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Exposition présentée aux Archives municipales Cloître des Récollets à Metz Du 8 octobre au 31 décembre 2012, Du lundi au vendredi de 10h à 17h. GÉNÉRIQUE DE L’EXPOSITION : Cette exposition a été conçue et réalisée par les Archives municipales en partenariat avec la Direction de la Communication et le Service Système et Information Géographique. Comité de rédaction : Sandrine Cocca, Thierry Deprez, Maxime Hénault, Sébastien Wagner. Remerciements : MMES Barbé et Petska, MM. Bucciarelli, Godfrin, Maguin et Muller pour le prêt de leurs photographies.

Des villages aux quartiers - Octobre 2012 (PDF)

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Exposition présentée aux Archives municipalesCloître des Récollets à MetzDu 8 octobre au 31 décembre 2012, Du lundi au vendredi de 10h à 17h.GÉNÉRIQUE DE L’EXPOSITION : Cette exposition a été conçue et réalisée par les Archives municipales en partenariat avec la Direction de la Communication et le Service Système et Information Géographique.Comité de rédaction : Sandrine Cocca, Thierry Deprez, Maxime Hénault, Sébastien Wagner.Remerciements : MMES Barbé et Petska, MM. Bucciarelli, Godfrin, Maguin et Muller pour le prêt de leurs photographies.

Il y a un demi-siècle, le 1er janvier 1962, les trois communes de Borny, Magny et Vallières étaient rattachées à la ville de Metz. Toutes trois situées à l’est de celle-ci, elles expliquent la forme curieuse de son ban actuel.

Le terme « ban » ou « ban communal » est fréquemment employé pour désigner le territoire d’une commune dans les départements d’Alsace et de Moselle ainsi qu’en Wallonie.

Ce rattachement intervient après celui de Devant-les-Ponts et Plantières-Queuleu en 1908 et du Sablon en 1914. Il devait se poursuivre avec les autres communes suburbaines (Montigny-lès-

Metz, Longeville-lès-Metz, Ban-Saint-Martin, etc.).Interrompu par la Première Guerre mondiale, ce

mouvement consistait à rendre à la ville de Metz sa proche banlieue, appelée le « ban des Treize ». C’est sur ce territoire que s’exerçait l’autorité des magistrats municipaux. Ses limites à l’est et au sud se situaient à la hauteur de la ferme de la Haute-Bévoye, à proximité de Borny, et au pont de Magny. Ce territoire est morcelé à la Révolution, au détriment de Metz, toujours bloquée par ses remparts. Des communes y sont créées : Magny, Borny, Plantières, Saint-Julien, Vallières, Malroy, Woippy, Lorry, Plappeville, Ban Saint-Martin et Longeville. À plusieurs reprises, Metz demandera le « recouvrement de son ancienne banlieue », en vain.

Les Treize constituent l’assemblée la plus puissante de la République messine (1234-1552), exerçant d’importantes fonctions de police et s’occupant du trésor et des impôts de la cité.

Lors de la Seconde Annexion (1940-1944), les Allemands fusionnent les communes périphériques avec la « ville-centre », dans une Grossstadt Metz, quadruplant ainsi le territoire communal (9 500 hectares). Au lendemain de la Libération en novembre 1944, le « Gross-Metz » est liquidé, chaque commune recouvrant son indépendance. Le démantèlement de cette structure est confié en 1947 à un Syndicat de communes de l’agglomération messine qui achèvera sa tâche en 1960… au moment où est envisagée la réunion de Borny, Magny et Vallières !

En effet, la ville de Metz, confrontée à une pression démographique sans précédent, cherche à agrandir son territoire pour y faire face. Certaines projections envisagent à

l’époque une ville d’un million d’habitants pour l’an 2000 ! Trois communes acceptent d’être rattachées à Metz, lui permettant ainsi de passer de 1 900 à 4 200 hectares, conditionnant ainsi son développement jusqu’à nos jours. Les bans sont disparates : celui de Magny (756 hectares) correspond aux deux-tiers de celui de Borny et à deux fois et demi celui de Vallières (292 hectares). Trois communes, trois personnalités, trois quartiers aux caractères encore bien marqués.

/////// INTRODUCTION

ICONOGRAPHIE : 1. Carte des bans, SIG / 2. Plan du ban des Treize, SIG / 3. Décret du Journal Officiel du 04/12/1961, AMM.

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« Mi-partie de gueules à deux chefs d’or en pal, accostées d’une croix de lorraine d’argent, et de gueules à fleur de lys d’argent d’où nait une palme de sinople — au chef d’azur à trois fleurs de lys d’or » Les armes de Borny reprennent celles des abbayes de Saint-Pierre-aux-Nonnains (clef de Saint Pierre à gauche) et de Saint-Vincent de Metz (palme et fleur de lys à droite) qui se partageaient le village dès le Xe s. (ban Saint-Pierre et ban Saint-Vincent). Les trois fleurs de lys sur fond bleu rappellent la concession de Louis XIII en 1631.

Bien que le ban de Borny soit marqué par une présence humaine dès la Préhistoire, le village n’apparaît dans les textes qu’en 960, sous la forme de Burneu. Dès 1206, on trouve Borney, d’où dérive Borny. Cette appellation a pour origine le nom d’un gaulois, Burnus, qui possédait un domaine sur ce territoire.

Situé sur le ruisseau de la Cheneau, le village est partagé au Moyen Âge en deux bans dépendants de deux abbayes bénédictines de Metz : le ban Saint-Pierre et le ban Saint-Vincent. Une maison forte,

sorte de « château », servait de résidence au représentant de l’abbé de Saint-Vincent. Les chanoines de la cathédrale de Metz, auxquels les habitants versaient l’impôt, les chevaliers de Saint-Jean, l’hôpital Saint-Nicolas, l’abbaye Saint-Clément et plusieurs bourgeois messins possédaient également des biens à Borny.

Au XVe siècle, Borny et les fermes environnantes comptent 32 feux (= familles). En 1444, sa maison forte est utilisée comme point d’appui lors du siège de Metz et le village est en partie détruit. En 1696, Borny compte 44 feux, soit près de 300 habitants.

Le 20 décembre 1631, le roi Louis XIII, avant d’entrer à Metz, s’arrête au château de Borny qui appartient alors à Élisabeth Tiercelin, femme de Jérémy Le Goullon.Le roi, touché de l’hospitalité qu’il reçut, accorda aux châtelains sauvegarde et permission d’apposer ses armes sur la maison forte de Borny comme étant « franche et exempte de fournitures et logements de gens de guerre ». Grâce à ce privilège, les habitants du château n’étaient plus obligés de loger chez eux les soldats du roi, comme la loi le prévoyait.

En 1712, au cours de la guerre de Succession d’Espagne, le village est saccagé par un détachement flamand qui ravage toute la banlieue est de Metz. Le château, détruit, est reconstruit par Jean Barbé, puis racheté par Claude Antoine Lecomte d’Humbepaire qui s’attache à en faire une belle propriété. Son fils, Louis, dernier seigneur de Borny, en devient le bienfaiteur. Sa petite-nièce fonde à Borny la première école de filles en 1836.

ICONOGRAPHIE : 1. Blason de Borny, AMM CB30 : Armorial Moselle tome V, pl. I / 2. Carte de Trudaine (1744), Culture.gouv.fr F/14/*8486 / 3. Plan du siège de 1444, AMM CB237 : Saulcy-Huguenin, Relation du siège de Metz 1444, p. 53 / 4. Château de Borny, collection Bucciarelli.

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Devenue commune en 1790, Borny est érigée cette même année en chef-lieu de canton. De 1795 à 1802, elle est supplantée par Vallières, avant d’intégrer avec cette commune les cantons messins.

En 1810, la commune de Grigy (dont le nom apparaît en 1245, du nom propre latin Grisius) et ses 550 hectares sont réunis à Borny. Cette dernière compte déjà comme annexes une partie des Bordes et les fermes de Belle-Tanche, de la Haute-Bévoye et de la Grange-aux-Bois, toutes d’origine médiévale. Au cours du XIXe siècle, d’autres lieux-dits se développent : la Limite, les Pépinières, la ferme de Sébastopol et le fort des Bordes.

De 1817 à 1844, la population de Borny passe de 700 habitants à plus de 900. Village agricole, Borny compte alors au milieu du XIXe siècle 20 granges et 13 fermes, pour 136 maisons.

La production est essentiellement céréalière (630 hectares), mais compte tout de même 12 hectares de vignes. Le ruisseau de la Cheneau est connu pour sa production de grenouilles. Deux écoles (filles et garçons) accueillent une cinquantaine d’élèves chacune.

Lors de la guerre franco-allemande de 1870, la première bataille sous Metz est le combat de Borny du 14 août. Le général Metman s’illustre au cours de cette sanglante journée (7 500 morts).

L’ « allée des Morts » ainsi que plusieurs monuments disséminés sur la commune rappellent la dureté des combats. Annexée, la commune est militarisée par la construction du fort des Bordes (1872-1875), de plusieurs abris d’infanterie et d’une caserne de cavalerie (1903), l’actuel campus Bridoux.

Dans le même temps, la commune profite des largesses de ses bienfaiteurs, la famille du Coëtlosquet, grande famille messine. Le vicomte installe les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul à Belletanche en 1898. En 1906, sa veuve fait don du château de Borny (acheté en 1899) aux religieuses du Bon Pasteur. Dans le parc, elles font construire un nouveau bâtiment destiné à abriter une maison d’éducation pour jeunes filles (actuel centre socio-culturel).

La commune est fortement touchée lors de la libération de Metz en 1944, au cours de laquelle l’église est détruite.

ICONOGRAPHIE : 1. Plan d’assemblage du cadastre de Borny, 1883, SIG / 2. Carte de la bataille de Borny le 14 août 1870, collection particulière / 3. Vicomte Maurice du Coëtlosquet (1837-1904), Austrasie I, 1905, suppl I, p.3 / 4. Bon Pasteur, collection Bucciarelli / 5. Casernes de cavalerie de Borny (Bridoux), avant 1918, collection Bucciarelli.

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Commune essentiellement rurale jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Borny voit sa population croître grâce à l’implantation de nouveaux lotissements à l’est de la commune. Elle compte alors 3 000 habitants pour 500 maisons (285 habitants pour 57 maisons en 1802) lors de son rattachement à Metz. Ainsi, les noms de rue en doublon avec Metz sont supprimés.

Le fort des Bordes perd sa fonction militaire en 1954 et l’église Saint-Pierre est reconstruite en 1959.

Le ban immense (1 200 hectares) de la commune permet de répondre à la demande croissante de logements à Metz. L’arrêté ministériel du 6 janvier 1960 y prévoit l’aménagement d’une ZUP (Zone à Urbaniser en Priorité), dite des Hauts de Blémont. Cette opération d’urbanisme est la plus importante depuis la Neue Stadt (Nouvelle ville) au début du XXe siècle.

Les ZUP sont destinées à permettre la création de quartiers nouveaux en périphérie des villes, avec habitations, mais également commerces et équipements. Elles contribuent à résorber les carences en logement.

L’opération messine est d’abord menée par l’architecte Félix Madeline, puis reprise par l’architecte Jean Dubuisson. De 1964 à 1973, plus de 6 000 appartements équipés du confort moderne, dont 4 000 logements sociaux, sont construits. Ce nouveau quartier est articulé autour de vastes espaces verts et d’ensembles d’immeubles aérés, organisés en barres et en carrés. Les premiers immeubles accueillent beaucoup de rapatriés d’Afrique du Nord et relogent les habitants du Pontiffroy alors en pleine restructuration.

Dès son rattachement à Metz, la ZUP est complétée d’une ZIL (Zone Industrielle Légère). Citroën y installera une usine en 1969 et deviendra le plus gros employeur privé de la région messine. Cette zone se développe sur d’anciennes parcelles cultivées et remplace certaines activités implantées hors des villes, comme l’équarrissage.

Le mot« Équarrissage » désigne le fait de dépouiller le corps d’un animal de sa chair ou de le dépecer dans un but sanitaire.

À l’ouest du ban, face à Belletanche, entre le ruisseau de la Cheneau et la route de Strasbourg, est construit en 1963 le plus grand lycée de Metz : le lycée Robert-Schuman.

ICONOGRAPHIE : 1. Vue générale de Borny-village, collection Bucciarelli / 2. Évolution de la population de Borny / 3. Église en reconstruction, collection Muller / 4. Église achevée, 2012, photo AMM / 5. ZUP des Hauts de Blémont, années 1980, AMM 1Fi400.

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L’agrandissement de la ZUP — un tiers du projet initial — est abandonné en 1973, suite à une grève de la faim d’habitants pour lutter contre la densification de leur quartier. Le développement des Hauts-de-Blémont s’achève en 1974-1975 par le secteur Michelet-Bergson et la rue d’Anjou. Deux chapelles sont construites dans le quartier : la chapelle Saint-Paul en 1980 et la chapelle du Saint-Esprit en 1987. La clinique privée Claude Bernard s’installe à l’ouest de la ZUP, face aux

casernes, au début des années 1970.

Après la ZUP, l’ensemble du ban de Borny est aménagé par étapes. Tout d’abord, une zone d’activités — devenu l’Actipôle — se développe autour de l’usine Citroën. Une zone commerciale voit le jour face à « Borny-village ».

La Grange-aux-Bois est créée au milieu des champs à partir de 1974. Autour de l’ancien « château », un programme de 1 900 logements est élaboré sous la forme d’une Zone

d’Aménagement Concerté (ZAC) de 185 hectares. Le quartier est doté de nombreux équipements et services, dont l’église Notre-Dame de la Confiance, construite en 1994. Au sud de la Grange-aux-Bois est installé le site de la Foire Internationale de Metz, à la fin des années 1970.

Suite au développement de l’Actipôle, le boulevard Solidarité est aménagé en 1971. Au sud de ce dernier, une cité des techniques — le Technopole Metz 2000, aujourd’hui

Metz-Technopole — est créée en 1983. Elle regroupe à la fois des entreprises se consacrant à la recherche en matière de logiciels et de communication, un campus universitaire, un centre d’affaires, un golf ainsi que deux lacs et de nombreux espaces verts.

Au cours des années 1990, les casernes Bridoux sont transformées en campus dédié aux sciences. Les terrains de Belletanche sont aménagés, avec notamment l’implantation d’une piscine. Dans les années 2000, une nouvelle ZAC est programmée à l’emplacement de la ferme de Sébastopol, entre « Borny-village » et l’Actipôle.

ICONOGRAPHIE : 1. ZUP des Hauts de Blémont, 2012, photo AMM / 2. Chapelle du Saint-Esprit, 2012, photo AMM / 3. La Grange-aux-Bois, collection Bucciarelli / 4. Foire Internationale de Metz vers 1980, AMM, 2Fi903 / 5. Campus Bridoux, AMM, 2Fi899-2 / 6. CESCOM, 2012, photo AMM.

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Recherchée pour son confort et sa modernité à l’origine, la ZUP n’a pas permis de créer un quartier dynamique. Quarante ans après sa création, elle fait donc l’objet d’une restructuration complète dénommée « Grand Projet de Ville ». L’autre grande opération d’urbanisme du XXe siècle, le « quartier gare », connaît une fortune inverse sur l’échelle des valeurs, du rejet à l’appropriation.

En crise urbaine et sociale depuis plusieurs années, les Hauts-de-Blémont font l’objet, depuis 2001, d’un renouvellement urbain dans le cadre du Grand Projet de Ville de Metz-Borny (GPV). Ce projet ambitieux suit les plans de recomposition de l’architecte Bernard Reichen.

Les principaux éléments de ce projet visent à :• désenclaver le quartier et remodeler les voies

publiques• intervenir sur le bâti et favoriser la mixité• favoriser le développement économique et

social du quartier• améliorer l’environnement• mettre le projet urbain au service d’un meilleur

fonctionnement social.

Dans ce cadre, une zone franche a été octroyée au secteur situé entre la ZUP et l’Actipôle. La requalification du quartier est amorcée par la construction d’une halle d’athlétisme — « l’Anneau » — et l’agrandissement de la médiathèque Jean-Macé. Elle se poursuit par l’implantation de la salle des musiques actuelles : la BAM (Boîte à Musique). Enfin, la mise en place en 2013 de la première ligne de transport Mettis, va permettre de relier le nouvel hôpital de Mercy à Woippy, en desservant le quartier de Borny.

Riche d’une histoire plus que millénaire et d’un patrimoine architectural fort et vivant, Borny se transforme. C’est sur son territoire que se poursuit et se joue le développement de Metz. En effet, son réservoir foncier lui permet aujourd’hui d’accueillir le « technopôle II », entre la prison et la route de Strasbourg. Conjuguant tradition et modernité, Borny a connu en un demi-siècle des bouleversements considérables, du petit village groupé autour de son église au quartier marqué par sa jeunesse et sa diversité.

Aujourd’hui, l’ancien ban de Borny est divisé en trois entités (Borny, Grigy-Technopôle et Grange-aux-Bois) qui comptent près de 25 000 habitants, soit dix fois plus qu’il y a un demi-siècle.

ICONOGRAPHIE : 1. ZUP des Hauts de Blémont, 2012, photo AMM / 2. Plan Mettis, Metz-Métropole / 3. Château de Borny-village, 2012, photo AMM / 4. Plan BAM, Ville de Metz.

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« De gueules à six tours d’argent, trois, deux, une, accostées de sept trèfles d’or, deux, trois, deux »Armes des anciens seigneurs de Magny au Moyen Âge.

Magny apparaît au XIIe siècle dans des actes juridiques, d’abord sous la forme Mannei, puis Magnei dès 1160. Cette appellation pourrait provenir soit du nom propre latin Magnus, « le Grand », soit de manius, « né le matin », ou encore du latin mansionile, désignant une ferme.

Des fouilles archéologiques ont démontré une implantation humaine dès l’Antiquité par la découverte de villas gallo-romaines.

Située sur la Seille à la confluence avec le ruisseau Saint-Pierre, Magny est partagée en trois bans du Moyen Âge à la Révolution : le ban Saint-Clément (appartenant à l’abbaye Saint-Clément de Metz), le ban Saint-Pierre (appartenant à l’abbaye Saint-Pierre-aux-Nonnains de Metz) et le ban de Trogneux (appartenant au « seigneur voué », c'est-à-dire un seigneur civil, choisi par les religieux de Saint-Clément).

Le village a beaucoup souffert des luttes médiévales entre la République messine et son voisin, le duché de Lorraine. Rasé en 1324, brûlé à de nombreuses reprises (1387, 1429, 1444 et 1490), il fut également occupé en 1475 par le duc René II. Au XVe

siècle, Magny compte 55 feux (soit environ 350 habitants).

Le pont de Magny sur la Seille est cité dès le XIIIe siècle. Détruit par les guerres en 1324 et en 1870, il fut le dernier pont sur la rivière avant les remparts de Metz, jusqu’au démantèlement de ceux-ci au début du XXe siècle. Il possède une origine antique, étant sur le tracé de la voie romaine Trèves-Metz-Lyon, à la limite du « ban des Treize ».

L’église est mentionnée dès 1144 par les archives de l’abbaye de Saint-Clément de Metz. Jusqu’à la fin du XVIe siècle, elle dépend de l’église Saint-Privat (aujourd’hui sur le territoire de Montigny-lès-Metz), puis devient une paroisse indépendante. Elle est transformée par Nicolle de Heu (1489-1532), qui lui ajoute un chœur gothique où il laisse son blason sur une clef de voûte. L’église est agrandie d’abord en 1765, puis en 1852. Sous l’Ancien Régime, la paroisse a pour annexes Peltre, Crépy et les fermes de la Haute et de la Basse Bévoye.

« Le feu fut si grand à Magny Que l’air fut tout obscurci par la fumée. Dans le pays, ils n’ont rien épargné, Ils font tomber granges et mursPour nul sujet de Metz il n’y a sûretéS’il y eut la moindre petite masureQui échappât, ce fut grande chance » (La guerre de Metz en 1324)

ICONOGRAPHIE : 1. Blason de Magny, d’après Armorial des communes du département de la Moselle, tome V, pl. XIV, AMM, CB30 / 2. Maison de Trogneux, située au bout de la rue du Lavoir et détruite au milieu des années 1960, collection Godfrin / 3. Plan du pays messin en 1404, d’après Mardigny, « Dénombrement des villages et gagnages des environs de Metz au commencement du XVe siècle », dans Mémoires de l'Académie de Metz, Metz, 1855 / 4. Carte des Naudin, XVIIIe s., Conseil régional de Lorraine / 5. Église de Magny, collection Maguin.

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Devenue commune en 1790, Magny est intégrée au canton de Borny, puis à celui de Vallières en 1795. Elle n’a jamais possédé d’annexe.

Sa population progresse peu de la Révolution (569 habitants) au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (893). Elle ne dépasse le millier d’habitants qu’à la fin des années 1950, juste avant le rattachement. Dans le même temps, le nombre de maisons passe de 81 à plus de 200.

Village agricole, Magny compte au milieu du XIXe siècle une production essentiellement céréalière (550 hectares). Toutefois, avec ses 44 hectares de vignes, le village produit de nombreux vins jusqu’à la fin du XIXe siècle. Les vins blancs tels que l’aubin jaune, la pétracine et l’Auxerrois sont réputés et expédiés jusqu’en

Champagne. D’autres variétés sont également cultivées : hemme rose, petit noir, pinot et noir de Lorraine.

L’histoire de Magny est indissociable de celle de la Seille. Victime de ses crues, le village est régulièrement inondé (1784, 1790, 1797, 1816, 1818, 1822, 1829, 1840, 1844, 1846, 1853, 1854). Malgré le curage de la rivière et l’abaissement de la dalle de la porte Mazelle en 1855, les inondations demeurent,

comme celle de 1939. Le village est aussi à la merci de la fermeture de l’écluse des Arènes, en avant de la porte Mazelle, en cas d’attaque de la ville. Prévue par Vauban au

XVIIe siècle, ce dispositif a notamment inondé Magny lors des blocus de Metz de 1814 et 1815. Inutilisé en 1870, il n’a pu empêcher l’annexion de 1870-1918, au cours de laquelle il a été démantelé.

Monument incontournable de Magny, le moulin est actif depuis le Moyen Âge. Propriété de l’abbaye Saint-Vincent jusqu’à la Révolution, il cesse son activité au lendemain de la Seconde Annexion (1940-1944), sous laquelle le village est rebaptisé Manningen. Construit au début du Second Empire (1852-1870), la ligne de chemin de fer en direction de Rémilly coupe le ban de la commune en deux et nuira à son développement futur. Seul le cimetière y sera installé à proximité en 1854.

ICONOGRAPHIE : 1. Manningen, collection Bucciarelli / 2. Évolution de la population de Magny / 3. Vendanges à Magny, collection Bucciarelli / 4. Plan d’assemblage du cadastre de Magny, 1883, SIG / 5. Plaque rappelant la montée des eaux de 1844 à Magny, au 1 rue de Pouilly, photo AMM / 6. Pont du chemin de fer sur la Seille à Magny, début XXe s., collection Bucciarelli.

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Le village est durement touché par les bombardements américains en 1944 qui ont pris pour cible les ponts de chemin de fer et routier sur la Seille. Magny est reconnue « commune sinistrée » par l’arrêté du 16 novembre 1945. La reconstruction après guerre impacte le village.

La « cour », un ensemble de bâtiments de ferme, est rasée, permettant le dégagement de l’église. La nouvelle place Alexandre Monpeurt est alors ouverte sur les berges de la Seille, jusqu’à l’aménagement du nouveau tracé de la RN 413, au début des années 1960. Une « route-

digue » est construite afin de lutter efficacement contre les crues de la Seille.

Commune essentiellement rurale jusqu’à son rattachement, Magny possède un centre ancien avec de nombreuses maisons du XIVe au XVIIIe siècles.

Dans les années 1950, la commune s’urbanise. La population augmente de 25 % en moins d’une décennie et atteint 1 224 habitants en 1960. Le 25 avril de cette même année, le Conseil municipal reconnaît, en présence du maire de Metz, Raymond Mondon, que

« la commune est dans l’impossibilité d’assumer, même avec l’aide de l’État et du Département, l’équipement nécessaire à la réalisation des travaux indispensables que nécessiteront les nombreuses constructions d’habitations prévues dans la commune ».

Par voie de conséquence, les pépinières sont rejetées en périphérie, les terrains de pâtures s’exilent vers le sud et

les terres cultivables se réduisent. Les jardins se rétrécissent et se transforment en pelouse d’agrément. Les nouvelles constructions sont en grande partie individuelles et leur implantation semble anarchique.

Le sud du Sablon étant urbanisé au cours des années 1950, le ban de Magny, débouché naturel de la ville de Metz par la vallée de la Seille, est destiné à recevoir son trop plein de population. Toutefois, la Seille, le ruisseau Saint-Pierre et leurs terrains inondables ainsi que le chemin de fer constituent un frein à l’urbanisation du territoire.

ICONOGRAPHIE : 1. Pont du chemin de fer détruit, 1944, collection Godfrin / 2. Arrêté du 16 novembre 1945, Journal Officiel, AMM / 3. Vue générale de Magny, après 1945, collection Bucciarelli / 4. Pépinières Martin, collection Maguin / 5. Vue générale de Magny, collection Godfrin.

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Le développement de Magny s’est effectué — toujours rive droite — à partir des rues de l’ancien village. Les zones périphériques sont loties par aménagements successifs. Elles sont limitées au sud et à l’ouest par le ruisseau Saint-Pierre et au nord-est par la voie ferrée.

L’urbanisation du quartier s’est traduite dans un premier temps par l’agencement des constructions à partir des axes routiers existants, principalement la rue au Bois et la

route de Pouilly. Lorsque ces rues arrivent à saturation, de nouvelles voies sont créées. Si plusieurs habitats collectifs sont édifiés, la plupart des constructions sont pavillonnaires.

L’urbanisation de Magny s’accélère par le début de la construction de plusieurs lotissements juste avant le rattachement. Le lotissement « cité des Alliés » dont les rues sont dédiées aux libérateurs de 1944 est aménagé au lieu-dit « les alliés ». Un deuxième lotissement « au Bois » ou « Baticoop » est construit à proximité, autour de la rue Leussiotte.

Au nord du ban communal, le lotissement du « Plateau » voit le jour au début des années 1960. Structuré par l’ancien chemin vicinal devenu la rue Martin-Champ, il se développe jusqu’à l’ancien chemin du Cimetière (actuel rue Bérouard).

Dans le même temps se construit le lotissement « Saint-Pierre » sur d’anciennes terres cultivées, entre la rue de Pouilly et le ruisseau Saint-Pierre. L’ancien parc du « château », situé entre la rue du Patural et la rue de la Charmine, est morcelé et loti au milieu des années 1990.

Le développement le plus spectaculaire s’effectue au sud du ban, dans le triangle délimité par la rue au Bois, la rue de Pouilly et le ruisseau Saint-Pierre. Plusieurs programmes de lotissements voient le jour du milieu des années 1960 au milieu des années 1980 : • le lotissement « la Plaine » à partir de 1965 • le lotissement « Les Pointes » à partir de 1968 ainsi

que l’actuel collège Paul Verlaine (ouvert en 1971)• les « hauts de Magny » jusqu’en 1987.

Progressivement, les intervalles entre le ruisseau Saint-Pierre et la voie ferrée sont bouchés par de nouvelles constructions. La rive gauche de la Seille résiste à l’urbanisation.

ICONOGRAPHIE : 1. Route de Peltre (rue au Bois) à Magny, collection Bucciarelli / 2. Rue du Général Walker, lotissement « Les Alliés », 2012, photo AMM / 3. Rue au Bois à Magny, collection Godfrin / 4. Vue sur Montigny-lès-Metz depuis Magny, 2012, photo AMM / 5. Le ruisseau Saint-Pierre, 2012, photo AMM.

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Village d’un millier d’habitants séparé de la ville de Metz par la voie ferrée, Magny compte près de 6 000 habitants un demi-siècle plus tard. Toutefois, son ban reste peu urbanisé : ses habitants ne représentent que 4,8 % de la population totale de Metz, quand son territoire correspond à 17,8 % de la superficie totale de la ville.

Magny a su intégrer son patrimoine. Grâce à la présence de la voie ferrée et du cours capricieux de la Seille, Magny reste isolé par rapport au quartier du Sablon. Cette position lui permet de conserver son image de « village » aux portes de Metz.

Magny a longtemps été connu pour son fameux dépôt d’ordures de 12 hectares — en fait celui de la ville de Metz —, le « schoutt » , désigné parfois

par l’appellation « kip ». Le mot « schoutt » vient du francique mosellan « Schutt », qui signifie décombres, déblais, apocope

de « Schuttabladeplatz », c'est-à-dire décharge. À cet endroit, un parc a été créé au milieu des années 1980, surplombant les prés de la Seille. Sur une vingtaine d’hectares, le parc du Pas du Loup offre plus de deux kilomètres de promenades. Il est riche d’une végétation spontanée, variée, fleurie (pruneliers, églantines, saules, érables, etc.) et regorge d’oiseaux sauvages de toutes espèces.

Suite à d’infructueuses recherches pétrolières sur le versant ouest du Schoutt en 1974, la « Confrérie du Taste-Vin du Schoutt de la commune libre de la route de Magny » fut créée l’année suivante, ses « chevaliers » cherchant, avec humour, à sensibiliser la population sur la relance de la viticulture.

Désormais, Magny se réapproprie la Seille. Un nouveau pont — la passerelle du Lavoir — a été construit à hauteur de la rue du Patural, afin de compléter le réseau des liaisons piétonnes et cyclables de la ville de Metz. Cette passerelle permet de relier deux promenades de la rive gauche à la rive droite. Toute la partie est du ban, située au-delà de la voie ferrée, est peu urbanisée. Les seules habitations sont celles de populations anciennement nomades qui s’y sont sédentarisées.

ICONOGRAPHIE : 1. Calvaire de Magny, 2012, photo AMM / 2. Un récupérateur en bas du schoutt, AMM, 2Fi668 / 3. Bureau de poste de Magny, 2012, photo AMM / 4. Parc du pas du Loup, 2011, collection Ville de Metz / 5. Les différents oiseaux recensés dans le parc, 2012, photo AMM / 6. Passerelle du Lavoir à Magny, 2012, photo AMM.

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« D’argent à la bande de gueules chargée de trois tours d’or » Armes de la famille de Faulquenel, des paraiges messins, qui a donné son nom à l’un des quatre anciens bans de Vallières.

Le village de Vallières est cité pour la première fois en 1053 : Wallerias (du latin vallis et aria : lieu où il y a une vallée). La forme Valières apparaît en 1344. Cette appellation désigne le lieu d’implantation du village, à savoir la vallée du ruisseau de Vallières, cité dès 1326 (rut de Vallières).

Il prend sa source à Laquenexy, à dix kilomètres au sud-est de Metz. Sur cet affluent de la rive droite de la Moselle se trouvait un moulin (cité en 1262). Les vannes qui servaient à actionner les roues sont encore visibles au 89 rue Jean-Pierre Jean.

Une ancienne voie romaine menant de Metz à Mayence franchissait la Seille et empruntait la vallée du ruisseau de Vallières vers l’est.

Proche de Metz, ce village a souffert de plusieurs guerres : mise à sac en 1324, incendie en 1444 et

1495, pillage de Franck de Sickingen en 1517, siège de Metz de 1552, guerre de Trente Ans, siège de 1870 et bombardements de 1944.

En 1324, les gens du roi de Bohème et du comte de Bar logent à Grimont et se répandent à Vallières et ailleurs : ils « boutterent le feu ; et partout ou ilz trouvoient ces pouvres gens de villaiges, ilz frappoient dessus, les tuant et murtrissant inhumainement commes bestes et brulloient tout n’y laissont maison entière » (Huguenin)

Alors l’assaut fut grand à Vallières, Et à Vantoux et à Méy. Ils y lancèrent dards et pierres. De cela bien des gens s’effraient. Ils fuient devant eux comme éperdus ; Ils les font fuir par les charrières ; Là plusieurs sont pris et plusieurs blessés.La Guerre de Metz, 1324

En 1512, Schlucterer comte d’Effestein puis son cousin Frantz von Sickingen pillent Vallières : Son Ost, étendars et bannieres / Et son camp meit à VallièresLogis, tavernes et hostelleries, / Puissante et grosse artillerie.La ville assiegea de si près, / Qu’il tira aux murs de Metz,Et tout dedans de traiets de poudre / Fort impetueulx comme fouldre Chronique de la noble ville et citée de Metz

Au début du XVe siècle, Vallières compte 54 feux, soit environ 350 habitants. En 1696, 74 feux pour 64 maisons sont dénombrés. Le village compte alors 2 laboureurs pour 36 vignerons, démontrant l’importance du vignoble local (195 hectares de vigne).

Jusqu’à la Révolution, le village est composé de trois bans-fiefs, chacun administré par un maire : • le ban Saint-Paul (appartenant aux chanoines de la cathédrale de Metz)• le ban Saint-Vincent, correspondant au deux-tiers du domaine (appartenant à

l’abbaye Saint-Vincent de Metz)• le ban Faulquenel (possédé successivement par diverses familles, dont la dernière

fut celle de Louis Claude de Lescure jusqu’à la Révolution). Une partie de son territoire dépendait du « ban des Treize ».

ICONOGRAPHIE : 1. Blason de Vallières, d’après Armorial des communes du département de la Moselle, tome V, pl. V, AMM, CB30 / 2. Carte de Trudaine, 1744, Culture.gouv.fr F/14/*8486 n°18 / 3. Vendanges à Vallières, collection Barbé / 4. Vue de Vallières avant 1918, collection Bucciarelli.

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Devenue commune en 1790, la paroisse de Vallières a pour patronne sainte Lucie, dont l’église remonte au XIe siècle. Elle est transformée et agrandie en 1760, puis restaurée en 1898.

En 1790, Vallières est intégrée au canton de Borny. Elle est ensuite érigée en chef-lieu de canton en 1795 puis rattachée aux cantons messins.

La commune possédait plusieurs lieux-dits habités : • les Bordes (qui désigne une ancienne léproserie remontant

au XIIIe siècle), à cheval sur le ban de Borny et de Vallières. S’y installent au XIXe siècle les petites sœurs des pauvres et l’orphelinat Saint-Jean

• la Wade (dont le nom vient du patois messin signifiant « gué » sur le ruisseau de Vallières)• les maisons isolées de Baille-en-Haut, de la Corchade (le

« corcheu », désignant un lieu d’équarrissage) et de Lorient• les auberges des Trois Rois, des Fours à Chaux et de l’Écrevisse

(dont le nom provient des célèbres écrevisses du ruisseau). L’administration départementale désigne encore en 1860 la commune

de Vallières sous l’appellation officielle : « Vallières, les Bordes, la Wade et l’Écrevisse ».

De la Révolution au rattachement, la population augmente sensiblement, passant de 477 habitants et 81 maisons en 1802 à 1 129 habitants et 211 maisons en 1958. En 1844, les écoles du village accueillent respectivement 49 garçons et 55 filles.

Village rural au petit territoire communal, Vallières compte 91 hectares de vigne pour 273 hectares cultivés. Le ruisseau fournit de l’activité à un moulin et à plusieurs fours à chaux utilisés pour les constructions messines, notamment par le maréchal de Belle-Isle au XVIIIe siècle. Présentes depuis au moins le XIVe siècle, les vignes, qui

disparaissent de 1887 à 1890, étaient principalement situées sur le coteau dominant les villages de Vallières et de Vantoux. La production a perduré jusqu’à nos jours mais dans des proportions infimes. Malgré son importance, le vignoble de Vallières n’a jamais possédé d’appellation propre.

ICONOGRAPHIE : 1. Plan d’assemblage du cadastre de Vallières, 1883, SIG / 2. Église de Vallières, collection Bucciarelli / 3. Orphelinat Saint-Jean avant 1918, collection Bucciarelli / 4. Vallières, collection Bucciarelli / 5. Évolution de la population à Vallières / 6. Petites Sœurs des Pauvres, collection Bucciarelli.

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Ville-rue typique, Vallières n’est marquée par l’urbanisation qu’à partir de la date de son rattachement à Metz.

Le village est desservi de 1908 à 1944 par la ligne de chemin de fer reliant Metz à Anzeling par Vigy. En 1944, les combats de la Libération endommagent tunnels et viaducs. La gare construite pour les voyageurs et les marchandises

reste cependant active de 1946 à 1967, permettant de relier Metz à Vallières par le rail. L’emprise de la voie ferrée sera réutilisée par la RN 233, l’actuelle pénétrante est, principale voie d’accès à Metz depuis l’est. Depuis, la gare de Vantoux-Vallières, située sur le ban de Vallières, a perdu toute utilité.

À cette époque, Vallières perd plus que sa simple vocation ferroviaire. En effet, de la route de guerre qui montait à flanc du plateau de Vallières à la fin du XIXe siècle, il ne reste plus que l’actuelle rue Henri Dunant. Cette voie qui menait du ruisseau de Vallières au fort Saint-Julien (construit en 1868-1870)

et à plusieurs abris militaires (infanterie, artillerie et munitions) est coupée dans les années 1970. La commune perd donc également son intérêt stratégique et militaire. Les servitudes militaires sont supprimées autour des fortifications de Metz en 1954.

Servitudes militairesDes servitudes défensives sont créées dès le XVIIIe siècle afin de garder un espace dégagé autour des fortifications pour l’observation, le tir et éviter la prise de position des assaillants. Trois zones concentriques (jusqu’à 974 mètres), à partir des fortifications, se répartissent des contraintes décroissantes : zone I : interdiction de toute construction ; zone II : seules les constructions légères en bois et en terre sont tolérées à condition

de les démolir sans indemnités hors de l’état de guerre ; zone III : seuls des immeubles à colombage sont autorisés. Ce système est repris et étendu jusqu’à 2 250 mètres par les Allemands.

Jean-Pierre JeanNé à Vallières le 10 mai 1872, Jean-Pierre Jean est mort à Pantin le 16 février 1942 et inhumé à Vallières. Fils du président des anciens Combattants de son village, cet ouvrier lithographe anime le Souvenir français, chargé d’entretenir la mémoire des combats et des soldats français de la guerre de 1870. En 1908, il est à l’origine de l’érection du monument de Noisseville. Président-fondateur du Souvenir alsacien-lorrain (1912), il s’engage dans l’armée française en 1914. Au retour de la France, il est élu député (1919-1924), mais ses positions hostiles au

statut local des provinces recouvrées lui coûtent son siège. Il abandonne la politique en 1928 pour se consacrer à ses activités au sein du Souvenir français. Le conseil municipal a honoré sa mémoire en baptisant de son nom la rue Principale de Vallières.

ICONOGRAPHIE : 1. Vue générale de Vallières, collection Bucciarelli / 2. Inauguration de la gare de Vantoux-Vallières, collection Bucciarelli / 3. Viaduc du chemin de fer, collection Bucciarelli / 4. Gare de Vantoux-Vallières, 2012, photo AMM / 5. Jean-Pierre Jean, collection particulière / 6. Vallières vers 1950, collection Pestka.

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L’ancien village rural de Vallières est urbanisé en trois phases.

Tout d’abord, l’opération la plus conséquente est sans conteste l’aménagement dit des hauts de Vallières, sur le plateau surplombant le village et sur une partie du coteau. Elle est confiée à l’architecte Jean Dubuisson, qui y travaille de 1966 à 1979. Il y développe un quartier en suivant les courbes de niveaux et en observant une structuration de l’espace suivant les revenus de ses habitants : des immeubles sur le haut de la colline, des

maisons à toit plat dans les secteurs à faible pente, des maisons plus classiques mais à la hauteur contrôlée avec soin sur les flancs de la colline.

La plupart des voies de circulation sont en impasse, afin de favoriser des moyens de déplacement doux, c'est-à-dire non motorisés et non polluants. Pour mener à bien ce projet, une Zone d’Aménagement Concerté (une des premières ZAC de France) intercommunale est créée en 1970 avec la commune voisine de Saint-Julien-lès-Metz, que la ville de Metz avait prévu de rattacher en même temps que Vallières. Cette opération ne s’est achevée qu’en 1997.

La deuxième phase est l’aménagement du lotissement « La Corchade », au début des années 1970, à proximité de l’emplacement de l’ancienne batterie du « trou de Lièvre », construite au début du XXe siècle afin de défendre la voie ferrée.

La troisième phase est la construction en 1979 du lotissement du Saulnois au sud-est du village, à proximité de l’ancienne voie ferrée et de la commune de Vantoux.

Jean Dubuisson (1914-2011)Premier Prix de Rome en 1945 après avoir suivi les Beaux-arts à Paris, Jean Dubuisson séjourne à la Villa Médicis puis à Athènes avant de revenir en France en 1950. Émule du Bauhaus et de Le Corbusier, une de ses premières réalisations est un ensemble de 800 logements sociaux à Strasbourg. Cet architecte intervient notamment dans la construction de grands ensembles dans les années 1950 et 1960. Fils et petit-fils d'architecte, Jean Dubuisson « portait un projet social de l'habitat », construisant sans faire de différences entre ceux qui ont de l'argent et ceux qui n'en ont pas, et répondant souvent aux nécessités du temps, aux urgences imposées par les destructions de la Seconde Guerre mondiale

et au manque cruel de logements. À Metz, il intervient à Bellecroix, à Borny et à Vallières.

ICONOGRAPHIE : 1. Plan d’ensemble des Hauts de Vallières, 1969, Cité de l’architecture et du Patrimoine / 2. Vue aérienne des Hauts de Vallières, Cité de l’architecture et du Patrimoine / 3. Jean Dubuisson / 4. Vallières, collection Bucciarelli.

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Depuis le plan local d’urbanisme de 2000, le quartier de Vallières comprend Les Bordes dans leur totalité. Dénommé désormais Vallières-Les Bordes, il compte 312 hectares (7,5 % de Metz) pour près de 10 000 habitants (7,8 % de Metz), soit huit fois plus qu’en 1962 !

Aujourd’hui la rue de la Charrière limite à l’est le développement du quartier. Un projet d'urbanisation durable du secteur des Hauts de Vallières a été envisagé sur vingt-cinq ans afin de prolonger et de garder le respect de l'environnement créé en 1970

par Jean Dubuisson. La première phase, de 7 hectares sur 57 au total, a été finalement ajournée en 2012, afin de limiter la densification de l’espace communal, de reconstruire la ville sur elle-même et d'utiliser les friches militaires, industrielles ou hospitalières. En attendant, le site verra l'aménagement d'un espace naturel pédagogique et de jardins familiaux.

Le ministère de la Culture et de la Communication a sélectionné en 2012 le quartier créé par Jean Dubuisson parmi dix ensembles urbains de logements collectifs construits entre 1940 et 1980 afin de procéder à une labellisation « patrimoine du XXe siècle ». Le quartier a été retenu pour ses aspects architectural, urbanistique, technique, historique et paysager.

Le ruisseau de Vallières — qui connaît encore parfois des crues importantes, comme en 2001 — structure encore aujourd’hui le quartier. En témoigne la Fête du Ruisseau, organisée chaque année à la Pentecôte et devenue la fête de ce quartier. Le centre ancien a conservé, malgré une urbanisation accélérée, son cachet typique avec son lavoir et son église.

ICONOGRAPHIE : 1. Vue générale du bas de Vallières depuis les Hauts de Vallières. Au premier plan, la rue de la Charrière et Borny en arrière-plan, 2012, photo AMM / 2. Crue du ruisseau de Vallières, 2001, Républicain Lorrain, AMM, DP 11(3) / 3. Lavoir de Vallières, 2012, photo AMM / 4. Lavoir de Vallières, début XXe s., collection Bucciarelli.

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