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Dette et désir. Deux axes chrétiens et la dérive pathologique by Antoine VergoteReview by: Jacques MaîtreArchives de sciences sociales des religions, 30e Année, No. 60.2 (Oct. - Dec., 1985), pp. 304-305Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30126756 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

60.366 TSENG-TSEU.

La Grande Etude, avec le commentaire tradi- tionnel de Tchou Hi. Paris, Ed. du Cerf, 1984, 105 p. (Trad. de Martine Hasse. Coll. ,Patri- moine. Confucianisme,).

En notre epoque ou Zen et mysticisme oriental sont a la mode, cette traduction d'un des classiques immortels du confucianisme, le Ta-hiue ou ((Grande ltude (dans son texte original attribue a Tseng-tseu, un disciple de Confucius, et dans son commentaire neo- confuceen du XIIe siecle), va sans doute plaire au grand public, auquel son traducteur M. Hasse, semble le destiner. Malheureusement, les bonnes intentions ne sauraient remplacer I'erudition et la rigueur scientifique necessai- res pour acceder a un morceau aussi venera- ble. L'on objectera qu'en chinois tout est pos- sible et tout est dans tout: alors, pourquoi ne pas accepter l'option de M.H. plut6t qu'une autre? Elle a au moins l'avantage de donner un texte philosophique coherent, d'un mysti- cisme pittoresque. Mais il ne faut pas s'imagi- ner y trouver le fin mot de la pens&e chinoise.

Frangoise Aubin.

60.367 VAUCHEZ (Andre), ed.

Mouvements franciscains et societe frangaise (XIIe-XXe siecles). Paris, Beauchesne, 1984, 200 p. (Religion, 14).

Commemorant le 8e centenaire de la nais- sance de saint Frangois, cette table ronde s'est plus attachee au franciscanisme, dans toutes ses dimensions et des origines a aujourd'hui, qu'au fondateur lui-mime. Celui-ci n'est evo- que, indirectement, que dans deux communi- cations, portant l'une sur l'article qui lui est consacre dans le Dictionnaire de Bayle (E. Labrousse), I'autre sur saint Francois dans l'art du XIXe siecle (B. Foucart). D'autres communications portent sur l'ordre francis- cain ou certaines de ses branches, leur recrute- ment, leur developpement, leur influence, etu- dies de maniere statistique (A. Guerreau, pour la France medievale) ou plus empirique (B. Dompnier pour les missions des Capucins; C1. Savart et J.-M. Mayeur pour le Tiers Or- dre au XIXe siecle). Deux contributions s'at- tachent aux jugements portes sur les francis- cains par leurs contemporains et dans la litte- rature (J. Paul et J. Batany pour la periode medievale). Les autres articles font redecou-

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vrir enfin quelques figures peu connues du franciscanisme: le franciscain languedocien Bernard Delicieux, a qui son hostilite farou- che a l'Inquisition coita la vie en 1330 (J.-L. Biget); la bienheureuse Jeanne-Marie de Mail- lie qui joua un r6le important dans la diffu- sion du franciscanisme parmi la noblesse tou- rangelle du debut du XVe siecle (A. Vauchez); un predicateur peu connu de la mime Apoque, Pierre-aux-Boeufs (H. Martin). Au total, ce colloque apporte, en depit de sa disparite, due a ses ambitions chronologiques, des Aclairages suggestifs et souvent nouveaux sur un pheno- mene majeur de l'histoire sociale et religieuse.

Jean-Claude Schmitt.

60.368 VERGOTE (Antoine). Dette et desir. Deux axes chr6tiens et la derive pathologique. Paris, Ed. du Seuil, 1978, 317 p.

Dans sa construction d'une anthropologie religieuse, l'auteur trace des chemins dont il n'est pas aise de baliser l'implantation en-de9a ou au-dela de la frontiere entre recherche scientifique et Avaluation dogmatique. Ainsi, nous lisons, p. 23: ((Comme notre etude est psychologique et non pas theologique, nous n'avons pas a juger ces convictions religieu- ses

,. Mais l'ouvrage est parseme d'affirma-

tions telles que: ( La foi veridique assume ces tensions ,, et on ne voit pas quel critere per- mettrait d'etablir cette veridicite hors d'une re- ference dogmatique. De mime, l'A. c(justifie), un des principes fondateurs de sa demarche S((par l'Alucidation theorique aussi bien que pair les raisons theologiques, (p. 51). D'ailleurs, lorsque A.V. expose ,,les significations reli- gieuses qui sont en jeu), (p. 11), il me semble evoquer celles que sollicite une certaine peda- gogie du catholicisme plut6t que celles dont le reperage resulterait d'observations effectives. Il s'ensuit, pour la demarche psychanalytique, dont se reclame l'A., un statut Apistemologi- que assez particulier: les processus incons- cients evoques se trouvent souvent confrontes a une orthodoxie religieuse, d'ofi une tendance a postuler un parallelisme, voire une harmonie preetablie, entre deviance par rapport au mo- dele confessionnel des <<axes chretiens, et Sderive pathologique >. La pierre angulaire se trouve posie comme ( analogie entre les signes de la sante psychique et les qualites que

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BULLETIN DES OUVRAGES

la foi doit rev~tir, d'apres saint Paul, pour qu'elle soit authentique); il s'agit evidemment de la lecture que A.V. fait des textes pauli- niens, et dont il s'autorise pour stigmatiser, au nom de la

, psychopathologie, religieuse, ( certaines sectes ), ((l'irrationnel (de) notre epoque (qui) exalte les ferveurs pentecitistes n, et ainsi de suite.

Moyennant les effets d'optique provoques par un tel cadrage, I'A. poursuit ses contribu- tions personnelles aux debats psychanalyti- ques sur la vie religieuse.

Suivant les pistes que Freud avait ouvertes preferentiellement dans l'etude de la religion, A.V. s'attache aux ((deux grandes nevroses: l'obsession et I'hysterie , avec un ancrage dans la notion de culpabilite pour le premier theme, dans celle de desir pour le second; cette perspective le conduit i consacrer le der- nier tiers de son ouvrage a plusieurs questions tournant autour de la mystique et des pheno- menes religieux individuels qui constituaient la manne des psychiatres frangais a la fin du XIXe siecle: visions, extases et possessions. Dans l'ensemble, cette demarche rend un son assez ((classique , et on n'y rencontre guere les debats psychanalytiques les plus recents sur la religion et la mystique au-dela de quel- ques allusions (par exemple i propos d'un ar- ticle dii i Michele de Montrelay). Mais le dos- sier de l'A. est nourri et se trouve exploite d'une fagon cohirente, tres charpentee.

Jacques Maitre.

60.369 VERGOTE (Antoine).

Religion, foi, incroyance. Etude psychologi- que. Bruxelles, Pierre Mardaga, 1983, 328 p.

Les livres de synthese sont rares. Et pour- tant, ils sont tellement utiles, admirables mime par l'intention qui les guide. Est-il vrai- ment possible, se dit-on, de faire le tour d'une question, de proceder i une investigation pres- que exhaustive d'un champ de connaissances ? L'ouvrage d'A.V. ne deroge pas a la regle. Fortement documente et mettant i jour les multiples donnees des recherches les plus per- tinentes, il essaie de voir quel eclairage la psy- chologie peut apporter i l''tude de la religion. C'est aussi le statut du psychologue qui est soumis i un reexamen. Soucieux de rendre compte de la conduite religieuse dans son de- venir, que fait-il d'abord, si ce n'est de la de-

crire i partir du discours de sa propre discipli- ne ? Que deviennent alors les motivations, les desirs, les angoisses, les mecanismes de de- fense, quand il s'agit de la ((relation religieu- se , ? On y trouvera de tres belles pages, entre autres, sur le sens du sacre, sur l'experience de la foi, sur la raison d'&tre des rites. Mais tout cela est dii aussi a une conception elargie que se fait I'auteur de l'approche psychologique. Il sait utiliser les enseignements de l'experience clinique. II confronte d'ailleurs sa demarche a celle de la psychanalyse qui croyait avoir ex- plique la religion. Freud est, de fait, I'A. le plus frequemment cite dans l'ouvrage: il est un veritable compagnon de route avec qui s'etablit un incessant dialogue, mdme si, au bout du parcours, il faudra s'en separer. (Le rave d'une theorie explicative de la religion, d'affirmer Vergote, est bien fini maintenanta (p. 5).

C'est qu'au fond, I'A. part du point de vue de la psychologie, bien stir, mais sans s'y res- treindre. Quelle discipline, h elle seule, pour- rait suffire i la tiche de comprendre la con- duite religieuse ? Aussi n'hesite-t-on pas a ap- puyer l'analyse psychologique des acquis des sciences humaines, y compris de la philoso- phie et de la theologie. Tout cela en change le resultat: on a un livre aux multiples horizons, aux constants diplacements, oii I'on sent la tension inscrite au ceur de la dynamique reli- gieuse, soucieuse d'&tre a la fois production humaine et manifestation d'une realite autre. A cela s'ajoute l'intr&t de placer la religion (dans ce cas-ci le christianisme) et l'in- croyance ( en reference l'une a l'autre s (p. 29), bien que ce soit avant tout la croyance qui re- tienne l'attention. Ce sera l'occasion de voir, par exemple, quelle representation nos con- temporains se font de Dieu ou encore en quoi le message religieux a perdu a ce point de son pouvoir revelateur qu'on lui reconnaissait ja- dis. Autant de questions que le livre d'A.V. aborde, suggerant en somme que, pour leur re- pondre, c'est a l'elaboration d'une psychologie de la culture qu'il faudrait travailler. D'ail- leurs, la definition adoptee, le renvoi continuel de la religion i un ordre symbolique, n'en est- il pas le signe ? Et m~me la, le croyant et l'in- croyant seront en presence d'une autre limite. Le symbole, il est vrai, exerce une fascination certaine, mais, il faut le dire, il evoque beau- coup plus qu'il ne confirme.

Alfred Dumais.

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