entre productions agricole et d’énergie. Ceci représente à la fois un enjeu sociétal et

environnemental fort avec une préservation et une valorisation des terres agricoles. Lancé en

2010 à l’INRA de Montpellier, de tels systèmes avec des panneaux stationnaires se sont avérés

efficaces sous certaines conditions et ont démontré l’intérêt économique de ce type de solutions

pour des cultures à forte valeur ajoutée, de type maraîchage.

Des systèmes agrivoltaïques dynamiques composés de panneaux mobiles, dont l’orientation peut

être modifiée à tout moment, offrent la possibilité de moduler l’ombre portée au niveau de la

culture en fonction de ses besoins. Outre des développements technologiques, ces systèmes

dynamiques nécessitent le développement d’algorithmes de pilotage permettant d’améliorer la

productivité agricole et/ou celle de l’ensemble du système par rapport au système agrivoltaïque

fixe. Cependant, il est délicat d’estimer les effets de tels systèmes dynamiques sur les plantes. En

effet, ce type de systèmes est nouveau et les réponses des plantes à des ombrages intermittents

et des changements microclimatiques fréquents, tels que ceux induits par les panneaux mobiles,

restent très peu documentées dans la littérature scientifique. Les enjeux scientifiques pour notre

équipe étaient donc i) d’analyser les réponses des plantes et d’améliorer les modèles

écophysiologiques relatifs à la production de biomasse dans le contexte microclimatique

particulier des systèmes agrivoltaïques dynamiques et ii) de dégager des pistes pour le contrôle

de l’orientation des panneaux mobiles d’après les modèles de croissance des plantes établis sous

ces panneaux.

Résultats

Les performances de systèmes agrivoltaïques dynamiques et fixes ont été étudiées et comparées

pour deux variétés de laitue sur trois saisons différentes. Deux modes de pilotages ont été testés,

18

UMR LEPSE

Écophysiologie des Plantes

sous Stress Environnementaux

Centre Occitanie-Montpellier

Contacts

Thierry Simonneau

[email protected]

Angélique Christophe

[email protected]

Priorités du document

d’orientation

#OpenScience, #Climat

Métaprogramme

ACCAF

Mots clés

Systèmes agrivoltaïques,

ombrage, acclimatation,

écophysiologie, photovoltaïque

Page 19: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

19

Département EA

un mode classique de pilotage des panneaux suivant la course du soleil et un mode raisonné

maximisant le rayonnement reçu par la plante sauf autour du midi solaire où l’ombrage des

plantes permet de limiter la demande évaporative.

Cette étude a montré que l'on pouvait améliorer à la fois les productivités électrique et agricole de

la parcelle en utilisant des panneaux photovoltaïques dynamiques plutôt que stationnaires, tout en

maintenant la production agricole à des niveaux proches de ceux obtenus en plein soleil. Des

acclimatations du développement foliaire dans tous les systèmes agrivoltaïques ont conduit à une

meilleure utilisation du rayonnement transmis par la culture. Mais il existe des différences entre

les saisons et les dispositifs : ce bénéfice était plus faible pendant les saisons à fort rayonnement

et pour le mode de pilotage raisonné. Comme attendu, le pilotage classique suivant la course du

soleil, a largement augmenté la production électrique par rapport aux panneaux stationnaires

mais il a également légèrement augmenté le rayonnement transmis aux plantes et ainsi la

production de biomasse. Pour le mode de pilotage raisonné, le rayonnement transmis a fortement

augmenté, et a favorisé la croissance de la plante mais au détriment de la production électrique.

Ce travail a fourni des pistes d’amélioration de la gestion du pilotage des panneaux en fonction du

développement de la plante, des conditions climatiques et des objectifs de productions.

Perspectives

Le projet SunAgri3 (ADEME-PIA) récemment accepté poursuit le partenariat engagé avec la

société Sun’R et la dynamique de collaboration autour des systèmes agrivoltaïques, en

élargissant les travaux de recherches sur un ensemble de cultures (maraichage, viticulture,

arboriculture, grandes cultures). La mise en place de nouveaux sites expérimentaux (UE Pech

Rouge, UE Alénya, station expérimentale de la Pugère) et le développement d’outils de

modélisation en collaboration avec la société ITK-Montpellier, devraient permettre d’approfondir

les réponses des plantes dans ces systèmes agrivoltaïques et de tester plus largement des

scénarii de pilotage. Des démonstrateurs seront mis en place en situation d’exploitation réelle

pour aboutir à une phase de commercialisation de ces systèmes agrivoltaïques, envisagée en 2022.

Valorisation

> Thèse de Benoit Valle (soutenue en juin 2017), financée par Sun’R via une bourse CIFRE :

Modélisation et optimisation de la croissance de la laitue dans un système agrivoltaïque

dynamique

> Projet FUI (Fonds Unique Interministériel, 2014-2017). Sun’Agri2. Conception de systèmes

agrivoltaiques dynamiques Partenaires privés : Sun’R, Optimum Tracker, Photowatt (EDF ENR

PWT). Partenaires académiques : INRA, IRSTEA, CEA

> Projet ADEME-PIA (projet investissements d’avenir, 2017-2021). Sun’Agri3. Développement de

systèmes agrivoltaïques dynamiques à l’échelle commerciale (développement de nouveaux

modèles de croissance de plantes sur six espèces représentatives, optimisation de la robustesse

des protocoles de pilotage, développement et structuration de la recherche scientifique autour de

systèmes agrivoltaïques dynamiques). Partenaires privés : Sun’R, Photowatt (EDF ENR PWT),

ITK. Partenaires académiques : INRA, IRSTEA

Références bibliographiques

> B. Valle, T. Simonneau, F. Sourd, P. Pechier, P. Hamard, T. Frisson, M. Ryckewaert, A.

Christophe, Increasing the total productivity of a land by combining mobile photovoltaic panels

and food crops, In Applied Energy, 2017, Volume 206, Pages 1495-1507, ISSN 0306-2619,

https://doi.org/10.1016/j.apenergy.2017.09.113

> B. Valle, T. Simonneau, R. Boulord, F. Sourd, T. Frisson, M. Ryckewaert, P. Hamard, N.

Brichet, M. Dauzat, A. Christophe, PYM : a new, affordable, image-based method using a

raspberry Pi to phenotype plant leaf area in a wide diversity of environments, In Plant Methods,

2017, https://doi.org/10.1186/s13007-017-0248-5

Page 20: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

Département EA

Les services écosystémiques rendus par

les enherbements viticoles enfin inventoriés

Résumé

Les enherbements viticoles représentent non seulement une alternative au recours aux

herbicides, mais également un levier de production de services écosystémiques pour la viticulture

(régulation des stress biotiques et abiotiques) et pour la société (services environnementaux et

culturels). La gestion coordonnée de l’enherbement et de la vigne permet de trouver des

compromis favorables à la production viticole et de services.

Contexte et Enjeux

L’enherbement des sols viticoles répond à 2 grandes préoccupations : l’amélioration et la

préservation de la qualité des sols et la réduction du recours aux herbicides. Si cette pratique

concerne près de la moitié du vignoble français (Enquêtes pratiques culturales Agreste 2010), elle

varie fortement entre régions et elle n’est appliquée souvent que sur une partie de la surface des

parcelles. La forte variabilité des pratiques entre régions et au sein de chaque région témoigne

d’incertitudes persistantes d’une part sur la nature et sur l’intensité des services écosystémiques

qui peuvent être attendus, et d’autre part sur les modalités de gestion qui permettent de trouver

des compromis durables avec l’atteinte des objectifs de production viticole.

Résultats

Les travaux de recherche conduits depuis 2003 sur les enherbements viticoles à l’UMR System

ont permis d’identifier et de quantifier en particulier des services de soutien : régulation de la

disponibilité en eau (Celette et al, 2005, 2008) et en azote (Celette et al, 2009 ; Celette & Gary,

2013), maîtrise du ruissellement (Gaudin et al, 2010), préservation de la qualité physique des sols

20

UMR System

Fonctionnement et conduite des

systèmes de culture tropicaux

et méditerranéens

Centre Occitanie-Montpellier

Contact

Aurélie Metay

[email protected]

Priorité du document

d’orientation

#3Perf

Métaprogramme

Ecoserv

Mots clés

Cultures de service, viticulture,

services écosystémiques,

gestion adaptative, compromis,

revue bibliographique

Page 21: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

21

Département EA

(Polge de Combret – Champart et al, 2013), et des services de régulation des maladies de la

vigne (Valdés-Gómez et al, 2011, 2014). Ils ont permis d’identifier les traits fonctionnels de

différentes espèces spontanées ou semées qui peuvent être associés à différents types de

services écosystémiques (Kazakou et al, 2016). Ils ont permis de caractériser la dynamique de

ces services en relation avec les variations climatiques, les contradictions (trade-offs) possibles

entre la production de ces services et la production viticole et les moyens de les dépasser par le

moyen d’une gestion adaptative de l’entretien des sols (Ripoche et al, 2010, 2011a, 2011b ;

Rapidel et al, 2015 ; Guilpart et al, 2017). C’est sur ces bases que cette équipe a conduit, avec la

contribution remarquable de 4 doctorants et anciens doctorants, la première revue bibliographique

internationale des services écosystémiques associés aux enherbements viticoles (Garcia et al.,

2018). Cette étude propose un cadre conceptuel, autour de la notion de culture de service, pour

intégrer les résultats de nombreux travaux portant chacun souvent sur un seul service et pour

concevoir des systèmes de culture qui gèrent durablement les compromis entre différents

services.

Perspectives

Les perspectives actuelles sont de 2 ordres : (1) affiner la caractérisation fonctionnelle d’une large

gamme d’espèces herbacées disponibles, semées ou spontanées, établir les liens entre traits

fonctionnels et services écosystémiques et concevoir des règles d’assemblage de cultures de

service pour produire les bouquets de services écosystémiques attendus, (2) identifier les

indicateurs de service et concevoir les règles de gestion qui permettent de piloter les compromis

entre services dans un contexte instable.

Valorisation

Les travaux de l’UMR System ont été conduits en interaction avec différents partenaires

professionnels, nationaux (IFV) et régionaux (interprofessions viticoles, SudVinBio, Civam Bio,

GIEE Les Enherbeurs, etc.). Ils ne sont pas étrangers au fait que l’enherbement est fortement

promu dans le Guide de l'agroécologie en viticulture publié en 2017 par l’INAO et l’IFV.

Références bibliographiques

> Rapidel B., Ripoche A., Allinne C., Metay A., Deheuvels O., Lamanda N., Blazy J.M., Valdés-

Gómez H., Gary C., 2015. Analysis of Ecosystem Services trade-offs to design agroecosystems

with perennial crops. Agronomy for Sustainable Development, 35: 1373–1390.

> Kazakou E., Fried G., Richarte J., Gimenez O., Violle C., Metay A., 2016. A plant trait-based

response-and-effect framework to assess vineyard inter-row soil management. Botany Letters,

163: 373-388.

> Guilpart N., Roux S., Gary C., Metay A., 2017. The trade-off between grape yield and grapevine

susceptibility to powdery mildew and grey mould depends on inter-annual variations in water

stress. Agricultural and Forest Meteorology, 234-235: 203-211.

Page 22: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

Département EA

Recyclage de matières fertilisantes d’origine

résiduaire : faible impact sur les teneurs en

résidus pharmaceutiques et leurs effets

écotoxicologiques dans les agrosystèmes

Résumé

L’étude du devenir de résidus pharmaceutiques, apportés dans les sols agricoles par des

applications répétées de matières fertilisantes d’origine résiduaire, à des doses usuelles et dans

des contextes pédoclimatiques variés, a permis de montrer la faible accumulation de résidus dans

les sols et leur très faible concentration dans les lixiviats. Sur la base des données

écotoxicologiques terrestres disponibles, les risques potentiels de ces résidus sont très faibles.

Contexte et Enjeux

Les médicaments humains et vétérinaires, excrétés dans les urines et les fèces, se retrouvent

dans les eaux usées et les effluents d’élevage. D’autres composés traces organiques, contenus

dans des produits de soin, peuvent également se retrouver dans les eaux usées. Au cours de leur

traitement, certains composés s’adsorbent sur les boues. Si l’utilisation en agriculture de matières

fertilisantes d’origine résiduaire (MAFOR) agricole (effluents d’élevage) ou urbaine (boues

d’épuration, composts de fermentescibles ménagers ou biodéchets issus des marchés ou

supermarchés) est fortement encouragée pour leurs propriétés amendantes et fertilisantes, ces

MAFOR peuvent être une voie d’entrée dans l’environnement de résidus pharmaceutiques.

L’analyse de ces résidus pharmaceutiques dans les matrices telles que les MAFOR ou les sols

est rendue complexe en raison de leurs interactions avec les constituants de ces matrices et de la

nature même de ces constituants. Ainsi, ces analyses sont encore peu proposées dans les

laboratoires d’analyse et la plupart des analyses de résidus pharmaceutiques sont réalisées sur

des matrices aqueuses, qui sont moins complexes. Très peu de données sont disponibles sur leur

devenir dans l’environnement, en conditions réelles d’applications régulières de MAFOR au

champ.

Depuis 2011, nous avons optimisé des méthodes d’extraction et d’analyse de 13 composés

pharmaceutiques et d’un bactéricide (triclosan) contenus dans des matrices liquides (eau du sol

et phase aqueuse de MAFOR) et solides (MAFOR et sol) (Pari Scientifique EA-PharmaPRO,

Projet ONEMA-RisqPRO). Ces composés ont été recherchés dans trois sites du SOERE-PRO

(réseau de sites au champ d’observation de longue durée http://www6.inra.fr/valor-pro/SOERE-

PRO-Presentation-de-l-observatoire, inscrit au sein de l’infrastructure de recherche ANAEE-

France), dans des contextes pédoclimatiques très contrastés, entre 2011 et 2015. Les données

obtenues ont permis de calculer des demi-vies de dissipation des composés dans les sols (DT50)

et de réaliser une première approche d’évaluation de risques écotoxicologiques dans les sols et

dans les eaux du sol.

Résultats

Les résidus pharmaceutiques et le triclosan sont présents à des concentrations très variables

dans les MAFOR, de quelques µg à quelques mg/kg de matière sèche (MS). Selon l’origine des

MAFOR, le nombre et la nature des résidus pharmaceutiques détectés est variable : boues et

effluents d’élevage contiennent principalement des antibiotiques tandis que les composts

d’ordures ménagères résiduelles ou de biodéchets contiennent principalement des molécules de

22

UMR ECOSYS

Écologie fonctionnelle et

écotoxicologie des

agroécosystèmes

Collaborations Inra-LBE, Inra-

SEAV, CIRAD-UPR recyclage

et risque

Centre Ile-de-France

Versailles-Grignon

Contacts

Marjolaine Deschamps

[email protected]

Sabine Houot

[email protected]

Priorités du document

d’orientation

#Food-3, #Climat-4

Mots clés

Résidus pharmaceutiques,

recyclage, matière fertilisante

d’origine résiduaire (MAFOR),

sol, eau du sol, système

d’observation et

d’expérimentation au long

terme pour la recherche en

environnement (SOERE)

Page 23: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

23

Département EA

médicaments à visée anti-inflammatoire. Dans des sols régulièrement amendés, les

concentrations de composés pharmaceutiques restent faibles et inférieures à quelques µg/kg MS.

Les composés persistants (par ex. fluoroquinolones, carbamazépine) sont principalement

retrouvés dans les sols. Dans les sites tempérés, les DT50 calculées sont similaires voire plus

élevées que celles de la littérature, montrant des faibles accumulations de certains résidus

pharmaceutiques (ex fluoroquinolones, carbamazépine, ibuprofène) après des applications

répétées de MAFOR. Dans le site tropical, les DT50 des fluoroquinolones sont largement

inférieures à celles des sites tempérés. Dans les eaux du sol, les composés pharmaceutiques

sont rarement détectés et très rarement quantifiés, généralement à des concentrations très

faibles. Les composés principalement retrouvés dans les eaux sont connus comme étant

persistants et mobiles et leur nature est différente selon les sites. Les risques écotoxicologiques

terrestres potentiels ont été évalués par un calcul de facteur de risque, comparant les

concentrations mesurées dans les sols ou dans les eaux aux concentrations prédites sans effet

(PNEC) issues de la littérature. Ces risques sont très faibles, au regard des quelques données

écotoxicologiques terrestres disponibles.

Perspectives

La liste de composés analysés a été étendue à 37 molécules dans le cadre de nouveaux projets

de recherche (ANR-Digestate, EcoAntibio-Dabares), pour suivre le devenir des résidus

pharmaceutiques au cours des traitements des MAFOR et mettre les données analytiques en

regard de l’apparition potentielle d’antibiorésistance dans les sols.

Valorisation

Trois articles scientifiques (entre 2014 et 2017), plusieurs communications à des congrès

nationaux (SEP’13, SEP’15) et internationaux (Ramiran 2013, EuCheMS 2014, ICRAPHE 2016).

Références bibliographiques

> Bourdat-Deschamps, M., Leang, S., Bernet, N., Daudin, J.-J., Nélieu, S., 2014. J. Chromatogr.

A. 1349, 11-23. DOI: 10.1016/j.chroma.2014.05.006

> Ferhi, S., Bourdat-Deschamps, M., Daudin, J.-J., Houot, S., Nélieu, S., 2016. Anal. Bioanal.

Chem. 408, 6153–6168. DOI: 10.1007/s00216-016-9725-3

> Bourdat-Deschamps, M., Ferhi, S., Bernet, N., Feder, F., Crouzet, O., Patureau, D., Montenach,

D., Moussard, G.D.,Mercier, V., Benoit, P., Houot, S., 2017. Sci. Total Environ. 607-608, 271–280.

DOI: 10.1016/j.scitotenv.2017.06.240

Page 24: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

Département EA

Cartographie des émissions de N2O à l’échelle

du paysage

24

UR Sol

Centre Val de Loire

Contacts

Agnès Grossel

[email protected]

Catherine Hénault

[email protected]

Priorité du document

d’orientation

#Climat-2

Mots clés

Gaz à effet de serre, eddy-

covariance, méthode

d’attribution des flux, paysage

agricole, occupation du sol,

fertilisation azotée, carte

d’émission

Résumé

Grâce à une campagne de mesures, nous avons démontré la pertinence d’une méthodologie

permettant de quantifier les émissions du gaz à effet de serre N2O à l’échelle du paysage, avec

une résolution spatiale à l’échelle de la parcelle. Cette méthodologie associe des mesures (eddy

covariance, fast box, chambres automatiques) et une modèle d’empreinte atmosphérique au

développement d’une méthode d’attribution des flux. Les émissions sur 2 mois et 3 km² ont été

évaluées entre 114 et 271 kgN-N2O.

Contexte et Enjeux

Les sols agricoles représentent une forte source d’émissions de protoxyde d’azote, N2O. La

variabilité spatiale des émissions de N2O est très importante à toutes les échelles, ce qui entraine

de grandes difficultés expérimentales et une forte incertitude sur leur quantification. L’échelle du

paysage est une échelle d’intérêt pour l’atténuation des émissions de N2O car elle intègre la

variabilité des cultures et des pratiques associées et elle considère les émissions indirectes, voire

des sources insoupçonnées. Il existe actuellement plusieurs techniques de mesure des émissions

de N2O in situ (micrométéorologie, chambres au sol), mais aucune d’entre elles ne permet

d’accéder à la fois au niveau moyen des émissions et à leur variabilité spatiale à l’échelle du

paysage.

Notre objectif était d’utiliser les points forts de chacune des méthodes disponibles (méthode

d’eddy covariance associée à un modèle d’empreinte pour une mesure intégrée spatialement et

continue ; technique des fast box pour une description de la variabilité spatiale et de manière

discrète dans le temps) pour obtenir une carte des émissions à l’échelle du paysage avec une

résolution spatiale à l’échelle de la parcelle et temporelle à l’échelle de la journée. Les mesures

en continu des émissions de N2O sur une parcelle cultivée à l’aide de chambres automatiques ont

permis d’évaluer la qualité de la méthode.

Ce travail a été conduit dans le cadre de la thèse de Jordan Bureau et du projet européen INGOS

et a associé l’UR SOLS (fast box), l’UMR ECOSYS (eddy covariance avec un mât à 15 m) et le

KIT (Allemagne ; chambres automatiques) sur un secteur agricole de 3 km² du site OS²

(http://www.ingos-infrastructure.eu/os2/).

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Résultats

Cette étude a permis de développer une méthodologie de cartographie des émissions de N2O à

l’échelle d’un paysage agricole.

Le protocole pour réaliser ces cartes est disponible dans la publication de Bureau et al. (2017). Il

met en jeu des mesures d’émission de N2O par les sols (i) par eddy covariance (couplées à un

modèle d’empreinte) et (ii) par fast box. Les deux jeux de données ainsi collectés permettent de

définir un modèle empirique d’attribution des flux à l’échelle de la parcelle, l’information spatiale

étant fournie par les mesures avec les fast box, celle temporelle par les mesures par eddy

covariance. Dans le cas de cette étude, le modèle est basé sur l’occupation du sol et la fertilisation

azotée à l’échelle de la parcelle. Des mesures complémentaires avec des chambres automatiques

sur une parcelle ont permis d’évaluer la qualité des prédictions.

Nous avons produit la carte journalière des émissions de N2O sur chaque parcelle d’une zone

d’environ 3 km². Les émissions estimées avec cette méthode sont comprises entre 114 et 271 kg N-

N2O pour une surface de 3 km² et une durée de 2 mois. L’incertitude sur cette estimation représente

50% des émissions totales. L’évaluation statistique (R2 de 0,5 et RMSE relatif de 74%) des

résultats sur une des parcelles montre une bonne description de la dynamique temporelle des

émissions sur les deux mois de l’étude.

Perspectives

Des équipes internationales rencontrées dans les colloques se sont montrées intéressées pour

appliquer cette méthode dans leur situation car celle-ci permet (i) de quantifier les émissions de N2O

à l’échelle du paysage, (ii) de restituer leur variabilité spatiale. Elle peut aussi être utilisée pour

mieux faire ressortir les facteurs de contrôle et faire des évaluations régionalisées. Elle peut aussi

permettre d’apprécier d’éventuelles atténuations générées par des aménagements du paysage.

Valorisation

> Une thèse (Jordan Bureau, 2017)

> Un article dans Agriculture, Ecosystems and the Environment (2017)

> 5 présentations (3 oraux, 2 posters) dans des colloques internationaux (2015, 2016, 2017)

> Un communiqué de presse régional qui a débouché sur 1 interview FR3 Région, 2 articles dans la

presse locale, 2 articles de vulgarisation dans des journaux sur l’environnement (2015)

> Label COP21 Région Centre Val de Loire pour la campagne de mesures réalisée

25

Département EA

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Remerciements : projet européen INGOS http://www.ingos-infrastructure.eu/, Labex VOLTAIRE,

Karlsruhe Institute of Technology (Allemagne), Campus France PROCOPE, projet ANR Escapade

Référence bibliographique

> Bureau, J., Grossel, A., Loubet, B., Laville, P., Massad, R., Haas, E., Butterbach-Bahl, K.,

Guimbaud, C. & Hénault, C. (2017). Evaluation of new flux attribution methods for mapping N2O

emissions at the landscape scale. Agriculture, Ecosystems & Environment, 247, 9-22.

doi.org/10.1016/j.agee.2017.06.012

Département EA

Page 27: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

Les systèmes de culture peu consommateurs

de pesticides sont le plus souvent aussi

productifs et aussi rentables que les systèmes

très dépendants des pesticides

Résumé

La diversité des fermes du réseau DEPHY a été utilisée pour analyser les liens entre l’usage de

pesticides et les performances économiques, à l’échelle du système de culture. Les résultats

publiés dans Nature Plants, sont que les systèmes à faible usage de pesticides sont le plus

souvent aussi (voire plus) productifs (en MJ/ha), et aussi (voire plus) rentables, que les systèmes

à fort usage, dans un contexte de production similaire.

Contexte et Enjeux

Les débats sur les possibilités de réduire l’utilisation de pesticides par l’agriculture française sont

passionnés, et ont été ravivés par les objectifs du plan ECOPHYTO. Les pesticides étant utilisés

pour maîtriser les bioagresseurs responsables de pertes de rendement des cultures, la baisse du

recours aux pesticides ne va-t-elle pas entraîner une dégradation des performances de

l’agriculture ? La thèse de Martin Lechenet apporte une contribution scientifique à ces débats, en

valorisant la diversité du réseau des fermes de démonstration DEPHY : diversité géographique,

diversité de contextes de production, diversité de pratiques, et diversité de niveau d’usage de

pesticides. Martin a étudié sur cet échantillon la relation entre d’une part le niveau d’usage de

pesticides, mesuré par l’Indice de Fréquence de Traitement (IFT), et d’autre part la productivité et

la rentabilité de la ferme. Cette analyse a été réalisée à l’échelle du système de culture (i.e. à

l’échelle de la succession de cultures implantées par chaque agriculteur DEPHY), en prenant en

compte les caractéristiques du contexte de production de chaque ferme.

Résultats

A l’échelle du système de culture, on ne constate aucun antagonisme entre IFT et productivité

(mesurée en MJ récolté par ha et par an) dans 94% des situations, aucun antagonisme entre IFT

et rentabilité (estimée par une marge semi-nette dégagée par ha et par an) dans 78% des

situations. Pour 39% des fermes, majoritairement des fermes de polyculture-élevage, le fait de

consommer peu de pesticides est même associé à une augmentation de la productivité. Les sites

pour lesquels les performances tendent à être meilleures avec un fort IFT sont localisés

majoritairement dans des zones de production de cultures industrielles de type betterave ou

pomme de terre. Dans ces régions, les systèmes les plus consommateurs de pesticides sont

ceux qui intègrent la plus grosse proportion de ces cultures à forte valeur ajoutée, mais

également fortement dépendantes des pesticides. L’analyse à l’échelle de la seule culture de blé

donne des résultats assez différents : les blés à faible IFT tendent souvent à générer des

rendements plus faibles que les blés plus traités, parce que les leviers alternatifs utilisés pour les

maîtriser tendent à limiter le potentiel de rendement. Mais les baisses de charges compensent le

plus souvent les rendements limités, et les blés à faible IFT dégagent le plus souvent une marge

équivalente ou meilleure que les blés fortement traités. Un scénario d’adoption généralisée des

systèmes DEPHY les plus économes permet d’estimer que la baisse d’usage de pesticides serait

d’environ 30%, sans dégradation des performances économiques des exploitations. La

diversification des cultures aboutirait à une baisse des volumes de production en céréales,

compensée par une hausse des volumes en maïs et légumineuses (graines et fourrages), ce qui

tendrait à améliorer la balance commerciale de la France.

27

UMR Agroécologie

Centre Dijon Bourgogne

Franche-Comté

Contact

Nicolas Munier-Jolain

[email protected]

Priorité du document

d’orientation

#3Perf

Mots clés

ECOPHYTO, pesticides,

rendement, productivité,

système de culture

Département EA

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Perspectives

Ces résultats, fondés sur la comparaison d’un grand nombre de systèmes de culture contrastés

à un moment donné doivent être confirmés par l’analyse des trajectoires de pratiques et de

performances des agriculteurs du réseau DEPHY. La baisse d’usage de pesticides a-t-elle pu

être faite sans dégrader les performances ? Avec quels leviers techniques ? Dans quels types

de situations de production ?

Valorisation

La publication dans Nature Plants a eu beaucoup de répercussions médiatiques en 2017. Elle a

été relayée par de nombreux journaux ‘grand public’ et professionnels, en France et à l’étranger,

des sites web, des interviews télévisées. Les résultats ont été présentés au Ministre de

l’Agriculture en personne. Une version de vulgarisation de l’article a été publiée en français par

PHYTOMA, pour donner plus de visibilité aux résultats dans la profession agricole.

Références bibliographiques

> Lechenet M., Dessaint F., Py G., Makowski D., Munier-Jolain N.M. (2017). Reducing pesticide

use while preserving crop productivity and profitability in arable farms. Nature Plants, doi:

10.1038/nplants.2017.8.

> Lechenet M., Makowski D., Py G., Munier-Jolain N.M. (2016). Profiling farming management

strategies with contrasting pesticide use in France. Agricultural Systems, 149, 40-53.

> Lechenet, M., Bretagnolle, V., Bockstaller, C., Boissinot, F., Petit, MS., Petit, S., Munier-Jolain,

NM. (2014). Reconciling Pesticide Reduction with Economic and Environmental Sustainability in

Arable Farming. Plos One, 9 (6)

Département EA

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L’UMT CAPTE associant instituts techniques et

la startup HIPHEN est renouvelée pour 5 ans

Résumé

L’UMT CAPTE qui associe à l’INRA des instituts techniques (Arvalis, Terres-Inovia, ITB, CTIFL),

le GEVES et la startup HIPHEN poursuit ses activités centrées sur la caractérisation des cultures

par des moyens non-destructifs pour l’appliquer dans le cadre du phénotypage haut-débit au

champ et de l’aide à la décision. De nouveaux traits d’intérêt pour les sélectionneurs ont été

proposés et les méthodes correspondantes commencent à être adoptées dans les milieux

académiques et privés.

Contexte et Enjeux

Le phénotypage haut-débit au champ constitue un des verrous majeurs dans le processus

d’amélioration variétale. L’UMT CAPTE (CAPteurs et TElédétection) a pour objectif principal de

développer des outils et méthodes pour caractériser la structure et le fonctionnement des cultures

pour différents génotypes. Les développements réalisés pour le phénotypage peuvent également

être adaptés pour l’aide à la décision au niveau de l’agriculteur. L’UMT associe à l’INRA différents

instituts techniques permettant ainsi de hisser les systèmes proposés à un niveau de maturité

technologique plus élevé et de raccourcir le cycle de développement.

Résultats

Les 5 premières années d’existence de l’UMT CAPTE ont permis de développer plusieurs outils et

méthodes de phénotypage haut-débit au champ (Figure 1), principalement dans le cadre du projet

d’investissement d’avenir PHENOME (www.phenome-fppn.fr). Grace aux nouvelles techniques

développées, l’UMT a proposé de nouveaux traits d’intérêt pour les sélectionneurs : le comptage

de plantes et d’organes (épis, fleurs), la hauteur du couvert, l’indice foliaire, la fraction de

rayonnement photo-synthétiquement actif absorbé, le contenu en chlorophylle des feuilles,

l’enroulement des feuilles sous l’effet de stress hydrique, le diamètre des tiges, le taux de

couverture. L’UMT a constitué un écosystème de PME pour la réalisation des dispositifs de

mesures (vecteurs et capteurs) et le traitement des données. Elle a aussi créé la startup HIPHEN

qui valorise les travaux de l’UMT.

29

UMR EMMAH

Environnement Méditerranéen

et Modélisation des

Agro-Hydrosystèmes

Centre Provence-Alpes-Côte

d'Azur

Contact

Frédéric Baret

[email protected]

Priorité du document

d’orientation

#3Perf-2

Plan d’action

Innovation

Mots clés

Phénotypage haut-débit, IoT,

capteurs, télédétection, multi-

échelle, drone, phénomobile

Département EA

Figure 1 : Caractérisation de microparcelles (au centre, Arvalis) par technologie LIDAR (à droite) et

simulation architecturée de peuplements (modèle ADEL-Wheat, à gauche)

Page 30: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

30

Perspectives

Dans sa nouvelle configuration, l’UMT mettra l’accent sur l’interprétation des mesures, l’ouverture

à d’autres espèces (intégration du GEVES et du CTIFL), la combinaison d’observations à

différentes échelles (sol avec des IoT (Internet of Things) et phénomobile, drone, satellite, cf.

Figure 2) et à des modèles de fonctionnement des cultures. La transposition des méthodes de

phénotypage au champ aux applications de l’aide à la décision constitue également un nouveau

défi de l’UMT.

Valorisation

L’UMT a contribué à la rédaction de nombreux articles scientifiques décrivant les avancées

méthodologiques sur l’estimation de nouveaux traits phénotypiques. La startup HIPHEN a été

créée. Elle contribue significativement à la maturation des méthodes et à leur diffusion dans le

cercle académique et en dehors. Les plateformes de phénotypage PHENOME (Toulouse,

Montpellier, Ouzouer, Clermont, Dijon) mettent en œuvre progressivement les outils développés.

L’UMT contribue également activement à la formation des personnes mettant en œuvre les outils

et méthodes de phénotypage au champ.

Références bibliographiques

> Baret , F. (2015). "La phénomobile: un robot pour le phénotypage haut-débit au champ." Lettre de

la CNUE 12: 1-2

> Jin, X., et al. (2017). "Estimates of plant density from images acquired from UAV over wheat

crops at emergence. Remote sensing of the environment, 198, 105-114

> Li, W., et al. (2015). "A Generic Algorithm to Estimate LAI, FAPAR and FCOVER Variables from

SPOT4_HRVIR and Landsat Sensors: Evaluation of the Consistency and Comparison with Ground

Measurements." Remote Sensing 7(11): 15494

> Liu, S., et al. (2017). "A method to estimate plant density and plant spacing heterogeneity:

application to wheat crops." Plant Methods 13(1): 38. DOI : 10.1186/s13007-017-0187-1

> Liu, S., et al. (2016). "Modeling the distribution of plants on the row for wheat crops:

consequences on the green fraction at the canopy level." Comput Electron Agric, 136, 147-156.

> Liu, S., et al. (2017). "Estimation of Wheat Plant Density at Early Stages Using High Resolution

Imagery." Frontiers in Plant Science 8 : 739. DOI : 10.3389/fpls.2017.00739

> Liu, S., et al. (2017). "Estimating wheat Green area index from ground-based LiDAR

measurement through 3D ADEL-Wheat model. Agricultural and Forest Meteorology, 247, 12-20.

> Weiss, M. and F. Baret (2017). "Using 3D Point Clouds Derived from UAV RGB Imagery to

Describe Vineyard 3D Macro-Structure." Remote Sensing 9(2): 111

Département EA

Figure 2 : Combinaison d’observations à différentes échelles mise en œuvre dans l’UMT (satellite, drone avec

caméra AIRPHEN, Phénomobile, capteurs IotA développés par Bosch en coll. avec l’UMT)

Page 31: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

Résumé

Le projet ACCAF-CLIF conçoit et organise l’interaction interdisciplinaire entre acteurs de la

recherche et du développement agricole et forestier, dans le cas de plusieurs écosystèmes

annuels ou pérennes, soumis aux maladies fongiques foliaires et au changement climatique

(CC). L’approche expérimentale du rôle de la diversité des agents pathogènes et la modélisation

des pathosystèmes sous l’action du climat passé ou futur produisent les résultats les plus

significatifs à destination de la recherche et des filières.

Contexte et Enjeux

Les maladies et ravageurs sont responsables de pertes de récolte pouvant atteindre 40% à

l’échelle globale. La nécessaire réduction des impacts des maladies foliaires sur la production est

une incitation forte à accroître le rôle de l’INRA sur la question de l’incidence du CC sur diverses

maladies foliaires de cultures annuelles et pérennes. L’approche s’appuie sur (i) l’identification

des besoins des acteurs, (ii) l’impact du CC sur plusieurs pathosystèmes simples ou multiples

(modélisation) et sur l’évolution de certains pathogènes (expérimentation), et (iii) les stratégies

d’adaptation en vue d’améliorer la santé des plantes.

Résultats

Sous l’angle de la modélisation, un ensemble de simulations a permis d’évaluer (a) la

propagation des incertitudes sur les données climatiques et leurs conséquences sur la

désagrégation horaire des pluies, les modèles d’humectation et d’infection, et (b) l’impact

d’adaptations aux stress abiotiques sur les risques sanitaires, sachant que le risque sanitaire est

considéré comme non stratégique par les filières dans le choix des adaptations. Pour répondre à

ces questions, un protocole de simulations de l’impact d’adaptations aux stress abiotiques sur les

risques sanitaires a été élaboré (application au pathosystème rouille brune x blé) ainsi qu’une

plateforme de modélisation de l’impact du CC sur le complexe parasitaire du blé.

Dans le cadre des expérimentations mises en place pour l’étude du mildiou de la rouille jaune du

blé et du mildiou de la pomme de terre, des résultats innovants ont été obtenus en conditions

contrôlées sur la variabilité intra-spécifique de réponse à la température entre isolats d’origine

géographique variée. Les expérimentations sur l’étude du pathosytème pêcher-moniliose ont mis

en évidence une corrélation positive entre réduction de maladie et réduction des intrants

(irrigation, fertirrigation). Cela ouvre la voie à l’identification d’adaptations pour les systèmes de

production fruitière.

Perspectives

Dans le cadre d’une internationalisation du réseau ACCAF-CLIF : (a) Renforcer l’interaction entre

modèles de prévision, données climatiques et stratégies d’adaptation (pratiques agronomiques,

usage des terres) au CC, (b) Prendre en compte les patrons d’adaptation locale des pathogènes

au climat, aux différentes échelles géographiques et génétiques, en vue de prévoir les capacités

invasives des lignées, (c) Confronter les études d’évolution des pathosystèmes existants en

climat futur, et celles de niches écologiques favorisant l’émergence ou la ré-émergence de

pathogènes, (d) Amplifier les travaux réalisés sur l’adaptation des systèmes de culture aux stress

abiotiques et leurs impacts sur les maladies,(e) Evaluer les stratégies à l’aide d’approches

multicritères ou multi-acteurs.

Impact du changement climatique sur les

maladies

31

UMR EcoSys

Écologie fonctionnelle et

écotoxicologie des

agroécosystèmes

Centre Ile-de-France Versailles-

Grignon

Contact

Laurent HUBER

[email protected]

Priorité du document

d’orientation

#Climat-1

Plan d’action

Innovation

Métaprogramme

ACCAF

Mots clés

Changement climatique,

agents pathogènes,

pathosystèmes, impacts,

adaptation

Départements

EA, SPE, EFPA,

BAP

Page 32: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

32

Valorisation

Ce projet débouche sur un ensemble de publications sur : (a) la modélisation de pathosystèmes

simples (rouille brune du blé, mildiou de la pomme de terre) et multiples (maladies aériennes du

blé) sur des données du temps passé ou futur, et (b) le comportement thermique d’isolats de la

rouille jaune du blé et du mildiou de la pomme de terre. Par ailleurs, la mise en œuvre des

mélanges de variétés (septoriose du blé) et les progrès accomplis sur des modèles en cours de

développement (moniliose du pêcher, phoma et phomopsis du tournesol) et sur la comparaison

ACV de systèmes de production fruitière face au CC soulignent l’intérêt d’approches intégrées

du risque sanitaire.

Références bibliographiques

> Marçais B., Piou D. et al 2016 ; Can oak powdery mildew severity be explained by indirect

effects of climate on the composition of the Erysiphe pathogenic complex ? Phytopathoogyl

107(5), 570-79.

> Mariette N., Androdias A., Mabon R., Corbière R.,Montarry J., Andrivon D., 2016. Local

adaptation to temperature within populations and clonal lineages of the Irish potato famine

pathogen Phytophthorainfestans. Ecology and Evolution 6 : 6320-6331.

> Savary S., Jouanin C., Félix I., Gourdain E., Piraux F., Willocquet L., Brun F. 2016. Assessing

plant health in a network of experiments on hardy winter wheat varieties in France: patterns of

disease-climate associations. European Journal of Plant Pathology 146 (4), 741-755.

Diversité des modèles de pathosystèmes de cultures annuelles mis en œuvre dans le projet : mildiou

de la pomme de terre illustré par son cycle épidémique (en bas à droite), phoma du tournesol

(en haut à droite), maladies du blé : rouille brune (nombreuses lésions foliaires), rouille jaune

(foyer en vue aérienne), septoriose (lésions foliaires)

Départements

EA, SPE, EFPA,

BAP

Page 33: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

33

> Savary S., Stetkiewicz S., Brun F., Willocquet, L. 2015. Modelling and mapping potential

epidemics of wheat diseases—examples on leaf rust and Septoria tritici blotch using

EPIWHEAT. Eur J Plant Pathology 142: 771-790.

> Bellingeri M, Quilot-Turion B., Oliveira Lino & Bevacqua D. Fruit load affects brown rot

progression in fruit orchards: high fruit densities facilitate fruit exposure to spores but reduce the

probability of infection by reducing fruit growth rates and consequent cuticle cracking. Frontiers

in Ecology & Evolution (major revision).

> Bevacqua D. et al. A model for temporal dynamics of brown rot spreading in stone fruit

orchards. Phytopathology (accepted with minor revision).

Caubel J., Launay M., Ripoche D., Gouache D., Buis S., Huard F., Huber L., Brun F., Bancal

M.O. 2017. Climate change effects on leaf rust of wheat: implementing a coupled crop-disease

model in a French regional application. European Journal of Agronomy 90: 53-66.

> Debaeke P., Casadebaig P., Flenet F., Langlade N., 2017.Sunflower crop and climate

change: vulnerability, adaptation, and mitigation potential from case-studies in Europe. OCL,

Oilseeds & fats Crops and Lipids 24 (1).

> Desanlis M., Aubertot J.N., Mestries E., Debaeke P. 2017. Influence of crop management and

environment on the epidemics of Phoma macdonaldii, a major fungal disease of sunflower :

experimental evidence. European Journal of Agronomy (revision en cours)

> Vidal T., Lusley P., Lecomte M., de Valavieille-Pope C., Huber L., Saint-Jean S. Cultivar

architecture modulates spore dispersal by rain-splash : a new perspective to reduce disease

progression in cultivar mixture. Plos One (accepted for publication on October 27th, 2017).

> de Vallavieille-Popea*C., B. Bahrib, M. Lecontea, O. Zurfluhc, Y. Belaida, E. Maghrebia, L.

Huberc, M. Launayd, M.O. Bancalc. Thermal generalist behavior of invasive Puccinia striiformis

f. sp. tritici strains under current and future climate conditions (under major revision).

Départements

EA, SPE, EFPA,

BAP

Page 34: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

Département EA

L’entretien des fossés comme levier pour limiter

la contamination des eaux par les pesticides

Résumé

La gestion des fossés agricoles est un des leviers pour protéger les ressources en eau. Les

fossés peuvent retenir jusqu’à 99% des pesticides contenus dans l’eau circulante. Les pratiques

d’entretien des fossés, comme le brûlis et la fauche, maximisent la rétention à condition d’être

bien raisonnées dans le temps et l’espace Un guide méthodologique de bonnes pratiques

d’entretien des fossés a été établi sur la base de ces résultats scientifiques.

Contexte et Enjeux

Le constat désormais récurrent de la contamination des eaux superficielles et souterraines,

notamment par les pesticides (Commissariat Général au Développement Durable, 2011) a

conduit à de nouvelles réglementations pour reconquérir la qualité des eaux (Directive Cadre

Européenne sur l’eau 2000/60, Grenelle de l’Environnement 2007). Leur mise en œuvre suppose

de concevoir des modes de gestion agricole (changement de pratiques) et paysagère limitant les

impacts sur la qualité des eaux, à l'instar de la gestion des infrastructures paysagères (haies,

terrasses, fossés, zones humides...) pour améliorer leur capacité de filtration, dite de rétention,

des pollutions chimiques de l’eau.

Les travaux menés par l’UMR LISAH, dans le cadre d’un projet co-financé par l'Onema-AFB et

d'une thèse financée par l’INRA, et s’appuyant sur l’observatoire OMERE (www.obs-omere.org)

ont i) estimé la capacité spécifique des fossés agricoles infiltrants à réduire la contamination de

l’eau par les pesticides, ii) analysé l’influence des pratiques d'entretien des fossés sur cette

capacité, et iii) élaboré des guides méthodologiques pour les gestionnaires de bassins versants

afin de leur permettre de mieux dimensionner et gérer les fossés agricoles en vue de la

préservation de la qualité de l’eau. Parmi les nombreux processus concourant à diminuer les

masses de pesticides dans les eaux, ces travaux ont évalué la rétention engendrée i) par la

sorption, processus de piégeage des molécules sur un substrat et ii) par l’infiltration. Le devenir

des molécules infiltrées et les pertes par volatilisation et dégradation n’ont pas été abordés.

Résultats

La rétention des pesticides à l’échelle d’un fossé est très variable, de 0,5 à 99%. Elle dépend de

la nature de la molécule pesticide, des caractéristiques physiques du fossé, et de la végétation et

des résidus (litière, cendres) consécutifs aux pratiques d'entretien (curage, fauche, désherbage

chimique, brûlis). Pour des molécules hydrophobes (telles le diuron et le chlorpyrifos), la

rétention est la plus élevée en présence d’un fort taux de matière organique et de cendres dans

le fossé, tandis que pour une molécule hydrophile comme le glyphosate, la rétention est plus

importante dans les fossés incisés dans des sols à texture fine et avec cendres. En outre, la

sorption augmente avec la taille de la section des fossés. Ainsi, pour augmenter la rétention, il

faut préconiser des fossés larges, entretenus par brûlis ou fauchage.

L'évolution du fossé suite à une pratique (repousse végétale, décomposition de la matière

organique…) différant selon la pratique et la saison, le taux de rétention évolue également dans

le temps. Aucune pratique ne s’est ainsi révélée être systématiquement supérieure aux autres,

ce qui incite à combiner plusieurs pratiques dans le temps. Ainsi, une stratégie d’entretien

consistant à brûler les fossés en hiver et faucher tardivement, en fin d'été, permettrait

probablement d’optimiser la capacité de rétention des fossés sur l’ensemble de l’année.

34

UMR LISAH

Laboratoire d'Etude des

Interactions entre Sol-

Agrosystème-Hydrosystème

Centre Occitanie-Montpellier

Contacts

Jean-Stéphane Bailly

[email protected]

Cécile Dagès

[email protected]

Jeanne Dollinger

[email protected]

Marc Voltz

[email protected]

Priorité du document

d’orientation

#3Perf

Mots clés

Fossé, contamination des

eaux, pesticides, gestion

paysagère, bonnes pratiques

d’entretien

Page 35: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

35

La localisation au sein du bassin versant des fossés présentant la meilleure capacité de

rétention a également un effet sur la qualité des eaux arrivant à la rivière. Les résultats actuels

indiquent que la localisation des fossés à forte capacité de rétention sur l’aval du réseau est

plus efficace que celle sur l’amont.

L'ensemble de ces résultats et la méthode ayant permis de les obtenir ont alimenté deux

guides méthodologiques. Ils proposent aux gestionnaires une grille d’analyse pour i) établir un

diagnostic de la capacité de rétention des fossés à partir de descripteurs facilement

observables, et ii) identifier des pistes pour améliorer le rôle de rétention des fossés via leur

entretien et via leur localisation dans le paysage.

Perspectives

Les apports cognitifs et méthodologiques de ces travaux posent les bases d’évaluations de

scénarios de gestion des réseaux de fossés à l'échelle du paysage et à l’échelle annuelle.

Il convient désormais d’intégrer le devenir des pesticides (dégradation et transfert vers les

nappes et l’air) et de mieux prendre en compte l’évolution à long terme des propriétés des

fossés (e.g. dynamiques de communautés végétales post-entretien). Ces travaux, couplés à

l’évaluation d’autres fonctions, telles que celles d’assainissement agricole ou de corridor

écologique, permettront à terme d’évaluer le bouquet de services écosystémiques rendus par

les fossés.

Valorisation

Ces travaux ont donné lieu à 1 thèse, 8 articles de revue scientifique et deux guides

méthodologiques, ainsi que des communications orales et des posters dans des congrès

nationaux et internationaux.

Ils ont également permis i) d’enrichir les bases de données sur les propriétés de sorption des

pesticides sur les matériaux rencontrés fréquemment dans les fossés, ii) de créer une base de

données et une typologie caractérisant les fossés, iii) de proposer un indicateur de rétention

des pesticides à l’échelle du fossé et iv) de développer un nouveau modèle mécaniste simulant

le transfert des pesticides dans les réseaux de fossés, au sein de la plateforme de modélisation

OpenFLUID.

Références bibliographiques

> Bailly, J.-S., Dages, C., Dollinger, J., Lagacherie, P. and Voltz, M. "Protocole de spatialisation

et d’évolution d'états de surface de fossés", Technical report, ONEMA-INRA, 2015

Expérimentations in situ de l’effet dynamique d’entretien des fossés sur les propriétés des fossés

(a- fauche, b- brûlis, c- désherbage chimique, d- curage) par rapport à un témoin non entretenu

Département EA

a b c d

Page 36: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

36

> Dages, C., Bailly, J.-S., Dollinger, J., Lagacherie, P. and Voltz, M. "Diagnostic et gestion des

réseaux de fossés agricoles infiltrants pour la limitation de la contamination des masses d’eau

par les pesticides", Rapport INRA-onema, 2016

> Dages, C., Samouelian, a., Negro, S., Storck, V., Huttel, O. and Voltz, M. "Seepage patterns

of Diuron in a ditch bed during a sequence of flood events," Science of The Total Environment

(537), 2015, pp. 120—128

> Dollinger, J. "Analyse et modélisation des transferts et de la rétention de pesticides dans les

fossés agricoles infiltrants en lien avec les stratégies d'entretien", PhD, Montpellier SupAgro,

2016

> Dollinger, J., Dages, C., Bailly, J.-S., Lagacherie, P. and Voltz, M. "Managing ditches for

agroecological engineering of landscape. A review," Agronomy for Sustainable Development (),

2015

> Dollinger, J., Dages, C., Negro, S., Bailly, J.-S. and Voltz, M. "Variability of glyphosate and

diuron sorption capacities of ditch beds determined using new indicator-based methods,"

Science of The Total Environment (573), 2016, pp. 716-726

> Dollinger, J., Dages, C., Samouelian, A., Coulouma, G., Lanoix, M., Blanca, Y. and Voltz, M.

"Contrasting soil property patterns between ditch bed and neighboring field profiles evidence

the need of specific approaches when assessing water and pesticide fate in farmed

landscapes," GEODERMA (309), 2018, pp. 50-59

> Dollinger, J., Vinatier, F., Voltz, M., Dages, C. and Bailly, J.-S. "Impact of maintenance

operations on the seasonal evolution of ditch properties and functions," Agricultural Water

Management (193:Supplement C), 2017, pp. 191 - 204

Département EA

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Département EA

TATA-BOX : une boite à outils pour

accompagner la transition agroécologique

des territoires ruraux

Résumé

Afin de promouvoir une agriculture basée sur les services écosystémiques, de l’échelle de

l’exploitation agricole à celle du paysage, nous avons développé une démarche participative

permettant aux acteurs d’un territoire de concevoir i) une vision partagée de l’agriculture

souhaitée et ii) le plan d’action pour y parvenir (étapes de la transition et gouvernance adaptée).

Cette démarche a été appliquée sur deux territoires du sud-ouest de la France.

Contexte et Enjeux

La conception et la mise en œuvre d’une agriculture basée sur les services écosystémiques

sont complexes car elles nécessitent de repenser les systèmes de production, les filières

(systèmes alimentaires) et les modes de gestion des ressources naturelles. L'implémentation de

cette « profonde écologisation » de l’agriculture nécessite une refonte des systèmes agricoles et

suppose que les acteurs développent de nouvelles formes de coordination, par exemple pour la

gestion de la matrice paysagère, les échanges de matière ou la gestion des systèmes

alimentaires locaux. Localement, pour les parties prenantes, le défi consiste à concevoir de

nouvelles organisations biotechniques et socio-économiques et la transition agroécologique pour

les développer (Duru et al. 2015a). Le projet ANR TataBox visait à développer une méthodologie

participative et des méthodes et outils associés pour accompagner les parties prenantes dans

ce processus de conception. La méthodologie de co-conception d’une transition agroécologique

à l’échelle locale est organisée en 3 grandes étapes collaboratives clés :

- la construction d’un diagnostic partagé des enjeux actuels de l’agriculture locale ;

- l’identification des forces de changement exogènes au territoire qui déterminent le futur de

l’agriculture locale et la co-conception d’une vision partagée des formes d’agriculture à

développer localement pour répondre aux enjeux actuels et futurs ;

- la co-conception du plan d’action adaptatif pour développer ces formes d’agriculture en

spécifiant (i) les actions à mettre en œuvre considérant les freins et ressources locales et (ii) la

gouvernance polycentrique à développer.

Cette méthodologie a été testée sur deux terrains d’études voisins dans le sud-ouest de la

France, l’aval et l’amont de la vallée de l’Aveyron, en partenariat avec respectivement le PETR

(Pôle d’Equilibre Territorial et Rural) du Pays Midi-Quercy et le PETR Centre Ouest Aveyron.

Résultats

Chaque étape de la méthodologie a donné lieu à un atelier d’une journée dans chacun des deux

territoires d’étude. Lors de chacune de ces étapes, les acteurs ont été invités à travailler en

sous-groupe sur chacun des trois domaines clés de l’agriculture locale (les systèmes de

production, les filières et les modes de gestion des ressources naturelles) et en plénière sur les

interactions entre domaines. Notre méthodologie de co-conception correspond à une procédure

de collaboration structurée en étapes instrumentées. Ainsi, pour chacune des étapes, des

méthodologies collaboratives éprouvées (ex. méta-plan, cartographie participative, rich picture,

mind-map, icebreaker) et développées spécifiquement pour le projet ont été utilisées. Une de

nos productions originales en artefacts participatifs a été la mise au point d’une méthode de

spécification de la trajectoire de transition (séquence d’actions et d’objectifs à atteindre) et de

gouvernance (Figure 1).

37

UMR AGIR

AGroécologie, Innovations et

TeRritoires

Centre Occitanie-Toulouse

Contacts

Jacques-Eric Bergez

[email protected]

Olivier Thérond

[email protected]

Elise Audouin

[email protected]

Priorités du document

d’orientation

#3Perf-1, #3Perf-4,

#OpenInra-1, #OpenInra-3,

#OpenInra-4

Métaprogramme

Ecoserv

Mots clés

Transition agroécologique,

démarches participatives,

conception, prospective,

approches multi-échelles et

multi-acteurs

Page 38: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

38

A la demande des deux PETR un atelier d’échanges d’expérience et d’identification des

synergies inter-territoriales potentielles a également été organisé. A partir d’une analyse des

complémentarités de ressources, de compétences et des projets de transition agroécologiques

des deux territoires d’étude, 11 axes de coopération ont été identifiés et hiérarchisés. Cet atelier a

permis à ces acteurs du développement territorial d’établir une stratégie partagée dépassant les

limites de leur territoire d’action propre et d’identifier les possibles collaborations avec les

scientifiques régionaux à développer.

Ce dispositif a abouti à la planification du développement, par exemple :

- pour le PETR Midi-Quercy, d’une plateforme de fruits et légumes locaux, évoluant

progressivement vers des ateliers de transformation de produits carnés et une conserverie.

- pour le PETR de Centre Ouest Aveyron, de systèmes d’élevage basés sur le pâturage et des

rotations prairie temporaire-méteil et des échanges entre agriculteurs et éleveurs afin

d’augmenter l’autonomie des exploitations agricoles et du territoire.

- à l’échelle des deux territoires, de manière coordonnée, d’une réflexion sur des unités de

méthanisation et d’activités de développements et de valorisation des haies (biomasse énergie,

BRF, production de fruits).

Perspectives

Un ouvrage collectif dans Springer composé de : i) les principaux concepts de la transition

agroécologique d’un territoire, ii) les principales méthodologies développées, iii) une analyse du

retour des acteurs de terrain mobilisés, iv) une analyse réflexive sur la mise en place de projets

de recherche en participatif, v) une lecture critique de l’ouvrage par d’autres collectifs travaillant

sur les transitions agroécologiques.

Figure 1 : Productions des ateliers participatifs de co-conception d’une transition agroécologique (horizon

2025) dans les territoires des deux PETR Midi-Quercy et Centre Ouest Aveyron. Les enveloppes

thématiques (boîtes pointillées) manipulées par les participants contenaient les objectifs (flèches)

déterminés lors du 2nd atelier participatif TATA-BOX. Ces objectifs étaient répartis entre le domaine

Production agricole (flèche verte), Transformation-Distribution (flèche rose), Gestion des Ressources

Naturelles (flèches bleues). Pour chaque thématique, les flèches ont été séquencées temporellement sur le

« fil du temps » (flèche rouge). Dans un second temps, pour chaque flèche, le chemin de transition entre

l’état initial (caractérisé lors du 1er atelier participatif)) et l’état final souhaité (vision future du territoire, 2ème

atelier) a été détaillé par des cartes « Action » (jaune), « Ressource » (vert), « Obstacle » (orange), «

Gouvernance » (rose), « Etat intermédiaires ciblés » (blanc).

Département EA

Page 39: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

39

Département EA

Outils pédagogiques

> Guide méthodologique en ligne en libre accès (« Petit guide du praticien sur les méthodes

participatives pour la transition agroécologique à l’échelle territoriale ») : narration de l’expérience

TTB + 23 fiches techniques)

> 2 catalogues d’outils bruts en ligne

> 3 synthèses en accès libre du diagnostic + Vision + Plan d’actions prévisionnel partagés multi-

domaine, multi-échelle, pluri-acteurs de chacun des deux territoires

Valorisation scientifique

Articles

> Beudou, J., Martin, G. and Ryschawy, J. (2017) ‘Cultural and territorial vitality services play a

key role in livestock agroecological transition in France’. Agronomy for Sustainable Development,

37(4). doi: 10.1007/s13593-017-0436-8.

> Chabert, A. and Sarthou, J.-P. (2017) ‘Practices of conservation agriculture prevail over

cropping systems and landscape heterogeneity in understanding the ecosystem service of aphid

biocontrol.’, Agriculture, Ecosystems & Environment, 249, pp. 70–79.

Cristofari, H., Girard, N. and Magda, D. (2017) ‘Supporting transition toward conservation

agriculture: a framework to analyze the learning processes of farmers’, Hungarian Geographical

Bulletin, 66(1), pp. 65–76. doi: 10.15201/hungeobull.66.1.7.

> Martin, G., Magne, M.-A. and Cristobal, M. S. (2017) ‘An Integrated Method to Analyze Farm

Vulnerability to Climatic and Economic Variability According to Farm Configurations and Farmers’

Adaptations’, Frontiers in Plant Science, 8(August), pp. 1–16. doi: 10.3389/fpls.2017.01483.

> Moraine, M., Mélac, P., Ryschawy, J., Duru, M. and Therond, O. (2017) ‘A participatory method

for the design and integrated assessment of crop-livestock systems in farmers’ groups’,

Ecological Indicators, 72, pp. 340–351.

> Ryschawy, J., Martin, G., Moraine, M., Duru, M. and Therond, O. (2017) ‘Designing crop-

livestock integration at different levels: toward new agroecological models?’, Nutrient Cycling in

Agroecosystems, 108(1), pp. 5–20.

Communications orales

> Audouin, E., Bergez, J., Plumecocq, G. and Therond, O. (2017a) ‘TATA- BOX : “ Territorial

Agroecological Transition in Action ”: a tool-box for designing and implementing a transition to a

territorial agroecological system in agriculture’, in 12th Conference of the European Society for

Ecological Economics, Ecological Economics in action: building a reflective and inclusive

community. 20th to 23th of June, 2017, Corvinus University of Budapest – Budapest, Hungary,

pp. 1–4.

> Audouin, E., Bergez, J., Plumecocq, G. and Therond, O. (2017b) ‘TATA-BOX : « Transition

agroécologique des territoires »: une boîte à outil pour concevoir et mettre en œuvre une

transition agroécologique des territoires agricoles avec les acteurs locaux .’, in Colloque

Changements & Transitions: enjeux pour les éducations à l’environnement et au développement

durable; Atelier 4A: Les territoires en transition, des points d’appui?. GEODE, 7 au 9 novembre

2017. Toulouse, 3p.

> Cahier, J.-P., Salembier, P. and Matta, N. (2017) ‘Fostering rural actors’ empowerment through

“multi-viewpoints” methods and ICT tools.’, in Xplore, I. (ed.) ICEDEG 2017 4th International

Conference on eDemocracy & eGovernment, 19 - 21 April 2017, ISBN: 978-1-5090-4831-1.

Quito, Ecuador, pp. 115–122. doi: CFP1727Y-USB

> Soulignac, V., Lambert, E., Guichard, L. and Aubin, S. (2017) ‘GECO , the French Web-based

application for knowledge management in agroecology’, Elsevier Computers and Electronics in

Agriculture, p. 29

Communications invitées

> Audouin, E. (2017) ‘Transition agroécologique des territoires: une boite à outil pour concevoir

une transition agroécologique des territoires agricoles avec les acteurs locaux.’, in 9ème éditions

des Entretiens du Pradel « Agronomie & Design territorial ». 27-28 septembre 2017, domaine du

Pradel. Mirabel

Page 40: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

Quelles différences entre les successions

de cultures en agriculture biologique et

conventionnelle ? Une analyse à l’échelle mondiale

Résumé

Nous avons comparé les rotations de culture en agriculture biologique et en agriculture

conventionnelle à l’échelle mondiale par méta-analyse. Les rotations en AB sont plus longues

(+15% de temps) et plus diversifiées (+48% d’espèces), avec une présence accrue de fourrages

temporaires et de cultures intermédiaires au détriment des céréales. Ces différences ne sont pas

de même ampleur entre l’Europe et l’Amérique du Nord.

Contexte et Enjeux

L’agriculture conventionnelle a considérablement simplifié et raccourci les rotations de culture au

cours des 50 dernières années. À l’inverse, en agriculture biologique (AB) la diversité des

espèces au sein des successions est un levier majeur pour gérer la fertilité des sols et réguler

les bioagresseurs. Toutefois, une comparaison systématique des rotations pratiquées par ces

deux formes d’agriculture n’a jamais été réalisée. Pourtant, si l’AB continue à se développer, les

différences entre rotations pratiquées auront des conséquences importantes sur la nature et le

volume de la production agricole. Les résultats présentés ci-dessous reposent sur une méta-

analyse menée à l’échelle mondiale au sujet des rotations pratiquées dans les expérimentations

comparant systèmes de culture en AB versus en agriculture conventionnelle.

Résultats

Les rotations en AB sont plus diversifiées

À l’échelle mondiale, les rotations en AB sont plus longues (+15% en moyenne) et comprennent

plus d’espèces (+48%) que les rotations conventionnelles. Cette plus forte diversité est

principalement due à la présence accrue de fourrages temporaires et de cultures intermédiaires.

40

UR ISPA

Interactions Sol Plante

Atmosphère

Centre Nouvelle-Aquitaine-

Bordeaux

Contact

Pietro Barbieri

[email protected]

Priorité du document

d’orientation

#3Perf-1

Métaprogramme

Glofoods

Mots clés

Agriculture biologique, rotations,

diversité, agronomie globale,

utilisations des sols

Département EA

Différence (en pourcent de la durée totale de la rotation occupée par les différents groupes de culture)

entre AB et agriculture conventionnelle à l’échelle mondiale (à gauche) ou pour l’Europe (à droite).

***p < 0.001; **p < 0.01; *p < 0.05.

Page 41: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

41

Les rotations en AB et conventionnelles diffèrent dans leur composition

Les rotations en agriculture biologique sont, en moyenne, composées d’un tiers de céréales

primaires (blé, maïs et riz), et d’un tiers de céréales secondaires (épeautre, orge, etc.) et de

légumineuses à graines. Le dernier tiers correspond à des cultures fourragères, des oléagineux

et des cultures industrielles (canne à sucre, betterave, …). Cette composition est très différente

des rotations en agriculture conventionnelle, pour lesquelles une grande partie des cultures

fourragères est remplacée par des céréales primaires.

À l’échelle globale, les rotations en AB ont moins de céréales et plus de prairies

temporaires

Les rotations en AB ont une fréquence de céréales inférieure de 10% par rapport aux rotations

conventionnelles. À l’inverse, les rotations en AB se caractérisent par une fréquence de

fourrages temporaires 2,8 fois plus élevée. La fréquence des légumineuses à graines est

légèrement plus élevée dans les systèmes en AB, mais la différence n’est pas statistiquement

significative à l’échelle mondiale puisque l’on observe plus de légumineuses à graines (y

compris le soja) en AB en Europe, mais moins en Amérique du Nord.

Les rotations en AB comprennent plus d’espèces fixatrices d’azote

Bien que la fréquence des légumineuses à graines ne soit pas systématiquement plus élevée

dans les systèmes biologiques, la quantité de cultures fixatrices d’azote s’avère nettement plus

importante en AB qu’en agriculture conventionnelle. Ce résultat est dû à la plus forte présence

des légumineuses comme cultures fourragères et dans les cultures associées dans les

systèmes biologiques.

Perspectives

En complément des comparaisons de rendement bio/conventionnel classiquement réalisées,

ces résultats permettront d’alimenter la construction de scénarios de développement de l’AB à

l’échelle mondiale, et d’en évaluer les conséquences en terme d’usage des sols et de production

agricole. Il s’agira notamment d’évaluer les nécessaires évolutions des régimes alimentaires

compatibles avec les évolutions de nature et de volume de la production sous scénario

d’agriculture plus biologique.

Valorisation

Ce travail a fait l’objet d’une publication dans « Scientific Reports » accompagnée par une base

des données publique sur les rotations de cultures en agriculture biologique et conventionnelle.

Référence bibliographique

> BARBIERI P., PELLERIN S., NESME T., 2017. Comparing crop rotations between organic

and conventional farming. Scientific Reports 7:13761.

Département EA

Page 42: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

Résumé

Diminuer de 40% l’irrigation des tomates d’industrie a permis d’améliorer la valeur technologique

des fruits sans perte de rendement. C’est le résultat principal d’une étude combinant des

analyses pré- et post-récolte, pour un pilotage de la qualité allant du champ à l’assiette.

Contexte et Enjeux

La filière française de tomate d’industrie est confrontée à de nombreux défis :

- une demande croissante de produits de qualité de la part des consommateurs et des

transformateurs ;

- une raréfaction de la ressource en eau pour l’irrigation ;

- une variabilité de la qualité des tomates à la récolte et des critères (rendement et teneur en

solides solubles (dépendant majoritairement des sucres solubles et déterminée par l’indice de

réfraction de la lumière exprimé en °Brix)) qui renseignent peu sur la valeur technologique des

fruits.

Grâce à un partenariat entre deux unités INRA du centre d’Avignon expertes dans les domaines

de l’écophysiologie et la qualité des fruits (UR PSH, Plantes et Systèmes de Culture Horticoles)

et des procédés de transformation (UMR SQPOV, Sécurité et Qualité des Produits d’Origine

Végétale), et avec différents acteurs de la filière (SONITO, Société Nationale

Interprofessionnelle de la Tomate et CTCPA, Centre Technique Agroalimentaire), l’élaboration

de la qualité des produits à base de tomate a été analysée tout au long de la chaîne de

production. Les effets combinés de 2 niveaux d’irrigation, 4 variétés commerciales, 3 stades de

maturité, et 2 procédés de transformation sur la qualité de la tomate et son aptitude à la

transformation ont été testés lors de deux campagnes de production, près d’Avignon, en 2016 et

2017. Les effets des différents facteurs au champ ont été validés par la mise en place d’une

expérimentation similaire, en conditions semi-contrôlées, sous serre.

Résultats

Un déficit hydrique modéré (-40% d’irrigation de la floraison à la récolte par rapport au témoin

irrigué à 100% de remplacement de l’évapotranspiration) n’a que très peu diminué le rendement

en fruits frais, et a augmenté le rendement en matière sèche jusqu’à +27%. L’efficience de

l’utilisation de l’eau d’irrigation a ainsi été augmentée d’en moyenne 20% sur tout le cycle. La

composition de la matière sèche des fruits à la récolte (teneurs en sucres solubles, acides

organiques, et caroténoïdes) n’a pas été significativement affectée par le déficit hydrique.

En revanche, lorsque ces mêmes fruits ont été transformés selon des procédés industriels, le

déficit hydrique a amélioré la viscosité de la purée sans affecter sa couleur. Il a également limité

la perte de viscosité obtenue lorsque le procédé possède une phase de macération à basse

température (cette étape, effectuée à une température inférieure à 70°C, est appelée Cold

Break). Ce résultat a montré que même si la composition des fruits a été peu impactée par le

déficit hydrique, la réactivité enzymatique des tissus a été réduite. En recherchant des

indicateurs de la qualité des purées au niveau des fruits frais, nous avons déterminé que la

teneur en solides solubles du fruit n’était pas corrélée à la viscosité, contrairement à ce qui est

généralement considérée dans la profession. De plus, la teneur en lycopène du fruit (pigment

rouge) semble impacter positivement la viscosité des produits. Des travaux sur la rhéologie des

purées sont nécessaires pour mieux comprendre cette observation.

Département EA

Construire la qualité du champ à l’assiette :

exemple de la tomate d’industrie

42

UR PSH

Plantes et Systèmes de Culture

Horticoles

Centre Provence-Alpes-Côte

d'Azur

Contact

Anne-Laure Fanciullino

[email protected]

Priorité du document

d’orientation

#Food3

Plan d’action

Innovation

Mots clés

Liens pré- et post-récolte,

qualité de la tomate d’industrie,

gestion de l’irrigation,

interactions traitement hydrique

x génotype x stade de maturité

Page 43: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

Perspectives

Ce travail ouvre la voie à un pilotage de l’irrigation en fonction d’un objectif de teneur en matière

sèche des fruits. Les données acquises permettent également de mieux raisonner le choix des

cultivars et le déclenchement de la récolte en fonction du choix variétal et du procédé de

transformation. Enfin, des études sont actuellement en cours pour mieux comprendre les

mécanismes déterminant la viscosité des produits obtenus. L’élaboration de ce schéma global de

la viscosité et la réalisation d’essais à différentes échelles (laboratoire, usine) permettront

d’adapter les procédés en fonction de la qualité des fruits entrant à l’usine, pour un pilotage de la

qualité du champ à l’assiette.

Valorisation

Ces travaux sont issus de la thèse d’Alexandre Arbex de Castro Vilas Boas financée par le Brésil

« Doutorado Pleno neo Exterior », CAPES ; d’un projet collaboratif financé par la structure

fédérative de recherche Tersys, d’un contrat de recherche et d’un projet Innovation / Recherche et

développement, FranceAgrimer, avec comme partenaires : UR PSH INRA / UMR SQPOV INRA /

CTCPA / SONITO.

Les résultats de l’étude de 2016 ont été valorisés par une publication dans la revue Frontiers in

Plant Science. Ces travaux ont également fait l’objet de deux présentations en 2016 et 2017 et

d’un rapport destinés à l’interprofession.

Référence bibliographique

> Arbex de Castro Vilas Boas, A., Page, D., Giovinazzo, R., Bertin, N., and Fanciullino, A.-L.

(2017). Combined effects of irrigation regime, genotype, and harvest stage determine tomato fruit

quality and aptitude for processing into puree. Front. Plant Sci. 8(1725). doi:

10.3389/fpls.2017.01725.

Département EA

43

A B

C D

Illustration des dispositifs mis en place pour étudier l’élaboration de la qualité, de la production au produit

transformé et à différentes échelles : A) Parcelle de tomates mise à la disposition du projet par la SONITO,

B) compartiment de serre de l’UR PSH, C) unité de transformation à l’échelle industrielle au CTCPA et

D) Analyse des purées au laboratoire de l’UMR SQPOV.

Page 44: DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS … · Contexte et Enjeux Aujourd’hui,la durabilité d’uneagriculture dépendante des produits de synthèse est plus que jamais remise

Département EA

La combinaison modélisation & imagerie par

résonance magnétique : une nouvelle approche

pour caractériser le devenir des polluants

dans le sol

Résumé

Dans certaines conditions, le sol joue le rôle d’un filtre protégeant les eaux souterraines de

l’arrivée de polluants. Des chercheurs de l’INRA et de l’IFSTTAR ont mis au point une approche,

reposant sur l'utilisation conjointe de résonance magnétique nucléaire (RMN) et de modélisation

numérique, permettant d’obtenir des informations quantitatives et jusque-là inaccessibles

concernant la dynamique des polluants à l’intérieur du sol. Cette avancée permettra de mieux

prévoir les limites dans lesquelles le sol peut être considéré comme une barrière protégeant la

qualité des eaux souterraines.

Contexte et Enjeux

Le transport de polluants à travers le sol, de la surface jusqu'à la nappe, peut altérer la qualité des

eaux souterraines et les rendre impropres à la consommation humaine. Cependant, dans certains

cas, le sol joue le rôle d'un filtre dans lequel les polluants peuvent être retenus, puis

éventuellement être dégradés par des processus chimiques et biologiques. L'étude des

mécanismes de rétention des polluants dans le sol est par conséquent une étape essentielle pour

appréhender les risques de pollution de la nappe. Ces études s’appuient généralement sur

l’obtention de « courbes de percée » (Fig1 à gauche) ou sur des expériences « en batch » (Fig2a)

qui considèrent le sol comme une « boîte noire » et ne permettent pas de suivre directement le

comportement du polluant à l’intérieur du sol.

Des scientifiques de l'INRA et de l'IFSTTAR ont élaboré une approche innovante pour "ouvrir la

boîte noire". Elle repose sur l'utilisation conjointe de résonance magnétique nucléaire (RMN) - qui

mesure un signal lié à la présence des polluants dans le sol - et de modélisation numérique de ce

signal. Elle a été testée pour étudier le devenir de nanoparticules (NPs) et de l'acide butyrique

perfluoré (PFBA), une molécule probablement très mobile dans le sous-sol qui appartient à une

large famille de contaminants émergents extrêmement persistants dans l'environnement.1,2

Résultats

L'imagerie par résonance magnétique du proton (IRM) a été utilisée pour suivre le transport des

NPs dans des colonnes de sable. Le signal obtenu dépend des quantités de NPs en suspension et

adsorbées : il peut donc être utilisé pour tester les modèles de transport et des NPs dans le sol.

Pour cela, un signal est calculé à

partir des concentrations de NPs

en suspension et adsorbées

fournies par le modèle de transport.

44

UMR EMMAH

Environnement Méditerranéen

et Modélisation des

Agro-Hydrosystèmes

Centre Provence-Alpes-Côte

d'Azur

Contacts

Éric Michel

[email protected]

à l'IFSTTAR :

Denis Courtier-Murias

[email protected]

Priorité du document

d’orientation

#Climat-4

Mots clés

Polluants organiques

persistants, colloïdes,

transport, sol, imagerie

Figure 1: Schéma d'une expérience

de transport (à gauche) ; données

expérimentales (symboles) et

modélisées (lignes) (au centre) ;

stratégie de calcul du signal IRM

modèle (à droite)

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Département EA

45

Figure 2. (a) schéma d'une expérience d'adsorption en batch. (b) la RMN du fluor permet d'identifier le PFBA

dans trois environnements différents. (c) variations du pourcentage de PFBA dans chaque compartiment :

expérience (symboles) et modèles (lignes)

La confrontation de ce signal modélisé avec le signal expérimental permet de tester différents

mécanismes de rétention des NPs de façon plus discriminante qu’en utilisant la seule courbe de

percée qui apporte beaucoup moins d’informations (Fig 1, panneau central).

De façon similaire, la RMN du fluor a permis d’identifier 3 compartiments du sol dans lesquels le

PFBA se répartit (Figure 2b). Nous avons montré par modélisation que ces trois compartiments

correspondent au PFBA en solution (i) entre et (ii) dans les agrégats de sol, et (iii) au PFBA adsorbé

sur les constituants du sol. L’abondant jeu de données recueilli associé à la modélisation permet de

mieux comprendre le comportement du polluant dans le sol.

Ainsi, l’approche couplée RMN-modélisation permet l’utilisation de données qui n’étaient pas

accessibles auparavant. Ceci représente une avancée majeure pour faire progresser nos

connaissances sur la capacité des sols à protéger la qualité des eaux souterraines.

Perspectives

Cette approche permettra d'étudier en détail le devenir dans le sol du PFBA ainsi que d'autres

tensioactifs perfluorés de la même famille. Ces molécules sont utilisées dans un très grand nombre

d'applications industrielles et domestiques mais sont toxiques, persistantes, et bioaccumulables.

Certaines d'entre elles, récemment mises sur le marché, ne sont pas retenues lors des traitements

actuels des eaux potables et usées et sont susceptibles d'atteindre les eaux souterraines lors du

rejet de ces eaux dans l'environnement ou lors de leur réutilisation à des fins d'irrigation en

agriculture. Les connaissances sur les impacts dans l'environnement de ces molécules sont encore

insuffisantes pour permettre aux décideurs de règlementer leur usage. Il a été récemment préconisé

que la communauté scientifique s'empare de cette thématique pour combler ces lacunes1,2.

L'approche couplée RMN du fluor-modélisation représente un outil de choix pour réaliser cette

tâche. Elle pourra aussi être utilisée avec profit pour l'évaluation et l'optimisation de techniques

d'adsorption et de filtration destinées à retirer ces molécules des eaux potables et usées.

Valorisation

La valorisation a été essentiellement académique :

> Courtier-Murias, D., Michel, E., Rodts, S., & Lafolie, F. (2017). Novel Experimental–Modeling

Approach for Characterizing Perfluorinated Surfactants in Soils. Environmental Science &

Technology, 51(5), 2602-2610, DOI: 10.1021/acs.est.6b05671

> Lehoux, A., Faure, P., Lafolie, F., Rodts, S., Courtier-Murias, Coussot, P. & Michel, E. (2017).

Combined time-lapse magnetic resonance imaging and modeling to investigate colloid deposition

and transport in porous media. Water Research, 123, 12-20, DOI: 10.1016/j.watres.2017.06.035

Références bibliographiques

> (1) Sedlak, D. (2016). Fool me once. Environmental Science & Technology, 50, 7937-7938

> (2) Wang, Z., Cousins, I. T., Scheringer, M., & Hungerbühler, K. (2013). Fluorinated alternatives to

long-chain perfluoroalkyl carboxylic acids (PFCAs), perfluoroalkane sulfonic acids (PFSAs) and their

potential precursors. Environment international, 60, 242-248

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Exploitation des processus épigénétiques :

quel couplage avec la modélisation pour

orienter l’adaptation des cultures aux nouveaux

défis sanitaires et environnementaux ?

Résumé

L’amélioration des cultures et leur acclimatation à l’environnement sont conditionnées par

l’exploitation de la diversité phénotypique. Face à une érosion de la diversité génétique, les

modifications épigénétiques - impliquées dans la plasticité phénotypique- s’avère être une

nouvelle source à exploiter. Les travaux présentés ont visé à démontrer l’importance des

modifications épigénétiques dans ces schémas de sélection adaptés aux nouveaux enjeux agro-

environnementaux et la nécessité de les intégrer dans les modèles de culture.

Contexte et Enjeux

La diversité génétique a longtemps été exploitée pour produire la plasticité nécessaire face aux

contraintes agro-environnementales. Cependant les schémas de sélection passés l’ont

considérablement érodé alors qu’apparaissent de nouveaux défis démographiques et contraintes

environnementales associées au changement climatique (Esquinas-Alcázar 2005). De nombreux

travaux ont mis en évidence l’implication des modifications épigénétiques dans les variations

phénotypiques offrant par conséquent une nouvelle source de plasticité. Elles peuvent être

induites au cours du développement (Meyer 2015) tel que le contrôle des processus de maturation

(Liu et al. 2015; Gallusci et al. 2016) et de floraison (Song et al. 2012; Baulcombe and Dean 2014)

ou sous l’effet de l’environnement tel que lors de stress abiotiques (Dai et al. 2015; Al-Lawati et al.

2016) ou biotiques (Dowen et al. 2012). Les modifications épigénétiques se définissent par la

présence de marques et/ou mécanismes moléculaires affectant l’expression des gènes (activation

ou répression) sans en modifier leur séquence. Les principales modifications concernent la

méthylation de l’ADN, les modifications post-traductionnelles des histones et l’incorporation de

variants d’histone (Berr et al. 2011; Matzke and Mosher 2014; Pikaard and Mittelsten Scheid

2014). Cette plasticité laisse ainsi percevoir l’intérêt des modifications épigénétiques pour de

nouveaux schémas de sélection (Springer 2013; Giovannoni 2016). Dans ce contexte,

l’exploitation des modifications épigénétiques comme nouveau levier d’action pour la sélection

variétale à des fins d’amélioration et d’acclimatation des cultures aux facteurs de l’environnement

s’avère un enjeu de taille pour les écophysiologistes, agronomes et modélisateurs.

Résultats

Ce travail de synthèse a visé dans un premier temps à faire un état des lieux des caractéristiques

des modifications épigénétiques relatives (i) aux conditions de leur induction (au cours du

développement, sous l’effet de facteurs environnementaux) et (ii) à leur stabilité (persistance

après le stress) et à leur transmissibilité (par mitoses, au sein d’un même individu ou par méioses,

à la génération suivante).

Dans un second temps, nous avons cherché à démontrer que l’intérêt du caractère stable et

transmissible assurant un effet mémoire du stress n’était pas forcément systématique. En effet,

c’est uniquement dans le cadre d’un stress répété au cours d’une même saison ou au cours du

cycle de culture suivant, que les modifications épigénétiques - induites par une première

sensibilisation au stress et mémorisées - confèrent un avantage (effet « priming ») aux plantes

subissant un stress similaire au cours de la saison ou aux plantes de la génération suivante

46

UMR EVA1, UMR EGFV2,

UR PSH3, UMR EcoSys4,

UMR LEPSE5, UMR PIAF6,

UMR Agronomie7

Centres Bretagne-Normandie1,

Nouvelle-Aquitaine-Bordeaux2,

Provence-Alpes-Côte d'Azur3,

IdF-Versailles-Grignon4,7,

Occitanie-Montpellier5,

Auvergne-Rhône-Alpes6

Contacts

Sophie Brunel-Muguet1,

Philippe Gallusci2,

Zhanwu Dai2,

Michel Génard3,

Céline Richard-Molard4,

Denis Vile5,

Nathalie Leblanc Fournier6,

Arnaud Gauffretau7

Priorité du document

d’orientation

#Climat-1

Métaprogramme

ACCAF

Mots clés

Epigénétique, changement

climatique, acclimatation,

modélisation

Départements

EA et BAP

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subissant aussi un stress similaire au cours de leur propre cycle. Par ailleurs, le degré de

transmissibilité (mitoses ou méioses) conditionne la stratégie de propagation envisagée

(multiplication végétative ou par les semences) pour transmettre un caractère « favorable »

(améliorateur et ou/adaptatif) aux individus.

L’exploitation de la diversité épigénétique implique d’en identifier les sources, naturelles ou

induites. Si cette diversité épigénétique a été largement explorée chez l’espèce modèle

Arabidopsis (diversité d’écotypes, mutants, population d’EpiRILs, (Stroud et al. 2013; Cortijo et al.

2014; Kawakatsu et al. 2016)), elle fait l’objet de travaux encore récents et parcellaires chez les

espèces d’intérêt agronomique. Cependant plusieurs stratégies sont désormais utilisées pour

exploiter la diversité naturelle ou induire ces modifications épigénétiques (Gallusci et al. 2017).

Enfin, devant la nécessité de prendre en compte les modifications épigénétiques pour expliquer

les variations de caractères associés à des performances agronomiques, nous avons voulu faire

la démonstration de l’intérêt de leur modélisation à des fins prédictives (Figure 1).

Les exemples sont encore rares et majoritairement développés chez Arabidopsis (Richards et al.

2012; Hu et al. 2015). L’exemple qui a été construit et développé dans ce travail concerne la

synthèse de lycopène –associé au processus de maturation- chez la tomate impliquant des gènes

dont l’expression est sous contrôle de régulations épigénétiques (Liu et al. 2015; Gallusci et al.

2016) (Figures 2 et 3). Les hypothèses de fonctionnement du modèle mettent en avant des

interactions entre un facteur de transcription (NOR) et un gène impliqué dans la synthèse de

lycopène (PSY) et le degré de méthylation sur les promoteurs des gènes NOR et PSY. Ce degré

de méthylation est lui-même déterminé par l’activité d’une ADN glycosylase Lyase impliquée dans

la déméthylation active de l’ADN (DLM2) dont le niveau d’expression est utilisé comme variable

d’entrée du modèle.

47

Départements

EA et BAP

Figure 1 : Schéma intégrateur de l’exploitation des variations épigénétiques (induites au cours du

développement et/ou par des facteurs de l’environnement) pour la mise en place de schémas de sélection

et ce au moyen de la modélisation (Gallusci et al. 2017).

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48

Départements

EA et BAP

Figure 2 : Illustration des cinétiques de maturation du génotype sauvage (WT) et du mutant (DML RNAi)

à 35, 39, 55, 70, 85 jours post –anthèse (dap). Br : breaker stage correspondant au stade de début

de rougissement (d’après Liu et al. 2015).

Figure 3 : Mécanismes régulant la synthèse de lycopène chez le sauvage (WT) (A) et le mutant RNAi DML2

(B). Observations (points) et simulations (lignes) des niveaux d’expression des gènes DML2 (i), NOR (iv)

et PSY (v), de méthylation des gènes NOR (ii) et PSY (III) conduisant à la synthèse de lycopène (vi)

(C) (Gallusci et al. 2017)

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Perspectives

Les perspectives de développement du modèle Lycopène visent à expliciter le lien entre ces

régulations épigénétiques (notamment le niveau d’expression de DLM2) et les facteurs

environnementaux (lumière, température, disponibilité en eau et nutriments) ainsi que l’effet même

du génotype. L’exemple du modèle lycopène illustre l’importance de la prise en compte des

modifications épigénétiques dans la modélisation des processus clés pour le rendement et la

qualité des produits récoltés, et soumis à la variabilité environnementale.

Valorisation

L’idée de ce travail est issue d’une réflexion sur le thème du « Génotype au Phénotype »,

présentée lors des Assises du département EA en juin 2015 (encadrée par S. Brunel-Muguet et

M. Génard et à l’initiative de Guy Richard et Philippe Debaeke). Elle s’appuie sur les travaux

réalisés à l’UMR EGFV sur l’étude des régulations épigénétiques dans les fruits (travail coordonné

par P. Gallusci) et de leur modélisation (Z. Dai).

Ce travail de synthèse et de modélisation prospective a permis la rédaction d’un article publié

dans Trends in Plant Science (juin 2017). Il a associé 7 chercheurs de différentes unités (UMR

950 EVA, UMR 1287 EGFV, UMR 211 Agronomie, UMR 1402 ECOSYS, UR 1115 PSH, UMR 759

LEPSE, UMR 547 PIAF) rattachées au département EA et BAP. Il aura aussi permis de nouvelles

collaborations notamment entre les unités EVA et EGFV (Pari scientifique EA 2017-2018, AMI

2017 ACCAF).

Références bibliographiques

> Al-Lawati A, Al-Bahry S, Victor R, et al (2016) Salt stress alters DNA methylation levels in alfalfa

(Medicago spp). Genet Mol Res. doi: 10.4238/gmr.15018299

> Dai L-F, Chen Y-L, Luo X-D, et al (2015) Level and pattern of DNA methylation changes in rice

cold tolerance introgression lines derived from Oryza rufipogon Griff. Euphytica 205:73–83. doi:

10.1007/s10681-015-1389-0

> Gallusci P, Dai Z, Génard M, et al (2017) Epigenetics for Plant Improvement: Current

Knowledge and Modeling Avenues. Trends Plant Sci 22:610–623. doi:

10.1016/j.tplants.2017.04.009

> Gallusci P, Hodgman TC, Teyssier E, Seymour G (2016) DNA methylation and chromatin

regulation during fleshy fruit development and ripening. Front Plant Sci. doi:

10.3389/fpls.2016.00807

> Giovannoni J (2016) Harnessing epigenome modifications for better crops. J Exp Bot 67:2535–

2537. doi: 10.1093/jxb/erw143

> Hu Y, Morota G, Rosa GJ, Gianola D (2015) Prediction of plant height in arabidopsis thaliana

using DNA methylation data. Genetics 201:779–793. doi: 10.1534/genetics.115.177204

> Kawakatsu T, Huang S-SC, Jupe F, et al (2016) Epigenomic Diversity in a Global Collection of

Arabidopsis thaliana Accessions. Cell 166:492–505. doi: 10.1016/j.cell.2016.06.044

> Liu R, How-Kit A, Stammitti L, et al (2015) A DEMETER-like DNA demethylase governs tomato

fruit ripening. Proc Natl Acad Sci U S A 112:10804–9. doi: 10.1073/pnas.1503362112

> Meyer P (2015) Epigenetic variation and environmental change. J Exp Bot 66:3541–3548. doi:

10.1093/jxb/eru502

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Départements

EA et BAP

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DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE

FAITS MARQUANTS 2017