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DESCRIPTIF DES LECTURES ET ACTIVITES, 1 ERE S2 ANNEE 2017-2018

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DESCRIPTIF DES LECTURES ET

ACTIVITES, 1ERE

S2

ANNEE 2017-2018

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SEQUENCE 1 : LA VENGEANCE AU THEATRE

Objet d’étude : Le texte théâtral et sa représentation du XVIIe siècle à nos jours

Support : groupement de textes

Problématique : En quoi la vengeance est-elle un moteur de l’action dramatique ?

Lectures analytiques :

- Pierre Corneille, Le Cid, acte II scène 2

- Jean-Paul Sartre, Les Mouches, acte III scène 1

- Bernard-Marie Koltès, Le Jour des meurtres dans l’histoire d’Hamlet, première scène

Textes et documents complémentaires :

- Eschyle, Les Euménides, vers 591-621

- Sénèque, Médée, acte V scène 2, tirade « Medea nunc sum »

Histoire des arts :

- Aria de la reine de la nuit « Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen », Mozart, La Flûte enchantée

Sortie pédagogique :

Les élèves ont assisté à une représentation du Cid au théâtre du Ranelagh

Lecture cursive :

- William Shakespeare, Hamlet, édition laissée au choix de l’élève

Notion abordée :

- Le théâtre élisabéthain

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SEQUENCE 2 : ONDINE DE GIRAUDOUX, UN CONTE AU THEATRE

Objet d’étude : Le texte théâtral et sa représentation du XVIIe siècle à nos jours

Support : œuvre intégrale (édition Pocket)

Problématique : Comment transposer le conte au théâtre ?

Lectures analytiques :

- La scène d’exposition, acte I scène 1, du début à « Ondine, ton père n'est pas content ! Rentre !... »

- La séduction des ondines, acte I scène 7, du début à « Qu'étaient les liens d'Ulysse, à côté de tes bras ! »

- Les adieux d’Ondine et de Hans, acte III scène 6 de « Tâche de vivre... Tu oublieras aussi. » à « Je me tais

! »

Textes et documents complémentaires :

- Dossier sur la création de la pièce en 1939 (décors, articles de presse)

- Aloysius Bertrand, « Ondine », Gaspard de la nuit

- Représentations de nymphes et sirènes dans la peinture de J.W Waterhouse (« Ondine », « La Sirène »,

« Hylas et les nymphes »)

Mise en scène :

- Extraits (scène d’exposition et dénouement) de la captation de la mise en scène de Raymond Rouleau avec

Isabelle Adjani à la Comédie française, 1974

Lecture cursive :

- Au choix : M. Maeterlinck, L’Oiseau bleu ou J. Pommerat, Cendrillon

Notion abordée :

- Le merveilleux au théâtre

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SEQUENCE 3 : POEMES DE GUERRE

Objet d’étude : Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours

Support : Groupement de textes

Problématique : Comment les poètes dénoncent-ils les injustices de la guerre ?

Lectures analytiques :

- Louis Aragon, « La Rose et le Réséda », La Diane Française

- Léopold Sédar Senghor, Poème liminaire, Hosties noires

Textes complémentaires :

- Agrippa d’Aubigné, « Je veux peindre la France », Les Tragiques

- Guillaume Apollinaire, « La Colombe poignardée et le jet d’eau », Calligrammes

- Pablo Neruda, « J’explique certaines choses », España en el corazon

Histoire des arts :

Les élèves choisissent une œuvre d’art illustrant bien, selon eux, l’un des poèmes étudiés. Ils doivent être

capables de la replacer dans son contexte, de la décrire et d’expliquer leur choix de rapprochement avec le

poème.

Travail personnel :

- Recherches individuelles sur les poètes résistants pendant la Seconde Guerre mondiale (Aragon, Delbo,

Eluard, Desnos). Les élèves peuvent ajouter dans leur porte-vues des textes de ces auteurs qu’ils ont

appréciés correspondant au thème de la séquence.

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SEQUENCE 4 : LES CAHIERS DE DOUAI D’ARTHUR RIMBAUD

Objet d’étude : Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours

Support : œuvre intégrale

Problématique : En quoi l’expression poétique constitue-t-elle un moyen d’évasion, un espace de liberté

dans les Cahiers de Douai ?

Lectures analytiques :

- Ophélie

- Venus anadyomène

- Ma Bohême

Textes complémentaires :

- Lettres à Georges Izambard du 5 septembre 1870, 2 novembre 1870 et 13 mai 1871 (« lettre du voyant »)

Histoire des arts :

- John Everett Millais, « Ophélie », huile sur toile

- Sandro Botticelli, « La Naissance de Vénus », huile sur toile

Sortie pédagogique :

- Journée à Charleville-Mézières, visite du musée Rimbaud

Notions abordées :

- Les « poètes maudits »

- Le Parnasse

Etude d’ensemble :

- Le thème de la liberté dans le recueil

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SEQUENCE 1 : LA VENGEANCE AU THEATRE

TEXTE 1 : LA PROVOCATION EN DUEL

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DON RODRIGUE

À moi, comte, deux mots.

LE COMTE

Parle.

DON RODRIGUE

Ôte-moi d’un doute.

Connais-tu bien don Diègue ?

LE COMTE

Oui.

DON RODRIGUE

Parlons bas ; écoute.

Sais-tu que ce vieillard fut la même vertu,

La vaillance et l’honneur de son temps ? Le sais-tu ?

LE COMTE

Peut-être.

DON RODRIGUE

Cette ardeur que dans les yeux je porte,

Sais-tu que c’est son sang ? Le sais-tu ?

LE COMTE

Que m’importe ?

DON RODRIGUE

À quatre pas d’ici je te le fais savoir.

LE COMTE

Jeune présomptueux !

DON RODRIGUE

Parle sans t’émouvoir.

Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées

La valeur n’attend point le nombre des années.

LE COMTE

Te mesurer à moi ! Qui t’a rendu si vain,

Toi qu’on n’a jamais vu les armes à la main ?

DON RODRIGUE

Mes pareils à deux fois ne se font point connaître,

Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de maître.

LE COMTE

Sais-tu bien qui je suis ?

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DON RODRIGUE

Oui ; tout autre que moi

Au seul bruit de ton nom pourrait trembler d’effroi.

Les palmes dont je vois ta tête si couverte

Semblent porter écrit le destin de ma perte.

J’attaque en téméraire un bras toujours vainqueur ;

Mais j’aurai trop de force, ayant assez de cœur.

À qui venge son père il n’est rien d’impossible.

Ton bras est invaincu, mais non pas invincible.

LE COMTE

Ce grand cœur qui paraît aux discours que tu tiens,

Par tes yeux, chaque jour, se découvrait aux miens ;

Et croyant voir en toi l’honneur de la Castille,

Mon âme avec plaisir te destinait ma fille.

Je sais ta passion, et suis ravi de voir

Que tous ses mouvements cèdent à ton devoir ;

Qu’ils n’ont point affaibli cette ardeur magnanime ;

Que ta haute vertu répond à mon estime ;

Et que, voulant pour gendre un cavalier parfait,

Je ne me trompais point au choix que j’avais fait ;

Mais je sens que pour toi ma pitié s’intéresse ;

J’admire ton courage, et je plains ta jeunesse.

Ne cherche point à faire un coup d’essai fatal ;

Dispense ma valeur d’un combat inégal ;

Trop peu d’honneur pour moi suivrait cette victoire :

À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

On te croirait toujours abattu sans effort ;

Et j’aurais seulement le regret de ta mort.

DON RODRIGUE

D’une indigne pitié ton audace est suivie :

Qui m’ose ôter l’honneur craint de m’ôter la vie !

LE COMTE

Retire-toi d’ici.

DON RODRIGUE

Marchons sans discourir.

LE COMTE

Es-tu si las de vivre ?

DON RODRIGUE

As-tu peur de mourir ?

LE COMTE

Viens, tu fais ton devoir, et le fils dégénère

Qui survit un moment à l’honneur de son père.

Corneille, Le Cid, acte II scène II, 1648

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SEQUENCE 1 : LA VENGEANCE AU THEATRE

TEXTE 2 : LES ERINNYES

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Le temple d'Apollon. Pénombre. Une statue d'Apollon au milieu de la scène. Électre et Oreste

dorment au pied de la statue, entourant ses jambes de leurs bras. Les Érinnyes, en cercle, les

entourent; elles dorment debout, comme des échassiers. Au fond, une lourde porte de bronze.

PREMIÈRE ÉRINNYE, s'étirant Haaah ! J'ai dormi debout, toute droite de colère, et j'ai fait

d'énormes rêves irrités. Ô belle fleur de rage, belle fleur rouge en mon cœur. (Elle tourne autour

d'Oreste et d'Électre.) Ils dorment. Comme ils sont blancs, comme ils sont doux ! Je leur roulerai sur

le ventre et sur la poitrine comme un torrent sur des cailloux. Je polirai patiemment cette chair fine,

je la frotterai, je la raclerai, je l'userai jusqu'à l'os. (Elle fait quelques pas.) Ô pur matin de haine !

Quel splendide réveil: ils dorment, ils sont moites, ils sentent la fièvre; moi, je veille, fraîche et dure,

mon âme est de cuivre - et je me sens sacrée.

ELECTRE, endormie. Hélas!

PREMIÈRE ÉRINNYE. - Elle gémit. Patience, tu connaîtras bientôt nos morsures, nous te ferons

hurler sous nos caresses. J'entrerai en toi comme le mâle en la femelle, car tu es mon épouse, et tu

sentiras le poids de mon amour. Tu es belle, Électre, plus belle que moi ; mais, tu verras, mes baisers

font vieillir; avant six mois, je t'aurai cassée comme une vieillarde, et moi, je resterai jeune. (Elle se

penche sur eux.) Ce sont de belles proies périssables et bonnes à manger; je les regarde, je respire

leur haleine et la colère m'étouffe. Ô délices de se sentir un petit matin de haine, délices de se sentir

griffes et mâchoires, avec du feu dans les veines. La haine m'inonde et me suffoque, elle monte dans

mes seins comme du lait. Réveillez-vous, mes sœurs, réveillez-vous: voici le matin.

DEUXIÈME ÉRINNYE. Je rêvais que je mordais.

PREMIÈRE ÉRINNYE. Prends patience: un dieu les protège aujourd'hui, mais bientôt la soif et la

faim les chasseront de cet asile. Alors, tu les mordras de toutes tes dents.

TROISIÈME ÉRINNYE. Haaah ! Je veux griffer.

PREMIÈRE ÉRINNYE. Attends un peu : bientôt tes ongles de fer traceront mille sentiers rouges

dans la chair des coupables. Approchez, mes sœurs, venez les voir.

UNE ÉRINNYE. Comme ils sont jeunes !

UNE AUTRE ÉRINNYE. Comme ils sont beaux !

PREMIÈRE ÉRINNYE. Réjouissez-vous : trop souvent les criminels sont vieux et laids ; elle n'est

que trop rare, la joie exquise de détruire ce qui est beau.

LES ÉRINNYES. Héiah ! Héiahah

TROISIÈME ÉRINNYE. Oreste est presque un enfant. Ma haine aura pour lui des douceurs

maternelles. Je prendrai sur mes genoux sa tête pâle, je caresserai ses cheveux.

PREMIÈRE ÉRINNYE. Et puis ?

TROISIÈME ÉRINNYE. Et puis je plongerai tout d'un coup les deux doigts que voilà dans ses

yeux.

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Elles se mettent toutes à rire.

PREMIÈRE ÉRINNYE. - Ils soupirent, ils s'agitent; leur réveil est proche. Allons, mes sœurs, mes

sœurs les mouches, tirons les coupables du sommeil par notre chant.

CHOEUR DES ERINNYES :

Bzz, bzz, bzz, bzz

Nous nous poserons sur ton cœur pourri comme des mouches sur une tartine,

Cœur pourri, cœur saigneux, cœur délectable,

Nous butinerons comme des abeilles le pus et la sanie de ton cœur,

Nous en ferons du miel, tu verras, du beau miel vert,

Quel amour nous comblerait autant que la haine ?

Bzz, bzz, bzz, bzz.

Nous serons les yeux fixes des maisons,

Le grondement du molosse qui découvrira les dessus de ta tête,

Les bruits de la forêt,

Les sifflements, les craquements, les chuintements, les hululements,

Nous serons la nuit,

L'épaisse nuit de ton âme.

Bzz, bzz, bzz, bzz.

Héiah ! Héiah ! Héiahah !

Bzz, bzz ,bzz ,bzz.

Nous sommes les suceuses de pus, les mouches,

Nous partagerons tout avec toi,

Nous irons chercher la nourriture dans ta bouche et le rayon de lumière au fond de tes yeux,

Nous t'escorterons jusqu'à la tombe

Et nous ne céderons la place qu'aux vers.

Bzz, bzz,bzz,bzz.

Elles dansent.

Jean-Paul Sartre, Les Mouches, acte III scène 1, 1943

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SEQUENCE 1 : LA VENGEANCE AU THEATRE

TEXTE 3 : HAMLET

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Noir.

HAMLET. - Esprit, esprit inquiet !

L’heure est morte. Ne te réveille pas.

La mer veut m’attirer au-dessus de ses rives, pour que je la regarde là où elle est la plus profonde,

et l’écoute rugir au-dessous de moi.

Reste en paix, mon âme.

Ce lieu est désespoir; l’étoile, là-bas, à l’ouest du pôle, est venue éclairer cette région du ciel, pour

détrôner en toi la raison, et te précipiter au fond de la folie.

Cris d’oiseaux de mer.

HAMLET. - Ô mort !

Bruit des vagues ; oiseaux.

HAMLET. - Le silence se brise. Les fibres de mon corps durcissent comme des nerfs. Au meurtre!

La pierre des remparts bouge, la froide lumière dévoile. Les crimes, enfouis sous toute la terre,

ressurgissent cette nuit sous le regard de l’homme. Vite, plus vite que l’esprit, les sombres actes se

montrent. L’âme se déchire, l’âme et les yeux s’arrachent.

Cette nuit, Hamlet, tout est joué, jusqu’à la fin.

Le bruit de la mer disparaît.

Puis, tandis qu’une voix – semblable à celle d’Hamlet, mais usée – se met à parler, dans une

lueur, apparaît ceci :

Le trône, l’habit, et la couronne du roi ;

à droite, comme le tableau d’un fleuve qui coule du fond jusqu’au devant, Gertrude, la main

sur le trône, Hamlet appuyé aux genoux de Gertrude, Ophélie appuyée aux genoux d’Hamlet.

A gauche, Claudius, de dos, semble remonter le courant.

LA VOIX. - Hamlet, Hamlet, voici le meurtre.

Tandis qu’il dormait, une essence maudite a été jetée dans les oreilles du roi ; elle s’est précipitée

dans les chemins du corps, a figé chaque membre, et glacé tout le sang ; enfin elle surgit à travers la

peau comme une croute lépreuse, et lui ôte la vie, la couronne, et la reine.

Sans défense, sans pardon, seul, le roi est mort.

Noir

Puis, dans des éclairs, tandis que la voix s’est remise à parler, apparaissent successivement,

seuls et comme s’ils fuyaient, Gertrude, Hamlet, Ophélie, Claudius.

LA VOIX. - Venge-moi ! Hamlet, Hamlet, es-tu donc plus inerte que l’herbe qui pourrit sur les

rives molles de l’eau ? Ne plains pas, venge-moi. Ne supporte pas que mon frère, cette bête adultère,

incestueuse, ait gagné les désirs de ma reine, m’ôtant la chair et le sang. Venge-moi !

Hamlet, Hamlet, adieu, ne m’oublie pas.

Cri de sa mort.

À nouveau, le bruit de la mer.

Bernard-Marie Koltès, Le Jour des meurtres dans l’histoire d’Hamlet, 1973

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SEQUENCE 1 : LA VENGEANCE AU THEATRE

DOCUMENT COMPLEMENTAIRE 1 : LES EUMENIDES

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES. Réponds. Comment l'as-tu tuée ?

ORESTE. Je réponds : de ma main je lui ai enfoncé cette épée dans la gorge.

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES. Par qui as-tu été poussé et conseillé ?

ORESTE. Par les oracles de ce dieu. Il m'en est témoin ici.

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES. Le divinateur t'a poussé à tuer ta mère ?

ORESTE. Jusqu'ici je ne me repens pas de cela.

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES. Condamné, tu parleras autrement.

ORESTE. J'ai bon espoir. Mon père m'aidera du fond de sa tombe.

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES. Tu te fies aux morts, après avoir tué ta mère !

ORESTE. Elle était souillée de deux crimes.

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES. Comment ? Dis-le à tes juges.

ORESTE. Elle a tué son mari et elle a tué mon père.

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES. Tu vis, et par sa mort elle a expié ce crime.

ORESTE. Mais, pendant qu'elle vivait, l'avez-vous poursuivie ?

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES. Elle n'était pas du sang de l'homme qu'elle a tué.

ORESTE. Et moi, étais-je du sang de ma mère ?

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES. Quoi ! ne t'a-t-elle point porté sous sa ceinture, ô tueur de ta mère !

Renieras-tu le sang très cher de ta mère ?

ORESTE. Sois-moi témoin, Apollon ! Ne l'ai-je point tuée légitimement ? Car je ne nie pas que je l'aie tuée.

Penses-tu que son sang ait été légitimement versé ? Parle, afin que je le dise à ceux-ci.

APOLLON. Je vous parlerai, juges vénérables institués par Athéna ! Je suis le divinateur, et je ne dirai point

de mensonges. Jamais, sur mon trône fatidique, je n'ai rien dit d'un homme, ou d'une femme, ou d'une ville,

que Zeus, père des Olympiens, ne m'ait ordonné de dire. Souvenez-vous de prendre mes paroles pour ce

qu'elles valent et d'obéir à la volonté de mon père. Aucun serment n'est au-dessus de Zeus.

Eschyle, Les Euménides, vers 591-621

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SEQUENCE 1 : LA VENGEANCE AU THEATRE

DOCUMENT COMPLEMENTAIRE 2 : TIRADE DE MEDEE

La nourrice : Hâtez-vous, princesse, de quitter ce séjour des Pélopides : cherchez un asile partout où vous

pourrez.

Médée : Moi, fuir ! si j'étais partie d'abord, je reviendrais pour ce spectacle. J’aime à voir la cérémonie de ce

nouvel hymen. Médée, pourquoi t'arrêter? Poursuis, après un si heureux commencement. Cette joie que tu

goûtes n'est qu'une faible partie de ta vengeance, tu aimes encore, insensée que tu es, si c'est assez pour toi

d'avoir privé Jason d'une épouse. Invente pour lui un châtiment extraordinaire, qui sera pour toi-même un

témoignage de ta puissance. Brise les liens les plus sacrés; étouffe tout remord. La vengeance est frivole,

quand elle laisse les mains pures. Ranime tes ressentiments, attise ta colère, et cherche au fond de ton cœur

tout ce qui s'y est amassé de violence et de fureur. Que tout ce que tu as fait jusqu'ici paraisse juste et

honnête. Montrons combien sont légers, combien sont vulgaires les crimes que j'ai commis. Ce n'était que le

prélude de mes vengeances. Quel grand forfait pouvait commettre ma main novice? Que pouvait le délire

d'une vierge timide? Maintenant, je suis Médée mon génie s'est développé dans le crime. Je me réjouis, oui,

je me réjouis d'avoir décapité mon frère; je m'applaudis d'avoir mis son corps en pièces, et dépouillé mon

père de son mystérieux trésor. Je m'applaudis d'avoir armé les mains des fils de Pélias contre les jours de

leur vieux père. Cherche le but que tu veux frapper, ô ma vengeance : il n'est plus de crime que ma main ne

puisse exécuter. Où vas-tu adresser tes coups? et de quels traits veux-tu accabler ton-perfide ennemi? J'ai

formé dans mon cœur je ne sais quelle résolution barbare que je n'ose encore m'avouer à moi-même.

Imprudente, je me suis trop hâtée. Plût au ciel que mon parjure époux eût quelques enfants de ma rivale!

Mais ceux que tu as de lui, suppose qu'ils sont nés de Créuse. J'aime cette vengeance, et c'est avec raison que

je l'aime: car c'est le crime qui doit couronner tous mes crimes. Médée, prépare-toi. Enfants, qui fûtes

autrefois les miens, c'est à vous d'expier les forfaits de votre père. Mais je frémis; mon sang se glace dans

mes veines, et mon cœur se trouble. Ma colère s'est évanouie, et la vengeance de l'épouse a fait place à

toutes les affections de la mère. Quoi ! je répandrais le sang de mes fils, des enfants que j'ai mis au monde?

C'en est trop, ô délire ! ô vertige ! ce forfait inouï, ce meurtre abominable, je ne veux pas le commettre.

Qu'ont-ils fait ces malheureux enfants ? Leur crime, c'est d'avoir Jason pour père, et surtout Médée pour

mère. Qu'ils meurent, car ils ne sont pas à moi; qu'ils périssent, car ils sont à moi. Ils ne sont coupables

d'aucun crime, d'aucune faute; ils sont innocents, je l'avoue - mon frère aussi était innocent ! Médée,

pourquoi hésiter ? Pourquoi ces pleurs qui coulent de tes yeux? Pourquoi ce combat de l'amour et de la haine

qui déchire ton cœur et le partage dans un flux et reflux de sentiments contraires? Quand des vents furieux

se font une guerre cruelle, les flots émus se soulèvent les uns contre les autres, et la mer bouillonne sous

leurs efforts. C'est ainsi que mon cœur flotte irrésolu : la colère chasse l'amour, et l'amour la colère. Cède à

la tendresse maternelle, ô ma vengeance. Venez, chers enfants, seuls appuis d'une famille déplorable,

accourez, entrelacez vos bras autour de mon sein. Vivez pour votre père, pourvu que vous viviez aussi pour

votre mère. Mais la fuite et l'exil m'attendent. Bientôt on va les arracher de mes bras, pleurants et

gémissants. Ils sont perdus pour leur mère; que la mort les dérobe aussi aux embrassements paternels. Mon

courroux se rallume, et la haine reprend le dessus. Érinnys qui a toujours conduit mes mains les réclame

pour un nouveau crime. La vengeance m'appelle : j'obéis. Plût au ciel que mon sein eût été aussi fécond que

celui de l'orgueilleuse fille de Tantale1, et que je fusse mère de quatorze enfants! Ma stérilité trahit ma

vengeance. J'ai mis deux fils au monde : c'est assez pour mon père et pour mon frère. Mais où va cette

troupe épouvantable de Furies? Qui cherchent-elles, et vers quel but se dirigent leurs traits enflammés? Pour

1 Niobé

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qui ces filles de l'enfer agitent-elles leurs torches sanglantes? Un serpent énorme siffle en déployant ses

anneaux. Quelle victime Mégère va-t-elle frapper avec cette poutre horrible? Quelle est cette ombre qui

traîne avec effort ses membres disloqués? C'est mon frère; il demande vengeance : il sera vengé. Enfonce

toutes ces torches dans mes yeux; déchire, brûle : j'ouvre mon sein aux Furies. Dis à ces divinités

vengeresses de se retirer, ô mon frère; dis-leur qu'elles peuvent retourner sans crainte au fond des enfers.

Laisse-moi avec moi-même, et repose-toi sur cette main qui a déjà tiré l'épée. Voici la victime qui doit

apaiser tes mânes. Mais quel bruit soudain frappe mes oreilles? On arme contre moi, on en veut à ma vie.

Montons au faite de ce palais. Ma vengeance n'est qu'à moitié satisfaite. Toi, nourrice, viens, je t'emmènerai

avec moi. Maintenant, Médée, courage! Ne laisse pas ta puissance se perdre dans l'ombre. Montre à tout un

peuple ce dont tu es capable.

Sénèque, Médée, acte V scène 2

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SEQUENCE 1 : LA VENGEANCE AU THEATRE

HISTOIRE DES ARTS : DER HÖLLE RACHE, ARIA DE LA REINE DE LA NUIT

Paroles :

Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen,

Tod und Verzweiflung flammet um mich her!

Fühlt nicht durch dich Sarastro Todesschmerzen,

So bist du meine Tochter nimmermehr.

Verstossen sei auf ewig,

Verlassen sei auf ewig,

Zertrümmert sei'n auf ewig

Alle Bande der Natur

Wenn nicht durch dich Sarastro wird erblassen!

Hört, Rachegötter, hört der Mutter Schwur!

Traduction :

La colère d'enfer bout dans mon cœur ;

La mort et le désespoir m'encerclent de leurs flammes !

Si Sarastro ne meurt pas de ta main,

Tu n’es plus ma fille, non plus jamais !

Que soient à jamais bannis, à jamais perdus,

À jamais détruits tous les liens de la nature

Si Sarastro n’expire pas par ton bras !

Entendez ! Dieux de vengeance ! Entendez le serment d’une mère !

Livret d’Emanuel Schikaneder, 1791

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SEQUENCE 2 : ONDINE, UN CONTE AU THEATRE

TEXTE 1 : LA SCENE D’EXPOSITION

ACTE PREMIER

Une cabane de pêcheurs.

Orage au-dehors.

SCÈNE PREMIÈRE

LE VIEIL AUGUSTE, LA VIEILLE EUGÉNIE, puis DES APPARITIONS

(TETE DE VIEILLARD, TETE DE NAÏADE)

AUGUSTE, à la fenêtre : Que peut-elle bien faire encore au-dehors, dans ce noir !

EUGÉNIE : Pourquoi t'inquiéter ? Elle voit dans la nuit.

AUGUSTE : Par cet orage !

EUGÉNIE : Comme si tu ne savais plus que la pluie ne la mouille pas !

AUGUSTE : Elle chante maintenant !... Tu crois que c'est elle qui chante ? Je ne reconnais pas sa voix.

EUGÉNIE : Qui veux-tu que ce soit ? Nous sommes à vingt lieues de toute maison.

AUGUSTE : La voix part tantôt du milieu du lac, tantôt du haut de la cascade.

EUGÉNIE : C'est qu'elle est tantôt au milieu du lac, tantôt au haut de la cascade.

AUGUSTE : Tu veux rire !... Tu t'amusais à sauter les ruisseaux en crue, à son âge ?...

EUGÉNIE : J'ai essayé une fois. On m'a repêchée par les pieds. J'ai essayé juste une fois tout ce qu'elle fait mille

fois par jour, sauter les gouffres, recevoir les cascades dans un bol... Ah ! Je me la rappelle, la fois où j'ai essayé de

marcher sur l'eau !

AUGUSTE : Nous sommes trop faibles avec elle, Eugénie. Une fille de quinze ans ne doit pas courir les forêts, à

pareille heure. Je vais parler sérieusement. Elle ne veut repriser son linge qu'au faîte des rochers, réciter ses prières

que la tête sous l'eau... Où en serions-nous aujourd'hui si tu avais eu cette éducation !

EUGÉNIE : Est-ce qu'elle ne m'aide pas dans le ménage ?

AUGUSTE : Il y a beaucoup à dire là-dessus...

EUGÉNIE : Que prétends-tu encore ? Elle ne lave pas les assiettes ? Elle ne cire pas les souliers ?

AUGUSTE : Justement. Je n'en sais rien.

EUGÉNIE : Elle n'est pas propre, cette assiette ?

AUGUSTE : Ce n'est pas la question. Je te dis que je ne l'ai jamais vue ni laver ni cirer... Toi non plus...

EUGÉNIE : Elle préfère travailler dehors...

AUGUSTE : Oui, oui ! Mais qu'il y ait trois assiettes ou douze, un soulier ou trois paires, cela dure le même

temps. Une minute à peine, et elle revient. Le torchon n'a pas servi, le cirage est intact. Mais tout est net, mais tout

brille... Cette histoire des assiettes d'or, l'as-tu tirée au clair? Et jamais ses mains ne sont sales... Tu sais ce qu'elle a

fait, aujourd'hui ?

EUGÉNIE : Y a-t-il eu un jour, depuis quinze ans, où elle ait fait ce qu'on attendait ?

AUGUSTE : Elle a levé la grille du vivier. Les truites que je rassemblais depuis le printemps sont parties... J'ai

juste pu rattraper celle du dîner. (La fenêtre s'est ouverte brusquement.) ...Qu'est-ce que c'est encore !

EUGÉNIE : Tu le vois bien. C'est le vent.

AUGUSTE : Je te dis que c'est elle !... Pourvu qu'elle ne nous donne pas encore sa comédie, avec ces têtes qu'elle

montre dans la fenêtre les soirs d'orage... Celle du vieillard blanc me fait froid dans le dos.

EUGÉNIE : Moi, j'aime bien celle de la femme, avec ses perles... Ferme la fenêtre, en tout cas, si tu as peur !

(Une tête de vieillard couronnée, à barbe ruisselante, est apparue dans l'encadrement, à la lueur d'un éclair.)

LA TÊTE : Trop tard, Auguste !...

AUGUSTE : Tu vas voir si c'est trop tard, Ondine !

(Il ferme la fenêtre. Elle s'ouvre à nouveau brusquement. Une charmante tête de naïade apparaît, éclairée.)

LA TÊTE DE NAÏADE : Bonsoir, chère Eugénie !

(Elle s'éteint.)

EUGÉNIE : Ondine, ton père n'est pas content ! Rentre !...

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SEQUENCE 2 : ONDINE, UN CONTE AU THEATRE

TEXTE 2 : HANS FACE A LA SEDUCTION DES ONDINES

SCÈNE VIII

LE CHEVALIER, UNE ONDINE, puis ONDINE, puis LES AUTRES ONDINES

(Le fond de la cabane devient transparent. Une ondine apparaît.)

L'ONDINE : Prends-moi, beau chevalier.

LE CHEVALIER : Comment ?

L'ONDINE : Embrasse-moi !

LE CHEVALIER : Vous dites ?

L'ONDINE : Embrasse-moi, beau chevalier.

LE CHEVALIER : Vous embrasser ? Pourquoi ?

L'ONDINE : Faut-il me mettre toute nue, beau chevalier ?

LE CHEVALIER : Je n'ai rien à voir là-dedans... A votre aise.

L'ONDINE : Faut-il m'étendre sur le dos ? Faut-il m'étendre sur le flanc ?

ONDINE, surgissant : Ce que tu es bornée ! Ce que tu as l'air bête !

(L'ondine disparaît.)

LE CHEVALIER, prenant Ondine dans ses bras : Ma petite Ondine, quelle est cette farce !

ONDINE : C'est une de ces voisines jalouses. Elles ne veulent pas que je t'aime ! Elles disent que tu es à la

première venue. Que la première effrontée peut te séduire...

LE CHEVALIER : Qu'elle y vienne, cher amour !

(Nouvelle apparition.)

LA DEUXIÈME ONDINE : Ne me prends pas !

LE CHEVALIER : Que dit celle-là, maintenant ?

LA DEUXIÈME ONDINE : Ne me prends pas, beau chevalier ! Je ne mange pas de ce pain-là !

LE CHEVALIER : De quel pain ?

ONDINE : Si l'effronterie ne t'a pas vaincu, elles prétendent que tu seras séduit en un tour de main par la

pudeur... Tous les pauvres hommes, disent-elles, sont ainsi...

LA DEUXIÈME ONDINE : Ne me délie pas les cheveux, ne me caresse pas les reins, beau chevalier !

LE CHEVALIER : Elle n'est pas mal, celle-là. C'est la plus belle qu'ils m'envoient ?

ONDINE : Non ! C'est la plus intelligente, ô Hans chéri, prends-moi dans tes bras. Regarde cette idiote... Ce que

c'est bête une femme qui s'offre !... Eh bien, tu peux partir, toi aussi ! Tu as perdu!

(L'ondine disparaît. Une autre surgit.)

LE CHEVALIER : Encore une autre !

ONDINE : Ah ! Mais non ! Ce n'est plus de jeu ! Vous ne deviez venir qu'à deux.

LE CHEVALIER : Laisse-la. Elle parle...

ONDINE : Qu'elle s'en aille ! C'est le chant des trois sœurs. Aucun ondin n'y résiste...

LE CHEVALIER : Parle, jeune personne !

TROISIÈME ONDINE :

Hans Wittenstein zu Wittenstein,

Sans toi la vie est un trépas.

Alles was ist dein ist mein.

Aime-moi. Ne me quitte pas...

LE CHEVALIER : Bravo. C'est charmant !

ONDINE : En quoi, charmant ?

LE CHEVALIER : C'est simple, c'est charmant. Ce devait être à peu près cela le chant des sirènes.

ONDINE : Ça l'est justement. Elles l'ont copié !... Voici la seconde sœur ! Ne l'écoute pas !

(Une seconde ondine s'est rangée près de l'autre.)

LE CHEVALIER : N'aurais-tu pas confiance en moi ?

ONDINE : O mon amour, n'écoute pas !

LE CHEVALIER : Qu'étaient les liens d'Ulysse, à côté de tes bras !

Jean Giraudoux, Ondine, 1939

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SEQUENCE 2 : ONDINE, UN CONTE AU THEATRE

TEXTE 3 : LE DENOUEMENT

ONDINE : Tâche de vivre... Tu oublieras aussi.

HANS : Tâche de vivre ! C'est facile à dire. Si cela seulement m'intéressait de vivre ! Depuis que tu es partie, tout

ce que mon corps faisait de lui-même, il faut que je le lui ordonne. Je ne vois que si je dis à mes yeux de voir. Je

ne vois le gazon vert que si je dis à mes yeux de le voir vert. Si tu crois que c'est gai, le gazon noir !... C'est une

intendance exténuante. J'ai à commander à cinq sens, à trente muscles, à mes os eux-mêmes. Un moment

d'inattention, et j'oublierai d'entendre, de respirer... Il est mort parce que respirer l'embêtait, dira-t-on... Il est mort

d'amour... Qu'es-tu venue me dire, Ondine ? Pourquoi t'es-tu laissée reprendre ?

ONDINE : Pour te dire que je serai ta veuve Ondine.

HANS : Ma veuve ? En effet, j'y pensais. Je serai le premier des Wittenstein à n'avoir pas de veuve qui porte mon

deuil et qui dise : «Il ne me voit pas, soyons belle... Il ne m'entend pas, parlons pour lui...» Il n'y aura qu'une

Ondine, toujours la même, et qui m'aura oublié... Cela aussi n'est pas très juste...

ONDINE : Justement. Rassure-toi... J'ai pris mes précautions. Tu me reprochais parfois de ne pas varier mes

allées et venues dans ta maison, de ne pas varier mes gestes, de marcher à pas comptés. C'est que j'avais prévu ce

jour où il me faudrait, sans mémoire, redescendre au fond des eaux. Je dressais mon corps, je l'obligeais à un

itinéraire immuable. Au fond du Rhin, même sans mémoire, il ne pourra que répéter les mouvements que j'avais

près de toi. L'élan qui me portera de la grotte à la racine sera celui qui me portait de ma table à ma fenêtre, le

geste qui me fera rouler un coquillage sur le sable sera celui par lequel je roulais la pâte de mes gâteaux... Je

monterai au grenier... Je passerai la tête. Éternellement, il y aura une Ondine bourgeoise parmi ces folles

d'ondines. Oh ! qu'as-tu ?

HANS : Rien, j'oubliais.

ONDINE : Tu oubliais quoi ?

HANS : De voir le ciel bleu... Continue !

ONDINE : Elles m'appelleront l'humaine. Parce que je ne plongerai plus la tête la première, mais que je

descendrai des escaliers dans les eaux. Parce que je feuilletterai des livres dans les eaux. Parce que j'ouvrirai des

fenêtres dans les eaux. Tout déjà se prépare. Tu n'as pas retrouvé mes lustres, ma pendule, mes meubles. C'est que

je les ai fait jeter dans le fleuve. Ils y ont leur place, leur étage. Je n'ai plus l'habitude. Je les trouve instables,

flottants... Mais ce soir, hélas, ils me paraîtront aussi fixes et sûrs que le sont pour moi les remous ou les courants.

Je ne saurai au juste ce qu'ils veulent dire, mais je vivrai autour d'eux. Ce sera bien extraordinaire si je ne me sers

pas d'eux, si je n'ai pas l'idée de m'asseoir dans le fauteuil, d'allumer le feu du Rhin aux candélabres. De me

regarder dans les glaces... Parfois la pendule sonnera... Eternelle, j'écouterai l'heure... J'aurai notre chambre au

fond des eaux.

HANS : Merci, Ondine.

ONDINE : Ainsi, séparés par l'oubli, la mort, les âges, les races, nous nous entendrons bien, nous nous serons

fidèles.

LA PREMIÈRE VOIX : Ondine !

HANS : Ils te réclament !

ONDINE : Ils doivent m'appeler trois fois. Je n'oublierai qu'à la troisième... ô mon petit Hans, laisse-moi profiter

de ces dernières secondes, questionne-moi ! Ranime ces souvenirs, qui ne vont être tout à l'heure que cendres.

Qu'as-tu ? Tu es tout pâle...

HANS : On m'appelle aussi, Ondine; une grande pâleur, un grand froid m'appellent ! Reprends cet anneau, sois

ma vraie veuve au fond des eaux.

ONDINE : Vite ! Questionne-moi !

HANS : Qu'as-tu dit, Ondine, le premier soir où je t'ai vue quand tu ouvrais la porte dans l'orage ?

ONDINE : J'ai dit : Comme il est beau.

HANS : Quand tu m'as surpris mangeant la truite au bleu?

ONDINE : J'ai dit : Comme il est bête...

HANS : Quand j'ai dit : Penses-y de loin !

ONDINE : J'ai dit : Nous nous rappellerons cette heure-là, plus tard... C'est l'heure où vous ne m'aurez pas

embrassée.

HANS : Nous ne pouvons plus nous offrir ces plaisirs de l'attente, Ondine : embrasse-moi.

LA DEUXIÈME VOIX : Ondine !...

ONDINE : Questionne ! Questionne encore ! En moi déjà tout se trouble !

HANS : Il faut choisir, Ondine, m'embrasser ou parler.

ONDINE : Je me tais !

Jean Giraudoux, Ondine, 1939

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SEQUENCE 2 : ONDINE, UN CONTE AU THEATRE

DOCUMENT COMPLEMENTAIRE 1 : DOSSIER SUR LA CREATION DE LA PIECE EN 1939

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SEQUENCE 2 : ONDINE, UN CONTE AU THEATRE

DOCUMENT COMPLEMENTAIRE 2 : « ONDINE » D’ALOYSIUS BERTRAND

ONDINE

. . . . . . . . Je croyais entendre

Une vague harmonie enchanter mon sommeil,

Et près de moi s’épandre un murmure pareil

Aux chants entrecoupés d’une voix triste et tendre.

CH. BRUGNOT. — Les deux Génies.

— « Écoute ! — Écoute ! — C’est moi, c’est Ondine qui frôle de ces gouttes d’eau les losanges sonores

de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui

contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi.

Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers

mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l’air.

Écoute ! — Écoute ! — Mon père bat l’eau coassante d’une branche d’aulne verte, et mes sœurs

caressent de leurs bras d’écume les fraîches îles d’herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou se moquent du

saule caduc et barbu qui pêche à la ligne. »

Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son anneau à mon doigt, pour être l’époux d’une

Ondine, et de visiter avec elle son palais, pour être le roi des lacs.

Et comme je lui répondais que j’aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes,

poussa un éclat de rire, et s’évanouit en giboulées qui ruisselèrent blanches le long de mes vitraux bleus.

Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842

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SEQUENCE 2 : ONDINE, UN CONTE AU THEATRE

DOCUMENT COMPLEMENTAIRE 3 : REPRESENTATIONS DE NYMPHES

ET SIRENES DANS LA PEINTURE WATERHOUSE

Ondine, 1872 La Sirène, 1901

Hylas et les nymphes, 1896

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SEQUENCE 3 : LA POESIE ET LA GUERRE

TEXTE 1 : LA ROSE ET LE RESEDA

La Rose et le Réséda

À Gabriel Péri et d'Estienne d'Orves comme à Guy Môquet et Gilbert Dru

Celui qui croyait au ciel

Celui qui n’y croyait pas

Tous deux adoraient la belle

Prisonnière des soldats

Lequel montait à l’échelle

Et lequel guettait en bas

Celui qui croyait au ciel

Celui qui n’y croyait pas

Qu’importe comment s’appelle

Cette clarté sur leur pas

Que l’un fût de la chapelle

Et l’autre s’y dérobât

Celui qui croyait au ciel

Celui qui n’y croyait pas

Tous les deux étaient fidèles

Des lèvres du cœur des bras

Et tous les deux disaient qu’elle

Vive et qui vivra verra

Celui qui croyait au ciel

Celui qui n’y croyait pas

Quand les blés sont sous la grêle

Fou qui fait le délicat

Fou qui songe à ses querelles

Au cœur du commun combat

Celui qui croyait au ciel

Celui qui n’y croyait pas

Du haut de la citadelle

La sentinelle tira

Par deux fois et l’un chancelle

L’autre tombe qui mourra

Celui qui croyait au ciel

Celui qui n’y croyait pas

Ils sont en prison lequel

A le plus triste grabat2

Lequel plus que l’autre gèle

Lequel préfère les rats

Celui qui croyait au ciel

Celui qui n’y croyait pas

Un rebelle est un rebelle

Deux sanglots font un seul glas3

Et quand vient l’aube cruelle

Passent de vie à trépas

2 Lit sommaire et inconfortable.

3 Tintement lent des cloches d’une église pour annoncer un

décès ou des obsèques.

Celui qui croyait au ciel

Celui qui n’y croyait pas

Répétant le nom de celle

Qu’aucun des deux ne trompa

Et leur sang rouge ruisselle

Même couleur même éclat

Celui qui croyait au ciel

Celui qui n’y croyait pas

Il coule il coule il se mêle

À la terre qu’il aima

Pour qu’à la saison nouvelle

Mûrisse un raisin muscat

Celui qui croyait au ciel

Celui qui n’y croyait pas

L’un court et l’autre a des ailes

De Bretagne ou du Jura

Et framboise ou mirabelle

Le grillon rechantera

Dites flûte ou violoncelle

Le double amour qui brûla

L’alouette et l’hirondelle

La rose et le réséda4

Louis Aragon, La Diane Française, 1942

4 Plante aux fleurs généralement blanches

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SEQUENCE 3 : POEMES DE GUERRE

TEXTE 2 : « VOUS TIRAILLEURS SENEGALAIS »

Poème liminaire

À L.-G. DAMAS

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Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort

Qui pourra vous chanter si ce n’est votre frère d’armes, votre frère de sang ?

Je ne laisserai pas la parole aux ministres, et pas aux généraux

Je ne laisserai pas — non ! — les louanges de mépris vous enterrer furtivement.

Vous n’êtes pas des pauvres aux poches vides sans honneur

Mais je déchirerai les rires banania sur tous les murs de France.

Car les poètes chantaient les fleurs artificielles des nuits de Montparnasse

Ils chantaient la nonchalance des chalands5 sur les canaux de moire

6 et de simarre

7

Ils chantaient le désespoir distingué des poètes tuberculeux

Car les poètes chantaient les rêves des clochards sous l’élégance des ponts blancs

Car les poètes chantaient les héros, et votre rire n’était pas sérieux, votre peau noire pas classique.

Ah ! ne dites pas que je n’aime pas la France — je ne suis pas la France, je le sais —

Je sais que ce peuple de feu, chaque fois qu’il a libéré ses mains

A écrit la fraternité sur la première page de ses monuments

Qu’il a distribué la faim de l’esprit comme de la liberté

À tous les peuples de la terre conviés solennellement au festin catholique.

Ah ! ne suis-je pas assez divisé ? Et pourquoi cette bombe

Dans le jardin si patiemment gagné sur les épines de la brousse ?

Pourquoi cette bombe sur la maison édifiée pierre à pierre ?

Pardonne-moi, Sira-Badral8, pardonne étoile du Sud de mon sang

Pardonne à ton petit-neveu s’il a lancé sa lance pour les seize sons du sorong9

Notre noblesse nouvelle est non de dominer notre peuple, mais d’être son rythme et son cœur

Non de paître les terres, mais comme le grain de millet de pourrir dans la terre

Non d’être la tête du peuple, mais bien sa bouche et sa trompette.

Qui pourra vous chanter si ce n’est votre frère d’armes, votre frère de sang

Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main chaude, couchés sous la glace et la mort ?

Paris, avril 1940

Léopold Sédar Senghor, Hosties noires, 1948

5 bateaux à fond plat pour transporter les marchandises sur un fleuve

6 tissu présentant des parties mates et d’autres brillantes

7 longue robe d’une riche étoffe

8 princesse sérère (peuplade du Sénégal) ayant vécu au XIVe siècle

9 instrument de musique africain

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SEQUENCE 3 : POEMES DE GUERRE

TEXTE COMPLEMENTAIRE 1 : JE VEUX PENDRE LA FRANCE

Je veux peindre la France une mère affligée,

Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée.

Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts

Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups

D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage

Dont nature donnait à son besson10

l'usage ;

Ce voleur acharné, cet Esaü11

malheureux,

Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux,

Si que, pour arracher à son frère la vie,

Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie.

Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui12

,

Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui,

À la fin se défend, et sa juste colère

Rend à l'autre un combat dont le champ et la mère.

Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris,

Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;

Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,

Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble.

Leur conflit se rallume et fait si furieux

Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux.

Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte,

Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ;

Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants,

Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont cherchant.

Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle

Celui qui a le droit et la juste querelle,

Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las

Viole13

en poursuivant l'asile de ses bras.

Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ;

Puis, aux derniers abois de sa proche ruine,

Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté

Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ;

Or vivez de venin, sanglante géniture,

Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture !

Agrippa d'Aubigné, Les Tragiques, I, Misères, v.97-130, 1615

10

besson : jumeau 11

Frère jumeau de Jacob dans la Bible. Jacob le prive de ses privilèges d’aîné par des subterfuges. 12

meshui : aujourd’hui 13

violer : profaner

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SEQUENCE 3 : POEMES DE GUERRE

TEXTE COMPLEMENTAIRE 2 : LA COLOMBE POIGNARDEE ET LE JET D’EAU

Douces figures poignardées/chères lèvres fleuries/ Mya Mareye/ Yette et Lorie/Annie et toi Marie/Où êtes/-vous ô/ jeunes

filles/Mais près d'un/ jet d'eau qui/ pleure et qui prie/Cette colombe s'extasie/Tous les souvenirs de naguère/O mes amis partis en

guerre/Jaillissent vers le firmament/Et vos regards en l'eau dormant/Meurent mélancoliquement/Où sont-ils Braque et Max

Jacob/Derain aux yeux gris comme l'aube/Où sont Raynal Billy Dalize/Dont les noms se mélancolisent/Comme des pas dans une

église/Où est Cremnitz qui s'engagea/Peut-être sont-ils morts déjà/De souvenirs mon âme est pleine/Le jet d'eau pleure sur ma

peine/Ceux qui sont partis à la guerre au Nord se battent maintenant/Jardins où saignent abondamment le laurier rose fleur

guerrière/Le soir tombe Ô sanglante mer

Guillaume Apollinaire, Calligrammes, 1918

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SEQUENCE 3 : POEMES DE GUERRE

TEXTE COMPLEMENTAIRE 3 : J’EXPLIQUE CERTAINES CHOSES

J’explique certaines choses

Vous allez demander: où sont donc les lilas ?

Et la métaphysique couverte de coquelicots ?

Et la pluie qui frappait si souvent

vos paroles les remplissant

de brèches et d'oiseaux?

Je vais vous raconter ce qui m’arrive.

Je vivais dans un quartier

de Madrid, avec des cloches,

avec des horloges, avec des arbres.

De ce quartier on apercevait

le visage sec de la Castille

ainsi qu'un océan de cuir.

Ma maison était appelée

la maison des fleurs, parce que de tous côtés

éclataient les géraniums : c'était

une belle maison

avec des chiens et des enfants.

Raoul, te souviens-tu ?

Te souviens-tu, Rafael ?

Federico, te souviens-tu

sous la terre,

te souviens-tu de ma maison et des balcons où

la lumière de juin noyait des fleurs sur ta bouche ?

Frère, frère !

Tout

n'était que cris, sel de marchandises,

agglomérations de pain palpitant,

marchés de mon quartier d'Arguelles avec sa statue

comme un encrier pâle parmi les merluches :

l'huile arrivait aux cuillères,

un profond battement

de pieds et de mains emplissait les rues,

métros, litres, essence

profonde de la vie,

poissons entassés,

contexture de toits cernés d'un soleil froid dans lequel

la flèche se fatigue,

délirant ivoire des fines pommes de terre,

tomates recommencées jusqu'à la mer.

Et un matin tout était en feu

et un matin les bûchers

sortaient de terre

dévorant les êtres vivants,

et dès lors ce fut le feu,

ce fut la poudre,

et ce fut le sang.

Des bandits avec des avions, avec des maures,

des bandits avec des bagues et des duchesses,

des bandits avec des moines noirs pour bénir

tombaient du ciel pour tuer des enfants,

et à travers les rues le sang des enfants

coulait simplement, comme du sang d'enfants.

Chacals que le chacal repousserait,

pierres que le dur chardon mordrait en crachant,

vipères que les vipères détesteraient!

Face à vous j'ai vu le sang

de l'Espagne se lever

pour vous noyer dans une seule vague

d'orgueil et de couteaux!

Généraux

de trahison :

regardez ma maison morte,

regardez l'Espagne brisée :

mais de chaque maison morte surgit un métal ardent

au lieu de fleurs,

mais de chaque brèche d'Espagne

surgit l'Espagne,

mais de chaque enfant mort surgit un fusil avec des

yeux,]

mais de chaque crime naissent des balles

qui trouveront un jour l'endroit

de votre cœur.

Vous allez demander pourquoi votre poésie

ne parle-t-elle pas du rêve, des feuilles,

des grands volcans de votre pays natal ?

Venez voir le sang dans les rues,

venez voir

le sang dans les rues,

venez voir le sang

dans les rues !

Pablo Neruda, España en el corazón, 1937, traduction de Guy Suares (la traduction respecte la disposition originale

des vers).

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SEQUENCE 4 : LES CAHIERS DE DOUAI

TEXTE 1 : « OPHELIE »

Ophélie

I

Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles

La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,

Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...

− On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie

Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir,

Voici plus de mille ans que sa douce folie

Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle

Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;

Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,

Sur son grand front rêveur s’inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d’elle ;

Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,

Quelque nid, d’où s’échappe un petit frisson d’aile :

− Un chant mystérieux tombe des astres d’or.

II

Ô pâle Ophélia ! Belle comme la neige !

Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !

− C’est que les vents tombant des grands monts de

Norvège]

T’avaient parlé tout bas de l’âpre liberté ;

C’est qu’un souffle, tordant ta grande chevelure,

À ton esprit rêveur portait d’étranges bruits ;

Que ton cœur écoutait le chant de la Nature

Dans les plaintes de l’arbre et les soupirs des nuits ;

C’est que la voix des mers folles, immense râle,

Brisait ton sein d’enfant, trop humain et trop doux ;

C’est qu’un matin d’avril, un beau cavalier pâle,

Un pauvre fou, s’assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre folle !

Tu te fondais à lui comme une neige au feu :

Tes grandes visions étranglaient ta parole

− Et l’Infini terrible effara ton œil bleu !

III

− Et le poète dit qu’aux rayons des étoiles

Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,

Et qu’il a vu sur l’eau, couchée en ses longs voiles,

La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai, 1870

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SEQUENCE 4 : LES CAHIERS DE DOUAI

TEXTE 2 : « VENUS ANADYOMENE »

Vénus anadyomène

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Comme d'un cercueil vert en fer blanc, une tête

De femme à cheveux bruns fortement pommadés

D'une vieille baignoire émerge, lente et bête,

Avec des déficits assez mal ravaudés ;

Puis le col gras et gris, les larges omoplates

Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ;

Puis les rondeurs des reins semblent prendre l'essor ;

La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ;

L'échine est un peu rouge, et le tout sent un goût

Horrible étrangement ; on remarque surtout

Des singularités qu'il faut voir à la loupe...

Les reins portent deux mots gravés : Clara Venus ;

- Et tout ce corps remue et tend sa large croupe

Belle hideusement d'un ulcère à l'anus.

Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai, 1870

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SEQUENCE 4 : LES CAHIERS DE DOUAI

TEXTE 3 : « MA BOHEME »

Ma bohème

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Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;

Mon paletot aussi devenait idéal ;

J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;

Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.

- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course

Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.

- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,

Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes

De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,

Comme des lyres, je tirais les élastiques

De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai, 1870

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SEQUENCE 4 : LES CAHIERS DE DOUAI

DOCUMENT COMPLEMENTAIRE 1 : LETTRES A IZAMBARD

Paris, 5 septembre 1870.

Cher Monsieur,

Ce que vous me conseilliez de ne pas faire, je l'ai fait : je suis allé à Paris, quittant la maison maternelle !

J'ai fait ce tour le 29 août. Arrêté en descendant de wagon pour n'avoir pas un sou et devoir treize francs de

chemin de fer, je fus conduit à la préfecture, et aujourd'hui, j'attends mon jugement à Mazas ! oh ! —

J'espère en vous comme en ma mère ; vous m'avez toujours été comme un frère : je vous demande

instamment cette aide que vous m'offrîtes. J'ai écrit à ma mère, au procureur impérial, au commissaire de

police de Charleville ; si vous ne recevez de moi aucune nouvelle mercredi, avant le train qui conduit de

Douai à Paris, prenez ce train, venez ici me réclamer par lettre, ou en vous présentant au procureur, en

priant, en répondant de moi, en payant ma dette ! Faites tout ce que vous pourrez, et, quand vous recevrez

cette lettre, écrivez, vous aussi, je vous l'ordonne, oui, écrivez à ma pauvre mère (Quai de la Madeleine, 5,

Charleville) pour la consoler. Écrivez-moi aussi ; faites tout ! Je vous aime comme un frère, je vous aimerai

comme un père. Je vous serre la main ; Votre pauvre

ARTHUR RIMBAUD

à Mazas. Et si vous parvenez à me libérer, vous m'emmènerez à Douai avec [vous].

-------------------------------------------

Charleville, le 2 novembre 1870.

Monsieur, — A vous seul ceci.—

Je suis rentré à Charleville un jour après vous avoir quitté. Ma Mère m'a reçu, et je suis là... tout à fait

oisif. Ma mère ne me mettrait en pension qu'en janvier 71.

Eh bien ! j'ai tenu ma promesse.

Je meurs, je me décompose dans la platitude, dans la mauvaiseté, dans la grisaille. Que voulez-vous, je

m'entête affreusement à adorer la liberté libre, et... un tas de choses que "ça fait pitié", n'est-ce pas ? Je

devais repartir aujourd'hui même ; je le pouvais : j'étais vêtu de neuf, j'aurais vendu ma montre, et vive la

liberté ! — Donc je suis resté ! je suis resté ! — et je voudrai repartir encore bien des fois. — Allons,

chapeau, capote, les deux poings dans les poches, et sortons. — Mais je resterai, je resterai. Je n'ai pas

promis cela ! Mais je le ferai pour mériter votre affection : vous me l'avez dit. Je la mériterai.

Le reconnaissance que je vous ai, je ne saurais pas vous l'exprimer aujourd'hui plus que l'autre jour. Je

vous la prouverai. Il s'agirait de faire quelque chose pour vous, que je mourrais pour le faire, — je vous en

donne ma parole.— J'ai encore un tas de choses à dire...

Ce "sans-cœur" de

A. RIMBAUD.

Guerre : — pas de siège de Mézières. Pour quand ? On n'en parle pas. J'ai fait votre commission à M.

Deverrière, et, s'il faut faire plus, je le ferai.

— Par-ci, par là, des francs-tirades. — Abominable prurigo d'idiotisme, tel est l'esprit de la population. On

en entend de belles, allez. C'est dissolvant.

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Charleville, [13] mai 1871.

Cher Monsieur !

Vous revoilà professeur. On se doit à la Société, m’avez-vous dit ; vous faites partie des corps enseignants :

vous roulez dans la bonne ornière. — Moi aussi, je suis le principe : je me fais cyniquement entretenir ; je déterre

d’anciens imbéciles de collège : tout ce que je puis inventer de bête, de sale, de mauvais, en action et en parole, je le

leur livre : on me paie en bocks et en filles. Stat mater dolorosa, dum pendet filius. — je me dois à la Société, c’est

juste, — et j’ai raison. — Vous aussi, vous avez raison, pour aujourd’hui. Au fond, vous ne voyez en votre principe

que poésie subjective : votre obstination à regagner le râtelier universitaire, — pardon ! — le prouve ! Mais vous

finirez toujours comme un satisfait qui n’a rien fait, n’ayant rien voulu faire. Sans compter que votre poésie subjective

sera toujours horriblement fadasse. Un jour, j’espère, — bien d’autres espèrent la même chose, — je verrai dans votre

principe la poésie objective, je la verrai plus sincèrement que vous ne le feriez ! — je serai un travailleur : c’est l’idée

qui me retient, quand les colères folles me poussent vers la bataille de Paris — où tant de travailleurs meurent pourtant

encore tandis que je vous écris ! Travailler maintenant, jamais, jamais ; je suis en grève.

Maintenant, je m’encrapule le plus possible. Pourquoi ? je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant :

vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le

dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu

poète. Ce n’est pas du tout ma faute. C’est faux de dire : je pense : on devrait dire : On me pense. — Pardon du jeu de

mots. —

Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et Nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce

qu’ils ignorent tout à fait !

Vous n’êtes pas Enseignant pour moi. je vous donne ceci : est-ce de la satire, comme vous diriez ? Est-ce de la

poésie ? C’est de la fantaisie, toujours. — Mais, je vous en supplie, ne soulignez ni du crayon, ni — trop — de la

pensée :

LE CŒUR SUPPLICIÉ

Mon triste cœur bave à la poupe…

Mon cœur est plein de caporal !

Ils y lancent des jets de soupe,

Mon triste cœur bave à la poupe…

Sous les quolibets de la troupe

Qui lance un rire général,

Mon triste cœur bave à la poupe,

Mon cœur est plein de caporal !

Ithyphalliques et pioupiesques,

Leurs insultes l’ont dépravé ;

À la vesprée, ils font des fresques

Ithyphalliques et pioupiesques,

Ô flots abracadabrantesques,

Prenez mon cœur, qu’il soit sauvé !

Ithyphalliques et pioupiesques

Leurs insultes l’ont dépravé !

Quand ils auront tari leurs chiques,

Comment agir, ô cœur volé ?

Ce seront des refrains bachiques

Quand ils auront tari leurs chiques

J’aurai des sursauts stomachiques :

Si mon cœur triste est ravalé !

Quand ils auront tari leurs chiques

Comment agir, ô cœur volé ?

Ça ne veut pas rien dire. — Répondez-Moi : chez M. Deverrière, pour A. R.

Bonjour de cœur,

Art. Rimbaud.

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SEQUENCE 4 : LES CAHIERS DE DOUAI

HISTOIRE DES ARTS : OPHELIA

Ophelia, John Everett Millais, 1852

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SEQUENCE 4 : LES CAHIERS DE DOUAI

HISTOIRE DES ARTS : LA NAISSANCE DE VENUS

La Naissance de Vénus, Sandro Botticelli, vers 1485

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